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Mois d'août : le très saint Rosaire (1) - son histoire

Publié le 23 août 2008 par Hermas
Mois d'août : le très saint Rosaire (1) - son histoire Les origines     Dès les premiers temps de l'Eglise, Marie est unie à son Fils Jésus dans l'amour des chrétiens et la prière des fidèles. Au IIIe siècle, on se tourne vers Marie en reprenant les paroles de l'ange Gabriel à l'Annonciation : "Je vous salue, pleine de grâce". Au IXe siècle, l'antienne de l'offertoire du 4e dimanche de l'Avent ajoute à la salutation de l'ange à Marie l'exclamation d'Elisabeth lors de la Visitation. Seul est ajouté au texte le nom de Marie. Ce sera, jusqu'à la fin du XVe siècle, la première expression du Je vous salue Marie. Au XIIe siècle, la dévotion à Marie prend une importance considérable en Occident. Cette antienne de l'Ave Maria devient une prière populaire que l'on aime à répéter, comme à la même époque, en Orient, on répète le nom de Jésus dans ce qu'on appelle la prière du coeur. Dans les monastères, elle remplace peu à peu les Pater Noster que récitent les frères convers pendant que les moines chantent les psaumes en latin. Les cordelettes à noeuds puis les bouliers à grains inventés, peut-être sous l'influence des musulmans rencontrés lors des pèlerinages en Terre Sainte ou lors des premières Croisades, pour compter les psaumes et les Notre Père, vont être utilisés dès lors pour compter les Je vous salue Marie. On parle du Psautier de Marie. Au XIIIe siècle, la grande mystique sainte Gertrude ajoute le nom de Jésus en conclusion du Je vous salue Marie. Au XIVe siècle, on aime couronner les statues de la Vierge avec des petits chapeaux de fleurs ou chapelets, ou avec des guirlandes de roses ou rosaires, comme ceux dont on coiffait les jeunes filles aux jours de fête. C'est alors qu'on baptise de ces jolis noms les cordelettes et les bouliers qui servent à compter les Pater et les Ave. Chaque Ave Maria est comme une rose offerte à la Vierge Marie ! Dominique le Chartreux, père du Rosaire Au XVe siècle, en Prusse, le prieur de la Chartreuse de Trèves conseille à un novice de réciter chaque jour cinquante Ave Maria en méditant la vie de Jésus. Le jeune chartreux Dominique rédige alors 50 courtes méditations, ou clausules, non seulement en latin mais aussi en allemand. Son prieur est séduit par cette proposition nouvelle et l'envoie à divers monastères de son ordre. Puis Dominique rédige une série de trois fois 50 clausules, en parallèle avec les 150 psaumes. Peu à peu, pour faciliter la mémorisation, on passe à l'usage de regrouper les Ave en quinze dizaines, toutes introduites par un Pater. On réduit ainsi le nombre de clausules qui passe de 150 à 15. Le Rosaire est né. Par la suite, on réserve l'usage du mot « Rosaire » aux quinze dizaines, chapelet n'en désignant que cinq. C'est au frère Alain de la Roche, né en Bretagne en 1428, entré dans l'Ordre des prêcheurs (dominicains) que l'on doit sa diffusion. Il prêche en Flandre puis à Lille où, en contact avec des monastères chartreux, il découvre les clausules de Dominique de Prusse qui l'enthousiasment. Alain de la Roche devient le grand apôtre du Rosaire. Il prône la création des Confréries du Rosaire dont le succès est immense, jusqu'en Italie et dans le reste de l'Europe occidentale. Curieusement, Alain de la Roche attribue l'origine du Rosaire à saint Dominique, le fondateur de son ordre, mort en 1221 ! Bien que sans aucun fondement historique, cette légende sera répétée jusqu'à une époque très récente (1). À la fin du XVe siècle, apparaît la formule « Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous pécheurs ». L'adjectif « pauvres » accolé à « pécheurs » est ajouté plus tard. La prière du peuple chrétien Au XVIe siècle, l'imprimerie permet de multiplier les livrets ornés de gravures représentant les « mystères » choisis pour les méditations. En 1571, le Pape Pie V, dominicain, institue comme fête de Notre-Dame du Rosaire le 7 octobre, déjà fête de la confrérie, en action de grâce pour la victoire de Lépante sur les Turcs considérée comme un miracle obtenu par la prière du Rosaire dans laquelle toute la chrétienté s'est impliquée à sa demande. En 1572 le même Pie V officialise la liste des quinze mystères. Le Rosaire devient la prière du peuple chrétien. Au long des siècles, de grands chrétiens vont y attacher leur nom. Au XVIIIe siècle, Louis-Marie Grignion de Montfort est le grand apôtre du Rosaire. Au XIXe siècle Pauline Jaricot lance le Rosaire vivant ; à la grotte de Lourdes, en 1858, Bernadette Soubirous récite le chapelet avec la Sainte Vierge ; Bartolo Longo fonde à Pompéi un sanctuaire dédié à la Vierge du Saint Rosaire ; le Pape Léon XIII consacre à la prière douze encycliques, ce qui le fait appeler « le Pape du Rosaire ». Au XXe siècle, à Fatima, en 1917, la Vierge elle-même déclare à trois enfants : « Je suis Notre-Dame du Rosaire. Je suis venue pour exhorter les fidèles à réciter chaque jour le chapelet, à faire pénitence pour leurs péchés et à changer de vie ». En ce début du XXIe siècle, Jean-Paul II proclame une année du Rosaire. Il lance un cri poignant à tous les chrétiens: « Que mon appel ne reste pas lettre morte » et ajoute aux quinze mystères, joyeux, douloureux, glorieux, des « petits nouveaux », les cinq mystères lumineux. Mgr Jacques MASSON _______________ (1) Eléments biographiques.