Macroéconomie
Notes de cours
Université Panthéon-Assas Paris 2
Licence AES
1ere année, 1er semestre
Centres Vaugirard et Melun
Année Universitaire 2004-2005
Etienne LEHMANN
elehmann@u-paris2.fr
SĂ©bastien LOTZ
lotz@u-paris2.fr
23 septembre 2005
Table des matiĂšres
Introduction
6
I
Quâest ce que la MacroĂ©conomie ? A quoi sert la MacroĂ©conomie ?
. . . . .
6
II
Les deux grandes traditions dans la pensée macroéconomique . . . . . . . .
8
III
Une méthode . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
8
IV
Le plan du cours. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
9
1 Le PIB
10
I
La représentation schématique du fonctionnement des entreprises . . . . . . 10
II
La représentation macroéconomique des entreprises . . . . . . . . . . . . . . 10
III
La fonction de consommation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
III.1
La consommation dépend du revenu courant
. . . . . . . . . . . . . 12
III.2
Les théories du revenu permanent et du cycle de vie . . . . . . . . . 16
III.3
Eléments empiriques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
IV
La fonction dâinvestissement
I
(
r
)
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
2 Le marché du travail
21
I
Emploi chÎmage et inactivité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21
II
La demande de travail des entreprises
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
II.1
La fonction de production . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
II.2
La demande de travail néo-classique
L
d
Âł
w
p
ÂŽ
: initiation au raison-
nement microéconomique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
II.3
La demande de travail keynésienne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
II.4
Eléments empiriques. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
3 Le modĂšle IS/LM
34
I
Le modÚle keynésien élémentaire : la courbe IS . . . . . . . . . . . . . . . . 34
I.1
Le diagramme Ă 45
âŠ
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34
I.2
La notion de multiplicateur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35
I.3
La courbe IS. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37
II
La courbe LM . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38
III
Le modĂšle IS/LM . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
III.1
Le phĂ©nomĂšne dâĂ©viction
fi
nanciĂšre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41
III.2
Cas particulier 1 : le cas monétariste (LM verticale). . . . . . . . . . 42
III.3
Cas particulier 2 : la trappe à liquidité (LM horizontale). . . . . . . 43
2
4 Le modĂšle O
ïŹ
re Agrégée / Demande Agrégée
45
I
Les limites du modĂšle IS/LM . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
II
La demande agrégée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
III
La relation dâo
ïŹ
re agrégée
Y
s
Âł
w
p
ÂŽ
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50
IV
LâĂ©quilibre OA/DA de court terme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51
V
Le modÚle OA/DA de moyen terme : salaire réel rigide . . . . . . . . . . . . 55
VI
Application empirique : quâest ce que le court terme ?
. . . . . . . . . . . . 58
Bibliographie
60
3
Table des
fi
gures
1
Le taux de chĂŽmage en France. Source OCDE . . . . . . . . . . . . . . . . .
6
2
Comparaison internationale des taux de chĂŽmage. Source OCDE . . . . . .
7
1.1
Une représentation schématique du fonctionnement des entreprises . . . . . 11
1.2
Le taux dâĂ©pargne en France de 1970 Ă nos jours. Source OCDE . . . . . . . 13
1.3
La fonction de consommation de long terme en France. Source OCDE . . . 18
1.4
La fonction de consommation de court terme en France. Source OCDE . . . 19
1.5
La relation Investissement - Taux dâintĂ©rĂȘt rĂ©el en France 1964-1997 . . . . 20
2.1
La répartition de la population entre Emploi, chÎmage et inactivité selon
le BIT. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21
2.2
Emploi - chÎmage et Inactivité en France. Source OCDE . . . . . . . . . . . 24
2.3
La notion de rendements décroissants du facteur travail. . . . . . . . . . . . 26
2.4
Productivités moyennes et marginales du travail
. . . . . . . . . . . . . . . 27
2.5
Illustration du comportement de demande de travail des entreprises . . . . . 29
2.6
Les consĂ©quences de lâaccroissement du prix sur la demande de travail des
entreprises . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
2.7
Les e
ïŹ
ets dâune hausse du salaire nominal sur la demande de travail des
entreprises. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30
2.8
La maximisation du pro
fi
t de la
fi
rme
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
2.9
Le comportement de la
fi
rme en prĂ©sence dâune contrainte de dĂ©bouchĂ©s. . . 32
2.10 La demande de travail en France . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33
3.1
Le modÚle keynésien élémentaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35
3.2
La statique comparative du modÚle keynésien élémentaire . . . . . . . . . . 36
3.3
Lectures keynesiennes et néo-classiques des relations IS et LM. . . . . . . . 40
3.4
La resolution graphique du modĂšle IS/LM . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41
3.5
LâĂ©viction par le taux dâintĂ©rĂȘt . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42
3.6
ISLM : le cas monétariste . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43
3.7
ISLM : le cas de trappe à liquidité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44
4.1
La politique budgétaire et la politique monétaire de la France 1963-2000.
Source OCDE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46
4.2
Le taux de croissance de la France et des Etats Unis . . . . . . . . . . . . . 46
4.3
La courbe DA . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48
4.4
Lectures keynésiennes et néo-classiques des relations OA et DA . . . . . . . 49
4.5
La relation dâo
ïŹ
re agrégée de court terme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52
4.6
LâĂ©quilibre OA-DA de court terme. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53
4.7
Lâe
ïŹ
et dâĂ©viction par les prix . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54
4
4.8
Les insu
ïŹ
sances du modĂšle OA/DA de court terme. . . . . . . . . . . . . . 56
4.9
La courbe OA de long terme
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57
4.10 Le modĂšle OA/DA de moyen terme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58
5
Introduction
I
Quâest ce que la MacroĂ©conomie ? A quoi sert la MacroĂ©-
conomie ?
La macroĂ©conomie est le domaine de lâĂ©conomie qui sâintĂ©resse au fonctionnement
dâensemble de lâĂ©conomie. Elle se dĂ©
fi
nit par opposition Ă la microĂ©conomie qui sâinteresse
davantage aux comportements des agents Ă©conomiques. Il est toutefois di
ïŹ
cile de sépa-
rer analyses microĂ©conomiques et analyses macroĂ©conomiques. Câest davantage par les
questions quâelle se pose que se dĂ©
fi
nit le champ de la macroéconomie.
La question du chÎmage est une question typique des problématiques macroécono-
miques. Le chÎmage est en France un phénomÚne à la fois ancien et relativement récent.
Jusquâau premier choc pĂ©trolier en 1973, il Ă©tait presque inexistant. On constate une dĂ©rive
Ă la hausse du chĂŽmage jusquâen 1997 puis une importante redescente jusquâen 2001. Seule
la forte croissance économique des années 86-90 a permis à cette hausse qui semblait alors
inexorable de sâarrĂȘter.
0%
2%
4%
6%
8%
10%
12%
14%
1956
1960
1964
1968
1972
1976
1980
1984
1988
1992
1996
2000
Fig.
1: Le taux de chĂŽmage en France. Source OCDE
6
0
5
10
15
20
1956
1960
1964
1968
1972
1976
1980
1984
1988
1992
1996
2000
France
Etats-Unis
Spain
Japon
Pays Bas
Fig.
2: Comparaison internationale des taux de chĂŽmage. Source OCDE
Dans une perspective internationale :
â Le taux de chĂŽmage AmĂ©ricain nâa pas connu ce phĂ©nomĂšne de âdĂ©rive Ă la hausseâ
quâa connu le taux de chĂŽmage français entre 1973 et 1997. Au contraire, il a beau-
coup
fl
uctuĂ© aux grĂ© des alĂ©as de la conjoncture autour dâune moyenne stable de 5%
- 6%.
â Le taux de chĂŽmage aux Pays Bas a beaucoup plus montĂ© jusquâau milieu des annĂ©es
85 pour redescendre plus bas depuis.
â Le Japon a toujours connu un taux de chĂŽmage trĂšs bas, en dĂ©pit de la grave crise
Ă©conomique quâil a connu au cours des annĂ©es 90.
â Au contraire le taux de chĂŽmage espagnol (record de lâOCDE) avec 23,83% en 1993
a connu (en bien pire) une situation semblable à la situation française.
DâoĂč un certain nombre de questions :
â Quelles sont les raisons de la spĂ©ci
fi
citĂ© franco-espagnole (et au delĂ de lâEurope
continentale du centre et du sud)
â Les dĂ©terminants du chĂŽmage Ă court-terme sont ils les mĂȘmes quâĂ long-terme ?
â Existe-t-il des forces ramenant le taux de chĂŽmage vers un niveau stable plus ou
moins constant à terme ? Si oui pourquoi, et quelles sont les déterminants de ce taux
de chĂŽmage ?
Ainsi, la macroéconomie se donne deux objectifs :
â La prĂ©vision conjoncturelle.
â La recommandation dans la conduite des politiques Ă©conomiques
Ce cours sâattachera Ă donner un Ă©clairage sur ces questions.
7
II
Les deux grandes traditions dans la pensée macroécono-
mique
Depuis la parution en 1936 de la
Théorie générale
de J. M. Keynes, la macroéconomie
a vu successivement sâa
ïŹ
ronter puis se reconcilier deux traditions distinctes :
La logique
keynésienne
Tout part de la
demande
, câest Ă dire du volume des commandes ou des dĂ©bouchĂ©s.
Le chĂŽmage est alors dĂ» Ă une insu
ïŹ
sance persistante de la demande. LâEtat doit par
conséquent intervenir en augmentant les dépenses publiques, en réduisant les impÎts ou
en demandant Ă la Banque centrale de diminuer les taux dâintĂ©rĂȘt.
La logique
néoclassique
Tout part de lâ
o
ïŹ
re
, câest Ă dire des conditions dâune production rentable pour les
entrepreneurs. Le chĂŽmage est alors dĂ» Ă un coĂ»t du travail trop Ă©levĂ©, si bien quâil nâest
pas rentable pour les entreprises dâembaucher toutes les personnes Ă la recherche dâun
emploi. LâEtat doit par consĂ©quent lutter contre les ârigiditĂ©sâ qui empĂȘchent le marchĂ© du
travail de âfonctionner correctementâ (syndicats, salaire minimum, protection de lâemploi,
allocations chĂŽmage,...). Une alternative consiste Ă baisser les charges sociales sur les bas
salaires a
fi
n de concilier équité redistributive et lutte contre le chÎmage.
La synthĂšse moderne
En réalité depuis la
fi
n des annĂ©es 70, un consensus existe pour admettre lâexistence
simultanée des deux types de mécanismes à court terme, et pour reconnaßtre que seule la
théorie néo-classique est valable à moyen terme. Le principal point de divergence restant
concerne la durĂ©e permettant de distinguer ce que lâon appelle le court terme du moyen
terme. Lâenjeu du cours est de comprendre comment les macroĂ©conomistes en sont arrivĂ©s
Ă un tel consensus.
III
Une méthode
Il est important de ne pas baser lâanalyse macroĂ©conomique uniquement sur des in-
tuitions, car celles-ci ne sont en général valables que dans des cas particuliers. La modéli-
sation et la formalisation mathĂ©matique sâavĂšrent alors constituer un outil indispensable
pour véri
fi
er Ă quelles conditions nos intuitions sont valables. Il faut donc ĂȘtre au clair sur
les di
ïŹ
érentes étapes de cette méthode.
Une reprĂ©sentation extrĂȘmement simpli
fi
ée de la réalité.
La rĂ©alitĂ© Ă©conomique est extrĂȘmement complexe Ă apprĂ©hender. Il faut donc rechercher
les mĂ©canismes essentiels pour espĂ©rer comprendre lâĂ©conomie.
Câest pourquoi on a recours Ă des modĂšles Ă©conomiques. Ceux-ci constituent des
mondes imaginaires dans lequel le fonctionnement de lâĂ©conomie est su
ïŹ
samment simple
pour ĂȘtre compris et Ă©tudiĂ©. Un modĂšle constitue de ce point de vue une version (extrĂȘ-
mement Ă notre niveau) simpli
fi
ée de la réalité.
8
Un modĂšle Ă©conomique repose donc
toujours
sur des hypothĂšses simpli
fi
catrices. Il
faut les connaĂźtre, savoir dans quelle mesure des hypothĂšses moins simpli
fi
catrices changent
ou non les propriĂ©tĂ©s du modĂšle pour apprĂ©hender la qualitĂ© dâun modĂšle.
Exemple : On supposera au cours du semestre que la production des entreprises ne
dĂ©pend que de la quantitĂ© de travail utilisĂ© (nĂ©gligeant ainsi lâinnovation, les machines,...)
La modĂ©lisation mathĂ©matique permet dâĂ©noncer des propriĂ©tĂ©s du modĂšle
(voir des théorÚmes). Exemple : Une hausse des dépenses publiques augmente la pro-
duction, lâemploi et rĂ©duit le chĂŽmage.
Obtenir de telles propriĂ©tĂ©s est le but de la modĂ©lisation. Câest ce qui permet de faire
de la prévision et des recommandations de politique économique.
Ces résultats ne constituent pas des vérités absolues et immuables.
Au contraire ils sont trÚs dépendants des hypothÚses posées.
Exemple : Une hausse des dĂ©penses publiques augmente la production, lâemploi et
réduit le chÎmage sur le court terme mais pas sur le moyen terme.
Il est donc essentiel de comprendre et dâassimiler non seulement les propriĂ©tĂ©s et les
résultats des modÚles mais aussi les hypothÚses principales sur lesquelles les modÚles re-
posent.
Exemple : le modĂšle keynĂ©sien repose sur lâhypothĂšse selon laquelle les prix ne peuvent
pas ajuster lâo
ïŹ
re Ă la demande. Une telle hypothĂšse est sans doute acceptable Ă court
terme, mais certainement pas Ă plus long terme.
La controverse en macroĂ©conomie sâest ainsi considĂ©rablement attĂ©nuĂ©e.
Ce sont moins les rĂ©sultats qui doivent faire lâobjet de discussions que les
hypothĂšses sur lesquelles ils reposent.
Exemple : La thĂ©orie keynĂ©sienne nâa de pertinence que sur le court-terme. Ce qui
oppose aujourdâhui keynĂ©siens et nĂ©oclassiques repose davantage sur ce que signi
fi
e cette
notion de court-terme : un mois, un an, une décennie ?
Les modĂšles doivent ĂȘtre confrontĂ©s aux faits Ă deux niveaux :
â Leurs hypothĂšses sont-elles rĂ©alistes ?
â Leurs prĂ©dictions permettent elles de rĂ©pliquer les faits ?
Les réponses à ces deux questions sont trÚs rarement positives à 100%.
IV
Le plan du cours.
Le court - moyen terme en économie fermée.
Seront ici absents de lâanalyse le long terme (câest Ă dire les thĂ©ories de la croissance
et du développement) et les relations internationales.
9
Chapitre 1
Le PIB
I
La représentation schématique du fonctionnement des en-
treprises
3 facteurs de production :
â Le travail,
â Le capital (dĂ©
fi
nition)
Le capital
fi
xe est lâensemble des moyens de production durables qui participent Ă
plusieurs cycles de production.
Exemple : les machines, les bĂątiments, les brevets, les licences, les ordinateurs
â les consommations intermĂ©diaires (dĂ©
fi
nition)
Câest lâacquisition par les entreprises de biens dĂ©stinĂ©s Ă ĂȘtre utilisĂ©s immĂ©diatement
dans le processus de production.
