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Les grands esprits manipulĂ©s par les astrologues 

Denis Hamel 

 

Albert Einstein, astrologue ? 

Vous voulez rire ? 

La fin d’un canular 

I 

l y a 100 ans cette annĂ©e, un modeste commis aux 
brevets de Berne, en Suisse, publiait les princi-

paux Ă©lĂ©ments de sa thĂ©orie dite de la relativitĂ©. En 
1919, lors d'une Ă©clipse totale du soleil visible Ă  So-
bral, en AmĂ©rique du Sud, et Ă  l'Ăźle de Principe (Sao 
Tome et Principe), golfe de GuinĂ©e, une des prĂ©dic-
tions de cette thĂ©orie Ă©tait vĂ©rifiĂ©e pour la premiĂšre 
fois, soit la dĂ©viation d'un rayon lumineux par une 
masse imposante, celle du soleil. Il avait suffi Ă  
l'Ă©quipe d'astronomes dirigĂ©e par Eddington de photo-
graphier la rĂ©gion oĂč Ă©tait situĂ© le soleil lors de 
l'Ă©clipse totale et de comparer les positions des Ă©toiles 
de cette mĂȘme rĂ©gion du ciel avec celles mesurĂ©es sur 
des clichĂ©s pris Ă  un autre moment. Le dĂ©placement 
apparent de certaines Ă©toiles situĂ©es en bordure de la 
couronne solaire Ă©tait mesurable, dans l’ordre de 
grandeur prĂ©vu par Einstein. Celui-ci fut alors cata-
pultĂ© au rang des personnalitĂ©s scientifiques de tous 
les temps aux cĂŽtĂ©s de GalilĂ©e et de Newton. 

Albert Einstein 

Autrefois, il ne me serait pas venu Ă  l'esprit qu'on s'arracherait pour les noter chacune des banalitĂ©s 
que je pourrais prononcer dans mon quotidien. Avoir su, je me serais recroquevillĂ© encore plus dans 
ma coquille

1

.  

Albert Einstein  

Il est difficile d'affirmer ce qu'est la vĂ©ritĂ©; mais 
parfois, tellement facile de reconnaĂźtre une 
fausseté

3

Albert Einstein 

L'idĂ©e qu'on enseignerait Ă  mes enfants des 
notions contraires Ă  toute pensĂ©e scientifique 
me dĂ©plaĂźt profondĂ©ment

2

.  

Albert Einstein 

[

La relativitĂ©] n’est pas une doctrine scientifique, c’est plutĂŽt une sorte de mysticisme bizarre, presque 

une religion nouvelle dont Einstein est le prophĂšte
 Quand on l’approfondit Ă  la lumiĂšre d’une critique 
sĂ©rieuse, on dĂ©couvre facilement la fragilitĂ© de cette construction qui n’est qu’une grossiĂšre contrefa-
çon de la science, un amas Ă©trange de raisonnements faux, d’hypothĂšses puĂ©riles et de superstitions 
métaphysiques

4

J. Le Roux, mathĂ©maticien, 1923 

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32 

Les grands esprits manipulĂ©s par les astrologues 

Nous arrivons au terme de cette sĂ©rie d’articles sur les 
grands esprits manipulĂ©s par les astrologues. La re-
cherche qui a prĂ©sidĂ© Ă  la rĂ©daction de cet article fut 
Ă©talĂ©e sur plusieurs annĂ©es et elle relĂšve de l’enquĂȘte 
journalistique. Nous ferons la lumiĂšre sur le lien rĂ©el 
qui aurait existĂ© entre l’astrologie et l’icĂŽne du monde 
scientifique la plus universellement reconnue par le 
citoyen ordinaire (« Papa, d'accord, j’ai « pochĂ© Â» 
mes maths, mais me prends-tu pour Einstein ? Â»). La 
compter dans ses rangs serait un atout majeur pour 
une pseudoscience.  

Si vous ouvrez un livre rĂ©cent sur l'astrologie, vous 
risquez de « tomber Â» sur une liste de personnalitĂ©s 
scientifiques s'adonnant Ă  cette pratique et parmi les-
quelles vous trouverez, probablement avec surprise, 
sinon incrĂ©dulitĂ©, le nom d'Albert Einstein. La cita-
tion la plus complĂšte – car on en trouve des 
versions tronquĂ©es – de sa prĂ©tendue caution 
de l'astrologie est la suivante :  

« L'astrologie est une science en soi, 

illuminatrice. J'ai beaucoup appris 
grĂące Ă  elle et je lui dois beaucoup. 
Les connaissances gĂ©ophysiques 
mettent en relief le pouvoir des Ă©toi-
les sur le destin terrestre. À son tour, 
l'astrologie en un certain sens le ren-
force. C'est pourquoi c'est une espĂšce 
d'élixir de vie pour l'humanité

5

. »  

L’astrologue française Ă‰lizabeth Teissier en 
est la principale propagandiste mĂȘme si elle 
est prĂ©venue depuis longtemps de son origine 
douteuse

6

. Elle la place pourtant en exergue 

en page 7 de sa rĂ©cente « thĂšse (!) », qui lui a 
valu le titre de Â« docteur en sociologie Â». 
M

me

 Teissier veut « faire sĂ©rieux » et, prolixe, elle nous 

inonde de 1 010 notes numĂ©rotĂ©es, mais aucune ne prĂ©-
cise la source de la fausse phrase d’Einstein. Ce travail 
bĂąclĂ© (on s’étonne que le comitĂ©, qui a accordĂ© une 
mention Â« trĂšs honorable Â» Ă  ce brouillon truffĂ© d’er-
reurs typographiques, n’ait pas exigĂ© une source vĂ©ri-
fiable pour cette citation) est en fait un remake augmen-
tĂ© d’ouvrages antĂ©rieurs dans lesquels elle se fait la dĂ©-
fenderesse d’une pratique qui la fait vivre grassement. 
On y trouve des perles comme la suivante, digne de la 
« foire aux cancres » :  

« Parmi les noms qui, plus ou moins timide-
ment, font rĂ©apparaĂźtre l’astrologie au dĂ©but 
du XX

e

 siĂšcle, citons l’abbĂ© Nicoullaud, 

alias Fomalhaut (on a donnĂ© son nom Ă  
une Ă©toile fixe au dĂ©but des Poissons

7

). »   

Beau cas d’ignorance crasse ! Le nom de l’étoile Fo-
malhaut fut crĂ©Ă© par les astronomes arabes il y a des 
siĂšcles ! â€“ un almanach de 1340 mentionne dĂ©jĂ  cette 
Ă©toile, dont le nom signifie Â« la bouche du poisson Â» 
(arabe  Fum al HĂŒt ou, plus prĂ©cisĂ©ment « la bouche 
de la baleine » selon une collĂšgue arabophone). 
Contrairement Ă  ce que suggĂšre M

me

 Teissier, Fomal-

haut ne se trouve pas dans la constellation zodiacale 
des  Poissons mais bien dans la constellation du 
Poisson austral

8

! Rappelons qu’Elizabeth Teissier 

nous servit de cible dans la caricature de la couverture 
du  QuĂ©bec sceptique n° 51, qui lançait cette sĂ©rie 
d’articles. DĂ©guisĂ©e en Â« Elsa, louve des SS Â», elle 
menace Albert Einstein du fouet s’il n’écrit pas sous 
sa dictĂ©e la « phrase ». Nous reproduisons ici cette 
image.    

