Volume 9 Numéro 1 |
hiver/printemps 1999 |
e CNÉRH a organisé une retraite au mois de mars 1998 afin déduquer ses membres au sujet de certaines questions importantes en éthique soulevées au cours de la recherche dans les sciences humaines et les humanités, ainsi que dans certains autres domaines au nexus des sciences de la santé et humaines. La qualité des présentations a été telle que nous lavons jugé important de les partager avec nos lecteurs. SÉANCE INAUGURALE Présidente : Dre Janet StorchVice-présidente du CNÉRH Directrice, École des sciences infirmières, University of Victoria Le Dr Henry Dinsdale, président du CNÉRH, a accueilli les participants à la retraite, et a offert une brève introduction. Il a ensuite présenté le Dr Paul Bernard, qui a donné la présentation qui suit. DISCOURS DOUVERTURE Dr Paul Bernard Domaines dintérêt : recherche et enseignement concernant linégalité en milieu de travail, linéquité sociale, la méthodologie et lépistémologie. Bien chers collègues, La récente adoption de lÉnoncé de
Politique des Trois Conseils sur léthiquel a engendré un certain nombre de défis et a ouvert de nouveaux horizons.
À titre de membre du Conseil de recherches en sciences humaines, jaimerais parler
des rôles que les chercheurs seront appelés à jouer à la lumière de cet Énoncé et
de la façon dont celui-ci sera mis en uvre. Par ailleurs, en ma qualité de
sociologue, jaimerais aider ceux dentre vous qui connaissent peut-être moins
bien nos disciplines à mieux comprendre nos pratiques. Jaborderai trois grandes
questions dans mon exposé. Comment le souci de léthique en science se
définit-il au juste et comment est-il intégré à lÉnoncé de politique
qui nous occupe ici? Quels défis la mise en application de lÉnoncé
de politique présente-t-elle et à quels genres de problèmes risquons-nous de nous
heurter dans le processus dévaluation éthique? Dans quelle mesure lapplication de cet Énoncé
de politique peut-elle aider à améliorer non seulement les normes déthique,
mais aussi la recherche même? Le souci de léthique en science Nous savons tous que la science na rien de simple, non
seulement en raison de sa dynamique interne en science, la complexité et
lincertitude reculent sans cesse mais elles sont toujours présentes , mais
aussi parce quelle est pratiquée dans le contexte dune grande société où
des forces politiques et économiques sont à luvre. La curiosité elle-même
peut conduire la science vers des pratiques qui soulèvent des questions déthique,
mais les enjeux prennent des proportions encore plus grandes quand les processus
politiques et économiques façonnant lactivité scientifique menacent de la mener
dans des directions risquant de compromettre les normes déthique et la pratique
même de la science. Cest pourquoi il importe dénoncer et dappliquer
des lignes directrices en matière déthique. Pour ce faire, il suffirait simplement, semble-t-il, dadopter
une loi. Après tout, nous vivons dans une société où les droits et les devoirs sont
fermement définis dans la loi. Un certain nombre dautres sociétés ont opté pour
cette solution, mais elle sest avérée lourde, non seulement en raison des
mécanismes de mise en application, mais aussi à cause des régimes quil faut
utiliser pour adapter la loi à une activité scientifique en constante mutation. Dune façon plus générale, les rapports entre la science et
lÉtat et, quant à cela, entre la science et léconomie, ont toujours été
très délicats. Chacun de ces trois éléments a sa logique propre, et
lincompatibilité existant entre eux risque dêtre très néfaste, comme le
vécu dautres sociétés tend à le montrer. Cest pourquoi les trois conseils
subventionnaires fédéraux du Canada ont emprunté une autre voie : ils ont décidé
dadopter un énoncé de politique commun qui permettrait aux milieux scientifiques
de réglementer eux-mêmes leur conduite en matière déthique, et à éviter que
limposition dune loi par lÉtat ne soit nécessaire. Ce régime devrait
nous procurer la souplesse voulue pour adapter constamment la recherche aux normes
déthique et les normes éthiques, à lévolution de nos pratiques
scientifiques. Pourtant, cela soulève une question troublante : si nous
adoptons un énoncé de politique pour nous épargner limposition dune loi
lourde, nous pourrions être tentés de voir dans cet énoncé une sorte de document
législatif interne rédigé par les milieux scientifiques eux-mêmes. Devons-nous adopter
une telle position? Face à lÉnoncé de politique, devons-nous mettre
laccent sur les mécanismes de mise en application dun jeu très précis de
règles, plus ou moins comme le feraien les tribunauxt? Je ne le pense pas : en
effet, nous reproduirions ainsi à linterne ce que lon aurait pu nous imposer
de lextérieur. Au contraire, nous devons sensibiliser les milieux scientifiques aux
normes déthique et insister pour inviter les « citoyens de la république
scientifique » à saisir loccasion et en fait, à devenir les auteurs actifs
de normes déthique adaptées à lévolution de leurs pratiques. De plus, nous devons encourager un dialogue dynamique sur ces normes
déthique, afin que les questions et leurs solutions provisoires soient portées à
lattention générale de la collectivité scientifique et quelles deviennent
un élément intégral de son activité. Pour cela, il est essentiel que, demblée, lÉnoncé
de politique et son mécanisme de mise en uvre soient très pratiques et
fondés sur des principes solides. En fait, lexpérience montre que les méthodes
peu pratiques ne sont en général pas suivies. Mais les choses vont bien au-delà du
côté peu pratique. Si nous narrivons pas à concevoir des procédés pratiques de
mise en uvre, la création et la discussion continues que je réclame nauront
pas lieu. Nous devons parvenir à discuter des questions déthique relatives aux
méthodes de recherche de façons qui nentravent pas les pratiques légitimes des
chercheurs; nous pourrions aussi nous demander comment la réflexion éthique et le
dialogue peuvent améliorer la recherche : cest là un point que jaborde
dans la dernière partie de mon exposé. Mise en uvre du processus dexamen éthique :
les défis Nous sommes essentiellement confrontés à choisir un juste milieu
entre la sensibilisation et le contrôle. Léducation et dialogue sont bien sûr la
solution idéale. Si nous réussissions à convaincre tous les chercheurs quil
importe dappliquer des normes déthique, à les tenir à jour sur celles qui
sont en vigueur, aucun contrôle ne simposerait. Mais bien entendu, rien de tel
nest probable, et la surveillance demeure nécessaire lorsque les efforts de
sensibilisation échouent. Chose certaine, la relation entre le dialogue et le contrôle est
fort complexe. Comme je viens de le mentionner, le premier réduit la nécessité du
second. Dun autre côté, le contrôle fait essentiellement partie dune
stratégie de sensibilisation. En cas dabus, justice doit être faite et être
perçue comme telle. De plus, et cest là un aspect primordial, le contrôle risque
dentraver le dialogue, car la crainte de sanctions peut gêner la circulation des
informations, laquelle de toute évidence fait partie intégrante du dialogue sur les
questions déthique. Je nai aucune solution générale à proposer pour trouver ce
juste équilibre entre sensibilisation et contrôle. En fait, je soupçonne quil
nen existe pas : il faut trouver les réponses à mesure que les questions se
posent et que les collectivités et les institutions évoluent. Toutefois, je peux essayer
de jeter un peu plus de lumière sur la façon den arriver à un juste milieu, en
décrivant les différents genres de personnes et de points de vue auxquels les comités
déthique de la recherche seront sans doute confrontés. Jai élaboré une
typologie à douze éléments qui nest peut-être pas exhaustive mais qui nous
permet au moins de cerner les problèmes risquant de se manifester pendant lexamen
éthique. Certains de ces derniers sont de nature purement éthique; certains se
rapportent à la compétence des intervenants, et dautres, aux manuvres
intéressées de ceux-ci. Les trois premiers types concernent léthique même.
Appartiennent au premier les tricheurs classiques, cest-à-dire les
chercheurs qui violent consciemment les normes déthique. Il ny en a
peut-être pas beaucoup, étant donné que la plupart des gens tendent à dissimuler,
même à leur propre conscience, les motifs intéressés de leurs diverses activités.
Dans le cas de ces personnes, le contrôle simpose, et les efforts de
sensibilisation seraient probablement déployés en vain, à tout le moins auprès des
délinquants mêmes. Le deuxième type est celui du chercheur minimaliste qui se
fait tirer loreille et qui se conforme aux règles, au sens rigoriste du
terme, mais qui se garde bien de réfléchir aux questions éthiques subtiles ou
nouvelles. Ce chercheur ira même jusquà attendre des autres et en
particulier du comité déthique de la recherche quils adoptent la
même attitude que lui. Les minimalistes perçoivent lÉnoncé de politique comme un
code dont il importe de définir soigneusement la portée. Jutilise le terme vengeur pour baptiser le
troisième type. Il sagit dun chercheur qui est en conflit dintérêts
pendant lexamen éthique. Par exemple, il peut très bien accuser un collègue de ne
pas se conformer à certains des principes formulés dans lÉnoncé de politique,
mais il le fait uniquement parce quil souhaite entraver ou miner la recherche de ce
collègue et se venger pour une raison quelconque. Je le décris aussi comme étant un
cheval de Troie : en effet, on risque de penser à première vue que sa coopération
avec le CÉR est motivée par des considérations purement éthiques. Les quatre prochains types sont définis en fonction de la
compétence soit dans le contexte de léthique, soit dans celui de la recherche
même. Le quatrième type, cest linconscient, cest-à-dire le chercheur
qui ne tient pas compte de lÉnoncé de politique dans ses travaux ou qui
passe outre à certains de ses aspects. Les efforts de sensibilisation nont pas
été utiles à ces chercheurs, surtout en raison de leur propre négligence ou de
linsuffisance des programmes déducation. Le cinquième type est celui du simpliste, une
catégorie atténuée du type précédent. Le chercheur de ce genre connaît en gros les
principes déthique, mais il na pas assez réfléchi aux diverses questions
déontologiques découlant de ses travaux ou de ceux quil est chargé
dexaminer. Dans le cas des quatrième et cinquième types de chercheurs, il faut
accroître les efforts de sensibilisation. Les ignorants composent le sixième groupe. Ce sont
les membres des comités déthique de la recherche, voire parfois les chercheurs
mêmes, qui nen savent pas assez sur la recherche proprement dite ni sur sa
complexité : ils sont incapables de repérer les principes déthique propres
à un domaine donné ni dévaluer les risques du projet, ni même de situer les
questions et les risques dans le contexte des normes universitaires. Le septième type est le pendant plus circonscrit du type
précédent : cest le mal informé. Cest le chercheur ou
le membre du comité déthique de la recherche qui nen sait pas assez sur un
protocole ou un domaine de recherche donné pour pouvoir cerner les questions
déthique qui sy posent ou pour les situer dans le contexte approprié. Dans
ces deux derniers cas aussi, lintensification des efforts de sensibilisation
représente la démarche rectificatrice privilégiée, à condition que les intéressés
soient aptes et disposés à apprendre. Il existe cinq types de manuvres politiciennes intéressées
qui nuisent aux enjeux de lexamen éthique. Le nom que je donne au huitième type
est lobstructionniste. Il sagit de ceux qui nient
lexistence des considérations éthiques, à tout le moins dans le domaine des
sciences sociales, ou qui pensent quil ny a pas lieu den faire cas avant
le processus de recherche, mais seulement en dernier lieu : au moment où se fait
lévaluation des résultats de la recherche. Bien sûr, le problème tient ici au
fait que les torts risquent alors davoir déjà été causés. En neuvième lieu, nous avons le zélé qui
interprète lÉnoncé de politique à la lettre et qui en applique les
dispositions les plus strictes dans un contexte impropre. Et puis il y a les défenseurs de la vie privée,
pour qui la recherche est un privilège et qui refusent par conséquent dy voir une
activité légitime dont il faut soupeser les exigences en tenant compte judicieusement
des besoins inhérents à la protection des renseignements personnels. Le onzième type est celui des alliés anxieux. Ce
sont les chercheurs et les membres des comités déthique de la recherche pour qui lÉnoncé
de politique nest pas assez noble et qui simposent (à eux-mêmes et à
dautres) des normes plus élevées. Ces derniers se préoccupent de promouvoir une
plus grande sensibilisation à léthique et ils nous invitent activement, et à bon
droit, à réfléchir davantage à nos méthodes de recherche. Pourtant, ce sont des
alliés anxieux, car leur quête de normes supérieures risque de compliquer et de rendre
peu pratiques les efforts de mise en application déployés par les comités
déthique de la rechercheen fait, dans certaines circonstances, elle peut
compromettre tout le projet en mettant toujours en évidence de nouvelles lacunes. Comme
le dit le proverbe, « le mieux est lennemi du bien ». Et, en dernier lieu, il y a les militants politiques.
