En kiosque - TJ 40
 Krav-Maga

KRAV-MAGA, l’art du « no limit » 


Inventée par un civil pour défendre les Juifs contre les fascistes slovaques, cette technique de combat est enseignée dans plusieurs unités spéciales de sécurité nationale et connaît un engouement croissant auprès du public.


Richard Douieb (en tee-short blanc), président de ka Fédération européenne de krav-maga et
Richard Douieb (en tee-short blanc), président de ka Fédération européenne de krav-maga et
Gilles Hassine, directeur de l'école de Strasbourg, en démonstration lors du séminaire des instructeurs en juin 2006.
Gilles Hassine, directeur de l'école de Strasbourg, en démonstration lors du séminaire des instructeurs en juin 2006.
Art martial singulier inventé par Imrich Lichtenfeld (Imi), le krav-maga mêle combat de rue et techniques sportives. Dans les années 1930, un groupe d’élèves l’utilise pour protéger la communauté juive slovaque contre les fascistes. Après son alyah, Imi Lichtenfeld fait de Tsahal la première armée à utiliser le krav-maga. C’est pourquoi, bien qu’imaginé par un civil, il est associé à l’armée israélienne. Aujourd’hui, ses élèves l’ont implanté dans le monde entier, dans le civil comme au sein d’unités de sécurité nationale, tels les Américains du FBI et du SWAT (Special Weapons and Tactics), unité de police spécialisée dans les opérations paramilitaires, et les Français du GIGN et du RAID, corps d’élite de la gendarmerie. L’efficacité de cette méthode, qui n’a ni règles, ni interdits, ni limites, réside dans l’utilisation et la simplification maximale des réflexes du corps, alliée à la maîtrise de soi et à des techniques de sports de combat. Pourtant, son créateur recommande d’éviter toute situation dangereuse ou de tenter de raisonner l’adversaire.

Une soixantaine d’écoles en Europe
C’est en 1987 que la première école européenne voit le jour, en France, à l’initiative de Richard Douieb, ancien agent de sécurité. Cet art martial est encore balbutiant en Europe. Président de la Fédération européenne de krav maga (FEKM), Richard Douieb (6e dan) a débuté sa formation en 1980 avant d’être officiellement délégué par Imi Lichtenfeld pour promouvoir la discipline en Europe en 1988. Avec la création de la FEKM, en 1997, elle prend son essor, notamment en France. Outre les cours dispensés par des courants indépendants dans les centres communautaires, c’est la fédération qui a pignon sur rue avec une soixantaine d’écoles ouvertes à tous les publics. Deuxième au monde après la fédération américaine, la FEKM comptait environ 400 licenciés en 1997 contre 4 500 en 2006, en plus de nombreux non licenciés qui participent aux stages. Elle couvre huit pays : la Belgique, l’Espagne, la Finlande, la Pologne, le Portugal, la Suisse, l’Italie, totalisant 1 200 licenciés, et la France, qui en compte à elle seule 3 300, dont 20 % de femmes. Les écoles sont référencées sur son site Internet. Une école « spécial police », AKMP (Association krav-maga police), fermée aux civils, est gérée par Christophe Philippe. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, parmi les adeptes du krav-maga la proportion de Juifs et de non-Juifs reste sensiblement la même que celle de n’importe quel autre art martial. Richard Douieb, qui enseigne depuis dix-huit ans, a constaté que le sentiment d’insécurité est souvent la motivation première des nouveaux inscrits. « Ils ont la volonté d’apprendre à se défendre avec une méthode éprouvée par les meilleures unités d’élites policières. Mais aussitôt les bases acquises, le plaisir l’emporte sur le reste. Aujourd’hui, ce sport a fait ses preuves et sa qualité en matière de self-defense est reconnue. » Le krav-maga a donc le vent en poupe en France. Quant à choisir un cours, Richard Douieb recommande de bien se renseigner sur la gradation du professeur.
Lisette Mokraoui

FEKM-RD / Krav-Maga : 31, rue de la Croisette,
02130
Beuvardes.
Tél. / Fax :
03 23 85 29 48
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krav-maga.net





Se défendre dans le respect d’autrui


Né en Tchécoslovaquie, Imrich Lichtenfeld, inventeur du krav-maga, a émigré en Israël où il a formé les instructeurs et les membres des unités d’élite de Tsahal pendant vingt ans.
En 1964, il crée la première école pour les civils
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Imrich Lichtenfeld
Imrich Lichtenfeld
 
Le krav-maga (littéralement : « combat rapproché » en hébreu), technique israélienne de self défense et de combat corps à corps, est fondé principalement sur l’efficacité. Les mouvements sont simples, courts et rapides, pour permettre de conserver le maximum de ses facultés physiques tout en économisant sa fatigue. Ici l’esthétique ne   prime pas. Ce qui compte avant tout, ce sont les bons réflexes de défense qui regroupent des éléments tactiques, des feintes, des techniques d’attaques différentes et une dimension psychologique du combat. En effet, le krav-maga repose non seulement sur des exercices physiques, mais aussi sur une discipline mentale pour développer la capacité d’affronter la violence dans un état de stress. Le krav-maga a été mis au point dans les années
1940 par Imrich Lichtenfeld, un Juif tchécoslovaque d’une trentaine d’année, appelé plus affectueusement Imi. Son père était inspecteur de police et, en 1906, à Bratislava, il crée la première école tchèque de ju-jitsu où il enseigne le self-défense aux forces de police. Suivant l’influence paternelle, Imi Lichtenfeld s’est intéressé très jeune aux arts martiaux. En 1929, à 19 ans, il devient champion de boxe poids lourd et de gymnastique. Il remporte un tournoi de lutte opposant son pays à la Pologne et à la Hongrie.

Combattant du Palmach
En 1940, Imi Lichtenfeld quitte Prague. Il gagne l’Égypte en 1941, s’engage alors dans la légion tchèque qui combat  aux côtés des Anglais. En 1942, il émigre en Palestine. Deux ans plus tard, il rejoint la Haganah, la future armée israélienne, où il fait partie des troupes de choc du Palmach. Il y enseigne la lutte, la gymnastique et les bases de l’autodéfense. En 1946, il entraîne les unités de commandos de la Haganah. En 1948, il participe à la guerre d’indépendance de l’État d’Israël. Puis il intègre Tsahal comme chef instructeur d’éducation physique et de combat rapproché pendant près de vingt ans. Après une mission de deux ans en Éthiopie, Imrich Lichtenfeld quitte le service actif en 1964. La même année, le krav-maga cesse d’être classé secret militaire en Israël. Imrich Lichtenfeld ouvre alors officiellement une école de krav-maga à Netanya. Depuis 1948, il réfléchissait à un système de self-défense accessible au plus grand nombre. Son vœu le plus cher : « Que chaque enfant sache se défendre, mais dans le respect d’autrui. » Imy Lichtenfeld est mort en 1997, à l’âge de 87 ans. Il repose au cimetière de Netanya. Le krav-maga continue d’être enseigné dans l’armée israélienne et de nombreuses écoles de police dans le monde. Des clubs pour les civils se sont ouverts un peu partout.
Noémie Grynberg