Entrée site  |   Logement   |  Réalisations

La crise du logement d'après-guerre en France et les mouvements coopératifs : l'exemple des Castors

D’après Le Grillon de l’Ile-de-France. Enquête sociologique sur un quartier pavillonnaire
réalisé en auto-construction coopérative (1952-1994), Mémoire de DEA de sciences sociales sous la direction deM. Marcel Roncayolo, ENS/EHESS, 1994.

Version RTF

Pierre Mercklé

D’après Le Grillon de l’Ile-de-France. Enquête sociologique sur un quartier pavillonnaire
réalisé en auto-construction coopérative (1952-1994), Mémoire de DEA de sciences sociales sous la direction deM. Marcel Roncayolo, ENS/EHESS, 1994.

Il n’existe que peu d’études générales sur le mouvement Castor[1]. De la même façon, dans les études d’histoire générale du logement, le mouvement n’est que rarement mentionné, et quand cela est, de façon succincte et convenue. Le contexte de l’apparition du mouvement Castor, est celui d’une “crise du logement” au lendemain de la Seconde guerre mondiale qui frappa profondément les esprits, et que ceux qui se groupèrent à Antony pour construire leurs maison ont pu éprouver quotidiennement pendant plusieurs années, jusqu’à l’emménagement dans ces pavillons qui étaient le fruit de leur travail.

La crise du logement

Les conditions de logement

M. N..., Paris, ouvrier spécialisé. Famille nombreuse :
Sept personnes occupent une pièce au rez-de-chaussée sur cour humide et sombre. aucune commodité, sorte de cave dans laquelle les enfants couchent sur un matelas unique à même le sol.
M. L..., Plessis-Robinson, comptable. Jeune ménage :
Cinq personnes vivant dans des conditions à peine acceptables l’été. Une seule pièce sans eau, ni gaz, ni électricité, ni W.-C. Ancienne remise à outils recouverte de toile goudronnée. Il pleut sur les lits des enfants. Danger d’incendie.
M. D..., Paris, tourneur. Famille nombreuse :
Famille de 7 personnes occupant une unique chambre d’hôtel. Les deux aînés sont en préventorium. Le troisième semble très anémié et le plus jeune est hospitalisé.

Les conditions désastreuses de logement, qui caractérisent en premier lieu la crise du logement après la guerre dans l’esprit de ceux qui les subissaient quotidiennement, en voilà quelques témoignages spectaculaires, tels que l’on peut en trouver des dizaines dans l’accablant dossier à charge que constitua la revue Esprit à la fin de l’année 1953. Ceux-là étaient extraits du “Cahier Noir” édité par l’office des HLM de la Seine, qui contenaient 250 cas de candidats au logement, eux-mêmes choisis parmi des centaines d’autres[2].

Comme le souligne le “documentaire” d’Esprit, la situation est telle qu’ici, “l’horreur passe la limite d’un ou deux cas individuels pour devenir statistique” : le recensement de 1946 indiquait que 20 % des logements n’avaient pas de poste d’eau à l’intérieur ; 77 % des logements ne disposaient ni d’une salle de bain ni d’un cabinet de toilette. Dans les 61 agglomérations de plus de 30 000 habitants recensées, 31 % des logements n’avaient ni l’eau ni l’électricité - ce dernier chiffre s’élevant à 80 % dans les communes rurales[3]. Malgré l’absence de recensement précis, le nombre des logements insalubres peut être estimé à 280 000 au minimum, selon les enquêtes du M.R.U.[4]

A la Libération, du fait de l’état de vétusté[5] et de dégradation du parc, se multiplièrent les “arrêtés de péril” : dans le département de la Seine - dont faisait partie Antony -, 163 arrêtés de péril sont pris en 1948, et ce chiffre s’élève à 320 en 1952. Il faut de plus tenir compte du fait que les autorités ne prenaient les arrêtés de péril qu’à la dernière extrémité, parce qu’ils entraînaient automatiquement une interdiction d’habiter et qu’il fallait donc reloger les occupants, se qui se révélait quasiment impossible.

Une des formes les plus spectaculaires de la crise du logement, amplement dénoncée dans la presse et par les associations militantes, était celle liée au phénomène des hôtels meublés[6]. Les chambres en étaient louées à la journée, sur la population desquelles le propriétaire régnait en maître absolu, multipliant les mesures vexatoires : interdiction d’utiliser la TSF, taxe sur l’utilisation de tout appareil ménager personnel. Les loyers en étaient exorbitants, et pourtant, à la Libération, 35 % des familles d’ouvriers et d’employés étaient ainsi logées. En 1962, les hôtels meublés constituaient encore 10 % des résidences principales[7]. Dans les publications des groupes et syndicats d’auto-construction comme dans les entretiens effectués avec les Castors, le thème des hôtels meublés est fortement récurrent, et semble symboliser presque à lui seul la crise du logement.

En 1946, la France comptait 40 millions d’habitants, pour un parc de 13 millions de logements : 1,1 habitant par pièce, et 3,1 pièces par logement. Cela dit, ce compte global relativement équilibré masque de très fortes disparités. Ainsi, dans le VIIIème arrondissement de Paris, 58 familles habitaient à 5 personnes et plus dans une seule pièce, tandis que dans le même temps 89 personnes vivaient seules dans des logements de 5 pièces. Dans le département de la Seine, 17 138 logements sont insuffisamment occupés, alors que 120 000 personnes sont classées “prioritaires” par les autorités chargées du logement. Sur la France entière en 1946, 22 % de la population urbaine vit dans des logements surpeuplés[8]. Il y a à la fois sous-ocupation et surpeuplement. Certaines mesures publiques, comme on va le voir, ne s’efforceront donc pas seulement de viser la construction, mais aussi la répartition.

Les causes de la crise du logement

Les quelques chiffres cités ci-dessus indiquent bien que la crise se caractérisait indissociablement par la dégradation du parc existant et par sa spectaculaire insuffisance face à la demande de logements qui s’exprima au lendemain de la guerre. Trois facteurs explicatifs de cette crise sont généralement invoqués : les destructions en sont très certainement le plus spectaculaire, et le plus souvent évoqué par les contemporains de la crise. Ce n’était pourtant pas, en réalité, le facteur le plus décisif, bien moins en tout cas que le poids que constituent l’héritage de la période précédente, celle de l’avant-guerre, et les transformations démographiques de l’immédiat après-guerre, plus profondes qu’il n’y parut à l’époque et sans doute mal anticipées par les pouvoirs publics.

Au cours de la Deuxième Guerre mondiale, 290 000 bâtiments d’habitation furent détruits, ce qui représentait plus de 500 000 logements. Si l’on ajoute à ce compte celui des bâtiments partiellement endommagés, 2,3 millions de logements au total - soit tout de même 18 % du parc - ont ainsi été rendus provisoirement ou définitivement indisponibles[9]. Spectaculaire, ce chiffre doit cependant être ramené à une plus juste proportion, dans la mesure où, en région parisienne, seulement 5,3 % des logements furent partiellement ou totalement détruits[10]. Cependant, ce relatif privilège de la région parisienne n’était pas nécessairement bien perçu par ceux qui y résidaient, tant il est vrai que l’époque était plutôt à une identification collective aux bonheurs et aux malheurs nationaux, nivelant les différences régionales.

Il n’en reste pas moins que du point de vue des facteurs objectifs de la crise du logement en région parisienne, les destructions ne peuvent être seules invoquées. En effet, moins spectaculaire parce que moins directement inscrit dans le paysage urbain, l’héritage de la période précédente allait peser toutefois lourdement aux lendemains de la guerre. Une mesure essentielle de la période de l’entre-deux-guerres peut être ici incriminée : le blocage des loyers, décidé en 1914 et jamais rapporté, était très vite devenu un facteur aggravant du manque de fluidité à l’intérieur du parc, et ce blocage profitait surtout aux locataires en place. Cette mesure eut en fait essentiellement pour conséquence un vieillissement du parc, parce qu’elle empêchait que puissent en être couverts les frais de réparation. Chaque année en France à partir de 1945, 100 000 logements furent ainsi perdus par vétusté ou défaut d’entretien. Dans le même temps, seulement 80 000 logements furent construits dans la meilleure année de la période, en 1952[11]. Le parc en fait diminuait en valeur absolue. Mais là encore le déficit de constructions neuves, amplement dénoncé entre 1945 et 1950, n’était pas nouveau, puisqu’il était lisible dès 1930.