Ce sont des personnes qui ont épousé une cause politique, au sens large du terme, et qui
nenvisagent la recherche et léthique quà la lumière des incidences
quelles ont sur la cause en question. Bien sûr, pareille attitude peut être
bénéfique à certains groupes désavantagés ou marginalisés, mais elle risque aussi de
nuire en supplantant léthique en tant que pilier de lexamen éthique. Comme je lai mentionné plus haut, cette typologie nest
sans doute pas exhaustive, et les divers types ne sexcluent certainement pas
mutuellement. Pourtant, en prenant conscience de leur existence, les comités
déthique de la recherche, dans nos universités et nos établissements, pourront
mieux trouver le juste milieu entre le contrôle nécessaire et un dialogue soutenu.
Maintenant que nous avons examiné les défis et les problèmes que comporte la mise en
uvre de lÉnoncé de politique des trois Conseils sur
léthique, penchons-nous sur certains des horizons quil ouvre. Améliorer la recherche grâce à lexamen éthique Lapplication de lEnoncé de politique
nécessitera bien sûr des ressources assez importantes, bien quessentiellement
invisibles. Le processus dexamen exigera surtout une quantité considérable de
temps et dénergie de la part du corps enseignant et des chercheurs; en
dautres mots, ils auront moins de temps à consacrer à la recherche même. Par
conséquent, pour que les chercheurs intègrent toujours la réflexion éthique à leur
cheminement, nous devrons songer à des façons non seulement de rendre pratique
lexamen éthique, mais aussi de faire contribuer la pensée et lexamen
éthiques à lenrichissement de la recherche en tant que telle. Deux modus operandi me viennent à lesprit à cet égard. Tout
dabord, rappelons-nous quil sagit dun Énoncé de politique
des Trois Conseils. Cela signifie quil devra y avoir une intervention conjointe
plus grande non seulement de la part des conseils mêmes, mais aussi des chercheurs
universitaires pratiquant leur profession dans les domaines des sciences naturelles et du
génie, des sciences médicales et des sciences sociales; ils devront tous collaborer à
la mise en pratique des principes formulés dans lÉnoncé de politique. En
dautres mots, lÉnoncé de politique et sa mise en uvre peuvent
favoriser le dialogue et la coopération interdisciplinaires, ce que les chercheurs et les
utilisateurs des résultats de la recherche considèrent de plus en plus comme étant une
attitude supérieure à adopter pour pratiquer la science. De toute évidence, la spécialisation procure dimportantes
récompenses dans le cadre de la découverte, mais, constatation déconcertante, les
idées tendent à surgir dans lesprit des gens depuis des sources insoupçonnées.
De grandes découvertes ont souvent lieu tandis que vous essayez dexpliquer à un
néophyte doué ou à un collègue non spécialiste de votre discipline (ou
sous-discipline) ce que vous tentez de faire et pourquoi. Pareil dialogue peut vous
sensibiliser davantage aux raisons pour lesquelles vous faites les choses dune
certaine façon, et ce néophyte ou ce collègue peuvent aussi vous montrer dautres
façons de procéder pour trouver la vérité : en un mot, ils vous aident à
développer une pensée parallèle. Ainsi, lÉnoncé de Politique des Trois Conseils aura
pour conséquence pratique de rapprocher les chercheurs de diverses disciplines et de
différents domaines du savoir. Il offre à chacun loccasion de nouer des liens
transcendant les frontières des disciplines, den apprendre davantage sur les
pratiques dautres scientifiques et daméliorer ses propres méthodes de
recherche. En second lieu, et cest sans doute là un aspect encore plus
important, ladoption de lÉnoncé de politique nous aidera à
préciser et à redéfinir notre notion de participant à la recherche. Au lieu de
considérer le participant comme un simple sujet, nous devrons nous sensibiliser davantage
aux effets de nos recherches sur lui et sur son milieu social. Nous devrons encourager les
participants et leurs groupes dappartenance à nous en dire plus sur les milieux
sociaux où nous les rencontrons. Ainsi, nous percevrons mieux les participants et nous
comprendrons plus clairement toutes les dimensions de leur vie. Celles-ci influent les
unes sur les autres de façons complexes et elles déterminent grandement les résultats
de la recherche qui, en bout de ligne, sont ce qui nous intéresse. Autrement dit, nous parviendrons à un meilleur équilibre entre
lapproche externaliste et souvent quantitative de la recherche et une vision plus
expérientielle et qualitative concernée par la personne entière, au sens que John
Ralston Saul donne à cette dernière notion. Les sciences humaines cessent peu à peu
denvisager les politiques et les programmes à la lumière dune solution
miracle; elles peuvent sans doute aider le génie ainsi que les sciences naturelles et
médicales à adopter une vision plus large de leurs réalisations technologiques et
thérapeutiques, respectivement. Conclusion Jespère avoir clairement fait valoir que lexamen
éthique doit être un processus très dynamique qui amène les chercheurs à réfléchir
aux dimensions éthiques de leur activité. Certes, il y aura des débats difficiles
auxquels participeront divers genres de personnes et qui porteront sur les questions qui
se poseront probablement aux comités déthique de la recherche quand ils tenteront
de trouver un équilibre entre contrôle et dialogue. Cependant, si les efforts de mise en
uvre sont déployés judicieusement, ils favoriseront une intensification du
dialogue entre les disciplines et lattribution dun rôle plus actif aux
participants à la recherche; ces deux résultats devraient entraîner
lamélioration non seulement de léthique, mais aussi de la recherche même. Au fil du temps, les efforts des comités déthique de la
recherche devraient constamment être pris en compte dans la révision continue de lÉnoncé
de politique. Laissé tel quel, ce document finira par se pétrifier, ne serait-ce
que parce quil résulte dun compromis entre de grandes institutions et
quil ne sera donc pas facile de le modifier après son adoption. Pourtant, le
changement est essentiel à la réflexion éthique. Cela est vrai non seulement parce que
nos méthodes de recherche évoluent et appellent de nouvelles solutions, mais aussi parce
que la réflexion éthique en soi, même celle qui porte sur de vieux problèmes, continue
de susciter de nouvelles questions et de nouvelles réponses. Il importe dintégrer
ces dernières à un Énoncé de politique amélioré. Atteindrons-nous cet
objectif? Cela dépendra dans une large mesure de la question de savoir si les comités
déthique de la recherche adopteront une attitude proactive face à léthique
de la recherche et sils réussiront à faire participer un nombre important de
chercheurs à un dialogue ouvert sur les aspects éthiques de la recherche. Merci beaucoup. Département de médecine, Université du Manitoba, directeur de la recherche à lInstitut de recherches de lhôpital de Saint-Boniface. e Dr Foerster, dont les intérêts cliniques sont en hématologie et en oncologie, souhaite tout dabord la bienvenue à tous les participants et à toutes les participantes à la séance sur les nouveaux défis pour le processus dexamen éthique. Il attire lattention sur lexcellent exposé préliminaire que le professeur P. Bernard a fait en vue de la fin de semaine de réflexion et fait remarquer que parmi tous les nouveaux défis positifs découlant du nouvel Énoncé de Politique des Trois Conseils, lintégration complète de léthique dans la recherche semble être le point le plus impératif. Ce que cela signifie, en partie, cest que nous devons cesser de considérer léthique comme tout simplement une autre formalité nécessaire pour obtenir des subventions de recherche. Le meilleur code déthique, lorsquon le considère uniquement comme un accessoire, peut ne pas prévenir les actes les plus déshumanisants. Les expériences menées sous le régime nazi, par des chercheurs brillants et parfois de grande renommée, sont dailleurs un exemple frappant de cet effet pernicieux dun processus de recherche compartimenté, dautant plus que ces chercheurs recevaient leurs autorisations dun pays (lAllemagne) réputé à lépoque pour avoir le meilleur code déthique au monde. Ces atrocités, qui ont été graduellement étalées au grand jour, auraient pu être évitées si le code déthique avait été enseigné dans les universités allemandes et sil avait été en plus intégré à la vie des médecins, des universitaires et des chercheurs. Lenseignement des principes incorporés dans lÉnoncé de Politique des Trois Conseils et la promotion de lintégration de léthique dans la recherche constitue maintenant le mandat le plus important du CNÉRH. Cependant, cette formidable entreprise nécessitera la prestation dune plus grande formation aux membres du Conseil étant donné quon estimait que le Conseil dans son ensemble possédait une connaissance incomplète des préoccupations et des défis de nos collègues des sciences humaines et sociales. La première séance sur les défis sur le plan de léthique en ce qui concerne la recherche chez lhumain dans les domaines de la psychologie (Dre Daphne Maurer, McMaster University, de lanthropologie (Dre Dorothy Counts, University of Waterloo) et de lhistoire (Dr Chris Armstrong, YorkUniversity) peut servir dexercice de familiarisation. Dre Daphne Maurer Lexposé de la Dre Maurer vise à attirer lattention sur les questions déthique reliées à la recherche dans le domaine de la psychologie. Elle aborde son sujet en se fondant sur sa propre expérience de recherche, cest-à-dire du point de vue dune chercheure dynamique qui est une novice pour ce qui est de léthique de la recherche. Son exposé porte principalement sur les points suivants :
1) Bassins de sujets Il est courant pour les chercheurs en psychologie de recruter leurs sujets parmi les étudiants et les étudiantes en psychologie. Il est fort probable quon demandera à un étudiant ou à une étudiante qui sinscrit à un cours de psychologie de devenir un sujet de recherche, ce qui lui vaudrait des crédits ou des points bonis. Le raisonnement à la base de ce processus de recrutement est que la personne qui prend part à une recherche scientifique en retirera une compréhension complète de ce qui est véritablement en jeu dans la recherche en psychologie. Dre Maurer cite lUniversity of Toronto comme exemple de ce processus de recrutement. Dans le but de sassurer que chaque étudiant qui participe à une recherche en retire une expérience valable, lUniversité a mis sur pied une procédure dadministration complexe. Lobjectif est que les participants comme les chercheurs en retirent leur juste part davantages. Selon les résultats denquêtes menées, la meilleure façon dassurer une participation importante est de la rendre obligatoire. Dailleurs, une participation élevée a deux avantages, à savoir une plus grande représentation et la possibilité pour les chercheurs qui sont pour la plupart des candidats au doctorat ou des étudiants du premier cycle au niveau du baccalauréat spécialisé de réaliser leur travail dans la période de temps qui leur est habituellement allouée. Le facteur économique semble évident : les chercheurs en retirent un maximum davantages complémentaires en retour dun investissement pécuniaire minimal. Par conséquent, il reste plus dargent aux conseils subventionnaires pour financer les chercheurs uvrant dans le domaine de la psychologie qui ne soccupent pas des sujets humains et qui doivent acheter les animaux nécessaires à leurs expériences. Les participants soulèvent trois grandes préoccupations : ils sont inquiets de la disponibilité dexpériences parmi lesquelles ils pourront choisir; des conditions dadmission; ainsi que du facteur de coercition. Les chercheurs qui uvrent dans le domaine de la psychologie ont tendance à minimiser le facteur de coercition étant donné que le choix de lexpérience est toujours laissé aux soins des étudiants et quil y a un grand nombre doptions. En outre, les chercheurs soutiennent que puisque les étudiants acquièrent des connaissances importantes, ce nest pas comme sils ne retiraient absolument rien du temps et des efforts quils consacrent en tant que participants à ces expériences. En ce qui concerne la liberté de choix des étudiants, Dre Maurer indique que cette liberté est parfois purement rhétorique du fait que le choix se fonde habituellement sur des renseignements insuffisants ou incomplets affichés sur des babillards. Toutefois, si lon fait exception des quelques plaintes reçues par les divers départements, rien nindique que les étudiants sestiment en réalité contraints à participer à ces expériences. Bien au contraire, les enquêtes réalisées ont tendance à démontrer quen conséquence de leur participation à diverses expériences, les étudiants estiment de façon générale avoir acquis une plus grande compréhension de la recherche scientifique et sont satisfaits de la valeur pédagogique de cette recherche. Ainsi, les bassins de sujets semblent bien servir deux clientèles interdépendantes, cest-à-dire les chercheurs et les étudiants. Cependant, Dre Maurer prévient que ce nest pas toujours le cas. Pour sassurer que les deux groupes en retirent des avantages, Dre Maurer fait cinq suggestions : la procédure mise en place relativement à un bassin
de sujets dans un département de psychologie donné devrait faire lobjet dune
évaluation approfondie par quelquun de lextérieur, cest-à-dire un CER
impartial. [Cela peut sembler assez évident, mais selon Dre
Maurer, ce ne sont pas tous les départements de psychologie des universités canadiennes
qui ont recours à une évaluation impartiale étant donné que ce processus est
