Sciences
SAMEDI-DIMANCHE
18-19 MARS 2006
TRIBUNE DE GENĂVE
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SCIENCE
EN BREF
ARCHĂOLOGIE
Des statues
de Sekhmet pour guérir?
Son nom signifie «la puis-
sante». La déesse égyptienne
Sekhmet, au corps de femme
et Ă la tĂȘte de lion, pouvait
causer la maladie, mais avait
aussi le pouvoir de guérison.
Or, le pharaon Amenhotep III
souffrait, semble-t-il, de nom-
breux problÚmes de santé. Ce
qui expliquerait pourquoi des
archéologues allemands vien-
nent de découvrir vingt-trois
statues de la dame, en granit
noir et de taille humaine, dans
le temple dudit souverain Ă
Louxor (Haute-Egypte). La
mĂȘme Ă©quipe y avait dĂ©jĂ
dégagé une trentaine de sta-
tues de Sekhmet, Ă©galement de
la XVIIIe dynastie (1580 Ă 1314
avant J.-C.). (vz/afp)
ASTRONOMIE
ADN cosmique
Des astronomes ont découvert
une nébuleuse en forme de
double hélice, indique la revue
Nature. Autrement dit, compo-
sĂ©e de deux bras enroulĂ©s lâun
autour de lâautre, comme les
brins de la molĂ©cule dâADN.
Photographié par le télescope
Spitzer, cet ADN cosmique est
situé prÚs du centre de la Voie
lactĂ©e et sâĂ©tend sur prĂšs de
quatre-vingts années-lumiÚre.
(agences/réd)
FAUNE
Grenouilles
Ă ultrasons
Certaines grenouilles peuvent
elles aussi Ă©mettre et entendre
des ultrasons. Câest ce que
rapporte une étude sino-améri-
caine parue dans Nature.
Amolops tormotus, un amphi-
bien qui vit prĂšs de sources
dâeau chaude en Chine, com-
munique Ă de trĂšs hautes
fréquences grùce à une évolu-
tion qui lui permet de surmon-
ter le bruit de son environne-
ment. Parmi les vertébrés, les
seules espÚces recensées jus-
que-lĂ comme recourant aux
ultrasons Ă©taient des mammi-
fÚres: chauve-souris, cétacés et
certains rongeurs. (afp)
VOUS CHERCHEZ?
SAMUEL DEUTSCH
Biologiste et
généticien,
Samuel
Deutsch
, 31
ans, travaille Ă
la Division de
génétique
médicale de
lâUniversitĂ© de
GenĂšve.
Que cherchez-vous?
Les gÚnes et autres éléments
fonctionnels du chromosome
21 humain, liés aux maladies,
comme la trisomie 21 (syn-
drome de Down).
Dans quel but?
Essayer de mieux compren-
dre le rapport entre gĂšnes et
maladies.
La découverte du XXe siÚcle?
La structure de lâADN et sa
réplication «égoïste».
Celle que vous attendez?
Technologie pour séquestrer
le CO
2
atmosphérique.
Votre modĂšle?
Dietrich Bonhoeffer, théolo-
gien protestant.
Trois mots qui disent GenĂšve?
Appartement, libre, oĂč?
Votre livre de chevet?
MĂ©moires dâHadrien, Mar-
guerite Yourcenar.
Le dimanche est fait pour?
«The great outdoors».
Et Dieu dans tout ça?
Il sâamuse en nous regardant.
Propos recueillis par amb
MystĂšre
Les chercheurs de la NASA qui Ă©tudient les
poussiÚres de comÚte ramenées par la sonde Stardust,
en janvier, sont confrontés à un mystÚre. La comÚte
Wild 2 ne serait pas simplement constituée de glace,
de poussiÚre et de gaz, mais de minéraux se formant
uniquement à trÚs hautes températures.
(AFP)
Le cannabis
ou la mémoire
Décidément, le cannabis
et la mé-
moire ne feraient pas bon mé-
nage. La revue Neurology publie
en effet les résultats, allant dans
ce sens, dâune Ă©tude clinique con-
duite en GrĂšce sur 64 personnes
ùgées de 17 à 49 ans. Les partici-
pants à cette expérience étaient
répartis en trois catégories: les
trÚs gros fumeurs, ayant fumé
plus de quatre joints par jour
pendant plus de dix ans, les gros
fumeurs, ayant fumé plus de qua-
tre joints par jour pendant une
durée comprise entre cinq et dix
ans, et les fumeurs trĂšs occasion-
nels, ayant consommé au maxi-
mum vingt joints durant leur vie.
