Super-Kamiokande
: il faut changer les tubes !
En
1998, le détecteur de neutrinos solaires Super-Kamiokande
au Japon (entré en service en 1996) fournissait le premier
indice expérimental de la masse non nulle du neutrino.
Aujourd'hui il est hors service, car la plupart de ses
tubes photomultiplicateurs ont implosé. L'accident s'est
produit le 12 novembre dernier : un premier tube implose.
Aussitôt, l’onde de choc entraîne par une réaction en
chaîne l'implosion de la quasi-totalité des autres tubes.
Rappelons le principe de détection des neutrinos dans
Super-Kamiokande. Le détecteur est constitué de 50 000
tonnes d'eau, dont 18 000 d’eau particulièrement pure,
placée dans un réservoir dont les parois sont tapissées
de plus de 11 000 tubes photomultiplicateurs de 50 cm
de diamètre. Lorsqu'un neutrino entre par hasard en
collision avec un électron de l'eau, celui-ci est éjecté
hors de son atome ; son mouvement dans l'eau à une vitesse
supérieure à celle de la lumière dans ce milieu engendre
un cône de lumière appelée rayonnement Cérenkov, dont
l'intensité dépend de la vitesse de l'électron. La direction
de l'axe du cône et l'intensité de cette lumière collectée
par les photomultiplicateurs permettent de déduire l'énergie
du neutrino incident et son angle d'incidence. Sans
les tubes, le détecteur ne voit rien : il va donc falloir
les changer. Mais cela implique de pomper les 50 000
tonnes d'eau pour vider le réservoir, retirer les débris,
remplacer les tubes, les tester et remettre l'eau...
ce qui devrait prendre un an !
K.
F. - Janvier 2002
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A
cheval sur un proton !
Dans
un récent article paru dans le Physical Review Letters
du 8 octobre dernier, un proton en accélération constante
dans le vide devrait se désintégrer spontanément… ou
entrer en collision avec une particule, cela dépend
du point de vue ! Paradoxal ? Pas vraiment... Depuis
les années 1960, les théoriciens prévoient qu'un proton,
stable en temps normal, devrait se désintégrer en neutron,
positon et neutrino (radioactivité bêta plus), s'il
est constamment accéléré, c'est-à- dire s'il reçoit
en permanence de l'énergie de la source accélératrice.
Mais cela semble paradoxal, car si on imagine un observateur
assis sur le proton, ce dernier lui paraîtrait immobile
et ne devrait donc pas se désintégrer. Cependant, conformément
à un effet prévu par la physique moderne, et connu sous
le nom d’ « effet Fulling-Davis-Unruh » (FDU effect),
un observateur en accélération dans le « vide » serait
en fait immergé dans un bain formé de toutes sortes
de particules peuplant le vide quantique. George Matsas
et Daniel Vanzella de l'université de São Paulo (Brésil)
ont calculé la probabilité de collision d'un proton
uniformément accéléré avec l'une de ces particules,
collision qui conduirait à sa désintégration, et ont
montré que les points de vue des deux observateurs étaient
compatibles. Nous ne pouvons que nous en réjouir… L'intérêt
de tout cela est évident : dans le vide, assis sur un
proton, un observateur qui verrait le proton se désintégrer,
saurait qu'il est en accélération ! Il pourrait alors,
s'il le souhaite, se demander par rapport à quoi il
accélère…
K.
F.- Janvier 2002
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