Plus prĂšs de nous, le 22 avril 2005, l’astrologue An-
drĂ©e d’Amour Ă©tait confrontĂ©e Ă  M. Daniel Picard, 
prĂ©sident des Sceptiques du QuĂ©bec dans un dĂ©bat 
contradictoire Ă  l'occasion de l’émission Capricorne 
ascendant sceptique
 diffusĂ©e sur RDI. M

me

 d'Amour a 

proclamĂ© bien haut l'intĂ©rĂȘt d'Einstein pour l'astrolo-
gie et donnĂ© des extraits de la « phrase Â», et ce, mĂȘme 
si l'animateur et M. Picard ont prĂ©cisĂ© qu’elle Ă©tait 
fort douteuse. 

Dans cet article, nous tenterons d’abord de vĂ©rifier si 
cette opinion aurait pu avoir Ă©tĂ© Ă©mise par Einstein. 
Ensuite, nous tenterons de dĂ©couvrir d’oĂč provient 
l’opinion d’Einstein favorable Ă  l’astrologie, opinion 
qui a les apparences d’un canular pour quiconque 
connaĂźt un tant soit peu le personnage.  

 

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Les grands esprits manipulĂ©s par les astrologues 

Remarquons d'entrĂ©e de jeu qu'il faut mĂ©connaĂźtre le 
pĂšre de la thĂ©orie de la relativitĂ© pour imaginer qu'il 
ait pu assimiler l'astrologie Ă  une Â« science ». De plus, 
dans un livre Â« vitriolique Â» sur les pseudosciences et 
le paranormal, le sceptique Alain Cuniot se demande 
lui aussi de quelle source provient cette phrase 
« inconnue des physiciens

9

 Â». Cette remarque se re-

trouve dans la section de l’ouvrage de Cuniot qui 
porte justement sur l’Ɠuvre (!) et les procĂ©dĂ©s dou-
teux de M

me

 Teissier. Cette derniĂšre ne peut prĂ©tendre 

Ă  l’ignorance quant Ă  la nature suspecte de la phrase 
attribuĂ©e Ă  Einstein, puisque de toute Ă©vidence elle a 
lu le pamphlet de Cuniot qu’elle utilise, cite et com-
mente en dĂ©tail en pages 455 et suivantes de sa 
« thĂšse ». C’est Ă  la lettre prĂšs qu’elle reproduit Ă  par-
tir de l’ouvrage de Cuniot le verbatim d’une entrevue-
dĂ©bat qui eut lieu Ă  la tĂ©lĂ©vision française le 10 juin 
1988 entre elle-mĂȘme et l’astronome Dominique Bal-
lereau. Notons qu’Alain Cuniot est absent de l’index 
de la « thĂšse » et, signe de la nĂ©gligence habituelle de 
la nouvelle doctoresse, l’ouvrage de Cuniot est inclus 
dans la bibliographie sous « Cugnot Â». 

Au dĂ©but de son ouvrage PrĂ©visions astrologiques 
mondiales
 (1993), dans lequel elle Ă©numĂšre les appuis 
les plus sĂ©rieux Ă  l'astrologie, M

me 

Huguette Hirsig, 

astrologue française Ă©tablie au QuĂ©bec depuis les an-
nĂ©es 50, inclut Ă  son tour Albert Einstein et reprend des 
extraits de l'introuvable citation

10

. Comme par un vi-

rus, quand un livre est contaminé  Pourtant, feu son 
ex-mari et maĂźtre Ă  penser, l'astrologue Werner Hirsig, 
nĂ©glige d'utiliser la caution d'Einstein dans son Destin 
de l'homme
 publiĂ© en 1943 et rĂ©Ă©ditĂ© en 1968 – Ă  ce 
moment, Einstein est dĂ©cĂ©dĂ© depuis 12 ans â€“, mĂȘme si 
l'ouvrage est parsemé de citations de célébrités anti-
ques et modernes (PtolĂ©mĂ©e, Tacite, Galien, Thomas 
d'Aquin, Tycho BrahĂ©, Kepler, l'abbĂ© Moreux, C.
G. Jung

11

, Alexis Carrel) servant sa cause. On la trouve 

cependant dans la premiĂšre Ă©dition canadienne (1965) 
de son Manuel d’astrologie

12

. Comme la conclusion du 

Manuel d’astrologie se termine avec le post-scriptum 
suivant : Â« Sur les Rives du LĂ©man, fĂ©vrier 1950 Â», 
certains ont cru que la phrase d’Einstein avait Ă©tĂ© intro-
duite dans les ouvrages de Hirsig dĂšs cette Ă©poque, 
mais il n’en est rien. Cependant, cette date laisse prĂ©su-
mer que le Manuel d'astrologie est une rĂ©impression 
d’un ouvrage antĂ©rieur. La prĂ©face de Louis BĂ©langer 
prĂ©parĂ©e pour une rĂ©Ă©dition canadienne de l’ABC de 
l’astrologie
 de Hirsig mentionne effectivement un ou-
vrage de ce dernier dont le titre est Astrologie moderne 
et qui fut Â« couronnĂ© lors des JournĂ©es internationales 
Ă  Lille (France) Â» justement en 1950

13

.  

GrĂące Ă  un service de prĂȘt entre bibliothĂšques, en dĂ©-
cembre 2001, j’ai finalement pu mettre la main sur 
l’Astrologie moderne (1950) de Hirsig pour constater 
qu’il s’agissait bien du modĂšle qui avait servi Ă  Ă©labo-
rer le Manuel d'astrologie. Les diffĂ©rences avec la rĂ©-
Ă©dition canadienne de 1965 publiĂ©e sous le titre Ma-
nuel d’astrologie
, que j’ai pu consulter en bibliothĂš-
que et celle de 1970, dont je possĂšde un exemplaire, 
sont en effet trĂšs mineures. Les deux ouvrages prĂ©-
sentent la mĂȘme table des matiĂšres et la pagination 
originale a Ă©tĂ© maintenue. Un tableau sur « les quatre 
grandes divisions de la carte du ciel Â» vraisemblable-
ment prĂ©parĂ© Ă  la machine Ă  Ă©crire pour l’édition ori-
ginale est reproduit tel quel en page 191. L’ouvrage 
de 1950 ne renferme aucune allusion Ă  Albert Eins-
tein ; il comporte une prĂ©face de Georges Barbarin 
qui est remplacĂ©e dans les Ă©ditions canadiennes par 
une prĂ©face de l’auteur Hirsig, suivie d’un avant-
propos Ă©galement de l’auteur, dans lequel fut intro-
duite la « phrase d’Einstein ». La citation demeure 
dans toutes les rĂ©Ă©ditions du Manuel d'astrologie

14

Quelques recherches sur Internet et auprĂšs de biblio-
thĂšques et librairies spĂ©cialisĂ©es m’ont permis de re-
tracer les premiĂšres Ă©ditions des titres de Hirsig, ainsi 
que de nombreuses rĂ©Ă©ditions de ses livres. GrĂące Ă  
cette information, j’ai pu consulter tous les ouvrages 
de Hirsig et vĂ©rifier la date d’introduction de la 
« phrase » dans ces ouvrages. Aucune trace avant 
1965. J’aurais Ă©tĂ© fort surpris que Hirsig ait pu oser, 
dĂšs 1950, introduire dans ses ouvrages la fausse 
phrase alors qu’Einstein Ă©tait toujours vivant. Par 
contre, 1965, annĂ©e de la premiĂšre Ă©dition cana-
dienne, coĂŻncidait avec le dixiĂšme anniversaire de la 
mort de l’astrophysicien. Les risques de reprĂ©sailles 
Ă©taient alors rĂ©duits considĂ©rablement.  