Exemple : fournitures, matiĂšres premiĂšres, produits
fi
nis et semi
fi
nis.
Des recettes servant
â Ă rembourser les fournitures
â rĂ©munĂ©rer le travail
â rĂ©munĂ©rer le capital. Et ce de trois façons :
â remboursement dâemprunts, de charges
fi
nanciĂšres.
â versements de dividendes aux actionnaires
â auto-
fi
nancement des investissement futurs.
Tout ceci est représenté dans la
fi
gure 1.1.
Toutes ces opérations sont retranscrites dans le compte de résultat des entreprises.
Exemple : constructeur automobile : 210 de ventes, 100 dâachat dâacier, 70 de salaires et
charges salariales 40 de pro
fi
t dont 15 en dotations aux ammortissements (coĂ»t dâusure du
facteur capital), 15 en remboursement dâemprunts 5 de dividendes pour les actionnaires
et 5 rĂ©investis dans lâentreprise (auto
fi
nancement) (en Millions dâEuros) Le tableau 1.1
restranscrit de façon comptable ces di
ïŹ
érentes opérations.
II
La représentation macroéconomique des entreprises
Cf. Blanchard et Cohen pages 18 Ă 25. âPIB, valeur ajoutĂ©e et revenusâ
10
Travail
L
Capital
K
Consommations
intermédiaires
(Fournitures)
CI
FIRMES
Salaires
Achats
Paiements de dividendes
Remboursements de crédits
(charges financiĂšres)
Autofinancement
(amortissements et
constitution de provisions)
Rémunération du capital
Etat + Sécurité Sociale
ImpĂŽts,
Cotisations sociales
Subventions dâexploitation
Fig.
1.1: Une représentation schématique du fonctionnement des entreprises
III
La fonction de consommation
Dans le cadre de ce cours, oĂč une perspective de court moyen terme est adoptĂ©e, nous
supposerons que la consommation est une fonction croissante du revenu disponible des
ménages à la période courante. Soit
C
ÂĄ
Y
d
Âą
.
Nous discuterons dans un premier temps les fondements de cette représentation ainsi
quâun certain nombre de propriĂ©tĂ©s que se doit de vĂ©ri
fi
er une telle âfonction de consom-
mationâ III.1. Nous verrons ensuite en quoi cette thĂ©orie est limitative en examinant deux
autres théories de la consommation : la théorie du revenu permanent de Milton Friedman
(prix Nobel en 1976) et la théorie du cycle de vie de Modigliani (prix Nobel en 1985) III.2.
Nous donnerons en
fi
n quelques élements empiriques permettant de comparer les mérites
respectifs des di
ïŹ
érentes théories.III.3.
Charges
Produits
Consommation intermédiaires
100
Chi
ïŹ
re dâa
ïŹ
aires
210
Salaires et charges salariales
70
Ammortissements
15
Charges
fi
nanciĂšres
15
Dividendes
5
Bene
fi
ce réinvestit
5
Total charges
210
210
Tab.
1.1: Compte de résultat
11
III.1
La consommation dépend du revenu courant
Dans le cadre dâune reprĂ©sentation macroĂ©conomique du court moyen terme oĂč nous
négligeons les interactions intertemporelles, nous postulons que :
La consommation totale des ménages
C
est dâautant plus importante
que le revenu quâils ont instantanĂ©ment Ă leur disposition
Y
d
est
important.
Un tel postulat semble
a priori
logique. Il conduit à dé
fi
nir la fonction de consomma-
tion agrégée comme une fonction du revenu disponible des ménages. Soit
Y
d
ce revenu
disponible et
C
la consommation agrégée, on a alors
C
=
C
ÂĄ
Y
d
Âą
oĂč
C
(
.
)
est une fonction
croissante que lâon dĂ©nomme la
fonction de consommation
. Cette représentation macroé-
conomique est toutefois trĂšs simpli
fi
catrice et pose (au moins) trois questions que lâon va
aborder successivement :
1. Que représente qualitativement et quantitativement ce revenu disponible
Y
d
que les
ménages ont instantanément à leur disposition ?
2. Quel est la forme de cette relation ?
3. Comment la composition du revenu disponible des ménages entre salaires et pro
fi
ts
peut in
fl
uencer sur la fonction de consommation ?
Que représente
Y
d
?
Y
d
représente
a priori
le revenu disponible des ménages. Or,
dâaprĂšs la 3
eme
dé
fi
nition du produit intérieur brut, celui-ci représente également la somme
des revenus distribuĂ©s dans lâĂ©conomie au cours dâune pĂ©riode donnĂ©e. On sâattend donc Ă
ce que
Y
d
=
Y
. Ceci nâest pas tout Ă fait exact car une partie de ces revenus est prelevĂ©e
par lâEtat pour
fi
nancer ses dépenses publiques
G
. Soit
T
le montant des prélÚvements de
lâEtat, le revenu disponible des mĂ©nages vĂ©ri
fi
e alors :
Y
d
=
Y
â
T
Il est Ă noter que
G
reprĂ©sente les dĂ©penses publiques de lâEtat, câest-Ă -dire la somme
de biens et services
fi
naux achetĂ©s par lâEtat (en rĂ©alitĂ© lâEtat central, les collectivitĂ©s
locales et la sécurité sociale) pour sa consommation et ses investissements. Cela signi
fi
e
que les ârevenus de transfertsâ (prestations sociales, allocations familiales, de chĂŽmage ou
de retraites, ...) ne sont pas inclus dans la variable
G
. En e
ïŹ
et, ces revenus sont issus dâim-
pÎts, de taxes et de cotisations sociales prélevés sur certains ménages et entreprises pour
ĂȘtre directement reversĂ©s Ă dâautres mĂ©nages. Ainsi, les cotisations sociales Ă lâassurance
chĂŽmage sont elles directement reversĂ©es aux chĂŽmeurs indemnisĂ©s par lâUNEDIC, organi-
sant par la mĂȘme un transfert de revenus des travailleurs employĂ©s vers certains chĂŽmeurs.
De mĂȘme les cotisations sociales
fi
nançant les di
ïŹ
érents régimes de retraites constituent
des transferts des actifs vers les retraités, etc. Pour déterminer le revenu disponible des
ménages il faut donc ne considérer que les
prĂ©lĂšvements de lâEtat net de ces revenus
de transferts
. Câest cette variable qui est reprĂ©sentĂ©e par
T
. Les ménages peuvent alors
allouer leur revenu entre la consommation
C
et lâĂ©pargne
S
(Savings) si bien que :
S
=
Y
d
â
C
=
Y
â
T
â
C
12
Quel est la forme de la fonction
C
ÂĄ
Y
d
Âą
?
JusquâĂ prĂ©sent nous avons simplement
postulé une relation croissante entre le revenu disponible des ménages et leur consom-
mation agrégée. Or, il y a peu de chance pour que cette relation soit linéaire. Pour bien
comprendre ce point nous allons dé
fi
nir deux notions. La
propension moyenne Ă consom-
mer
et la propension marginale Ă consommer.
La propension moyenne à consommer se dé
fi
nit simplement par
pM C
=
C
Y
d
Il sâagit donc du nombre moyen dâunitĂ©s de consommation par unitĂ© de revenu disponible.
Ainsi en France, la consommation représente envion
4
/
5
du revenu des ménages, ce qui
signi
fi
e que la propension moyenne Ă consommer le revenu est de lâordre de
0
,
8
.
ConnaĂźtre la propension moyenne Ă consommer revient Ă connaĂźtre le taux dâĂ©pargne
des ménages. Celui-ci correspond en e
ïŹ
et à la part du revenu des ménages qui est épargné.
Nous avons ainsi
Taux dâĂ©pargne
=
S
Y
d
=
Y
d
â
C
Y
d
= 1
â
C
Y
d
= 1
â
propension moyenne Ă consommer
La
fi
gure 1.2 dĂ©crit alors lâĂ©volution du taux dâĂ©pargne en France de 1970 Ă nos jours.
AprĂšs avoir connu des niveaux Ă©levĂ©s aux alentours de 22% jusquâĂ la
fi
n des années 70,
le taux dâĂ©pargne a dĂ©cru de façon trĂšs importante dans les annĂ©es 80 pour reprendre
légÚrement depuis.
10
12
14
16
18
20
22
24
70
72
74
76
78
80
82
84
86
88
90
92
94
96
98
2000
Fig.
1.2: Le taux dâĂ©pargne en France de 1970 Ă nos jours. Source OCDE
La propension marginale à consommer est le nombre noté
pmC
tel que si le revenu
disponible des mĂ©nages augmente dâun montant
â
Y
d
âfaibleâ, la consommation augmente
dâun montant
â
C
=
pmC
·
â
Y
d
. Aussi :
pmC
=
â
C
â
Y
d
=
C
ÂĄ
Y
d
+
â
Y
d
Âą
â
C
ÂĄ
Y
d
Âą
â
Y
d
=
C
0
Âł
Y
d
ÂŽ
13
De mĂȘme que la productivitĂ© marginale du travail ne coĂŻncidait pas avec la productivitĂ©
moyenne du travail, la propension marginale Ă consommer ne coĂŻncide pas avec la propen-
sion moyenne à consommer le revenu. On en déduit la propension marginale à épargner
par :
pmS
=
â
S
â
Y
d
=
â
Y
d
â
â
C
â
Y
d
= 1
â
pmC
On peut alors se demander comment Ă©voluent propensions moyennes et marginales Ă
consommer lorsque le revenu augmente. Câest prĂ©cisĂ©ment pour rĂ©pondre Ă cette question
que Keynes Ă©nonce dans la
Théorie générale
(1936) ce quâil appelle âla loi psychologique
fondamentaleâ. Selon Keynes
âLa loi psychologique fondamentale sur laquelle nous pouvons nous appuyer
en toute sécurité, à la fois
a priori
en raison de notre connaissance de la
nature humaine, mais aussi
a posteriori
en raison des enseignements détaillés de
lâexpĂ©rience, câest quâen moyenne et la plupart du temps, les hommes tendent
Ă accroĂźtre leur consommation Ă mesure que leur revenu croĂźt, mais non dâune
quantitĂ© aussi grande que lâaccroissement du revenu.â
Cela signi
fi
e dâune part que la fonction de consommation est bien croissante, câest Ă dire
que la propension marginale Ă consommer est positive. Mais dâautre part, lâaccroissement
de la consommation est infĂ©rieur Ă lâaccroissement du revenu, câest Ă dire que la propension
marginale à consommer est inférieure à 1. On en déduit alors une hypothÚse fondamentale
dans toute lâanalyse keynĂ©sienne :
0
< pmC <
1
Il est Ă noter que la consĂ©quence de cette loi, câest que
lâĂ©pargne est Ă©galement une
fonction croissante du revenu disponible
. En e
ïŹ
et :
C
+
S
=
Y
d
â
â
S
+
â
C
=
â
Y
d
â
â
S
= (1
â
pmC
)
â
Y
d
â
0
< pmS <
1
Cela signi
fi
e que plus les revenus sont importants, plus lâĂ©pargne des mĂ©nages augmente.
Cette propriĂ©tĂ© de la fonction dâĂ©pargne apparaĂźtra essentielle dans la section I.
Quels sont les fondements dâune telle âloiâ ? Keynes Ă©voque sa connaissance de la
nature humaine ou de lâexpĂ©rience accumulĂ©e. Or, comme nous le verrons plus bas, les
faits empiriques sont plutĂŽt en dĂ©faveur dâune telle interprĂ©tation en dehors du court
terme.
Une interprĂ©tation possible est quâil existerait un niveau de
consommation incompres-
sible
,
C
0
nécessaire à la survie des ménages. Tout revenu supplémentaire ne serait alors
quâen partie consommĂ©, le reste Ă©tant Ă©pargnĂ©. Une spĂ©ci
fi
cation a
ïŹ
ne de la fonction de
consommation correspondrait alors Ă la âloiâ de Keynes
C
=
C
0
+
a
·
Y
d
avec
0
< a <
1
(1.1)
Il est toutefois à noter que cette spéci
fi
cation reste compatible avec la loi psychologique,
mĂȘme avec
C
0
= 0
. On aurait alors une spéci
fi
cation linéaire (et non a
ïŹ
ne) dans laquelle,
propensions moyenne et marginale à consommer coïncideraient. Pour les Keynésiens, les
14
ordres de grandeur de la propension marginale Ă consommer (le paramĂštre
a
) seraient de
0
,
7
â
0
,
8
.
Nous verrons toutefois dans la section III.2 que la spéci
fi
cation a
ïŹ
ne donnée dans
lâĂ©quation (1.1) peut avoir des justi
fi
cations beaucoup plus robustes et cohérentes que les
explications fournies par Keynes.
Comment la composition du revenu disponible des ménages entre salaires et
pro
fi
ts peut in
fl
uencer la fonction de consommation ?
Toutefois, Ă lâintĂ©rieur de
la théorie keynésienne, un ra
ïŹ
nement intéressant de la fonction de consommation a été
proposĂ©. Des disciples de Keynes, tels Kaldor, Robinson ou Pasinetti vont considĂ©rer Ă
lâinstar de la tradition marxiste quâil y a deux catĂ©gories dâagents dans lâĂ©conomie. Ceux
qui ne vivent que de leur travail (les travailleurs) et ceux qui ne vivent que des pro
fi
ts
des entreprises (les capitalistes). Or, dans la continuités des intuitions de Keynes et de
Marx, les travailleurs ont a priori des revenus plus faibles que les capitalistes. Or, dans la
logique keynĂ©sienne, un mĂ©nage aurait une propension marginale Ă consommer dâautant
plus forte (et donc une propension marginale Ă Ă©pargner dâautant plus faible) que son
revenu disponible est modĂ©rĂ©. Cette relation formaliserait lâintuition selon laquelle plus
un ménage est dans une situation précaire, moins il envisage sa situation future au pro
fi
t
de sa consommation présente, et donc plus sa propension marginale à consommer serait
importante. Aussi, les travailleurs devraient globalement avoir une propension marginale
Ă consommer plus importante que les capitalistes.
Pour bien comprendre les consĂ©quences de lâintroduction dâune telle distinction, notons
C
W
(
W
)
la fonction de consommation des travailleurs
C
Î
(
Î
)
la fonction de consommation
des capitalistes. On note
W
les revenus salariaux totaux et
Î
les pro
fi
ts. On a :
W
+
Î
=
Y
d
=
Y
â
T
et
C
=
C
W
+
C
Î
Supposons que les capitalistes aient une propension marginale Ă consommer plus faible
que les travailleurs. Cela sign
fi
e que
0
< pmC
Î
< pmC
W
<
1
Une telle hypothĂšse correspond Ă lâidĂ©e que les pro
fi
ts sont davantage épargnés que les
salaires.
Dans ce cas, une mĂȘme augmentation du revenu disponible des mĂ©nages ne se traduira
pas par la mĂȘme augmentation de la consommation agrĂ©gĂ©e selon quâelle bĂ©nĂ©
fi
cie aux
capitalistes ou aux travailleurs. Ainsi
â
C
=
pmC
W
·
â
W
+
pmC
Î
·
âÎ
â
€
pmC
Î
·
â
Y, pmC
W
·
â
Y
ÂŁ
La conclusion de tout ceci est le revenu disponible ne serait pas le seul déterminant de la
consommation agrégée des ménages, la répartition du revenu disponible entre les di
ïŹ
Ă©rents
ménages ayant également une importance cruciale. En particulier,
Un déplacement de cette répartition en faveur des travailleurs et
en défaveur des capitalistes modi
fi
erait profondément la fonction
de consommation en augmentant substantiellement la propension
marginale à consommer au niveau agrégé.