principalement réalisé à linterne] le bassin de sujets devrait relever dun membre du corps professoral. [par opposition à un membre du personnel de soutien, comme cest parfois le cas] le formulaire de compte-rendu (debriefing) devrait être approuvé à lavance. les efforts que doivent déployer les participants à la recherche devraient à tout le moins être compensés en proportion de la valeur pédagogique de leur participation. [Dre Maurer cite dailleurs en exemple le modèle du cheminement témoin de lUniversité de Toronto] on devrait recueillir des données quant à la perception quont les participants du ratio efforts/avantages. 2) Duperie La duperie est une autre question déthique particulièrement associée à la recherche dans le domaine de la psychologie sociale. Elle est problématique dans la mesure où on la considérée comme faisant nécessairement partie de la méthodologie depuis les années 50 alors que les psychologues ont commencé à reconnaître son incidence considérable sur létude scientifique du comportement. Le recours à la duperie a non seulement permis lobservation et la mesure du comportement dans un environnement contrôlé, elle a également neutralisé de façon efficace toute tentative de la part des sujets davoir un comportement quils supposaient être une rétroaction «correcte» aux stimulus perçus. Dans le but dobtenir une réponse aussi naturelle que possible, on induisait méthodiquement en erreur les sujets quant à lobjet réel de lexpérience. Cette démarche visant à tromper les sujets est désignée par lexpression « duperie ». Selon Dre Maurer, cette duperie a dailleurs une signification double : omission et commission. Lomission se produit lorsque le chercheur cache délibérément au sujet des renseignements qui sont reliés à lexpérience. Cette forme de duperie est considérée comme étant bénigne. Cependant, il y a des cas où lomission peut être plus grave. Par exemple, il y a omission grave lorsquon dit aux sujets quon leur donne une boisson alcoolisée mais quon leur cache les effets secondaires et, ce qui est encore plus grave, lobjet réel de lexpérience, qui est dexaminer leurs réactions à ces effets secondaires. La commission se produit lorsquon trompe délibérément le sujet dans le but disoler correctement la variable déterminée au préalable. À cette fin, le chercheur peut mentir quant à lobjet de lexpérience ou donner de faux renseignements.Il y a des omissions qui sont encore plus inquiétantes, précise Dre Maurer. Prenez par exemple le point repère en psychologie sociale communément appelé l« expérience de Milgram ». Cette expérience particulièrement mensongère a été mise au point au début des années 60 pour évaluer la relation entre la soumission à lautorité et la capacité chez les humains de blesser dautres personnes sur commande. On disait aux sujets, recrutés au moyen dannonces parues dans les journaux, que lexpérience était conçue pour mesurer lincidence du recours à des punitions sur lapprentissage. Ce que les sujets ne savaient pas, cest que lexpérience était prédéterminée de sorte quils détenaient toujours le poste d« enseignants » tandis quun complice, comptable de 47 ans, détenait toujours le poste d« élève ». Cette personne avait déjà été informée sur ce à quoi elle devait sattendre et elle avait reçu une certaine formation à légard de ce rôle important. L« enseignant » avait eu la consigne denseigner à lélève en lui infligeant des « chocs électriques » de plus en plus forts à chaque mauvaise réponse. On avait dit aux sujets que les « chocs », quoique extrêmement douloureux, ne causeraient aucun dommage aux tissus. On avait donc trompé les sujets sur les points suivants :
Il ne fait pas lombre dun doute que ce genre de méthode soulève dimportantes questions déthique tel le respect des personnes et de leur droit de faire des choix volontaires lorsquils participent à des expériences. Quand un choix se fonde sur des allégations mensongères, on ne peut pas dire quil est volontaire. Un autre aspect de léthique que soulève le recours à la duperie est la rupture du lien de confiance entre le chercheur et le sujet. Bien que le recours à la duperie soit très répandu chez les psychologues et quil semble ny avoir aucune indication quon cessera cette pratique, ce ne sont pas tous les psychologues qui y souscrivent nécessairement dans toutes les situations. Toutefois, tous semblent convenir que cest justifié uniquement :
Le principal argument avancé par les chercheurs qui nont aucune réticence à recourir aux duperies les plus graves est la liberté académique. Ils soutiennent que la duperie est un élément nécessaire de la recherche en psychologie, et que dans la mesure où le risque de causer un dommage est minimal, il ny a aucune violation des droits de la personne. Cependant, toute interférence avec leur recherche constituerait une violation de leur liberté académique étant donné quon les empêcherait de produire de nouvelles connaissances. Quant aux chercheurs qui estiment que la duperie nest pas requise en raison de la nature de leur recherche, on retrouve toutes les attitudes, depuis la volonté de toujours protéger la primauté du professionnalisme jusquà la condamnation pure et simple. Dre Maurer estime quil semble y avoir une préoccupation quant à la qualité du rapport entre la communauté scientifique et la société dans son ensemble. Mais quarriverait-il si on recourait à la simulation ou au jeu de rôle au lieu de la duperie? Les partisans de la duperie prétendent que même sil semble que lon obtient la même réaction que dans la réalité, il y a néanmoins une différence entre la simulation et la réalité, et cest la dernière que nous cherchons à comprendre. Dre Maurer constate quun intervenant quil vaudrait la peine dentendre, mais qui est absent du débat polarisé, cest le complice. Que ressent une personne lorsquelle joue un rôle pré-déterminé? Un des articles remis aux participants à notre fin de semaine de réflexion est passablement remarquable en ce sens quil met en évidence la difficulté de jouer un rôle.Un autre point de vue qui est généralement absent du débat, est celui des participants dupés. Dans le cadre dune étude de suivi de lexpérience de Milgram, on a demandé aux participants de répondre à un questionnaire, et les résultats indiquent que les sujets étaient dans une grande majorité contents davoir participé à lexpérience. Cette perspective positive a incité Dre Maurer à soupçonner que leurs réponses peuvent avoir été influencées par le résumé de cinq pages qui leur avait été remis avant quils répondent au questionnaire, et qui mettait laccent sur les importantes connaissances que lexpérience avait permis dacquérir.Dans une version différente de lexpérience de Milgram, on donnait aux sujets soit une boisson alcoolisée, soit un placebo. La variable isolée était leffet de lalcool sur le comportement agressif et le consentement à infliger des chocs. On a dabord trompé les sujets en leur disant que:
Les résultats dun questionnaire de suivi retourné par 57 participants indiquaient ce qui suit :
Toute lhistoire au sujet de la façon dont les gens perçoivent la duperie a été complétée par la réaction de tiers à un compte rendu de lexpérience de Milgram. En fait, un chercheur a choisi au hasard des gens dans les rues de Chicago et, en fonction de critères de sélection déterminés de façon méthodique, leur a soumis différents comptes rendus de lexpérience de Milgram, comptes rendus réels et/ou exagérés. On leur demandait alors ce quils pensaient de cette expérience, si on devrait permettre à un chercheur de mener une telle expérience, si de telles expériences devraient être financées par le gouvernement fédéral, et dans quelle mesure ces expériences avaient de la valeur, etc. Il est intéressant de constater que les réponses étaient en réalité influencées par les constatations de lexpérience (p. ex., quon peut amener un sujet à donner des chocs forts), et non par limplication possible de la duperie. Le point de vue des participants au sujet de la duperie a probablement rapport à la qualité du debriefing que lon donne après lexpérience. Nous nen savons pas beaucoup au sujet du debriefing, mais nous savons que pour être efficace, il doit :
Il y a très peu de recherche sur lefficacité du compte-rendu (debriefing). Une étude a comparé leffet sur des sujets qui avaient administré la « rétroaction » à l« apprenant » sous forme de bruit (au lieu du choc électrique) au niveau quils ont choisi eux-mêmes (peu de stress), ou dampleur croissante, au point que le complice sest plaint de la douleur (beaucoup de stress). Après le debriefing qui a suivi, le groupe du niveau élevé de stress a ressemblé au groupe de stress peu élevé et ce, en termes de vitesse de pouls, de plaisir rapporté et de volonté de prendre part dans de pareilles expériences à lavenir. Ils ont dépassé le groupe de stress peu élevé en termes de stimulation rapportée, tout en pensant quils avaient appris quelque chose dimportant sur la psychologie et eux-mêmes. En conclusion, que doit-on dire au sujet de la duperie? Tout dabord, Dre Maurer affirme que sa propre recherche ne laisse aucun doute dans son esprit quelle constitue de façon certaine un sujet très complexe. La duperie a de nombreuses dimensions et on peut y avoir recours sur le plan procédural de nombreuses façons. Dre Maurer affirme également que ni lAmerican Psychological Association, ni la Société canadienne de psychologie (SCP) ne donnent des règles de conduite adéquates en ce qui a trait à la duperie et au debriefing approprié. Il faudrait déployer des efforts considérables pour créer une politique claire quant au recours à la duperie. En outre, ces questions déthique doivent être prises en compte lors de la formation des psychologues en psychologie expérimentale. DiscussionEst-ce que ce type de recherche sur la duperie nécessite une spécialisation particulière de la part des psychologues? Le cas échéant, quel est le rapport entre cet intérêt pour la duperie et le recours à des techniques spéciales par les services du renseignement pour obtenir des informations? Nous ne devons pas oublier que la duperie a de nombreux visages. Il y a probablement 95 % des psychologues qui mènent des recherches sur les adultes humains qui ont recours à la duperie ou à la manipulation dans leurs études. Avant et pendant la Seconde Guerre mondiale, ce sont les militaires qui réalisaient les recherches sur la duperie, mais cette recherche navait pas une grande influence sur la recherche universitaire. Par contre, Dre Maurer ne pense pas que la recherche sur la duperie répondait à des besoins militaires ou gouvernementaux.Quelle est la valeur de la justification à légard de lutilisation de la duperie comme façon dobtenir des renseignements? Et dans quelle mesure est-il possible que les sujets ne soient pas gênés par le fait quon les ait trompés? Les justifications utilisées par un grand psychologue sont triples :
Est-ce que la section 2.4 de lÉnoncé de politique autorisant un CER à autoriser le recours à une divulgation partielle ou à la duperie suffit pour véritablement permettre ce type de recherche? Quy a-t-il de plus à apprendre de cette méthode? Cette section va probablement évoluer avec le temps. Il y a beaucoup déléments qui dépendent de la signification que nous accordons à la duperie et à la divulgation partielle, et sur le fait de savoir si lomission fait partie de la signification de duperie. Y a-t-il autre chose que lon peut apprendre? Il est très important de connaître les conditions dans lesquelles les récits de souvenirs lointains sont crédibles, mais cela modifierait le comportement des sujets de leur communiquer les détails importants de lexpérience, et compromettrait par conséquent la valeur scientifique de létude. Plus la définition est inclusive, moins il y a de place pour le recours à la duperie; plus la définition est restrictive, plus il y a de possibilités de recourir à la duperie. Si on réalisait létude de Milgram aujourdhui,
serait-elle approuvée par la plupart des CER? Dre Maurer sest également posée cette question et nétait pas certaine de la réponse à y donner. Elle espère quelle ne serait pas approuvée. N.B. Dr Derevensky constate que létude de Milgram soulève rarement des discussions sur léthique. Les personnes qui sintéressent à létude de Milgram se concentrent habituellement sur ses résultats. Si on ne met pas en pratique et si on nenseigne pas léthique, et si létude de Milgram était ramenée aux données factuelles quelle a produites, les questions déthique ne seraient pas absorbées par les étudiants. Dre Maurer ajoute que les psychologues spécialistes en psychologie expérimentale ne font pas un bon travail pour ce qui est de lenseignement tout ce quelle sait au sujet de léthique, elle la appris par osmose avec son superviseur.Professeure Dorothy Counts Professeure Counts présente son exposé en soulignant la collaboration de ses collègues anthropologues à qui elle a demandé des suggestions quant aux préoccupations déthique quelle devrait aborder au cours de la présente fin de semaine de réflexion. Son exposé vise à résumer leur rétroaction, mais elle attire également lattention sur certaines de ses propres préoccupations. Il serait surprenant de ne pas trouver un élément déthique dans un programme danthropologie de premier cycle ou de deuxième cycle. Léthique est étroitement reliée à la recherche en anthropologie. En raison de la façon dont les anthropologues font leurs recherches, ils sont peut-être plus préoccupés par lenseignement de léthique à leurs étudiants que les autres disciplines. On peut toujours découvrir de la malhonnêteté et, lorsque cest le cas, ce nest pas seulement la crédibilité du chercheur qui est en cause, mais aussi la profession danthropologue. Il est important de savoir que les défis sur la plan de léthique auxquels sont confrontés les anthropologues dépendent des caractéristiques propres à la recherche en anthropologie dont deux seront abordées ici :
Pour ce qui est de la qualité à long terme de la recherche en anthropologie, Dre Counts affirme quil sagit dun phénomène récent et répandu. Lorsquelle a commencé ses travaux en 1966, peu de gens avaient effectué de la recherche à long terme. Parmi les collègues quelle a connus au cours de la dernière décennie, la plupart sont retournés au moins deux fois pour des périodes prolongées dans les collectivités quils avaient étudiées. La recherche dun anthropologue sous-entend un rapport à long terme avec une communauté de gens. Comme cest le cas pour toute bonne relation humaine, elle fait appel au respect et à lempathie.Les anthropologues ont ouvert de nombreux secteurs de recherche partout dans le monde et le contexte de la recherche est très naturaliste. Dans une version antérieure de lénoncé de politique, nous avons défini ce contexte naturaliste comme suit : « [g]énéralement non perçu comme établi pour le seul et principal objet deffectuer de la recherche ». La conséquence immédiate de ce contexte est un environnement dans lequel tous les participants partagent le contrôle, par opposition à ce quil soit contrôlé uniquement par le chercheur. Cela pave alors la voie à des variables et à des événements imprévus et imprévisibles. Dre Counts se rappelle de sêtre rendue dans diverses collectivités dans le but de créer un répertoire de légendes et de contes folkloriques. En raison dune situation imprévue qui présentait un risque pour léquipe de recherche, elle a plutôt mené une recherche tout à fait différente à la demande dune collectivité qui était aux prises avec la violence familiale. Cette situation a soulevé plusieurs questions : que devaient faire les chercheurs? Devaient-ils laisser passer cette magnifique possibilité et revenir chez eux parce que leur protocole initial déthique nétait plus pertinent? Cela va sans dire, un contexte naturaliste et une recherche à long terme nécessitent une bonne dose de souplesse de la part des anthropologues qui veulent mener à terme leurs recherches.Quels sont les principes déthique sur lesquels les anthropologues sentendent? Deux principes fondamentaux sont :