Il faut se demander maintenant si Werner Hirsig n’a 
fait que colporter la Â« phrase » attribuĂ©e Ă  Einstein ou 
s’il en est l’auteur. Trois ans auparavant, dans Votre 
destin par l’astrologie
, il cite une phrase qu’il attribue 
Ă  Balzac et elle commence par les mĂȘmes mots :  

« L’astrologie est une science immense et qui 
a rĂ©gnĂ© sur les plus grandes intelligences

15

. »  

Je doute qu’il s’agisse d’une coĂŻncidence ; il s’agit 
plutĂŽt d’une source d’inspiration et il semble jusqu’ici 
que la phrase doive plus Ă  Balzac qu’à Einstein ! Il ne 
restait qu’à broder autour, obsĂ©dĂ© que l’on est de 
rĂ©unir autour de sa croyance le plus de personnages 
scientifiques possible.  

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Les grands esprits manipulĂ©s par les astrologues 

GrĂące Ă  un site Internet spĂ©cialisĂ© dans le vocabu-
laire de Balzac

16

, j’ai pu retracer l’origine de cette 

phrase de ce dernier, bien incomplĂšte dans l’ouvrage 
de Hirsig, qui la dĂ©nature en la tronquant, et beau-
coup moins incisive dans l’original sur la valeur de 
l’astrologie :  

 Â« DĂšs qu'on admet la fatalitĂ©, c'est-Ă -dire 

l'enchaĂźnement des causes, l'astrologie judi-
ciaire existe et devient ce qu'elle Ă©tait jadis, 
une science immense, car elle comprend la 
facultĂ© de dĂ©duction qui fit Cuvier 
[naturaliste et palĂ©ontologue avant l’heure â€“
(1769-1832)] si grand, mais spontanĂ©e, au 
lieu d'ĂȘtre, comme chez ce beau gĂ©nie, exer-
cĂ©e dans les nuits studieuses du cabinet.  

L'astrologie judiciaire, la divination, a rĂ©gnĂ© 
pendant sept siĂšcles, non pas comme aujour-
d'hui sur les gens du peuple, mais sur les 
plus grandes intelligences
, sur les souve-
rains, sur les reines et sur les gens riches. Â» 

Cette phrase, extraite du Cousin Pons

17

, et replacĂ©e 

dans son contexte, nous permet de constater que Bal-
zac n’ignorait pas que les sciences occultes Ă©taient, Ă  
son Ă©poque comme aujourd’hui, favorisĂ©es par les 
« petites gens Â», comme on peut le vĂ©rifier encore 
dans l’extrait suivant :  

 Â« On ne se figure pas ce que sont les tireu-
ses de cartes pour les classes infĂ©rieures pa-
risiennes, ni l'influence immense qu'elles 
exercent sur les dĂ©terminations des person-
nes sans instruction ; car les cuisiniĂšres, les 
portiĂšres, les femmes entretenues, les ou-
vriers, tous ceux qui, dans Paris, vivent d'es-
pĂ©rances, consultent les ĂȘtres privilĂ©giĂ©s qui 
possĂšdent l'Ă©trange et inexpliquĂ© pouvoir de 
lire dans l'avenir

18

. »  

Le texte de Hirsig qui introduit la « phrase » d’Eins-
tein pour la premiĂšre fois en 1965 est aussi trĂšs rĂ©vĂ©-
lateur sur la source d’inspiration qui probablement la 
provoqua : 

 Â« Aujourd’hui, l’argumentation des esprits 
forts
 pĂąlit singuliĂšrement en regard de 
celle de gĂ©ants comme Einstein et Jung. 
Pour le plus grand physicien de tous les 
temps, "l’astrologie est une science en soi, 
illuminatrice"
 » 

Pour s’en convaincre, voyons maintenant un extrait 
du  Cousin Pons placĂ© quelques dizaines de lignes 
seulement avant celui dans lequel Balzac dĂ©finit l’as-
trologie comme une science immense. Le texte est 
une apologie de l’astrologie judiciaire et une critique 
des sciences exactes tout Ă  fait dans le ton des argu-
ments de Hirsig. Notez la coĂŻncidence des mots-clefs 
(en gras) utilisĂ©s par les deux auteurs : 

« Les incrĂ©dules nient donc complĂštement les 
rapports que la divination Ă©tablit entre la desti-
nĂ©e humaine et la configuration qu’on en ob-
tient par les sept ou huit moyens principaux 
qui composent l’astrologie judiciaire. Mais il 
en est des sciences occultes comme de tant 
d’effets naturels repoussĂ©s par les esprits forts 
ou par les philosophes matĂ©rialistes, c’est-Ă -
dire ceux qui s’en tiennent uniquement aux 
faits visibles, solides, aux rĂ©sultats de la cornue 
ou des balances de la physique et de la chimie 
modernes, ces sciences subsistent, elle conti-
nuent leur marche, sans progrĂšs d’ailleurs, car 
depuis environ deux siĂšcles la culture en est 
abandonnĂ©e par les esprits d’élite

19

 Â». 

Je suis conscient de n’offrir ici qu’une preuve cir-
constancielle pointant du doigt l’astrologue Werner 
Hirsig. Je suis aussi conscient que ce genre de preu-
ves a fait se balancer au bout d’une corde bien des 
innocents. On admettra cependant que ce choix assez 
particulier de vocabulaire (l’astrologie est une 
science
 esprits forts
) a trĂšs peu de chances de se 
retrouver dans deux ouvrages diffĂ©rents sans qu'un 
auteur n'ait copiĂ© l'autre...  