15
III.2
Les théories du revenu permanent et du cycle de vie
Dans la section prĂ©cĂ©dente, nous avons considĂ©rĂ© que la consommation et lâĂ©pargne
ârĂ©pondentâ de façon directe et automatique aux variations de revenus. Or une telle au-
tomaticitĂ© nâa rien dâĂ©vident en pratique. Plus prĂ©cisĂ©ment, les mĂ©nages disposent dâun
certain montant de revenu quâils peuvent Ă©pargner ou consommer. Or il semble hĂ©roĂŻque
de prétendre expliquer les comportements de consommation sans tenir compte en parallÚle
des comportements dâĂ©pargne.
Si on adopte une dĂ©marche plus rĂ©aliste, lâĂ©pargne reprĂ©sente
une consommation
di
ïŹ
érée dans le temps
et non un résidu de revenu qui serait thésaurisé comme pourrait
laisser croire la fonction de consommation keynésienne. Aussi, pour expliquer la consom-
mation
à un moment donné
des ménages, il faudrait tenir compte de leurs
revenus
sur lâensemble de leur vie
et non simplement de leurs
revenus courants
.
Adoptons une telle perspective et interrogeons-nous pour savoir pourquoi les individus
épargnent. Une premiÚre explication résiderait dans la
variabilité des revenus
. Si les
individus ont des besoins de consommation constants dans le temps, alors que leurs revenus
varient au gré des
fl
uctuations Ă©conomiques ou boursiĂšres, ils chercheraient Ă âlisserâ leur
consommation dans le temps en épargnant quand leurs revenus sont particuliÚrement élevés
et en désépargnant dans le cas contraire.
Friedman a utilisé les outils de la microéconomie intertemporelle pour formaliser cette
idée. Sous certaines conditions techniques (que nous ne détaillerons pas ici), il montre
quâun mĂ©nage cherche Ă avoir un niveau de consommation constant dans le temps. Par
consĂ©quent, la consommation Ă un moment donnĂ© devrait ĂȘtre Ă©gale au niveau maximal qui
serait permis par la richesse
fi
nanciÚre préalablement accumulée, le revenu courant et tous
les revenus futurs anticipés. Sa consommation sera alors égale à son revenu permanent.
C
=
Y
permanent
Celui-ci se dé
fi
nit de la maniĂšre suivante :
Le revenu permanent est le revenu maximum consommable de
façon constante dans le temps étant donné la richesse accumulée dans
le passé, les revenus courants et tous les revenus futurs anticipés.
En consommant progressivement la richesse accumulée, en tenant compte des revenus
futurs mais aussi des besoins futurs, un consommateur va donc répartir tous ses revenus
disponibles en Ă©pargnant dans les pĂ©riodes qui sont fastes pour lui et en âdĂ©sĂ©pargnantâ,
voire, en empruntant, dans les périodes moins favorables.
Il y a une façon trÚs simple (voire simpliste, mais nous nous en contenterons...) de tenir
compte de la conception Friedmanienne de la consommation Ă lâintĂ©rieur de la spĂ©ci
fi
cation
a
ïŹ
ne de la fonction de consommation (1.1). Câest de considĂ©rer que le paramĂštre
C
0
correspond justement aux déterminants du revenu permanent autres que le revenu courant
(et non Ă la consommation incompressible). Le paramĂštre
C
0
dépendrait alors
1.
de la quantitĂ© dâactifs
fi
nanciers accumulés,
dans le passé
2.
de la moyenne pondérée (actualisée) des revenus futurs anticipés
pour le
futur.
Ainsi, la consĂ©quence dâune crise sur les marchĂ©s des actions serait une dĂ©valorisation
des actifs
fi
nanciers accumulĂ©s que lâon pourrait apprĂ©hender dans notre modĂ©lisation par
une diminution du paramĂštre
C
0
.
16
Mais, il y a alors une autre consĂ©quence, câest que si le revenu courant nâest quâun
dĂ©terminant parmi dâautres de la consommation Ă travers la dĂ©termination du revenu
permanent,
la propension marginale Ă consommer serait beaucoup plus faible
que ce que les Keynesiens considéraient
. Au lieu que le paramĂštre
a
soit dâun ordre
de grandeur compris entre
0
,
6
Ă
0
,
8
, celui ci serait plus proche de ...
0
,
1
. Nous verrons
dÚs la section I en quoi ce débat a des conséquences importantes.
Les keynésiens ont objecté à la théorie Friedmanienne que cette théorie reposait sur le
fait que les mĂ©nages pouvaient librement et sans coĂ»t dĂ©placer des revenus dâune pĂ©riode
Ă une autre. En particulier, la thĂ©orie Friedmanienne suppose quâil nây a pas dâobstacle Ă
lâemprunt. Câest ce que lâon appelle dâun point de vue thĂ©orique, lâhypothĂšse de marchĂ©s
fi
nanciers parfaits. Or une telle hypothĂšse est loin dâĂȘtre rĂ©aliste. En particulier, les pos-
sibilitĂ©s dâemprunter (de dĂ©sĂ©pargner) ou de placer de lâargent sont souvent trĂšs rĂ©duites
pour les mĂ©nages les plus modestes. Une telle objection nâest pas dĂ©nuĂ©e de fondements, si
bien quâil est raisonnable de penser que la vĂ©ritĂ© doit ĂȘtre quelque part entre les thĂ©ories
du revenu courant et les thĂ©ories du revenu permanent. Toutefois, lâĂ©volution des marchĂ©s
fi
nanciers avec le dĂ©veloppement dâoutils de plus en plus variĂ©s rend cette critique sans
doute moins pertinente. Dâautant plus que la montĂ©e des incertitudes sur les marchĂ©s
fi
-
nanciers accroĂźt probablement les dĂ©sirs des mĂ©nages de sâassurer contre les alĂ©as de la
conjoncture. La conséquence pour nous est de considérer que la fonction de consommation
1.1 peut nĂ©anmoins ĂȘtre rĂ©aliste, mais en considĂ©rant un coe
ïŹ
cient
a
plus faible que ce
quâenvisageaient les keynĂ©siens.
Modigliani a énoncé une théorie proche de la théorie Friedmanienne. Selon lui, les
mĂ©nages Ă©pargneraient dans leur pĂ©riode dâĂąge active pour se constituer des rĂ©serves quâils
consommeraient une fois à la retraite. Une conséquence de cette théorie est que lorsque les
générations du baby-boom entreront en retraite, les ménages de cette génération restant
particuliĂšrement nombreux, on doit sâattendre Ă une chute massive de lâĂ©pargne, chute
renforcée par les incertitudes sur les régimes de retraites. A notre niveau, cela signi
fi
e
que le paramĂštre
C
0
devrait également dépendre de la structure démographique de la
population.
Il existe en
fi
n un dernier motif au dĂ©sir des mĂ©nages dâĂ©pargner. Il sâagit de la volontĂ©
des ménages de se constituer un matelas pour se prémunir contre les risques de perte de
revenus. Câest la thĂ©orie de lâĂ©pargne de prĂ©caution. Cela signi
fi
erait quâune augmentation
du chĂŽmage devrait se traduire par une baisse de
C
0
. Toutefois, les outils modernes de la
microĂ©conomie ont permis de montrer quâil faut des conditions assez prĂ©cises pour quâune
augmentation du risque de revenu (un revenu plus incertain) se traduise par une hausse du
chĂŽmage. La remontĂ©e des taux dâĂ©pargne en France (cf.
fi
gure 1.2) au début des années
90 pourrait toutefois ĂȘtre expliquĂ©e par de telles incertitudes.
III.3
Eléments empiriques
Dans la section prĂ©cĂ©dente, nous avons vu lâexistence de deux thĂ©ories rivales pour
reprĂ©senter au niveau macroĂ©conomique la consommation des mĂ©nages. Il y a dâune part
la thĂ©orie keynĂ©sienne du revenu courant, et dâautre part, la thĂ©orie Friedmanienne du
revenu permanent. Comment discriminer entre ces deux théories ?
Examinons tout dâabord lâĂ©volution conjointe de la consommation agrĂ©gĂ©e des mĂ©nages
et du PIB en France de 1963 Ă 2000 (cf. Figure 1.3). On sâaperçoit que ces deux variables
17
semblent liées par une relation linéaire trÚs forte. De plus, le paramÚtre
C
0
qui repré-
senterait le mieux cette relation a un ordre de grandeur extrĂȘmement faible (de lâordre
de
35 915
F
soit
1%
de lâordre de grandeur de la consommation moyenne). La thĂ©orie
du revenu permanent de Friedman serait alors véri
fi
Ă©e si lâon considĂšre que le revenu des
ménages en France représente en moyenne
55
.
34%
du PIB.
Pourtant, lorsque lâon compare, non plus
les niveaux
de PIB et de consommation
mais
leurs variations
(cf. Figure 1.4), on constate que les variations Ă court terme de
la consommation
C
et du PIB
Y
restent étroitement corrélées, mais avec un coe
ïŹ
cient
a
beaucoup plus faible que lâunitĂ©. Cela signi
fi
erait que la théorie keynésienne aurait une
certaine pertinence Ă court terme avec un paramĂštre
a
de lâordre de
0
,
7
'
0
.
3808
/
0
,
5534
,
si lâon considĂšre que la part du revenu disponible des mĂ©nages dans le PIB
Y
d
/Y
est restée
constante et Ă©gale Ă
55
,
34%
au cours de la période. Toutefois, le paramÚtre
C
0
pourrait trĂšs
bien sâinterprĂ©tĂ© comme un terme de retard correspondant Ă un e
ïŹ
et richesse des revenus
accumulĂ©s. Celui-ci varierait alors dans le temps au fur et Ă mesure de lâaccumulation de
richesses des ménages.
63
64
65
66
67
68
69
70
71
72
7374
75
76
77
78
7980
81
82
8384
85
86
87
88
89
909192
9394
9596
97
98
99
2000
y = 0,5534x + 359
1 500 000
2 000 000
2 500 000
3 000 000
3 500 000
4 000 000
4 500 000
5 000 000
2 500 000
3 500 000
4 500 000
5 500 000
6 500 000
7 500 000
8 500 000
9 500 000
PIB
Consommation des ména
Fig.
1.3: La fonction de consommation de long terme en France. Source OCDE
IV
La fonction dâinvestissement
I
(
r
)
Lâinvestissement est une dĂ©pense aujourdâhui en vue dâun pro
fi
t futur.
Pour les entreprises, cela consiste Ă acheter aujourdâhui de nouvelles machines, locaux,
licences, participations
fi
nanciĂšres, a
fi
n dâaccroĂźtre leur productivitĂ© et dâengranger davan-
tage de pro
fi
ts dans le futur.
Pour les mĂ©nages, il sâagit dâachat de biens immobiliers.
Dans le cadre de ce cours, on ne sâinteressera quâĂ lâinvestissement des entreprises que
lâon notera
I
.
Au niveau macroĂ©conomique, lâinvestissement aujourdâhui est donc dâautant plus Ă©levĂ©
que :
â On espĂšre des dĂ©bouchĂ©s Ă©levĂ©s pour le futur.
18
y = 0,3808x + 238
R
2
= 0,5541
-40 000
-20 000
0
20 000
40 000
60 000
80 000
100 000
120 000
140 000
160 000
180 000
-100000
-50000
0
50000
100000
150000
200000
250000
300000
350000
â
consommatio
â
PIB
Fig.
1.4: La fonction de consommation de court terme en France. Source OCDE
â Le coĂ»t aujourdâhui de lâinvestissement nâest pas trop Ă©levĂ©. Cela signi
fi
e en particu-
lier que :
â Il nâest pas trop coĂ»teux dâemprunter. Lâinvestissement Ă un moment donnĂ©
devrait donc ĂȘtre dâautant plus faible que les taux dâintĂ©rĂȘt pratiquĂ©s par les
banques sont élevés.
â Investir dans les capacitĂ©s de production nâest pas moins rentable que de placer
les mĂȘmes fonds
fi
nanciers sur les marchés
fi
nanciers. Cela signi
fi
e par consé-
quent que lâinvestissement Ă un moment donnĂ© devrait donc ĂȘtre dâautant plus
faible que les taux de rendements sur les marchés
fi
nanciers sont élevés.
En résumé, on devrait avoir
I
=
I
”
Y
t
+
1
+
, r
â
¶
En réalité, dans la perspective de court-moyen terme adopté dans ce cours, on néglige
les interactions temporelles. Dans un souci de simplicité, on considÚre que
Y
t
+
1
nâest pas
a
ïŹ
ectĂ© par le contexte macroĂ©conomique dâaujourdâhui.
On considĂšrera alors une fonction dâinvestissement de la forme :
I
=
I
0
â
b
·
r
I
0
>
0
b >
0
Avec cette formulation, lâinvestissement dĂ©pend de deux paramĂštres.
1. Le premier est le taux dâintĂ©rĂȘt
r
. Pour les raisons que nous avons invoqués, on
suppose que âtoutes choses Ă©gales par ailleursâ, lâinvestissement est dâautant plus
Ă©levĂ© que le taux dâintĂ©rĂȘt
r
est faible. Le paramĂštre
b >
0
représente alors le degré
de sensibilitĂ© de lâinvestissement au taux dâintĂ©rĂȘt.
2. Il y a ensuite le paramĂštre
I
0
. Celui représente tous les autres facteurs in
fl
uançant
le niveau de lâinvestissement, et en particulier, la con
fi
ance des entreprises dans les
perspectives futures de lâĂ©conomie.
Empiriquement, cela nâest pas trop Ă©loignĂ© de la rĂ©alitĂ©, ainsi que le suggĂšre la
fi
gure
1.5.
19
64
65
66
67
68
69
70
71
72
73
74
75
76
77
78
79
80
81
82
83
84
85
86
87
88
89
90
91
92
93
94
95
96
97
98
99
2000
y = -0,8778x + 0,13
R
2
= 0,4118
-5%
-4%
-3%
-2%
-1%
0%
1%
2%
3%
4%
5%
6%
7%
8%
8,00%
9,00%
10,00%
11,00%
12,00%
13,00%
14,00%
15,00%
I / K
Taux d'intéret ré
Fig.
1.5: La relation Investissement - Taux dâintĂ©rĂȘt rĂ©el en France 1964-1997
20
Chapitre 2
Le marché du travail
Dans ce chapitre, nous parlerons du marché du travail. Nous commencerons par une
description factuelle de la position des ménages sur le marché du travail (section I). Nous
nous intéresserons ensuite aux déterminants du comportement des entreprises en matiÚre
dâemploi (section II).
I
Emploi chÎmage et inactivité
DâaprĂšs le BIT (Bureau international du Travail), une personne en Ăąge de travailler
peut se retrouver dans trois situations di
ïŹ
Ă©rentes : lâemploi, le chĂŽmage et lâinactivitĂ© (au
sens du marchĂ© du travail). Pour quâune personne sans emploi soit comptabilisĂ©e comme
chĂŽmeur au sens du BIT il faut quâelle recherche activement un emploi et quâelle soit
disponible pour en occuper un. Ainsi, les femmes au foyer, les étudiants, les retraités et les
chÎmeurs découragés sont-ils généralement comptabilisés comme inactif au sens du BIT.
La population active correspond alors Ă la somme des chĂŽmeurs et des actifs occupĂ©s (câest
Ă dire aux personnes ayant un emploi) (cf. Figure 2.1).