Si l’offre de logements était largement insuffisante, et cela depuis longtemps, la demande connaissait simultanément de profondes modifications, qui semblent cependant avoir été masquées par la faiblesse trompeuse de l’augmentation globale de la population. Cette relative stabilité peut expliquer le peu d’attention portée aux transformations démographiques non négligeables qu’elle cachait. Tout d’abord, la transformation de la répartition spatiale, déjà ancienne, se poursuivit : vers 1930, la population urbaine commençait à devenir majoritaire, et ce mouvement vint plutôt grossir les villes moyennes et les communes de banlieue. Se produisit également une transformation de la structure des ménages : au lendemain de la guerre, l’augmentation du nombre des foyers était supérieure à l’augmentation de la population, et cet écart était principalement lié au net accroissement des foyers d’une seule personne. Enfin, dès 1942-44, le mouvement démographique général avait repris.

Une politique du logement ?

Si le constat de l’existence et de la gravité de la crise du logement au lendemain de la guerre semble assez unanimement partagé, aucune politique cohérente du logement n’a été définie pendant cinq ans, et les différentes mesures prises entre 1945 et 1950 ne furent que rarement d’une grande efficacité. Surtout, il ne semble pas que le logement ait été la véritable priorité de l’Etat. Si la nouveauté de l’après-guerre fut sans doute celle d’une forte présence de l’Etat, d’une volonté marquée d’intervention sur l’économie et la société, on peut cependant dire d’emblée que la réponse privilégiée, face à une crise multiforme, fut une réponse politique, orientée plutôt vers les infrastructures et l’industrie lourde que vers le logement.

Réparation, reconstruction, répartition

Dans son principe, l’orientation des efforts des différentes instances politiques affectées à la résolution de la crise du logement devait pourtant poursuivre un objectif clair : la réduction, sinon l’élimination, du l’écart croissant entre l’offre et la demande de logement. Deux types de mesures furent prises dans ce but : des mesures de réparation et de reconstruction, visant à accroître l’offre de logements neufs ; des mesures de répartition, visant à accroître la disponibilité des logements existants.

Entre 1945 et 1947, réparation et reconstruction accaparèrent la quasi-totalité des crédits à l’immobilier. Mais les programmes furent conduits avec une extrême lenteur : La construction de 10 000 logements avait été programmée dans le département de la Seine : en mars 1950, après cinq ans de politique du logement, seuls 708 étaient terminés, et 1 500 en chantier - alors que le déficit, pour ce seul département, était estimé à plus de 400 000 logements[12]. La reconstruction se faisait de plus à l’identique, c’est-à-dire qu’il avait été décidé réglementairement que les logements détruits pendant la guerre seraient reconstruits sur les mêmes plans. Ce principe d’un très fort conservatisme profita surtout aux propriétaires, et handicapa longtemps les efforts ultérieurs de transformation et de modernisation du parc.

Les mesures de répartition, qui procédaient du constat à la fois d’une sous-occupation et d’un surpeuplement, ont été décidées principalement par l’ordonnance du 11 octobre 1945 et la loi du 1er septembre 1948, dont l’objectif était une meilleure répartition des logements existants. Elles peuvent être distinguées selon trois principes : les unes sont des mesure d’encouragement, les autres des mesures de pression, les dernières enfin des mesures coercitives. Les premières étaient surtout des mesures d’encouragement à l’échange de logement : elles ne donnèrent que de très faibles résultats ; les mesures de pression consistèrent en taxes sur les locaux non ou insuffisamment occupés, dont les résultats furent aussi particulièrement dérisoires ; les mesures coercitives créaient la possibilité de réquisitionner les logements vides. Il y eut 200 000 réquisitions en 1947, et ce chiffre peut sembler important. Mais il n’y a en avait plus que 71 000 en 1951, alors même que la crise du logement était toujours aussi vive[13].

La tâche que s’étaient assignés les pouvoirs publics, en matière de répartition, supposait une connaissance préalable de la situation et des besoins. A cet effet, de nombreux services municipaux du logement avaient été créés, qui étaient chargés de “dresser un fichier général des locaux à usage d’habitation”. A l’apogée de cet effort, en 1946, on pouvait dénombrer 159 services représentant 358 communes. Leur nombre est ensuite allé en diminuant, puisqu’il n’y avait plus que 47 services en 1952[14]. Or, rappelons-le, les Castors d’Antony se mirent à construire en 1953, témoignant ainsi que la réduction de la crise du logement n’était pas la cause de l’extinction de l’effort public. De plus, d’après les critiques contemporaines de cet effort, ces services n’auraient guère été efficaces, laissant en particulier, dans les grandes villes, les banlieues de côté.

Logement et habitat, un problème social et politique ?

Le logement et l’habitat, malgré la crise spécifique qui les marquait, ne furent jamais, durant toute la période considérée, véritablement constitués en problème social et politique. En 1953, Michel Anselme, alors conseiller national de l’Union Nationale des Castors (UNC) et secrétaire général adjoint de la Fédération Nationale des Sociétés Coopératives de HLM, constate ainsi avec amertume qu’au lieu de livrer une véritable guerre à la crise, “la France n’a mis en oeuvre, en fin de compte, que quelques ridicules armes de panoplies, parfaitement démodées et forcément inefficaces”[15]

La question sociale, après la guerre, n’est pas celle-là, et le logement n’est pas l’enjeu majeur des luttes politiques. Jusqu’aux années soixante, cette question est même loin d’avoir eu la priorité dans la réflexion et l’action des partis politiques, et les syndicats n’ont pas su ou pas eu la volonté de mobiliser leurs syndiqués sur cet enjeu essentiel. Nombre des actions de l’époque en faveur du logement furent celles, individuelles, de militants syndicaux en rupture de ban, de patrons et d’entreprises. En réalité, les initiatives étaient, dans leur grande majorité, le fait de mouvements urbains spécifiques, peu enclins à patienter jusqu’à une Révolution de plus en plus improbable pour enfin obtenir un logement décent. La façon dont M. Lucien Bénière, qui fut le fondateur du deuxième chantier Castor de France, à Montreuil, et un temps secrétaire général adjoint de l’UNC, rend compte de la défiance des instances locales du Parti Communiste Français, est à cet égard particulièrement éloquente (voir encart 1, ci-dessous). Parmi ces mouvements urbains, il convient de signaler ici la Confédération Nationale du Logement (CNL) dans les HLM, et la Confédération Générale du Logement (CGL), issue en 1956 de l’Union Nationale d’Aide aux Sans-logis. Elles eurent une audience certaine, et constituèrent des groupes de pression efficaces, même si la question du logement, souvent, ne fut guère posée de façon politique.

Encart 1. “Il fallait attendre le Grand soir, pour être logé...”

L’entretien avec M. Lucien Bénière, qui fut le fondateur du deuxième chantier Castor de France, à Montreuil, et un temps secrétaire général adjoint de l’Union Nationale des Castors, a été réalisé le 20 décembre 1993. L’extrait ci-dessous (l’intégralité de l’entretien est reproduite en annexe) indique bien que le PCF, dont M. Bénière fut longtemps un militant convaincu mais atypique, considéra, pendant presque toute la durée de la crise, et cela jusque dans ses plus hautes instances, que les ouvriers n’avaient pas à construire eux-mêmes ce qu’ils étaient en droit d’exiger des pouvoirs publics.
Politiquement par certains, c’était très mal vu, parce que..., il fallait attendre le Grand soir, pour être logé. Moi j’étais au Parti communiste à ce moment-là, y a longtemps que je l’ai quitté...
Montreuil était communiste ?...
Tout à fait, et l’est encore. Ça leur a posé d’énormes problèmes de principes. Est-ce qu’on aide les Castors ou est-ce qu’on les aide pas ? Est-ce que c’est bien ou est-ce que c’est pas bien ? On a eu de longues discussions autour d’un..., ce qu’ils appelaient un “samedi rouge”, à savoir s’ils allaient un samedi venir travailler sur le chantier etc. Et ça leur a posé de très graves problèmes, et ils ont décidé qu’ils le feraient pas. Ils trouvaient que c’était pas normal qu’on fasse travailler des ouvriers en plus, que c’est l’Etat qui devait enfin etc. etc. Et en plus c’était pas du tout du centralisme démocratique puisqu’on était en coopérative, moi j’ai mis longtemps à comprendre, toute ma vie j’ai fait des coopératives, ici d’habitation, ou de production ailleurs, et j’ai mis longtemps à comprendre pourquoi les Communistes étaient contre, parce qu’ils n’osaient pas dire les vraies raisons, c’est-à-dire que c’était tout à fait contraire au centralisme démocratique.
Ils soutenaient ni l’autoconstruction ni le mouvement Squatter ?
Ah les Squatters les avait entraînés dedans. Sur Montreuil on avait entraîné le maire et puis le sénateur de l’époque qui était Hernu (...). Alors ils venaient avec nous, on les invitait, parce que comme ça le commissaire de police il était bien emmerdé, comme y avait le maire...
Et alors le samedi rouge, ils l’ont pas fait ?
Ils l’ont pas fait, mais quelques années après, quand j’ai terminé ici les Castors, ils m’ont une fois convoqué à une grande réunion du Comité central sur le problème du logement en disant : “Ca y est on a compris, tu avais raison, les Castors c’est un mouvement de masse, donc il faut absolument qu’on s’y intéresse”. Et euh..., moi j’ai failli rire, parce que je leur ai dit : “Mais c’est fini les Castors”.

