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Orthotypographie

Volume II

de G Ă  Z

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Â

2007

–

2009

.

Orthotypographie est publiĂ© sous licence 

Ê

, qu’on peut consulter (en

français) sur http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/2.0/fr/.

Les droits moraux et financiers de l’ouvrage appartiennent aux divers ayants droit,

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Il a été e

∂

ectué sur les presses

d’HĂ©lio Service (Ă  Custines),
en janvier 

2007,

un premier

tirage à usage privé, numéroté
de 

1

Ă 

30

, des volumes I & II

d’

Orthotypographie.

Le 

PDF

du prĂ©sent exemplaire

du volume II ne comporte pas 

de numéro.

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Orthotypographie

Volume II

de G Ă  Z

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Du mĂȘme auteur

Typographie, orthotypographie.

Site web (

1997-2002

) : http://users.skynet.be/typographie/.

La Liste Typo, Typographique Tombeau de Jean-Pierre Lacroux, textes

rassemblĂ©s et prĂ©sentĂ©s par Thierry Bouche, s. l. [Échirolles], 

2003

.

Orthotypographie, Orthographe 

&

Typographie françaises, Dictionnaire

raisonnĂ©, [ouvrage collectif ], deux volumes hors-commerce, s. l.,

2007

— site web : www.orthotypographie.fr

Orthotypo, Orthographe 

&

Typographie françaises, Dictionnaire raisonné,

Quintette, Paris, 

2008

.

Plumes et papier.

La MĂ©moire des Sergent-Major, avec Lionel Van Cleem, Ramsay â€“

Quintette, Paris, 

1988

. Traduction en italien : Il Pennino, Ulisse 

Edizioni, Turin, 

1988

.

Papier, Seghers–Quintette, Paris, 

1991

.

Une a

∂

aire de stylos, avec Pierre Haury, Seghers–Quintette, Paris,

1990

. Traduction en italien : La Seduzione delle stilo, Ulisse Edi-

zioni, Bologne, 

1991

. Traduction en anglais : A Passion for Pens,

Greentree, Ridgefield (Connecticut), 

1993

.

Une petite histoire du papier, Quintette, Paris, 

2001

.

LittĂ©rature gĂ©nĂ©rale.

Panique Ă  Calixta, coll. « Mots Â», Ramsay, Paris, 

1986

. RĂ©Ă©dition revue

et intĂ©grale sous le titre : Nihil obstat, Quintette, Paris, 

2001

.

Dessins.

Portfolio, coll. « Trait tirĂ© Â», Ă©ditions Le Champ du possible, Paris, 

1974

.

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Orthotypographie

Orthographe 

&

Typographie françaises

Dictionnaire raisonné

Volume II

de G Ă  Z

Jean-Pierre Lacroux

Le PDF de cet ouvrage et sa version HTML 

sont di

∂

usĂ©s sous licence 

Ê

avec l’aimable autorisation de ses ayants droit.

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À A. A. et Ă‰. È.

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Sommaire du volume II

Sommaire du volume I

15

Table des abréviations, signes et symboles

25

Galerie, voir MusĂ©e, galerie (vol. II, p. 

135

)

Gagner, voir Chasse, chasser (vol. I, p. 

242

)

Galaxie, voir Astre (vol. I, p. 

206

)

Genre des noms communs

33

Genre des noms propres, voir Ville et village (vol. II, p. 

316

)

GentilĂ©, voir Peuple (vol. II, p. 

184

)

GĂ©ographie

36

GĂ©ologie

39

Grade

39

Graisse

41

Grec

42

Gris

42

Guerre

43

Guillemet

47

Habillage 

53

Habitant, voir Peuple (vol. II, p. 

178

)

Hauteur

53

Heure

55

Hors-texte

55

HĂŽtel

56

Incipit

57

Incunable

57

Index

57

Indice, voir Exposant (vol. I, p. 

360

)

9

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Institut

69

Interfolier

69

Interlignage, interligne, interligner

69

Italique

69

Jardin

75

JĂ©sus-Christ

76

Jeu

76

Justification

76

Langues Ă©trangĂšres

79

Latin

79

Latitude, longitude, voir Point cardinal (vol. II, p. 

190

)

LĂ©gende 

83

LĂ©gion

83

Lettre

84

Lettrine

85

LĂ©zarde

89

Ligature

91

Ligne creuse

96

Lisibilité

104

Livre

105

Livre sacrĂ©

105

Lune, voir Astre (vol. I, p. 

206

)

Madame, mademoiselle, monsieur

107

Mademoiselle, 

voir Madame, mademoiselle, monsieur (vol. II, p.

107

)

Majuscule

111

Manchette, voir Addition (vol. I, p. 

149

)

Manifestation culturelle ou commerciale

117

Manifestation sportive

118

Manuscrit 

118

Marque déposée

119

Mastic

125

Maxime, voir Proverbe (vol. II, p. 

231

)

Membre, voir Adepte (vol. I, p. 

149

)

Mer

125

10

sommaire du volume ii

background image

Mesure typographique

125

Midi, minuit

126

Mille, mil, millier

126

Millénaire

127

Millésime

127

MinistĂšre, ministre 

128

Minuit, voir Midi, minuit (vol. II, p. 

126

)

Minuscule, 

voir Addition (vol. I, p. 

149

) et Majuscule (vol. II, p. 

111

)

Monnaie, voir Euro (vol. I, p. 

358

) et Franc (vol. I, p. 

380

)

Monsieur, 

voir Madame, mademoiselle, monsieur (vol. II, p. 

107

)

Monument

131

Mot Ă©tranger

133

Musée, galerie

135

Muséum

137

Musique

137

Mythologie

140

Navire, voir Bateau (vol. I, p. 

212

)

NĂ©buleuse, voir Astre (vol. I, p. 

206

)

NĂ©ologisme

141

Nombre

141

Nom propre

147

Nord, voir Point cardinal (vol. II, p. 

190

)

Note

148

Note de musique, voir Musique (vol. II, p. 

137

)

Nouveau, voir Ancien, nouveau (vol. I, p. 

173

)

Numéro

150

OcĂ©an, voir GĂ©ographie (vol. II, p. 

36

)

ƒil

153

Opéra

154

Ordre, voir DĂ©coration (vol. I, p. 

307

)

Orpheline, voir Ligne creuse (vol. II, p. 

96

)

Orthographe multiple 

154

Ouest, voir Point cardinal (vol. II, p. 

190

)

11

sommaire du volume ii

background image

Pacte

155

Page

155

Palais, voir Monument (vol. II, p. 

131

)

Palme, voir AcadĂ©mie (vol. I, p. 

99

)

Panse

156

Papier, voir Format (vol. I, p. 

371

)

Paragramme, voir Coquille (vol. I, p. 

280

)

Paragraphe

156

ParallĂšles

158

Parangonner

158

Parc, voir Jardin (vol. II, p. 

75

)

ParenthĂšse

158

Parti, mouvement

162

Particule

162

Pays

171

PĂ©riode historique, voir Âge (vol. I, p. 

158

), Époque 

(vol. I, p.

341

) et Style artistique (vol. II, p.

268

)

Petite capitale

176

Peuple

178

Place, voir Voie et espace public (vol. II, p. 

326

)

PlanĂšte, voir Astre (vol. I, p. 

206

)

Planche

186

Pléonasme

186

Pluriel des mots Ă©trangers

186

Pluriel des noms propres, voir Nom propre (vol. II, p. 

147

)

PoĂšme

189

Point

190

Point cardinal

190

Point d’exclamation

191

Point d’interrogation

192

Points de suspension

194

PĂŽle

202

Police

202

Ponctuation

210

Porte

228

12

sommaire du volume ii

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Pourcentage

228

PrĂ©fecture, prĂ©fet 

228

Premier

229

Prénom

229

PrĂ©paration de copie 

230

Président

230

Produit

230

Prote

231

Proverbe

231

Quasi

233

Quelque

233

RĂ©forme 

235

RĂ©gion

235

RĂ©glure

236

Religion

236

RĂ©volution

237

Saint

239

Satellite, voir Astre (vol. I, p. 

206

)

ScĂšne, voir Acte d’une piĂšce de thĂ©Ăątre (vol. I, p. 

147

)

Second

244

Sic

245

SiĂšcle

245

SiĂšge, voir Guerre (vol. II, p. 

43

)

Sigle

247

Signature 

266

Soleil, voir Astre (vol. I, p. 

206

)

Soulignement

267

Souverain, voir Titre honorifique (vol. II, p. 

297

)

Square, voir Jardin (vol. II, p. 

75

)

Style artistique

268

Sud, voir Point cardinal (vol. II, p. 

190

)

Suisse

268

Symbole

269

TĂ©lĂ©gramme, voir Petite capitale (vol. II, p. 

176

)

Terre

271

13

sommaire du volume ii

background image

Théùtre

271

Tierce

271

Tiers

271

Tiret

272

Titre de civilitĂ©, voir Madame, mademoiselle, monsieur 

(vol. II, p. 

107

), Titre honorifique (vol. II, p. 

297

)

et Titre religieux (vol. II, p. 

299

)

Titre de départ

278

Titre d’Ɠuvre

278

Titre honorifique

297

Titre intérieur

299

Titre religieux

299

Tome

299

Tour, voir Manifestation sportive 

(vol. II, p. 

118

) et Monument (vol. II, p. 

131

)

Trait d’union

300

TraitĂ©, voir Accord, confĂ©rence, traitĂ© (vol. I, p. 

135

)

Transcription, translittération

303

Troncation

305

Union

309

Unité de mesure

309

UniversitĂ© 

311

VĂ©hicule

313

Vers 

313

Veuve, voir Ligne creuse (vol. II, p. 

96

)

Ville et village

316

Vin

324

Virgule

325

Voie et espace public

326

ZĂ©ro

329

Zodiaque

329

Zoo

330

Zoologie

330

Liste des auteurs mentionnés

333

Bibliographie

339

14

sommaire du volume ii

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Sommaire du volume I

Sommaire du volume II

17

Avertissement

23

Table des abréviations, signes et symboles

29

Avant-propos

37

Abréviation

55

Académie

99

Accentuation

103

Accolade

134

Accord, conférence, traité

135

AchevĂ© d’imprimer

135

Acronyme

136

Acropole

147

Acte d’une piĂšce de thĂ©Ăątre 

147

Adage, voir Proverbe (vol. II, p. 

231

)

Addenda

148

Addition

149

Adepte

149

AdhĂ©rent, voir Adepte (vol. I, p. 

149

)

Administration

152

Adresse

152

AĂ©ro- 

157

Âge

158

Ajout

160

Alinéa

161

Allégorie

167

15

background image

Allemand 

167

Alliage

169

Alliance

170

An, année

170

Ancien, nouveau

173

Anglais

173

AnnĂ©e, voir An, annĂ©e (vol. I, p. 

170

)

Annexe

175

Anti

176

Aparté

179

Aphorisme, voir Proverbe (vol. II, p. 

231

)

Apocope, voir AbrĂ©viation (vol. I, p. 

55

)

AposiopĂšse

179

Apostrophe

179

Appel de note

186

Appendice, voir Addenda (vol. I, p. 

148

)

Approche

191

Arc, arche, voir Alliance (vol. I, p. 

170

)

et Monument (vol. II, p. 

131

)

Armée

195

Arrobe

196

Arrondissement

202

Article dans les noms propres

203

Astérisque

204

Astre

206

Auberge, voir Enseigne (vol. I, p. 

334

)

Avant-propos

208

Avertissement

208

Bandeau

209

Barre oblique

209

Bas de casse

210

B. À T., voir Bon Ă  tirer (vol. I, p. 

230

)

Bataille, voir Guerre (vol. II, p. 

43

)

Bateau

212

16

sommaire du volume i

background image

Bavocher

213

Belle page

214

Bible

214

Bibelot, voir Bilboquet (vol. I, p. 

228

)

Bibliographie

223

BibliothĂšque

228

Bilboquet

228

Blanc

229

Blanchir

229

Bois, voir Jardin (vol. II, p. 

75

)

et Voie et espace public (vol. II, p. 

326

)

Bon Ă  tirer

230

Botanique

231

Bourdon

231

Brochure

232

Bureau

232

Cabochon

233

Cadrat

233

Cadratin

233

Calendrier républicain

235

Calibre

235

Campagne, voir Guerre (vol. II, p. 

43

)

Capitale

236

Carat, voir Alliage (vol. I, p.

169

)

Cartouche

236

Casse

236

CathĂ©drale, voir Église (vol. I, p. 

331

)

Caviarder

239

CĂ©dille

239

Cent

240

CĂ©sure

240

Chambre

241

Championnat, voir Manifestation sportive (vol. II, p. 

118

)

Chapelle, voir Monument (vol. II, p. 

131

)

17

sommaire du volume i

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Chapitre 

241

Chasse, chasser

242

ChĂątain

243

ChĂąteau, voir Monument (vol. II, p. 

131

)

CheminĂ©e, voir LĂ©zarde (vol. II, p. 

89

)

Chi

∂

res

243

Chi

∂

res romains

248

Chimie

249

Cicéro

252

Circonscription universitaire, voir AcadĂ©mie (vol. I, p. 

99

)

Citation

252

Classe

261

Classification typographique

261

Club

275

Code

276

Code postal, voir Adresse (vol. I, p. 

152

)

Colombelle 

276

Colonne, voir Monument (vol. II, p. 

131

)

Colophon

277

Combat, voir Guerre (vol. II, p. 

43

)

Commission

277

Compagnie

277

Composition

278

ConfĂ©dĂ©ration, voir Pays (vol. II, p.

171

)

ConfĂ©rence, voir Accord, confĂ©rence, traitĂ© (vol. I, p. 

135

)

Conflit, voir Guerre (vol. II, p. 

43

)

CongrĂšs

278

Conseil

279

Constellation, voir Astre (vol. I, p. 

206

)

Convention

279

Copie

280

Coquille

280

Corps

282

Correcteur

284

18

sommaire du volume i

background image

Correction

289

CĂŽte

290

Couillard

291

Couleur 

292

Coupure

295

Cour

301

Cran

301

Crénage

301

Crochet

302

Croisade, voir Guerre (vol. II, p. 

43

)

Croix

303

Cul-de-lampe

304

Date

305

De, voir Particule (vol. II, p. 

162

)

DĂ©coration

307

DĂ©dicace

307

Degré

312

Deleatur

313

DĂ©partement

314

DépÎt légal

316

DeuxiĂšme, voir Second (vol. II, p. 

244

)

Deux-points

316

Devise

319

Dialogue

320

Dicton, voir Proverbe (vol. II, p. 

231

)

Disciple, voir Adepte (vol. I, p. 

149

)

Division

323

Doctrine

325

Doublon

326

Durée

326

Dynastie

327

Échelle

329

École

329

Église

331

19

sommaire du volume i

background image

Élision, voir Apostrophe (vol. I, p. 

179

)

Empattement

334

Empire

334

Enseigne 

334

Entrelarder, larder 

334

ÉnumĂ©ration

335

Épigraphe

339

Époque

341

Ère

341

Errata, erratum

341

Espace

342

Espacement

347

Est, voir Point cardinal (vol. II, p. 

190

)

Et, esperluette

347

État

353

États-Unis

353

Etc.

355

Ethnique, voir Peuple (vol. II, p. 

178

)

Étirement

358

Étoile, voir Astre (vol. I, p. 

206

)

Euro

358

Évangile

364

ÉvĂ©nement historique

364

ÉvĂ©nement sportif, voir Manifestation sportive (vol. II, p. 

118

)

Exergue, voir Épigraphe (vol. I, p.

339

)

ExpĂ©dition, voir Guerre (vol. II, p. 

43

)

Exposant

365

Extrait, voir Citation (vol. I, p. 

252

)

Faculté

367

Famille

367

Fascicule

367

Fausse page, voir Belle page (vol. I, p. 

214

)

Faux titre 

367

FĂ©minin

368

20

sommaire du volume i

background image

Feuille, feuillet

374

Figure

374

Folio

374

Fonction

375

Fonte

375

Format

375

Fraction

379

Franc

380

Fronton

381

21

sommaire du volume i

background image
background image

23

« Juste une remarque sur le fond esquivĂ© du dĂ©bat. S’imaginer

que la mĂ©connaissance des conventions typographiques est 
un paramÚtre essentiel pour expliquer une prétendue dégra-
dation de la “chose imprimĂ©e” (quelle qu’elle soit) est une
erreur grĂŽssiaire (sur tous les plans) ou une quĂȘte d’alibi facile.
Avant d’apprendre oĂč placer les caps ou les nombres en chi

∂

res

romains, apprenons Ă  Ă©crire.

« La soif de connaissances anecdotiques (typographiques)

s’explique aisĂ©ment, mais jamais un coup de deleatur n’abolira
le bazar. Â»

Jean-Pierre Lacroux Ă  Typographie, le 

8

mai 

1999

.

background image
background image

25

Tables des abrĂ©viations, 

signes et symboles 

Signes et symboles.

fi

Mot

Voir ce mot (définition, informations essentielles).

fi

Mot Voir ce mot (informations complĂ©mentaires).

=

Convergence, accord.

≠

Divergence, désaccord.

±

Usage trĂšs incertain.

‱‱‱

RĂšgle absolue, quelle que soit la nature du texte.

‱‱

Textes littĂ©raires, « bon usage Â».

‱

Textes spécialisés, usages particuliers.

◊

Forme traditionnelle Ă  respecter.

¶ Typographie, « traitement de texte Â».

∞

Commentaire.

>

Correction, Ă©volution.

≈

Rappel d’une Ă©vidence. Par exemple : Â« Ce mot n’a 

≈

jamais de majuscule initiale Â» n’implique pas que 
le mot en question Ă©chappe aux rĂšgles communes
lorsqu’il figure en tĂȘte d’une phrase ou dans une com-
position en capitales. « La 

≈

seule forme admissible Â»

ne prétend pas entraver la création littéraire


[Etat] Faute. Dans cet exemple : il faut accentuer la capitale.

Les crochets ne retrouvent leur rĂŽle traditionnel que
dans quelques cas : [

sic], [?], [
], [interpolation, ajout

ou hypothÚse, transcription phonétique].

{moyen-Ăąge} Forme non fautive mais dĂ©conseillĂ©e.

background image

* ** *** Appel de note (exceptĂ© dans les exemples d’emploi de

l’astĂ©risque).

guillo[tine Coupure admise.
guilloti|ne Coupure dĂ©conseillĂ©e.
guillot/ine Coupure prohibĂ©e.

Abréviations employées dans la bibliographie.

coll. collection

Ă©d. Ă©dition

s. d. sans date

s. l. sans lieu

t. tome

vol. volume

Ouvrages de rĂ©fĂ©rence les plus souvent citĂ©s *.

Académie

1994

Dictionnaire de l’AcadĂ©mie
,

1994,

(

5

).

Code typ.

1993

Code typographique,

17e

Ă©d., 

1993,

(

2

).

Doppagne

1991

Doppagne (Albert), Majuscules, AbrĂ©via-
tions, Symboles et Sigles
,

1991,

(

2

).

Frey

1857

Frey (A.), Nouveau Manuel complet de typo-
graphie
,

1857,

(

2

).

Girodet

1988

Girodet (Jean), PiĂšges et Di

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26

abréviations, signes et symboles

* Voir p.

345-374

les noms et les références bibliographiques complÚtes de ces

ouvrages. Les chi

∂

res entre parenthĂšses renvoient aux rubriques de cette bibliographie.

background image

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Presse : le Journal o

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cielle Monde,

1992-2001

.

!

Dans les passages reprenant certaines des interventions de Jean-

Pierre Lacroux dans les forums Internet auxquels il participait*, le
groupe Fr.Lettres.Langue.Francaise est abrĂ©gĂ© F.L.L.F. 

Les appellations 

BobLittle Bob et autres dĂ©rivĂ©s dĂ©signent familiĂš-

rement 

le Petit Robert. D’autres ouvrages sont citĂ©s de façon aussi ami-

cale que cavaliĂšre, en particulier le 

Lexique de l’Imprimerie nationale :

parfois 

l’HyĂšne et trĂšs frĂ©quemment l’I.N.

L’acronyme FAQ abrĂšge la bien connue « Foire aux questions Â» des

sites web.

31

abréviations, signes et symboles

* Forums et listes de discussion : Alt.Culture.Cajun, France-Langue, Fr.Comp.Pao,

Fr.Lettres.Écriture, Fr.Lettres.Langue.Francaise (F.L.L.F.), Fr.Soc.Internet, Langue-Fr.,
Typographie.

On trouvera Ă©galement dans cette partie de larges extraits du site web de l’auteur :

http://users.skynet.be/typographie/, laissĂ© par lui en l’état le 13 avril 2002.

background image
background image

Galerie  fi

MusĂ©e, galerie

Gagner fi Chasse, chasser

Galaxie fi Astre

Genre des noms communs fi

FĂ©minin.

« Il y a des rĂšgles de grammaire qui n’ont Ă©tĂ©

décrétées que pour en finir avec une liberté qui
n’avait aucun inconvĂ©nient. [
] Il n’y a aucune
raison pour ne pas admettre 

amour aux deux

genres, selon l’humeur. Â»

Paul ValĂ©ry, Cahiers.

Masculin :

Un abaque romain, un abysse de 

6 000

mĂštres, un acrostiche grivois.

Un albĂątre dĂ©licat, un alvĂ©ole profond, l’ambre gris des cachalots

blĂȘmes.

L’amiante mortel du Berlaymont, un antidote au dĂ©sespoir.
Un apogée trÚs bref, un arcane subtil (alchimie), les arcanes puérils

du Palais.

Un armistice dĂ©shonorant, l’asphalte mou des rues de Sfax.
Un astérisque bien venu, un astragale corinthien.
Un augure, bon ou mauvais, est masculin comme un devin ou un

présage.

Un colchique dans les prés, un e

∏

uve plaisant.

33

background image

Un Ă©phĂ©mĂšre adulte dĂ©jĂ  vieux de vingt heures, un Ă©quinoxe 

désastreux.

Le girofle, un haltÚre plutÎt lourd, un hypogée, le lignite, le myrte

est lassant.

Le naphte, un obélisque, un ocelle de léopard, un opprobre, un ove

est un Ɠuf.

Des pénates princiers, un pétale, un planisphÚre.
Le saccharose n’est pas moins masculin que le sucre, le solde

(vente).

Un joyeux trille.

FĂ©minin :

Une acre de bonne terre, l’algùbre, {une} alluvion.
Une anagramme transparente, une argile molle.
Des arrhes scandaleuses.
Une cĂąpre, l’ébĂšne (bois de l’ébĂ©nier) est prĂ©cieuse, une Ă©chappatoire.
Une Ă©critoire, une enzyme gloutonne, une Ă©phĂ©mĂ©ride (mais : un

éphémÚre).

Une Ă©pigraphe touchante, une escarre douloureuse, une immondice.
Une oasis surpeuplĂ©e, une oriflamme prise Ă  l’ennemi, une palabre

assez vaine.

Une scolopendre vigoureuse, la sépia, une topaze, une vicomté.

±

Un ou une alvĂ©ole, un ou une perce-neige.

=

Larousse

1997

Thomas 

1971

.

±

Robert

1993

[Ă©phĂ©mĂšre, enzyme : masculin ou fĂ©minin].

≠

Impr. nat. 

1990

[amiante, anthracite : fĂ©minin].

« Un Â» automobile


À France-Langue, le 21 fĂ©vrier 1998.

B. Picard :

Cet usage nous vaut une trĂšs rare note dans l’édition de « la

PlĂ©iade Â» (1954) de la 

Recherche du temps perdu

dont l’appareil critique se

concentre sur les variantes : «

Automobile

est encore donnĂ© comme nom 

masculin au tome I du 

Nouveau Larousse illustré

, paru vers 1900 ; mais ce

mĂȘme mot est fĂ©minin dans d’autres endroits de l’édition (par ex., p. 995). Â»

34

GENRE DES NOMS COMMUNS

background image

Cette note de « la PlĂ©iade Â» n’est pas trĂšs claire, car elle semble suggĂ©rer que

le masculin pourrait ĂȘtre antĂ©rieur au fĂ©minin, voire qu’à l’origine il aurait Ă©tĂ©
dominant
 Je dispose de deux Ă©ditions du 

Nouveau Larousse illustré

.

Or, dans la plus ancienne (1897, numĂ©ro 18 !), « automobile Â» est un substantif
fĂ©minin (avec cette mention : « Quelques-uns font ce mot masculin Â»), ce qui
s’explique par « une voiture automobile Â». Dans la plus rĂ©cente (1920,
numĂ©ro 246287 !), c’est devenu un substantif masculin (sans la moindre
variante)


À mon sens, un petit malin Ă  l’esprit Ă©troit est passĂ© par là
 avec un vĂ©hi-

cule automobile. Quant Ă  savoir Ă  quelle date
 c’est une autre affaire
 
Faudrait consulter les Ă©ditions successives
 entre 1898 et 1919
 C’est proba-
blement bien avant 1920, puisque cette date est donnée par de nombreuses
sources comme celle de l’extinction du masculin
 À noter toutefois que le

Larousse du 

xx

e

siĂšcle

(1928), s’il revient bien sĂ»r au fĂ©minin, reprend la 

mention « Quelques-uns font ce mot masculin Â»â€Š

B. Picard :

Mobile

et 

rail

sont du masculin, mais pourquoi aujourd’hui une

automobile et un autorail ?

Sans doute parce que « automobile Â», avant de devenir un substantif, fut 

un adjectif Ă©ventuellement fĂ©minin
 ce qui n’est pas le cas d’« autorail Â».


 et « une Â» bug informatique

À France-Langue, du 2 au 18 mars 1998.

J. Theriault :

Je crois qu’il faut se fier à l’oreille. Il y a des mots qui sonnent

masculin et d’autres qui sonnent fĂ©minin, sans que l’unanimitĂ© soit possible
d’ailleurs. Certains proposent 

la bogue

(pour 

bug

) ; moi, ça m’écorche les

oreilles et j’opte pour 

le bogue

.

Ben
 ça se discute
 Au dĂ©part vous avez tort, mais je crois bien qu’à 

l’arrivĂ©e vous avez raison


Le

bogue, c’est un poisson (sauf pour l’AcadĂ©mie
 qui, fidĂšle Ă  elle-mĂȘme,

en fait un fĂ©minin). 

La

bogue, c’est ce machin piquant (donc nĂ©faste
) qui

enveloppe les chĂątaignes.

Il me semble que les officiels conseilleurs ont été séduits par la double (donc

dangereuse) analogie de la bogue avec bug (bestiole ou erreur nĂ©faste)
 
C’était oublier un peu vite que tous ceux qui ont employĂ© le terme anglais en
ont fait, Ă  juste titre, un masculin : 

un bug

. Il me semble donc que l’officielle

bogue aura bien du mal Ă  s’imposer
 Si je tombe sur « un bogue informa-
tique Â», je ne le corrige pas
 Nous ne sommes pas tenus d’obĂ©ir Ă  des ordres
stupides. D’autant que nous avons 

Larousse

avec nous (uniquement masculin).

Little Bob

est plus prĂ©cautionneux (fĂ©minin
 mais « cour. Â» masculin
).

35

GENRE DES NOMS COMMUNS

background image

C’est bien joli de vouloir dĂ©fendre le français contre les foreign bugs
 mais

on se retrouve avec un binz presque aussi foireux que l’illustre MĂ©l
 Tout ça
pour nommer un défaut, une erreur, une couille


Ah ! dernier mot
 Bogue est Ă©galement un terme argotique qui signifie

« montre, toquante Â»â€Š Quand on songe au « bogue de l’an 2000 Â», ça ne
manque pas de piquant


J. Fontaine :

Je m’interroge sur le « Ă  juste titre Â»â€Š Pourquoi, a priori, le mot

anglais 

bug

serait-il plus masculin que fĂ©minin ?

Tous les substantifs français se terminant par 

g

sont masculins
 Les seuls

féminins sont des sigles (

A.G.

,

I.V.G.

,

O.N.G.

), des troncations (

agrég

,

santiag

)

et trois exceptions explicables : 

starking

(une pomme), 

tong

(une sandale),

Weltanschauung

(une vision du monde).

Genre des noms propres fi Ville et village

GentilĂ© fi Peuple

GĂ©ographie fi

Pays.

Les Français se flattent abusivement en se prétendant des paran-

gons de nullitĂ© gĂ©ographique. Ils sont loin derriĂšre le peloton de tĂȘte ;
pis, en la matiĂšre, leurs traditions orthotypographiques comptent
parmi les plus subtiles : l’Afrique-Équatoriale française (A.-É. F.), 
l’Afrique-Occidentale française (A.-O. F.), l’Afrique du Nord, l’Ara-
bie Heureuse, l’Asie Mineure, l’Asie du Sud-Est ; le Bassin aquitain,
le Bassin parisien ; la ForĂȘt-Noire, la GĂ©orgie, la VĂ©nĂ©tie Julienne ;
Saint-Louis (SĂ©nĂ©gal), ± Saint Louis (États-Unis), voir :

Saint.

Moyen et Proche-Orient

À Langue-Fr., le 7 aoĂ»t 2001.

P. Declercq : 

Pendant trùs longtemps on n’a jamais dit qu’

Orient

pour le

Proche ou Moyen-Orient.

Jadis, le Proche-Orient s’appelait le Levant
 Cela me rappelle une ancienne

contribution, que voici :

Les dĂ©finitions ont hĂ©las Ă©voluĂ© : naguĂšre synonyme de Levant (ce qui impli-

quait une façade mĂ©diterranĂ©enne), le Proche-Orient est devenu aujourd’hui, 

36

GENRE DES NOMS COMMUNS

GÉOGRAPHIE

background image

pĂ©trole aidant, un sous-ensemble sans intĂ©rĂȘt (car trop proche
) du Moyen-
Orient : il englobe certains riverains de la mer Rouge et, surtout, miam-miam,
du golfe Persique


Moyen-Orient nous vient de l’anglais 

Middle East

et désigne ce que nous

appelons désormais le Proche-Orient en y ajoutant (éventuellement) des pays
plus « orientaux Â» comme l’Afghanistan, qui sont nĂ©anmoins situĂ©s en Asie occi-
dentale
 La nuance est donc bien faible. [
] On est toujours l’oriental (ou 
Ă  l’est) de quelqu’un : si pour certains le Soudan commence Ă  Calais, il 
est logique que le Levant soit dĂ©jĂ  qualifiĂ© de Moyen-Orient
 AprĂšs tout, 
de nombreux pays de l’Europe dite de l’Est (ou orientale) Ă©taient des pays
d’Europe centrale.

Blague Ă  part, nous sommes une fois de plus face Ă  une adaptation et Ă  une

adoption un peu rapides. Si nous avions sauvegardé le sens initial de Proche-
Orient (Levant), un Moyen-Orient aurait été bien utile
 alors que le calque
(territorial
) de 

Middle East

a introduit une certaine confusion. [
] 

En français, « Est Â» n’a pas la mĂȘme signification qu’« Orient Â» (les majuscules

indiquent qu’il s’agit de lieux et non de directions). En revanche, « est Â» et
« orient Â» sont Ă  peu prĂšs synonymes (si l’on oublie deux vieilles et prĂ©cieuses
acceptions d’« orient Â» : commencement, Ă©clat). La nuance est intermittente
avec l’adjectif « oriental Â» (de l’est mais Ă©galement de l’Est ou d’Orient : les
PyrĂ©nĂ©es-Orientales ne sont pas en Orient), mais on la retrouve avec le 
substantif « orientaliste Â», qui en français ne dĂ©signe pas un spĂ©cialiste de 
l’allemand ou de l’italien, ni un peintre des vallĂ©es du Tessin. En revanche, de
nombreux orientalistes ont peint des scĂšnes du Maghreb (qui signifie « occi-
dent Â»â€Š). L’Orient, en français, Ă©voquait bien sĂ»r l’Est lointain mais aussi le Sud
et particuliùrement l’Afrique du Nord
 [
]

P. Declercq : 

L’Inde ne fait partie d’aucune rĂ©gion du monde dont le nom

se compose d’un adjectif et du mot 

Orient

.

C’est vrai, mais si le port de Lorient se nomme ainsi c’est grĂące aux Indes

orientales !

B. Picard :

Non, en anglais ce n’est pas une notion de nuance mais une 

différence de sens.

Je ne parlais pas des acceptions anglaises
 mais du flou introduit en 

français par leur adoption inconsidérée, car elles ne se superposent pas inté-
gralement aux notions françaises.

B. Picard :

Le

Near East

englobe la Palestine, IsraĂ«l, la Syrie, l’Arabie Saou-

dite, le Yemen, Oman, la Turquie. Le

Middle East

comprend tous ces pays plus

l’Irak, l’Afghanistan et l’Iran.

Eh bien, vous confirmez mes craintes
 Allez dire Ă  un francophone 

d’Istanb(o)ul qu’il vit au Moyen-Orient


37

GÉOGRAPHIE

background image

B. Picard : 

Le 

Larousse

en la matiĂšre s’est plantĂ© (trompĂ©).

Pas vraiment
 Il est imprĂ©cis sur ce point (et mĂȘme un peu vaseux
),

mais vous ne pouvez pas lui reprocher de se tromper
 du moins tant que
vous lui ferez Ă©crire ce qu’il n’écrit pas. Relisez votre message initial
 « Recou-
vrir partiellement Â» ne signifie nullement « ĂȘtre plus grand ou plus petit que Â»â€Š

Les capitales du Pays basque
 et de la mer Noire

À Typographie, les 9 et 10 mars 2000.

Je vais te dire
 dans le domaine de l’onomastique et des majuscules dites

distinctives, [le correcteur orthographique Prolexis] a beaucoup de progrĂšs Ă 
faire. Un exemple, un seul (les autres, je me les garde
) : demande-lui de
vĂ©rifier « Pays basque Â»â€Š il te « proposera Â» un trĂšs amusant « Pays Basque Â».
Alors
 leur avis sur la capitalisation


A. Hurtig : 

« Pays Basque Â», c’est une mauvaise saisie dans le dictionnaire

des noms propres.

Si c’était la seule
 
Restons dans la toponymie
 qui est une source de divertissement. Tente ta

chance avec un autre classique du genre : « Massif central Â»â€Š Farce garantie !
Viens ensuite me répéter que je suis de mauvaise foi


J. Fontaine : 

Par exemple, dans le 

Grand Robert

: Â« le Pays Basque Â» ou « Pays

Basque français Â».

Exemple habile
 Le 

Grand Robert

est un mauvais souvenir.

Le Petit Robert

et 

le Petit Robert des noms propres

composent : Â« le Pays basque Â».

J. Fontaine :

Le « pays basque Â» sur le modĂšle de « bĂ©ret basque Â».

Hihi


À Typographie, le 8 juillet 2002.

O. Randier : 

Dans certains contextes (particuliĂšrement en gĂ©ographie), c’est

l’adjectif seul qui forme le dĂ©terminatif. Il porte alors seul la majuscule et peut
souvent ĂȘtre employĂ© seul (

l’ocĂ©an Pacifique

ou 

le Pacifique

).

Souvent, oui
 donc, « argument Â» dangereux. L’Indien, la Rouge, la Morte, le

Blanc ?

O. Randier :

Dans l’index d’un atlas, on aurait :

— Noire (mer)
— Noire (montagne)

Hum
 D’accord pour la mer Noire (c’est une mer
) ou le causse Noir

(c’est un causse
), non pour la « montagne Noire Â» (c’est un massif et une

38

GÉOGRAPHIE

background image

rĂ©gion
), donc : la Montagne Noire, indexĂ©e Ă  « M Â». L’

I.N

., cohérente mais

insoucieuse de l’usage, Ă©crit « Montagne noire Â». (Il serait bon de la suivre, mais
si c’est pour se faire opposer 

Larousse, Robert

et autres références populaires,

merci bien
)

GĂ©ologie fi

Ère.

Les divisions gĂ©ologiques prennent la majuscule initiale : le Tertaire

(mais : l’ùre tertiaire).

=

Impr. nat. 

1990

.

Grade fi

Fonction.

‱‱

Majuscule.

Les grades, les titres et les fonctions militaires ne prennent

≈

jamais la majuscule initiale : marĂ©chal de France, gĂ©nĂ©ralissime,

amiral, général, colonel, commandant, capitaine, lieutenant, aspirant,
adjudant, sergent, maĂźtre, brigadier, caporal, etc.

‱‱

Trait d’union.

Dans les grades composĂ©s, chef, contre, major, quartier, sous et vice

appellent le trait d’union : vice-amiral, vice-amiral d’escadre, contre-
amiral, sous-lieutenant, adjudant-chef, sergent-chef, sergent-major,
marĂ©chal des logis-chef, quartier-maĂźtre, caporal-chef, brigadier-
chef, etc., 

≈

commandant en chef, gĂ©nĂ©ral en chef, etc.

Deux grades (substantifs) associés pour en former un troisiÚme

sont liĂ©s par un trait d’union : lieutenant-colonel. Un lieutenant-
colonel n’est pas lieutenant 

et colonel, alors qu’un mĂ©decin colonel

est mĂ©decin 

et colonel.

Dans tous les autres cas, pas de trait d’union : maĂźtre principal, 

premier maßtre, second maßtre, premier matelot, commissaire géné-
ral, ingénieur général, médecin général, o

∑

cier marinier, premier lieu-

tenant (Suisse). C’est une Ă©vidence avec la prĂ©position de ou l’article
contractĂ© des : gĂ©nĂ©ral d’armĂ©e, gĂ©nĂ©ral de corps aĂ©rien, gĂ©nĂ©ral de 

39

GÉOGRAPHIE

GRADE

background image

brigade, capitaine de frégate, chef de bataillon, lieutenant de vaisseau,
marĂ©chal des logis, etc.

=

Impr. nat. 

1990

Larousse

1933

,

1997

Robert 

1985

,

1993

.

◊

Bien qu’il n’y ait pas de troisiĂšme classe, on dit : soldat de

deuxiĂšme classe.

Anciens titres et grades, grades étrangers ou francisés.

RĂšgle identique : marĂ©chal de camp, colonel gĂ©nĂ©ral, capitaine-

major, lieutenant gĂ©nĂ©ral, capitaine gĂ©nĂ©ral, adjudant gĂ©nĂ©ral, 
adjudant-major, etc. (Tous ces gĂ©nĂ©raux sont des adjectifs.)

Attention ! Lieutenant-colonel (deux substantifs) mais un lieute-

nant gĂ©nĂ©ral (substantif et adjectif ) ; sergent-fourrier mais quartier-
maütre fourrier


Grades Ă©trangers, grades francisĂ©s : feld-marĂ©chal, amiral de la Flotte,

brigadier général, commodore, feldwebel.

Fonctions et titres civils historiques.

Un lieutenant général du royaume, un lieutenant général de police,

un lieutenant criminel (magistrat), un sergent de ville (gardien de 
la paix).

Accord en nombre.

Contre, sous, vice : des contre-amiraux, des vice-amiraux, des sous-

lieutenants ; chef, major, quartier : des sergents-chefs, des caporaux-chefs,
des sergents-majors, des quartiers-maĂźtres, des caporaux-chefs. Des 
lieutenants-colonels, des commandants en chef, des feld-maréchaux.

Surnoms.

Le Petit Caporal (Napoléon I

er

), le Roi-Sergent (Frédéric I

er

).

Divers.

≈

Voies publiques : avenue du MarĂ©chal-Lyautey, place du GĂ©nĂ©ral-

Gouraud, rue du Capitaine-MĂ©nard, rue du Sergent-Maginot. 

≠

Belgique : boulevard du GĂ©nĂ©ral Jacques.

40

GRADE

background image

≈

Les plumes d’acier exigent la majuscule et sont invariables : des

Sergent-Major.

≈

Un maréchal-ferrant, des maréchaux-ferrants.

≈

le Capitaine Fracasse.

À France-Langue, le 29 juillet 1997.

K. Mukundi :

GĂ©nĂ©ral, avec 

G majuscule

, parce qu’il s’agit d’un titre officiel

(comme PrĂ©sident, SecrĂ©taire d’État, Ministre, Duchesse
), mais je crois
savoir que l’application de cette rùgle n’est pas stricte.

Non, non
 c’est le contraire

Les titres, les grades, les fonctions ne prennent pas de capitale initiale, du

caporal É. P inglĂ© au gĂ©nĂ©ral de Gaulle, du maire d’Issy au roi de Prusse, du
président Lebrun à la duchesse de Langeais


C’est prĂ©cisĂ©ment parce que « le GĂ©nĂ©ral Â» dĂ©signe un individu « bien par-

ticulier Â» (Charles de Gaulle) et non un gradĂ© indĂ©terminĂ© que l’on peut 
mettre une capitale initiale Ă  ce grade 

employé seul

ou 

absolument

(mais ce

n’est pas obligatoire
). Comme on en met une (ou deux
) au Petit Caporal
ou Ă  l’Empereur quand on dĂ©signe NapolĂ©on I

er

, empereur des Français


Le titre ou le grade remplace le patronyme, c’est quasiment un surnom

(c’en est mĂȘme un dans le cas du Petit Caporal ou du Roi-Sergent). [
]

Ah ! Exceptions : les titres n’ayant eu (heureusement) qu’un seul titulaire

sont considĂ©rĂ©s comme des noms propres (façon de parler
) : le Prince-
Président.

Graisse fi

Police.

∏

Maigre HOP hop

Normal HOP hop

Demi-gras HOP hop

Gras HOP hop

Extra-gras HOP hop

Ultra-gras HOP hop

41

GRADE

GRAISSE

background image

Grec fi 

Symboles.

Gris fi

BlancEspacement.

Dans une composition bien interlettrée et bien interlignée, im-

primĂ©e en noir sur un papier plus ou moins blanc, s’observent trois
couleurs : le blanc, qui n’apparaĂźt franchement comme tel que dans
les marges ou entre les paragraphes ; le noir, qui n’apparaĂźt rĂ©ellement
comme tel que vu d’assez prĂšs ; le gris du texte, synthĂšse, alliance,
mĂ©tissage harmonieux des deux autres couleurs. La lecture s’e

∂

ectue

grĂące Ă  l’alternance du noir de l’encre et du blanc du papier, mais 
la couleur essentielle de la page, la plus belle, la plus Ă©mouvante, c’est 
le gris du texte, prĂ©caire, irrĂ©el. Certes, les mĂ©faits d’un mauvais
imprimeur sont toujours décisifs, mais le gris est la seule couleur dont
la qualité dépend avant tout du compositeur.

À Typographie, le 11 mai 1998.

T. Bouche :

Pour ma part, je ne suis pas 

contre

les didones, mais je pense

que, toutes ces annĂ©es aprĂšs, elles continuent Ă  ĂȘtre trĂšs exigeantes sur le
plan technique. N’oublions pas que sans vĂ©lin, point de didone.

D’accord
 (Mais Ă  l’inverse, pas de vĂ©lin
 sans Baskerville). Ce que tu 

dis est incontestable pour les vrais didots purs et durs, beaucoup moins pour
les bodonis. J’entends les vrais didots Ă©lectroniques, qui sont par nature les

A

a

alpha

A a

B

ß

b

bĂȘta

B b

C

c

gamma

G g

D

d

delta

D d

E

e

epsilon

E e {Ă©}

F

f

dzĂȘta

Z z

G g

ĂȘta

Ê ĂȘ (

ĠÅ

)

H h 

ℱ

thĂȘta

Th th

I

i

iota

I i

J j

kappa

K k

K

k

lambda

L l

L l

mu

M m

M m

nu

N n

N

n

ksi, xi

X x

O o

omicron

O o

P p 

©

pi

P p

Q

Âź

rhĂŽ, rĂŽ

R r {rh}

R

r  y

sigma

S s

S

s

tau

T t

T

t

upsilon

U u {y}

U u

phi

F f {ph}

V v

khi

H h {ch}

W w

psi

Ps ps

X x

oméga

Ô î (

Ç Z

)

42

GREC

GRIS

background image

polices ayant le plus souffert de la disparition (provisoire ?
) des corrections
pour chaque corps.

Il ne faut pas oublier que pendant tout le 

xix

e

siĂšcle et pendant les premiĂšres

dĂ©cennies du 

xx

e

siĂšcle (c’est-Ă -dire pendant le rĂšgne de la pĂąte mĂ©canique

merdique), la majoritĂ© des polices de labeur françaises furent des didones

Certes Ă©paissies au point d’avoir des airs de mĂ©canes allĂ©gĂ©es
 mais fonda-
mentalement des didones.

Cela explique en partie pourquoi nous sommes si nombreux Ă  Ă©prouver une

sorte d’écƓurement visuel face aux rĂ©ales et aux transitionnelles molassonnes
aujourd’hui si successfoules. Avis personnel : engendrĂ© par des lettres fai-
blement contrastées, grisùtres quoi, le gris typographique des réales
modern(isĂ©)es est moins admirable que celui d’un beau didot oĂč le noir de
chaque lettre mĂ©rite son nom. Faire du gris avec du gris sur du blanc, c’est
quand mĂȘme moins difficile qu’avec du noir et du blanc non mĂ©langĂ©s


Guerre fi

ArmĂ©eDateDĂ©corationÉcoleGradeTitre d’Ɠuvre.

‱‱‱

Ce mot ne mĂ©rite 

≈

jamais la majuscule initiale, sauf si la

guerre est 

Grandemondiale ou folle.

1

.

Dans les dénominations de conflits armés précis, si le terme

caractéristique est un nom, il prend la majuscule initiale (

≈

ou la

conserve, s’il s’agit d’un nom propre), ainsi que l’éventuel adjectif
antĂ©posĂ© ; si c’est un adjectif, l’initiale demeure une minuscule.

Noms.
La guerre d’AlgĂ©rie, la guerre de CorĂ©e, la guerre de CrimĂ©e, la

guerre d’Espagne.

La guerre des Boers, la guerre des Esclaves, la guerre des Mercenaires.
La guerre de Cent Ans, la guerre du Kippour, la guerre de Sept Ans,

la guerre des Six Jours*, la guerre de Trente Ans.

La guerre des Deux-Roses.

43

GRIS

GUERRE

* Sans trait d’union. Mais : les Six-Jours de Dunkerque (voir : Manifestation 

sportive).

background image

La guerre de l’IndĂ©pendance*, la guerre de SĂ©cession, la guerre de

la Succession d’Autriche**.

Adjectifs.
La guerre civile espagnole, la guerre lamiaque, les guerres

médiques, les guerres puniques, la premiÚre guerre punique, la guerre
franco-allemande de 

1870

(ou guerre de 

1870,

voir : Date), la guerre

russo-japonaise de 

1904

-

1905

.

Exceptions.

◊

La Guerre folle (

1485

-

1488

), 

◊

la Grande Guerre, 

◊

la PremiĂšre

Guerre mondiale (ou guerre de 

1914

-

1918

), 

◊

la Seconde Guerre mon-

diale (ou guerre de 

1939

-

1945

; U.R.S.S. : la Grande Guerre patriotique),

voir :

Date.

=

Code typ. 

1993

Girodet 

1988

Larousse

1992

.

≠

Gouriou 

1990

Impr. nat. 

1990

: [guerres MĂ©diques, guerres

Puniques, premiĂšre guerre mondiale, deuxiĂšme guerre mondiale].

2

.

Si le terme caractĂ©ristique s’applique Ă  une catĂ©gorie, Ă  un

ensemble de conflits, Ă  une guerre virtuelle, Ă  une lutte non armĂ©e, 
s’il qualifie la nature d’un conflit, etc., il conserve la minuscule initiale
(nom commun ou adjectif ) : une (des) guerre(s) de religion — mais 
les guerres de Religion (Europe, xvi

e

siùcle) — le (les) conflit(s)

israĂ©lo-arabe(s), la drĂŽle de guerre, la guerre froide, la (une) guerre
civile, la guerre Ă©clair, une guerre coloniale, la (une) guerre rĂ©volu-
tionnaire, la (une) guerre sainte, etc. ; la guerre psychologique, la
(une) guerre Ă©conomique, la guerre du porc, la guerre de la sardine, la
guerre des Ă©toiles (Ronald Reagan), 

≈

la Guerre des Ă©toiles (film de

George Lucas), voir : Â§

4

.

44

GUERRE

*

≠

{La guerre d’IndĂ©pendance}. Attention Ă  la « DĂ©claration d’indĂ©pen-

dance Â» (

1776

).

** 

≠

{La guerre de Succession d’Autriche}.

background image

Remarque. â€” S’ils ne sont pas obligatoires, les guillemets sont 

parfois opportuns : « guerre des Ă©toiles Â», « drĂŽle de guerre Â», « guerre
sainte Â».

3

.

‱‱‱

Batailles et conflits divers.

Guerre a rarement droit Ă  la majuscule initiale, bataille 

≈

jamais.

Cette rÚgle vaut pour campagne, combat, croisade, expédition, opé-
ration, percĂ©e, prise, sac, siĂšge, victoire, etc. Pour dĂ©faite, massacre,
retraite Ă©galement. Pour l’initiale du terme caractĂ©ristique, les lois de
la guerre (voir : § 

1

et 

2

) s’appliquent.

=

Larousse

1985

,

1992

Robert 

1985

,

1993

.

La bataille d’Alger, la bataille d’Angleterre, la bataille du Chemin

des Dames, la bataille des Dunes, la bataille des Éperons d’or, 

◊

la

bataille des champs Catalauniques, la bataille de LĂ©pante, la bataille
de la Marne

.

La campagne de France, la campagne de Sicile.
Le combat des Thermopyles.
La croisade, les croisades, la quatriĂšme croisade, la IV

e

croisade*,

la croisade contre les albigeois (voir :

Adepte).

Exceptions. â€”

◊

la Croisade des enfants (

1212

), la Croisade des 

pastoureaux (v. 

1250

).

=

Larousse

1997

Robert 

1991

(entre guillemets).

≠

Micro-Robert 

1990

{croisade des enfants}.

L’expĂ©dition des Dardanelles, l’expĂ©dition des Mille (Garibaldi),

l’expĂ©dition de Suez.

L’opĂ©ration Barberousse.
La prise de Constantinople.
Le massacre de Wounded Knee.
Le sac de Dinant.

45

GUERRE

* Les croisades et les croisĂ©s font quasiment l’unanimitĂ© depuis bien longtemps :

=

Larousse

1885

,

1933

,

1970

,

1985

1999

Lexis 

1989

LittrĂ© 

1872

Robert 

1985

,

1993

.

≠

Gouriou 

1990

[Croisades].

background image

Le siĂšge de La Rochelle.
La bataille de Valmy.

∞

Lorsque le sens n’est pas Ă©quivoque (grĂące Ă  la dĂ©nomination

seule ou grĂące au contexte), le terme gĂ©nĂ©rique est frĂ©quemment 
et judicieusement omis : Austerlitz,

◊

les champs Catalauniques, le 

Chemin des Dames, les Thermopyles, les hĂ©ros de Valmy, etc.

±

Cartes, lĂ©gendes, tableaux : si les ordinaux sont composĂ©s en

chi

∂

res (romains), la majuscule n’est pas fautive mais inutile et peu

pĂ©dagogique (manuels scolaires). 

Exemple. â€” La {VIII

e

Croisade} sur la carte et, dans le texte, la

VIII

e

croisade.

4

.

≈

Conflits non armés, hostilités économiques, conflits dont la

rĂ©alitĂ© historique est douteuse ou nulle, conflits fantaisistes : les rĂšgles
Ă©noncĂ©es ci-dessus n’interdisent pas l’allĂ©gorie, la personnification, l’em-
phase, la dĂ©rision, etc. Si une quelconque guerre de religion n’est pas
autorisĂ©e Ă  s’a

∂

ubler d’une majuscule initiale, rĂ©servĂ©e aux nĂŽtres, la

guerre du maquereau peut à l’occasion devenir la guerre du Maquereau.

≈

Les titres d’Ɠuvres obĂ©issent Ă  leurs propres rĂšgles, qui peuvent

avoir une incidence sur l’initiale des termes gĂ©nĂ©riques : 

la Bataille de

San RomanoLa guerre de Troie n’aura pas lieula Victoire de Samo-
thrace
, etc. (voir : Titre d’Ɠuvre).

5

.

‱‱‱

Si Â« hier Â» et « demain Â» sont des adverbes, « guerre Â» n’en est pas

encore un : frĂ©quents, [avant-guerre, tu Ă©tais jeune], [aprĂšs-guerre, j’ai
dĂ©mĂ©nagĂ©] sont fautifs comme le serait l’improbable [avant-veille, je
suis revenu]. En revanche, « Entre deux guerres, il faut bien s’occuper Â»
est tout Ă  fait correct.

Exemples. — Avant la guerre, il pleuvait moins, c’était l’avant-

guerre. Entre les deux guerres, il s’ennuya, c’était l’entre-deux-
guerres. AprĂšs la guerre, les choses changĂšrent, c’était l’aprĂšs-guerre.

±

Genre et nombre : un ou une avant-guerre, des avant-guerres,

un ou une entre-deux-guerre

s

, des entre-deux-guerres, un ou une

aprĂšs-guerre, des aprĂšs-guerres.

46

GUERRE

background image

Masculin ou fĂ©minin : Girodet 

1988

Grevisse 

1986

Hanse 

1987

,

Larousse

1992

Lexis 

1989

; masculin : Robert 

1985

,

1993

Thomas 

1971

(un

aprĂšs-guerre, un entre-deux-guerres).

6

.

La croix de guerre, voir : CroixDĂ©coration.

7

.

L’École supĂ©rieure de guerre, voir : Ă‰cole.

Guillemet fi

ApostropheCitationDialogueItalique.

Exemple de ponctuation dĂ©fectueuse, due Ă  Abel Hermant (Xavier,

ou les Entretiens sur la grammaire française), principal rĂ©dacteur de la
Grammaire de l’AcadĂ©mie française, puriste linguistique et ethnique
justement Ă©purĂ© en 

1944

Pourtant, il appelait Boileau, qui Ă©tait son

ami, « Monsieur DesprĂ©aux. Â»

Cas trĂšs particulier (point abrĂ©viatif ), dĂ» Ă  Maurice Grevisse 

(

ProblĂšmes de langage, III), grammairien dĂ©bonnaire, chantre du bon

usage Ă©tabli par les Ă©crivains du premier rayon : le Dictionnaire de 
l’AcadĂ©mie, n’a pas laissĂ© de faire une petite place Ă  cet emploi de 
sortir,
non sans faire prĂ©cĂ©der l’expression, bien entendu, de l’enseigne : « Pop. Â».

Cette ponctuation n’est en principe guĂšre recommandable, mais

l’élimination du point final engendrerait un lĂ©ger malaise. Dans de
semblables occurrences, la meilleure solution consiste Ă  modifier la
structure de la phrase — ce qu’ici je me garderai bien de faire â€”, afin
d’éloigner le point abrĂ©viatif du point final. (La virgule aprĂšs « Aca-
dĂ©mie Â» est en revanche trĂšs fautive : bien que relevĂ©e chez un gram-
mairien de premier plan, elle n’appartient pas au bon usage. On me
dit qu’elle est imputable Ă  un correcteur ou Ă  un typographe ? Certai-
nement, mais pas plus et pas moins que quantité de formes réguliÚres
attribuées aux auteurs par les recenseurs du bon usage.)

Traditionnellement, les guillemets fermants sont utilisés comme

signe de nullité. Cette tradition est nulle.

Dans les ateliers, la machine Ă  cintrer les guillemets Ă©tait l’équi-

valent de la dĂ©sopilante clĂ© du champ de tir des militaires. Plus 

47

GUERRE

GUILLEMET

background image

d’un apprenti fut envoyĂ© la quĂ©rir ; parfois avec une brouette. Selon 
Chautard 

1937

, quelques benĂȘts dĂ©sireux de ne pas rentrer bredouilles

se rendaient chez un forgeron.

Les 

ĂĄ

guillemets

ĂĄ

de machine Ă  Ă©crire

À F.L.L.F., le 11 aoĂ»t 2000.

D. LiĂ©geois :

Par ailleurs, je me demande si les « guillemets droits Â» des 

machines à écrire méritent vraiment le nom de guillemets anglais, appellation
que je rĂ©serverais aux vĂ©ritables 

curly quotes

.

Ah ! malheureux ! Vous rouvrez la « Querelle des gants de toilette Â»â€Š Un truc

magique
 Bien entendu, les guillemets anglais sont ceux que vous appelez
ainsi. Les petites saloperies verticales s’appellent « guillemets dactylogra-
phiques Â» (eh oui
) ou, pour les intimes, « chiures de mouche Â» (la « chiure de
mouche Â» est l’apostrophe verticale, ou « apostrophe dactylographique Â»), ou
« gants de toilette Â», ou tout autre blaze dĂ©sobligeant mais Ă©vocateur.

À F.L.L.F., le 17 aoĂ»t 2001.

D. B. :

Quel que soit le nom qu’on leur donne, je les aime bien.

Quel que soit le nom qu’on leur donne, je ne les aime pas. 
Une raison, parmi d’autres
 comparez : l

Ă ĂĄ

Ă©cart de 11

Ă ĂĄ — 

l’« Ă©cart de 11

Ăą

».

Bons et mauvais usages 

des guillemets (anglais et français)

À Typographie, du 26 au 27 novembre 1998.

P. Jallon :

En presse magazine, il y a aussi un autre cas d’utilisation : pour

les titres (ou intertitres) Ă©crits dans un grand corps et faisant appel Ă  des
guillemets (en gĂ©nĂ©ral, pour des citations). Dans ce cas, l’esthĂ©tique du guille-
met anglais vaut bien souvent mieux que celle du guillemet français. On
trouve ce cas de figure mĂȘme dans des publications oĂč, dans le corps des
« papiers Â», le guillemet français est systĂ©matiquement utilisĂ©. 

J.-D. Rondinet :

Je suis tout Ă  fait d’accord (et je pratique !), mais je n’avais

pas osĂ© le dire en FAQ. Je vais le faire, sauf majoritĂ© contraire.

Oh ! non
 pas ça
 ou alors, en insistant lourdement sur le fait que c’est

une licence que la presse * s’accorde Ă  elle-mĂȘme


48

GUILLEMET

* Et d’autres
 mais tu ne fais pas une FAQ-Graphisme
 Serre la vis, nom de Diou !

background image

J.-D. Rondinet :

Je compte ajouter ça : Certains pensent, Ă  tort selon 

nous, qu’on pourrait mĂ©langer les guillemets français et anglais, les premiers
indiquant des citations et les seconds des mises en relief ou des mots Ă©tran-
gers. Ex. : 

Il m’a dit que le “carving” Ă©tait « une mode dĂ©bile qui passera vite Â»

.

Oui ? Non ?

Oui
 enfin, oui, tu peux dire que c’est trĂšs con ! Que c’est du surcodage 

de et pour maniaques ! En outre, ça viole toutes nos chĂšres conventions ! 
Ça associe la carpe et le lapin, les prĂ©tendues mises en relief (expression qui
renvoie à des cas trÚs variés
) et les termes étrangers non intégrés au lexique
français (et l’ital, il sert Ă  quoi ?) !

Toutefois, je me demande si c’est bien raisonnable d’évoquer une pratique

si marginale
 Qui sait ? Elle pourrait sĂ©duire quelque farfelu l’ayant dĂ©cou-
verte grĂące Ă  notre FAQ !
 Nos recommandations, peau de balle ! C’est
chouette, j’adopte !

Mets bien dans la tĂȘte de l’éventuel lecteur que ce « mĂ©lange Â» n’a rien Ă  

voir avec l’une des formules de citation seconde ! Myself, en commençant Ă 
lire ta phrase, je me suis demandé pourquoi tu condamnais le mélange
 Il
est vrai que je suis un rien abruti, this evening
 Tout de mĂȘme
 faut que le
lecteur comprenne que si : 

Il m’a dit que le “carving” Ă©tait « une mode dĂ©bile

qui passera vite Â»

est une ignominie
 eh ben
 surprise
 

Il m’a dit que « le

“carving” est une mode dĂ©bile qui passera vite Â»

est déjà moins pénible,

mĂȘme si, Ă©videmment, dans cet exemple, l’ital ferait meilleure figure
 ce qui
me fait penser qu’un exemple avec un terme français mis en relief (hihi
), par
exemple pour indiquer une acception trĂšs particuliĂšre, serait plus probant.

Mauvais, pas bon, odieux : 

Il m’a dit que la “typographie” Ă©tait « une mode

dĂ©bile qui passera vite Â»

.

Bon, subtil, correct : 

Il m’a dit que « la “typographie” est une mode dĂ©bile

qui passera vite Â».

À Typographie, le 14 septembre 2001.

J. Tombeur : 

Jean MĂ©ron s’est interrogĂ© sur cette question. Il prĂ©conise les

guillemets doubles pour marquer les citations, les guillemets simples pour
marquer une notion de doute, d’incertitude, ou cet usage de distanciation.

La citation et la prise de distance relĂšvent de la mĂȘme dĂ©marche. Vouloir les

diffĂ©rencier graphiquement est une idĂ©e farfelue. Du surcodage, l’horreur
donc


J. Tombeur : 

Son raisonnement : puisqu’il y a des doubles et des simples,

autant tirer parti des simples.

Quels « guillemets simples Â» ? Qu’est-ce que tu appelles des « guillemets 

simples Â» ?
 Les â€č chevrons â€ș ? Que le Seigneur te vienne en aide, malheureux
Ă©garé 

49

GUILLEMET

background image

J. Tombeur : 

L’origine de l’emploi des guillemets, c’est le besoin de marquer

« ce qui n’appartient pas Ă  l’auteur Â».

L’origine des guillemets fut le souci de remplacer l’italique quand on n’en

disposait pas. Ces temps sont révolus depuis lure-lure. Des rÎles distincts et
prĂ©cis ont Ă©tĂ© attribuĂ©s Ă  l’italique et aux guillemets. Du moins en France.

J. Tombeur : 

Certains seraient assez partisans de se dispenser totalement

des guillemets.

Des noms !

Guillemets et italique

À Typographie, le 13 janvier 1998.

D. Punsola : 

Ça me fait penser à l’abus des guillemets. C’est un processus

exclusivement liĂ© Ă  l’écrit. Lorsque le texte est lu, l’intention que veulent 
traduire les guillemets disparaĂźt. Les guillemets sont souvent une paresse de
l’auteur. Il veut par là exprimer une nuance, mais il serait tellement mieux de
l’exprimer par des mots. Il arrive mĂȘme parfois que l’on n’arrive pas Ă  com-
prendre l’intention que l’auteur a voulu mettre dans les guillemets. Je trouve
que tout cela traduit un mépris de la langue.

Sur un certain usage des guillemets, je suis plutît d’accord avec vous, mais

je me garderai bien de le condamner sans appel. Encadrant un mot ou une
expression appartenant en propre au texte de l’auteur (n’étant donc pas une
citation d’un tiers), les guillemets sont le signe d’une acception subjective, à
l’inverse de l’italique, qui est la marque de l’objectivitĂ© (voir son emploi dans
l’autonymie).

Exemples :
— Il est clair que 

typographe

est un substantif masculin.

— Ce « typographe Â» ne manque pas d’air.
Évidemment, tout abus des guillemets subjectifs est ridicule, lourdingue 

et, pour le coup, un peu mĂ©prisant pour le lecteur, dont on doute qu’il soit
capable de saisir sans aide une inflexion de sens. Mais là, on est déjà en pleine
stylistique typographique


À Typographie, le 28 novembre 1998.

J.-D. Rondinet :

OK pour l’exemple « guilles quand on n’a pas d’italique Â»,

Attends, attends, JiDĂ© ! C’est vrai, la question se pose
 mais pas tous les

jours et pas partout


Qui, aujourd’hui, n’a pas d’italique ? J’entends
 qui compose aujourd’hui

des textes oĂč le respect des conventions typographiques s’impose (sinon,
pourquoi interroger la FAQ-Typo ?)
 sans avoir d’italique sous la main ? [
]

50

GUILLEMET

background image

Certes, je le sais bien, les guillemets remplaçaient jadis l’ital
 Certes, je le

sais bien, cette question se pose avec des polices qui par nature ignorent 
l’italique
 Mais qui compose en gothique, en chancellerie, en Stencil machin,
en Trucwood ? Certaines polices (linĂ©ales, mĂ©canes
) ayant une bonne mine
romaine (qui les rend appétissantes et aptes à la compo) sont dépourvues de
vĂ©ritable italique ? Eh bien, on les fout Ă  la poubelle ou on les oublie
 Il existe
suffisamment de bonnes polices auxquelles il ne manque rien !

À Typographie, le 14 septembre 2001.

J.-C. Dubacq :

Je vais le dire bĂȘtement, mais si on met [le mot « a priori Â»]

entre guillemets, ça ne peut pas aider ?

Ce serait une « insistance Â» bien particuliĂšre puisqu’elle signalerait au lecteur

que le terme ou l’expression est Ă  prendre avec des pincettes
 en clair : que
l’auteur l’emploie dans une acception trĂšs inflĂ©chie, « personnelle Â», voire lour-
dement ironique, Ă  ne surtout pas prendre Ă  la lettre, bref, le contraire de
l’« objective Â» insistance dĂ©sirĂ©e


Si l’on tient vraiment Ă  « insister Â» (ce qui est quand mĂȘme une curieuse

idĂ©e
) sur un terme ou une expression appelant l’italique
 attendu que 
l’italique de la graisse ambiante n’est d’aucun secours
 attendu que le romain
ordinaire aurait le double inconvĂ©nient de ne pas insister et d’introduire une
faute, que le gras est une abomination et le soulignement une horreur sata-
nique, que les guillemets sont exclus
 que reste-t-il ? Beaucoup de choses

par exemple, et par ordre de « tolĂ©rabilitĂ© Â» dĂ©croissante : les petites caps
romaines, l’ital demi-gras dans le mĂȘme corps, l’ital bas de casse d’un ou 
deux points supérieur au corps courant


J. Tombeur : 

Par ailleurs, les guillemets peuvent avoir un effet de renforcement

(totalement Ă  l’opposĂ© de la distanciation, donc). Ainsi, dans l’énoncĂ© : 

c’est

proprement « stupĂ©fiant Â»

, les guillemets de « stupĂ©fiant Â» peuvent indiquer qu’il

s’agit bien du seul terme appropriĂ©, adĂ©quat, qu’il n’en vient pas d’autre Ă 
l’esprit, qu’il faut prendre stupĂ©fiant Ă  son sens « premier Â».

Niet
 Pour insister lourdement (et le plus souvent inutilement) sur 

l’emploi « objectif Â» du sens premier, c’est l’italique qu’il faut employer.

En gros, quand le signal renvoie au locuteur (le scripteur ou un tiers

« citĂ© Â»â€Š), guillemets. Quand il renvoie au terme lui-mĂȘme et de ce fait 
exclut autant que faire se peut le locuteur (emploi ostensiblement objectif,
autonymie, etc.), italique.

Cela dit
 s’il faut indiquer au lecteur quels termes sont employĂ©s Ă  coup

sĂ»r dans leur sens premier et quels sont ceux oĂč un inflĂ©chissement est Ă 
prendre en compte
 la néotypographie va devenir amusante
 Rien que de
l’ital et du romain entre guillemets


51

GUILLEMET

background image
background image

Habillage

Disposition du texte suivant le contour d’une illustration.

Habitant fi Peuple

Hauteur fi 

ƒil.

Hauteur de page.

Hauteur totale de la composition, par opposition Ă  la justification

(largeur). On l’exprime en points ou, aujourd’hui, en millimùtres.

∞

Hauteur en papier, ou hauteur typographique.

Distance prise de la base du caractùre en plomb jusqu’à la surface

de l’Ɠil. En France : 

23,56

mm.

Lefevre

1883

: Â« Ă€ Paris, cette hauteur est gĂ©nĂ©ralement de 

10

lignes

et demie ; Ă  Lyon, de 

11

lignes ; Ă  Strasbourg, de 

11

lignes un quart. Â»

À Typographie, le 9 mai 2001.

J. AndrĂ© :

Pour ĂȘtre un peu pĂ©dago/dĂ©mago : la hauteur en papier, c’est 

la hauteur du parallĂ©lĂ©pipĂšde en plomb oĂč le caractĂšre Ă©tait moulĂ© : une 
des premiĂšres « normes Â» mondiales a justement Ă©tĂ© celle-ci qui permettait 
de mettre des caractĂšres de mĂȘme hauteur dans des galĂ©es, de façon Ă  ce
que le papier les touche tous. Cette troisiĂšme dimension a disparu avec la
linotypie puis surtout avec la photocomposition !

La « hauteur en papier Â» inclut la hauteur d’Ɠil : c’est la hauteur 

totale

du

caractĂšre, de la base jusqu’au plan de l’Ɠil (forcĂ©ment
 c’est lui qui est en
contact avec le papier
). La hauteur du parallĂ©logramme, c’est la « hauteur 
de moule Â».

53

background image

En Belgique, tu pouvais trouver de tout, en gros de 23 mm Ă  25 mm
 le

bordel, quoi
 Par taille dĂ©croissante : hauteur hollandaise, hauteur flamande,
hauteur belge, hauteur française, hauteur de Paris, hauteur anglaise
 (cf. Jean
Dumont).

Sabine : 

« Hauteur des caractĂšres : Avant la publication de l’ordonnance 

de 1723, la hauteur des caractĂšres dĂ©pendait exclusivement de la fantaisie 
des fondeurs, de telle sorte que les imprimeurs Ă©taient tenus de s’adresser
toujours au mĂȘme fournisseur. Il fut un temps oĂč chaque ville ayant un fon-
deur en caractĂšre avait sa hauteur de lettre particuliĂšre. La hauteur de Lyon
et celle de Strasbourg furent maintenues longtemps encore aprĂšs la mise en
vigueur de l’ordonnance rendue par Louis XV. Ces hauteurs, ainsi que celle
d’Avignon, Ă©tablie Ă  la fin du siĂšcle dernier dans la fonderie-imprimerie Auba-
nel, étaient supérieures à la hauteur dite française qui mesure trÚs exac-
tement 63 points Ă©quivalant Ă  0m.0235 

(sic)

, lesquels correspondent eux-

mĂȘmes Ă  10 lignes

1

⁄

2

de l’ancien pied de roi.

« La hauteur française a Ă©tĂ© admise par la plupart des pays d’Europe, sauf

par la Belgique et la Hollande, oĂč elle est supĂ©rieure d’environ un point et
demi, et, en Angleterre, inférieure de un point. La hauteur américaine est
identique Ă  la hauteur anglaise. Â»

Extrait de 

Chronologie des arts graphiques

, NoĂ«l, 1935.

Encore plus exactement
 62 points 

3

⁄

4


 mais comme personne ne sait

plus à quel point se vouer (ici, il s’agit du point Didot), autant s’en tenir aux
millimùtres


Hauteur anglaise : 23,31 mm.
Hauteur française : 23,56 mm.
Hauteur belge : 23,68 mm.
Hauteur hollandaise : 24,85 mm

Heureusement, toutes ces conneries, c’est du passé  Vive le systĂšme

mĂ©trique ! (MĂȘme pour les corps
 Allez-y, tapez
)

∂

54

HAUTEUR

background image

Heure

« En ce moment il est 

2

h

30

ou peut-ĂȘtre 

3

h

15

du

matin et Gerfaut tourne autour de Paris Ă  

145

km/h en

Ă©coutant de la musique West Coast, principalement des
blues, sur son lecteur de cassettes. Â»
Jean-Patrick Manchette, le Petit Bleu de la cĂŽte Ouest.

Attention à la précision
 Il est huit heures précise

s

, mais : il est

huit heures juste.

On n’emploie pas le symbole h pour les indications d’orientation :

je l’aperçois, lĂ , Ă  10 heures !

À F.L.L.F., le 2 septembre 2001.

Pokao

74

:

Mais ce problĂšme de langue s’est posĂ© avec des amis d’une 

mauvaise foi caricaturale.

Ah ! s’il s’agit de combattre la mauvaise foi, je fais un effort
 Tous les 

dictionnaires des « difficultĂ©s Â» (comme s’il y en avait !) du français (Thomas,
Girodet, Colin, Hanse, PĂ©choin
) donnent Ă©videmment tort Ă  vos amis. S’ils
n’en disposent pas, c’est trĂšs facile Ă  vĂ©rifier dans la premiĂšre librairie venue.
Il suffit de chercher Ă  « prĂ©cis Â» (sauf chez Hanse, qui se distingue une fois de
plus
 et qui traite le sujet Ă  « heure Â»â€Š).

Pokao

74

:

Est-ce que dans 

Ă  20 heures prĂ©cise(s)

, il faut mettre un 

s

ou non ?

Précises.

Pokao

74

:

De mĂȘme, qu’en est-il pour « 20 h 30 prĂ©cise(s) Â» ?

Kif-kif.

Pokao

74

:

Et en Ă©largissant un peu, qu’en est-il pour 1,2 kilogramme(s) ?

Rien Ă  voir. 1,2 kilogramme.

Hors-texte

‱‱

Dans un ouvrage, tout élément figurant sur un feuillet (ou un

cahier) intercalĂ© qui n’a pas Ă©tĂ© tirĂ© en mĂȘme temps que les feuilles de
texte. Il s’agit le plus souvent d’illustrations exigeant un papier et un
tirage particuliers.

Par une extension abusive mais commercialement e

∑

cace, on

qualifie aujourd’hui de « hors-texte Â» tout ensemble d’illustrations

55

HEURE

HORS-TEXTE

background image

figurant sur des feuillets qui interrompent le texte courant
 ce 
qui n’implique nullement un tirage particulier, ni mĂȘme une feuille
distincte.

Le trait d’union figure uniquement lorsque « hors-texte Â» est

employĂ© comme substantif : un hors-texte, une planche hors texte.

HĂŽtel fi 

EnseigneMonumentMusée, galerie.

« Dans les hĂŽtels c’était pis encore. LĂ , les maris et

les frĂšres de ces dames entreprenaient chaque jour,
dĂšs le matin, ces championnats de claquements de
portes qui sont dans l’univers entier les plus remar-
quables manifestations du tact et du savoir-vivre
anglo-saxons. Â»

Henri BĂ©raud, le Martyre de l’obĂšse.

L’hîtel Carnavalet, l’hîtel de Massa, l’hîtel de la Monnaie.
Un hĂŽtel de ville, l’HĂŽtel de Ville (de Paris). 

∫

56

HORS-TEXTE

HÔTEL

background image

Incipit

Mot latin (« il commence Â») francisĂ© (un incipit, des incipits) dĂ©si-

gnant les premiers mots d’un manuscrit, d’un livre et, par extension,
d’un texte quelconque.

Dans les ouvrages de poésie rassemblant de nombreux poÚmes

dépourvus de titre, une table des incipits est indispensable.

Incunable

Du latin incunabula (« langes, berceau, commencement Â») : ouvrage

imprimĂ© avant 

1500

.

Index fi 

AbréviationBibliographieParticule.

ProblÚmes généraux de classement et de présentation

À Typographie, du 12 au 25 janvier 1998.

J. Fontaine :

La question devrait ĂȘtre posĂ©e Ă  Alain LaBontĂ©, qui frĂ©quente,

entre autres, la liste France-Langue et qui est une (sinon 

la

) sommitĂ© inter-

nationale sur le sujet, puisqu’il est le pĂšre d’une ingĂ©nieuse norme de clas-
sement alphabĂ©tique et de tri qui est en voie de s’imposer dans l’industrie.

Oui, Alain est un type Ă©patant, chaleureux et compĂ©tent ! Il apporterait beau-

coup Ă  cette liste, Ă  commencer par des informations de premiĂšre main sur
Unicode


J. Fontaine :

À titre d’exemple, voici une liste alphabĂ©tique conforme Ă  la

norme : @@@@@, 0000, 9999, Aalborg, aide, aĂŻeul, air, Ålborg, aoĂ»t, caen-
nais, cÊsium, çà et là, C.A.F., Canon, cañon, casanier, cÞlibat, coop, co-op,
COOP, CO-OP, Copenhagen, cote, COTE, cĂŽte, CÔTE, cotĂ©, COTÉ, cĂŽtĂ©, CÔTÉ,

57

background image

Ă©lĂšve, Ă©levĂ©, GrĂ¶ĂŸe, Grossist, Ăźle, Île d’OrlĂ©ans, lame, l’ñme, L’HaĂż-les-Roses,
McArthur, Mc Arthur, Mc Mahon, MÂCON, maçon, MODÈLE, modelĂ©, NoĂ«l,
NOËL, notre, nĂŽtre, pĂȘche, pĂ©chĂ©, PÉCHÉ, pĂ©cher, pĂȘcher, relĂšve, relevĂ©,
rĂ©sume, rĂ©sumĂ©, RÉSUMÉ, rĂ©vĂšle, rĂ©vĂ©lĂ©, vice-president, vice-prĂ©sident, vice-
president’s offices, vice-presidents’ offices, vice versa, VICE-VERSA.


 Aussi, ne lui rĂ©pĂ©tez pas que je ne suivrai pas la norme en voie de s’im-

poser dans l’industrie
 D’abord parce que l’industrie ne m’intĂ©resse pas

ensuite parce que c’est une norme de 

tri

(donc un machin intermédiaire
),

enfin parce qu’elle contredit sur des points essentiels l’ordre alphabĂ©tique, 
le seul qui vaille en matiùre d’indexation.

Cette norme est valable pour les documentalistes, les techniciens, les 

trieurs, les statisticiens, tout ce que vous voudrez, elle ne concerne pas véri-
tablement ceux qui s’efforcent de publier de bons livres en français, avec de
bons index. Enfin, c’est ce que j’espĂšre, car je commence Ă  ĂȘtre inquiet


Inutile d’aller bien loin. Dans un dictionnaire ou un index, neuf mille neuf

cent quatre-vingt-dix-neuf (en supposant que ce nombre idiot désigne ou
détermine un machin quelconque, sinon que vient-il foutre dans une telle
liste
) se classe Ă  « N Â»â€Š avant 

Nuit et Brouillard

mais aprĂšs le 

1900

de 

Bertolucci ou le 

1984

d’Orwell, qui se classent Ă  « M Â»â€Š

Donc, tout dĂ©pend de quoi l’on parle
 Ce qu’il y a de terrible avec le mot

« norme Â», c’est qu’il a tendance Ă  amplifier l’extension de ce qu’il dĂ©signe


A. LaBontĂ© : 

Le classement d’annuaires et le tri sont deux opĂ©rations 

légÚrement différentes.

C’est un « dĂ©tail Â» que j’ai dĂ©jĂ  Ă©voqué  et la diffĂ©rence est si lĂ©gĂšre que je

crois nĂ©cessaire de la souligner lourdement !

Autre exemple
 Selon une norme de tri, 

Henri VI le SĂ©vĂšre

sera classé

aprĂšs 

Henri II le Magnifique


 Mais dans un dictionnaire encyclopĂ©dique bien

conçu, ce sera l’inverse, car cet 

Henri VI

est un empereur germanique et cet

Henri II

un roi de Castille et León


Je ne conteste pas la validitĂ© des normes de tri
 je m’inquiĂšte du fait 

qu’elles puissent ĂȘtre confondues avec autre chose par les feignants ou les
cancres ! Le boulot n’est pas terminĂ©. Trier n’est pas ordonner
 L’ordonnance
varie selon le lieu, la langue, les traditions, l’idĂ©ologie et toutes ces sortes de
choses humaines. Le tri est un processus bien utile, l’ordonnance est parfois
une manifestation du libre choix.

Nous sommes Ă©videmment d’accord sur ce point et mĂȘme sur un autre 

qui n’a pas encore Ă©tĂ© abordĂ© : qu’est-ce qu’on trie ? (Je n’évoque que ce que
je connais, par exemple les index d’ouvrages Ă©ditĂ©s.) Si c’est une liste sur
laquelle aucun choix orthotypographique n’a Ă©tĂ© maĂźtrisĂ©, cela ne servira pas
Ă  grand-chose
 

58

INDEX

background image

Exemples : statut des particules françaises et Ă©trangĂšres, statut des titres

d’Ɠuvres


Il y a deux ans, j’ai indexĂ© un gros bouquin : 15 000 entrĂ©es d’index, essen-

tiellement des titres et des patronymes. Quelques minutes pour effectuer un
tri automatique. Des jours et des jours de boulot à la main pour mettre ça dans
un ordre digne de ce nom
 

Ordem e progresso

, comme disent les BrĂ©siliens,

qui jadis ont trop lu Auguste Comte


D. Pemerle :

Exemples : le Viager, le Viagra, la Vidange, la Vie Ă  Paris, la Vie

aux champs, la Vie aux Champs-ÉlysĂ©es, la Vie zozotante, le ViĂȘt Nam terre de
contrastes, etc.

Ah
 ben
 dĂ©solĂ©, mais je ne suis pas d’accord sur ce coup
 Moi, dans un

index, je classe ainsi : le Viager, le Viagra, la Vidange, la Vie Ă  Paris, la Vie aux
champs, la Vie aux Champs-ÉlysĂ©es, le ViĂȘt-Nam terre de contrastes, la Vie
zozotante, etc.

D. Pemerle :

Je ne me souviens plus quand on m’a transmis cette rĂšgle 

de l’ordre alphabĂ©tique, ni de qui je la tiens. Je vais essayer de la formuler.
L’ordre alphabĂ©tique d’une succession de « mots Â» est dĂ©terminĂ© par la place
qu’occupent dans l’alphabet les lettres qui les composent. Un mot, c’est 
une succession de lettres plus une espace (qui fait que ce qui la précÚde est,
justement, un mot).

Eh bien, je ne suis toujours pas d’accord
 et je ne suis pas le seul ! Ouvre

ton 

Robert des noms propres

. Cherche Ă  « roman Â». Tu verras la succession 

suivante : 

le Roman bourgeois

, Romanche,

le Roman comique.

Prends maintenant le 

Petit Larousse

:

Roman bourgeois (le)

, Romanche,

Roman comique (le).

Pour moi, la premiĂšre « rĂšgle Â» est simple : les espaces, les apostrophes 

et les traits d’union, on n’en a rien Ă  foutre ! Pas de quartier ! AprĂšs, ça se 
complique un peu, mais le gros est fait


M. Bovani : 

Je préfÚre un systÚme qui permette de décider sans ambiguïté

de l’ordre de classement


Moi aussi


M. Bovani : 

Pas de quartier ?

Oc, oc, j’ai Ă©tĂ© un peu violent, mais tu aurais dĂ» remarquer que j’avais pris

la prĂ©caution d’écrire ceci : « Pas de quartier ! AprĂšs, ça se complique un peu,
mais le gros est fait
 Â» 
 car, aprĂšs, effectivement, se pose le problĂšme des
homographes et des quasi-homographes
 et bien d’autres encore *. Il ne 

59

INDEX

* Oui, il y a quantitĂ© d’autres critĂšres, selon le « genre Â» du classement
 Par exemple,

un 

Jean IV

peut ici ĂȘtre placĂ© avant un 

Jean III


 alors qu’ailleurs il le suivra


background image

s’agit pas d’éliminer les espaces, les traits d’union et les apostrophes ! mais 
de ne pas en tenir compte dans un premier temps (ce qui n’est pas la doctrine
de Didier)
 Ensuite, Ă©videmment, tous ces signes sont discriminants dans le
classement des quasi-homographes (comme les diacritiques, bien entendu).

B. Lebioda :

Quitte à faire hurler quant aux pratiques des bibliothécaires et

documentalistes, j’opte moi aussi pour la premiùre version.

Si vous classez 

ViĂȘt-Nam, terre de contrastes

aprĂšs 

Vie zozotante

, pourquoi

ne pas classer 

La Fontaine

avant 

Lafayette

?


En soi, vos pratiques ne sont bien entendu pas dĂ©nuĂ©es de « sens Â»â€Š mais

est-il indispensable qu’elles s’éloignent Ă  ce point de ce qui se fait hors de 
vos murs ? L’usager (des dictionnaires et de vos catalogues
) a-t-il quelque
chose à gagner dans cette diversité, dans ces contradictions, disons dans ce
bordel
 ? Ici, il prend la saine habitude de considĂ©rer que l’ordre alphabĂ©tique
dĂ©pend essentiellement de la succession des signes alphabĂ©tiques
 lĂ , on 
lui explique qu’il n’en est rien
 Avouez qu’il y a de quoi ĂȘtre perturbé  et 
de quoi se poser deux ou trois questions


D. Pemerle :

Mais comment peux-tu espérer classer des mots si tu ne tiens

pas compte de ce qui les fait mots, les dĂ©limite comme mots ?

Précisément parce que (dans les exemples cités), on ne classe pas des

phrases
 mais des mots, des locutions ou des expressions figées, des déno-
minations propres (y compris les titres qui s’analysent comme des phrases 
verbales
), bref, des unitĂ©s (« lexicales Â», au sens large
) et non des struc-
tures (syntaxiques)
 Tes dĂ©limiteurs n’ont pas Ă  ĂȘtre pris en compte ici. Sauf
Ă  vouloir crĂ©er un bordel inextricable


Ton systÚme peut fonctionner dans un cadre cohérent (par exemple dans

un index oĂč ne figurent que des titres, ou dans une nomenclature homogĂšne).
DĂšs lors que tu dois classer des Ă©lĂ©ments disparates, tu ne peux plus l’appli-
quer systĂ©matiquement
 Alors, autant ne jamais l’appliquer
 et utiliser la
seule mĂ©thode qui fonctionne toujours
 Inutile d’imposer au lecteur des
complications inutiles. Il y en a suffisamment d’indispensables


D. Pemerle :

Attends, je parlais des titres d’ouvrage dans les dictionnaires

qui s’y consacrent. Dans ce cas-lĂ  on a intĂ©rĂȘt Ă  voir en succession continue
tous les titres du genre 

la Vie Ă 

,

aux, de

,

de la

,

des

,

du

, etc. Il me semble, Ă  moi,

qu’il y a gain d’information, de commoditĂ© de consultation.

J’ai des doutes
 Prends le 

Dictionnaire des littératures de langue française

(Bordas). Pour son index des Ɠuvres, il emploie ta mĂ©thode
 RĂ©sultat, il est
contraint de consacrer des dizaines de lignes au « mode d’emploi Â» ! PrĂ©caution
révélatrice, me semble-t-il


De toute façon, lorsque la proximitĂ© de deux titres est un « gain d’informa-

tion Â», elle est Ă©galement assurĂ©e par un classement strictement alphabĂ©tique :

60

INDEX

background image

je doute que l’oubli des espaces Ă©loigne beaucoup 

À la recherche de Marcel

Proust

(Maurois) de 

À la recherche du temps perdu

(Proust)


D. Pemerle : 

Tu auras remarquĂ© qu’il y a des ouvrages avec plusieurs index :

des noms de personnes, des titres d’Ɠuvre, des notions ou des noms com-
muns
 Pas pour les beaux yeux du lecteur, mais parce qu’il y a des 
classements peu compatibles.

Nous sommes bien d’accord : il y a des « mĂ©thodes Â» de classement incom-

patibles
 Au lecteur de se démerder avec trois index construits selon des
méthodes incompatibles


J. AndrĂ© : 

Ce midi j’ai eu l’occasion de chercher le mot 

portée

dans le 

Robert

(Ă©dition de 1966, en 6 volumes). 

Voici les entrĂ©es que donnait ledit 

Robert

: Porte-drapeau 
 PortĂ©e : cf. 

ci-dessous (aprĂšs Porte-voix) 
 Porte-enseigne â€Š Porte-voix 
 PortĂ©e 


Le 

Grand Robert

est le dictionnaire le plus surĂ©valuĂ© du siĂšcle. À jeter 

d’urgence


J. AndrĂ© : 

Que dit aujourd’hui le 

Robert

? Et les autres dicos ?

Le Petit Robert

, qui est un des meilleurs dictionnaires du siĂšcle, fait comme

tous ses collÚgues sérieux
 Il classe alphabétiquement
 donc sans tenir
compte des traits d’union


J. AndrĂ© :

En tout cas je retiens de ça que le Français (pardon le franco-

phone) moyen ne sait pas comment classer les choses et que finalement la
solution du 

Robert

en 1966 (aider le lecteur) n’est pas trop idiote !

C’est prĂ©cisĂ©ment parce qu’elle engendre des hĂ©sitations que cette solution

est complĂštement idiote !


J. AndrĂ© :

P.-S. Il y a beaucoup de vrais mots comme ça qu’on hĂ©site Ă  

classer ?

Aucun ! Il suffit de connaĂźtre son alphabet dans le bon ordre : a, b, c, d, etc.,

ce qui est généralement le cas des lecteurs
 Et là, aucune hésitation


À Typographie, le 4 juin 2001.

F. PĂ©rotin

: Convient-il de faire une diffĂ©rence entre le traitement d’annuaires

(plutĂŽt importants) et celui des encyclopĂ©dies ou des dictionnaires ?

Bien entendu. Il convient mĂȘme de diffĂ©rencier tout ce qui est diffĂ©rent


Ainsi, dans un dictionnaire encyclopĂ©dique (français) bien fait (c’est-Ă -dire
visant et rĂ©ussissant Ă  faciliter les recherches du lecteur), le prĂ©nom (et la 
particule sauteuse) n’est pas la deuxiĂšme clé  Celle-ci n’a rien d’alphabĂ©-
tique
 elle est numĂ©rique : c’est la date de naissance !

Machin (Paul) 1715-1788, Machin (Boris) 1812-1894, Machin (ArsĂšne) 1902-1957.

61

INDEX

background image

Dans un index, la chronologie passe Ă  la trappe, et c’est heureux : la 

recherche s’effectue sur un autre mode. Pour les annuaires, je n’ai pas d’avis :
j’ignore tout de ce monde et de ses besoins. Autre exemple
 Si, toujours dans
un dictionnaire encyclopédique, tu souhaites trier certains prénoms, la pre-
miĂšre clĂ© sera d’une nature trĂšs spĂ©ciale
 Prends un machin aussi simple que
« Jean Â»â€Š On ne mĂ©lange pas les saints, les papes, les empereurs, les rois (de
France, du Portugal
), etc. MĂȘme dans un index, y a pas intĂ©rĂȘt Ă  traiter
« mĂ©caniquement Â» les « Jean Â», les « Charles Â» ou les « Philippe Â»â€Š Bref, ici
comme dans tous les autres cas, la simplification du travail des professionnels
(payĂ©s) ne devrait 

jamais

ĂȘtre obtenue (et mĂȘme demandĂ©e
) au prix de la

complication de la vie des utilisateurs (payants).

Renvois à des numéros de page

À Typographie, le 14 avril 1998.

E. Curis :

Tartempion, 128

ou 

Tartempion 128.

Si les deux sont « corrects Â», petit

sondage pour choisir : lequel prĂ©fĂ©rez-vous ?

Il existe de nombreuses formules (virgule, deux-points, etc.), mais l’une de

celles que vous citez n’est pas correcte : la seconde
 Enfin
 « correct Â» ou
« incorrect Â», that is not the question. Ce qui compte, c’est l’efficacitĂ©. Imaginez
que vous ayez Ă  indexer des machins se terminant par un nombre (ou, pis, des
nombres purs et simples
) :

Fahrenheit 451

613.

Fanny

512.

Certes, vous pouvez jouer sur la graisse, l’ital, tout ce que vous voudrez


Reste que ça « fonctionne Â» mal
 Mieux vaut :

Fahrenheit 451

, 613.

Fanny

, 512.

À F.L.L.F., les 4 et 5 octobre 2000.

É. Savary :

Dans un index alphabĂ©tique, Ă  la fin d’un ouvrage spĂ©cialisĂ©, on

trouve des rĂ©fĂ©rences Ă  des mots de la maniĂšre suivante :

Panoplie 45-55.

Bleue 47.

Verte 49.

Mon problĂšme concerne la notation des entrĂ©es se retrouvant sur une page x

et

la page suivante 

seulement

(a) et les entrĂ©es d’une page x 

et suivantes

(b). 

En anglais, (a) est notĂ© : 

Mot indexé 5p

. ; (b) est notĂ© : 

Mot indexé 5pp

.

En allemand, (a) est notĂ© :

Mot indexé 5f

; (b) est notĂ© :

Mot indexĂ© 

5ff. 

62

INDEX

background image

Cela existe-t-il en français et dans ce cas, quelle en est la notation ? Je ne

connais que 

mot indexé 5 et suiv.

, mais cela ne rĂ©fĂšre, Ă  ma connaissance,

qu’aux pages suivantes sans distinction entre 

x+


 ou 

x + 1

seulement. 

Quelqu’un peut-il m’aider ?

En français, vous disposez de la fausse prĂ©cision latino-pĂ©dante (sq : et 

suivante ; sqq : et suivantes) et de la lĂ©gĂšre imprĂ©cision sympathique et 
comprĂ©hensible par tous vos lecteurs (et suiv. : et suivante ou
 et suivantes).

S’il s’agit d’un index, la vĂ©ritable prĂ©cision est lĂ  :
44 (page 44)
44, 45 (pages 44 et 45)
44, 46 (page 44 et page 46)
44-53

(de la page 44 Ă  la page 53)

S’il s’agit de rĂ©fĂ©rences, ajoutez « p. Â» (espace insĂ©cable aprĂšs le point abrĂ©-

viatif) devant le ou les folios
 et oubliez le reste


J. Fontaine :

Question existentielle : dans le cas de deux pages qui se 

suivent, peut-on Ă©crire 44-45 au lieu de 44, 45 ?

On pourrait (dans d’autres cas, on le doit *
), mais ici (pages) il y a un

risque : celui d’endommager une convention bien utile et trĂšs efficace.

Un risque, donc, et quantitĂ© de problĂšmes
 dont celui de la « fraction-

nabilitĂ© Â» et celui des limites et de l’intervalle. « De 14 h Ă  15 h, je lirai votre livre
de la page 14 Ă  la page 15 Â» est une phrase certes comprĂ©hensible mais assez
troublante


L’alternative que vous Ă©voquez (contiguĂŻtĂ©/continuitĂ©) est bien rĂ©elle. 

Elle s’exprime graphiquement dans certains cas. Dans d’autres, ce n’est pas
souhaitable
 car l’information apportĂ©e serait dĂ©risoire en regard du trouble
engendré.

S’agissant des index, la prĂ©sence effective du terme (ou du nom propre)

dans la page est effectivement une question fondamentale qui recoupe celle
de l’alternative. Choix dĂ©cisif qui dĂ©pend de nombreux paramĂštres (nature de
l’ouvrage, de l’index, des termes indexĂ©s
), donc, pas de rĂ©ponse toute faite.
Qu’indexe-t-on ? Les occurrences (contiguĂŻtĂ©) ou leur extension (continuitĂ©) ?
Dans certains cas, les deux
 et lĂ  je vous suivrais volontiers : une distinction
graphique est envisageable, mais ce n’est pas nĂ©cessairement un signe, ce
peut ĂȘtre un format ou un enrichissement typographique, du moins lorsque
ces marques ne sont pas employĂ©es Ă  d’autres fins, plus importantes


63

INDEX

* Par exemple : « AprĂšs la funeste expĂ©rience londonienne (1842-1843), il se retira Ă 

Saint-Locdu, ville oĂč ses deux premiers ouvrages avaient Ă©tĂ© publiĂ©s (1836, 1837). Â» La
virgule entre les dates signifie « et Â», et le tiret signifie « Ă  Â».

background image

Classement des noms Ă  particule

À France-Langue, du 25 au 30 juillet 1997.

Nobles ou roturiers, tous les « de Â» prĂ©cĂ©dant un patronyme « français Â» sont

en France des prépositions (et des particules) qui ne prennent pas la capitale
initiale 

et

qui ne dĂ©terminent pas l’ordre alphabĂ©tique


A. LaBontĂ© :

D’ailleurs je crois que la norme Afnor ignore le « de Â» nobiliaire

mais laisse le « De Â» lorsqu’il y a une majuscule, car peu importe ce que l’on
dit, les deux cohabitent.

Bien sĂ»r (pour les particules « Ă©trangĂšres Â» : NF Z 44-062).

A. LaBontĂ© :

Cette pratique d’ignorer parfois la particule et de ne pas l’igno-

rer d’autres fois est totalement anticonviviale et faite pour des spĂ©cialistes du
classement, certainement pas pour ceux qui cherchent un nom de famille


Pardonnez-moi, mais je suis en dĂ©saccord avec ce jugement
 
Que proposez-vous pour amĂ©liorer nos pratiques ? De tenir compte de 

toutes

les particules ou d’

aucune

? Dans les deux cas, on va se heurter Ă  des

problùmes insolubles
 et, surtout, on heurtera les utilisateurs (voir le point
suivant
). 

Serait-il plus convivial de classer Vigny (Alfred de) Ă  « D Â» avec De Valera, ou

de classer De Valera Ă  « V Â» avec Vigny ?
 Moi, je prĂ©fĂšre qu’on les laisse Ă  leur
place
 Ça Ă©vitera de perturber les spĂ©cialistes et ceux qui cherchent un nom
de famille
 [
] 

Penser aux utilisateurs, c’est aussi respecter leurs habitudes
 surtout 

si elles sont bonnes. Je ne suis pas sûr que les (vrais) utilisateurs soient cou-
pĂ©s des traditions (je suis mĂȘme sĂ»r du contraire
). En revanche, plusieurs
normes Afnor (ou ISO) en laissent quelques-uns perplexes
 

Dans ce domaine comme dans beaucoup d’autres, la tradition française, 

élaborée par des générations de typographes, de lexicographes et de gram-
mairiens, me semble un amer beaucoup plus sûr que les balises normalisées.
Quant aux normes internationales
 comme vous le savez d’expĂ©rience, elles
ne sont pas nécessairement le fruit de réflexions et de négociations sereines


À Typographie, du 1

er

au 6 juin 2001.

F. PĂ©rotin :

Machin (Albert), Machin (Bertrand), Machin (Albert 

de

), Machin

(Pierre 

de

), MĂąchin (Jules), MĂąchin (Albert 

de

). Est-ce que cet ordre vous

paraĂźt correct ?