EMPLOI
CHĂMAGE
Personnes Ă la
recherche dâun
emploi et
disponibles
pour en occuper un
INACTIVITE
POPULATION ACTIVE
POPULATION
INACTIVE
Fig.
2.1: La répartition de la population entre Emploi, chÎmage et inactivité selon le BIT.
Le taux de chĂŽmage correspond au rapport entre le nombre de chĂŽmeurs et le nombre
dâactifs. Le taux dâemploi se calcule en faisant le rapport entre le nombre dâemplois et
le nombre de personnes en Ăąge de travailler (au niveau de lâOCDE, câest le nombre de
21
personnes ùgées entre 15 et 64 ans). En
fi
n le taux de participation (ou taux dâactivitĂ©)
correspond Ă la part de la population active (câest Ă dire le nombre dâemploi plus le nombre
de chĂŽmeurs) dans la population en Ăąge de travailler. On a alors les formules :
Taux de chĂŽmage
=
nb de chĂŽmeurs
nb dâactifs
Aussi :
1
â
Taux de chĂŽmage
=
nb dâemplois
nb dâactifs
Par ailleurs :
Taux de participation
=
nb dâactifs
nb de personnes en Ăąge de travailler
Aussi :
Taux de participation
=
nb dâemplois
+
nb de chĂŽmeurs
nb de personnes en Ăąge de travailler
En
fi
n :
Taux dâemploi
=
nb dâemplois
nb de personnes en Ăąge de travailler
Une simple rĂšgle de trois permet de retrouver que
Taux dâemploi
= (1
â
Taux de chĂŽmage
)
Ă
Taux de participation
Ainsi, les personnes qui sortent des statistiques du chĂŽmage (par exemple parce quâelles
arrĂȘtent de chercher un emploi ou quâelles sont perçues comme telles) font diminuer le taux
de chĂŽmage mais ne changent pas le taux dâemploi.
Il y a alors en France 3 sources de statistiques du chĂŽmage. Chacune de ces sources
correspond à une dé
fi
nition et un mode de calcul qui lui est propre.
â LâINSEE se base sur les critĂšres de BIT pour dĂ©terminer les nombres de chĂŽmeurs,
dâactifs occupĂ©s et dâinactifs. Pour cela elle a recours Ă lâenquĂȘte emploi qui interroge
directement un certain nombre de mĂ©nages. Lâavantage de cette mĂ©thode est de
fournir des chi
ïŹ
res qui permettent des comparaisons internationales car sâappuyant
sur une dé
fi
nition commune du chĂŽmage. LâINSEE estime ainsi que le nombre de
chĂŽmeurs en mars 2003 est dâenviron
2 685 000
personnes, soit un taux de chĂŽmage
au sens du BIT de 9.0% (en données corrigées des variations saisonniÚres).
1
â LâANPE recense toutes les personnes dĂ©clarant ĂȘtre Ă la recherche dâun emploi Ă
temps plein et à durée indéterminée ayant éventuellement exercé une activité oc-
casionnelle ou rĂ©duite dâau plus 78 heures dans le mois. Câest le chi
ïŹ
re publié par
les médias tous les mois. En mai 2003, il y avait
2 404 200
chĂŽmeurs au sens de
lâANPE
2
. Ce chi
ïŹ
re di
ïŹ
Ăšre de celui de lâINSEE car les critĂšres dâentrĂ©e Ă lâANPE
ne sont pas les mĂȘmes que les critĂšres du BIT utilisĂ©s par lâINSEE (et par lâOCDE).
1
Voir http ://www.insee.fr
2
Voir http ://www.travail.gouv.fr/etudes/etudes_i.html
22
En e
ïŹ
et, pour ĂȘtre considĂ©rĂ© comme chĂŽmeur au sens du BIT, il ne faut pas avoir
travaillĂ©, ne serait ce quâune heure, au cours de la semaine prĂ©cĂ©dant lâenquĂȘte. En
revanche occuper un emploi de moins de 78 heures par mois (soit environ 20 h par se-
maine) et déclarer rechercher un emploi à temps plein su
ïŹ
t pour que lâANPE comp-
tabilise comme chĂŽmeur. En revanche, lâINSEE recense les demandeurs dâemploi en
CDD ou Ă temps partiel, ce que nâindique pas lâANPE. En
fi
n, lâINSEE comptabilise
les demandeurs dâemploi qui ne sâinscrivent pas Ă lâANPE.
â La troisiĂšme source de statistiques est fournie par lâUNEDIC qui est lâorganisme en
charge de lâindemnisation des chĂŽmeurs. En juin 2003, il y avait
2 438 100
chĂŽmeurs
indemnisés dont
2 020 100
au titre de lâassurance chĂŽmage et
418 100
au titre des
rĂ©gimes de solidaritĂ© (essentiellement lâallocation de solidaritĂ© spĂ©ci
fi
que)
3
. Parmi
ces chÎmeurs indemnisés, un peu moins de 400000 personnes était dispensées de
recherche dâemploi (la cause principale Ă©tant leur Ăąge au-delĂ des 57.5 ans voire pour
certains des 55 ans). Cela signi
fi
e que dans ce contingent de chÎmeurs indemnisés, on
trouve des personnes que lâon doit considĂ©rer comme inactives au regard des critĂšres
du BIT. Par ailleurs, il y a également des personnes considérées comme au chÎmage
par les critĂšres du BIT et qui ne sont pas dans ces chi
ïŹ
res : ce sont les chĂŽmeurs
non indemnisés ainsi que les béné
fi
ciaires du RMI. Le RMI est en e
ïŹ
et versé par les
caisses dâallocations familiales et non par lâUNEDIC.
La
fi
gure
??
donne alors lâĂ©volution de lâemploi du chĂŽmage et de lâinactivitĂ© en France
(dâaprĂšs les critĂšres du BIT) de 1956 Ă 2001. On voit ainsi comme a Ă©voluĂ© la rĂ©partition
de la population en ùge de travailler (dé
fi
nie par lâOCDE comme Ă©tant la population ĂągĂ©e
de plus de 15 ans).
Les taux dâactivitĂ© ont fortement diminuĂ© jusquâen 1968 pour se stabiliser ensuite. Câest
la consĂ©quence de lâallongement gĂ©nĂ©rale de la durĂ©e des Ă©tudes. On constate toutefois une
baisse du taux dâactivitĂ© de 1973 Ă 1993 qui sâexplique en partie par lâaccroissement du
nombre de chÎmeurs découragés. Ceci se con
fi
rme par la hausse spectaculaire de lâactivitĂ©
de 1995 Ă 2001 accompagnant la reprise de lâemploi. Ainsi, il y a deux phĂ©nomĂšnes qui
peuvent in
fl
uencer le nombre de chĂŽmeurs. Il y a dâune part le niveau de lâemploi et dâautre
part le nombre dâinactifs. Dans les faits, on constate que les taux dâactivitĂ© semblent trĂšs
sensibles aux
fl
uctuations conjoncturelles, traduisant ainsi le phénomÚne de
fl
exion des
taux dâactivitĂ©.
Le tableau 2.1 indique ensuite que le non-emploi est un phénomÚne qui ne frappe
pas la population de façon homogÚne. Par exemple, les femmes connaissent des taux de
chÎmage plus élevés que les hommes. De plus, elles sont moins souvent actives. Le résultat
est une di
ïŹ
Ă©rence accrue en matiĂšre de taux dâemploi. On peut donc supposer que ce
phĂ©nomĂšne dâaccentuation est dĂ» Ă un phĂ©nomĂšne de dĂ©couragement et dâautocensure
dans la recherche dâemploi des personnes les plus exposĂ©es au chĂŽmage. On retrouve ce
phénomÚne dans les chi
ïŹ
res concernant les niveaux dâĂ©ducation. Les personnes les plus
diplÎmées sont à la fois celles qui connaissent le taux de chÎmage le plus bas et celles qui
connaissent le taux dâactivitĂ© le plus Ă©levĂ©. Toutefois, les inĂ©galitĂ©s liĂ©es Ă lâĂąge obĂ©issent Ă
une autre histoire. Le taux dâemploi est le plus faible chez les plus jeunes et les plus ĂągĂ©s.
Mais chez les plus jeunes, cela se traduit par un fort taux de chÎmage, dû à un phénomÚne
de â
fi
le dâattenteâ sur le marchĂ© du travail, qui incite les jeunes Ă allonger leurs Ă©tudes et
à retarder leur entrée sur le marché du travail. On retrouve alors le phénomÚne précédent.
3
Voir http ://www.assedic.fr/unistatis/
23
58%
60%
62%
64%
66%
68%
70%
72%
1956
1960
1964
1968
1972
1976
1980
1984
1988
1992
1996
2000
Inactivité
ChĂŽmage
Emploi
Fig.
2.2: Emploi - chÎmage et Inactivité en France. Source OCDE
Pour les personnes les plus ùgées, le taux de chÎmage est trÚs faible car le non emploi se
traduit en France pour ces personnes par la sortie de lâactivitĂ© Ă travers les dispositifs de
préretraites.
DerriĂšre ces chi
ïŹ
res sur les niveaux dâemplois, il faut Ă©galement tenir compte de lâim-
portance des
fl
ux (cf. tableau 2.2). Ainsi,
1
emploi sur
5
est en moyenne créé ou détruit.
Les taux de création sont plus élevés et les taux de destruction plus faibles lorsque la
conjoncture sâamĂ©liore. En moyenne la part des crĂ©ations ou des destructions dâentreprises
dans les crĂ©ations dâemploi est de 35.9% et 36.7%.
Les causes dâentrĂ©e au chĂŽmage sont assez variĂ©es. LâANPE a recensĂ© quâen septembre
2002, sur les
502 898
nouveaux inscrits,
4%
sâinscrivaient Ă la suite dâun licenciement
Ă©conomique ou dâune
fi
n de convention de conversion,
6%
Ă la suite dâune dĂ©mission,
9
.
2%
dans le cadre dâun licenciement non Ă©conomique,
13
.
2%
dans le cadre dâune premiĂšre entrĂ©e
ou dâune reprise dâactivitĂ©, et
41
,
1%
Ă la suite dâune
fi
n de CDD ou de contrat dâintĂ©rim
4
.
Ainsi, la principale cause dâentrĂ©e au chĂŽmage nâest pas forcement la plus mĂ©diatique.
II
La demande de travail des entreprises
II.1
La fonction de production
ConsidĂ©rer les entreprises dans leurs diversitĂ©s rendrait lâanalyse de leur fonctionne-
ment global extrĂȘmement di
ïŹ
cile sans apporter dâĂ©lĂ©ments particuliĂšrement intĂ©ressant
pour la premiĂšre approche de la macroĂ©conomie ambitionnĂ©e dans ce cours. Câest pourquoi
lâhabitude consiste souvent Ă reprĂ©senter lâensemble des entreprises Ă travers la âfonction
4
Il reste
26
,
6%
pour les autres cas.
24
Taux de chĂŽmage
Taux dâactivitĂ©
Taux dâemploi
8.7 %
69,6 %
63,5 %
Hommes
7.2 %
75.7 %
70.2 %
Femmes
10.4 %
63.5 %
56.9 %
15-19 ans
6.6 %
8.6 %
23.2 %
20-24 ans
17.9 %
51.5 %
42.3 %
25-54 ans
8.1 %
86.3 %
79.3 %
55-59 ans
6.6 %
59.3 %
55.4 %
60-64 %
3.4 %
14.2 %
13.7 %
Pre-primary and primary education
11.1%
49.7%
44.1%
Lower secondary education
15.0%
54.1%
46.0%
Upper secondary education
7.9%
64.3%
59.2%
Supérieur
5.0%
90.5%
86.0%
Tab.
2.1: Les inegalités face au chÎmage
Taux de creation
Taux de destruction
RĂ©allocation
Croissance nette
1991
10.5
10.7
21.2
-0.2
1993
9.5
11.9
21.4
-2.6
1995
10.4
9.4
19.8
1.0
Tab.
2.2: Les
fl
ux sur le marché du travail
de production agrĂ©gĂ©eâ.
Y
=
F
(
L, K, A
)
F
0
i
>
0
oĂč
Y
indique le PIB,
L
indique la quantité de travail (mesuré en hommes, ou en heures
travaillées),
K
indique le capital (câest Ă dire lâensemble des machines, bĂątiments, ordina-
teurs, matériels, brevets) utilisé par les entreprises
5
et
A
est une variable indiquant lâĂ©tat
de la technologie. De ce point de vue, la fonction de production est une sorte de boite
noire permettant de simpli
fi
er grandement la réalité. Elle dit simplement que les entre-
prises peuvent produire dâautant plus de valeur ajoutĂ©e, câest Ă dire que le PIB est dâautant
plus important que les entreprises emploient globalement plus de travail, de machines, ou
que la technologie est plus avancée.
Une propriĂ©tĂ© usuelle de la fonction de production est quâĂ un moment donnĂ©, une
Ă©conomie ayant deux fois plus de travail et de capital puisse produire deux fois plus de
PIB. Ainsi :
2
·
Y
=
F
(2
·
K,
2
·
L, A
)
ou encore
λ
·
Y
=
F
(
λ
·
K,
λ
·
L, A
)
Câest la notion de
rendements constants
de la fonction de production.
Pourtant, au cours de ce semestre, on ne sâinteresse quâau court terme et au moyen
terme, câest Ă dire Ă des horizons temporels su
ïŹ
samment réduits pour considérer que
le capital nâait pas le temps dâĂȘtre modi
fi
é. Le parti pris est ici opposé aux théories de
5
Le capital en Ă©conomie correspond Ă un ensemble de facteurs / moyens de production. Alors quâen ges-
tion, en
fi
nance et dans le langage journalistique, cela correspond aux moyens
fi
nanciers mis Ă la disposition
dâune entreprises pour acquerir ces moyens de production. Dans le cours, seule la dĂ©
fi
nition Ă©conomique
sera retenue.
25
long terme de la croissance et du developpement qui adoptent les hypothĂšses inverses
(exogénéité du facteur travail et endogénéité du facteur capital).
La notion de
rendements décroissants
par rapport
au seul
facteur travail.
Exemple : Dans un bureau, avec un ordinateur, doubler le nombre de secrétaire sans
doubler le nombre dâordinateur fera moins que doubler la production, et ainsi de suite, ...
L
Y=
F(
L
)
Fig.
2.3: La notion de rendements décroissants du facteur travail.
On considÚre généralement que les rendements du seul facteur travail sont décroissants.
LâidĂ©e est que pour une mĂȘme quantitĂ© dâĂ©quipements, augmenter lâemploi augmente la
production, mais de moins en moins vite Ă cause des problĂšmes de congestion, de gĂȘne
croissante entre un plus grand nombre de salariĂ©s dans un mĂȘme espace et avec une mĂȘme
quantitĂ© dâĂ©quipements.
La productivité marginale du travail
La productivitĂ© marginale est un concept essentiel de lâĂ©conomie nĂ©o-classique : elle
mesure lâaccroissement Ă la marge de la production lorsque lâemploi est augmentĂ© de façon
marginale. Pour un niveau dâemploi
L
, la productivité marginale du travail est le nombre
P m
(
L
)
tel que si lâemploi augmente dâun âfaibleâ montant
â
L
, la production augmente
dâun montant
â
Y
=
P m
(
L
)
·
â
L
. Formellement :
P m
(
L
) =
f
(
L
+
â
L
)
â
f
(
L
)
â
L
pour
â
L
âtrĂšsâ petit. Ce concept correspond par consĂ©quent Ă la notion mathĂ©matique
de dérivée. Aussi :
P m
(
L
) =
F
0
(
L
)
De mĂȘme quâil est naturel de supposer que la fonction de production prĂ©sente des
rendements décroissants par rapport au facteur travail, il est logique de supposer que la
productivitĂ© marginale du travail est une fonction dĂ©croissante de lâemploi.
