Une fiction sur les persécutions et la déportation des homosexuels pendant la seconde guerre mondiale, de Christian Faure
C’EST un film difficile et rude sur un sujet
resté longtemps tabou : les persécutions et
la déportation des homosexuels pendant la
dernière guerre mondiale. Un film pour comprendre
l’incompréhensible.
Tout commence comme une belle histoire de jeunes
gens dans la France de Vichy. Jacques (Nicolas
Gob) aime Sarah (Louise Monot), qui aime Jean (Jérémie
Rénier), qui préfère Philippe (Bruno Todeschini).
Jacques et Jean sont frères, le premier fricote avec
l’occupant, le second cache la juive Sarah, amie d’enfance,
dont la famille a été massacrée. Philippe est
résistant et obtient des faux papiers pour ses amis.
Promenades à bicyclette, soirées entre amis, des
petits riens pour oublier cette foutue guerre.
L’histoire bascule quand Jacques, jaloux, dénonce
Jean. Celui-ci est accusé, à tort, d’être
l’amant d’un officier de la Wehrmacht. Emprisonné,
battu, torturé, il est envoyé dans un camp en
Allemagne où les homosexuels, étiquetés êtres asociaux,
sont abandonnés aux mains de médecins
fous qui les utilisent comme cobayes pour leurs expériences
(les scènes de déportation sont difficilement
supportables). Poursuivi par la Gestapo,
Philippe est abattu. Sarah reste seule avec Jacques,
dont elle ignore la trahison.
Les producteurs François Aramburu et Pascal Fontanille
ont longuement mûri leur projet. « C’était important
d’expliquer aux gens comment ça s’est passé. » Ils
se sont beaucoup inspirés de Moi, Pierre Seel, déporté homosexuel (Calmann-Lévy, 1994), le récit de l’un de
ces oubliés qui ont mis plus d’un demi-siècle pour obtenir
la reconnaissance de la déportation des « triangles
roses ». Ils ont également voulu rappeler que les
lois qui ont criminalisé l’homosexualité, promulguées
sous Vichy, sont restées en vigueur jusqu’en 1981.
Ce téléfilm réalisé par Christian Faure a été multiprimé
au Festival de Luchon 2005 : Prix spécial du
jury, Prix du public, meilleur scénario, jeune espoir
féminin (Louise Monot), jeune espoir masculin (Nicolas
Gob). Jérémie Rénier n’a pas été distingué, on
le regrette pour ce magnifique acteur qui porte le
film sur ses épaules.
Un amour à taire, une fiction sur les persécutions et la déportation des homosexuels pendant la seconde guerre mondiale.