À mon sens, non. Tu ne peux Ă  la fois dire (avec raison) que certaines 

particules (en l’occurrence « de Â») ne jouent aucun rĂŽle dans le classement
alphabétique des patronymes
 et lui en faire jouer un
 La contradiction est
flagrante. Plus grave, cette façon de procĂ©der complique la vie du lecteur 

64

INDEX

background image

d’index
 qui n’est dĂ©jĂ  pas simple. Ici, les « de Â» ne devraient intervenir dans
le tri qu’à l’endroit oĂč tu les as placĂ©s.

F. PĂ©rotin :

Sinon, quel autre ordre serait le bon pour cette liste ? Machin

(Albert), Machin (Albert de), Machin (Bertrand), Machin (Pierre de), MĂąchin
(Albert de), MĂąchin (Jules).

A. LaBontĂ© :

À mon humble avis, cette tradition europĂ©enne (car elle existe

dans la plupart des pays europĂ©ens, et le renvoi des mĂȘmes particules varie
selon les pays !!!) de renvoyer en fin de rubrique la particule des noms de
familles date d’une pĂ©riode oĂč l’on ne voulait pas encombrer certains tiroirs
(bien réels) de fichiers au détriment des autres.

Je préconise pour ma part de considérer que la particule fait en tout temps

partie du nom de famille, et qu’elle se classe en ordre alphabĂ©tique en dĂ©but
de rubrique
 Ainsi, mon ordre de prĂ©fĂ©rence est plutĂŽt : de Machin (Albert),
de Machin (Pierre), de MĂąchin (Albert), Machin (Albert), Machin (Bertrand),
MĂąchin (Jules)

Il y a une autre raison, plus profonde et encore valide
 [Ne pas] classer La

Fontaine, Balzac, Musset ou Vigny Ă  « D Â»â€Š Je ne crois pas que le lecteur y
retrouve aisément ses petits


A. LaBontĂ© :

Dans ce cas, on a depuis longtemps oublié la particule.

Avec Montherlant ou Saint-Exupéry, la particule est oubliée depuis combien

de siĂšcles ?

A. LaBontĂ© :

Il est Ă©vident que toute rectification d’habitude comporte des

cas limites
 Dans ce cas les renvois ou les duplications de rubriques seraient
sans doute non seulement utiles mais nécessaires.

Mieux qu’une habitude, c’est une convention motivĂ©e
 et intimement liĂ©e

Ă  une autre. À l’inverse des particules « Du Â» ou « Des Â» (articles contractĂ©s), la
particule française « de Â» (prĂ©position), nobiliaire ou non (ce critĂšre n’a plus
aucune validitĂ© en France), ne dĂ©termine pas le classement alphabĂ©tique 

et

ne prend pas de capitale initiale. Pourquoi ? Parce qu’elle n’intervient qu’aprĂšs
un prĂ©nom ou un titre, une fonction ; en leur absence (frĂ©quente
), elle
disparaĂźt, elle n’existe plus ! [
] Comment admettre qu’un Ă©lĂ©ment si peu 
stable, si souvent absent, dĂ©termine 

prioritairement

le classement alphabé-

tique des patronymes ? ! (Les articles, eux, ne sautent jamais : Du Bellay, 
De Klerk.)

Ce ne sont pas des cas limites
 c’est le gros des troupes
 et pas seu-

lement pour les patronymes « français Â» affublĂ©s d’une prĂ©position sauteuse

Il faudra aussi classer CervantĂšs et Unamuno Ă  « D Â»â€Š Goethe, Schiller, 
Bismarck et Musil Ă  « V Â»â€Š LinnĂ© aussi
 Si je ne connaissais pas certaines de
tes convictions, je soupçonnerais une influence nĂ©faste
 par exemple celle
des De La Roche


65

INDEX

background image

A. LaBontĂ© :

Et les « von Â», s’ils sont ignorĂ©s en Allemagne, le sont-ils en

France ?

Oui, et dans les mĂȘmes circonstances que les « de Â» : Karajan
 mais (mono-

syllabique) von Braun.

A. LaBontĂ© :

Et les « van Â» ?

Ça, c’est une autre histoire
 surtout les « Van Â»â€Š

A. LaBontĂ© :

Mais il y a des conventions qui, pour ĂȘtre bien Ă©tablies pour les

spécialistes, ne le sont pas si sûrement que cela par la plÚbe chercheuse ou
« classeuse Â».

Il n’y a que des « spĂ©cialistes Â» pour s’imaginer que des non-spĂ©cialistes iront

chercher La BruyĂšre Ă  « D Â» et Goethe Ă  « V Â»â€Š

A. LaBontĂ© :

Les cas historiques sont les cas historiques
 Je n’y peux 

malheureusement rien. Le fait est que la plupart des gens ignorent que ces
cas s’écrivent avec une particule.

Mais non
 La plupart des gens (qui cherchent le poĂšte dans une liste 

quelconque
) savent que Musset s’appelait Alfred de Musset.

É. Angelini :

En fait je cherche une loi universelle pour que lambda s’y 

retrouve dans diverses listes qui, apparemment, sont classées par ordre
alphabĂ©tique, mais qui, va savoir pourquoi, n’obĂ©issent pas aux mĂȘmes rĂšgles
(comme si, par essence, certaines chaĂźnes de caractĂšres Ă©taient plus Ă©gales
que d’autres
).

Je crois que tu n’as rien compris Ă  mes propos
 qui recommandent 

d’appliquer la norme ISO 14651 Ă  

tous

les champs.

[
] Je te suggĂšre ceci : demande oralement Ă  l’un de tes enfants de cher-

cher Musil dans le dictionnaire. Selon toi, nous l’aiderions grandement en 
classant le brave Robert Ă  « V Â». Moi, tourmenteur patentĂ© de la jeunesse, je
le laisse Ă  « M Â». Chacun son truc.

É. Angelini :

Ben moi aussi, oĂč est le problĂšme ?

Ah d’accord
 Je perçois enfin la cohĂ©rence de ton systĂšme
 Jean 

de

La

Fontaine, appelĂ© le plus souvent La Fontaine, Ă  D, mais Robert 

von

Musil,

appelĂ© le plus souvent Musil, Ă  M. 

Vive la science.

É. Angelini :

Ils pĂšsent les arguments des 

von Musil

et des 

Musil (Robert

von)

. Selon les cas (cf. 

Mazo De La Roche

) ils doublonneront.

Rien Ă  voir. Le « De Â» de De La Roche n’est pas une particule sauteuse 

(tu auras remarqué la majuscule). Comme certains utilisateurs ignorent ce
dĂ©tail mais ont pris la saine habitude d’ignorer la particule française « de Â»
dans leurs recherches, il est judicieux, dans ces cas extrĂȘmement rares (patro-
nymes anglo-saxons d’origine française), de leur offrir un renvoi. Le nombre 

66

INDEX

background image

d’entrĂ©es est trĂšs peu augmentĂ©. En revanche, avec ton systĂšme qui implique
des renvois pour les patronymes bĂ©nĂ©ficiant d’une particule sauteuse, ce nom-
bre sera considérablement et inutilement augmenté. Si tu cherches des appuis
au dĂ©lire doublonnesque et au classement fantaisiste, le 

Petit Robert des noms

propres

t’en fournira de plus prĂ©cieux : il dĂ©conne Ă  fond sur les « Du Â»â€Š mais

pas sur les « Des Â»â€Š Curieux, non ?

É. Angelini :

Explique-moi pourquoi 

mes

enfants iraient chercher Musil Ă  V ?

Je ne vois pas pourquoi je t’expliquerais cela
 puisque je suis persuadĂ© que

si tu leur demandes de chercher Musil ils iront, comme des grands, Ă  M
 
oĂč, si tes suggestions Ă©taient cohĂ©rentes et prises au sĂ©rieux, les attendrait un
simple renvoi vers V, d’oĂč une seconde recherche parmi quelques dizaines de

von

. Tu fais mieux que leur simplifier la vie : tu leur fais gagner du temps.

É. Angelini :

Mais surtout, et tu me fournis bĂȘtement des verges, explique-

moi pourquoi 

tes

enfants iraient chercher von Musil Ă  M ?

Parce que personne ne dit « von Musil Â». Pas mĂȘme toi
 sauf quand tu 

tentes de défendre une absurdité.

É. Angelini :

Tu expliqueras Ă  tes enfants toutes les finesses des particules,

des usages, des monosyllabes, des dates de naissance, des papes, rois, 
princes et chiffres romains en combien de temps ? !

Ne mĂ©lange pas tout
 Ça devient agaçant
 J’ai donnĂ© l’exemple des dates

de naissance et celui des souverains pour illustrer la différence, fondamentale,
entre tri et ordonnance. N’essaye pas de faire accroire que selon moi les 
procĂ©dĂ©s des dictionnaires encyclopĂ©diques devraient s’appliquer Ă  toutes les
listes : j’ai affirmĂ© le contraire.

Ordre alphabĂ©tique 

des caractÚres accentués

À Typographie, le 12 janvier 1998.

J. AndrĂ© : 

Question annexe, y a-t-il un ordre alphabétique officiel (au moins

pour le français) des caractĂšres accentuĂ©s ?

E. Curis

: Il y a une norme ou une proposition d’algorithme de tri fonc-

tionnant pour les codes accentuĂ©s et proposĂ©e par l’O.I.S. [
] Il donne des
rĂ©fĂ©rences, entre autres, Ă  la norme Afnor Z 44-001. Je donne juste un extrait
qui doit rĂ©pondre Ă  la question :

« 2. L’ordre de prioritĂ© des lettres accentuĂ©es du français peut facilement

ĂȘtre dĂ©duit Ă  partir des principaux dictionnaires ; tous les dictionnaires consul-
tĂ©s respectent l’ordre suivant : 

a A Ă  Ă€ Ăą Ă‚

,

c C Ă§ Ă‡

,

e E Ă© Ă‰ Ăš Ăˆ ĂȘ ĂŠ Ă« Ă‹

,

i I Ăź ĂŽ ĂŻ Ă

,

o O ĂŽ Ă”

,

u U Ăč Ă™ Ă» Ă› ĂŒ Ăœ

,

y Y Ăż

. [
]

67

INDEX

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« 3. Les digrammes soudĂ©s (ligatures) comme 

ĂŠ

et 

Ɠ

sont classés avec les

lettres doubles correspondantes, en les discriminant toutefois par un indice de
prioritĂ© particulier, pour assurer la 

prĂ©visibilitĂ© absolue 

du classement. Â»

J. AndrĂ© : 

Et quelle est la place du blanc, de l’apostrophe, du trait 

d’union, etc. ? Quand on consulte des dictionnaires, on voit qu’ils sont loin 
d’ĂȘtre unanimes !

S’il s’agit du français et des dictionnaires, j’ai l’impression que la question

ne se pose pas
 L’ordre alphabĂ©tique ne tient compte ni des accents, ni 
des blancs, ni des apostrophes, ni des traits d’union
 Un problùme ne peut
se poser qu’en cas de parfaite homographie (sauf les accents, bien sĂ»r
).
Exemple le plus simple « a Â» et « Ă  Â»â€Š PrioritĂ© Ă  la lettre nue : « sur Â» avant « sĂ»r Â».
Question : y a-t-il des cas oĂč l’homographie de plusieurs termes rendrait
nĂ©cessaire la hiĂ©rarchisation des accents ?

S’il s’agit de catalogage et de documentation, c’est une autre affaire
 On

aborde des rivages inquiĂ©tants oĂč la langue perd ses droits. Voir les normes :
Z 44-001, Z 44-062, Z 44-080


À F.L.L.F., le 3 dĂ©cembre 2001.

L. Bentz : 

Le problùme est le classement selon le codage (E—É).

Quel problĂšme ? Je ne comprends toujours pas
 Seule l’accentuation 

systĂ©matique vous permet d’indexer aisĂ©ment
 mĂȘme avec Word. Les accen-
tueurs alternatifs oublient un peu vite que les accents interviennent dans le
classement alphabétique des quasi-homographes
 Je vous le répÚte, la
« thĂ©orie Â» et eux, ça fait deux et mĂȘme plus


Supposez deux homographes, Ă  l’accent de l’initiale prĂšs. Disons 

Eden

et

Éden

(c’est l’argument « Anthony croqueur de pommes Â»). Deux inconvĂ©nients

Ă  la non-accentuation des majuscules
 Si vous insĂ©rez bĂȘtement les codes,
les folios des deux « Eden Â» seront associĂ©s : Eden : 5, 45, 233, 238, 347

Pas malin. Va falloir les sĂ©parer « manuellement Â». Énorme perte de temps


Eden

: 5, 45, 347. 

Eden

: 233, 238.

Ah ! mais me direz-vous, je suis malin ! Je connais les caractĂšres cachĂ©s (ici

entre crochets) et j’indexe 

Eden

et 

Eden [(Anthony)]

. Bien. Reste le classement

alphabĂ©tique. Qu’obtenez-vous dans l’index ?

Eden

: 5, 45, 347. 

Eden

(Anthony) : 233, 238.

ProblĂšme
 C’est pas bon
 car il faudrait : 

Eden

(Anthony) : 233, 238. 

Eden

:

5, 45, 347.

Encore une fois, va falloir tripoter la chose à la mimine. Vive la science


Mais
 me direz-vous, car vous ĂȘtes trĂšs malin, si j’indexe 

Eden [(jardin d’)]

,

j’obtiens le bon classement ! Oui, car ici le hasard a bien fait les choses
 mais
il n’est pas toujours de bonne humeur, le salaud.

68

INDEX

background image

Si vous accentuez systématiquement les majuscules, vous obtiendrez direc-

tement le bon ordre
 

Eden

: 233, 238. 

Éden

: 5, 45, 347, sans avoir, Ă  chaque

occurrence du patronyme et du jardin, à introduire manuellement le prénom
et la nature du lieu
 il suffira de le faire une fois
 dans l’index lui-mĂȘme :

Eden

(Anthony) : 233, 238. 

Éden

(jardin d’) : 5, 45, 347.

MĂȘme avec Word, ça roule


Indice fi Exposant

Institut fi 

AcadémieSigle.

L’Institut de France, l’Institut gĂ©ographique national (I.G.N.),

l’Institut national de la recherche agronomique (INRA), l’Institut
national de la santĂ© et de la recherche mĂ©dicale (INSERM), l’Institut
national de la statistique et des Ă©tudes Ă©conomiques (INSEE).

Interfolier

¶

1

.

Dans l’imposition, rĂ©server des pages sans composition, afin

d’obtenir un feuillet blanc aprĂšs chaque feuillet imprimĂ©.

¶

2

.

Insérer une feuille blanche entre deux feuillets imprimés.

Interlignage, interligne, interligner fi 

ApprocheBlanc,

Espace.

Dans la composition au plomb, l’interligne Ă©tait une lame de mĂ©tal

placée entre deux lignes.

Italique fi 

CitationDeviseÉpigrapheGuillemetTitre d’Ɠuvre.

Adjectif et nom commun masculin. 
L’italique sert Ă  attirer l’attention sur un mot, Ă  dĂ©signer ce qui

n’est pas de l’auteur, Ă  composer les titres d’Ɠuvres et de journaux, 
les noms propres de véhicules, les notes de musique, les devises, les
lettres de l’alphabet.

69

INDEX

ITALIQUE

background image

1. 

Jeux de scĂšne et indications diverses au lecteur.

« Georgette, d’une voix altĂ©rĂ©e. â€” Pour que cela reste, pour

qu’on sache. Tout s’e

∂

ace
 C’est affreux. (À Édith.) Je te demande

pardon, ma chĂ©rie. Il est tard, je devrais ĂȘtre partie depuis longtemps.
Ne m’accompagnez pas ! 

(À Édith qui s’est levĂ©e pour l’accompagner,

d’une voix secouĂ©e par les larmes.) Non, non, pas la peine. (Elle sort.) Â»
– Gabriel Marcel, Â« l’Insondable Â», PrĂ©sence et ImmortalitĂ©.

2. 

Citation de mots étrangers (non francisés).

‱‱

Dans les textes littĂ©raires oĂč les graphies singuliĂšres abondent,

l’italique dĂ©nonciateur n’a rien d’indispensable. Il est parfois judicieux
d’enfreindre la rĂšgle. En Ă©pinglant les vocables Ă©trangers, en intro-
duisant de l’ordre dans le dĂ©sordre, l’italique ruinerait ici la confusion
expressive :

« â€” AllĂŽ ! allĂŽ ! disait la tĂ©lĂ©phoniste, en agitant son rĂ©cepteur et en

poussant Ă  tout instant les fiches du standard
 Ia wohl ! AllĂŽ ?

Donnez-moi
 uno-otto-sei-uno
 Citta
 Bonsoir, monsieur 
Vincent ! Merci Ă  vous. Je sais : vous dĂ©sirez le quarante-trois ?
 
Prenez-le
 C’est fini ?
 Si, se

ñ

or
 Si, si
 Please ? Have the good-

ness to wait
 yes
 J’écoute
 Â» â€“ Francis Carco,

Palace Égypte.

‱

/

‱‱

On Ă©tend l’emploi de l’italique Ă  tout ce qui s’écarte de la

norme française, par exemple à l’argot, à la transcription de parlers
français locaux :

« Queu non, me rĂ©pond-elle, veyai-vĂŽ, si le malhu arriv’, cha s’rait 

bin di

∑

cil’ de l’passai pa’ c’te coulouĂšre
 Aleu on l’a mis au chalon. Â»

– Bernard Alexandre,

le Horsain.

3. 

Italique

ou « guillemets Â» ?

On s’imagine parfois qu’italique et guillemets sont interchangeables.

Cette conception est aujourd’hui erronĂ©e. Certes, les guillemets furent
inventĂ©s et longtemps utilisĂ©s pour pallier l’absence d’italique, mais
depuis plus de deux siÚcles leurs rÎles respectifs ont été théorisés et
codifiĂ©s par les typographes, et aujourd’hui l’italique ne manque plus.

70

ITALIQUE

background image

Les guillemets dénoncent une acception particuliÚre, plaisante ou
pĂ©jorative, inĂ©dite
 L’italique n’induit aucune modification du
signifiĂ©, Il va mĂȘme jusqu’à l’évacuer (autonymie). 

Fournier 

1903

: Â« L’italique est au romain ce que l’exception est Ă  la

rùgle [
]. Il arrive que des auteurs, attachant à certains mots une
importance particuliùre, [
] pensent, en les soulignant, les recom-
mander Ă  l’attention spĂ©ciale du lecteur. Cet expĂ©dient n’est quelque-
fois qu’un stratagĂšme maladroit fait pour trahir la prĂ©tention qui l’a
suggĂ©rĂ© [
]. Â»

Emploi comme marque d’insistance. â€” Â« Voici une invention bien

curieuse, que l’on vient de prĂ©senter Ă  l’Institut, c’est le nouveau 
boomerang français
, dont le bois est taillĂ© de telle sorte que l’instru-
ment, une fois jetĂ© sur l’adversaire, ne revient pas Ă  celui qui l’a lancĂ©.
On Ă©vite ainsi tout risque d’accident. Â» â€“ Gaston de Pawlowski,
Inventions nouvelles et DerniÚres Nouveautés.

4. 

¶

Préparation de copie.

On souligne d’un trait continu ce qui doit ĂȘtre composĂ© en ita-

lique : 

>

Je relis l’AnnĂ©e terrible avec plaisir.

5. 

¶ Sauf si l’on souhaite obtenir un effet graphique particulier et

plutĂŽt dĂ©testable (lettres fortement inclinĂ©es), on Ă©vitera d’appliquer
le 

style italique Ă  une police italique :

Garamond italique

Les fractures (gothiques), les manuaires et les scriptes ne se mettent

jamais en italique.

Sont Ă  proscrire sans pitiĂ© les faux italiques obtenus par calcul Ă  

partir de polices romaines qui disposent de vrais italiques (si le fichier
italique est installĂ©, la substitution s’opĂšre en principe automati-
quement). C’est le cas des elzĂ©virs (Baskerville, Garamond, Times,
etc.), des didots (Bodoni, Didot, etc.) et de certaines antiques (Gill
Sans, etc.).

Garamond italique mis en italique

Je relis l'AnnĂ©e terrible avec plaisir

71

ITALIQUE

background image

Romain et vĂ©ritable italique :

Attention au 

faux italique

engendré par les polices informatiques

uniquement romaines ! ConsidĂ©rable pour le et le bas de casse, la
différence est perceptible sur la plupart des signes (surtout dans les
polices Ă  empattements, car l’italique bas de casse en est dĂ©pourvu).

Romain et faux italique, dit « romain inclinĂ© Â» ou « penchĂ© Â», ou

« oblique Â», ou « italique Ă©lectronique Â» :

6. 

¶

Typographie soignée.

On se méfiera des mauvaises rencontres, et on jettera un peu de

blanc entre une lettre haute italique et un crochet ou une parenthĂšse
romaine (voir : 

Crénage).

7. 

¶

Italique et romain.

Tout Ă©lĂ©ment appelant l’italique dans un ensemble composĂ© en

romain sera mis en romain dans un ensemble composĂ© en italique :

Il relit les PensĂ©es de Pascal.
Il a embarquĂ© sur le 
Titanic.

Attention Ă  ne pas confondre Ă©lĂ©ment et ensemble
 
Si (

≄

)

+

(

≄

)

= +

, ici il n’est pas vrai que [italique 

+

italique

=

romain]. Italique

+

italique 

=

italique
 En d’autres termes, si,

dans un Ă©lĂ©ment exigeant l’italique, figure un Ă©lĂ©ment exigeant lui
aussi l’italique, celui-ci ne sera pas mis en romain.

Exemple. â€” Titre d’Ɠuvre incluant le titre d’une autre Ɠuvre :

Il relit les Remarques sur les PensĂ©es de Pascal.
Il relit les Remarques sur les PensĂ©es de Pascal.

Exemples. — En Cronos : 

f

)

>

f

)

En Garamond : 

f)

>

)

a e f g k v

– â€” â€œ â€ â€˜ â€ș

a e f g k v

a e f g k v

a e f g k v

a e f g k v

a e f g k v

a e f g k v

a e f g k v

a e f g k v

a e f g k v

a e f g k v

72

ITALIQUE

background image

Le problĂšme est trĂšs diffĂ©rent lorsqu’un titre d’Ɠuvre est inclus

dans un titre d’article, car on se retrouve dans le cadre de la rùgle
gĂ©nĂ©rale :

Dans les Ă‰tudes critiques sur l’histoire de la littĂ©rature française, il 

a un faible pour « le ProblĂšme des 

PensĂ©es de Pascal Â».

Dans les Ă‰tudes critiques sur l’histoire de la littĂ©rature française, il

a un faible pour « le ProblĂšme des PensĂ©es de Pascal Â».

Des points et des virgules

À Typographie, le 26 janvier 1998.

T. Bouche :

La question se pose aussi pour les points. (Jamais vu la dif-

fĂ©rence entre un point de Futura et de Futura oblique ?)

Si, et pas que pour le Futura
 dont les points, ronds en romain, s’« ovali-

sent Â» lĂ©gĂšrement en ital ; il y a plus net, par exemple les caractĂšres dont les
points romains carrĂ©s deviennent en ital des parallĂ©logrammes (Helvetica, 
Univers
). C’est franchement dĂ©sastreux dans des corps de titrage, c’est
encore perceptible et gĂȘnant du corps 10 au corps 12
 pour les jeunes lynx, en
corps 8 ou 9. Ou alors, en corps 5 Ă  8, avec un compte-fils.

ProblĂšme (encore une mouche qui va souffrir
) : supposons une phrase

(pas un titre, sinon la question ne se poserait pas
) en Helvetica romain
corps 14 (!) s’achevant sur un titre d’Ɠuvre en ital qui s’achĂšve lui-mĂȘme par
un point abrĂ©viatif
 par exemple 

l’AbbĂ© C.

de Bataille. Le point sera-t-il en

romain ou en ital ? À mon sens, en ital (pour indiquer que le point appartient
au titre), et ça se verra ! [
]

Un autre exemple, oĂč deux signes successifs seront traitĂ©s diffĂ©remment


« Voici des abrĂ©viations qui se composent en italique : 

op. cit.

,

loc. laud.

,

ibid.

»

Les quatre premiers points sont Ă©videmment en ital, les deux virgules sont
romaines
 

Et le dernier point ? En ital aussi (tout le monde n’est pas d’accord sur ce

point
). En revanche, si nous avions (ce serait une erreur pédagogique
)
«

loc. laud.

,

ibid


 Â» les points de suspension seraient romains.

∫

73

ITALIQUE

background image
background image

Jardin

1

. RĂšgle,

voir : Voie et espace public

.

Le bois de Boulogne (de Vincennes, etc.), les jardins de Kensington

(voir : Â§

2

)

,

un jardin d’acclimatation, le jardin du Luxembourg (des

Tuileries, etc.), un jardin zoologique, le square des Innocents.

=

Girodet 

1988

Larousse 

1992

.

≠

Gouriou 

1990

Guéry

1996

Robert

1985

,

1993

{le Bois de Boulogne}.

Les exceptions concernent de vĂ©nĂ©rables institutions situĂ©es 

Ă  Paris ; ce sont des formes traditionnelles qu’il est prĂ©fĂ©rable de
respecter : 

◊

le Jardin d’Acclimatation, le Jardin des Plantes (le Jardin

royal des plantes médicinales).

=

Girodet 

1988

Larousse 

1992

Robert 

1993

Universalis 

1990

.

≠

Code typ. 

1993

{le jardin des Plantes}, Impr. nat. 

1990

{le Jardin

d’acclimatation, le Jardin des plantes},

Gouriou 

1990

Robert 

1985

{le Jardin des plantes}.

2

.

Dans un texte français, les dĂ©nominations non francisĂ©es 

continuent d’obĂ©ir Ă  leurs propres rĂšgles : Chelsea Physic Garden,
Kensington Gardens, Regent’s Park, Sloane Square.

3

.

Dans quelques cas, l’emploi absolu impose la majuscule : le 

Jardin (d’Épicure).

Le Bois : le plus souvent, il s’agit du bois de Boulogne, mais 

on ne voit pas ce qui interdirait l’extension de ce privilĂšge Ă  
des espaces verts comparables : le Bois de Vincennes, le Bois de la
Cambre.

75

background image

JĂ©sus-Christ fi

AbréviationPrénomSiÚcleSigle.

‱‱ Les abrĂ©viations av. J.-C. et apr. J.-C. ne devraient pas ĂȘtre

employĂ©es dans le texte courant. Voir : AbrĂ©viation Â§

3.5

,

3.8

et

4

.

=

Lefevre 

1883

.

Jeu fi 

Manifestation sportive.

Jeux olympiques.

Les Jeux olympiques : Impr. nat. 

1990

Ramat 

1994

Robert 

1993

.

Les jeux Olympiques : Micro-Robert 

1990

Robert 

1994

Universalis

1990

.

Les Jeux Olympiques : 

Petiot 

1982

.

Ici, la tradition typographique (les jeux Olympiques) devrait s’e

∂

acer

devant la raison. Pour dĂ©signer les manifestations sportives de l’ùre
moderne, la forme la plus recommandable est : les Jeux olympiques.

Les Jeux, les Jeux de Montréal, le village olympique, un champion

olympique, une mĂ©daille d’or, d’argent, de bronze.

L’acadĂ©mie des jeux Floraux, 

voir : AcadĂ©mie

.

Larousse 

1992

Ă©crit [l’AcadĂ©mie des jeux Floraux], Robert 

1985

,

1993

:

[Jeux floraux], Impr. nat. 

1990

: [l’acadĂ©mie des Jeux Floraux].

Justification fi 

EspacePonctuation.

Largeur d’une composition, d’une colonne, d’une illustration, etc.
Elle s’exprime en points typographiques ou en millimùtres.
Une fausse justification s’écarte volontairement de la trame adoptĂ©e

pour un type de page.

Justification Ă©troite des journaux

À Typographie, du 6 au 7 mai 2001.

Oudin-Shannon :

Dans les quotidiens, les C&J se font avec un premier impé-

ratif : entrer le maximum de signes dans un minimum de place.

76

JÉSUS-CHRIST

JUSTIFICATION

background image

Non
 l’impĂ©ratif est de donner l’illusion de la densitĂ© en faisant entrer 

un maximum de signes dans un espace donné, donc de fournir les signes
nĂ©cessaires Ă  l’illusion.

Vieille ficelle : donnez l’impression que vous ĂȘtes Ă  l’étroit, et nul ne s’ima-

ginera que vous allongez la sauce, que vous Ă©crivez en grande partie pour ne
rien dire
 ou si peu.

Oudin-Shannon :

Croyez-vous que les gens qui travaillent au 

Monde

et Ă 

Libération

sont tous des zozos qui n’ont pas rĂ©flĂ©chi Ă  ces questions ?

Oui, par simple charitĂ©, je prĂ©fĂšre le croire
 C’est leur seul alibi
 Tenez,

puisque vous aimez les débats sérieux et exempts de dogmatisme, dites-moi
ce qui justifie 

aujourd’hui

le maintien de justifications trĂšs Ă©troites dans la

presse ?

Oudin-Shannon :

Je vais me limiter au cas de la nouvelle formule du 

Monde

que je connais un peu.

Le Monde

est dans un format dit « berlinois Â». C’est un choix stratĂ©gique qui

a Ă©tĂ© fait Ă  l’époque oĂč le journal a eu sa nouvelle imprimerie. [
]

Comparez la construction du 

Monde

par rapport Ă  un tabloĂŻd comme 

Libération

.

Libération

a une construction plutĂŽt simple, identique aux tabloĂŻds

populaires et bas de gamme anglo-saxons. Pour 

le Monde

la comparaison 

est plutĂŽt avec les quotidiens « de rĂ©fĂ©rence Â» comme le 

Times

, le 

New York

Times

, etc. 

Le Monde

a une construction plus complexe avec beaucoup 

plus de papiers sur une mĂȘme page, disons pour employer une image 
une construction en mosaĂŻque. LĂ  oĂč il y a un hic, c’est que les quotidiens
anglo-saxons ont un format beaucoup plus large leur permettant d’avoir huit
colonnes, alors que 

le Monde

est sur six colonnes comme 

Libération

.

Il ne vous a certainement pas échappé que plus le nombre de colonnes est

important, plus le nombre de combinaisons est grand. Il se trouve qu’avec 
six colonnes les combinaisons sont rĂ©duites pour un quotidien « mosaĂŻque Â».
Introduire des photos devient plutĂŽt difficile : une col c’est petit, trois cols c’est
dĂ©jĂ  la moitiĂ© de la largeur, il vous reste pour l’essentiel le deux cols.

Le Journal du dimanche

Ă©tait au format quotidien classique (le double du

tabloĂŻd comme 

le Figaro

). Aujourd’hui ce journal passe sur les rotos du 

Monde

,

donc au format berlinois. Ils le font sur sept colonnes parce que c’est pour eux
le seul moyen de conserver leur type de mise en pages qui est en mosaĂŻque
mais avec une large utilisation de la photo.

Peut-ĂȘtre que vous vous souvenez de la calamiteuse nouvelle formule dite

de 

Libération 3

? On avait un tabloĂŻd allongĂ© avec sept colonnes
 Le modĂšle

Ă©tait le 

Guardian

avec un systĂšme de cases prĂ©Ă©tablies, l’actualitĂ© venant 

se couler dans le « concept Â» du journal. Ce n’est certainement pas la seule 
raison de l’échec de cette formule, mais il y avait certainement une erreur 
complĂšte sur le format.

77

JUSTIFICATION

background image

La pub impose un plus grand nombre de colonnes ? Peut-ĂȘtre, mais les 

choses ne sont pas aussi simples. Si vous avez moins de colonnes elles sont
plus larges et vous les vendez plus cher. [
] Les choix liés à la pub sont trÚs
certainement prĂ©sents mais ils ne sont pas toujours faciles Ă  cerner. 

Le Canard

enchaßné

est exempt de pub, il est au format quotidien avec sept colonnes qui

ont la mĂȘme largeur que celles du 

Monde

.

Niez-vous le rĂŽle de la « densitĂ© Â» dans l’illusion graphique ?
Croyez-vous qu’à corps, interlignage, gouttiĂšres et empagement Ă©gaux vous

ferez tenir davantage de signes sur sept colonnes que sur six ?

Votre analyse est intĂ©ressante, mais elle ne rĂ©pond pas vĂ©ritablement Ă  

la question des justifications Ă©troites. Je ne conteste pas l’existence d’autres
paramĂštres (gestion souple de la grille, cohabitation avec l’espace vendu, etc.),
dont certains ont Ă©tĂ© Ă©voquĂ©s par plusieurs intervenants, mais j’aimerais que
l’on n’oublie pas celui-ci : le conformisme. En clair, la perpĂ©tuation irrĂ©flĂ©chie
de traditions naguĂšre motivĂ©es par des contraintes techniques aujourd’hui
disparues. Exemple : dans l’urgence (plus vive dans la presse que dans l’édi-
tion), il Ă©tait jadis plus facile et moins risquĂ© de manipuler des « paquets Â» de
lignes courtes. Est-ce encore le cas ?

Autre chose
 Tout le monde sait qu’une « bonne Â» justification dĂ©pend

aussi

du style, en particulier de la longueur moyenne des phrases. Les justifi-

cations Ă©troites « justifient Â» les Ăąneries enseignĂ©es sur le « style journalistique Â».
Essayez de composer les plus beaux textes de la prose française sur trente
signes à la ligne


Plus un pavĂ© est Ă©troit, plus il est difficile Ă  composer correctement. En 

drapeau, quoi qu’on en dise, ce n’est guùre mieux. Quelle est donc cette
pesanteur qui nous pousse encore Ă  composer trente signes Ă  la ligne, alors
que nulle contrainte technique ne l’exige, alors que la fluiditĂ© de notre langue,
le gris typographique et les divisions en souffrent ? Je ne souhaite Ă©videmment
pas que les colonnes de la presse quotidienne passent au cinquante-cinq 
Ă  soixante signes « monocolonnes Â» de l’édition
 mais qu’elle Ă©vite de des-
cendre sous les trente-cinq, voire, si j’osais, sous les quarante
 Sauf pour les
cours de la Bourse, les petites annonces et le carnet mondain


∫

78

JUSTIFICATION

background image

Langue Ă©trangĂšre fi 

AllemandAnglais.

« [
] On peut ainsi analyser la voyelle contenue

dans le mot anglais “full” comme 

a

3b

b,,g

4j

d

0

e

1.

»

Otto Jespersen, la Syntaxe analytique.

Cet ouvrage est consacrĂ© Ă  l’orthotypographie française
 Les

rĂšgles, les indications, les conseils relatifs Ă  la composition des langues
Ă©trangĂšres ne concernent donc que les fragments insĂ©rĂ©s dans des 
textes français.

Les traditions typographiques sont diverses : quiconque souhaite

composer correctement un ouvrage dans une autre langue que le 
français doit consulter les codes typographiques idoines.

Latin fi 

AbréviationBibliographieEtc.IncipitIndex.

« Sic transit, comme chantait HomĂšre. Â»

ComƓdia,

12

dĂ©cembre 

1910

.

A fortiori, a posteriori, a priori.

≠

Gouriou 

1990

[Ă  priori].

Ab initioad hocad hominemad libitumad litteramad nominem,

ad patresad vitam ĂŠternambiscasus belliexeatexequaturgrosso
modo
ibidemidemin extensoin extremisin fineinfraloco citato,
minus habensmodus vivendinumerus claususop. cit.passimquater,
sicsupraterviavice versa.

A priori : 

a priori

? Ă -priori ?

À F.L.L.F., Alt.Culture.Cajun, du 1

er

au 2 septembre 1999.

D. B. :

L’opposition aux rĂ©formes vient souvent d’une certaine ignorance.

Bien entendu


79

background image

Il se trouve que la rĂ©forme du Cons. sup. s’est intĂ©ressĂ©e au substantif « a

priori Â»â€Š qu’elle Ă©crit « un apriori, des aprioris Â», sans accent, Ă©videmment
 Le
retour de la locution « a priori Â» Ă  la forme « Ă  priori Â» est une proposition 
du 

Robert

(cf. son 

Banc d’essai

) consĂ©cutive aux travaux du Cons. sup., propo-

sition que, jusqu’à ces derniers temps, cette maison d’édition n’a pas mise en
Ɠuvre, ce que je regrette.

La rĂ©forme « simplificatrice Â» dont on parle ici consisterait donc Ă  passer

d’une forme unique (substantif invariable et locution : Â« a priori Â») Ă  deux 
formes contradictoires : « Ă  priori Â» et « apriori Â»â€Š

Je n’ai rien contre les rĂ©formes, cher D. B. Je suis pour la graphie « Ă  priori Â»

(locution), parfaitement claire et française
 

et

pour un substantif cohĂ©rent :

un à-priori, des à-prioris (par exemple
) et je reste, par ignorance, fermement
opposé à une réforme bùclée, démagogique, supercomplexifiantesque.

L. Bentz :

Dans 

le Petit Robert

(Ă©d. 1999), je trouve « a priori Â», mais « aprio-

rique Â», « aprioriste Â» et non « a-priorique Â» ou « a-prioriste Â».

Je le sais bien, ce n’est pas une nouveauté  et elle ne me choque pas (tant

que « a priori Â» s’écrit ainsi, ce que je ne souhaite pas
). Vous semblez oublier
que mon message portait sur le couple simplificateur « Ă  priori, un apriori Â» et
que ma proposition (un Ă -priori) n’est pas attribuable au 

Robert


 Permettez-

moi un autre petit rappel : en français, on Ă©crit « Ă  propos, un Ă -propos ; Ă  peu
prĂšs, un Ă -peu-prĂšs ; Ă  pic, un Ă -pic Â»â€Š 

Souhaitez-vous, pour demeurer cohĂ©rent et fidĂšle Ă  l’esprit de la rĂ©forme,

Ă©crire « un apropos, un apeuprĂšs, un apic Â» ?

Voyez-vous le problĂšme ? Et voyez-vous pourquoi le Cons. sup. s’est bien

gardĂ© de l’aborder, se contentant lĂąchement, piteusement, de proposer une
rectification du substantif, pour le reste dĂ©merdez-vous ? L’adoption d’« Ă  priori Â»
(hautement souhaitable pour des raisons honnĂȘtes) est aussi un piĂšge mortel
pour les rectificateurs


L. Bentz :

[Pour Jouette] « A [À] priori Â» a une couleur d’expression (comme

« Ă  premiĂšre vue Â»), mais la substantivation n’interdit pas l’agglutination.

Elle est bonne, monsieur Jouette
 On agglutine quoi ? Â« a priori Â» ou « Ă 

priori Â» ? Ces crochets sont d’un pratique


À F.L.L.F., du 19 au 20 octobre 2000.

L. Bentz :

Ceux qui tiennent Ă  la formule latine (« a Â» sans accent) devraient

alors, comme il sied selon la Sainte Écriture ( le 

Lexique de l’I.N.

) utiliser 

l’italique (ou le romain dans un texte en italique).

Sur ce point, l’

HyĂšne

est Ă  cĂŽtĂ© de ses pompes et fait preuve d’une rigiditĂ©

Ă  la fois excessive et
 approximative. Observez ses deux listes. Elles associent
deux critÚres de natures trÚs différentes et dont un seul est explicite. Consé-
quence : le bordel


80

LATIN

background image

La seconde (romain) regroupe « des expressions latines passĂ©es dans le lan-

gage courant Â» et ne compte que des substantifs, mais des substantifs dont le
« degrĂ© de francisation Â» est loin d’ĂȘtre identique. Personne ne s’amusera Ă 
composer « rĂ©fĂ©rendum Â», « visa Â» ou « minus Â» en ital
 mais « minus habens Â» ?
Quant Ă  l’entrĂ©e de « exequatur Â» dans le langage courant


La premiĂšre (italique) regrouperait des « locutions latines non francisĂ©es Â».

Soit, mais
 en français, elle regroupe des locutions (

ad hoc

,

in extenso

) et,

surprise, deux substantifs (

modus vivendi

,

statu quo

)
 Ce qui nous amùne à

« a priori Â» (qui est Ă  la fois une locution et un substantif) et au Cons. sup. de
la française langue
 [
]

État des lieux

Sont indiscutablement corrects : a priori, un a priori (en ital ou en romain,

les deux sont défendables
).

Devrait ĂȘtre admis comme correct : Ă  priori (en romain
 mais que devient

le substantif ?). À la rigueur (Cons. sup
), mais autant oublier : un apriori (en
romain
 mais que devient la locution ?) Dans le 

Banc d’essai

nous avons

droit Ă  « apriori Â» et Ă  Â« Ă  postĂ©riori Â»â€Š

Il serait si simple de former un beau couple (en romain), « Ă  priori, un 

Ă -priori Â», sur le modĂšle de « Ă  propos, un Ă -propos Â», « Ă  peu prĂšs, un Ă -peu-
prĂšs Â», « Ă  pic, un Ă -pic Â». HĂ©las, le trait d’union n’est pas en odeur de saintetĂ©
chez les rectificateurs phobiques, dont l’une des manies me semble ĂȘtre la
dĂ©motivation du lexique. On me dira
 que deviendraient « apriorisme Â» et les
trÚs utiles (pour ceux qui renoncent aux beautés des locutions adjectives
)
« apriorique Â» et « aprioriste Â» ? Facile : « Ă -priorisme Â», etc. Facile, mais, Ă  vue de
nez, pas pour demain


B. Lombart :

SĂ©duisant, mais l’accent fait perdre ici l’étymologie


Oui, et ce n’est pas un mal


B. Lombart :


 ou plutĂŽt introduit une Ă©tymologie erronĂ©e
 (« a Â» et « ad Â»

ont des sens contraires
).

En latin. Ici, en « latin du 

xvii

e

»  En français, je suis prĂȘt Ă  vous parier un

paquet de Gitanes sans filtre qu’au bas mot et à vue de nez 99

%

des locuteurs

perçoivent ce « a Â» comme notre prĂ©position « Ă  Â»â€Š Ils ont bien entendu tort,
mais je ne leur donne pas tort


B. Lombart :

Bref, je trouve votre argument analogique un peu voyou.

Ma jeunesse me rattrape


D. LiĂ©geois :

C’est un a priori qui tomberait peut-ĂȘtre si seulement les gens

songeaient plus souvent Ă  l’immense intĂ©rĂȘt du raisonnement 

ab absurdo

.

Il serait encore plus facile de le faire tomber avec un raisonnement 

a

contrario


 car ici la pose subreptice d’un accent grave serait grotesque,

81

LATIN

background image

contresensique, n’ayons pas peur des mots, crapuleuse
 Mais faut-il le faire
tomber ?

A contrario

est une locution dont l’emploi justifiĂ© — oublions ceux qui en

font un synonyme chicos de « au contraire Â»â€Š — est rare, spĂ©cialisĂ©, quasi 
jargonnesque. Et dont le caractĂšre « latin Â» ou, au minimum, « non français pur
sucre Â» est une Ă©vidence pour tous ceux (ou presque
) qui l’emploient, le
lisent ou l’entendent.

Ce n’est Ă©videmment pas le cas de « a priori Â», qui est une locution et un

substantif trÚs couramment employés en français. Pour la plupart des locuteurs
d’aujourd’hui, « a priori Â»â€Š c’est « du français Â» (ils ont raison), certainement
pas « du latin Â» (ils se gourent, mais, franchement, quelle importance ?). Pour
eux, le sens est Ă©vident, ici, « a = Ă  Â», comme dans « Ă  l’avance Â», et ça fonc-
tionne trùs bien, en français
 Dire qu’ils font un contresens n’aurait dùs lors
guĂšre de sens.

A posteriori : un mĂ©dium, des mĂ©dias


À France-Langue, le 8 octobre 1997.

H. Landroit :

Je voulais simplement faire remarquer que la nouvelle ortho-

graphe propose effectivement « multimĂ©dia Â» et « multimĂ©dias Â» ainsi que
« apriori Â» et « aprioris Â» du moins lorsqu’ils sont utilisĂ©s comme noms.

Hum
 « MultimĂ©dias Â» est parfait et doit ĂȘtre adoptĂ© avec enthousiasme !

mais « apriori Â» (substantif) est si discutable qu’il n’a pas encore Ă©tĂ© adoptĂ© par
les lexicographes (

Larousse

,

Robert

).

À F.L.L.F., le 23 mars 2000.

J.-V. Gruat :


 mĂ©dia, hĂ©las, comme dĂ©jĂ  suggĂ©rĂ©. HĂ©las, car il s’agit d’une

barbarie linguistique.

Barbarie ? Que non ! Il s’agit d’une belle francisation d’un pĂ©nible anglo-

latinisme, bref, d’une manifestation de la plus haute culture ! Laissez les 
langues mortes enterrer leurs morts.

Un média, des médias.
Un médium, des médiums.

∏

82

LATIN

background image

Latitude, longitude fi Point cardinal

LĂ©gende

Texte accompagnant une illustration (dessin, photographie, etc.)

ou un tableau.

Liste explicative des signes conventionnels employés sur un plan,

une carte, un tableau.

À Typographie, le 16 juillet 1999.

J. AndrĂ© :

On dit souvent que les lĂ©gendes des figures se mettent sous 

celles-ci alors que celles des tableaux se mettent au-dessus.

Es-tu certain de ne pas confondre titre et lĂ©gende externe ? Une lĂ©gende

(externe) de figure se place oĂč l’on veut, en haut, en bas, Ă  droite, Ă  gauche,
selon la nature de la mise en pages, mais il est vrai que c’est en bas que 
se situe généralement son meilleur emplacement. Un titre de tableau (non
« graphique Â») se place en haut, comme tous les titres
 L’éventuelle lĂ©gende
externe se situe sous le tableau. Bien entendu, il y a des cas particuliers 
(titre suivi « organiquement Â» d’une lĂ©gende externe
) qui rendent parfois
impossible une nette distinction entre titre et légende externe


LĂ©gion fi 

Armée.

La LĂ©gion arabe, la LĂ©gion Ă©trangĂšre, la LĂ©gion.
La LĂ©gion d’honneur, l’ordre de la LĂ©gion d’honneur.
La légion Condor.

π

83

LATITUDE, LONGITUDE

LÉGION

background image

Lettre

Lettres courtes : a c e m n o r s u v w x z.
Lettres longues du haut : b d f h i k l t.
Lettres longues du bas : g p q y.
Lettres longues du haut et du bas : j f.
Les capitales, Ă  l’exception de certains J et de la plupart des Q, ont

une hauteur unique :

A B C D E F G H I K L M N O P R S T U V W X Y Z

Dissymétrie des caractÚres

À Typographie, le 8 fĂ©vrier 1998.

La symĂ©trie n’est pas une qualitĂ© typographique
 on ne la rencontre que

dans la mise en pages (pages en regard, grands titres *) et dans des linĂ©ales
extrĂ©mistes
 Pour le reste, c’est-Ă -dire l’essentiel, elle est heureusement
absente
 et quand elle se prĂ©sente, on fait tout pour l’éliminer
 Non sans
raison. 

Dans la plupart des polices en romain, les lettres prĂ©tendument symĂ©triques

(A H I M OT U V W X Y, i o u v w x ) le sont rarement (I, Ă©ventuellement O), sauf Ă 
n’y voir que des squelettes
 Des gĂ©nĂ©rations de graveurs ont insufflĂ© la vie
Ă  ces formes. Seuls quelques signes Ă©chappent Ă  la dissymĂ©trie vivifiante
(point, point d’exclamation, points de suspension, astĂ©risque, tiret, plus, moins,
etc.). Beaucoup peuvent ĂȘtre considĂ©rĂ©s comme des « arrĂȘts Â», des pauses
dans le mouvement gĂ©nĂ©ral du Verbe
 D’autant que notre obĂšle (croix mor-
tuaire) appartient aussi au club trÚs fermé des signes parfaitement symé-
triques. Ce n’est sans doute pas un hasard


La typographie n’est pas l’architecture (sauf, encore une fois, dans la mise

en pages), elle n’organise pas l’immobilitĂ© mais le mouvement, celui de la 
lecture, qui a un sens
 La dissymĂ©trie subtile (et non l’asymĂ©trie, faut rien
exagérer
) est indispensable, sauf pour ceux qui confondent les lettres, les
mots et les phrases avec des images (encore que les plus belles ne soient pas
symétriques)
 Ils sont hélas nombreux de nos jours


84

LETTRE

* Ou dans les inscriptions lapidaires, sur les pierres tombales ou les monuments


ou, comme de bien entendu, dans les typographies architecturales (colophons
),
morbides (dédicaces pompeuses
), ludiques (calligrammes) ou nulles (cartes de
visite, menus de premiùre communion
).

background image

Lettrine fi 

AlinéaMadame, mademoiselle, monsieur.

∞

NaguĂšre, ce mot dĂ©signait soit une lettre italique servant de 

renvoi ou d’appel de note, soit une lettre ornĂ©e, placĂ©e au commen-
cement d’un chapitre (Ă©dition) ou d’un article (presse), Ă  l’imitation
des lettres capitulaires des manuscrits enluminĂ©s. Dans le mĂȘme
emploi, les lettres non ornées étaient des initiales (caractÚres sans bas
de casse), des lettres montantes (alignĂ©es sur la premiĂšre ligne) ou des
lettres de deux points (initiales sans talus, alignées sur la deuxiÚme
ligne et ayant une force de corps double de celle du caractÚre employé,
ce qui Ă©vitait le parangonnage).

Aujourd’hui, on appelle lettrine toute lettre d’un corps supĂ©rieur Ă 

celui du texte courant, placĂ©e au commencement d’un chapitre (Ă©di-
tion), d’un article, voire d’un paragraphe (presse).

Lettrines et guillemets

À Fr.Comp.Pao, F.L.LF., le 24 juillet 2000.

Qu’est-ce qu’une « lettrine Â» ? Une lettre. Grande dĂ©couverte
 La tradition,

qui n’a pas toujours tort, est de composer tous les signes qui prĂ©cĂšdent et 
suivent la lettrine (habillée) dans le corps du texte (sans oublier les petites
caps des signes qui la suivent). 

M

on nom est Arthur Gord 

Pym. Mon pĂšre Ă©tait un res- 

pectable commerçant dans

les fournitures de la marine, Ă  Nantuc-
ket, oĂč je suis nĂ©. Mon aĂŻeul maternel
Ă©tait attorney, avec une belle clientĂšle.

Edgar Allan Poe,

Aventures d’Arthur Gordon Pym.

F

ORTIS

imaginatio generat casum,

disent les clercs. Je suis de ceux 

qui sentent trĂšs grand e

∂

ort de 

l’imagination. Chacun en est heurtĂ©,
mais aucuns en sont renversĂ©s.

Michel de Montaigne,

Essais.

L

a Question, de Henri Alleg, aux 

Éditions de Minuit. Il n’y a plus 

rien Ă  en dire. Tout ce qui a Ă©tĂ©

dĂ©noncĂ© reçoit ici, d’une des victimes,
un témoignage sobre, qui a le ton neutre
de l’Histoire.

François Mauriac,

le Nouveau Bloc-Notes.

— Â«

M

adame Sicagne, crie Joi-

gneau, voilĂ  des nouvelles

de votre apprenti-curĂ© ! Â»

Augustin Sicagne est au sĂ©minaire du

diocĂšse.

Roger Martin du Gard,

Vieille France.

85

LETTRINE

background image

Vous me direz, la tradition, on n’en a rien Ă  branler. Oc, oc, mais alors 

pourquoi employer des lettrines, formes traditionnelles s’il en est ? Pour jouer
avec la tradition, la dĂ©tourner, l’enrichir et toutes ces sortes de choses passion-
nantes ? D’accord, mais avant de jouer, mieux vaut connaĂźtre les rĂšgles du jeu.

Si vous dites « guille ouvrant dans le corps de la lettrine parce que c’est plus

chouette Â», que ferez-vous, pour rester cohĂ©rent et fidĂšle Ă  votre parti « esthĂ©-
tique Â», avec un tel dĂ©but de chapitre : 

« â€Š C’est la sueur des sĂšves en exil Â»,

Ă©crit Saint-John Perse dans 

Images Ă  CrusoĂ© ? Guillemet ouvrant, espace,

points de suspension, espace, C cap et apostrophe dans le corps de la lettrine ?

Il est vrai que l’exemple est vicieux et que l’on n’a pas tous les jours l’occa-

sion de composer des textes oĂč l’on cite Saint-John Perse et ses points de
suspension initiaux, ce qui est bien dommage. C’était juste pour illustrer le 
propos
 PlutĂŽt que de se demander : qu’est-ce que je fous avec les guille-
mets ou l’apostrophe en contact avec une lettrine (comme si c’étaient les seuls
cas particuliers
), mieux vaut s’interroger sur le statut des lettrines et sur les
raisons qui nous poussent à les utiliser, le plus souvent n’importe comment et
n’importe oĂč


Le monde rĂ©el malmĂšne les grands principes, c’est ce qui fait une partie de

son charme. Je ne tiens pas mes comptes à jour, mais disons qu’une fois sur
deux je ne peux obtenir des maquettistes qu’ils composent correctement les
lettrines. « Trop compliquĂ© ! Les logiciels de mise en pages ont une “gestion”
rustique des lettrines ! Â» Parfois, j’insiste, parfois non (il est des cas dĂ©sespĂ©rĂ©s
oĂč se vĂ©rifie l’adage selon lequel le mieux est l’ennemi du bien
). Selon les
cas et d’aprùs mes performances personnelles, de trente secondes à deux
minutes pour rĂ©gler finement chaque lettrine ne me semblent pourtant pas
des temps rĂ©dhibitoires, sauf si l’on s’amuse Ă  foutre des lettrines partout

mais, à dire vrai, tout cela n’a guùre d’importance


Petites capitales, 

débord à gauche, etc.

À Typographie, le 9 novembre 1999.

J. AndrĂ© :

Je viens de voir que ton ami Perrousseaux en parle en quatre

pages bien illustrĂ©es dans son 

Mise en page et impression

, et ce qu’il y

raconte me va fort bien !

Pas à moi
 [
]
Un exemple
 Pour « justifier Â» son parti (pas de retrait au premier para-

graphe), il ose Ă©crire ceci : « Il provient de l’écriture manuscrite des secrĂ©tariats
d’avant les machines Ă  Ă©crire, du temps oĂč l’on Ă©tait “employĂ© aux Ă©critures”.
La dactylographie a suivi, ce qui se comprend. À ne pas faire en typographie. Â»

86

LETTRINE

background image

Alors
 de deux choses l’une
 soit il n’a jamais ouvert un livre antĂ©rieur aux

temps qu’il Ă©voque, soit il raconte sciemment n’importe quoi. Je vais te dire

Y en a marre de ces explications Ă  la mords-moi-le-nƓud
 DĂšs qu’on ne 
comprend pas une caractĂ©ristique typographique, miracle, c’est la faute aux
secrĂ©taires ! Et si ce n’est toi, c’est donc ton pĂšre, le gratte-papier ! Bon sang ! 
mais c’est bien sĂ»r ! Les compositeurs sont formĂ©s chez Pigier depuis plusieurs
siĂšcles ! (PriĂšre de ne pas me renvoyer dans le nez l’influence considĂ©rable des
copistes sur les premiers typographes, cela n’a rien à voir et cela n’est pas ce
que Perrousseaux croit pouvoir dénoncer ici.)

Tiens, une autre, pas piquĂ©e des vers : « Ce qui veut dire que le premier

paragraphe (qu’il soit ornĂ© d’une lettrine ou non) dĂ©bute justifiĂ© Ă  gauche 
car il n’offre aucune ambiguĂŻtĂ© de comprĂ©hension. Â» Elle est bonne
 SĂ»r et
certain, le lecteur n’est pas con au point de ne pas reconnaütre le premier para-
graphe. Si on lui offre parfois une lettrine, c’est sans doute que l’on craint de
tomber sur un quidam particuliĂšrement bornĂ© ou inattentif
 Ah ! j’oubliais,
une lettrine
 c’est pour faire joli


Alors, supprimons la majuscule initiale des premiers paragraphes ! Pas 

d’ambiguĂŻtĂ© ! On n’est pas idiots ! On voit bien, oui, trĂšs distinctement mĂȘme,
qu’il n’y a pas de phrase avant la premiùre phrase
 À pleurer.

À Typographie, le 3 dĂ©cembre 1999.

O. Randier :

S’il n’y a pas de lettrine, il n’y a pas lieu d’utiliser les petites

capitales dans ce cas.

Pas tout à fait d’accord. La (bonne) typographie anglaise ne se prive pas de

cette possibilité. Elle a bien raison.

O. Randier :

La fonction (?) des petites caps est d’assurer une transition

visuelle entre la lettrine en grande cap et la suite du texte en bas de casse.

C’est exact, mais en l’absence de lettrine rien n’interdit de continuer à faire

jouer aux petites caps un de leurs rĂŽles, celui de seuil solennel, d’entrĂ©e
majestueuse (ou d’hîtesses d’accueil
). Leur intervention suffit à donner à la
grande cap « ordinaire Â» qui les prĂ©cĂšde un air de lettrine.

O. Randier :

Et pourquoi ne pas mettre d’alinĂ©a au premier paragraphe ?

PrĂ©cisĂ©ment
 cette pratique n’a de sens que dans les premiers para-

graphes sans retrait d’alinĂ©a. Sinon, tu as raison, ce serait complĂštement
débile.

À Typographie, le 5 novembre 2000.

A. Hurtig :

Lettrines, petites et grandes capitales : c’est la deuxiĂšme fois 

que j’utilise un systĂšme dĂ©couvert dans un ouvrage du 

xvii

e

ou 

xviii

e

siĂšcle :

aprĂšs la lettrine, mettre une grande capitale puis continuer avec des petites
capitales le mot ou le groupe de mots qui suivent.

87

LETTRINE

background image

Tu veux une caution ? Voici ce qu’écrit Fertel (1723) : « La Lettre qui suit immĂ©-

diatement la 

Lettre de deux points

, doit ĂȘtre de grande capitale, 

&

le reste du

mot en bas de Casse, 

&

pour un plus bel ornement, on peut le faire de petit

capital. Â» Le plus souvent, Fertel applique Ă  la lettre son conseil.

A. Hurtig :

Il semble que ça a été une pratique trÚs courante, peu à peu

tombée en désuétude.

Oui, heureusement tombée en désuétude
 Les petites caps suffisent

amplement


A. Hurtig :

Je trouve ça joli et marrant.

Je trouve ça ignoble et consternant !

A. Hurtig :

Ça fait enrager (je ne sais pas pourquoi) certains de mes

copains, participants de la liste Typographie.

Probablement parce que tes copains ont bon goût


A. Hurtig : 

Je remercie Jean-Pierre Lacroux, qui réprouve le procédé, de

m’avoir amicalement fourni la citation de Fertel.

À F.L.L.F., le 14 janvier 2002.

M. Guillou :

Pour revenir un instant sur ton commentaire, tu signales l’ali-

gnement de la lettrine Ă  gauche avec les pointes des empattements qui
auraient pu ĂȘtre en marge.

Pas « pu Â», « dĂ» Â»â€Š LĂ©gĂšrement, s’entend.

À Typographie, le 13 janvier 2002.

A. Hurtig :

Le Monde

d’hier datĂ© d’aujourd’hui consacre un long dossier Ă 

sa nouvelle formule.

Dùs le premier paragraphe, les ravages du typographisme et de l’inculture

typographique sont patents. Belle collection d’horreurs qui pourrait ĂȘtre utile
dans un cours pour débutants.

L’hypertrophie de la lettrine — quelle beautĂ© ! elle occupe visuellement la

moitiĂ© de la justif, de l’étroite justif ! Sens des proportions harmonieuses ! —
engendre bien des joyeusetés.

Passons sur le fait que la pointe de ses empattements est en retrait au 

lieu d’ĂȘtre en lĂ©ger dĂ©bord, passons sur le fait (aujourd’hui frĂ©quent) que 
la premiùre ligne est dans l’alignement des suivantes et admirons les deux
coupes successives devant une syllabe muette finale (la seconde est une
cumularde : Â« xe Â», c’est du grand art !), admirons surtout que cette audace dans
les coupes se soit arrĂȘtĂ©e devant « retrouverez Â»â€Š afin de sauvegarder la belle
expressivitĂ© du petit blanc qui sĂ©pare « que Â» de « vous Â». 

88

LETTRINE

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Pour les plus typographes d’entre nous, restent des subtilitĂ©s comme 

l’interlettrage trĂšs savant de « a f f i r mation Â»â€Š Les mecs qui composent le
français sur une justif réduite volontairement à quinze signes par ligne sont
indubitablement géniaux.

LĂ©zarde fi 

Gris.

Rencontre fortuite de plusieurs espaces-mots situées sur des lignes

successives. Il se forme alors une ligne blanche, verticale ou oblique,
sinueuse ou rectiligne. Des espaces-mots fortes, associées à des valeurs
d’interlignage et d’approche faibles, nulles ou nĂ©gatives, favorisent
l’apparition de ces balafres et accentuent leur e

∂

et désastreux.

On dit Ă©galement : coup de sabre, rue, cheminĂ©e (ligne quasi 

verticale et quasi rectiligne).

Des lézardes volontaires

À Typographie, le 6 octobre 1998.

Cher A. H., [
] tu as Ă©crit : « Je laisse les lĂ©zardes en place, trop content

quand elles sont belles et grandes, et que le regard dĂ©gouline dedans. Â»
TrĂšs intĂ©ressant ! À ma connaissance (il est vrai limitĂ©e), les lĂ©zardes, ruelles et
autres cheminĂ©es sont peu exploitĂ©es. Quelqu’un connaĂźt-il des exemples
d’immenses lĂ©zardes volontaires ? Pas trop anecdotiques, plutĂŽt dans le genre
abstraction lyrique
 Tu vois ce que je veux dire ? Des pavĂ©s dont la couleur (la
robe ?) serait plus proche de celle du zĂšbre (du tigre, voire plus modestement
de l’okapi) que de celle de l’ñne gris ou du chartreux


T. Bouche :

En restant trÚs anecdotique, je suppose que les livres cuttérisés

de Vachey ne répondent pas vraiment à ta question
 Mais, que dire des
pavĂ©s lacĂ©rĂ©s ou estropiĂ©s de 

Fuzzy sets 

de Claude Ollier ?

Y a pas de lĂ©zard(e).

T. Bouche :

Sinon je rĂ©alisais rĂ©cemment Ă  quel point mes lectures de 

jeunesse (essentiellement le Livre de poche, je présume) avaient été guidées
par ses coulures, et à quel point elles étaient fréquentes.


 Mais tristement involontaires
 Moi, je cherche du reptile maĂźtrisĂ©,

domestiquĂ© ! (Saurie, J. A., pour cet humour de cafĂ©.) ProblĂšme technique

Seul un « auteur-compositeur Â» peut obtenir une belle lĂ©zarde expressive, Ă  la
fois volontaire et typographiquement « plausible Â».

89

LETTRINE

LÉZARDE

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T. Bouche :

On a beau critiquer l’informatique, il me semble que la situation

s’est amĂ©liorĂ©e au point de provoquer ce 

désir

(pervers, forcĂ©ment pervers, 

j’y insiste !) de lĂ©zardes chez d’aucuns.

Cette nostalgie de l’accident n’épargne personne, pas mĂȘme les dessi-

nateurs de caractĂšres.

C’est lĂ  que rĂ©side la grande perversité  S’il est vrai (Ă  mon sens
) que

l’évolution des techniques (compo, impression, papier, etc.) engendre des
documents plats, sans saveur, peu sensuels, tristounets, aseptisés (du moins
pour les vieux connards comme moi qui en sont encore, certains soirs, Ă 
regretter de subtils foulages ou des lignes à l’occasion dansantes
), je ne
crois pas que la vie soit Ă  chercher en prioritĂ© dans les accidents d’hier


J. AndrĂ© :

Il y en a une de splendide, c’est celle que Richaudeau montre

dans son bouquin 

Manuel de typographie et de mise en page

(p. 129) oĂč il a

manifestement pris un texte quelconque et oĂč il a forcĂ© des blancs Ă  y appa-
raĂźtre pour former une lĂ©zarde tellement grossiĂšre qu’évidemment personne
n’est dupe, qu’elle n’est pas « plausible Â», comme tu dis !

Oui
 cette lĂ©zarde n’en est pas une
 c’est une pitrerie, une supercherie

pour gogos.

Elle est nĂ©anmoins intĂ©ressante
 puisqu’elle tĂ©moigne de la difficultĂ© (pour

qui ne souhaite pas en faire trop
) d’obtenir aujourd’hui une vraie lĂ©zarde
(avec une police Ă  chasse proportionnelle et un logiciel qui impose ligne Ă 
ligne ses calculs de l’espace justifiante)


J. AndrĂ© :

Mais en forçant effectivement un texte, on pourrait faire plein de

lĂ©zardes, faire un zĂšbre par exemple !

Oui, mais c’est pas d’jeu
 Ce que la remarque d’Alain H. m’a donnĂ© l’envie

de dĂ©busquer, c’est une belle balafre volontaire et, comme tu l’as notĂ©, « typo-
graphiquement plausible Â», c’est-Ă -dire constituĂ©e d’espaces « correctes Â»â€Š
Une sorte de signature de Zorro, une fissure inquiétante, une crevasse qui
déchire intégralement ou partiellement le pavé avec naturel, sans raideur
mĂ©canique
 C’est probablement plus un problĂšme d’écriture que de compo.

∂

90

LÉZARDE

background image

Ligature fi 

AccentuationCrénage.

&

&

ĂŠ ĂŠ

Æ Ă†

Ɠ Ć“

ƒ Ć’

ct

Â

ct

∫

st

π

st

℩

f i fi

f i

fi

f l fl

f l

fl

f f

∂

f f

∂

f f i

∑

f f i

∑

f f l

∏

f f l

∏

D’autres pĂ©nibles rencontres n’ont jamais engendrĂ© de ligature

(Gutenberg 

1995

). C’est par exemple le cas du couple 

fĂź


 Jadis, on

jetait une espace d’un point entre ces deux lettres. Rien n’interdit de
perpĂ©tuer cette saine pratique. 

Digrammes (a-e, O-E, IJ, ch
) 

et « ligatures soudĂ©es Â»

À Typographie, le 31 aoĂ»t 1998.

B. Leraillez :

Donc, pour les digrammes


Un peu de pinaillage

Digramme : deux lettres pour un seul son
 Les ligatures 

Ɠ

et 

ĂŠ

sont effec-

tivement des « digrammes Â», mais je crois qu’il faut employer ce terme avec
prudence et Ă©viter de mĂ©langer les « plans Â».

D’abord, comme vous le faites, il faut toujours prĂ©ciser « digramme

soudĂ© Â»â€Š car, par exemple, dans 

fleur

il y a Ă©ventuellement une ligature 

fl

mais il y a nĂ©cessairement un digramme (non soudé ) :

eu




Ensuite, dans 

Ɠufs

, il y a une ligature (ou digramme soudé ) 

Ɠ

, mais il y

a aussi un pentagramme


91

LIGATURE

background image

Enfin
 et surtout
 prenez une police comme le Poetica : vous y trouverez

une ligature 

Ch

:

c


 or, cette ligature est Ă©galement un digramme
 donc,

ici, un digramme « soudĂ© Â»â€Š

VoilĂ  pourquoi je prĂ©fĂšre la distinction traditionnelle entre ligatures « linguis-

tiques ou orthographiques Â» (

Ɠ

,

ĂŠ

) et ligatures « esthĂ©tiques ou typogra-

phiques Â» (

fi

,

fl

,

∏

, etc.).

(On pourrait ajouter un autre fait
 qui ne concerne pas les ligatures fran-

çaises : en nĂ©erlandais, 

ij

est une ligature « linguistique Â»â€Š or, ce n’est pas un

digramme
)

À F.L.L.F., le 31 aoĂ»t 2000.

F. Molina :

Dans d’autres langues — et peut-ĂȘtre aussi en français â€” on 

distingue les ligatures esthĂ©tiques (par exemple 

fi

).

fi

,

fl

,

∂

,

∑

,

∏

sont des ligatures techniques, motivées par le crénage (au

sens prĂ©cis de ce terme en composition chaude). Les critĂšres esthĂ©tiques 
n’expliquent rien ici. 

En revanche, 

Â

est une ligature « esthĂ©tique Â».

F. Molina :

Et les digraphes, ou digrammes (en anglais) tels que 

Ɠ

,

ĂŠ

; en

Italie on préfÚre dire monogramme, comme pour les initiales, ce qui semble
plus appropriĂ© : en français le digramme est le groupe de deux lettres transcri-
vant un seul son, tel « ou Â» pour 

u

.

C’est pourquoi, dans mon jargon imprĂ©cis, 

Ɠ

et 

ĂŠ

sont des « digrammes

soudĂ©s Â» ou des ligatures orthographiques. Jacques AndrĂ© et Yannis Hara-
lambous parlent aussi de ligatures linguistiques, mais ce qualificatif me 
pompe l’air


J. AndrĂ© : 

Mais je ne sais pas si ce que tu appelles ligatures orthographiques

montre bien la spĂ©cificitĂ© d’une langue donnĂ©e
 (

Ɠ

français, 

ij

néerlandais,

ch

breton, etc.).

À mon sens, le 

ij

nĂ©erlandais n’est pas un vĂ©ritable digramme (deux lettres,

certes, mais aussi deux sons)
 et — navrĂ© pour cette coordination absurde,
mais elle me fait rire
 — il n’est pas soudé  du moins physiquement 
(car si « soudĂ© Â» est compris comme « insĂ©cable Â» ou « composĂ© de deux 
signes insĂ©parables Â», tous les digrammes sont « soudĂ©s Â»â€Š). Ce n’est donc 
pas davantage une ligature, au sens strict et typographique du terme. Sa 
particularitĂ© est pourtant de rĂ©agir comme un digramme soudĂ© en tĂȘte des
noms propres :

ƒ

dipe dans l’

IJ

sselmeer. C’est une bizarrerie charmante, je

l’aime bien.

Quant au 

ch

et au 

c’h

bretons
 je te fais confiance ! mais, lĂ  encore, je ne

vois pas pourquoi il faudrait les appeler « ligatures Â».

92

LIGATURE

background image

À F.L.L.F., le 1

er

décembre 2000.

T. Bouche :

D’oĂč le barbarisme inventĂ© par l’ISO (« digramme soudĂ© Â»).

Ce n’est pas un barbarisme, mais une expression Ă©patante, trĂšs claire, que

j’emploie avec plaisir et conviction
 

Æ

,

ĂŠ

sont Ă  la fois des ligatures et des

digrammes. D’oĂč l’excellente idĂ©e de les nommer, Ă  l’occasion, « digrammes
soudĂ©s Â», histoire de faire d’une pierre deux coups.

« Ligature Â» dĂ©crit le lien graphique, la soudure physique, mais toutes les liga-

tures ne sont pas des digrammes (

fi


), et la quasi-totalité des digrammes ne

sont pas des ligatures (

ph

,

on

,

an

,

in

,

ou

, etc.).

T. Bouche :

Il existe des digrammes dessoudĂ©s dans d’autres langues


Ce qui n’a jamais Ă©tĂ© soudĂ© n’a pas Ă  ĂȘtre dessoudé 

T. Bouche :


 oĂč ils se comportent comme une lettre unique (impossible de

les diviser en fin de ligne, p. ex.) : 

ij

en flamand, 

ch

en espagnol, etc.

Aucun digramme, quelle que soit sa nature, ne peut ĂȘtre divisĂ© en fin de

ligne
 Le 

ch

français n’est pas plus divisible que ses confrĂšres
 Quant au 

ij

nĂ©erlandais, c’est une ligature, mais ce n’est pas un digramme


T. Bouche :

Pourquoi pas liĂ©s ou ligaturĂ©s, alors ?

« LiĂ© Â», je n’aime pas trop, mais « ligaturĂ© Â» est trĂšs bien !

T. Bouche :

J’entrevois ce que tu veux dire : 

ij

est une diphtongue, c’est ça ?

À proprement parler, non, car il y a une semi-consonne dans le coup
 Va

pour une « sorte de diphtongue Â»â€Š

T. Bouche :

Mais est-ce vraiment une ligature, puisque rien ne lie 

i

et 

j




Alors
 ?

Alors
 cette Ă©trange chose, qui n’est ni un digramme ni une honnĂȘte liga-

ture, réagit comme un digramme ligaturé (

ij

>

IJ

)
 Alors
 puisque ce n’est

certainement pas un digramme, autant l’appeler ligature
 c’est moins faux

c’est mĂȘme quasiment vrai


Ligatures esthétiques, ligatures techniques

À Typographie, du 27 au 28 mai 1998.

A. Hurtig :

Mon fils Martin (huit ans) a inventĂ© ce matin « une nouvelle 

lettre Â». Il s’agit de ligaturer le 

F

et le 

L


 Remarque : les capitales se ligaturent

peu, voire pas du tout, et on se demande pourquoi (à l’exception des ligatures
linguistiques, of course).

À mon avis, en compo ordinaire, deux caps qui se suivent, c’est plutĂŽt rare,

sauf dans les acronymes, les salauds, et, surtout, sauf si on compose en tout 

93

LIGATURE

background image

cap et alors lĂ , y a intĂ©rĂȘt Ă  pouvoir jouer un peu sur l’interlettrage, par consĂ©-
quent, des ligatures non linguistiques limiteraient la marge de manƓuvre. Le
problĂšme se pose moins avec les petites caps.

A. Hurtig :

On voit que des ligatures intelligentes sur les capitales donnent

une vie au mot, les lettres se croisent, s’entrechoquent, se marient. On dirait
presque de la calligraphie, et si le dessin est intelligemment fait, l’Ɠil se met
Ă  voler au-dessus de la ligne, rendant la lecture trĂšs agrĂ©able (et mystĂ©rieuse
en mĂȘme temps).

Oui
 on dirait presque de la calligraphie
 et c’est sans doute pour cela

que je ne suis pas vraiment preneur
 Attention ! j’exprime juste mon goĂ»t

je ne tiens pas à lancer un débat sur les relations entre calligraphie et typo-
graphie, encore moins sur la nostalgie


Si, juste un mot. 
Parmi les polices modernes qui disposent d’un grand nombre de capitales

ligaturĂ©es figurent les linĂ©ales gĂ©omĂ©triques, par exemple l’Avant-Garde (et ses
divers clones). Faut bien compenser : quand on dĂ©shabille les caps, faut bien
restituer un peu de chaleur.

A. Hurtig :

Évidemment, ça ne peut ĂȘtre utilisĂ© que pour un slogan, une cou-

verture de livre, une affiche, bref de la typo artistique (ou se voulant telle).

C’est pourquoi je parlais de compo « ordinaire Â». Les compos « graphiques Â»,

c’est une autre affaire. Ici, on peut ligaturer Ă  tour de bras. On peut mĂȘme
composer une page de titre ou une affiche comme une succession de 
logotypes, voire comme un unique logotype. C’est sans doute encore de la
typographie mais ce n’est plus exactement de la composition typographique.

T. Bouche :

Pas d’accord (ouf !). Le plomb est mort (mĂȘme la distinction

photocompo/phototitrage), il y a un continuum entre la typo d’affiche et celle
de texte : jusqu’à quel point un texte, pour ĂȘtre bien composĂ©, ne devrait-il pas
ĂȘtre une vaste ligature ?

Que le plomb soit mort en tant que technique, c’est sĂ»r. Pour autant, 

son héritage est là, considérable, massif, difficilement ébranlable dans son
ensemble. On peut l’égratigner sur ses marges, le rĂ©duire ou le modifier peu
Ă  peu, c’est souhaitable, et il serait dramatique de considĂ©rer que les 
techniques nouvelles n’introduisent pas des possibilitĂ©s nouvelles
 mais je
crois qu’il est abusif de considĂ©rer que l’absence de lien entre les lettres nous
a Ă©tĂ© imposĂ©e par le plomb


Ça remonte plus haut, ça remonte mĂȘme Ă  la naissance de l’alphabet. Ce

n’est pas le plomb qui a sĂ©parĂ© les lettres, je crois mĂȘme que c’est l’inverse :
c’est parce qu’elles Ă©taient sĂ©parĂ©es qu’un Strasbourgeois nĂ© Ă  Mayence a
inventĂ© les caractĂšres mobiles en mĂ©tal
 L’écriture a Ă©videmment trĂšs tĂŽt
engendré des ligatures, la main la plus précise a parfois besoin de confort, il

94

LIGATURE

background image

est normal qu’elle se laisse aller Ă  son propre mouvement, mais est-il prouvĂ©
que l’Ɠil y gagne quelque chose ?

Sans surestimer le risque de rĂ©gression (je n’y crois guĂšre
), il est lĂ©gi-

time de penser qu’il y a une petite contradiction entre la gĂ©niale invention de
l’alphabet et la liaison à outrance, ou, si l’on veut
 entre la lettre et le logo-
type gĂ©nĂ©ralisé 

T. Bouche :

Je tiens tout de mĂȘme Ă  prĂ©ciser que, quand j’ai parlĂ© de liga-

ture (généralisée), je ne pensais pas forcément à des liaisons de lettres, mais
Ă  des combinaisons spĂ©cifiques de lettres. Ma rĂ©flexion portait sur la micro-
typo : un logotype est bien souvent simplement un mot composĂ© d’une façon
et d’une seule (police, graisse, espacement), il n’y a pas 

nécessairement

modification de la forme des lettres [
], et encore moins de ligatures au sens
de liaisons cursives.

Bref, je voulais dire que, pour amĂ©liorer insensiblement la qualitĂ© (et l’invi-

sibilitĂ©) d’une page de texte, on peut imaginer que le contexte influe sur la
forme et l’espacement de chaque lettre diffĂ©remment Ă  chaque occurrence de
cette lettre, la page entiÚre réagissant de façon dynamique à son contenu,
pas seulement comme de nos jours deux lettres consécutives. [
]

Je ne dĂ©sire donc pas revenir Ă  une Ă©criture manuscrite cursive simulĂ©e 

et illisible, mais plutĂŽt aller au-delĂ  de Gutenberg (qui, soit dit en passant, 
utilisait beaucoup de ligatures préfabriquées, de chasses variables, qui lui per-
mettaient dans une certaine mesure de justifier par les noirs).

Pas moins que la prĂ©cĂ©dente
 mais, comme elle ne dit pas la mĂȘme chose

(les ligatures ont cĂ©dĂ© du terrain Ă  l’approche
), il se trouve que cette fois je
suis d’accord avec ce que tu viens d’écrire


À F.L.L.F., le 1

er

décembre 2000.

J. AndrĂ© :

C’est amusant : si on regarde le cousin (germain ou latin ?) de 

Ɠ

,

le

ĂŠ

qui a droit Ă  Iso Latin-1, on ne parle jamais, Ă  ma connaissance, de 

a dans

l’e

, ni du contraire.

« L, a, e dans l’a, t, i, t, i, a
 Â»

J. AndrĂ© :

Essayez de coller (ligaturer ?) 

A

et 

E

pour faire la ligature capitale

Æ

, Ă§a colle pas vraiment !

Comprends pas
 Une ligature impose presque toujours une déformation,

une modification du dessin (ton exemple du 

ƒ

est parfois valide en caps, non

en b. d. c
). Prends un 

f

et un 

i

, rapproche-les
 tu n’auras pas une ligature,

mais une approche foireuse
 Je ne vois donc pas oĂč est la spĂ©cificitĂ© du 

Æ




∑

95

LIGATURE

background image

Ligne creuse fi 

Cadratin.

Ligne creuse : ligne qui n’emplit pas entiĂšrement la justification.
Ligne perdue : ligne de texte placĂ©e entre deux lignes de blanc.
Ligne pleine : ligne qui occupe toute la justification.
Ligne pointĂ©e : ligne formĂ©e de points, destinĂ©e Ă  remplacer un

passage omis.

Typographie soignée.

La derniĂšre ligne de chaque alinĂ©a est le plus souvent creuse : elle

n’emplit pas entiĂšrement la justification. Si le blanc restant est infĂ©-
rieur au cadratin (carré blanc de la force du corps), il est horriblement
mesquin et perturbe l’alignement de droite. Tous les typographes 
s’accordent sur ce point, non sur le remĂšde. Il faut chasser, mais oĂč ?
et pour obtenir quoi ?

Le plus simple consiste Ă  jeter du blanc sur la seule derniĂšre ligne,

afin de la rendre pleine. Avantage : aucune rĂ©percussion sur la suite de
la composition. InconvĂ©nient : pour respecter une rĂšgle, on en bafoue
une autre
 car la belle typographie n’admet pas davantage les der-
niĂšres lignes pleines en fin d’alinĂ©a dans les compositions en alinĂ©a

En outre, si l’on est contraint de jeter beaucoup de blanc, l’espacement
de la derniĂšre ligne ruinera le gris typographique, consĂ©quence plus
dĂ©sastreuse qu’un lĂ©ger dĂ©faut d’alignement Ă  droite.

Il faut donc chasser sur plusieurs lignes, afin de crĂ©er une nouvelle

ligne, franchement creuse, en priant pour que cette modification
n’entraĂźne pas de consĂ©quences fĂącheuses un peu plus loin.

Si la chasse est infructueuse ou engendre un dĂ©faut d’espacement,

on peut Ă©ventuellement tenter de gagner sur plusieurs lignes afin de
raccourcir la derniùre. Si à ce jeu l’on n’a rien à gagner, on se rabattra
sur la ligne pleine


Veuves et orphelines

.

La typographie ne dĂ©fend pas la veuve et l’orphelin. 
Elle les condamne vigoureusement.

≈

Veuves et orphelines sont bien sûr admises dans les dialogues


96

LIGNE CREUSE

background image

Veuves du haut ou veuves du bas ?

À Typographie, le 12 mai 1997.

T. Bouche :

Pourquoi l’orphelin est-il un garçon et la veuve n’est pas un

veuf ? Les veuves ne sont-elles pas les femmes mariĂ©es qui ont l’avenir le plus
ouvert ?

Pour 

orphan

et 

widow

, Ă§a vient de leur traditionnelle dĂ©fense
 D’ailleurs,

en anglais, 

orphan

désigne aussi bien une orpheline (

Little Orphan Annie


).

Chez nous, puisqu’il s’agit de lignes, veuve et orpheline ont un trùs bon

genre
 On imagine mal une ligne veuf ou orphelin.

À Typographie, le 22 mai 1998.

J. Melot :

Le fait que le dernier mot — supposĂ© court — ou la derniĂšre 

syllabe du dernier mot d’un alinĂ©a se trouve renvoyĂ© Ă  la ligne est largement
de mĂȘme nature (du point de vue de la qualitĂ© de la mise en page), et 
pourrait ĂȘtre Ă©galement qualifiĂ© d’orphelin dans un sens un peu Ă©largi, Ă  cela
prùs que dans ce cas il n’y a pas association à une notion de veuve
 Sauf,
prĂ©cisĂ©ment, lorsqu’il se produit lors d’un passage Ă  la page suivante, auquel
cas les deux notions se confondent.

Justement non
 Vous confondez (comme le 

Ramat


) les lignes creuses,

les veuves et les orphelines
 La notion de ligne creuse (qui implique 
d’autres contraintes) recouvre partiellement celle de ligne veuve mais certai-
nement pas celle de ligne orpheline, qui, dans le cas d’un dĂ©but d’alinĂ©a 
d’au moins deux lignes, est nĂ©cessairement pleine (moins l’éventuel retrait
d’alinĂ©a
).

Pour avoir au moins une ligne « fautive Â» (creuse ou non), il faut des alinĂ©as

d’au moins deux lignes (qui peuvent engendrer le top du fin du fin : une
orpheline suivie d’une veuve
). 

Une brĂšve ligne de dialogue, mĂȘme trĂšs courte (un ou deux mots
), peut

se retrouver en tĂȘte ou en bas de page, elle ne sera pas pour autant qualifiĂ©e
de « veuve Â» ou d’« orpheline Â». Heureusement
 Si l’on veut pousser un peu 
le taxinomĂštre, on pourra diviser les deux espĂšces en deux sous-espĂšces, les
unes simplement non comestibles (orphelines paires et veuves impaires), 
les autres vénéneuses, voire mortelles (orphelines impaires, veuves paires)


À Typographie, du 31 mars au 23 avril 1999.

J. AndrĂ© :

Le

Webster

se plante car il manque dans chaque définition

quelque chose comme : Â« That is alone on the bottom/top of a page. Â»

Je ne suis pas sĂ»r qu’il se plante. Il dit en tout cas la mĂȘme chose que le

Bringhurst


 [
]

97

LIGNE CREUSE

background image

1. En français le fĂ©minin « orpheline Â» est une Ă©vidence (ligne veuve, ligne

orpheline).

2. MĂȘme si les objections de J. Melot sont valides, l’adoption de ces termes

(avec des acceptions prĂ©cises et fixes) n’est pas une mauvaise idĂ©e
 car ils
sont déjà employés (par exemple dans les logiciels) plus ou moins indistinc-
tement. Nous aurions pu nous en passer, mais il faut bien de temps en temps
tenir compte de la rĂ©alitĂ© : les veuves et les orphelines sont parmi nous

autant ne pas trop troubler leurs sens.

3. Puisque nous les adoptons, il est nĂ©cessaire de leur confier les mĂȘmes

rĂŽles qu’en anglais. Il n’est jamais sain de crĂ©er des problĂšmes parfaitement
inutiles.

4. Je suis Ă  peu prĂšs certain que la veuve est une ligne creuse en haut de

page (ou de colonne
) et que l’orpheline est la premiĂšre ligne d’un alinĂ©a ou
d’un paragraphe en bas de page (ou de colonne). La veuve est gĂ©nĂ©ralement
creuse (mais pas nĂ©cessairement), l’orpheline a toutes les chances d’ĂȘtre
pleine (moins l’éventuel retrait d’alinĂ©a)
 Vulgaire, mais mnĂ©mo-nique.

P. Jallon : 

Je suggùre qu’on interroge un trùs vieux prote, quelqu’un qui

aurait eu, dans un pays francophone, une trÚs longue et ancienne expé-
rience
 et qui serait encore suffisamment lucide pour distinguer une veuve
d’une orpheline (quoique Ă  cet Ăąge-lĂ , tout soit bon Ă  prendre) !

DĂ©terre autant de fossiles que tu voudras : ils te rĂ©pondront tous qu’ils 

n’ont jamais entendu parler de veuves ni d’orphelines. Tu vas te salir les mains
pour rien.

P. Jallon : 

Ainsi pourrait-on s’en remettre Ă  la mĂ©moire (pas dĂ©faillante)

d’un ancien, plutĂŽt qu’à des dicos anglophones qui, eux-mĂȘmes, n’ont pas l’air
d’ĂȘtre d’accord entre eux


Ils ne sont pas si en dĂ©saccord que ça


J. Fontaine : 

Pour fins de comparaison, voici ce que dit le mĂȘme Ramat dans

une édition ultérieure (

le Ramat de la typographie

, 3

e

Ă©dition, 1997) : « Une

ligne creuse ne doit jamais se trouver au sommet d’une colonne ni d’une
page. Â» « Une veuve est un mot entier ou coupĂ© qui se trouve seul sur une
ligne au sommet d’une colonne ou d’une page, ce qui est inacceptable. Un
orphelin est un mot entier ou coupĂ© qui se trouve seul sur une ligne au 
bas d’une colonne ou d’une page, ce qui est Ă©galement inacceptable. Â» On
remarquera qu’il a supprimĂ© quelques mots de ses dĂ©finitions antĂ©rieures. 

Les nouvelles définitions ne sont pas meilleures que les anciennes
 Elles

ont nĂ©anmoins le mĂ©rite d’ajouter une voix au concert de ceux qui voient la
veuve en haut et l’orpheline en bas
 

J. Fontaine : 

Et voici ses dĂ©finitions des lignes creuses et pleines : Â« Une ligne

creuse est une ligne plus courte que la justification. Une ligne pleine est une

98

LIGNE CREUSE

background image

ligne justifiée pleine mesure. Une ligne creuse ne doit jamais se trouver au
sommet d’une colonne ni d’une page. Â»

Cela n’a aucun sens ! Admettons que l’ellipse pour « composition justifiĂ©e Â»

soit légitime (sinon, il y aurait beaucoup de choses amusantes à dire
), il faut
n’avoir jamais composĂ© de dialogues pour oser Ă©crire ça


Pour qu’il y ait une veuve (ou une orpheline), il faut avoir affaire Ă  un alinĂ©a

(ou Ă  un paragraphe) qui compte au moins deux lignes
 ÉlĂ©mentaire, mon
cher Watson.

Encore quatre mots sur les veuves et les orphelines

1. J’ai l’impression (j’aimerais qu’elle soit confirmĂ©e par des typographes

anglophones) que les 

widows

sont beaucoup plus ĂągĂ©es que les 

orphans




ce qui pourrait expliquer certains flottements. Il semblerait qu’à l’origine 

widow

dĂ©signait une ligne isolĂ©e et sĂ©parĂ©e de son alinĂ©a, qu’elle soit en haut ou en
bas de page (ou de colonne). C’est pour distinguer les deux cas que les

orphans

auraient Ă©tĂ© engendrĂ©es. (Cette acception gĂ©nĂ©rique de 

widow

est

d’ailleurs celle du 

widow control

de certains logiciels.)

2. J’ai trouvĂ© un argument dĂ©cisif en faveur des orphelines en bas : le vert

opuscule intitulĂ© 

Mise en page et impression

les situe en haut.

3. Ce qui m’ennuie (beaucoup), c’est que Paput dit la mĂȘme chose.
4. Je persisterai néanmoins à prétendre le contraire tant que personne

n’aura citĂ© une source anglaise et digne de foi plaçant (explicitement) les

orphans

en haut. Dites-moi si je me goure, mais les seules qui s’y risquent

franchement sont françaises
 alors qu’il y a d’estimables connaisseurs anglo-
phones qui nous disent sans ambages qu’elles sont en bas. Quitte à traduire,
autant le faire intelligemment.

J. AndrĂ© : 

Bien que j’aime beaucoup Paput, je ne vois pas en quoi il est ici

une rĂ©fĂ©rence : c’est un graveur de caractĂšres, pas un compositeur (mĂȘme s’il
s’y connaĂźt quand mĂȘme) !

Nous sommes bien d’accord
 J’ai dit que sa dĂ©finition m’ennuyait pour une

raison bien simple : j’aurais aimĂ© ĂȘtre d’accord avec quelqu’un dont je respecte
le travail (ce qui revient Ă  dire que j’aurais prĂ©fĂ©rĂ© qu’il ne se plantĂąt pas
).

Puisque nous sommes en plein recensement
 voici un autre partisan de la

veuve en bas : Louis GuĂ©ry. Tu vois, je suis honnĂȘte, je n’hĂ©site pas Ă  recruter
pour le compte des adversaires de mon camp


J.-D. Rondinet :

Faute d’unanimitĂ©, j’en resterai dĂ©finitivement au français

« ligne creuse Â» (en tĂȘte et en pied).

T’oublies qu’une orpheline (pour moi
 donc une veuve pour d’autres) n’est

pas une ligne creuse


Je suis d’accord avec toi et Melot pour dire que l’on peut trùs bien vivre sans

jamais nommer ces lignes qui par dĂ©finition ne devraient pas survivre Ă  la 
derniĂšre Ă©preuve


99

LIGNE CREUSE

background image

Le problùme, c’est que tout le monde en parle
 et que certains le font

aprĂšs s’ĂȘtre offert une petite ligne, ce qui complique diablement la situation.
MĂȘme entre gens sains et de bonne compagnie, comme ici, c’est le bordel, 
t’imagines dehors


P. Jallon :

Pourquoi faut-il absolument 

traduire

? Sommes-nous donc in-

capables, nous autres francophones, de penser par nous-mĂȘmes, avec nos 
propres mots et nos propres concepts ?

Ta bonne foi m’enchante.
Les traducteurs improvisĂ©s sont Ă  l’Ɠuvre depuis longtemps. L’ennui, c’est

que, selon toute vraisemblance, certains ont traduit 

widow

par « orpheline Â»â€Š

et 

orphan

par « veuve Â». Ah ! ils sont bons les francophones, ils pensent par

eux-mĂȘmes !

Que tu le veuilles ou non, ces termes sont employĂ©s dans les milieux que

nous frĂ©quentons et leur sens n’est pas encore fixĂ©. C’est de ce constat qu’il
faut partir et non de nos inclinations
 L’interrogation de Jean Fontaine n’est
pas creuse, elle est parfaitement justifiĂ©e. Si elle est rĂ©currente, c’est bien qu’il
y a un problĂšme, non ? Moi, je veux bien qu’une fois de plus nous brisions lĂ ,
ça reposera les muets que nos radotages incommodent, mais alors engagez-
vous Ă  ne plus jamais Ă©crire, Ă  ne plus jamais prononcer ces mots dont vous
contestez l’existence mĂȘme.

Et rendez-vous dans trois mois, dans un an, pour une nouvelle séance (sans

moi, autant te le dire tout de suite). Il serait plus malin que les partisans de
la veuve en bas sortent rapidement des recrues de poids.

Pour l’heure, et en gros, oui, trùs grossiùrement, nous avons à gauche, pour

la veuve en haut, l’équipe 

Webster

– Bringhurst
 et Ă  droite, pour la veuve en

bas, l’équipe Perrousseaux â€“ GuĂ©ry. Je crains qu’à moins de prompts renforts
le match ne soit trÚs déséquilibré. Mais on ne sait jamais, une surprise est tou-
jours possible
 J’dis ça
 mais si un veuvedubassiste nous ramùne une
dream team, j’aurai pas l’air con


J.-M. Paris :

Selon le

Chicago Manual of Style

(13

e

Ă©dition, 1982, et 14

e

Ă©dition,

1993), une 

widow

ne saurait qu’ĂȘtre creuse (plus ou moins) et en haut de

page. « A widow, that is, a short line — one word or two or three little ones
(some say anything less than a full line) — at the top of a page. Â» D’autre part,
cette source ne fait aucune rĂ©fĂ©rence Ă  « orphan Â».

Ça ne s’arrange pas pour les veuvedubassistes


J. AndrĂ© : 

J’ai reçu ça [d’Alan Marshall, directeur du musĂ©e de l’Imprimerie,

Ă  Lyon] : Voici les quelques dĂ©finitions que j’ai trouvĂ©es chez moi.

RenĂ© Billoux, 

EncyclopĂŠdia chronologique des arts graphiques

, 1943. «

Ligne

boĂźteuse :

une queue d’alinĂ©a lorsqu’à la mise en pages elle tombe en tĂȘte 

de page. Â»

100

LIGNE CREUSE

background image

Kenneison et Spilman, 

Dictionary of Printing, Papermaking and Bookbind-

ing

, 1963. «

Widow :

a single word, in a line by itself, ending a paragraph at the

top or bottom of a page. 

Break-line :

the last line of a paragraph. It should not

begin a new page. Â»

Ken Garland, 

Graphic, Design and Printing Terms

, 1980. «

Widow :

last line of

typeset paragraph consisting of one word only ; may be used by some to
apply specifically to one coming on the first line of a new column. 

Orphan :

first line of paragraph appearing at foot of page ; often considered undesir-
able. 

Club line :

short (because indented) line at the beginning of paragraph

appearing at the foot of column. Â»

Selon Hugh Williamson, 

Methods of Book Design

, de nombreuses Ă©ditions

depuis plus de quarante ans, la mienne date de 1983 [
]. «

Widow : 

short line

at head of page or column. Â» Le mot 

Orphan

ne figure pas dans l’index.

John Miles, 

Design for Desktop Publishing

, 1987. «

Widow :

short line — the

end of a paragraph — appearing at the top of a page. Â» Le mot 

Orphan

ne

figure pas dans l’index.

Seybold and Dressler, 

Publishing from the Desktop

, 1987. «

Widow :

incom-

plete line that ends a paragraph appearing at the top of a page. 

Orphan :

a

line that begins a new paragraph at the very bottom of the page. Â»

Geoffrey Glaister, 

EncyclopĂŠdia of the Book

, 1996 (1960). «

Widow line :

a

line of text set at the head of a page, e.g. the concluding words of a para-
graph. Fewer than three lines in this position are considered bad setting. Â»

Une nouvelle Berezina pour les veuvedubassistes.

Justification des lignes creuses

À Typographie, du 27 fĂ©vrier au 4 mars 1998.

T. Bouche :

Je regrette par exemple que la derniĂšre ligne ne soit pas auto-

matiquement justifiĂ©e quand c’est possible.

A. Hurtig :

Xpress fait ça, et de deux maniÚres.

1. Brutale : il existe un format de paragraphe « au carrĂ© Â», dont chaque ligne

est obligatoirement justifiée.

2. ParamĂ©trĂ©e : on dĂ©clare le nombre de millimĂštres maximum au-delĂ 

duquel la justification de la derniĂšre ligne ne doit plus ĂȘtre faite.

T. Bouche : 

Justifier la derniùre ligne du dernier paragraphe d’un chapitre

devait faire partie de l’honneur des typos d’antan : c’est souvent superbe et
virtuose Ă  rĂ©aliser. Si le paragraphe se termine par une ligne presque pleine,
c’est dĂ©sagrĂ©able pour l’Ɠil.