La productivité apparente du travail ou productivité moyenne du travail véri
fi
e :
P M
=
Y
L
26
L
Y=
F(
L
)
L
Productivité
moyenne
Productivité
marginale
Fig.
2.4: Productivités moyennes et marginales du travail
On voit alors que lâon a les propriĂ©tĂ©s suivantes :
â
0
< P m < P M
La productivitĂ© marginale du travail est positive mais infĂ©rieure Ă
la productivité moyenne.
â
P m
et
P M
sont des fonctions décroissantes de
L
Exemple la spéci
fi
cation Cobb-Douglas de la fonction de production :
Y
=
F
(
A, K, L
) =
A
·
K
1
â
α
·
L
α
Cette fonction de production a des
â rendements constants par rapport Ă
K
et
L
. En e
ïŹ
et :
F
(
A,
λ
·
K,
λ
·
L
) =
A
·
(
λ
·
K
)
1
â
α
·
(
λ
·
L
)
α
=
A
·
λ
1
â
α
+
α
·
K
1
â
α
·
L
α
=
λ
·
F
(
A, K, L
)
â Rendements dĂ©croissant par rapport au facteur travail
F
(
A, K,
λ
·
L
) =
A
·
K
1
â
α
·
(
λ
·
L
)
α
=
A
·
λ
α
·
K
1
â
α
·
L
α
=
λ
α
·
F
(
A, K, L
)
<
λ
·
F
(
A, K, L
)
si
λ
>
1
â ProductivitĂ© moyenne dĂ©croissante en
L
P M
=
A
·
K
1
â
α
·
L
α
â
1
=
A
”
K
L
¶
1
â
α
â ProductivitĂ© marginale dĂ©croissante en
L
F
0
(
L
) =
α
·
A
·
K
1
â
α
·
L
α
â
1
=
α
·
A
”
K
L
¶
1
â
α
=
α
·
P M
(
L
) =
α
Y
L
27
II.2
La demande de travail néo-classique
L
d
Âł
w
p
ÂŽ
: initiation au raison-
nement microéconomique
Le but est dâĂ©tudier le comportement des entreprises en gĂ©nĂ©ral au niveau macroĂ©co-
nomique dans le court et moyen terme.
Posons un certain nombre dâhypothĂšses
H1 :
La production (mesurée en valeur ajoutée)
Y
ne dĂ©pend que de la quantitĂ© dâemploi
L
selon la fonction de production
Y
=
F
(
L
)
.
(HypothĂšses de court terme ou de
moyen terme).
H2 :
La productivitĂ© marginale du travail est une fonction dĂ©croissante de lâemploi,
croissante des capacités de production.
(véri
fi
Ă©e par les faits empiriques)
.
H3
: Les entreprises maximisent leurs pro
fi
ts
(secteur privé à but lucratif. Mais peut
sâĂ©tendre Ă toutes les entreprises)
Î
=
p
·
Y
â
w
·
N
H4
: Elles considĂšrent quâelles ne peuvent pas agir ni sur les prix, ni sur les salaires. (
hypo-
thĂšses de concurrence pure et parfaite par opposition au monopole ou au monospone.
Mais robuste).
H5
: Elles nâont pas de problĂšmes de dĂ©bouchĂ©s.
Conséquence : les
fi
rmes ajustent lâemploi (H1) librement (H5) de façon Ă maximiser
le pro
fi
t (H3).
Augmenter lâemploi de
â
L
implique :
â une hausse des recettes (cf. H4) de
p
·
â
Y
=
p
·
P m
(
L
)
·
â
L
. Câest ce que lâon appelle
la recette marginale
Ă accroĂźtre lâemploi. En e
ïŹ
et, dâaprĂšs lâhypothĂšse H5, lâaccrois-
sement de la production
â
Y
=
P m
(
L
)
â
L
dĂ» Ă lâaugmententation de lâemploi
â
L
sera troujours vendue et entraßnera par conséquent toujours une augmentation des
ventes de
p
·
P m
(
L
)
·
â
L
.
Sur la
fi
gure 2.5, ce gain est une fonction dĂ©croissante du niveau dâemploi. En e
ïŹ
et,
lâhypothĂšse de rendements dĂ©croissants du facteur travail implique quâune mĂȘme
augmentation
â
L
du niveau de lâemploi augmente dâautant moins la production
que lâon part dâun niveau dâemploi Ă©levĂ©. Formellement, cela signi
fi
e que
P m
(
L
)
est
une fonction décroissante de
L
. Il en est alors de mĂȘme pour la recette marginale
p
·
P m
(
L
)
·
â
L
(hypothĂšses H2 (et H4)).
â Une hausse des coĂ»ts salariaux de
w
·
â
L
. Sur la
fi
gure 2.5, cette perte est indé-
pendante de lâemploi (hypothĂšse H4). Câest ce que lâon appelle
le coût marginal
Ă
accroĂźtre lâemploi.
Aussi :
âÎ
= (
p
·
P m
(
L
)
â
w
)
â
L
DĂ©
fi
nissons alors le niveau dâemploi
L
â
tel que
p
·
P m
(
L
) (
L
â
) =
w
.
â Pour
L < L
â
, le gain quâil y a Ă accroĂźtre lâemploi est plus Ă©levĂ© que la perte :
âÎ
= (
p
·
P m
(
L
)
â
w
)
+
â
L
En augmentant lâemploi de
â
L
Ă partir de
L < L
â
, lâentreprise augmente davantage
son chi
ïŹ
re dâa
ïŹ
aires
p
·
Y
que ses coûts salariaux
w
·
L
. Lâentreprise a donc intĂ©rĂȘt Ă
accroĂźtre lâemploi pour augmenter ses pro
fi
ts.
28
â Pour
L > L
â
, le gain quâil y a Ă accroĂźtre lâemploi est plus faible que la perte :
âÎ
= (
p
·
P m
(
L
)
â
w
)
â
â
L
En rĂ©duisant lâemploi de
â
L
, lâentreprise diminue davantage ses coĂ»ts salariaux que
son chi
ïŹ
re dâa
ïŹ
aires. Lâentreprise a donc intĂ©rĂȘt Ă rĂ©duire lâemploi pour augmenter
ses pro
fi
ts
p*PmL*
â
L
L
*
L
w
*
â
L
0
Fig.
2.5: Illustration du comportement de demande de travail des entreprises
Le niveau dâemploi optimal est donc
L
â
.
Examinons Ă prĂ©sent ce qui se passe lorsque le prix augmente, câest Ă dire lorsque
p
passe de
p
0
Ă
p
1
> p
0
. Le coût
marginal
reste inchangé tandis que la recette marginale
augmente. Le niveau dâemploi optimal passe alors de
L
â
0
Ă
L
â
1
(cf
fi
gure 2.6)
p
0
*PmL*
â
L
L
0
*
L
w
*
â
L
0
p
1
*PmL*
â
L
L
1
*
Fig.
2.6: Les consĂ©quences de lâaccroissement du prix sur la demande de travail des entre-
prises
Examinons à présent ce qui se passe si le salaire augmente de
w
0
Ă
w
1
. La courbe de la
recette marginale nâest pas modi
fi
ée alors que le coût marginal augmente (cf.
fi
gure 2.7).
Lâemploi optimal est donc rĂ©duit de
L
â
0
Ă
L
â
1
dans la
fi
gure 2.7.
29
p
0
*PmL*
â
L
L
0
*
L
w
0
*
â
L
0
L
1
*
w
1
*
â
L
Fig.
2.7: Les e
ïŹ
ets dâune hausse du salaire nominal sur la demande de travail des entre-
prises.
En fait, le niveau des prix et le niveau des salaires interviennent dans la détermination
de lâemploi optimal dâune façon symĂ©trique. Pour bien comprendre ce point, exprimons
le pro
fi
t de lâentreprise non plus en euros, mais en unitĂ©s de biens produits (ou en Euros
constants si lâon fait des comparaisons dans le temps). Le gain marginal Ă accroĂźtre lâemploi
est alors de
P m
(
L
)
·
â
L
et le coût marginal est
w
p
·
â
L
.
w
p
représente ici le
salaire réel
. Il représente le prix relatif du facteur travail (i.e. les
salaires...) par rapport au prix de vente du produit. Une hausse du salaire réel correspond
Ă une hausse du salaire exprimĂ© en terme de pouvoir dâachat et non en terme dâeuros.
La demande de travail des entreprises apparaßt alors comme une fonction décroissante
du salaire rĂ©el. Une hausse du prix accroĂźt lâemploi car elle diminue le salaire rĂ©el Ă salaire
nominal inchangé. Symétriquement, une hausse du salaire nominal réduit la demande de
travail car elle augmente le salaire réel pour un niveau de prix inchangé.
La
fi
gure 2.8 donne une autre interprétation graphique de ce résultat. Pour
L < L
â
, la
fonction de production est plus pentue que le salaire rĂ©el. Augmenter lâemploi permet donc
dâaugmenter les pro
fi
ts. En revanche, pour
L > L
â
la fonction de production est moins
pentue que le salaire rĂ©el. Augmenter lâemploi diminue le pro
fi
t. La
fi
rme a donc intĂ©rĂȘt Ă
diminuer le salaire réel.
Toutefois, il est réducteur de croire que le salaire réel est le seul déterminant de la
demande de travail. En e
ïŹ
et, il existe de nombreux facteurs (progrÚs technique, capacités
de production) qui contribue Ă modi
fi
er au cours du temps la fonction de productivité
marginale du travail. Ainsi, on sâattend Ă ce quâau cours du processus de dĂ©veloppement
économique, à cause du développement du progrÚs technique et des capacités de produc-
tion, un niveau de salaire rĂ©el plus Ă©levĂ© soit compatible avec le mĂȘme niveau dâemploi.
Pour formaliser cette idée, nous noterons
A
un indicateur synthétisant ces facteurs de
âcapacitĂ©s de productionâ. Une hausse de
A
correspond alors à un développement des
capacités de production et du progrÚs technique
6
. Ainsi, pour un mĂȘme niveau dâemploi
6
Dans ce cours, centré sur une perspective de court - moyen terme, nous ne cherchons pas à expliquer la
dynamique de ces facteurs. Nous considérerons que nous nous plaçons sur un horizon temporel trop réduit
pour que les di
ïŹ
Ă©rentes politiques Ă©conomiques que nous envisageons ait le temps de modi
fi
er ces facteurs.
Aussi la variable
A
sera considĂ©rĂ©e comme un variable explicative (exogĂšne) et non comme une variable Ă
expliquer (endogĂšne).
30
Y=
F(
L
)
(
w/p)
L
(
w/p
)
L
Î
=
F
(
L
)-(
w
/
p
)
L
L
L
*
Fig.
2.8: La maximisation du pro
fi
t de la
fi
rme
L
, une hausse de
A
induit une hausse de la productivité marginale du travail
P mL
, et
donc une hausse du salaire réel
w/p
.
Examinons à présent les e
ïŹ
ets dâune hausse de
A
(un développement des capacités de
production et du progrĂšs technique) lorsque lâon considĂšre que câest le salaire rĂ©el qui est
fi
xé. Il y a alors deux e
ïŹ
ets. Le premier, câest que lâemploi devenant plus productif, les
entreprises vont avoir davantage recours au facteur travail. Cet
e
ïŹ
et rentabilité
se traduit
par un accroissement de la production et tend Ă accroĂźtre lâemploi. Mais il y a un deuxiĂšme
e
ïŹ
et. Pour un mĂȘme niveau de production, on a besoin de moins de travailleurs. Câest
lâ
e
ïŹ
et partage du travail
. Pour résumer, une augmentation de
A
pour un niveau inchangé
de salaire réel inchangé augmente le produit
Y
mais a un e
ïŹ
et ambigu sur lâemploi
L
selon
que câest lâ
e
ïŹ
et rentabilité
ou lâ
e
ïŹ
et partage du travail
qui domine.
Il faut ensuite garder Ă lâesprit que ce qui importe aux entreprises nâest pas tant le
salaire que perçoivent les salariĂ©s que le coĂ»t que reprĂ©sente lâembauche dâun salariĂ© pour
une entreprise. Or, entre les deux, les Ă©carts peuvent ĂȘtre considĂ©rables Ă cause des taxes et
des cotisations sociales employeurs et employĂ©s. A titre dâexemple, en 1998, un travailleur
au SMIC à temps plein touchait aux alentours de 840 Euros par mois, une fois déduit
lâimpĂŽt sur le revenu, la CSG et les cotisations sociales âsalariĂ©esâ, alors quâil coĂ»tait
1300 euros par mois une fois comptabilisé toutes les charges, y compris les cotisations
sociales employeurs. Ainsi, les politiques dâemploi visant Ă abaisser le coĂ»t du travail ne
sont pas systématiquement synonymes de baisse uniforme des salaires versés travailleurs.
Elles peuvent par exemple se traduire dans un soucis de redistribution par une baisse des
impÎts et des cotisations sociales pour les travailleurs faiblement rémunérés et par une
baisse du salaire net des salariĂ©s mieux rĂ©munĂ©rĂ©s du Ă une hausse des ces mĂȘmes charges.
Cela correspond au principe des politiques dâallĂšgements du coĂ»t du travail Ă bas salaires
menĂ©es en France entre 1993 et 2002 Ă travers les politiques dâallĂšgements de charges
patronales sur les bas salaires ou la Prime pour lâemploi.
Sous les hypothÚses (néo-classiques) H1 à H5, les entreprises ajustent
lâemploi de façon Ă ce que
p
·
P m
(
L
) =
w
â
P m
(
L
) =
w
p
31
la productivité marginale du travail soit égale au salaire réel.
Une hausse du salaire rĂ©el, quâelle soit dĂ»e Ă une baisse des prix
p
ou
Ă une hausse du salaire
w
aboutit Ă une diminution de la demande
de travail.
II.3
La demande de travail keynésienne
Dans la réalité, certaines
fi
rmes font face à des contraintes de débouchés. Elles vou-
draient Ă©couler davantage de produits que le marchĂ© ne peut en absorber. Câest ce que lâon
appelle la
contrainte de débouchés
. Nous verrons plus tard quelles sont les origines dâune
telle contrainte de débouchés. Intuitivement, une possibilité résiderait dans un niveau de
prix trop élevé qui réduirait la demande adressée aux entreprises. On remet ainsi en cause
lâhypothĂšse
H5
pour lui substituer lâhypothĂšse keynesienne de contrainte de dĂ©bouchĂ©s.
H5â
: Elles ne peuvent pas vendre une quantité supérieur à Y
ÂŻ
.
Y=
F(
L
)
(
w/p)
L
(
w/p
)
L
Î
=
F
(
L
)-(
w
/
p
)
L
L
Y
L
L
*
Y
*
Fig.
2.9: Le comportement de la
fi
rme en prĂ©sence dâune contrainte de dĂ©bouchĂ©s.
La
fi
gure 2.9 illustre le comportement des entreprises dans ce cas. Compte tenu du
niveau de salaire réel, il serait optimal pour la
fi
rme dâembaucher
L
â
travailleurs, ce qui
impliquerait un niveau de production
Y
â
. Deux cas peuvent alors se produire
â Cas nĂ©o-classique :
Y
â
â€
Y
.
