Les
Diolas (voir
la page ethnies) sont les meilleurs architectes
d’Afrique. Ils l’ont montré avec leurs antiques cases
à étages, merveilleux châteaux en terre, et avec leurs
cases à impluvium qui n'ont comme seules égales
que les cases à impluvium de Papouasie-Nouvelle-Guinée
à l’est de l’Indonésie. L’habitat traditionnel diola
est donc constitué de murs en terre. Contrairement aux
autres ethnies du Sénégal, il s’agit véritablement de
maisons contenant plusieurs pièces (en moyenne cinq).
Cette architecture complexe est également enrichie de
greniers à riz présents dans toutes les habitations,
principalement au dessus de la chambres du chef de famille.
L’habitat traditionnel diola est en effet composé de
chambres, d’une salle commune que l’on peut considérer
comme un salon, et d’une grande terrasse couverte entourant
parfois l’intégralité de la maison. Le Diola a donc
toujours attaché une grande importance à son bien-être
à domicile. La longue et abondante saison des pluies
caractérisant la Casamance
a également influencé l’architecture et les matériaux.
Toutes les cases sont ainsi construites sur un socle
de terre d’environ 50 cm afin de surélever l’habitat
et de l’isoler de l’humidité du sol. La couverture de
leur toiture, toujours rectangulaire, est généralement
constituée de chaume permettant d’empêcher complètement
la pénétration de l’eau dans les greniers contenant
le riz. La terrasse et les petites fenêtres assurent
à la maison une très bonne circulation de l’air et une
fraîcheur renforcée par l’utilisation de la terre pour
les mur.
Photos : à droite, une
échelle traditionnelle permettant d'accéder
au grenier d'une case à étage, ci-dessous
à gauche, le plafond d'une case diola avec les
croisillons traditionnels en lamelles de bois de mangrove
(photo C. Pinero).
Contrairement
à tous les autres habitats traditionnels du Sénégal,
l'habitat diola, et l'habitat casamançais en
général (manjak, mankagne, balante, etc...),
comporte donc plusieurs pièces. Mais c'est aussi
au niveau du toit et de son aménagement, que
se situe la particularité régionale casamançaise.
En effet, il est toujours utilisé pour le stockage
des céréales (en particulier du riz) et
la charpente est conçue pour à la fois
laisser circuler au mieux l'air dans l'habitation tout
en protégeant les stocks de l'humidité
de la saison de pluies.
Un plafond est également prévus
pour que la poussière des réserves du
grenier ne viennent pas polluer les pièces de
vie. A cet effet, de petites lamelles en bois de mangrove
sont disposées en croisillons en travers de la
grosse charpente. Pour qu'elle résiste à
la pourriture et aux insectes, cette dernière
est réalisée en rônier, ce palmier
au bois imputrescible qui hélas se raréfie du fait de
sa surexploitation
L'esthétique est importante pour les Casamançais.
Outre la disposition ingénieuse des concessions
(photo à droite, vue aérienne du villaged
d'Eloubaline), les colonnades de terre sculptées
sont fascinantes. Même pour une simple cuisine
extérieure (photo à gauche de C. Pinero)
les Casamançais font preuve de bon goût.
Voir la
page sur l'architecture traditionnelle au Sénégal.
Il faut également savoir que depuis toujours,
les Diola ont attaché une importance à l'esthétique,
à la beauté de leurs maisons. Les piliers en
terre décorés de motifs très variés comme ceux de l’Alliance
Française (photo à droite) ou ceux des cases
de Mlomp par exemple en sont la parfaite illustration.
Les formes, les couleurs, les décorations, tout
est prétexte à embellir son habitation
et à la rendre unique.
Photos : ci-dessus à
droite, les piliers de la clôture de l'Alliance
française de Ziguinchor, ci-dessous, deux grandes
maisons à étage en terre agrémentées
d'arches et de piliers à Mlomp.