Quelles solutions ?

Deux mouvements urbains spécifiques naquirent du constat de l’insuffisance des moyens publics mis en oeuvre, voire en de nombreuses situations d’une véritable non-application des lois qui les édictait : il s’agissait d’une part du mouvement “Squatter”, d’autre part du mouvement “Castor”. Ces deux mouvements semblent souvent assez étroitement enchevêtrés, encore qu’il faille ne pas négliger le poids des spécificités politiques régionales de ces initiatives. De part et d’autre, l’indignation exprimée par ces différents groupes semble aussi forte contre la crise que contre l’absence de politique devant y remédier. Dans ces milieux militants issus aussi de la guerre et de la Résistance, il y avait, mûrie par le constat d’une faillite politique et les années de combat, une volonté puissante d’intervention sur la société, de prise en main publique des questions sociales et économiques. Or, le constat est rapidement fait que ce dirigisme laissait de côté, hors de son champ, la question du logement. Il ne doit pas alors être surprenant que des initiatives quasi-individuelles aient tenté de pallier les carences des pouvoirs publics.

Le mouvement Squatter

Le mouvement Squatter constitue la réponse militante à la non-application des mesures publiques de répartition. Il procède directement d’une révolte contre la faiblesse des mesures de réquisitions de logements vides. Comme l’indiquait le texte que fait publié “un groupe de Montreuil” dans Esprit en 1953, les militants qu’indigne la crise du logement constate l’inefficacité d’une “loi qui est pratiquement abrogée par une réglementation administrative voulue pour en annihiler les effets” (cf. Encart 2). A l’origine du mouvement Squatter se trouve le Mouvement populaire des familles, lui-même issu de la Jeunesse ouvrière chrétienne (J.O.C.). Le mouvement Squatter a démarré à Marseille juste après la fin de la guerre, puis s’est ensuite étendu petit à petit à d’autres villes de province. En cinq ans, sur l’ensemble du territoire, le nombre de familles ainsi relogées peut être estimé à 5 000[16]. Si ce chiffre peut paraître relativement faible, il faut ajouter au bilan du mouvement Squatter le fort impact qu’il a pu exercer sur l’opinion publique, qui ouvrait ainsi les yeux sur la réalité de la crise du logement.

Ne retenons ici que l’exemple de l’action de Christine Brisset à Angers, parce qu’elle fut justement une remarquable illustration de la visibilité publique du mouvement Squatter[17]. Le mouvement Squatter a été en effet particulièrement actif à Angers, fortement structuré autour de la figure militante de Christine Brisset, qui à elle seule a permis le relogement de plus de 400 familles. Christine Brisset était devenue, un peu par hasard, journaliste au Courrier de l’Ouest. Cette expérience constitua pour elle un point d’observation privilégié, et l’occasion d’attirer l’attention sur la question du logement. Elle prit la tête d’une croisade contre les taudis, dont la première opération eut lieu en mars 1947, à l’initiative de la Commission familiale et ouvrière du logement (C.F.O.L.), qui regroupait tous les syndicats ouvriers.

Deux cents opérations furent ainsi conduites jusqu’à la première condamnation de Christine Brisset en janvier 1949. Elle fut ainsi condamnée 52 fois entre 1949 et 1952, et ces procès furent l’occasion d’une mobilisation médiatique qui ne contribua pas peu à la constitution politique de la question du logement[18]

Dans le même texte paru dans Esprit, le mouvement Squatter est qualifié de “solution anarchiste” (cf. Encart 2). Cette qualification ne vaut pas en fait condamnation, est au contraire comprise, même si ce n’est pas celle qui a la faveur des auteurs du texte, qui lui préfèrent une solution “organisée”. La ligne de partage, celle qui rend compte ici du qualificatif “anarchiste”, c’est le respect du droit de propriété : les Squatters, au moins dans les faits, mettent en cause le droit de propriété au bénéfice d’un droit au logement. Il n’y pas cependant, en tout cas pas à Angers, de solution de continuité entre Squatters et Castors, puisque d’une part Christine Brisset s’abstint toujours de transformer son action en mot d’ordre, puisque d’autre part ce fut elle qui suscita la création du premier groupe Castor d’Angers et en assuma la direction, suggérant elle-même l’auto-construction comme solution alternative aux occupations. De même, à Montreuil, le groupe Castor fut fondé par des militants locaux du droit au logement qui avaient auparavant procédé à de nombreuses opérations d’occupation :

On a monté..., on a été amenés à monter une association de mal-logés, et euh..., ben qu’est-ce qu’on pouvait faire, on a fait un peu de Squatters dans des maisons inoccupées, mais moi personnellement avec quelques autres on s’est aperçus que ça n’allait pas loin, qu’il faudrait attendre extrêmement longtemps. Et y avait déjà des enfants qui arrivaient. Alors on a pensé à... l’autoconstruction. Je me souviens plus si j’avais entendu parler de Pessac, à ce moment là, je crois que Pessac avait pas encore commencé, on l’a découvert en même temps que nous on avançait sur le plan administratif.