Dans ce cas de
fi
gure, la contrainte de débouchés ne modi
fi
e pas le comportement des
entreprises. En particulier, une hausse du salaire rĂ©el rĂ©duit lâemploi et le produit.
â Cas keynĂ©sien :
Y < Y
â
LâĂ©tat du marchĂ© ne permet pas dâĂ©couler une quantitĂ© plus grande que
Y
. La
fi
rme
nâa donc pas intĂ©rĂȘt Ă embaucher plus de
L
travailleurs. Ainsi dans ce cas, mĂȘme si le
salaire nominal baissait, la baisse du salaire réel ne permettrait pas à la demande de
travail dâaugmenter.
II.4
Eléments empiriques.
Il semble Ă©tabli quâune hausse du salaire rĂ©el diminue la demande de travail des entre-
prises. Mais les ordres de grandeurs sont assez incertains. Une hausse de
10%
du salaire
32
rĂ©el pourrait entraĂźner une baisse de lâemploi de
1
Ă
20%
, dâaprĂšs les Ă©tudes empiriques.
Toutefois :
â Les e
ïŹ
ets Ă court terme sont plus faibles quâĂ long terme. Il semble quâil y ait des
dĂ©lais dâajustement de lâordre de 6 mois Ă
2
ans.
â Les e
ïŹ
ets sont dâautant plus importants que lâon sâintĂ©resse aux emplois les moins
quali
fi
Ă©s.
La substitution capital / trav
99
98
97
96
9594
9392
91
908988
878685848382
81
80
79
78
77
76
75
74
73
72
71
70
69
68
67
66
65
64
40
50
60
70
80
90
100
110
1
1,5
2
2,5
3
3,5
4
Emploi / Capita
Coût réel du trava
Fig.
2.10: La demande de travail en France
33
Chapitre 3
Le modĂšle IS/LM
I
Le modÚle keynésien élémentaire : la courbe IS
I.1
Le diagramme Ă 45
âŠ
Nous avons vu dans le premier chapitre que le PIB correspondait Ă la somme des biens
et services
fi
naux produits Ă lâintĂ©rieur du territoire. En nĂ©gligeant les Ă©changes avec le
reste du monde, le PIB doit donc respecter lâĂ©quilibre comptable :
Y
=
C
+
I
+
G
(3.1)
Or, comment sâopĂšre un tel Ă©quilibre dans la rĂ©alitĂ© ? En e
ïŹ
et, la consommation dépend
du PIB et le PIB dépend également de la consommation. Ces deux grandeurs sont donc
fondamentalement interdépendantes. Le modÚle keynésien élémentaire se donne justement
pour but dâexpliciter ces interactions en dĂ©terminant conjointement la consommation des
ménages
C
et le produit intérieur brut
Y
, en fonction du niveau des taxes
T
, des dépenses
publiques
G
, de la con
fi
ance des consommateurs et des investisseurs et du taux dâintĂ©rĂȘt
r
. Pour cela, nous considérons la fonctions de consommation suivante :
C
=
C
0
+
a
(
Y
â
T
)
â
S
= (1
â
a
) (
Y
â
T
)
â
C
0
(3.2)
Une hausse de
C
0
pourra sâinterprĂ©ter comme un e
ïŹ
et richesse (e
ïŹ
et de lâaugmentation du
patrimoine des ménages sur leur consommation suite par exemple, à une hausse des cours
boursiers) ou comme une amélioration du moral des ménages. En injectant la fonction de
consommation dans lâĂ©quilibre comptable (3.1), on obtient :
Y
=
C
0
+
a
(
Y
â
T
) +
I
+
G
(1
â
a
)
Y
=
C
0
+
I
+
G
â
a
·
T
Y
=
C
0
+
I
+
G
â
a
·
T
1
â
a
(3.3)
dâoĂč :
C
=
C
0
+
a
(
Y
â
T
) =
(1
â
a
)
C
0
+
a
[
C
0
+
I
+
G
â
a
·
T
]
â
a
(1
â
a
)
T
1
â
a
=
C
0
+
a
1
â
a
(
I
+
G
â
T
)
Ainsi, en résolvant le modÚle, on détermine le niveau du produit
Y
et de la consom-
mation
C
en fonction du niveau de lâinvestissement
I
, des dépenses publiques
G
, des
34
taxes
T
et de
C
0
. On dit alors que le produit
Y
et la consommation
C
sont des variables
endogĂšnes
du modÚle, car elles sont déterminées par le modÚle, alors que le niveau de
lâinvestissement
I
, des dépenses publiques
G
, des taxes
T
et de
C
0
sont des variables exo-
gÚnes car elles constituent des paramÚtres du modÚle et que leurs valeurs sont déterminées
Ă lâextĂ©rieur de celui-ci.La
fi
gure 3.1 permet dâinterprĂ©ter graphiquement ce modĂšle. Pour
Y
Y
C + I + G =
C
0
+I+G-a T+a Y
C
0
+I+G-a T
Y*
Fig.
3.1: Le modÚle keynésien élémentaire
Y < Y
â
, la demande
C
+
I
+
G
est supérieure à la production
Y
. Les entreprises sont donc
incitées à produire davantage, donc
Y
augmente. Au contraire, pour
Y > Y
â
, la demande
C
+
I
+
G
est inférieure à la production
Y
. Les entreprises sont donc incitées à réduire
leur production et
Y
diminue. Le niveau de production dâĂ©quilibre est donc
Y
â
.
I.2
La notion de multiplicateur
Le but dâun modĂšle est de fournir un certain nombre de prĂ©dictions. Plus particuliĂš-
rement, nous pouvons prédire comment une modi
fi
cation des variables exogĂšnes agit sur
le niveau des variables endogĂšnes. La notion de multiplicateur permet alors de quanti
fi
er
ce lien. A partir de lâĂ©quation (3.3), on dĂ©duit la variation du produit en fonction de la
variation de chaque variable exogĂšne. On obtient alors :
â
Y
=
â
C
0
1
â
a
+
â
I
1
â
a
+
â
G
1
â
a
â
a
1
â
a
â
T
On en dĂ©duit quâun accroissement de la con
fi
ance des ménages ou de leur richesse
fi
nanciĂšre va se traduire par un accroissement de
C
0
qui entraĂźnera une augmentation de
la production. De mĂȘme, le gouvernement en augmentant ses dĂ©penses publiques
G
pourra
augmenter la production et donc réduire le chÎmage. La réduction du niveau des taxes
T
aura des e
ïŹ
ets similaires. En
fi
n, une amélioration du moral des entrepreneurs ou une baisse
des taux dâintĂ©rĂȘt entraĂźnera une hausse de lâinvestissement qui aura pour consĂ©quence la
hausse de la production.
On remarque toute lâimportance de la loi psychologique fondamentale de Keynes, im-
posant que la propension marginale Ă consommer le revenu
a
soit comprise en
0
et
1
strictement, si bien que
1
/
(1
â
a
)
>
1
.
35
Y
Y
C
0
+I+G-a T
Y*
â
C
0
,
â
I
,
â
G
> 0
â
T<0
Fig.
3.2: La statique comparative du modÚle keynésien élémentaire
On constate ainsi quâune hausse de
â
D
unités de
C
0
de lâinvestissement
I
ou des
dépenses publiques
G
augmente le produit dâun montant Ă©gal Ă
â
D/
(1
â
a
)
>
1
. En e
ïŹ
et,
un accroissement de lâun de ces termes (on nomme la quantitĂ©
C
0
+
I
+
G
â
aT
la demande
autonome) dâun montant
â
D
implique un accroissement de la production
Y
, donc du
revenu des mĂ©nages dâun montant Ă©gal Ă
â
Y
=
â
D
, ce qui accroĂźt la consommation
des ménages de
â
C
=
a
Ă
â
D
. Ce faisant, cet accroissement de la consommation des
mĂ©nages entraĂźne une nouvelle augmentation de la demande dans lâĂ©conomie, provoquant
un accroissement de produit et donc de revenu dâun montant Ă©gal Ă
a
Ă
â
D
. Ceci provoque
une nouvelle augmentation de la consommation dâun montant Ă©gal Ă
a
Ă
(
a
Ă
â
D
) =
a
2
Ă
â
D
et ainsi de suite... Le processus continue ainsi jusquâĂ converger vers un accroissement
fi
nal du produit de
â
D
1
â
a
=
â
D
+
a
Ă
â
D
+
a
2
Ă
â
D
+
a
3
Ă
â
D
+
...
. Ce mécanisme est plus connu sous le nom de
multiplicateur de la demande
.
Le paramĂštre
1
/
(1
â
a
)
représente alors le
multiplicateur élémentaire
des dépenses
publiques, car :
â
Y
=
1
1
â
a
â
G
lorsque les dĂ©penses publiques augmentent dâun montant
â
G
Ă©gal Ă
â
G
=
â
D
.
Cela signi
fi
e quâune hausse des dĂ©penses publiques, les autres variables exogĂšnes restant
inchangĂ©es, entraĂźne une augmentation du produit dâun montant Ă©gal au multiplicateur
Ă©lĂ©mentaire fois lâaccroissement des dĂ©penses publiques. Câest pourquoi la macroĂ©cono-
mie keynĂ©sienne recommande souvent de relancer lâĂ©conomie en augmentant les dĂ©penses
publiques.
On sâapercçoit que le multiplicateur Ă©lĂ©mentaire des dĂ©penses publiques est dâautant
plus important que la propension marginale Ă consommer (i.e. le paramĂštre
a
) est élevée.
Câest pourquoi la thĂ©orie du revenu permanent de Friedman se voulait destructrice de la
36
théorie keynésienne. En construisant une théorie de la consommation qui prédisait une
propension marginale Ă consommer plus faible, Friedman contribuait Ă relativiser forte-
ment les e
ïŹ
ets quantitatifs dâune politique keynsienne de relance. Pour bien comprendre
ce point, on calcule que selon que le paramĂštre
a
vaut
0
.
8
(ordre de grandeur des keyné-
siens) ou
0
.
1
(ordre de grandeur Friedmaniens), lâaccroissement du PIB engendrĂ©e par une
augmentation des dépenses
1
/
(1
â
a
)
correspond Ă
5
fois lâaccroissement du PIB pour les
keynĂ©siens ou Ă
1
.
1
fois pour Friedman !
On peut alors se demander ce qui se passe si le gouvernement dĂ©cidait dâaugmenter Ă
la fois ses dépenses publiques et ses taxes de façon à ne pas altérer le dé
fi
cit budgétaire.
On a alors
â
G
=
â
T
dâoĂč
â
Y
=
â
G
1
â
a
â
a
1
â
a
â
T
=
”
1
1
â
a
â
a
1
â
a
¶
â
G
=
â
G >
0
On obtient alors un multiplicateur des dépenses publiques qui est plus faible que le mul-
tiplicateur simple
1
/
(1
â
a
)
, mais qui reste positif. Câest le thĂ©orĂšme de Haavelmo (prix
Nobel en 1989).
I.3
La courbe IS.
LâĂ©quation 3.1 peut se rĂ©Ă©crire :
Y
=
C
+
I
+
G
â
Y
â
C
â
T
=
I
+
G
â
T
S
=
I
+ (
G
â
T
)
(3.4)
Lorsque lâEtat est en situation de dĂ©
fi
cit public, il sâendette auprĂšs des marchĂ©s
fi
nan-
ciers (par exemple en Ă©mettant des bons du trĂ©sor). Il en est de mĂȘme pour les entreprises
quand elles investissent. Câest donc lâĂ©pargne des mĂ©nages qui permet, (moyennant une
rĂ©munĂ©ration dans le futur sous forme dâintĂ©rĂȘts ou de dividendes) de
fi
nancer le dé
fi
cit
public de lâEtat et lâinvestissement des entreprises.
Le modĂšle keynĂ©sien Ă©lĂ©mentaire âraconteâ comment lâĂ©pargne sâajuste au niveau de
lâinvestissement a
fi
n de respecter lâĂ©quilibre comptable (3.1). Câest pourquoi lâĂ©quation
(3.3) est souvent indexée IS (I pour
Investment
ou Investissement et S pour
Savings
ou
Epargne). Dans la logique du modĂšle keynĂ©sien Ă©lĂ©mentaire, lâinvestissement et le dĂ©
fi
cit
public constituent des variables exogĂšnes. Le PIB sâajuste alors de telle sorte que le revenu
disponible des mĂ©nages entraĂźne un niveau dâĂ©pargne qui est juste su
ïŹ
sant pour
fi
nancer
lâinvestissement des entreprises et le dĂ©
fi
cit public.
Une autre lecture de cette relation est possible. Câest celle qui sera privilĂ©giĂ©e par la
logique nĂ©o-classique. Dans celle-ci, le produit est une variable exogĂšne, et lâinvestissement
est une variable endogĂšne. LâĂ©quation dĂ©termine alors lâinvestissement comme le rĂ©sidu de
lâĂ©pargne qui nâest pas utilisĂ© pour
fi
nancer le dé
fi
cit public
I
=
S
(
Y
â
T
)
â
(
G
â
T
)
Elle reprĂ©sente lâĂ©quilibre sur le marchĂ© des biens. Adoptons les spĂ©ci
fi
cations suivantes
des fonctions de consommation et dâinvestissement :
C
=
C
0
+
a
(
Y
â
T
)
0
< a <
1
I
=
I
0
â
b
·
r
0
< b
La fonction de consommation implique la fonction dâĂ©pargne suivante :
S
=
Y
â
T
â
C
= (1
â
a
) (
Y
â
T
)
â
C
0
37
Ainsi la loi psychologique fondamentale (imposant
0
< a <
1
) a pour conséquence que
lâĂ©pargne
S
tout comme la consommation
C
augmente avec le revenu disponible des mé-
nages
Y
d
=
Y
â
T
.
Partons alors de lâĂ©quilibre sur le marchĂ© des biens. En reprenant le modĂšle keynĂ©sien
élementaire avec la nouvelle spéci
fi
cation de lâinvestissement :
Y
=
C
+
I
+
G
Y
=
C
0
+
a
(
Y
â
T
) +
I
0
â
b
·
r
+
G
(1
â
a
)
Y
=
C
0
+
I
0
+
G
â
a
·
T
â
b
·
r
Y
=
C
0
+
I
0
+
G
â
a
·
T
â
b
·
r
1
â
a
(IS)
La courbe IS peut se lire de deux façons équivalentes (cf. Figure 3.3) :
â
Interprétation keynésienne
: câest le niveau du produit
Y
qui équilibre le marché des
biens Ă©tant donnĂ© le niveau du taux dâintĂ©rĂȘt
r
. Câest alors le niveau de lâĂ©pargne
S
qui sâajuste au niveau de lâinvestissement
I
a
fi
n que soit respectĂ©e lâĂ©galitĂ© comptable
Y
=
C
+
I
+
G
, câest-Ă -dire
S
=
I
+ (
G
â
T
)
.
â
Interprétation néo-classique
: câest le niveau du taux dâintĂ©rĂȘt
r
qui Ă©quilibre le
marché des biens étant donné le niveau du produit
Y
. Câest alors le niveau de lâin-
vestissement
I
qui sâajuste au niveau de lâĂ©pargne
S
a
fi
n que soit respectĂ©e lâĂ©galitĂ©
comptable
Y
=
C
+
I
+
G
, câest-Ă -dire
S
=
I
+ (
G
â
T
)
.