- Ses noms répandus en Europe Occidentale : Alano de la Roca, Alain de La Roche, Alanus vont der Clip, indiquent sa renommée internationale et sa relation avec le mouvement de ce qu'on appelait alors le PSAUTIER DE MARIE. Il est né en Bretagne vers 1428. A 22 ans il est entré dans l'Ordre des Prêcheurs, en 1450, comme membre de la Communauté de Dinan. Il fit ses études de philosophie et de théologie à Saint-Jacques de Paris. Il fut nommé lecteur à Douai et Gand et professeur à Paris et Rostock où il obtint son doctorat en théologie (1473), par sa thèse sur "Les valeurs de la salutation de l'Ange à Marie". Il fut assigné ensuite au couvent de Lille, d'observance plus stricte, et devint membre de la "Congrégation d'observance de Hollande", érigée en 1457. Il prit part à son Chapitre de 1475. Il tira sa grande popularité - due également à certaines "apparitions" et "visions" qui n'ont jamais été reconnues comme telles par l'Eglise -  de son activité de prédicateur fervent du Rosaire et de sa spiritualité. Après une riche expérience de huit jours de prédication, il écrivit à l'évêque de Tournai une brochure dans laquelle il justifia son apostolat marial. Ce document a été falsifié regrettablement par des annotations ajoutées par d'autres auteurs. En 1619, le dominicain Jean André Coppenstein en publia à Fribourg une réédition sous le titre "Beatus Alanus de Rupe redivivus psalterio seu Rosario Christi ac Mariae eiusdemque fratenitate Rosarii". Une nouvelle édition en fut faite à Cologne (1624), qui se trouve dans la bibliothèque de l'actuel couvent des Dominicains en Zwolle (nord de la Hollande). Il imposa aux membres de la Confrérie qu'il avait fondée la récitation quotidienne des 150 Ave Maria. En 1473, il fut nommé "lecteur principal" de son couvent, maintenant connu sous le nom de "broerenklooster" à Zwolle (Hollande). Ses contacts fréquents avec les chartreux de Herne (Henegouwen) et avec quelques monastères de la Chartreuse en Allemagne eurent une grande influence. Il mourut, déjà vénéré comme "bienheureux", le 8 septembre 1475 à Zwolle, précisément le jour où a été officiellement érigée par le Saint Père la première Confrérie à Cologne de Jacob Sprenger (mort en 1495). Il fut enterré au couvent local des Dominicains - supprimé en 1580 - mais ses restes n'ont pas été retrouvés jusqu'ici. Frère Alain était très écouté, notamment de ses compagnons de communauté, de prêtres, de laïcs de toute la région, qui suivaient sa prédication itinérante. Ses interventions lors d'une première réunion de "délégués des couvents réformés des Prêcheurs de Rijsel, Gant, Haarlem, Doornik, Nimègue, Haye, Rotterdam, Calcar et Bruxelles", eurent une très grande influence. Dans la sacristie du couvent dominicain actuel de Zwolle (Hollande) - cf. supra - on voit un très beau tableau qui date de la première moitié du 17ème siècle, et qui représente la Vierge Marie avec l'Enfant, qui remet un rosaire au Bienheureux Alain agenouillé à ses pieds. Dans sa main ce dernier porte un étendard avec le rosaire, sur lequel est écrit :  "In hoc signo vinces". Au bas de la toile on lit ce texte : "B.M.Alanus de Rupe". Son apport à la dévotion du Rosaire.- Indépendamment de sa renommée de plus grande prédicateur itinérant du Rosaire de l'Ouest de l'Europe, Alain de la Roche est "mémorable" pour avoir établi une connexion entre le Rosaire et les Dominicains, bien que ce soit par le biais d'affirmations qui brillent par leur manque de fondement historique. En quoi consiste la confusion faite par celui qu'on a appelé "l'ardent breton", en attribuant à saint Domingue de Guzmán le "titre" de Fondateur du Rosaire ? En fait, Dominique Helion, de Prusse (1384-1460), moine cartusien de Trèves, en Allemagne, avait composé 50 "formules" qui synthétisaient les principaux mystères de la vie de Jésus et de Marie et il les avaient unies aux 50 "Ave Maria" (qui, comme on sait, s'achevaient alors par les mots "fruit béni de vos entrailles"). L'évêque dominicain Jean De Mont, son ami, avait fait l'éloge de cette méthode de méditation des mystères de la vie de Jésus et de Marie, et il avait exprimé son admiration et son approbation, en mentionnant seulement le nom de "Père Dominique". Dans son enthousiasme, Frère Alain de la Roche a manifestement confondu le nom de Dominique et celui de Dominique de Guzmán, alors que l'évêque Du Mont faisait référence à Dominique Helion (Dominicus Prutenus). Le fait que les artistes, en particulier les peintres, nous représentent l'image certainement très belle de la Vierge remettant le Rosaire (actuel) à saint Dominique et à sainte Catherine de Sienne, ne constitue pas un argument valable pour conclure que Dominique de Guzmán a reçu le Rosaire (actuel) personnellement de la Vierge Marie. De même, nous ne pouvons conclure de ces représentations que Dominique et Catherine aient vécu à la même époque. Il apparaît en outre que la représentation de saint Dominique recevant à Prouille le saint Rosaire des mains de Marie date seulement de la fin du XVème siècle. Fr. Baltazar Hendricks, O.P. Congrès international du Rosaire Séville, octobre 2004
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