Entretien avec Lucien Bénière, 20 décembre 1993

Encart 2. Les “Castors”, issue provisoire

Ce texte, signé “Un groupe de Montreuil”, a été publié dans Esprit, n°207-208 “Nos maisons et nos villes”, octobre-novembre 1953, pp. 522-524.
Le drame du logement pour un ouvrier c'est l’impuissance. Que répondre à la mère de quatre enfants dans un appentis sur cour, avec un seul vasistas qui filtre l'air et la lumière ?
Qu'offrir au ménage avec deux enfants qui occupe une seule pièce dans un sous-sol de 1 m 70 de hauteur, aux murs couverts de moisissure ?
Que proposer à la famille de cinq enfants, dont le père, ancien prisonnier, lutte depuis sept ans pour trouver une issue et qui reste encore dans les deux réduits où le parquet désuni, posé à nu sur des solives, laisse passer l'air du dessous, où l'escalier porte à peine celui qui monte, mais laisse largement passer les rats ?
Que trouver à la famille expulsée d'un logement loué à titre d'accessoire d'un contrat de travail[19] par un employeur qui l'avait pourtant attirée par ce même logement de leur province natale (et je peux citer le cas de tel fondeur qui en est à son troisième déracinement, suivi d'expulsion, dans le but de se procurer une main d'oeuvre meilleur marché) ?
Que peut le travailleur qui, après deux mois de chômage, va être expulsé de son baraquement en bois, parce qu'il n'a pas pu payer à temps le dernier terme, et son propriétaire en profite pour lui adresser un commandement visant clause résolutoire (après quoi il pourra demander 75.000 francs de reprise pour ces 30 m2 de planches) ?
Que peut le jeune ménage avec deux enfants, logé dans une carriole sur un jardin appartenant à une vieille tante, terrorisé par l'approche de l'hiver ?
Et la famille de trois enfants logés provisoirement chez les beaux-parents, dans une pièce qu'on ne cesse de leur réclamer, attendant depuis cinq ans l'attribution d'un logement H.L.M ?
Après la Libération, il y a eu sur notre seule cité soixante-douze réquisitions, qui ont tout de même permis la solution de quelques uns des cas les plus criants. Cette issue est pratiquement fermée. Il faut être journaliste pour croire encore aux réquisitions. Nous n'en avons pas vu une réussie depuis trois ans dans notre banlieue. C'est le cas d'une loi qui est pratiquement abrogée par une réglementation administrative voulue pour en annihiler les effets. Lorsqu'après le méandre des formalités administratives, un ordre de réquisition finit par sortir (et rien ne prouve que ce soit l'inventeur du logement libre qui en bénéficiera), le propriétaire a eu tout le temps voulu pour mettre une chaise ou un portemanteaux dans le hall d'entrée et il attend le commissaire qui, s'il veut bien venir, n'aura plus qu'à constater que le logement n'est pas vacant et la procédure devra recommencer.
La solution anarchiste qui consiste à rentrer dans le logement vide ne s'explique-t-elle pas dans ces conditions ? Nous l'avons aussi employée et, pour chasser trois enfants couchés sur un matelas et leur mère, mais surtout à travers eux, les Squatters à venir, nous nous souvenons de la voiture radio, des trois cars de police et des grenades lacrymogènes.
Il y a bien des comités du logement, constitués dans un hôtel meublé ou dans un quartier, que peuvent-ils ? Faire prendre conscience aux gens qui finissent par être annihilés par la misère du logement, qu'une revendication est, à cet échelon, une affirmation de dignité humaine. Revendiquer une colonne montante d'électricité dans un hôtel de trois étages, situé en plein centre et encore privé d'électricité en 1953, revendiquer que le courant ne soit pas coupé après dix heures du soir, par le tôlier, revendiquer l'eau pour la lessive, que les serviettes soient fournies ou que, sinon, elles soient déduites du prix du loyer; faire respecter les prix des loyers, c'est bien. Pour défendre des locataires sur le plan juridique, une action est toujours possible, mais quand il s'agit de loger les familles à la rue ou entassées sordidement, il n'y a pas d'autre issue que d'aller au M.R.U. ou à la Préfecture pour demander que soient accordés les crédits nécessaires à la construction du groupe H.L.M. prévu depuis cinq ans, ce qui apporterait une solution à un dixième des cas inscrits au bureau de l'Office, ce qui ne représente probablement pas plus d'un vingtième des cas réels.
Lorsqu'on reproche aux militants ouvriers de déplacer toujours les problèmes sur le plan politique, qu'on se demande comment réagir différemment devant ce mur infranchissable ? La seule issue est de construire; pour cela il faut de l'argent; pour cet argent, il faut une autre politique. Dans une situation sans issue, l'ouvrier veut que ça change. Et lorsque les “Castors” se sont présentés comme un espoir possible à courte échéance -malgré tout ce que la formule comporte d'anormal- nombreux nous l'avons choisie.
Peut-on vraiment dire d'ailleurs que nous l'ayons choisie ? Certains de mes camarades disent, après deux ans de chantier: “Si c'était à refaire, je ne marcherais pas”. Ils marcheraient quand même, car il n'y a pas d'autre choix pour ceux qui s'entassent dans les taudis et dans les chambres meublées à 8.000 francs par mois et plus.
Un jour nous avons entendu parler des “Castors” par un ami. Nous sommes allés voir, un peu sceptiques, puis conquis par l'espoir. Pendant deux ans, après la semaine de travail à l'atelier ou au bureau, il faudra sacrifier une part importante du repos hebdomadaire, des congés payés obtenus après tant de luttes. Beaucoup sont sous-rétribués, donc plus ou moins sous-alimentés, souvent physiquement déficients.
Comment s'étonner dans ces conditions que, dernièrement, lors de la visite médicale subie par le personnel d'une entreprise, le médecin constatant quatre cas de fatigue anormale, ait ainsi désigné, sans les connaître, les quatre “Castors” de l'entreprise[20].
La conquête d'un logis sain et agréable vaut bien quelques sacrifices, puisque le fait d'être logé normalement est considéré comme un privilège.
Il faut ajouter, en justice, que les choses s'améliorent et que les nouveaux groupes, bénéficiant de l'expérience des anciens, évitent de demander à leurs membres un apport trop important de journées de travail. Le travail en commun, la discussion des problèmes du chantier et de sa gestion sont un facteur très positif, par ailleurs. Des hommes divers se rencontrent dans un but commun. Ils apprennent à se connaître et à s'apprécier, à résoudre ensemble, dans un esprit de solidarité, des problèmes qu'isolés ils n'auraient pu affronter. Du creuset de notre misère sortira, par là aussi, des perspectives nouvelles.

Le mouvement Castor

Si le mouvement Squatter procède du constat de la non-application des mesures de répartition, le mouvement Castor constitue la réponse militante à la non-application des mesures publiques de construction : à l’insuffisance des réquisitions répondait l’occupation, à celle de la construction répondit l’auto-construction :
Formule Castor : elle a connu sa pleine gloire au lendemain de la 2ème guerre mondiale, essentiellement de 1950 à 1960, au moment où les nouveaux couples ne pouvaient plus attendre pour se loger le bon vouloir des services officiels débordés par toutes les demandes ; les listes d’inscription étaient tellement saturées qu’il fallait attendre 4 à 5 ans pour obtenir un logement de 4 pièces dans une HLM à la Porte d’Italie ou de Choisy ; c’est pourquoi certains ont pensé qu’il valait mieux compter sur eux-mêmes que sur l’Etat. A ce moment les “promoteurs” n’avaient pas encore découvert la rentabilité de la construction et seul l’Etat construisait des collectifs, l’accès à la propriété était très difficile pour les moins nantis et les zones pavillonnaires ne pouvaient exister à Paris.

CADET Robert, Des "Castors" à Antony.

Par rapport au mouvement Squatter, les Castors semblent se situer plus dans une perspective alternative et complémentaire, plutôt que rivale. Et si la formule, comme l’indique M. Cadet, un Castor d’Antony, “a connu sa pleine gloire au lendemain de la 2ème guerre mondiale”, elle semble cependant lui avoir préexisté : il n’y a pas de génération spontanée d’auto-constructeurs dans l’immédiat après-guerre. Il y a une tradition. Dans Castor service, bulletin de liaison et d’information de l’Union nationale des Castors, un article intitulé :“Qu’est-ce qu’un Castor ?”, évoquait en paternité l’expérience des “cottages sociaux” de l’entre-deux-guerres, qui fonctionnaient suivant un principe similaire. Dès 1921, mille maisons avaient ainsi été construites par 22 groupes différents, grâce à l’impulsion initiale de l’ingénieur Georgia Knapp.

Le terme “Castor” ne semble cependant pas apparaître avant la fin de la Seconde guerre mondiale. Le mouvement consistait bien cependant en la multiplication, après-guerre, d’expériences d’auto-construction coopérative fondées sur le principe de “l’apport-travail” : autrement dit, le travail collectif, effectué pendant les heures de loisirs, venait pallier l’incapacité des personnes qui s’associaient ainsi à financer la construction ou l’achat d’un logement.

On peut distinguer assez nettement deux phases du mouvement Castor : la première se déroule de 1945 à 1950 : des familles se regroupèrent dans quelques villes de France (Lyon, Villeurbanne) pour construire. Les groupes étaient de nombre restreint, et peu coordonnés entre eux. Ce ne fut que petit à petit que les constructeurs se rencontrèrent et confrontèrent leurs expériences, parfois par hasard, parfois du fait d’un engagement politique ou social commun. A la fin de l’année 1949, alors que les premières maisons sortent de terre, le mouvement s’étend de plus en plus rapidement et s’organise. Les trois premiers chantiers importants sortent de terre : Pessac dans la banlieue bordelaise, puis Montreuil dans la région parisienne et Rezé dans la banlieue nantaise. L’expérience pionnière du mouvement Castor organisé fut celle des membres du Comité ouvrier du logement de Bordeaux, dont le chantier débuta en 1948. Les Castors de Rezé et de Montreuil leur emboîtèrent rapidement le pas. Ces expériences furent aussi le fruit, au-delà des seules conséquences de la crise du logement - qui n’aurait pas suffi, à elle seule, à le déclencher -, de projets communautaires portés par divers mouvements politiques et sociaux. Ces mouvements communautaires étaient nés pendant l’Occupation ou juste après la guerre, et leurs initiateurs se retrouvèrent à l’origine de nombreux chantiers : d’anciens membres des Communautés de travail, telle la communauté de Boimondeau de Marcel Mermoz ; des membres de l’Entente communautaire de Gaston Riby, dont était membre Michel Anselme, qui fut le secrétaire général de l’Union nationale des Castors[21]. Les deux aspects - réponse à la pénurie de logements, projet communautaire - sont en fait présents conjointement dans la plupart des entreprises Castors, mais variables dans leur combinaison suivant les opérations, les régions, les origines des auto-constructeurs.