La courbe IS est décroissante dans le plan
(
Y, r
)
. Selon lâinterprĂ©tation keynĂ©sienne,
une hausse du taux dâintĂ©rĂȘt
r
diminue le niveau de lâinvestissement
I
, ce qui diminue la
demande autonome et donc le niveau du produit
Y
qui équilibre le marché des biens. Selon
la lecture néo-classique, une hausse du produit
Y
se traduit par une hausse de lâĂ©pargne
S
des mĂ©nage, permettant un accroissement de lâinvestissement
I
. Il faut alors que le taux
dâintĂ©rĂȘt
r
baisse pour permettre un tel accroissement de lâinvestissement.
II
La courbe LM
Elle correspond Ă lâĂ©quilibre sur le marchĂ© de la monnaie.
Pour intégrer simplement les marchés
fi
nanciers, nous supposerons lâexistence de deux
types dâactifs ou rĂ©serve de valeurs.
â Des titres. Ils ne sont pas utilisables immĂ©diatement pour la consommation, lâin-
vestissement, etc. En revanche, ils rapportent un intĂ©rĂȘt
r
. Exemple, le livret A les
CODEVI, les SICAV, les FCP, les actions,...
â De la monnaie. Celle ci est utilisable instantanĂ©ment pour la consommation, lâinves-
tissement, etc. En revanche elle ne rapporte pas directement dâintĂ©rĂȘt Ă son dĂ©tenteur.
Exemple, les piĂšces, les billets, les comptes chĂšques grĂące aux chĂšques et Ă la carte
bleue...
On supposera alors que la demande de monnaie
M
d
dépend de deux facteurs :
1. La quantitĂ© de transactions dans lâĂ©conomie. Celle-ci dĂ©pend non seulement du vo-
lume dâactivitĂ©
Y
(le PIB en volume), mais Ă©galement du niveau des prix
P
. Une
hausse de lâune de ces deux composantes signi
fi
e un accroissement de la quantité de
monnaie nĂ©cessaire pour les transactions, et donc dâun accroissement de la demande
de monnaie.
38
2. Le niveau des taux dâintĂ©rĂȘt. Une hausse de ceux ci rendent la dĂ©tention de titres
plus intéressante par rapport à la détention de la monnaie. Il y alors baisse de la
demande de monnaie.
Nous adopterons la spéci
fi
cation suivante de la demande de monnaie dans laquelle
la demande de monnaie est proportionnelle au niveau des prix. Cette hypothĂšse est trĂšs
importante mais peut se justi
fi
er par le fait que lâintĂ©rĂȘt de dĂ©ternir de la monnaie ne
dĂ©pend que du volume de biens que lâon peut acquĂ©rir avec. Aussi, on a :
M
d
P
=
l
0
+
l
1
·
Y
â
l
2
·
r
l
1
>
0
l
2
â„
0
La thĂ©orie de lâo
ïŹ
re de monnaie et de la création monétaire est assez complexe. A notre
niveau, nous supposerons que la banque centrale contrĂŽle parfaitement lâo
ïŹ
re de monnaie
(cf. Blanchard et Cohen pp. 107-122 pour des Ă©claircissements).
LâĂ©quilibre sur le marchĂ© de la monnaie sâĂ©crit alors :
M
s
=
M
d
M
s
P
=
M
d
P
M
s
P
=
l
0
+
l
1
·
Y
â
l
2
·
r
l
2
·
r
=
l
0
+
l
1
·
Y
â
M
s
P
Si
l
2
6
= 0
on aboutit Ă :
r
=
l
0
l
2
+
l
1
l
2
·
Y
â
1
l
2
·
M
s
P
(LM)
Comme pour la relation IS, la relation LM peut donner lieu à deux lectures complémen-
taires(cf. Figure 3.3) :
â
La lecture keynésienne de la courbe LM
. Câest le niveau du taux dâintĂ©rĂȘt
r
qui
équilibre le marché de la monnaie étant donné le niveau du produit
Y
. Une hausse
du produit
Y
se traduit par un accroissement des transactions et donc par une
augmentation de la demande de monnaie. Le taux dâintĂ©rĂȘt
r
sâajuste alors Ă la
hausse pour diminuer la demande de monnaie et restaurer lâĂ©quilibre sur le marchĂ©
de la monnaie.
â Une hausse de lâo
ïŹ
re de monnaie
M
s
pour un niveau donné du produit
Y
nĂ©cessite un ajustement Ă la baisse du taux dâintĂ©rĂȘt
r
pour que la demande de
monnaie augmente et reste Ă©gale Ă lâo
ïŹ
re de monnaie.
â Une hausse des prix
P
pour un niveau donné du produit
Y
implique une hausse
de la demande de monnaie. Il faut alors que le taux dâintĂ©rĂȘt sâajuste Ă la
baisse pour faire baisser le niveau de la demande de monnaie jusquâĂ ce quâelle
redevienne Ă©gale Ă lâo
ïŹ
re.
La courbe LM est donc croissante dans un diagramme
(
Y, r
)
. Elle se déplace vers
lâEst quand lâo
ïŹ
re de monnaie augmente et vers lâOuest quand les prix augmentent.
39
â
Lecture classique (ou monétariste) de la courbe LM
. Câest le niveau du produit
Y
qui
Ă©quilibre le marchĂ© de la monnaie, Ă©tant donnĂ© le niveau des taux dâintĂ©rĂȘt
r
. Une
hausse du taux dâintĂ©rĂȘt
r
se traduit alors par une baisse de la demande de monnaie.
Le produit
Y
doit alors augmenter pour que la demande de monnaie redevienne Ă©gale
Ă lâo
ïŹ
re de monnaie.
â Une hausse de lâo
ïŹ
re de monnaie
M
s
Ă taux dâintĂ©rĂȘt
r
fi
xé nécessite un ajus-
tement Ă la hausse du produit
Y
pour que la demande de monnaie augmente
et redevienne Ă©gale Ă lâo
ïŹ
re de monnaie.
â Une hausse des prix Ă taux dâintĂ©rĂȘt
fi
xé se traduit par une hausse de la demande
de monnaie qui nécessite une réduction du produit qui diminuera la demande
de monnaie a
fi
n de la ramener au niveau de lâo
ïŹ
re.
Ceci nous con
fi
rme que la courbe LM est croissante dans un diagramme
(
Y, r
)
. Elle
se dĂ©place vers le Sud-Est quand lâo
ïŹ
re de monnaie augmente et vers le Nord Ouest
quand les prix augmentent.
Y
r
Relation IS
Relation LM
Lecture Keynésienne
Lecture néo-classique
Fig.
3.3: Lectures keynesiennes et néo-classiques des relations IS et LM.
III
Le modĂšle IS/LM
En remplaçant le taux dâintĂ©rĂȘt par la valeur donnĂ©e par lâĂ©quation LM, lâĂ©quation IS
devient :
(1
â
a
)
Y
=
C
0
+
I
0
+
G
â
a
·
T
â
b
·
r
(1
â
a
)
Y
=
C
0
+
I
0
+
G
â
a
·
T
â
b
l
0
l
2
â
b
l
1
l
2
·
Y
+
b
l
2
·
M
s
P
”
1
â
a
+
b
l
1
l
2
¶
Y
=
C
0
+
I
0
+
G
â
a
·
T
â
b
l
0
l
2
+
b
l
2
·
M
s
P
40
G
T
C
0
I
0
M
s
P
IS
+
-
+
+
0
0
LM
0
0
0
0
+
-
Y
+
-
+
+
+
-
r
+
-
+
+
-
+
Tab.
3.1: Statique comparative du modĂšle ISLM
dâoĂč :
Y
=
C
0
+
I
0
+
G
â
a
·
T
â
b
l
0
l
2
+
b
l
2
·
M
s
P
1
â
a
+
b
l
1
l
2
(3.5)
Le modÚle donne lieu à une interprétation graphique directe (cf.
fi
gure 3.4). Ses pro-
priétés sont alors résumées dans le tableau 3.1.
IS
LM
ISâ
ISââ
â
G>0,
â
T<0
â
C
0
>0,
â
I
o
>0
â
G<0,
â
T>0
â
C
0
<0,
â
I
o
<0
â
M
s
> 0,
â
P < 0
â
M
s
< 0,
â
P > 0
Y
r
A
B
D
C
E
Fig.
3.4: La resolution graphique du modĂšle IS/LM
III.1
Le phĂ©nomĂšne dâĂ©viction
fi
nanciĂšre
Une hausse des dépenses publiques
G
(ou une baisse des taxes nettes des prestations
sociales
T
, ou une hausse du patrimoine
fi
nancier des consommateurs, de leur con
fi
ance
dans lâavenir
C
0
ou de la con
fi
ance dans lâavenir des entreprises
I
0
), entraĂźne :
â Dans le modĂšle keynesien Ă©lementaire, pour un niveau inchangĂ© de lâinvestissement
I
(et donc du taux dâintĂ©rĂȘt
r
), une hausse de la demande autonome, et donc du
produit
Y
. Une tel e
ïŹ
et est représenté dans la
fi
gure 3.5 par le passage de lâĂ©conomie
de
A
Ă
B
k
.
â En
B
k
, la demande de monnaie est plus importante que lâo
ïŹ
re de monnaie. Le taux
dâintĂ©rĂȘt
r
sâajuste alors Ă la hausse pour rĂ©Ă©quilibrer le marchĂ© de la monnaie. La
hausse du taux dâintĂ©rĂȘt
r
rĂ©duit alors lâinvestissement
I
, ce qui attĂ©nue lâaugmen-
tation de la demande. Câest le phĂ©nomĂšne dâ
Ă©viction
fi
nanciĂšre
qui correspond sur
la
fi
gure 3.5 au passage de lâĂ©conomie de
B
k
Ă
B
.
41
Au total, une augmentation des dépenses publiques augmente bien le produit, mais
dans une proportion inférieure à ce que prédisait le modÚle keynésien élementaire. Le
multiplicateur des dépenses publiques vaut à présent :
â
Y
â
G
=
1
1
â
a
+
b
l
1
l
2
Il est infĂ©rieur au multiplicateur correspondant que lâon avait dans le modĂšle keynĂ©sien Ă©lĂ©-
mentaire et qui valait
1
/
(1
â
a
)
. Le terme
b
l
1
l
2
correspond alors Ă lâintensitĂ© du phĂ©nomĂšne
dâĂ©viction
fi
nanciĂšre
1
.
IS
LM
ISâ
â
G>0,
â
T<0
â
C
0
>0,
â
I
o
>0
Y
r
A
B
Bk
Fig.
3.5: LâĂ©viction par le taux dâintĂ©rĂȘt
III.2
Cas particulier 1 : le cas monétariste (LM verticale).
Si la demande de monnaie devient insensible au taux dâintĂ©rĂȘt,
l
2
= 0
et lâĂ©quilibre du
marchĂ© de la monnaie sâĂ©crit :
Y
=
1
l
1
M
s
P
â
l
0
l
1
La courbe LM devient verticale
(cf. Figure 3.6). Le marché de la monnaie déter-
mine le niveau du produit
Y
, conformĂ©ment Ă la lecture nĂ©o-classique de lâĂ©quation LM.
LâĂ©quilibre sur le marchĂ© des biens dĂ©termine alors le niveau du taux dâintĂ©rĂȘt
r
confor-
mĂ©ment Ă la lecture nĂ©o-classique de lâĂ©quation LM. La statique comparative du modĂšle
devient (cf. Table 3.2).
1
En e
ïŹ
et comme
b
l
1
l
2
>
0
,
1
â
a
+
b
l
1
l
2
>
1
â
a
, dâoĂč
0
<
1
1
â
a
+
b
l
1
l
2
<
1
1
â
a
42
IS
LM
ISâ
ISââ
â
G>0,
â
T<0
â
C
0
>0,
â
I
o
>0
â
G<0,
â
T>0
â
C
0
<0,
â
I
o
<0
â
M
s
> 0,
â
P < 0
â
M
s
< 0,
â
P > 0
Y
r
A
B
D
C
E
Fig.
3.6: ISLM : le cas monétariste
G
T
C
0
I
0
M
s
P
IS
+
-
+
+
0
0
LM
0
0
0
0
+
-
Y
0
0
0
0
+
-
r
+
-
+
+
-
+
Tab.
3.2: La statique comparative de la version monétariste du modÚle ISLM
III.3
Cas particulier 2 : la trappe à liquidité (LM horizontale).
Keynes pensait que lorsque le taux dâintĂ©rĂȘt est trĂšs bas, les titres et la monnaie de-
viennent tellement substituables, quâune augmentation supplĂ©mentaire de lâo
ïŹ
re de mon-
naie
M
s
nâait plus dâe
ïŹ
et sur le taux dâintĂ©rĂȘt
r
. Câest ce quâil appelle le phĂ©nomĂšne de
trappe à liquidité
. A la lumiĂšre de lâĂ©quation LM, cela signi
fi
e que
l
2
â â
.
La courbe
LM est alors horizontale et insensible Ă lâo
ïŹ
re de monnaie
(cf 3.7). Le modĂšle
IS/LM sâapparente alors au modĂšle keynĂ©sien Ă©lementaire, et ses propriĂ©tĂ©s sont rĂ©sumĂ©es
par le tableau 3.3.
G
T
C
0
I
0
M
s
P
IS
+
-
+
+
0
0
LM
0
0
0
0
0
0
Y
+
-
+
+
0
0
r
0
0
0
0
0
0
Tab.
3.3: La statique comparative de la version trappe à liquidité du modÚle ISLM
43
IS
LM
ISâ
ISââ
â
G>0,
â
T<0
â
C
0
>0,
â
I
o
>0
â
G<0,
â
T>0
â
C
0
<0,
â
I
o
<0
Y
r
A
B
C
Fig.
3.7: ISLM : le cas de trappe à liquidité
44
Chapitre 4
Le modĂšle O
ïŹ
re Agrégée /
Demande Agrégée
I
Les limites du modĂšle IS/LM
Le modĂšle IS/LM du chapitre prĂ©cĂ©dent nous a permis dâĂ©tudier simplement la dĂ©-
termination du produit
Y
en regardant simultanément les équilibres sur les marchés des
biens et sur le marché de la monnaie. Toutefois, si sa relative simplicité a pu rendre ce
modÚle attirant, de nombreux aspects ont été omis qui inspirent une réserve face à un
recours inconsidéré à ce modÚle.
Du point de vue théorique :
â Le modĂšle IS/LM donne une prĂ©diction du niveau du PIB (et donc de lâemploi)
sans tenir compte du fonctionnement du marchĂ© du travail. Ainsi, est-il vrai quâĂ
la suite dâun accroissement des dĂ©penses publiques, de lâo
ïŹ
re de monnaie ou dâune
rĂ©duction des prix, les entreprises aient intĂ©rĂȘt Ă embaucher davantage pour accroĂźtre
leur production ?
â Dâautre part, le niveau du produit prĂ©dit par le modĂšle IS/LM dĂ©pend du niveau
des prix que ce modĂšle considĂšre comme exogĂšne.
Par ailleurs, du point de vue empirique, certains faits semblent contredire les prédic-
tions du modĂšle IS/LM. Ainsi, Ă di
ïŹ
Ă©rents moments de lâhistoire, lorsque des politiques
ont suivi de trop prĂšs les recommandations du modĂšle IS/LM, ces politiques ont Ă terme
échoué. Le graphique 4.1 illustre ainsi la politique économique de la France du point de
vue budgĂ©taire et monĂ©taire depuis 1963. La France a connu deux Ă©pisodes oĂč la politique
était trÚs clairement orientée vers la relance de la demande.
