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Louise Michel

Yves Murie Victorine, le grand secret de Louise Michel (éditions SAEP)

Louise Michel, la célèbre révolutionnaire française, aurait eu en 1852 une fille, Victorine, à la suite d'une brève liaison avec Victor Hugo, affirme Yves Murie, un descendant de Victorine. Dans un ouvrage auto-édité, Victorine, le grand secret de Louise Michel, Yves Murie, journaliste à La Presse de la Manche, raconte la minutieuse enquête qu'il a menée à partir d'une "vague tradition colportée" dans sa propre famille. Durant le mois d'août 1851, Louise Michel, elle-même fille naturelle d'une servante et d'un hobereau de Haute-Marne, fait la connaissance à Paris de Victor Hugo avec lequel elle correspond depuis un certain temps et pour lequel elle éprouve une immense admiration. Les lettres de l'une et de l'autre en attestent. Si l'on en croit un des admirateurs de Louise, Arthur Daguin, étudiant à Paris et dont l'auteur a retrouvé les archives, la rencontre se passe mal. Intimidée et désorientée, la "Vierge rouge", alors âgée de 21 ans, n'ose pas trop résister au grand homme auquel elle finit par céder. En larmes, elle quitte précipitamment le domicile de l'écrivain et se réfugie chez un concitoyen, haut fonctionnaire à Paris, qui la rapatrie aussitôt dans son village. Puis c'est le mystère. Curieusement, note Yves Murie, un grand nombre de documents et lettres concernant cette période de la vie de Louise Michel ont disparu: les lettres de Victor à Louise, son dossier d'institutrice, les archives notariales, etc. De façon inexplicable, Louise renonce aussi à Paris. A partir de ce qu'il appelle "un faisceau de présomptions", l'auteur développe la thèse selon laquelle la future égérie de la Commune de Paris découvre, peu après son retour en province, qu'elle est enceinte et qu'il va lui falloir prendre la décision la plus grave de son existence: garder ou abandonner cet enfant. Ne voulant pas que sa fille subisse comme elle le destin d'une bâtarde, contrainte sans doute de préserver la réputation de Victor Hugo et bien peu faite pour une vie de femme au foyer, Louise Michel, qui ne veut pas renoncer à l'enseignement, se résigne, la mort dans l'âme, à placer sa fille, Victorine. Avec peut-être l'aide du même haut fonctionnaire, le bébé est accueilli, le hasard faisant bien les choses, par une famille de Basse-Normandie qui porte le même nom que sa mère naturelle: les Michel. "Victorine, fille de Louise et de Victor? J'entends déjà les inconditionnels de la Vierge rouge hurler au sacrilège et au crime de lèse-révolution", écrit Yves Murie. Comment, en effet, une femme aussi célèbre, entourée de mouchards et suivie par des nuées de policiers aurait-elle pu "enfouir un tel secret?", ajoute-t-il. Outre la disparition des documents de l'époque, Yves Murie se demande pourquoi Louise Michel a toujours ignoré la Basse-Normandie dans ses nombreuses tournées, pourquoi ce prénom de "Victorine", pourquoi, enfin, ces "pieds palmés", cette marque de famille, qu'on retrouve de génération en génération, depuis Louise elle-même jusqu'aux arrière petits-enfants de Victorine? Conscient de n'apporter "aucune preuve" décisive, l'auteur demande seulement à des "chercheurs plus perspicaces et mieux outillés" que lui de l'aider à trouver la vérité.

Copyright © La République des Lettres, Paris, dimanche 15 octobre 2000