Un examen neuropsychologi-
que de ces personnes montre un
déficit entre autres de la mé-
moire visuelle et verbale chez
les sujets ayant consommé le
plus de cannabis. Par ailleurs, la
sévérité de ces altérations est
proportionnelle à la durée pen-
dant laquelle le sujet a fumé.
(réd)
Le cÎté sombre des crÚmes
solaires: les filtres UV
MĂ©tabolisme
Les
filtres UV sont
soupçonnés de
perturber le systĂšme
hormonal de
lâhomme et des
animaux. Ils ont été
détectés dans des
truites de sept
riviĂšres de Suisse
ANNE-MURIEL BROUET
Faudra-t-il un jour choisir
entre
cancer de peau, dĂ» au soleil, ou
perturbations hormonales, dues
aux produits chimiques conte-
nus dans les cosmétiques? Sans
doute pas. NâempĂȘche, la ques-
tion reste pertinente. Certains
filtres UV sont soupçonnés
dâĂȘtre des perturbateurs endo-
criniens. Or une récente étude
de lâEmpa (Laboratoire fĂ©dĂ©ral
de recherche en science des
matériaux et en technologie)
montre des concentrations su-
périeures de ces produits chimi-
ques chez les truites de sept
cours dâeau de Suisse.
Depuis quelques années, la
mode est Ă la peau blanche et la
raison veut quâon se protĂšge
contre les rayons nocifs du so-
leil. Du coup, les filtres UV ont
investi tous nos tubes, sticks et
potiquets de crĂšme, gel ou
lotion. La production annuelle
mondiale de filtres UV atteint
plusieurs centaines de tonnes et
lâindustrie de la protection
solaire rĂ©alise un chiffre dâaffai-
res annuel dâun milliard de dol-
lars rien quâaux Etats-Unis.
Faibles concentrations
Les chercheurs suisses se sont
concentrés sur le 4-méthyl ben-
zylidĂšne camphre (4-MBC) et
lâoctocrylĂšne (OC), des substan-
ces
largement
répandues
comme filtres UV. Ils se sont
associĂ©s avec ceux de lâAgros-
cope pour chercher les teneurs
en 4-MBC et OC dans les tissus
adipeux et les muscles des pois-
sons de sept riviĂšres suisses. Par
comparaison avec les poissons
des lacs, les truites de riviĂšres
renfermaient
des
quantités
notablement plus élevées des
produits ciblés. Précisément,
alors que le tissu adipeux des
gardons et des palées contenait
jusquâĂ 170 ppb de 4-MBC (parts
par billion, soit nanogrammes
par gramme de graisse), les trui-
tes
de
riviĂšres
contenaient
jusquâĂ 1800 ppb dâOC.
Effets Ă retardement
«Cela reste des concentra-
tions assez petites», précise
Martin Kohler, qui a cosigné
lâarticle paru dans Environmen-
tal science and technology, le
mois dernier. «De plus, nous
nâavons pas mesurĂ© les effets de
ces concentrations sur le sys-
tÚme endocrinien ou la fertilité
des truites.»
Dâautres lâont fait. Pas sur les
truites ou les hommes, mais sur
des rats, en laboratoire. Câest le
cas de la toxicologue de lâUni-
versité
de
Zurich,
Margret
Schlumpf. Les résultats ont
montré une altération des fonc-
tions reproductives et une inci-
dence sur le poids Ă la nais-
sance et survie postnatale.
Des études complémentaires
restent nécessaires pour évaluer
lâimpact rĂ©el de ces substances
tant sur lâenvironnement que
sur lâorganisme humain. Man-
quent les fonds. Parce que
«nous nâen mourrons pas, nous
ne perdons pas nos cheveux,
nous ne sommes pas malades»,
remarque Margret Schlumpf.
«De plus, les effets perturba-
teurs de ces produits peuvent
mettre vingt ans. Enfin, les con-
centrations mesurées sont trÚs
faibles. Le problĂšme est que lâon
ignore les effets dâune combi-
naison de plusieurs produits
chimiques.»