Malgré
la relative homogénéité de l’habitat diola, plusieurs
variantes sont à signaler. C’est le cas des cases à
étage de Mlomp
(photo ci-dessus). Bien que la base soit la même (mêmes
matériaux, surélévation, terrasse couverte, nombreuses
pièces) un étage supplémentaire (voir photo ci-dessus)
a été rajouté. Les cases à étage montrent
la particularité sociale des Diolas et plus généralement
des Casamançais, à l'opposé des
habitants des autres régions du Sénégal
: ici on vit en famille dans une seule et même
maison. Le mari dort avec sa femme, les enfants ont
leur chambre, etc.... Ailleurs dans le pays, il s'agit
de cases
rudimentaires où le chef de famille dort
seul et où la ou les épouses ont leur
propre habitat.
Les
cases à impluvium constituent une autre variante de
l’habitat Diola. Situés sur le terroir essil,
les villages aux cases à impluvium sont concentrés à
l'ouest de Ziguinchor,
sur les deux rives de la Casamance : Enampore
(photo de gauche), Seleki,
Affiniam,
Djilapao, Eloubaline, etc... Ces cases, contrairement
à toutes les autres cases diola, sont circulaires. Elles
sont constituées d’une cour intérieure abritée par un
double toit chargé de recueillir les pluies durant l’hivernage.
Les pièces sont également nombreuses, en témoigne le
campement d’Affiniam, construit sur ce modèle. Elles
sont en vis-à-vis et donnent à cet habitat
une intimité et un bien-être unique.
Il semblerait que l'origine des cases
à impluvium soit différente de celle habituellement
convenue. En effet, le terroir diola a longtemps été
- et jusqu'à très récemment, une
région d'affrontements permanents entre les villages
ennemis et contre les envahisseurs mandingues. Afin
de pouvoir défendre son habitation contre les
attaques et pour pouvoir tenir un siège, l'impluvium
était nécessaire. Mais plus qu'un réceptacle
à pluie dans une région où quand
il pleut l'eau ne manque pas, il était beaucoup
plus simplement destiné à offrir une cour
intérieure protégée des flèches,
des déluges hivernaux et du soleil brûlant.
Cuisine, aire de jeux protégée pour les
enfants, enclos pour les petits animaux domestiques
(volailles, etc...), lieu de repos et de palabre, cette
aire centrale sous l'impluvium est encore aujourd'hui
multifonctionnelle. On peut noter d'ailleurs que la
terrasse couverte extérieure omniprésente
en Casamance est absente
des cases à impluvium, tout simplement remplacée
par le coeur même de la case. Le bassin intérieur
lui, comme pour confirmer que la motivation pratique
de l'impluvium n'était pas le stockage de l'eau,
est équipée d'une évacuation qui
permet de vider son trop plein vers l'extérieur
(sans quoi, ce bassin ne serait qu'un élevage
de moustiques...).
Cases à impluvium à Eloubaline, Dilapao,
Enampore et Séléki
La
communauté diola est sans conteste la plus créative
et la plus ingénieuse d'Afrique dans ses ouvrages
architecturaux. Pierre Atepa Goudiaby est issu de cette
communauté. Il est connu de tous les Sénégalais,
mais également de beaucoup d'Africains qui sans le savoir
regardaient une de ses oeuvres en tendant au commerçant
les anciens billets de 10.000 CFA.
Photo à droite : construction
de la charpente d'une case Manjak en Casamance.
En effet, le siège de la Banque Centrale
des États d'Afrique de l'Ouest à Dakar
qui figuraient sur les grosses coupures a été réalisé
par l'architecte Atepa Goudiaby, un Diola Fogny originaire
de Baïla.
Ce bâtiment constitue le plus haut building de Dakar.
Il est construit sur le modèle du fromager ancestral
de Casamance. L'Alliance
Française de Ziguinchor, également réalisée sur un modèle
casamançais (celui des cases à impluvium),
est un bijou d'architecture.
Deux types de grandes cases : une grande case balante
(contrairement aux cases diola, les cases balante sont
carrées et non rectangulaires) et une maison
munies de piliers décorés à Mlomp,
près d'Oussouye.
Voir
la page sur l'architecture traditionnelle au Sénégal.
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