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Le sucre cause-t-il le diabète?

Voir le dossier Le sucre, coupable?


 

La prévalence du diabète de type II est en croissance vertigineuse depuis plusieurs années en Occident. Il est tentant d’associer la consommation de sucre à cette épidémie, mais la démonstration est loin d’être faite. État des lieux.

Le sucre : permis aux diabétiques

Contrairement à ce qu’on pourrait penser, les personnes souffrant du diabète de type II peuvent manger un peu de sucre. (Pour plus de détails sur cette maladie, vous pouvez consulter notre fiche Diabète de type II.)

Les associations canadienne, américaine et européenne du diabète font preuve d’une remarquable unanimité à ce chapitre : jusqu’à 10 % des calories quotidiennes peuvent provenir du sucre ajouté 1,2.

« Comme les traitements sont plus performants qu’avant, les diabétiques peuvent mieux gérer leur consommation d’aliments à index glycémique élevé et donc se permettre un peu de sucre », explique Simone Lemieux, chercheuse à l’Institut des nutraceutiques et des aliments fonctionnels3 (INAF).

Mais, 10 % des calories, c’est quelle quantité de sucre? Pour une personne qui consomme 2 000 calories par jour, cela équivaut à 200 calories, soit 50 g de sucre ou 12 cuillerées à thé. Notez qu’il ne s’agit pas d’un objectif à atteindre, mais bien d’une limite à ne pas dépasser.

Sucre et diabète : y a-t-il un lien?

NON

D’un point de vue scientifique, le lien direct entre la consommation de sucre et la prévalence du diabète n’est pas établi. Plusieurs chercheurs se sont penchés sur la question, dont un panel d’experts mandatés par l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa).

Ces experts, dont le rapport4 Glucides et santé a été publié en octobre 2004, ont analysé tant des études épidémiologiques que des essais cliniques. Leur constat : l’ensemble de ces données ne permet pas d’établir un lien clair entre la consommation de glucides simples et l’incidence de diabète de type II.

Ils émettent cependant une réserve importante au sujet des études cliniques qui ont comparé l’effet du sucre ou du fructose à celui d’aliments riches en glucides. En effet, au cours de la plupart de ces essais, on a employé des aliments à fort index glycémique. Comme ils ont un effet important sur le taux de sucre dans le sang, cela a pu fausser les résultats.

Selon le rapport de l’Afssa, des essais dans lesquels on comparerait l’effet du sucre à celui d’aliments à faible index glycémique par du sucre permettraient d’arriver à une conclusion plus claire. Pour en savoir plus sur l’index glycémique, consulter notre fiche.

Peut-être

La diététiste-nutritionniste Hélène Baribeau fait remarquer que le diabète de type II est une maladie qui se forme sur plusieurs années. « Il se déclare quand le pancréas n’est plus capable de sécréter suffisamment d’insuline pour gérer le sucre. Les études ne permettent pas de faire un lien entre la consommation de sucre et le diabète, mais d’un point de vue physiologique, il pourrait y en avoir un : si, tout au long de notre vie, on a une alimentation à index glycémique élevé, en consommant des boissons gazeuses par exemple, notre pancréas doit souvent sécréter des quantités importantes d’insuline. On peut supposer qu’à long terme il peut y avoir une fatigue ou un épuisement du pancréas », avance-t-elle.

OUI, mais indirectement

Parce que le sucre contribue à l’épidémie d’obésité, il est aussi responsable de l’épidémie de diabète5, d’après Jim Mann, professeur au Département de nutrition humaine de l’Université d’Otago, en Nouvelle-Zélande. L’obésité abdominale est en effet reconnue comme un facteur de risque du diabète. Jim Mann est l’un des experts du panel formé par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) pour évaluer l’effet de l’alimentation sur les maladies chroniques6.

L’effet du sucre comme tel est donc très difficile à isoler dans le cas du diabète. Ce qu’on sait, en revanche, c’est que le sucre ajouté aux aliments augmente les calories ingérées, sans enrichir sa valeur nutritive. Par ailleurs, des données scientifiques pointent de plus en plus les boissons gazeuses et sucrées comme cause possible du diabète.

 

Et le fructose?

