Il y a le bleu Klein, il y a aussi le bleu de la Casa Azul. Qui a visité la dernière demeure de Frida et de Diego (Rivera) ne pourra plus jamais l'oublier.
Frida avait tout prévu...
Je n'ai pas ici la prétention de vous faire découvrir et aimer cette artiste unique de sensibilité qu'est Frida Kahlo mais de vous faire partager ce que j'ai ressenti au contact de ce qui l'entourait, la soutenait, la voyait peindre, au contact de ses cendres mêmes; vous donner envie de venir lui faire un signe amical, elle qui avait tant d'humour et de recul sur sa vie et ses souffrances.
La visite est en elle-même assez classique mais reste essentielle pour ceux qui veulent aimer le Mexique. L'hôte sera donc ravie de vous recevoir, elle qui désirait reposer au milieu de cette maison bleue, au milieu, dans cette urne modeste.
Dès l'entrée, tout est là, sans faute de goût: on découvre une profusion de nouveaux documents plus précieux les uns que les autres. Tout était donc prévu dans un dernier testament donnant accès à une pièce scellée de la maison ouverte 50 ans après et qui nous permet d'admirer des croquis, des notes, des livres dédicacés, de vieilles photos, des objets si personnels encore. On reste ébahi devant toutes ces correspondances avec les génies du siècle dernier: Breton, Modigliani, Picasso, Trotsky, Murray... et devant tous ces mots d'amour sur tous les murs, rouge sur bleu qui semblent dater d'hier encore.
Une visite émouvante
Tout ceci est si éternel et si artistique aussi, les statuettes précolombiennes, la cuisine figée pour toujours. Pour moi le plus émouvant restera ce fauteuil à roulettes vide devant ce portrait inachevé de Staline. Les antalgiques indispensables pour tempérer la douleur n'ont pas été bon conseillers quant à la précision du geste pour les dernières toiles de cette année 54 mais tout sonne comme un adieu contrôlé.
Un masque mortuaire sur le lit, un dernier corset vide nous serrent le coeur, vite la sortie nous offre le patio où il doit faire bon vivre et peut-être mourir dans un dernier sourire au monde.
La mort reste un fête au Mexique.