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Jeudi 7 août 2008 12:56 MTL

International

Mise à jour le mercredi 1 août 2007 à 12 h 17

L'Arctique convoité

Un drapeau russe sous le pôle Nord

Un texte de Nicolas Duguay

Un sous-marin de poche russe Mir dans les eaux de l'Arctique

Photo: Vesti

Un sous-marin de poche russe Mir dans les eaux de l'Arctique

Une semaine après la « sensationnelle découverte » de quelque 70 géologues russes qui auraient réussi à prouver qu'une chaîne de montagnes sous-marine, la dorsale de Lomonosov, relierait directement le pôle Nord au territoire russe, une équipe d'explorateurs s'apprête maintenant à laisser sous le pôle Nord un drapeau russe.

En effet, les explorateurs, membres d'une ambitieuse expédition à laquelle prennent part le fleuron de la flotte de navires scientifiques russes, l'Akademik Federov et le brise-glace à propulsion nucléaire Rossiya, comptent descendre mercredi soir à 4200 mètres sous la calotte glaciaire, directement à la verticale du pôle Nord.

Après avoir pris des échantillons de la flore et de la faune sous-marines, les occupants des deux sous-marins de poche vont larguer une capsule de titanium renfermant un drapeau de la fédération russe.

Ce dernier geste, très symbolique, a essentiellement pour but de renforcer les prétentions de Moscou sur un pôle Nord qui est, avec le retrait graduel de la banquise, de plus en plus intéressant économiquement.

Tout l'argumentaire russe, en fait, se base sur la géologie de la dorsale de Lomonosov, une chaîne de montagnes sous-marine qui s'étend sur 2000 kilomètres, en passant par le pôle Nord, d'îles de la Sibérie russe à l'île canadienne d'Ellesmere.

En juillet dernier, des géologues russes de retour du pôle Nord ont soutenu détenir des preuves scientifiques selon lesquelles la dorsale de Lomonosov ne serait que l'extension géologique du territoire russe. Et en vertu du droit maritime international, Moscou pourrait réclamer des droits sur les territoires sous-marins situés au-delà de 200 miles marins (près de 400 kilomètres) de sa côte s'il démontre que les fonds convoités sont une prolongation naturelle de son territoire.

Ce n'est d'ailleurs pas la première fois que Moscou tente de faire valoir ses droits sur la dorsale de Lomonosov. En 2002, la Russie avait été déboutée devant la Commission des Nations unies sur les limites continentales, les Nations unies demandant à Moscou d'apporter davantage de preuves scientifiques pour appuyer ses prétentions.

Et pendant que la Russie revendique la souveraineté du pôle Nord en se basant sur la dorsale de Lomonosov, des scientifiques canadiens et danois tentent de faire valoir, eux, que la fameuse dorsale est plutôt la continuité de l'île canadienne d'Ellesmere ou encore du Groenland danois.

Pour Moscou, aussi bien que pour Ottawa et Copenhague, l'inclusion dans leur territoire national des vastes zones arctiques litigieuses pourrait s'avérer formidablement lucrative.

En effet, pendant des années, il ne s'est guère trouvé que la Russie pour faire valoir ses droits sur le point le plus septentrional du globe, la communauté internationale n'y voyant que peu d'intérêt économique. Toutefois, depuis l'épuisement d'une bonne partie des réserves mondiales de gaz et de pétrole et, surtout, depuis que la fonte de la calotte glaciaire rend le pôle Nord un peu moins hostile, c'est tout un potentiel qui se découvre peu à peu.

Les 1,2 million de kilomètres carrés litigieux renfermeraient, selon les estimations des scientifiques, au moins 9 milliards de tonnes de gaz et de pétrole. Et c'est sans compter sur le fait que ce secteur pourrait bien devenir, grâce au réchauffement climatique, l'une des principales routes maritimes internationales, une sorte de canal de Panama du Grand Nord.

En mai dernier, le président russe Vladimir Poutine affirmait qu'il comptait bien préserver « les intérêts stratégiques, économiques, scientifiques et de défenses de la Russie » dans l'Arctique. Peu après, le premier ministre canadien Stephen Harper annonçait, pour sa part, la construction prochaine, au coût de 7,5 milliards de dollars, de huit brise-glace destinés aux patrouilles dans l'Arctique canadien.


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