Quen est-il de la prétention que la recherche devrait avoir une incidence positive? Cest difficile à mesurer. Il ne sensuit pas nécessairement immédiatement après la recherche quun bien a été fait, tout comme il nen résulte pas nécessairement une richesse commensurable. Le rapatriement de la culture est lun de ces biens intangibles. Mais encore une fois, la situation peut être très complexe. Il se peut quune collectivité donnée, pour des raisons dhonneur et de dignité, ne veuille pas que les diverses données recueillies par les anthropologues soient rendues publiques chez elle. La protection de lanonymat soulève une autre sorte de problème déthique et a également ses effets néfastes. Lanonymat en soi ne constitue pas une façon absolue de protéger des données délicates. Il y a des façons insoupçonnées dapprendre ce quune personne veut véritablement apprendre. Lorsquil est question du principe de bien et de mal, les anthropologues doivent se sensibiliser aux nombreuses possibilités peu importe la probabilité dun terrible écart entre leur intention initiale et la réalité. Ainsi, le folkloriste Bruce Jackson donne à juste titre lavertissement suivant : « Pensez à lutilisation quon pourrait faire de ces données plus tard, pensez à ce que vous ressentiriez si on utilisait vos paroles dans ce sens, puis prenez la décision en conséquence. Si vos données incluent des points qui pourraient causer du tort aux gens, alors vous ne devriez pas les déposer dans une archive sur laquelle vous nexercez aucun contrôle ». Les responsabilités déontologiques des anthropologues se projettent dans le temps. Le principe selon lequel aucune recherche clandestine ne doit être effectuée stipule que chacun doit savoir qui est lanthropologue, pourquoi sa recherche est effectuée et de quelle façon elle doit se faire. Voici un extrait du serment de la Society for Applied Anthropology :
Le manque de divulgation ne paie jamais et un grave abus de confiance aura fort probablement pour résultat limpossibilité de poursuivre la recherche et léviction du chercheur de la collectivité. Un grave abus de confiance peut même mettre la vie du chercheur en danger. Mais même sans aller aussi loin, de graves problèmes peuvent découler de létude dune collectivité. Le fait de collaborer à la politique des Trois Conseils a permis à Dre Counts de réaliser que la légitimité est problématique. Il y a une nécessité de clairement déterminer qui a le droit de parler au nom dune collectivité et qui a lautorité de donner la permission à un anthropologue détudier une collectivité donnée.Elle cite le cas dune anthropologue qui a accepté daider une collectivité à composer avec les différends politiques mettant en cause les autorités provinciales, à la demande spéciale de cette collectivité, et qui a voyagé jusquen Papouasie-Nouvelle-Guinée en vertu dun visa de touriste parce que sa demande de recherche avait été refusée par les autorités provinciales. En apprenant les activités quelle menait auprès de la collectivité, les autorités lont expulsée du pays, lui ont interdit de revenir et ont décrété un moratoire sur la recherche anthropologique pour une période indéfinie. Cet incident a des répercussions négatives non seulement sur sa carrière, mais aussi sur dautres anthropologues qui ont travaillé en Océanie. Finalement, les autorités lont blâmée. De toute évidence, il sagissait dune recherche clandestine. Les autorités gouvernementales avaient le droit de connaître ses activités de recherche. Mais cela ne signifie pas quelles peuvent à raison prétendre parler au nom de la collectivité auprès de laquelle lanthropologue voulait travailler. On sattend à ce que les chercheurs respectent les règles politiques du pays daccueil, mais quarrive-t-il si le pouvoir politique ne respecte pas les normes déthique? Que doit-on déduire de toutes ces considérations? Dabord, la réalité nous donne amplement despace pour les deux principes fondamentaux de recherche en anthropologie : ne faire aucun tort; ne faire aucune recherche clandestine. Deuxièmement, la recherche en anthropologie est assurément caractérisée par son contexte nativiste et le rapport qui en résulte entre le chercheur et les collectivités qui sont étudiées. Voici les recommandations formulées par Dre Counts :
À votre avis, dans quelle mesure est-il nécessaire ou utile délaborer une politique déthique commune pour deux disciplines qui sont aussi étroitement reliées que la psychologie et lanthropologie? Le cas échéant, de quelle façon est-ce que cette politique peut composer avec le fait que la duperie peut être nécessaire en psychologie alors que la malhonnêteté est contraire à léthique en anthropologie? Tandis que les lignes directrices du CRSH en ce qui concerne la recherche chez les humains ont bien fonctionné dans le cas de la recherche en anthropologie et étaient approuvées par la SCA, il nest pas évident que lÉnoncé de Politique conviendra aux exigences de la recherche en anthropologie qui est caractérisée par des procédures uniques. Cette situation peut expliquer certaines des tensions à la base du nouvel Énoncé de Politique. La psychologie et lanthropologie sont des disciplines passablement différentes; par conséquent, leurs problèmes déthique sont différents. Il est trop simple de considérer les questions déthique en recherche comme chevauchant les sciences humaines et sociales et les sciences biomédicales. Cest parce que les enjeux éthiques peuvent varier même au sein des sciences humaines et sociales. Y a-t-il une limite de temps quant au contrôle des données par le groupe qui fait lobjet de létude? Si oui, à quel moment est-ce que la collectivité na plus le contrôle des données? On essaie de plus en plus, à mesure que les gens deviennent plus alphabétisés, de présenter la teneur et les conclusions de la recherche à la collectivité à des fins de rétroaction. La capacité datteindre ce niveau de collaboration varie en fonction du niveau daccès que la collectivité a en ce qui concerne linformation ainsi que de la capacité du chercheur de traduire linformation dans la langue autochtone de la collectivité. Professeur Chris Armstrong, York University Recherche en histoire de léconomie et des affaires (achat et vente de valeurs mobilières) Pourquoi est-ce que les spécialistes de la recherche historique ne tiennent invariablement pas compte des lignes directrices en matière déthique dans le recours à des humains? Le professeur Armstrong évoque dabord quelques questions découlant des politiques en matière de recherche de York University. Certaines questions portent sur le profil des participants, par ex., lâge, le sexe, le statut social ; dautres sont davantage orientées vers les méthodes, par ex., ce que lon demandera aux participants de faire, lendroit où se déroule létude, les stimulus, les documents. On sattend à ce que les chercheurs fournissent des réponses précises. Les sujets humains représentent un grand éventail pour ce qui est de lâge, du statut social, etc. Le professeur Armstrong a déjà reçu une subvention du CRSH afin de mener une étude sur lhistoire de lévolution du marché des valeurs mobilières au Canada depuis la fin du XIXe siècle jusquà 1980. Lorsquil a amorcé sa recherche, il sest rendu compte quun certain nombre de personnes qui avaient joué un rôle important dans le marché des valeurs mobilières au Canada, principalement au cours de la période après la Seconde Guerre mondiale notamment des courtiers, des avocats, des fonctionnaires, des membres dorganismes de réglementation étaient toujours en vie. Il a alors communiqué avec un certain nombre de ces personnes et les a interviewées. Un homme de 84 ans, qui avait fait partie dun organisme de réglementation et qui avait également été un courtier, a été interviewé et il a fourni un certain nombre de photos historiques. En retour pour avoir accepté dêtre interviewé, on a montré à cet homme les chapitres du livre dans lesquels son nom était mentionné.Le professeur Armstrong donne lexemple de lun de ses candidats au doctorat qui travaille sur lincidence des projets hydroélectriques sur la population Crie autochtone du nord-ouest de lOntario. Selon le professeur Armstrong, ce candidat au doctorat a rencontré des difficultés dans sa quête dappui pour sa recherche lorsquil a répondu à un questionnaire produit par la Faculté des études supérieures. Il a omis de répondre à la section portant sur les participants humains de sorte que la Faculté des études supérieures lui a renvoyé le questionnaire lui enjoignant de répondre à la section oubliée. Le professeur Armstrong a dû alors signer la déclaration suivante : « Moi-même et les deux autres membres du comité de supervision, à notre avis, croyons que la recherche relative au mémoire susmentionné, tel quil est indiqué dans la proposition, représente un risque minimal pour les personnes participant à la recherche ». Le professeur Armstrong parle dun autre candidat au doctorat qui effectuait une recherche portant sur la fin du XIXe siècle et qui a décidé de rédiger une étude historique sur une beignerie faisant partie dune chaîne. Lorsquil a modifié le sujet de son mémoire, il a commencé à interviewer des gens dans des beigneries; cependant, il na pas remis le questionnaire dexamen des participants humains, même si on lui a fait parvenir plusieurs rappels.Pourquoi est-ce que certains historiens ne tiennent invariablement pas compte des lignes directrices en matière déthique régissant le recours à des sujets humains? Lorsque les historiens ont des données écrites, orales ou graphiques au sujet de personnages historiques, ils les considèrent différemment de la façon dont les spécialistes des sciences humaines et de la médecine considèrent les sujets participant à leurs expériences. Les historiens nutilisent pas le mot « sujet »; ils font référence aux personnes au sujet desquelles ils écrivent comme étant des « objets ». La compréhension a priori est quils ne sont pas « vulnérables ». Les interviewés ont toujours le droit de préciser les renseignements quils sont prêts à partager et quils ne veulent pas que lon rende publics. Lorsquils sont contre-interrogés par un historien bien informé, ils peuvent se débrouiller. Évidemment, une partie des règles du jeu est de faire admettre aux participants des choses quils ne voudraient probablement pas communiquer autrement. Mais cest quelque chose qui peut être fait et qui représente un risque minimal pour les participants. Les historiens ont dailleurs un point de vue différent pour ce qui est des renseignements personnels. Le droit au libre accès à linformation semble faire obstacle au droit à la vie privée. En vertu de la Loi sur la protection des renseignements personnels, les chercheurs ne sont pas autorisés à divulguer certains renseignements sans avoir signé un accord en vertu duquel ils précisent quils utiliseront ces renseignements uniquement lorsque les identificateurs personnels auront été supprimés. Le problème est que la réglementation sur la protection des renseignements personnels rend obligatoire lélimination des identificateurs personnels pour certains types de renseignements et rend même obligatoire la destruction des documents. Il en résulte donc quun très faible pourcentage des renseignements peut être consulté. Selon lArchiviste national du Canada, le Canada conserve environ 5 p.cent des documents produits par le gouvernement fédéral. En Suède, ce pourcentage est beaucoup plus élevé. De façon générale, les historiens supposent que la seule façon de connaître la vérité sur des événements est par les archives, documents, lettres et entrevues. De ce point de vue, la protection des renseignements personnels est perçue comme un obstacle à la vérité. Par exemple, Statistique Canada estime que les résultats manuscrits du recensement qui représentent une source particulièrement précieuse de renseignements sur les Canadiens devraient être fermés pour une période de 100 ans et quils ne devraient être ouverts quaprès le décès dune personne ou, sinon, quils devraient être fermés à tout jamais. Une telle situation crée un véritable problème pour les historiens de louest du Canada qui sintéressent à lanalyse socio-économique des immigrants européens arrivés pour la première fois dans louest du Canada uniquement en 1911. Autrement dit, la recherche à légard de cette population ne pourra commencer quen 2011. Mais il y a des situations urgentes où cette information devrait être recueillie plus tôt. La Loi sur le droit dauteur est un autre obstacle pour les historiens. Elle soulève des préoccupations relatives à la protection des renseignements personnels ainsi quà lutilisation sur la plan de léthique des renseignements. Supposons quun chercheur a reçu une lettre-réponse dun interviewé. Il nest pas facile de déterminer avec précision la teneur ou le nombre didées de cette personne que le chercheur peut reproduire. Bien que le milieu universitaire nait pas tenu compte de la pertinence de ces préoccupations, les historiens sont plutôt récalcitrants à légard de ces préoccupations, et la plupart estiment que les lignes directrices ne sappliquent pas à eux. Mais il nest pas clair si lon devrait laisser lhistoire orale et lutilisation de documents historiques uniquement au jugement du praticien. En résumé, les historiens font habituellement preuve de scepticisme quant à la notion que les révélations qui sont faites puissent être considérées comme une invasion grave de la vie privée des gens ou quelles représentent un risque réel au bien-être des sujets en cause. Ainsi, le professeur Armstrong fait les suggestions suivantes :
Est-ce que lélargissement des lignes directrices sous-entend que la recherche historique ne devrait pas être considérée comme de la recherche? Si oui, est-ce que la recherche historique peut en toute légitimité éviter les CER? Les historiens sont passablement candides pour ce qui constitue de la recherche. Par le passé, les méthodes de recherche ne posaient relativement pas de problèmes étant donné que la recherche historique voulait dire quon consultait des archives et lisait des documents. La technologie a rendu les questions beaucoup plus complexes : les bandes, les sons et les images font maintenant partie de ce que nous considérons comme étant des preuves historiques. Une approche subjective peut être préférable à une approche objective. En dautres mots, il est beaucoup plus facile de définir ce quest un chercheur que ce quest la recherche. Un chercheur est une personne qui, en plus de consulter les preuves historiques, essaie den tirer des généralisations défendables sur le plan intellectuel.