La seconde phase débute avec la création de L’Union nationale des Castors (UNC) à la fin de l’année 1950, “dans le but de coordonner l’action des différents groupements de Castors, de les conseiller administrativement, juridiquement, financièrement et techniquement, et de les représenter auprès des administrations des organismes compétents”. Le principe de l’apport-travail fut acquis avec l’expérience de Pessac, et reconnu par une décision interministérielle (MRU-Finances) du 5 mai 1949. Après une rencontre entre le MRU et l’UNC sur le sujet, qui se tint en mars 1951, le principe fut enfin officialisé par une circulaire MRU du 12 août 1952 qui autorisait l’emploi de la formule Castor dans la législation HLM[22]. L’UNC structura peu à peu la majeure partie du mouvement Castor, jusqu’à la création en juin 1954 de la Confédération Française des Unions de Castors (CFUC), réunissant les associations départementales de la Seine et de la Seine-et-Oise, et l’UNC. Mais à partir du début de l’année 1955, avec le lancement du programme des grands ensembles, le mouvement commençait déjà à décliner. La préférence générale des pouvoirs publics allait désormais vers le collectif et le locatif. Après la dissolution de la CFUC en mai 1955, le mouvement Castor fut progressivement intégré dans le mouvement coopératif, sous l’impulsion constante des dirigeants de l’UNC.

Encart 3. Qu’est-ce qu’un Castor ?

Article publié dans Le Castor, bulletin mensuel d’étude et d’information édité par l’Association des Castors de Seine-et-Oise, n° 1, mai 1953
Nous avons demandé une définition valable du “Castor” à notre ami François Dorbec, parce qu’aussi bien, il a été le promoteur et l’animateur de la plus ancienne association “Castor” connue aussi à Lyon. M. Dorbec étant maintenant à Passy, il s’est rallié à notre association et participe en qualité de conseiller technique aux travaux.
Le moyen le plus sûr d’énoncer une telle définition est de remonter aux sources. Voici donc le texte de la circulaire qui, en posant les principes de l’auto-construction, a provoqué la formation du premier groupe de Castors connus en tant que tels, à Lyon, il y a six ans : “Pour vous loger, devenez “auto-constructeurs”.
“(...) Le principal handicap est le manque d’argent au départ.
Or, il n’y a pas de raison pour que cet apport personnel ne puisse être remplacé par du travail fourni sur le chantier, pendant leurs loisirs, par les futurs propriétaires eux-mêmes.
Les futurs propriétaires peuvent ainsi devenir des “auto-constructeurs”, ou “Castors”.
Le Castor est un animal qui construit sa propre demeure.
Sans aller jusque là, il est possible à des chefs de famille courageux et décidés de se grouper pour assurer sur les chantiers, pendant les loisirs, les travaux qui sont à leur portée.
(...) Une telle entreprise suppose une solidarité et un esprit d’équipe accomplis de la part de tous les participants. Son utilité sur tous les plans est aisément concevable ; elle ouvre des horizons prometteurs par le caractère courageux dont elle est empreinte.
Ce courage s’adresse à tout ce qu’il y a de sain dans la nation (...). Il s’agit d’un acte de foi, foi dans les bras et dans les volontés d’hommes.
Cette volonté n’est teintée d’aucune considération idéologique ; elle est basée sur un programme essentiellement concret et humain : “construire des logements”.
(...) La définition suivante peut être proposée :
Les CASTORS sont des Chefs de Famille, décidés et courageux, qui se groupent :
-pour participer, pendant leurs loisirs, à la construction de leur maison, en assurant personnellement le maximum de main d’oeuvre non-spécialisée, et en complétant ainsi l’insuffisance des prêts consentis par l’Etat ;
-pour planifier les travaux à effectuer, rassembler les achats de matériaux et, en construisant en série, réduire au maximum le coût de la construction.

Qu’est-ce qu’un Castor ?

Le principe de la formule est suffisamment établi et clair pour ne prêter à aucune confusion et permettre de distinguer nettement les entreprises Castors, qui devaient s’y conformer pour recevoir l’immatriculation et donc l’aide subséquente, de l’UNC. Mais pour autant, cette clarté ne préjuge pas de l’évidence d’une définition générale du mouvement. On peut s’en tenir, de ce point de vue, à l’énoncé du principe, tel par exemple que le livre M. Cadet :
Le mécanisme de la formule Castor est simple.
Il consiste :
1°/ A se grouper en coopérative d’auto-construction (ici les employés d’une même entreprise) pour obtenir aux moindres prix les matériaux de construction, avec des délais de paiements de 30 à 60 jours.
2°/ A exécuter le maximum de travaux de construction en effectuant des heures de travail en remplacement d’ouvriers du bâtiment.

CADET Robert, op. cit.

Cette prudente réserve peut être communément relevée dans les quelques études d’histoire du logement social qui mentionnent l’existence du mouvement Castor - il convient une fois encore de faire remarquer qu’elles ne sont pas légion. Dans un article déjà cité[23], Frédérique Boucher le définit d’une façon similaire :
Avant tout une tentative désespérée et spontanée de trouver des solutions à cette violente crise du logement (...). Des individus, des familles de condition modeste, le plus souvent d’origine ouvrière, s’associent pour construire ensemble des logements à bon marché - en accession à la propriété - pendant leurs heures de loisirs

Les deux points constitutifs de ce qui fera donc ici office de “définition provisoire” de l’objet, doivent d’emblée retenir l’attention, comme particulièrement riche d’enjeux et porteurs de significations qu’il conviendra d’élucider : le travail comme moteur de l’entreprise, mais qui cette fois est un travail “pour soi” ; l’association volontaire, qui porte ce travail, au coeur d’une oeuvre collective.

Que ces deux traits fondamentaux de l’objet - travail, association volontaire - soient contenus déjà dans sa définition provisoire, n’autorise pas toutefois à faire l’économie d’une lecture attentive de définitions plus “ambitieuse”, qui ont pu émaner des initiateurs de mouvement eux-mêmes. L’article intitulé : “Qu’est-ce qu’un Castor ?”, publié dans le premier numéro du Castor, l’organe officiel de l’Association des Castors de Seine-et-Oise (cf. Encart 3), témoigne bien de cette “ambition”, celle d’une ouverture vers “des horizons prometteurs”, même si elle ne s’exprime dans ce texte qu’allusivement. Ici commencent cependant à se dévoiler quelques unes des questions auxquelles il faudra s’efforcer d’apporter un début de réponse dans la suite de ce travail : comment la “solidarité” et “l’esprit d’équipe” ainsi invoqués viennent-ils s’inscrire dans la mise en oeuvre du travail collectifs, et informer le processus de constitution d’un groupe social appelé à s’inscrire durablement dans l’espace et dans la durée ? Quels sont ces “horizons prometteurs” auxquels le texte fait allusion ? Le mouvement Castor, en particulier dans la façon dont il se “réalise” sur le terrain qui va être étudié dans la partie suivante, n’est-il empreint d’aucune “considération idéologique” ? Et, de ce point de vue, quelles sont la valeur et la signification sociales, de ce point de vue, telles qu’au fil des entretiens et des observations l’enquête les restitue, du “programme essentiellement concret humain” qui fonde l’entreprise ? Sont-ce celles seulement d’une “issue provisoire” (cf. Encart 3) et contrainte à la crise du logement, appelée à ne laisser aucune trace dans la constitution des rapports sociaux locaux ? Ou bien aussi, et peut être en même temps, ces valeurs sont-elles de celles qui autorisent une lecture plus large, plus ouverte, mais aussi plus “politique” du mouvement Castor ?

Bibliographie

Outils de recherche

Les archives

"Les archives du Commissariat général au Plan", Bulletin de l'Institut d'Histoire du Temps Présent, n°24

CROIZE Jean-Claude, LUQUET Jean, Guide des archives de l'Equipement. Le logement et la construction en france de 1945 à 1960, Nanterre, Centre de recherche sur l'habitat, 1988, 73p., (multigraphié)

LUQUET Jean, Archives de l'Equipement 1940-1987. Etat des versements des administrations centrales aux Archives nationales, Paris, Ministère de l'Equipement, du logement, de l'aménagement, du territoire et des transports, 1988, 130p.

Les bibliographies

BONVALET Catherine, MERLIN Pierre (dir.), Les transformations de la famille et de l'habitat. Bibliographie commentée, Paris, Documentation Française, 1988, 207p.

DEZES Marie-Geneviève, "Politique urbaine et recherche urbaine, France 1945-1980. Eléments de bibliographie analytique", Bulletin de l'IHTP, n°20, pp.24-53

DREYFUS Michel, Les sources de l'histoire ouvrière, sociale et industrielle en France. Guide documentaire, Paris, Ed. ouvrières, 1987, 320p.