De toutes ces recherches, il m’apparaissait donc Ă©vi-
dent jusqu’à rĂ©cemment que l’auteur de cette trompe-
rie rĂ©pandue dans toute la littĂ©rature Ă©sotĂ©rique de-
meurait feu Werner Hirsig. MĂȘme son ex-Ă©pouse, 
M

me

 Huguette Hirsig, n’avait pu me donner l’origine 

de cette citation qu’elle avait pourtant elle-mĂȘme uti-
lisĂ©e dans une des ses publications (voir plus haut). 
Lors d’une conversation tĂ©lĂ©phonique en dĂ©cembre 
1995, elle me rĂ©fĂ©rait Ă  Louis BĂ©langer, spĂ©cialiste du 
paranormal Ă  l’UniversitĂ© de MontrĂ©al, qui signait la 
prĂ©face de l’édition canadienne de l’ABC de l’astrolo-
gie
. Selon M

me

 Hirsig, il aurait pu me procurer la rĂ©fĂ©-

rence de la « citation » rĂ©pandue par feu son ex-mari. 
Je rejoignais M. BĂ©langer quelque temps plus tard et 
il m’affirmait que l’origine de cette phrase lui Ă©tait 
inconnue ; Hirsig ne lui avait jamais communiquĂ© 
sa source. Il ajoutait qu’il avait pris ses distances 
vis-Ă -vis de l’astrologie depuis ses collaborations 

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35 

Les grands esprits manipulĂ©s par les astrologues 

avec Hirsig, car pour lui, le dĂ©terminisme sous-tendu 
par l’astrologie Ă©tait incompatible avec le libre-
arbitre. 

Mes recherches m'amenĂšrent Ă  croiser un ouvrage de 
compilation monumental : The Collected Papers of 
Albert Einstein

20

. Il avait pour co-Ă©diteur M

me

 Alice 

Calaprice, dont le mandat Ă©tait de prĂ©parer un index 
informatisĂ© de cette collection. Elle lut ou parcourut 
tous les textes que renfermera cet ouvrage, dont neuf 
tomes de 400 pages ont Ă©tĂ© publiĂ©s Ă  ce jour. L’Ɠuvre 
finale rĂ©unira les articles et documents manuscrits du 
« fonds Einstein ». Chaque tome se termine par un 
index. En parallĂšle Ă  ce travail, elle prĂ©para une sĂ©lec-
tion de citations en vue d'en publier les plus intĂ©res-
santes. L'ouvrage parut en 1996

21

. Il renferme mĂȘme 

une section de pensĂ©es attribuĂ©es Ă  Einstein, dans la-
quelle je ne pus trouver la citation qui devenait de 
plus en plus incriminante pour les astrologues. Je par-
courus les index des deux ouvrages pour constater 
une fois de plus que le mot « astrologie » brillait en-
core par son absence. DĂ©cidant d'en avoir le cƓur net 
et convaincu que M

me

 Calaprice Ă©tait LA personne qui 

pouvait me donner une rĂ©fĂ©rence prĂ©cise (si tant est 
qu'elle existĂąt
), je lui Ă©crivis le 14 juillet 1997 pour 
lui demander son avis. Sa rĂ©ponse, datĂ©e du 21 juillet 
suivant, fut trĂšs claire et avec sa permission, voici la 
traduction d'extraits de sa lettre : « Je ne peux croire 
qu'Einstein croyait en l'astrologie et je ne savais pas 
qu'on l'avait citĂ© sur le sujet avant qu'on ne m'envoie 
par courrier Ă©lectronique une note sur la question il y 
a plus d'un an, et maintenant votre lettre. [...] Beau-
coup de citations sont attribuĂ©es Ă  Einstein afin de 
leur fournir de la crĂ©dibilitĂ©. [...] S'il avait cru en l'as-
trologie, cela aurait dĂ» transparaĂźtre quelque part dans 
ses Ă©crits ou sa correspondance ; je n'ai jamais croisĂ© 
mĂȘme la mention du mot Â». D’autre part, M

me

 Calaprice 

m’indiquait comme rĂ©fĂ©rence prĂ©tendue de Â« la 
phrase » le Cosmic Religion

22

 d’Einstein, source frĂ©-

quemment fournie par les colporteurs de la fameuse 
citation. Je lus ce court ouvrage Ă  deux reprises et 
bien sĂ»r, comme je m’en doutais, et pour des raisons 
Ă©videntes au lecteur informĂ© de ce qui suit immĂ©-
diatement, la phrase n’y apparaĂźt pas. 

Mon enquĂȘte ayant progressĂ©, je pus rĂ©pondre Ă  
M

me

 

 

Calaprice le 24 juillet suivant que le mot astrolo-

gie avait effectivement Ă©tĂ© utilisĂ© Ă  une occasion par 
Einstein, dans le but de la dĂ©noncer ! En voici le 
contexte : Cette phrase oĂč le mot astrologie appa-
raĂźt, de toute Ă©vidence, pour la seule fois dans 
l’Ɠuvre d'Einstein, je l'avais dĂ©jĂ  rencontrĂ©e, sans 
référence aucune
, dans L’Énigme du zodiaque de 

Jacques Sadoul, qui lui, s'en servait pour discrĂ©diter 
l'avis d'Einstein sur le volet astrologique de Kepler :  

« Peut-on admettre que Kepler fut gĂ©nial en tant 
qu'astronome et stupide comme astrologue ? 
C'est lĂ  une position bien difficile Ă  dĂ©fendre, et 
Albert Einstein s'en tire par une mauvaise pi-
rouette en disant que chez lui : "l'ennemi intĂ©-
rieur, vaincu et neutralisé, n'était pas encore to-
talement mort". Malheureusement ce prĂ©tendu 
ennemi intĂ©rieur ne fut jamais combattu par Ke-
pler, loin de lĂ , puisque sa vie durant, il ne cessa 
d'affirmer sa foi dans une astrologie vraie et 
Ă©purĂ©e des charlataneries [!] 

23

 Â».  

On n’a pas idĂ©e du nombre d’heures qu’il m’a fallu 
pour en trouver l’origine. Elle provient d'une intro-
duction qu'Einstein, Ă  la fin de sa vie, accepta d'Ă©crire 
pour l'ouvrage de Carola Baumgardt portant sur la vie 
et la correspondance de Kepler : 

« Le lecteur est priĂ© de noter les remarques 
sur l'astrologie. Elles dĂ©montrent que l'enne-
mi intérieur
 [chez Kepler], vaincu et devenu 
inoffensif, n'Ă©tait pas encore complĂštement 
mort 

24

. » 

Il devenait Ă©vident que deux phrases si opposĂ©es ne 
pouvaient provenir d’un mĂȘme auteur, Ă  moins de le 
soupçonner d’incohĂ©rence ou de sĂ©nilitĂ©, et qu’il y en 
avait une de trop !  

Peu aprĂšs sa parution en 2000, je me suis procurĂ© la 
rĂ©Ă©dition de l’ouvrage de M

me 

Calaprice, dont le titre 

Ă©tait devenu The Expanded Quotable Einstein. Je pus 
constater avec satisfaction qu’elle avait tenu compte 
de ma modeste contribution : dans l’index, elle crĂ©ait 
une entrĂ©e pour le mot astrologie (p. 272) et y repro-
duisait la phrase assimilant l’astrologie Ă  un « ennemi 
intĂ©rieur » chez Kepler, et elle logeait la phrase dont 
se dĂ©lectent les astrologues dans la section « attribuĂ© 
Ă  Einstein » (pp. 320-321).  