A. Hurtig :

Je suis entiĂšrement d’accord avec ça : ce n’est pas toujours 

rĂ©alisable, mais je m’étonne que cette pratique se perde, et mĂȘme que l’Ɠil 

101

LIGNE CREUSE

background image

soit si souvent « gĂąchĂ© Â» par la mauvaise P.A.O. que les paragraphes pleins
(derniĂšre ligne justifiĂ©e) soient devenus peu naturels et mĂȘme gĂȘnants pour
certains lecteurs


Je suis d’accord avec Thierry et Alain : rien n’est plus hideux qu’une derniĂšre

ligne d’alinĂ©a « presque pleine Â». En revanche, je ne partage pas leur enthou-
siasme pour les derniùres lignes pleines
 Beaucoup de bons typographes
d’antan les considĂ©raient comme des pis-aller. Il est vrai que d’autres, 
tout aussi bons (et ayant bonne mĂ©moire
), les aimaient Ă  ce point qu’ils 
bourraient les lignes creuses avec des vignettes


Il y a des degrĂ©s dans l’horreur
 Pour une derniĂšre ligne, le pire c’est la

mesquinerie : ligne creuse Ă  peine supĂ©rieure au retrait d’alinĂ©a ou ligne
« presque pleine Â». La ligne pleine est admissible, mais elle n’est pas souhai-
table
 Du moins si l’on parle de composition en alinĂ©a
 L’idĂ©al, c’est une
ligne nettement plus longue que le retrait d’alinĂ©a et laissant Ă  droite un blanc
nettement supĂ©rieur au retrait d’alinĂ©a


T. Bouche :

Le sentiment d’achĂšvement que cela induit.

Ben moi, ce sentiment me gĂȘne
 Pourquoi ? Tu l’expliques trĂšs bien dans

la suite de ton message :

T. Bouche :

Ça participe de la fondamentale dissymĂ©trie des formes typo-

graphiques. Une phrase dĂ©bute par une majuscule et s’achĂšve par un point.
Un chapitre dĂ©bute par un retrait d’alinĂ©a (ou une lettrine) et s’achĂšve sur
une ligne pleine. On s’aperçoit que plus la typo est aux mains de 

graphistes

,

plus la symĂ©trie cherche Ă  s’imposer (exemples archĂ©typaux : « Le roi lioN Â»,
mais aussi « le bon usage Â»). MĂ©fions-nous de la « raison graphique Â» ! PrĂ©ser-
vons le dĂ©roulement de la pensĂ©e (Ă  sens) unique !

Oui ! mille fois oui ! Alors ne rĂ©introduisons pas 

in extremis

le sentiment 

statique, donc morbide, de l’achĂšvement
 PrĂ©servons le dĂ©roulement dyna-
mique, mĂȘme aprĂšs le point final. Prends les plus grands romans
 Leurs 
ultimes lignes souffriraient beaucoup d’ĂȘtre pleines ! C’est encore plus vrai si
les derniers signes prĂ©cĂšdent le nĂ©ant
 Inutile d’évoquer celles qui sont
inachevĂ©es
 Quelle tristesse de buter bĂȘtement sur la marge ! (Sauf Ă  vouloir
que cette particularité finale signifie explicitement quelque chose
)

T. Bouche :

Imaginons que 

Paradis

(Sollers) ou 

Ulysse

(pas HomĂšre, l’autre :

« yes molly yes Â») qui ne finissent pas par un point donc 

Ă©ventuellement

pourraient prĂȘter le flan Ă  l’argumentation ci-dessus (oui le flan : matiĂšre 
verbale flasque non ponctuĂ©e) s’achĂšvent sur une ligne pleine. C’est idĂ©al : le
flot verbal interrompu de façon arbitraire ! impossible de savoir s’il manque
une ligne ! impossible de savoir s’il en manque mille ! (mĂȘme en regardant

Paradis 2

, hein) ça 

colle

terriblement au projet !

102

LIGNE CREUSE

background image

Quoi ? What ? Ouarf ! Pour 

Paradis

, que ça colle horriblement Ă  ton

immonde projet zen, je n’y vois aucun inconvĂ©nient
 Mais 

Ulysse

! Y a pas de

point final ? Y en a un, et il est beau, car c’est le premier point du dernier 
chapitre !

« et oui j’ai dit oui je veux bien Oui. Â»

En V.O. : « and yes I said yes I will Yes. Â»

Note la cap du last Oui ou du dernier Yes
 et le final point qui suit
 Il a

besoin d’air, faut pas le coincer dans les cordes, contre la marge.

!

Extermination des veuves ! 




Liquidation des orphelines


À Typographie, le 4 juillet 1997.
J. 

André

: Veuves et orphelines Ă©tant bannies de la typographie, j’aime-

rais savoir comment faire, tant au plomb (froid ou chaud) qu’en P.A.O. Ma 
question est en fait : « Quels sont les degrĂ©s de libertĂ© ? Â»

On peut se tourner vers les bonnes vieilles mĂ©thodes draconiennes, qui 

ont le charme dĂ©suet de l’évidence : les pages longues et, surtout, courtes
(une ligne de moins) exterminent allégrement orphelines (éliminées par une
page courte) et veuves (

>

page longue). L’astuce consiste à mettre deux pages

courtes (ou longues
) en regard. D’accord, ce n’est pas terrible
 mais ce
n’est pas pire que beaucoup de tripatouillages (du texte, de l’interlignage, etc.).

Je n’aurais pas dĂ» envoyer ce message
 Je pressens que je vais me faire

taper sur les doigts


A. Hurtig :

Comment justifier (c’est bien le cas de le dire) ce genre de 

pratique ? [
] Un empagement est calculĂ© en fonction d’une esthĂ©tique, 
d’un sentiment qu’on veut donner à la lecture, du nombre de pages maximum
qu’on accepte d’imprimer, etc. Il dĂ©termine le gris typographique. Il ne dĂ©pend
pas de la fantaisie meurtriĂšre d’un plan d’épuration du veuvage et des 
orphelinats
 Bref, ça me semble ĂȘtre un bien mauvais parti que celui-lĂ .

Peut-ĂȘtre (sĂ»rement, mĂȘme)
 mais c’est celui de plusieurs typographes

respectables, Ă  commencer par Tschichold, comme le rappelle Patrick Cazaux.
Ce fut surtout une pratique courante. Je ne la défends pas
 je me contente
de rappeler qu’elle a existĂ© et que, dans certains cas, elle est raisonnablement
envisageable


À Typographie, du 12 au 13 janvier 1999.

A. Joly :

Enfin, le principal : respecter le registre sans engendrer de veuves

ni d’orphelines nĂ©cessite de faire appel Ă  des pratiques douteuses, ce qui est
mauvais pour la santé.

103

LIGNE CREUSE

background image

Toutes ne sont pas malsaines
 Quelques coupures judicieuses
 et, si c’est

insuffisant, une double « courte Â» (une ligne de moins).

Par ailleurs, si le foulage a disparu, les papiers transparents sont encore

parmi nous


A. Joly :

SĂ©rieusement, et sans provocation, je ne pense pas qu’il faille gĂ©nĂ©-

raliser des « prĂ©conisations typographiques Â».

D’accord. S’agissant de la nĂ©cessitĂ© du registre, un paramĂštre n’est pas Ă 

nĂ©gliger : le corps (et l’interlignage). En corps 6/7 ou en corps 7/7,5
 on peut
oublier le registre sans complexe, mĂȘme sur papier transparent et mĂȘme dans
les compos en colonnes (ouvrir n’importe quel dictionnaire
). Mais en
corps 10/12 ?

À Typographie, le 27 aoĂ»t 1999.

A. Hurtig :

Je me souviens que Jean-Pierre Lacroux m’avait expliquĂ© (c’était

au premier « dĂźner des typographes Â») qu’on pouvait gaillardement supprimer
une ligne en bas d’une page, si ça permettait de flinguer une veuve ou une
orpheline.

Jamais de la vie ! J’ai peut-ĂȘtre dit, aprĂšs des dizaines d’autres et non des

moindres, que dans certaines circonstances l’on pouvait accepter une double
courte (ou longue, selon les besoins), ce qui implique 

deux

lignes.

LisibilitĂ© fi 

Empattement.

Williams

1992

: Â« Les recherches ont Ă©tabli que les caractĂšres Ă  empat-

tements Ă©taient plus lisibles dans le texte continu que les linĂ©ales. Â»

Richaudeau 

1989

: Â« En particulier, il a Ă©tĂ© prouvĂ© que l’existence ou

l’absence d’empattement (tels ce 

n

et ce 

n

n’avait pas d’influence sur

la lisibilitĂ© des textes. Â» [Ponctuation d’origine.]

En 

1815

, M. Charles-François-Bienvenu Myriel Ă©tait Ă©vĂȘque de

Digne. C’était un vieillard d’environ soixante-quinze ans ; il occupait
le siĂšge de Digne depuis 

1806

.

Victor Hugo, 

les Misérables.

En 1815, M. Charles-François-Bienvenu Myriel Ă©tait Ă©vĂȘque de

Digne. C’était un vieillard d’environ soixante-quinze ans ; il occu-
pait le siĂšge de Digne depuis 1806.

Victor H

UGO

,

les Misérables.

104

LIGNE CREUSE

LISIBILITÉ

background image

EN 1815, M. CHARLES-FRANÇOIS-BIENVENU MYRIEL

ÉTAIT ÉVÊQUE DE DIGNE. C’ÉTAIT UN VIEILLARD 
D’ENVIRON SOIXANTE-QUINZE ANS ; IL OCCUPAIT LE
SIÈGE DE DIGNE DEPUIS 1806.

VICTOR HUGO, 

LES MISÉRABLES.

EN 1815, M. CHARLES-FRANÇOIS-BIENVENU MYRIEL ÉTAIT

ÉVÊQUE DE DIGNE. C’ÉTAIT UN VIEILLARD D’ENVIRON SOIXANTE-
QUINZE ANS ; IL OCCUPAIT LE SIÈGE DE DIGNE DEPUIS 1806.

VICTOR HUGO, 

LES MISÉRABLES.

Livre

Abréviation

: {liv.} (livre, livres).

Cette abréviation est devenue la norme
 Or, elle est doublement

dĂ©fectueuse, voir :

AbrĂ©viation Â§

3.2.4

.

‱‱

Le mot livre ne s’abrĂšge que dans les notes, les annexes, etc.

Dans le texte courant, il ne s’abrĂšge que dans les rĂ©fĂ©rences situĂ©es
entre parenthĂšses.

=

Lefevre 

1883

.

Livre sacrĂ© fi 

BibleTitre d’Ɠuvre.

Joseph Smith (

1805

-

1844

) publie en 

1830

le Livre de Mormon. Sa

prĂ©face indique que : Â« La pĂ©riode couverte par les annales du Livre de
Mormon s’étend de 

600

av. J.-C. Ă  

421

apr. J.-C. Â»

Lune fi Astre

∫

105

LISIBILITÉ

LUNE

background image
background image

107

Madame, mademoiselle, monsieur fi

AbréviationExposant.

« Voyons, continua le PiĂ©montais, parlant tout

haut au lieutenant des chevau-légers et tout bas à
La MĂŽle, Messieurs, qu’y a-t-il ? Â»

Alexandre Dumas, la Reine Margot.

« C’est un poulet pour M. M
 Â»

GĂ©rard de Nerval,

MĂ©moires d’un Parisien.

Selon les circonstances, ces titres de civilitĂ© s’écrivent sous une

forme abrĂ©gĂ©e ou au long :

— M

me

{Mme} : madame, M

mes

{Mmes} : mesdames ;

— M

lle

{Mlle} : mademoiselle, M

lles

{Mlles} : mesdemoiselles ;

— M. : monsieur, MM. : messieurs.

‱‱‱

La rĂšgle peut se rĂ©sumer ainsi : 

— forme abrĂ©gĂ©e devant le nom, le prĂ©nom, le titre ou la qualitĂ©

de quelqu’un dont on parle ; 

— forme pleine dans tous les autres cas. 
Exemples. — M. Alain Legrand succĂšde Ă  M. Bruno Fontaine ;

cette fresque est l’Ɠuvre de M

me

RenĂ©e G. ; j’aperçois M

lle

Louise ;

pardonnez-moi, monsieur, de vous avoir confondu avec M. Brun ;
pardonnez-moi, monsieur le sénateur, de vous avoir confondu avec
M. le maire ; pardonnez-moi, madame, de vous avoir confondue avec
ce monsieur ; pardonnez-moi, mademoiselle, de vous avoir confon-
due avec madame votre mùre (ce dernier terme n’est ni un patronyme,
ni un prénom, ni un titre).

Il est e

∑

cace d’avoir en mĂ©moire cette « grande orientation Â».

Néanmoins, quantité de cas particuliers exigent une formulation plus
fine de la rĂšgle.

background image

Remarque. — MaĂźtre (M

e

) et monseigneur (M

gr

) ont un compor-

tement identique. Docteur {D

r

} n’est pas un titre de civilitĂ©.

Les graphies {Mme, Mmes, Mlle, Mlles} sont admissibles, mais

aujourd’hui dĂ©conseillĂ©es. Les graphies [M

r

, Mr, Mr. pour Monsieur,

M

rs

, Mrs, M.M. pour Messieurs] sont fautives.

On peut le regretter pour M

r

, graphie hĂątivement qualifiĂ©e 

d’anglicisme, tare impardonnable en des temps oĂč pourtant les vrais
anglicismes prolifĂšrent dans notre langue. (Les Anglo-Saxons abrĂšgent
Mister en Mr, naguĂšre en {Mr.}) On accepte dumping sans sourciller
mais, au moindre « Mr Â» d’un correspondant inculte ou audacieux (ou
archaïsant), on se montre censeur vigilant, féroce et méprisant. Or ce
Mr (ou, mieux, M

r

) tant dĂ©criĂ© fut naguĂšre l’abrĂ©viation française

recommandée et remplacerait avantageusement notre intouchable
M., qui, source d’innombrables ambiguĂŻtĂ©s, est l’abrĂ©viation conven-
tionnelle la plus inepte et la plus pernicieuse : Â« J’aime beaucoup
M. Duhamel. Â» S’agit-il de Monsieur Duhamel (Georges) ou de 
Marcel Duhamel ? En outre, les graphies M

r

et M

rs

formeraient une

série cohérente (formation identique) avec M

me

, M

mes

, M

lle

, M

lles

.

Je ne peux (contre tous les codes et tous les dictionnaires actuels)

recommander explicitement l’emploi de M

r

et de M

rs

, mais je crois

aux vertus de l’implicite et des rappels historiques.

Rappel historique. — Les dĂ©fenseurs les plus sourcilleux de nos tra-

ditions nationales sont ici, comme souvent, ceux qui les connaissent le
moins. Ce prĂ©tendu « anglicisme Â» figure comme seule abrĂ©viation fran-
çaise de « Monsieur Â» dans des grammaires françaises du xix

e

siĂšcle, par

exemple Girault-Duvivier

1838

. Ă€ l’article « AbrĂ©viation Â», LittrĂ©

1872

donne « M

r

» et « M

me

» pour Monsieur et Madame
 (Il est vrai que

Larousse

1885

donne « M. Â» et « M

me

» ) Lefevre

1855

et 

1883

, bible des

typographes de la seconde moitiĂ© du xix

e

siĂšcle, donne « M. Â» et « M

r

».

Remarque. — Ceux qui s’escla

∂

ent en voyant « M

r

Untel Â» sur une

enveloppe et précisent que la seule forme française acceptable serait
en l’occurrence « M. Untel Â» sont des connaisseurs : dans une adresse,
oĂč par dĂ©finition l’on s’adresse au destinataire, la seule forme cour-
toise est « Monsieur Untel Â».

108

MADAME, MADEMOISELLE, MONSIEUR

background image

‱‱‱

DĂ©signation de tiers

(

=

dont on parle Ă  la troisiĂšme personne

du singulier ou du pluriel)

.

‱‱‱

Les abréviations sont en principe obligatoires devant un patro-

nyme ou un titre, une qualitĂ© : j’ai bien connu M. Thiers ; j’ai bien
connu M

me

Demy ; M. le sous-secrĂ©taire d’État est en vacances ;

navrĂ©, mais M. le dĂ©putĂ©-maire est en prison ; consultez M

e

LeliĂšvre

ou M

gr

Lefébure.

=

Lecerf

1956

Lefevre

1883

.

≠

Guéry

1996

, qui ne respecte pas sa propre « rĂšgle Â», il est vrai 

trĂšs imprĂ©cise, et donne comme exemple Ă  l’article « Noms de per-
sonnes Â» : Â« J’ai rencontrĂ© [monsieur] Blavette. Â»

≠

Lefevre

1855

et Frey

1857

, qui recommandent la forme complĂšte

devant un titre non suivi du nom propre : « On dit que {monsieur}
le comte est arrivĂ©. Â»
¶

Exception. AprĂšs une lettrine, on compose toujours la forme

complĂšte (petites capitales), voir :

Lettrine.

±

Quelques auteurs recommandent la forme complĂšte lorsque

l’on parle d’une personne trùs proche du destinataire (correspondance
privĂ©e) : « J’ai eu l’occasion de rencontrer votre cousin, monsieur
DuchĂȘne. Â» 

(Girodet

1988

). Cette exception Ă  la rĂšgle peut paraĂźtre

courtoise et claire — thĂ©oriquement, il n’y a aucun risque de confu-
sion, car, s’agissant du destinataire (dans l’hypothĂšse oĂč il porterait le
mĂȘme nom que son cousin
), la formule « titre de civilitĂ© + patro-
nyme Â» serait incorrecte — mais, entre l’étiquette des salons et celle de
la langue, mieux vaut toujours privilégier la seconde, plus précise, plus
ra

∑

nĂ©e et plus durable : j’ai eu l’occasion de rencontrer votre cousine,

M

lle

Dugland.

±

Le nom n’est pas nĂ©cessairement prĂ©cisĂ©. PrĂ©cĂ©dĂ© de M

me(s)

, de

M

lle(s)

ou de MM. (graphies dĂ©nuĂ©es d’ambiguĂŻtĂ©), il peut ĂȘtre sug-

gĂ©rĂ©, abrĂ©gĂ©, symbolisĂ© sans risque : j’ai bien connu M

me

de La M. ;

j’ai bien connu M

lle

G
 ; j’ai assez peu connu M

lle

de ***.

M. est d’un maniement plus malaisĂ©. Certaines graphies sont 

(tout juste) acceptables : M. J.-J. R. (GenĂšve) ; M. G*** ;  M. *** est
introuvable. D’autres sont Ă  Ă©viter : {j’ai Ă©crit Ă  M. N.}. Constituant

MADAME, MADEMOISELLE, MONSIEUR

109

background image

un tout avec le titre de civilitĂ©, les sigles et certains symboles exigent
la forme complĂšte : Monsieur K. [M. K.], Monsieur X [M. X].

‱‱‱

Devant les prĂ©noms suivis de patronymes, l’abrĂ©viation 

s’impose : il apprĂ©cie beaucoup le talent de M. Michel Dalberto ; j’ai
relu le dernier discours de M. Jacques C.

± â€ąâ€ą

Devant les prénoms (ou devant leurs diminutifs) non suivis

de patronymes, la rĂšgle est moins stricte, mais les formes abrĂ©gĂ©es sont
prĂ©fĂ©rables dans la plupart des cas : je n’ai jamais revu M

lle

Lulu.

Lorsque le couple « titre de civilitĂ© + prĂ©nom Â» est assimilable Ă  une

enseigne, la forme pleine (avec la majuscule initiale) est judicieuse :
M

lle

Doiseau a rencontrĂ© M. le ministre chez Madame Claude.

L’ironie ou l’a

∂

ection produisent parfois les mĂȘmes e

∂

ets : « En

trente ans, Madame Maud avait eu le temps de modeler Monsieur
DĂ©dĂ© totalement Ă  sa convenance. Â» â€“ Pierre Combescot, les Filles du
Calvaire
.

Dans tous les autres cas, la forme complĂšte s’impose : je ne connais

pas ce monsieur ; ce Legrandin est un tout petit monsieur.

DĂ©signation d’interlocuteurs ou de destinataires

(

=

Ă  qui l’on 

s’adresse, gĂ©nĂ©ralement, en employant la deuxiĂšme personne du 
singulier ou du pluriel) : la forme complĂšte est obligatoire en toutes
circonstances. Voici un titre qui illustre la di

∂

Ă©rence de traitement

graphique entre destinataire(s) et tiers :

Lettre Ă  messieurs de l’AcadĂ©mie

française sur l’éloge de M. le marĂ©chal de Vauban, Pierre Ambroise 
François Choderlos de Laclos.

Titres d’Ɠuvres.

Avant le nom ou le titre d’un tiers, la forme abrĂ©gĂ©e s’impose

lorsque madame, mademoiselle ou monsieur n’est pas le premier mot
d’un titre d’Ɠuvre : « la ChĂšvre de M. Seguin Â» est une des 

Lettres de

mon moulin, d’Alphonse Daudet ; le Crime de M. Lange est un film de
Jean Renoir.

En revanche, la forme complĂšte est obligatoire s’il s’agit du premier

mot du titre : Madame Bovary est un roman de Gustave Flaubert.

110

MADAME, MADEMOISELLE, MONSIEUR

background image

Cas particuliers.

Par dĂ©fĂ©rence, respect, contrainte ou ironie, on s’adresse parfois 

Ă  quelqu’un Ă  la troisiĂšme personne. Le titre de civilitĂ© s’écrit Ă©vi-
demment sous sa forme complĂšte, avec une majuscule initiale : alors,
Monsieur a bien dormi ?

Tiers et destinataire se confondent parfois, sans aucune consé-

quence graphique : « â€” Vous pouvez m’indiquer oĂč se trouve
M

me

Ghyka ? — Oui, bien sĂ»r, c’est moi. Â» â€“ Didier Daeninckx, le

Der des ders.

« Quand j’arrivais chez M

me

Swann, elle me demandait : — Com-

ment va Madame votre mĂšre ? Â» â€“ Marcel Proust, Ă€ l’ombre des jeunes
filles en fleurs
.

∑

La Grande Mademoiselle, Madame Royale.

Mademoiselle fi Madame, mademoiselle, monsieur

Majuscule fi

AccentuationCapitalePetite capitale.

« Un imprimeur de Paris avait fait une tragĂ©die

sainte, intitulĂ©e JosuĂ©. Il l’imprima avec tout le luxe
possible, et l’envoya au cĂ©lĂšbre Bodoni, son
confrùre, à Parme. Quelque temps aprùs, l’impri-
meur-auteur fit un voyage en Italie ; il alla voir son
ami Bodoni : “Que pensez-vous de ma tragĂ©die de
JosuĂ© ? â€” Ah ! que de beautĂ©s. — Il vous semble
donc que cet ouvrage me vaudra quelque gloire ? â€”
Ah ! cher ami, il vous immortalise. — Et les carac-
tĂšres, qu’en dites-vous ? — Sublimes et parfai-
tement soutenus, surtout les majuscules.” Â»

Stendhal, Racine et Shakespeare.

Du bon usage des majuscules et des minuscules.

On ne le rĂ©pĂ©tera jamais assez : majuscule et capitale ne sont pas

synonymes ! Minuscule et bas de casse pas davantage ! Majuscules 
et minuscules ressortissent Ă  l’écriture, capitales et bas de casse Ă  la
composition typographique. Dans « JE PENSE, DONC JE SUIS Â»,
tout est en capitales, mais il n’y a qu’une majuscule.

MADAME, MADEMOISELLE, MONSIEUR

MAJUSCULE

111

background image

Cette premiĂšre distinction (Ă©criture et composition) est insu

∑-

sante : l’essentiel rĂ©side dans la di

∂

Ă©rence des rĂŽles, singuliĂšrement

pour le couple majuscule-capitale.

D’ailleurs, dans cette a

∂

aire, tout dĂ©pend des couples : Ă©criture-

composition, majuscule-capitale, majuscules Ă©nonciatives-majuscules
distinctives, terme générique-terme spécifique, unicité-multiplicité,
temps-espace


L’emploi des majuscules distinctives est souvent considĂ©rĂ© comme

la terre d’élection du caprice, de la coutume corporatiste, de la
marotte archaĂŻque. Or, ici comme ailleurs, la composition typogra-
phique française n’est ni arbitraire ni incohĂ©rente. Elle obĂ©it Ă  deux
grands principes. Le premier est intangible ; le second est une grĂące
conquise, une Ă©lĂ©gance menacĂ©e. De leur hymen naissent parfois 
d’étranges rejetons.

1

. Les noms propres (et assimilĂ©s) prennent la majuscule initiale : 

il sort de la Monnaie, il sort de la monnaie.

2

. Contrairement Ă  beaucoup d’autres langues, le français n’aime

pas la fatuité. Il sait vivre et répugne à multiplier les signes ostenta-
toires. D’oĂč la beautĂ© du musĂ©e du Louvre et de l’AcadĂ©mie française,
de la mer Morte et du Massif central.

Le premier principe semble limpide et d’application aisĂ©e. 
C’est d’ailleurs vrai dans la plupart des occurrences : la graphie 

d’Azor — ou de Bruno, de Cuba, de Dupont — ne prĂ©sente aucune
di

∑

cultĂ©. 

Les ennuis arrivent avec les transfuges, qui passent d’une catĂ©gorie

Ă  l’autre (restauration-Restauration, Diesel-diesel), et, surtout, avec
les dĂ©nominations complexes (École polytechnique, grand-duchĂ© de
Luxembourg) qui sont soumises au premier et au second principes


Utilisation stylistique.

Marouzeau 

1941

: Â« La majuscule initiale nous permet de person-

nifier une notion (la Loi), de magnifier une Ă©vocation (le grand Tout),
d’exprimer la dĂ©fĂ©rence (Madame, Sa SaintetĂ©). Â»

112

MAJUSCULE

background image

113

MAJUSCULE

Majuscules et capitales

Site Web de Jean-Pierre Lacroux.

En français
 et en dĂ©pit des dictionnaires d’usage courant et des traduc-

teurs de logiciels, les deux mots ne devraient jamais ĂȘtre synonymes
 surtout
aujourd’hui !

Une majuscule est toujours un caractÚre. Une capitale non
 pas néces-

sairement
 c’est un format
 DiffĂ©rence considĂ©rable (thĂ©oriquement et 
pratiquement
). La premiĂšre est affaire de langue Ă©crite. La seconde est 
uniquement, Ă©troitement, pauvrement, affaire de typographie
 Certes, ces
deux empires ont un territoire commun (l’orthotypographie
), mais il ne faut
pas l’élargir Ă  l’excĂšs et surtout ne pas considĂ©rer que leurs mots sont inter-
changeables. Certes, le glyphe d’une majuscule est celui d’une capitale (kif-kif
avec les minuscules et les bas de casse), mais ça s’arrĂȘte là


Prenons la phrase suivante : Â« Ici, dĂ©nigrer Claudel est le plus sĂ»r moyen

d’obtenir un brevet de pensĂ©e libre. Â» Deux majuscules, la premiĂšre est dĂ©mar-
cative, la seconde est distinctive. Tout le reste est en minuscules.

Maintenant, composons la phrase en toutes capitales : « ICI, DÉNIGRER

CLAUDEL EST LE PLUS SÛR MOYEN D’OBTENIR UN BREVET DE PENSÉE
LIBRE. Â»

Rien que des grandes capitales
 mais toujours deux majuscules
 pas une

de plus
 L’amusant dans l’histoire est qu’« Ă©tymologiquement Â» ce devrait ĂȘtre
le contraire (majuscule : plus grand que, capitale : en tĂȘte), mais l’étymologie,
ça va cinq minutes


Parler d’une « capitale initiale Â» serait donc affreusement redondant ? Je

n’ose y croire


Ben non, justement, sauf si tu appartiens Ă  la secte des adorateurs de 

l’étymologie
 Dans notre jargon contemporain, c’est la majuscule qui par
dĂ©finition est en tĂȘte, qui est initiale
 (Enfin
 pas toujours
 mais quand elle
n’est pas en tĂȘte, par exemple dans les sigles et les acronymes, disons le N 
et le U de « ONU Â», elle reprĂ©sente quand mĂȘme une initiale
) C’est donc
« majuscule initiale Â» qui a de trĂšs fortes chances d’ĂȘtre affreusement redon-
dant
 En revanche, une grande capitale initiale est lĂ©gitime
 et a toutes 
les chances de représenter une majuscule
 ce qui, bien entendu, est trÚs
rarement la mission d’une petite capitale


Je vous demande pardon, mais lĂ , je ne vous suis pas trĂšs bien. Si l’on 

n’avait pas vu l’autre texte, et s’il ne s’agissait pas d’un nom connu (comme
Claudel), comment saurait-on qu’il y avait toujours deux majuscules dans la
phrase mise en capitales ?

Justement
 grùce à la différence entre majuscule (caractÚre) et capitale

(format typographique). Ce point — trĂšs important, disons-le, capital — a fait 

background image

114

MAJUSCULE

l’objet de longs dĂ©bats sur la liste Typographie oĂč il a recoupĂ© en partie le 
marronnier des capitales (et des majuscules
) accentuĂ©es (c’est le mĂȘme
« problĂšme Â», donc j’en profite pour rĂ©pondre Ă  ceux qui contestent bĂȘtement
et pĂ©riodiquement leur absolue nĂ©cessité ).

En voici des extraits [
] :

Accentuation des majuscules et des capitales

Soit deux couples : majuscules/minuscules (ortho) et capitales/bas de casse

(typo). La distinction est évidente, parfaitement compréhensible, connue de
tous
 mais la terminologie résiste par endroits.

État :

composĂ© en bas de casse, avec une capitale initiale car c’est une

majuscule, soit trois minuscules et une majuscule.

ÉTAT :

composé en capitales, dont la premiÚre est aussi une majuscule, soit

quatre capitales dont une majuscule et
 trois quoi ?

Trois minuscules ? (Clameurs horrifiĂ©es dans les coulisses.)
Comme il est prudent de ne pas le gueuler sur n’importe quel toit, je mur-

mure : oui
 car, contrairement Ă  toi, je crois que la rĂ©versibilitĂ© des casses n’est
pas indĂ©pendante de cette notion, qui, sous des dĂ©nominations parfois 
burlesques et outrageusement contresensiques (le « Tout majuscules Â» et le
« Petites majuscules Â» d’Xpress
), est Ă  l’Ɠuvre dans nos logiciels. ConsĂ©-
quence : les majuscules s’obtiennent directement * au clavier, grĂące Ă  la touche
qui leur est dĂ©volue ; le tout cap, non, enfin, de prĂ©fĂ©rence, non
 et les 
petites caps, non, nĂ©cessairement non **. C’est pourquoi le « on compose Â» 
de ta phrase citĂ©e plus haut implique une mise hors jeu de la saisie, car on 
ne devrait jamais saisir en capitales (avec « maj. Â» ou « maj. verr. Â»)
 mais on
doit toujours saisir les majuscules (avec « maj. Â» ou « maj. verr. Â») ! Sinon, adieu
rĂ©versibilitĂ© ! et mĂȘme, adieu choix serein d’une casse


Si vous cédez à la facilité du verrouillage des majuscules, eh bien alors,

adieu rĂ©versibilitĂ© des vraies majuscules !

C’est inexact. À moins que vous n’ayez pas compris de quoi il retourne ?

Hors des contextes rustiques (comme ici
), on utilise le verrouillage pour 

* J’aurais volontiers ajoutĂ© « et nĂ©cessairement Â», mais je crains que des individus

pervers ou mal équipés ne procÚdent autrement


** Ne me rĂ©ponds pas que les raccourcis de format ou de style contredisent 

cette assertion
 Tu as parfaitement compris ce que j’ai tentĂ© de dire
 La majuscule
n’est pas un format. La capitale, si, Ă©ventuellement. Et si tu me rĂ©ponds qu’une police
Small Caps permet d’obtenir sans format des petites capitales
 je te priverai de 
dessert ! Si tu me rĂ©ponds que toutes ces foutaises n’ont aucun sens chez les TeXans,
je m’écrase d’avance et t’offre une Rochefort capsule bleue


background image

obtenir aisément une majuscule accentuée
 non pour obtenir des capitales
accentuées (du moins quand on est conscient du problÚme).

Voici trois éléphants initiaux (donc
 avec une majuscule obligatoire) a

priori semblables :

ÉLÉPHANT ÉLÉPHANT ÉLÉPHANT

Le premier a Ă©tĂ© obtenu ainsi : maj. verr. + « Ă© Â», Â« lĂ©phant Â» en b. de c., sĂ©lec-

tion du mot, format toutes caps.

Le deuxiĂšme a Ă©tĂ© obtenu ainsi : maj. verr. + « Ă©lĂ©phant Â».
Le troisiĂšme a Ă©tĂ© obtenu ainsi : « Ă©lĂ©phant Â» en b. de c., sĂ©lection du mot,

format toutes caps.

Maintenant, supposons que les caps subitement nous gonflent
 Passons

en b. de c. Nous obtenons :

ÉlĂ©phant ÉLÉPHANT Ă©lĂ©phant

Seul le premier sort victorieux de l’épreuve.
Allons plus loin et revenons à nos moutons. Voici deux autres éléphants,

non initiaux et lĂ©gĂšrement diffĂ©rents :

ÉLÉPHANT ELÉPHANT

Le premier suit les recommandations des accentueurs systématiques et

dogmatiques. Le second obĂ©it aux joyeux accentueurs alternatifs. Revient 
l’envie ou la nĂ©cessitĂ© de passer en b. de c. Allons-y :

éléphant eléphant

Vous me direz que ces passages d’élĂ©phants du cap au b. de c. sont excep-

tionnels
 Peut-ĂȘtre
 mais il n’y a pas que les Ă©lĂ©phants qui changent de
casse
 et surtout, 

surtout

, il serait temps de commencer Ă  comprendre que

le plomb et la machine Ă  Ă©crire sont morts et enterrĂ©s
 que l’on ne « com-
pose Â» plus dans l’inerte, le figĂ©, que l’on ne « saisit Â» plus des glyphes mais des
caractĂšres ! qu’un autre temps est dĂ©jĂ  lĂ  ! un temps oĂč ce que l’on « saisit Â» n’a
plus Ă  ĂȘtre recommencĂ© quand le « contexte Â» change ! un temps aussi oĂč le
dogmatisme et l’archaïsme sont visiblement difficiles à discerner
 [
]

Je n’aime guĂšre que l’on traite de « dogmatiques Â» les accentueurs systĂ©-

matiques
 Non que cela me peine
 j’en ai vu d’autres
 mais parce que
ceux qui brandissent ce vocable — et ceux qui ne le contestent pas
 et 
ceux qui disent ou pensent « ben oui, y a du vrai
 Â» — sont en rĂ©alitĂ© les vrais
dogmatiques, les vrais archaĂŻques, les vrais coincĂ©s
 

L’accentuation systĂ©matique des majuscules est un des fondements de la

« libertĂ© Â» (formelle
) que les textes composĂ©s ont acquise dĂ©sormais (thĂ©o-
riquement
). Ils peuvent modifier leur apparence sans le moindre risque. 
Les modernes, c’est nous ! Les archaĂŻques (un usage bien sĂ©lectionnĂ© et mes 
petites habitudes
), c’est vous ! [
]

Selon vous, en France, l’usage serait de ne pas accentuer les majuscules.

L’usage
 comme s’il n’y en avait qu’un.

115

MAJUSCULE

background image

116

MAJUSCULE

(Il est question de typographie, alors Ă©liminons d’emblĂ©e les facĂ©ties des

instituteurs et des dactylographes, qui peuvent expliquer pourquoi nombre 
de nos semblables s’imaginent que les majuscules ne s’accentuent pas en
composition typographique, mais rien de plus
)

Sur ce point comme sur quelques autres, il n’y a pas qu’

un

usage typogra-

phique, et il est presque aussi erronĂ© de prĂ©tendre que l’usage est d’accentuer
les majuscules que d’affirmer le contraire. Il convient de prĂ©ciser de quoi l’on
parle, surtout si l’on fonde son raisonnement sur l’analyse des usages : Ă  quelle
Ă©poque, dans quelles circonstances Ă©ditoriales, pour quelles voyelles, etc. 
Et c’est là que je vous trouve particuliùrement habile (pour ne pas nous
fùcher
), car au fil du discours vous intégrez certains paramÚtres
 sans que
cela ne modifie d’un iota le leitmotiv de votre assertion fondatrice
 alors 
que, vous le savez pertinemment, cela suffit Ă  la disqualifier.

Sortir d’un contexte donnĂ© la question de l’accentuation et de la non-

accentuation des majuscules ou des capitales ne mĂšne Ă  rien.

Ça dĂ©pend
 Oui, quand les adversaires de l’accentuation systĂ©matique

pondent des gĂ©nĂ©ralitĂ©s hors contexte, alors que leur position « thĂ©orique Â»
exige que les circonstances soient précisées
 pour tous les cas envisa-
geables ! En revanche, difficile de reprocher aux partisans de l’accentuation 
systĂ©matique de sortir d’un ou du contexte
 puisque leur position implique
prĂ©cisĂ©ment de n’y point entrer. (Pas de quiproquo : je parle ici de leur recom-
mandation, non de la description historique.)

Au fait, quelle est la vĂ©ritable question, sinon celle de la validitĂ© d’une

recommandation ? d’une recommandation d’aujourd’hui, pour les scripteurs
et les compositeurs d’aujourd’hui et de demain matin ?

À vue de nez, il n’y a que trois solutions :
— accentuez systĂ©matiquement toutes les caps ;
— n’accentuez jamais les caps ;
— accentuez selon les circonstances.
Éliminons la deuxiĂšme, que personne ne dĂ©fend, et renonçons Ă  opposer

les deux survivantes Ă  coups d’approximations et d’erreurs historiques ou 
techniques.

Dans un premier temps, je propose aux tenants des « circonstances Â» de

nous décrire celles-ci, précisément, toutes (techniques, éditoriales, linguis-
tiques). Une recommandation se doit d’ĂȘtre prĂ©cise et, si possible, non Ă©qui-
voque, tout en restant opérationnelle. Inutile de se donner la peine de justifier
l’invocation de telle ou telle circonstance : cela pourrait faire l’objet d’une 
passionnante deuxiĂšme Ă©tape.

Les tenants du « systĂ©matisme Â» ont eux aussi Ă  justifier leur parti, c’est une

Ă©vidence. [
] DĂšs qu’ils sauront ce que sont toutes les « circonstances Â» qu’on

background image

leur oppose implicitement (seules quelques bribes sont explicites), ils se
feront un plaisir d’en dire un peu plus.

Les Espagnols, que certains ici citent avec plaisir, Ă©crivent 

elefant

, et nous

« Ă©lĂ©phant Â» : sont-ils plus cons que nous ?

Les Espagnols Ă©crivent 

civilizaciĂłn

et 

caña de azĂșcar

, et nous « civilisation Â»

et « canne Ă  sucre Â»â€Š Sommes-nous plus cons qu’eux ? Je vous avoue que
c’est une question que je ne me pose pas, car je la trouve, comment dire ? un
peu conne
 

Feindre de voir un lien entre l’accentuation et la connerie supposĂ©e de tel

ou tel peuple est un sport dangereux. Laissez-le aux xĂ©nophobes.

Manchette fi Addition

Manifestation culturelle ou commerciale

Biennale, carnaval, concours, exposition, festival, foire, jeux, salon.

‱‱‱

Capitale initiale au premier substantif et Ă  l’éventuel adjectif

qui le précÚde (

≈

et aux éventuels noms propres inclus dans la déno-

mination).

=

Code typ.

1993

Girodet

1988

Gouriou

1990

Impr. nat.

1990

.

Le Carnaval de Rio (de Nice, etc.), le Concours LĂ©pine, l’Expo-

sition universelle, le Festival d’Avignon (de Cannes, de Venise, etc.), 
la Foire de Paris (de Marseille, etc.), les Jeux floraux, le Salon des arts
ménagers (les Arts ménagers).

◊

Le Salon d’Automne, le Salon de l’automobile (du livre, etc.), 

le Salon nautique.

π

117

MAJUSCULE

MANIFESTATION CULTURELLE OU COMMERCIALE

background image

Manifestation sportive

« Le sport multiforme, aux innombrables tenta-

cules, c’est la grande chance de la sociĂ©tĂ© bour-
geoise. Aucune Bastille n’eĂ»t Ă©tĂ© prise si la boxe et
si le catch, si le ballon rond ou ovale, si la bicyclette
avaient existĂ©. Â»

François Mauriac, le Nouveau Bloc-Notes.

Les Jeux olympiques (voir : Jeu), les Six-Jours de Paris, le Tour de

France, le Tour d’Espagne, d’Italie, les Vingt-quatre Heures du Mans,
la Coupe de France (de football).

Le championnat de France (d’aviron, etc.), les championnats 

d’Europe d’athlĂ©tisme, une mĂ©daille d’or.

Manuscrit

Noms propres, nĂ©ologismes, fautes volontaires.

Si le manuscrit contient des mots Ă  orthographes multiples 

ou contestées, des néologismes étranges, des barbarismes ou des solé-
cismes volontaires, des patronymes ou des toponymes exotiques, peu
connus ou inventĂ©s, l’auteur indiquera clairement en marge que les
formes adoptĂ©es doivent ĂȘtre respectĂ©es par le correcteur. Si les mots
concernĂ©s ont de trĂšs nombreuses occurrences, il Ă©tablira une « liste
des di

∑

cultĂ©s Â».

Pagination.

Toutes les pages doivent ĂȘtre numĂ©rotĂ©es, sans interruption. Éviter

les 

145

bis, 

257

ter, 

23

a, 

451

b, etc. Rien n’indique Ă  l’éditeur, au 

correcteur ou au compositeur qu’une page 

451

c ou 

145

ter n’a pas Ă©tĂ©

oubliée ou égarée.

¶ Aujourd’hui, la pagination automatique des logiciels de traitement

de texte rend trĂšs rare et trĂšs inexcusable ce genre de numĂ©rotation 
discontinue.

Les coupures d’ouvrages imprimĂ©s seront collĂ©es sur des feuilles

d’un format identique à celui de l’ensemble du manuscrit. Si les
extraits couvrent plus d’une page, deux exemplaires de l’ouvrage repris

118

MANIFESTATION SPORTIVE

MANUSCRIT

background image

119

MANUSCRIT

MARQUE DÉPOSÉE

seront nécessaires afin de pouvoir coller successivement le recto et le
verso des feuillets extraits sur des feuilles distinctes qui reprendront la
pagination courante du manuscrit.

Marque dĂ©posĂ©e fi 

Nom propre.

‱‱‱

Les noms de marque se composent en romain.

‱‱‱

Ils prennent la majuscule et sont invariables.

Certains noms de marque tendent à devenir de véritables noms

communs :

±

Un AĂ©rotrain, voir : AĂ©ro-.

Une fermeture Éclair, des fermetures Éclair 

>

fermeture Ă  glissiĂšre

=

Girodet

1988

Impr. nat.

1990

Larousse

1999

;

≠

Robert

1985

Ă©crit 

d’abord Â« Fermeture Ă‰clair Â», puis donne comme exemple Â« sacoche
Ă  fermeture Ă©clair Â».

Formica 

=

Girodet

1988

Larousse

1999

.

Frigidaire, des Frigidaire 

>

rĂ©frigĂ©rateur 

=

Girodet

1988

Larousse

1999

Lexis

1989

Thomas

1971

.

≠

Robert

1985

,

1993

.

Yo-Yo, des Yo-Yo 

=

Girodet

1988

Larousse

1999

.

≠

Robert

1985

,

1993

.

Une Ă©tude de cas :

le « l’ Â» et la capitale de « l’Internet Â»

À France-Langue, du 12 au 28 fĂ©vrier 1997.

M. Van Campenhoudt : 

Convient-il de placer un article devant le mot 

Inter-

net

? Faut-il Ă©crire « J’ai trouvĂ© cette rĂ©fĂ©rence en naviguant 

sur Internet

» ou

« J’ai trouvĂ© cette rĂ©fĂ©rence en naviguant 

sur l’Internet

» ? Comment justifieriez-

vous votre rĂ©ponse ?

L’Internet est meilleur qu’Internet.
Tout dĂ©pend de l’apprĂ©ciation que l’on porte sur cette toile. Parler d’Inter-

net, c’est assimiler ce nom Ă  une marque : je surfe sur Internet. Je travaille chez
Chrysler. J’achĂšte mes nouilles chez IntermarchĂ©. Parler de l’Internet, c’est assi-
miler ce rĂ©seau Ă  un service, Ă  un organisme (pour faire simple, car c’est un
peu plus compliquĂ©, l’article pouvant, par exemple, prĂ©cĂ©der des dĂ©nomi-
nations d’entreprises commençant par un nom commun) : je travaille pour le
Federal Bureau of Investigation, et mon frùre pour la C.I.A. J’achùte les cartes
de l’Unicef.

background image

120

MARQUE DÉPOSÉE

Selon moi, l’emploi d’Internet sans article traduit une adhĂ©sion, consciente

ou inconsciente, Ă  l’idĂ©ologie marchande. En revanche, l’emploi de l’Internet
me semble mieux exprimer la nature initiale de ce réseau et une tentative de
résistance (certes un peu dérisoire).

Anis :

« En français, le nom propre Internet s’emploie de prĂ©fĂ©rence sans

article, ce qui est l’usage ordinaire en matiùre de noms propres, particuliù-
rement de noms propres Ă©trangers, dĂ©signant des rĂ©alitĂ©s uniques : on parle
donc du rĂ©seau Internet. Â» 

Recherche terminologique

[N. D. Ă‰. : il s’agit d’un

site Web]

,

Marcel Bergeron, rĂ©daction : NoĂ«lle Guilloton.

Cette citation me terrifie
 car toutes les catégories de noms propres (et de

noms assimilĂ©s Ă  des noms propres) sont concernĂ©es par la prĂ©sence de 
l’article
 Aucune n’y Ă©chappe complĂštement (il s’agit parfois d’usages parti-
culiers), et certaines ne pourraient s’en passer. Cela dit, je trouve Ă©trange que
la dĂ©monstration s’appuie sur un exemple oĂč « Internet Â» est mis en apposition
derriÚre un nom commun déterminé par un article défini contracté.

Anis :

L’usage tranchera sur l’article mais il me semble que 

Internet

domine

largement. Du coup 

l’Internet

fait un peu snob, rĂ©servĂ© aux initiĂ©s. Pour la 

prĂ©position, comme beaucoup de « listiers Â», je prĂ©fĂšre 

sur

(on navigue 

sur

la

mer et pas 

dans

la mer, on Ă©coute une Ă©mission 

sur

France-Inter, etc.).

S’agissant de l’Internet, qui sont les non-initiĂ©s ? Ceux qui ignorent tout de

ce rĂ©seau, sauf que l’adresse des sites www commence par http:// ? Cette 
succession de signes serait donc plus aisĂ©e Ă  manipuler que l’article dĂ©fini ?
Qui parle de 

l’Internet

ou 

d’Internet

sans ĂȘtre partiellement initiĂ© ? Et pourquoi

ceux qui ont Ă  peu prĂšs compris la nature de cette chose seraient-ils plus
snobs que ceux qui y naviguent bĂ©atement et parfois par snobisme ?

Quant Ă  la prĂ©position, je crois qu’il est inutile de trancher, ou, plus prĂ©ci-

sĂ©ment, je ne vois pas oĂč est le problĂšme [
]. On peut se passionner pour
l’Internet, apprendre un dĂ©tail insignifiant par l’Internet.

Alors, s’il est certain que l’on navigue de prĂ©fĂ©rence (voir plus bas) 

sur

l’Internet (Ă  moins d’ĂȘtre un sous-marinier, et il y en a dans ces eaux), en quoi
le problĂšme de la prĂ©position se pose-t-il spĂ©cifiquement ? Pour lire 

dans

ou

sur

l’Internet ? Il est spĂ©cieux d’assimiler l’Internet soit Ă  un livre, une encyclo-

pĂ©die, un annuaire, Ă  un journal, Ă  la presse (et c’est 

dans

), soit Ă  une affiche,

une pancarte, un panneau, Ă  du sable ou Ă  du papier (alors c’est 

sur

).

Se contente-t-on de lire ou d’écrire par le biais de l’Internet ? On peut y 

voir des images animĂ©es (comme on en voit 

au

cinĂ©ma, 

Ă 

la tĂ©lĂ©vision, Ă  

l’écran ou sur les Ă©crans
), y entendre des sons, des voix, de la musique, y
parler (comme 

Ă 

la radio, 

sur

telle station). Est-ce une raison suffisante pour

« parler ou converser 

Ă 

l’Internet Â», pour voir Clinton 

Ă 

l’Internet ? Certes non. 

background image

Les comparaisons (avec la mer, le livre, le tĂ©lĂ©phone, etc.) n’apportent

aucune lumiĂšre, surtout si l’on sĂ©lectionne les seuls emplois qui favorisent la
démonstration.

Naviguer

(intransitif) + 

Ă©couter

(transitif) ne prouvent en rien que 

sur

est la

meilleure prĂ©position pour l’Internet
 AprĂšs tout, on Ă©coute la radio, ou
France-Inter, alors qu’il est difficile de naviguer la mer. Rien n’interdit par
ailleurs de naviguer 

dans

des eaux troubles ou d’écouter une Ă©mission 

de

France-Inter.

Pourquoi vouloir attacher une prĂ©position privilĂ©giĂ©e Ă  ce mot ? Sur ce 

terrain, il n’a rien de bien particulier. Il suffit de savoir ce que l’on veut dire ou
Ă©crire : la prĂ©position idoine viendra naturellement, et ce ne sera pas toujours
la mĂȘme, selon les verbes. On peut naviguer 

sur

l’Internet, recourir 

Ă 

l’Internet,

foutre le bordel 

dans

l’Internet, ĂȘtre sĂ©duit ou effrayĂ© 

par

l’Internet. On peut

mĂȘme se passer 

de

l’Internet. On peut mĂȘme se passer de la prĂ©position et

aimer l’Internet.

Dernier mot : la minuscule initiale indique une lexicalisation quasi dĂ©fi-

nitive
 On en est presque lĂ , mais rien n’interdit de se donner bonne 
conscience en freinant des quatre fers


À France-Langue, le 20 juin 1997.

F. Hubert : 

Internet

tout court, donc, car il est un nom propre, tout comme

Windows (dit-on 

le

Windows ?).

Votre « car Â» me semble un peu abusif, car la plupart des catĂ©gories de 

noms propres s’accommodent fort bien de la prĂ©sence de l’article et certaines
l’exigent.

L’Internet n’est pas un « produit Â». Il n’est pas dĂ©monstratif de le comparer

avec un logiciel.

F. Hubert :

« L’Internet Â» devrait demeurer, cependant, dans l’usage familier.

Je crois au contraire que « l’Internet Â» appartient Ă  l’usage soutenu
 Ce qui,

j’en conviens, n’est certes pas une garantie de pĂ©rennité  Je constate avec
plaisir que France TĂ©lĂ©com emploie « l’Internet Â» dans ses annonces radiopho-
niques pour Wanadoo [
], puis qu’il revient Ă  « Internet Â» dans la presse
Ă©crite
 Pour une fois, je suis fermement du cĂŽtĂ© de l’oral


À F.L.L.F., le 14 mai 1998.

A. Laurent :

D’ailleurs, lorsque l’on met la majuscule à Internet, on com-

prend pourquoi il est inutile de traduire un nom propre.

Que l’Internet n’ait pas besoin d’ĂȘtre « traduit Â», c’est plus que probable. 

Que l’explication soit celle que vous avancez, c’est plus que douteux
 La 
« traduction Â» des noms propres est certes en recul mais c’est une de nos 
saines pratiques


121

MARQUE DÉPOSÉE

background image

122

Toutes les catĂ©gories sont concernĂ©es (toponymes, prĂ©noms et jadis 

patronymes, Ă©vĂ©nements historiques, titres, institutions et organismes, etc.).
Les traductions de marques commerciales sont Ă©videmment plus rares, mais
l’Internet n’est pas une marque


À mon sens, s’il n’y a pas lieu de le traduire, c’est tout simplement parce

qu’il est un peu tard et que ça ferait rigoler pas mal de monde, à commencer
par la plupart des internautes francophones qui naviguent entre les mailles 
du filet. Vous me direz que ce n’est pas une garantie contre une Ă©ventuelle
recommandation officielle
 mais je doute que l’Internet soit prochainement
dĂ©baptisĂ© dans l’usage français.

ProblĂšmes de majuscules

À Typographie, le 11 janvier 1998.

J.-D. Rondinet :


 Car ce sont des marques dĂ©posĂ©es, en effet ! Pense aussi

que, si tu modifies ces noms, des gens ou des logiciels qui chercheraient 

StuffIt

dans tes Ă©crits ne trouveraient pas 

Stuff It

ou les autres traductions que

tu aurais gaiement inventĂ©es (« Bourre-le Â» par exemple !)


SĂ»r, JiDé  mais « Postscript Â» ou « Stuffit Â» sont reTrouvĂ©s par tout bon pro-

Gramme ! Chez nous, Greg LeMond deVient Lemond, comme Cecil B. DeMille
est deVenu Demille (

TiRobert

) ou
 De Mille (

LaRousse

, colors by DiLeuxe
).

Quand des gens (nous
) transForment avec une réJouissante audace les
patroNymes, on voit mal pourQuoi ils seraient timides avec les marques déPo-
sĂ©es qui leur posent un problĂšme graphique. Il est vrai que 

le Petit LaRousse

,

depuis quelques annĂ©es, Ă©crit CinĂ©maScope (avĂ© l’assent taigu et dans la
nomenClature de la langue). 

Le Petit Robert

, plus sage, reste fidĂšle Ă  l’ortho-

Doxe « cinĂ©mascope Â»â€Š

Les rares cas (Ă  mon sens et Ă  premiĂšre vue) oĂč les caps peuvent siĂ©ger

dans des endroits Ă©tranges sont les symboles du genre « eV Â» (Ă©lectronvolt).

Je te dis ça sans grande conviction
 Enfin si
 je suis conVaincu
 Disons :

sans espoir
 On n’y peut rien
 La prolifĂ©ration des caps absurdes n’est peut-
ĂȘtre pas irrĂ©versible mais, pour l’heure, autant s’en foutre et laisser faire ceux
qui les aiment


AmiCaleMent,

JeanPierre LaCroux

À Typographie, le 29 octobre 1999.

J.-D. Rondinet :

La majuscule, jusquÂŽĂ  maintenant, disparaĂźt quand le nom

propre est totalement entré dans la langue.

N’oublions pas les grands classiques du pinaillage : un diesel, un moteur

Diesel


MARQUE DÉPOSÉE

background image

123

J.-D. Rondinet : 

Ce quÂŽon peut dater du jour oĂč on lÂŽutilise sans mĂȘme savoir

quÂŽil a Ă©tĂ© un nom propre : « Des noms propres sont si rĂ©pandus quÂŽils sont
devenus de vĂ©ritables noms communs ; on les compose en romain, en b. de
c. et Ă©ventuellement avec la marque du pluriel. Â» â€“

RĂšgles I.N.

Poubelle en est

un bel exemple


Sauf que Poubelle n’a jamais Ă©tĂ© une marque
 pas plus LavalliĂšre, Sand-

wich, Doberman ou Chauvin
 Le cas est trÚs différent.

J.-D. Rondinet : 


 mais je vois encore sÂŽĂ©carquiller des yeux quand on dit

que Rustine, Bureautique ou
 Ping-Pong furent des noms propres.


 Et l’AĂ©rotrain qui jouait au Yo-Yo !

À Typographie, le 28 juin 2000.

X. Legrand-FerronniĂšre : 

Je crois comprendre que pour les noms de

marque, il importe de conserver la majuscule, par exemple : une Mobylette,
des Frigidaire. Mais il faut avouer que cela fait curieux dans les dialogues
d’une piĂšce de thĂ©Ăątre.

Cela fera curieux partout
 et mĂȘme fautif
 dans l’hypothĂšse plus que vrai-

semblable oĂč les objets en question ne sont ni des Frigidaire ni des Mobylette
mais des frigidaires et des mobylettes, des réfrigérateurs et des cyclomoteurs,
des frigos et des mobs.

À F.L.L.F., le 17 novembre 2000.

F. PĂ©rotin :

Ou bien parce que tu ne peux te résoudre à écrire un nom avec

la soudure et la capitale du milieu, selon l’usage amĂ©ricain ?

C’est exactement cela
 C’est physique, et, quand on m’y contraint, ça 

me dĂ©clenche des brĂ»lures d’estomac, des migraines, parfois des pertes de
conscience


Oui, plus sĂ©rieusement, je ne m’y ferai jamais
 Tu sais que je suis trĂšs

atteint : dĂšs que je le peux, j’écris « Xpress Â» et « Indesign Â» !
 Tu me diras, y a
de l’espoir : qui aujourd’hui — Ă  part le 

Petit Larousse

, mais faut avoir l’Ɠil

connaisseur — compose encore « CinĂ©maScope Â» ? Ici, nous ne sommes pas
loin d’un sujet parfois abordĂ© chez nos amis typochoses, celui de l’épouvan-
table contagion « logotypique Â» sur la graphie des dĂ©nominations propres


Des marques bien ponctuées

À Typographie, les 1

er

et 2 février 2000.

J. Tombeur : 

Et bien sĂ»r : Â« Tu sais quoi ? Je l’ai trouvĂ© sur Yahoo! ! Â»â€Š

DĂ©saccord total, frontal, absolu, dĂ©finitif ! En gros, la typo gangrenĂ©e par 

la graphie anecdotique (et Ă©phĂ©mĂšre)
 Tout un programme et, ici nous 
sommes d’accord, il est à l’ordre du jour
 Dramatiquement. Pour en revenir

MARQUE DÉPOSÉE

background image

Ă  Yahoo, la pire solution est « Yahoo! Â», puisqu’elle traduit la confusion entre
nom et logotype. Cette question est Ă  mes yeux rĂ©glĂ©e depuis longtemps : pas
de compromis, pas question de reculer d’un pouce. Restent Yahoo ! et Yahoo.

La premiĂšre graphie pourrait se concevoir si les noms des personnes 

morales se composaient en ital. Prends l’exemple des titres : « J’ai revu 

That’s

Life !

» Aucun problĂšme de ponctuation. 

Sauf que les noms des personnes morales, mĂȘme lorsqu’ils sont constituĂ©s

de termes non français (General Motors), se composent en romain, conven-
tion justifiée et indiscutable. Donc, problÚmes divers avec un éventuel signe
de ponctuation en fin de dénomination propre.

Ne reste que Yahoo, tout simplement, tout bonnement, Ă©videmment, bien

sĂ»r. On ne va tout de mĂȘme pas remettre en cause notre systĂšme graphique
pour les beaux yeux de trois ou quatre marchands.

L’enjeu n’est pas strictement typographique. Songe aux aventures de 

l’arrobe
 Il est hors de question de laisser « privatiser Â» les signes de la langue
Ă©crite


P. Duhem : 

Je n’approuve pas, mĂȘme si je comprends votre position. Le style

de dénomination des personnes morales a évolué avec le temps, et les
« SociĂ©tĂ© d’exploitation
 Â» sont dĂ©sormais dĂ©nommĂ©es autrement. Les sigles,
mais aussi des dĂ©nominations qui sont Ă  la frontiĂšre du graphisme et du 
slogan. 

Quid

d’une sociĂ©tĂ© de courses qui s’appellerait « Vite ! Â» ?

Oui, mais il faut voir vers quoi nous mĂšne un seul pas (une seule conces-

sion
) dans une mauvaise direction. Les exemples avec un point d’excla-
mation ne sont pas les plus malfaisants
 puisque celui-ci ne bouleverse pas
fondamentalement le sens d’une phrase. Imaginons une raison sociale se 
terminant par un point d’interrogation (il doit en exister, mais aucun exemple
ne me vient Ă  l’esprit)
 Disons, Ailleurs ? (agence de voyage
).

Dans bien des cas, vous aurez beau ajouter (fautivement
) toutes les 

ponctuations imaginables aprùs le point d’interrogation, rien n’y fera, vous ne
pourrez pas Ă©liminer l’interrogation, la phrase interrogative
 Dans les titres, le
problĂšme est rĂ©solu par la mise en italique. Ici, rien Ă  faire, c’est le bordel
garanti


N’oublions pas que les signes de ponctuation * appartiennent Ă  la phrase


non à la graphie du nom
 Dans les dictionnaires, pas de point d’exclamation
aprĂšs les entrĂ©es des interjections
 Pas de crochets autour de « sic Â»â€Š 

124

MARQUE DÉPOSÉE

* Sauf quelques cas particuliers comme le point abrĂ©viatif, l’espace interne, voire 

les points de suspension ou les astérisques de discrétion ou de décence
 (Le trait
d’union et l’apostrophe ne sont pas des signes de ponctuation.)

background image

125

MARQUE DÉPOSÉE

MESURE TYPOGRAPHIQUE

Souvenez-vous du mensuel qui sur sa premiĂšre page avait pour titre : 

(À 

suivre)


Le premier signe de son « nom Â», c’était « Ă€ Â», le dernier « e Â»â€Š

L’accaparement onomastique des signes de ponctuation par les marchands

doit ĂȘtre combattu avec vigueur ! 

C’est un crime contre la langue Ă©crite !
 (Je plaisante Ă  peine
)

Mastic fi

CoquilleDoublon.

Erreur grave qui consiste Ă  mettre ailleurs qu’à sa place un Ă©lĂ©ment

typographique (dans la composition, l’imposition, le foliotage, etc.).
Exemple : inversion de paragraphes.

Jadis, mélange de caractÚres dans la casse.

=

Larousse

1933

Lexis

1989

Robert

1985

.

À Typographie, le 15 janvier 1999.

Il semble que l’acception typographique soit rĂ©cente (

xix

e

siĂšcle).

Tiens, dans le 

Dict. hist.

de Rey, je dĂ©couvre avec ravissement une expres-

sion populaire hĂ©las « sortie d’usage Â», bien qu’elle concerne une pratique en
pleine expansion : Â« Chier sur le mastic Â» (abandonner un travail en cours)


Maxime fi Proverbe

Membre fi Adepte

Mer fi

GĂ©ographie.

La mer MĂ©diterranĂ©e, la mer Morte, la mer du Nord, l’Atlantique

nord, l’ocĂ©an Indien.

Mesure typographique fi

CorpsCicéro.

Point pica

0

,

351 35

mm

Point Didot

0

,

375 9

mm

Point I.N.

0

,

398 77

mm

Point métrique

0

,

4

mm

background image

Midi, minuit fi

Heure.

« J’ai dĂ©testĂ© les midis et les minuits de la pla-

nùte, j’ai langui aprùs un monde sans climat, sans
les heures et cette peur qui les gonfle, j’ai haï les
soupirs des mortels sous le volume des Ăąges. Â»

Émile Michel Cioran, PrĂ©cis de dĂ©composition.

‱‱‱

AprĂšs midi ou minuit, les fractions d’heure s’écrivent en lettres :

midi moins cinq, midi et quart, midi vingt-cinq, midi et demi,
minuit moins le quart, minuit dix.

=

Girodet

1988

Impr. nat.

1990

.

Mille, mil, millier fi

An, annéeCentDate.

Mille.

Adjectif numĂ©ral, mille est invariable : nous nous vĂźmes trois mille

en arrivant au port ; des mille et des cents.

Nom commun, mille prend la marque du pluriel : Ă  deux milles du

rivage, Ă  deux mille milles des cĂŽtes.

Mil.

Une ancienne rùgle imposait la forme mil dans les dates de l’ùre

chrĂ©tienne Ă©crites en lettres, lorsque le millĂ©sime Ă©tait suivi d’un autre
nombre (mil est l’ancien singulier de mille ; par nature, son emploi est
limitĂ© au deuxiĂšme millĂ©naire) : en mille trois cent cinquante avant
JĂ©sus-Christ, l’an mille, mil huit cent quatorze, mil neuf cent trente-
six, l’an deux mille, deux mille cent quatorze.

Aujourd’hui, dans toutes les occurrences, l’emploi de mille est 

correct, voire conseillĂ©. Celui du doublet archaĂŻque mil n’est pas
encore fautif dans les occurrences dĂ©finies ci-dessus (de

1001

Ă 

1999

),

mais deux mille un et ses successeurs le condamnent Ă  terme.

Tout cela n’a guùre d’importance, car, rappelons-le, hors des vers

rĂ©guliers et des actes, les annĂ©es s’écrivent en chi

∂

res arabes ou, dans

de rares cas, romains.

126

MIDI, MINUIT

MILLE, MIL, MILLIER

background image

Millier,

voir : Cent

.

Ce terme est un nom commun. Il prend la marque du pluriel.

Millénaire fi

Date.

L’adjectif ordinal des millĂ©naires s’écrit en toutes lettres ou en

chi

∂

res romains grandes capitales.

±

Gouriou

1990

Impr. nat.

1990

(uniquement en chi

∂

res romains

grandes capitales).
Rappel. — Les siĂšcles se contentent des petites capitales (division

secondaire) : la fin du vingtiĂšme siĂšcle coĂŻncide avec le dĂ©but du
troisiĂšme millĂ©naire, la fin du xx

e

siÚcle coïncide avec le début du

III

e

millénaire, le III

e

millĂ©naire commence le 

1er

janvier 

2001

.

Millésime fi

An, annéeDate.

1

.

Dans une date, chi

∂

re exprimant le nombre mille : 

995

.

Attention aux mauvaises interprĂ©tations ! Supprimer le millĂ©sime

dans «

18

juin 

1944

» ne donne pas [

18

juin] ou [

18

juin 

44

], mais

«

18

juin 

944

».

2

.

AnnĂ©e d’émission d’une monnaie, d’une mĂ©daille ; annĂ©e de

publication d’un ouvrage, de production d’un cru. Par extension plai-
sante, date de productions diverses (modùle d’automobile, classe
d’ñge, timbre-poste, etc.). Tout autre emploi est fautif.

Exemple (Ă  ne pas suivre) : [Le titre d’un roman d’Orwell est un

millĂ©sime : 

1984

.]

=

Larousse

1960

Robert

1993

.

≠

Richaudeau

1989

.

∑

MILLE, MIL, MILLIER

MILLÉSIME

127

background image

128

MinistĂšre, ministre fi

AdministrationFĂ©mininMajuscule.

« Plusieurs ministĂšres s’étaient succĂ©dĂ©, sensi-

blement pareils, d’une nuance assez pñle, couleur
fleur de pĂȘcher. En les voyant se remplacer, on se
rappelait le mot d’une femme d’esprit congĂ©diant
sa cuisiniĂšre : “Rose, je vous renvoie ; Ă  partir de
demain, vous vous appellerez Lise.” Â»

Édouard Herriot, Jadis.

« Il n’y a pas de gouvernements populaires.

Gouverner, c’est mĂ©contenter. Â»

Anatole France, Monsieur Bergeret Ă  Paris.

‱‱‱

Pas de majuscule à ministre ni à ministùre, ils n’y ont pas droit,

mais majuscule au complĂ©ment : le ministre des Transports, le minis-
tĂšre de l’IntĂ©rieur. C’est normal : rappelons que le prĂ©sident de la
République se contente, depuis quelques décennies, de la minuscule
(mais pas la Présidence de la République).

ComplĂ©ment : majuscule aux substantifs et aux Ă©ventuels adjectifs

qui les prĂ©cĂšdent, minuscules aux adjectifs postposĂ©s : le ministre ou
le ministĂšre des Anciens Combattants, le ministre ou le ministĂšre des
A

∂

aires Ă©trangĂšres.

Cette rĂšgle est celle qui s’applique aux organismes d’État multiples

(il y a plusieurs ministĂšres). Ces graphies sont judicieuses. Un minis-
tĂšre est confiĂ© Ă  un ministre ; on imagine mal d’avoir Ă  Ă©crire {le
MinistĂšre de l’agriculture} et le ministre de l’Agriculture. Le « tout
capitale Â» s’oppose Ă  l’esprit et au goĂ»t typographiques français. Le
« tout bas de casse Â» est une fumisterie.

=

Code typ.

1993

Girodet

1988

Grevisse

1986

Impr. nat.

1990

,

Larousse

1992

Robert

1985

Thomas

1971

.

≠

Doppagne

1991

Grevisse

1975

[le MinistĂšre de la Justice], L’Hoest

&

Wodon 

1990

.

Depuis quelques annĂ©es, le 

Journal o

∑

ciel et le Monde Ă©crivent 

[le ministre de l’éducation nationale, le ministĂšre de la dĂ©fense], le
premier ministre. La suppression aveugle des majuscules n’est pas
moins ridicule que leur emploi intempestif.

MINISTÈRE, MINISTRE

background image

La mĂ©tonymie impose la majuscule initiale aux substantifs et 

aux Ă©ventuels adjectifs antĂ©posĂ©s : la Place Beauvau a encore fait des 
siennes (mais : le ministĂšre de l’IntĂ©rieur est situĂ© place Beauvau) ;
mon voisin travaille au Quai et mon cousin, sur les quais.

Exemples. — Le Conseil des ministres, le garde des Sceaux, le

ministre ou le ministĂšre de la DĂ©fense nationale (de l’Éducation
nationale, des Finances, de la SantĂ© publique, etc.), le ministre ou 
le ministĂšre des Anciens Combattants, le ministĂšre des A

∂

aires Ă©tran-

gĂšres, le Quai d’Orsay, le Quai, le ministre dĂ©lĂ©guĂ©, le ministre 
d’État, le secrĂ©taire d’État, le prĂ©sident du Conseil (IV

e

RĂ©publique).

Premier ministre (V

e

RĂ©publique). Statistiquement, le Premier

ministre l’emporte mais le premier ministre n’est pas fautif (adjectif
antĂ©posĂ©). L’usage, la subtilitĂ© et la dĂ©fĂ©rence imposent une majuscule
que la logique aurait volontiers interdite. Va pour le Premier ministre !

=

Girodet

1988

Larousse

1992

Micro-Robert

1990

Robert

1993

,

Thomas

1971

.

≠

Berthier 

&

Colignon

1991

Hanse

1987

le Monde.

∞

La majuscule est cautionnĂ©e par l’usage, par les lexicographes 

et les juristes, voire par l’histoire : le Premier consul avait dĂ©jĂ  donnĂ©
le mauvais exemple. En outre, elle Ă©tablit un Ă©quilibre graphique plai-
sant : le prĂ©sident de la RĂ©publique et le Premier ministre. 

RĂ©servĂ©e (en France) aux chefs de gouvernement de la V

e

RĂ©pu-

blique (IV

e

: prĂ©sident du Conseil), elle est prĂ©cise : Michel DebrĂ© fut

le premier Premier ministre de la V

e

RĂ©publique. Elle Ă©limine les

interprĂ©tations fĂącheuses : le premier ministre venu. En revanche,
l’adjectif antĂ©posĂ© fournit un argument aux partisans de la minuscule.
Le premier de nos ministres — et avec lui ses services — peut de toute
façon s’o

∂

rir une majuscule indiscutable par mĂ©tonymie : Matignon.

‱‱‱

Dans un texte, un livre, un organe de presse, quel que soit le

parti adoptĂ©, il convient de s’y tenir : l’alternance est ici inadmissible.

Exceptions. â€” Depuis 

1958

, le MinistĂšre (l’ensemble des ministres,

le Gouvernement) est vieilli mais toujours correct


MINISTÈRE, MINISTRE

129

background image

La France républicaine peut admettre Premier Ministre dÚs lors

qu’il s’agit de celui du Royaume-Uni ; le Premier (substantif ) est en
revanche un anglicisme Ă  proscrire.

Apposition

.

Minuscule, pas de trait d’union, marque du pluriel : du papier

ministre, des bureaux ministres.

FĂ©minin

.

Madame le ministre.

=

Robert

1993

.

≠

FĂ©minisation

1994

{la ministre}.

Pour Thomas

1971

, le fĂ©minin « ministresse Â» est familier. Il est 

surtout grotesque et Ă©voque dangereusement, pour les franglophones,
une petite tension psychologique (voir :

FĂ©minin).

À Typographie, le 1

er

juin 2000.

O. Randier : 

Étonnement de mon Ă©diteur. Pour me justifier, je saisis mon

HyĂšne

pour confondre l’impĂ©trant
 et constate avec stupeur que l’on y Ă©crit

« le Premier ministre Â». Il y a sĂ»rement une explication limpide et Ă©vidente,
mais j’avoue que je patauge. JiPĂ©, tu pourrais m’expliquer clairement pour-
quoi, lĂ , on ne met pas de cap Ă  ministre ?

On ne met jamais de cap Ă  « ministre Â»â€Š sauf quand on s’adresse person-

nellement à un ministre que l’on respecte ou dont on souhaite obtenir
quelque chose


Quant au premier d’entre eux, la graphie particuliĂšre de sa fonction est 

cautionnĂ©e par une tradition qui remonte loin. Qui s’étonne du Premier
consul ?

Il est vrai que c’est une entorse Ă  une tendance lourde (« malaise face Ă  la

dĂ©capitalisation du substantif derriĂšre un adjectif capitalisĂ© Â»)
 mais elle en
respecte une autre, bien souvent contradictoire dùs lors qu’il ne s’agit plus de
lieux, d’institutions ou d’évĂ©nements, mais de personnes : le peu de goĂ»t des
Français républicains pour la multiplication flagorneuse des majuscules dans
la graphie des titres et des fonctions. 

Et puis, y a l’équilibre institutionnel
 Le prĂ©sident de la RĂ©publique n’a droit

qu’à une cap (tu me diras qu’aujourd’hui c’est encore trop
) ; en face, un 
« Premier Ministre Â» la foutrait mal
 La graphie « premier ministre Â» a ses par-
tisans, mais elle est à la fois maigrelette, ce qui n’est pas bien grave, et surtout

130

MINISTÈRE, MINISTRE

background image

131

MINISTÈRE, MINISTRE

MONUMENT

ambiguĂ« : « Qui sera le premier ministre capable de rĂ©former la typographie ? Â»
Cela suffit à la condamner définitivement.

O. Randier : 

Encore que
 J’ai quand mĂȘme un (petit) problĂšme avec les

ministĂšres : le « ministĂšre des Affaires sociales Â» n’est-il pas un organisme
unique Ă  caractĂšre national ? Certes, il y a plusieurs ministĂšres, mais il n’y a
qu’un seul ministĂšre des Affaires sociales, non ?

L’unicitĂ© est un des critĂšres traditionnels les plus difficiles Ă  manier, puisqu’il

n’est pas d’ordre linguistique ou typographique : il est intĂ©gralement fondĂ©, 
en supposant qu’il soit valide en toutes circonstances (ce qui est loin d’ĂȘtre
certain
), sur la connaissance de l’objet et en particulier de son statut. Il ne
faut faire appel Ă  lui qu’en dernier recours ! Avant, autant poser le problĂšme
en termes strictement typographiques


Si tu accordes la cap au gĂ©nĂ©rique, tu dois l’enlever au spĂ©cifique (sauf 

Ă  accepter de multiplier hideusement les caps)
 et alors lĂ , problĂšme ! Tu 
vas te retrouver avec un Ministùre des affaires sociales et
 un ministre des
Affaires sociales
 Mieux, quand tu feras sauter le gĂ©nĂ©rique (ce qui est 
frĂ©quent avec certains grands ministĂšres comme les Affaires Ă©trangĂšres ou 
l’IntĂ©rieur), tu seras dans une belle merde
 avec des caps sauteuses, alter-
natives, incohérentes, bordéliques
 Bref, tout ne va pas pour le mieux dans
le meilleur des mondes typographiques, mais avant de déplacer les bornes
anciennes que nos pĂšres ont posĂ©es, s’agit de faire gaffe aux consĂ©quences
de notre inconséquence pressée


Minuit fi Midi, minuit

Minuscule fi Bas de casse, Majuscule

Monnaie fi

Euro, Franc

Monsieur fi Madame, mademoiselle, monsieur

Monument fi

Musée, galerie.

Les rĂšgles qui suivent s’appliquent aux « vrais Â» monuments (arc 

de triomphe, chapelle, chĂąteau, colonne, mausolĂ©e, palais, etc.), 
Ă  certaines de leurs parties (colonnade, cour, salon, etc.) et Ă  des
« monuments Â» qui n’en sont pas, ou qui ne sont pas que cela
 Voir :
BibliothĂšqueMusĂ©e, galerie, etc.

background image

‱‱‱

Majuscule et minuscule.

≈

Les dĂ©nominations propres (exactes ou approximatives) ont 

Ă©videmment une majuscule initiale, ainsi que les Ă©ventuels adjectifs
antĂ©posĂ©s : l’Escurial, le Kremlin, la Madeleine, Sainte-Marie-
Madeleine, Notre-Dame de Paris, le Petit Luxembourg, Sainte-CĂ©cile,
le Val-de-GrĂące.

Dans les dĂ©signations incluant un terme gĂ©nĂ©ral (chĂąteau, colonne,

Ă©glise, porte, etc.), celui-ci ne prend pas de majuscule initiale : 
l’abbaye de Westminster, l’arche de la DĂ©fense, la basilique Saint-
Marc, la cathĂ©drale d’Albi, la chapelle Sixtine, le chĂąteau d’Azay-le-
Rideau, le cloĂźtre des Billettes, la colonne VendĂŽme, l’église Saint-
Julien-le-Pauvre, l’église du DĂŽme, la fontaine des Quatre-Saisons, la
fontaine de Trevi, la galerie des Glaces, l’hĂŽtel de Sens, le mausolĂ©e de
Lénine, le mémorial du prince Albert, le palais FarnÚse, le palais des
Doges, le pavillon de Marsan, la porte Saint-Denis, la pyramide du
Louvre, la statue de la Liberté, la tour Saint-Jacques, la tour Ei

∂

el.

Exceptions. — Si le terme gĂ©nĂ©ral est seulement accompagnĂ© d’un

adjectif non dĂ©rivĂ© d’un nom propre, il prend la majuscule initiale,
ainsi que l’adjectif antĂ©posĂ© : la Cour carrĂ©e, la Grande Galerie, le
Grand Palais, le Petit Palais, le Salon carré.

=

Gouriou

1990

,

Impr. nat.

1990.

≠

Larousse

1933

[la cour carrĂ©e], Larousse

1960

,

1970

,

1985

1992

,

Micro-Robert

1990

{la cour Carrée}.

Dans un contexte géographique ou historique donné, un terme

gĂ©nĂ©ral pris absolument peut devenir un nom propre : l’Arc de 
Triomphe (arc de triomphe de l’Étoile, à Paris), la Bastille (Paris,
avant 

1789

), le BelvĂ©dĂšre (Vatican, Vienne), le CĂ©notaphe (Londres),

les CloĂźtres (New York), la Conciergerie (Paris), l’Ermitage (Saint-
PĂ©tersbourg), l’ObĂ©lisque (Ă  Paris, l’obĂ©lisque de la Concorde), le
Monument (Londres), le PanthĂ©on (Paris, Rome), le Temple (Paris,
JĂ©rusalem).

La Tour : Ă  Paris, la tour Ei

∂

el. Ă€ Londres
 

±

la Tour ou {la

tour} de Londres.

132

MONUMENT

background image

133

MONUMENT

MONNAIE

‱‱‱

Trait d’union.

Le Palais-Bourbon, le Palais-Royal.

Non traduites, 

les dénominations étrangÚres

obéissent à leurs

rĂšgles d’origine : Buckingham Palace, l’Empire State Building, le
palazzo della Signora, le Palazzo Vecchio.

Subtilités


La Rue de Paris (Conciergerie), les thermes de Dioclétien, le musée

national des Thermes de DioclĂ©tien.

Mot Ă©tranger fi

AllemandAnglaisItaliqueLatin, Pluriel des

mots étrangersTranscription, translittération.

« Ah ! ah ! dit don Manoel en portugais. Â»
Alexandre Dumas,

le Collier de la reine.

« â€” FusillĂ©. Et autant pour vous avant

longtemps, 

Arriba Espa

n

! Â»

AndrĂ© Malraux, l’Espoir.

Les mots Ă©trangers non francisĂ©s se composent en italique : a giorno,

mano a manosprinterstarter, voir : Italique Â§

2. 

Francisation des toponymes Ă©trangers

À France-Langue, le 3 octobre 1997.

J. Melot : 

Vous verrez [
] que certains, toujours prompts à comprendre de

travers, iront jusqu’à proposer d’étendre cette application des normes sous
forme d’une Ă©puration pĂ©dante des prĂ©noms, voire des noms de famille, 
lors de leur emploi dans « des documents techniques ou Ă  diffusion interna-
tionale Â».

Mais
 c’est monnaie courante
 et depuis pas mal de temps
 Nos ama-

teurs de racines sont insatiables. Je rigole, mais, Ă  y regarder de plus prĂšs, cette
soif d’uniformisation facilitant l’harmonie entre les peuples pourrait n’ĂȘtre
qu’un masque de la folie identitaire.

On veut nous dĂ©nier le droit de nommer l’autre
 C’est le reflux de la 

raison. On ne touche plus aux noms propres ! On pourrait les salir avec nos
sales pattes francographes. — J’écris trop vite
 en fait, c’est sans doute le

background image

134

MOT ÉTRANGER

contraire : on ne touche plus aux noms propres Ă©trangers, car ils doivent
conserver (au maximum) leur caractĂšre Ă©tranger. On cherche Ă  introduire dans
notre langue un frein à l’appropriation des noms propres, retenue qui, pour
le coup, lui est bien Ă©trangĂšre


Pour les obsĂ©dĂ©s de la puretĂ© onomastique (j’en ai corrigĂ© un bon paquet

cette année, ça pousse comme le chiendent chez les spécialistes du discours
critique), le PĂ©rugin ça s’écrit il Perugino, Diodore Cronos devient DiodĂŽros
Kronos, Soliman le Magnifique, lĂ , c’est une pure merveille, a droit Ă  SĂŒleyman,
on ne badine pas avec les origines. Demain, Magellan s’écrira en français
MagalhĂŁes. Hier, AndrĂ© Maurois, ça s’écrivait Émile Herzog, et c’était pas bon
signe. Amalgame douteux ? À voir.

Cher ami, si les nouveaux prĂ©cieux que vous Ă©voquez n’étaient que des

pĂ©dants, on s’en accommoderait gaiement (tous, Ă  un moment donnĂ©, plus
ou moins bref, sur un terrain donné, plus ou moins étroit, nous appartenons
un peu Ă  la famille)
 mais Ă  mon sens il s’agit plutĂŽt d’idĂ©ologues assez fins
(ou de cuistres à leur remorque)
 Quiconque n’appartient pas à la famille du
chef doit porter un nom qui en témoigne
 Nous sommes encore une fois
face aux ghettos. Je préfÚre mes vieilles lunes assimilatrices.

Encore un mot
 pour provoquer un brin, car j’ai Ă©tĂ© un peu perturbĂ© 

par plusieurs messages rĂ©cents : n’oublions pas que notre vaste monde subit 
l’influence grandissante d’un pays qui n’a pas de vĂ©ritable nom et qui parvient
mĂȘme Ă  se satisfaire d’initiales. Je n’évoque pas une ancienne grande puis-
sance qui sur ce terrain n’était guĂšre mieux lotie


D’accord, j’ai changĂ© de sujet en revenant aux toponymes
 mais, au train

oĂč vont les audacieux, les dĂ©rivĂ©s ne vont pas tarder Ă  leur revenir dans le nez.

Pauvre DĂ©dĂ© d’Antwerpen *
 tu n’aurais plus aucune chance aujourd’hui

d’ĂȘtre qualifiĂ© d’anversois. AntwerpĂ©nien ? C’est renversant.

* Pour qu’il n’y ait pas de malentendu : aimant ma langue, je conçois aisĂ©ment que

d’autres aiment la leur, quelle qu’elle soit. Je trouve lĂ©gitime que les Flamands aient
reconquis ce qu’ils estimaient judicieux de reconquĂ©rir (mĂȘme si certaines de leurs
justifications sont discutables, pour rester poli). Cela ne m’empĂȘche pas de continuer
Ă  nommer leurs villes comme les francophones l’ont fait depuis des lustres et de me
foutre complĂštement de la façon dont ils nomment les villes francophones (Luik, 
Bergen, Namen, etc.)
 comme je me fous complĂštement du sort qui est rĂ©servĂ© dans
le vaste monde Ă  nos noms de lieu
 Cette indiffĂ©rence (lourdement appuyĂ©e 
pour les besoins de la cause) n’est pas du mĂ©pris, c’est du respect : chacun parle et
Ă©crit comme il l’entend. Cette libertĂ©, cette diversitĂ© gĂȘne qui ?
 SĂ»rement pas les
« francophones arrogants ou paranoĂŻaques Â» que l’on dĂ©nonce ici ou lĂ  et mĂȘme sur
France-Langue


background image

À F.L.L.F., le 15 fĂ©vrier 2001.

M. Gevers : 

Disons plus prosaĂŻquement que, durant les siĂšcles prĂ©cĂ©dents, 

la France Ă©tait une nation impĂ©rialiste et colonisatrice, et qu’elle impĂ©rialisait
et colonisait, entre autres, en imposant son langage et en francisant les lieux
et les gens.

Mais oui. Ainsi, lorsque la France découvrit Fernand de Magellan, il faut bien

comprendre qu’elle s’apprĂȘtait Ă  envahir le Portugal. Autre indice historique
troublant : Tamerlan reçut ce blaze mĂ©prisant lors de l’occupation française de
l’Asie centrale. [
] 

Nous sommes dĂ©sormais loin des broutilles relatives Ă  la prĂ©sence d’un

pauvre trĂ©ma
 Nos conceptions du rapport Ă  autrui, Ă  l’autre, Ă  l’étranger, au
prochain, sont diamétralement opposées. Sur le sujet qui nous occupe, les
seules modalitĂ©s qui vous viennent Ă  l’esprit renvoient Ă  l’antagonisme, au
conflit, à la domination, à l’exclusion.

Eh bien, Madame, faites le compte des formes francisées de noms propres

dits Ă©trangers : vous constaterez que l’immense majoritĂ© est le fruit du respect
de l’autre, de l’admiration, du dĂ©sir d’intĂ©grer, de comprendre, d’aimer. 
D’intĂ©grer, non de s’approprier : Michel-Ange n’est pas français, mais son nom
français tĂ©moigne de la prĂ©sence, de l’influence italienne dans le cƓur des
Français, et non de l’inverse. C’était cela, la tradition française, et elle vaut
mieux que celle qui submerge aujourd’hui le monde et qui, sur ce point, 
vise Ă  maintenir l’autre Ă  sa place : quiconque n’appartient pas Ă  la tribu des
maßtres doit porter un nom qui en témoigne.

MusĂ©e, galerie  fi

BibliothÚqueMuséum.

« Un musĂ©e est une morgue. La seule chance 

de s’émouvoir est d’y reconnaĂźtre un ami. Un ami
derriĂšre le cadavre. Â»

Jean Cocteau,

Essai de critique indirecte.

‱‱‱

Majuscule et minuscule.

Deux Ă©coles s’a

∂

rontent. L’une, considĂ©rant que les musĂ©es sont

avant tout des organismes, prĂ©conise l’initiale majuscule Ă  MusĂ©e : 
le MusĂ©e national d’art moderne, le MusĂ©e Galliera.

L’autre prĂ©fĂšre la rĂ©server au premier mot caractĂ©ristique (nom 

propre, nom commun ou adjectif dĂ©rivĂ© d’un nom propre) : le musĂ©e
national d’Art moderne, le musĂ©e Galliera.

135

MOT ÉTRANGER

MUSÉE, GALERIE

background image

136

MUSÉE, GALERIE

Trois raisons donnent un avantage dĂ©cisif Ă  la seconde : les noms

sous lesquels les musées sont connus et cités ne correspondent pas
toujours exactement à leurs dénominations o

∑

cielles ; les musĂ©es sont

perçus comme des lieux plutĂŽt que comme des organismes ; l’esprit
typographique français ne goĂ»te guĂšre l’inutile multiplication des
majuscules ({le MusĂ©e du Louvre} 

>

le musée du Louvre).

RĂšgles identiques pour les bibliothĂšques et les galeries.

Pas de majuscule initiale Ă  musĂ©e (ce musĂ©e est inintĂ©ressant, un

musée océanographique), mais au(x) premier(s) mot(s) caractéris-
tique(s)* de la dĂ©nomination : le musĂ©e des Arts dĂ©coratifs, le musĂ©e
des Arts et MĂ©tiers, le musĂ©e national d’Art moderne, le musĂ©e des
Arts et Traditions populaires, le musĂ©e Galliera, le musĂ©e de l’Homme,
le musée du Louvre, le musée de la Marine.

Majuscule si MusĂ©e dĂ©signe une institution prĂ©cise, dĂ©terminĂ©e par

un adjectif non dĂ©rivĂ© d’un nom propre : le MusĂ©e ocĂ©anographique
(de Monaco), le Musée postal, le Musée social, le Musée lorrain.

Majuscule s’il est pris absolument : MusĂ©e (colline d’AthĂšnes consa-

crée aux Muses), Musée (poÚte grec), le Musée (de Ptolémée, à
Alexandrie).

=

Lexis

1989

.

≠

Robert

1985

,

1993

{le musĂ©e d’Alexandrie}.

Trait d’union : le musĂ©e Victor-Hugo.

‱‱

Musées étrangers,

voir : MusĂ©um

.

Dans un texte composé en français, les dénominations traduites

obéissent à la rÚgle française.

* L’éventuel adjectif antĂ©posĂ© prend Ă©galement la majuscule initiale ; dans les dĂ©no-

minations coordonnées, chaque nom prend la majuscule initiale (musée des Arts et
Traditions populaires).

background image

Les dĂ©nominations non traduites conservent leur graphie d’origine

et ne se mettent pas en italique (dĂ©nominations propres) : le musĂ©e 
de l’Ermitage, le musĂ©e des O

∑

ces, Metropolitan Museum of Art,

Museo Pio-Clementino, National Gallery (en français : Galerie natio-
nale), National Gallery of Art.

Muséum fi

Musée, galerie.

Sens moderne, en français : musĂ©e consacrĂ© aux sciences naturelles.

Le MusĂ©um d’histoire naturelle (de Paris) et tous les musĂ©ums 
d’histoire naturelle sont donc a

∂

ublĂ©s de dĂ©nominations aujourd’hui 

diablement pléonastiques.

◊

Le MusĂ©um d’histoire naturelle (Paris). {Un musĂ©um d’histoire

naturelle} (plĂ©onasme) 

>

un muséum.

Le Muséum central des arts, le Museum of Fine Arts (Boston), le

Museum of Modern Art (New York), le British Museum (Londres).

Musique

« Les hommes se rĂ©signent Ă  tout, la musique

contemporaine le prouve, sauf au silence. Â»

AndrĂ© Comte-Sponville,

le Mythe d’Icare.

Les noms des notes se composent en italique : utdorĂ©mifasol,

lasi : il n’y a rien aprĂšs la ? â€” Si. Si.

Les altérations (diÚse, bémol, bécarre) et les indications de mode

(majeur, mineur) se composent en romain : en ce moment, j’ai un 
faible pour les sonates en 

mi bĂ©mol majeur.

=

Code typ.

1993

Gouriou

1990

Impr. nat.

1990

.

Dans un texte composĂ© en italique, le nom des notes passe 

Ă©videmment en romain, mais
 attention ! Dans les titres (mĂȘme
approximatifs
), les notes conservent l’italique : la 

Messe en si mineur

de Jean-SĂ©bastien Bach comporte douze mouvements en rĂ© majeur
(voir : Italique).

=

Impr. nat.

1990

Ramat

1994

.

137

MUSÉE, GALERIE

MUSIQUE

background image

138

MUSIQUE

Titres et parties d’Ɠuvres musicales

À Typographie, du 21 au 22 janvier 2001.

D. Collins : 

[Comment Ă©crire] le 

Sanctus

, l’

Offertoire

et le 

QuĂŠrens me

du Requiem ?

ProblĂšme classique
 Trois « rĂšgles Â» ici contradictoires
 Les parties (en

français) non gĂ©nĂ©riques en romain entre guillemets
 Le latin en ital
 Les
titres « gĂ©nĂ©riques Â» français ou francisĂ©s en romain sans guillemets
 À vous
de voir
 (Voir aussi plus bas
)

Questions nombreuses
 Selon vous (ou l’auteur) « Sanctus Â» est-il francisĂ© ?

et surtout : que faut-il privilĂ©gier ? Le respect de rĂšgles qui mĂ©ritent Ă  peine ce
nom ?
 ou la cohĂ©rence d’une succession qui n’en a guĂšre ? Toujours Ă  vous
de voir


D. Collins : 

Je sais qu’on met en principe les titres d’Ɠuvres en italique.

Mais que faire des titres qui ne sont pas des vrais titres, comme 

Requiem

(puisque Berlioz a intitulĂ© son Ɠuvre 

Grande Messe des morts

) ?

Cela ne change rien
 Titre « rĂ©el Â», titre « intĂ©gral Â», titre « abrĂ©gĂ© Â», titre 

« traduit Â», titre « attribuĂ© Â» ou titre « fantaisiste Â», c’est du pareil au mĂȘme : 
italique (sauf pour l’éventuel article initial qui ne demeure en ital que dans les
titres intégraux).

D. Collins : 

Ensuite, pour les diffĂ©rentes parties, que faire ? Ces parties sont

tantĂŽt une indication de mouvement (

adagio

), tantĂŽt une « priĂšre Â» plus ou

moins connue, tantĂŽt un vrai titre.

Romain sans guillemets pour les titres gĂ©nĂ©riques (français
), ital sans

guillemets pour les titres génériques non francisés, romain entre guillemets
pour les vrais titres français de parties
 Quant aux vrais titres de parties 
non traduits (donc nĂ©cessairement en ital
), c’est Ă  vous de voir
 Si vous
supportez l’ital entre guillemets (moi, non
), mettez des guillemets


D. Collins :

Merci beaucoup pour cette rĂ©ponse. Mais qu’en est-il des

majuscules ou des capitales (?) pour les « titres gĂ©nĂ©riques Â» ? J’en reviens Ă 
ma neuviùme symphonie de Beethoven. C’est bien ce que vous appelez un
titre gĂ©nĂ©rique, n’est-ce pas ?

Pas nĂ©cessairement
 surtout dans ce cas
 oĂč le terme gĂ©nĂ©rique (sym-

phonie) est trĂšs fortement qualifiĂ© (presque autant que par 

Fantastique

ou par

Pathétique


) par un « petit Â» numĂ©ral (

NeuviĂšme Symphonie

) et renvoie (le

lecteur) plus que probablement à la neuviùme symphonie (hihi
 là, c’est
bon
 mais c’est rare
) de Beethoven
 ou, selon le contexte, de Dvorak, de
Mahler, de Bruckner ou de Schubert (autant ajouter, ĂŽ combien ! « la Grande Â»),
ou du gugusse qui fait l’objet de l’étude et qui a Ă©crit au moins neuf sympho-
nies
 mais pas beaucoup plus
 sinon on retombe dans des gĂ©nĂ©riques 

background image

Ă  mon sens insuffisamment qualifiĂ©s par de simples numĂ©raux (Mozart,
Haydn
), mais que beaucoup composent néanmoins en ital, tout en revenant
au romain pour, par exemple, les sonates, faudrait peut-ĂȘtre leur demander
pourquoi


Attention ! cette distinction (dix ou moins
 et plus de dix) ne change rien

au fond de l’affaire
 et n’est qu’une digression
 Elle n’apparaüt dans aucun
code, bien entendu, et n’est mise en Ɠuvre par personne ou presque : elle n’a
Ă©videmment aucune justification « typographique Â» (la barbe
) ou « linguis-
tique Â» (c’t’encore pire
), elle est bĂȘtement culturelle
 ce qui n’est pas 
forcément négligeable, elle correspond, vous le savez mieux que moi, à une
rupture dans l’histoire des formes musicales. Qui contestera qu’il y a une 
diffĂ©rence non de qualitĂ© mais de perception du « titre Â» (Ă  exprimer gra-
phiquement) entre la 

CinquiĂšme (Symphonie)

de Beethoven et la cinquiĂšme

symphonie de Haydn ?

Pour revenir Ă  l’orthotypographie telle qu’elle se pratique en ce monde 

de viles concessions
 disons que pour sauver l’ital de la 

NeuviĂšme

de 

Beethoven ou de Schubert, je serais tout disposé, si on me le demandait, à
l’accorder sans la moindre hĂ©sitation Ă  la 

99

e

de Haydn


Donc, pas de prĂ©cipitation
 Primo, je n’évoquais, d’aprĂšs vos exemples,

que les titres de parties. Pour les titres d’Ɠuvres, c’est un peu la mĂȘme chose,
mais pas tout à fait


Deuzio, ce qui est commun Ă  

tous

les « problĂšmes Â» orthotypographiques


c’est l’harmonieuse combinaison de stricts principes (parfois contradictoires
mais à toujours conserver à l’esprit
) et de leur souple mise en Ɠuvre, adap-
tĂ©e aux circonstances
 sans je-m’en-foutisme, bien sĂ»r, mais aussi sans 
raideur
 ou, plus prĂ©cisĂ©ment, sans raideur fixĂ©e sur 

un

point qui n’aurait pas

Ă©tĂ© dĂ©fini comme essentiel, primordial
 car des « points Â», il y en a souvent
plusieurs au mĂȘme endroit et qui ne sont pas toujours rĂ©gis par des rĂšgles
concordantes. Nous l’allons voir ci-dessous


D. Collins : 

Donc, romain sans guillemets. Mais 

neuviĂšme Symphonie

,

NeuviĂšme Symphonie

ou 

neuviĂšme symphonie

?

Non
 ital ! La 

NeuviĂšme Symphonie

et mĂȘme la 

NeuviĂšme

.

D. Collins : 

Autre petite question, pendant que je vous tiens : faut-il faire

une diffĂ©rence, dans les titres de lieder, par exemple, entre les « vrais Â» titres
(

Die Forelle

,

An die Musik

), qui doivent ĂȘtre en italique (si j’ai bien suivi) et les

titres qui sont en fait l’incipit du lied en question (guillemets ou italique ?) ?