GUERRAND Roger-Henri, Le logement populaire en France. Sources documentaires et bibliographies, Paris, ENSBA, 1983, 236p., (première éd. : CERA, 1979)

MALEK Marie-Louise, HERZOG Monique, Bibliographie sur l'aménagement du territoire de la Région parisienne et l'urbanisme, Paris, Préfecture de la Région parisienne, 1971

MOREL Alain, “Ethnologie dans la ville : une bibliographie indicative”, Terrain, n° 3, pp. 43-54

VOLDMAN Danièle, "Eléments pour une histoire du logement en France depuis 1945. Orientation bibliographique", Bulletin de l'IHTP, n°48, juin, 1992

Les atlas

DUPEUX Georges, Atlas historique de l'urbanisation de la France, Paris, Ed. du CNRS, 1981

Les guides de recherche

"Reconstruction et urbanisme", Bulletin de l'Institut d'Histoire du Temps Présent, n°5

"Le ministère de l'industrie", Bulletin de l'Institut d'Histoire du Temps Présent, n°12

"Urbanisme et logement", Bulletin de l'Institut d'Histoire du Temps Présent, n°13

FOURCAUT Annie, Un siècle de banlieue parisienne 1859-1964. Un guide de recherche, Paris, L'Harmattan, 1988, 317p.

GEORGES Pierre et al., "Etudes sur la banlieue de Paris. Essais méthodologiques", Cahier de la Fondation nationale des sciences politiques, n°12, 1950, 183p.

Histoire du logement

Ouvrages généraux

GROUX Guy, LEVY Catherine, Du taudis à la propriété (XIXe-XXe siècle), Paris, Ed. de l’Atelier, coll. “Patrimoine”, 247 pages, index

GUERRAND Roger-Henri, Moeurs citadines. Histoire de la culture urbaine, Paris, Quai Voltaire, 1992, 240p.

MICHEL Andrée, Famille, industrialisation, logement, Paris, Ed. du CNRS, 1959, 393p.

STINCO Antoine, GOLDFARB Roger, La ville à livre ouvert. Regard sur cinquante ans d'habitat, Paris, Documentation Française, 1980, 191p.

TOPALOV Christian, Le logement en France. Histoire d'une marchandise impossible, Paris, Presses de la FNSP, 1987, 437p.

TOPALOV Christian, Tous propriétaires. Propriété du logement et classes sociales en France depuis 1950, Paris, Centre de sociologie urbaine, 1981, 260p.

La Reconstruction et la crise du logement

Parti Communiste Français, Des logements ? C'est possible. Comment ? Paris, Ed. du PCF, 1955

COUTRAS Jaqueline, "A propos d'un parc.... Le parc Logement : crise du logement et évolution socio-démographique à Paris depuis 1950", Acta Geographica, n°46, 1981, pp.11-30

LAE Jean-Franois, Entre faubourg et HLM. L'éclipse du pauvre, Paris, IRESCO, 1989, 186p.

MALIGNAC Georges, "Le logement des faibles. Evincement progressif et formation d'un sous-prolétariat", Population, avril-juin, 1957

SAUVY Alfred, "Logement et population", Population, n°3, 1946, pp.441-452

SAUVY Alfred, "Le logement des faibles. Nouvelles données sur l'élimination du prolétariat", Population, n°4, 1957, pp.585-606

OLCHANSKI Claude, Le logement des travailleurs français, Paris, Librairie générale de droit et de jurisprudence, 1946, 204p.

VOLDMAN Danièle, "La loi de 1948 sur les loyers", Vingtième siècle. Revue d'histoire, n°20, octobre-décembre, 1988, pp.91-102

VOLDMAN Danièle (dir.), "Images, discours et enjeux de la reconstruction des villes françaises après 1945", Cahiers de l'IHTP, CDU 19925, 1987, 159p.

Les conditions de logement

BAMAS F., "Etat du patrimoine des logements d'après le recensement de 1962", Etudes et conjoncture, n°9, septembre, 1966

CAHEN Lucienne, "Evolution des conditions de logement depuis cent ans", Etudes et conjoncture, n°10-11, octobre-novembre, 1957

CHOMBART DE LAUWE Paul-Henry, La vie quotidienne des familles ouvrières, Paris, Ed. du CNRS, 1956, 255p.

LAE Jean-François, MURARD Numa, Mémoire des lieux. Une histoire des taudis, Paris, DRI, 1988, 230p., (Dossiers des séminaires du GRASS-DRI 1986-1988)

VIEILLE André, "Les hôtels meublés en région parisienne", Esprit, N°10-11, 1953, pp.470-480

VIEILLE André, "La population vivant en meublés", Population, n°2, avril-juin, 1954, pp.227-240

Le logement social

L'habitation sociale dans la région parisienne . Expériences de l'OCIL 1954-1964, Paris, Office central interprofessionnel du logement, 1964, 60p.

BAROU Jacques, La place du pauvre. Histoire et géographie sociale de l'habitat HLM, Paris, l'Harmattan, 1992, 135p.

BUTLER R., NOISETTE P., Le logement social en France de 1815 à 1981. De la cité ouvrière au grand ensemble, Paris, La Découverte/Fondation Maspéro, 1983

DUMONT Marie-Jeanne, Le logement social à Paris 1850-1930. Les Habitations à Bon Marché,

FLAMAND Jean-Paul, Loger le peuple. Essai sur l'histoire du logement social, Paris, La Découverte, 1989, 369p.

GUERRAND Roger-Henri, QUILLOT Roger, Une Europe en construction. Deux siècles d'habitat social en Europe, Paris, la Découverte, 1992, 230p., (Bibliographie)

GUINCHAT Pierre, CHAULET Marie-Paule, GAILLARDOT Lisette, Il était une fois l'habitat. Chronique du logement social en France, Paris, Le Moniteur, 1981, 231p.

PLISSON Béatrice, REQUILLART Denis, 1921-1981. Soixante de logement social, Grenoble, OPHLM, 1981, 59p.

PRIMAULT Roger, Soixante ans d'existence, soixante années de luttes. Introduction à l'histoire de la Confédération nationale du logement, Paris, Presses de la SIOF, 1976, 46p., (en vente à la CNL, 9 rue Montéra, Paris XIIe)

QUILLOT Roger, GUERRAND Roger-Henri, Cent ans d'habitat social. Une utopie réaliste, Paris, Albin Michel, 1989, 176p.

Les politiques du logement

Se loger, Paris, Ministère de la reconstruction et de l'urbanisme, 1949, 223p.

"Les politiques urbaines françaises depuis 1945", Bulletin de l'IHTP, supplément 5, 1984, 138p., (table ronde de l'IHTP des 17 et 18 juin 1982)

ABALLEA François, "La question du logement de 1945 à 1983. L'Etat et le marché", Recherche sociale, n°86, 1983, pp.14-32

BAUDOUI Rémi, "Eugène Claudius-Petit", in Le Corbusier, une encyclopédie, Paris, CCI, 1987

GETUR (Groupe d'étude et de recherche sur le travail et l'urbain), Politique française en faveur de mal-logés (1945-1985), Paris, Ministère de l'Equipement, du logement, de l'aménagement du territoire et des transports, 1987

HENRARD José, Les transformations économiques et historiques des politiques du logement, Paris, 1979, (Thèse à l'Université de Paris-I)

MAGRI Susanna, Logement et reproduction de l'exploitation. Les politiques étatiques du logement en France 1947-1972, Paris, Centre de sociologie urbaine, 1977, 312p.

MORIO Simone, Le contrôle des loyers en France (1914-1948). Documents pour l'étude comparative des politiques du logement, Paris, Centre de sociologie urbaine, 1977, 401p.

La banlieue

"Les crises de la banlieue aux XIXème et XXème siècles. Emploi et résidence", Villes en parallèle, n°10-11, juillet-octobre, 1986, 282p.

CHOMBART DE LAUWE Paul-Henry, COUVREUR L., VIEILLE Paul, "Logement et comportement des ménages dans trois cités nouvelles de l'agglomération parisienne", Cahiers du CSTB, n°30, décembre, 1957, 40p.

