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numéro 104 (février-mars 2005)

Alexandre Del Valle perd en appel le procès intenté à Ras l'front


Nous publions quelques extraits essentiels de l'arrêt rendu le 12 janvier 2005 par la cour d'appel de Paris. Cet arrêt confirme le jugement de première instance déboutant Del Valle de toutes ses demandes.

L'article L'étonnant parcours d'Alexandre Del Valle » publié par Ras l'front n° 87 daté d'avril-mai 2002 a suscité la colère d'Alexandre Del Valle, lequel, assisté par maître Gilles William Goldnadel a intenté un procès pour injure et diffamation poursuivant René Monzat en sa qualité d'auteur, Anne Tristan, directrice de publication ainsi que la société d'édition Ras l'front. Il demandait 100 000 euros à titre de dommages et intérêts, plus l'insertion (payante) du jugement dans Le Monde, Le Figaro, Ras l'front, Le Point.

Pas diffamatoire

L'arrêt de la cour d'appel de Paris comporte 11 pages dont le rappel de la procédure. En première instance, le tribunal a dit que les éléments constitutifs des délits de diffamation publique envers particulier et d'injure publique n'étaient pas réunis.
A débouté en conséquence Marc D'Anna [Del Valle] de toutes ses demandes ». La cour d'appel revient sur les questions de procédure soulevées.
L'arrêt reproduit les passages de l'article de Ras l'front mis en cause, avant de se prononcer sur le fond :
Considérant que la partie civile soutient, dans son assignation - seules écritures - que cet article l'accuse ouvertement de duplicité et d'espionnage, en lui imputant d'appartenir de façon souterraine à de dangereux mouvements d'extrême droite et d'avoir agi de manière insidieuse afin d'infiltrer la communauté juive ; que ces accusations graves, alors qu'il est universitaire reconnu, collabore à de nombreuses publications de renom et qu'il n'est en rien proche ou sympathisant de la Nouvelle Droite », dite ici ND » portent atteinte à sa dignité, à son honneur et à sa considération ; qu'il prétend oralement avoir été également diffamé par l'imputation d'être formateur des militants du GUD (Groupe union Défense) ;
Mais considérant que les premiers juges ont, à bon droit et par des motifs que la cour fait siens, estimé que l'article n'était pas diffamatoire à l'égard de Marc d'Anna que, soit ce dernier faisait une interprétation dénaturante des faits relatés, soit l'article ne faisait que rappeler des interventions de la partie civile ou ne constituait que l'expression d'une critique, une opinion, exercée à l'encontre et à partir des écrits de la partie civile, jugés contradictoires ;
Considérant qu'il y a lieu d'ajouter que :
il résulte des très nombreuses pièces produites par les parties - consistant parfois en de simples extraits d'articles ou de livres ce qui a alors empêché de les appréhender avec certitude dans toute la portée que leur prête l'une ou l'autre des parties - que la partie civile a fréquenté tour à tour les milieux royalistes légitimistes, les milieux catholiques intégristes, les milieux de la droite païenne antisémite, ceux de la droite radicale, ceux du GRECE et de la Nouvelle Droite, les milieux fascistes identitaires européens, et finalement des milieux sionistes très marqués à droite.
La partie civile ne peut, pour se démarquer des idées véhiculées dans la revue Réfléchir & Agir se borner à déclarer qu'elle n'a appris qu'à l'occasion de la parution de l'article incriminé, que des textes écrits par lui avaient paru dans cette revue ; qu'en tout état de cause, certains de ces articles étaient déjà parus dans la revue Muninn très marquée idéologiquement, à laquelle il a collaboré a plusieurs reprises ;

Idéologie antisémite particulièrement identifiée

Si la partie civile peut faire valoir que son statut de chercheur et sa notoriété l'ont conduit à intervenir dans de nombreux cercles, de droite comme de gauche, il demeure, à l'examen des pièces produites, qu'il a participé à de nombreux colloques d'obédience de diverses droites dont certaines ont une idéologie antisémite particulièrement identifiée ; qu'il était donc légitime, pour le journaliste de la revue Ras l'front de retracer le parcours de la partie civile, tel qu'il pouvait résulter de nombre de ses écrits et de ses contributions ;
Sur le passage - reproché par Marc d'Anna - selon lequel il a été formateur du GUD, il suffit de relever - étant cependant observé que la Cour n'est tenue de répondre qu'aux moyens développés dans les écritures - d'une part que cette information en soi, ne contient aucune imputation diffamatoire, d'autre part qu'il n'est pas discutable, au vu des pièces produites, que la partie civile a bien participé à des formations des militants d'extrême droite, proches du GUD et a été félicité pour sa contribution ainsi que Guillaume Faye, ancien bras droit d'Alain de Benoist.
Considérant, dès lors que la décision des premiers juges sera confirmée ;
- Sur l'injure publique
Considérant que le passage incriminé au titre de l'injure, qui figure dans un encadré, est le suivant : « Ne dites pas à Ras l'front que Del Valle est sioniste, on le croyait "facho" ! »
Considérant que la partie civile se borne à prétendre que le traiter de facho » est constitutif d'une injure à son encontre ;
Mais considérant que les premiers juges ont, à bon droit et par des motifs pertinents que la Cour adopte, estimé que l'injure n'était pas caractérisée, aussi bien au regard du contexte général de l'article que de l'acception générale et de l'utilisation familière de ce terme aujourd'hui ;
Considérant en conséquence, que la partie civile sera déboutée de ses demandes. »
La Cour « confirme le jugement [de première instance] dans toutes ses dispositions ».

La Cour d'appel va plus loin...

La Cour d'appel va donc plus loin, et sur le fond, que la 17e chambre du tribunal de grande instance de Paris en première instance. Elle souligne qu'il était donc légitime, pour le journaliste de la revue Ras l'front de retracer le parcours de la partie civile », que la partie civile a fréquenté tour à tour les milieux royalistes légitimistes, les milieux catholiques intégristes, les milieux de la droite païenne antisémite, ceux de la droite radicale, ceux du GRECE et de la nouvelle droite, les milieux fascistes identitaires » ou qu'il n'est pas discutable, au vu des pièces produites, que la partie civile a bien participé à des formations des militants d'extrême droite, proches du GUD et a été félicité pour sa contribution ». La cour ne se contente donc pas de constater que l'article a été écrit de bonne foi, mais elle en valide le contenu informatif.
Maître Antoine Comte qui défendait Ras l'front a mené la bataille en appel avec fougue et avec la rigueur qui lui est coutumière, mordant sur le fond d'une affaire qui, visiblement, lui tenait à coeur. Qu'il en soit ici remercié.
La manoeuvre, la tentative d'intimidation judiciaire, s'est retournée contre ses auteurs.
R. M.