Dans son commentaire hebdomadaire du 9 fĂ©vrier 
2001

25

, le sceptique amĂ©ricain James Randi commente 

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L e   Q u Ă© b e c   s c e p t i q u e   -   N u m Ă© r o   5 7  

36 

Les grands esprits manipulĂ©s par les astrologues 

l’apparition de la fausse citation. Il cite des collabora-
teurs qui la font remonter Ă  l’ouvrage de Hirsig. Une 
astrologue française, Solange de Mailly-Nesle, la dif-
fuse dans ses ouvrages Ă  partir de 1981 jusqu’en 
1994, informĂ©e qu’elle est de son origine douteuse. 
Randi mentionne la remise Ă  l’heure des pendules par 
M

me

 Calaprice. 

À partir de juin 2001, j’entrepris de rechercher les si-
tes Internet de langue française, anglaise et allemande 
affichant la fameuse phrase â€“ j’en ai trouvĂ© au-delĂ  
d’une centaine – et d’alerter les personnes qui les en-
tretiennent que la phrase Ă©tait apocryphe. Bien sĂ»r, 
beaucoup n’ont mĂȘme jamais accusĂ© rĂ©ception de 
mon message. J’eus droit Ă  des rĂ©actions fort diffĂ©ren-
tes de la part de ceux qui ont daignĂ© me rĂ©pondre. 
L’attitude ouverte de quelques rares astrologues tran-
chait avec celle, obtuse, de nombreux autres qui, bien 
qu’ayant risquĂ© une rĂ©ponse et un dĂ©but d’échange 
face Ă  mes arguments, me rĂ©pondirent par des messa-
ges teintĂ©s de paranoĂŻa : « Vous m’insultez en disant 
que j’ai assimilĂ© l’astrologie Ă  un Â« ennemi intĂ©-
rieur ». â€“ Mais je n’ai jamais dit cela ; je ne fais que 
citer Einstein ! Â» Â« Vous mettez mon intĂ©gritĂ© en 
doute. â€“ Jamais de la vie ; tant que vous ignoriez la 
nature rĂ©elle de cette phrase, je prĂ©sume que vous 
Ă©tiez de bonne foi. Â» Beaucoup d’incomprĂ©hension 
sur mes motivations pour ne pas dire de procĂšs d’in-
tention. Quelques fins de non-recevoir agrĂ©mentĂ©es 
de tant de fautes de français qu’on est saisi de com-
passion pour ces pauvres gens qui n’ont jamais eu la 
chance d’approcher d’assez prĂšs le monde de l’ins-
truction pour y dĂ©velopper le moindre sens critique. 
En voici un exemple : Â« J'ai pris ces sitation dans un 
livre sĂ©rieux... dans lesquelles j'ai fait des Ă©tudes.. 
avant d'Ă©crire une chose...
  C'est dans l'avant propos 
Manuel d'Astrologie... Werner Irsing.. dĂ©cĂ©dĂ© il y a 
queques annĂ©es.. c'est un des plus brillants astrolo-
gues que nous avons eu venus de Suisse ou de la Bel-
gique au QuĂ©bec.. Vous n'ĂȘtes pas obligĂ© d'aimer ou 
de ne pas aimer.. vous prenez ce qui fait votre af-
faire.. de toutes maniĂšre vrai ou pas vrai .. il reste 
que pour moi l'astrologie est vrai et je l'Observe cha-
que jour et jamais je ne doute 
[sic]. »  Des vestiges de 
« charitĂ© chrĂ©tienne  Â» me font taire le nom de cette 
personne


 

Tous les clichĂ©s sur les « faillites de la 

science » m’ont Ă©tĂ© servis : principe Â« d’incertitude Â» 
d’Heisenberg, thĂ©orie des quanta qui permet Ă  l’infi-
niment petit d’abriter l’ñme humaine dans les intersti-
ces du vide quantique, et cette rage contre les 
« paradigmes Â» de la science officielle. Une astrolo-
gue française m’a mĂȘme affirmĂ© ce qui suit : Â« Si 

cette phrase court le monde ainsi signĂ©e, c'est qu'il l'a 
au moins pensĂ©e ! Â» Je lui rĂ©pondis : « Mais Madame, 
je suis totalement dĂ©muni devant une telle affirma-
tion. Comme si nos rĂȘves et nos pensĂ©es pouvaient se 
balader dans l’espace-temps et atterrir n’importe oĂč. 
Croyez Ă  ce que vous voulez â€“ je n’ai aucune inten-
tion d’agir sur ce droit fondamental, je ne suis pas 
un fasciste ! â€“ , mais prĂȘtez au moins une qualitĂ© Ă  
Einstein, la cohĂ©rence. Ses pensĂ©es devaient ĂȘtre en 
harmonie avec ses Ă©crits ! Â»  

MalgrĂ© tout, une certaine ouverture par quelques as-
trologues soucieux de fournir Ă  leurs visiteurs et 
clients potentiels une information authentique et qui 
ont finalement dĂ©barrassĂ© leur site de la phrase apo-
cryphe. Une astrologue canadienne anglophone a 
mĂȘme Ă©crit ceci pour expliquer Ă  ses visiteurs pour 
quelle raison elle retirait la phrase d’Einstein et le dia-
logue Newton-Halley (voir QuĂ©bec sceptique n° 51) 
de son site :  

« Il est temps que les astrologues montrent un 
dĂ©but d’honnĂȘtetĂ© intellectuelle et plus de 
soin quand ils prĂ©sentent des arguments qui 
appuient la vĂ©racitĂ© de l’astrologie. J’ai sup-
primĂ© deux citations de ma page car j’entre-
tiens des doutes quant Ă  leur vĂ©racitĂ©. Ces 
deux citations, par Einstein et Newton, sont 
parmi celles qui sont le plus affichĂ©es sur les 
sites Internet par des scientifiques [sic ; vu le 
contexte, il aurait fallu lire astrologues. Il s’a-
git d’un lapsus car aucun scientifique ne men-
tionne ces phrases, sauf pour s’interroger sur 
leur origine.] mais personne ne peut en four-
nir la source. Ces phrases sont introuvables 
dans les documents relatant la vie ou l’Ɠuvre 
de ces deux scientifiques. J’ai reçu rĂ©cemment 
une lettre qui fouille le sujet dans le dĂ©tail Ă  
propos de ces deux personnages

26

. »  

Aussi, M. Christian Garderet, aprĂšs avoir consultĂ© 
celui qu’il prĂ©tend ĂȘtre Â« sa source Â», M. AndrĂ© Bar-
bault, sorte de pape de l’astrologie française et auteur 
d’un  TraitĂ© pratique d'astrologie paru chez Seuil en 
1961, me communiquait le message suivant le 26 oc-
tobre 2001 : Â« Soyez heureux ! Vous avez Ă©tĂ© enten-
du et vos souhaits vont ĂȘtre exaucĂ©s. En effet, M. A. 
Barbault m'a vivement conseillĂ© de ne plus faire 
paraĂźtre cette citation. Â» N’est-il pas ironique de 
constater que M. Barbault signait l’avant-propos du 
Destin de l’homme

27

 de Hirsig paru en 1943. J’ai pu 

consulter l’ouvrage de Barbault (1961), qui renferme 
une liste impressionnante de personnalitĂ©s appuyant 

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L e   Q u Ă© b e c   s c e p t i q u e   -   N u m Ă© r o   5 7  

37 

Les grands esprits manipulĂ©s par les astrologues 

l’astrologie mais Einstein n’y figure pas, ce qui 
appuyait ma conclusion prĂ©maturĂ©e qu’elle n’exis-
tait pas avant son invention par Hirsig en 1965. 
Notons que les quelques rares astrologues franco-
phones autres que Garderet qui ont daignĂ© me 
fournir leurs sources ont tous mentionnĂ© les ou-
vrages de leur maĂźtre Ă  penser, Werner Hirsig.  

