Violences du 5 juin au Pérou : les images des affrontements

Le 5 juin, la police péruvienne charge un piquet de grèves d'Indiens protestant depuis des semaines contre deux décrets du gouvernement mettant en péril la forêt amazonienne, leur milieu de vie naturel. Bilan : au moins 34 morts.

Deux Belges, Thomas Quirynen et Marijke Deleu, qui ont assisté à ces affrontements, et ont réalisé des images, témoignent pour Rue89. (Voir le diaporama)

Thomas Quirynen et Marijke Deleu travaillaient au Pérou depuis quelques mois lorsque les violences ont éclaté. Bénévoles pour l'ONG belge Catapa, ils avaient pour mandat d'aider une ONG locale à se documenter et à se développer sur le plan international autour de la problématique de l'exploitation minière.

Dans cette région d'Amazonie, les Indiens contestent les privilèges accordés par l'Etat péruvien à des entreprises d'exploitation minière, hydrolique et forestière.

« C'était le chaos. Les gens couraient partout, les policiers étaient très violents »

Ce fameux 5 juin, les deux volontaires se sont rendus sur le lieu des affrontements avec des reporters de Frequencia Latina, après avoir été informés de la montée des violences. A leur arrivée, les policiers avaient déjà levé le barrage routier et ouvert le feu. Marijke Deleu raconte la confusion qui régnait sur place :

« C'était le chaos. Les gens couraient partout, sur la place, dans les rues, à côté… les policiers étaient très violents. Ils donnaient des coups de pieds aux gens. »

Selon eux, les policiers, mieux armés, ont clairement abusé de la force :

« Parfois, il pouvait y avoir dix ou quinze policiers contre une seule personne. Les policiers ont même obligé les passagers d'une ambulance à sortir, dont l'infirmier, et ils les ont battus. » (Ecouter un extrait de l'interview réalisée par Marijke Deleu)

Au total, selon l'association Catapa, il y a eu entre 34 et 84 morts et une centaine de blessés. L'ONG déplore le manque d'informations fiables sur le nombre de morts, de blessés et d'éventuels disparus.

Plusieurs autres organisations, ainsi que le rapporteur de l'ONU, demandent la mise sur pied d'une commission d'enquête indépendante sur ces événements, les plus meurtriers au Pérou depuis la disparition de la guérilla du Sentier Lumineux, dans les années 1990.