Pour lâheure, prĂ©vient Martin
Kohler, mĂȘme si quelques milli-
grammes de produits chimi-
ques (contre quelques nano-
grammes trouvés chez les trui-
tes) entrent dans notre peau
lorsque nous nous badigeon-
nons de crÚme solaire, «il ne
faut en aucun cas y renoncer.
Une exposition excessive aux
rayons ultraviolets est dange-
reuse.» MĂȘme si lâon sait main-
tenant que les filtres UV ne se
trouvent pas seulement dans les
tubes mais aussi parfois dans
notre chaĂźne alimentaire. Lâin-
dustrie devrait revoir son choix
de filtres UV afin dâĂ©viter lâutili-
sation de produits susceptibles
de sâaccumuler dans lâenviron-
nement et nuisibles pour la
santé.
Les truites de riviĂšres sont plus fortement contaminĂ©es que les poissons des lacs suisses. Lâindustrie devrait revoir son choix de
filtres UV afin dâĂ©viter lâutilisation de produits susceptibles de sâaccumuler dans lâenvironnement et nuisibles pour la santĂ©.
(A. ROUĂCHE)
PNR 50
â
La pollution chimique est un
thÚme qui préoccupe non
seulement les milieux Ă©colo-
gistes mais Ă©galement scienti-
fiques, comme le prouve le
programme de recherche sur
les perturbateurs endocriniens
du Fonds national suisse (PNR
50) qui a permis Ă lâEMPA de
faire sa recherche. Décidé en
août 2000, son but est de
développer les stratégies
scientifiques pour Ă©valuer les
risques et les dangers lorsque
des perturbateurs endocri-
niens sont disséminés dans les
Ă©cosystĂšmes et leurs effets sur
lâanimal et lâhomme. Le pro-
blĂšme est que le programme
se termine en juin 2007,
laissant nombre de questions
encore ouvertes. (amb)
Internet, avenir
du Moyen-Age
Virtuel Moyen-Age.
Fan de gri-
moires, de codex et autres
parchemins dĂ©corĂ©s dâenlumi-
nures, savez-vous que la Suisse
détient un trésor de plus de
7000 manuscrits médiévaux?
Savez-vous, encore, quâune
sĂ©lection des plus beaux dâentre
eux, conservés dans la bibliothÚ-
que abbatiale de Saint-Gall,
peut ĂȘtre consultĂ©e directement
sur Internet dans une qualité
dâimage optimale? Le projet de
numérisation conduit depuis
lâautomne 2005 par lâInstitut
dâĂ©tudes mĂ©diĂ©vales de Fribourg
récolte un franc succÚs. Si
grand, dâailleurs, que dĂšs le
24 mars, un conseil réunissant
de nombreux chercheurs, sous
lâĂ©gide de lâAcadĂ©mie des scien-
ces à Berne, sera chargé de faire
progresser la numérisation de la
totalité des manuscrits médié-
vaux en Suisse. (vz)
â
Sur www.cesg.unifr.ch, et dĂšs
le 24 mars sur www.e-codices.ch.
La planĂšte Mars
en ligne
AprĂšs la Terre,
la planĂšte Mars.
Les amoureux de Google Earth,
lâoutil de cartographie crĂ©Ă© par
le gĂ©ant amĂ©ricain de lâInternet,
peuvent dĂ©sormais partir Ă
lâaventure de... lâespace! Google
Mars propose en effet des cartes
numériques en ligne de la
planĂšte rouge.
Pour cette opération, Google
sâest associĂ© Ă lâAgence spatiale
amĂ©ricaine (NASA) et Ă lâUni-
versitĂ© de lâArizona. RĂ©sultat:
«Une carte physique montre les
montagnes et les vallĂ©es grĂące Ă
des couleurs différentes, une
carte dâimages montre ce que
vos yeux pourraient voir en
rĂ©alitĂ©, et une carte dâimages
infrarouges ce que vos yeux
manqueraient», explique Goo-
gle. Reste la question suivante:
le site peut-il ĂȘtre visitĂ© depuis
la Chine, oĂč lâactualitĂ© proposĂ©e
par le géant américain est
filtrée? (vz/agences)
â
www.google.com/mars