Encore un truc pas simple
 Non que l’orthotypographie soit compliquĂ©e


c’est le rĂ©el qui l’est
 et elle ne peut le simplifier. C’est Ă  vous de le faire, en
effectuant des choix, en définissant le primordial


139

MUSIQUE

background image

Il est en effet lĂ©gitime de distinguer vrais titres et incipits
 Supposons que

tous les titres et tous les incipits soient en allemand, histoire d’aller au plus
simple possible
 Si vous effectuez une distinction graphique à ce niveau (vrai
titre/incipit), en disposerez-vous d’une autre quand nĂ©cessairement — pour
les lieder (ou les lieds
) de Schubert — surviendra l’obligation de distinguer
titre de cycle, titre de lied appartenant Ă  un cycle et titre de lied autonome ?
Pas sûr


Face Ă  un tel problĂšme, il faut savoir qui doit le rĂ©soudre
 Si c’est le « typo-

graphe Â» (au sens trĂšs large
), la distinction s’effectuera nĂ©cessairement 
au seul niveau de connaissance qu’il est lĂ©gitime d’exiger de lui, ici, plus que
probablement, 

Winterreise

,

Schwanengesang

et 

Die schöne MĂŒllerin

en ital

sans guillemets, et, pour le reste
 tous dans le mĂȘme sac
 ital ou romain
entre guillemets
 Si c’est l’auteur, il devra indiquer prĂ©cisĂ©ment sur la copie
les autres niveaux
 et le typographe pourra dùs lors concevoir une expression
graphique appropriĂ©e, s’il le peut


Mythologie

Un centaure, une dryade, une naïade, une néréide, un satyre, une

sirĂšne, un sylphe, une sylphide, un sylvain, un triton.

=

Tassis

1870

.

Les Cyclopes, les GrĂąces, les Muses, les Parques, les Titans, les 

Walkyries.

Les Gorgones, des gorgones. Le dieu Faune, un faune.
Le Walhalla.

∫

140

MUSIQUE

MYTHOLOGIE

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Navire fi Bateau

NĂ©buleuse fi Astre

NĂ©ologisme

« Et qui ne croirait, Ă  premiĂšre vue, que l’adjectif

inĂ©tonnable est dĂ» Ă  quelqu’un de ces audacieux que le
puriste dĂ©clare sans foi ni loi Ă  l’égard de la langue ? Eh
bien, non, il est de Malherbe, sans parler d’ine

∂

rayable,

qui est aussi de lui. Â»

Émile LittrĂ©, PrĂ©face au « SupplĂ©ment Â» 

du Dictionnaire de la langue française.

NĂ©ologismes et emprunts Ă  des langues Ă©trangĂšres sont aujourd’hui

bien en cour ; les archa

ĂŻ

smes n’ont pas cette chance : on les condamne

et les traque. S’abreuver aux sources lointaines est permis dans l’espace,
non dans le temps. Qui en pince pour 

merchandising tressaille si la

moindre

nave accoste. C’est injuste et imbĂ©cile.

Nombre fi

Chi

∂

resChi

∂

res romainsEuro.

Des chi

∂

res ou des lettres ?

Il semble admis que la distinction entre Â« bon usage Â» et « usages

particuliers Â» trouve ici un de ses terrains d’élection. Aucune rĂšgle
commune n’est envisageable qui ferait le bonheur des mathĂ©mati-
ciens et des notaires, des statisticiens et des poĂštes, du moins lorsqu’ils
Ɠuvrent dans le cadre de leurs spĂ©cialitĂ©s respectives. Du tout en
chi

∂

res au tout en lettres, chacun croit pouvoir choisir ce qui l’arrange.

141

background image

Cette tolĂ©rance est Ă  la fois inutile et dangereuse. Inutile, car la plupart
des prĂ©tendus « besoins particuliers Â» sont pris en compte par le bon
usage ; dangereuse, car les prĂ©tendus « usages particuliers autorisĂ©s Â»
ont aujourd’hui tendance Ă  se gĂ©nĂ©raliser.

≠

Code typ. 

1993

Gouriou 

1990

Impr. nat. 

1990

.

Selon leur rĂŽle, et quelle que soit la nature du texte, les nombres sont

écrits et composés soit en chi

∂

res arabes, soit en chi

∂

res romains grandes

capitales, soit en chi

∂

res romains petites capitales, soit en lettres.

Chi

∂

res arabes.

Le respect des conventions est relativement rĂ©cent. Exemple de

composition fautive : [« On a construit 

86

.

388

tanks, 

16

.

438

cars armés,

88

.

077

scout-cars, 

2

.

434

.

553

camions et Ă  peu prĂšs autant de camions

lĂ©gers et de voitures Ă  personnel. Â»] â€“ Jean FourastiĂ©,

la Civilisation

de 

1975

,

4e

Ă©d., coll. « Que sais-je Â», Presses universitaires de France,

Paris, 

1957

.

Lettres.

AprĂšs l’avoir pourchassĂ© et sauvagement Ă©liminĂ© dans la plupart des

mots composĂ©s, 

Conseil sup. 

1990

veut du trait d’union partout dans les

nombres. LĂ  oĂč un individu sain d’esprit Ă©crit « sept cent mille trois
cent vingt et un Â», 

Conseil sup. 

1990

oppose « sept-cent-mille-trois-cent-

vingt-et-un Â».

Ici, 

Conseil sup. 

1990

s’est surpassĂ©. Afin de bien motiver sa « recti-

fication Â», il « analyse Â» la ridicule situation prĂ©sente : Â« [Le trait 
d’union] est utilisĂ© aussi dans l’écriture des nombres, mais, ce qui est
di

∑

cilement justifiable, seulement pour les numéraux inférieurs à

cent (exemple : vingt-trois, mais cent trois). Â» Cette phrase, fruit de la
longue rĂ©flexion des experts, figure au 

Journal o

∑

ciel.

Tous ceux qui ont Ă©crit ou lu un jour : huit cent trente-deux, 

trois cent cinquante-quatre ou cent vingt-trois, sont donc informés,
par le biais de l’organe o

∑

ciel de la République française, que ces

numéraux sont inférieurs à cent. Nos rectificateurs étaient soucieux
d’assurer Ă©galement l’avenir de la science française.

142

NOMBRE

background image

Le Beau-Bensa 

&

Rey-Debove 

1991

commente : « PlutĂŽt que d’étendre

l’emploi du trait d’union en toute position, n’était-il pas plus rai-
sonnable de le supprimer complĂštement, ce que font souvent les
scripteurs ? Â» Bonne idĂ©e : lorsqu’il s’agira d’écrire trente trois, nous
aurons le choix : Â«

3

,

3

,

3

,

3

,

3

,

3

,

3

,

3

,

3

,

3

,

3

,

3

,

3

,

3

,

3

,

3

,

3

,

3

,

3

,

3

,

3

,

3

,

3

,

3

,

3

,

3

,

3

,

3

,

3

,

3

» ou «

33

». Et, la ridicule rĂšgle jusqu’alors en vigueur

s’étendant aux numĂ©raux ordinaux, nous serons enfin dĂ©barrassĂ©s de 
l’inutile distinction entre les dix-septiùmes (ceux qui sont dix-septiùmes)
et les dix septiĂšmes (les dix Ă©lĂ©ments qui sont septiĂšmes ou les 

ÅÄ

⁄

ĂĄ

).

Abréviations.

‱‱‱

On n’abrĂšge jamais un nombre exprimĂ© en chi

∂

res : c’est une

faute grave que d’écrire [de 

3

Ă 

400

] pour « de 

300

Ă 

400 Â»

.

« Il est passĂ© rapidement de 

6

Ă  8

000

mĂštres

»

: passer rapidement

« de 

6 000

Ă 

8 000

mĂštres Â» n’étant pas exclu, il est prĂ©fĂ©rable dans ce

cas d’écrire « de 

6

mĂštres Ă  

8 000

mĂštres

»

.

=

Gouriou 

1990

Gre

∑

er 

1898

Impr. nat. 

1990

Leforestier 

1890

.

‱

Textes spĂ©cialisĂ©s. Pour la mĂȘme raison, on n’abrĂ©gera les nombres

exprimĂ©s en lettres qu’avec prudence, car, plus ou moins grande, l’am-
bigu

ĂŻ

tĂ© sera souvent au rendez-vous : « Pour ce genre d’article, les prix

vont de cinq Ă  six cents francs. Â» De 

500

Ă 

600

francs ? de 

5

francs Ă 

600

francs ? Il est probable que la bonne hypothĂšse soit la premiĂšre,

mais il est certain qu’il est inutile d’introduire une ambigu

ĂŻ

tĂ©, mĂȘme

minime, dans des données qui ne sont pas nécessairement imprécises.

Question Ă©crite ambigu

Ă«

: il y a combien d’analphabĂštes ici ? Deux

ou trois cents ?

‱‱

L’imprĂ©cision assumĂ©e et l’ambigu

ĂŻ

té raisonnablement exclue, le

raccourci est recommandĂ© quand il Ă©vite une lourdeur d’expression :
il a dĂ©jĂ  enfumĂ© quatre Ă  cinq mille taupiniĂšres. (Rien n’empĂȘchera
jamais un pinailleur trĂšs atteint de lire « quatre taupiniĂšres

»

.)

Avec ou sans ambigu

ĂŻ

tĂ©, le raccourci est indispensable quand il 

restitue la vivacitĂ© de la langue orale ou mĂ©nage un flou pertinent :
« Tu as besoin de combien ? — Deux ou trois cent mille francs, 
pas plus. Â»

143

NOMBRE

background image

Des points et des espaces

À Langue-Fr., le 22 aoĂ»t 2000.

P. Andries : 

Il ne faut quand mĂȘme pas pousser bobonne dans les orties, il

n’y a pas d’ambiguĂŻtĂ© Ă  employer le point comme sĂ©parateur de triades dans
les textes en français.

Pas d’ambiguĂŻtĂ© insurmontable, mais une inutile difficultĂ© de perception

pour le lecteur, car on fait jouer au point un rĂŽle qui n’est (plus) le sien en
aucune autre circonstance et qui est en totale contradiction avec ses emplois
essentiels.

P. Andries :

Disons. Mais c’est discutable, les signes ont souvent des emplois

diffĂ©rents : ici on remplace un emploi polysĂ©mique du point par un emploi
polysĂ©mique de l’espace (sĂ©paration des mots ou des nombres et sĂ©paration
de triades Ă  l’intĂ©rieur des nombres).

Bien entendu, mais ces emplois de l’espace ne sont pas « contradictoires Â».

Pour prendre un exemple qui m’arrange
 dans « 1 100 Â» et « mille cent Â» 
(ou « onze cents Â»), la « polysĂ©mie Â» de l’espace est mille fois moins forte que
celle du point final, abrĂ©viatif et « sĂ©parateur de triades Â» (et n’oublions pas le
point multiplicateur : sa position Ă©levĂ©e ne le met pas Ă  l’abri d’éventuelles
mĂ©prises, l’Ɠil humain a parfois des faiblesses).

Soit un total de 12.123.152.342.535 exemplaires

me semble beaucoup plus 

difficile Ă  lire que ceci : 

Soit un total de 12 123 152 342 535 exemplaires

.

Tu me diras que le mec qui a rĂ©digĂ© la chose est un mauvais
 Oui, un trĂšs

mauvais, mais il y en a
 pas mal. Faut en tenir compte
 J’admets d’avance
que l’on peut concocter des exemples aussi calamiteux avec la virgule et la 
virgule dĂ©cimale
 mais je persiste Ă  dire qu’il est bon et sage d’avoir dĂ©livrĂ©
le point de son plus mauvais rĂŽle !

P. Andries : 

Je n’aime simplement pas qu’on impose d’en haut des normes

« internationales Â».

En France, c’est mieux qu’une norme
 c’est la loi ! Plus prĂ©cisĂ©ment des

dĂ©crets
 « [
] Ces tranches ne sont jamais sĂ©parĂ©es par des points ni par des
virgules. Â»

Dura lex




Numéraux et cardinaux

À Typographie, du 14 au 17 avril 1998.

T. Bouche : 

Il y a un autre cas d’exception : les codes postaux.

Ce n’est pas une exception
 C’est la rùgle commune (les codes postaux ne

dĂ©signent pas une 

quantité


). En gros : 

144

NOMBRE

background image

— ordinaux sans espace : 

page 2530

;

— cardinaux avec espace : 

2 530 pages

.

T. Bouche :

Pourquoi « en gros Â» ?

Par prudence (seule rĂšgle d’or
) ! Et puis
 parce que des espaces peuvent

parfois intervenir dans certaines successions de chiffres qui n’ont absolument
rien de cardinal. Exemple, les six derniers chiffres de nos numĂ©ros de SĂ©cu : 
2 11 05 13 105 184. C’est pas le mien
 (Il commence par 1 47 03 99
)

M. Bovani

: En fait, le problĂšme est de savoir si l’on Ă©crit 

0,123 32

ou 

0,12 332

.

Dans le premier cas, on a une symétrie par rapport à la virgule et on est
ramenĂ© au cas prĂ©cĂ©dent. Et jipĂ©hel, il a dit plein de fois qu’il raffolait de la
symétrie (re-pas taper).

J’raffolions point d’la symĂ©trie, et les maths et moi ça fait trois ou plus, mais

y a une chose dont j’suis certain, c’est qu’il faut Ă©crire :

0, 123 32

5 470,547 478 123 32

À Typographie, le 13 janvier 1999.

T. Bouche :

[J.-P. Lacroux] dit ordinal : unitĂ© avant, car on dit bien : « L’eau

bout Ă  100 Â°C Â», « Il est 10 heures Â», etc.

T’es vraiment vicieux comme c’est pas permis
 T’essayes maintenant 

de faire accroire que j’aurais affirmĂ©, dans mon Ă©niĂšme (hihi) principe, qu’un
ordinal ne peut ĂȘtre placĂ© en premiĂšre (hihi) position ! Tu me prends pour un
rescapĂ© du 

viii

e

siĂšcle ? Fin du premier chapitre


J’ai Ă©crit ceci : « Un nombre placĂ© en seconde position est immĂ©diatement

transformĂ© en ordinal. Â» T’as vu
 

transformé


 C’était peut-ĂȘtre sibyllin, mais,

dans le contexte et avec les exemples fournis, cela me semblait suffisamment
clair (pour un lecteur attentif et bien intentionné ).

Je dĂ©veloppe pour toi : un nombre considĂ©rĂ© comme cardinal devant 

une unité (

22 km

) ou devant un terme quelconque, abrĂ©gĂ© ou non (

3 p.

) est

transformĂ© en ordinal quand il est placĂ© en seconde position, sans qu’il 
soit nĂ©cessaire de modifier sa forme (graphique et orale) :

km 22

,

p. 3


 En

revanche, si tu veux les faire repasser en premiĂšre position tout en conservant
leur statut ordinal, tu seras contraint de modifier leur forme (graphique et
orale :

22

e

kilomĂštre

,

3

e

page


).

Tout le monde sait que 

10 heures

peut ĂȘtre soit ordinal (c’est la dixiĂšme

heure), soit cardinal (ça va me prendre au moins dix heures). Rien à voir, donc,
avec ce qui précÚde


À Langue-Fr., le 22 septembre 2000.

P. Degand : 

Dans 

le Bon Usage

de Grevisse (13

e

éd. par André Goosse), je lis

au § 117 a : « [
] Toutefois, on ne sĂ©pare pas l’indication des annĂ©es, du code

145

NOMBRE

background image

postal, des pages ou paragraphes d’un livre en tranches de trois chiffres : en
1914 ; en l’an 2000 ; 84400 Apt ; Â§ 1080. »

On pourrait — M

r

Goosse ne s’en est pas privĂ© : Grevisse ne mentionnait

que les annĂ©es — multiplier les cas et les exemples sans bĂ©nĂ©fice rĂ©el pour le
lecteur, qui ne comprendra toujours pas ce qui motive ces prétendues excep-
tions
 Cette bordĂ©lique succession (ouverte ou fermĂ©e ?) est une façon Ă  la
fois compliquĂ©e et incomplĂšte de prĂ©senter une affaire toute simple : seuls les
cardinaux ont le droit d’ĂȘtre dĂ©coupĂ©s en tranches. C’est le privilĂšge de la
« quantitĂ© Â». 

Les ordinaux, jamais, qu’il s’agisse d’annĂ©es, de pages, de chapitres, de para-

graphes, de lignes, de bidules, de machins ou de ratons-laveurs.

Bien entendu, pour des raisons pratiques évidentes (lecture, mémori-

sation, etc.), certains « numĂ©ros hĂ©tĂ©rogĂšnes Â» d’usage frĂ©quent (tĂ©lĂ©phone,
SĂ©cu
) sont Ă©galement dĂ©coupĂ©s en tranches, mais d’une nature bien diffĂ©-
rente, puisqu’elles sont d’épaisseur variable selon les cas et, surtout, qu’elles
correspondent Ă©ventuellement Ă  des numĂ©rotations distinctes. 

Quant aux « codes Â», par nature et dĂ©finition ils ne respectent que leur

code
 Il est donc inutile que les grammairiens légifÚrent à leur intention


Les nombres de quatre chiffres

À Typographie, le 14 avril 1998.

A. LaBontĂ© :

Par contre, pour les nombres d’exactement quatre chiffres, cela

est optionnel, et il est recommandable de ne pas mettre [d’espace].

Ben
 moi, je trouve que ce n’est guĂšre recommandable. Pour plusieurs 

raisons
 D’abord, ça fout en l’air l’utile distinction entre certains ordinaux 

(en

2400 avant JĂ©sus-Christ)

et la plupart des cardinaux 

(2 400 ans avant JĂ©sus-

Christ)


 Ensuite, ça peut foutre un bordel noir : 

de 2300 Ă  13 500


 Quant aux

alignements verticaux, faudrait les dĂ©baptiser
 

Bon, tu me diras que dans de pareils cas il convient de toujours introduire

une espace
 MĂ©zalor, pourquoi recommander sa suppression dans les cas oĂč
un nombre de quatre chiffres se balade tout seul ? Pourquoi recommander 
l’exception et, par consĂ©quent, l’espace alternative mais hasardeuse ? Qu’est-
ce qu’on y gagne ?

À F.L.L.F., le 21 janvier 2000.

RenĂ© : 

On Ă©crit 

17 500

, mais certains soutiennent qu’il faut Ă©crire 

5389

(par

exemple). La raison serait que la rĂšgle ne s’applique pas aux nombres de
quatre chiffres. Qu’en est-il ?

Il n’en est rien
 Songez Ă  ce que cela donnerait dans les colonnes


146

NOMBRE

background image

À F.L.L.F., le 24 fĂ©vrier 2001.

R. Budelberger :

Si pour la clarté il est recommandé de séparer par une

espace dans un nombre les chiffres par paquets de trois, l’usage ne s’applique
pas aux dates : 

1 815 cosaques en 1815

.

Il n’y a pas que les dates : tous les ordinaux. « Page 1815. Â»

À F.L.L.F., le 12 fĂ©vrier 2002.

La distinction entre nombres Ă  quatre chiffres et nombres Ă  plus de quatre

chiffres est une foutaise. Pour vous en convaincre, alignez sur une colonne des
cardinaux appartenant à ces deux prétendues catégories


La seule distinction qui vaille est celle des cardinaux (avec espace) et des

ordinaux : 3 300 ans avant notre Ăšre, en 3300 av. J.-C. ; 1 220 pages, page 1220.

Nom propre fi

Dynastie

,

GĂ©ographie

,

Marque dĂ©posĂ©e

,

Ville et

village.

Genre et pluriel des noms propres

À F.L.L.F., le 27 septembre 2000.

S. Paccalin :

Les noms propres sont invariables en français (enfin, c’est plus

compliquĂ© que ça, mais dans le cas prĂ©sent, c’est suffisant).

Je n’en suis pas sĂ»r. D’abord, ce n’est pas si compliquĂ© que cela (mĂȘme si

la bouillie, l’incroyable absence de rĂ©flexion du 

Bon Usage

peut le laisser

croire). Ensuite et surtout
 je vois mal comment une assertion inexacte pour-
rait « suffire Â» Ă  lĂ©gitimer une forme (en l’occurrence correcte, quoique l’accord
en nombre soit Ă©galement envisageable).

Sauf (et encore
 la formule est maladroite
) dans les cas d’invariabilitĂ©

imposĂ©e (pluriel d’origine, par exemple), le « nombre Â» des toponymes n’est
pas une question de statut grammatical mais, disons, pour plaisanter, de 
statut territorial, rhĂ©torique ou relationnel
 c’est-Ă -dire de « sens Â». Dans ces
matiĂšres, laissons les mots enterrer la grammaire.

Le cas qui nous occupe est celui des deux (ou plus
) visages d’un mĂȘme

ensemble. Ici, contrairement au cas des ensembles distincts *, l’invariabilitĂ© est

147

NOMBRE

NOM PROPRE

* Ensembles distincts
 mais appartenant Ă  un mĂȘme grand ensemble, mais inti-

mement liĂ©s par l’histoire (

la Guerre des Gaules


 toutes les Russies) ou la gĂ©ogra-

phie (les Amériques, les Guyanes)
 à ne donc pas confondre avec les simples homo-
nymies, qui exigent l’invariabilitĂ© (« En France, il y a quatre Villelongue. Â»)

background image

recommandable, mais l’auteur qui voudrait par exemple souligner l’apparte-
nance douteuse d’un des camps à l’ensemble peut s’autoriser la marque du
pluriel
 (Avis personnel : l’invariabilitĂ© est ici plus que prĂ©fĂ©rable *.)

À F.L.L.F., le 1

er

janvier 2001.

R. Plamondon :

On voit souvent ces noms, que ce soit en anglais ou en fran-

çais, écrits tantÎt avec une majuscule tantÎt avec une minuscule. Bien sûr ce
sont des instruments nommĂ©s ainsi en l’honneur de grands personnages du
passĂ©. Par exemple un 

erlenmeyer

est une piÚce de verrerie utilisée en labo-

ratoire, on rencontre ce mot Ă©crit avec majuscule ou minuscule. En anglais on
dit 

Erlenmeyer flask

le plus souvent avec une majuscule. Existe-t-il une rĂšgle

simple pour s’y retrouver dans les deux langues ?

En anglais, je ne me mouille pas. En français, je ne vois pas pourquoi la 

chimie Ă©chapperait Ă  la rĂšgle commune : un fauteuil Voltaire, des fauteuils 
Voltaire, un voltaire, des voltaires, des fusils Lebel, des lebels, etc. Une fiole
Erlenmeyer, des fioles Erlenmeyer, un erlenmeyer, des erlenmeyers. (Il ne 
s’agit pas de marques : des vĂ©hicules Renault, des Renault
)

Nord fi Point cardinal

Note fi

Appel de note.

« J’ai un honnĂȘte homme de mes amis qui a fait

de belles notes sur Monta[i]gne. Je suis sĂ»r qu’il
croit avoir fait les 

Essais. Lorsque je le loue devant

lui, il prend un air modeste, et me fait une petite
rĂ©vĂ©rence, et rougit un peu. Â»

Charles de Montesquieu, PensĂ©es diverses.

Halkin 

1946

a rĂ©sumĂ© trĂšs clairement ce principe : « Il faut veiller Ă 

ne pas alourdir les notes de ce qui appartient logiquement au texte.
Le texte ne peut pas s’appuyer sur une idĂ©e formulĂ©e uniquement en

148

NOM PROPRE

NOTE

* PrĂ©fĂ©rable car elle introduit une distinction parfois utile. Ainsi « les deux Alle-

magne Â» (celle de ThĂ€lmann et celle de Hindenburg, par exemple) et « les deux 
Allemagnes Â» (celle de l’Est et celle de l’Ouest). Ainsi (mais le cas est diffĂ©rent
) 
« les deux Sicile Â» (celle de Lampedusa et celle de la Mafia) et les « Deux-Siciles Â» 
(l’insulaire et la napolitaine).

background image

note. Les notes doivent contenir seulement preuves, références et
remarques. Â»

Les notes de notes de sous-notes ne relùvent pas de l’orthoty-

pographie mais de la cuistrerie ou, Ă©ventuellement, de la psychiatrie.

¶ Les notes sont composĂ©es dans un corps infĂ©rieur Ă  celui du texte

courant. (Rapport : environ

Ç

⁄

É

.)

Corps du texte

Corps des notes

14

11

ou 

10

13

10

ou 

9

12

9

11

8

10

7

9

7

ou 

6

8

6

ou 

5

7

5

6

4

(quasi illisible
) ou 

5

Références bibliographiques.

VĂ©rifier leur concordance — et leur cohĂ©rence â€” avec celles qui

sont données dans la bibliographie.

Note de musique fi Musique

Nouveau fi Ancien, nouveau

∏

149

NOTE

NOUVEAU

background image

Numéro fi

Abréviation.

‱‱‱

NumĂ©ro s’abrĂšge en « nÂș Â» quand il est suivi d’un nombre

(exprimé en chi

∂

res) et qu’il est prĂ©cĂ©dĂ© d’un nom auquel il se 

rapporte * : le billet nÂș 

25635048500456712

gagne un petit pain au 

chocolat ; j’occupe la chambre nÂș

7

; le train entre en gare, quai nÂș

12

;

vous aimez vraiment le Chanel nÂș

5

?

±

Cet article a dĂ©jĂ  Ă©tĂ© publiĂ© dans la Montagne illustrĂ©e, nÂș

23

.

(Cas litigieux.)

‱‱‱

Dans tous les autres cas, la forme complĂšte s’impose : le numĂ©ro

25635048500456712

gagne un petit pain au chocolat ; sur ma clĂ© figure

le numéro

8

, mais j’occupe la chambre nÂș

7


 ; le numĂ©ro gagnant

donne droit Ă  un croissant ; votre Chanel, c’est du numĂ©ro combien ?
Numéro

3

, je compte sur vous pour mener Ă  bien cette mission ** ; cet

article a déjà été publié dans le numéro

23

de la Montagne illustrĂ©e.

=

Ramat

1994

.

‱

Cette rĂšgle est aujourd’hui admise et plus ou moins respectĂ©e.

Toutefois, accordant un statut exceptionnel au mot « numĂ©ro Â» et Ă 
son abrĂ©viation, elle n’est pas nĂ©cessairement judicieuse.

Un numéro, des n

os

À Typographie, le 19 fĂ©vrier 1998.

J. AndrĂ© :

Quelle est [l’abrĂ©viation] de numĂ©ros (au pluriel) ?

Le «

o

» (lettre « o Â» supĂ©rieure
) de l’abrĂ©viation est la derniĂšre lettre du

terme abrĂ©gé  Quand celui-ci est au pluriel, on l’abrĂšge selon le mĂȘme prin-
cipe, comme pour M

me

, M

mes


 En d’autres termes, ce n’est pas l’abrĂ©viation

en tant que telle qui prend la marque du pluriel : on abrĂšge par retranchement
médian un terme au pluriel


150

NUMÉRO

* C’est la formule employĂ©e par la plupart des rĂ©dacteurs de codes ou de manuels

typographiques. Elle manque de précision, mais elle est simple, compréhensible.

** La prĂ©sence d’un dĂ©terminant (article, adjectif dĂ©monstratif, possessif, etc.)

impose toujours la forme complĂšte : le numĂ©ro

3

. Son absence, en revanche, n’est pas

un critĂšre dĂ©cisif pour l’emploi de la forme abrĂ©gĂ©e. 

≠

Girodet

1988

.

background image

À F.L.L.F., le 30 novembre 2000.

A.-B. F.-R. : 

À ce propos, comment tape-t-on, sur un Mac, le petit 

o

[
] dans

l’abrĂ©viation de 

in-quarto

par exemple ? Est-ce 

Option-U

(in-4

o

) ?

Pourquoi pas ? C’est toujours mieux que le symbole du degrĂ©, qui est

employé fautivement par 99,99

%

des utilisateurs


A.-B. F.-R. : 

Si oui, dans certaines polices il est soulignĂ©, dans d’autres non.

Quel est le bon ?

Les deux caractĂšres soulignĂ©s 

ÂȘ

et 

Âș

sont en principe destinĂ©s Ă  l’espagnol

(indicateurs ordinaux masculin et féminin)
 Le soulignement y est correct. En
français, il est déconseillé depuis longtemps.

A.-B. F.-R. : 

Si une seule de ces formes est correcte, on est donc condamné

Ă  n’employer que des polices dans lesquelles cette forme figure ?

Non. N’oubliez pas que, mĂȘme avec un logiciel rustique, tout caractĂšre peut

ĂȘtre mis en exposant. Donc, mettez la lettre « o Â» en exposant.

À F.L.L.F., le 3 juin 2002.

O. Randier :

Le pluriel de « un n

o

» n’existe pas. D’ailleurs cette formulation

est Ă  Ă©viter.

T’es gentil
 Elle est Ă  proscrire !
On ne devrait jamais Ă©crire « un n

o

», pas plus que « deux p. Â» ou « trois § Â»

(mais « p. 2 Â» et « Â§ 3 Â» sont irrĂ©prochables dans certaines circonstances). Le 
pluriel de « la chambre n

o

57 Â» (forme correcte et quasiment obligatoire
) est,

par exemple, « les chambres n

os

57 et 58 Â».

∫

151

NUMÉRO

background image
background image

Océan fi Géographie

ƒil fi 

CrénageHauteur.

Vocabulaire.

CaractĂšres en plomb : partie supĂ©rieure du relief de la lettre, qui

laisse son empreinte sur le papier. Par extension : hauteur du dessin de
la lettre. Aujourd’hui, on emploie l’expression « hauteur d’Ɠil Â» pour
désigner cette dimension.

Attention ! Jadis, la « hauteur d’Ɠil Â» Ă©tait la distance comprise entre

le bas du bloc de plomb et la surface de l’Ɠil
 Cette Ă©quivoque ne
porte plus guÚre à conséquence. En revanche, désastreuse est la confu-
sion entre Ɠil de la lettre (ou hauteur d’Ɠil
) et hauteur d’x (qui
comme son nom l’indique est la hauteur des bas de casse sans ascen-
dantes ni descendantes, comme x, a, c, e, m, n, o, r, etc.).

≠

Richaudeau 

1989

[Ɠil 

=

x].

Exemple de caractĂšres (successivement : Garamond, Rockwell,

Avant-Garde, Antique Olive) de mĂȘme corps mais d’Ɠils di

∂

Ă©rents :

qxb

‚ â€Ą Â·

Les typographes, comme les marins, ont droit au pluriel Ć“ils,

qui n’est admis, chez le commun des mortels, que dans les noms 
composés.

Les Ɠils de ces deux caractùres sont trùs di

∂

Ă©rents, les yeux de ce

chat sont vairons, des yeux de chat, des Ɠils-de-chat.

=

Girodet 

1988

Hanse 

1987

Impr. nat. 

1990

Larousse 

1999

Robert

1985

Thomas 

1971

.

153

background image

OpĂ©ra fi 

Acte d’une piĂšce de thĂ©ĂątreMonumentMusiqueTitre

d’Ɠuvre.

‱‱‱

Minuscule initiale pour les bĂątiments, les thĂ©Ăątres lyriques, 

le genre musical : la Scala est l’opĂ©ra de Milan ; j’adore l’opĂ©ra ; 
un opĂ©ra de Mozart ; un opĂ©ra-ballet, des opĂ©ras-ballets ; un opĂ©ra-
comique, des opĂ©ras-comiques, le thĂ©Ăątre de l’OpĂ©ra-Comique ; un
opéra bou

∂

e, des opéras bou

∂

es.

≈

l’OpĂ©ra de quat’ sous.

◊

Je vais Ă  l’OpĂ©ra*.

=

Girodet 

1988

Robert 

1985

.

Ordre fi DĂ©coration

Orpheline fi Ligne creuse

Orthographe multiple

Un certain nombre de mots français ont une double, voire une 

triple orthographe. Tout scripteur est libre d’adopter la graphie qu’il
prĂ©fĂšre mais il doit demeurer fidĂšle Ă  ce choix jusqu’au point final.

Ouest fi Point cardinal

154

OPÉRA

OUEST

* Le vilain pĂątĂ© de verre Ă©rigĂ© place de la Bastille a pourtant vidĂ© de son sens la 

traditionnelle exception Ă  la rĂšgle : l’OpĂ©ra signifiant l’opĂ©ra de Paris, le palais Garnier.
Demeurent au moins la place de l’OpĂ©ra et le mĂ©tro OpĂ©ra.

background image

Pacte fi

Accord, conférence, traitéAllianceConvention.

Le pacte Briand-Kellogg, le Pacte atlantique, le pacte de Varsovie.

Page fi

Belle pageFeuille, feuilletFolioLigne creuse.

Abréviation

: P., p. (Page, pages).

‱‱

Le mot page ne s’abrĂšge que dans les notes, les annexes, etc.

(voir :

AbrĂ©viationIndex). Dans le texte courant, il ne s’abrĂšge que

dans les références situées entre parenthÚses.

=

Lefevre

1883

.

Page courte : qui a une ligne de moins qu’une page pleine.
Page longue : qui a une ligne de plus qu’une page pleine.
La derniùre page d’un chapitre doit avoir plus de cinq lignes.

=

Impr. nat. 

1990

.

Paginer : folioter les pages d’un ouvrage.
Pagination : ensemble des folios d’un ouvrage.

Mises en page, mise en pages


À Typographie, le 3 dĂ©cembre 1997.

É. Angelini :

J’aimerais savoir pourquoi personne, dans cette « lidie Â», ne met

de 

s

final Ă  mise en pages ?

[
] Osons deux explications (sĂ©rieuses ?). Influence (abusive, car « mise en

pages Â» n’appartient Ă  aucune des catĂ©gories concernĂ©es) des rectifications du
Conseil supérieur
 Influence (abusive, également
) des metteurs en pages
travaillant dans la publicitĂ©, oĂč ils mettent souvent en pages 

une seule

page

(affiche, annonce de presse, etc.)


155

background image

À Typographie, le 28 novembre 2000.

J. AndrĂ© :

Je n’ai jamais vu cette subtilitĂ©. Tous les bouquins que j’ai parlent

toujours de mise en page sans 

s

, mĂȘme quand ils parlent d’imposition.

MĂȘme tes dictionnaires de la française langue ? La plupart des bouquins

sĂ©rieux dont je dispose Ă©crivent « mise en pages Â».

S’agissant de l’édition et de la presse, c’est la seule forme correcte
 car elle

seule a un sens intelligible. Si un objet graphique n’avait qu’

une

« page Â»â€Š par

dĂ©finition, il ne s’agirait pas d’une page en tant que telle
 mais, par exemple,
du recto d’un bout de papier
 une affiche, une Ă©tiquette, un machin qu’on
colle quelque part
 ou que l’on insùre au petit bonheur dans un flux
ordonné  devenant ainsi une page, mais une page qui s’est fait mettre
ailleurs, sous un autre nom.

Il est certain que « mettre en pages Â» une page de grand titre serait assez

Ă©trange. C’est pourquoi on la compose
 Il me semble aussi que la tentation
du singulier tient Ă  la confusion de deux activitĂ©s distinctes : la maquette et la
mise en pages. A priori, la part dite crĂ©ative ressortit « avant Â» tout Ă  la
maquette. La confusion tient probablement au fait que « maquettiste Â» dĂ©signe
des gens qui le plus souvent ne font que de la mise en pages. (Attention ! Nul
mĂ©pris dans cette observation ! Le grand art, la vraie crĂ©ation consiste souvent
Ă  bien mettre en pages Ă  partir d’une maquette foireuse.)

Si l’on tient absolument Ă  « mettre en page(s) Â» une affiche ou une Ă©tiquette

de calendos, alors là
 le singulier s’impose, Ă©videmment
 mais, encore une
fois, faudra d’abord dĂ©montrer qu’il s’agit de pages
 N’évoquons pas les
« pages web Â», dĂ©jĂ  que je passe pour un mec pas trĂšs Ă  la page, inutile d’en
remettre une dose


J. AndrĂ© :

D’aucuns ici disent, avec raison, qu’on met toujours en page deux

pages (paire et impaire).

On ne devrait pas se donner l’inutile peine de mettre une (ou deux, ou

mille
) page(s) en pages
 Les pages n’ont pas Ă  ĂȘtre mises en pages, les plis
n’ont pas Ă  ĂȘtre mis en plis, et la scĂšne n’a pas Ă  ĂȘtre mise en scĂšne. [
] 
On met du texte (ou des images) en pages
 et, tu as raison, mieux vaut le
mettre sur une double


Palais fi Monument

Palme fi AcadĂ©mie

∏

156

PAGE

PALME

background image

Panse

Partie arrondie des lettres : a b c d e g o p q.

Papier fi Format

Paragramme fi Coquille

Paragraphe fi

AlinéaAstérisque.

‱‱‱

Souvent confondu avec l’alinĂ©a (ligne dont le premier mot 

est rentrĂ©, renfoncement au dĂ©but d’une ligne, portion d’un texte
comprise entre deux de ces renfoncements), le paragraphe est séparé
d’un autre paragraphe par une ou plusieurs lignes blanches (un ou
trois astérisques viennent parfois aider à borner leurs territoires). Un
paragraphe peut accueillir plusieurs alinéas.

=

Drillon 

1991

Gradus

1980

Grevisse 

1986

Impr. nat. 

1990

LittrĂ© 

1872

.

≠

Larousse

1999

Lexis 

1989

Robert 

1985

.

Un paragraphe peut ĂȘtre extrĂȘmement court :
« En arrivant, je coupais des roseaux secs et nous faisions un lit

pour la Guitte, je ne vous ai pas dit : une belle petite que nous avions,
grasse, rose, avec des cuisses


Il s’arrĂȘta.

— Quand on est si heureux, on devrait se mĂ©fier ; seulement, voilĂ ,

on ne s’en aperçoit jamais sur le moment.

J’avais mes soucis, comme tout le monde, mais je n’étais pas de

gros dĂ©sir. Â» â€“ Jean Giono, Â« Champs Â», 

Solitude de la pitié.

AbrĂ©viation : 

quoi qu’en pensent quantitĂ© de scripteurs, le signe

§ connaĂźt de trĂšs sĂ©rieuses limitations d’emploi.

1

.

Il doit ĂȘtre nĂ©cessairement suivi d’un nombre exprimĂ© en chi

∂

res

ou d’une combinaison quelconque de signes indiquant son rang : §

8.1

et 

9.43

, premier paragraphe ; §

5

-A.

157

PANSE

PARAGRAPHE

background image

2

.

Le moindre dĂ©terminant exclut que l’on fasse appel Ă  lui : les

paragraphes

8

et

9

.

=

Code typ. 

1993

Impr. nat. 

1990

.

Exemples d’emplois fautifs : [§ « Agriculture Â» ; 

2e

§ ; voir les §

6

et 

7

; je vous renvoie au §

5

; relire l’ensemble du §

3

.]

ConsĂ©quence. â€” Â§ ne s’emploie que dans les notes et les renvois,

sauf pour certaines publications spĂ©cialisĂ©es : techniques, juridiques,
scientifiques, etc. Pour les autres ouvrages et si l’on tient absolument
Ă  l’amputation, l’abrĂ©viation rĂ©guliĂšre paragr. est, dans le corps du
texte, la seule tolĂ©rable (voir : 

Abréviation).

Le signe § ne se « double Â» pas au pluriel : [§§ 

4

,

5

,

8

]

>

§

4

,

5

,

8

.

¶ Espace insĂ©cable entre le signe § et le chi

∂

re qui le suit.

ParallĂšles

|| Signe qui s’emploie surtout dans la composition des dictionnaires,

afin de sĂ©parer deux acceptions d’un mĂȘme terme.

Parangonner

¶ Aligner des caractĂšres de di

∂

Ă©rentes forces de corps.

∞

Se parangonner (argot des typographes) : s’appuyer quelque part

pour Ă©viter de tomber.

Parc fi Jardin

ParenthĂšse fi

ÉnumĂ©rationPonctuationTiret.

Une parenthĂšse ouvrante doit ĂȘtre complĂ©tĂ©e par une parenthĂšse

fermante. (Une parenthĂšse ouverte doit ĂȘtre fermĂ©e.)

±

Une parenthĂšse fermante n’est pas nĂ©cessairement prĂ©cĂ©dĂ©e

d’une parenthùse ouvrante. Ces parenthùses solitaires ne sont guùre
recommandables. Les romanciers font ce qu’ils veulent : « â€” Écoute,
Maman, concentre-toi bien. Dois-tu utiliser les feux de croisement,

158

PARAGRAPHE

PARENTHÈSE

background image

aussi bien le jour que la nuit, 

1

) quand il pleut, 

2

) quand il y a des

chutes de neige, 

3

) quand tu aperçois le Saint-Esprit au milieu de la

route ? Â» â€“ François Weyergans, Je suis Ă©crivain.

Si le texte entre parenthĂšses est une phrase autonome : point final

avant la parenthĂšse fermante : « Ce sont des Ăąnes
 des Ăąnes bĂątĂ©s.
(Elle parlait des mĂ©decins.) Je ne veux plus en voir un seul. Â» â€“ Marcel
PrĂ©vost, les Anges gardiens.

Si le texte entre parenthĂšses appartient Ă  une phrase : pas de ponc-

tuation avant la parenthĂšse ouvrante, ponctuation Ă©ventuelle avant et
aprĂšs la parenthĂšse fermante.

=

Girodet 

1988

Lefevre

1883

.

¶

Espace.

Voici la rĂšgle : espace justifiante ( pas d’espace

pas d’espace ) espace justifiante

Eh bien, cette rùgle est trop stricte

Jadis, on n’hĂ©sitait pas Ă  jeter un peu de blanc aprĂšs les parenthĂšses

ouvrantes et avant les parenthĂšses fermantes. On veillait simplement
Ă  ce que ces blancs soient trĂšs infĂ©rieurs Ă  l’espace des mots.

Tirets, ponctuation 

et parenthÚses imbriqués

À Typographie, le 1

er

décembre 1997.

D. Pernelle :

Quelles sont les rĂšgles admises en typo pour les imbrications

de parenthĂšses ? Dans un texte et non pas dans une dĂ©monstration mathĂ©-
matique : peut-on en imbriquer plusieurs et, quand elles sont cĂŽte Ă  cĂŽte, ne
doit-on en mettre qu’une ?

Ça dĂ©pend
 Si l’on Ă©crit un texte sans rechercher d’effet (de tous ordres)

particulier, on peut employer les crochets (à condition qu’ils ne jouent pas un
rĂŽle spĂ©cifique [par exemple la dĂ©limitation des interventions d’un tiers — par
exemple l’éditeur, Ă  tous les sens du terme — sur le texte d’un auteur])


Si l’on s’appelle Raymond Roussel (ou si l’on cherche Ă  l’imiter (ce qui 

est imprudent)), on peut s’amuser aussi Ă  imbriquer les parenthĂšses (pour 
Ă©viter le ridicule (toujours possible (hĂ©las
)), une certaine maĂźtrise est 
nécessaire).

159

PARENTHÈSE

background image

Le mieux, franchement, c’est encore d’éviter la multiplication des paren-

thÚses et surtout leur imbrication
 La plupart du temps, ce sont des béquilles
(certes courbes) qui masquent mal une pensée claudicante


À F.L.L.F., le 8 janvier 2002.

Hier soir, pour me consoler de la mort d’Étiemble, j’ai repris son 

Art d’écrire

et j’y ai trouvĂ© ceci :

« Par le CrĂ©ateur, laissez tomber parenthĂšses et guillemets ! Pour les 

propositions incises, il y a un excellent signe de ponctuation, le double tiret 
(— le mot que vous voudrez —). Il y a deux sortes d’écrivains qui utilisent les
guillemets : ceux qui sont timides et ceux qui n’ont pas de talent. Â» â€“ Anton

Tchekhov

,

Lettre Ă  Lazarev-Grouzinski

.

J’ignore si les parenthùses sont du bon Anton ou du traducteur


À F.L.L.F., le 3 juin 2002.

M. Goldstein :

Que convient-il d’écrire ?

1. Va-t-en (il le pensait vraiment !). 2. Va-t’en (il le pensait vraiment !) 

3. Une jupe bleue ou verte, je ne sais plus (?) 4. Une jupe bleue ou verte, je ne
sais plus (?).

1
 Mais : « Va-t’en. (Il le pensait vraiment !) Â» serait aussi bien


4
 Mais : « Une jupe bleue ou verte, je ne sais plus. Â» ; ou : « Une jupe bleue

ou verte. Je ne sais plus. Â» ; ou : « Une jupe bleue ou verte ? Je ne sais plus. Â» 
suffirait largement


M. Goldstein : 

Faut-il retenir que le point final est superflu lorsque la paren-

thĂšse se ferme sur un point d’exclamation ?

Non, rien Ă  voir : 
« Va-t’en (il le pensait vraiment !). Â» ; ou « Va-t’en. (Il le pensait vraiment !) Â»

F. B. : 

Si, par exemple, je tape « Comme dĂ©montrĂ© dans l’article de Machin,

Journal de Tautologie Théorique

(1995). Â», je suis certain que mon correcteur

s’arrĂȘtera dessus lors de la relecture, en me disant (je paraphrase) qu’une
parenthĂšse ne saurait ĂȘtre suivie d’un point.

Puis-je dire que votre vérificateur électrochosique est un connard
 sans

susciter les protestations offusquĂ©es des ligues locales de vertu ?

ParenthĂšses, gras et italique

À Typographie, les 9 et 10 dĂ©cembre 1999.

J. AndrĂ© :

Si ce bout de texte est en gras, les parenthĂšses doivent-elles ĂȘtre

en gras ? (Si, si : il y a des cas, rares il est vrai, oĂč ça arrive.)

160

PARENTHÈSE

background image

Oui, parenthùses grasses, mais j’espùre bien qu’ils sont rares, tes cas


Parce que, hormis les entrĂ©es de glossaire ou quelques cas similaires, j’ai
quelque peine Ă  saisir l’astuce
 

Si un fragment de texte est en gras (pouah
), c’est qu’il est salement

important, first class, à ne pas manquer
 et s’il est si important que ça

qu’est-ce qu’il fout entre parenthĂšses ?

J. AndrĂ© :

Mais
 p. 70 de l’

I.N.

(art. « Dialogues Â»), vous trouvez : 

« Ă” rage !

(Se reprenant.)

Homme de bien Â»

, etc.

Les tenants de la « non-italisation Â» des parenthĂšses balisant un fragment

intĂ©gralement en italique et sis au sein d’une phrase en romain te rĂ©pondront
qu’il s’agit là d’un autre cas
 celui de la parenthùse autonome.

Ce faisant, ils ruineront eux-mĂȘmes leur argumentation
 car, si une paren-

thĂšse peut ĂȘtre autonome
 c’est bien la preuve que les deux signes qui la
balisent lui appartiennent !

E. Curis :

Une convention souvent rencontrĂ©e en chimie, c’est de noter les

produits par un nombre en gras. On a alors souvent des phrases du genre :
« Soit le N,N-dimĂ©thylformamide (

ÂȘ

) et le




»

Je ne pense pas assez à ces choses-là
 Remarque, cela vaut sans doute

mieux, je n’y connais rien


P. Jallon :

J’avais l’habitude d’expliciter tous les sigles et acronymes, afin

d’ĂȘtre intelligible pour tout le monde. Typiquement, ça donnait ceci : Â« Le nou-
veau patron de Canal France international (

CFI

) a rencontrĂ© le prĂ©sident-

directeur gĂ©nĂ©ral de l’Agence France-Presse (

AFP

) Ă  la suite de l’affaire. Â»

Sauf que, là, tu fais exactement le contraire de ce que tu annonces
 Tu

n’explicites pas les sigles, tu prĂ©cises qu’aux dĂ©nominations dĂ©veloppĂ©es que
tu emploies dans la phrase correspondent des sigles
 Tu fais donc ce que je
dĂ©nonçais : tu mets en gras le subalterne, le secondaire (qui est Ă  sa place
entre parenthùses
).

Expliciter un sigle, c’est ceci : « Le nouveau patron de C.F.I. (Canal France

international) a rencontré  Â» Ici, tu peux engraisser ton sigle, bien qu’à mon
sens la manƓuvre soit hideuse et inutile (les caps suffisent largement à attirer
l’attention des lecteurs distraits
).

P. Jallon : 

Pour d’évidentes raisons esthĂ©tiques, seul le sigle ou l’acronyme

Ă©tait mis en gras.

Je ne te demanderai pas de prĂ©ciser ta conception de l’« esthĂ©tique Â» (cela

nous entraĂźnerait trop loin) mais celle de l’« Ă©vidence Â»â€Š

P. Jallon : 

Dans tous les autres cas de figure, les noms en gras n’étaient

jamais encadrés par des parenthÚses.

Parce que cela aurait Ă©tĂ© trop Ă©videmment inesthĂ©tique ?


161

PARENTHÈSE

background image

Parti, mouvement fi

AdepteSigle.

« Une dĂ©mocratie oĂč la vie publique est constituĂ©e

par la lutte des partis politiques est incapable d’empĂȘ-
cher la formation d’un parti qui ait pour but avouĂ© 
de la dĂ©truire. Si elle fait des lois d’exception, elle
s’asphyxie elle-mĂȘme. Si elle n’en fait pas, elle est aussi
en sĂ©curitĂ© qu’un oiseau devant un serpent. Â»

Simone Weil, l’Enracinement.

L’Action française, les Forces françaises de l’intĂ©rieur (F.F.I.), les

FrĂšres musulmans, le Ku Klux Klan, le Mouvement de la paix, le
Mouvement républicain populaire (M.R.P.), le Parti communiste
français (P.C.F.). 

« Le parti des ConstipĂ©s exige, au dessert, les pruneaux. Â» â€“ Geor-

ges Bernanos, les Grands CimetiĂšres sous la lune.

Particule fi

Article dans les noms propresBibliographieIndex,

MajusculeVoie et espace public.

« Il est toujours avantageux de porter un titre 

nobiliaire. Être de quelque chose, Ă§a pose un homme,
comme ĂȘtre de garenne, Ă§a pose un lapin. Â»
Alphonse Allais, le Chat noir, le 

25

janvier 

1890.

1

. Particules françaises.

En français, il convient de bien distinguer la particule « de Â» (forme

Ă©lidĂ©e : Â« d’ Â») qui est une prĂ©position, des particules « Du Â», « Des Â» 
(de le, de les) qui sont des articles contractés.

Rappel. â€” Dans les patronymes, l’article s’écrit avec une majuscule

initiale ; il ne peut ĂȘtre supprimĂ©, il dĂ©termine l’ordre alphabĂ©tique :
La Mettrie, Le Go

∂

.

AprĂšs une particule, il conserve la majuscule : Roger de La Fres-

naye, Emmanuel de Las Cases. La minuscule était déjà un archa

ĂŻ

sme

Ă  la fin du xix

e

siĂšcle ; c’est aujourd’hui une faute (

≈

sauf dans la 

composition « non modernisĂ©e Â» de textes anciens). 

L’article appartenant (majuscule) Ă  un patronyme ne doit pas 

ĂȘtre confondu avec l’article qui prĂ©cĂšde (minuscule) un patronyme ou

162

PARTI, MOUVEMENT

PARTICULE

background image

un surnom : le Caravage, la Voisin, le Greco ; la Callas lisait-elle
La BruyĂšre ?

=

Code typ. 

1993

Impr. nat. 

1990

.

≠

Gouriou 

1990

[Jean de la Fontaine, M. de la Palisse, etc.],

Leforestier 

1890

Ramat

1994

Zacharia 

1987

.

La distinction entre particules nobiliaires et « roturiĂšres Â» n’a aujour-

d’hui aucun sens ; elle ne passionne que les nostalgiques des lettres 
de cachet.

‱‱‱

Les particules « de Â» et Â« d’ Â» (prĂ©positions) s’écrivent 

≈

toujours

en minuscules : Jean de La Fontaine, Alphonse de Lamartine, Jeanne
d’Arc, Charles de Gaulle, la famille de La Rochefoucauld, monsieur 
de M., le cardinal de Richelieu, le baron d’Holbach, le comte de Vigny.

Devant les patronymes plurisyllabiques, si un prénom, ou un

terme de parentĂ© (famille, frĂšre, oncle, etc.), ou un titre (nobiliaire ou
de civilité), une fonction ou un grade ne sont pas précisés, la particule
« de Â» est supprimĂ©e : La Fontaine, Lamartine, Richelieu, Vigny ; 

±

mais, Ă©ventuellement, les frĂšres Goncourt. 
La particule Ă©lidĂ©e est, en principe, conservĂ©e : d’Artagnan, 

d’Holbach ; 

±

mais, éventuellement, les Orléans. On ne supprime pas

la particule « de Â» devant les noms monosyllabiques (ou bisyllabiques
avec un « e Â» muet final) : de Gaulle, de Grasse, de Lattre, de Mun, de
Thou. Exceptions : cardinal de Retz,

◊

Retz, Donatien de Sade,

◊

Sade.

Les particules « de Â» et Â« d’ Â» ne dĂ©terminent pas l’ordre alpha-

bĂ©tique (bibliographies, dictionnaires, index, etc.) : Holbach (d’),
Labiche, La Fontaine (de), Larbaud, Vigny (de). La particule nĂ©er-
landaise « De Â» n’est pas une prĂ©position mais un article, voir : § 

2.5

.

=

Code typ. 

1993

Girodet 

1988

.

‱‱‱

Les particules « Du Â», « Des Â» (articles contractĂ©s) s’écrivent avec

une majuscule initiale : Joachim Du Bellay, Bertrand Du Guesclin,
Pierre Des Essarts. Le duc du Maine (Louis Auguste de Bourbon) 
ne saurait ĂȘtre prĂ©sentĂ© comme une exception
 pas plus que le roi
du Maroc.

163

PARTICULE

background image

Elles ne peuvent ĂȘtre supprimĂ©es : Du Bellay, Du Guesclin, 

Des Essarts.

Elles dĂ©terminent l’ordre alphabĂ©tique : Daumal, Des Essarts,

Diderot, Du Bellay, Duclos, Du Guesclin.

=

Doppagne 

1991

Larousse

1933

,

1999

.

≠

Girodet 

1988

Gouriou 

1990

[du Bellay, du Guesclin, etc.],

Larousse

1997

Ramat

1994

Typogr. romand 

1993

.

∞

Grevisse 

1975

et 

1986

relĂšvent que l’usage est flottant ; certes, 

il l’est. On trouve, sous de bonnes (?) plumes contemporaines : [Jean
de la Fontaine] ou [du Bellay] ; Ă  ce triste constat, il faut opposer la
subtilité grammaticale et la logique typographique, qui, pour une fois,
font bon ménage.

Exceptions.
Les particules « de Â» et « d’ Â»peuvent prendre une majuscule initiale

dans les dĂ©nominations commerciales : une voiture De Dion-Bouton.

≈

Elles doivent prendre la majuscule initiale dans tous les cas oĂč une

autre rĂšgle l’impose : « De Gaulle est montĂ© sur le cuirassĂ© De Grasse. Â»

Il est inutile — il est mĂȘme dĂ©conseillĂ© — de mettre une majus-

cule initiale Ă  la particule Â« de Â» pour la distinguer de la prĂ©position
grammaticale : la flotte de de Grasse, le kĂ©pi de de Gaulle, [la flotte
de De Grasse, le kĂ©pi de De Gaulle], « Ce fils Ă  Papa de de Lorges !
Marquis de Lorges ou baron de Lorges, je ne sais plus. Â» â€“ François
Weyergans, Je suis Ă©crivain.

La typographie n’a pas pour tñche de masquer les maladresses ou

les subtilitĂ©s d’expression. Dans certains cas, la majuscule introduirait
au contraire une confusion ridicule : « Que les Français ne se fient pas
Ă  ceux qui se sont rĂ©clamĂ©s de de Gaulle pour dĂ©fendre de Gaulle. Â»
– François Mauriac,

le Nouveau Bloc-Notes. La graphie adoptĂ©e par

Mauriac est la seule correcte. 

≠

[de De Gaulle pour défendre de

Gaulle], [de De Gaulle pour défendre De Gaulle].

=

Gouriou 

1990

Hanse 

1987.

≠

Code typ. 

1993

Doppagne 

1991

Girodet 

1988

.

164

PARTICULE

background image

2

. Particules Ă©trangĂšres.

En français, une particule patronymique désigne une préposition

ou un article contractĂ© (prĂ©position + article) : l’article seul n’est pas
une particule. Toutefois, il est di

∑

cile de respecter cette belle et claire

acception dùs lors qu’il s’agit d’examiner le comportement orthotypo-
graphique de « particules Â» Ă©trangĂšres au sein de textes ou d’ouvrages
rĂ©digĂ©s et composĂ©s en français. Dans les « particules Â» qui suivent se
cachent des articles, voire des conjonctions


‱‱‱

Dans les textes, les bibliographies, les index, etc. rĂ©digĂ©s en 

français, les « particules Â» ne prenant pas la majuscule initiale n’ont pas
d’incidence sur le classement alphabĂ©tique, qu’elles soient « françaises Â»
ou Â« Ă©trangĂšres Â» : Beethoven (Ludwig van), De Valera (Eamon), Kleist
(Heinrich von), Van Gogh (Vincent), Viau (ThĂ©ophile de).

2

.

1.

Allemandes : an, auf, van, von, von dem, von den, von der, zu,

Am, Im, Vom, Zum, Zur.

Dans le corps du texte, la particule « von Â» disparaĂźt dans 

les mĂȘmes circonstances, voire encore plus aisĂ©ment que le « de Â»
français : Otto von Bismarck, Herbert von Karajan, Walther von
Wartburg ; le chancelier von Bismarck, {le chancelier Bismarck}, 
Bismarck, Karajan, Wartburg. Il est inutile de faire intervenir ici 
la notion di

∑

cilement apprĂ©ciable de notoriĂ©tĂ©, voire d’anciennetĂ©

de la notoriĂ©tĂ© : Hans-J

ĂŒ

rgen von Arnim, Werner von Braun, Franz

von Papen, Joachim von Ribbentrop.

2

.

2.

Anglo-saxonnes : toutes les particules anglo-saxonnes (Ă  l’excep-

tion de « of Â») prennent une majuscule initiale : A, De, De La, Dos,
Fitz, Mac, Mc, O’.

≠

Gouriou 

1990

[« les particules Ă©trangĂšres suivent, pour la majus-

cule, les mĂȘmes rĂšgles que la particule française Â»].
Attention aux anciennes particules françaises, qui ont perdu leurs

bonnes habitudes et prennent la majuscule initiale : Mazo De La
Roche, Warren De La Rue.

165

PARTICULE

background image

ConsĂ©quence : quelle que soit leur origine, les patronymes amĂ©ri-

cains, britanniques, irlandais et de la plupart des pays anglophones
sont classés en tenant toujours compte du premier élément.

Attention au tri des « Mac Â». Il y a des « Mac Â» et des « Mc Â» : tous

doivent ĂȘtre classĂ©s Ă  « Mac Â». 

¶ Les mĂ©thodes « automatiques Â» ne peuvent fournir un tri correct

des patronymes que si la saisie des donnĂ©es prend en compte — dans
un champ spĂ©cial — les rĂšgles relatives Ă  cette opĂ©ration.

Tri automatique 

Tri manuel 

(erroné)

(correct)

Mac Orlan

MacDonald

MacDonald

McEnroe

Machin

Machin

Madeleine

McLaren

McEnroe

Mac Orlan

McLaren

Madeleine

2

.

3.

Espagnoles, hispano-amĂ©ricaines : la particule « de Â» disparaĂźt

dans les mĂȘmes circonstances qu’en français : Miguel de Unamuno, 
Unamuno. En principe, aucune particule espagnole ne prend de
majuscule initiale : de, del, de las, de les, de los, las, los, y.

Cette limpiditĂ© est sĂ©duisante. Elle n’a qu’un dĂ©faut, elle ne 

correspond pas Ă  la tradition, et les exceptions sont nombreuses : 
BartolomĂ© de Las Casas. Pour les combinaisons prĂ©position + article,
la rĂšgle française ne peut hĂ©las s’appliquer aveuglĂ©ment, il faut « finas-
ser Â», en gardant Ă  l’esprit que « majuscule

=

incidence alphabĂ©tique Â» :

JosĂ© de La Serna, La Serna ; Diego del Castillo, Castillo ; Fernando 
de las Infantas, Infantas.

≠

Afnor 

1990

[Casas (Le P. BartolomĂ© de las)] ; Larousse 

1985

Ă©crit

« Fernando de las Infantas Â» dans le texte et donne l’entrĂ©e d’index
Ă  Â« Las Infantas Â». Il faut choisir.

Larousse

1933

est cohĂ©rent : article

« Infantas Â».

2

.

4.

Italiennes : toutes les particules italiennes prennent une majus-

cule initiale : D’, Da, Dal, Dall’, De, Degli, Dei, Del, De li, Dell’,
Della, Di, Lo. De Chirico, Dell’Abate, Della Rovere, Del Sarto.

166

PARTICULE

background image

La particule « De Â» ne doit pas ĂȘtre Ă©liminĂ©e : [une toile de Chirico]

>

une toile de De Chirico.

Exceptions. â€” Pour ceux qui y tiennent
 Traditionnellement, les

particules d’anciennes familles nobles ont un comportement compa-
rable à leurs homologues françaises.

2

.

5.

NĂ©erlandaises, flamandes : la tradition française a ici e

∂

ectué un

mauvais choix en adoptant les « rĂšgles Â» belges.

Capitale initiale au mot « Van Â» qui prĂ©cĂšde les noms flamands, « Ă 

moins que la personne dĂ©signĂ©e ne soit noble : dans ce cas, la parti-
cule van ne prend pas la capitale Â» (Dumont

1915

). Cette distinction,

qui semble indispensable Ă  la fĂ©licitĂ© d’un grand nombre de sujets du
roi des Belges, ne devrait pas ĂȘtre retenue.

Dans les patronymes nĂ©erlandais ou flamands, Â« De Â» n’est pas une 

prĂ©position mais un article : De Klerk (Le Clerc), De Vos (Le Renard).
Cette particule ne doit pas ĂȘtre confondue avec le Â« de Â» français
(prĂ©position) ; comme Â« Du Â» et « Des Â», elle a une incidence sur le 
classement alphabĂ©tique : David, De Crayer, De Vos, Dufy.

Ab, D’, De, Den, Der, In’t, Op, Op de, Op den, Op’t, Opde,

Opden, â€™s, s’, ’T, T’, Te, Ten, Ter, Thoe, Toe, Uit den, Uut den, Uut’t,
Uyt den, Uyter, Van, Van de, Vande, Van den, Vanden, Van der,
Van het, Van’s, Van’t, Ver, Voor


±

Ruysdael (van).

Attention ! Des patronymes belges ont un « de Â» (prĂ©position) 

français. Nulle di

∂

Ă©rence de comportement avec leurs homologues de

France.

2

.

6.

Portugaises, brĂ©siliennes : aucune particule portugaise ne prend

de majuscule initiale : a, d’, da, das, de, do, dos.

2

.

7.

Scandinaves : af, av, von, ne prennent pas de majuscule initiale. 

La particule « De Â» (origine romane ou germanique) prend la

majuscule initiale.

167

PARTICULE

background image

3

. RĂ©capitulation des tendances

(voir les exceptions mentionnées

ci-dessus)

.

Majuscule et indexation des particules dans les patronymes anglo-

saxons, italiens, néerlandais et flamands.

Minuscule et rejet des particules dans les patronymes allemands,

espagnols, français, portugais, scandinaves.

Le problĂšme de de Gaulle

À France-Langue, du 23 au 29 juillet 1997.

A. Bourlakoff :

AprĂšs tout, le gĂ©nĂ©ral De Gaulle, avec un D capitale,

comme : van De Walle, dixit le 

Dictionnaire étymologique des noms et pré-

noms de France

(Larousse) et
 l’Institut Charles De Gaulle
 Sorry pour les

aficionados
 c’est moins superbe !

Et le gĂ©nĂ©ral de Gaulle orthographiait son nom comment ?
 Comme 

Du Rempart ?
 Cher ami, j’ai des doutes
 et ils sont partagĂ©s par la quasi-
totalité des ouvrages de référence (dont le dictionnaire de Dauzat que vous
citez
) et par de Gaulle himself


MĂȘme si l’on peut trouver une origine flamande Ă  ce patronyme, il reste que

ce « de Â» n’est plus un article (comme dans De Klerk, De Graaf, etc.)
 mais est
devenu une prĂ©position
 Le temps, la France et le français sont passĂ©s par lĂ ,
et aujourd’hui « Gaulle Â» passera difficilement pour un mot flamand
 Pourquoi
vouloir rĂ©introduire un article flamand (ou nĂ©erlandais) devant lui ? Je ne suis
pas un aficionado du Général
 mais des bas de casse


D. CĂŽte-Colisson :

Mon dictionnaire semble valider « de Â». Mais l’annuaire

du tĂ©lĂ©phone (CD-Rom de France TĂ©lĂ©com, pages « Coup de fil Â») confirme
que les deux orthographes coexistent. Exemple : le collĂšge Charles De Gaulle
Ă  07 â€“ Guilherand-Granges et le collĂšge Charles de Gaulle Ă  56 â€“ Ploemer.

Y a pas photo
 Faites confiance Ă  votre dictionnaire et oubliez France 

TĂ©lĂ©com
 D’autant que pour un nom de voie publique ou d’établissement
scolaire, les traits d’union s’imposent
 : collĂšge Charles-de-Gaulle.

K. Mukundi :

S’agissant de la position dans une liste alphabĂ©tique, les 

normes du catalogage elles-mĂȘmes (en matiĂšre de bibliographie), leurs 
usages plutît, varient d’une bibliothùque ou d’un centre de documentation
Ă  l’autre. Certains mettront par exemple (pour 

De Gaulle

, je n’en suis pas

sĂ»re) : 

Ajuriaguerra

,

Julien d

e (ce qui placera cet auteur en tĂȘte de liste), 

tandis que d’autres prĂ©fĂ©reront : 

De Ajuriaguerra, Julien 

(il viendra ainsi loin

aprĂšs les patronymes commençant par 

A

,

B

,

C

, et autres 

Da


).

168

PARTICULE

background image

Eh ! bien, certains ont raison, et les autres ont tort
 (du moins selon les

rĂšgles françaises). C’est quand mĂȘme une drĂŽle d’idĂ©e de classer Ă  « D Â» un
homme que l’on appelle Ajuriaguerra


Particules nobles et particules « roturiĂšres Â»

Site Web de Jean-Pierre Lacroux.

L’origine noble ou roturiĂšre n’est plus un critĂšre valide dans les rĂšgles 

typographiques françaises, qui ont un agréable cachet républicain depuis fort
longtemps
 [
] On ne va tout de mĂȘme pas passer notre temps (je parle
surtout du mien
) à faire le tri entre les purs fins de race, les aristocrates de
seconde main, les nouveaux riches, les prolos Ă  particule syntaxique ! On 
s’en fout ! À moins d’ĂȘtre rĂ©dacteur Ă  

Point de vue

ou Ă  

Gala

, pourquoi vouloir

repĂ©rer les vrais et les faux nobles, puisqu’il n’y a plus de noblesse ? Je me
goure ? J’ai mal lu notre histoire et les maĂźtres typographes ? J’ai pas regardĂ©
ma montre et c’est dĂ©jĂ  la DeuxiĂšme Restauration ?

Nobles ou roturiers, tous * les « de Â» prĂ©cĂ©dant un patronyme « français Â» sont

en France des prĂ©positions (et des particules) qui ne prennent pas la capitale
initiale 

et

qui ne dĂ©terminent pas l’ordre alphabĂ©tique


C’est simple, c’est dĂ©mocratique, trĂšs pratique, c’est admis par tous les

rĂ©dacteurs, rĂ©viseurs, correcteurs d’ouvrages de rĂ©fĂ©rence. L’Institut Charles-
de-Gaulle peut dire et Ă©crire ce qu’il veut
 Sur le sujet, il a moins d’autoritĂ©
et de compĂ©tence que, par exemple, l’Imprimerie nationale ou Larousse


En outre, devant les patronymes plurisyllabiques non prĂ©cĂ©dĂ©s d’un 

prĂ©nom, d’un titre de civilitĂ©, d’un grade ou d’une fonction, qu’elle soit noble
ou roturiĂšre, la particule saute
 Et vous voudriez coller une capitale initiale
aux particules plĂ©bĂ©iennes ? Vous voulez vraiment lire des romans de De 
Balzac ? C’est des astuces pour Villiers (Philippe de)


« De Haan Â» et « de Haan Â» n’est pas le mĂȘme nom, surtout en Belgique

(mĂȘme si l’origine flamande est attestĂ©e).

Cher ami, la Belgique est un royaume oĂč le goĂ»t pour les particularitĂ©s hĂ©rĂ©-

ditaires est encore vivace. Dans mon message, j’ai bien prĂ©cisĂ© que j’évoquais 

169

PARTICULE

* Si les cas particuliers vous intĂ©ressent, on pourra y revenir
 Ce soir, je n’ai 

plus beaucoup de temps (j’ai un calva Ă  prendre)
 Ah ! juste ça, pour Ă©viter un 
dĂ©bat inutile (je ne suis pas Mazo
) : cette affirmation pĂ©remptoire ne s’applique 
Ă©videmment pas aux patronymes anglo-saxons d’origine française (De La Rue, 
De La Roche
), chacun fait ce qu’il veut chez lui, ni aux patronymes « français Â» 
dont l’origine flamande ou nĂ©erlandaise (article) est patente, assumĂ©e, revendiquĂ©e

ni (sauf exceptions se comptant sur les doigts d’un manchot) aux patronymes 
italiens
 (mais aux patronymes espagnols et portugais
).

background image

les rùgles typographiques françaises (à mon sens, les seules qui comptent
).
Elles s’appliquent aux patronymes des citoyens, mais les sujets du roi des 
Belges ont bien le droit de chĂ©rir des traditions diffĂ©rentes et de croire que 
les de Becker n’ont pas d’ancĂȘtre boulanger alors que les De Becker en ont
indiscutablement un. 

Je croyais avoir Ă©crit que les rĂšgles typographiques françaises respectent 

les usages Ă©trangers : pour les patronymes belges, elles acceptent les « De Â»
(article nĂ©erlandais) et les « de Â» (ancien article nĂ©erlandais devenu prĂ©posi-
tion française devant un nom francisĂ© et mĂȘme
 simple article nĂ©erlandais
honteux)


L’on perd une information, ce qui est toujours dommage.

Quelle information ? La rĂšgle française Ă©limine toutes les foutaises liĂ©es au

sang, à la race, aux prétentions nobliardes, mais respecte toutes les subtilités
grammaticales. Si l’on a un article, son initiale est capitalisĂ©e, as in french : 

De Haan

(Le Coq). Si l’on a une vĂ©ritable prĂ©position française (cas assez 

rare devant un nom germanique), son initiale demeure minuscule : 

de Haan

(Haan : lieu). La prĂ©tendue noblesse n’a rien Ă  voir ici, seule la langue est Ă 
respecter


Vous devrez chercher Ă  deux endroits dans les bibliothĂšques, puisque vous

aurez perdu cette information (étant donné les rÚgles en vigueur, ou du moins
celles que l’on m’a apprises) — von Bismarck est classĂ© Ă  B ; De Haan est
classé à D, de Haan est classé à H et de Ghelderode à G.

Comprends pas
 En quoi la rĂšgle que j’ai Ă©noncĂ©e modifie-t-elle les condi-

tions de cette recherche ?

Vous devrez donc réviser aussi les rÚgles de catalographie ou multiplier les

fiches de renvoi.

Non. PrĂ©cisĂ©ment, non. 
En revanche, si vous soutenez ceux qui veulent Ă©crire « De Gaulle Â» (car De

Wall, Le Mur
, donc « De Â» serait encore un article devant un nom francisĂ©
depuis belle lurette), bonne chance avec les fiches de renvoi
 En France, tout
patronyme francisĂ© peut rejoindre ses pairs
 [
] 

Je veux dire que si vous Ă©crivez « de Â» partout, vous perdez une information

dont Ă©tait porteuse la distinction de/De — particule ou article.

VoilĂ  la preuve qu’un quiproquo s’est introduit entre nous
 car je n’écris

pas « de Â» partout et je maintiens Ă©videmment la distinction prĂ©position (en
l’occurrence française)/article (en l’occurrence nĂ©erlandais). Ce que j’élimine
(« je Â» stupide et abusif, car c’est la pratique commune en France), c’est la 
distinction particule nobiliĂšre/particule roturiĂšre, qui se situe sur un autre plan,
dĂ©nuĂ© d’intĂ©rĂȘt


170

PARTICULE

background image

L’indĂ©cidable porterait donc sur l’« origine [
] revendiquĂ©e
 Â»

Dans le cas qui nous occupe (patronyme « français Â», et mĂȘme francisĂ©, 

d’origine flamande), oui
 J’attends toujours une source fiable Ă©tablissant que 
de Gaulle considĂ©rait son « de Â» comme un article
 et une autre Ă©tablissant
que « Gaulle Â» est de nos jours un terme germanique signifiant encore
« mur Â»â€Š C’est un coup Ă  rĂ©veiller les Pink Floyd. Pas prudent.

Pour « De Gaulle Â» par contre, est-ce une question d’usage ou bien y a-t-il

une raison prĂ©cise au maintien de la particule ?

Les deux. L’usage fait sauter la particule (s’il s’agit d’une simple prĂ©posi-

tion
 et non d’un article contractĂ© comme « Du Â» ou « Des Â»â€Š) devant les
patronymes plurisyllabiques (Alfred de Musset, Musset ; Jean de La Fontaine,
La Fontaine — mais parfois l’élision fout le bordel : d’Artagnan
) employĂ©s
« seuls Â» (sans prĂ©nom, titre, fonction, etc.) mais la maintient toujours devant
les patronymes monosyllabiques (et assimilés
), qui sans elle se trouveraient
bien pauvrets, voire Ă©quivoques : de Gaulle, de Grasse
 Quelques exceptions
cĂ©lĂšbres : Sade, Retz


Tout cela peut sembler inutilement compliquĂ© mais n’a par bonheur qu’une

médiocre importance


Pays fi 

DĂ©partementÉtatGĂ©ographieSaintTranscription, translit-

térationVille et village.

En dĂ©pit des apparences — hĂ©las confortĂ©es par quelques ouvrages

de rĂ©fĂ©rence (dictionnaires, codes typographiques) —, les rĂšgles sont
extrĂȘmement simples


Les rĂšgles Ă©noncĂ©es dans cet article s’appliquent Ă  toutes les dĂ©no-

minations de territoires administrativement organisĂ©s et aux entitĂ©s
politiques correspondantes : Ă‰tats souverains, États membres d’une
confĂ©dĂ©ration ou d’une fĂ©dĂ©ration, provinces, rĂ©gions, dĂ©parte-
ments, etc., ainsi qu’aux communes, quelle que soit leur importance.

Attention ! Les rĂšgles gĂ©nĂ©rales (§

1

) concernent uniquement 

les dĂ©nominations « o

∑

cielles Â» â€” entre guillemets, car, dans la plu-

part des cas, il s’agit de graphies francisĂ©es —, sous leur forme usuelle
(l’Argentine) ou dĂ©veloppĂ©e (la RĂ©publique argentine). Tenter 
de rĂ©unir sous une mĂȘme rĂšgle la Corse-du-Sud (forme o

∑

cielle) 

et l’ancienne Allemagne de l’Est (forme « fantaisiste Â», §

2

) conduit

inéluctablement au chaos orthotypographique.

171

PARTICULE

PAYS

background image

1

. RĂšgles gĂ©nĂ©rales.

1.1

.

Formes françaises et francisées.

‱‱‱ â‰ˆ

Un seul mot : majuscule initiale
 : Autriche, Mexique,

Louisiane, Tarn. 

S’agissant des noms usuels de pays, la plupart des cas sont ainsi

réglés


‱‱‱

Lorsque plusieurs mots entrent dans la composition d’une

dénomination française ou francisée, ils sont tous liés par un trait
d’union (sauf l’éventuel article initial) ; tous les noms et tous les adjec-
tifs prennent la majuscule initiale : Pays-Bas, Papouasie-Nouvelle-
GuinĂ©e, TrinitĂ©-et-Tobago, Basse-Saxe, Loire-Atlantique.

Exceptions.
Pas de trait d’union aprĂšs les termes qui dĂ©finissent la nature d’un

État, c’est-Ă -dire son rĂ©gime, ni aprĂšs ceux qui dĂ©finissent le statut
d’une division administrative : l’AlgĂ©rie, la RĂ©publique algĂ©rienne
démocratique et populaire, la Suisse, la Confédération helvétique, les
Émirats arabes unis, la RĂ©publique dominicaine, les Territoires du
Nord-Ouest.

Seule exception Ă  l’exception :

◊

le Royaume-Uni de Grande-

Bretagne et d’Irlande du Nord

.

Remarque. â€” Figurant dans le nom usuel d’un État, le terme Ă‰tat

est un cas particulier, mais pas une exception, car il serait abusif de
prĂ©tendre qu’

État dĂ©finit Ă  lui seul la nature d’un État : les États-Unis

(d’AmĂ©rique, du Mexique, etc.).

Pas de trait d’union avant les Ă©lĂ©ments finaux (gĂ©nĂ©ralement des

adjectifs) qui précisent un réel lien de dépendance (depuis le début
des années soixante et la décolonisation, cette catégorie de dénomi-
nations est devenue rare) : les Antilles nĂ©erlandaises (qui dĂ©pendent
des Pays-Bas), la PolynĂ©sie française, l’ancienne Afrique-Équatoriale
française, l’ancien Honduras britannique.

Mais : la Colombie-Britannique (qui appartient au Canada et non

Ă  la Grande-Bretagne).

172

PAYS

background image

1.2

.

Formes Ă©trangĂšres.

‱‱‱

Aujourd’hui, le strict respect de la graphie d’origine (alphabet

latin) hĂ©las s’impose (faute de quoi on obtient une forme francisĂ©e qui
obĂ©ira aux rĂšgles exposĂ©es ci-dessus) : New Hampshire.

NaguÚre, toutes les dénominations, françaises, francisées ou

« Ă©trangĂšres Â», Ă©taient soumises aux mĂȘmes rĂšgles de composition. 
C’était simple. Ça manquait de subtilitĂ© mais n’était guĂšre gĂȘnant, car
la plupart des dénominations étrangÚres étaient francisées.

‱‱ Â±

Devrait ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme française toute dĂ©nomination

intégralement composée de mots français, y compris celles de lieux
situĂ©s hors de l’espace francophone. C’était la rĂšgle. NaguĂšre. FĂ©licitons
ceux qui la respectent encore, mais n’entretenons aucun espoir quant
au succĂšs de leur combat : Saint Louis (États-Unis) ou Saint-Louis.

‱‱

Doit ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme francisĂ©e toute dĂ©nomination

modifiĂ©e par le « bon usage francophone Â», ce qui inclut les transcrip-
tions et les translittérations e

∂

ectuées conformément à cet usage mais

exclut toutes les autres : Nijni-Novgorod.

1.3

.

Formes usuelles et formes « o

∑

cielles Â» dĂ©veloppĂ©es.

À de rares exceptions prĂšs, les formes usuelles vieillissent bien. Les

formes dĂ©veloppĂ©es sont soumises aux alĂ©as de l’histoire. Dans bien
des cas, il est prudent d’éviter leur emploi, Ă  moins de disposer de
sources trÚs récentes et fiables.

Les formes usuelles sont des toponymes (noms propres de lieux)

particuliers, car elles désignent à la fois un lieu et une entité politique
(dans certains cas, celle-ci ne se limite pas nĂ©cessairement Ă  celui-lĂ ) :
j’habite en France ; la France et le Canada ne parviennent pas Ă  un
accord sur les zones de pĂȘche. (Certaines formes « o

∑

cielles Â» dĂ©ve-

loppĂ©es ne sont jamais des toponymes : Â« La RĂ©publique française est
une et indivisible. Â»)

L’appartenance Ă  deux mondes — « espace, gĂ©ographie, lieux Â» et

« temps, histoire, organismes, institutions, etc. Â» — que les rĂšgles
typographiques traitent di

∂

éremment est une contradiction résolue

173

PAYS

background image

depuis longtemps : les noms de territoires organisĂ©s constituent une
catĂ©gorie particuliĂšre, soumise Ă  des rĂšgles simples. Justifier l’incohĂ©-
rence actuelle en puisant des rùgles dans l’un ou l’autre domaine est
un procĂ©dĂ© contestable :

— les Émirats arabes unis, la RĂ©publique centrafricaine, la RĂ©pu-

blique dominicaine, la RĂ©publique tchĂšque ;

— l’Australie, la Barbade, le Cambodge, le Canada, la Grenade, la

Jama

ĂŻ

que, le Japon, la Malaisie, la Mongolie, la Roumanie, les Îles

Salomon, la Somalie, l’Ukraine, la Yougoslavie ;

— le grand-duchĂ© de Luxembourg, la principautĂ© d’Andorre, la 

principautĂ© de Monaco ;

— les royaumes de Belgique, de NorvĂšge, du Danemark ;
Et : l’Albanie (la rĂ©publique d’Albanie), l’Allemagne (la rĂ©publique

fĂ©dĂ©rale d’Allemagne et l’ancienne RĂ©publique dĂ©mocratique alle-
mande), l’Argentine (la RĂ©publique argentine), la GrĂšce (la RĂ©publique 
hellĂ©nique), l’Italie (la RĂ©publique italienne).

2

. Formes « fantaisistes Â».

Les groupes nominaux finaux et non o

∑

ciels qui précisent la situa-

tion gĂ©ographique d’une entitĂ© politique, afin de la distinguer d’une
ou de plusieurs autres entitĂ©s homonymes : la CorĂ©e du Sud, 
l’ancienne Allemagne de l’Est. Mais (formes o

∑

cielles) : le Dakota-

du-Sud, la Virginie-Occidentale, le Mecklembourg â€“ PomĂ©ranie-
Occidentale, les anciennes CĂŽtes-du-Nord, la RhĂ©nanie-du-Nord â€“
Westphalie. 

Exceptions. â€”

◊

L’Afrique du Sud, l’Irlande du Nord

.

3

.

∞

La tradition française Ă©tait d’une grande limpiditĂ©. C’était

trop beau. Elle s’est progressivement dĂ©gradĂ©e, au point de devenir
dĂ©concertante, quasi inexplicable. Il serait aujourd’hui recommandĂ©
de traiter di

∂

Ă©remment des entitĂ©s comparables, d’appliquer Ă  leurs

noms des rĂšgles jusqu’alors rĂ©servĂ©es Ă  d’autres catĂ©gories de dĂ©nomi-
nations propres, etc.

Des spécialistes (membres de commissions o

∑

cielles de termi-

nologie, ministres, etc.) nous enseignent que les formes « Cap-Vert Â»,

174

PAYS

background image

« Pays-Bas Â», imposĂ©es par l’usage — sous-entendu : archa

ĂŻ

que et 

un brin fantaisiste —, sont des exceptions Ă  la rĂšgle qui veut que 
l’adjectif postposĂ© conserve la minuscule initiale (principe il est vrai
applicable à plusieurs catégories de dénominations propres) et ne soit
pas liĂ© par un trait d’union au nom qui le prĂ©cĂšde
 Cette rĂšgle
n’existe que dans le chef de ceux qui sont prĂȘts Ă  compliquer la
« grammaire orthotypographique Â» dans le seul dessein d’entĂ©riner
tous les dĂ©rapages du mauvais usage. « Cap-Vert Â» ou « Pays-Bas Â» ne
sont pas des exceptions mais des formes qui respectent la rĂšgle fran-
çaise. Il faut ĂȘtre singuliĂšrement audacieux pour a

∑

rmer que seul

l’usage (la routine
) les a imposĂ©es, alors que c’est la rĂšgle qui nous
donne {les Samoa occidentales}.

L’ennui
 c’est que les gre

∑

ers de l’usage sont d’une incohĂ©rence

(interne et externe) assez troublante (pour l’usager) : Guatemala, 
GuatĂ©mala. Liberia, LibĂ©ria. Hong-Kong, HongkongHong Kong,
Surinam, 

Suriname. Ta

ĂŻ

wan, Taiwan. Dans le Français et les SiĂšcles,

Claude HagĂšge Ă©crit : Hong Kong, KĂ©nya, NigĂ©ria, Vietnam.

≠

Larousse 

1992

: {Virginie occidentale}, Colombie-Britannique.

≠

Hachette 

1995

Micro-Robert 

1990

: Virginie-Occidentale, {Colombie

britannique}.

=

Robert 

1994

est sur ce point un des rares usuels cohérents.

≠

Afnor 

1990

, qui ignore ou mĂ©prise hardiment les normes de 

l’orthographe, Ă©crit [CĂŽte d’Ivoire]


Doppagne 

1991

écrit [Guinée

Bissau, Tai-Wan].

4.

Pays et gentilés.

Hormis quelques cas inadmissibles, sont privilégiées les formes et

les graphies recommandĂ©es par l’arrĂȘtĂ© du 

4

novembre 

1993

relatif Ă  la

terminologie des noms d’États et de capitales.

PĂ©riode historique fi Ă‚ge, Ă‰poque, Style artistique

∂

175

PAYS

PÉRIODE HISTORIQUE

background image

Petite capitale fi

CapitaleMajusculeSigle.

Les petites capitales ne sont pas des majuscules ! La preuve
 dans

un groupe de mots composé en petites capitales, les majuscules se
composent en grandes capitales : Jean de La Fontaine.

Dans le corps du texte, un mot composé en grandes capitales

acquiert un poids Ă©norme.

Inscriptions lapidaires, reproduction d’un tĂ©lĂ©gramme : bien arrivĂ©

aux antilles. vous embrasse. Dans de tels cas, les majuscules
(grandes capitales) ne s’imposent pas en dĂ©but de phrase (majuscule
démarcative) ni comme initiale des noms propres (majuscule distinc-
tive), car leur prĂ©sence ruinerait l’e

∂

et d’imitation graphique.

=

Impr. nat. 

1990

.

¶ Manuscrit : les mots Ă  composer en petites capitales sont souli-

gnĂ©s deux fois :

Composition des petites capitales

À Typographie, le 9 novembre 1997.

É. Domergue :

[Écrire les noms de personnes tout en capitales] permet de

diffĂ©rencier le nom du prĂ©nom et ce n’est pas toujours Ă©vident lorsque le nom
ressemble Ă  un prĂ©nom ou lorsqu’il s’agit de patronymes Ă©trangers. Pour 
Ă©viter le saut Ă  la figure, il suffira de descendre la force de ces capitales en
changeant le corps ou d’utiliser des petites capitales.

Il me semble abusif de considérer que grandes et petites capitales sont des

Ă©lĂ©ments graphiques de mĂȘme nature, ne diffĂ©rant que par la taille (relative)
et Ă©ventuellement par le dessin. Les petites capitales ne sont pas des majus-
cules (grammaticales) mais des minuscules dont le dessin est quasi identique
Ă  celui des capitales. 

Cela signifie (Ă  mon avis
) que si l’emploi des capitales est 

avant tout

un

problĂšme de graphie, c’est-Ă -dire de langue (Ă©crite
), celui des petites caps
est 

exclusivement

un problùme typographique. L’attitude face à la tradition est

bien diffĂ©rente : avec les caps, y a du monde dans (et sur) les rangs ; avec les
petites caps, beaucoup moins
 

Si demain la plupart des néocompositeurs se mettent à multiplier inconsi-

dĂ©rĂ©ment les petites caps, personne n’y pourra rien et une nouvelle tradition
s’instaurera peut-ĂȘtre. Si certains veulent abuser des caps, tant pis pour eux,
seule leur réputation aura à en souffrir.

Au XIX

 

e

siĂšcle

 

>

Au xix

e

siĂšcle.

 

Au XIX

 

e

siĂšcle

 

>

Au xix

e

siĂšcle.

 

176

PETITE CAPITALE

background image

É. Domergue :

Le choix va dĂ©pendre aussi de l’expression visuelle du

contexte. J’aime bien l’absence des capitales et mĂȘme de la majuscule dans
des environnements trĂšs graphiques, avec du Futura par exemple.

De quoi parle-t-on ? De graphisme ou de composition ? De texte courant ou

de titres ? D’ouvrages courants ou spĂ©cialisĂ©s ? De nos goĂ»ts respectifs ou de
l’usage ?

Nul ne va donner de leçons posthumes aux peintres cubistes en leur 

rappelant les recommandations des codes typographiques
 Les graphistes
d’aujourd’hui peuvent faire ce qu’ils veulent avec les lettres, les chiffres et tous
les signes qui leur tombent sous la main ! 

Mais, si l’on parle de composition typographique, hors de certains titres, on

ne devrait rien composer en toutes capitales (si
 quelques menus détails
comme les chiffres romains des divisions principales, les vrais sigles, quelques
abrĂ©viations, l’insistance assez lourde ou la traduction graphique de divers
beuglements
). Dans le corps du texte, on ne compose pas les noms 
propres en toutes caps, pas mĂȘme les patronymes pour les distinguer des 
prĂ©noms !

S’agissant de la composition des patronymes, les petites caps (avec 

grande cap initiale
) sont recommandées dans les bibliographies (et dans
quelques autres lieux
). Si elles sont souvent inutiles, voire ridicules (mais
non fautives *) dans le corps du texte (dans cet emploi et dans les ouvrages
« spĂ©cialisĂ©s Â»), elles sont d’une rare Ă©lĂ©gance et d’une belle efficacitĂ© dans les
notes et les annexes.

À Typographie, le 28 mai 1998.

A. Hurtig :

Il me semble qu’interlettrer plus fortement un groupe de mots

tout en caps (par exemple : un titre, ou un nom en petites caps) est une habi-
tude rĂ©cente (d’origine amĂ©ricaine ?), et que cette pratique est plutĂŽt nĂ©faste,
parce qu’elle blanchit trop la ligne et fausse (ou ralentit) la lecture.

Je parlais d’une compo tout en caps
 et là l’interlettrage subtil n’est pas

une pratique rĂ©cente. InterlettrĂ© ou non, un seul mot en caps au sein d’une
compo en bas de casse fout le boxon. D’oĂč l’intĂ©rĂȘt des petites capitales, qui
en outre n’imposent pas nĂ©cessairement de jouer sur l’interlettrage.

177

PETITE CAPITALE

* Pour m’expliquer un peu mieux
 Dans une publication scientifique ou technique,

s’il est absurde de composer en petites caps 

tous

les patronymes, il n’est pas nĂ©ces-

sairement idiot (dans certains cas) de composer ainsi des noms d’auteurs dont les
ouvrages ou les travaux sont Ă©voquĂ©s. MĂȘme remarque pour les citations.

background image

À Typographie, les 31 janvier et 1

er

février 2002.

Ah si
 il y a un cas oĂč les petites caps peuvent lĂ©gitimement reprĂ©senter

des majuscules
 TrÚs spécial, trÚs rare, trÚs littéraire
 Bon, foin des coquet-
teries : il s’agit, dans la prose romanesque, de la reproduction « typographi-
quement fidĂšle Â» des tĂ©lĂ©grammes (ou, Ă  la rigueur, d’inscriptions lapidaires 
un peu longuettes). LĂ , comme le tout cap est Ă©videmment exclu, le souci
« imitatif Â» autorise la composition des majuscules en petites caps


T. Bouche : 

Moui, mais alors il s’agit de caps de petite taille et non de 

petites caps ; sinon ce serait parfaitement illĂ©gitime.

Illégitime pour les seules majuscules. Théoriquement, tu as raison. Seu-

lement, voilĂ  : les tĂ©lĂ©grammes ou les inscriptions lapidaires un peu longuettes
sont le plus souvent composés de plusieurs mots, voire de plusieurs phrases

Or, au sein du texte courant et pour nos yeux attachĂ©s Ă  leurs petites habi-
tudes, il est plus agrĂ©able de « lire Â» de vraies petites capitales que des grandes
capitales atrocement rĂ©duites. Si les petites n’ont pas le mĂȘme dessin que les
grandes, ce n’est pas le fait du hasard ou d’une lubie ancestrale
 (Il va sans
dire que je parle ici des vraies petites capitales et non de leurs succédanés,
sinon le dĂ©bat n’aurait aucun sens
)

T. Bouche : 

En fait, tu nous fais le coup [des sigles en petites capitales] en

l’admettant dans un cas similaire au prĂ©texte que ce serait trĂšs littĂ©raire 

&

trĂšs

spécial


Pas exactement similaire
 Tu oublies le « souci imitatif Â». OĂč se situe-t-il

dans le cas des sigles ?

Revenons Ă  l’« illĂ©gitimitĂ© Â» et mesurons son poids
 Dans le cas (trĂšs

rare
) des télégrammes en petites caps, seules les majuscules (démarcatives
et distinctives) sont « illĂ©gitimes Â»â€Š Autrement dit, quasiment que dalle, un
petit 5

%

Ă  vue de nez. Dans les sigles (trĂšs frĂ©quents
) en petites caps, 

tous

les caractÚres sont illégitimes, du 100

%

garanti ! Et tu oses comparer !

Peuple fi

Pays.

« Duclos disait, pour ne pas profaner le nom

de Romain, en parlant des Romains modernes :
Un Italien de Rome. Â»
Nicolas de Chamfort,

Anecdotes et CaractĂšres.

Les noms de races, d’ethnies, de peuples, d’habitants (ou de ressor-

tissants) prennent la majuscule initiale : un Blanc, deux Noirs, 
trois Jaunes. Les Européens, les Africains. Un Arabe, deux BerbÚres.

178

PETITE CAPITALE

PEUPLE

background image

Un Allemand, deux BrĂ©siliens, trois Chinoises, quatre Danois, 
une Russe. Quatre MĂ©ridionaux, trois Provençaux, un Tarnais. Un
Parisien, deux New-Yorkais, une Castrothéodoricienne. Quelques
Batignollais.

Ce privilĂšge n’est accordĂ© qu’aux humains et Ă  leurs Ă©ventuels

homologues extraterrestres : deux Terriens, quatre Martiens, mille
Arcturiens.

Les autres espĂšces animales n’y ont pas droit : un europĂ©en tigrĂ©,

deux siamois, un beau danois (femelle), cinq grands malinois.

±

La rĂšgle s’applique Ă  certaines * dĂ©signations pĂ©joratives, argo-

tiques ou familiĂšres : un Rital, deux Boches, trois Amerloques. Les
Rosbeefs ne sont pas frais, les Macaronis sont cuits. Parisien, tĂȘte de
chien, Parigot, tĂȘte de veau.

Pour Albigeois-albigeois, Juif-juif, Vaudois-vaudois, voir :

Adepte,

Religion.

179

PEUPLE

* La di

∂

Ă©rence entre xĂ©nophobie et racisme est parfois tĂ©nue. La rĂšgle Ă©noncĂ©e 

ci-dessus Ă©tant admise par la quasi-totalitĂ© des auteurs (sans gĂȘne apparente), il
convient de lui donner une justification admissible, et, pour ce faire, de réintroduire
ici une distinction entre gentilĂ© et appartenance ethnique (distinction qui n’intervient
pas dans les désignations normales).

Les exemples donnĂ©s ici qualifient des hommes ou des femmes originaires d’une

nation, d’une province, d’une ville, c’est-à-dire d’un lieu, ce qui rend ces termes assi-
milables Ă  des gentilĂ©s, des « gentilĂ©s xĂ©nophobes Â». Pour certains d’entre eux, une 
part du mĂ©pris initial s’est peu Ă  peu convertie en familiaritĂ©. Ce n’est bien sĂ»r pas le
cas des termes racistes [bicot, bougnoul, etc.] qui dĂ©signent un groupe ethnique ou
supposĂ© tel : Ă  jamais immondes, ils n’ont pas Ă  se parer d’une majuscule initiale. On
me dira qu’avec ou sans majuscule ils n’ont pas à figurer dans un texte quelconque,
que la minuscule n’est pas une garantie contre les pogroms et les ratonnades, et que
ces précautions orthotypographiques sont dérisoires.

Certes. Mais Ă  ce compte-lĂ , toute l’orthotypographie est dĂ©risoire. Et la grammaire.

MĂȘme si leur formation et leur emploi sont moins malsains, les termes familiers reven-
diquĂ©s voire forgĂ©s au sein d’un groupe qui se dĂ©finit en partie sur des critĂšres raciaux
ou supposĂ©s tels n’ont pas davantage Ă  prendre la majuscule initiale : un beur, deux
beurettes (mais trois jeunes Français d’origine arabe, ou, plus frĂ©quemment depuis que
la République a perdu la mémoire, trois jeunes Maghrébins nés en France), quatre
blacks (mais cinq Noirs).

background image

Adjectif.

Une femme blanche, un poĂšte africain, le peuple allemand, la 

tradition boche, un Belge naturalisĂ© français. Je suis Français, c’est un
citoyen français. — D’oĂč vient ce chocolat ? — Il est belge. — Et toi ?
— Je suis Français.

≠

On nous explique parfois que dans : « Je suis Français Â», l’attribut

du sujet est un adjectif (ellipse : « Je suis [un citoyen, un ressortissant]
français Â») et qu’il convient par consĂ©quent d’écrire [« Je suis français Â»]
comme on Ă©crit : « Je suis dĂ©bile Â». 

C’est bien sĂ»r inexact ; l’attribut est un substantif, comme dans : je

suis marin, elle est boulangĂšre, etc.

=

Dumont 

1915

Hanse

1987

.

Accord en nombre.

« Ces rĂ©flexions sont particuliĂšrement appropriĂ©es au cas des

Mbaya-Guaicuru dont, avec les Toba et les Pilaga du Paraguay, les
Caduveo du BrĂ©sil sont aujourd’hui les derniers reprĂ©sentants. Â»
– Claude LĂ©vi-Strauss,

Tristes Tropiques.

Mots composés.

Les Sud-AmĂ©ricains, les Canadiens français. 
(Selon Maurice Grevisse, si nous sommes des francophones, les

Anglo-Saxons ne peuvent ĂȘtre que des anglo-saxophones.)

Formes particuliĂšres.

Les ministres des A

∂

aires Ă©trangĂšres et de l’Éducation nationale

recommandent Émirien(s), Émirienne(s) pour dĂ©signer les habitants
des Émirats arabes unis. 