Cependant, Ă  l’étĂ© 2002, je contactais M. Barbault 
pour connaĂźtre son avis sur la question en lui fournis-
sant l’introduction d’Einstein Ă  l’ouvrage de 
M

me

  Baumgardt. Il me rĂ©pondit ce qui suit : Â« Merci 

de votre documentation probante concernant Einstein 
[
]. J’ai toujours autour de moi dĂ©conseillĂ© de la 
citer [la phrase liant Einstein Ă  l’astrologie] (ce que 
j’ai confirmĂ© Ă  M. Garderet en erreur de source) 
car elle n’allait pas au personnage Â». M. Barbault 

me fournissait gentiment sa source, une coupure jau-
nie provenant d’un article en langue française paru 
vraisemblablement dans un journal astrologique. Je 
reproduis ici ce qu’il me faisait parvenir (voir numĂ©ri-
sation plus bas) : « L’Astrologie est une Science Ă  
part et qui montre le chemin Ă  suivre. J’ai beaucoup 
appris d’elle et pu en retirer la plus grande utilitĂ©. Les 
connaissances de la physique soulignent la puissance 
des Ă©toiles sur les destins terrestres. L’Astrologie, Ă  
son tour, et en un certain sens, souligne les connais-
sances de la physique. Elle est de ce fait, un genre 
d’elixir [sic] de vie pour la sociĂ©tĂ©. EINSTEIN dans 
Huters Asti. [sic] Kalender 1960. »  

Je place ici les deux versions de ce texte pour fin de 
comparaison ; on constate que, pour l’essentiel, elles 
sont identiques.   

Version Hirsig / Teissier 

« L'astrologie est une science en soi, illuminatrice. 
J'ai beaucoup appris grĂące Ă  elle et je lui dois beau-
coup. Les connaissances gĂ©ophysiques mettent en re-
lief le pouvoir des Ă©toiles sur le destin terrestre. À son 
tour, l'astrologie en un certain sens le renforce. C'est 
pourquoi c'est une espĂšce d'Ă©lixir de vie pour l'huma-
nitĂ©. »  

Version traduite du Huters 

Phrase d’introduction : « Les adversaires de l'astrolo-
gie suppriment volontiers [le fait] que c'Ă©tait cette ca-
pacitĂ© de thĂ©ories importantes de physique qui s’est 
exprimĂ©e ainsi : 

« L’Astrologie est une Science Ă  part et qui montre le 
chemin Ă  suivre. J’ai beaucoup appris d’elle et pu en 
retirer la plus grande utilitĂ©. Les connaissances de la 
physique soulignent la puissance des Ă©toiles sur les 
destins terrestres. L’Astrologie, Ă  son tour, et en un 
certain sens, souligne les connaissances de la physi-
que. Elle est de ce fait, un genre d’elixir [sic] de vie 
pour la sociĂ©tĂ©

28

. » 

Cette nouvelle information me forçait Ă  revoir quel-

que peu mon hypothĂšse sans faille jusque lĂ . AprĂšs 
recherche sur Internet, je constatais que la source de 
cette nouvelle version Ă©tait en fait le Huters astrolo-

gischer Kalender, sorte d’almanach annuel en langue 
allemande. Peu aprĂšs, je suis entrĂ© en communication 
avec un bouquiniste allemand qui fut en mesure de 
me procurer les Ă©ditions 1957 Ă  1960 du Huters. Je 

Coupure jaunie de M. Barbault 

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L e   Q u Ă© b e c   s c e p t i q u e   -   N u m Ă© r o   5 7  

38 

Les grands esprits manipulĂ©s par les astrologues 

constatais que la phrase d’Einstein apparaissait effec-
tivement en page 4 de la version 1960 du Huters as-
trologischer Kalender
 et pas avant. Entre-temps, 
d’autres rĂ©ponses me parvenaient de sites allemands 
et une nouvelle source m’était fournie : un ouvrage de 
1958,  Astrologie und Theologie, oĂč apparaĂźt en page 
non numĂ©rotĂ©e suivant la page 8 la fausse citation 
avec sa source, le Huters astrologischer Kalender de 
l’annĂ©e 1959, paru vraisemblablement l’annĂ©e prĂ©cĂ©-
dente. Je ne peux expliquer ce manque de cohĂ©rence 
entre les sources.  

Ces nouvelles donnĂ©es excluent que Hirsig ait pu ĂȘtre 
l’auteur de la fausse phrase. Incluse dans un almanach 
astrologique de 1960 publiĂ© en 1959, s’il en avait Ă©tĂ© 
l’auteur, il est clair que Hirsig aurait Ă©tĂ© trop heureux 
de l’utiliser lui-mĂȘme dans son ouvrage de 1962. 
D’autre part, une collĂšgue germanophone Ă  qui j’ai 
transmis la version allemande provenant du Huters 
astrologischer Kalender
 me confirmait qu’il s’agis-
sait de bon allemand et non pas d’une traduction boi-
teuse provenant d’une autre langue.  

Puisque Barbault avait collaborĂ© avec Hirsig dans les 
annĂ©es 40, je lui fis part de mon hypothĂšse prĂ©matu-
rĂ©e que son collĂšgue aurait pu ĂȘtre l’auteur de la 
phrase apocryphe. Il me rĂ©pondit ce qui suit : Â« Cela 
me paraĂźt quand mĂȘme un peu gros que Werner Hir-
sig ait fabriquĂ© un tel faux (car c’est cela !). Tel que 
je l’ai connu, il Ă©tait un homme honnĂȘte et posĂ©. Il 
paraĂźt beaucoup plus probable d’incriminer un farfe-
lu – il y en a tellement chez les astrologues ! â€“ la res-
ponsabilitĂ© de Hirsig ayant Ă©tĂ© de l’avoir pris au sĂ©-
rieux en publiant son texte. Â»  

Relativi-thĂ© 

Quel que soit l’auteur vĂ©ritable du canular, Ă  la lumiĂšre 
des faits prĂ©sentĂ©s ci-dessus, il est Ă©vident que la cita-
tion utilisĂ©e par les astrologues est une pure invention 
forgĂ©e trĂšs vraisemblablement par Carl Heinrich Hu-
ter ; ce dernier en effet travaillait seul et ses almanachs 
annuels ne renferment pas de listes de collaborateurs. 
Einstein avait une opinion dĂ©favorable de l’astrologie, 
qu’il assimilait Ă  un Â« ennemi intĂ©rieur Â» chez Kepler. 
Encore une supercherie, et mĂȘme Â« une vĂ©ritable trahi-
son

29

 Â» Ă  rajouter au dossier des astrologues.  