Éducation Professeur Jeffrey DerevenskyUniversité McGill, département de psychopédagogie et de psychologie de lorientation a première caractéristique de la recherche pédagogique est quelle est relativement nouvelle au Canada. Cette nouveauté est le produit dun changement radical de notre perception du rôle de lenseignement universitaire. Par le passé, les professeurs étaient principalement des enseignants, des personnes très orientées vers la pratique dont la principale préoccupation était denseigner la façon denseigner. Cet aspect pédagogique est toujours très important, mais les professeurs duniversité sont maintenant plus intéressés à la recherche, aux processus et aux applications. Une autre caractéristique est le facteur de la faisabilité au plan économique. La plus grande partie de la recherche pédagogique contemporaine nest pas financée, étant donné quelle se déroule principalement dans les salles de classe. Cette situation soulève dailleurs des questions particulières en matière déthique. La notion de « client » est quelque peu obscure dun point de vue pédagogique. Le professeur Derevensky croit que lon doit accorder plus dattention à ces questions, quoiquil est convaincu que peu de ses collègues accordent de limportance à léthique de la recherche. Une autre question en matière déthique est soulevée lorsque les conclusions des chercheurs ne sont pas conformes aux politiques des commissions scolaires. Est-ce que les résultats devraient être rendus publics? La plupart des collègues du professeur Derevensky estiment quils ne causent aucun tort, que le fait de passer devant un CER cause du désagrément et quil est insultant de se faire poser des questions sur sa recherche. Il y en a beaucoup qui sont contrariés lorsquun CER leur retourne un formulaire déthique incomplet. De façon générale, ces formulaires sont renvoyés parce que le comité estime que le formulaire napporte pas suffisamment de précisions pour permettre aux parents de donner un consentement éclairé. Cependant, la plupart des chercheurs dans le domaine de la pédagogie ont un engagement vis-à-vis des personnes qui font lobjet de létude et vis-à-vis de leurs besoins. Même les chercheurs qui réalisent une recherche de base croient fermement à ce principe. La prémisse sous-jacente à la recherche pédagogique est que la recherche devrait être faite dans le but dacquérir des connaissances. Cette recherche de connaissances peut prendre laspect soit de connaissances fondamentales, soit de connaissances appliquées. Dans le domaine de la pédagogie, cette solution de rechange est toutefois controversée. La plupart des commissions scolaires ne sont pas en faveur de la recherche fondamentale. Si elles estiment quil ny a aucune application qui découle directement de cette recherche fondamentale, elles ne lautoriseront pas sur leur territoire administratif. Lautre problème est le rapport déquilibre requis entre largent investi dans la recherche par les commissions scolaires et les avantages de la recherche. Les écoles demandent toujours combien de temps cette recherche prendra. Une autre prémisse est que le consentement éclairé se fonde sur une compréhension des enjeux en cause et du risque éventuel. Lorsquon demande à des enfants de donner leur consentement, nous devons nous assurer quils comprennent les répercussions possibles, même si on demande aux parents de signer le formulaire de consentement. Les droits de la personne à la vie privée, à la confidentialité et à lanonymat sont présumés. Les chercheurs ont également une obligation envers la population desservie. En outre, il y a des contraintes particulières qui ont trait à la recherche pédagogique. La première est lobligation de demander le consentement des parents lorsque la recherche nécessite la participation denfants ou dadolescents. Le chercheur doit sassurer que les parents qui acceptent de laisser participer leur enfant à la recherche forment un échantillon représentatif de lensemble des parents. Une autre préoccupation est la portée générale des résultats. Aux États-Unis, la recherche pédagogique est exempte de lexamen éthique si elle est réalisée dans des contextes pédagogiques établis ou généralement acceptés mettant en cause des pratiques pédagogiques normales telles que:
Dans ces contextes, le consentement des parents ou le recours au CER ne sont pas nécessaires. Surgit alors la question de lobjectivité dune telle recherche. Est-ce que les chercheurs enseignants ont lobjectivité nécessaire pour examiner les résultats dune façon efficace? Ont-ils des intérêts à défendre? De nombreuses études de recherche pédagogique ont démontré que lorsque linnovation en matière de programme détudes se fait grâce à des enseignants volontaires, les cinq ou dix enseignants choisis dans une école pour évaluer lefficacité des programmes détudes trouvent habituellement des résultats positifs. Lorsquon reproduit létude sur une plus large échelle, les résultats sont moins encourageants. Les autres enseignants ne partagent pas le même enthousiasme, ne bénéficient pas du même support et diffèrent quant à leur intervention éducative. La question éthique est que ce contexte ouvre la porte à toutes sortes de sur-généralisations fondées sur un échantillon sélectif, non représentatif des participants à létude. On retrouve des lignes directrices beaucoup moins restrictives dans le domaine de la recherche pédagogique que dans dautres disciplines. Bien que tous sentendent pour dire quil devrait y avoir une lettre de consentement dans le cas des personnes de moins de 18 ans, peu accordent de lattention à lintelligibilité (quel langage devrait-on utiliser?) de cette lettre ou à sa précision. Il nest pas conforme à la déontologie dautoriser ou de mener une recherche non valable sur le plan méthodologique. Par conséquent, le professeur Derevensky suggère que lon examine les questions scientifiques, en plus des questions déthique. À cette fin, il recommande que lon mette sur pied des comités qui travaillent avec les CER pour évaluer le mérite scientifique des projets de recherche. Il reste également limmense problème de lanonymat qui, sur le plan pratique, signifie que lon doit stocker adéquatement les renseignements audio et vidéo recueillis lors de la recherche et en déterminer la propriété et lutilisation. Est-ce que dautres recherches pédagogiques peuvent réutiliser les données? Si oui, est-ce que lon doit obtenir à nouveau le consentement des parents? En règle générale, les organismes gouvernementaux donnent les fonds nécessaires pour la recherche, mais un grand nombre de chercheurs obtiennent leur financement dorganismes extérieurs et détablissements de jeux (p. ex., Loto Québec, qui est axée sur les jeunes). Dans un tel cas, à qui appartiennent les données et qui devrait être en mesure de les utiliser? Est-ce que les données peuvent être remises aux médias? Quel contrôle ont les chercheurs sur ce qui est communiqué? Quadvient-il des questions délicates et des groupes vulnérables? Les chercheurs du domaine pédagogique, les CER et les commissions scolaires sont particulièrement sensibles à la sécurité des enfants. Certaines études nécessitent des activités physiques exigeantes de la part des enfants. Comment pouvons-nous nous assurer quaucun tort ne leur est causé? Si leur participation entraîne leur absence de la salle de classe, que doit-on faire des enfants qui ne peuvent participer du fait que leurs parents nont pas donné leur consentement? Sils doivent assister à une journée de classe ordinaire, est-ce que cela ne ressemblerait pas à une punition? Tous ces problèmes déthique en matière de recherche sont endémiques au contexte pédagogique, et il nexiste aucune réponse claire et définitive. Selon le professeur Derevensky, la recherche pédagogique est dans une zone grise du point de vue de la science. Par conséquent, il recommande fortement que les mandats des CER soient renforcés dune composante scientifique. En ce qui concerne les commissions scolaires, elles doivent se familiariser davantage avec les lignes directrices en matière déthique pour la recherche et on devrait leur donner une aide pour produire des lignes directrices liées à la recherche. Enfin, il est important de souligner la nécessité pour les chercheurs de faire tant de la recherche de base que de la recherche appliquée dans les écoles, étant donné que la recherche de base produit de la matière pour la recherche appliquée. Un sujet qui est souvent soulevé dans les sciences de la santé publique est le problème de déterminer si la recherche interfère avec le temps alloué précisément aux activités normales. Est-ce quon rencontre ce problème dans dautres disciplines? Si oui, est-il nécessaire dobtenir une autorisation sur le plan de léthique? En effet, cela représente une question litigieuse que les commissions scolaires et les chercheurs dans le domaine de la pédagogie doivent examiner. À lUniversité McGill, il est obligatoire pour les étudiants de deuxième cycle dinclure un formulaire dautorisation déthique signé par le CER de la faculté pour leur mémoire. Cette question peut ne pas sembler importante pour les étudiants de deuxième cycle qui pourraient répondre ce qui suit : si les commissions scolaires ne sont pas préoccupées dune interférence avec les activités normales, alors ils (les étudiants) nont aucune raison de sen inquiéter. De toute évidence, il est nécessaire de favoriser des liens plus étroits avec les commissions scolaires. Comment est-il possible pour un chercheur pédagogique, qui effectue une recherche en salle de classe, de ne pas observer les enfants dont les parents nont pas signé le formulaire de consentement? Il ne fait aucun doute que la recherche par observation soulève des questions très complexes auxquelles il ne semble y avoir aucune réponse définitive. Cette question de méthodologie fait actuellement lobjet de discussions par les présidents de CER. À ce jour, on na mis sur pied aucun comité de révision scientifique. De nombreux chercheurs sont convaincus que leur recherche ne causera aucun tort et, en conséquence, ils estiment que les CER sont une source dennuis. La situation serait pire si les CER commençaient à examiner la valeur scientifique de la recherche. Une autre préoccupation souvent exprimée par les chercheurs est le temps « gaspillé » à lobtention de lautorisation déthique et de lautorisation scientifique. Il est à la fois intéressant et important de tenir compte de ces questions au niveau universitaire, mais il est probablement encore plus important de le faire au niveau de lécole afin de donner à ces écoles lexpertise nécessaire pour composer avec certaines de ces questions déthique. Les enfants et les parents sont, et ont toujours été, vulnérables en ce qui concerne la recherche pédagogique. Étant donné que les études se traduisent par la suite en changements dans les programmes denseignement, diriez-vous que les enfants et les parents sont devenus de plus en plus vulnérables à divers programmes politiques? Oui, cest effectivement le cas. Si une commission scolaire décide que la pédagogie X nest plus souhaitable, les parents tout comme les enfants nont vraiment aucun choix, si ce nest daccepter la nouvelle pédagogie Y. Mais les chercheurs peuvent également être vulnérables. Il se peut que leurs constatations ne soient pas conformes aux politiques des écoles. Même si le chercheur accepte de ne pas publier ses données, elles sont toujours disponibles en bibliothèque et, par conséquent, facilement accessibles à la consultation. Cette dernière peut même déboucher sur des occasions de publication. Cependant, cela peut mettre les chercheurs dans une situation difficile. En effet, les commissions scolaires peuvent empêcher les chercheurs dentrer dans les écoles. Quelle est la différence entre une recherche subventionnée et une
recherche non subventionnée? La valeur méthodologique dune recherche subventionnée (quil sagisse du CRM, du CRSNG ou du CRSH) est toujours évaluée de façon rigoureuse. Toutefois, le CRSH, tout en sassurant quun certificat déthique a été accordé par le Comité déthique de la recherche de luniversité (CERU) dans le cas dun projet de recherche donné, ne vérifie pas la pertinence du formulaire de consentement, ni ne sassure que lenfant puisse se retirer de létude en tout temps sans répercussion pour lui. Le CRSH suppose tout simplement que le CER évalue de façon méticuleuse les divers aspects du projet de recherche. Mais ce nest pas toute la recherche qui est subventionnée. De façon générale, la recherche non subventionnée na pas à composer avec ce processus de révision. Bien que le professeur Lituchy soit diplômée de lÉcole de commerce de lUniversity of lArizona, ses activités dans le domaine de lenseignement sont très étroitement reliées à la recherche sociale. Sa présentation a pour objet de décrire les questions déthique qui découlent des diverses recherches dans le domaine des affaires et de ladministration. La recherche dans le domaine du commerce porte habituellement sur les marchés de valeurs mobilières, les répercussions des changements économiques sur la valeur des REER et diverses possibilités dinvestissement. Cette recherche porte également sur la prise de risques par rapport à la prise de décisions et son incidence sur la rémunération des gestionnaires. En ce qui concerne la recherche en matière de commercialisation, elle se concentre sur les ventes, la publicité et le comportement des consommateurs. La recherche dans le domaine de ladministration porte sur le comportement organisationnel et la gestion des ressources humaines deux domaines étroitement reliés à la psychologie. Par exemple, des projets de recherche porteront sur des questions telles la motivation, le stress, le travail par quart, les questions psychologiques au niveau de la personne ou du groupe le tout dans un contexte organisationnel. Parfois, la recherche dans le domaine de ladministration comporte un aspect sociologique et porte sur des questions telles la planification stratégique, la privatisation et la planification dans les petites et moyennes entreprises. Les systèmes dinformation de gestion ont trait à des questions qui pourraient également avoir certaines applications en systèmes informatiques, c.-à-d., Internet, intranet, différents logiciels. Ces outils aident les gestionnaires à prendre des décisions. En ce qui concerne la gestion de la production des opérations (GPO), les intérêts sont également techniques. La GPO porte sur la conception des emplois et lexploration de divers moyens de concevoir le mobilier de bureau. Les personnes qui participent à la recherche sur des humains nont rien à voir avec la recherche dans le domaine des finances ni la recherche dans le domaine de la comptabilité. Toutefois, un certain nombre des projets de recherche ont inclus des entrevues, des sondages et des composantes expérimentales. Mais il y a beaucoup de recherches sur des humains en gestion de la commercialisation. Les affaires chevauchent souvent dautres domaines, c.-à-d. les sciences sociales, le génie, les sciences médicales et la sécurité (GRC). Les projets de recherche exigent habituellement que des sujets humains participent aux enquêtes, questionnaires ou entrevues. Ladministration a fréquemment recours à des simulations et à des jeux de rôle pour savoir dans quelle mesure certains produits sont conviviaux. Selon Dre Lituchy, les personnes qui se trouvent dans des écoles dadministration ne semblent pas très préoccupées par les questions déthique. Elles supposent que leur recherche ne causera aucun tort, aucune coercition ni aucune duperie. Par exemple, elle connaît une personne dans le département des finances dune université qui prétend navoir jamais eu un seul problème avec le comité déthique. Pourtant, cette personne a dû aller dans des salles de classe pour demander à des étudiants de participer à une étude. De toute évidence, cela constitue de la coercition. Dailleurs, lune des phrases dans la lettre de consentement de ce chercheur ne laisse aucun doute quant à la présence de coercition :