DĂ©rivation ingĂ©nieuse. Si la RĂ©publique arabe unie fait une nou-

velle apparition, ses ressortissants seront-ils appelés Républicain(s),
RĂ©publicaine(s) ?

Langues.

Il lit le russe, 

=

Impr. nat. 

1990

.

180

PEUPLE

background image

« Ă‰tazuniens Â»

À F.L.L.F., les 2 et 3 juin 2000.

D. LiĂ©geois : 

Eh bien, il n’y a pas de quoi ĂȘtre fier. Comment le 

Petit Larousse

justifie-t-il l’escamotage du « t Â» [dans « Ă©tasunien Â»] ?

Le

Petit Larousse

n’a pas à justifier un escamotage qu’il n’effectue pas
 Il

donne « Ă©tats-unien Â», sans variante. C’est 

le Petit Robert

qui privilĂ©gie l’entrĂ©e

« Ă©tasunien Â», avec la variante « Ă©tats-unien Â» et une trĂšs belle rĂ©fĂ©rence Ă  
l’ancienne forme « Ă©tazunien Â», qui ne manquait ni d’attrait ni de mĂ©rite


D. LiĂ©geois :

Je n’arrive pas Ă  le croire. Mon 

Robert

Ă  moi (1994) lemmatise

« Ă©tats-unien Â» et donne : « Rare (parfois par plais.). Des États-Unis (l’adjectif
usuel amĂ©ricain — ou amĂ©ricain du Nord, nord-amĂ©ricain — n’étant pas
aussi prĂ©cis). — AmĂ©ricain. — 

Rem

. On Ă©crit aussi Ă©tats unien, sans trait 

d’union. Â»

Votre 

Robert

n’est pas un 

Petit Robert


 Dix ans plus tĂŽt, l’entrĂ©e privilĂ©giĂ©e

Ă©tait dĂ©jĂ  « Ă©tasunien Â» (choix contestable, je suis d’accord), avec l’excellente
variante « Ă©tats-unien Â». Quant Ă  l’ineptissime graphie « Ă©tats unien Â», si elle
figure encore dans les premiers 

Petit Robert

(l’hĂ©ritage est encore pesant) sous

la forme « Ă©tats[-]unien Â», elle est heureusement Ă©liminĂ©e depuis longtemps.

Schtroumpfix : 

L’ennui, c’est que s’il y a plusieurs pays en AmĂ©rique, il y a

aussi plusieurs pays qui sont des « Ă‰tats-Unis Â» : le BrĂ©sil, la Malaisie, 


Quand un pays n’a pas de vĂ©ritable nom, il ne faut pas s’attendre Ă  des dĂ©ri-

vations miraculeuses. (En français, les SoviĂ©tiques ne s’en Ă©taient pas trop mal
sortis.) Un joli nom n’est hĂ©las pas une garantie : comment appelez-vous les
habitants de l’État de la CitĂ© du Vatican ?

D. LiĂ©geois :

Si je comprends bien, ce sinistre solécisme fait son entrée triom-

phale dans la langue française en 1989 et entre aussi sec dans le dictionnaire.

Mais non
 il est « entrĂ© Â» (timidement) dans notre langue bien avant 1989.

Prenez par exemple la citation de 

la Croix

dans

le Petit Robert

: 1965
 Quant

Ă  Â« Ă©tazunien Â», la mĂȘme source vous renvoie Ă  1955 !

D. LiĂ©geois :

[Il entre] par la grande porte, sans commentaire, et en sort 

l’annĂ©e suivante par la petite.

Il n’en est pas « sorti Â». Il a changĂ© de graphie.

D. LiĂ©geois :

Admirez la « rĂ©activitĂ© Â». J’en ferais un argument de vente : « Le

dictionnaire qui ne craint pas d’encenser cette annĂ©e des mots qu’il balancera
l’annĂ©e prochaine. Â»

Pourquoi pas ? Un dictionnaire de la langue — et singuliĂšrement un 

dictionnaire d’usage courant — n’est pas qu’un rĂ©pertoire acadĂ©mique, un
club de mots assis. C’est avant tout un outil rĂ©pondant Ă  des attentes trĂšs 

181

PEUPLE

background image

diverses. Fournir la signification de termes que le lecteur a des chances de
rencontrer dans des textes pas nécessairement spécialisés est une mission
honorable, utile, indispensable.

Que certains de ces termes aient une durée de vie brÚve ou longue, que

certains soient des horreurs ou des bouffonneries est une autre affaire. Le 
cas d’« Ă©tasunien, Ă©tats-unien Â» est nĂ©anmoins particulier : il ne pose pas de
vĂ©ritable problĂšme de comprĂ©hension
 et pourtant, c’est un des trĂšs rares
gentilĂ©s Ă  mĂ©riter une entrĂ©e dans 

le Petit Robert

. C’est comprĂ©hensible.

« Sydneysiders Â»

À F.L.L.F., le 22 aoĂ»t 2000.

M. Gevers :

Mais pour les habitants de Sydney, en effet, il n’y a pas de terme

bien défini.

On a Belleysans ou Veveysans, pourquoi pas Sydneysans ?
 Ou « Montpel-

liĂ©rains orientaux Â»â€Š car je viens d’apprendre (chez le miraculeux Pierre L.)
que jadis Sydney mĂ©rita le surnom de « Montpellier de l’Orient Â» ! Ben mon
colon


M. Gevers :

Cela fait un peu trop japonais ! (San veut dire Monsieur, je crois).

Chacun sait que le parmesan est une spĂ©cialitĂ© japonaise !

M. Gevers :

Personnellement je n’ai jamais vu cette expression utilisĂ©e dans

la presse, alors je ne m’y fie pas trop


Ne vous y fiez pas du tout ! Ce n’était qu’une proposition « analogique Â»â€Š

mais
 doit-on comprendre que vous vous fiez surtout à ce que vous avez vu
dans la presse ?


M. Gevers :

Je crois qu’il vaudrait mieux dire « les Sydneyens Â» (qui peut aussi

se mettre facilement au féminin).

Oui, pourquoi pas ? C’est bien aussi. 
Remarquez, Sydneysane, comme Veveysane, est Ă©galement d’une formation

facile


M. Gevers :

Je crois que Sydney est bien plus beau (plus belle ?) que Mont-

pellier
 !

« La modestie en plus ! Â» Selon P. L., c’est son climat et la fĂ©conditĂ© de son

sol qui ont valu à cette vilaine bourgade une comparaison si flatteuse


C. Ledent : 

Je viens de lire un article sur Sydney publiĂ© dans 

le Figaro Maga-

zine 

de samedi dernier, les habitants y sont qualifiĂ©s de « sydneysiders Â».

SidĂ©rant ! À placer d’urgence dans le top ten du mois ! Un must de quartier

de no bless, parole d’évangile, Good « news magazine Â»â€Š N’en changez pas !

182

PEUPLE

background image

« Eskimos Â»

À F.L.L.F., le 12 aoĂ»t 2001.

D

r

Phonenstein

: Â« Les Inuits Â» (pas les Eskimos, c’est une insulte et cela veut

dire bouffeur de viande crue).

Pas si simple. En français, « Esquimau Â» n’est pas pĂ©joratif.
Voici des extraits de messages Ă©changĂ©s en 1997 :
Si l’on Ă©tudie la question sur l’ensemble de la rĂ©gion circumpolaire, on se

rend vite compte qu’il est impossible de remplacer partout 

Esquimau

par 

Inuit

.

Esquimau est un mot français non pĂ©joratif qui dĂ©signe plusieurs groupes 
ethniques dont certains revendiquent le nom d’Inuit, pluriel d’Inuk (« ĂȘtre
humain Â»). Si je voulais pinailler, je vous demanderais si vous ne trouvez pas
que ce terme (« ĂȘtres humains Â») n’est pas un peu pĂ©joratif pour ceux qui ne
sont pas Inuits
 (Je sais bien que jadis certains de ces groupes, isolés du reste
des hommes par l’effroyable duretĂ© de leur habitat, se considĂ©raient comme
les « seuls Â» humains. Mais aujourd’hui, mĂȘme pour respecter la tradition, 
est-ce bien raisonnable de s’appeler ainsi ?
)

[
] Pendant plusieurs mois, j’ai travaillĂ© avec Jean Malaurie (spĂ©cialiste de

l’Arctique, auteur des 

Derniers Rois de Thulé

, d’

Ultima Thulé

et fondateur de

la collection Terre humaine) [
], qui n’est pas suspect de mĂ©pris pour les 
peuples hyperborĂ©ens (personnellement, je pense mĂȘme qu’il en rajoute un
peu
). [
] J’ai cru comprendre qu’un certain type de « respect Â» ethnotruc
pour les Esquimaux (terme qu’il n’hĂ©site pas Ă  employer) redevenus Inuits
(terme qu’il emploie Ă©galement) est un moyen assez sĂ»r de les maintenir en
état de dépendance.

Les Canadiens sont des experts en la matiĂšre ; les Scandinaves *, les Russes

et les AmĂ©ricains ne sont pas mal non plus
 Appelons-les comme ils le 
souhaitent et rĂ©servons-leur l’avenir que nous souhaitons.

C’est un simple marchĂ© de dupes. Nous n’avons pas Ă  le cautionner en

condamnant dĂ©finitivement 

Esquimau

.

Inuit

s’impose peu à peu dans notre

langue, mĂȘme hors de l’usage spĂ©cialisĂ©. C’est bien
 mais il ne remplace pas
Esquimau, car tous les Esquimaux ne se prĂ©tendent pas Inuits
 C’est bien joli
de suivre nos amis canadiens dans leur zùle, mais il ne faudrait pas qu’ils nous
entraünent à dire n’importe quoi


Bref, avant d’adopter l’« Inuit Ă  tout faire Â», faudrait peut-ĂȘtre songer aux 

autres Esquimaux, qui ne sont pas moins respectables
 (Il est vrai qu’au-
jourd’hui les Inuits ont rĂ©ussi Ă  imposer leur nom Ă  la quasi-totalitĂ© des 
Esquimaux
 Le paninuitisme est en marche.)

183

PEUPLE

* MĂȘme si le cas du Groenland semble a priori d’une nature diffĂ©rente.

background image

Cela dit, 

eskimo

veut dire « mangeur de viande crue Â», un terme monta-

gnais que les Inuits (qui veut dire « les hommes Â») n’ont jamais acceptĂ© car les
Montagnais les appelaient ainsi par mépris profond.

Pas si sĂ»r
 Voici un extrait de l’

Universalis

:

« Depuis les annĂ©es 1970, certains groupes rejettent l’appellation 

Eskimo

,

qu’ils estiment pĂ©jorative. Au Canada, ils prĂ©fĂšrent se dĂ©signer eux-mĂȘmes 
par le terme 

Inuit

(singulier 

Inuk

) et au Groenland par le terme 

Kalaallit

(sin-

gulier 

Kalaaleq

). En Alaska, l’appellation 

Eskimo

est toujours utilisée, avec la

distinction gĂ©ographique et culturelle 

Inupiat

(pour les communautés du

Nord) et 

Yuit

(pour celles de l’Ouest et du Sud-Ouest). Les Eskimo sibĂ©riens

adoptent aussi, de nos jours, le terme 

Yuit

pour se désigner.

« Il fut longtemps admis que le terme “Esquimau”, connu depuis le dĂ©but du

xvii

e

siÚcle par les Français établis en Nouvelle-France, aurait été attribué à ces

populations du Grand Nord canadien (qui elles-mĂȘmes se dĂ©signaient sim-
plement du nom d’Inuit, c’est-Ă -dire les “ĂȘtres humains”) par leurs voisins,
leurs ennemis hĂ©rĂ©ditaires, les Indiens algonquins — ce mot d’“esquimau”
signifiant dans leur dialecte “mangeurs de [viande] crue”. Une recherche de
scientifiques québécois conduit à envisager une autre origine et une signifi-
cation diffĂ©rente du terme. Il dĂ©riverait, selon eux, plutĂŽt de 

Ayassimew

, de la

langue des Indiens montagnais, ou de 

Esgimow

, des Indiens micmac, les deux

mots signifiant “ceux qui parlent la langue d’une terre Ă©trangĂšre” et dĂ©signant
tantĂŽt les Inuit, tantĂŽt d’autres Indiens dont le langage leur Ă©tait inintelligible. Â»

Fin de citation [
].
Quoi qu’il en soit de l’étymologie, il reste que tous les Esquimaux ne sont

pas des Inuits
 Hormis les spécialistes, personne ne va attribuer à chaque
groupe son vĂ©ritable nom
 Un terme gĂ©nĂ©rique comme 

Esquimaux

*, qui en

français n’a rien de pĂ©joratif, n’est donc pas inutile. [
] 

Poussés par des ethnolùtres aux intentions diverses, les Lapons (du suédois

lapp

) sont en train de nous faire le mĂȘme coup et veulent se faire appeler

SĂĄmi

dans toutes les langues de la planùte bleue, en attendant mieux


L’affaire lapone est Ă©trange. Tout le monde sait que, mĂȘme dans les cas oĂč

l’ethnique français n’est pas pĂ©joratif, le recours Ă  la forme originelle est une
marque de mĂ©pris : Â« un Anglais Â» est prĂ©fĂ©rable Ă  « un English Â». Renvoyer 
l’autre Ă  sa langue (lui refuser le terme français adĂ©quat
), c’est la marque
des xĂ©nophobes. (Ce n’était pas, jusqu’alors, une pratique française. Elle nous
vient d’une autre tradition : celle des ghettos, des rĂ©serves et de la sĂ©grĂ©ga-
tion raciale.) Dans ce dĂ©bat, je crois que l’on a un peu trop tendance, comme 
souvent, Ă  inverser facilement les rĂŽles.

184

PEUPLE

* Ou HyperborĂ©ens


background image

Certes, X ne fait que reprendre et défendre une revendication des Lapons.

Je dis « des Lapons Â», mais j’ignore si elle s’appuie sur le sentiment d’un 
peuple ou sur celui de quelques esprits Ă©clairĂ©s (j’entends la revendication
visant Ă  Ă©purer toutes les langues du monde
). Ce que je sais, comme Z, c’est
qu’elle ne nous concerne pas. Ce que je crois, c’est qu’elle est mĂ©diocrement
inspirée.

D’autres peuples ont une attitude plus saine. Les Berbùres, par exemple, ne

veulent pas renoncer Ă  ce nom qu’en français ils portent avec courage et fiertĂ©.
Selon les critĂšres dĂ©fendus par X, il est pourtant bien pire que « Lapon Â» ou
« Esquimau Â» : non seulement il leur a Ă©tĂ© donnĂ© par les Arabes, qui l’avaient
piquĂ© aux Romains, qui l’avaient piquĂ© aux Grecs, mais sa signification est 
horriblement mĂ©prisante, indistincte, xĂ©nophobe (non par dĂ©duction ou 
supposition, mais d’une maniĂšre avĂ©rĂ©e, attestĂ©e
). Et pourtant, ce nom est
portĂ©, revendiquĂ©, il est mĂȘme devenu un symbole de libertĂ©, d’ouverture
d’esprit, de rĂ©sistance Ă  l’obscurantisme.

[
] La volontĂ© d’imposer son nom sous une forme quasi unique et estam-

pillĂ©e pure Ă  l’ensemble des peuples de la planĂšte me semble une entreprise
diablement inquiĂ©tante, pour ne pas dire plus. Je souhaite vivement que 
l’ensemble des peuples francophones rĂ©siste le plus longtemps possible Ă  ce
genre d’appel. Francophones, nous reconnaissons aux autres peuples le droit
de nous nommer comme ils l’entendent. Nous n’avons ni la prĂ©tention ni 
l’arrogance de dicter aux autres ce qu’ils doivent dire et Ă©crire, mĂȘme lorsqu’il
s’agit de nous nommer.

Nous n’espĂ©rons plus que cette libertĂ© de pensĂ©e et de parole soit partagĂ©e

par tous, mais nous tenons modestement à la préserver.

Place fi Voie et espace public

PlanĂšte fi Astre

π

185

PEUPLE

PLANÈTE

background image

Planche fi

Figure.

Numérotation en chi

∂

res romains grandes capitales.

AbrĂ©viation : pl. (planche, planches).

‱‱

Le mot planche ne s’abrĂšge que dans les notes, les annexes, etc.

Dans le texte courant, il ne s’abrĂšge que dans les rĂ©fĂ©rences situĂ©es
entre parenthĂšses.

=

Lefevre

1883

.

Pléonasme

Les pires d’entre eux sont les clichĂ©s plĂ©onastiques. [Car en e

∂

et]

certains scripteurs les [prĂ©fĂšrent volontiers], [mais pourtant] nul n’en
a le [monopole exclusif ] : PrĂ©voyant d’avance une secousse sismique, il
a

opposĂ© son veto Ă  la poursuite des travaux actuellement en cours dans

les dunes de sable.

Pluriel des mots Ă©trangers

« Ă‰corce. â€” Zim
 Boum
 TrĂ©molos

Ă  l’orchestre.

CarthagĂšne. â€” On dit “Tremoli”,

mossieu. Â»

Max Jacob, Saint Matorel.

« Un gigolo, des gigoli ; un spaghetto, des spaghetti Â» 

(généralement attribué à Alphonse Allais)

À France-Langue, le 25 fĂ©vrier 1997.

Rf

3

Finn :

Je suis Ă©tudiant de français Ă  l’universitĂ© de Swansea et je 

cherche des informations sur un aspect spĂ©cifique de la langue française : la
pluralisation de mots étrangers dans la langue française, en particulier,
la sĂ©rie de changements d’orthographe proposĂ©e par le Conseil supĂ©rieur de
la langue française en 1990-1991. Par exemple : la dĂ©cision d’écrire « lieds Â» 
plutĂŽt que « lieder Â», comme le pluriel de « lied Â», en français.

Il n’y a pas de « dĂ©cision Â» mais des « recommandations de graphies Â» 

(aux lexicographes), fondĂ©es sur une sĂ©rie d’« analyses Â» et de « rĂšgles Â» (dont

186

PLANCHE

PLURIEL DES MOTS ÉTRANGERS

background image

certaines sont trùs discutables, ce qui n’est heureusement pas le cas de celles
qui concernent le pluriel des mots empruntés).

Extraits du rapport (texte intĂ©gral dans le nÂș 100 du 

Journal officiel 

du

6 dĂ©cembre 1990) :

«

Analyses. 6.1. Singulier et pluriel :

On renforcera l’intĂ©gration des mots

empruntés en leur appliquant les rÚgles du pluriel du français, ce qui implique
dans certains cas la fixation d’une forme au singulier.

«

RĂšgles. 7. 

Singulier et pluriel des mots empruntĂ©s : les noms ou adjectifs

d’origine Ă©trangĂšre ont un singulier et un pluriel rĂ©guliers : un zakouski, des
zakouskis ; un ravioli, des raviolis ; un graffiti, des graffitis ; un lazzi, des lazzis ;
un confetti, des confettis ; un scĂ©nario, des scĂ©narios ; un jazzman, des jazz-
mans, etc. On choisit comme forme du singulier la forme la plus frĂ©quente,
mĂȘme s’il s’agit d’un pluriel dans l’autre langue. Ces mots forment rĂ©gu-
liĂšrement leur pluriel avec un “s” non prononcĂ© (exemples : des matchs, des
lands, des lieds, des solos, des apparatchiks). Il en est de mĂȘme pour les noms
d’origine latine (exemples : des maximums, des mĂ©dias). Cette proposition 
ne s’applique pas aux mots ayant conservĂ© valeur de citation (exemple : des
mea culpa). Cependant, comme il est normal en français, les mots terminés
par s, x et z restent invariables (exemples : un boss, des boss ; un kibboutz, des
kibboutz ; un box, des box). Â»

Fin de citation.
Tout cela est bien joli mais ne rùgle pas tout
 (ces rùgles ne sont, par

exemple, pas applicables aux noms de monnaies : un leu, des lei
). Bien des
problÚmes subsistent (le Conseil en élimine beaucoup par la soudure systé-
matique des mots composĂ©s, mais sur ce terrain il est loin d’avoir obtenu un
assentiment gĂ©nĂ©ral, c’est le moins que l’on puisse dire
). Il convient toute-
fois de remarquer que les recommandations concernant le pluriel des mots
empruntés sont certainement celles qui ont engendré les protestations les
moins vives.

Je vous suggĂšre la lecture de 

la RĂ©forme de l’orthographe au banc d’essai

du Robert

, Josette Rey-Debove et BĂ©atrice Le Beau-Bensa, Dictionnaires 

Le Robert, Paris, 1991, et de 

Trait d’union, anomalies et cétera

, Syndicat des

correcteurs et des professions connexes de la correction, Ă©ditions Climats, 
Castelnau-le-Lez, 1991.

À Typographie, le 30 octobre 2000.

T. Bouche :

Zut, je m’avais gourĂ© cause l’analogie avec un spaghetto, des

spaghetti !

T’en fais pas
 « Un(e) Targui(e), des Touareg, un chamelier targui, des 

chameliers touareg, une tente targuie, des tentes touareg Â» sont rĂ©servĂ©s aux
pĂ©dants ethnoscientistes (le summum de l’accord franco-targo-alternatif Ă©tant

187

PLURIEL DES MOTS ÉTRANGERS

background image

atteint avec « la langue targuie Â» qui s’appelle 

le

touareg
) ; les gens raison-

nables Ă©crivent en français et en toute simplicitĂ© « un(e) Touareg, des Touaregs,
le touareg, un chamelier touareg, des chameliers touaregs, une tente touareg,
des tentes touaregs Â»â€Š Hors des cercles ethno-obscurantistes, l’accord en
nombre avec la marque française du pluriel est chaudement recommandé. Tu
peux mĂȘme oser, Ă  tes risques et pĂ©rils (mais je te soutiendrai !), l’accord en
genre avec « une TouarĂšgue, une tente touarĂšgue Â».

Sinon, pour les ethnopuristes modĂ©rĂ©ment atteints, l’invariabilitĂ© (en genre

et

en nombre) de « Touareg, touareg Â» est bien entendu admissible.

P. Pichaureau : 

Si on veut ĂȘtre ultraethnoscientiste, on ne devrait pas dire

une

targui ? Puisque le mot 

targui

est transcrit d’une langue Ă©trangĂšre


C’est ce que j’entendais par l’accord « franco-targo-alternatif Â»â€Š Ici, nous

avons une belle illustration des mĂ©faits combinĂ©s de l’ethnoscientisme et de
la linguistique sexiste, deux des plaies du siùcle


Le premier récuse la francisation, au nom du respect sacré de la pureté ori-

ginelle ; la seconde impose la fĂ©minisation systĂ©matique et donc la marque du
fĂ©minin. Tel le fruit de la nĂ©gociation de deux intĂ©grismes, « targuie Â» est une
forme qui rĂ©cuse la francisation
 tout en admettant la marque française du
fĂ©minin. C’est chouette, la science, surtout quand elle est humaine


À F.L.L.F., le 20 novembre 2000.

R. Buthigieg :

Or, le gars du bureau d’en face me dit : « Lorsqu’un nom 

est importĂ© d’une langue, comme scĂ©nario, la grammaire (pluriel/accord/ 
singulier) se fait en français, et donc on dit “scĂ©narios”, et ceux qui disent 
“scenarii”, c’est des andouilles. Â»

Il est trĂšs bien le gars du bureau d’en face (Jules de chez Smith ?). Suivez

son excellent conseil.

À Langue-Fr., le 25 mai 2001.

P. Scott Horne :

Sans « s Â» parce que c’est pluriel. (« Talib Â» au singulier, 

« talibĂąn Â» au pluriel.)

En français : un taliban, des talibans.

À F.L.L.F., le 24 avril 2001.

B. Bonnejean :

Un box, des boxes.

Un box, des box
 La boxe, les boxes
 Un juke-box, des juke-box
 Un fox,

des fox
 Un match, des matchs
 Un boss, des boss


Si vous respectez les « pluriels Ă©trangers Â», composez les mots en italique,

mĂȘme au singulier
 car cela signifie que vous ne les tenez pas pour francisĂ©s,
intégrés, digérés


188

PLURIEL DES MOTS ÉTRANGERS

background image

I. Depape Hamey :

Je continuerai Ă  Ă©crire « boxes Â»â€Š

Inflexible, vous envoyez des faxes ?

I. Depape Hamey :


 envers et contre toutes les « autoritĂ©s Â» et tous ceux qui

s’y plient


Des boxes française et thaĂŻlandaise, quelle est celle qui exige le plus de 

souplesse ?

I. Depape Hamey :

Vous savez, moi, Ă  part le foot et, dans une moindre

mesure, le rugby


Je vois
 les penalties (ou, mieux : penaltys
 ou, encore mieux, quoique

« incorrect Â» Ă  ce jour : pĂ©naltys) et, dans une moindre mesure, les pĂ©nalitĂ©s

C’est dĂ©cidĂ©ment un autre monde


Mais revenons Ă  vos « box, boxes Â»â€Š Loin de moi la volontĂ© d’entraver votre

libertĂ© d’expression graphique
 d’autant qu’elle est cautionnĂ©e par
 devinez
qui ?
 la French AcadĂ©mie herself
 dans la derniĂšre Ă©dition de son diction-
naire humoristique. (Elle est trĂšs Ă©tourdie
 Elle soutient certaines pitreries
nonantensteiniennes, mais, sur un des rares points indiscutables, elle oublie
de modifier ses exemples
 La vieillesse est un naufrage
)

L’ennui, c’est qu’aujourd’hui les ouvrages de rĂ©fĂ©rence sĂ©rieux (

Larousse

,

Robert

) ne retiennent pas cette graphie exotique. Cela suffit Ă  la rendre incor-

recte dans un texte rédigé en français, fautive (sauf en italique), condamnable,
Ă  fuir
 Ă  corriger systĂ©matiquement, ce que fera tout rĂ©viseur ou correcteur
digne de ce nom auquel vos textes seront soumis.

B. Bonnejean :

Alors ? !

Alors
 nous ne sommes plus en 1975
 depuis un quart de siĂšcle. Ni mĂȘme

en 1985, annĂ©e oĂč 

le Petit Robert

donnait encore le pluriel « boxes Â». En 1993, 

il ne donnera plus que « des box Â». Évolution comparable, imparable et saine
chez 

Larousse




Pluriel des noms propres fi Nom propre

PoĂšme

Titre, 

voir : Titre d’Ɠuvre.

Composition des vers, 

voir : Vers.

∑

189

PLURIEL DES MOTS ÉTRANGERS

POÈME

background image

Point fi

Ponctuation.

Point typographique, 

voir : Mesure typographique

.

Point cardinal fi

Abréviation.

‱‱‱

Nord, sud, est, ouest sont des noms et des adjectifs invariables :

les quartiers nord ; le maire de B*** a perdu le nord, la majoritĂ© perd
le Nord.

Majuscule et minuscule.

‱‱‱

La rĂšgle peut se rĂ©sumer ainsi :

direction 

>

minuscule

lieu 

>

majuscule

Cette rùgle s’applique aux points cardinaux simples (nord, ouest
)

ou composés (nord-ouest
), à leurs synonymes (septentrion, noroßt,
suroĂźt
), aux termes Ă©quivalents (occident, orient, couchant, levant,
ponant, midi
) ou assimilables (centre
) : le cap Nord, le pĂŽle
Nord, le pĂŽle Sud ; la gare de l’Est, la gare du Nord ; le Grand Nord,
l’hĂ©misphĂšre nord, l’hĂ©misphĂšre sud.

Abréviation.

‱‱‱

Toutes les abréviations formées par apocope prennent le point

abrĂ©viatif, les points cardinaux n’échappent pas Ă  la rĂšgle : N., S., E., O.
Voir :

AbrĂ©viation, Â§

3.2.2

.

=

Berthier 

&

Colignon

1979

Bref Larousse

1995

Code typ. 

1993

,

Dumont 

1915

Grevisse 

1986

Larousse

1997

Ramat

1994

Typogr.

romand 

1948

.

≠

Impr. nat. 

1990

Perrousseaux 

1995

Typogr. romand 

1993

.

Les formes abrĂ©gĂ©es ne s’emploient que dans l’expression des lati-

tudes et des longitudes : 

‱‱‱

13

°

6

’

34

’’

N.

‱

La Licorne a sombrĂ© par 

20

°

37

’

42

’’

de latitude N. et 

70

°

52

’

15

’’

de longitude O.

190

POINT

POINT CARDINAL

background image

‱‱

La Licorne a sombrĂ© par 

20

°

37

’

42

’’

de latitude nord et 

70

°

52

’

15

’’

de longitude ouest.

≠

Leforestier 

1890

.

‱

On suggĂšre parfois de remplacer O. (ouest) par W. (West).

Points composĂ©s : 

nord-ouest 

>

N.O. ; nord-sud 

>

N.-S.

À Typographie, le 20 mars 1998.

O. Randier :

Ben, on Ă©crit bien « S.-E. Â» (Sud-Est).

Ben non
 c’est une exception. On Ă©crit S.E., N.E., S.O

En revanche, on Ă©crit N.- S., E.-O. ou N.N.O. -S.S.E
 Le trait d’union, c’est un

peu l’axe de la boussole...

À Langue-Fr., le 15 juillet 1999.

B. Chombart :

0°19'34"o - 49°9'20"n.

Cher ami, pardonnez mon absence de longanimité typographique... mais je

vous trouve un rien latitudinaire : 0° 19

’

34

’’

O. â€” 49° 9

’

20

’’

N.

Point d’exclamation fi

Ponctuation.

« Comment ? Qu’est-ce que tu dis ? Qu’un seul

point d’exclamation est insu

∑

sant, compte tenu de

la gravitĂ© de la chose ? Tu as raison. Tiens, en voilĂ 
d’autres, rajoute ce que tu jugeras utile : ! ! ! !!!!!!!!!!!!!!! Â»

San-Antonio, Al Capote.

‱‱

L’interjection est exclamative. L’onomatopĂ©e, pas toujours : Â« LĂ -

dessus, vroutt, il se jette sur une place libre et s’y assoit, boum. Â»
– Raymond Queneau,

Exercices de style.

Ce « boum Â» rĂ©sonne magnifiquement. L’exclamation en ferait un

médiocre pétard.

‱‱

L’interjection elle-mĂȘme peut renoncer Ă  l’exclamation osten-

tatoire : « Qui est lĂ  ? Ah trĂšs bien : faites entrer l’infini. Â» â€“ Louis 
Aragon, Une vague de rĂȘves.

‱‱

Mis entre crochets et insĂ©rĂ© dans une citation [!], le point

d’exclamation traduit le sentiment engendrĂ© chez le commentateur

191

POINT CARDINAL

POINT D’EXCLAMATION

background image

par une phrase ou par un mot : perplexitĂ©, Ă©tonnement, agacement,
mépris (éventuellement associé à un sourire ou à une franche hilarité),
consternation
 On n’abusera pas de ce procĂ©dĂ© facile, sournois et
dĂ©loyal. Si l’on considĂšre qu’un mot ou une phrase dus Ă  un tiers sont
indiscutablement condamnables Ă  un titre ou Ă  un autre, on leur attri-
buera un [sic], beaucoup plus explicite. Si la citation ne suscite que de
la perplexitĂ©, on se contentera d’un point d’interrogation entre 
crochets [?], beaucoup moins Ă©quivoque que le point d’exclamation.

‱‱

Certains auteurs transforment le point d’exclamation entre 

crochets (ou entre parenthĂšses) en point d’ironie destinĂ© Ă  souligner
la finesse d’un de leurs traits d’esprit ou à sauver un pauvre jeu de
mots par l’artifice d’une habile dĂ©nonciation.

Comparable Ă  la suspension ironique (voir : Points de suspension

§

1.1

), le procĂ©dĂ© n’est guĂšre recommandable : « Toujours est-il que

l’invention et la dĂ©mocratisation de notre numĂ©ration de position ont
eu sur les sociétés humaines des conséquences incalculables [!], car
elles ont facilitĂ© l’explosion de la science, des mathĂ©matiques et des
techniques. Â» â€“ Georges Ifrah,

Histoire universelle des chi

∂

res.

Point d’interrogation fi

Ponctuation.

Le point d’interrogation marque l’interrogation directe.

=

Ramat

1994

.

Dans une phrase interrogative suivie de « dit-il Â» (ou d’une formule

Ă©quivalente), le point d’interrogation se place avant l’incise et ne doit
pas ĂȘtre suivi d’une virgule : « OĂč est l’os ? s’enquit le cadavre de Mor
Lame. Â» â€“ Birago Diop,

les Nouveaux Contes d’Amadou Koumba.

« Pourquoi a-t-elle mis les adjas quand j’ai neutralisĂ© son garde du

corps (ou son geĂŽlier

Å

?) ?

« (1) Je demande Ă  mes potes de l’imprimerie de respecter ma ponc-

tuation. Je sais que deux points d’interrogation successifs font bizarre,
nĂ©anmoins ils sont justifiĂ©s puisque l’un concerne la phrase dans 
son ensemble et l’autre exclusivement la parenthùse. À part ça, ça va,
les gars ? Â» â€“ San-Antonio, le Silence des homards.

192

POINT D’EXCLAMATION

POINT D’INTERROGATION

background image

Faut-il toujours une capitale 

aprĂšs un point d’interrogation ?

À F.L.L.F., du 5 au 10 dĂ©cembre 2001.

D. Pelleton :

D’aprĂšs Colignon, je cite : « DerriĂšre un point d’interroga-

tion, on mettra une minuscule si les termes suivant ce point constituent une
rĂ©ponse Ă  la question formulĂ©e auparavant par la mĂȘme personne. Â»

Tu veux tout savoir ? Je ne suis pas colignonien. Du tout
 ou plutĂŽt, un

point c’est tout
 Sa formule est une gĂ©nĂ©ralitĂ©. Dans certains cas, elle est
valide. Dans d’autres, non. Dans la plupart, le choix est offert
 Nous voilà bien
avancés.

D. Pelleton :

Exemple : « Veux-tu savoir si je suis [hugolien] ? oui, je crois 

l’ĂȘtre. Â»

Irréprochable, trÚs chic, mais une majuscule ne serait pas fautive pour

autant
 Maintenant, essaie un peu d’éliminer celle-ci : « Veux-tu savoir de qui
mon cƓur a le plus souffert ? Des brunes. Â» (Comprendre, Ă©videmment : des
Gauloises ou des Gitanes, selon les jours.)

D. Pelleton :

Un seul locuteur [pose la question et y répond]


Oui, c’est certain, mais il faut que la notion de « locuteur Â» soit bien comprise

par celui qui se chope la formule magistrale dans les naseaux
 Quant à la
« rĂ©ponse formulĂ©e par la mĂȘme personne Â» proposĂ©e par Colignon, elle est
beaucoup plus perplexifiante


Concoctons un exemple qui pourrait rendre songeuse une jeune Ăąme

encore peu habituĂ©e Ă  dĂ©busquer les locuteurs et surtout les « autres per-
sonnes Â» : Â« [
] l’autre crevure s’y met, toujours la mĂȘme rengaine, t’as pas
cent balles ? non, j’ai pas cent balles, j’en ai cinq cents, et je t’emmerde,
connard, pas content qu’il Ă©tait le vioque Ă  moitiĂ© moisi, ça m’a fait rigoler [
],
non je ne veux pas Non. Â»

Tu me diras que c’est un monologue (donc un seul « locuteur Â», mais 

certainement pas « la mĂȘme personne Â»â€Š), c’est vrai, Ă©lĂ©gant et classieux qui
plus est, mais c’était juste pour faire observer que les auteurs de manuels
devraient ĂȘtre prudents dans la formulation de leurs conseils et surtout de
leurs « rĂšgles Â». Drillon l’est, car il sait de quoi il parle (sauf sur de lĂ©gers dĂ©tails
typographiques), il sait ce qu’écrire veut dire.

L’auteur d’

Un point c’est tout !

(tout un programme) et quantitĂ© d’autres

directeurs des ressources ponctuatives ne jouent ni sur la mĂȘme scĂšne ni dans
la mĂȘme catĂ©gorie.

D. Pelleton :

Si l’on veut donner une impression de vivacitĂ©, autant se 

passer de majuscule.

Oui, Ă©ventuellement, dans certains cas.

193

POINT D’INTERROGATION

background image

Points de suspension fi

Ponctuation.

« On entend dire : “Bon. TrĂšs bien. Il met trois

points, trois points
” Vous savez, trois points, les
impressionnistes ont fait trois points. Vous avez
Seurat, il mettait des trois points partout ; il trou-
vait que ça aérait, ça faisait voltiger sa peinture. Il
avait raison, cet homme. Â»

Louis-Ferdinand CĂ©line,

Louis-Ferdinand CĂ©line vous parle.

1

.

‱‱‱

RĂŽle.

Les points de suspension sont un signe de ponctuation qui se 

compose toujours de trois points et qui joue trois rĂŽles di

∂

Ă©rents.

1.1

.

Suspension, interruption, rĂ©ticence, aposiopĂšse (voir ce mot),

décence


Comme leur nom l’indique, les points de suspension expriment que

quelque chose est ou s’est interrompu avant son achùvement normal.
« Quelque chose Â», c’est-Ă -dire tout et n’importe quoi, la forme ou 
le fond, selon les circonstances
 : mot, phrase, construction gram-
maticale quelconque, cours orthodoxe de la syntaxe, énumération,
citation
, mais aussi discours, pensée, sentiment, travail de la
mémoire, voix, détermination, certitude, force physique


Exemples. â€” Toutes ces bĂȘtises
 ces sornettes
, j’en ai ma

claque
 ; c’est indĂ©cent, j’hĂ©site Ă  pours
 ; le jeune F
 est un vrai
f
 (voir :

AbrĂ©viation) ; une seule rĂšgle, mon cher : Â« Patience et 

longueur de temps
 Â»

« Je devrais sur l’autel oĂč ta main sacrifie
Te
 Mais du prix qu’on m’o

∂

re il faut me contenter. Â»

Jean Racine, Athalie, acte V, scĂšne v.

≈

La pause s’accompagne souvent d’une pose ; le lecteur est

informĂ© d’un fait qui aurait pu lui Ă©chapper : l’auteur n’en dit pas
plus
 mais il n’en pense pas moins ; ou il fait observer aux distraits
que la proposition ou le mot précédents (ou suivants
) donnent dans
la subtilitĂ©, l’humour. Les points de suspension se transforment alors
en pĂ©nibles petits points d’ironie : Hugo est un poĂšte
 misĂ©rable.

194

POINTS DE SUSPENSION

background image

1.2

.

Reprise. 

Par nature, les vraies suspensions sont rarement dĂ©finitives : les

points de suspension, polyvalents, peuvent aussi indiquer la reprise
d’activitĂ©s momentanĂ©ment interrompues.

Phrase qui se poursuit

>

alinĂ©a, minuscule initiale (mĂȘme si une ou

des phrases « complĂštes Â» sont intercalĂ©es) :

Je suis malade

Il ouvre son armoire Ă  pharmacie.

 mais je me soigne.

Nouvelle phrase

>

alinĂ©a, majuscule initiale :

Le tunnel Ă©tait long.

 Mais on a fini par en voir le bout.

Parfois, seule la reprise est indiquée (la pause peut intervenir entre

deux phrases, deux alinĂ©as, deux chapitres
). L’« avant Â» suspendu
peut n’avoir jamais Ă©tĂ© exprimĂ© : titre, premier mot d’une Ɠuvre, d’un
poĂšme
 Nombreux exemples chez Saint-John Perse : « â€Š Ă” ! j’ai lieu
de louer ! Â», 

Éloges.

AndrĂ© Chervel a intitulĂ© un de ses ouvrages : â€Š et il fallut apprendre

Ă  Ă©crire Ă  tous les petits français. C’est un trĂšs joli titre, et les points de
suspension initiaux y sont pour quelque chose. La minuscule initiale
du premier mot est admissible, elle est mĂȘme subtile. (En revanche,
celle qui a

∂

uble « français Â» est une faute grave, singuliĂšrement dans

le titre d’un procĂšs en rĂšgle de la grammaire scolaire
)

Remarque. â€” Tous les points de suspension placĂ©s en tĂȘte de

phrase ou d’alinĂ©a n’indiquent pas nĂ©cessairement une reprise ; ils
peuvent conserver leur valeur suspensive ou de rĂ©ticence :

« â€” Le barrage Ă©tait Ă  la hauteur du parc ? rĂ©pĂ©ta Vargas.
— Oui

— Mais il y avait des camions en avant, vers vous ?
— â€Š Oui. Â» â€“ AndrĂ© Malraux,

l’Espoir.

Belle ponctuation
 Le premier « oui Â» est lancĂ© sans attendre mais

demeure en suspens
, le locuteur hésite à fournir une réponse plus

195

POINTS DE SUSPENSION

background image

explicite ; le second n’est Ă©mis qu’aprĂšs une hĂ©sitation plus ou moins
longue
 mais la rĂ©ponse est dĂ©finitive, le locuteur n’a pas l’intention
d’en dire plus dans l’immĂ©diat. Attention Ă  l’espace, obligatoire, qui
sĂ©pare les points de suspension et le second « â€Š Oui. Â»

1.3

.

Comblement. 

Certaines suspensions ne mĂ©ritent pas leur nom : ce sont d’authen-

tiques suppressions, voire des trous
 Les points de suspension ne
suspendent rien mais, providentiels, ils se chargent du remplacement
ou du comblement : 

— Vous en pensez quoi ? 
— â€Š

Certains trous n’ont pas Ă  ĂȘtre comblĂ©s : ils se traduisent par 

un blanc d’une longueur au moins Ă©gale Ă  celle d’un mot de plusieurs
lettres. Ce procĂ©dĂ© ne devrait ĂȘtre employĂ© qu’avec prudence. Dans
les textes mĂ©diocres ou plats, il a des chances d’ĂȘtre ridicule.
Ailleurs
 il est d’une force exceptionnelle, parfois terrifiante.

Dans l’exemple qui suit, on imagine mal des points de suspension :

« Tous les termes que je choisis pour penser sont pour moi des 
termes au sens propre du mot, de vĂ©ritables terminaisons, des abou-
tissants de mes 

mentales, de tous les Ă©tats que j’ai fait subir Ă 

ma pensĂ©e. Â» â€“ Antonin Artaud,

le PĂšse-Nerfs.

2

.

‱‱‱

Cohabitation.

2

.

1

.

En fin de mot ou de phrase, dans les interruptions, dans les

abréviations euphémiques ou de discrétion, les points de suspension
sont collés à la derniÚre lettre (ou à un éventuel signe de ponctuation
placĂ© avant eux) et sont suivis d’une espace forte : « Bon
 Ça va
 
je ne suis pas c
 J’ai compris !
 Â»

2

.

2

.

En dĂ©but d’alinĂ©a (reprise), les points de suspension sont 

suivis d’une espace forte : « â€Š Enfin, il me semble que j’ai compris. Â»

Au sein d’un alinĂ©a, avant un mot ou une phrase (reprise), ou lors-

qu’ils remplacent totalement un mot ou un groupe de mots, ils sont

196

POINTS DE SUSPENSION

background image

prĂ©cĂ©dĂ©s et suivis d’une espace forte : « Je ne suis pas aussi 
 que vous
l’imaginez. Â»

Lorsqu’ils remplacent le dĂ©but ou la fin d’un mot, les points de

suspension doivent ĂȘtre collĂ©s au(x) fragment(s) lisible(s). Lorsqu’ils
remplacent des lettres mĂ©dianes, l’orthodoxie typographique voudrait
qu’ils soient suivis d’une espace ; il me semble cependant que l’entorse
est non seulement admissible mais judicieuse : « Ses derniĂšres paroles,
dont le sens m’échappe, furent “Au â€Šcours, un rhi
cĂ©ros piĂ©tine ma
bicycl
” Â»

Dans les vraies suspensions de l’élocution, il convient de respecter

la rĂšgle
 Dans les suspensions-Ă©tirements, il convient de la
bafouer
 : « Lisette est sa
age, / Reste au villa
age
 Â» â€“ Alphonse
Daudet, Â« Les Douaniers Â», Lettres de mon moulin. {Sa
 age} et 
surtout {villa
 age
} sonneraient trùs di

∂

Ă©remment


« Ou
i, sou

∏

a-t-elle. Â» â€“ Auguste  Le Breton, Razzia sur la 

chnouf. Ă€ l’évidence, la graphie adoptĂ©e par Le Breton (ou par le typo-
graphe
) nous fait entendre un « oui Â» hĂ©sitant (ou-oui) et non un
ou-hi dĂ©pourvu de sens (syllabe dĂ©composĂ©e et, pour les amateurs :
synĂ©rĂšse 

>

diérÚse).

2

.

3

.

Tolérants, les points de suspension acceptent de coopérer avec

presque tous les autres signes de ponctuation
 mais pas à n’importe
quelle condition.

Point. 
Quatre points, c’est trop
 L’un des points de suspension n’« Ă©li-

mine Â» pas le point (final ou abrĂ©viatif ), il se confond avec lui. Deux
petits astres noirs se rencontrent sous nos yeux : Ă©clipse totale de l’un
d’eux : GrĂšve Ă  la R.A.T.P


∞

Remarque byzantine
 Dans l’exemple prĂ©cĂ©dent, oĂč se cache

le point final ? Sans la suspension, il se confondrait avec le dernier
point abrĂ©viatif
 mais elle l’a contraint Ă  se dĂ©placer (aprĂšs un point
final, il n’y a plus rien Ă  suspendre). On peut considĂ©rer qu’il y a deux
superpositions : le premier point de la suspension se confond avec le

197

POINTS DE SUSPENSION

background image

point abréviatif, le dernier avec le point final
 Un seul point est uni-
quement suspensif : celui du milieu


=

Code typ. 

1993

Girodet 

1988

.

≠

Drillon 

1991

, sans toutefois le prĂ©coniser, semble admettre que le

point abréviatif puisse subsister, séparé des points de suspension par
une espace. Cette double ponctuation est fautive, pis, elle est nuisible.
Exemple : « Demain, grĂšve Ă  la R.A.T.P. 
 Ça promet. Â» À quelle
phrase appartiennent les points de suspension ? À la seconde
 ce qui
n’a aucun sens.

Virgule. 
Elle se place nĂ©cessairement aprĂšs les points de suspension : c’est

normal, logique, comprĂ©hensible
, c’est mĂȘme indiscutable

Aujourd’hui
 car naguĂšre on prĂ©conisait parfois l’inverse : [« Non,

non,
 assez ! Â»]

=

Code typ. 

1993

Drillon 

1991

Girodet 

1988

.

≠

RĂšgles Hachette

1924

.

¶ Pas d’espace entre les points de suspension et la virgule.

±

Point-virgule. 

Si sa rencontre avec les points de suspension est acceptée, le point-

virgule se place, comme la virgule, en deuxiĂšme position
 ; c’est 
normal, logique, comprĂ©hensible
 ; mais ce n’est pas indiscutable


Code typ. 

1993

Girodet 

1988

admettent la cohabitation.

Drillon 

1991

considĂšre que les points de suspension et le point-

virgule sont incompatibles. Sa formulation est excessive
 mais il n’a
pas tout Ă  fait tort. L’association n’est pas interdite : hideuse et le plus
souvent superflue, elle n’est guĂšre recommandable. On la trouve 
pourtant — irrĂ©cusable — chez d’admirables prosateurs : « Ce temps
est rĂ©volu oĂč l’homme se pensait en termes d’aurore ; reposant sur une
matiĂšre anĂ©miĂ©e, le voilĂ  ouvert Ă  son vĂ©ritable devoir, au devoir d’étu-
dier sa perte, et d’y courir
 ; le voilĂ  au seuil d’une Ăšre nouvelle : celle
de la PitiĂ© de soi. Â» â€“ Ă‰mile Michel Cioran,

Précis de décomposition.

¶ Espace insĂ©cable entre les points de suspension et le point-virgule.

198

POINTS DE SUSPENSION

background image

Points d’exclamation et d’interrogation. 
Selon le sens, ces deux signes se placent avant ou aprĂšs les points

de suspension. Il su

∑

t de dĂ©terminer qui intervient en premier lieu.

Logique !
 Non
 ?

=

Amen 

1932

Lefevre 

1855

.

Suspension aprĂšs l’interrogation ou l’exclamation : ĂȘtes-vous

libre ?
 Quel culot !


Suspension avant l’interrogation ou l’exclamation : ĂȘtes-vous 

disposĂ© à
 ? Quel s
 ! Que prĂ©fĂ©rez-vous ? Les pommes, les poires,
les abricots
 ? J’aime les pĂȘches, les bananes, les fraises, les fram-
boises
 ! « Sur la mer, Ă  la lunette, je vois et je salue au large le vague
numĂ©ro
 ? Â» â€“ Paul ValĂ©ry, MĂ©lange.

La suspension antĂ©rieure Ă  l’exclamation (
 !) est, cela se conçoit,

assez rare. Admissible aprĂšs la suspension d’une Ă©numĂ©ration, elle
n’est vraiment crĂ©dible qu’aprĂšs les abrĂ©viations euphĂ©miques ou de
discrétion.

Dans la plupart des cas, la double ponctuation est superflue. Elle

n’est pas fautive, elle est souvent ridicule : cet article l’illustre com-
plaisamment !
 Alors que la trĂšs utile suspension-interrogation (
 ?)
est peu employĂ©e, l’exclamation-suspension (!
) et l’interrogation-
suspension (?
) sont aujourd’hui en plein essor !
 Paf ! Je t’assĂšne
un argument dĂ©cisif !
 et je te laisse le temps de le savourer !
 Je te
pose une question ?
 J’en souligne la subtilité  Malin, non ?

C’est surtout agaçant. 

Et puis, comme toujours, cela fait perdre toute force aux occur-

rences justifiĂ©es. L’admirable et savante ponctuation de CĂ©line a bon
dos : ceux qui ponctuent comme Louis-Ferdinand ont sĂ»rement des
enfants qui dessinent comme Pablo.

¶ Espace. Les points d’exclamation et d’interrogation sont, en 

principe, prĂ©cĂ©dĂ©s d’une espace insĂ©cable. Donc :

— espace insĂ©cable entre les deux ponctuations si les points de

suspension sont en tĂȘte : d’accord
 ?

— pas d’espace entre les deux ponctuations si les points de suspen-

sion sont en seconde position : d’accord !


199

POINTS DE SUSPENSION

background image

Deux-points, guillemets, voir : CitationDeux-pointsDialogue,

Guillemet

.

«

‱

Le choix est simple


‱

: Se soumettre ou


‱

» Il ne put en dire

plus. L’autre suggĂ©ra

‱

: Â«

‱




‱

se démettre

‱

?

‱

»

¶ Dans l’exemple prĂ©cĂ©dent, les espaces insĂ©cables sont signalĂ©es

par le signe : 

‱

.

Tiret, voir : DialogueTiret.

ParenthĂšses, crochets.
Emploi, voir : CitationCrochetParenthĂšse.
¶ Points de suspension collĂ©s aux parenthĂšses ou aux crochets qui

les renferment : (
), [
].

Points de suspension collĂ©s Ă  la parenthĂšse ou au crochet qui les

prĂ©cĂšde : chevals 

(sic)
, chevals [sic]


Espace entre les points de suspension et la parenthĂšse ou le crochet

qui les suit : chevals
 

(sic), chevals
 [sic].

Barre oblique. 
Dans la correspondance, des points de suspension placĂ©s en bas 

Ă  droite de la page signalent aux esprits peu curieux qu’il n’y a 
justement pas de suspension prĂ©maturĂ©e de la missive et que le texte
se poursuit sur la page ou la feuille suivante. Mission di

∑

cile : pour 

la remplir, les points de suspension jouent parfois en double, c’est-Ă -
dire Ă  six, aidĂ©s et sĂ©parĂ©s par une barre oblique :




/
 Abréviation

Ă©quivalente : T. S. V. P. 

¶ Points de suspension collĂ©s de chaque cĂŽtĂ© de la barre oblique.

3

. Etc.

Jamais de points de suspension aprĂšs etc., qui est dĂ©jĂ  suspensif.

(Exceptions admissibles, voir : Etc., Â§

5

.)

4

.

¶ Aucun adepte sĂ©rieux du traitement de texte ou de la publica-

tion assistĂ©e par ordinateur ne devrait « entrer Â» trois points successifs :

200

POINTS DE SUSPENSION

background image

les points de suspension sont un signe de ponctuation ; son caractĂšre
peut ĂȘtre obtenu sur les claviers de tous les bons ordinateurs au moyen
d’une combinaison de touches.

D’abord parce qu’il y a un risque d’en entrer quatre (ou plus) mais

surtout parce que les blancs qui sĂ©parent les points sont trop Ă©troits 
et donc typographiquement fautifs. La di

∂

Ă©rence est Ă©videmment 

surtout perceptible dans les grands corps.

Points de suspension :




Trois points : 

...

5

. Suspensions longues, comblements divers


À cause de l’analogie de sens et de forme, on imagine parfois que

les lignes de points sont constituĂ©es de points de suspension. C’est
inexact : dans une « ligne pointĂ©e Â», le nombre de points n’est pas
nĂ©cessairement un multiple de trois ; une espace forte sĂ©pare chaque
point : . . . . . . . . . . . . . (faute de quoi, on obtient, Ă  la rigueur, une
ligne à découper selon le pointillé [






]).

Suspension longue.

À huit ans, il partit pour les AmĂ©riques.
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
À son retour, il Ă©tait mariĂ©.

¶

Comblement.

Crayons  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

20

F

Gommes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

586

F

Papier bl. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

3

F

Attention Ă  l’espace forte entre le dernier signe des mots situĂ©s 

Ă  gauche et le premier point de la ligne (elle permet de discerner 
d’éventuels points abrĂ©viatifs, qui sont collĂ©s Ă  la derniĂšre lettre).

∂

201

POINTS DE SUSPENSION

background image

PĂŽle fi

Point cardinal.

« C’est Ă  Eagle Island que tous les plans des

expéditions vers le pÎle Nord furent dressés, et
que la femme, la fille et le fils de l’explorateur
[Peary] guettent les messages tant espérés de la
conquĂȘte du PĂŽle. Â»

Jean Malaurie, Ultima ThulĂ©.

‱‱‱

Le mot pĂŽle ne prend 

≈

jamais de majuscule initiale, sauf s’il

est employĂ© absolument pour dĂ©signer l’un des deux pĂŽles gĂ©ogra-
phiques : le PĂŽle, les pĂŽles, le pĂŽle Nord, le pĂŽle arctique, le pĂŽle
borĂ©al, le pĂŽle Sud, le pĂŽle antarctique, le pĂŽle austral, le pĂŽle sud
d’une aiguille aimantĂ©e, le pĂŽle magnĂ©tique.

=

Girodet 

1988

Robert 

1993

.

Attention Ă  l’accent circonflexe, qui disparaĂźt dans tous les dĂ©rivĂ©s

de pĂŽle : polaire, polariser, polarisation, etc. : l’étoile Polaire, la Polaire,
la baie de l’Étoile-Polaire.

Police fi

Casse.

Étymologiquement, le terme n’a rien de commun avec son homo-

nyme : pour les fondeurs et les typographes comme pour les assureurs,
une police est un document Ă©crit. Fournie par le fondeur, une police
« typographique Â» est la liste chi

∂

rée (indication des quantités respec-

tives) de tous les caractùres mobiles d’une fonte, dans une graisse et
un corps donnĂ©s. Par extension, police dĂ©signe l’assortiment lui-
mĂȘme, la fonte.

Les photocomposeuses puis l’informatisation de la composition

ont rendu cette définition caduque.

=

Larousse

1999

Lexis 

1989

LittrĂ© 

1872

Robert 

1993

(du grec apodeixis,

preuve).

≠

Robert 

1985

[du grec politeia, de polis, citĂ©].

∞

Exemple. â€” Une police type de 

100 000

caractĂšres destinĂ©e 

Ă  la composition de textes français comptait environ 

3 000

chi

∂

res,

4 000

petites capitales, 

7 500

signes de ponctuation, 

9 000

capitales,

76 500

caractĂšres de bas de casse (dont 

4 000

accentués).

202

PÔLE

POLICE

background image

Fonte, police et « type Â»

À Typographie, du 2 au 12 octobre 1997.

J.-F. Porchez : 

Le mot 

police

vient de l’italien 

policia

(mot que l’on retrouve

dans police d’assurance) et je crois que notre police municipale ou nationale
doit aussi son nom aux rapports que les gendarmes faisaient. Je ne sais pas
si c’est parce que le sens premier de police dĂ©signe les gardiens de la paix,
mais je n’aime pas ce terme. Il est dĂ©passĂ© depuis la fin du plomb.

D’accord
 mais ce n’est pas le mĂȘme terme
 À l’arrivĂ©e, c’est pareil, mais

Ă  l’origine ça n’a rien Ă  voir. Vous me direz que 

le Petit Robert

lui-mĂȘme s’est

planté dans ses premiÚres éditions
 Nos polices, ainsi que celles des assu-
reurs, viennent d’

apodeixis

(quittance, reçu), alors que celle de Maigret vient

tout simplement de 

polis

(citĂ©) comme le mĂ©tropolitain ou la politique. À part

ça, si l’on tient Ă  une bonne adĂ©quation de la rĂ©alitĂ© actuelle et du sens hĂ©ritĂ©,
« fonte Â» me semble encore plus dĂ©passĂ© que « police Â»â€Š

D’abord, mais c’est pourtant secondaire, parce qu’on ne fond plus rien. Ce

qui me retient davantage, c’est ceci : au temps du plomb, les polices ont dĂ©jĂ 
un caractĂšre (si j’ose dire
) virtuel. Elles sont chiffrĂ©es. Elles correspondent
Ă  une rĂ©alitĂ© matĂ©rielle mais elles ne la dĂ©signent pas (ce dont se charge le
terme de « fonte Â»). Elles ne coĂŻncident pas avec la capacitĂ© des casses (celles-
ci ne contiennent qu’une petite partie des fontes commandĂ©es au fondeur).
Les fontes en revanche « dĂ©signent Â» une rĂ©alitĂ© matĂ©rielle intimement liĂ©e au
plomb : la preuve, on les commandait au poids


Nos polices demeurent des listes, non chiffrĂ©es certes, mais rien n’interdit

d’imaginer le signe 

∞

(infini) devant (ou derriĂšre
) chaque Ă©lĂ©ment
 Des 

listes qui s’allongent mĂȘme terriblement (voir Unicode)


Certes il y a une différence considérable entre une police de fondeur (une

par corps, par graisse, etc.) et nos polices (toutes les variations imaginables),
surtout celles qui s’annoncent
 car toutes les listes seront identiques
 Je ne
vais pas plus loin, car je crains de retomber dans le débat sur les caractÚres
et les glyphes
 Je n’aime pas trop « typos Â», car il introduit une ambiguĂŻtĂ©
inutile, voire dangereuse. Si on me dit : « Tiens ! voilĂ  une typo originale ! Â», que
dois-je comprendre ? Qu’on loue le choix de cette garalde destroy ou l’audace
de la composition ? Je prĂ©fĂšre, selon le sens, m’en tenir Ă  police
 c’est plus
sĂ»r (sĂ©curitaire ?), Ă  famille, Ă  caractĂšre.

Vous crĂ©ez des caractĂšres, il est donc parfaitement lĂ©gitime que vous teniez

Ă  nommer une des rĂ©alitĂ©s physiques issues de votre travail (versions numĂ©-
riques). En ce sens, « fonte Â» est Ă©videmment irrĂ©cusable, mais je reste 
persuadĂ© que ce terme ne peut ĂȘtre compris avec prĂ©cision que dans un cadre
restreint, celui des professionnels ou des amateurs trĂšs Ă©clairĂ©s : il appartient

203

POLICE

background image

donc au jargon. Pour l’« utilisateur Â», ce qui compte vraiment, ce n’est ni la 
fonte ni la police, c’est ce qu’il voit, c’est le caractùre. Et c’est d’ailleurs cela que
les typographes s’amusent Ă  rĂ©partir dans des classifications de plus en plus
Ă©tranges


P. Jallon :

Si quelqu’un a les dĂ©finitions du 

Grand Larousse du 

xix

e

siĂšcle

,

cela m’intĂ©resserait beaucoup.

Sur le sujet, je crois que les typographes sont de meilleures adresses que

les lexicographes
 Voici néanmoins les réponses de Pierre Larousse (

Dic-

tionnaire universel du 

xix

e

siĂšcle

). Des extraits seulement (sans les exemples,

les citations et les dĂ©veloppements encyclopĂ©diques
), car, sur 

police

, c’est

le plus complet (il a lu Henri Fournier et le reconnaüt volontiers)


«

Fonte.

Ensemble de toutes les lettres et de tous les signes qui composent

un caractĂšre complet de grosseur dĂ©terminĂ©e [
]. Â»

«

Police.

Liste de toutes les lettres qui composent un caractùre, avec l’indi-

cation de leur proportion respective pour un total déterminé [
]. Ensemble
des caractĂšres portĂ©s sur cet Ă©tat. [
] 

Encycl.

Quand un maĂźtre imprimeur veut

acquĂ©rir une fonte, son premier soin doit ĂȘtre de dresser la police du caractĂšre
dont il a besoin, c’est-Ă -dire la liste de toutes les lettres qui composent 
la casse, avec l’indication de la quantitĂ© respective de chaque sorte de lettres
pour un poids gĂ©nĂ©ral dĂ©terminĂ©. D’ordinaire, c’est le fondeur qui Ă©tablit 
la police ; mais le maĂźtre imprimeur peut la modifier suivant les besoins 
particuliers en vue desquels il commande la fonte. Â»

«

Type.

CaractĂšres d’imprimerie [
]. Â»

Tout le monde est d’accord sur la dĂ©finition de « caractĂšre Â». Les ennuis com-

mencent avec le couple « fonte/police Â». Je voudrais m’expliquer sur l’opinion
que j’ai dĂ©jĂ  Ă©mise, Ă  savoir que « police Â» est prĂ©fĂ©rable et que la distinction
entre les deux termes ne peut ĂȘtre retenue et comprise que dans un cadre 
restreint, celui des typographes et des professionnels de l’écrit s’intĂ©ressant
particuliĂšrement Ă  la typographie.

Le problĂšme est que la technique n’est pas la seule Ă  avoir changĂ© (piĂštre

mot pour traduire les bouleversements engendrĂ©s par l’informatique), il y a
Ă©galement le nombre et la qualitĂ© de ceux qui la mettent en Ɠuvre. Jadis,
seuls les typographes (au sens large) maniaient les fontes. Aujourd’hui, je ne
vous apprends rien, secrétaires, journalistes, écrivains, comptables, médecins,
boutiquiers, agriculteurs, etc. jonglent avec les polices. Demain, tout le monde
le fera.

Or, que voient-ils sur leurs menus francisĂ©s ? 

Polices

. Que voient-ils comme

type (tsss
) de fichier dans leurs fenĂȘtres ?

Police

. Que voient-ils sur leurs

menus non traduits ? 

Fonts

. Faut-il s’étonner si « police Â» est employĂ©e pour

tout dĂ©signer et si « fonte Â» est considĂ©rĂ©e comme un simple synonyme 

204

POLICE

background image

(certains vont mĂȘme jusqu’à considĂ©rer ce vieux mot français comme un 
anglicisme
) ? Il me semble illusoire de vouloir faire admettre aux utilisateurs
que sous le menu 

Polices

se cachent des polices et des fontes, qu’un fichier

dĂ©signĂ© comme « police Â» par le systĂšme d’exploitation est en rĂ©alitĂ© un fichier
de fonte


Je crois qu’il faut tenir compte de l’usage contemporain, mĂȘme s’il est

imprĂ©cis. Il ne l’est pas tant que ça d’ailleurs, il est surtout indistinct, et 
l’emploi plus frĂ©quent de « caractĂšre Â» permettrait de le clarifier. Je me rĂ©pĂšte

mais, par exemple, on ne « choisit Â» pas une police (ou une fonte) pour 
composer tel ou tel texte, on l’« utilise Â» (ou on l’achĂšte, on la vole, etc.). Ce
que l’on choisit pour ses qualitĂ©s supposĂ©es, c’est un caractĂšre. Pour le reste,
pour la mĂ©canique, pour les machins qui se trouvent sous le capot et dans 
lesquels rares sont ceux qui mettent le nez (les machins que l’on utilise, 
que l’on achĂšte ou qu’on pique), parlons de polices, comme presque tout 
le monde.

Je crois aussi qu’il ne faut pas opĂ©rer de distinction entre fonte et police qui

risque d’ĂȘtre rapidement mise en cause par l’évolution des techniques (on l’a
vu Ă  plusieurs reprises depuis quinze ans et mĂȘme depuis plus d’un siĂšcle, et
on en verra d’autres
).

En revanche, il me semble tout à fait légitime et judicieux que les typo-

graphes opĂšrent les distinctions qu’ils souhaitent (sous le capot
). C’est 
pourquoi j’ai trouvĂ© trĂšs intĂ©ressante la dĂ©finition de fonte proposĂ©e par Jean-
François Porchez. C’est pourquoi aussi j’ai considĂ©rĂ© que l’on entrait ici dans
le jargon, ce qui n’a rien de pĂ©joratif, disons dans le lexique professionnel. Bref,
je ne crois pas que le couple police/fonte, mĂȘme dĂ©fini avec prĂ©cision par les
typographes, puisse s’imposer largement dans l’usage courant. C’est pourquoi
je privilĂ©gie pour l’heure la seule opposition caractĂšre/police, rĂ©servant 
l’opposition fonte/police pour des jours meilleurs oĂč une distinction pĂ©renne
sera Ă©tablie par les typographes (notre discussion peut y contribuer, je 
le crois).

Sur l’hĂ©ritage du plomb
 Nous lui sommes tous attachĂ©s, Ă  juste titre. C’est

un patrimoine sur lequel nous allons vivre encore trùs longtemps, quoi qu’en
disent ceux qui ne voient pas plus loin que le bout de leur Ă©cran. Il est bon que
les mots survivent dans des acceptions nouvelles, parfois proches, parfois trĂšs
éloignées des anciennes. Le bas de casse vit trÚs bien sans les casses, et si un
nĂ©ophyte demande une explication sur l’origine de ce terme il la comprend
trĂšs bien. Pourquoi ? Parce que l’opposition capitale/bas de casse existe 
toujours. Avec police et fonte le problĂšme est que le lien qui unissait ces deux
termes n’existe plus depuis longtemps. On parle du plomb
 mais il faudrait
parler de composition manuelle, car dĂšs le 

xix

e

siĂšcle la Linotype et la Mono-

type avaient dĂ©jĂ  bouleversĂ© le paysage
 Dans un message prĂ©cĂ©dent, j’ai

205

POLICE

background image

indiquĂ© pourquoi, mĂȘme sur ce plan (continuitĂ© du sens), « police Â» (liste) 
me semble bien prĂ©fĂ©rable Ă  « fonte Â» (rĂ©alitĂ© matĂ©rielle). ContinuitĂ© approxi-
mative du sens : s’il est bon de conserver les mots, il est prudent de ne pas
vouloir calquer les anciens liens qui les unissaient, du moins si l’on veut ĂȘtre
compris du plus grand nombre.

À France-Langue, le 8 octobre 1997.

D. Cote-Colisson :

En toute rigueur, une « police de caractĂšres Â» 

(typeface)

est constituĂ©e de l’ensemble des caractĂšres disponibles (lettres, chiffres,
signes de ponctuation et caractÚres spéciaux) dans un style, un corps et une
graisse déterminés.

Pardonnez-moi, mais je ne suis pas tout Ă  fait d’accord
 Les dĂ©finitions

étaient jadis précises (et à mon sens différentes de celles que vous donnez),
mais cette question lexicale (police, fonte) est loin de faire l’unanimitĂ© chez
les typographes d’aujourd’hui, et c’est normal, car il n’y a pas que l’hĂ©ritage du
plomb qui brouille les choses, il y a l’évolution trĂšs rapide des techniques infor-
matiques. Par exemple, le lien entre corps et police n’est plus ce qu’il Ă©tait.

Juste un mot sur le sujet. Hors du cadre professionnel, la distinction entre

police et fonte est sans grande importance. Ce qui compte vraiment, c’est ce
que l’on voit sur le papier (ou sur l’écran), ce n’est donc ni la police ni la fonte,
c’est le caractĂšre. C’était dĂ©jĂ  vrai au temps du plomb.

À F.L.L.F., le 11 dĂ©cembre 2000.

D. LiĂ©geois :

[L’étymologie de fonte] est, Ă  mon sens, encore moins que

secondaire. On dĂ©croche mĂȘme quand il n’y a rien d’accrochĂ©, on carrosse
mĂȘme quand il n’y a pas de carrosse, l’imprimante dĂ©pose sans doute bien
plus qu’elle ne presse et le papier ne pousse plus au bord du Nil.

Bien entendu [
]. À l’époque, il me semble que je rĂ©pondais Ă  une critique

de « police Â» selon laquelle le terme serait dĂ©passĂ©, ne correspondrait plus aux
réalités techniques actuelles. Sur ce strict plan, les fontes sont à mon sens
encore plus mal loties
 mais cela n’est en rien un handicap rĂ©dhibitoire.

D. LiĂ©geois :

Soit, mais « police Â» est-il compris avec davantage de prĂ©cision ?

Non, mais son emploi est davantage répandu. [
]

D. LiĂ©geois :

Dans l’état actuel de la technique, en tout cas, chacun de ces

fichiers est une fonte plutît qu’une police.

Oui, si vous voulez. C’est une conception dĂ©fendue par d’éminents typo-

graphes. Votre « dans l’état actuel de la technique Â» est capital et recoupe 
mon souci prĂ©cĂ©demment exprimĂ© : Ă©vitons d’opĂ©rer une distinction entre
fonte et police qui risque d’ĂȘtre rapidement mise en cause par l’évolution des
techniques.

206

POLICE

background image

Lorsque l’on dit que les fichiers Postscript sont les fontes d’une police 

donnée, on ne fait que déplacer la synonymie vers le couple police/carac-
tĂšre
 ce qui n’arrange pas les affaires du dernier nommĂ© qui supporte dĂ©jĂ 
un fardeau polysémique pas piqué des vers


D. LiĂ©geois :

Installera-t-on seulement jamais réellement une police, au sens

vrai du terme, sur un ordinateur, puisque, si je comprends bien, la police est
plutĂŽt quelque chose d’abstrait ?

Ce que l’on installe s’apparente à une liste (police
) de codes renvoyant

Ă  des glyphes (fonte
). C’est la seule distinction qui tienne la route, une petite
route, un chemin vicinal dans un cadre restreint, celui d’un jargon datĂ©.

Bref, par analogie facile, les machins que l’on installe dans nos machines

sont à la fois des polices et des fontes. Faut choisir un terme pour les désigner
en tant qu’objets, et il me semble que l’usage s’en est chargé  S’il change son
fusil d’épaule et favorise un jour « fonte Â», je ne verrai aucun inconvĂ©nient Ă  le
suivre
 Je crois que la reprise de mon vieux message a été mal comprise. Je
ne choisis pas arbitrairement « police Â» contre « fonte Â», je rĂ©fute des distinctions
floues quoique brutales, personnelles, trompeuses.

D. LiĂ©geois :

À supposer — c’est sans doute dĂ©jĂ  possible — qu’un 

programme soit capable de gĂ©nĂ©rer la totalitĂ© des caractĂšres existants dans 
toutes les langues du monde Ă  partir du dessin d’un seul « a Â», Ă  toutes les
tailles et sous toutes les formes imaginables, le résultat sera-t-il plutÎt une
police qu’une fonte pour autant ? Ou s’il est une police, cessera-t-il pour autant 
d’ĂȘtre une fonte (ce n’est pas une question oratoire ; j’essaye de voir si j’ai
bien compris) ?

Il sera les deux à la fois


D. LiĂ©geois :

Pour le reste, je ne suis pas certain que faire Ɠuvre pĂ©da-

gogique soit si inutile que cela. Le coup de pouce involontaire de l’anglais a
rĂ©ellement des effets concrets : le bon, c’est que le mot est beaucoup plus
connu qu’on ne pourrait le croire.

Sans doute
 mais regardez, par exemple, les versions françaises d’Adobe

Type Manager
 S’il est un logiciel qui gĂšre les machins situĂ©s sous les capots
des professionnels comme des amateurs, c’est bien lui. Pas trace de « fontes Â»,
mais des « polices Â» Ă  tour de bras. Bon courage Ă  ceux qui voudront expliquer
Ă  ses utilisateurs qu’il ne gĂšre pas des polices mais des fontes


Et Adobe Type Reunion ? Encore plus frappant
 car, lui, il est chargĂ© de

regrouper les « fontes Â» en « polices Â» (selon l’une des Ă©coles en prĂ©sence)

Eh bien ! toujours pas trace de la moindre fonte
 Rien que des polices.

D. LiĂ©geois :

Le mauvais, c’est qu’à force de lire « police Â», les gens sont 

souvent convaincus que « fonte Â» est un mot anglais et l’écrivent mĂȘme
comme en anglais.

207

POLICE

background image

C’est Ă©videmment une erreur grossiĂšre
 « Fonte Â» est un trĂšs ancien et trĂšs

beau mot français, un des fleurons de notre patrimoine lexicotypographique

Je l’aime, et si mon goĂ»t personnel avait quelque chose Ă  voir dans l’affaire, 
je l’emploierais plus volontiers que « police Â». HĂ©las, lorsque j’emploie un mot
c’est le plus souvent Ă  destination d’autrui
 Or, pour l’heure, ce salaud 
d’autrui comprend mieux « police Â». DĂšs qu’il sera mieux informĂ©, je vous
rejoindrai
 mais j’ai des doutes, des gros


D. LiĂ©geois :

L’autre option consiste, si je comprends bien, Ă  s’offrir le luxe 

de s’exprimer comme les professionnels.

Lesquels ? et pour dĂ©signer quoi ? Lancez le dĂ©bat sur un forum de 

paoĂŻstes
 et attachez votre ceinture, ça risque de dĂ©coiffer
 Des vents 
irrésolus souffleront en tous sens.

D. LiĂ©geois :

En tout cas, l’étymologie de « fonte Â» me paraĂźt bien plus simple,

bien plus directement Ă  la portĂ©e de tous, que celle de « police Â».

Oui, incontestablement, mais je ne crois pas que l’argument ait une force

suffisante pour modifier un usage bien installĂ©. Plus efficace, si elle est 
durable, sera peut-ĂȘtre la pratique de certains crĂ©ateurs de caractĂšres (Ă©lectro-
niques) qui nomment leur entreprise « fonderie Â»â€Š

D. LiĂ©geois :

Je suis toutefois d’avis — là, c’est un principe — que la tactique

qui consiste à adopter vis-à-vis du grand public une terminologie différente
de celle des spĂ©cialistes (rĂ©putĂ©e trop difficile, Ă  l’un ou l’autre titre) est 
mauvaise, mĂȘme si elle part de bons sentiments.

Ce n’est pas ma tactique (je n’en ai pas)
 Si un nouvel usage dominant

dans les milieux « spĂ©cialisĂ©s Â» Ă©tait discernable et motivĂ©, il s’imposerait sans
peine au grand public. Ce n’est pas celui-ci qui a privilĂ©giĂ© « police Â», mais 
des spĂ©cialistes
 Le public, pas contrariant, s’est dit : Â« Bon, j’adopte
 Â» Nul
mĂ©pris des usagers « ordinaires Â» dans mon attitude
 Au contraire !

M. Guillou :

C’est lĂ  oĂč je ne comprends plus, mais alors plus du tout. Si 

tu prends ce parti pris, c’est que tu mets, toi, un sens prĂ©cis derriĂšre « fontes Â»
qui n’est pas celui du 

vulgum pecus

.

Non, je n’accorde aucun sens prĂ©cis Ă  « fontes Â» dans l’usage contemporain

(ce qui ne veut pas dire qu’il soit impossible de lui en donner un, par exemple
en l’associant Ă  la notion de glyphe, voir ma rĂ©ponse Ă  Denis LiĂ©geois), 
j’évoque (globalement, « indistinctement Â») des distinctions effectuĂ©es par
d’autres
 pour montrer qu’elles ne sont pas opĂ©rationnelles
 qu’elles ne
reflùtent en rien l’usage des usagers des popolices et des fonfontes.

Ne retenons que deux Ă©coles (y en a d’autres, pas meilleures
). Certains

pensent qu’une police (I.T.C. Dugenou) comprend plusieurs fontes (Dugenou
ital, demi-gras, gras, S.C., etc.). D’autres pensent qu’une police (Dugenou,
Garamond, etc.) renvoie aujourd’hui Ă  plusieurs fontes (Adobe Garamond,

208

POLICE

background image

I.T.C. Garamond, U.R.W. Garamond, etc.), elles-mĂȘmes subdivisĂ©es en je ne
sais trop quoi qui correspondrait à la distinction précédente


Bref, c’est le bordel, en partie engendrĂ© par l’obsession de recouper au plus

prÚs les catégories floues de la nomenclature anglo-saxonne (type, typeface,
fonts, etc.). C’est un jeu Ă  la con. Sans intĂ©rĂȘt et promis Ă  brĂšve Ă©chĂ©ance au
désastre.

Ne pas oublier les motivations boutiquiĂšres
 L’intĂ©rĂȘt (surtout pour les

« petits Ă©lectrofondeurs Â») de la distinction police/fonte est qu’il faut faire 
comprendre au client qu’il n’achùte pas une police mais des fontes
 ce qui
revient Ă  dire que pour avoir une police complĂšte il faut casquer plusieurs fois.
Je ne critique pas cela, car je n’oublie pas que le premier gonzier venu dispose
aujourd’hui (honnĂȘtement, pour quelques milliers de francs, ou illĂ©galement,
pour beaucoup moins) d’un Ă©ventail de polices qui aurait fait baver d’envie
le plus riche des ateliers de composition d’antan
 Je rĂ©fute uniquement des
dénominations foireuses.

M. Guillou :

« C’est pourquoi j’ai trouvĂ© trĂšs intĂ©ressante la dĂ©finition de

fonte proposĂ©e par Jean-François Porchez. Â» Quelle Ă©tait-elle ?

Objet numérique. En gros, un créateur de caractÚres concevrait et dessi-

nerait des polices, mais il produirait et vendrait des fontes.

Faut-il mettre une capitale aux noms de polices ?

À Typographie, le 24 mars 1998.

É. Angelini :

Faut-il capitaliser certains noms de fontes et d’autres pas ? Et

quid

des noms de vins ?

Bonne question
 Ça fait un bail que j’ai envie de la poser
 Il me semble

que l’usage d’Ol’ Rand est judicieux : il oppose le nom d’une police particuliĂšre
(le Cochin) Ă  un terme gĂ©nĂ©rique (un — quelconque — garamond). « Le Didot
de Machin est un didot, une didone. Â» Si d’assez bonnes raisons pourraient
conduire au bas de casse intĂ©gral quand le nom d’une police est celui d’un
individu, on imagine mal d’avoir Ă  Ă©crire : « Je n’aime pas l’univers. Â»

Cela dit
 ma religion n’est pas faite (sauf pour le pinard, domaine oĂč de

solides traditions font loi
). « Pour l’étiquette de votre pauillac, je verrais bien
un didot, par exemple du Bauer Bodoni, caractĂšre qui ne manque pas de
corps. Â»

À F.L.L.F., le 3 dĂ©cembre 2001.

M. Guillou :

??? « Ce ne sont pas des noms communs ! Â» [dit un autre inter-

venant au débat]. Si, si.

209

POLICE

background image

[
] Je crois me souvenir que l’objet du litige est une sĂ©rie de noms de 

polices (Times, Courier, etc.) mais j’ai oubliĂ© certains de ces noms
 et le
contexte
 or, cela est dĂ©terminant, dĂ©cisif. Enfin
 pas tant que ça
 car,
désolé, je pense que la majuscule, si elle est parfois inutile ou maladroite, ne
peut jamais (dans ces cas
) ĂȘtre gravement fautive


Pinaillons un peu, quand mĂȘme
 Selon les cas et les circonstances (et

selon moi
 car il n’y a pas ici d’usage dominant et indiscutĂ©), la majuscule
s’impose ou non
 Quand ils sont employĂ©s gĂ©nĂ©riquement, certains noms
policiers quoique propres [
] abandonnent leur majuscule et se comportent
comme des noms communs.

Exemples : « Si tu veux un beau didot, prends le Didot de Linotype
 Ce

Bodoni est trop gras ! Le Walbaum est un bodoni un peu spĂ©cial
 Envoie-moi
le Garamond Book, oui, celui d’I.T.C
 C’est dingue le nombre de mauvais
garamonds qui circulent
 Â»

Parfois, impossible de s’en sortir honorablement
 Comment composerais-

tu ceci ? Â« Ce salaud nous impose un univers frauduleux ! — Et encore, c’est
rien, t’as pas vu son courier ! Â» MĂȘme s’il ne s’agit pas (et pour cause
) de
polices nommées Univers et Courier, la majuscule est chaudement recom-
mandĂ©e. La premiĂšre n’amĂ©liorera guĂšre la situation (au contraire
), mais la
seconde aura un avantage non négligeable


Ponctuation fi

AstĂ©risqueBarre obliqueCitationCrochetDeux-

pointsEspaceGuillemetParenthĂšsePoint d’exclamationPoint 
d’interrogation
Points de suspensionTiretVirgule.

AprÚs une portion de phrase composée en italique (mots étrangers,

titres, etc.), la ponctuation sera composĂ©e en romain si elle n’appar-
tient pas Ă  l’élĂ©ment ainsi mis en Ă©vidence : Â« Quel est le deuxiĂšme lied
du cycle 

Die schöne MĂŒllerin ? â€” Il me semble que c’est Wohin ? Â»

Surponctuation.

Surponctuer consiste Ă  multiplier les signes de ponctuation non

fautifs (syntaxe) mais inutiles (syntaxe, expression) ou dommageables
(expression). Ne sont pas surponctuĂ©es les phrases suivantes :

[« Les formes des signes d’écriture, ne sont pas neutres. Â»] â€“ Robert

Estivals, la Bibliologie. (Mais la virgule est gravement fautive
)

« Claudel a dit quelque chose, sur les cathĂ©drales, qui vaut bien qu’on

lise l’Annonce faite Ă  Marie, quoique je ne voie rien Ă  comprendre dans

210

POLICE

PONCTUATION

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ce drame. Â» â€“ Alain, Â« MatiĂšre et Forme Â», Propos. Ă€ premiĂšre vue, les
deux premiĂšres virgules ne sont pas grammaticalement indispensables.
Pourtant, leur suppression modifierait la charge du pronom relatif. Ce
redoutable « qui Â» (quelque chose) deviendrait anodin (quelque chose
sur les cathédrales).

Opposer sous-ponctuation et surponctuation est utile mais 

hĂ©las un peu dĂ©risoire. L’essentiel se joue ailleurs, ou avant. Aujour-
d’hui, quantitĂ© de phrases ne sont pas surponctuĂ©es mais regorgent de
signes de ponctuation indispensables, car imposés par une médiocre
construction. La bonne prose n’est ni surponctuĂ©e ni sous-ponctuĂ©e,
elle est peu ponctuée


C’était ainsi jadis et c’est « l’une des beautĂ©s de la prose française 

du xvii

e

siĂšcle, je veux dire cet agencement savant, ou, pour donner

l’idĂ©e de quelque chose de plus vivant, cette savante articulation des
parties qui se tiennent si bien toutes ensemble, par le seul jeu des
conjonctions, que le secours de la virgule et du point et virgule en
devient presque superflu Â»,

BrunetiĂšre

1880

.

¶

Espaces.

Les anciens typographes Ă©taient plus souples que les modernes. Ils

savaient jouer avec les espaces liées à la ponctuation.

Lefevre

1883

: Â« On met une espace d’un point avant la virgule, le

point-virgule, le point d’exclamation et le point d’interrogation, si la
ligne oĂč ils se trouvent est espacĂ©e ordinairement ; mais si elle est 
plus serrĂ©e, on se dispense d’en mettre avant la virgule, surtout lors-
qu’elle est prĂ©cĂ©dĂ©e d’une lettre de forme ronde. Le contraire a lieu,
c’est-à-dire que l’on peut augmenter l’espace d’un demi-point avant
ces diverses ponctuations, et surtout avant les points d’exclamation 
et d’interrogation, si la ligne est espacĂ©e plus largement. On ne met
pas d’espace avant le 

point qui termine une phrase, ni avant le point

abrĂ©viatif, ni avant les points suspensifs. Â»

La virgule a perdu son espace Ă©ventuelle. Resquiescat in pace !

En revanche, rien n’interdit de continuer Ă  faire varier les espaces qui
prĂ©cĂšdent le point-virgule, le point d’exclamation et le point 

211

PONCTUATION

background image

d’interrogation. Aujourd’hui, rares sont les compositeurs qui se 
donnent la peine de modifier au coup par coup les espaces insécables
fixes qui prĂ©cĂšdent la ponctuation haute. Dommage, car de trĂšs 
lĂ©gĂšres modifications — quasi imperceptibles — peuvent Ă©liminer des
coupures ou amĂ©liorer l’espace justifiante d’une ligne donnĂ©e.

Sources documentaires

À France-Langue, le 29 mai 1997.

P.-O. Fineltin : 

Je cherche un texte sur les emplois des signes de ponc-

tuation. Merci de m’indiquer oĂč je peux me renseigner.

Alors lĂ , no problemo
 Sur le sujet, une seule adresse, et c’est un chef-

d'Ɠuvre (d’intelligence, de finesse, de style
) : Jacques Drillon,

Traité de la

ponctuation française

, collection « Tel Â», Gallimard, 1991.

À Typographie, le 6 mai 1998.

P. Cazaux : 

Je me demandais ce que tu pensais du « Que sais-je ? Â» [de Nina

Catach] sur la ponctuation. Je le trouve trÚs intéressant.

Il l’est. C’est l’Ɠuvre d’une spĂ©cialiste de l’orthographe, donc un point de

vue « thĂ©orique Â» trĂšs intĂ©ressant (bien que rapide
 Ă  cause des contraintes
de la collection). L’assez gros bouquin de Drillon est l’Ɠuvre d’un Ă©crivain, d’un
maßtre de la langue écrite
 Le plaisir procuré comme les services rendus sont
sans commune mesure.

P. Cazaux : 

Par ailleurs, je ne partage pas ton avis
 pĂ©remptoire sur le 

Perrousseaux

et sur l’

Abrégé

du C.F.P.J. Je reconnais leurs défauts, mais mon

point de vue est celui du débutant, et ils me paraissent une bonne entrée en
matiĂšre.

C’est ce que j’ai dit Ă  propos du 

Perrousseaux

. C’est Ă©galement ce que

contient le titre :

Typographie élémentaire

. L’ennui, c’est qu’en matiĂšre 

d’orthotypographie (donc de « code Â»), je ne vois guĂšre l’intĂ©rĂȘt pratique des
« entrĂ©es en matiĂšre Â», mĂȘme aguichantes, pour quiconque est dĂ©jĂ  dans la
« production Â». On ne peut se contenter de rester sur le seuil. D’autant que
quelques-uns des rares détails abordés le sont avec une désinvolture dont les
vertus formatrices me semblent discutables. Quant à l’

Abrégé

, c’est en gros

tout ce qu’il ne faut pas faire : abrĂ©ger le chaos pour faire accroire qu’il est
ordonné 

P. Cazaux : 

Alors que le nouveau 

Code typo

me paraĂźt aberrant, ne serait-ce

que dans sa propre compo.

212

PONCTUATION

background image

Oui, mais c’est l’hĂ©ritier (certes un peu fin de race) d’une tradition qui a du

poids
 On ne peut l’ignorer totalement. Il faut le connaütre (ce qui n’est pas
le cas du 

Perrousseaux

, de l’

Abrégé

ou du 

Guéry

).

P. Cazaux : 

Je suis assez rĂ©ticent aussi sur le 

Ramat

, et condamne dĂ©finiti-

vement le 

Gouriou

.

Le 

Ramat

n’est pas si mauvais qu’on le dit parfois
 Le 

Gouriou

n’est guùre

utilisé (dans les lieux que je fréquente).

Des ponctuations hautes 

ou des ponctuations doubles ?

Site Web de Jean-Pierre Lacroux.

Dire que ! ? ; : sont des signes de ponctuation « doubles Â» au seul prĂ©texte

qu’ils sont composĂ©s de deux Ă©lĂ©ments disjoints revient Ă  dire que « Ă©, Ă  Â» ou
un simple « i Â» sont des lettres doubles, des voyelles doubles
 et que « Ă± Â» est
une consonne double. Vous imaginez le bordel
 (À dire vrai
 l’expression
que je critique ici est couramment employée
 Pas grave.)

J’ai ma conception (internationalisante) de l’espacement des signes de

ponctuation.

J’ai bien notĂ© que cette conception Ă©tait personnelle
 À mon sens, elle est

Ă©galement nocive. Non parce qu’elle ne respecte pas une « convention typo-
graphique française Â» (il en est d’oubliables), mais parce que cette convention
est motivĂ©e, utile, efficace, salement subtile. Comme vous le savez â€” et
comme le pressentaient les typographes d’antan —, le lecteur ne lit pas lettre
Ă  lettre. Les mots ont une « silhouette Â» ; or, quand elles ne sont pas isolĂ©es par
une espace, les ponctuations dites « hautes Â» ( ; : ! ? ) modifient cette « forme
globale Â» et par consĂ©quent gĂȘnent la perception du lecteur. Parfois fort peu,
voire pas du tout, parfois considĂ©rablement. N’y a-t-il pas lĂ  une « Ă©vidente 
raison pratique de communication Â» ? Ce parasitage n’est bien entendu pas 
Ă  craindre avec les ponctuations basses (. , 
). VoilĂ  pourquoi l’« interna-
tionalisme Â» (qui ne me trouble nullement) est un cache-misĂšre, un alibi au
suivisme. Vous me direz que les lecteurs de textes composĂ©s dans quelques
autres langues ne semblent pas trop perturbés par la soudure des ponctua-
tions hautes, et je vous rĂ©pondrai : primo et Ă  ma connaissance, cela reste Ă 
prouver ; deuzio, chacun fait ce qu’il veut chez lui, cela ne me regarde pas


Si vous regardez de plus prĂšs, vous vous apercevrez que seules 

!

et 

?

sont

hautes et 

;

et 

:

simplement « moyennes Â». À partir de lĂ , 

“ â€ ( ) [ ]

et

{ }

sont

hautes (et curieusement non espacĂ©es), et 

« Â»

moyennes mais Ă©trangement

espacées.

213

PONCTUATION

background image

Vous ĂȘtes bien gentil, mais c’est vous qui devriez regarder d’un peu plus prĂšs

avant de me prodiguer des conseils d’oculiste. « Ponctuation haute Â» est une
expression du jargon typographique qui ne prend pas en compte la distance 
Ă  la hauteur d’x (ou d’Ɠil) ou Ă  la hauteur de capitale mais Ă  la seule ligne 
de pied. Les ponctuations hautes « montent Â» beaucoup plus haut que celle-ci ;
les ponctuations basses, non. Examinons d’un peu prùs les ponctuations
« moyennes Â» : en haut, elles s’alignent sur la hauteur d’x, ce qui en l’absence
d’espace implique un parasitage comparable à celui qui est produit par celles
qui s’alignent sur la hauteur de capitale. Maintenant, examinons d’encore plus
prĂšs les parenthĂšses, les crochets et les accolades : ces signes ont une hauteur
(absolue) supĂ©rieure Ă  celle de tout autre signe qu’ils sont susceptibles de
cÎtoyer, caractéristique qui élimine le phénomÚne déjà décrit.

Cette disparitĂ© de traitement ne dĂ©montre-t-elle pas que cette sĂ©grĂ©gation :

ponctuation haute /ponctuation basse est purement arbitraire.

Non, car la disparitĂ© de traitement n’a pas Ă©tĂ© dĂ©montrĂ©e. Non, car la posi-

tion sur la ligne de pied n’est pas un critùre arbitraire.

Elle est effectivement « efficace Â», mais certainement pas dans la « subtilitĂ© Â» :

vous parliez des typographes d’antan, qui positionnaient le texte pour ainsi
dire à l’Ɠil.

Et aujourd’hui, ils le positionnent comment ? Ça m’intĂ©resse, pour le cas oĂč

ma vue baisserait
 ou pour celui, plus improbable, oĂč l’on tenterait de me
faire bosser gratos.

Cela signifie qu’ils dĂ©passent lĂ©gĂšrement la hauteur de capitale, n’est-

ce pas ?

Cela signifie ce que j’ai Ă©crit : ces signes ont une hauteur (absolue) supĂ©-

rieure Ă  celle de tout autre signe qu’ils sont susceptibles de cĂŽtoyer, donc, en
particulier, de tout signe alphabĂ©tique, qu’il soit en cap, petite cap ou bas de
casse et, pour ce dernier, que la lettre soit « courte Â» (a, e, c, etc.), « longue du
bas Â» (g, j, p, etc.) ou « longue du haut Â» (b, d, f, etc.). 

Cela signifie que ces signes ont une extension verticale trÚs supérieure à

celle de tout mot qu’ils sont susceptibles de cĂŽtoyer, ce qui n’est Ă©videmment
pas le cas avec « » ; : ! ?. Cela signifie qu’ils ne parasitent pas la « silhouette 
globale Â» de ces mots, qu’ils s’en dĂ©tachent nettement (en haut et en bas) et
qu’ils ne perturbent pas la perception du lecteur pressĂ© ou fatiguĂ©.

Mais expliquez-moi pourquoi cela élimine le phénomÚne de parasitage.

Pour la raison que je vous avais indiquĂ©e et que je viens de rĂ©pĂ©ter en la prĂ©ci-

sant, mais je vous concĂšde qu’« Ă©liminer Â» est inutilement vrai et que « rĂ©duire
considĂ©rablement Â» aurait Ă©tĂ© plus habile. Expliquez-moi plutĂŽt pourquoi vous
tenez tant Ă  faire accroire que "l'Ill!" est aussi aisĂ©ment lu que « l’Ill ! Â»

214

PONCTUATION

background image

Je ne vois pas bien de quelle libertĂ© il s’agit puisque vous exigez un blanc

et que vous vous condamnez donc Ă  l’insĂ©rer vous-mĂȘme (= contrainte) :
votre libertĂ© n’est que virtuelle.

Non, elle est rĂ©elle, et votre assertion est absurde : ce que je peux dĂ©cider

de faire 

ou

de ne pas faire « moi-mĂȘme Â» n’est pas une contrainte. J’ai la libertĂ©

de ne pas introduire d’espace antĂ©rieure dans les occurrences oĂč elle n’a pas
sa place — dĂ©tail qui vous a Ă©chappĂ© —, libertĂ© bafouĂ©e par les tenants de
l’approche antĂ©rieure hypertrophiĂ©e qui m’imposent un blanc que je ne leur
ai pas demandĂ© ! Les liberticides sont dans votre camp.

Quand l’espace est nĂ©cessaire — cas bien entendu le plus frĂ©quent, de trĂšs

loin —, je suis libre de modifier subtilement sa valeur, sans ĂȘtre contraint de tri-
patouiller l’interlettrage et les approches (horreurs trĂšs en vogue) : cela permet
parfois de résoudre des problÚmes de justification et de mauvaise coupe.

Ponctuations hautes et virgules « mixtes Â»

À Typographie, le 26 janvier 1998.

J. Fontaine :

Selon 

le Ramat typographique

, Â« la ponctuation basse (point, 

virgule, points de suspension) reste toujours dans la mĂȘme face (romain, 
italique, gras, etc.) que le mot qui la prĂ©cĂšde, qu’elle appartienne au mot ou
au reste de la phrase. Â» [
]

J’avoue que la dĂ©couverte de la rĂšgle particuliĂšre Ă  la ponctuation basse

troubla quelque peu l’hĂ©misphĂšre gauche et logique de mon cerveau, 
mais l’hĂ©misphĂšre droit et artiste peut imaginer les motifs esthĂ©tiques qui la
sous-tendent (motifs que le 

Ramat

n’explicite pas).

Je dois aussi avouer que je n’avais jamais remarquĂ© auparavant cet usage

illogique, ce qui est peut-ĂȘtre le signe que c’est un usage conforme au 
principe qu’une typo correcte est une typo qui ne se remarque pas
 (Faut
aussi dire qu’un point romain et un point italique, ça doit ĂȘtre kif-kif, non ?)

Votre message contient toutes les rĂ©ponses Ă  vos questions
 Comme 

vous le soulignez, la question (ponctuation « basse Â» appartenant Ă  une phrase
en romain mais succédant à un terme en ital) se pose uniquement pour la vir-
gule. C’est un usage et il est illogique. Dans les codes d’hier et d’aujourd’hui
vous trouverez des partisans de deux Ă©coles
 Les auteurs Ă  mon sens les 
plus pertinents sont plutît favorables à l’autre usage (pas de distinction entre
ponctuations haute et « basse Â» dans ces circonstances, donc virgule romaine)
mais je crains fort que cela ne soit pas suffisant pour infléchir un usage fondé
sur la facilité et la cohérence graphique (par exemple, dans une énumération
de termes composĂ©s en italique, pourquoi se fatiguer Ă  rĂ©introduire du 
romain à chaque virgule alors que l’ital coule de source et que sa bizarrerie
« sĂ©mantique Â» n’apparaĂźtra qu’à quelques lecteurs vĂ©tilleux). Cela dit
 quand 

215

PONCTUATION

background image

je « compose Â» ou quand je nettoie les compositions des autres, je fais cet
effort inutile


Bien que ses choix soient sur ce point assez fumeux, laissez-moi vous citer

Gustave Daupeley-Gouverneur (

le Compositeur et le Correcteur typographes

,

Paris, 1880), qui explique assez bien en quoi certains usages que nous res-
pectons encore ont leur origine dans des pesanteurs techniques qui ne sont
plus nĂ©cessairement les nĂŽtres (en cas d’erreur, le changement de casse est
aujourd’hui plus aisĂ© ; la confusion entre deux petits bouts de plomb quasi
identiques est un cauchemar oublié ). 