Mais au lecteur qui tiendrait mordicus Ă  relier Eins-

tein au monde de l'Ă©sotĂ©risme, je recommande la lec-
ture de l'article qu'il publia en 1926 sur la « cause de 
la formation des mĂ©andres des cours d'eau et la "Loi 
de Baer" 

30

 Â». Il y verra une explication rationnelle de 

la formation des mĂ©andres, en conformitĂ© avec la loi 
de Baer. Cette derniĂšre rend compte du fait que les 
riviĂšres de l'hĂ©misphĂšre Nord ont tendance Ă  Ă©roder 
les parois de leur rive droite alors que celles de l'autre 
hĂ©misphĂšre creusent les parois de la gauche. Pour il-
lustrer simplement ce qu'il advient des forces en cause 
dans les remous formĂ©s par le courant et le relief des 
riviĂšres, Einstein utilise un exemple trĂšs familier et 
connu de tous, l'infusion de thĂ© que l'on remue avec 
une cuillĂšre. La force centrifuge ainsi gĂ©nĂ©rĂ©e dans le 
breuvage est freinĂ©e selon un gradient croissant prĂšs 
des parois en raison des forces de friction. Les pro-
priĂ©taires de piscine connaissent bien ce phĂ©nomĂšne : 
« La vitesse angulaire de la rotation, et donc de la 
force centrifuge, sera plus faible prĂšs du fond que 
plus haut 

31

 Â», comme en tĂ©moigne, dans cette rĂ©gion 

de la tasse, l'accumulation de
 feuilles de thĂ©. 

Denis Hamel est adjoint de recherche et soutien logistique au  
SecrĂ©tariat de la Convention sur la diversitĂ© biologique (Nations Unies). 

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L e   Q u Ă© b e c   s c e p t i q u e   -   N u m Ă© r o   5 7  

39 

Les grands esprits manipulĂ©s par les astrologues

 

1.

CALAPRICE, Alice. The Quotable Einstein, p. 13, traduction 
de l’auteur. Extrait d'une lettre du 25 octobre 1953 Ă  Carl 
Seelig, Archives Einstein 39-053. 

2.

« I dislike very much that my children should be taught so-
mething that is contrary to all scientific thinking ». FRANK, 
Philipp.  Einstein, his Life and Times, p. 280, traduction de 
l'auteur. 

3.

Dans une lettre Ă  Jeremiah McGuire, 24 octobre 1953 ; Ar-
chives Einstein 60-483. CALAPRICE, Alice. The Quotable 
Einstein
, p. 216. 

4.

CitĂ© dans l’AbbĂ© ThĂ©ophile Moreux, Les Confins de la 
Science et de la Foi
, tome I, p. 70. Magnifique sens de la 
vision, n’est-ce pas ? 

5.

Teissier et Laborit, Ă‰toiles et molĂ©cules, p. 13. Poursuivant 
la lecture de cette page et des suivantes, tout lecteur admet-
tra qu'il serait malhonnĂȘte d'insĂ©rer cette citation dans un 
quelconque ouvrage en la qualifiant d'authentique et signĂ©e 
par Einstein. L'auteur ne souhaite pas ĂȘtre complice de sa 
diffusion future. D’autre part, il m’est difficile de prĂ©sumer de 
la rigueur de Mme Teissier, et Laborit n’étant plus lĂ  pour 
rĂ©pondre Ă  nos questions sur les entretiens qui prĂ©sidĂšrent Ă  
ce livre, on ne saura jamais si l’ouvrage est leur reflet exact 
ou s’ils ont Ă©tĂ© altĂ©rĂ©s par la plume de Mme Teissier. Un 
scientifique comme Laborit aurait dĂ» relever l’origine plus 
que douteuse de « la phrase », resservie lors des entretiens 
Ă  plusieurs reprises en extraits par Teissier (pages 31, 93, et 
242) Ă  Laborit, qui est muet sur la question.  

6.

Voir plus bas la rĂ©fĂ©rence Ă  l’ouvrage d’Alain Cuniot, 
Incroyable
 mais faux ! 

7.

TEISSIER, Elizabeth. L’Homme d’aujourd’hui et les astres, 
fascination et rejet
, p. 130. Les soulignĂ©s sont de nous. Pour 
une critique impitoyable de la Â« thĂšse », voir http://www.
zetetique.org/hb_these_teissier.pdf et http://pseudo-
sciences.org/teissier/ revpres3.htm#. 

8.

Sources : ALLEN, Hinckley Richard. Star Names, Their Lore 
and Meaning
, pp. 344-345 et logiciel RedShift 3. 

9.

CUNIOT, Alain. Incroyable
 mais faux !, p. 45. 

10. HIRSIG, Huguette. PrĂ©visions astrologiques mondiales

p. 15. 

11. Le psychiatre Jung sera mis Ă  contribution dans presque 

tous les ouvrages de Hirsig et ce, dĂšs le dĂ©but.  

12. HIRSIG, Werner. Manuel d’astrologie, Éditions de l’Arc, 

QuĂ©bec, 1965, p. XIII en exergue Ă  l’avant-propos et re-
pris dans le texte : « Aujourd’hui, l’argumentation des es-
prits forts pĂąlit singuliĂšrement en regard de celle de 
gĂ©ants comme Einstein et Jung. Pour le plus grand physi-
cien de tous les temps, "L’astrologie est une science"
 Â» 
pp. XIII et XIV. 

13. HIRSIG, Werner. ABC de l’astrologie, p. 5. 

14. HIRSIG, Werner. Manuel d'astrologie, TraitĂ© pratique d'as-

trologie scientifique, Ă‰ditions de l'HĂŽte, 1970 et HIRSIG, 
Werner.  Manuel d'astrologie, TraitĂ© pratique d'astrologie 
scientifique, Ă‰ditions Mortagne Poche, 1994.  

15. HIRSIG, Werner. Votre destin par l’astrologie, p. 10. 
16. http://134.59.31.3/~brunet/BALZAC/BALZAC.htm.  
17. BALZAC, HonorĂ© de. Le Cousin Pons, p. 104. 
18. BALZAC, HonorĂ© de. Le Cousin Pons, p. 101. 
19. BALZAC, HonorĂ© de. Le Cousin Pons, p. 101. 
20. STACHEL, John (editor). The Collected Papers of Albert 

Einstein. 

21. CALAPRICE, Alice. The Quotable Einstein
22. Il aurait Ă©tĂ© Ă©tonnant que Â« la phrase » se soit trouvĂ©e dans 

cet ouvrage, car ailleurs dans Cosmic Religion, Einstein dit 
ceci : « En promouvant pensĂ©e et attitude logique, la 
science peut diminuer la quantitĂ© de superstition dans le 
monde. » Source : CALAPRICE, Alice. The Expanded Quo-
table Einstein
, citation tirĂ©e de Cosmic Religion, p. 98. 

23. SADOUL, Jacques. L'Ă©nigme du Zodiaque, p. 67. L'origine 

de la citation n'est pas prĂ©cisĂ©e par Sadoul. Merci tout de 
mĂȘme, M. Sadoul, pour cette inestimable information... 