Le fait de consacrer de 10 à 15 minutes dans le seul but de demander à des personnes de participer à une étude semble excessif. Les chercheurs ont également interviewé des cadres supérieurs de divers paliers gouvernementaux sans obtenir un formulaire de consentement écrit de leur part tout simplement parce quils estiment que ce nest pas nécessaire dans les circonstances. Mais les comités déthique dans le domaine de la recherche croient sans lombre dun doute que cest nécessaire. De façon générale, les membres de la faculté dadministration et de commerce ont un problème en ce qui concerne les comités déthique. Ils estiment que les membres dun comité déthique qui ne font pas partie décoles commerciales ne comprennent effectivement pas la spécificité de la recherche dans ce domaine. On peut même soutenir que cette assertion ne sapplique pas uniquement à ces écoles; dautres facultés ont exprimé des plaintes semblables. Une question déthique particulière à la recherche dans le domaine des affaires est la définition que nous attribuons à « fin de létude ». Lorsque le formulaire de consentement énonce que les participants peuvent se retirer de létude en tout temps, est-ce que cela signifie quils peuvent reprendre leur feuille de réponses à lenquête, même une fois quils lont transmise? Ou est-ce que cela signifie quils peuvent se retirer en tout temps avant que lenquête ne soit terminée? Il semble raisonnable de prétendre que si les données peuvent être facilement récupérées c.-à-d. si les enquêtes nont pas encore été codées et informatisées alors un participant qui ne serait pas à laise dans le cadre de lenquête devrait pouvoir se retirer de létude. Cependant, ce genre de raisonnement pratique ne tient pas compte des promesses faites par les responsables de lenquête dans la lettre de consentement. Si lanonymat est garanti aux participants, alors on ne peut pas, quelles que soient les circonstances, leur retourner leur questionnaire étant donné que labsence détiquette didentification sur les questionnaires empêche le responsable de lenquête de déterminer lidentité du participant. (On peut toutefois prendre note quétant donné que le numéro de télécopieur de lexpéditeur figure toujours sur les feuilles envoyées par télécopieur, lanonymat de lexpéditeur est sérieusement compromis.) Le principe à la base de ce raisonnement est que la participation finit dès que la participation du sujet est terminée. Une fois que les questionnaires sont remplis et envoyés, la participation des sujets à létude a officiellement pris fin. Cependant, la recherche nest pas terminée tant quelle na pas été publiée. Un autre problème intéressant est la mesure dans laquelle on devrait insister pour dire au participant quil peut se retirer en tout temps au cours de létude. Les chercheurs en psychologie, en science de lexercice et en pédagogie prétendent quon devrait insister beaucoup sur ce point. Cependant, les gens daffaires croient que le droit de se retirer est bien évident et na pas besoin dêtre souligné. À leur avis, ils ont affaire à des adultes (la plupart dentre eux étant des chefs de direction) qui sont capables de décider sils doivent ou non remplir un questionnaire et sils doivent ou non lenvoyer par la poste. Pourquoi devrait-on préciser quils peuvent ne pas tenir compte du questionnaire et le mettre à la poubelle sils le veulent? Mais le CRSH a toujours insisté pour dire que le consentement écrit qui autorise de façon non équivoque le retrait est préférable et quon ne devrait obtenir le consentement verbal que dans des circonstances exceptionnelles. Ces dernières, qui peuvent ne pas être communes dans la plupart des disciplines, semblent très communes en ce qui concerne les recherches en affaires. Par exemple, un chercheur a constaté quil était difficile dobtenir la signature de propriétaires dentreprises représentant des groupes minoritaires. Ils accepteraient dêtre interviewés et même que leurs propos soient enregistrés, mais ils refuseraient de signer le document, même si on les assure quil demeurerait confidentiel. Étant donné quils sont très jaloux de leur anonymat, il semble que si lon précisait avec grande insistance quils peuvent se retirer, ils refuseraient alors tout simplement de participer. Certains chercheurs acceptent quon énonce des exigences minimales en fonction des codes déthique; c.-à-d. que le droit quont les participants de se retirer devrait être tout simplement énoncé. Un dernier problème est le fait de savoir si la lettre daccompagnement devrait ou non mentionner quoi que ce soit au sujet de la source de financement de létude. En sachant quune étude est subventionnée, des gens pourraient penser quils sont en quelque sorte obligés dy participer. Dans lensemble, les personnes dans les écoles commerciales estiment que la nature de leur recherche nest pas bien comprise par les CER. Cette situation les fait se sentir indûment persécutées. Il semble que lon perçoit les comités déthique strictement pour ce qui est de leur minutie, et rarement pour ce qui est de leur sagesse qui est de contribuer à la qualité de la recherche. Pouvons-nous régler ces problèmes de communication? On ne peut pas les expliquer tout simplement du fait de la pluralité des antécédents universitaires; le facteur primordial est plutôt que les chercheurs en affaires semblent posséder une compréhension réductionniste de lexpression « recherche scientifique ». Par conséquent, ils ne considèrent pas leurs activités comme ayant quoi que ce soit à voir avec les lignes directrices en matière déthique sappliquant à la recherche scientifique chez lhumain. Cest pour cette raison quil est essentiel dadopter le nouvel Énoncé de politique des Trois Conseils en ce qui concerne la recherche en affaires et en administration. Grâce à cette politique commune, personne ne pourra se soustraire aux obligations en matière déthique uniquement parce quil estime que « cela ne sapplique pas vraiment à lui ». Est-ce que lon tente déduquer les étudiants de
deuxième cycle en affaires au sujet des aspects déontologiques de la recherche
pertinente à leur domaine? Cela fait maintenant partie de lenseignement dans presque tous les programmes de sorte que les étudiants de premier et de deuxième cycles sont exposés à la nécessité dincorporer léthique dans la recherche. Dans les écoles commerciales, au premier cycle, il y a des cours précis dans le domaine de léthique qui sont obligatoires. Outre ces cours, on intègre léthique à la gestion, à la commercialisation, aux finances et à la comptabilité. Cependant, léthique en matière de recherche ne fait pas partie du programme détudes du deuxième cycle. Par contre, les étudiants apprennent à remplir les formulaires de protocole de recherche afin dobtenir un certificat dautorisation en matière déthique.
Les porte-parole des divers ateliers partagent les résultats de leurs délibérations au sujet de la question suivante : Comment devrions-nous étendre nos services aux différentes communautés de recherche à des fins déducation?Groupe Un : Janet Storch, porte-parole
Groupe Deux : Joseph Kaufert, porte-parole
Groupe Trois : Kathy Glass, porte-parole
Groupe Quatre : Carole Guzman, porte-parole
Groupe Cinq : Daphne Maurer, porte-parole
L objet premier de la fin de semaine de réflexion était de permettre aux participants délaborer des façons de mettre en uvre lÉnoncé de Politique des Trois Conseils. Dr Bernard a précisé différents défis, mais a aussi ouvert un créneau intéressant pour nous, qui nous a sensibilisés au caractère unique de linitiative du Canada dans lélaboration dune politique interdisciplinaire. Ce travail davant-garde pourrait en bout de ligne permettre au Canada de jouer un rôle de chef de file en ce qui concerne léthique dans le domaine de la recherche. Nous avons entendu de nombreuses préoccupations propres aux sciences sociales. Lors des séances dextériorisation, nous avons eu la possibilité de partager nos points de vue sur le rôle éducatif du CNÉRH et de discuter des stratégies que lon devrait utiliser pour promouvoir lÉnoncé de Politique des Trois Conseils. Le moment est maintenant venu de penser à la façon dont lénoncé de politique devrait être mis en uvre et suivi.Qui révise les examinateurs? Questions reliées à la mise en uvre et au suivi du nouvel énoncé de politique. Dr Gordon Crelinsten, Président, Comité sur lévaluation, CNÉRH Il y a quelques années à Montréal, un sujet participant à une recherche est décédé lors dune intervention non thérapeutique à faibles risques qui ne comportait aucun avantage éventuel pour lui. Le projet ainsi que les renseignements divulgués lors du processus de consentement éclairé ont fait lobjet dun examen et ont été acceptés par un comité déthique en recherche dans un centre hospitalier universitaire de Montréal. Lorsque ce cas a été soumis aux tribunaux, un tribunal a statué que le CER avait preuve de négligence en acceptant le protocole tel que présenté. Quoiquil était extrêmement rare quun décès survienne à la suite de lintervention proposée, la divulgation de ce risque ne faisait pas partie du processus de consentement éclairé. Le tribunal a jugé quune personne raisonnable à qui on demande de participer à une recherche non thérapeutique ne comportant aucun avantage éventuel personnel devrait être mise au courant de tous les risques matériels graves, si rares soient-ils, afin de faire un véritable choix éclairé. La recherche touchant des sujets humains est un privilège spécial accordé par la société et comporte une responsabilité considérable pour assurer la sécurité et le bien-être du sujet participant à la recherche. Limportance de cette recherche est enracinée dans la nécessité reconnue de faire progresser la connaissance. Les CER ont le devoir dévaluer en toute objectivité les protocoles de recherche en ce qui a trait aux lignes directrices, principes et critères reconnus déthique en matière de recherche. La recherche nest pas sans risque, non seulement pour la santé et la sécurité de la personne, mais aussi pour la protection de renseignements confidentiels, et pour les croyances, coutumes et structures sociales des collectivités. Elle peut également présenter un risque pour lintégrité personnelle et professionnelle des experts cliniques ainsi que pour le bien public en général. En raison de la complexité, de limportance et de la responsabilité de la tâche, il convient de se demander : qui révise les examinateurs? Nous devrions être en mesure de répondre à cette question une fois que nous aurons répondu aux questions suivantes :