Tous les passages entre crochets sont des commentaires de mon cru.
« [...] En ce qui concerne l’emploi des virgules italiques, il rĂšgne malheu-

reusement, dans la plupart des imprimeries, pour ne pas dire dans toutes, 
une trop grande indifférence de la part du compositeur [

source de bien des

usages
 et de « rĂšgles Â»â€Š

]. L’expĂ©rience nous prouve tous les jours combien

il est difficile d’atteindre ici la perfection [

mĂȘme chez les meilleurs : dans le

manuel de ThĂ©otiste Lefevre, on trouve quantitĂ© d’exemples de virgules fau-
tives


]. Le mélange des virgules italiques et des virgules romaines est, nous

le savons, un détail qui paraßt bien minutieux aux gens qui ne sont pas du
mĂ©tier, mais il fera toujours la dĂ©solation de l’homme de goĂ»t. [
] C’est la 
difficultĂ© d’obvier Ă  ce mĂ©lange qui a fait adopter depuis quelque temps, dans
certaines fontes, un genre de virgules mixtes dont l’Ɠil n’est ni tout à fait
romain, ni tout Ă  fait italique. Nous approuvons fort ce systĂšme [

quel « homme

de goĂ»t Â» !

], qui, n’ayant rien de choquant en lui-mĂȘme, a l’immense avantage

de parer Ă  l’inconvĂ©nient que nous signalons (1).

(1) La septiĂšme Ă©dition du 

Dictionnaire de l’AcadĂ©mie

(1877) a été composée

entiĂšrement avec des virgules mixtes. Â»

« Pendante ponctuation Â»

À Typographie, le 26 mai 1997.

J’avoue que la 

hanging ponctuation

me laisse perplexe. Elle a certainement

des qualités, mais il me semble que son emploi est nécessairement marginal
(oui, je sais, excusez-moi
), disons : limité  J’aimerais bien voir ce que 
donneraient des textes surponctuĂ©s, comme 

Mort à crédit

ou un quelconque

San-Antonio, composés avec cette ponctuation pendue.

À Typographie, le 17 dĂ©cembre 1998.

P. Maguin : 

Les ponctuations que l’on met hors justif sont à ma connais-

sance le point, la virgule, le point-virgule, le deux points et la division.

Pour le point-virgule et le deux-points, l’espace antĂ©rieure est-elle Ă©galement

« pendue Â» ?


216

PONCTUATION

background image

P. Maguin : 

Ce qui me met dans l’embarras, ce sont les points de suspen-

sion. Quelqu’un a une idĂ©e ?

Oui
 Renoncez Ă  Satan, Ă  ses Ɠuvres et Ă  son gibet
 Ramenez toutes 

les brebis égarées au sein douillet du troupeau, ne les abandonnez plus au-
dessus du gouffre


M. Bovani :

Quant Ă  le faire Ă  la main en sortant les ponctuations dans la

marge
 le remĂšde est bien pire que le mal, non ?

Le « remĂšde Â» est mille fois pire que le prĂ©tendu « mal Â» ! Le plus rigolo, c’est

encore deux colonnes bien serrĂ©es, avec les saillies de l’une qui tentent de
rejoindre celles de l’autre
 Émouvant
 Et quelle belle gouttiĂšre (rectiligne ?) !

Et les notes marginales ? Quel beau cadeau pour elles que ces traits d’union

aventureux ! Imagine trois coupures de suite : on a dĂ©jĂ  le dĂ©but d’une belle
fermeture à glissiùre
 Utile, pour ceux qui craignent que la note marginale
tombe dans le vide et s’écrase en bas de page


Sauvons la ponctuation du gibet !

T. Bouche :

Et les pointes des signes 

( ) . V « » - —

devraient sortir un peu

dans la marge (pour les mĂȘmes raisons que celles qui font placer un 

V

ou un

O

un peu au-dessous de la ligne de base).

Mais non, cela n’a rien Ă  voir ! Quand je lis, mon Ɠil suit la ligne, les lignes

du texte
 il est donc judicieux que les caractÚres posés sur la ligne de base
mais qui manquent d’assise soient placĂ©s de telle sorte qu’ils n’apparaissent
pas à nos faibles yeux comme plus hauts que leurs copains
 Cela contrarierait
la fluiditĂ© de la lecture. En revanche, quand je lis, mon Ɠil ne se promĂšne pas
le long des marges de gauche et de droite
 Dùs lors, il n’en a strictement rien
Ă  foutre si l’alignement vertical n’est pas « optiquement Â» rigoureux au micron
prùs


Attention ! Provoc sĂ©vĂšre ! Cette obsession de la rectitude « optique Â» abso-

lue des fers est un hochet pour ceux qui ne lisent pas et se contentent 
d’admirer les pavĂ©s
 C’est un credo pour secte paoĂŻste
 Le slogan de ma
chapelle est un peu diffĂ©rent : sous les pavĂ©s, le texte !

T. Bouche :

Objection intéressante. Mais je ne vois pas en quoi ça te défrise

qu’un alignement, s’il n’est pas impĂ©ratif Ă  la lecture, agrĂ©able Ă  l’Ɠil soit
recherché.

Mais la recherche (et mĂȘme l’obtention
) d’un alignement vertical parfait

ne me dĂ©frise pas le moins du monde
 Elle ne me passionne pas, c’est vrai,
mais ce qui me fait hurler, c’est la mĂ©thode employĂ©e ! Que l’on rabote 
virtuellement l’approche du premier et du dernier caractùre d’une ligne ne me
gĂȘne pas beaucoup, mais qu’on la fasse devenir nĂ©gative
 lĂ , je dis qu’y a
d’l’abus
 et mĂȘme risque de farce typographique quand en outre on pend la
ponctuation haut et court
 Cette exigence de « rectitude optique Â» devient Ă 

217

PONCTUATION

background image

mon sens assez drĂŽle quand elle s’accompagne de retraits d’alinĂ©a surali-
mentĂ©s et de notes marginales de petit fond composĂ©es en drapeau au fer 
Ă  gauche


Mais tu vas voir que je suis Ă  la fois de mauvaise foi et honnĂȘte
 
Comme le faisait justement remarquer Michel Bovani, on pourrait trouver

une justification sĂ©mantique Ă  l’exclusion du trait d’union marquant la coupure
d’un mot
 DĂšs lors, nous aurions une solution Ă©lĂ©gante pour les coupures
tombant pile-poil sur le trait d’union d’un mot composĂ© : il rentrerait dans 
le rang !

À Typographie, le 19 dĂ©cembre 2000.

P. Pichaureau :

Cela m’a amenĂ© Ă  me demander quels symboles de ponc-

tuation on a intĂ©rĂȘt Ă  mettre dans la marge.

Aucun.

Ponctuations Ă  “l’anglaise”, 

Ă  Â« la française Â» et Ă  »l’allemande«

À Typographie, le 25 juin 1997.

J. Melot :

À ce propos, examinez bien la matiĂšre imprimĂ©e moderne (en

français). Il est remarquable de constater que l’espace à gauche de la ponc-
tuation haute, lorsqu’elle n’est pas tout simplement escamotĂ©e (Ă  l’anglaise),
est plus petite que l’espace Ă  droite. On dirait que, sous l’influence de 
l’imprimĂ© anglo-saxon omniprĂ©sent, le typographe français se sent mal Ă 
l’aise de mettre la mĂȘme espace devant et derriĂšre la ponctuation haute
comme jadis et procĂšde Ă  une sorte de compromis inconscient en diminuant
celle de gauche.

Pas sĂ»r, cher ami
 car cette dissymĂ©trie est une trĂšs ancienne tradi-

tion typographique française. Les anglo-saxophones, pour une fois, n’y sont
pour rien


Nos typographes des siÚcles précédents (qui étaient un peu grammairiens,

les siĂšcles et les typographes
 heureux temps !) ont fort bien expliquĂ© les 
raisons de ce beau (et rationnel
) dĂ©sĂ©quilibre : les ponctuations hautes
comme le point-virgule, les points d’exclamation et d’interrogation appar-
tiennent davantage Ă  la phrase ou au membre de phrase qui les prĂ©cĂšde qu’à
la phrase ou au membre qui les suit
 Dans la typographie soignĂ©e, l’espace
de gauche est donc trÚs inférieure à celle de droite. Seul le deux-points, qui
Ă©tablit une sorte d’égalitĂ©, est isolĂ© par deux espaces Ă©gales. Toutefois, certains
typographes prĂ©conisent de diminuer un peu l’espace de gauche (Ă  mon sens,
ils n’ont pas tort
).

218

PONCTUATION

background image

J. Melot :

J’ai dĂ©jĂ  eu l’occasion d’examiner des ouvrages anciens dans 

lesquels des espaces Ă©gales Ă©taient insĂ©rĂ©es de part et d’autre des virgules et
des points et je ne suis pas certain qu’à l’origine l’espacement n’ait pas Ă©tĂ©
Ă©gal de part et d’autre de 

toute

ponctuation.

On peut toujours trouver des exemples qui infirment les rĂšgles et les 

usages
 mais je vous assure que la dissymĂ©trie en question ne date pas 
d’aujourd’hui ou d’avant-hier, loin s’en faut. Les grands manuels typogra-
phiques des siĂšcles prĂ©cĂ©dents en font Ă©tat et, lorsqu’ils ne l’évoquent 
pas explicitement, ils la mettent en Ɠuvre (ainsi que la plupart des ouvrages
composĂ©s avec soin). Ce qui explique peut-ĂȘtre votre perception, c’est le 
fait que l’espace qui suit la ponctuation est « justifiante Â» (variable) : si la com-
position est trĂšs serrĂ©e, l’espace justifiante est diminuĂ©e et tend Ă  ressembler
Ă  l’espace fine qui prĂ©cĂšde la ponctuation. Dans une composition trĂšs 
aĂ©rĂ©e, avec de trĂšs fortes espaces-mots, l’égalitĂ© que vous Ă©voquez est une
monstruosité typographique.

À Typographie, le 3 mars 1999.

J. AndrĂ© : 

On n’arrivera jamais Ă  savoir oĂč est la « logique Â» dans le fait 

de mettre une fine avant un point-virgule pour des raisons de lisibilité en fran-
çais, à croire que les yeux des Anglo-Saxons sont différents. Personnellement
je parle d’habitudes culturelles.


 Mais l’insatiable « besoin de logique Â» est une respectable « habitude 

culturelle Â», non ?

Oui, il est « logique Â» d’éloigner un peu certaines ponctuations hautes 

du signe qui les prĂ©cĂšde
 Que d’autres s’en abstiennent ne suffit pas Ă  
discréditer nos raisons


À F.L.L.F., du 28 au 30 dĂ©cembre 2001.

K. Elgart :

Quand j’ai appris le français (aux États-Unis) je ne me rappelle

pas que mes professeurs demandaient une espace avant 

?

et 

!

Qu’est-ce

qu’on fait au QuĂ©bec, en Belgique
 ?

En Belgique, le français se compose comme partout
 Des espaces fines

prĂ©cĂšdent les ponctuations hautes (et non « doubles Â»). Au QuĂ©bec, si je me
fie Ă  Aurel Ramat, ce devrait ĂȘtre kif-kif.

Inutile de citer des contre-exemples : il en existe aussi partout
 dus Ă  

diverses causes : suivisme bĂ©at ou volontĂ© de se singulariser (ce n’est pas
incompatible, au contraire), incompĂ©tence, etc.

Janti :

Pourquoi l’espace devant 

?

et 

!

en français ? Est-ce que quelqu’un

connaĂźt l’histoire de cette rĂšgle exclusivement française ?

Ce n’est pas une rĂšgle exclusivement française.

219

PONCTUATION

background image

Il est vrai — et c’est loin d’ĂȘtre le fruit du hasard — que les Français sont

aujourd’hui quasiment les seuls Ă  dĂ©fendre des conventions typographiques
rationnelles


J. Kanze : 

Les Allemands avec qui j’ai travaillĂ© ne pouvaient pas supporter

l’idĂ©e que je mette une espace avant les points-virgules dans le programme.
Plus gĂ©nĂ©ralement, j’avais l’impression que les Allemands avaient horreur des
espaces dans le code en général. Je ne peux que croire que ça vient indirec-
tement de leurs habitudes typographiques, avec des mots qui se collent, et
tout le reste. L’écriture d’un programme n’a pas grand-chose Ă  voir avec la
typographie d’un roman, mais les habitudes semblent rester quand mĂȘme.

Tout cela montre que les Allemands dont vous parlez ont perdu la mémoire,

du moins leur mémoire typographique. Des milliers de livres composés jadis
et mĂȘme naguĂšre en Allemagne et en allemand sont Ă  leur disposition : ils 
y verront des espaces devant le deux-points et les autres ponctuations hautes.
Ils y verront aussi, aprĂšs le point, des espaces beaucoup plus grandes 
qu’en français : des cadratins ! Ils y verront des espaces qui ne furent jamais
employĂ©es en français : celles qui en Fraktur et mĂȘme parfois en romain 
remplacent l’italique par un interlettrage hypertrophié 

Leur « horreur Â» des espaces n’est pas due Ă  des traditions qu’ils ignorent,

mais au conformisme ambiant.

Absorption du point final

À Typographie, du 26 au 28 janvier 1998.

J. Fontaine :

Soit les deux exemples suivants, qui se trouvent dans le 

Traité

de la ponctuation

de Jacques Drillon et que je cite de mĂ©moire, car je n’ai pas

actuellement l’ouvrage sous la main : 

Il prĂ©tend travailler pour la C.I.A. — Il

prĂ©tend travailler « pour la C.I.A. Â»

La rĂšgle typographique veut que le point

abrĂ©viatif absorbe le point final de la phrase (ou vice versa ?) pour Ă©viter une
répétition inesthétique de points.

Ce n’est pas une question d’esthĂ©tique


J. Fontaine :

Si je me souviens bien, Drillon exprimait toutefois l’avis que,

dans le deuxiĂšme exemple, il trouverait prĂ©fĂ©rable d’ajouter un point final
aprĂšs le guillemet, mais que c’était interdit par l’usage typographique. Serait-
ce effectivement pĂ©chĂ© mortel ? vĂ©niel ?


 en effet, si vous refusez un double statut (ponctuation interne et ponc-

tuation de la phrase) au dernier point (final/abrĂ©viatif, d’interrogation, 
d’exclamation mais pas toujours de suspension) de la citation, que ferez-vous
dans un cas comme celui-ci : 

Pourquoi m’a-t-il dit « OĂč vas-tu ? Â» — Pourquoi

m’a-t-il dit « OĂč vas-tu ? Â» ? — Pourquoi m’a-t-il dit « OĂč vas-tu Â» ?

220

PONCTUATION

background image

La premiĂšre formule est de loin la meilleure. 
Le bouquin de Drillon est admirable. Sur le sujet, on ne peut trouver mieux.

Toutefois, deux ou trois de ses choix ou suggestions « typographiques Â» sont
discutables.

J.-D. Rondinet :

On voit sans Ă©quivoque que le point final se trouve en

dehors du guillemet fermant. Donc : 

Il prĂ©tend travailler « pour la C.I.A. Â».

Moi, je veux bien
 mais connais-tu des sources qui préconisent explici-

tement cette formule ? Ça m’intĂ©resse 

énormément

!!!

J. Fontaine :

« Ce n’est pas une question d’esthĂ©tique
 Â» (Bibi bis) Hum,

rĂ©ponse absorbante
 Pourquoi absorbe-t-on, alors ? Par flemme ? Par Ă©co-
nomie ? L’économie (Ă©conomie graphique ; je ne parle pas de fric) peut ĂȘtre
considérée comme une qualité esthétique.

Certes
 mais la répugnance à doubler un signe de ponctuation (sauf dans

les cas de rĂ©pĂ©tition expressive !!!) pour lui attribuer deux rĂŽles diffĂ©rents n’est
pas d’ordre esthĂ©tique
 Du moins pas « avant tout Â», du moins pas Ă  mon
sens. La ponctuation n’est lĂ  que pour aider Ă  la lecture et Ă  la comprĂ©hension
du texte. La surponctuation aboutit généralement au résultat inverse. Il est vrai
que des prĂ©occupations d’ordre esthĂ©tique peuvent aller dans le mĂȘme sens

mais pas toujours. Les parenthĂšses et les crochets engendrent souvent 
des cohabitations que les guillemets rĂ©cusent
 Cela s’explique. On pourra 
y revenir.

J. Fontaine :

Supposons que les exemples suivants soient tous les deux des

phrases interrogatives (la seconde étant la version relùchée) que je ponctue
de la façon typographically correct : 

M’as-tu dis « OĂč vas-tu ? Â» — Tu m’as dis

« OĂč vas-tu ? Â»

En tout cas, les deux sont relùchées
 orthographiquement


J. Fontaine :

Il est impossible pour le lecteur de voir que la deuxiĂšme phrase

est ici une interrogation (du type : 

Tu viens ?

). Glp ! c’est bien ponctuĂ©, ici ? 

Tout deviendrait clair en ponctuant ainsi (Dieu sauve mon Ăąme) : 

Tu m’as dit

« OĂč vas-tu ? Â» ?

Certes
 mais il est illusoire d’imaginer qu’une surponctuation hyperlogique

rendra claire une formulation Ă©quivoque
 C’est en cela que la question n’est
pas avant tout une question d’esthĂ©tique typographique (Ă©troitement visuelle)
mais qu’elle ressortit, plus profondĂ©ment, Ă  la stylistique, Ă  la langue Ă©crite 
(et mĂȘme orale
). À l’oral, essayez donc de rendre perceptible la double
interrogation (sans effectuer une pause aprĂšs « dit Â»)


Écoutons Daru : Â« [La ponctuation] ne remĂ©die aux obscuritĂ©s du style qu’en

dĂ©celant souvent un vice de construction. Â» [
] 

221

PONCTUATION

background image

L’esthĂ©tique et la logique ont Ă©tĂ© Ă©voquĂ©es. 
Je n’ai rien contre ces deux disciplines, je les crois mĂȘme trĂšs bĂ©nĂ©fiques


mais, s’agissant d’orthotypographie et de ponctuation, elles exigent des 
précautions. La logique est une aide précieuse pour résoudre les questions
simples, celles surtout qui dĂ©pendent d’une seule « rĂšgle Â»â€Š DĂšs lors que 
l’on concocte des exemples se situant aux confins du genre ou faisant appel à
plusieurs rùgles, il est vain de se montrer logique dans l’application d’une rùgle
si l’on oublie les autres. En d’autres termes, avant d’acculer une rùgle dans les
cordes, il est bon de se souvenir des relations qu’elle entretient avec ses sƓurs
et singuliÚrement de leur éventuelle hiérarchie.

J’aime bien les exemples vicieux, rĂ©tifs aux normes : pour le plaisir, non pour

adapter la rĂšgle Ă  leurs caprices.

Si l’on trouve logique d’écrire : 

Tu m’as dit « OĂč vas-tu ? Â».

— ou : 

Tu m’as dit

« OĂč vas-tu ? Â» ?

pourquoi serait-il illogique d’écrire : 

Tu m’as dit : « OĂč vas-tu ? Â».

— ou : 

Tu m’as dit : « OĂč vas-tu ? Â» ? 

?

Or, ici, on est en plein « solĂ©cisme typographique Â»â€Š Question (subsidiaire) :

oĂč mettre le point d’interrogation qui correspond Ă  mon pourquoi ? (La
réponse se trouve dans le dernier paragraphe
)

Si l’on retient ces façons de faire, on met à mal tout un pan de l’orthoty-

pographie française (ponctuation des citations)
 Sous quel prĂ©texte ? Celui
de donner une ponctuation logique à des formulations illogiques


J’entends dĂ©jĂ  les objections
 alors voici mon sentiment : Ă  l’oral, je crois

que les doubles interrogations sont rarissimes et que la plupart des franco-
phones diraient : Â« Pourquoi m’as-tu demandĂ© oĂč j’allais ? Â» ou une des innom-
brables variantes (« Pourquoi qu’tu m’demandes oĂč je vais ? Â»â€Š). Et lĂ , aucun
problĂšme de ponctuation.

Quant à la phrase non interrogative (que je trouverais plus crédible à la troi-

siùme personne
), imaginons qu’elle se situe à la fin d’un dialogue globa-
lement sis entre guillemets
 Si l’on retenait la mĂ©thode examinĂ©e plus haut,
on aurait un point final aprÚs le guillemet fermant le discours cité dans le dis-
cours
 et on aurait l’air malin, car pour ĂȘtre dans la mĂȘme logique il faudrait
le faire suivre par un nouveau guillemet fermant le dialogue (impossible dans
ce cas de laisser un point final Ă  l’extĂ©rieur du dernier guillemet)
 

« Qu’est-ce

qu’il t’a demandĂ© ? â€” Il m’a dit : Â« OĂč vas-tu ? Â». »

Certes, ça passerait mieux (?) avec des guillemets anglais de second rang :

« Qu’est-ce qu’il t’a demandĂ© ? — Il m’a dit : “OĂč vas-tu ?”. Â»

Mais mieux vaut (façon de parler
) :

« Qu’est-ce qu’il t’a demandĂ© ? — Il

m’a dit : â€œOĂč vas-tu ?” Â»

Pour terminer sur une gĂ©nĂ©ralitĂ© : la solution de la plupart des « cas extrĂȘmes Â»

ne rĂ©side pas dans la ponctuation mais dans la gomme, l’encre rouge ou la 
touche Backspace
 Faut tout rĂ©crire, histoire que ça devienne ponctuable


222

PONCTUATION

background image

qualitĂ© (non suffisante, certes) qui tĂ©moigne que la phrase correspond peut-ĂȘtre
Ă  un cheminement rĂ©el de la pensĂ©e *.

P. Jallon : 

Malgré son apparence débonnaire, La Barbouze a un lourd passé

d’espion : « Je travaille pour la C.I.A. Â».

Tsssss


P. Jallon : 

[
] La logique « sĂ©mantique Â» voudrait que le point final prĂ©cĂ©-

dĂąt le guillemet fermant (citation d’une phrase 

in extenso

). En revanche, la

logique « graphique Â» estime absurde de faire suivre le 

A

de 

C.I.A.

de deux

points, l’un abrĂ©viatif et l’autre final.

Justement

Donc : MalgrĂ© son apparence dĂ©bonnaire, La Barbouze a un lourd passĂ©

d’espion : « Je travaille pour la C.I.A. Â»

P. Jallon : 

Quant aux Â« sources Â» — sachant que je n’en suis pas une — que

réclame Jean-Pierre, la seule que je connaisse sur ce sujet est la sage parole
de l’excellent Girodet, dans ses 

PiÚges et difficultés de la langue française

(cf. sa glose sur les guillemets, dans l’annexe).

Girodet (un de mes auteurs favoris
) ne préconise pas la double ponc-

tuation
 Hormis Drillon, je cherche des sources « autorisĂ©es Â» et favorables Ă  :

Il prĂ©tend travailler « pour la C.I.A. Â» 

ou 

Il m’a dit : « Je travaille pour la C.I.A. Â»

Sabine : 

On peut se reporter Ă  l’ouvrage de Jean-Pierre Colignon, Ă©ditions

du C.F.P.J., 

Un point c’est tout !

, 120 pages consacrĂ©es exclusivement Ă  la 

ponctuation.

Vous n’y trouverez pas de rĂ©ponse au problĂšme de la double ponctua-

tion (du « mĂȘme Â» signe !) avant et aprĂšs un guillemet fermant
 Si ma mĂ©-
moire est bonne, les auteurs de manuels ou de « codes Â» se gardent bien de
l’évoquer


Hormis le cas des deux points finals — coïncidence de la fin des phrases

(complĂštes
) en discours indirect et direct —, pour lequel sa suggestion 
est discutable, Colignon donne des exemples non problĂ©matiques, du 
genre : 

Pourquoi donc avez-vous criĂ© « Au feu ! Â» ? 

—

Cessez de demander 

« Combien ? Â» !

Quant à Nina Catach, si je suis parfois en désaccord avec certaines de ses

suggestions, j’applaudis sans rĂ©serve ses « lois Â» (« Annexe II Â»). Chez elle, il y
a des Ă©lĂ©ments de rĂ©ponse
 mais
 le problĂšme posĂ© par l’exemple de
Drillon est qu’il peut ĂȘtre rĂ©solu diffĂ©remment selon que l’on privilĂ©gie une des
lois concernées (sobriété, exclusion, neutralisation, absorption
).

223

PONCTUATION

* Si l’on cherche une solution
 Il n’est heureusement pas exclu de jouer avec les

embĂ»ches, mais ça, c’est dĂ©jĂ  tomber dans la littĂ©rature.

background image

Ce qui est trĂšs (trop
) particulier dans cet exemple, c’est la prĂ©sence d’un

point abréviatif en fin de phrase (incomplÚte
) citée entre guillemets en fin
de discours indirect
 L’absorption n’est a priori pas pertinente
 puisqu’elle
serait exclue avec d’autres signes qui pourtant l’exigent : 

Il prétend travailler

« pour la C.I.A. Â»â€Š

Et pourtant
 la question est de savoir ce qui interdit à ce point abréviatif

d’avoir un double statut


Une chose nĂ©anmoins est certaine : tout renvoi Ă  la rĂšgle gĂ©nĂ©rale (phrase

complùte/phrase incomplùte) est d’un faible secours
 Tenez, sur cet autre
aspect de la question, une autre piĂšce au dossier
 

Toujours Drillon (le salaud
 je suis pourtant un de ses admirateurs les plus

fervents !) : 

— Rien ! dit-il. Rien ! (Comme il aurait dit « tout ! Â») â€“ Alexandre Vialatte, 

les

Fruits du Congo.  

« N.B. Logiquement, il aurait fallu un point aprĂšs les guillemets fermants ; ou

bien un deux-points aprùs “dit” et une majuscule à “tout”. Dans cette configu-
ration, la phrase n’est pas terminĂ©e, puisque le point d’exclamation appartient
Ă  â€œtout”, non Ă  la phrase principale. Cette logique a rarement cours, car elle a
contre elle certaine loi typographique : la querelle est loin d’ĂȘtre vidĂ©e. Â» 

(Fin de citation.)
Effectivement
 mais une autre chose est certaine : Vialatte savait ce qu’écrire

veut dire (ce qui n’est pas toujours le cas des « faiseurs de lois Â»).

Un point final Ă  chaque phrase ?

À Typographie, le 8 avril 1998.

J.-C. Siegrist :

Gardons Ă©galement Ă  l’esprit que, lors du processus de lec-

ture, tout ce qui est inhabituel (formes des lettres et doubles espaces, dans le
cas particulier) ralentit la lecture.

C’est pourquoi je ne suis pas persuadĂ© que l’on puisse qualifier de « fonc-

tionnelles Â» les solutions de Richaudeau


D’autant que pour lui la plupart de ces procĂ©dĂ©s visant Ă  marquer lour-

dement les débuts de phrase (double espace-mot, changement de graisse,
vignette, etc.) sont des pis-aller destinĂ©s Ă  nous faire patienter jusqu’au jour
bĂ©ni oĂč les crĂ©ateurs de caractĂšres auront enfin compris que l’ostentation 
est la nouvelle rĂšgle d’or et que les signes de ponctuation doivent ĂȘtre « plus
visibles, donc plus gros Â»â€Š

Ce qui revient Ă  dire que chaque signe de ponctuation marque toujours 

une articulation essentielle du texte
 Ce qui revient à dire que c’est une
conception inacceptable


224

PONCTUATION

background image

À Typographie, le 4 septembre 1998.

P. Jallon :

La derniĂšre mode consiste notamment Ă  mettre un point Ă  

toutes les « phrases Â». Y compris aux slogans-titres et autres textes de titraille.

Il y a des modes plus dĂ©testables
 Celle-ci est d’ailleurs assez « rĂ©tro Â»â€Š
Tout le monde trouve normal que certains titres (ou slogans) s’achĂšvent 

sur des ponctuations expressives ou « syntaxico-mĂ©lodiques Â» (points de
suspension, d’exclamation, d’interrogation), mais on rĂ©pugne Ă  employer le
point final
 Est-ce bien raisonnable ? Sans consĂ©quence ? Une au moins est
Ă©vidente : quand on ose l’employer dans un titre (ou un slogan) dĂ©pourvu de
ponctuation interne, le point final peut devenir Ă©trangement expressif.

P. Jallon :

Moi, je persiste à considérer que les titres et les slogans ne sont

pas, Ă  proprement parler, des phrases ; dans ce cas, pourquoi obĂ©iraient-ils Ă 
une logique grammaticale alors qu’ils ne sont pas censĂ©s s’y conformer ?

Les titres ou les slogans sont des phrases
 et souvent des phrases ver-

bales
 des phrases ayant une ponctuation interne ! Celle-ci se conforme Ă  
la « logique Â» que tu Ă©voques. Tout le monde est admis, sauf ce malheureux
point final ! Pour justifier cette coutume, on peut avancer des explications his-
toriques ou esthĂ©tiques
 mais pas un « statut Â» qui rendrait tous les titres
« agrammaticaux Â» par nature.

(Le dĂ©bat semble surtout porter sur les « titres de journaux Â» ou sur les 

slogans publicitaires, mais la question du point final dans les « titres Â» est 
beaucoup plus large et concerne tous les secteurs d’activitĂ©s oĂč l’on compose
des textes
 Il n’y a aucune raison pour qu’une « rĂšgle Â» ou une convention
unique soit appliquée partout et en toutes circonstances
)

À Typographie, le 1

er

décembre 1998.

Le temps va me manquer pour répondre à ceux qui exigent de la ponc-

tuation partout, mais j’y reviendrai
 En attendant, je leur propose un jeu...

1. Prenez une bible typographique
 disons le 

Lexique des rĂšgles typogra-

phiques en usage à l’Imprimerie nationale




2. Ouvrez le saint ouvrage Ă  n’importe quelle page.
3. Observez

4. Une fois remis de votre surprise, comptez dans tout l’ouvrage le nombre

d’occurrences oĂč sur ce point prĂ©cis l’on vous donne tort (et oĂč, par consĂ©-
quent, on n’est pas loin de me donner raison)


5. Si le nombre d’occurrences « fautives Â» ou maladroites (selon vos critĂšres)

est supĂ©rieur Ă  cent, j’accepterai volontiers de me faire payer un verre


6. Recevez mon amical salut.
[
] Tiens
 pour la peine, je propose un jeu encore plus malhonnĂȘte que

celui de l’

I.N


 (aprĂšs, faut que je bosse
). On oublie les formules farcies de

225

PONCTUATION

background image

signes étranges, on ne retient que des trucs simples, uniquement composés
de lettres


« J’aime beaucoup cette phrase pour Ă©ventails :

Je

puise l’air

dans

un

pays

ficti

f

gĂ©nĂ©ralement attribuĂ©e Ă  Claudel. Â»

Si tu me dis qu’il faut mettre une virgule aprĂšs le « f Â», je crois que nous

allons ĂȘtre brouillĂ©s pendant au moins deux jours


Quoi, qu’est-ce que tu dis ? Il suffit d’écrire autrement ? Oui

« J’aime beaucoup cette phrase pour Ă©ventails, gĂ©nĂ©ralement attribuĂ©e Ă 

Claudel :

Je

puise l’air

dans

un

pays

ficti

f

Qu’est-ce qu’on fait ? On met un point final aprĂšs le « f Â» ? C’est pas beaucoup

mieux
 En outre, il faudrait peut-ĂȘtre ajouter un guillemet fermant ?
 
Carrément hideux, un massacre pur et simple


À Typographie, le 18 mars 1999.

J. Fontaine :

Si ce sont les contre-exemples pathologiques qui servent 

d’arguments aux adversaires du mĂ©chant « surcodage Â», je peux jouer aussi Ă 
ce petit jeu


Jouez tant que vous voudrez, docteur
 mais il me semble que vous avez

mal lu les messages prĂ©cĂ©dents et que vous confondez deux choses bien 
diffĂ©rentes : le surcodage (en l’occurrence la surponctuation) de phrases 
« saines Â» et le bordel graphique engendrĂ© par des phrases « pathologiques Â».
Si ce genre d’amalgame vous sert d’argument, je ne suis pas sĂ»r de vouloir
jouer bien longtemps.

Pour ma part (je personnalise un chouĂŻa Ă  cause du surcodage, qui n’est 

certes pas mon bien mais que je dénonce fréquemment et avec plaisir), je
crois avoir Ă©crit que la profusion de signes de ponctuation est un « symptĂŽme Â»
inquiĂ©tant (sauf, Ă©videmment, s’il s’agit d’un jeu, d’une pratique maĂźtrisĂ©e). 

226

PONCTUATION

background image

S’imaginer que la ponctuation va rendre prĂ©sentables des phrases mal bĂąties
est une croyance qui relĂšve du charlatanisme. Une phrase « saine Â» peut ĂȘtre
surponctuĂ©e. Un bordel noir, non : s’il a reçu la ponctuation qu’il mĂ©rite, il
grouille nécessairement de signes.

J. Fontaine : 

(Ce n’est pas que je tienne moi-mĂȘme mordicus Ă  une 

ponctuation « logique Â», mais j’attends toujours d’ĂȘtre convaincu de ses incon-
vénients
)

Moi, je tiens Ă  une ponctuation logique
 Ce que je rĂ©cuse, c’est la 

nĂ©cessitĂ© (et mĂȘme l’existence autonome
) d’une « logique Â» graphique. Les
exemples « pathologiques Â» qui vous consternent rĂ©sultent de la stricte appli-
cation de cette « logique graphique Â». Le bon diagnostic ne consisterait-il pas Ă 
rĂ©server le qualificatif « pathologique Â» Ă  cette « logique graphique Â» artificiel-
lement isolĂ©e ? Puis Ă  se tourner vers la seule logique susceptible d’éliminer
l’éruption de tous ces vilains petits boutons de ponctuation : celle du discours ?
(Est-il besoin de préciser que cela ne signifie nullement que tout discours doit
ĂȘtre logique ?)

Cela n’éliminera pas les cas particuliers (qui n’ont pas commencĂ© hier Ă  

ĂȘtre irritants
). Mais qui croit encore que les conventions typographiques, la
ponctuation, la langue Ă©crite constituent un vaste systĂšme (ou un magasin
d’accessoires) oĂč il suffit de puiser nĂ©gligemment pour satisfaire sans peine
tous nos petits besoins, mĂȘme les plus rares, les plus inattendus ? Â« Avez-vous
lu 

Quo vadis ?

» Phrase simple, sans pathologie apparente. Un ou deux points

d’interrogation ?

Surcoder, c’est prendre le lecteur pour un con.

À Typographie, le 4 octobre 2000.

J. Tombeur : 

C’est pourtant une pratique Ă©mergente
 Pensons un peu Ă  la

ponctuation « Ă  la Rimbaud Â», virgule verte, point rouge, tirets en diĂšses et
bĂ©mols (variations de tons). C’est sans doute une rĂ©flexion digne du bĂȘtisier
de cette liste
 Est-ce si sĂ»r ?

Tu arrives trop tard dans un monde dĂ©jĂ  vieux

Malcolm de Chazal,

Sens plastique

, 1948 : Â« Virgules bleues ; points blancs ;

points d’exclamation jaunes ; tirets gris ; deux-points mauves
 Mauve : 
couleur qui ne commence ni ne finit ; barriĂšre Ă  claire-voie entre les teintes ;
nuance flottante par excellence ; bac des teintes. Â»

Points blancs
 Il est con, ce Malcolm
 Faut dire que des points noirs, 

ça fait crade.

∏

227

PONCTUATION

background image

Porte fi

MonumentVoie et espace public.

La porte des Lilas, la porte d’OrlĂ©ans, la porte Saint-Denis, la porte

Saint-Martin, la porte de Brandebourg.

Exceptions. — La Porte, la Sublime Porte, les Portes de Fer, les

Porte-Glaive.

Noms communs composés.

Si l’on oublie les facĂ©ties du Conseil supĂ©rieur de la langue française,

les choses sont simples : seule la porte-fenĂȘtre associe deux substantifs ;
c’est une porte en mĂȘme temps qu’une fenĂȘtre. C’est donc le seul mot
composĂ© dans lequel « porte Â» prend la marque du pluriel : des portes-
fenĂȘtres.

Invariables : un ou des porte-bonheur, un ou des porte-aĂ©ronefs,

porte-assiettes, porte-avions, porte-bagages, porte-billets, porte-bou-
teilles, porte-cartes.

=

Girodet 

1988

.

≠

Conseil sup. 

1990

Hanse 

1987

.

Pourcentage fi

AlliageFraction.

‱‱

EmployĂ© substantivement (par exemple dans la dĂ©signation d’un

emprunt par son taux d’intĂ©rĂȘt), un pourcentage simple peut s’écrire
en toutes lettres : le cinq pour cent a Ă©tĂ© souscrit en trois jours.

J’ai repris un peu de 

5

% et un bon paquet de 

8

,

25

%.

‱

/

‱‱ 

5

%, 

5

p.

100

.

5

‰, 

5

p.

1 000

.

PrĂ©fecture, prĂ©fet

La prĂ©fecture du Tarn, le prĂ©fet du Tarn. 
La préfecture de Police, le préfet de Police.

π

228

PORTE

PRÉFECTURE, PRÉFET

background image

Premier fi

Chi

∂

res romains.

Le Premier ministre, voir : MinistĂšre, ministre.
La PremiĂšre Guerre mondiale (la Grande Guerre, la guerre de 

1914

-

1918

), voir : Guerre.

‱‱‱

Ne pas confondre chi

∂

res arabes et romains, 

1er

(ou 1

er

) et I

er

,

article 

1er

et Napoléon I

er

.

Prénom fi

Abréviation.

Trait d’union. 

La tradition typographique, qui impose le trait d’union entre tous

les prénoms composés français ou francisés, engendre des ambigu

ĂŻ

tĂ©s :

il est déconseillé de la respecter.

≠

Frey 

1857

Impr. nat. 

1990

.

La virgule est Ă  proscrire.

Abréviation.

Il est possible de conserver les digrammes (deux lettres pour 

un seul son) ainsi que les consonnes qui suivent l’initiale ou le
digramme :

C. : Casimir, Catherine, etc.
Ch. : Chantal, Charles, etc.
Chr. : Christian, Christine, Christophe, etc.
Cl. : Claire, Claude, Clovis, etc.
Rappelons aux mĂ©crĂ©ants que Christ n’est pas le deuxiĂšme prĂ©nom

de JĂ©sus : J.-C. est la seule abrĂ©viation admise ; J.-Chr. abrĂšge Jean-
Christophe ou Jean-Chrétien


∂

229

PREMIER

PRÉNOM

background image

Préparation de copie

Romain : 

Italique :

Gras

:

Italique gras

:

Petites capitales : 

GRANDES CAPITALES : 

Le surlignage avec des marqueurs de couleur est une hérésie qui

tend hĂ©las Ă  s’étendre. Pour un avantage illusoire (repĂ©rage aisĂ©), ce
procédé engendre deux di

∑

cultĂ©s majeures :

— impossibilitĂ© de corriger proprement un changement erronĂ©

d’attribut ;

— impossibilitĂ© de photocopier, de faxer, de scanner proprement

un document ainsi surchargé.

Président fi

MinistĂšre, ministre.

« Le bureau du PrĂ©sident ne m’était pas ouvert

jour et nuit, mais il ne m’était pas fermĂ© quand je
frappais Ă  sa porte. Â»

RĂ©gis Debray, les Masques.

Le PrĂ©sident de la RĂ©publique : RĂ©gis Debray, Jules Romains, 

Marcel Proust ; le prĂ©sident de la RĂ©publique : Antoine Blondin,
Albert Cohen ; le prĂ©sident du Conseil : Jules Romains.

Produit fi

Saint.

Cet exemple n’est pas Ă  suivre : Â« J’y ai vu trĂŽner, au-dessus des 

portugaises qui n’en menaient pas large, les Marennes et les Belons. Â»
– Jules Romains,

Examen de conscience des Français.

∂

mot mot

mot 

mot mot

mot 

mot mot

mot 

mot mot

mot 

mot mot

mot 

mot mot

mot 

230

PRÉPARATION DE COPIE

PRODUIT

background image

Prote

« Naturellement un prote a fait du zĂšle et cru

devoir remettre au fĂ©minin “le couleur de rose” ;
que j’avais pourtant indiquĂ© Ă  deux reprises. Â»

AndrĂ© Gide, Journal.

¶ Chef d’une imprimerie ou d’un atelier de composition.
Le prote à manchettes n’e

∂

ectuait aucun travail manuel. Le prote

Ă  tablier dirigeait les typographes.

Proverbe fi

Citation.

« Un proverbe est plus qu’un clichĂ©, c’est un cli-

ché canonisé par une sorte de concile du populaire,
tandis que le clichĂ©, lui, n’est encore qu’une façon
de bienheureux Labre de la langue française. Â»

Lucien Rigaud, Dictionnaire des lieux communs.

‱‱‱

S’il sont considĂ©rĂ©s comme des citations, les proverbes, les 

adages et les dictons se composent entre guillemets.

Pour certains scripteurs, les guillemets sont un moyen facile, provi-

dentiel et mĂ©diocre de dĂ©nudation du clichĂ© : cher confrĂšre, permettez-
moi de vous faire observer que « les loups ne se mangent pas entre eux Â».

‱‱

La plupart des proverbes appartiennent Ă  tous et peuvent ĂȘtre

intĂ©grĂ©s sans prĂ©caution au discours de chacun : Ă§a, mon pote, comme
on fait son lit, on se couche.

≠

Impr. nat. 

1990

.

‱

/

‱‱

En revanche, beaucoup de « formules proverbiales Â» sont 

des citations qu’il est sĂ©ant de ne pas s’approprier subrepticement. Les
guillemets devraient ĂȘtre obligatoires
 

Exemples. — Miguel de CervantĂšs : « On n’a pas bĂąti Rome en un

jour Â» ; Louis-Ferdinand CĂ©line : « L’histoire ne repasse pas les plats. Â»

∫

231

PROTE

PROVERBE

background image
background image

Quasi

‱‱‱

Toujours un trait d’union devant un nom : une quasi-cĂ©citĂ©, 

la quasi-totalité, des quasi-contrats, des quasi-délits.

Jamais de trait d’union devant un adjectif ou un adverbe : quasi 

aveugle, quasi complĂšte, quasi complĂštement (Ă  Ă©viter
), des quatuors
quasi modaux, une mer quasi morte.

AcadĂ©mie 

1994

Girodet 

1988

Hanse 

1987

Larousse 

1999

Lexis 

1989

,

Robert

1993

Thomas 

1971

.

Quelque

Élision. Le e final ne s’élide jamais : « quelque autre Â», Ă  l’exception

de « quelqu’un, quelqu’une Â» (pluriel : « quelques-uns , quelques-unes Â»).

Girodet 

1988

Hanse 

1987

Thomas 

1971

.

∫

233

background image
background image

RĂ©forme

Marouzeau 

1941

:

« La langue Ă©voluant sans cesse et la graphie se

trouvant de plus en plus éloignée de la prononciation, donc présentant
de plus en plus une rĂ©alitĂ© indĂ©pendante, il est de plus en plus di

∑

cile

d’en envisager la rĂ©forme ; l’image 

graphique du mot est devenue aussi

rĂ©elle que l’image acoustique, si bien qu’il semble Ă  beaucoup qu’on
fasse violence Ă  la langue en 

prĂ©tendant rĂ©former la graphique, et que

le souci de l’orthographe est devenu Ă©lĂ©ment d’esthĂ©tique. Â»

C’est un linguiste qui Ă©crit cela (la mise en Ă©vidence de certains mots

par l’italique est de mon fait). Et il poursuit : « Sans doute, il n’y a en
tout ceci qu’illusion, e

∂

et de l’habitude et de l’association des idĂ©es,

mais en matiĂšre de langue l’illusion est rĂ©alitĂ©, puisque la signification
et la valeur de l’énoncĂ© ne sont en dĂ©finitive que ce qu’on les juge ĂȘtre. Â»

RĂ©gion fi 

DĂ©partementPays.

RĂ©gions françaises :

Alsace, Aquitaine, Auvergne, Basse-Normandie,

Bourgogne, Bretagne, Centre, Champagne â€“ Ardenne, Corse, Franche-
ComtĂ©, Haute-Normandie, Île-de-France, Languedoc â€“ Roussillon,
Limousin, Lorraine, Midi-PyrĂ©nĂ©es, Nord â€“ Pas-de-Calais, Pays-de-la-
Loire, Picardie, Poitou â€“ Charentes, Provence â€“ Alpes â€“ CĂŽte-d’Azur,
RhĂŽne â€“Alpes.

≠

Impr. nat. 

1990

{Pays de la Loire, Provence - Alpes - Cîte d’Azur}.

≠

Robert 

1993

{Provence-Alpes-Cîte d’Azur}.

RĂ©gions militaires :

chi

∂

res romains grandes capitales.

=

Impr. nat. 

1990

.

235

background image

RĂ©glure

Ligne de conduite destinĂ©e Ă  faciliter l’écriture.

Religion fi 

AdepteDoctrineÉgliseTitre religieux.

Le bouddhisme, le catholicisme, le christianisme, le juda

ĂŻ

sme, 

le luthéranisme.

=

Tassis 

1870

.

Le Christ, le dala

ĂŻ

-lama, le ProphĂšte (Mahomet). Un ange, les

anges. Le DĂ©mon, un dĂ©mon, les dĂ©mons. Le Diable, un diable, 
les diables, Satan, Lucifer.

Gouriou 

1990

suggĂšre que la majuscule est requise lorsque ces termes

« reprĂ©sentent la collectivitĂ© qui se trouve ainsi comme personnifiĂ©e,
notamment lorsqu’on oppose une collectivitĂ© Ă  une autre, ou Ă  
un peuple : la lutte des {ChrĂ©tiens} contre les {MahomĂ©tans}, les
{ChrĂ©tiens} se heurtĂšrent aux Turcs [
]. Â»

Si la distinction Ă©tait retenue sous cette forme, l’article dĂ©fini 

pluriel imposerait la majuscule initiale dans bien des cas de figure. Il
n’y a aucune di

∂

érence de sens entre les chrétiens et {les Chrétiens}

(ceux-ci ne personnifient pas la collectivité des premiers), mais consi-
dérable est la di

∂

Ă©rence entre la chrĂ©tientĂ© (ensemble des chrĂ©tiens) 

et la Chrétienté (ensemble des peuples, ou des terres, ou des pays
chrĂ©tiens), entre l’islam (religion) et l’Islam (ensemble des peuples, ou
des terres, ou des pays musulmans). Le respect de ces subtilités se
combine harmonieusement avec celui des valeurs républicaines et
la

ĂŻ

ques : chacun doit savoir ce qu’il entend signifier en mettant une

majuscule initiale Ă  certains mots.

Juifs . 
« File, on n’aime pas les juifs par ici ! Je filai, accompagnĂ© par 

notre vieille mĂšre Douleur, mĂšre auguste des juifs. Â» â€“ Albert Cohen,
Ô vous, frĂšres humains.

236

RÉGLURE

RELIGION

background image

« Washington aimait pas les juifs, mais Roosevelt lui il les aime bien,

il est leur homme cent pour cent, il a rien Ă  leur refuser. Â» â€“ Louis-Fer-
dinand CĂ©line,

les Beaux Draps.

RĂ©volution

« Avouons-le tout crĂ»ment : la rĂ©volution socialiste

se mĂ©fie de l’art rĂ©volutionnaire et, qui plus est, il
n’est pas Ă©vident qu’elle ait tort.

« En e

∂

et, du point de vue de la révolution, tout

doit concourir directement au but final : la libĂ©ra-
tion du prolĂ©tariat
 Â»

Alain Robbe-Grillet, Pour un nouveau roman.

‱‱

Une seule rĂ©volution a droit Ă  la majuscule initiale, la nĂŽtre : la

Révolution, la Révolution française (à condition de ne pas préciser la
date : la rĂ©volution de 

1789


).

La révolution chinoise, la Révolution française, la révolution de

Juillet, la rĂ©volution d’Octobre, la rĂ©volution russe, la rĂ©volution de

1789

, la rĂ©volution de 

1848

.

∫

237

RÉVOLUTION

background image
background image

Saint fi 

Bible.

« Ils sont trente-sept, lĂ -haut, qui font de l’eau.

Marche en tĂȘte, lance en main, saint MĂ©dard, grand
pissard. De l’autre part, ils ne sont que deux : saint
Raymond et saint Dié, qui dissipent les nuées. Mais
viennent en renfort saint Blaise chasse-vent, Chris-
tophe pare-grĂȘle, ValĂ©rien avale-orage, AurĂ©lien 
tranche-tonnerre, saint Clair fait le temps clair. Â»

Romain Rolland, Colas Breugnon.

‱‱‱

Humbles, les vrais saints ne demandent ni la majuscule Ă  leur

titre — qui est un nom commun — ni le trait d’union (sauf celui qui
figure Ă©ventuellement dans leur prĂ©nom ou dans leur nom) : saint
Jean, saint Jean Baptiste (saint Jean le Baptiste), saint Jean-Baptiste de
La Salle, saint Denis, saint Étienne, sainte CĂ©cile, sainte GeneviĂšve,
saint Simon (apĂŽtre) ; 

la Passion selon saint Matthieu ; il vaut mieux 

s’adresser à Dieu qu’à ses saints.

En revanche, les fĂȘtes, les lieux, les Ă©difices et les institutions 

placĂ©s sous leur invocation exigent le « S Â» majuscule — il s’agit 
de noms propres — et le trait d’union : la Saint-Nicolas, les feux de la
Saint-Jean, la fĂȘte de saint AndrĂ© se cĂ©lĂšbre le jour de la Saint-AndrĂ©,
la rĂ©publique de Saint-Marin, l’estuaire du Saint-Laurent, la banlieue
de Saint-Étienne, la cathĂ©drale Sainte-CĂ©cile, les Ă©glises de Sainte-
Mùre-Église et de Saintes-Maries-de-la-Mer, la rue Saint-Denis, la
bibliothĂšque Sainte-GeneviĂšve, les cellules de Sainte-PĂ©lagie, l’ordre
de Saint-Michel.

Les noms de famille et les pseudonymes obéissent évidemment à

cette rĂšgle : Camille Saint-Sa

Ă«

ns, Antoine de Saint-Exupéry, Saint-

John Perse (Alexis LĂ©ger, dit), Saint-Simon (comte, duc).

239

background image

Pluriel des adjectifs et des noms communs. 

Dans les adjectifs, les gentilĂ©s et les noms communs, « saint Â» ne

prend jamais la marque du pluriel : des socialistes saint-simoniens, des
Saint-A

∂

ricains, des saint-bernard.

Trait d’union dans les toponymes. 

La rĂšgle s’applique, en principe, Ă  toutes les dĂ©nominations fran-

çaises ou francisĂ©es qui incluent « Saint Â» : Saint-Marin (San Marino),
Saint-Jacques-de-Compostelle (Santiago de Compostela).

Les Â« Saints Â» germaniques (

Sankt) n’ont jamais de trait d’union :

Sankt P

ö

lten, Sankt Wedel, etc.

Les « Saints Â» italiens (

San), espagnols (San ou Santa) et portugais

(S

ĂŁ

ou Santo) n’ont jamais de trait d’union : San Severo ; San Diego,

San Francisco, Santa Ana ; S

ĂŁ

o Paulo, etc.

≈

La rĂšgle française s’applique aux « saints Â» corses : San-Martino-

di-Lota, Santa-Maria-SichĂ©, etc. Et au commissaire San-Antonio.

Restent les « Saints Â» anglo-saxons. La plupart ne sont pas francisĂ©s :

Saint Albans, Saint George ; beaucoup n’ont nul besoin de l’ĂȘtre :
Saint Paul, Saint Thomas ; pour quelques-uns, il est lĂ©gitime de se
demander s’ils ont jamais Ă©tĂ© anglicisĂ©s : Saint Louis. Aujourd’hui, le
malheureux qui s’aventure Ă  Ă©crire Saint-Louis (Missouri) passe pour
un ignare
 alors qu’il respecte une graphie sĂ©culaire. Autrefois, les
lexicographes français Ă©crivaient [San-Francisco, Sao-Paulo], c’était
simple mais peu subtil ; depuis quelques dĂ©cennies, ils n’osent mĂȘme
plus introduire un trait d’union entre Saint et Louis
 Je doute que
cela incite les francophones Ă  prononcer « louisse Â». Ce n’est qu’à la fin
des annĂ©es cinquante que le 

Petit Larousse a abandonnĂ© Saint-Louis.

Il est di

∑

cile, contre l’usage moderne, de prĂ©coniser le trait d’union

dans les dĂ©nominations « anglo-saxonnes d’origine française Â» ; on
devrait du moins le considérer comme non fautif.

≈

Voies publiques. La rĂšgle française s’applique dans tous les cas 

de figure ; le trait d’union s’impose mĂȘme au sein des noms propres
Ă©trangers qui en sont dĂ©pourvus. L’avenue qui porte le nom du 
gĂ©nĂ©ral San Martin s’écrit donc : avenue du GĂ©nĂ©ral-San-Martin.

240

SAINT

background image

Majuscule et minuscule des noms communs.

Les noms communs dérivés de noms propres ne prennent pas la

majuscule initiale, sauf s’il s’agit de gentilĂ©s (habitants) : un saint-
cyrien, des saint-cyriens (Ă©lĂšves ou anciens Ă©lĂšves de Saint-Cyr). Un
Saint-Cyrien, des Saint-Cyriens (habitants de Saint-Cyr-l’École).

Abréviations.

Noms communs : placĂ©s devant des noms propres, saint(s) et

sainte(s) ne s’abrĂšgent jamais. On ne tolĂ©rera les formes « St Jean Â» ou
« Ste Berthe Â» que dans les calendriers


=

Lefevre 

1883

.

Toponymes : lorsqu’ils entrent dans la composition d’un toponyme,

Saint, Sainte, Saints et Saintes ne s’abrùgent jamais.

=

Frey 

1857

Lefevre

1855

.

Écrire [St-Étienne, Stes-Maries-de-la-Mer] est une faute grave.

Exceptions admises : composition des noms de petites localitĂ©s sur les
cartes géographiques ou de rues minuscules sur les plans


Patronymes : ici, pas d’exception ! L’abrĂ©viation est proscrite dans

toutes les occurrences ! 

Exemples de graphies monstrueuses : [St-Simon, St-Sa

Ă«

ns].

Produits 

(vins, fromages, gñteaux
)

.

≈

Jamais de majuscule mais toujours un trait d’union.

±

La marque du pluriel divise les experts. Certains n’accordent

jamais :

Girodet 

1988

Impr. nat. 

1990

Larousse 

1992

Lexis 

1989

.

Certains accordent parfois : Robert 

1985

(selon des critĂšres histo-

riquement justifiĂ©s mais trĂšs Ă©tranges : 

des saint-germaindes saint-

nectaires). D’autres enregistrent que l’usage est indĂ©cis : Grevisse 

1986

,

Hanse 

1987

(qui encourage l’accord du second Ă©lĂ©ment), Robert

1993

,

Thomas 

1971

(qui note une tendance Ă  l’invariabilitĂ©).

Si vous n’accordez jamais, vous ne commettrez aucune faute

impardonnable mais vous aboutirez à des incohérences ou, pour cer-
tains lecteurs, Ă  des finesses (« Il a englouti trois camemberts et quinze
saint-nectaire Â»â€Š) ; si vous accordez systĂ©matiquement, vous ne serez

241

SAINT

background image

pas davantage Ă  l’abri des bizarreries (les saint-Ă©milions n’ont rien Ă 
voir avec les vins de Saint-EstĂšphe) et vous commettrez des fautes
condamnĂ©es par 

Robert 

1985

avec les saint-pierre[s], les saint-michel[s],

les saint-germain[s]


L’AcadĂ©mie travaille Ă  un dictionnaire mais le « S Â» est encore

loin
 Jusqu’à nouvel ordre, j’ai un faible pour l’invariabilitĂ©.

GĂąteaux : saint-honorĂ©, saint-michel.
Fromages : saint-benoĂźt, saint-florentin, saint-marcellin, saint-

nectaire, saint-paulin, sainte-maure.

Vins : saint-amour, saint-Ă©milion, saint-estĂšphe, saint-jeannet,

saint-péray.

Fruit : saint-germain.
Attention aux majuscules et Ă  l’eau de Saint-Yorre, Ă  la bouteille de

Saint-Galmier ; constructions comparables : vin de Saint-Émilion,
bouteille 

de Saint-EstĂšphe.

Animaux.

Pluriel : des saint-bernard, des saint-germain (mais un braque

Saint-Germain), des saint-pierre. Attention aux majuscules des
coquilles Saint-Jacques


=

Robert 

1985

,

1993

; voir ci-dessus « Produits Â».

Saints et saintes divers


Un saint-frusquin, des saint-frusquin ; les saints de glace.

=

Lexis 

1989

Robert

1985

,

1993

.

Une sainte-barbe, des saintes-barbes (magasin Ă  poudre). 

=

Larousse 

1885

,

1992

,

≠

inv. Larousse 

1970

Lexis 

1989

.

À la saint-glinglin, 

=

Robert 

1985

,

1993

.

Une sainte nitouche, des saintes nitouches.

=

Larousse 

1933

Lexis 

1989

Impr. nat. 

1990

Robert 

1985

,

1993

.

≠

Larousse 

1999

{sainte-nitouche}.

Attention à Saint frÚres, entreprise des frÚres Pierre, François et

Aimable Saint


242

SAINT

background image

Typographie au plomb.

La Sainte-Touche est le jour de la paie ; la saint-jean, l’ensemble des

petits outils nécessaires au compositeur (composteur, pinces, pointe,
typomĂštre) ; Saint-Jean-Porte-Latine, la fĂȘte des typographes.

Religion.

‱‱‱

Eucharistie, jours et objets saints. Pas de trait d’union, minuscules :

la sainte ampoule, le saint chrĂȘme, le saint ciboire, les saintes espĂšces, les
saintes huiles. 

La sainte messe, le saint sacrement, la sainte table, les saintes reliques. 
La semaine sainte, le jeudi saint, le vendredi saint.

=

Doppagne 

1991

Girodet 

1988

.

≠

AcadĂ©mie 

1994

Gouriou 

1990

{Semaine sainte, Vendredi saint},

Impr. nat. 

1990

.

‱‱‱

Institutions.

Trait d’union et majuscules : le Saint-O

∑

ce, le Saint-SiĂšge, la

congrégation du Saint-Sacrement.

‱‱‱

Lieux (géographiques).

Pas de trait d’union, minuscule : un lieu saint, un saint lieu, une

terre sainte.

‱‱ Â±

Lieux oĂč le Christ a vĂ©cu, c’est-Ă -dire la Palestine.

Majuscule au substantif : les Lieux saints, la Terre sainte.

=

Girodet 

1988

Gouriou 

1990

Impr. nat. 

1990

Lexis 

1989.

≠

Tassis 

1870

{la terre sainte}.

Un saint-sĂ©pulcre, le Saint-SĂ©pulcre (JĂ©rusalem). 
Le Saint, le Saint des Saints (Temple de JĂ©rusalem).

=

Lexis 

1989

.

≠

Larousse 

1992 

{

saint des saints}.

La Sainte-Chapelle, les saints apĂŽtres, les saints Innocents.
La sainte Église, la Sainte-TrinitĂ©, la Sainte Vierge.
La sainte Bible, l’Écriture sainte.
Le Saint-Esprit, l’Esprit saint. 

243

SAINT

background image

Le Saint-PĂšre, 

=

Robert 

1985

,

1993

,

≠

Impr. nat. 

1990

Larousse 

1992 

{

saint-pĂšre}.

La Sainte Face, la sainte Famille, 

=

Girodet 

1988

Robert 

1993

Impr.

nat. 

1990

{Sainte Famille}.

Histoire.

Le Saint-Empire, 

=

Impr. nat. 

1990

.

Le Saint-Empire romain germanique, 

=

Robert 

1985

,

1993

,

≠

Larousse 

1970

.

La sainte Russie, 

=

Robert 

1985

,

1993

.

Un saint-simonien, des saint-simoniens, une saint-simonienne,

des saint-simoniennes, le saint-simonisme.

=

Gouriou 

1990

Larousse 

1992

Lexis 

1989

Robert 

1985

,

1993

.

≠

Hanse 

1987

{Saint-Simoniens}.

La Sainte-Alliance, 

=

Impr. nat. 

1990

Robert 

1985

,

1993

.

Satellite fi Astre

ScĂšne fi Acte d’une piĂšce de thĂ©Ăątre

Second

La distinction entre second (il n’y a pas, ou plus, ou pas encore de

troisiĂšme) et deuxiĂšme (il y a nĂ©cessairement un troisiĂšme et Ă©ven-
tuellement des suivants jusqu’à l’infini) est certes arbitraire, certes
récente, certes peu respectée, elle est belle, émouvante, utile, et mérite
donc d’ĂȘtre prĂ©servĂ©e. Les exceptions et les aberrations fournies Ă  la
pelle par les armées, les administrations ou les compagnies de
transport, les dynasties de tout poil n’y changent rien : la seule vertu
de la Seconde Guerre mondiale est prĂ©cisĂ©ment qu’elle n’est pas

244

SAINT

SECOND

background image

encore la deuxiĂšme, le seul dĂ©faut de ma seconde fille est qu’elle ne
sera jamais la deuxiĂšme.

=

Girodet 

1988

Impr. nat. 

1990

Robert 

1985

,

1993

Thomas 

1971

.

≠

AcadĂ©mie 

1994

, bien sĂ»r, Grevisse 

1986

Hanse 

1987

(dont les

dĂ©monstrations sont d’admirables exemples de purisme*).

Sic fi 

CrochetLatinParenthĂšse.

(Sic) de l’auteur dans son propre texte.
[Sic] du commentateur, de l’éditeur, ou de l’auteur dans le texte

d’un tiers.

Exemple. — Â« Les ragoĂ»ts, notamment l’irish tsew [sic], pourraient

se classer aprĂšs les meilleurs ragoĂ»ts d’Europe, qui sont les ragoĂ»ts
grecs [
]. Â» â€“ Paul Morand, Londres.

SiĂšcle fi 

Date.

« On ne peut guĂšre loger Ă  plus de vingt dans un

siĂšcle. De lĂ  les grandes disputes pour la cĂ©lĂ©britĂ©. Â»

Henri Michaux, Â« IdĂ©es de traverse Â», Passages.

‱‱‱

L’adjectif ordinal des siĂšcles s’écrit en toutes lettres ou en

chi

∂

res romains (composition en chi

∂

res romains petites capitales) :

le deuxiĂšme siĂšcle avant JĂ©sus-Christ, le vingtiĂšme siĂšcle, le ix

e

siĂšcle

av. J.-C., le xix

e

siĂšcle.

=

Code typ. 

1993

Gre

∑

er 

1898

.

±

Gouriou 

1990

Impr. nat. 

1990

Leforestier 

1890

(uniquement en

chi

∂

res romains petites capitales).

≠

AbrĂ©gĂ© typ. 

1993

GuĂ©ry 

1990

(chi

∂

res romains grandes capitales).

245

SECOND

SIÈCLE

* L’exemple du couple « second-deuxiĂšme Â» illustre la faiblesse de la traditionnelle

opposition « purisme-laxisme Â». DĂšs que l’usage introduit une subtilitĂ©, de prĂ©tendus
laxistes ont recours Ă  une argumentation « puriste Â» pour la repousser avec mĂ©pris
(« C’est rĂ©cent
 Â»), sans la moindre citation d’auteur « respectable Â» qui viendrait
gĂȘner l’opĂ©ration. DĂšs lors qu’il s’agit d’entĂ©riner un abandon supposĂ©, les citations de
maĂźtres « rĂ©cents Â» a

∏

uent.

background image

Les chi

∂

res arabes [

12e

siĂšcle] et les grandes capitales* [XVIII

e

siĂšcle]

sont Ă  proscrire, quelle que soit la nature du texte.

≈

Exception. — Dans un titre en vedette ou un fragment de texte

composĂ© en grandes capitales, les siĂšcles suivent le mouvement :
ROME AU XIX

e

SIÈCLE.

Attention Ă  la graphie des ordinaux romains : i

er

, ii

e

, iii

e

siĂšcles.

Formes fautives, hĂ©las trĂšs frĂ©quentes : [i

e

, ii

eme

, iii

`

eme

, iv

Âș

siĂšcles],

voir : 

Chi

∂

res romains.

≈

Les adjectifs cardinaux exprimant un « nombre de siĂšcles Â» ne

s’écrivent jamais en chi

∂

res romains : cette plaisanterie a durĂ© deux

siĂšcles aprĂšs la naissance du Christ.

‱‱

L’abrĂ©viation de « siĂšcle Â» en s. n’est admissible que dans les notes

et les références.

‱‱‱

Nombre.

Singulier : le huitiĂšme et le neuviĂšme siĂšcle, le xix

e

et le xx

e

siĂšcle,

du xiii

e

au xv

e

siĂšcle.

Pluriel : les huitiĂšme et neuviĂšme siĂšcles, les xix

e

et xx

e

siĂšcles.

(Songer aux chevaux : le huitiĂšme et le neuviĂšme cheval, les hui-

tiĂšme et neuviĂšme chevaux.)

‱

Sans article.

Singulier quand les siÚcles ne sont pas immédiatement successifs.

xv

e

-xvii

e

siĂšcle signifie « du xv

e

au xvii

e

siĂšcle Â».

Pluriel quand les siĂšcles sont immĂ©diatement successifs. xv

e

-xvi

e

siĂšcles : « des xv

e

et xvi

e

siĂšcles Â». Exceptions : datations incertaines.

Singulier dans les datations incertaines. xv

e

-xvi

e

siĂšcle : « du xv

e

ou

du xvi

e

siĂšcle Â». v

e

ou xvi

e

siĂšcle : « du v

e

ou du xvi

e

siĂšcle Â».

=

Impr. nat. 

1990

.

≠

Girodet 

1988

Hanse 

1987

Thomas 

1971

.

246

SIÈCLE

* Les codes (Code typ. 

1993

Gouriou 

1990

Impr. nat. 

1990

) s’accordent sur ce point ;

or les meilleurs dictionnaires des di

∑

cultĂ©s de la langue semblent ignorer cette rĂšgle :

Girodet 

1988

Hanse 

1987

Thomas 

1971

.

background image

‱‱‱

De siĂšcle en siĂšcle.

Dans la plupart des cas, la minuscule initiale s’impose : le siĂšcle 

de PĂ©riclĂšs, le siĂšcle de Louis XIV, le siĂšcle des philosophes, le siĂšcle
de l’atome.

=

Hanse 

1987

Larousse 

1933

,

1970

,

1992

Lexis 

1989

LittrĂ© 

1872

.

≠

Impr. nat. 

1990

{SiĂšcle des philosophes}. Gouriou 

1990

Robert

1985

{SiĂšcle de PĂ©riclĂšs}.

±

Le siĂšcle des lumiĂšres (xviii

e

siĂšcle), ou le siĂšcle des LumiĂšres

pour ceux qui prĂ©fĂšrent « les LumiĂšres Â».

=

Hanse 

1987

(siĂšcle des lumiĂšres).

≠

Girodet 

1988

Impr. nat. 

1990

Larousse

1985

Robert 

1985

,

1993

{SiĂšcle des lumiĂšres}.

Exception.

—

Le Grand SiĂšcle (France, xvii

e

siĂšcle : le siĂšcle de

Louis XIV), 

≈

le SiĂšcle de Louis XIV (Voltaire).

=

Girodet 

1988

Gouriou 

1990

Impr. nat. 

1990

Larousse 

1992

Robert

1985

,

1993

.

≠

Hanse 

1987

Larousse 

1933

Lexis 

1989 

{grand siĂšcle}.

≠

[Grand siĂšcle].

Exception.

—

Le SiĂšcle d’or (Espagne, xvi

e

siùcle), siùcle d’or (pour

toutes les autres attributions).

=

Girodet 

1988

Gouriou 

1990

.

≠

Hanse 

1987

Larousse

1985

Robert

1993

.

∞

Attention
 L’annĂ©e 

1900

appartient au xix

e

siĂšcle et l’an 

2000

au xx

e

siĂšcle.

Le xxi

e

siĂšcle et le III

e

millĂ©naire commencent le 

1er

janvier 

2001

.

SiĂšge fi Guerre

∑

247

SIÈCLE

SIÈGE

background image

Sigle fi 

AbréviationAcronyme.

« Elle tourne le bouton de la T.S.F. et la voix

d’AndrĂ© Claveau me parvient, lointaine, brouillĂ©e
par des grĂ©sillements. Â»

Patrick Modiano, les Boulevards de ceinture.

1

. Vocabulaire.

Jadis, un sigle Ă©tait une lettre initiale employĂ©e comme signe 

abréviatif. Cette acception est archa

ĂŻ

que (sauf pour les paléographes).

Puis on a distinguĂ© les sigles simples (une lettre) et les sigles composĂ©s
(plusieurs initiales). Aujourd’hui, alors que la siglaison est en pleine
expansion, aucune dĂ©finition prĂ©cise n’est unanimement retenue.

Robert 

1985

: Â« Initiale ou suite d’initiales servant d’abrĂ©viation Â» et

Larousse 

1997

: Â« Lettre initiale ou groupe de lettres initiales constituant

l’abrĂ©viation de mots frĂ©quemment employĂ©s. Â» Donc, p. (« page Â») et
N. D. É. (« Note de l’éditeur Â») seraient des sigles.

Impr. nat. 

1990

: Â« Les sigles sont des groupes de lettres dĂ©signant 

certains organismes dont le nom comporte plusieurs mots. Ils sont 
formés de la premiÚre ou des premiÚres lettres ou encore de la premiÚre
syllabe de chacun des constituants ou des plus importants. Â» I.V.G.
(interruption volontaire de grossesse) et T.G.V. (train Ă  grande vitesse)
ne seraient donc pas des sigles.

Gouriou 

1990

: Â« On donne aujourd’hui le nom de sigles Ă  des 

groupes de lettres couramment employés pour remplacer la désigna-
tion trop longue de certains organismes. Â» MĂȘme observation : T.V.A.
(taxe sur la valeur ajoutĂ©e) et B.C.B.G. (bon chic, bon genre) ne
seraient donc pas des sigles.

Robert 

1993

: Â« Suite des initiales de plusieurs mots qui forment un

mot unique prononcĂ© avec les noms des lettres. Â» Les acronymes
(OTAN, Benelux) ne seraient donc pas des sigles. O.R.L. (« sigle d’un
seul mot Â» : oto-rhino-laryngologie) pas davantage.

Cherchons dans les grammaires. 
Grevisse 

1986

: Â« Les sigles sont des abrĂ©viations qui sont constituĂ©es

d’initiales, mais qui sont traitĂ©es comme des mots, soit qu’on donne
aux lettres leur nom : une H. L. M. [’a

t

_

l

_

m], — soit qu’on leur

248

SIGLE

background image

donne leur valeur habituelle : L’OTAN [

\

t

ĂŁ

]. Â» Cette dĂ©finition a 

deux mĂ©rites : elle distingue les sigles « Ă©pelĂ©s Â» des acronymes et elle
Ă©limine les « vraies Â» abrĂ©viations (rĂ©duction uniquement graphique).
En revanche, elle n’élimine pas tous les symboles et exclut les sigles
« mixtes Â» (T.F. 1) et beaucoup d’acronymes (Benelux).

Dans les lignes qui suivent, sigle est employĂ© dans un sens prĂ©cis :

rĂ©duction graphique puis orale d’un mot ou d’une suite de mots.

(Certaines exclusions sont arbitraires mais inĂ©vitables : obĂ©issant Ă 

des rÚgles qui leur sont propres, les symboles et les codes concoctés par
les « normalisateurs Â» sont traitĂ©s dans des articles distincts : 

Chimie,

FrancPaysUnitĂ© de mesure, etc.)

Rappel :
Troncation : rĂ©duction orale 

>

rĂ©duction graphique 

(vĂ©locipĂšde 

>

vélo)

AbrĂ©viation : rĂ©duction graphique, pas de rĂ©duction orale

(Madame 

>

M

me

)

Siglaison : rĂ©duction graphique 

>

rĂ©duction orale 

(SociĂ©tĂ© protectrice des animaux 

>

S.P.A.)

Logotypes et sigles.

Û > 

É.D.F. — 

Ú > 

N.R.F.

2

. Formation et emploi.

Avant d’énoncer quelques conseils, rĂ©sumons la situation :
— Code typ. 

1993

Larousse

1985

et 

1992

: E. D. F., O. T. A. N.,

Unesco ;

—

Grevisse 

1986

: E. D. F., OTAN, UNESCO (Grevisse 

1975

:

O. T. A. N.) ;

—

Hanse 

1987

: E. D. F., Otan, Unesco ;

—

Impr. nat. 

1990

Larousse 

1999

et le Monde : EDF, OTAN,

Unesco ;

— Perrousseaux 

1995

: EDF, Otan, Unesco ;

— Robert 

1991

: O. T. A. N., Unesco et U. N. E. S. C. O. ;

— Universalis 

1990

: O. T. A. N., U. N. E. S. C. O.

249

SIGLE

background image

Peut-on sĂ©rieusement parler ici d’usage, voire d’usages ? Dans la

mĂȘlĂ©e, deux Ă©coles s’a

∂

rontent. Jadis, le point abrĂ©viatif s’imposait

dans tous les sigles, mĂȘme dans les acronymes. Cet usage est encore
respectĂ© par certains ; il n’est pas fautif ; il n’est pas subtil. Aujourd’hui,
la mode est Ă  l’élimination systĂ©matique des points, mĂȘme si le sigle
n’est pas un acronyme. Cette manie est absurde et inĂ©lĂ©gante.

Que faire ? 

‱‱

Se souvenir de deux grands principes (§ 

2.1

et 

2.2

) qui peuvent

nous prĂ©server de l’incohĂ©rence et de la confusion ambiantes.

2.1

.

Si chacune des lettres qui le composent est une initiale et si le

sigle 

n’est pas un acronyme, c’est simple. Toutes les lettres sont des

majuscules et doivent ĂȘtre suivies d’un point abrĂ©viatif : R.A.T.P.,
S.N.C.F.

2.2

.

Si chacune des lettres qui le composent est une initiale et si le

sigle 

est un acronyme, c’est simple.Toutes les lettres sont des majus-

cules et doivent ĂȘtre jointes, sans point abrĂ©viatif : OTAN, OTASE.

=

Grevisse 

1986

.

Rappel. — Les sigles pouvant mais ne devant pas se lire comme des

mots « ordinaires Â» ne sont pas des acronymes : O.L.P. (Organisation
de libération de la Palestine), R.A.F. (Royal Air Force), R.A.U. (Répu-
blique arabe unie). 

L’A.N.P.E. illustre l’un des inconvĂ©nients de la suppression aveugle

des points abrĂ©viatifs : le 

np d’[ANPE] ou d’[Anpe] est choquant. 

Ici, l’homophonie nous sauve : l’A.N.P.E. aura du mal Ă  devenir un
acronyme (l

ampe).

Exemples. — M.P.L.A. (Mouvement populaire de libĂ©ration de 

l’Angola) n’est pas un acronyme. O.U.A. (le sigle de l’Organisation 
de l’unitĂ© africaine n’est pas un acronyme, bien qu’il soit « possible Â»
de lire 

oua aussi aisĂ©ment que oui). UNITA (Union nationale pour

l’indĂ©pendance totale de l’Angola) est un acronyme.

Cette distinction, prĂŽnĂ©e par des grammairiens respectables, 

n’est pas reçue par d’éminents lexicographes ; elle est, par ailleurs,

250

SIGLE

background image

trÚs durement critiquée par des typographes et des journalistes. Elle
ne rĂšgle certes pas l’ensemble de la question mais elle a deux qualitĂ©s
inestimables : elle fait co

ĂŻ

ncider la graphie et la prononciation, 

ce qui, en français, n’est pas si frĂ©quent ; elle dĂ©blaye largement le
terrain. Demeurent en e

∂

et quelques cas di

∑

ciles mais par bonheur

marginaux.

2.3

.

Certains acronymes retiennent plusieurs lettres (ou la syllabe,

voire plusieurs syllabes) initiales de certains (ou de tous les) mots
qu’ils abrĂšgent
 Le Benelux est ici l’exemple classique : Belgique,
Nederland, Luxembourg. On n’a jamais Ă©crit le {BeNeLux] ni le
[B.E.N.E.L.U.X.]


Afnor (Code typ. 

1993

), ou {AFNOR} (Impr. nat. 

1990

? Flottement

incomprĂ©hensible puisqu’il s’agit de l’Association française de nor-
malisation. ConsidĂ©rant que le point abrĂ©viatif n’est pas lĂ  pour 
marquer l’abrĂ©viation, certains n’hĂ©sitent pas Ă  Ă©crire [A.F.N.O.R.].
Diable ! Qu’abrĂšgent donc les points placĂ©s aprĂšs N et O ? AidĂ© par le
Conseil supĂ©rieur de la langue française, un ministre de l’Éducation
nationale, aprÚs avis favorable de la Délégation générale à la langue
française et du Conseil international de la langue française, a signé un
arrĂȘtĂ© oĂč figure cette phrase : « Des variantes sont mentionnĂ©es dans
les principaux cas de divergences avec les formes recommandées par
d’autres institutions publiant des listes analogues (particuliùrement
O.N.U., A.F.N.O.R., I.N.S.E.E., I.G.N.). Â» S’agit-il de listes publiĂ©es
par l’ONU, l’Afnor, l’INSEE, l’I.G.N. ? Compte tenu des parrainages
Ă©voquĂ©s, traduisons A.F.N.O.R. par « Association française pour la
nouvelle orthographe rectifiĂ©e Â».

2.4

.

Pour certains, aprĂšs la majuscule initiale, les minuscules seraient

admissibles dans les acronymes longs, faciles Ă  prononcer, non Ă©qui-
voques, trĂšs connus. L’exemple classique, citĂ© par tous les ouvrages de
rĂ©fĂ©rence sous des formes diverses, est l’{Unesco}. Mais oĂč commencent
la longueur et la renommĂ©e ? Trois lettres semblent su

∑

santes Ă  

certains : on a dĂ©jĂ  vu l’{Onu}. Pour d’autres, l’URSSAF (six lettres)

251

SIGLE

background image

semble en revanche trop courte ou insu

∑

samment connue. Les parti-

sans de la simplification par la suppression du point abréviatif semblent
s’accommoder de l’Unicef et de l’UNITA. Cette distinction n’est 
pas seulement fautive, elle est ridicule, inapplicable et gĂ©nĂ©ratrice 
d’exceptions arbitraires. Le passage de l’{U.N.E.S.C.O.} à l’UNESCO
est Ă  la fois comprĂ©hensible (l’acronyme reste un sigle) et « utile Â» 
(co

ĂŻ

ncidence de la graphie et de la prononciation) ; celui qui mĂšne 

Ă  l’{Unesco} est nuisible : il introduit une sĂ©grĂ©gation injustifiable dans
un domaine qui est dĂ©jĂ  remarquablement bien pourvu en facĂ©ties 
arbitraires.

2.5

.

Certains acronymes (laser, ovni, radar
) sont devenus de 

véritables noms communs.

2.6. 

Mixité.

Il arrive qu’un sigle soit composĂ© d’un sigle ordinaire et d’un acro-

nyme : T.F. 1.

2.7. 

Fin de phrase, ponctuation.

Le dernier point abréviatif est absorbé par le point final et par les

points de suspension : il a adhĂ©rĂ© au R.P.R
 et son frĂšre au C.D.S.

Il rĂ©siste Ă  tous les autres signes de ponctuation : il a adhĂ©rĂ© au

R.P.R. ; son frĂšre au C.D.S. !

Attention aux appels de note : il a adhĂ©rĂ© au R.P.R.

Å

. Son frĂšre au

C.D.S.

Ç

. L’e

∂

et de cet appel coincĂ© entre deux points est dĂ©plorable,

quelle que soit sa forme : R.P.R.**. C.D.S.

(a)

. Si la phrase n’est pas

modifiable (citation), il n’existe pas d’autre solution que de se rĂ©signer
(voir : 

Appel de note).

2.8. 

Genre.

En principe, le genre du sigle est dĂ©terminĂ© par ce qu’il dĂ©signe :

une C.R.S. (Compagnie républicaine de sécurité), un C.R.S. (membre
d’une Compagnie rĂ©publicaine de sĂ©curitĂ©) ; le C.R.S. Dupneu appar-
tient Ă  la 

2e

C.R.S ; une H.L.M. (Habitation Ă  loyer modĂ©rĂ©).

252

SIGLE

background image

2.9. 

Points abrĂ©viatifs.

∞

Il est Ă©vident que les points ne sont pas indispensables pour

comprendre que C.G.T. ou C.N.P.F. sont des sigles ; que leur prĂ©sence
n’est pas requise pour voir dans UNESCO un sigle et un acronyme :
personne ne prononce « snepf Â» ou « seine-pfeu Â», personne n’épelle
« u, n, e, s, c, o Â». Les chasseurs de points en tirent argument pour
justifier l’uniformisation par le carnage. Il y a lĂ  une lĂ©gĂšre super-
cherie. Ils feignent d’ignorer les centaines de sigles — et les milliers 
Ă  venir
 — qui, tout en Ă©tant lisibles au long, ne sont pas destinĂ©s Ă 
devenir des acronymes. Lire, c’est entendre. Exemples : C.E., [CE] ;
F.O., [FO] ; H.E.C., [HEC] ; O.I.T. [OIT] ; O.M.S., [OMS]. Le jour
oĂč la majoritĂ© des francophones prononcera « oua, fo, hĂšque, ouate,
omsse Â», la question pourra ĂȘtre rĂ©examinĂ©e. Rien n’est dĂ©finitivement
acquis ; les points n’ont pas empĂȘchĂ© l’U.R.S.S. de devenir l’« ursse Â»
ni de s’e

∂

ondrer.

Les majuscules ne doivent pas faire oublier les capitales. Imaginons

le titre d’un article dans lequel un syndicat donnerait son point de 
vue sur la construction de l’Europe : « F.O. et la C.E. Â» Selon les adver-
saires du point, nous aurions : en bas de casse [FO et la CE], peu clair
mais compréhensible car les deux sigles sont familiers, et en grandes
capitales [FO ET LA CE], beaucoup plus di

∑

cile Ă  saisir.

L’Imprimerie nationale cautionne — pis, recommande — cette

pratique. CohĂ©rente, elle s’a

∂

uble d’un sigle Ă©vocateur : IN. Et le 

Journal o

∑

ciel se fait appeler JO.

L’argument esthĂ©tique — « Ces points sont laids
, typographi-

quement parlant, RATP a meilleure allure que R.A.T.P. Â» â€” est irre-
cevable. Pourquoi se limiter ainsi aux sigles ? Puisque ces points sont
si vilains, pourquoi les conserver dans les abrĂ©viations (T. S. V. P.,
[TSVP]), pourquoi ne pas faire profiter J.-C. des bienfaits de la cure ?
I

≀

JC
 Redoutons que vienne le jour oĂč les nĂ©otypographes et les

adeptes de la [PAO] (prononcer « P.A.O. Â») trouveront les accents
inesthétiques sur les bas de casse.

Les points n’ont jamais empĂȘchĂ© les dĂ©rivations : la C.G.T., qui

n’est mĂȘme pas un acronyme, fournit des cĂ©gĂ©tistes rĂ©solus avec une

253

SIGLE

background image

aisance comparable Ă  celle de l’ONU fourbissant des rĂ©solutions onu-
siennes. Quant à l’UNESCO


2.10. 

Accents.

Rares sont ceux qui accentuent les majuscules. Les sigles n’échappent

pas au dĂ©sastre. Larousse 

1997

recommande (avec raison) A.-É.F. pour

Afrique-Équatoriale française et prĂ©conise {E.D.F.} pour ÉlectricitĂ© de
France
 c’est-Ă -dire « eu-dĂ©-e

∂ Â»

. Que notre pourvoyeur national 

d’électrons se soucie peu de la langue, on l’admet volontiers ; que nos
dictionnaires le suivent, on le comprend moins. Car {E.D.F.} — ou
{EDF} — amĂšne bien des Ă©coliers Ă  Ă©crire [electricitĂ©]. Si nos factures
Ă©taient envoyĂ©es par É.D.F., elles auraient au moins un mĂ©rite.

2.11. 

Espaces.

¶ Dans un sigle, pas d’espace aprĂšs les points abrĂ©viatifs (voir :

Abréviation).

2.12. 

Sigles Ă©trangers.

On rencontre parfois certains sigles « Ă©trangers Â» composĂ©s en ita-

lique. Cette mise en forme est à proscrire si le sigle est une dénomi-
nation propre (C.B.S.) ou si l’acronyme est devenu un nom commun
« français d’adoption Â» (laser).

Exemples. â€” S.P.Q.R., GATT (General Agreement on Tari

∂

s and

Trade).

Seuls les acronymes non adoptés et les abréviations étrangÚres

admises* (voir : AbrĂ©viation) doivent ĂȘtre composĂ©s en italique : op. cit.

≠

Larousse 

1997

: point abrĂ©viatif pour tous les sigles français, y

compris les acronymes (O. T. A. N.), Ă  l’exception de quelques acro-
nymes syllabiques (AFNOR) ; pas de point abrĂ©viatif pour les sigles
Ă©trangers, mĂȘme s’il ne s’agit pas d’acronymes (AEG, AFL-CIO).

254

SIGLE

* Ă€ l’exception  des unitĂ©s, des abrĂ©viations des titres de civilitĂ©, des Ă©lĂ©ments de

dénomination propre.

background image

Larousse 

1999

fait dans la rusticité et croit supprimer tous les points

(mais il en reste
).

UNESCO.
Robert 

1991

: entrĂ©e U. N. E. S. C. Oet « Unesco Â» dans la dĂ©fi-

nition. Pour les extrĂ©mistes : cet {Unesco} est le sigle de United
Nations Educational Scientific and Cultural Organization
. Les Anglo-
Saxons mettent des majuscules oĂč ils l’entendent et abrĂšgent les mots
comme ils l’entendent, en l’occurrence UNESCO, cela importe 
peu, les majuscules des sigles représentent indi

∂

Ă©remment des initia-

les majuscules ou minuscules (OTAN, Organisation du traitĂ© de 
l’Atlantique Nord) ; il est toutefois curieux de constater que l’un des
rares sigles à bénéficier quasi o

∑

ciellement de minuscules est en

mĂȘme temps l’un des rares Ă  abrĂ©ger une succession de mots qui ont
tous des majuscules initiales.

3. 

‱‱

Apposition.

3.1. 

L’apposition est une construction directe, trĂšs ancienne, que 

le français moderne admet toujours, sous certaines conditions *. Le
sigle en apposition a une valeur de qualificatif : lĂ©gitimes sont les
limousines B.M.W. et les francs C.F.A. « L’État R.P.R. Â» est irrĂ©pro-
chable ; un [dirigeant R.P.R.] l’est beaucoup moins ; un [congrĂšs
R.P.R.] est une monstruosité.

Cette construction directe devrait demeurer rare. Elle est en pleine

expansion. Pour se remĂ©morer les rĂšgles françaises de la juxtaposition

255

SIGLE

* Il y a des berlines Renault, des bƓufs mode, des auteurs Gallimard, un style

Henri II, des fauteuils RĂ©gence, un musĂ©e Picasso, la mĂšre Michel, Alexandre Dumas
fils, un Institut Pasteur, un boulevard Ney, etc. Il n’y a pas encore [de toiles Picasso,
d’articles 

DĂ©pĂȘche du Midi, de beau-frĂšre Mitterrand, de manutentionnaire Grasset, de

journaliste Figaro, d’avenue Grande-ArmĂ©e, d’Institut monde arabe, de romans
Modiano, de guichet Crédit agricole].

Sur l’inĂ©puisable sujet des pseudo-appositions et des juxtapositions monstrueuses,

on relira Ă‰tiemble 

1964

avec profit et dĂ©lectation. 

background image

syntaxique — et les strictes limitations de ce sport —, on consultera
les bonnes grammaires.

3.2

.

Les Â« mauvais exemples Â» qui suivent illustrent un curieux et

rĂ©cent dĂ©dain des rĂšgles relatives Ă  la construction « normale Â» du
complĂ©ment de nom. Nulle dĂ©nomination propre n’est Ă©pargnĂ©e,
mais les sigles sont particuliÚrement visés.

S’il existe des normes Afnor, il pourrait bien y avoir des [rĂ©so-

lutions ONU] ; si l’on admet, dans tous les emplois, {des retrai-
tĂ©s S.N.C.F., des guichets B.N.P., des agents É.D.F., des unitĂ©s
C.N.R.S.}, il faut s’attendre Ă  la venue [des Ă©tudiants UNEF, des 
vendeurs B.H.V., des casernes C.R.S., des médecins O.M.S., des loca-
taires H.L.M., des troupes OTAN, des réunions OPEP, du siÚge
social B.M.W., des opĂ©rations C.I.A. et mĂȘme des fonctionnaires
UNESCO, des tracts C.N.P.F., des retraitĂ©s K.G.B., etc.]. Nous n’en
sommes pas encore là, certes
 Quoique


3.3

.

On donne aujourd’hui une valeur de qualificatif à des sigles qui

n’en ont vraiment pas besoin : une [manifestation C.G.T.]. L’autoriser,
c’est favoriser l’oubli de l’adjectif « cĂ©gĂ©tiste Â», c’est appauvrir la langue
en renonçant aux dĂ©rivations lexicales des sigles : une manifestation
cégétiste, une manifestation de la C.G.T.

Conclusion : Â« un retraitĂ© de la S.N.C.F. lisant un tract du C.N.P.F.

dans un refuge de la S.P.A. Â» est prĂ©fĂ©rable Ă  [« un ministre C.D.S. 
Ă©voquant des listes Afnor dans un congrĂšs U.D.F. Â»].

4. 

Siglorrhée.

∞

Il faut bien avouer que, dans la siglaison, le créateur de mots est

considĂ©rablement gĂȘnĂ© par les lettres. 

La S.D.N. (SociĂ©tĂ© des Nations) a Ă©tĂ© remplacĂ©e par l’ONU (Orga-

nisation 

des Nations unies). Le D, inopportun dans l’acronyme, devait

disparaĂźtre. Les anglophones ont ramenĂ© leur nombre Ă  deux : UN
(United Nations). Rattrapons-les et adoptons NU, aprĂšs tout, le
machin n’est qu’un simple appareil.

256

SIGLE

background image

Pour certains groupes humains, le sigle est une aubaine : il donne

un contour net aux dĂ©nominations insignifiantes. Il masque des 
Ă©lĂ©ments qui, dans leur forme dĂ©veloppĂ©e, pourraient surprendre,
amuser, choquer, scandaliser. Une base de donnĂ©es « europĂ©enne Â»,
finement nommĂ©e EURODICAUTOM, recense 

150 000

abrévia-

tions et acronymes ; elle s’enrichit de plusieurs milliers d’entrĂ©es par
an, pour l’essentiel anglo-amĂ©ricaines.

Pour les nĂ©ocommunicateurs franglophones, « FTP Â» ne signifie pas

Francs-Tireurs et Partisans mais 

File Transfer Protocol. Ces « FTP qui

communiquent des fichiers Â» ne peuvent amuser que les nostalgiques
de la Gestapo (acronyme de Geheime Staats Polizei). Pour les construc-
teurs de l’Europe, « FTP Â» signifie « Financement de la technologie 
selon sa performance Â» ; c’est un machin ressortissant au programme
SPRINT 

(Strategic Programme for Economic Sciences). La graphie et la

signification françaises de « F.-T.P. Â» sont Ă  redĂ©couvrir d’urgence.

Les normalisateurs ne sont pas Ă  l’abri de la confusion gĂ©nĂ©ralisĂ©e :

de nos jours, « ISBN Â» signifie 

International Standard Book Number

ET Integrated Satellite Business Network


Quelques sigles


A.-É.F.

Afrique-Équatoriale française

A.E.L.-É.

Association européenne de libre-échange

Afnor  Association française de normalisation

A.F.-P.

Agence France-Presse

ANASE

Association des nations de l’Asie du Sud-Est (anglais : ASEAN)

A.N.P.E.

Agence nationale pour l’emploi

A.-O.F.

Afrique-Occidentale française

Assedic

Association pour l’emploi dans l’industrie et le commerce

Benelux  Belgique, Nederland, Luxembourg

BIRD, B.I.R.D.  Banque internationale pour la reconstruction et le dĂ©veloppement

B.I.T.  Bureau international du travail

B.N.

BibliothĂšque nationale

C.E.A.

Commissariat Ă  l’énergie atomique

C.E.C.A.  CommunautĂ© europĂ©enne du charbon et de l’acier

C.É.E.  CommunautĂ© Ă©conomique europĂ©enne

◊

CEDEX

Courrier d’entreprise à distribution exceptionnelle

C.E.S.C.

Confédération européenne des syndicats chrétiens

257

SIGLE

background image

C.E.S.L.

Confédération européenne des syndicats libres

C.H.U.

Centre hospitalier universitaire

C.I.S.C.

Confédération internationale des syndicats chrétiens

C.I.S.L.

Confédération internationale des syndicats libres

C.N.R.S.

Centre national de la recherche scientifique

CNÉS

Centre national d’études spatiales

C.R.S.

Compagnie républicaine de sécurité

ÉNA

École nationale d’administration

ÉNSAD

École nationale supĂ©rieure des Arts dĂ©coratifs

FAO, F.A.O.  Food and Agriculture Organization

F.F.I.

Forces françaises de l’intĂ©rieur

GATT  General Agreement on Tari

∂

s and Trade

G.M.T.  Greenwich meridian time

H.É.C.

Hautes Études commerciales

H.L.M.

Habitation à loyer modéré

I.G.N.

Institut géographique national

INRA

Institut national de la recherche agronomique

INSÉÉ

Institut national de la statistique et des Ă©tudes Ă©conomiques

INSERM

Institut national de la santé et de la recherche médicale

ISBN

International Standard Book Numbering

ISSN

International Standard Serial Number

M.P.L.A.

Mouvement populaire de libĂ©ration de l’Angola

O.A.S.

Organisation armée secrÚte

OAS, O.A.S. 

Organization of American States (français : O.E.A.)

O.C.D.É.

Organisation de coopération et de développement économiques

O.É.A.  Organisation des États amĂ©ricains

O.I.T.

Organisation internationale du travail

O.L.P.

Organisation de libération de la Palestine

O.M.P.I.

Organisation mondiale de la propriété intellectuelle

O.M.S.

Organisation mondiale de la santé

ONU, O.N.U.

Organisation des Nations unies

OPEP

Organisation des pays exportateurs de pétrole

OTAN  Organisation du traitĂ© de l’Atlantique Nord

OTASE

Organisation du traitĂ© de l’Asie du Sud-Est

O.U.A.

Organisation de l’unitĂ© africaine

R.A.T.P.

RĂ©gie autonome des transports parisiens

S.N.C.F.

Société nationale des chemins de fer français

S.P.A.

Société protectrice des animaux

U.E.O.  Union de l’Europe occidentale

U.E.R.

Union européenne de radiodi

∂

usion

UNESCO  United Nations Educational, Scientific and Cultural Organization

UNITA

Union nationale pour l’indĂ©pendance totale de l’Angola

258

SIGLE

background image

Ponctuation, accents 

et petites capitales

À Typographie, le 26 juin 1997.

C. Pelletier : 

En revanche, les sigles ne prennent pas d’accent.

Pourquoi ? Les recommandations de l’Office de la langue française sont

cohĂ©rentes, sauf sur ce dernier point. Il est vrai que d’autres, Ă  commencer par
l’Imprimerie nationale, disent la mĂȘme chose. Le 

Code typographique

patauge

et passe de l’É.D.F au C.E.A


Lorsque l’on Ă©crit que « les capitales doivent ĂȘtre accentuĂ©es Â» et que 

l’on instaure ensuite une exception, il est nĂ©cessaire de donner une explica-
tion. Est-elle d’ordre typographique, esthĂ©tique, linguistique, anecdotique ? Elle 
n’est sĂ»rement pas pĂ©dagogique, car l’E.D.F. (eudĂ©hef) a beaucoup fait pour
qu’electricitĂ©, elĂ©ctricitĂ© (et electronique, bien Ă©paulĂ© par l’anglais 

e-mail


)

gagnent du terrain dans les copies et les manuscrits


Ce n’est pas Ă  ceux qui accentuent les sigles de s’expliquer « thĂ©orique-

ment Â» : contre l’usage dominant (en cela ils ont tort), ils ne font qu’obĂ©ir bĂȘte-
ment à la rÚgle générale


Si vous me demandez mon sentiment personnel sur la question, je n’en vois

qu’un de franchement discernable : la perplexité 

En fait, je n’ai qu’un espoir : la multiplication des logotypes (navrĂ©, mais 

le pluriel 

logos

me trouble encore
) utilisant les « qualitĂ©s Â» graphiques 

des accents
 Par mimĂ©tisme, les sigles correspondants (puis, peut-ĂȘtre, les
autres) les retrouveront


À Typographie, le 2 juillet 1997.

T. Quinot :

Je me pose cette question en particulier en ce qui concerne 

mon Ă©cole : suivriez-vous plutĂŽt l’

Imprimerie nationale

en Ă©crivant l’

ENST

(en

petites capitales) ou notre déléguée à la communication vénérée, qui impose
l’

Enst

?