L’habitat individuel

Désirs des Français en matière d'habitation urbaine, Paris, INED (cahier n°3), 1947, 114 pages

Habitat individuel. Bibliographie, Paris, Institut de l'environnement, 1972, 5 p., (multigraphié)

AGNOLETTI M. F., DEFFERRARD Jacky, "Discours et identité groupale. Le cas des résidents d'un lotissement", Villes en parallèle, n° 14, juin 1989, pp. 193-201

BOURDIEU Pierre, "Un placement de père de famille. La maison individuelle : spécificité du produit et logique du champ de production", Actes de la Recherche en Sciences Sociales, pp.6-33

CHIVA Isaac, “La maison : le noyau du fruit, l’arbre, l’avenir”, Terrain, n° 9, pp. 92-99

CHOMBARD DE LAUWE Paul-Henry, Famille et habitation, Paris, Ed. du CNRS, 1959, 220p., (vol. 1)

CHOMBART DE LAUWE Paul-Henry, Famille et habitation, Paris, Ed. du CNRS, 1960, 374p., (vol. 2)

CLERGUE Lucien (dir.), Les honneurs de la maison. Six photographes dans la maison, Paris, Pandora, 1982

FOURCAUT Annie, "Le lotissement, histoire d'un mot ou histoire d'une forme ?", Villes en parallèle, n° 14, juin 1989, pp. 21-25

FREY Jean-Pierre, "Le lotissement : contenu et évolution du concept", Villes en parallèle, n° 14, juin 1989, pp. 9-17

HAUMONT Antoine, "Les habitants des lotissements : des identités variées", Villes en parallèle, n° 14, juin 1989, pp. 173-181

HAUMONT Nicole, Les pavillonnaires. Etude psycho-sociologique d'un mode d'habitat, Paris, Centre de recherche d'urbanisme, 1966, 248p.

LACAVE Michel, "Esquisse d'une histoire du droit des lotissements en France", Villes en parallèle, n° 14, juin 1989, pp. 27-45

LEFEBVRE Henri, "Introduction à l'étude de l'habitat pavillonnaire", in HAUMONT Nicole, RAYMOND M. G., RAYMOND Henri, L'habitat pavillonnaire, Paris, Centre de sociologie urbaine, 1967

MARTIN Georges (préf.), L'habitation, espace familial, Paris, Imprimerie Lescaret, 66p.

RAYMOND H., HAUMONT N., RAYMOND M. G., HAUMONT A., L'habitat pavillonnaire, Paris, Centre de recherche d'urbanisme, 1966, 156p., (préf. Henri LEFEBVRE)

RAYMOND Marie-Geneviève, La politique pavillonnaire, Paris, Centre de recherche d'urbanisme, 1966, 362p.

ROUX Simon, La maison dans l'histoire, Paris, Albin Michel, 1976, 303p.

VERRET Michel, L'ouvrier français. L'espace ouvrier, chap. 14, Paris, Armand Colin, 1979

Lotissements

"La ville fragmentée. Le lotissement d'hier à aujourd'hui", Villes en parallèle, n°14, juin, 1989, 264p.

BESSON Michèle, Les lotissements, Paris, Berger-Levrault, 1971, 277p.

Le mouvement Castor

Les périodiques

Le Castor. Bulletin mensuel d’étude et d’information édité par l’Association des Castors de Seine-et-Oise, 1953- [BN : Fol. JO.7637]

Castor service. Bulletin de liaison et d’information de l’Union Nationale des Castors, 1951-1952 [BN : 4° JO.9485]

Coopération-Habitation. Revue mensuelle de l’habitat familial, 1954-1963 [BN : 4° JO.10961]

L’Habitat français. Organe de la coopération d’habitation publié sous l’égide de la société coopérative de l’habitat français, 1947-1949 [BN : 8° JO.7720]. Devient ensuite Logez-vous. Organe bimestriel de la coopération d’habitation, 1950-1961 [BN : 8° JO.8893]

Nous loger, 1954-1957 [BN : Gr. Fol. JO.6899]

Les coopératives de construction entre les deux guerres

DELAISI Francis, La coopérative de construction, Paris, La renaissance des cités, 1919, 48p.

GIDE Charles, Les coopératives de construction. Trois leçons du cours sur la coopération au Collège de France, février-mars 1924, Paris, Association pour l'enseignement de la coopération, 1924, 39p.

GIDE Charles, L'habitation hors ville. Deux leçons du cours sur la coopération au Collège de France, avril 1924, Paris, Association pour l'enseignement de la coopération, 1925, 24p.

ROUSSEAU Jacques Rodolphe, Les coopératives de reconstruction dans les régions libérées, Paris, A. Rousseau, 1920, 120p.

Le mouvement Squatter

CROMBEZ Louis, "Le mouvement squatter", Esprit, n°10-11, 1953

DURIEZ Bruno, CHAUVIERE Michel, "La bataille des squatters et le droit au logement, 1945-1955", Cahiers du GRMF, n°7, 1992

Le mouvement Castor

Le Castor. Bulletin mensuel d’étude et d’information édité par l’Association des Castors de Seine-et-Oise. Le premier numéro paraît en mai 1953.

"Pour construire: des terrains... de l'argent", Urbanisme, n°5-6, 1950, pp.13-63

"Les Castors, issue provisoire", Esprit, n°10-11, 1953

Comment construire ?. Conseils aux nouveaux groupes, Versailles, Association des Castors de Seine-et-Oise, 1956

"Systèmes constructifs", TPE, n°54, février-mars, 1982, pp.5-33

L'autoconstruction. Spécificité et enjeux pour la pratique architecturale, Strasbourg, ARIAS, 1985, 68p.

ANSELME Michel, "Qu'est-ce que les Castors?", Castors service, n° spécial, 1951

ANSELME Michel, Etude monographique sur les conditions sociales, économiques, de peuplement et d'habitat qui favorisent la création de chantiers Castors dans un quartier ou une agglomération, 1952, (Ronéotypé)

BOUCHER Frédérique, "Abriter vaille que vaille, se loger coûte que coûte", Cahiers de l'IHTP, n°5, 1987, pp.119-141

CULTURELLO Paul, Les nouveaux "Castors". Des solidarités collectives aux solidarités familiales. Les pratiques d'autoconstruction des ménages accédant à la propriété en maison individuelle, Nice, Université de Nice, 1987, 213p., (Etude réalisée dans le cadre du Groupe d'Etudes et de Recherches sur les transformation des Modes de vie)

INYZANT H., Le mouvement Castor en France. Les coopératives d'autoconstruction entre 1950 et 1960. Recherche historique, analyse économique et politique, Nanterre, 1981, 167p., (Thèse de Doctorat de troisième cycle de sociologie, Université Paris-X, dir. Henri Raymond)

MEISTER Albert, Coopération d'habitation et sociologie du voisinage. Etude de quelques expériences pilotes en France, Paris, Ed. de Minuit, 1957, 178p., (préf. Michel ANSELME)

TOPALOV Christian, Formes de production et formes de propriété du logement, Paris, 1984, (Thèse de doctorat d'Etat, Université Paris V)

VILBERT Laurent, "Le mouvement Castor ou l'auto-construction", Habiter, n°162, 1979, pp.63-68

Les sites

Antony

FARGANEL Olivier, L'évolution urbaine d'Antony depuis la Libération, Paris, 1986, (mémoire de maîtrise, Université Paris VIII-Saint-Denis, dir. Willard)

FONTAINE Anne, GONTHIER François, Antony, Antony, Union féminine civique et social, section d'Antony, équipe "Urbanisme", 1980, 88p., (bibl., ill.)

FONTAINE Anne (dir.), Antony. Des origines à nos jours, Antony, Connaissance d'Antony, 1987, 200p., (bibl., ill.)

LAVALLEE Véronique, Perception politique de l'espace urbain à Antony, 1977, (Mémoire de maîtrise, Université Paris-X-Nanterre)

LERAT Serge, Antony, étude urbaine, Paris, 1953, 124p., (DES de géographie, Institut de géographie du l'université de Paris, dir. George)

LERAT Serge, Un aspect de la banlieue parisienne : Antony, 1956, (Mémoire de maîtrise, Université Paris IV-Sorbonne)

LERAT Serge, "Un aspect de la banlieue résidentielle parisienne : Antony", Annales de géographie, n°355, mai-juin, 1957, pp.237-250

YAPO-YAPI Honorine, "Les lotissements à Antony de 1919 à 1939", Villes en parallèle, n° 14, juin 1989, pp. 203-211

CADET Robert, "Les "Castors" batisseurs", Vivre à Antony, bulletin municipal officiel, n°72, mai, 1993, pp.16-17

CADET Robert, Des “Castors” à Antony, Antony, chez l’auteur, 1994 (à paraître), pages [retrouver la pagination]

L’Haÿ-les-Roses

CHAPUT Jean-Louis, L'origine géographique et la composition socio-professionnelle des différents quartiers de l'Haÿ-les-Roses, Paris, 1960, 98p., (DES de géographie, Institut de géographie de l'université de Paris, dir. George, 2 vol.)