24. BAUMGARDT, Carola. Johannes Kepler : Life and Letters 

with an Introduction by Albert Einstein, p. 13. Traduction de 
l'auteur. Les soulignĂ©s sont de nous. 

25. http://www.randi.org/jr/02-09-2001.html. 

26. Â« It’s time astrologers started being a little more intellectually 

honest and careful where it comes to arguments we offer in 
support of Astrology. I have removed two quotes from my 
quotation page because I have reasonable doubts that they 
are accurate. These two quotes, by Einstein and Newton, 
are among the most quoted remarks in support of astrology 
by recognized scientists, but no-one [sic] can tell us where 
they come from. They don’t seem to be in any of the histori-
cal records of these two scientists. I recently received a letter 
about them that goes into great detail on the subject. 
» Tra-
duction de l’auteur. Source : http://www.astrology.ca/library/
jasmine/quotes.html. 

27. Â« C’est une joie pour moi d’apprendre que vous allez sortir 

un nouveau livre (si je me reproche de trop Ă©crire, c’est le 
reproche inverse que je vous ferais), et si je ne puis ĂȘtre 
votre « prĂ©facier », lĂ  je suis du moins pour dire bravo. » 
Extrait de la prĂ©face de Barbault telle que reproduite dans la 
rĂ©impression de 1983 du Destin de l’homme aux Ă©ditions de 
Mortagne. Les soulignĂ©s sont de nous. 

28. HUTER, C. H. Huters astrologischer Kalender. 

29. L’astrologue « doctoresse Â» Elizabeth Teissier est outrĂ©e du 

fait que l’on ignore dans les milieux scientifiques l’intĂ©rĂȘt 
qu’auraient manifestĂ© certaines personnalitĂ©s envers l’astro-
logie : « Cette facette de leur personnalitĂ© – et de leur mĂ©-
moire – est complĂštement et injustement occultĂ©e (c'est une 
vĂ©ritable trahison) par un rationalisme outrecuidant et terro-
riste 
qui n'a que trop sĂ©vi ». Dans Teissier, Astrologie, sc. du 
XXIe s., p. 394. 

30. EINSTEIN, Albert. Ideas and Opinions, pp. 249-250. Texte 

publiĂ© dans Die Naturvissenschaften, vol. 14, 1926 et lu de-
vant l'AcadĂ©mie prussienne le 7 janvier 1926. 

31. Traduction de l'auteur. 

Notes 

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L e   Q u Ă© b e c   s c e p t i q u e   -   N u m Ă© r o   5 7  

40 

Les grands esprits manipulĂ©s par les astrologues

 

Bibliographie 

ALLEN, Hinckley Richard. Star Names, Their Lore and Meaning
Dover, New York, 1963. 

BALZAC, HonorĂ© de. Le Cousin Pons, Classiques Universels, 
L’Aventurine, Paris, 2000. 

BARBAULT, AndrĂ©. TraitĂ© pratique d’astrologie, Éditions du 
Seuil, Paris, 1961. 

BAUMGARDT, Carola. Johannes Kepler : Life and Letters with an 
Introduction by Albert Einstein
, Philosophical Library, New York, 
1951. 

CALAPRICE, Alice. The Expandable Quotable Einstein, Prince-
ton University Press, Princeton, New Jersey, 2000. 

CALAPRICE, Alice. The Quotable Einstein, Princeton University 
Press, Princeton, New Jersey, 1996. 

CUNIOT, Alain. Incroyable
 mais faux !, L'horizon chimĂ©rique, 
Bordeaux 1989. 

EINSTEIN, Albert. Cosmic Religion with other Opinions and 
Aphorisms
, New York, Covici-Friede Publishers, 1931. 

EINSTEIN, Albert. Ideas and Opinions, d'aprĂšs Mein Weltbild, Ă©d. 
par Carl Seelig et autres sources, Crown Publishers, Inc. New 
York, 1954. 

FRANK, Philipp. Einstein, his Life and Times, Alfred A Knopf, 
New York 1967. 

HIRSIG, Huguette. PrĂ©visions astrologiques mondiales, Dela-
chaux NiestlĂ©, MontrĂ©al, Lausanne, 1993. 

HIRSIG, Werner. Astrologie moderne, Éditions Santoza, Mon-
treux-Clarens, 1950.  

HIRSIG, Werner. ABC de l’astrologie, Éditions de l’HĂŽte, Sillery, 
1970. 

HIRSIG, Werner. Destin de l'homme, Éditions de l'Arc, Sillery, 
1968, rĂ©Ă©dition de l'ouvrage de 1943. 

HIRSIG, Werner. Destin de l'homme, Les Éditions de Mortagne, 
Boucherville, 1983, rĂ©Ă©dition de l'ouvrage de 1943. 

HIRSIG, Werner. Initiation Ă  l’astrologie et introduction au Grand 
Jeu astrologique de Mathias Bontems
, Montorgueil, Paris, 198 ? 
[sic, bibliothĂšque gĂ©nĂ©rale de MontrĂ©al], rĂ©Ă©dition de l’ouvrage de 
1943, GenĂšve, P.F. Perret-Gentil. 

HIRSIG, Werner. Manuel d’astrologie, Éditions de l’Arc, QuĂ©bec, 
1965. 

HIRSIG, Werner. Manuel d'astrologie, TraitĂ© pratique d'astrologie 
scientifique, Ă‰ditions de l'HĂŽte, 1970.  

HIRSIG, Werner. Manuel d'astrologie, TraitĂ© pratique d'astrologie 
scientifique, Ă‰ditions Mortagne Poche, 1994.  

HUTER, Carl Heinrich. Huters astrologischer Kalender, Heinrich 
Huter Verlag, Stuttgart, Ă©ditions 1957, 1958, 1959 et 1960, pu-
bliĂ©es en 1956, 1957, 1958 et 1959. 

LABORIT, Henri et Elizabeth Teissier. Ă‰toiles et molĂ©cules, Édi-
tions de l'Homme, MontrĂ©al, 1992. 

Maris Multimedia, RedShift 3 (logiciel), Piranha Interactive 
Publishing, 1994-1998. 

MOREUX, l’AbbĂ© ThĂ©ophile. Les Confins de la Science et de la 
Foi
, 2 tomes, G. Doin & cie, Paris, 1925. 

SADOUL, Jacques. L'Ă©nigme du Zodiaque, J'ai lu, collection 
l'Aventure mystĂ©rieuse, Paris, 1973, Ă©dition remaniĂ©e par l'auteur 
du mĂȘme ouvrage, E.P./DenoĂ«l, Paris, 1971. 

STACHEL, John (editor). The Collected Papers of Albert Einstein
Princeton University Press, Princeton, New Jersey, 1987-. 

TEISSIER, Elizabeth. L'astrologie, science du XXIe siĂšcle, Édition 
n° 1, Paris, 1988. 

TEISSIER, Elizabeth. L’homme d’aujourd’hui et les astres – Fas-
cination et rejet
, Plon, 2001. 

    

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