Pourquoi la question est-elle importante? Lentreprise de la recherche au Canada est une préoccupation croissante. La recherche de nouvelles connaissances, le développement desprits de recherche compétents et inquisiteurs, la nécessité de mettre au point de nouvelles techniques, la nouvelle technologie et les nouveaux produits pharmaceutiques ont fait se multiplier les recherches dans les établissements universitaires et commerciaux partout au pays. Chaque protocole doit faire lobjet dun examen et les demandes sans cesse croissantes en matière de temps et de personnel sont immenses. Il ny a pas seulement un coût rattaché à lexamen éthique, il faut une expertise que lon ne peut pas supposer intrinsèque à la personne, mais qui nécessite plutôt des connaissances, des compétences et une formation. Les comités déthique en recherche se composent de personnes à qui on demande dinterpréter la pertinence déontologique et dans une certaine mesure, scientifique de la recherche. La société met laccent sur la responsabilisation de linteraction humaine. Par conséquent, il semble juste que lefficacité, lefficience et la conformité de chaque comité déthique en recherche soient ouvertes à un examen. Voici un instantané du fonctionnement des comités déthique en recherche dans 16 facultés de médecine au Canada, fondé sur une étude de trois ans réalisée par un groupe de travail du CNBRH. Dans la plupart des institutions, il y avait plusieurs CER. Dans une seule institution, on en a compté plus de 30. De façon générale, la communication entre les CER était médiocre; dans certaines, il ny en avait pas. Le partage dexpériences peut être important dans le domaine de léthique parce que, fréquemment, les problèmes identifiés par un CER ont été résolus ou au moins rencontrés par un autre. Les mécanismes visant à consigner lactivité des CER, à faire appel des décisions des CER, à examiner les essais décentralisés et à évaluer le mérite de protocoles concurrentiels variaient considérablement au sein des institutions et entre elles. La composition des CER ainsi que la disponibilité de protocoles denseignement pour les experts cliniques et les membres des CER variaient également beaucoup. Ce qui est encore plus important, linterprétation de certains aspects des lignes directrices en matière de recherche était très différente. Le suivi actif de la recherche en cours brillait par son absence. Y a-t-il des modèles qui peuvent nous permettre détablir la conformité de lexamen ou des règles dexamen? Nous pouvons prendre à titre dexemple un document intitulé Éléments de réflexion sur la surveillance du contrôle éthique de la recherche chez les sujets humains au Canada, produit par Louis-Nicolas Fortin et Thérèse Leroux à la demande du CNBRH. Une visite officieuse sur place peut aider à déceler les points forts et les points faibles dun système, mais il sagit là néanmoins dun faible examen. Au contraire, le Conseil canadien de protection des animaux a mis sur pied un programme dévaluation fondé sur le mécanisme de visites obligatoires sur place, déterminées à lavance, dans un cadre formel dexamen. Lavantage de ce système est quil permet lélaboration de critères stricts et uniformes que lon peut vérifier et évaluer en ce qui concerne leur conformité. On pourrait mettre sur pied un système semblable à celui qui est utilisé pour accréditer les établissements de santé. Un tel système prévoit des procédures établies dévaluation en vertu desquelles une institution se fait accorder un certificat attestant quelle répond aux normes ou critères déterminés à lavance. Ce système daccréditation doit également être reconnu par les milieux scientifiques. Le modèle américain est prescriptif : il met en application le respect des règles et par conséquent accorde des pouvoirs et fonctions denquête ainsi que la capacité dimposer des sanctions sévères et exécutoires. Lavenir et ce quil réserve à la société exigent une reconnaissance renouvelée de la place de léthique et de lexamen sur le plan de léthique dans toutes les disciplines où on effectue des recherches scientifiques auxquelles participent des sujets humains. Cette reconnaissance ferait appel à un système dexamen déthique pratique, imaginatif et efficace, fondé sur des valeurs et des connaissances uniformes, et qui est redevable et ouvert à lexamen et à la vérification. Comment peut-on y parvenir? Les comités déthique en recherche doivent se rendre compte que les gouvernements, les organismes qui donnent des subventions et le public exigent de plus en plus que lon rende des comptes dans tous les aspects du comportement social. Et cela inclut la recherche. On doit mesurer le rendement, analyser les résultats et créer des normes. Le premier niveau dexamen réside au sein de chaque CER. Le CER doit compter sur des données exactes, pertinentes et clairement définies qui représentent ses activités et qui peuvent servir à mesurer et à évaluer son rendement. Cest possible uniquement avec létablissement dindicateurs de rendement qui serviraient de guides pour contrôler, évaluer et améliorer la qualité de lexamen déthique. À titre dexemple, la capacité de reconnaître les répercussions contraires de la recherche rapidement et la capacité de mettre en place des mesures correctives peuvent être évaluées. Si chaque CER est vraiment déterminé à assurer la sécurité et le bien-être du sujet participant à la recherche ainsi que la promotion dune bonne science, alors des normes structurées peuvent aider à assurer que ces objectifs sont atteints. Une norme est un énoncé de bonne pratique qui permet dévaluer la conformité. Une norme représente des exigences qui doivent être satisfaites et elle vise la réalisation de valeurs. Voici quelques exemples de normes élaborées par des comités déthique cliniques dans des hôpitaux qui pourraient fort bien sappliquer à tous les CER :
La structure et les règles de fonctionnement des CER telles que définies par lénoncé de mission et des politiques précises assurent léquité et la responsabilisation des personnes qui ont recours aux services des CER. Un CER évalue et examine ses services. Chaque membre dun comité déthique complète dans un délai approprié, p. ex., une année, léducation nécessaire pour fonctionner comme un membre efficace et averti du comité. Chaque membre participe à un programme de formation continue pour tenir à jour ses connaissances et compétences. Des professeurs désignés qui doivent avoir les connaissances appropriées ou la formation dans leur domaine de compétence enseignent aux membres des CER. Ces professeurs doivent également démontrer leur capacité denseigner dans ces domaines. Le temps dune approche de laissez-faire en ce qui concerne les comités déthique est depuis longtemps révolu. On doit sattendre à une certaine forme de supervision réglementaire parce que les activités des comités déthique sappliquent de plus en plus directement aux droits des personnes. La supervision réglementaire permet aux CER de continuer à prendre des décisions qui mettent en valeur et protègent la liberté et la dignité humaines. LÉnoncé de Politique des Trois Conseils peut être considéré comme une série de normes créées par des pairs et qui peuvent constituer un excellent cadre pour lévaluation uniforme du rendement des CER. En outre, les CER locaux pourraient lutiliser pour adapter et créer leurs propres normes en fonction desquelles se ferait lévaluation. On ne peut ignorer les avantages de recourir à une politique nationale :
Linconvénient de recourir à une politique nationale est que cette dernière peut, à loccasion, ne pas se prêter aux circonstances locales, ce qui pourrait entraîner une perte de crédibilité et dengagement vis-à-vis de cette politique. Par conséquent, le CER doit être créatif et établir des normes qui reposent sur des valeurs socioculturelles. Lapproche la plus fructueuse pour établir des normes fait habituellement intervenir un mélange minutieux et motivé dexpérience pratique et théorique. Des lignes directrices publiées assurent un fondement théorique et on peut acquérir une expérience pratique en travaillant dans le cadre du CER. La question « Qui révise les examinateurs? » est importante en ce qui concerne les CER. Les membres des CER font partie dun processus extrêmement sérieux qui exige excellence et responsabilisation. Les CER devraient être capables dautocritique et accepter lexamen par les pairs. Discussion . Comment peut-on empêcher que le penchant quantitatif prenne le
dessus? La norme nest pas nécessairement quantitative. Par exemple, la capacité de linstitution davoir une conversation intégrée ainsi que le niveau de dévouement et dengagement de la part des membres des CER ne peut se mesurer que sur le plan qualitatif. Comment devons-nous procéder? Peut-être que nous pourrions nous fier à une norme structurelle par opposition à une norme de fonction ou de résultat? Un groupe officiellement normalisé de profanes et de spécialistes intéressés à ces questions et toujours disponibles pourrait être en mesure de mettre en uvre ces mesures qualitatives. LÉnoncé de Politique des Trois Conseils (et dautres lignes directrices ou une expérience pratique) pourrait très bien constituer une ressource permettant détablir ces standards. Étant donné que « lexpérimentation » ne signifie pas nécessairement une recherche à laquelle participent des êtres humains, ne serait-il pas préférable dénoncer comme suit la première question posée par Dr Crelinsten? : Est-ce que lexamen officiel de léthique associé à lexpérimentation sur des humains est suffisamment important en soi pour exiger une approche normalisée? Et est-ce que la question ne supposerait pas que limportance exige une approche normalisée? Lexpérience sur des humains est une approche qui nous vient du modèle biomédical et on aurait fort bien pu lénoncer comme une recherche touchant des sujets humains. On peut probablement utiliser les deux expressions indifféremment, mais la véritable question ici semble être de savoir si une approche normalisée constitue ou non un outil approprié. Le défi relevé par les trois conseils consiste à établir une base commune pour amorcer un dialogue significatif entre des spécialistes de diverses disciplines. On pourrait peut-être utiliser lexpression « transparente et responsable sur le plan public » au lieu de « normalisée »? Étant donné que la mise en uvre de lÉnoncé de Politique des Trois Conseils sera un processus évolutif et quil y aura probablement un débat continu au sujet de certaines questions, est-ce que la normalisation du processus de lexamen déthique représente un objectif suffisamment important pour lavenir immédiat? Il est important davoir un processus normalisé. On devrait indiquer dabord les normes structurelles parce quelles sont probablement les plus faciles à mettre en uvre. Ces normes peuvent sappliquer de façon universelle à toutes les disciplines. Dautres normes peuvent également voir le jour lors du processus évolutif de lexamen. Lidée est que léthique ne devrait pas être considérée comme un fardeau, mais comme faisant partie intégrante dune bonne science. Nouveaux défis pour le processus dexamen déthique : du point de vue de ladministration dune université Ralph Brooke Vice-doyen de la Faculté de médecine, University of Western Ontario Des codes externes sont nécessaires. Ni lindividu, ni un groupe restreint dindividus ne constituent une entité suffisante pour donner des normes universelles en matière déthique. Le processus visant à établir des normes acceptables en matière déthique exige une collectivité plus importante. Cette notion a dailleurs été très bien saisie dans lÉnoncé de Politique des Trois Conseils. Nous ne devons pas oublier que nous vivons dans un monde en changement. Ce qui était acceptable hier ne lest plus nécessairement aujourdhui. Les expériences sur des humains qui se faisaient dans un institut psychiatrique de Montréal ou le problème domission dans le traitement de la syphilis chez les Afro-Américains ne seraient tout simplement pas permis aujourdhui. Pourtant, il y a des gens qui se sont prêtés à ces expériences il ny a pas si longtemps de cela. Mais les temps ont changé et nous devons reconnaître la nécessité de normes appropriées en matière déthique. Ces normes ont également trait aux contextes politiques. Nous savons maintenant quun nombre élevé de médecins se sont joints au parti nazi et quil y en a un bon nombre qui ont participé à une recherche obscène qui était considérée acceptable selon léthique nazie. Bien que le titre puisse indiquer un point de vue typiquement administratif de la part des universités vis-à-vis de lÉnoncé de Politique des Trois Conseils, Dr Brooke précise que ses observations se fondent sur son expérience auprès dun CER précis en sciences de la santé à lUniversity of Western Ontario. Ces observations sont également rattachées aux questions suivantes préparées et envoyées par Dr Carpentier : Discussion 1 Quelles sont les répercussions sur le plan des ressources pour les universités, en particulier pour ce qui est du temps consacré par le personnel et de largent, et comment seront-elles satisfaites? 1 Elles seront très exigeantes. On évalue environ de 500 à 600 protocoles déthique chaque année. Ce processus dévaluation exige beaucoup de temps de la part des membres des CER. Il est déjà difficile de recruter et de garder le personnel qui fait partie des CER. Étant donné quil sagit là de tâches supplémentaires quils devront entreprendre, il sera encore plus difficile de recruter et de garder des gens. On aura également besoin de personnel de soutien additionnel, les chercheurs devront consacrer encore plus dheures à certaines des exigences et, en conséquence, on devra dépenser plus dargent. Les universités subissent déjà une grande contrainte financière de sorte que largent nécessaire aux coûts résultant de la mise en uvre du nouvel Énoncé de politique devront venir de secteurs tels les organismes de financement.2 Est-ce que lÉnoncé de Politique des Trois Conseils va modifier le rôle des CER et la façon dont ils sont perçus au sein de linstitution? Par exemple, auront-ils plus de crédibilité et de respect? 2 Il ne semble pas que les CER seront plus respectés. Au contraire, les chercheurs auront tendance à faire preuve dune certaine hostilité à lendroit des CER. Par conséquent, les CER, qui ont jusquà maintenant entretenu de bons rapports avec les chercheurs, pourraient perdre ces rapports privilégiés. 3 Quel soutien devrait-on accorder à une décision prise par un CER? Par exemple, que se passe-t-il si un CER décide de rejeter une proposition de recherche en particulier si elle est présentée par un chercheur bien connu et bien financé? Quelle attitude est-ce que luniversité va vraisemblablement prendre en ce qui concerne les procédures dappel des décisions des CER? 3 Selon son propre point de vue, Dr Brooke indique que les CER nont pas fait lobjet de représailles de la part des universités pour avoir décidé que des propositions nétaient pas conformes aux lignes directrices en matière déthique. On a de façon générale trouvé des solutions après en avoir discuté et après avoir mené des négociations. Par conséquent, on na pas encore eu besoin dun comité dappel. Mais on pourrait mettre sur pied une structure dappel advenant que lon ne puisse pas parvenir à une solution. Si un chercheur bien connu se faisait refuser sa proposition, ce chercheur pourrait estimer que sa position au sein de luniversité est menacée. Luniversité pour sa part voudrait probablement protéger sa faculté si elle estimait quun chercheur est traité de façon injuste par le CER. Un problème qui pourrait résulter du recours à des CER indépendants est lérosion des pouvoirs de luniversité. Il est assez important que luniversité conserve le pouvoir décisionnel parce que le président ou la présidente du CER peut ne pas avoir la maturité suffisante pour soccuper du problème et peut devoir faire appel à des ressources extérieures. 