CHEMINEAU Jean, sans titre, manuscrit dactylographié, s.d., 89 pages

Montreuil

WILLARD Claude, FORT José, Montreuil-sous-Bois. Des origines à nos jours, Temps actuels/Messidor, 1982, p. 113

"Les Castors, issue provisoire", Esprit, n°10-11, 1953

Banlieue parisienne

CHAUVET J., "La ligne de Sceaux et le développement d'une banlieue parisienne", La vie urbaine, N°58, octobre-décembre, 1950, pp.250-282

MEISTER Albert, DESROCHE Henri, Une communauté de travail de la banlieue parisienne, Paris, Ed. de Minuit, 144p.

Angers

LEGE Bernard, TANTER Annick, Autoconstruction et mobilité sociale. L’aventure des Castors angevins. 1950-1984, Association Peuple et Culture de la région parisienne, Paris, 1984

LEGE Bernard, "Les Castors de la Monnaie. Naissance et mort d'une épopée", Terrain. Carnet du patrimoine ethnologique, n°9, 1987, pp.40-59

LEGE Bernard, TANTER Annick, "Squatters et Castors. L'action de Christine Brisset à Angers de 1946 à 1962", Annales de la recherche urbaine, n°33, 1987, pp.87-96

Bordeaux (Pessac)

BOUDON Philippe, Pessac de Le Corbusier, Paris, Dunod, 1959

TAYLOR Brian Brice, Le Corbusier et Pessac, Paris, Harvard University, Fondation Le Corbusier, 1972

BANCON Daniel, MERLE Pierre, La première Cité Castors, Pessac (Gironde), Bordeaux, Comité ouvrier du logement de Bordeaux, 1952

MEISTER Albert, "La Cité Castors de Bordeaux", Coopérative d'habitation et sociologie du voisinage, 1957

Nantes (Rézé)

LANFANT Thierry, RICHARD Chantal, Claire cité ; Balinière. Histoire d'une aventure autoconstruite, Mémoire de fin d'études, Ecole d'Architecture de Nantes, 2 vol., Nantes, 1986, 233 pages

PINSON Daniel, "Rézé-1954, entre lotissement vertical et horizontal. La Claire cité des Castors et la Maison radieuse de Le Corbusier", Villes en parallèle, n°14, juin 1989, pp.88-105

Tarbes (Aïdo’t, Aureilhan)

La cité des Castors Aïdo't à Aureilhan-Tarbes. Ce qui a été réalisé (1952-1956), ce qui reste à faire, Clamecy, Imprimerie Laballery, 1956, 16p.

Les exportations de l’expérience “Castor”

CORREA Nelson, Réflexion sur la coopération dans l'habitat. L'apport des expériences françaises, Grenoble, 1987, 97p., (Mémoire de DESS Urbanisme et Aménagement, Université des Sciences Sociales)

HINCHCLIFF Keith H., Bâtir soi-même. Formation des animateurs de l'opération "Castor", Paris, Centre régional d'éditions techniques, 66p.

Afrique

Rapport d'activité sur la contribution du système "Castor" aux programmes d'habitat en Afrique, Addis-Abeba, Commission économique pour l'Afrique, 1964, 30p.

OSMONT Annick, "Un cas réussi d'intégration urbaine. La cité des Castors de Dekheule à Dakar", Revue française d'études politiques africaines, n°29, mai, 1968, pp.51-60

OSMONT Annick, Une communauté en ville africaine. Les Castors de Dakar, Grenoble, Presses Universitaires de Grenoble, 1978, 19p. (bibl.)

Grande-Bretagne

"Do it yourself vernacular", Architect's journal, n°51, 17 décembre, 1980, pp.1185-1205


[1] Il n’y en a que deux en fait, à ma connaissance : CULTURELLO Paul, Les nouveaux "Castors". Des solidarités collectives aux solidarités familiales. Les pratiques d'autoconstruction des ménages accédant à la propriété en maison individuelle, Nice, Université de Nice, 1987, 213p., (Etude réalisée dans le cadre du Groupe d'Etudes et de Recherches sur les transformation des Modes de vie) ; INYZANT H., Le mouvement Castor en France. Les coopératives d'autoconstruction entre 1950 et 1960. Recherche historique, analyse économique et politique, Nanterre, 1981, 167p., (Thèse de Doctorat de troisième cycle de sociologie, Université Paris-X, dir. Henri Raymond).

[2] “Documentaire”, in “Nos maisons et nos villes”, Esprit, n° 10-11, octobre-novembre 1953, pp. 457-458.

[3] Les chiffres cités dans cette sous-partie sont, pour la plupart, tirés de : GRECQUES Yves, “L’habitat existant”, in “Nos maisons et nos villes”, Esprit, op. cit., p. 450.

[4] GRECQUES Yves, “L’habitant existant”, op. cit., p. 451.

[5] En 1946, l’âge moyen des immeubles parisiens était de 83 ans, et de 57 ans dans les villes de plus de 30 000 habitants.

[6] Cf. VIEILLE André, “Les hôtels meublés dans la région parisienne”, in “Nos maisons et nos villes”, Esprit, op. cit., pp. 470-476.

[7] FOURCAUT Annie, Un siècle de banlieue parisienne 1859-1964. Un guide de recherche, Paris, L'Harmattan, 1988, p. 137.

[8] BOUCHER Frédérique, “Abriter vaille que vaille, se loger coûte que coûte”, in VOLDMAN Danièle (dir.), “Images, discours et enjeux de la reconstruction des villes françaises après 1945”, Cahiers de l'IHTP, CDU 19925, 1987, p. 121.

[9] BOUCHER Frédérique, ibid., p. 119.

[10] FOURCAUT Annie, ibid., p. 130.

[11] Les chiffres cités dans cette sous-partie sont, pour la plupart, tirés de : GRECQUES Yves, op. cit., pp. 450-456.

[12] FOURCAUT Annie, op. cit., p. 136.

[13] GRECQUES Yves, op. cit., p. 456 ; BOUCHER Frédérique, op. cit., p. 129.

[14] GRECQUES Yves, op. cit., pp. 455-456.

[15] ANSELME Michel, “Construction et reconstruction”, in “Nos maisons et nos villes”, Esprit, op. cit., p. 485.

[16] BOUCHER Frédérique, op. cit., p. 133.

[17] LEGE Bernard, TANTER Annick, “Squatters et Castors. L'action de Christine Brisset à Angers de 1946 à 1962”, Annales de la recherche urbaine, n°33, 1987, pp.87-96 ; BOUJOL Pierre, “L’affaire Christine Brisset ou le procès d’un système”, Nous loger, n° 74, 1er juillet 1957

[18] SCIZE Pierre, “De l’enfer des taudis au procès de la charité”, Le Figaro, 30 novembre, 2, 3, 4 décembre 1949 ; FOLLET Joseph, “Justice de classe”, Témoignage chrétien, 17 février 1950.

[19] Donc sans droit au maintien des lieux.

[20] L'Union Nationale des Castors, qui groupe la majorité des Castors de France, affirme dans ses congrès et ses publications que la formule, malgré son succès, ne doit pas être comme une solution au problème du logement, mais comme un palliatif regrettable et regretté en particulier par les Castors, qui tiennent à ce que leur geste de constructeur soit aussi un geste de protestation.

Les cités Castors seront autre chose qu'un agglomérat de foyers, un ensemble vivant. La Cité de Pessac, en Gironde, en donne un bel exemple. Le climat de ces cités gardera l'empreinte des sacrifices consentis en commun et des responsabilités prises ensemble.

[21] Michel Anselme, sociologue et directeur du CERFISE, est décédé l’année dernière. Il travaillait depuis de nombreuses années sur les politiques urbaines et la participation des habitants. Il consacra de nombreux textes aux quartiers DSQ de Marseille. Michel Anselme n’était pas un Castor, mais un militant, préoccupé de longue date des questions de logement.

[22] LANFANT, LANFANT Thierry, RICHARD Chantal, Claire cité ; Balinière. Histoire d'une aventure autoconstruite, Mémoire de fin d'études, Ecole d'Architecture de Nantes, 2 vol., Nantes, 1986, p. 188.

[23] BOUCHER Frédérique, op. cit., p. 131.

Entrée site  |   Logement  |   Realisations