L

’Imprimerie nationale

ne prĂ©conise pas d’employer les petites capitales

dans la composition des sigles
 et elle a bien raison, car les petites capitales
ne sont pas des majuscules
 Si par exemple vous composez un nom d’au-
teur en petites capitales, vous mettrez une grande capitale Ă  l’initiale
 Si
ensuite arrive un sigle intégralement composé en petites capitales, il aura
bonne mine
 Je sais
 ça se fait


Quant Ă  votre dĂ©lĂ©guĂ©e Ă  la communication (orale ?), comment prononce-

t-elle le sigle (ou l’acronyme ?) de votre Ă©tablissement : l’euhennestĂ©, l’anste,
l’enne-stĂ© ?

À mon sens, ça ressemble Ă  un sigle (Ă©pelĂ©), et l’on devrait Ă©crire l’É.N.S.T.

Si en dĂ©pit des apparences c’est un acronyme, va pour ENST
 

259

SIGLE

background image

Mais sĂ»rement pas 

Enst

, car ce n’est pas un acronyme syllabique ou pseudo-

syllabique (comme 

Benelux

ou 

Afnor

) [
]. Encore moins 

enst

, c’est Ă©vident,

le bas de casse intégral étant réservé aux acronymes lexicalisés


G. Perez :

Pourquoi ne pourrait-on pas mettre les sigles en petites capitales

(au lieu de plusieurs capitales qui sont vraiment trop voyantes pour une
expression que l’on veut justement abrĂ©ger) ?

P. Cazaux : 

C’est un usage qui tend Ă  se rĂ©pandre, d’écrire comme des noms

propres, Ă  savoir avec cap et b. de c., les sigles qui peuvent se prononcer, et
pas seulement les acronymes, qui, je crois, ont été conçus pour cela. Et aprÚs
tout, pourquoi pas, surtout dans un texte oĂč il y en a plusieurs, ce qui Ă©vitera
des accrocs dans le gris typographique.

Comme vos réactions sont assez proches, je me permets de vous adresser

une rĂ©ponse commune.

On « peut Â» composer les sigles en petites capitales ou en bas de casse
 et

beaucoup le font. Si je n’aime guĂšre (je veux dire « pas du tout Â») cette façon
de faire, c’est pour des raisons à la fois linguistiques et typographiques


En français, sigle et acronyme sont deux termes qui ont acquis des accep-

tions précises. Leur mode de formation est parfois identique (pas toujours),
leur lecture est radicalement diffĂ©rente. Le point capital, pour le lecteur, ce
n’est pas le gris typographique, c’est l’adĂ©quation entre l’oral et l’écrit. Elle n’est
pas si frĂ©quente en français
 Ne ruinons pas un des rares cas oĂč elle pourrait
ĂȘtre effective


Un sigle qui « peut Â» mais « ne doit pas Â» se lire comme un mot ordinaire

n’est pas un acronyme
 Exemple :

l’O.U.A.

Rien n’empĂȘche de lire « oua Â»,

avec une aisance comparable Ă  celle qui nous fait dire « oui Â»â€Š Surtout si l’on
compose 

OUA

ou, pis, 

Oua


 VoilĂ  pourquoi il est judicieux de composer les

vrais sigles (Ă©pelĂ©s) en grandes capitales suivies d’un point abrĂ©viatif (

C.G.T.

),

sans espace, les acronymes formĂ©s d’initiales en grandes capitales collĂ©es
(

OTAN

), les acronymes syllabiques ou pseudosyllabiques en bas de casse avec

l’initiale en grande capitale (

Afnor

) et les acronymes lexicalisĂ©s en bas de casse

(

radar

).

Ça complique la vie du scripteur mais ça facilite celle du lecteur
 Or les

« rĂšgles Â» typographiques sont faites pour cela
 non pour autre chose.

J’aime aussi les beaux gris typographiques. Si je tombe sur un texte qui

grouille de formules chimiques ou mathĂ©matiques, je ne vais tout de mĂȘme
pas me désoler et supprimer les indices, les exposants, remplacer les capitales
par de petites capitales
 Vous voulez mon sentiment personnel ? Si les capi-
tales des sigles ruinent le gris, c’est sans doute qu’il y a trop de sigles dans le
texte
 et c’est bien fait si le gris est moche
 C’est cohĂ©rent


260

SIGLE

background image

Quant aux petites capitales, ce ne sont pas des majuscules mais des

« minuscules Â» (syntaxiques) habillĂ©es en capitales
 C’est ce qui fait leur 
intĂ©rĂȘt typographique. Je veux bien (façon de parler
) que l’on compose les
sigles en petites capitales, si l’on accorde une grande capitale à la premiùre
initiale
 Cette effarante « premiĂšre initiale Â» rĂ©sume bien l’absurditĂ© du 
procĂ©dé 

À Typographie, le 7 janvier 1998.

J. AndrĂ© :

MĂȘme rĂ©ponse qu’à notre oulipien il y a quelques jours : il y a des

rĂšgles gĂ©nĂ©rales et des cas particuliers, ou plutĂŽt dans ce cas des rĂšgles 
d’école, des cas limites.

Mais justement
 je n’utilise pas les cas particuliers pour prouver que j’ai 

raison (les généralités suffiraient)
 je les emploie pour démontrer que les
autres ont tort, mĂ©thode qui n’est pas totalement illĂ©gitime. Par exemple, vous
pourriez trĂšs bien tenter de me proposer des cas particuliers visant Ă  rendre
apparente l’absurditĂ© des points abrĂ©viatifs dans les vrais sigles


Le problĂšme posĂ© Ă©tait : s’agissant de la graphie des sigles, y a-t-il une

rĂšgle ? Quelle est-elle ? et oĂč la trouver ?


S’appuyer uniquement sur les codes typographiques en oubliant un des

grands dictionnaires de la langue me semble pour le coup privilégier des
points de vue particuliers


En outre, c’est vous (j’entends : les tenants de la suppression du point abrĂ©-

viatif) qui accordez arbitrairement un statut inĂ©dit et particulier aux vrais sigles.
C’est Ă  vous de dĂ©montrer que l’opĂ©ration se justifie
 C’est loin d’ĂȘtre fait

Il ne suffit pas de dire que l’usage (de qui ?
) est avec vous
 car il est fou-
trement incohĂ©rent, et l’on pourrait multiplier les rĂ©fĂ©rences Ă©tablissant que
les sources les plus sérieuses sont plutÎt favorables au maintien du point

Dans un titre en toutes caps, qu’est-ce que vous prĂ©fĂ©rez ? Qu’est-ce qui est le
plus lisible (car le plus en concordance avec l’oral) ?

GREVE DE FO AU JO

.

GRÈVE DE F.O. AU J.O.

J. AndrĂ© :

Ce que je voulais dire : dans cette liste il y a des gens trĂšs poin-

tus qui disent des choses trùs pointues mais qui oublient de parler d’abord du
cas gĂ©nĂ©ral avant de parler des cas limites. S.V.P. (s. v. p. ?), faites un rappel
de ce qui devrait ĂȘtre connu avant d’approfondir les cas spĂ©ciaux !

Sur cette liste, j’ai dĂ©jĂ  expliquĂ© mon point de vue sur la question sans

recourir Ă  l’excĂšs aux cas particuliers
 « Les radars de l’OTAN sont contrĂŽlĂ©s
par la C.I.A. et l’Afnor. Â» Ici tout est clair : formation et prononciation
 Sous
quel prĂ©texte faudrait-il que nous renoncions Ă  cette clartĂ© ?

261

SIGLE

background image

À Typographie, le 11 octobre 1999.

G. Stril :

J’ai sous les yeux le 

Lexique des rĂšgles typographiques en usage

Ă  l’Imprimerie nationale

. Selon lui : « On notera que certains sigles trĂšs rĂ©pan-

dus et de prononciation aisée (acronymes) peuvent se composer en bas de
casse avec capitale initiale. Â»

Cette phrase m’a toujours laissĂ© perplexe (façon polie d’exprimer mon sen-

timent)
 Qu’est-ce qu’un sigle trĂšs rĂ©pandu ? Qui en dĂ©cide ? TrĂšs rĂ©pandu
oĂč ? Dans un milieu donnĂ© ? Partout ? Qu’est-ce qu’une prononciation aisĂ©e ?
Qui en dĂ©cide ? Que signifie cette parenthĂšse effarante ? Qu’un acronyme est
un sigle courant et de prononciation aisĂ©e ? Eh ben, mon colon
 c’est du 
propre


Que signifie ce « peuvent Â» ? J’entends : que signifie-t-il dans des « rĂšgles en

usage à
 Â» ? En quoi une telle formulation aide-t-elle le lecteur (du 

Lexique

)

Ă  y voir clair et Ă  prendre un parti digne de ce nom ?

G. Stril :

Mais plus loin, il prĂ©cise que « ce serait une erreur que de vouloir 

supprimer systĂ©matiquement les points chaque fois qu’on rencontre une
abrĂ©viation sous la forme de lettres capitales. Â»

Rien Ă  voir. Le 

Lexique

, et c’est une de ses nombreuses qualitĂ©s, ne confond

pas « sigle Â» et « abrĂ©viation Â». Heureusement. L’article « AbrĂ©viations Â» est trĂšs
bon, les graphies sont irrĂ©prochables. En revanche, l’article « Sigles Â» est lamen-
table
 La dĂ©finition mĂȘme de « sigle Â» est bĂȘte Ă  pleurer. Sur une telle base,
difficile de dĂ©velopper une « doctrine Â»â€Š RĂ©sultat : un article trĂšs bref
 mais
intégralement débile.

G. Stril :

Il n’empĂȘche que, dans un texte courant, tous ces sigles en caps

prennent une importance Ă©norme Ă  la lecture.

Bien fait ! Tant mieux ! Ils veulent des sigles, ils les aiment, en raffolent ? Eh

bien en voilĂ , des grands, des beaux, des frais, des bien visibles ! Faut pas avoir
honte de ce que l’on aime ! Moi, j’aime pas les sigles, j’aime pas ceux qui les
aiment
 alors, grandes caps et points abrĂ©viatifs ! Roulez


G. Stril :

Et je suis d’avis de les « acronymer Â» chaque fois que possible.

Opération difficile


À F.L.L.F., le 1

er

mai 2000.

B. Lombart :

Vous prenez donc vos distances vis-Ă -vis des 

RĂšgles de 

l’Imprimerie nationale

.

Sur ce point, oui, et je ne suis pas le seul (mais nous sommes de plus en

plus minoritaires, le mal gagne
 [
]).

Le 

Lexique de l’I.N.

(de l’« IN Â» ?
) est excellent (aujourd’hui, le meilleur du

genre), mais l’article consacrĂ© aux sigles est lamentable
 Ă  commencer par la
« dĂ©finition Â» du terme ! Difficile de « lĂ©gifĂ©rer Â» intelligemment quand on ne sait
pas de quoi l’on parle.

262

SIGLE

background image

B. Lombart :

« En ce qui concerne leur Ă©criture [des sigles et des acronymes],

la seule unification possible et qui est applicable à tous les cas est l’emploi de
lettres capitales sans point
 Â» (p. 159).

Eh oui
 il ne s’agit pas d’une rĂ©flexion sur les diverses pratiques mais d’une

tentative d’unification Ă  la louche
 qui d’ailleurs s’effondre dĂšs la page 
suivante (

Benelux


). Pas sérieux


B. Lombart :

De plus, cela lÚve toute ambiguïté dans le classement alpha-

bĂ©tique ou informatique (on trouverait 

R.A.T.P.

mais 

CEDEX


).

Non, non, aucun problÚme de classement. En revanche, belles ambiguïtés

pour le lecteur, les seules qui comptent.

Un petit rĂ©sumĂ© :
Les sigles (purs ou acronymiques) sont composés en grandes capitales (ce

qui indique qu’ils sont formĂ©s d’initiales). Les points abrĂ©viatifs indiquent que
les sigles purs sont épelés (

F.O.

,

O.U.A.

). Leur absence dans les acronymes

indique (et entraĂźne) la lecture au long (

OTAN

,

FAQ

). Les acronymes sylla-

biques ou pseudosyllabiques, n’étant pas composĂ©s (exclusivement) d’ini-
tiales, ne prennent la capitale qu’à leur premiùre lettre (

Afnor

,

Benelux

). Les

acronymes lexicalisés ne prennent évidemment aucune capitale et suivent le
plus souvent les rĂšgles d’accord de leur catĂ©gorie grammaticale (

des ovnis

)


Cela semble contraignant en regard de la belle simplicitĂ© de l’

I.N.

? Pas du

tout ! Ici, comme toujours, c’est la loi qui garantit votre libertĂ© ! Vous pronon-
cez « ĂŽ haine, hue Â» et tenez Ă  le faire savoir ? Écrivez 

O.N.U.

Vous prĂ©fĂ©rez 

prononcer « eau nue Â» ? Écrivez 

ONU


 N’abandonnez pas votre libertĂ© Ă  des

professionnels (typographes
 ou pĂ©dagogues) qui ne cherchent qu’à simpli-
fier leur boulot
 Pour celui qui Ă©crit, la grande rĂšgle (la seule, au fond
),
c’est le respect du lecteur


À Langue-Fr., le 15 mars 2001.

J. Fontaine : 

Je me demande si une dispense de ponctuer un sigle pur pour-

rait ĂȘtre envisageable ?

Comme vous le savez, pour l’avoir lu ailleurs, mon ambition n’est pas 

d’édicter des « rĂšgles Â» (il en traĂźne un peu partout, souvent contradictoires),
mais d’expliquer la pertinence, le bien-fondĂ© (parfois l’obsolescence, parfois
l’ineptie
) des conventions orthotypographiques. Libre * Ă  chacun d’adopter
une marche adaptĂ©e Ă  ses besoins : l’essentiel est qu’elle soit rationnellement
motivĂ©e
 et non le fruit de l’ignorance ou du laisser-aller.

263

SIGLE

* Disons
 libre Ă  ceux qui ne paient pas des emmerdeurs pour entraver leur 

fantaisie


background image

J. Fontaine : 

Dans le cas suivant : quand il n’y a aucun risque que le lecteur

puisse le prononcer « acronymiquement Â». Y a-t-il vraiment danger que des
sigles comme 

CSN

,

FTQ

,

STCUM

soient prononcĂ©s comme des mots par le 

lecteur parce que les points manquent ?

D’accord (sauf peut-ĂȘtre pour 

STCUM

), il n’y a aucun « danger Â», et le risque

d’une prononciation « incorrecte Â» est infiniment moins grand que dans 
« couenne Â»â€Š mais y a-t-il un risque de prendre « Sturm und Drang Â» pour une
expression française ? Pourquoi dĂšs lors la composer en italique lorsqu’elle
figure dans un texte français ? Y a-t-il un risque de prendre « jean-paul sartre Â»
pour une succession de noms communs ? Pourquoi dĂšs lors l’alourdir avec 
des majuscules ? Pour respecter une convention motivĂ©e. Mettre en avant 
l’absence ponctuelle de danger est un peu dangereux


J. Fontaine : 

Ce genre de sigles purs Ă  la prononciation non ambiguĂ«, 

souvent assez longs, abondent dans les textes spĂ©cialisĂ©s ; les ponctuer 
systématiquement alourdit sensiblement le texte.

Hum
 À mon sens, il est illusoire de vouloir faire accĂ©der un texte farci de

sigles Ă  une quelconque lĂ©gĂšreté  et en particulier au simple masque de la
lĂ©gĂšretĂ© typographique. Pour allĂ©ger le brouet, certains vont jusqu’à composer
les sigles en petites capitales
 ce qui prouve qu’ils n’ont pas compris que les
petites caps 

ne peuvent pas

reprĂ©senter des majuscules, mais on est prĂȘt Ă 

tout pour rendre apparemment digeste ce qui ne l’est pas.

J. Fontaine : 

Une telle dispense pourrait sembler une complication inutile

dans l’édifice, mais elle n’est pas qu’un alibi pour rĂ©dacteur paresseux car elle
l’oblige quand mĂȘme Ă  exercer son jugement, Ă  Ă©viter les incohĂ©rences trop
criantes Ă  l’intĂ©rieur d’un mĂȘme texte et Ă  avoir d’abord en tĂȘte le confort du
lecteur. La non-ambiguïté et la non-lourdeur sont les deux mamelles du
confort du lecteur (cette phrase en est un exemple a contrario). À quel sein se
vouer d’abord ?

Les ambiguïtés involontaires (quelle que soit leur nature) peuvent toujours

ĂȘtre Ă©liminĂ©es. La lourdeur, non (sauf Ă  tout rĂ©crire
). Supprimer les points
abrĂ©viatifs n’allĂšge que trĂšs mĂ©diocrement les tombereaux de sigles mais ruine
dans certains cas la distinction — pourtant essentielle à l’oral — entre sigle et
acronyme.

S’il y a deux seins, deux dĂ©sirs, je les vois plutĂŽt ainsi : on multiplie amoureu-

sement les sigles
 mais on aimerait bien que cela se remarque le moins pos-
sible, que cela reste discret, Ă©lĂ©gant, lĂ©ger. C’est Ă  mon sens une erreur que de
participer Ă  ce jeu-là
 Ils veulent des sigles, des acronymes ? Pour faire comme
tout le monde et son maĂźtre ? TrĂšs bien
 mais faut pas qu’ils tentent de nous
faire gober que leur manie est sans consĂ©quence, d’autant que la consĂ©quence
graphique, habilement surĂ©valuĂ©e, n’est qu’un symptĂŽme dĂ©risoire.

264

SIGLE

background image

À Typographie, le 30 novembre 2001

.

T. Bouche

: Si j’appliquais la marche [des sigles sans points abrĂ©viatifs], Ă 

laquelle je trouve deux intĂ©rĂȘts non nĂ©gligeables : 1. Ça fera enrager JiPĂ© ;

Bisque, bisque, v’là aut’ chose

[Âż] ÂĄ N’ai-je donc tant vĂ©cu que pour cette infamie ! [?]

T. Bouche

: 2. On n’a pas Ă  se soucier de savoir si un acronyme est sylla-

bique, un sigle ou n’importe quoi d’autre.

Et voilà
 Adieu consciencieux soucis

En une phrase, tu rĂ©sumes bien l’élĂ©gante problĂ©matique de nos marcheurs

Ă  semelles lisses : ne pas se faire chier !

Le lecteur, on s’en tape ! Il veut savoir de quoi t’est-ce qu’on lui cause 

exaguetly ?

Si on lui file un acronyme ou un sigle, du hard ou du cochon ? N’a qu’à 

chercher lui-mĂȘme, on n’est pas payĂ©s pour ça ! Eh bien si, camarades, vous
(auteurs, oui, auteurs, éditeurs, récriveurs, préparateurs, correcteurs, compo-
siteurs, typochosistes de toute sorte, voire graphistes, artistes de l’Ɠil 
ou d’ailleurs), vous ĂȘtes payĂ©s pour ça. Peut-ĂȘtre mal, mais c’est une autre 
histoire.

La siglite aiguë

À F.L.L.F., le 26 dĂ©cembre 1999.

C. Weil

:

AAA

signifie, non pas American Automobile Association, mais Acute

Anxiety Attack (crise aiguĂ« d’angoisse).


 et, dans d’autres domaines : Amateur Athletic Association, anti-aircraft

artillery, Australian Association of Accountants, etc.

C. Weil

:

ABS

: non Anti Blocking System, mais Acute Brain Syndrome.


 et : acrylonitrile-butadienne-styrene, Australian Bureau of Statistics, etc.

C. Weil

:

AC

: non Alternating Current, mais Adrenal Cortex.


 et : Air Corps, appeal case, assistant commissioner, Companion of the

order of Australia, etc.

C. Weil

:

ACE

: non balle de service qui fait le point au tennis, mais An-

giotensin Converting Enzyme (enzyme intervenant dans la rĂ©gulation de la 
pression artérielle).


 et : advanced cooled engine, Advisory Centre for Education, Association

of Conference Executives, Association of Consulting Engineers, etc.

C. Weil

:

AD

: non Anno Domini, mais, par exemple, Alcohol Dehydrogenase.


 et : accidental damage, active duty, air defence, art director, assembly 

district, assistant director, average deviation, etc.

265

SIGLE

background image

C. Weil

:

AEG

: non firme allemande de matĂ©riel Ă©lectrique, mais Air Ence-

phalogram (encéphalographie gazeuse).


 et : ad eundem gradum

Etc. Comme le signalaient il y a quelques mois certains intervenants, la

siglaison fait surtout des ravages en France
 Il serait toutefois trùs injuste
d’oublier l’apport considĂ©rable de l’Europe Ă  la recherche. Pour rester dans le
domaine que vous Ă©voquiez, l’

A.D.N.

est évidemment un accord européen

relatif au transport international des marchandises dangereuses par voie de
navigation intérieure. (Il est vrai que la scientifique internationale communauté
et la District Nursing Association lisent les 

Derniùres Nouvelles d’Alsace

.)

À F.L.L.F., le 10 juillet 2001.

M. Goldstein :

Le cadre de la normalisation officielle de l’

ISO

(International

Standard Organisation).

Il est dangereux de prĂ©senter les choses ainsi (mĂȘme si l’erreur est 

frĂ©quente et commise par le 

Larousse

et, plus encore, par le 

Robert


), car 

ISO

n’est pas un acronyme formĂ© Ă  partir des initiales d’une inexistante « Inter-

national Standard Organisation Â»â€Š c’est du grec ! Toutes choses Ă©gales, par
ailleurs


ISO


 ou Organisation internationale de normalisation (

OIN


 oin, normal,

c’est à Genùve), ou International Organization for Standardization (

IOS


 lĂ ,

c’est encore grec, mais y a erreur).

Signature

Indication chi

∂

rĂ©e, imprimĂ©e au bas de la premiĂšre page d’une

feuille, afin de faciliter l’assemblage.

Soleil fi Astre

∏

266

SIGLE

SOLEIL

background image

Soulignement fi 

ItaliquePréparation de copie.

‱‱‱

Manuscrit, copie et correction sur papier : on souligne d’un

trait continu ce qui doit ĂȘtre composĂ© en italique.

¶

Insistance graphique.

‱‱

Inutile et hideux, le soulignement des mots est Ă  proscrire 

dans la composition. L’italique ou le 

gras

sont lĂ  pour mettre certains

termes en valeur.

=

Ramat 

1994

Williams

1992

.

≠

Richaudeau 

1989

.

Si l’italique et le 

gras

ne su

∑

sent pas, restent : 

‱‱

les capitales,

GRANDES ou petites ;

‱

les variations de 

corps

, de 

police




Remarque. — S’ils ont des rĂŽles spĂ©cifiques aisĂ©ment perceptibles

par le lecteur, plusieurs types de mise en valeur peuvent cohabiter au
sein d’un ouvrage, mais l’on se gardera de les accumuler sur un mĂȘme
[« Ă©lĂ©ment Â»] du texte


‱

Lorsque l’italique et le gras sont utilisĂ©s Ă  d’autres fins, le souli-

gnement d’une ou de quelques lettre(s) soulignĂ©e(s) au sein d’un mot
(sans jambage inférieur
) est admis, car utile et pédagogique.

Attention ! 

Soulignement et filet sont deux choses bien distinctes :

les filets sont utiles et beaux


Filet sous une ligne :

Souverain fi Titre honorifique

Square fi Jardin

π

267

SOULIGNEMENT

SQUARE

background image

Style artistique

Substantif 

>

majuscule : Art nouveau, Directoire, Empire, Modern

Style. 

Adjectif 

>

minuscule : baroque, gothique, roman, rococo.

≠

Impr. nat. 

1990

(Ă©poque : majuscule ; genre : minuscule).

Sud fi Point cardinal

Suisse

Abréviation des noms de cantons

Argovie AG

Appenzell Rhodes-ExtĂ©rieures AR

Appenzell Rhodes-IntĂ©rieures AI

BĂąle-Campagne BL

BĂąle-Ville BS

Berne BE

Fribourg FR

GenĂšve GE

Glaris GL

Grisons GR

Jura JU

Lucerne LU

NeuchĂątel NE

Nidwald NW

Obwald OW

Saint-Gall SG

Scha

∂

house SH

Schwytz SZ

Soleure SO

Tessin TI

Thurgovie TG

Uri UR

Valais VS

Vaud VD

Zoug ZG

Zurich ZH

268

STYLE ARTISTIQUE

SUISSE

background image

Symbole fi 

Abréviation.

Aussi variés et contradictoires que les acceptions données au mot

symbole par les sĂ©miologues, les grammairiens, les typographes, les
métrologues, les chimistes ou les astrologues.

Sources d’erreurs possibles lors de la saisie :

A, 

K

(Lambda), 

s

(conjonction, et produit vectoriel), 

D

(Delta).

a,

a

(alpha), 

p

(proportionnel Ă ).

B, 

b

(bĂȘta).

C, c, ( (parenthĂšse ouvrante), 

l

(inclus).

d,

≠

(d de ronde), 

d

(delta).

e,

e

(epsilon), E, 

n

(Ksi),

v

(appartient).

g, (italique).
h, 

(italique).

K, k, 

k,

q

(Kappa, kappa).

L, 

w

(angle).

l (litre), 

(longueur), I, 1 (un), | (valeur absolue) et

|| (norme, et barres parallĂšles).

m,

(italique).

n,

g

(ĂȘta), 

m

(intersection).

O, o,

0

(zĂ©ro), 

r

(sigma), 

H

(ThĂȘta), 

h

(thĂȘta).

P, p, 

p,

q

(rhĂŽ).

r,

C

(Gamma), 

s

(tau).

S, s, 

s,

y

(sigma final), 

t

(intégrale).

T,

C

(Gamma).

tr,

s

(tau).

U, 

uv, Â” (mu),

t

(upsilon).

V, v,

m

(nu), 

t

(upsilon), 

u

(racine).

W,

w,

x

(omĂ©ga), 

©

(pi dorique).

X, 

x,

|

(multiplication), 

v

(khi), 

j

(kappa).

Y, y,

T

(Upsilon), 

c

(gamma).

Z, z, 2 (deux).

U

(Phi), 

o

,

u

(phi), 

r

(diamĂštre, et ensemble vide) et

Ø Ăž (caractĂšres scandinaves).

269

SYMBOLE

background image
background image

Télégramme fi Petite capitale

Terre fi 

Astre.

La Terre AdĂ©lie, Terre-Neuve.
La Terre sainte, voir : Saint.

ThĂ©Ăątre fi 

Acte d’une piĂšce de thĂ©ĂątreOpĂ©ra.

« Le thĂ©Ăątre, fertile en censeurs pointilleux, / Chez

nous, pour se produire est un champ pĂ©rilleux. Â»

Nicolas Boileau,

Art poétique.

Apartés et jeux de scÚne.

Aujourd’hui, les codes prĂ©conisent l’italique en toutes circonstances.

Jadis, ils se composaient en romain dans un corps inférieur à celui du
texte.

Tierce fi 

CorrecteurCorrection.

TroisiĂšme et derniĂšre Ă©preuve avant le tirage. « RĂ©viser la tierce Â»,

c’est s’assurer que toutes les corrections ont bien Ă©tĂ© e

∂

ectuées.

Tiers

Le Tiers, le tiers Ă©tat, le Tiers Monde.

∂

271

background image

Tiret fi 

DialogueTrait d’union.

« Le tiret, par son allure, a quelque chose

d’élĂ©gant. [
] Il n’a pas, comme sa congĂ©nĂšre
la parenthĂšse, le profil bedonnant qui vous
arrĂȘte au passage. Â»

Jules Denis, Grammaire typographique.

Le tiret Ă©tait un trait horizontal fondu sur cadratin.
Emploi. — Incise, dialogues, insistance, remplacement, bibliogra-

phies. Les tirets n’excluent pas la ponctuation rĂ©guliĂšre :

« â€œĂ€ propos
”, disait-elle — mais c’était pour changer de conver-

sation. Â» â€“ Pierre Mertens, Une paix royale.

« Car le rire — dit Spinoza — est une pure joie. Â» â€“ AndrĂ© Comte-

Sponville, le Mythe d’Icare.

« Mords — Chien — et nul ne te mordra.
Emporte le morceau — Hurrah ! —
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
— Pur ton sang ! pur ton chic sauvage !
— Hurler, nager —
Et, si l’on te fait enrager

Enrage ! Â»

Tristan CorbiĂšre,

« Ă€ mon chien Pope Â», 

les Amours jaunes.

Emplois littĂ©raires particuliers : suspension. « Aussi n’ai-je cessĂ© de

m’amĂ©liorer, Ă  ce point de vue, car je — j’étais intelligent et vif. Â»
– Samuel Beckett,

Molloy.

¶

Espace.

La plupart des codes modernes enseignent que les tirets sont 

prĂ©cĂ©dĂ©s et suivis d’une espace justifiante. C’est aller vite en besogne.

Avec les tirets d’incise, rien ne devrait interdire de diminuer 

sensiblement ces espaces si l’opĂ©ration amĂ©liore la composition, par
exemple en Ă©liminant une coupure en fin de ligne. En outre, les tirets
d’incise sont parfois suivis d’un autre signe de ponctuation (souvent une

272

TIRET

background image

virgule) qui imposera son propre espacement, donc, Ă©ventuellement,
l’absence d’espace.

Il est indispensable de faire suivre les tirets de dialogue d’une espace

insĂ©cable. Si un nouvel alinĂ©a est crĂ©Ă© Ă  chaque changement d’interlo-
cuteur, l’espace doit ĂȘtre fixe. Si le dialogue est rapportĂ© dans le mĂȘme
alinéa, le tiret (qui symbolise un interlocuteur) ne peut finir une ligne.

=

Lefevre 

1883

.

Tirets d’incise, 

espaces insécables et débuts de ligne

À Typographie, le 2 janvier 1999.

J.-D. Rondinet :

Sur trùs petite justif, je tolùre [un tiret d’incise ouvrant en fin

de ligne], bien sûr.

Ah ! cher JiDĂ©, que ceci est juste et arrive Ă  temps (ou trop tĂŽt
). Je 

m’apprĂȘtais Ă  rĂ©diger un message vengeur dans lequel j’aurais dit tout le mal
que je pense de l’insĂ©cabilitĂ© systĂ©matique des espaces internes des tirets
d’incise ! Rien de tel pour crĂ©er de faux problĂšmes dans les justifs Ă©troites et
mĂȘme
 moyennes !

On disserte sur les microns de l’alignement vertical mais on n’hĂ©siterait pas

Ă  Â« figer Â» la compo sur une longueur valant au bas mot 

plusieurs

cadratins (eh

oui ! tiret + espace + mot bref ou portion de mot sĂ©cable + Ă©ventuelle div !) ?
Cas « typique Â» :

— joyau !
 —

En cas de besoin pressant, qu’est-ce qui est sĂ©cable ? 
Pour moi, pas d’hĂ©sitation
 les deux espaces internes des tirets (et 

Ă©videmment
 les deux espaces externes
) !

D’accord pour brider les minables tirets sur demi-cadratin, mais pas les vrais

tirets ! Ils sont suffisamment forts pour remplir clairement leur office oĂč qu’ils
se trouvent. Accordons-leur un peu d’autonomie. Sauf, bien sĂ»r, dans quelques
cas particuliers, à commencer par celui que tu as mentionné. Bref, une fois de
plus, c’est l

’I.N.

qui est dans le vrai en « prĂ©conisant Â» des espaces sĂ©cables,

mĂȘme si ce vrai est un peu partiel
 Impossible, ici encore, d’énoncer une
« rĂšgle tout-terrain Â» qui satisfasse les nĂ©ophytes et les amateurs de nĂ©ofitness.
PrĂ©fĂ©rons la vraie finesse. InsĂ©cabilitĂ© tant que c’est possible
 mais oublions-
la dĂšs qu’elle risque de foutre le bordel et que la sĂ©cabilitĂ© n’engendre pas
d’horreur


273

TIRET

background image

Site Web de Jean-Pierre Lacroux.
Ici, pas moyen de faire la différence entre un quart de cadratin et une

espace-mot.

Jamais de quart de cadratin avec les tirets. Espace justifiante.

Du moment qu’elles sont insĂ©cables.

C’est un peu plus compliquĂ© que ça. Pour faire simple, retenons le seul tiret

d’incise fermant. Il est Ă©vident que l’espace doit ĂȘtre rendue insĂ©cable devant
la sĂ©quence « â€”, Â».

Lorsque le tiret est isolĂ©, si l’on peut (en « gagnant Â») rĂ©cupĂ©rer le tiret 

fermant en fin de ligne, tant mieux, mais il ne faut pas qu’une insĂ©cabilitĂ© 
forcĂ©e ruine l’espacement. Supposez que le dernier terme de l’incise soit lui
aussi insécable


Oui, je comprends bien ce que vous dites. Mais, dites-moi, une espace 

justifiante insĂ©cable n’a-t-elle pas la mĂȘme valeur qu’une espace sĂ©cable ?

ThĂ©oriquement, oui
 par dĂ©finition. Dans les faits, non
 car l’espace insĂ©-

cable rĂ©ellement justifiante n’est pas disponible en tout lieu. Une espace 
sécable est nécessairement justifiante. Théoriquement et dans les faits.

L’inverse n’est pas thĂ©oriquement vrai (une justifiante n’est pas nĂ©cessai-

rement sĂ©cable
), pourtant, nombreux sont ceux qui font comme si
 y 
compris certains concepteurs de logiciels, d’oĂč quelques petits problĂšmes


Mettons-nous bien d’accord, si ces problĂšmes techniques n’existaient 

pas, les espaces Ă  l’intĂ©rieur des tirets longs sont justifiantes et devraient ĂȘtre
insĂ©cables. Non ?

Oui et non
 disons, de prĂ©fĂ©rence, ou pas systĂ©matiquement. (C’est

l’« aveugle automatisation de l’insĂ©cabilitĂ© Â» que je contestais ici !) J’ai donnĂ©
l’exemple d’un tiret d’incise fermant prĂ©cĂ©dĂ© d’un mot (ou d’un groupe de
signes) lui-mĂȘme insĂ©cable. Dans de tels cas, si vous maintenez les deux
« insĂ©cabilitĂ©s Â», vous pouvez engendrer des horreurs. Si les belles composi-
tions pouvaient ĂȘtre obtenues en respectant toutes les contraintes conven-
tionnelles et sans avoir à effectuer des choix, la vie serait plus facile


Supposons cette fin d’incise :

tuyaux —

Si besoin est, et s’il est impossible de remanier en amont, de gagner ou de

perdre suffisamment, il ne faut pas hésiter à envoyer le tiret en début de ligne
suivante. Mais pas toujours
 Par exemple, si le problùme se pose en fin de
premiĂšre ligne d’alinĂ©a (et c’est lĂ  qu’il peut se poser avec force : impossible
de gagner ou de perdre beaucoup
), il n’est pas recommandĂ© d’envoyer un
tiret cadratinĂ© en dessous d’un retrait d’alinĂ©a, en gĂ©nĂ©ral proche du cadratin

Effet garanti


274

TIRET

background image

Maintenant, supposons ceci :

tuyaux —,

moyens [
]

Problùme encore plus difficile


Je comprends bien toutes ces difficultĂ©s et je sais qu’il faut jouer parfois

avec l’interlettrage. Un peu.

En dernier recours, et Ă  peine. Avant, il faut jouer avec la division des mots. La

P.A.O. (et avant elle la photocompo et le phototitrage) autorise des manƓuvres
jadis impossibles (entre autres, la rĂ©duction de l’interlettrage
), c’est trĂšs 
bien, il ne faut surtout pas s’en plaindre ! mais elle ne doit pas faire oublier les 
priorités. [
]

C’est ça que vous appelez « gagner Â» ?

Oui, enfin
 pas exactement. « Gagner Â», c’est faire remonter des signes en

amont, quel que soit le procĂ©dĂ© employĂ©, et il y en a plusieurs. « Perdre Â», c’est
bien entendu le contraire.

Tirets et ponctuation

À Typographie, le 7 janvier 1999.

J. Tombeur :

En tout cas, mĂȘme en me replongeant dans divers codes, je 

n’ai jamais rĂ©ussi Ă  comprendre dans quel cas la virgule s’imposerait aprĂšs
le second tiret.

Exemple 1 :

bla bla ba — bla bla bla bla bla bla — bla bla, etc.

Exemple 2 :

bla bla ba — bla bla bla bla bla bla —, bla bla, etc.

(soit : tiret 

+ virgule)

Je vais te dire comment j’ai compris la chose et comment je pratique (car

d’autres, jadis et naguùre ont suivi d’autres voies
).

C’est trĂšs simple (mais on a le droit de faire plus compliqué ). Si les tirets

d’incise interviennent dans une « phrase sans virgule Â», on n’en ajoute pas
une
 S’ils s’insĂšrent dans une « phrase avec virgule Â», on ne fait pas sauter
celle-ci. Exemples :

Ce prĂ©sident — pas le camembert, l’autre — m’énerve un maximum.
Ce mec, au premier rang sur la photo — oui, le connard —, m’agace prodi-

gieusement.

À Typographie, le 26 avril 2001.

J. AndrĂ© : 

Je dois avouer que, quand je joue les correcteurs, je m’énerve et

peste contre les auteurs qui Ă©crivent des trucs du type :

xxx — yyyy 

—

, etc.

, car

Ă  99

des cas la virgule est complùtement inutile, voire nuisible


275

TIRET

background image

Oui
 mais elle est obligatoire avant « etc. Â» ! S’il y a quelque chose Ă  

Ă©liminer, ce n’est certainement pas elle.

J. AndrĂ© : 

Idem

en fin de phrase oĂč je considĂšre qu’en gĂ©nĂ©ral 

— xxx â€”.

est une faute (le dernier tiret Ă©tant inutile).

Pourquoi « en gĂ©nĂ©ral Â» ? C’est une faute en toutes circonstances


À F.L.L.F., le 14 aoĂ»t 2001.

G. DeliĂ©ge :

Lorsque l’on se sert de tirets à la maniùre de parenthùses et que

la phrase se termine, doit-on d’abord clore par un tiret final avant le point


Non.

G. DeliĂ©ge : 


 ou faut-il seulement mettre un point ?

Pas nĂ©cessairement « un point Â» — qui n’est pas le seul signe de ponctuation

de fin de phrase !


À F.L.L.F., le 4 juin 2002.

L. Bentz :

Il disparaĂźt devant une ponctuation « forte Â» : point-virgule, 


AĂŻe
 Drillon le prĂ©tend, mais c’est faux


L. Bentz :


 point d’interrogation, point d’exclamation final, point tout court.

Oui, sauf que « final Â» devrait ĂȘtre au pluriel
 car un point d’interrogation

n’est pas nĂ©cessairement final — non ? — et s’il ne l’est pas, rien n’interdit
qu’un tiret le suive.

Tirets sur demi-cadratin

À F.L.L.F., les 21 et  22 aoĂ»t 2000.

D. LiĂ©geois :

J’ai appris par hasard que les appellations anglaises 

em dash

et 

en dash

, dont je me suis longtemps demandĂ© ce qu’elles signifiaient, 

dĂ©signent en fait des tirets dont la longueur est respectivement Ă©gale, 
typographiquement, aux combinaisons « em Â» et « en Â», tout simplement.

Non
 Essayez de mettre deux « en Â» dans la largeur d’un « em Â» ! Quelle que

soit la police, vous n’y parviendrez pas. [
]

En fait, c’est encore plus simple et beaucoup plus prĂ©cis :
—

em

: cadratin (carrĂ© dont le cĂŽtĂ© est Ă©gal Ă  la force du corps) ;

—

en

: demi-cadratin ;

—

em dash

: tiret sur cadratin ;

—

en dash

: tiret sur demi-cadratin.

J. AndrĂ© :

Alors qu’on utilisait autrefois le tiret sur cadratin pour les in-

cises, etc., on a tendance aujourd’hui Ă  n’utiliser que le demi-cadratin (c’est
ce que fait l’

I.N.

par exemple).

276

TIRET

background image

L’

HyĂšne

a bien tort (d’autant qu’elle y va sournoisement
 on en a discutĂ©

ailleurs
). C’est une mode funeste ! qui ne se justifie que dans les justifi-
cations trĂšs Ă©troites
 donc, surtout dans la presse.

À Typographie, le 7 janvier 1999.

J. Fontaine : 

Acceptez-vous la distribution des rĂŽles que MĂ©ron donne 

aux diffĂ©rents types de traits et tirets ? [N. D. É. : Selon J. Tombeur, Jean MĂ©ron
distingue les tirets demi-cadratinĂ©s, qu’il rĂ©serve aux incises, et les tirets cadra-
tinĂ©s, qu’il rĂ©serve aux listes et aux dialogues.]

Non
 [
] Plus le trait est graphiquement faible, plus le lien sémantique est

fort. Oublier cela et « hiĂ©rarchiser Â» les tirets d’incise et d’appel, c’est introduire
un surcodage non seulement arbitraire (c’est une Ă©vidence) mais « contre-
sensique Â»â€Š

Je ne comprends d’ailleurs pas ce que peut signifier ce membre de phrase :

« [
] et de rĂ©server l’usage du tiret demi-cadratinĂ© aux signes d’insertion, en
remplacement des parenthĂšses et de la virgule. Â» Ça vous arrive souvent d’avoir
Ă  Â« remplacer Â» des parenthĂšses et une virgule par des tirets ? À moi, jamais.
Oubliez la mesquinerie, c’était pour rester dans l’esprit, j’ai eu tort, je reviens
au fond de l’affaire : les tirets, les parenthĂšses et les virgules ne sont pas des
signes « interchangeables Â», ils jouent des rĂŽles prĂ©cis, prĂ©cieux et plus ou
moins codifiĂ©s. PlutĂŽt que d’inventer de nouvelles distinctions et de nouveaux
codes graphiques, on ferait mieux d’essayer de comprendre sereinement ceux
qui sont en activitĂ©. Enfin, c’est mon avis


En revanche, dans les compositions « normales Â», je suis partisan (ça 

n’engage Ă  rien
 d’autant que c’est dĂ©jĂ  pratiquĂ©) d’un occasionnel et lĂ©ger 
(et non strictement « rĂ©glementĂ© Â») surcodage faisant du tiret sur demi-
cadratin un « trait d’union faible Â» (on en a dĂ©jĂ  parlĂ©, Ă  propos des « associa-
tions Â» de mots composĂ©s). Non rĂ©glementé  car, exceptionnellement, dans
les justifications trĂšs Ă©troites, je ne vois pas pourquoi on se priverait du tiret
sur demi-cadratin comme remplaçant systématique du tiret cadratiné (et, dÚs
lors, la hiérarchie fine
 à la poubelle).

On me dira que cette position est encore plus contresensique (et d*****)

que celle de M

r

MĂ©ron
 puisqu’elle attribue au tiret sur demi-cadratin deux

rĂŽles totalement diffĂ©rents, voire antagonistes. I know, mais primo
 c’est pas
Ă©tabli
 deuzio, c’est tactique.

Primo, ces deux rĂŽles n’interviennent jamais dans les mĂȘmes justifications

(et rarement dans les mĂȘmes compos). Faut tenir compte des valeurs (rela-
tives) prĂ©sentes en un lieu donné  les seules qui comptent vraiment


Deuzio, refuser dogmatiquement, et en toutes circonstances, le recours 

au tiret sur demi-cadratin comme remplaçant systématique du tiret cadratiné

277

TIRET

background image

c’est ne pas tenir compte du rĂ©el. C’est donc, Ă  plus ou moins long terme,
condamner le tiret cadratinĂ© Ă  n’ĂȘtre plus qu’un artifice pour typomanes. Ce
serait trĂšs con. Du moins Ă  mon sens
 car j’adore (bĂȘtement) les vrais tirets


Pour résumer, le tiret sur demi-cadratin porte un nom un peu trompeur.

C’est en « principe Â» (histoire d’en placer un) un trait d’union faible
 et excep-
tionnellement un ersatz rabougri du vrai tiret. Cela dit, cela ne me gĂȘne nul-
lement qu’ici ou lĂ  on lui attribue tous les rĂŽles imaginables
 Pour ĂȘtre com-
plet, ça ne me gĂȘnerait pas Ă©normĂ©ment si l’on ne l’employait jamais, on a
vĂ©cu sans lui pas mal de temps
 mais je trouverais quand mĂȘme idiot de se
priver d’un signe qui peut avoir une utilitĂ© (mĂȘme limitĂ©e). S’agit simplement
de pas lui en demander trop


Titre de civilitĂ© fi Madame, mademoiselle, monsieur,

Titre honorifique, Titre religieux

Titre de dĂ©part fi 

Faux titre.

Reprise du titre (parfois abrĂ©gĂ©) d’un ouvrage en tĂȘte de la 

premiĂšre page du texte courant.

Titre d’Ɠuvre fi 

BibleBibliographieCodeIndexItaliqueLivre

sacréMajusculeMusique.

Les titres d’Ɠuvres sont doublement « balisĂ©s Â» : par l’italique (ou

les guillemets) et par les capitales. Celles-ci ne sont pas destinées à
marquer le dĂ©but (parfois fluctuant
) d’un titre : c’est le rĂŽle de l’i-
talique que d’indiquer clairement ce qui appartient au titre ; c’est lui
qui permet de savoir oĂč commence et oĂč finit le titre
 

Il est redondant d’utiliser uniquement les capitales pour remplir le

mĂȘme o

∑

ce. Redondant et néfaste, car on fait ainsi perdre son véri-

table emploi Ă  la premiĂšre capitale : indiquer fermement (sans passage
e

∂

arant d’un mot à l’autre
) la place du titre dans un classement

alphabétique.

‱‱‱

Italique.

Les titres d’Ɠuvres citĂ©s se composent en italique, quelle que 

soit leur situation (texte courant, bibliographie, index, etc.), leur

278

TIRET

TITRE D’ƒUVRE

background image

forme (complÚte ou tronquée, exacte ou approximative), la nature de
l’Ɠuvre (littĂ©raire, picturale, musicale, cinĂ©matographique, etc.).

Bachelard (Gaston), la PoĂ©tique de l’espace, Presses universitaires

de France, Paris, 

1957

.

« Il adore 

la PoĂ©tique de l’espace, la Vue de Delft et Carmen. Â»

« Personne m’a pardonnĂ© le Voyage
 depuis le Voyage mon compte

est bon !
 Â» â€“ Louis-Ferdinand CĂ©line, D’un chĂąteau l’autre.

« Le livre qui compta le plus pour nous cette annĂ©e, ce fut 

Voyage au

bout de la nuit de CĂ©line. Â» â€“ Simone de Beauvoir, la Force de l’ñge.

« D’abord, on causa des choses du jour, entre autres du Stabat de

Rossini [
]. Â» â€“ Gustave Flaubert, l’Éducation sentimentale.

« Un aveugle jouait 

l’Internationale, sa sĂ©bile devant lui. Â» â€“ AndrĂ© 

Malraux, l’Espoir.

≠

Gouriou 

1990

(italique : titre rĂ©el), Impr. nat. 

1990

(marque de

l’authenticitĂ©).
Les titres non traduits obĂ©issent Ă  la mĂȘme rĂšgle : pendant qu’il lit le

dernier chapitre de 

Chosen Country, elle Ă©coute Das Lied von der Erde.

Exceptions.

‱

Sont composĂ©es en romain et guillemetĂ©es les parties d’un

ouvrage : chapitres, nouvelles, poĂšmes, contributions, articles, etc. : je
crois que « BĂ©nĂ©diction Â» est le premier poĂšme des 

Fleurs du mal.

‱‱

Hors des rĂ©fĂ©rences, on compose en italique si le titre du recueil

n’est pas citĂ© conjointement : il prĂ©fĂšre

Une charogne Ă  l’Albatros.

=

Code typ. 

1993

.

‱‱‱

Noms français ou francisĂ©s des livres sacrĂ©s des religions mono-

thĂ©istes : la Bible (une bible du xiv

e

siĂšcle), le Coran (un coran 

brochĂ©), la Torah, la GenĂšse, le DeutĂ©ronome, l’Évangile selon saint
Matthieu, etc. (mais : 

RigvedaAgama, etc.). Voir : BibleLivre sacrĂ©.

‱‱‱

Codes : le Code pĂ©nal, le Code NapolĂ©on, etc. Les subdivisions

se mettent en italique : Code civil, De la prescription. Voir : Code.

‱‱‱

Dans le corps du texte, il convient d’ĂȘtre trĂšs attentif au premier

dĂ©terminant : s’il n’appartient pas au titre, s’il est modifiĂ© (contraction,
substitution) ou dĂ©placĂ©, il doit ĂȘtre composĂ© en romain.

279

TITRE D’ƒUVRE

background image

Exemples. â€” Les ChĂątiments * et les MisĂ©rables sont ses livres de 

chevet ; il a lu cent fois le dernier chapitre des 

MisĂ©rables ; son opĂ©ra

favori est le Barbier de SĂ©ville ; il adore le sublime Barbier de SĂ©ville.

Devant un titre tronquĂ© ou approximatif, l’article est toujours

composĂ© en romain : il ne se lasse pas d’écouter le 

Barbier.

≈ â€ąâ€ą

Un titre approximatif ou tronquĂ© peut toutefois ĂȘtre prĂ©cĂ©dĂ©

d’un article en italique dans certaines citations (expressions d’un tiers
rapportĂ©es fidĂšlement ou avec ironie) : « M

me

Verdurin [
] tenait la

Ronde pour le plus grand chef-d’Ɠuvre de l’univers avec la NeuviĂšme et
la Samothrace. Â» â€“ Marcel Proust, Du cĂŽtĂ© de chez Swann.

‱‱‱

Dans un texte en italique, les titres d’Ɠuvres se composent en

romain : 

Pascal n’a jamais lu les Provinciales de Giraudoux.

‱‱‱

Il convient de ne pas confondre le titre et le sujet des Ɠuvres

(singuliĂšrement dans les arts plastiques). Les thĂšmes et les genres se
composent en romain : les mendiants de Callot, les 

Caprices de Callot.

±

Traditionnellement, certains thĂšmes religieux prennent la

majuscule : une Crucifixion, une Vierge Ă  l’Enfant. On accorde l’ita-
lique Ă  quelques grandes Ɠuvres : 

◊

la PietĂ  de Saint-Pierre est la plus

célÚbre des Pietà de Michel-Ange.

En revanche, il est inutile (et souvent prĂ©somptueux) d’établir une

distinction graphique entre les titres dus aux crĂ©ateurs des Ɠuvres et
ceux qui ont Ă©tĂ© attribuĂ©s ou modifiĂ©s (parfois Ă  plusieurs reprises) 
par la postĂ©ritĂ©. L’exemple classique est 

la Sortie du capitaine Frans 

Banning Cocq et de son lieutenant Willem van Ruytenburch devenue

◊

la Ronde de nuit Ă  cause de l’encrassement malencontreux de la toile.

‱‱‱

Attention ! Lorsqu’un mot ou un groupe de mots a une forme

identique Ă  celle d’un titre, sans dĂ©signer explicitement l’Ɠuvre, il ne
mĂ©rite pas l’italique : il ignore les prĂ©noms des frĂšres Karamazov ; ce
gamin est aussi agaçant que le petit prince de Saint-ExupĂ©ry ; vous me
faites furieusement songer Ă  madame Bovary.

280

TITRE D’ƒUVRE

* Titre de la premiĂšre Ă©dition : Victor Hugo rajoutera l’article (les ChĂątiments) dans

l’édition de 

1870

(N. D. Ă‰.).

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‱‱‱

Majuscules et minuscules.

Article dĂ©fini :

l’AprĂšs-Midi d’un faune (StĂ©phane MallarmĂ©)
les Beaux Quartiers (Louis Aragon)
le Chef-d’ƒuvre inconnu (HonorĂ© de Balzac)
les Chevaliers de la Table ronde (cycle romanesque du xiii

e

siĂšcle)

le Feu (Henri Barbusse)
le GĂ©nie du christianisme (François RenĂ© de Chateaubriand)
le Journal d’un curĂ© de campagne (Georges Bernanos)
les Provinciales (Blaise Pascal)
le Temps retrouvĂ© (Marcel Proust)
le Vice puni, ou Cartouche (Nicolas de Grandval)

Article indĂ©fini :

De l’amour (Stendhal)
De la dĂ©mocratie en AmĂ©rique (Alexis de Tocqueville)
De l’esprit des lois (Charles de Montesquieu)
De la religion considérée dans sa source, ses formes et son développement

(Benjamin Constant)

Des souris et des hommes (John Steinbeck)
Du cĂŽtĂ© de chez Swann (Marcel Proust)
Du pape (Joseph de Maistre)
Un beau tĂ©nĂ©breux (Julien Gracq)
Un chapeau de paille d’Italie (EugĂšne Labiche)
Un cƓur simple (Gustave Flaubert)
Une saison en enfer (Arthur Rimbaud)
Une ténébreuse a

∂

aire (HonorĂ© de Balzac)

Une vie (Guy de Maupassant)

Phrase ou fragment de phrase :

Comme il vous plaira (William Shakespeare)
J’irai cracher sur vos tombes (Boris Vian)
On ne badine pas avec l’amour (Alfred de Musset)

281

TITRE D’ƒUVRE

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Titre double :

la Belle et la BĂȘte (Jean Cocteau)
Bien AvisĂ© et Mal AvisĂ© (farce anonyme de 

1439

)

Contes moraux et Nouvelles Idylles (Denis Diderot)
Crime et ChĂątiment (Fiodor DostoĂŻevski)
DĂ©fense et Illustration de la langue française (Joachim Du Bellay)
Émaux et CamĂ©es (ThĂ©ophile Gauthier)
Émile ou De l’éducation (Jean-Jacques Rousseau)
la Pesanteur et la GrĂące (Simone Weil)
le Rouge et le Noir (Stendhal)

Substantif suivi d’un verbe relatif :

l’Anglais tel qu’on le parle (Tristan Bernard)

Chi

∂

res et nombres :

Ali-Baba et les Quarante Voleurs (conte des Mille et Une Nuits,

dans la traduction d’Antoine Galland)

les Deux Amis (Jean de La Fontaine)
les Quatre Vents de l’esprit (Victor Hugo)

◊

Quatrevingt-treize (Victor Hugo)

Trois Contes (Gustave Flaubert)
Un de Baumugnes (Jean Giono)
Vingt Mille Lieues sous les mers (Jules Verne)

≈

Évidence :

l’Âne Culotte (Henri Bosco)
Boule de Suif (Guy de Maupassant)
Alice au pays des merveilles (Lewis Carroll)
Angelo, tyran de Padoue (Victor Hugo)
Barbe-Bleue (Charles Perrault)
Bel-Ami (Guy de Maupassant)
Chansons des rues et des bois (Victor Hugo)
Connaissance de l’Est (Paul Claudel)

282

TITRE D’ƒUVRE

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la Critique de l’École des femmes (MoliĂšre)
Dialogue sur l’éloquence en gĂ©nĂ©ral et sur celle de la chaire en particulier

(François de FĂ©nelon)

Dictionnaire des idĂ©es reçues (Gustave Flaubert)
Discours de la mĂ©thode (RenĂ© Descartes)
Discours sur l’origine et les fondements de l’inĂ©galitĂ© parmi les hommes

(Jean-Jacques Rousseau)

Double Assassinat dans la rue Morgue (Edgar Allan Poe)
Entretiens sur la pluralitĂ© des mondes (Bernard de Fontenelle)
Esquisse d’un tableau historique des progrùs de l’esprit humain

(Marie Jean Antoine Nicolas de Condorcet)

Essais (Michel de Montaigne)
Essai sur l’indi

∂

Ă©rence en matiĂšre de religion

(Robert FĂ©licitĂ© de Lamennais)

Histoire des origines du christianisme (Ernest Renan)
Introduction Ă  la vie dĂ©vote (saint François de Sales)
Jacques le Fataliste (Denis Diderot)
Lettre à la noblesse française au moment de sa rentrée en France

(Antoine de Rivarol)

Lettres persanes (Charles de Montesquieu)
MĂ©moires secrets pour servir Ă  l’histoire de la rĂ©publique des lettres en

France depuis 

1762

jusqu’à nos jours... (Louis Petit de Bachaumont)

le MystĂšre des saints Innocents (Charles PĂ©guy)
NapolĂ©on le Petit (Victor Hugo)
Nouvelles genevoises (Rodolphe Töpffer)
PensĂ©es, maximes et anecdotes 

(

Sacha Guitry)

Pot-Bouille (Émile Zola)
PrĂ©sentation de la Beauce Ă  Notre-Dame de Chartres (Charles PĂ©guy)
Provinciales (Jean Giraudoux)
PromĂ©thĂ©e enchaĂźnĂ© (Eschyle)
le PromĂ©thĂ©e mal enchaĂźnĂ© (AndrĂ© Gide)
Remarques sur la langue française (Claude de Vaugelas)
TraitĂ© des passions de l’ñme (RenĂ© Descartes)

283

TITRE D’ƒUVRE

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L’emploi des capitales dans les titres

À France-Langue, du 28 mars au 3 avril 1997.

Berlol :

À propos des lettres capitales dans les titres d’ouvrages, j’ai appris,

dans le trùs officiel cours de bibliographie de D.E.A. que j’ai suivi à Paris III,
que l’on mettait une majuscule au premier mot d’un titre, ainsi qu’au premier
substantif quand il n’était pas le premier mot (ainsi qu’aux noms propres, bien
entendu) — et c’est tout ! Quelqu’un peut-il nous confirmer cette rĂšgle ?

Oh ! non
 je ne confirmerai pas cette « rĂšgle Â»â€Š qui n’existe que dans le

chef de ceux qui cherchent à se faciliter la vie aux dépens de leurs éventuels
lecteurs. C’est un peu plus compliquĂ© que cela (pour les scripteurs, mais aprĂšs
tout, ils sont généralement payés
) et plus clair (pour les lecteurs, qui paient,
le plus souvent).

Voici quelques titres écrits selon la tradition typographique française (titres

placĂ©s au sein d’une phrase) : 

La guerre de Troie n’aura pas lieu

,

le Rouge et

le Noir

,

les Beaux Quartiers

,

Du cÎté de chez Swann

,

Une saison en enfer

.

Cette « rĂšgle Â», si on l’appliquait, engendrerait : 

La Guerre de Troie n’aura pas

lieu

,

Le Rouge et le noir

,

Les beaux Quartiers

,

Du CÎté de chez Swann

,

Une

Saison en enfer




Berlol :

Les exemples donnés ci-dessus me paraissent pertinents mais je ne

saisis pas la rĂšgle. Pourquoi le « Noir Â» avec majuscule : 

le Rouge et le Noir

;

pourquoi « guerre Â» sans majuscule : 

La guerre de Troie


 ?

Que M. Lacroux se rassure, je ne cherche pas la facilitĂ©. Mais une expli-

cation du type : « La tradition veut que
 Â» ne me paraĂźt pas satisfaisante.

Ce n’est pas parce que la rĂšgle est traditionnelle qu’il faut la respecter, 

c’est parce que la tradition est dans ce cas prĂ©cis trĂšs pertinente qu’elle doit
(devrait ?) demeurer la rĂšgle
 Sous ce vilain mot — « la tradition Â» â€” se cache
la rĂ©flexion de plusieurs gĂ©nĂ©rations de typographes qui n’ont pas concoctĂ©
uniquement des inepties (je vous rassure, il y en a quelques-unes dans 
l’hĂ©ritage typographique
).

Je me bornerai à apporter quelques détails complémentaires à propos des

titres du type « phrase verbale Â». C’est le seul cas oĂč un titre commençant par
un article défini prend la majuscule initiale à cet article défini (et aux éventuels
noms propres).

Pourquoi ? Outre l’argument principal donnĂ© par B. Dupriez (l’essentiel 

n’est pas contenu dans le substantif), il en existe d’autres, qui lui sont liĂ©s. Ils
dĂ©coulent presque tous de ce fait : dans les phrases verbales, il est trĂšs diffi-
cile de modifier (contracter), remplacer ou Ă©liminer l’article dĂ©fini initial

Autant lui foutre la paix, le maintenir en toutes circonstances et, par consé-
quent, lui accorder la majuscule initiale. Ce « par consĂ©quent Â» n’est pas sans
consĂ©quence. La premiĂšre capitale initiale n’a pas pour vĂ©ritable vocation 

284

TITRE D’ƒUVRE

background image

d’indiquer le dĂ©but du titre — c’est le rĂŽle de l’italique ou, si celui-ci n’est pas
envisageable (polices manuaires, scriptes, fractures, etc.), des guillemets —, elle
dĂ©termine le classement alphabĂ©tique (indexation). Digression
 : voilĂ  pour-
quoi les graphies (qui se rĂ©pandent aujourd’hui) comme 

Le malade imaginaire

sont ridicules et dangereuses. À moins de vouloir classer les innombrables 
titres commençant par un article dĂ©fini Ă  « L Â»â€Š À moins de prendre plaisir Ă 
perturber le lecteur en lui offrant successivement «

Le malade imaginaire

est

une piĂšce de MoliĂšre Â» et « MoliĂšre est l’auteur du 

Malade imaginaire

».

Revenons Ă  nos phrases verbales.
Premier point : dans ces occurrences, la contraction de l’article dĂ©fini (mas-

culin singulier, masculin et féminin pluriel) est théoriquement impossible. Si
rien n’interdit de dire ou d’écrire que Courteline est l’auteur du (de « le Â») 

Train

de 8 heures 47

, il est un peu choquant d’affirmer que Fred Zinnemann est 

le rĂ©alisateur du (de « le Â») 

[T]rain sifflera trois fois

, ou que Hemingway est 

l’auteur du 

[S]oleil se lĂšve aussi

(Ă  lire Ă  haute voix, mĂȘme si le sujet semble

en apparence uniquement typographique
). Aujourd’hui, personne ne se
soucie de ces futilités. Laissons tomber


Second point (mon favori) : dans les titres commençant par un article dĂ©fini

mais qui ne sont pas des phrases verbales, il est possible d’intercaler un quali-
ficatif de son cru entre l’article (qui dùs lors n’appartiendra plus au titre
) et
le premier substantif (exemple : 

le Barbier de SĂ©ville

, le sublime 

Barbier de

SĂ©ville

) ; cela est trĂšs dĂ©conseillĂ© dans les titres du type phrase verbale 

(« l’inoubliable 

[T]rain sifflera trois fois

» est simplement grotesque). Dans 

le premier cas, l’article dĂ©fini appartient au titre mais il peut en ĂȘtre dĂ©tachĂ©,
il peut lui devenir Ă©tranger, il peut ĂȘtre contractĂ©, remplacĂ© par un dĂ©mons-
tratif, un possessif
 Dans le second cas, l’article est un constituant essentiel
du titre : on ne peut l’éliminer sans dommage. (« Sa 

RĂšgle du jeu

est un chef-

d’Ɠuvre. Â» Mais peut-on Ă©crire, sans intention comique : « Ce 

PÚre Noël est une

ordure

n’est pas terrible Â» ?)

Remarque.

— N’entrent Ă©videmment pas dans la catĂ©gorie des phrases ver-

bales les titres du type « article dĂ©fini + substantif + relative Â» (

l’Espion qui

venait du froid

), dans lesquelles le substantif demeure l’élĂ©ment principal, le

noyau, pour reprendre le terme de B. Dupriez.

À France-Langue, le 14 novembre 1997.

B. Dupriez

: La majuscule Ă  l’adjectif qui prĂ©cĂšde le nom introduit par 

l’article dĂ©fini dans les titres :

le Vieil Homme et la Mer


 Est-ce que c’est tous

les adjectifs (y compris les numĂ©raux et les indĂ©finis : 

les Quatre Cents Coups

,

les Quelques Remarques

) ou bien les seuls qualificatifs ?

Tous les adjectifs
 et pas qu’eux ! Les adverbes aussi ! Donc, tout ce 

qui peut Ă©ventuellement se trouver entre l’article dĂ©fini et le substantif qu’il

285

TITRE D’ƒUVRE

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dĂ©termine : 

les Deux Orphelines

,

les Trois Mousquetaires

,

les TrĂšs Riches 

Heures du duc de Berry

.

Pourquoi ? C’est toujours la mĂȘme histoire
 L’article dĂ©fini initial peut ĂȘtre

contracté, voire éliminé. Alors, pour éviter de donner le tournis au lecteur, il est
sage d’accorder une cap à tout ce qui se situe entre lui et le substantif qu’il
dĂ©termine. Nos anciens typographes n’étaient pas idiots !

À Typographie, du 15 au 26 fĂ©vrier 1998.

P. Cazaux : 

Les autres rÚgles sont trÚs compliquées.

Non, non
 elles ne sont pas compliquées

D’ailleurs, l’essentiel n’est pas lĂ . Quand bien mĂȘme elles seraient « com-

pliquĂ©es Â», elles ne le seraient que pour le scripteur ou son Ă©ventuel correcteur
(il n’est pas absurde de considĂ©rer qu’il s’agit de professionnels). Leur
immense mĂ©rite est qu’elles facilitent la vie du lecteur, par exemple grĂące Ă 
leur parfaite cohĂ©rence avec l’indexation.

La prĂ©tendue « rĂšgle simplifiĂ©e Â» est une foutaise adoptĂ©e avec enthou-

siasme par les scripteurs nonchalants et, plus grave, oublieux des lecteurs.
Mettez-la en Ɠuvre : vous aboutirez Ă  des complications effectives pour le 
lecteur (capitales alternatives
).

J. Fontaine :

Elle a publiĂ© son livre 

le Français que j’aime

chez Machin.

Vicieux, je vous dis


S’agissant de jauger une rĂšgle relative Ă  l’emploi des caps, le vice rĂ©side 

surtout dans le fait de choisir un des rares exemples oĂč substantif (gentilĂ©) et
adjectif (langue) se distinguent par la casse de la seule initiale


Le vice consiste Ă©galement Ă  choisir un exemple qui ne peut ĂȘtre correc-

tement traitĂ© que si l’on a compris la diffĂ©rence entre un titre « phrase ver-
bale Â» (

Le Français se lÚve assez leste

,

Le français s’épelle aussi

) et un titre

« substantif + relative Â» (

le Français qui en savait trop

,

le Français tel qu’on le

parle

)


Le vice est de croire qu’une ambiguĂŻtĂ© (de toute façon inĂ©vitable Ă  l’oral
)

a priori voulue par l’auteur (sinon
 le titre est mal choisi
) devrait ĂȘtre levĂ©e
par un artifice typographique


Aucune rĂšgle n’est Ă  l’abri d’un tel contre-exemple. Prenons un cas oĂč

aucune divergence n’existe entre « simplificateurs Â» et « orthodoxes Â», oĂč aucune
variante n’est envisageable (sauf le bas de casse intĂ©gral
) : 

Français du bout

du monde

.

Que ferons-nous pour lever l’ambiguĂŻtĂ© de ce titre ? Rien, surtout rien ! car

elle rĂ©sulte soit de la volontĂ© d’un auteur facĂ©tieux, soit de l’insouciance d’un
Ă©criveur qui ferait mieux de changer son titre


286

TITRE D’ƒUVRE

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G. Perez : 

Mais, quand je vois un titre du genre 

le Français aujourd’hui

, je me

demande toujours si la rÚgle prévaut. Certes, le contexte peut lever toute
ambiguĂŻtĂ© mais pourquoi la typo des titres ajouterait-elle une ambiguĂŻtĂ© lĂ  oĂč
il n’y en a pas ?

Si, si, justement, il y en a une
 et ce n’est pas à la typo de la lever (voir ma

réponse à Jean Fontaine).

G. Perez : 

Quant au fait que les majuscules permettent de retrouver un titre

plus facilement dans l’index, je ne vois pas. Si on prĂ©cise en dĂ©but d’index que
les articles ne rentrent pas en compte (par exemple) dans le classement, il n’y
a plus de difficultĂ©s.

Il n’y a plus de difficultĂ©s
 si dans la foulĂ©e on met Ă©galement Ă  mal 

les rĂšgles de l’indexation, car, Ă  l’exception des articles dĂ©finis non situĂ©s au
dĂ©but d’une phrase verbale, 

tous

les articles initiaux sont pris en compte dans

l’indexation
 

Du rififi chez les hommes

,

Le cave se rebiffe

,

Une ténébreuse

affaire

,

Zizanie (la)

.

G. Perez : 

En effet, avec le systĂšme que j’emploie (capitale unique en dĂ©but

de titre et aux noms propres, bien Ă©videmment, Ă  l’intĂ©rieur), il arrive quel-
quefois que l’article initial rencontre un « de Â» et devienne « du Â». À ce moment-
lĂ , je reporte simplement la majuscule au mot suivant.

Sur le « quelquefois Â», j’ai des doutes
 
Moi, j’aurais Ă©crit : trĂšs frĂ©quemment


J. Fontaine :

Là on ne parle plus de titres d’Ɠuvres à proprement par-

ler, mais de journaux, dont plusieurs codes typos font un cas spĂ©cial. Par
exemple, ceux qui prĂ©conisent de supprimer les capitales en gĂ©nĂ©ral font 
souvent une exception dans le cas des journaux.

La question est : pourquoi ? Or, ceux qui prĂ©conisent ce traitement distinct

se gardent bien d’y rĂ©pondre prĂ©cisĂ©ment


J. Fontaine :

Autre chose, le fait qu’on puisse composer à peu prùs n’importe

comment le titre en page de couverture


Oui
 c’est un fait
 Reste à l’analyser


J. Fontaine : 


 pourrait parfois induire en erreur les « fĂ©tichistes Â» de l’intĂ©-

grité du titre. Par exemple, la page couverture de la douziÚme édition (de
poche) du 

Grevisse

porte comme titre : 

le bon usage

, tout en bas de casse,

ce qui va Ă©videmment Ă  l’encontre de ce que l’auteur prĂ©conise (pas de ce
qu’il prĂ©conise pour les pages de couverture, mais de ce qu’il prĂ©conise quand
on cite un titre dans un texte courant).

Le fait en question est en partie dĂ» Ă  un autre fait : les titres des couvertures

sont souvent l’Ɠuvre de graphistes ou de typographistes pour lesquels aucune 

287

TITRE D’ƒUVRE

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entrave mesquine ne saurait entraver la liberté du créateur
 Nous sommes
ici aux confins de la typographie et déjà sur le terrain peu sûr de la commu-
nication visuelle. 

Pour ĂȘtre vraiment mĂ©chant : dans bien des cas, le bas de casse tĂ©mĂ©raire

est le seul élément qui justifie la facture
 [
]

Le plus ennuyeux dans l’histoire, c’est que les petites audaces graphiques

se répercutent de plus en plus souvent dans les pages de faux titre et de
titre
 Économie oblige
 Les jaquettes et les couvertures, on s’en fout, elles
sont conçues pour faire vendre, obĂ©issent aux « lois Â» et aux modes du genre,
et les jaquettes sont en principe destinées à la poubelle
 mais les pages de
titre ? Y a d’l’abus !

B. Lombart : 

Je crains d’ĂȘtre tombĂ©, Ă  l’époque, dans la manie anglaise de

mettre une majuscule Ă  tous les substantifs du titre principal (

Petit Diction-

naire Éclectique des Termes d’Escrime

)
 Ma question : est-ce, aux yeux des

intervenants de cette liste, un pĂ©chĂ© mortel ?

Oui !
Mais il vous sera beaucoup pardonnĂ©, car vous avez beaucoup pĂ©ché  

(et pas que sur les substantifs : 

Petit Dictionnaire Ă©clectique des termes 

d’escrime

). Cela dit, je ne qualifierais pas de « manies Â» les usages des autres


G. Perez :

J’ai demandĂ© Ă  des personnes censĂ©es consulter les index frĂ©-

quemment de chercher des titres. Elles ont toutes cherchĂ© 

Du rififi chez les

hommes

(ou titre Ă©quivalent avec 

Du

en tĂȘte) Ă  

« R Â»

,

Le cave se rebiffe

Ă 

« C Â»

,

Une ténébreuse affaire

Ă 

« T Â»

, etc. Je sais que ce mini-mini-sondage ne vaut

pas grand-chose, mais bon.

D’autres sondages vous rĂ©vĂ©leront que certains usagers cherchent La Fon-

taine à F et Hyacinthe à Y


G. Perez :

Je n’ai jamais Ă©crit que je voulais une unique capitale parce que

ça marquerait le dĂ©but du titre. L’italique est en effet lĂ  pour ça. Je crois avoir
dit que je ne voulais (bien grand mot) pas de capitales lĂ  oĂč il n’y en a pas
quand le mot n’est pas un titre, c’est tout.

Cela aboutit exactement au mĂȘme rĂ©sultat


G. Perez :

Je ne vois toujours pas l’intĂ©rĂȘt de traĂźner comme un boulet un

titre comme 

la Fantastique, Merveilleuse et FĂ©erique Histoire du train

pour une

« simple Â» (?) question d’indexation.

Vous en traĂźnez beaucoup des titres aussi mauvais ? SincĂšrement, je n’en

crois rien


Je me rĂ©pĂšte, mais que faites-vous lorsque l’article dĂ©fini est remplacĂ© par

un autre dĂ©terminant, par exemple un dĂ©monstratif : Â« Qui est l’auteur de cette

f(F)antastique [
] h(H)istoire du train

? Â»

288

TITRE D’ƒUVRE

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À Typographie, le 3 mai 1998.

P. Mergey : 

Jusque-là, j’utilisais les guillemets droits pour les textes inclus

(genre nouvelle ou article) et l’italique pour les ouvrages. Toutefois, un 
ami me dit qu’il est prĂ©fĂ©rable d’utiliser les caractĂšres gras pour les titres 
d’ouvrages et l’italique pour les titres de textes inclus dans ledit ouvrage.

Cet ami ne vous veut pas du bien

Certes, on peut mettre en gras tout ce que l’on veut, mais il ne faut jamais

oublier deux choses :

— le gras n’est pas une mise en forme orthotypographique
 c’est juste une

mise en Ă©vidence typographique (au sein d’un texte composĂ© dans une
graisse donnĂ©e) ;

— par consĂ©quent, aucun emploi * du gras n’est codifié  comme n’est pas

codifiĂ© l’usage du maigre ou de l’extra-gras


Pour les titres d’ouvrages, c’est bien entendu l’italique qui s’impose (si votre

ami considĂšre que cela ne suffit pas, va pour l’italique gras
 mais seul 
l’italique « fera sens Â»â€Š et ça risque d’ĂȘtre inutilement crade, richaudesque
quoi
) ; pour les titres d’élĂ©ments d’une Ɠuvre (nouvelle, poĂšme, etc.) 
ou pour les titres d’articles, les guillemets (français
) sont gĂ©nĂ©ralement ** 
de rigueur.

À France-Langue, le 15 juillet 1998.

T. Peach :

En principe, c’est trĂšs simple : voir Grevisse, 

le Bon Usage

, Â§ 170 :

« Lorsqu’un titre d’ouvrage commence avec l’article, il est normal de donner
la majuscule au substantif qui suit, mais pas aux autres. Ainsi :

Le Lys dans la

vallée

,

Le Rouge et le noir

, etc. Â»

C’est simple, oui, mais un peu moins que ça tout de mĂȘme

— Article dĂ©fini : 

le Lys dans la vallée

,

le Rouge et le Noir

(symĂ©trie), 

le Beau

Serge

(adjectif antĂ©posĂ©), 

la Symphonie pastorale

(adjectif postposĂ©), 

La

guerre de Troie n’aura pas lieu

(phrase verbale).

— Article indĂ©fini :

Une saison en enfer

.

— Article contractĂ© : 

Du pape

.

À Typographie, le 3 mars 1999.

P. Blart :

Il ne s’agit pas, justement, du titre d’une Ɠuvre, mais plutît de celui

d’un extrait, tirĂ© du roman 

le Crime de l’Orient-Express

(effectivement d’Agatha

Christie, bravo !), qui a Ă©tĂ© titrĂ© pour les besoins du matĂ©riel didactique.

289

TITRE D’ƒUVRE

* Sauf dans quelques sciences plus ou moins dures

** 
 car dans certains cas, un peu de souplesse ne peut faire de mal.

background image

Titre de l’Ɠuvre en ital. Pour le reste, ce n’est pas trĂšs clair : s’agit-il d’un titre

donnĂ© par l’éditeur Ă  un extrait du roman d’Agatha C. et composĂ© en tant que
tel dans la page oĂč figure l’extrait ?
 ou de la premiĂšre phrase de cet extrait
qui servirait occasionnellement de titre dans la phrase que vous citez ? Dans
les deux cas, guillemets
 

Dans le premier cas, on aura : Quel type de chronologie le texte « Une

enquĂȘte pour Poirot Â» laisse-t-il deviner ? Dans le second : Quel type de 
chronologie le texte « Une enquĂȘte pour Poirot [
] Â» laisse-t-il deviner ?

À Langue-Fr., du 17 au 19 novembre 1999.

Cerri : 

Sur le point que vous Ă©voquez (majuscules dans les titres de livres,

etc.), je m’en tiens Ă  l’excellente suggestion de Grevisse : « Pour Ă©viter l’arbi-
traire (pourquoi l’article dĂ©fini est-il traitĂ© autrement que l’article indĂ©fini ?) et
les discordances, l’usage le plus simple et le plus clair est de mettre la majus-
cule au premier mot seulement, quel qu’il soit. Â»

Parler d’arbitraire ici, c’est montrer que l’on n’a rien compris, que l’on ne

s’est mĂȘme pas donnĂ© la peine de s’informer et de rĂ©flĂ©chir un brin
 Sur ce
terrain, Grevisse (en l’occurrence, son successeur
) n’a aucune autoritĂ© : il n’y
connaĂźt 

rien




L’horrible drame des conventions orthotypographiques est que la plupart

des grammairiens ne lisent pas les typographes
 et que la plupart des typo-
graphes ignorent les grammairiens
 et la grammaire. D’oĂč des chapelets de
conneries dans les deux camps.

B. Dupriez : 

Mais qu’advient-il si cet ensemble adjectif + nom est un mot

composĂ© ?

Comme d’habitude, deux Ă©coles, la bonne et la mauvaise
 Selon la

mienne, deux caps : 

le Haut-Mal

,

les Faux-Monnayeurs


 Cas identique avec

tous les mots composĂ©s : 

les Années-LumiÚre

,

Week-End Ă  Zuydcoote




B. Picard : 

Toutefois, Grevisse ajoute que l’on met parfois, dans les titres 

un peu longs, seulement une majuscule au premier article : 

Les progrĂšs de

la civilisation au 

xx

e

siĂšcle

, par exemple.

Cette pratique (à mon sens navrante
) est admise dans les ouvrages dits

spécialisés.

Pour simplifier la vie d’auteurs qui ignorent tout ou presque de conventions

motivĂ©es, on a introduit des exceptions
 Mauvaise idĂ©e ! Les problĂšmes de
l’indexation et de l’éventuelle contraction se posent ici aussi


B. Picard : 

Certes, mais le problĂšme ne disparaĂźt pas. Remplaçons 

la

Liberté


 par 

Les saumons sautant de la riviĂšre

(célÚbre tableau de Martin

PĂȘcheur) ; cette phrase semble aussi verbale que : Â« Les saumons sont en train
de sauter Â»â€Š

290

TITRE D’ƒUVRE

background image

À mon sens, elle n’a rien de verbal
 Je la vois exclusivement « nominale Â».

Le cas est identique avec les relatives (

l’Homme qui rit

). La relative comme le

participe a une valeur « adjectivale Â» (qui restreint l’extension du nom).

Prenons votre exemple et imaginons deux titres (le second est une véritable

phrase verbale) : 

les Saumons sautant de la riviĂšre

et 

Les saumons sautant de

la riviĂšre sont d’intrĂ©pides gĂ©niteurs

. Quel est le problĂšme ? Comme toujours,

l’éventuelle contraction ou l’introduction d’un mot aprĂšs l’article dĂ©fini.

Dans le premier cas, les deux opĂ©rations sont lĂ©gitimes, coulent de source :

« Martin PĂȘcheur est l’immortel peintre des 

Saumons sautant de la riviĂšre

. Â»

« Martin PĂȘcheur a peint les cĂ©lĂšbres 

Saumons sautant de la riviĂšre

. Â» Ceux 

qui Ă©crivent (Ă  la Goosse
) 

Les saumons sautant de la riviĂšre

se retrouvent

le nez dans leur petit caca
 Faut changer de cap
 Elle passe de l’article dĂ©fini
(disparu
) au substantif. C’est le lecteur qui est content ! VoilĂ  qui Â« simplifie Â»
sa lecture !

Dans le second cas, un soupçon de syntaxe burlesque apparaĂźt : « Martin

PĂȘcheur est l’immortel peintre des 

Saumons sautant de la riviĂšre sont 

d’intrĂ©pides gĂ©niteurs

. Â» « Martin PĂȘcheur a peint les cĂ©lĂšbres 

Saumons sau-

tant de la riviĂšre sont d’intrĂ©pides gĂ©niteurs

. Â»

Ici, il vaudrait mieux Ă©crire (et dire
) : «

Les saumons sautant de la riviĂšre

sont d’intrĂ©pides gĂ©niteurs

est un cĂ©lĂšbre tableau de Martin PĂȘcheur. Â» [
]

Ah ! mais, ça ne va pas du tout ! me dira-t-on, pas de syntaxe burlesque ici !

Le titre est un machin autonome, indĂ©pendant, Ă  l’abri des vĂ©ritables relations
syntaxiques avec le reste de la phrase ! Fort bien
 mais attention ! l’objection
est surtout dangereuse pour ceux qui la formulent
 car, s’il en est ainsi, 
comment « justifier Â» la contraction de l’article initial ?


B. Picard : 

Maintenant, au risque de subir le sort de Jeanne d’Arc, j’avoue

que l’usage anglais me semble plus simple (tous les mots du titre avec majus-
cules sauf les prépositions et conjonctions

(in, of, and
)

.

Si vous voulez mon avis, elle n’est pas plus simple
 et elle est anecdotique,

vide de sens
 Par ailleurs
 je ne crois pas que les anglophones aient à beau-
coup se soucier de la contraction de leur article défini


Croire que des conventions « locales Â» sont interchangeables est une erreur

dramatique. Les conventions typographiques ne sont pas toutes arbitraires

Elles sont liées à une langue.

À Typographie, du 21 au 25 janvier 2000.

O. Randier :

On compose 

La Nouvelle HĂ©loĂŻse




« On Â» peut-ĂȘtre
 mais, moi, je compose 

la Nouvelle HĂ©loĂŻse

.

O. Randier : 


 mais 

Un dimanche Ă  la campagne

, O.K. ?

Oc, oc.

291

TITRE D’ƒUVRE

background image

O. Randier : 

Je comprends cette rĂšgle et ses raisons, mais 

quid

des car-

dinaux ? Par exemple, je suis tombĂ© sur les titres suivants : 

Trois contes

,

Deux cavaliers de l’orage

. Doit-on considĂ©rer le cardinal comme un adjectif

prĂ©cĂ©dant le substantif (ou un article dĂ©fini ?), et donc porter Ă©galement la cap
sur le substantif suivant ?

Bien sĂ»r que oui ! Tes cardinaux sont des adjectifs numĂ©raux et rien d’autre.

O. Randier : 

N’est-on pas alors en contradiction avec la sĂ©rie initiĂ©e par 

l’article indĂ©fini, qui est Ă©galement cardinal (de Richelieu) ?

Dans la plupart des titres, non, l’article dĂ©fini n’est pas perçu comme un

numéral.

O. Randier : 

En bref, est-il logique de composer 

Un conte Ă  dormir debout

,

mais 

Trois Histoires Ă  ne pas lire la nuit

? C’est pourtant ce que prĂ©conise ma

correctrice, trĂšs sĂ©rieuse, voire pointilleuse (j’adore) par ailleurs.

Elle a raison
 Il est vrai que ton premier exemple est particuliĂšrement 

bien choisi


O. Randier :

Comment est-il d’usage de composer les titres de sub-

divisions d’Ɠuvre ? Par exemple, 

la Comédie humaine

de Balzac est décou-

pĂ©e en scĂšnes (« ScĂšnes de la vie parisienne Â», etc.), composĂ©es de romans, 
parfois dĂ©coupĂ©s eux-mĂȘmes en nouvelles.

Comment distinguer clairement les diffĂ©rents niveaux de cette hiĂ©rarchie ?

Pour l’instant, j’ai pris le parti de mettre les titres d’Ɠuvres en italique, mais
les titres de nouvelles ou de textes extraits d’Ɠuvres en romain entre guille-
mets. Ça fonctionne, je pense, mais je suis toujours embĂȘtĂ© avec l’HonorĂ©.

O.K. pour l’italique pour 

la Comédie humaine

, ainsi que pour 

le PĂšre Goriot

,

O.K. pour le romain et les guillemets pour « la Cousine Bette Â», mais mes 
« ScĂšnes de la vie parisienne Â», j’en fais quoi ? Y a-t-il une rĂšgle canonique
claire et fiable pour ce genre de choses ?

Tu simplifies les choses
 et pourtant tu te compliques la vie
 

la Cousine

Bette

appartient aux 

Parents Pauvres


 qui appartiennent aux 

ScĂšnes de la vie

parisienne


 qui appartiennent aux 

Études de mƓurs


 qui appartiennent Ă 

la Comédie humaine




Fous-moi tout ça en ital (y compris 

la Cousine Bette

, qui n’est pas une 

nouvelle appartenant Ă  un recueil mais un roman Ă  part entiĂšre).

Si tu veux Ă  tout prix introduire une distinction, plusieurs solutions, dont la

meilleure me semble celle-ci : mets en romain guillemetĂ© le niveau intermĂ©-
diaire le plus important (eh oui
), c’est-Ă -dire « ScĂšnes de la vie parisienne Â»,
car c’est lui qui a les chances de revenir le plus souvent dans ton texte


J. AndrĂ© : 

J’écrirais donc 

L’amour des trois oranges

et 

Les trois sƓurs

.

292

TITRE D’ƒUVRE

background image

Et qu’est-ce que tu fais si tu dois Ă©voquer l’auteur des 

Trois sƓurs

?
 Tu

changes ton fusil d’épaule ?
 C’est le lecteur qui est content, il adore que les
caps se baladent d’un mot à l’autre, ça l’aide à comprendre


J.-D. Rondinet :

Ce qui est bien, quand on ne cherche pas à réinventer la

roue — c’est-Ă -dire Ă  crĂ©er sa propre thĂ©orie sur tout : les caps, les guillemets,
lÂŽitalique, cÂŽest que, quand on a un « trou de mĂ©moire Â», il suffit dÂŽouvrir un
ouvrage bien nĂ© pour y chercher un conseil : 

LÂŽhomme qui rit

ou 

lÂŽHomme qui

rit

? Est-ce une « phrase avec verbe Â» ou pas ? On ouvre le 

Larousse

Ă  Â« Hugo Â».

Et hop !

Eh oui
 et le 

Petit Larousse

ne se trompe pas, car 

l’Homme qui rit

n’est pas

une phrase verbale : la « relative Â» qualifie un substantif, c’est tout. Ici, l’article
est Ă©lidĂ©, donc la question ne se pose pas, mais dans les titres de ce type 
(article dĂ©fini [m. s. ou pl., ou f. pl.] + substantif + relative) la contraction 
de l’article dĂ©fini ne pose aucun problĂšme (mĂȘme chose avec article + sub-
stantif + participe prĂ©sent). Puisque l’article peut ĂȘtre modifiĂ© (donc perdre
son statut de premier Ă©lĂ©ment du titre, donc perdre l’ital), cap initiale au 
substantif


J. AndrĂ© : 

Tu as Ă©crit 

la Nouvelle HĂ©loĂŻse

, je dis que ta façon d’écrire est

fausse.

Alors, nombre d’éditeurs sĂ©rieux sont dans l’erreur et la fausseté  Il serait

charitable de leur signaler ce fait


Les malheureux croient encore qu’au sein d’une phrase l’article dĂ©fini initial

des titres (phrases non verbales) devrait ĂȘtre composĂ© intĂ©gralement en bas
de casse ital. « J’aime bien 

le Cousin Pons

mais je prĂ©fĂšre 

la Cousine Bette

. Â»

J. AndrĂ© : 

Si je me trompe, alors donne-moi des exemples précis.

Tu as l’embarras du choix
 Puisque tu n’as pas de 

Petit Larousse illustré

sous la main (?), prends l’

Histoire des littératures

de « la PlĂ©iade Â» en trois

beaux volumes reliĂ©s cuir, l’

Histoire des littératures de langue française

en

quatre volumes (Bordas), le 

Dictionnaire de la littérature française et franco-

phone

en trois volumes (Larousse)
 ou des dizaines d’autres.

(Attention ! Ă  l’inverse de certains interlocuteurs, je ne prĂ©tends pas que 

les graphies que je critique soient rares : on les trouve dans des ouvrages 
eux aussi estimables et cela
 depuis des siĂšcles. Je perds mon temps Ă  
les critiquer prĂ©cisĂ©ment parce qu’elles ne sont pas rares ! Sinon, pourquoi 
en ferais-je fromage ?
 Je les trouve stupides, alors je le dis
 et je donne 
mes raisons
)

O. Randier : 

Si le titre n’est pas une phrase verbale, on porte la capitale sur

le premier substantif et, Ă©ventuellement, sur l’adjectif qui le prĂ©cĂšde.

293

TITRE D’ƒUVRE

background image

Pas seulement
 N’oublie pas 

les TrĂšs Riches DĂ©bats de la liste typodingue

ou

les Plus Belles Histoires de l’oncle Olivier


 Par ailleurs, exprimĂ©e ainsi

(place de « Ă©ventuellement Â»), ta rĂšgle est bien Ă©trange


O. Randier : 

L’auteur du 

Contrat social




>

Contrat social (le)




Aaaargh
 

Du contrat social

!

O. Randier : 


 mais je crois que les rĂšgles prĂ©cĂ©dentes sont assez consen-

suelles.

Non, justement
 Relis ce qui s’est Ă©crit ici
 Elles te conviennent et, en 

trÚs gros, pourraient me convenir
 mais elles ne reflÚtent pas la diversité des
opinions exprimées ici. [
]

O. Randier : 

C’est lĂ -dessus que portait ma question : J.-P. m’a donnĂ© son

avis, mais ne l’a pas expliquĂ©. Je comprends 

les Trois Mousquetaires

, mais pas

Deux Cavaliers de l’orage

.

Parce que tu as le nez collĂ© sur les titres d’Ɠuvres, ce qui te fait oublier 

une des « tendances lourdes Â» de l’orthotypographie française : la capitalisation
systĂ©matique de l’initiale des adjectifs antĂ©posĂ©s dans les dĂ©nominations 
propres. D’oĂč le malaise face Ă  la dĂ©capitalisation du substantif derriĂšre un
adjectif capitalisé 

Il ne suffit pas de donner à une convention une cohérence interne (ce qui

est trùs facile mais dangereusement pervers), il faut s’assurer de son harmonie
avec l’ensemble du systùme


C’est pourquoi je ne suis pas favorable aux constructions (codes, FAQ
)

montĂ©es brique par brique, sans conception d’ensemble. J’y suis mĂȘme fran-
chement hostile, tu le sais bien
 car elles confortent le sentiment gĂ©nĂ©ral :
les conventions orthotypographiques seraient une accumulation de rĂšgles
arbitraires
 Il se trouve que je pense exactement le contraire


O. Randier :

[« Buñuel, dans son 

Chien andalou


 Â» ? Ou cette forme est-elle

Ă  proscrire ?] Alors la cap saute de 

Un

Ă 

Chien

! N’est-ce pas ce qu’on voulait

Ă©viter avec la rĂšgle du premier substantif pour l’article dĂ©fini ? Ça m’énerve


T’as raison
 je m'a gourĂ© sĂ©vĂšre
 OubliĂ© que le terme initial Ă©tait un 

article indĂ©fini
 Donc, reprenons : Buñuel, dans 

Un chien andalou




À Typographie, les 8 et 9 mars 2000.

O. Randier :

Il est des cas oĂč les rĂšgles ne suffisent pas, il faut connaĂźtre 

l’intention de l’auteur. Je viens de tomber sur ce cas d’école : 

les Belles Endor-

mies

ou 

les Belles endormies

? Le substantif est-il « belles Â» ou « endormies Â» ?

[
] Je penchais pour les premiùres.

Pas clair
 Tu penchais pour le substantif « Belles Â» ? Donc pour la seconde

graphie ? Tu avais tort


294

TITRE D’ƒUVRE

background image

O. Randier :

AprĂšs vĂ©rification, l’éditrice a tranchĂ© en faveur des derniĂšres.

Elle a eu raison
 Disons qu’elle fait comme tout le monde, ce qui est 

souvent une bonne idĂ©e
 On Ă©crit 

les Belles Endormies

.

O. Randier :

Comme quoi l’usage des capitales dans les titres relùve avant

tout de la langue
 Et il peut ĂȘtre dĂ©licat de le dĂ©terminer si on ne dispose
que de la couverture de l’ouvrage, avec un titre tout en caps.

Écris 

Nemureru bijo

, et le tour sera joué 

A. Hurtig :

Non, le seul tour qui se joue c’est que 

Nemureru bijo

signifie 

littĂ©ralement : « Les belles qui dorment Â»â€Š (ma Japonaise favorite 

dixit

). Donc

« endormies Â» est un adjectif (ma linguiste favorite 

dixit

, d’ailleurs c’est la

mĂȘme personne !).

Bien entendu, on ne saura jamais ce que le traducteur a voulu Ă©crire. Mais

Kawabata, l’auteur du livre, on le sait


O. Randier : [

« On Ă©crit

les Belles Endormies

. Â»] Qui ça, « On Â» ? Les ouvrages

de rĂ©fĂ©rence ?

Oui.

O. Randier :

Mais au nom de quel principe tacite ?

Il ne s’agit pas d’un principe mais d’une pratique et d’une constatation. 

Pratique : les ouvrages de rĂ©fĂ©rence me servent Ă  obtenir des rĂ©fĂ©rences. 
Constatation : ceux que j’ai consultĂ©s composent ainsi.

Reste que ces ouvrages peuvent parfois adopter, reprendre et donc enkys-

ter des graphies (ou n’importe quel type d’information) discutables, voire erro-
nĂ©es. Il semble que cela soit ici le cas. Les arguments d’Alain m’en ont presque
totalement convaincu. Toutefois, si j’avais Ă  traiter la question, je 
m’informerais plus avant, car voici un vĂ©ritable principe : ne jamais naviguer
sur des eaux inconnues sans une belle provision de biscuit.

O. Randier :

Il me semble que les deux graphies sont possibles, selon 

l’intention de l’auteur.

Évidemment. Reste à connaütre celle-ci ou, dans le cas qui t’occupe, celle du

traducteur. Demande à Albin Michel


O. Randier :

Selon la graphie (

la Belle envolée

,

la Belle Envolée

), le titre

aura deux significations trÚs différentes, et il ne me semble pas possible de
dĂ©duire — Ă  coup sĂ»r — la bonne d’une rĂšgle quelconque, non ?

Évidemment. D’oĂč l’intĂ©rĂȘt des ouvrages de rĂ©fĂ©rence
 quand ils ne se

plantent pas. D’oĂč aussi la redoutable difficultĂ© (pour le scripteur) et l’admi-
rable efficacité (pour le lecteur) de la rÚgle traditionnelle


O. Randier :

Tu parais trouver le cas Ă©vident, quel est ton truc ?

Ne te fie pas trop aux apparences. Si j’ai un truc, c’est celui-ci : je ne mĂ©lange

pas les Ă©vidences, surtout quand elles sont Ă  l’évidence contradictoires


295

TITRE D’ƒUVRE

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PremiĂšre Ă©vidence : si j’en crois mes yeux, la graphie A est dominante dans

les sources sérieuses.

Seconde Ă©vidence : si j’en crois Alain Hurtig, la graphie B serait une traduc-

tion plus fidĂšle.

TroisiĂšme Ă©vidence : y a un problĂšme !
QuatriĂšme Ă©vidence : il n’est pas encore rĂ©solu


Chroniques

,

Fables

et 

Lettres

À F.L.L.F., le 11 dĂ©cembre 2001.

S. Nataraja

: Grevisse n’ayant pas rĂ©pondu correctement Ă  ma question


C’est le genre de question qu’il ne faut surtout pas lui poser


S. Nataraja

: Dans 

Fables

, La Fontaine propose une sĂ©rie


Ouarf
 et dans 

Contes

, Jeannot se laisse aller


S. Nataraja

: Dans les 

Fables

, La Fontaine
 ; dans ses 

Fables

, La Fontaine


Oui, impeccable.

S. Nataraja

: Dans 

les Fables

, La Fontaine


Non, certainement pas
 Cela indiquerait que l’article dĂ©fini appartient au

titre, ce qui n’est pas le cas ici.

S. Nataraja

: Bref : le titre de l’ouvrage est 

Fables

, sans article. L’on me 

soutient d’un cĂŽtĂ© qu’il ne faut pas lui en donner


Demandez Ă  ceux qui soutiennent cette ineptie s’ils souhaitent faire en-

tendre avec force que La Fontaine a Ă©crit un recueil portant le titre de 

Fables

,

ouvrage qui aurait été publié pour la premiÚre fois dans son intégralité sous
ce titre exact
 Plus vicieux, car plus rapide Ă  expĂ©dier : demandez-leur si 
« L’écriture de 

Fables

valut Ă  La Fontaine
 Â» est une tournure qui les satisfait


Question subsidiaire. Que pensent-ils de ceci ? «

Fables

, de La Fontaine, est

bien supĂ©rieur Ă  

Fables

, de FĂ©nelon. Â» Demandez Ă  ceux qui soutiennent cette

ineptie s’ils prĂ©conisent aussi : Â« Dans 

Lettres

, Mme de SĂ©vignĂ© propose
 Â»,

« Dans 

Journal

, LĂ©autaud propose
 Â», « Dans 

Chroniques

, Guillaume CrĂ©tin

propose
 Â»

Bref, demandez-leur pourquoi ils veulent Ă  tout prix gommer le caractĂšre

« gĂ©nĂ©rique Â» de titres dont c’est la grandeur
 et la mystĂ©rieuse « spĂ©cificitĂ© Â»,
puisqu’ils ne sont aujourd’hui dĂ©terminĂ©s par rien
 sauf, au sein d’une
phrase, par un article qui ne leur appartient pas


Dans bien des cas, la détermination ne changerait pas grand-chose. Si

« Dans 

Lettres persanes

, Montesquieu propose Â» choque un peu moins, 

296

TITRE D’ƒUVRE

background image

il demeure que « Dans les 

Lettres persanes

, Montesquieu propose Â» passe

beaucoup mieux.

