De nouveaux courants théologiques apparaissent dans le protestantisme français.
Ainsi, on médite les papiers de prison du pasteur martyr des nazis Dietrich Bonhoeffer (1906-1945). Il y préconise un « christianisme non religieux », plus attentif à aider les humains qu'à s'imposer dans la société. Les « théologiens de la mort de Dieu » (surtout américains) radicalisent ce thème, que Bonhoeffer n'a fait qu'esquisser. Pour eux, au cœur de l'évangile se trouve l'appel à une vie authentiquement humaine et non l'affirmation d'un Dieu transcendant.
De même, on s'intéresse à la « démythologisation ». Selon Rudolf Bultmann (1884-1976), le Nouveau Testament utilise les catégories mythologiques du monde antique qui ne correspondent plus aux nôtres. Il faut, à travers une mythologie caduque, retrouver le sens existentiel du message évangélique.
On traduit en français Paul Tillich (1886-1965) dont la pensée essaie d'articuler la philosophie avec la théologie sans les confondre. Tout en affirmant l'autonomie de l'évangile, d'une part, et celle de la culture, d'autre part, il cherche à les mettre en corrélation.
La théologie de la libération, venue d'Amérique du Sud, est représentée et défendue en France par Georges Casalis (1917-1987), qui plaide pour que la réflexion théologique parte du vécu et non de doctrines a priori. Les théologies contextuelles tiennent compte des diverses cultures (africaine, antillaise, océanienne, etc.) et des situations concrètes (celles de la femme, de la vie urbaine, de la sécularisation occidentale, de l'exploitation économique). Cette théologie favorise des engagements politiques nettement à gauche (voir le document Église et pouvoirs, publié en 1971 par la Fédération Protestante de France).
Dans les études bibliques, après une courte percée du structuralisme (qui s'intéresse à la structure littéraire des textes), on insiste sur la narrativité qu'il ne faut pas réduire au « conte biblique » ; elle se fonde sur la primauté du langage qui détermine l'action et l'être. Les humains forgent leur identité par des récits. Par conséquent, la Bible se doit se raconter plutôt que faire l'objet d'un commentaire doctrinal.
Sans se rattacher à aucun courant, et sans être lui-même un théologien, le philosophe protestant Paul Ricoeur (1912-2005 ) travaille beaucoup sur le langage et propose une réflexion sur l'herméneutique biblique (la manière d'interpréter les textes bibliques) ample, profonde et complexe.
Dans les vingt dernières années du siècle, apparaît un néo-luthéranisme, souvent polémique qui se réclame de la « théologie de la croix » (Dieu se révèle dans sa faiblesse et sa défaite et son impuissance et non en gloire et en puissance), et qui tisse des liens avec certains courants de la psychanalyse, des sciences humaines et de la réflexion philosophique sur les sciences. En même temps, on découvre la théologie américaine du Process, qui renouvelle des thèmes du libéralisme, et qui voit avant tout en Dieu un dynamisme transformateur.
Par ailleurs, un néo-calvinisme à la fois assume et actualise son héritage. Se développent aussi des courants « evangelicals » (ils se nomment eux-mêmes « évangéliques ») avec un message fort et simple, qui n'apportent, en général, pas grand chose à la réflexion théologique