4 Y aura-t-il un effet modérateur qui résultera de lintroduction du nouvel Énoncé de politique? Sera-t-il perçu comme faisant obstacle à la liberté de recherche? Quelle sera la réaction des universités? 4 Oui, il y aura un effet modérateur. Selon Dr Brooke, les universités auront tendance à saligner du côté de leurs chercheurs. Jusquà maintenant, le document na pas reçu un très grand appui. Nous espérons que cela changera. 5 Croyez-vous que lintroduction du nouvel Énoncé de politique encouragera selon toute vraisemblance les chercheurs à éviter linterférence avec léthique en matière de recherche? Pensez-vous quil les encouragera à tricher de façon à représenter de manière inexacte ce quils veulent faire de façon à ne pas devoir se soumettre à un examen dun CER? 5 Jusquà maintenant, le CER à lUniversity of Western Ontario a été perçu par les chercheurs comme un outil utile plutôt quune entrave. Les chercheurs ont même fait parvenir des lettres dans lesquelles ils disaient que les critiques et les observations du CER avaient amélioré à leur protocole de recherche. Cependant, lÉnoncé de politique augmentera limpression de fardeau que ressentent déjà les chercheurs. 6 Que peuvent faire les universités pour créer la bonne atmosphère pour les chercheurs afin de leur permettre de sadapter au nouvel environnement? Comment devraient agir les universités pour éduquer leurs différentes collectivités de recherche quant aux exigences de la recherche en matière déthique? 6 Les comités déthique devraient présenter des séminaires. Si on présente déjà des séminaires, on devrait en présenter davantage. Les présidents et présidentes de comités déthique devraient faire des exposés dans le milieu universitaire et le grand public. Étant donné que le travail au sein de comités déthique est très exigeant et prend beaucoup de temps, on devrait le reconnaître officiellement au moment daccorder des promotions et lors de la titularisation. Les présidents et les doyens devraient insister pour que les CER examinent toutes les recherches faisant intervenir des questions déthique. Ce processus devrait commencer au niveau des départements. En ce qui concerne lÉnoncé de politique, il est malheureux que ses versions antérieures aient indisposé et même offensé certains chercheurs dans le milieu universitaire. Bien que des versions plus récentes aient largement atténué cette situation, le climat créé par les premières versions rendra la mise en uvre dun document récent plus difficile. Il y avait un climat de secret, de non-partage au début. Bref, il ny avait pas de communication. Lénoncé de politique est trop long et cette longueur peut irriter ou même indisposer des gens. Chacun des trois conseils de recherche devrait préparer un résumé du document de travail et insister pour que sa lecture soit obligatoire. Les 10 commandements remplissent à peine une page et ont influencé le comportement en matière déthique dune grande partie du monde civilisé depuis plusieurs millénaires. Le document cherche peut-être à aborder un trop grand nombre de questions à la fois. Les gens aiment habituellement faire les choses de façon graduelle. Une mise en place graduelle de ces changements pourrait être meilleure. Linsistance sur un tel Énoncé de Politique des Trois Conseils complique les choses. Des sections complètes du document ont trait à un seul conseil. Leur inclusion rallonge le document. Un code unifié ne peut tenir compte de façon satisfaisante de trois domaines de recherche radicalement différents. Rien ne justifie la mise en uvre dun seul énoncé de politique. Il est tout aussi facile pour les conseils de contrôler la conformité aux politiques que de contrôler un code. Le fait de passer dun Code à un Énoncé de politique permet dapaiser passablement ceux qui se sont opposés au document. Quelles que soient les critiques qui ont été faites par le passé, les universités accepteront lénoncé de politique révisé dans la mesure où il est court, simple et moins exigeant sur leurs ressources financières déjà minces. Observations Dr Last appuie avec vigueur les propos de Dr Brooke. Il fait remarquer que lune des leçons les plus importantes quil a tirées en tant que rédacteur de livres et de magazines spécialisés en médecine est que la concision, la clarté et la lisibilité sont les mots clés. LÉnoncé de politique est beaucoup trop long et contient plusieurs chapitres qui nont absolument rien à voir avec les chercheurs uvrant dans un domaine autre que le domaine biomédical, et peut même ne rien avoir à faire avec un grand nombre de ceux qui uvrent dans ce domaine. Ces chapitres devraient être mis en annexe où ils pourraient sadresser aux chercheurs concernés.Mot de la fin Dr Henry Dinsdale, Président, CNÉRH Au nom du CNÉRH je remercie très sincèrement tous les conférenciers et invités. Les résultats de cette fin de semaine de réflexion ont dépassé nos attentes et nous ont donné loccasion déchanger dun partage dattitudes et dopinions qui, nous lespérions tous, allaient être communiquées aujourdhui. Le CNÉRH publiera un document fondé sur les communications ainsi que les nombreux commentaires utiles et judicieux qui ont été faits. Les points qui suivent visent à résumer la fin de semaine de réflexion. Paul Bernard a commencé par mettre laccent sur la nécessité délargir la participation des CER dans le processus dexamen déthique et sur la nécessité de sensibiliser davantage les gens au sujet de léthique. Ce quil a dit au départ, et qui a été repris par la suite, cest que léthique devrait véritablement faire partie de la recherche. Il a fait remarquer que la question de vulnérabilité différait souvent dune discipline à lautre. En outre, il estimait quil était très important de susciter lengagement des gens au sein des CER et que les gens devraient obtenir le crédit pour le temps quils consacrent à leur CER. Daphne Maurer a insisté sur la primauté de la personne et a identifié quelques-unes des questions soulevées par la participation des étudiants. Elle a insisté sur limportance de pouvoir communiquer notre expérience de travail dans un environnement où on cherche à faire participer les étudiants. Elle a mentionné le modèle du cheminement témoin de lUniversity of Toronto comme étant un bon exemple dun recrutement détudiants conforme à léthique. Elle a par la suite mis laccent sur la question de la duperie. La définition de la duperie comporte différents éléments. Un compte-rendu adéquat qui est donné après toute expérience devrait inclure une description de ces éléments. Lexposé de Dorothy Counts était dun grand intérêt pour ceux dentre nous qui connaissent peu la recherche en anthropologie. La notion dobservation des participants, au cours de laquelle le chercheur devient un élément de la collectivité, fait de toute évidence partie de lanthropologie. La recherche naturaliste, qui sous-entend le travail dans un contexte qui nest pas conçu pour la recherche, est peu connue de lexpert clinique dans le domaine biomédical. Son plaidoyer pour de la souplesse en a fait sourciller quelques-uns. Les motifs quelle a invoqués pour changer un protocole de recherche approuvé par un CER, en raison dune tournure imprévisible des événements, sont fort compréhensibles. Quoiquil en soit, elle a insisté pour dire quon doit considérer léthique comme faisant partie intrinsèque du programme détudes en anthropologie. Ce genre de problème et le problème de la recherche clandestine est de toute évidence une question transdisciplinaire qui mérite de plus amples discussions et un débat plus approfondi dans un contexte des CER. Lexemple tout particulier donné par Chris Armstrong dun courtier en valeurs immobilières comme sujet humain était fort intéressant. La discussion sur lutilisation déontologique des renseignements et les répercussions sur le plan de léthique de certaines lois sur le droit dauteur ont aidé à développer une sensibilisation et une sensibilité à ce qui constitue un sujet de recherche. Une bonne recherche historique ne sarrête pas aux acteurs politiques, qui évidemment sont bien heureux de porter des masques. Compte tenu de ce contexte particulier, de quelle façon est-ce que les historiens devraient mener leurs entrevues pour quelles soient conformes aux lignes directrices en matière déthique? Les notions de dommage et de malaise comportent certainement une signification différente dans ces circonstances. La liberté de linformation est reliée aux lois sur la protection des renseignements personnels. Cette question soulève dimportantes implications. Jeff Derevensky nous a appris que la recherche est un fait relativement récent dans le domaine de léducation. Il nous a également appris quun grand nombre de ses collègues supposent tout simplement que leur recherche se conforme au principe de non-malfaisance. Par conséquent, ils ne voient pas la nécessité dun examen éthique. Le fait de composer avec des commissions scolaires peut entraîner des problèmes politiques qui compromettent la publication de résultats. Ce récent développement dans le domaine de léducation constitue une question particulière pour les CER. Il y a dautres problèmes : est-ce que les enseignants peuvent être des chercheurs objectifs? Quen est-il de lutilisation de bandes vidéo darchives? Toutes ces questions sont importantes. Cependant, la recherche pédagogique nest pas la seule à ne pas tenir compte des questions déthique. Selon Terry Lituchi et James Jans, léthique préoccupe peu les chercheurs dans le domaine des affaires et de ladministration. En outre, ces derniers estiment que les CER ne comprennent pas leurs recherches. Cette situation soulève dailleurs le problème de la crédibilité des CER. Il y a beaucoup de travail à faire pour développer cette crédibilité. Il sagit là dun défi pour les CER. Il était intéressant de constater que le pouvoir décisionnel [la signature des formulaires de consentement] sarrêtait à la porte des chefs de direction, ce qui soulève également quelques paradigmes intéressants pour la discussion. La rétroaction de nos groupes cet après-midi a démontré que la mise en uvre de lénoncé de politique devra se faire à plusieurs niveaux. À cette fin, on devra faire participer plusieurs groupes :
Malgré les réserves que nous avons entendues, le CNÉRH nest pas le seul organisme chargé de promouvoir lÉnoncé de Politique des Trois Conseils. Les CER, les associations professionnelles et les conseils de recherche en partenariat avec les universités doivent également y participer. Léducation est un aspect qui fait partie intégrante de la promotion. À cet égard, la responsabilité première du CNÉRH est de créer un éventail doutils éducatifs. Ainsi, le CNÉRH :
En donnant lexemple de la mort dun sujet de recherche, Gordon Crelinsten nous a rappelé à quel point il était absolument essentiel détablir des responsabilités dans le domaine biomédical. En même temps, il nous a mis en garde contre la folklorisation des répercussions sur le plan de léthique de la recherche dans dautres types de recherche sur les humains. Son importante évaluation du processus dexamen des CER exécuté par le CNBRH a eu une incidence considérable sur la recherche sur les humains au Canada. Nous ne croyons pas quil y ait quoi que ce soit de ce genre qui ait été entrepris dans un autre pays. Nos visites sur place se sont très bien déroulées. Nous avons demandé la permission de visiter plusieurs universités et en fin de compte nous les avons toutes visitées. Étant donné que nos demandes ont été fructueuses, nous avons lintention de contacter dautres universités de la même façon respectueuse. La recommandation du Dr Crelinsten qui veut que la supervision réglementaire des CER en milieu hospitalier soit mise en uvre compte tenu de lincidence considérable de la recherche médicale sur des humains représente un pas important vers lintégration de léthique de la recherche sur les humains au Canada.On a également énoncé clairement limportance de réviser lexaminateur. Il était important de déterminer avec plus de précision ce que lon entendait par normes. Les normes font simplement référence aux principes communs. Un processus normalisé est lapplication formelle de ces principes communs. Cependant, on ne devrait pas en déduire quil sagit dun processus rigide. La structure souple permet de nombreuses applications de ces principes communs. Ainsi, les particularités de toutes les disciplines sont respectées. La comparaison que faisait M. Crelinsten entre la recherche conforme à la déontologie et le statut des statistiques dans le domaine de la recherche il y a quelques années a été très utile. À cette époque, nous avons appris à nous servir dun statisticien. Maintenant, cela fait partie de la recherche même et nous prévoyons que lintroduction de léthique dans la recherche suivra la même voie. Ralph Brooke a analysé certaines des ramifications pratiques de cet Énoncé de politique et il a fait remarquer quil est important que nous nous en occupions au moment de mettre en place cet Énoncé partout au pays. Il nous a également sagement mis en garde quant à la nécessité de garder le processus simple. Cela devrait nous aider à résoudre un certain nombre de problèmes. En terminant, jaimerais remercier tous les participants à cette fin de semaine de réflexion. Il ne fait aucun doute que les exposés aideront le CNÉRH et les membres de ses comités au moment de planifier nos activités à venir. Nous sommes maintenant au courant dun éventail de problèmes dont nous avons lintention de tenir compte dans notre plan de travail. Par exemple, nous devons examiner attentivement de quelle façon nous réaliserons nos visites sur place. Dans un contexte politique, nous devons être prêts à faire face à limprévu. La prochaine année sannonce donc intéressante pour nous. Je tiens à féliciter le personnel du CNÉRH, Richard Carpentier, Marvel Sampson et Bernadette Misigaro pour leur esprit dinitiative. Sans leur aide, cette fin de semaine de réflexion naurait pas été possible. Jaimerais également remercier Abbyann Lynch davoir mentionné le Millcroft Inn comme site de cette fin de semaine. Cest un lieu de réunion magnifique. ___________________________________
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