Dans d’autres cas, ça chahute moins : « Dans 

Journal d’un poùte

, Vigny 

propose Â»â€Š mais « Dans le 

Journal d’un poùte

, Vigny propose Â» est parfai-

tement correct et à mon sens préférable.

S. Nataraja

: â€Š de l’autre je trouve cela trĂšs lourd : dire « Dans 

Fables

»

m’agresse les oreilles et les yeux.

Cela agresse surtout l’intelligence


S. Nataraja

: Je ne suis pas du tout gĂȘnĂ© par « Dans le 

Dictionnaire philoso-

phique


 Â», voire « Dans son 

Dictionnaire philosophique


 Â», alors que certains

collĂšgues, si.

Demandez-leur si «

Dictionnaire philosophique

commence par
 Â» et « La

seconde entrĂ©e de 

Dictionnaire philosophique

de Voltaire nous rĂ©vĂšle Â» les

satisfont
 Demandez-leur si « Dans la prĂ©face de 

Dictionnaire de l’AcadĂ©mie

française

, Maurice Druon propose Â» les satisfont


Titre honorifique fi 

AbréviationTitre religieux.

Deux siĂšcles aprĂšs Valmy, certains scripteurs francophones 

sont contraints ou ravis d’user de formules Ă©tranges. Les rĂ©publicains
peuvent ignorer celles-ci en toute quiétude orthotypographique.

Abréviation.

Le titre honorifique se met au long s’il est employĂ© seul ; il ne 

s’abrĂšge que s’il est suivi d’un autre titre, ou du prĂ©nom, ou du patro-
nyme de l’individu qui en est a

∂

ublĂ© .

Son Altesse SĂ©rĂ©nissime a pris un avion d’une compagnie scandi-

nave ; mais : S. A. R. la princesse Anne est sortie Ă  cinq heures. 

Son Altesse Électorale a fait vidanger sa limousine ; mais : s’il est

possible au demeurant qu’on dĂ©loge S. A. I. le chah d’Iran, il y a peu
de chances qu’on dĂ©trĂŽne S. M. le roi des Cons (librement adaptĂ©
d’une strophe de Georges Brassens).

=

Code typ. 

1993

Gouriou 

1990

Lefevre 

1883

.

Cette rĂšgle a toujours sou

∂

ert d’ĂȘtre violĂ©e lorsque le scripteur 

souhaite Ă©tablir un semblant de familiaritĂ© avec le personnage Ă©voquĂ© :
j’ai bien connu Sa SaintetĂ© Pie XI.

297

TITRE D’ƒUVRE

TITRE HONORIFIQUE

background image

Singulier

Pluriel

S. A. Son Altesse (prince)

LL. AA. Leurs Altesses

S. A. Ă‰. Son Altesse Ă‰lectorale

LL. AA. Ă‰Ă‰ Leurs Altesses Ă‰lectorales

S. A. Ă‰m. Son Altesse Ă‰minentissime LL. AA. Ă‰Ă‰m. Leurs Altesses Ă‰minentissimes

S. A. I. Son Altesse ImpĂ©riale

LL. AA. II. Leurs Altesses ImpĂ©riales

S. A. R. Son Altesse Royale

LL. AA. RR. Leurs Altesses Royales

S. A. S. Son Altesse SĂ©rĂ©nissime

LL. AA. SS. Leurs Altesses SĂ©rĂ©nissimes

S. E. Son Excellence

LL. EE. Leurs Excellences

S. Gr. Sa GrĂące (duc)

LL. GGr. Leurs GrĂąces

S. H. Sa Hautesse (sultan)

—

S. M. Sa MajestĂ©

LL. MM. Leurs MajestĂ©s

S. M. I. Sa MajestĂ© ImpĂ©riale

LL. MM. II. Leurs MajestĂ©s ImpĂ©riales

S. M. R. Sa MajestĂ© Royale

LL. MM. RR. Leurs MajestĂ©s Royales

La liste pourrait s’allonger : S. M. P. (Sa MajestĂ© Prussienne), 

S. M. T. C. (Sa MajestĂ© trĂšs ChrĂ©tienne, France), S. M. T. F. (Sa
MajestĂ© trĂšs FidĂšle, Portugal), S. A. C. (Son Altesse Celsissime,
prince-Ă©vĂȘque de LiĂšge)
 

Encore en activitĂ© : S. M. C. (Sa MajestĂ© Catholique, Espagne),

S. T. G. M. (Sa trĂšs Gracieuse MajestĂ©, Royaume-Uni)


Attention à ne pas confondre l’Excellence civile (S. E.) et l’Excel-

lence religieuse (S. Exc.).

Les titres de noblesse peuvent s’abrĂ©ger.
Certaines graphies traditionnelles sont plaisantes : Ch

er

: chevalier,

B

on

: baron, B

onne

: baronne, V

te :

vicomte,  V

tesse

: vicomtesse, 

C

te :

comte, C

tesse

: comtesse, M

is

: marquis, M

ise

: marquise.

Souverains.

Le roi des Belges, le Chah, le Prince charmant, le Parc des Princes.

π

298

TITRE HONORIFIQUE

background image

Titre intérieur

Livre, partie, chapitre, section, article, paragraphe, alinéa.
Tome ou volume, livre, partie, titre, sous-titre, chapitre, sous-

chapitre, section, sous-section, article.

Paragraphes, alinĂ©as : I., II., III., IV., V., etc. ; A., B., C., D., E., etc. ;

1., 2., 3., 4., 5

., etc. ; a., b., c., d., e., etc. ; 

1o

,

2o

,

3o

,

4o

,

5o

, etc.

Le systĂšme numĂ©rique international a ses partisans : 

1., 1.1., 1.1.1.,

1.2., 1.2.1., 1.2.2., 2., 2.1., 2.1.1

., etc.

Titre religieux fi 

Titre honorifique.

Abréviation.

RĂšgle identique Ă  celle des titres honorifiques : Son Éminence a

pris un petit bateau ; mais : S. S. Jean-Paul II a pris un navire Ă  vapeur.

=

Code typ. 

1993

Gouriou 

1990

.

Singulier

Pluriel

D. Dom

—

F. FrĂšre

FF. FrĂšres

M

gr

Monseigneur (Ă©vĂȘque)

NN. SS. Nos Seigneurs

N. S.-P. Notre Saint-PĂšre (pape)

—

N. T. C. F. Notre trĂšs cher FrĂšre

NN. TT. CC. FF. Nos trĂšs chers FrĂšres

P. PĂšre

PP. PĂšres

R. P. RĂ©vĂ©rend PĂšre

RR. PP. RĂ©vĂ©rends PĂšres

S. Ém. Son Éminence (cardinal)

LL. ÉÉm. Leurs Éminences

S. Exc. Son Excellence (Ă©vĂȘque)

LL. EExc. Leurs Excellences

S. S. Sa SaintetĂ© (pape)

—

T. C. F. TrĂšs cher FrĂšre

TT. CC. FF. TrĂšs chers FrĂšres

Tome

Abréviation

: t. (tome, tomes).

‱‱

Le mot tome ne s’abrĂšge que dans les notes, les annexes, etc.

Dans le texte courant, il ne s’abrĂšge que dans les rĂ©fĂ©rences situĂ©es
entre parenthĂšses.

=

Lefevre

1883

.

299

TITRE INTÉRIEUR

TOME

background image

Tour fi Manifestation sportive, Monument

Trait d’union fi 

AntiDivision.

Le Conseil supĂ©rieur de la langue française dĂ©clare : Â« Les hĂ©sita-

tions concernant le pluriel de mots composĂ©s Ă  l’aide du trait d’union
sont nombreuses. Ce problĂšme ne se pose pas quand les termes sont
soudĂ©s (exemples : un portefeuille, des portefeuilles ; un passeport, des
passeports). Â»

Nom d’un petit bonhomme (pluriel bonshommes) ! ces Messieurs

(singulier Monsieur) du Conseil sont d’étranges gentilshommes (sin-
gulier 

gentilhomme), car madame donne (sans hĂ©sitation) mesdames au

pluriel, et mademoiselle devient mesdemoiselles (sans problĂšme).

« Multiplateforme Â», « anti-sous-marin Â», 

« micro-informatique Â»

À Typographie, les 14 et 15 dĂ©cembre 1998.

P. Jallon : 

Dans le mĂȘme esprit, j’y rĂ©flĂ©chis toujours Ă  deux fois avant 

d’employer un mot composĂ© introduit par un prĂ©fixe soudĂ©, par exemple :

multiplate-forme

. Franchement, ça me choque


T’as qu’à Ă©crire « multiplateforme Â»â€Š c’est disponible en magasin


P. Jallon :

Sauf que tous les magasins n’ont pas la mĂȘme enseigne.

C’est vrai. Par exemple, le 

Petit Larousse 1999

n’autorise toujours pas 

« plateforme Â». Si t’as besoin de cet article (et d’un certificat de garantie), va
chez

Little Bob

, il a ça en stock (plateforme ou plate-forme)


Pour multiplier les plates-formes ou les plateformes, y a pas trente-six solu-

tions
 Y en a que deux :

— multi-plate(s)-forme(s), pour les prudents ;
— multiplateforme(s), pour les audacieux

Multiplate-forme est une erreur grĂŽssiaire
 Pourquoi ? Pasqu’en gĂ©nĂ©ral on

se garde bien de « coller Â» des prĂ©fixes comme « multi Â» ou « anti Â» Ă  un mot
composé  AntiaĂ©rien, oui ! Antisous-marin, non ! Anti-sous-marin


[
] Cela dit, je n’ai pas de prĂ©fĂ©rence
 Pour tout dire, je m’en fous un

peu
 Si tu ne veux pas susciter de remarques désobligeantes, sois prudent et
adopte les deux traits d’union
 Si tu veux facilement clouer le bec de
quelques grincheux du dimanche, sois audacieux et colle


300

TOUR

TRAIT D’UNION

background image

À Typographie, les 8 et 9 novembre 2001.

J. AndrĂ© :

Mais au dĂ©part ma question sous-jacente Ă©tait : peut-on mettre

deux traits d’union dans un mot composĂ© ?

Ah ! si tu lisais les bons auteurs (Angelini, par exemple), tu saurais que le

record Ă  battre (pour les mots « courants Â»â€Š) est de quatre traits d’union ! Ça
se joue sur le zinc avec trois dés


Pour rĂ©pondre plus prĂ©cisĂ©ment Ă  ta question : l’absence dans les diction-

naires du jour de tout mot oĂč « multi Â» est suivi d’un trait d’union n’implique
nullement une interdiction
 Il est des cas oĂč un prĂ©fixe « ordinairement, habi-
tuellement, normalement Â» collĂ© ne peut pas, ne doit pas l’ĂȘtre. Par exemple
devant un nom propre, un sigle
 ou un mot composĂ© contenant dĂ©jĂ  un 
trait d’union
 Exemple classique : « antiaĂ©rien Â» mais « anti-sous-marin Â». Nul
ne songerait Ă  Ă©crire « antisous-marin Â». J’ajoute qu’avec quelques prĂ©fixes 
refusant de confondre (ou d’ajouter) leur finale et l’initiale du terme qu’ils 
prĂ©cĂšdent, le trait d’union s’impose quand cette finale et cette initiale sont
identiques. Imagine un machin multiple commençant par « i Â» (pour l’instant,
y en a pas, mais vu la multifĂ©conditĂ© du machin dont on cause, il en viendra,
c’est sĂ»r
), disons « intĂ©grateur Â», ça tombe bien, je ne sais pas ce que c’est,
eh bien, « multiintĂ©grateur Â» et « multintĂ©grateur Â» sont insoutenables
 alors
que « multi-intĂ©grateur Â» est Ă©patant
 enfin, façon de parler
 c’est Ă  chier
mais c’est clair, lisible, orthodoxe.

J.-P. Moreux :

Ces néologismes faisant le quotidien des éditeurs techniques

(et particuliùrement en informatique), j’ai le plaisir de vous informer qu’ils ne
posent plus problĂšme dĂšs lors que l’on dĂ©cide de sĂ©parer le prĂ©fixe avec un
trait d’union dans le seul cas d’hiatus.

Pas tout Ă  fait d’accord
 Cette dĂ©cision est sĂ©duisante, mais elle peut

engendrer de nombreuses fautes


D’abord, quantitĂ© de mots anciennement formĂ©s ou modifiĂ©s au 

xvii

e

siĂšcle

sĂ©parent certains prĂ©fixes par un trait d’union mĂȘme en l’absence d’hiatus

mais bornons-nous aux néologismes formés avec les préfixes que vous citez.

Si l’hiatus Ă©tait dĂ©cisif, il faudrait Ă©crire Â« multi-ethnique Â» et Â« micro-Ă©cono-

mie Â», or ce n’est pas le cas (

multiethnique

,

microéconomie

). On peut le regret-

ter (je le regrette trĂšs fortement !), mais c’est ainsi
 La rencontre de deux
voyelles identiques est un critĂšre plus sĂ»r (encore que
) : micro-ordinateur,
micro-ondes, micro-organisme. L’introduction de « digrammes piĂ©geux Â», par
exemple « oi Â» ou « ou Â», est un autre critĂšre (micro-informatique, iso-ionique),
parfois Ă©vitĂ© par le trĂ©ma (monoĂŻdĂ©isme)
 J’aimerais appliquer votre dĂ©cision
et mĂȘme l’étendre Ă  bien d’autres cas (sans hiatus)


Impossible, hĂ©las, en l’état actuel des choses lexicographiques. J’ai une

thĂ©orie pour expliquer l’amour insensĂ© que les langouistes d’aujourd’hui 
portent Ă  la soudure : ces gens-lĂ  haĂŻssent le trait d’union car c’est un signe qui 

301

TRAIT D’UNION

background image

ne se prononce pas, une horreur, donc, pour ceux qui ont mal digéré leurs
cours et sont, depuis, constamment à cÎté de leur saussures.

(Que les phonocentristes ne me renvoient pas aux Ă©tats trĂšs anciens de la

langue pour montrer que la soudure est une vieille tradition française
 primo,
je le sais, deuzio et surtouzio : avant la fin du 

xvi

e

siùcle, le trait d’union n’existe

pas
 difficile, donc, de l’employer.)

Trait d’union semi-long

À Typographie, du 17 au 18 juin 1997.
E. 

Curis

: Quand emploie-t-on telle ou telle sorte de tiret ? Je sais dĂ©jĂ  dis-

tinguer le trait d’union (tiret de cĂ©sure) du signe moins et des autres tirets,
mais je me demande en fait quand est employĂ© le tiret long : —,  le tiret
moyen : –, et tout autre tiret qui peut exister.

Dans les divers rĂŽles du tiret (incise, Ă©numĂ©ration, changement d’interlo-

cuteur, etc.), le tiret moyen ne devrait jamais remplacer le tiret long
 En
revanche, on pourrait l’utiliser en lieu et place du trait d’union dans quelques
cas, par exemple dans la graphie de certains noms propres « composĂ©s Â». 
Cela permet de distinguer graphiquement des « compositions Â» de natures trĂšs
différentes.

Lorsqu’il s’agit d’une entitĂ© unique, on emploie Ă©videmment le trait d’union :

Robbe-Grillet, Pas-de-Calais, etc. 

Lorsqu’il s’agit d’une entitĂ© « multiple Â» (ou occasionnelle
), on pourrait

employer le tiret moyen (c’est particuliùrement utile quand deux types de
composition interviennent) : le tandem Chirac â€“ Jospin, Forget â€“ Lecomte en
finale contre Durand â€“ Dupont-Lajoie, Erckmann â€“ Chatrian (emploi discutable,
car c’est un nom de plume), Nord â€“ Pas-de-Calais (emploi discutable, car, si
l’on gagne une lecture claire de la composition, on introduit de l’incohĂ©rence
dans une sĂ©rie), etc.

En bref, dans la typographie française, le tiret moyen est à mon sens moins

un « sous-tiret Â» qu’un « grand trait d’union Â»â€Š Plus le signe est petit, plus le
lien est fort


À F.L.L.F., le 25 fĂ©vrier 2000.

D. B. : 

Ou pire, comment distinguer deux noms de personnages différents

mais accolés comme dans le cas, je crois, du boulevard Richard-Lenoir qui
concerne un Monsieur Richard et un Monsieur Lenoir.

Plusieurs solutions
 (si on le souhaite, car la distinction n’est pas toujours

indispensable et, surtout
 surtout
 il faut ĂȘtre certain de pouvoir assumer ce 

302

TRAIT D’UNION

background image

choix dans 

toutes

les occurrences
). Prenons l’exemple classique oĂč les deux

types de liaison sont à l’Ɠuvre.

Emploi d’un tiret sur demi-cadratin : station Champs-ÉlysĂ©es â€“ Clemenceau.
Emploi d’un trait d’union encadrĂ© par des espaces fines : station Champs-

ÉlysĂ©es - Clemenceau.

TraitĂ© fi Accord, confĂ©rence, traitĂ©

Transcription, translittĂ©ration

« Le mot capitaine, par exemple, Ă©crit dans mon

dictionnaire gabidaine sera dĂšs lors prononcĂ© par
le jeune Prussien aussi purement que par le mĂȘme
Batignollais. Â»

Alphonse Allais, Ne nous frappons pas.

Transcription et translittération ne sont pas synonymes.
Exemple. — Selon les pinyinistes, deux arguments seraient dĂ©cisifs

pour les identifier. Primo, ces formes ont été élaborées et leur emploi
est recommandĂ© par les Chinois eux-mĂȘmes ; secundo, l’ensemble 
des nations devant les adopter, les di

∂

érences parfois considérables

entre les anciennes transcriptions cesseront enfin de faire obstacle Ă  la
communication entre les peuples.

Les Chinois peuvent Ă©crire Molitg-les-Bains, Graulhet ou Laguiole

comme ils l’entendent, aucun sinologue francophone et sain d’esprit
n’ira leur donner de conseils dĂ©placĂ©s sur la question. 

Quant à l’unification des transcriptions, on est saisi de stupeur à

l’idĂ©e qu’elle est cautionnĂ©e par des universitaires et des lexicographes :
le pinyin est destinĂ© Ă  ĂȘtre lu par des francophones, des anglophones,
des germanophones, des hispanophones, etc. EurĂȘka, aujourd’hui
PĂ©kin se prononce Beijing dans toutes les langues. En français : BĂ©gin,
d’oĂč risque de confusion pour le premier pĂ©kin venu.

À Typographie, le 20 dĂ©cembre 1997.

La graphie 

Viet Nam

est trùs critiquable (elle n’est d’ailleurs soutenue par

aucune source française compĂ©tente en la matiĂšre
 je n’inclus ni l’ISO ni

303

TRAIT D’UNION

TRANSCRIPTION, TRANSLITTÉRATION

background image

l’UPU dans cette catĂ©gorie) [
] Cet accent circonflexe n’est pas destinĂ© 
Ă  transcrire en français un son du vietnamien
 il est vietnamien (voir plus
bas ; les Vietnamiens utilisent l’alphabet latin, assorti de nombreux signes 
diacritiques).

[
] Cette graphie viole une rĂšgle typographique en Ă©liminant le trait d’union

qui doit figurer entre tous les composants des noms français ou francisés de
territoires administrativement organisés (à quelques exceptions prÚs, mais on
en parlera peut-ĂȘtre un autre jour
). Car 

ViĂȘtnam, Vietnam

(formes recom-

mandĂ©es), 

ViĂȘt-Nam, Viet-Nam

(formes admissibles) sont francisés (toutes les

autres graphies ne sont ni françaises ni vietnamiennes). Si vous récusez la sou-
dure (ce qui peut se concevoir) et si vous tenez à vous passer du trait d’union,
il vous faut renoncer aux formes francisĂ©es et recourir Ă  l’écriture 

qu

Á

c ng

Ë

[
], et alors là, coucou, retour officiel et obligatoire de l’accent circonflexe sur
le 

e

avec en supplément un petit point au-dessous de cette voyelle [
].

L’accent circonflexe de la recommandation officielle (

ViĂȘtnam

) est certes dis-

cutable, mais pour une raison différente de celle que vous avancez. Cet accent
me gĂȘne un peu, car il introduit une incohĂ©rence entre le nom du pays et ses
dérivés (

vietnamien

, sans accent). Un reproche similaire peut d’ailleurs ĂȘtre

adressé à la graphie qui a votre préférence (

Viet Nam

, vietnamien).

En rĂ©sumĂ©, 

ViĂȘtnam

et 

Vietnam

sont recommandĂ©s ; 

ViĂȘt-Nam

et 

Viet-Nam

sont tolĂ©rables ; 

ViĂȘt Nam, Viet Nam

et toutes les graphies imaginables (sauf

une) sont fautifs. Quant Ă  la graphie vietnamienne officielle [
], 

Vi

Ê

t Nam

(avec un point sous le 

ĂȘ

), elle est Ă©videmment irrĂ©prochable mais elle n’a pas

Ă  ĂȘtre employĂ©e dans les textes rĂ©digĂ©s et composĂ©s en français (hormis les
travaux spécialisés).

À Typographie, le 1

er

mars 2001.

O. Randier :

Quelques difficultĂ©s avec les assemblĂ©es athĂ©niennes : la

boulĂȘ

; l’

ekklĂšsia

; mais « tribunal de l’HĂ©liĂ©e Â». Pourquoi un traitement diffĂ©-

rent, tant au niveau de la transcription 

(hĂšliaia)

que des majuscules et de 

l’italique ?

ProblĂšme de cohĂ©rence Ă  soumettre Ă  l’auteur (qui, je t’en fais le pari, te

rĂ©pondra que cette façon de faire est classique, attestĂ©e [c’est vrai], Ă©patante,
indiscutable [mouais])
 car, tel que c’est, rien à dire, du moins en ce qui
concerne l’orthotypo (sauf, Ă  mon sens, l’accent grave de ton assemblĂ©e
).

Seule l’HĂ©liĂ©e est une dĂ©nomination propre (ce n’est pas un solarium)
 et

francisĂ©e (jadis, on Ă©tait moins timide et l’on parlait de la Chambre du
Soleil
). Majuscule et romain obligatoires.

Quant aux noms grecs qui ne sont pas véritablement des dénominations

propres au sens oĂč nous l’entendons (mais, perso, une cap initiale ne me cho-
querait pas
 tention ! ce n’est pas un conseil
 personne, Ă  ma connaissance,

304

TRANSCRIPTION, TRANSLITTÉRATION

background image

n’en met
), mĂȘme transcrits en caractĂšres latins, l’italique leur sied
 et 
rien n’interdit d’employer (d’ajouter) les romaines formes francisĂ©es (avec les
Quatre-Cents, tu verras fleurir les majuscules), surtout s’il s’agit d’un manuel
scolaire


Troncation fi 

AbréviationAcronymeApostropheSigle.

1

. Vocabulaire.

1.1

.

La troncation ne doit pas ĂȘtre confondue avec l’abrĂ©viation ou

la siglaison. La troncation Ă©limine d’abord des sons (phonĂšmes) ; le 
langage Ă©crit reproduit cette rĂ©duction orale : [auto]bus 

>

bus, 

dactylo[graphe] 

>

dactylo, micro[phone] 

>

micro, [mas]troquet 

>

troquet. L’abrĂ©viation Ă©limine des lettres ; le langage oral ne tient pas
compte de cette rĂ©duction graphique : M

me

, ouvr. citĂ© se lisent

Madame, ouvrage citĂ©. La siglaison Ă©limine des lettres ; le langage oral
tient compte de cette rĂ©duction graphique : C.G.T. se lit « cĂ©gĂ©tĂ© Â»,
OTAN (acronyme) se lit « otan Â».

1.2

.

∞

Troncation et diminution. 

La premiĂšre opĂšre sur la forme et raccourcit la prononciation 

puis la graphie d’un mot sans modifier nĂ©cessairement sa signifi-
cation : tous les autobus peuvent devenir des bus. La diminution
opĂšre nĂ©cessairement sur la signification, en l’altĂ©rant, voire en la
modifiant profondĂ©ment ; pour ce faire, elle peut recourir Ă  la tron-
cation et Ă  quantitĂ© d’autres procĂ©dĂ©s de dĂ©rivation (prĂ©fixation, su

∑-

xation, gĂ©mination, etc.). Si certains mots subissent une troncation et
une diminution (tous les professeurs peuvent devenir des profs, mais 
une once de familiaritĂ© est introduite), la plupart des diminutifs ne 
doivent rien Ă  la troncation : sƓur 

>

sƓurette.

2

.

‱‱

Emploi et formation.

Contrairement aux abrĂ©viations (voir : AbrĂ©viation Â§

2

), les mots 

obtenus par troncation ne sont soumis Ă  aucune restriction relevant
de l’orthotypographie. Seuls le niveau de langue et le registre rĂ©gissent
leur emploi.

305

TRANSCRIPTION, TRANSLITTÉRATION

TRONCATION

background image

La troncation se pratique partout, en plein air, au bistrot, à l’usine,

Ă  l’oral et Ă  l’écrit ; la siglaison et l’abrĂ©viation sont des activitĂ©s de
« bureau Â». Si l’on tient Ă  la vitalitĂ© du français, on fera davantage
confiance aux bistrots qu’aux bureaux. Lorsqu’un mot obtenu par
troncation est en concurrence avec un sigle, on adoptera de préférence
le premier, mĂȘme si les bistrots imposent un prĂ©fixe orphelin, d’ori-
gine grecque : tĂ©lĂ© plutĂŽt que T.V. (ce sigle « mal formĂ© Â» peut ĂȘtre
considéré comme un belgicisme [tévé] calqué sur un anglicisme
[tivi]). Chargée de di

∂

user des programmes francophones, soutenue

par des organismes chargĂ©s de dĂ©fendre notre langue, « TV 5 Â» a
adopté un sigle déplorable.

Les mots obtenus par troncation respectent généralement les rÚgles

d’accord de leur catĂ©gorie : des dactylos sympas parlent devant les
micros des radios. Nombre d’entre eux ne sont presque plus perçus
comme des formes rĂ©duites : les pneus du taxi (les pneumatiques du
vĂ©hicule Ă©quipĂ© d’un taximĂštre).

Ils partagent ces particularités avec certains acronymes (sigles lus

comme des mots ordinaires), qui ont pourtant un mode de forma-
tion radicalement di

∂

Ă©rent : ces taxis sont Ă©quipĂ©s de radios (postes

récepteurs de radiodi

∂

usion) mais ne disposent pas de radars (radio

detection and ranging).

Ils ne sont jamais suivis d’un point abrĂ©viatif : doc est la troncation

de « docteur Â», doc. est l’abrĂ©viation de « document Â» ; typo (fĂ©m.
typote) la troncation traditionnelle d’« ouvrier typographe Â», typ. ou
typogr. sont des abrĂ©viations de « typographie Â».

L’apostrophe peut marquer la troncation, singuliùrement dans les

noms propres : le Boul’ Mich’. « Ainsi les Parisiens baptisaient-ils avec
une familiaritĂ© pompeuse leur vĂ©lodrome d’hiver, notre vieux VĂ©l’
d’Hiv’. Â» â€“ Antoine Blondin,

Ma vie entre les lignes.

ProblĂšmes posĂ©s par l’accord des noms communs et des adjectifs,

voir : 

Apostrophe Â§

2.2

.

3

.

La formation des abréviations obéit à des rÚgles, la troncation

dĂ©pend de la fantaisie ou du gĂ©nie des locuteurs. 

306

TRONCATION

background image

Toutes les abréviations réguliÚrement formées par le retranchement

de lettres finales s’achĂšvent par une consonne (et un point abrĂ©via-
tif
) : paragr., suiv. Les mots obtenus par retranchement de phonĂšmes
finaux s’achùvent le plus souvent par une voyelle, mais parfois par une
consonne : auto, cinĂ©ma, prof. (Dans quelques cas, une variante 
graphique ajoute une voyelle finale muette : permission 

>

perm ou

perme.) Le retranchement de phonùmes initiaux est un mode d’abrù-
gement rare mais tout Ă  fait admissible (autobus rĂ©duit Ă  bus) ; le retran-
chement de l’initiale n’intervient jamais dans l’abrĂ©viation française.

Questions d’apostrophes

À Typographie, le 9 janvier 1999.

O. Randier :

Entre quat-z-yeux

,

entre quat’z-yeux

,

entre quat’z’yeux

,

entre

quat’-z-yeux

. Ceci dit, je reste un peu perplexe sur cette recherche des signes

possibles avant l’apostrophe. Pour moi, il me semblait que l’apostrophe reprĂ©-
sente en français l’élision (et, dans ce cadre, la recherche paraĂźt possible).

Oui
 c’est pourquoi je conteste 

y’a

et 

quat’z’yeux




1.

Y a pas de raison

, c’est : « Il n’y a pas de raison Â». Aucune Ă©lision entre « y Â» 

et « a Â». Dans les cas oĂč « y Â» devient un pronom (il, ils, lui), y a substitution gra-
phique. On comprendrait « i’commence Ă  me gonfler Â» mais non « Y’commence
Ă  me gonfler Â», encore moins « Dis-y â€™ donc Â» (dis-le-lui donc) oĂč « y = le + lui Â»â€Š

2. La graphie 

quat’z’yeux

(

Robert

) n’a guĂšre de sens. OĂč est l’élision entre

« z Â» et « y Â» ? Le bon choix est : Â« quat’z-yeux Â» (

Larousse

).

O. Randier :

Aussi la troncation (et là, il me semble que c’est beaucoup

moins vraisemblable). En français, toutes les lettres ou presque ne sont-elles
pas virtuellement candidates ?

Aujourd’hui, en français (et hors des honorables graphies d’amuïssement

imposĂ©es par la prosodie), la troncation (officialisĂ©e ou non
) n’appelle
qu’exceptionnellement l’apostrophe (prof, cinĂ©, mataf, etc.), sauf parfois dans
les expressions et les noms propres (Boul’ Mich’), et quasiment jamais aprùs
une voyelle, or la voyelle finale est un des charmes de la troncation (aristo,
mĂ©tro, loco, rata). L’apostrophe dans les troncations est une timiditĂ© : on n’ose
pas encore considĂ©rer la forme tronquĂ©e comme autonome. C’est donc un
frein plus qu’une marque de libertĂ©. Sans parler des problĂšmes que pose alors
le pluriel
 

Et si nous passions, pour faire la joie des patatypographes, aux cas oĂč 

l’apostrophe est prĂ©cĂ©dĂ©e d’une espace et suivie d’une lettre ?


307

TRONCATION

background image

À Typographie, le 26 septembre 2000.
O. Randier : Tiens, bonne question : n’y a-t-il pas quelques cas oĂč on peut

la marquer par une apostrophe ?

Impossible de rĂ©pondre briĂšvement. Pour aller Ă  l’essentiel, disons que 

certaines troncations sont, par exemple, la traduction graphique d’apocopes
populaires « occasionnelles Â».

Dans les cas oĂč une ambiguĂŻtĂ© est inĂ©vitable, le recours Ă  l’apostrophe est

plus que judicieux.

∫

308

TRONCATION

background image

Union

L’Union de l’Europe occidentale (U.E.O.), l’Union française, 

l’Union indienne, l’Union des rĂ©publiques socialistes soviĂ©tiques
(U.R.S.S. ou URSS), l’Union sud-africaine, l’United Nations Educa-
tional, Scientific and Cultural Organization (UNESCO).

Unité de mesure fi

AbréviationSigle.

Le respect des conventions est relativement rĂ©cent : 
[«

1cal

|

2

,

8

|

1

.

000

=

2

.

800

calories. Â»] â€“ Blanche Gauthier-

Échard, LĂ©on Perseil,

Cours de physique Ă  l'usage des Ă©coles primaires

supĂ©rieures et des candidats au brevet Ă©lĂ©mentaire, Fernand-Nathan,
Paris, 

1922

.

Sous leur forme complĂšte, les noms des unitĂ©s de mesure s’écrivent

tous avec une minuscule initiale, y compris ceux qui reprennent le
patronyme d’un savant. Dans ce dernier cas, la minuscule initiale est
trĂšs judicieuse, car elle Ă©vite d’éventuelles ambiguĂŻtĂ©s : Â« Un newton,
ce n’est pas grand-chose. Â» En revanche, les formes abrĂ©gĂ©es retrouvent
la majuscule initiale, ce qui n’est guĂšre logique mais permet d’attri-
buer la mĂȘme lettre Ă  deux unitĂ©s : a (are), A (ampĂšre). Le recours 
Ă  une seconde lettre (minuscule) multiplie les possibilitĂ©s : h (heure),
H (henry), Hz (hertz).

Les formes abrĂ©gĂ©es sont des symboles : aucune ne prend un point

abréviatif.

ampĂšre A

coulomb C

gramme g

are a

degrĂ© Â°

gray G

bar bar

dioptrie

d

henry H

becquerel Bq

farad F

hertz Hz

candela cd

grade gr, gon

heure h

309

background image

joule J

mole mol

sievert Sv

jour j

newton N

stĂ©radian sr

kelvin K

nit nt

tesla T

litre l

ohm O

tex tex

lumen lm

pascal Pa

tonne t

lux lx

radian rad

tour tr

mĂštre m

seconde s

volt V

minute min

seconde d’angle

’’

weber Wb

minute d’angle

’

siemens S

watt W

Multiples et sous-multiples

Préfixe Préfixe

Facteur

(nom)

(symbole)

de multiplication

yotta

Y

10ÇÑ

1 000 000 000 000 000 000 000 000

zetta

Z

10ÇÅ

1 000 000 000 000 000 000 000

exa

E

10Åà

1 000 000 000 000 000 000

peta

P

10ÅÖ

1 000 000 000 000 000

téra

T

10ÅÇ

1 000 000 000 000

giga

G

10Ăą

1 000 000 000

méga

M

10Ü

1 000 000

kilo

k

10É

1 000

hecto

h

10Ç

100

déca

da

10Å

10

déci

d

10–Å

0,1

centi

c

10–Ç

0,01

milli

m

10–É

0,001

micro

”

10–Ü

0,000 001

nano

n

10–ñ

0,000 000 001

pico

p

10–ÅÇ

0,000 000 000 001

femto

f

10–ÅÖ

0,000 000 000 000 001

atto

a

10–Åà

0,000 000 000 000 000 001

zepto

z

10–ÇÅ

0,000 000 000 000 000 000 001

yocto

y

10–ÇÑ

0,000 000 000 000 000 000 000 001

∂

310

UNITÉ DE MESURE

background image

Université

Le mot universitĂ© prend la majuscule initiale lorsqu’il dĂ©signe le

corps enseignant : ses travaux sont brocardĂ©s par l’UniversitĂ©.

L’universitĂ© de Besançon, l’universitĂ© Columbia (New York), 

l’universitĂ© de Columbia (Caroline-du-Sud), l’universitĂ© Harvard, 
l’universitĂ© Yale. 

L’UniversitĂ© nouvelle, l’UniversitĂ© ouvriĂšre.

∫

311

UNIVERSITÉ

background image
background image

VĂ©hicule fi 

Bateau.

‱‱‱

Le nom propre d’une sĂ©rie de vĂ©hicules ou d’un modĂšle se

compose en romain : une MĂ©gane, deux Safrane, trois Laguna.

‱‱‱

Le nom propre d’un vĂ©hicule se compose en italique.

=

Impr. nat.

1990

Ramat

1994

.

Avions.

« Le chef mitrailleur du PĂ©lican I et le mĂ©canicien l’accom-

pagnaient, moins saouls. Â» â€“ AndrĂ© Malraux,

l’Espoir.

Vers

« J’ai fait de temps en temps de mĂ©diocres vers ; c’est

un exercice assez bon pour se rompre aux inversions
Ă©lĂ©gantes, et apprendre Ă  mieux Ă©crire en prose. Â»

Jean-Jacques Rousseau,

les Confessions.

Capitale initiale.

La rĂšgle veut que chaque vers commence par une capitale initiale.

C’est indiscutable pour la quasi-totalitĂ© des Ɠuvres, mais les poĂštes
ont leurs raisons que les typographes ou leurs Ă©pigones ne sont pas
autorisĂ©s Ă  ignorer :

« Quel beau carnage sans colĂšre en ton honneur, regarde :
dans cette nuit polaire aussi blanche que noire,
dans ce cƓur dĂ©vastĂ© aussi bien feu que glace,
dans cette tĂȘte, grain de plomb ou pur espace,
vois quel vide parfait se creuse pour ta gloire. Â»

RenĂ© Daumal, PoĂ©sie noire, PoĂ©sie blanche.

313

background image

Abréviations et chi

∂

res.

ÉpelĂ©s ou lus au long (acronymes), les sigles sont admis sans 

restriction.

« P.R. et R.P.R., Radicaux, C.D.S.,
Amis de Lecanuet et de J.J.S.S.,
Paladins de Ponia, baladins de Chirac,
Petits rentiers frileux et requins de Ceyrac,
N’avaient plus qu’un espoir : c’était en l’ÉlysĂ©e ! Â»

Jean-Michel Royer, d’aprĂšs Victor Hugo, Ă€ la maniĂšre
 deux.

Les codes proscrivent les abrĂ©viations dans la poĂ©sie. Code typ. 

1993

prĂ©cise mĂȘme que le compositeur ne doit en « faire aucune [
], lors
mĂȘme que la copie en contiendrait Â»â€Š Les poĂštes ne savent pas toujours
ce qu’ils font. Une abrĂ©viation de (feinte) discrĂ©tion (S*** se lit Savine
et rime avec mine), due Ă  un spĂ©cialiste mal informĂ© de l’Art poĂ©tique :

« Quelqu’un a-t-il connu Monsieur S***,

Quelqu’un ici ?

C’est un gros laid d’assez fadasse mine

»

Et bĂȘte aussi
 Â»

Paul Verlaine, Â« Un Ă©diteur Â», 

Invectives.

Les chi

∂

res s’introduisent parfois dans les vers rĂ©guliers (ici : 

8

,

6

,

8

et

6

pieds) :

« Un Jurançon 

93

»

Aux couleurs du maĂŻs,

Et ma mie, et l’air du pays,

Que mon cƓur Ă©tait aise. Â»

Paul-Jean Toulet,

les Contrerimes.

Alinéas.

¶ Si un vers « appartient Â» Ă  plusieurs interlocuteurs, on le compose

en escalier. On renfonce chaque segment de la valeur exacte du 
prĂ©cĂ©dent, plus une espace :

314

VERS

background image

« Trissotin

»

Je soutiens qu’on ne peut en faire de meilleur ;
Et ma grande raison, c’est que j’en suis l’auteur.

Vadius

Vous ?

Trissotin

Moi.

Vadius

Je ne sais comment se fit l’a

∂

aire.

Trissotin

C’est qu’on fut malheureux de ne pouvoir vous plaire. Â»

MoliĂšre, les Femmes savantes, acte III, scĂšne iii.

=

Lefevre 

1855

.

L’alinĂ©a au sein d’un vers engendre la mĂȘme disposition :

« Un prisonnier, un juge, un fantĂŽme ; l’ancĂȘtre !
C’est Fabrice.

On l’amĂšne Ă  la merci du maĂźtre. Â»

Victor Hugo,

la LĂ©gende des siĂšcles.

Veuve fi Ligne creuse

∑

315

VERS

VEUVE

background image

Ville et village fi

Article dans les noms propresGĂ©ographie.

« Souvenez-vous que les murs des villes ne se forment

que du dĂ©bris des maisons des champs. À chaque Palais
que je vois Ă©lever dans la capitale, je crois voir mettre en
mazures tout un pays. Â»

Jean-Jacques Rousseau, Du contrat social.

Pluriel.

Seules sont des pluriels les dénominations commençant par un

article dĂ©fini pluriel : Les Andelys sont situĂ©s dans l’Eure.

Quels que soient les Ă©lĂ©ments pluriels qu’ils incluent, tous les autres

noms de localitĂ©s sont des singuliers : Ax-les-Thermes est une station
pyrénéenne, Forges-les-Eaux est en Normandie, Salins-les-Bains est
dans le Jura. CarriÚres-sur-Seine est peuplé (ou peuplée) de Carillons
(ou de Carriérois). Saintes-Maries-de-la-Mer est une commune des
Bouches-du-RhĂŽne. Trois-RiviĂšres est situĂ© (ou situĂ©e) au Canada.

=

Grevisse 

1986

, bien que sa formule manque pour le moins de prĂ©-

cision : « Les noms de localitĂ©s qui contiennent l’article pluriel sont
considĂ©rĂ©s comme des pluriels. Â»

Genre.

Quiconque a soif de certitude ne se désaltérera pas ici. Le genre des

villes est un des hauts lieux de la liberté onomastique. Hormis celles
dont le nom contient un article (singulier), les villes ne se laissent pas
facilement attribuer un genre immuable.

Sont a priori des noms masculins : Le Caire, Le Havre, Le VĂ©sinet.
Sont a priori des noms fĂ©minins : La FertĂ©-Alais, La Havane, La

Nouvelle-Orléans.

Lorsqu’un article pluriel prĂ©cĂšde un « nom commun courant Â», le

genre est aisĂ© Ă  deviner : Les Sables-d’Olonne sont situĂ©s sur l’Atlantique.

Les « saints Â» sont d’un grand secours : Saint-Étienne et Sainte-

Menehould ne sont pas du mĂȘme genre.

Pour les milliers de villes dont le nom ne contient aucun élément

d’un genre clairement identifiable, on suggĂšre parfois de se fier Ă  
la derniĂšre syllabe, Ă  la rime. Syllabe muette, le nom a de grandes

316

VILLE ET VILLAGE

background image

chances d’ĂȘtre fĂ©minin ; syllabe sonore, le nom a de grandes chances
d’ĂȘtre masculin. Certains auteurs prĂ©sentent comme une vieille rĂšgle
française l’attribution du fĂ©minin aux noms de villes se terminant par
une voyelle, du masculin Ă  ceux qui se terminent par une consonne.
Ces deux « rĂšgles Â» sont souvent contradictoires : Londres (syllabe
muette, consonne), Marseille (syllabe muette, voyelle). 

MĂȘme si elles peuvent aider parfois Ă  « se faire une idĂ©e Â», il est 

préférable de les considérer toutes les deux avec circonspection ou,
mieux, de les oublier. 

Pour deux raisons :
— Si l’on tente de vĂ©rifier leur pertinence avec des exemples indis-

cutables, on obtient ceci : Le Caire, Le Havre, Les Sables-d’Olonne,
Saint-Étienne (voyelle, syllabe muette
 masculin) ; La FertĂ©-Alais,
La Nouvelle-Orléans, Sainte-Menehould (consonne, syllabe sonore

fĂ©minin) ;

— Selon les circonstances (syntaxe et niveau de langue, registre),

les noms de villes peuvent ĂȘtre soit masculins, soit fĂ©minins


=

Grevisse 

1986

.

≠

Berthier 

&

Colignon

1979

Typogr. romand 

1993

.

Accords et syntaxe.

Déterminées occasionnellement par un article défini, les villes

adoptent de préférence le masculin. Certains adjectifs antéposés
(grand, vieux) accentuent cette tendance.

Londres est belle (ou beau) sous le brouillard, le Londres de 

Dickens est moins vert que la Normandie de Maupassant, le Grand
Londres a Ă©tĂ© liquidĂ© par Margaret Thatcher.

Marseille est belle sous le soleil, il regrette le Marseille des années

trente, Bruxelles est belle (ou beau) sous la drache.

Le vieux Bruxelles a été liquidé par les spéculateurs et les architectes.
Alger est blanc sous le soleil, aussi l’appelle-t-on Alger la Blanche.
PrĂ©cĂ©dĂ©es de tout, toutes les villes renoncent au fĂ©minin, y compris

celles dont le nom inclut un article dĂ©fini fĂ©minin : tout La Rochelle
est saisi d’allĂ©gresse, toute la ville en parle.

317

VILLE ET VILLAGE

background image

Remarque. — Â« Tout Â» signifie ici « toute la population de Â» et non

« l’ensemble de la ville de Â». C’est donc Ă  tort que l’on Ă©crit parfois
[« Tout Londres est en flammes. Â»]

Tout Paris est dans les rues, le Tout-Paris.
Quelques villes italiennes sont trÚs attachées à leur genre. Mais il y

a des limites Ă  tout :

— la Florence des MĂ©dicis, la Venise des doges, tout Venise est 

enrhumĂ© ;

— la Rome des papes, Rome est belle sous les CĂ©sars, on circule

mal dans le Grand Rome, tout Rome est Ă  Ostie.

Lorsque le nom d’une ville est employĂ© pour dĂ©signer une Ă©quipe

ou un club sportifs, le masculin est de rigueur (mĂȘme s’il s’agit d’une
Ă©quipe fĂ©minine) : La Rochelle a Ă©tĂ© battu au Havre ; Marseille,
a

∂

aibli, renonce Ă  rencontrer Valenciennes.

Registres.

Le français littĂ©raire privilĂ©gie le fĂ©minin ; le français courant ou

technique, le masculin.

Dans l’accord des adjectifs et des participes, toute grande localitĂ©

« masculine Â» peut s’approprier le genre fĂ©minin : Dakar est beau (ou
belle) sous les nuages ; Oslo est beau (ou belle) sous la neige.

Attention Ă  ne pas confondre nom propre composĂ© (trait d’union

obligatoire) et surnom (pas de trait d’union) : Louvain-la-Neuve,
Sainte-Foy-la-Grande, Sidi-bel-AbbĂšs ; Alger la Blanche, Albi la Rose.

Article.

L’article prend la majuscule, sauf s’il y a contraction : Le Havre, 

La Nouvelle-OrlĂ©ans, La Rochelle, Les Sables-d’Olonne, Le TrĂ©port.
Le port du Havre ne doit rien Ă  Le Nain ; je vais au TrĂ©port puis aux
Sables-d’Olonne.

Les toponymes et les patronymes sont soumis Ă  des rĂšgles trĂšs

di

∂

Ă©rentes : le classement alphabĂ©tique des localitĂ©s ne tient pas

compte de l’article : Havre (Le), Rochelle (La). Cet usage est absurde.
D’excellents typographes (RĂšgles Hachette 

1924

Leclerc 

1939

) ont 

318

VILLE ET VILLAGE

background image

suggĂ©rĂ© d’écrire comme jadis : le Havre, la Rochelle. Les lexicographes
ne les ont hélas pas suivis.

Surnoms.

La Ville Ă©ternelle (Rome), la Ville LumiĂšre (Paris), la Ville sainte

(JĂ©rusalem).

≠

Impr. nat.

1990

{la Ville Ă‰ternelle}, Tassis

1870

{la ville Ă©ternelle}.

PrĂ©sence et graphie de l’article 

dans les noms de lieux

À France-Langue, les 27 et 28 juillet 1998.

Edn :

Qui saurait me donner une réponse circonstanciée concernant les

contractions d’articles pour les communes françaises ?

Il n’y a pas ici de « rĂšgle particuliĂšre Â»â€Š simplement la rĂšgle gĂ©nĂ©rale du

français en pareil cas
 donc
 contraction « normale Â» des articles dĂ©finis
initiaux (la mairie du village, la mairie du Havre, la mairie des Essarts), Ă  
l’exception Ă©videmment et trĂšs « normalement Â» des articles Ă©lidĂ©s (la mairie
de L’Albenc) et des articles fĂ©minins singuliers (la mairie de la commune, la
mairie de La Rochelle)


C’est une des raisons pour lesquelles je milite (sans espoir
) pour le retour

Ă  la minuscule initiale des articles dĂ©finis initiaux dans les noms de localitĂ©s

L’autre Ă©tant que ces toponymes sont classĂ©s alphabĂ©tiquement sans tenir
compte de l’article


Edn :

Le Tremblay : mairie de Le Tremblay ou mairie 

du

Tremblay ? Les

Essarts : mairie de Les Essarts ou 

des

Essarts ? Le MĂ©e-sur-Seine : mairie de Le

MĂ©e s/Seine ou 

du

MĂ©e-sur-Seine ?

Les mairies du Tremblay, des Essarts, du MĂ©e-sur-Seine (jamais de « s/ Â» ou

de « / Â»â€Š).

« Retour Ă  la minuscule initiale des articles dĂ©finis initiaux dans les noms 

de localitĂ©s
 Â» : prĂ©cision
 C’est bien sĂ»r dĂ©jĂ  le cas pour les hameaux, les
quartiers, les lieux-dits
 comme la DĂ©fense ou la Villette


À F.L.L.F., le 5 janvier 2000.

H. Chauvet :

J’aimerais savoir si, dans les noms de villes composĂ©s, le trait

d’union est obligatoire, interdit ou facultatif.

Obligatoire, sauf aprĂšs l’éventuel article initial (on comprend pourquoi).
Ah ! j’oubliais la pitrerie techno
 sauf pour les tĂȘtes pensantes de la Poste


319

VILLE ET VILLAGE

background image

À F.L.L.F., le 23 mai 2000.

D. Didier :

Je prends un guide rĂ©gional et je lis : Veuve (la), Islettes (les),

Marne ; Riceys (les), Haute-Marne ; Saulsotte (la), Aube. 

Si j’ouvre un annuaire, je retrouve la mĂȘme prĂ©sentation.

Eh bien, votre guide régional et votre annuaire commettent quatre erreurs.

Ces quatre localitĂ©s sont des communes, donc leur article initial doit prendre
une majuscule, mĂȘme lorsqu’il est postposĂ© et mis entre parenthĂšses. Ça, c’est
une rĂšgle (alors qu’aucune « rĂšgle Â» ne dĂ©termine « mĂ©caniquement Â» le genre
des noms de ville
).

D. Didier :

Je pourrais rĂ©pĂ©ter la mĂȘme opĂ©ration pour une autre province :

Chapelle-devant-Bruyùres (la), Val-d’Ajol (le), Vosges.

Encore deux communes, donc deux erreurs


D. Didier :

Et un festival de piano peut se dĂ©rouler Ă  Roque-d’AntĂ©ron (la).

Roque-d’AnthĂ©ron (La).

D. Didier :

À ne pas confondre avec les Laroquebrou ou Laroque-Timbaut.

L’agglutination de l’article peut jouer des tours


Non, l’agglutination de l’article ne joue aucun tour et ne pose aucun 

problĂšme orthotypographique : elle a eu lieu, c’est tout.

D. Didier :

Je ne cherche pas à infirmer une rùgle qui n’existe d’ailleurs pas

vraiment


Si, si


D. Didier :


 mais je constate que les noms de grandes villes ne sont pas

soumis aux mĂȘmes normes orthotypographiques que les petites communes
et les hameaux, qui sont sujets à l’absence de majuscule pour l’article.

Non, la dĂ©marcation ne se situe pas entre les « grandes Â» et les « petites Â»

localitĂ©s (ce « critĂšre Â» n’est pas opĂ©rationnel
 il est donc irrecevable
). Elle
passe entre les communes et les hameaux, les lieux-dits.

D. Didier :

Est-ce parce qu’ils Ă©chappent aux dictionnaires courants ?

L’importance numĂ©rique et Ă©conomique d’une agglomĂ©ration permettrait-elle
de ne pas se dĂ©finir simplement comme un lieu-dit sur le modĂšle du 
Blanc (mont), du LĂ©man (lac) ? Ou aurions-nous encore affaire Ă  l’article de
notoriĂ©tĂ© ?

Rien de tout ça — encore que la comparaison des lieux-dits avec les topo-

nymes non administratifs, disons « gĂ©ographiques Â», soit en partie pertinente â€”,
mais je retiens votre premiĂšre hypothĂšse, car elle explique « en creux Â» le 
phĂ©nomĂšne que vous avez observĂ© dans des guides « rĂ©gionaux Â».

Les dictionnaires courants (ou spécialisés
), ainsi que tous les ouvrages de

référence sérieux sont en général écrits, composés, révisés, corrigés par des
gens qui connaissent les conventions du français Ă©crit. 

320

VILLE ET VILLAGE

background image

C’est plus rarement le cas pour les guides rĂ©gionaux, les annuaires et 

toutes ces sortes of choses


Or, par nature, les dictionnaires d’usage courant n’offrent des entrĂ©es qu’aux

localitĂ©s d’une certaine importance
 Cela ne signifie nullement que les saines
conventions qu’ils respectent ne s’appliquent pas aux rĂ©alitĂ©s que faute de
place ils ignorent


D. Didier :

Mais alors comment expliquer dans certains cas la disparition de

l’article, notamment devant les diffĂ©rentes « Villeneuve Â», « Villefranche Â» ?

Comme son agglutination, la disparition de l’article est un phĂ©nomĂšne 

d’ordre « linguistique Â»â€Š Les conventions orthotypographiques — qui n’ont
pour ambition que de faciliter la vie du lecteur — n’y sont pour rien, 
n’expliquent rien (mais elles sont explicables)
 Modestes, elles font oĂč on
leur dit de faire, rien de plus


À F.L.L.F., le 1

er

février 2001.

R. O. : 

« Demain, je serai sur
 Â» Douai.

Ça vaut mieux que d’ĂȘtre sur Menet (Cantal), mais il est agrĂ©able de vivre

sur Manvieux (Calvados) et, pour une dame, d’ĂȘtre sur Essertenne (SaĂŽne-et-
Loire).

« Ă€ Â» Arles, « en Â» Avignon


À France-Langue, du 18 au 27 mars 1997.

Bilou :

Je suis certain d’un poĂšme qui disait : Â«

En

Arles, oĂč sont les 

Alyscamps
 Â» Mon enfance marseillaise a toujours entendu 

en

Arles, 

en

Avignon


Justement non
 (Mais ça ne change rien, vous avez raison sur le fond
)

Paul-Jean Toulet a Ă©crit un poĂšme, « En Arles Â» qui commence ainsi :

« Dans Arle, oĂč sont les Aliscams,
Quand l’ombre est rouge, sous les roses,
Et clair le temps [
] Â»
Ce « Dans Â» est magnifique. (Arle n’est pas une Ă©tourderie de ma part.) La

prĂ©position « en Â» s’employait jadis devant les noms de villes. Elle a rĂ©sistĂ©
devant Avignon pour la raison indiquĂ©e par AndrĂ© Bourlakoff (enclave papale).
On peut supposer qu’elle a rĂ©sistĂ© devant Arles pour une raison similaire :
Arles n’est pas qu’une ville, ce fut un royaume.

« En Avignon Â» et « en Arles Â» sont aujourd’hui considĂ©rĂ©s comme des provin-

cialismes ou dĂ©noncĂ©s comme affectĂ©s. Peut-ĂȘtre, mais ils sont charmants 
et élégants.

321

VILLE ET VILLAGE

background image

Bilou :

Ce qui est clair, c’est que les chercheurs de normes ont tort face Ă  

l’usage, et que les dictionnaires outrepassent souvent leur rîle. Parce que qui
dĂ©rangĂ©-je (en voilĂ  une normale et ridicule) en disant « en Arles Â» ?

Je suis bien d’accord avec vous : « en Arles Â» est charmant et ne dĂ©range 

personne.

LĂ  oĂč je ne vous suis plus, c’est lorsque vous attribuez la condamnation 

de cette prĂ©position aux seuls « chercheurs de normes Â». Elle est surtout vili-
pendĂ©e (Ă  tort) par les « observateurs de l’usage Â».

Sur ce point prĂ©cis, voici ce qu’écrivait Albert Dauzat, linguiste trĂšs respec-

table et prompt (avec raison) Ă  dĂ©noncer les oukases puristes :

« Les fausses Ă©lĂ©gances comme “en Avignon” ou “à skis” — solĂ©cismes non

plus vulgaires, mais prĂ©tentieux — sont plus coriaces : espĂ©rons qu’avec de la
tĂ©nacitĂ© nous aurons leur peau. Â»

Brrrrr
 Ça fait peur
 On n’en est plus aux timides et ridicules « Ne dites

pas Â», on sort les couteaux afin de faire respecter l’usage
 

Pour ĂȘtre honnĂȘte, prĂ©cisons que les arguments dĂ©veloppĂ©s ensuite par

Dauzat sont intĂ©ressants :

« Ce fut d’abord une mode fĂ©librĂ©enne. Évidemment on dit 

en Avignoun

en

provençal (en face d’

az Ais

, â€œĂ  Aix”), mais le provençal n’est pas le français : Ă 

chacun sa syntaxe ! Mistral lui-mĂȘme, Ă  la fin de sa vie, avait formellement
condamnĂ© ce solĂ©cisme. [
] Â»

La suite confirme que souvent l’usage est (heureusement
) imposĂ© par

des chercheurs de normes d’un autre genre, les grammairiens :

« Cet exemple est en effet un de ceux qui illustrent le mieux le rĂŽle des

grammairiens. Comme dans d’autres cas, la rĂšgle a Ă©tĂ© inspirĂ©e par la ten-
dance du français Ă  spĂ©cialiser les particules dans des emplois prĂ©cis : le gram-
mairien a rendu l’usage plus conscient et l’a codifiĂ©. Le premier, Meigret, dĂšs
le 

xvi

e

siĂšcle, bientĂŽt suivi par Ramus, dĂ©gage la rĂšgle qui oppose “à” devant

nom de ville Ă  “en” devant nom de pays. Elle est prĂ©cisĂ©e par Maupas, dont
la grammaire fit autoritĂ© en 1607, par Dupleix (1645), et appliquĂ©e par les 
Messieurs de Port-Royal, mĂȘme aux noms bibliques et antiques, pour lesquels
la tradition latine conservait encore “en”. Sous Louis XIV le tour avec “en”,
considĂ©rĂ© comme vieilli par MĂ©nage et par l’AcadĂ©mie, est condamnĂ© par tous
les grammairiens, Bouhours en tĂȘte, et autorisĂ© seulement comme licence
poĂ©tique (ainsi s’explique “en Argos”, qu’on trouve une fois chez Racine). Telle
est encore la position de LittrĂ©. [
] Â»

« Historiquement, “en Avignon” eut sa raison d’ĂȘtre comme nom de pays

jusqu’en 1789, quand il y avait un État papal (on entendait : dans l’État 
d’Avignon) — tout comme “en Alger”, qui signifia “en AlgĂ©rie” jusqu’au jour oĂč
fut crĂ©Ă© le mot “AlgĂ©rie” (sous Louis-Philippe). Â»

322

VILLE ET VILLAGE

background image

Bon
 Les prĂ©positions sont spĂ©cialisĂ©es
 mais pas tant que ça. Si le 

nom d’un pays est masculin singulier (ce qui n’est pas rare
), on emploie
« au Â» et non « en Â»â€Š : au Soudan, au Portugal, au Mexique, au Luxembourg 
(mĂȘme si « en Portugal Â» ou « en Danemark Â» survivent faiblement, comme 
« en Arles Â», sans dĂ©ranger personne, sauf quelques observateurs impartiaux
de nos usages).

Remarque annexe
 En s’appuyant sur Meigret ou MĂ©nage, les observateurs

de l’usage emploient les mĂȘmes mĂ©thodes et les mĂȘmes arguments que les
puristes.

Je me demande d’ailleurs comment Dauzat, aprĂšs avoir Ă©voquĂ© la spĂ©ciali-

sation des particules pour condamner « en Avignon Â», justifierait le passage de
« en Portugal Â» Ă  « au Portugal Â» ? Peut-ĂȘtre l’a-t-il fait ? Mais je n’ai pas le temps
d’aller voir ça de plus prùs


À F.L.L.F., le 2 aoĂ»t 2000.

D. B. :

Il semble que ce soit Ă  Daudet qu’on doive la recrudescence de « en

Avignon Â» et « en Arles Â».

Bon, alors
 je ne la trouve plus charmante
 ni Ă©lĂ©gante !
Ce snobisme bouseux est à chier


Genre des villes

À F.L.L.F., le 23 mai 2000.

D. B. :

« La Rochelle a Ă©tĂ© battu au Havre. Â» [
] Dans ce cas, on s’éloigne un

peu du vrai nom de ville pour se rapprocher des noms de n’importe quoi.

Oui, mais on s’en rapproche trĂšs modĂ©rĂ©ment. Dans le cas d’une Ă©quipe

sportive dĂ©signĂ©e « en raccourci Â» par le nom de la ville qu’elle reprĂ©sente,
celui-ci conserve en grande partie son poids d’origine (surtout pour les chau-
vins de clocher
). 

Ce qui n’est Ă©videmment pas le cas avec les noms de navires (sujet dif-

ficile
) ou de troquets.

Les choses sont simples avec les formes déterminées ou complÚtes (Turin

a Ă©tĂ© battu, la Juventus de Turin a Ă©tĂ© battue) mais elles se compliquent avec
les sigles
 mĂȘme partiels
 Que faire avec l’A.S.S.E. ou l’A.S. Monaco ? Ou,
dans une discipline que je prĂ©fĂšre, l’USAP ? Quand on ignore la signification de
ces initiales (ce qui est frĂ©quent, mĂȘme chez les « spĂ©cialistes Â»), on se rabat
parfois sur le masculin systĂ©matique. C’est regrettable
 mais c’est amusant,
car la manƓuvre est à la fois dans l’air du temps et contre lui


323

VILLE ET VILLAGE

background image

À F.L.L.F., le 17 dĂ©cembre 2001.

L. Bentz : 

Il y a des exceptions (gĂ©nĂ©ralement par mĂ©tonymie), ainsi : « La

Rochelle est un notable port de pĂȘche Â», citĂ© dans 

le Bon Usage

de Grevisse et

Goosse (13

e

Ă©d., 1993, § 462).

OĂč est l’exception ?

Dans « cette ville est un notable port de pĂȘche Â», le genre du mot 

ville

serait-

il une exception ?

Quelle est précisément la formulation de M

r

Goosse ?

L. Bentz :

« Le masc. se rencontre pourtant : “ÉquipĂ© d’un bassin de plai-

sance, La Rochelle est un notable port de pĂȘche” 

(Grand Dict. enc. Lar.)

.

[N. D. F. [
] Le rĂ©dacteur pense sans doute Ă  “port”]. Â»

C’est trĂšs diffĂ©rent de ce que vous donnez dans la FAQ
 oĂč il manque ce

qui illustre la prĂ©tendue exception.

Cela dit, si le rĂ©dacteur a pensĂ© Ă  « port Â», il a eu une Ă©trange pensĂ©e
 

comparable Ă  celle qui conduirait Ă  Ă©crire : « Ă‰quipĂ© d’un bassin exceptionnel,
Brigitte Bardot est un notable monument du cinĂ©ma français. Â»

S’il y a une explication (et non une exception), elle tient plus au registre qu’à

la syntaxe.

Vin fi 

Saint.

« Seigneurs, l’homme est divin. / Dieu n’avait fait

que l’eau, mais l’homme a fait le vin ! Â»

Victor Hugo, Â« la FĂȘte chez

ThĂ©rĂšse Â», les Contemplations.

À France-Langue, le 18 fĂ©vrier 1997.

Claude-jean : 

Ce qui m’intrigue aussi est ce «

s Â»

Ă  la fin du mot. Écrit-on « le

chiroubles Â» ?

Oui, on Ă©crit le ou un chiroubles comme on Ă©crit le ou un bordeaux.
Chiroubles (toponyme) est une commune oĂč l’on produit un excellent beau-

jolais (vin). Le chiroubles (vin) est produit dans une commune du Beaujolais
(toponyme).

Pourquoi le « s Â» de Chiroubles vous intrigue-t-il davantage que celui de

Beaujolais ?

À F.L.L.F., le 10 avril 2001.

C. Chaland :

Pourtant un trouble en moi subsiste : sur quel critĂšre le 

Larousse

classe-t-il ChĂąteau-Lafite ou ChĂąteau-Latour au rang des noms propres, avec
majuscules, donc ?

324

VILLE ET VILLAGE

VIN

background image

Sur le mĂȘme critĂšre (ou presque) qui fait accorder une majuscule Ă  

Président mais non à camembert, à Société mais non à roquefort


Le ChĂąteau-Lafite et le ChĂąteau-Latour sont des pauillacs (premiers crus !),

des vins de Pauillac
 des bordeaux comme on en fait peu
 Chñteau-Lafite
est assimilable Ă  une marque, pauillac est une appellation.

Virgule fi 

Points de suspensionPonctuation.

¶ Espace.
Jamais d’espace avant la virgule.
Jadis, on mettait une espace d’un point avant la virgule dans les

lignes espacĂ©es « normalement Â» (sauf aprĂšs les lettres ret Â« qui
portent un blanc su

∑

samment fort par en bas Â», Lefevre

1883

) et l’on

s’en abstenait dans les compositions serrĂ©es.

Des espaces avant les virgules ?

À Typographie, du 10 au 13 novembre 1998.

J. AndrĂ© :

J’ai un petit bouquin non datĂ© mais je prĂ©sume qu’il date 

des annĂ©es 1935 environ. Il s’agit du 

Petit Manuel de composition

de Louis

Chollet, attachĂ© Ă  la maison Mame, Ă©ditĂ© Ă  Tours, Maison Mame et fils. Il y dit :
« La virgule, dans une ligne espacĂ©e normalement, doit ĂȘtre sĂ©parĂ©e par une
espace de un point, ainsi que les astérisques et les appels de notes sans
parenthĂšses ; le point-virgule, les points d’interrogation et d’exclamation, par
une espace de un point et demi ; les deux-points, par deux points Ă  gauche
contre trois points Ă  droite. Â»

S’il date de 1935
 c’est une rĂ©Ă©dition
 Chollet a Ă©crit son manuel dans les

derniĂšres dĂ©cennies du 

xix

e

. Je n’ai pas la date exacte sous la main.

À mon sens, le jeu sur l’espace prĂ©cĂ©dant la virgule est essentiellement liĂ©

Ă  la compo manuelle. Rien n’interdit de le ressusciter : maniĂ© avec mesure et
dĂ©licatesse, il Ă©tait loin d’ĂȘtre con


Encore faut-il ne pas s’imaginer que tous les blancs que l’on perçoit avant

les virgules dans des livres anciens sont des espaces
 Dans bien des cas, il
s’agit de l’approche du signe, approche parfois Ă©norme ! Voir, par exemple, les
critiques de Frey (p. 49), qui demande aux fondeurs de tailler Ă  vif !

J.-P. Godefroy :

D’autre part quelqu’un, il y a peu, [
] pensait que les 

espaces prĂ©cĂ©dant les virgules Ă©taient un problĂšme d’approche, mais le point
n’est jamais prĂ©cĂ©dĂ© d’une espace.

325

VIN

VIRGULE

background image

Cela n’infirme pas le fait que l’approche naturelle jouait un rĂŽle Ă©minent

dans le cas de la virgule
 (« approche naturelle Â» pris Ă©videmment au sens
plombĂ© de l’expression
 c’est-Ă -dire non modifiable
 sauf Ă  la lime et Ă  la
servante de JiDĂ© !). Le blanc que l’on qualifie un peu vite d’espace Ă©tait parfois
l’approche naturelle (mais excessive
) du signe
 et celle de son prĂ©dĂ©-
cesseur. N’oublions pas non plus que jadis on composait moins serrĂ© que
naguĂšre
 

Je reviens Ă  une source, parmi d’autres, que j’ai mentionnĂ©e (A. Frey, article

« Approche Â», publiĂ© en 1835). En voici un extrait :

« Fournier veut qu’on “tienne les ponctuations un peu grosses, Ă  l’exception

du point [hihi
], parce qu’il se trouve toujours une espace entre elles et le
mot qui les suit [il est con, ce Fournier
]”.

« Si tous les fondeurs s’astreignaient Ă  cette rĂšgle, il y aurait peu Ă  redire ;

mais quelques-uns, par des motifs qui les justifient peut-ĂȘtre tout en accusant
l’incurie des imprimeurs, tiennent diverses ponctuations et encore d’autres 
sortes tellement grosses, qu’ils Ă©vitent le bien qu’avait en vue notre typo-
graphe, et aggravant le mal qu’il paraĂźt n’avoir pas entiĂšrement prĂ©vu. On fera
donc ici cette recommandation [
]

« Laissez donc presque 

Ă  vif

:

« 1

o

. la parenthĂšse [
]

« 3

o

. la virgule des deux cĂŽtĂ©s,

« car une quantitĂ© notable de lettres des trois alphabets romains, y compris

les chiffres, dĂ©crivent par leurs pointes et leurs circuits, Ă  la base de l’Ɠil,
l’espace qu’il faut observer Ă  la composition, et cela d’autant plus que mĂȘme
un certain nombre de ces lettres, plus particuliùrement encore pour l’italique,
portent un blanc dĂ©jĂ  trop fort pour la virgule. Â»

Fin de citation. Je ne conteste pas la prĂ©sence d’espaces
 Je suis mĂȘme 

de ceux qui regrettent le temps oĂč l’on pouvait encore justifier en introduisant
des espaces diverses avant les virgules ! Je dis que certains blancs, aujourd’hui
Ă©tonnants, n’ont pas besoin d’elles pour s’expliquer
 Nuance !


Voie et espace public fi

AdresseJardinMonumentParticule.

Les rĂšgles qui suivent s’appliquent Ă  toutes les catĂ©gories de voies

et d’espaces publics.

‱‱‱

Les termes génériques (rue, avenue, boulevard, place, passage,

bois, etc.) demeurent des noms communs et se composent en bas de
casse ; les termes spĂ©cifiques sont considĂ©rĂ©s comme des dĂ©nominations

326

VIRGULE

VOIE ET ESPACE PUBLIC

background image

propres et prennent une capitale initiale : rue Neuve, boulevard Victor,
place Blanche.

=

Impr. nat.

1990

Tassis

1870

.

‱‱‱

La préposition qui unit le terme générique et le terme spéci-

fique se compose en bas de casse : esplanade des Invalides, chaussĂ©e de
Louvain, passage des Panoramas, rue de Vaugirard.

‱‱‱

Les termes des dénominations composées sont liés par un trait

d’union, Ă  l’exception de l’éventuel article initial.

‱‱‱

Ils prennent une majuscule initiale, à l’exception des articles

n’appartenant pas aux noms propres, des prĂ©positions (de), des
conjonctions (et), des pronoms (qui) : rue du Chat-qui-PĂȘche, avenue
du CimetiĂšre-des-Batignolles, rue Chevalier-de-La-Barre, rue Lucien-
et-Sacha-Guitry.

‱‱‱

Attention ! Certaines particules prĂ©cĂ©dant des patronymes sont

des articles contractés et prennent par conséquent une majuscule
initiale : rue Du Guesclin, rue du Grenier-sur-l’Eau, rue La Fontaine,
place du Maréchal-de-Lattre-de-Tassigny, avenue La Motte-Piquet,
avenue de La Bourdonnais, boulevard de Latour-Maubourg, rue de La
Tour-d’Auvergne, chaussĂ©e de la Muette, rue Saint-Jean-Baptiste-de-
La-Salle, quai de la MĂ©gisserie, place du Parvis-Notre-Dame, place du
Parvis-du-SacrĂ©-CƓur, avenue de la Porte-des-Lilas, porte des Lilas,
rond-point du Pont-Mirabeau, pont Mirabeau, rue du Pont-Neuf.

Les nombres se composent :
— en chi

∂

res romains grandes capitales pour les adjectifs ordinaux

des souverains : avenue Albert-I

er

-de-Monaco, avenue Georges-V.

— en chi

∂

res arabes dans les dates : rue du 

8

-Mai-

1945

, place du 

11

-

Novembre-

1918

.

— en toutes lettres dans tous les autres cas : impasse des Deux-

Anges, cour des Trois-FrĂšres, rue des Quatre-FrĂšres-Peignot, rue des
Cinq-Diamants.

∫

327

VOIE ET ESPACE PUBLIC

background image
background image

329

ZĂ©ro fi

Chi

∂

res.

¶ N’entrez jamais la lettre O (capitale) en lieu et place du chi

∂

re

« anglais Â» 0, qui est beaucoup plus Ă©troit dans toutes les bonnes polices :

Bien que moins sensible, une di

∂

Ă©rence existe Ă©galement entre la

lettre o (bas de casse) et le chi

∂

re « français Â» 

0

, dans certaines polices :

Zodiaque fi

Astre.

Les noms des signes du zodiaque prennent une majuscule initiale.

z

le BĂ©lier

~

le Lion

ÂŁ

le Sagittaire

{

le Taureau

†

la Vierge

§

le Capricorne

|

les GĂ©meaux

°

la Balance

x

le Verseau

}

le Cancer

Âą

le Scorpion

y

les Poissons

Ne pas confondre avec les hideux pictogrammes :

Âź

©

± Â„ Â”

Âż

ÂĄ

ÂŹ

ƒ

« â€ą ĂŸ

ïœČïŻïœł

ïœČïœ°ïœł 

Caslon

Lettre

Chi

∂

re

2O3

203

Baskerville

2O3

203

Didot

2O3

203

Futura

2O3

203

Post Antiqua

background image

Zoo fi

Jardin.

‱‱‱

Troncation de « (jardin) zoo(logique) Â», zoo n’a 

≈

jamais de

majuscule initiale : un zoo, des zoos, le zoo de Vincennes.

‱‱‱

Les mots incluant le prĂ©fixe « zoo Â» s’écrivent tous sans trait 

d’union : zoogamĂšte, zooĂŻde, zootechnicien, zoothĂ©rapie, etc.

Zoologie fi

Botanique.

« L’emploi frĂ©quent d’un organe devenu constant

par les habitudes augmente les facultés de cet
organe, le dĂ©veloppe lui-mĂȘme et lui fait acquĂ©rir
des dimensions et une force d’action qu’il n’a point
dans les animaux qui l’exercent moins. Â»
Jean-Baptiste de Lamarck, Philosophie zoologique.

‱

Dans les textes et les ouvrages spécialisés, on met une majuscule

initiale aux noms des embranchements, des classes, des ordres, des
familles et des genres.

=

Code typ. 

1993

Gouriou 

1990

Impr. nat. 

1990

.

Nomenclature binominale.

Les noms latins (ou latinisés) des genres et des espÚces se mettent

en italique ; ils ne sont jamais dĂ©terminĂ©s par un article. Lorsque le
nom latin du genre est rĂ©pĂ©tĂ©, on le remplace par la majuscule initiale
(en italique) suivie du point abrĂ©viatif ; les noms latins des espĂšces ne
prennent pas la majuscule initiale.

Noms vulgaires des espĂšces.

En romain, déterminés par un article, majuscule initiale.

≠

Code typ. 

1993

Doppagne 

1991

[majuscule si le nom de l’espùce

dĂ©rive d’un nom propre].
Embranchements : Protozoaires, Mollusques, Arthropodes, VertĂ©-

brĂ©s, etc.

Classes : Poissons, Reptiles, Oiseaux, MammifĂšres, etc.
Ordres : Artiodactyles, Proboscidiens, PinnipĂšdes, FissipĂšdes, etc.

330

ZOO

ZOOLOGIE

background image

Familles : CanidĂ©s, UrsidĂ©s, MustĂ©lidĂ©s, ViverridĂ©s, FĂ©lidĂ©s, etc.
Genres : FelisAcinonyxPanthera.
G.(enres) plus espĂšces : Panthera leoP. pardusP. tigris, etc.
EspĂšces : Lion, LĂ©opard, Tigre, etc.
Exemples. — Panthera tigris ou le Tigre ; des croisements entre Felis

libyca et F. sylvestris ont eu lieu ; le Chat sauvage appartient Ă  la famille
des FĂ©lidĂ©s. Larousse

1985

:

« Les Lions, les Tigres, les PanthĂšres et les

Chats ont une forme gĂ©nĂ©rale en rapport avec la chasse Ă  l’a

∂

Ă»t. Â»

‱‱

Dans les textes non spécialisés, ces usages sont évidemment à

proscrire, et, des embranchements aux espĂšces, la minuscule est de
rigueur : un mollusque appĂ©tissant, du poisson cru, d’innombrables
reptiles, des oiseaux plutÎt laids, de charmants mustélidés, le lion
chasse à l’a

∂

ût.

=

Larousse

1992

.

≠

Robert

1985

.

Cas particuliers.

Des persans, des labradors, des saint-bernard (ou des saint-

bernards, voir : 

Saint).

∫

331

ZOOLOGIE

background image
background image

Liste des auteurs mentionnés

*

Citations explicites.

Alain : CitationPonctuation.
Alexandre (Bernard) : Italique.
Allais (Alphonse) : DĂ©partementParticuleTranscription, translit-

tération.

Aragon (Louis) : DĂ©partementPoint d’exclamation.
Artaud (Antonin) : Points de suspension.
Balzac (HonorĂ© de) : Code.
Baudelaire (Charles) : Format.
Beauvoir (Simone de) : Titre d’Ɠuvre.
Beckett (Samuel) : Tiret.
BĂ©raud (Henri) : HĂŽtel.
Bernanos (Georges) : AllĂ©gorieParti, mouvement.
Bertin (Jacques) & Jouet (Jacques) : Accentuation.
Blondin (Antoine) : Troncation.
Boileau (Nicolas) : ThĂ©Ăątre.
Boiste (Pierre-Claude-Victoire) : Capitale.
Bourget (Paul) : Doctrine.
Boutmy (EugĂšne) : Apostrophe.

333

* Ne figurent dans ce chapitre que les auteurs des Ă©pigraphes, ainsi que ceux citĂ©s

Ă  titre d’exemple dans le corps des articles — Ă  l’exception des mentions au sein des
passages reprenant les dĂ©bats sur Internet. 

La liste complĂšte des auteurs de rĂ©fĂ©rence se trouve dans la « Bibliographie Â», p.

345-

374

de ce volume (N. D. Ă‰.). 

background image

Breffort (Alexandre) : Citation.
Camus (Albert) : Dialogue.
Carco (Francis) : Italique.
CĂ©line (Louis-Ferdinand) : An, annĂ©eDĂ©dicacePoints de suspension,

ProverbeReligionTitre d’Ɠuvre.

CervantĂšs (Miguel de) : Proverbe.
Chamfort (Nicolas de) : AbrĂ©viationAstĂ©risque, Â« Avant-Propos Â»,

Peuple.

Chateaubriand (François RenĂ© de) : Ă‚ge, ArmĂ©eArticle dans les noms

propresCouleur.

Chazal (Malcolm de) : Deux-points.
Chervel (AndrĂ©) : Points de suspension.
Cioran (Émile Michel) : Ă‰vĂ©nement historique, Midi, minuitPoints

de suspension.

Claudel (Paul) : Crochet.
ClĂ©ment (Jean-Baptiste) : Barre oblique.
Cocteau (Jean) : MusĂ©e.
Cohen (Albert) : BureauDĂ©dicaceReligion.
Combescot (Pierre) : Madame, mademoiselle, monsieur.
ComƓdia : Latin.
Comte-Sponville (AndrĂ©) : MusiqueTiret.
CorbiĂšre (Tristan) : CitationTiret.
Cros (Charles) : ChĂątain.
Daeninckx (Didier) : Madame, mademoiselle, monsieur.
Daniel-Rops : Bible.
Daudet (Alphonse) : Points de suspension.
Daumal (RenĂ©) : Vers.
Debray (RĂ©gis) : PrĂ©sident.
Denis (Jules) : Tiret.
Des ForĂȘts (Louis-RenĂ©) : Dialogue.
Diop (Birago) : Point d’interrogation.
Dumas (Alexandre) : Madame, mademoiselle, monsieur, Mot Ă©tranger.
Estival (Robert) : Ponctuation.
Étiemble (RenĂ©) : « Avant-Propos Â».

334

liste des auteurs mentionnés

background image

Fargue (LĂ©on-Paul) : Citation.
Flaubert (Gustave) : Madame, mademoiselle, monsieurTitre d’Ɠuvre.
FourastiĂ© (Jean) : Nombre.
Fournier (Henri) : CasseCopie.
France (Anatole) : CitationMinistĂšre, ministre.
Gauthier-Échard (Blanche) & Perseil (LĂ©on) : UnitĂ© de mesure.
Gide (AndrĂ©) : Prote.
Giono (Jean) : DialogueParagraphe.
Giraudoux (Jean) : Deux-points.
Grevisse (Marie-Anne) : Deux-points.
Grevisse (Maurice) : Guillemet.
Gueldre (Alain de) : Date.
Guillemin (Henri) : Ă‰glise.
Guitton (Jean) : DialogueDynastie.
HagĂšre (Claude) : Pays.
Hermant (Abel) : Guillemet.
Herriot (Édouard) : MinistĂšre, ministre.
Hugo (Victor) : AccentuationDynastieLisibilitĂ©VersVin.
Ifrah (Georges) : Point d’exclamation.
Jacob (Max) : ApostrophePluriel des mots Ă©trangers.
Jespersen (Otto) : Langue Ă©trangĂšre.
Karr (Alphonse) : AstĂ©risque.
Klossowski (Pierre) : Deux-points.
Lamarck (Jean-Baptiste de) : Zoologie.
Lascaux (Gilbert) : Bateau.
Le Breton (Auguste) : Points de suspension.
Leforestier (Joseph-Pascal-Michel) : Bon Ă  tirer.
LĂ©vi-Strauss (Claude) : Peuple.
LittrĂ© (Émile) : NĂ©ologisme.
Maeterlinck (Maurice) : Etc.
Malaurie (Jean) : PĂŽle.
MallarmĂ© (StĂ©phane) : Ă‰pigraphe.
Malraux (AndrĂ©) : CalibreDĂ©dicaceFrancMot Ă©trangerPoints de

suspensionTitre d’ƓuvreVĂ©hicule.

335

liste des auteurs mentionnés

background image

Manchette (Jean-Patrick) : Heure.
Marcel (Gabriel) : Italique.
Martin du Gard (Roger) : DĂ©dicaceDialogueLettrine.
Mauriac (François) : CĂŽteLettrineManifestation sportiveParticule.
Mertens (Pierre) : Tiret.
Michaux (Henri) : CouleurSiĂšcle.
Modiano (Patrick) : Sigle.
MoliĂšre : Vers.
Momoro (Antoine-François) : Allemand.
Montaigne (Michel de) : Lettrine.
Montesquieu (Charles de) : Note.
Morand (Paul) : Sic.
Nerval (GĂ©rard de) : Madame, mademoiselle, monsieur.
Nodier (Charles) : DurĂ©e.
Nourissier (François) : DĂ©dicace.
Pascal (Blaise) : Acte d’une piĂšce de thĂ©ĂątreAlinĂ©a.
Pawlowski (Gaston de) : Italique.
Peignot (JĂ©rĂŽme) : AccentuationBas de casse.
Pennac (Daniel) : DĂ©dicaceÉtirement.
Poe (Edgar Allan) : An, annĂ©eLettrine.
PrĂ©vert (Jacques) : Etc.
PrĂ©vost (Marcel) : ParenthĂšse.
Proust (Marcel) : AlinĂ©aDĂ©dicaceMadame, mademoiselle, monsieur,

Titre d’Ɠuvre.

Queneau (Raymond) : Point d’exclamation.
Racine (Jean) : Points de suspension.
Renard (Jules) : AccentuationDialogue.
Rigaud (Lucien) : Proverbe.
Rivais (Yak) : Citation.
Rivarol (Antoine de) : AstĂ©risque.
Robbe-Grillet (Alain) : Etc.RĂ©volution.
Rogues de Fursac (Joseph) : Citation.
Rolland (Romain) : Saint.
Romains (Jules) : AdministrationDateÉvĂ©nement historiqueProduit.

336

liste des auteurs mentionnés

background image

Rostand (Jean) : AbrĂ©viationCroix.
Rousseau (Jean-Jacques) : Ă‚geVersVille et village.
Roy (Jules) : DĂ©dicace.
Royer (Jean-Michel) : Vers.
Saint-John Perse : Points de suspension.
Salvat (Henri) : Ă‚ge.
San-Antonio : Point d’exclamationPoint d’interrogation.
Smith (Joseph) : Livre sacrĂ©.
Stendhal : Majuscule.
Thibaudeau (Francis) : AstĂ©risque.
Toulet (Paul-Jean) : Vers.
Tournier (Michel) : AcadĂ©mie.
ValĂ©ry (Paul) : BibliographieEtc.Genre des noms communs, Points de

suspension.

Verlaine (Paul) : DĂ©dicaceVers.
Vigny (Alfred de) : AcadĂ©mie.
Virgile : Ă‰pigraphe.
Weil (Simone) : Parti, mouvement.
Wetzel (Marc) : DĂ©dicace.
Weyergans (François) : ParenthĂšseParticule.

Allusions directes et indirectes, titres d’Ɠuvres seulement.

Au fil des pages d’Orthotypographie apparaissent Ă©galement, outre

les auteurs recensĂ©s plus haut, et parfois par simple allusion Ă  l’Ɠuvre
(ou par Ă©vocation ou citation d’un titre d’Ɠuvre) les dramaturges,
Ă©crivains, essayistes, mĂ©morialistes, poĂštes suivants : quelques-uns des
si nombreux traducteurs de la Bible (et la Bible elle-mĂȘme) ; le ou les
rĂ©dacteurs de l’

Agama, du Coran, du Rigveda, du Code civil et du

Code pĂ©nal, d’un conte oriental dans la traduction d’Antoine Galland,
d’un cycle romanesque du xiii

e

siĂšcle, d’une farce anonyme de 

1439




Ainsi que : A. D. G., Louis Petit de Bachaumont, Gaston Bachelard,

Henri Barbusse, Roland Barthes, Pierre Augustin de Beaumarchais,
Tristan Bernard, Henri Bosco, Georges Brassens, Bertolt Brecht,

337

liste des auteurs mentionnés

background image

Ferdinand BrunetiĂšre, Lewis Carroll, Jules CĂ©sar, Marie Jean Antoine
Nicolas de Condorcet, Benjamin Constant, Pierre Corneille, René
Descartes, John Dos Passos, Fiodor DostoĂŻevski, Joachim Du Bellay,
Friedrich Engels, Eschyle, François de FĂ©nelon, Bernard de Fontenelle,
FrĂ©dĂ©ric II de Prusse, ThĂ©ophile Gauthier, ValĂ©ry Giscard d’Estaing,
Julien Gracq, Nicolas de Grandval, BenoĂźte Groult, Sacha Guitry,
EugÚne Labiche, Pierre Ambroise François Choderlos de Laclos, Jean
de La Fontaine, Robert FĂ©licitĂ© de Lamennais, Pierre Lusson, Joseph 
de Maistre, Guy de Maupassant, Alfred de Musset, GĂ©rard Neudin,
Édouard Pailleron, Charles PĂ©guy, Georges Perec, Charles Perrault,
Melchior de Polignac, Ernest Renan, Arthur Rimbaud, Jacques
Roubaud, Jean-Jacques Rousseau, Antoine de Saint-ExupĂ©ry, 
saint François de Sales, Jean-Paul Sartre, William Shakespeare, John
Steinbeck, Alexis de Tocqueville, Rodolphe T

ö

p

∂

er, Jules VallĂšs, 

Claude de Vaugelas, Jules Verne, Boris Vian, Voltaire, Simone Weil,
Marguerite Yourcenar, Émile Zola.

Sont par ailleurs citĂ©s, explicitement ou par allusion, trois cinĂ©astes :

Stanley Kubrick, George Lucas, Jean Renoir ; onze plasticiens : Jacques
Callot, Hergé (Georges Rémi, dit), Michel-Ange, Francis Picabia,
Pablo Picasso, Rembrandt (R. Harmenszoon Van Rijn, dit), Auguste
Rodin, Paolo Uccello, Johannes Vermeer, Ossip Zadkine, le sculpteur
anonyme de 

la Victoire de Samothrace ; onze compositeurs : Jean-

SĂ©bastien Bach, Ludwig van Beethoven, Georges Bizet, Pierre Degeyter,
Jean-Baptiste Lully, Gustav Mahler, Wolfgang Amadeus Mozart,
Gioacchino Rossini, Franz Schubert, Kurt Weill, Iannis Xenakis.

∫

338

liste des auteurs mentionnés

background image

Bibliographie

L’orthotypographie s’intĂ©resse Ă  tout ce qui s’écrit
 
Cette bibliographie n’a donc rien d’exhaustif : n’y sont mentionnĂ©s

que les ouvrages que j’ai consultĂ©s ou lus lors de la rĂ©daction de ce 
dictionnaire et qui, pour la plupart, figurent dans ma bibliothĂšque de
travail.

1. 

Typographie (généralités, histoire, mise en pages
).

Alessandrini (Jean), Typomanie, La Noria, Paris, 

1977

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Anciaux (Jean-Pierre), la Mise en page, les RĂšgles d’or de la communi-

cation Ă©crite, Les Éditions d’organisation, Paris, 

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Arabyan (Marc), le PrĂȘt-Ă -clicher, Typographie et Mise en pages, L’Har-

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Arcival (Dominique), Jouanneaux (Bernard) et Piart (Michel),

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Audin (Marius), Histoire de l’imprimerie par l’image, t. I : l’Histoire et

la Technique ; t. II : la Lettre d’imprimerie ; t. III : EsthĂ©tique du
livre 
; t. IV : Bibelots ou Bilboquets, Henri JonquiĂšres, Paris, 

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1929.

—, Somme typographique, vol. I : les Origines (en collaboration avec

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339

background image

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∂

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aires, de politesse, de refus ou d’amour, Flamma-

rion, Paris, 

1933

.

Spreutels (Marcel), Dictionnaire du style et des usages administratifs

o

∑

ciels et privĂ©s, SociĂ©tĂ© gĂ©nĂ©rale d'Ă©ditions, Amiens–Bruxelles,

1967

.

Thierrin (Paul), Ma correspondance privĂ©e,

2e

Ă©d., Éditions du Pano-

rama, Fribourg, 

1957

.

365

13. correspondance administrative et privée

background image

Tricot (M.) et PrĂ©vot (W.), Correspondance commerciale,

3e

Ă©d.,

Ansotte, Dinant, s. d. [

circa

1955

].

Vivien (Georges), le Parfait SecrĂ©taire, Larousse, Paris, 

1980

.

14. 

Divers.

Ici, nous sommes parfois trĂšs loin de notre sujet
 Mais, ces ouvrages

ayant Ă©tĂ© consultĂ©s et certains d’entre eux Ă©tant citĂ©s dans les pages de cet
ouvrage, je crois nécessaire de les faire figurer ici.
Albalat (Antoine), l’Art d’écrire enseignĂ© en vingt leçons,

21e

Ă©d.,

Armand Colin, Paris, 

1991

.

—,

Comment il ne faut pas Ă©crire, les Ravages du style contemporain,

6e

Ă©d., Plon, Paris, 

1921

.

Art (Georges), Du bon usage oral et Ă©crit, l’Expression française, sa

nature, son Ɠuvre passĂ©e et prĂ©sente, ses futures destinĂ©es, C. Dela-
grave, Paris, 

1932.

BrunetiĂšre (Ferdinand), Ă‰tudes critiques sur l’histoire de la littĂ©rature

française, Hachette, Paris, 

1880-1925

.

Delepeleire (Marc), Thoveron (Gabriel), Olyff (Michel), les

MĂ©dias Ă  dĂ©couvert, Vie ouvriĂšre, Bruxelles, 

1988

.

Dictionnaire des citations françaises et Ă©trangĂšres, sous la direction de

Robert Carlier, Larousse, Paris, 

1992-1997.

« Espace (l’) et la Lettre Â», sous la direction d’Anne-Marie Christin,

Cahiers Jussieu n

o 3

, coll. «

10

⁄

18

», Union gĂ©nĂ©rale d’éditions,

Paris, 

1977

.

Grafton (Anthony), les Origines tragiques de l’érudition, Une histoire

de la note en bas de page, Le Seuil, Paris, 

1998.

Larousse (Pierre), la Lexicologie des Ă©coles, Cours complet de langue

française et de style (cours lexicologique de style), Larousse et Boyer,
Paris, 

1857

.

Larousse mensuel illustrĂ©, sous la direction de Claude AugĂ©, Larousse,

Paris, 

1907

-

1957

.

Lejard (FĂ©lix Joseph de SĂ©ez, dit), Prosodie française, contenant les

rĂšgles de la prononciation et de la versification, Poussielgue FrĂšres,
Paris, 

1888

.

366

bibliographie

background image

L’Hoest (Christian) et Wodon (Bernard), ItinĂ©raire pour la publi-

cation, Guide de la communication Ă©crite, Artel, Namur, 

1990

.

Marouzeau ( Jules), PrĂ©cis de stylistique française, Masson, Paris, 

1941

.

Massin (Robert), la Lettre et l’Image, la Figuration dans l’alphabet latin

du 

viii

e

siĂšcle Ă  nos jours, Gallimard, Paris, 

1973

.

Mitterand (Henri), les Mots français,

8e

Ă©d., coll. « Que sais-je ? Â»,

Presses universitaires de France, Paris, 

1992

.

Petity (Jean Raymond de), BibliothĂšque des artistes et des amateurs, ou

Tablettes analytiques et méthodiques sur les sciences et les beaux-arts,
P.-G. Simon, Paris, 

1766

.

Rat (Maurice), Dictionnaire des locutions françaises,

21e

Ă©d., Larousse,

Paris, 

1957

.

Vannier (Antonin), la ClartĂ© française, l’Art de composer, d’écrire et de

se corriger,

4e

Ă©d., Fernand Nathan, Paris, 

1912

.

Walter (Henriette), le Français dans tous les sens, Robert La

∂

ont,

Paris, 

1988

.

Wey (Francis), Remarques sur la langue française au 

xix

e

siĂšcle, sur le

style et la composition littĂ©raire, Firmin-Didot FrĂšres, Paris, 

1845

.

15. 

Repentir.

Afin de ne pas lĂ©ser le lecteur dĂ©sireux d’entreprendre une recherche 

personnelle d’ordre historique, j’ajoute finalement quelques manuels de
composition que je n’ai pas consultĂ©s.
Bertrand-Quinquet (Louis Jacques François de Paule, dit), TraitĂ©

de l’imprimerie, Bertrand-Quinquet, Paris, an VII (

1799

).

Boulard (Martin Sylvestre), le Manuel de l’imprimeur, Ouvrage utile

Ă  tous ceux qui veulent connaĂźtre les dĂ©tails des ustensiles, des prix, de
la manutention de cet art intéressant,

&

Ă  quiconque veut lever une

imprimerie, Boulard, Paris, 

1791

.

Brossard (L.-E.), le Correcteur typographe, t. I : Essai historique, docu-

mentaire et technique, E. Arrault & C

ie

, Tours, 

1924

; t. II : les RĂšgles

typographiques, Imprimerie de ChĂątelaudren, 

1934

; rĂ©Ă©dition du

t. I en fac-similĂ© : Gregg international publishers, Farnborough
(Grande-Bretagne), 

1971

.

367

14

. divers — 15. repentir

background image

Brun (Henri), Manuel pratique et abrĂ©gĂ© de la typographie française,

Firmin-Didot pĂšre et fils, Paris, 

1825

.

Capelle (Pierre Adolphe), Manuel de la typographie française, ou

TraitĂ© complet de l’imprimerie, Ouvrage utile aux jeunes typographes,
aux libraires et aux gens de lettres
, Rignoux, Paris, 

1826

.

Chollet (Louis), Petit Manuel de composition Ă  l’usage des typographes

et des correcteurs, Alfred Mame et fils, Tours, [

1912 ?

].

Claye (Jules), Typographie, Manuel de l’apprenti compositeur,

3e

Ă©d.,

A. Quantin, Paris, 

1883

.

Crapelet (Georges Adrien), Ă‰tudes pratiques et littĂ©raires sur la typo-

graphie, Imprimerie de Crapelet, Paris, 

1837

.

Desormes (E.), Notions de typographie Ă  l’usage des Ă©coles profession-

nelles, PrĂ©cĂ©dĂ©es d’un avant-propos sur l’origine de l'imprimerie,
École professionnelle Gutenberg, Paris, 

1888

.

Fournier  (Pierre Simon, dit Fournier le Jeune), Manuel typo-

graphique, utile aux gens de lettres,

&

Ă  ceux qui exercent les di

∂

Ă©-

rentes parties de l’art de l’imprimerie, Barbou, Paris ; t. I : 

1764

,

t. II : 

1766

; rĂ©Ă©dition en fac-similĂ© : Lehrdruckerei, Technische

Hochschule, Darmstadt, 

1995

.

Guignes (ChrĂ©tien Louis Joseph de), Principes de composition typo-

graphique, pour diriger le compositeur dans l’usage des caractùres
orientaux de l’Imprimerie royale
, [chez l’auteur ?], Paris, 

1790

.

Mouton (EugĂšne), l’Art d’écrire un livre, de l’imprimer et de le publier,

H. Welter, Paris, 

1896

.

Pinsard (Jules), Marche typographique, Petit Code de la composition,

Lausanne, 

1907

.

Toureaux (LĂ©on Louis), Typographie, Grammaire de la composition,

Petrot-Garnier–Champion, Chartres–Paris, 

1884

.

Vinçard (B.), l’Art du typographe, Ouvrage utile Ă  MM. les hommes de

lettres, bibliographes, et typographes, Vinçard et C

ie

, Paris, 

1806

.

∫

368

bibliographie

background image

369

Cette Ă©dition d’Orthotypographie, de

Jean-Pierre Lacroux, a Ă©tĂ© mise en

Ɠuvre, puis en pages, par Alain

Hurtig Ă  Bruxelles, Nancy, Toul,

Marseille (& autres lieux
), de

mai 

2005

jusqu’à janvier 

2008

.

Son texte a été composé en

Adobe Garamond corps 

10,5

&

8,5

, les titres des articles 

en 

Gill Sans

11

, les extraits des 

dĂ©bats en 

Formata

9,5,

.

8

&

7,5

. Les deux couvertures,

sur une maquette d’Anne

Guilleaume et des dessins

de L.L. de Mars, sont en

Antique Olive

35, 20

&

15

.

background image