Presse Actualité : Très faible mobilisation des partisans du voile
Posté Fév 09, 2004 - 12:54 AM
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La contestation s'essouffle. Avant que l'Assemblée vote, demain, la loi interdisant les signes religieux à l'école, ils étaient à peine 1000 à défiler, samedi à Paris, pour dire "non à l'islamophobie". La manifestation, organisée par une kyrielle d'associations, n'avait ni l'ampleur ni l'allure de celle menée par Mohamed Latrèche, le 17 janvier dernier. Samedi, il s'agissait surtout d'exprimer les craintes de dérapages dans l'application de la loi.
«A Limoges, un homme a arraché le voile de deux soeurs alors qu'elles montaient dans le bus, raconte Fadoua. Personne n'a réagi. Comme s'il devenait légitime de s'en prendre aux filles voilées dans la rue !» Dans la maison de retraite où elle travaille, son patron a prévenu Safia : si la loi passe, il lui faudra renoncer au voile ou partir. «Je partirai s'il le faut, affirme-t-elle, mais je suis sûre qu'il changera d'avis : il m'apprécie». Drania s'est, elle, fait «expulser» d'un cours d'histoire contemporaine à la faculté de Jussieu, à Paris, par un professeur refusant son voile. Alerté, le président de l'université a désavoué l'enseignant. Mais les «humiliations se sont multipliées en cours», assure l'étudiante.
D'autres histoires, toutes invérifiables, circulent dans le cortège. On raconte qu'une femme est restée bloquée à l'entrée d'une banque pour cause de foulard, qu'une femme médecin a demandé à une autre de rester tête nue dans sa salle d'attente, qu'une maman voilée n'a pu accompagner une sortie scolaire... Le président du Mouvement justice et démocratie affirme qu'aujourd'hui en France «il ne fait pas bon être musulman». Un sentiment partagé par les manifestants.
Au micro, Hayet, étudiante en droit qu'une longue tunique noire ferait passer pour une avocate, n'était son foulard discret, met en garde contre des «lois islamophobes» : «Le gouvernement de Vichy est une tâche dans l'histoire de France, lance-t-elle. Il ne faudrait pas recommencer». Elle poursuit : «Non au racisme, non à l'islamophobie, non à l'antisémitisme !» On l'applaudit. Mohamed Latrèche, le président du PMF auquel furent reprochés certains propos antisémites, s'émeut également : «En 1941, une autre loi a obligé les juifs à porter l'étoile jaune... Prenons garde à une nouvelle tache noire». Ginette Skandrani, militante verte, propalestinienne radicale et amie du président du PMF, est ravie. Elle est fière de sa formule : «Y en a marre de faire l'autruche, maintenant on va tous faire Latrèche». Dans un tract, ce groupuscule appelle de ses voeux «le vote sanction» aux régionales et «le communautarisme politique».
«Je pensais que les politiques comprendraient», regrette Daou Meskine, responsable du conseil des imams franciliens. Maintenant, «il faut protester, car cette loi heurte une prescription religieuse». Une autre manifestation, à l'appel du collectif «Ecole pour tous(tes) contre les lois d'exclusion», qui regroupe des associations musulmanes et laïques, est prévue le 14 février prochain.
Cécilia Gabizon
© lefigaro.fr - 09/02/2004 |