 

Popularisé par le régime Montignac, le fructose, un sucre extrait des fruits, a un effet moins prononcé que le sucre sur la glycémie. À ce titre, il a déjà été conseillé aux personnes diabétiques.

Mais il n’a plus aussi bonne presse. « On a avancé les bienfaits du fructose pour les diabétiques à une époque où le contrôle de la glycémie constituait le focus du traitement, explique Simone Lemieux de l’INAF. Il a effectivement peu d’impact sur le taux de sucre sanguin, parce qu’il ne stimule pas la sécrétion d’insuline. Cependant, on sait qu’il fait augmenter le taux de triglycérides dans le sang, ce qui constitue un facteur de maladie cardiovasculaire. »

Chez les animaux, la consommation excessive de fructose entraîne également une résistance à l’insuline, l’altération de la tolérance au glucose et de l’hypertension, des données qui restent néanmoins à confirmer chez l’humain7.

Toutefois, des essais cliniques préliminaires indiquent que le fructose pourrait contribuer au gain de poids, car sa consommation a des effets indésirables sur le taux sanguin de deux hormones liées à la satiété et à l’appétit (la leptine et la ghréline)7,8.

 

 

Recherche et rédaction : Françoise Ruby
Le 24 octobre 2005

 

Références

Note : les liens hypertextes menant vers d’autres sites ne sont pas mis à jour de façon continue. Il est possible qu’un lien devienne introuvable. Veuillez alors utiliser les outils de recherche pour retrouver l’information désirée.

Bibliographie

Agence française de Sécurité Sanitaire des Aliments. Glucides et santé : État des lieux, évaluation et recommandations. [Consulté le 15 septembre 2005] Rapport complet : www.afssa.fr Synthèse : www.afssa.fr
Extenso. Les glucides, amis ou ennemis? www.extenso.org [Consulté le 15 septembre 2005]
Mardis, A. Current Knowledge of the Health Effects of Sugar Intake. Family Economics and Nutrition Review. Vol. 13, Number 1 Center for Nutrition Policy and Promotion [Consulté le 15 septembre 2005]. www.cnpp.usda.gov
National Library of Medicine (Ed). PubMed, NCBI. [Consulté le 15 septembre 2005]. www.ncbi.nlm.nih.gov
OMS. Diet, nutrition and the prevention of chronic diseases: report of a joint WHO/FAO expert consultation, 2003, pages 54 à 70. WHO technical report series ; 916 [Consulté le 15 septembre 2005] www.who.int

Notes

1. Guidelines for the Nutritional Management of Diabetes Mellitus in the New 1. Millennium. A position statement by the Canadian Diabetes Association. www.diabetes.ca
2. Choudhary P. Review of dietary recommendations for diabetes mellitus. Diabetes Res Clin Pract. 2004 Sep;65 Suppl 1:S9-S15. Review.
3. Simone Lemieux est également professeure agrégée au Département de science des aliments et de la nutrition à l’Université Laval et collaboratrice de la Chaire sur l’obésité.
4. Agence française de Sécurité Sanitaire des Aliments. Glucides et santé : État des lieux, évaluation et recommandations. [Consulté le 15 septembre 2005] Rapport complet : www.afssa.fr Synthèse : www.afssa.fr
5. Mann J. Sugar revisited -- again.Bull World Health Organ. 2003;81(8):552. Texte intégral [Consulté le 15 septembre 2005] : www.scielosp.org/
6. OMS. Diet, nutrition and the prevention of chronic diseases: report of a joint WHO/FAO expert consultation, 2003, pages 54 à 70. WHO technical report series ; 916 [Consulté le 15 septembre 2005] www.who.int
7. Elliott SS, Keim NL, Stern JS, Teff K, Havel PJ. Fructose, weight gain, and the insulin resistance syndrome. Am J Clin Nutr. 2002 Nov;76(5):911-22. Review. Texte intégral : www.ajcn.org
8. Teff KL, Elliott SS, Tschop M, Kieffer TJ, et al. Dietary fructose reduces circulating insulin and leptin, attenuates postprandial suppression of ghrelin, and increases triglycerides in women. J Clin Endocrinol Metab. 2004 Jun;89(6):2963-72. Texte intégral : http://jcem.endojournals.org

 
 
 
 
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