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Noms des rues

Drolet

 

Rue Drolet (1872 – anciennement rue Cowan, rue Sanguinet, rue Henri-Julien) – L’avocat Montréalais Gustave-Adolphe Drolet (1844-1904), membre de l’Institut canadien, est le premier à s’enrôler comme zouave pontifical en 1867. Il fait parvenir à La Minerve et au Bulletin de l’Union Allet des articles sur la vie des zouaves à Rome. Ces récits sont publiés à deux reprises sous le titre Zouaviana. Il est fait chevalier de la Légion d’honneur et commandeur de l’Ordre de Saint-Grégoire-le-Grand.

Gustave-Adolphe Drolet (1844-1904), avocat. L'avocat montréalais Gustave-Adolphe Drolet (1844-1904), membre de l'Institut canadien, est le premier à s'enrôler comme zouave pontifical en 1867. Il fait parvenir à la Minerve et au Bulletin de l'union Allet des articles sur la vie des zouaves à Rome. Ces récits sont publiés à deux reprises sous le titre de Zouaviana. Il est fait chevalier de la Légion d'honneur et commandeur de l'Ordre de Saint-Grégoire-le-Grand.

   

Le 19 février 1868

À Montréal, la basilique Notre-Dame regorge de pieux paroissiens venus assister à la messe épiscopale qui marque le départ de 135 Québecois, soit le premier de sept détachements de volontaires qui feront partie des Zouaves pontificaux. Après la messe, les volontaires défilent, acclamés par quelque 20 000 personnes, le cinquième de la population totale de la ville et environ les deux tiers de sa population francophone.

Créé en 1861 par le pape Pie IX pour défendre Rome contre l’armée de Victor Emmanuel II (qui veut intégrer les États pontificaux au royaume d’Italie), le régiment des Zouaves pontificaux accueille des bataillons de la Belgique, de la France, des Pays-Bas, de l’Irlande et même du Canada. Il importe de souligner que tous les hommes du bataillon canadien sont des Canadiens français du Québec. Des Canadiens font partie des Zouaves pontificaux depuis 1861, mais le Québec est emporté par une vague d’enthousiasme suscité en novembre 1867 par une série de lettres pastorales envoyées par l’évêque de Montréal, Mgr Ignace Bourget. Motivé par la nouvelle qu’un Zouave canadien a perdu la vie lors d’une bataille contre le chef républicain Giuseppe Garibaldi, à Mentana, Mgr Bourget exige que chaque paroisse de son diocèse envoie des recrues et des fonds afin de prévenir le sacrilège que représente toute attaque contre le domaine temporel du Saint-Père. Les évêques catholiques romains de partout au Canada implorent aussi leurs paroisses de contribuer, mais leurs efforts se limitent surtout à une collecte de fonds. Or, au Québec, la défense de Rome prend des allures de croisade. Mgr Bourget a également à l’esprit des enjeux politiques locaux. L’Église du Québec est profondément menacée par les idées libérales, en provenance de l’Ontario et des États-Unis, qui s’infiltrent dans la société québécoise : la laïcisation, le libre échange, le suffrage universel et même le républicanisme. Alors qu’il était un jeune homme dans les années 1830, Mgr Bourget sympathisait quelque peu avec les Patriotes, mais il n’a jamais adopté leurs idées nationalistes draconiennes. Le destin réservé aux rebelles vient d’ailleurs confirmer ses croyances conservatrices. En outre, le Québec déborde de ferveur militaire après la guerre de Sécession, sans compter les récentes invasions des Fenians. La vie militaire représente un métier aussi naturel qu’honorable pour les jeunes gens ambitieux et aptes. Mgr Bourget n’aurait pas pu choisir meilleur moment : il pourra utiliser ce zèle au profit de l’Église et ainsi renforcer la seule institution capable de résister à la laïcisation du Canada français.

Plus de 300 volontaires sont renvoyés lors du choix des membres du premier contingent. Les critères de sélection sont sévères : chaque zouave doit être appuyé par des fonds de sa paroisse. Lorsque les recrues arrivent à Rome, ils forment le « Cercle canadien » à la Piazza Farnese et sont alors répartis au sein des compagnies du régiment. (Comme le français est la langue principale, la communication ne pose aucun problème.) Leur uniforme est modelé sur le style – au goût du jour – des uniformes de Zouaves, soit une veste courte sans col en lainage gris assortie d’une garniture de soie rouge tressée, des culottes bouffantes grises, une banderole en soie rouge et un képi de style français. Les forces pontificales sont augmentées par un contingent de l’armée française envoyé par Napoléon III après la bataille de Mentana. Le service des Zouaves pontificaux se limite donc principalement à patrouiller les rues de la ville et à chasser les bandits dans la campagne avoisinante.

Cette paix relative prend fin en juillet 1870 lorsque Napoléon III déclare la guerre à la Prusse et rappelle ses troupes qui se trouvent à Rome. Les Zouaves pontificaux opposent une résistance symbolique pour protéger la ville, mais le 20 septembre 1870, le pape Pie IX leur ordonne de se rendre à l’armée du roi Victor Emmanuel II d’Italie.

En deux ans, sur les 507 Canadiens qui se sont portés volontaires pour s’enrôler dans le régiment des Zouaves pontificaux, plus de 300 Zouaves canadiens y ont servi. Seulement huit d’entre eux y trouvent la mort; le plus souvent pour cause de maladie. Au printemps de 1870, la plupart des Zouaves du premier contingent reviennent au Canada. Lorsque les derniers Zouaves canadiens sont rapatriés, c’est une foule estimée à environ 50 000 personnes qui les acclame à leur arrivée à Montréal.

Source: http://www.forces.gc.ca/site/community/MapleLeaf/vol_9/vol9_07/907_full.pdf