â En 1974, suite au premier choc pĂ©trolier, le gouvernement, dirigĂ© par Jacques Chirac,
a accru le dé
fi
cit budgĂ©taire et assoupli la politique monĂ©taire pour relancer lâĂ©cono-
mie. Malheureusement, cette politique nâa pas permis dâĂ©viter le ralentissement de la
croissance Ă la
fi
n des années 70. Au contraire, elle a provoqué une montée en
fl
Ăšche
de lâin
fl
ation. La plupart des pays de lâOCDE a connu des expĂ©riences similaires Ă
la France dans les années 70, ainsi que le con
fi
rme la
fi
gure 4.2
â Entre mai 1981 et mars 1983, le gouvernement Français, dirigĂ© par Pierre Mauroy, a
tenté une nouvelle relance keynésienne avec un assouplissement de la politique moné-
taire et une augmentation massive des dépenses publiques et des salaires. Contraire-
ment Ă la relance de 1974, cette politique sâest faite en opposition avec les politiques
45
-2%
0%
2%
4%
6%
8%
10%
12%
14%
16%
60
65
70
75
80
85
90
95
2000
Taux d'inflation
Taux de croissance du PIB
Taux d'intĂ©rĂȘt court terme
Deficit public
Fig.
4.1: La politique budgétaire et la politique monétaire de la France 1963-2000. Source
OCDE
pratiquées par les voisins de la France. On constate alors que la croissance en 1982
est légÚrement remontée. Elle est surtout nettement supérieure à celle des Etats-Unis
(-2.1%) (cf.
fi
gure 4.2). Toutefois, ces bons résultats ont été assombris par une fuite
massive des capitaux, par une maĂźtrise retardĂ©e de lâin
fl
ation, et par une persistance
de la crise Ă©conomique entre 1983 et 1988, surtout lorsque lâon compare le cycle
français et le cycle amĂ©ricain. Il est aujourdâhui Ă©vident que la relance keynĂ©sienne
du gouvernement Mauroy nâa pas eu Ă long terme le succĂšs escomptĂ©.
-4%
-2%
0%
2%
4%
6%
8%
71
76
81
86
91
96
France
USA
Fig.
4.2: Le taux de croissance de la France et des Etats Unis
Ainsi, le modĂšle IS/LM ne semble plus avoir beaucoup de pertinence au-delĂ dâun ho-
rizon temporel signi
fi
catif. Les expériences des années 70 et 80 montrent en particulier que
les politiques de relance de la demande, si elles rĂ©ussissent Ă court terme Ă relancer lâacti-
46
vitĂ©, se traduisent par un accroissement de lâin
fl
ation (ou par un moindre ralentissement
de celle-ci) à moyen terme qui atténue considérablement leurs e
ïŹ
ets béné
fi
ques. Il semble
donc indispensable dâenrichir le modĂšle IS/LM a
fi
n dâavoir une dĂ©termination conjointe
des prix et du produit. Câest lâobjet du modĂšle OA/DA.
II
La demande agrégée
On dé
fi
nit la demande agrégée de deux façons équivalentes :
â Câest le niveau du produit
Y
qui, pour un niveau donné des prix
P
, permet lâĂ©quilibre
simultané du marché des biens et du marché de la monnaie. (
Lecture keynésienne
).
â Câest le niveau des prix
P
qui pour un niveau donné du produit
Y,
permet lâĂ©quilibre
simultané sur le marché des biens et de la monnaie. (
Lecture néo-classique
).
Dâun point de vue formel, la premiĂšre lecture implique la rĂ©solution du modĂšle IS/LM
pour chaque niveau des prix.
La seconde interprétation passe par une résolution séquentielle. Pour chaque niveau du
produit, lâĂ©quation IS nous donne le taux dâintĂ©rĂȘt dâĂ©quilibre (conformĂ©ment Ă la lecture
nĂ©oclassique de la courbe IS). Etant donnĂ© le niveau du produit et du taux dâintĂ©rĂȘt (et
donc le niveau de la demande de monnaie), lâĂ©quation LM nous donne le niveau des prix
qui permet lâĂ©quilibre du marchĂ© de la monnaie.
Mathématiquement, avec les fonctions de comportement habituelles :
C
=
C
0
+
a
(
Y
â
T
)
0
< a <
1
I
=
I
0
â
b
·
r
b >
0
M
d
P
=
l
0
+
l
1
·
Y
â
l
2
·
r
l
0
, l
1
, l
2
>
0
lâĂ©quation dâĂ©quilibre sur le marchĂ© des biens
Y
=
C
+
I
+
G
implique alors la relation IS :
Y
=
C
0
+
a
(
Y
â
T
) +
I
0
â
b
·
r
+
G
(1
â
a
)
Y
=
C
0
+
I
0
+
G
â
a
·
T
â
b
·
r
(4.1)
Y
=
C
0
+
I
0
+
G
â
a
·
T
â
b
·
r
1
â
a
(IS)
tandis que lâĂ©quation dâĂ©quilibre sur le marchĂ© de la monnaie se traduit par
r
=
l
0
l
2
+
l
1
l
2
·
Y
â
1
l
2
·
M
s
P
(LM)
En injectant lâĂ©quation LM dans lâĂ©quation (4.1), on obtient le niveau de la
demande
agrégée
:
(1
â
a
)
Y
=
C
0
+
I
0
+
G
â
a
·
T
â
b
·
l
0
l
2
+
l
1
l
2
·
Y
â
1
l
2
·
M
s
P
ž
(DA)
Y
=
C
0
+
I
0
+
G
â
a
·
T
â
b
l
0
l
2
+
b
l
2
·
M
s
P
1
â
a
+
b
l
1
l
2
(4.2)
47
En vertu de la lecture keynĂ©sienne de la demande agrĂ©gĂ©e, une hausse des prix sâap-
parente à une contraction monétaire, donc à un déplacement vers la gauche de la courbe
LM
(cf. Figure 3.4) qui rĂ©duit le niveau du produit dâĂ©quilibre. En vertu de la lecture
classique de la demande agrégée, une augmentation du produit conduit à une baisse du
taux dâintĂ©rĂȘt Ă©quilibrant le marchĂ© des biens (courbe
IS
). La hausse du produit et la
baisse des taux dâintĂ©rĂȘt conduisent Ă un accroissement de la demande de monnaie. Les
prix doivent donc diminuer pour rĂ©tablir lâĂ©quilibre sur le marchĂ© de la monnaie. Ces deux
lectures sont cohérentes et nous indiquent que la demande agrégée peut se représenter
dans le diagramme
(
Y, P
)
par une courbe décroissante notée DA (cf.
fi
gure 4.3).
Comment se déplace cette courbe suite à une modi
fi
cation des variables exogĂšnes
G
,
T
,
C
0
,
I
0
et
M
s
? Commençons par examiner les e
ïŹ
ets dâune hausse des dĂ©penses publiques.
â En vertu de la lecture keynĂ©sienne de la demande agrĂ©gĂ©e, une hausse des dĂ©penses
publiques
â
G >
0
laissant les prix
P
inchangés se traduit par un accroissement du
produit
Y
, donc par un déplacement vers la droite de la demande agrégée dans le
diagramme
(
Y, P
)
.
â En vertu de la lecture classique, une hausse des dĂ©penses publiques
â
G >
0
laissant
le produit
Y
inchangĂ© nĂ©cessite une hausse des taux dâintĂ©rĂȘt
r
pour rĂ©duire lâin-
vestissement et permettre le maintien de lâĂ©quilibre sur le marchĂ© des biens. Cette
hausse du taux dâintĂ©rĂȘt tend Ă dĂ©croĂźtre la demande de monnaie, ce qui oblige les
prix Ă augmenter pour rĂ©tablir lâĂ©quilibre sur le marchĂ© de la monnaie.
Y
P
DA
â
G
>0,
â
T
<0
â
C
0
>0,
â
I
o
>0,
â
M
s
>0
â
G<
0,
â
T
>0
â
C
0
<0,
â
I
o
<0,
â
M
s
<0
Fig.
4.3: La courbe DA
Ces deux raisonnements, ainsi que lâexamen de lâĂ©quation (4.2), nous con
fi
rment
quâune hausse des dĂ©penses publiques
â
G >
0
se traduit par un déplacement vers le
nord-est de la courbe
DA
dans le diagramme
(
Y, P
)
. Des raisonnements analogues
nous indiquent quâune baisse des taxes
â
T <
0
, une hausse du patrimoine
fi
nancier
des ménages ou de leur con
fi
ance dans lâavenir
â
C
0
>
0
, ou de la con
fi
ance des
investisseurs
â
I
0
>
0
devraient également se traduire par un tel déplacement de
la courbe
DA
vers le Nord Est. Dâune façon symĂ©trique une baisse des dĂ©penses
publiques
â
G <
0
, une hausse des taxes
â
T >
0
, une baisse du patrimoine
fi
nancier
48
des ménages ou de leur con
fi
ance dans lâavenir
â
C
0
<
0
ou de la con
fi
ance des
investisseurs
â
I
0
<
0
se traduisent au contraire par un déplacement vers le sud-
ouest de la courbe
DA
.
Il nous reste à déterminer les e
ïŹ
ets dâun accroissement de lâo
ïŹ
re de monnaie
â
M
s
>
0
.
â En vertu de la lecture keynĂ©sienne de la demande agrĂ©gĂ©e, une hausse de
M
s
pour
un niveau de prix
P
inchangé se traduit par un déplacement vers la droite de la
courbe
LM
, et donc par un accroissement du produit
Y
.
â En vertu de la lecture classique, pour un niveau de produit
Y
inchangé, une hausse
de lâo
ïŹ
re de monnaie
â
M
s
>
0
nâa
ïŹ
ecte pas lâĂ©quilibre sur le marchĂ© des biens, ni
le taux dâintĂ©rĂȘt qui en assure lâĂ©quilibre. Les prix doivent donc sâajuster Ă la hausse
pour accroĂźtre la demande de monnaie et la maintenir Ă©gale Ă lâo
ïŹ
re.
Ces deux lectures, ainsi que lâexamen de lâĂ©quation (4.2) nous indiquent quâune
hausse de lâo
ïŹ
re de monnaie
â
M
s
>
0
déplace également la courbe
DA
vers le Nord
Est dans le diagramme
(
Y, P
)
. De façon symĂ©trique, une baisse de lâo
ïŹ
re de monnaie
â
M
s
<
0
déplace la courbe
DA
vers le Sud Ouest. Câest ce que raconte lâĂ©quation
(4.2), et ce qui est représenté dans la
fi
gure 4.3.
Y
p
Relation OA
Relation DA
Lecture Keynésienne
Lecture néo-classique
Fig.
4.4: Lectures keynésiennes et néo-classiques des relations OA et DA
Pour résumé, nous appellerons :
â Une politique de
relance de la demande
, ou une politique keynésienne, toute politique
qui contribue à déplacer la courbe de demande agrégée vers la droite sur la
fi
gure
4.3. Il sâagit donc dâune hausse des dĂ©penses publiques
â
G >
0
, dâune baisse des
prélÚvements nets des prestations sociales
â
T <
0
ou dâune hausse de lâo
ïŹ
re de
monnaie
â
M
s
>
0
.
â Une politique de
restriction de la demande
ou une politique monétariste, toute po-
litique qui contribue à déplacer la courbe de demande agrégée vers la gauche sur la
fi
gure 4.3. Il sâagit donc dâune baisse des dĂ©penses publiques
â
G <
0
, dâune hausse
49
des prélÚvements nets des prestations sociales
â
T >
0
ou dâune baisse de lâo
ïŹ
re de
monnaie
â
M
s
<
0
.
â Un
choc positif de demande
, une modi
fi
cation de lâenvironnement Ă©conomique qui
contribue à un déplacement vers la droite de la courbe de demande agrégée sur la
fi
gure 4.3. Il sâagit soit dâun accroissement de la richesse des mĂ©nages, soit dâune amĂ©-
lioration de la con
fi
ance des mĂ©nages dans lâavenir
â
C
0
>
0
, soit dâune amĂ©lioration
de la con
fi
ance des entreprises dans lâavenir
â
I
0
>
0
.
â De façon symĂ©trique, on appelle
choc négatif de demande
, une modi
fi
cation de lâen-
vironnement économique qui contribue à un déplacement vers la gauche de la courbe
de demande agrégée sur la
fi
gure 4.3. Il sâagit soit dâun diminution de la richesse des
mĂ©nages, soit dâune dĂ©tĂ©rioration de la con
fi
ance des mĂ©nages dans lâavenir
â
C
0
>
0
,
soit dâune dĂ©tĂ©rioration de la con
fi
ance des entreprises dans lâavenir
â
I
0
<
0
.
III
La relation dâo
ïŹ
re agrégée
Y
s
Âł
w
p
ÂŽ
La dérivation de la demande agrégée nous a permis de déterminer une premiÚre relation
entre le niveau du produit et les prix. Il nous faut alors une deuxiÚme interprétation pour
pouvoir déterminer simultanément le niveau du produit et les prix. On peut par exemple se
demander si les entreprises ont toujours intĂ©rĂȘt Ă rĂ©agir Ă un accroissement de la demande
agrĂ©gĂ©e par un accroissement de leur production (et donc de lâemploi) conformĂ©ment Ă ce
que prĂ©dit le modĂšle IS/LM, ou si ce sont les prix qui augmentent. Ceci nous conduit Ă
dĂ©terminer lâo
ïŹ
re agrégée de biens à partir du comportement des entreprises sur le marché
du travail
1
.
Or, nous avons vu dans le premier chapitre, que la demande de travail des entreprises
se ramenait Ă ajuster le niveau de lâemploi
L
de façon à ce que la productivité marginale
du travail (qui diminue avec le niveau de lâemploi) soit Ă©gale au salaire rĂ©el
W/P
2
. Aussi,
en vertu de cette relation, une hausse du salaire réel
W/P
se traduit par une baisse de
lâemploi
L
et donc par une baisse du produit
Y
.
Ceci nous permet de dĂ©river la relation dâo
ïŹ
re agrégée
OA
. Il sâagit dâune relation
décroissante entre le produit
Y
et le salaire réel
W/P
. Une hausse du salaire nominal
W
ou une baisse des prix
P
impliquent une hausse du salaire réel
W/P
, une baisse de la
demande de travail des entreprises
L
d
, du niveau de lâemploi
L
, et ce faisant du niveau de
production
Y
.
Nous allons intĂ©grer dans notre analyse un deuxiĂšme dĂ©terminant de la relation dâo
ïŹ
re
agrégée. En e
ïŹ
et, il existe tout un ensemble de facteurs augmentant la productivité mar-
ginale du travail pour un niveau donnĂ© de lâemploi, comme des capacitĂ©s de production
plus importantes due à des investissements plus importants dans le passé ou la découverte
dâune nouvelle technologie de production plus performante. De tels phĂ©nomĂšnes dĂ©placent
vers le haut la courbe de productivité marginale dans la
fi
gure 2.5, ce qui tend Ă accroĂźtre
lâemploi et donc le produit. On note sous la variable
A
de tels e
ïŹ
ets. Ainsi, lâo
ïŹ
re agrégée
se trouve ĂȘtre une fonction croissante du paramĂštre
A
et décroissante du salaire réel
W/P
.
1
En e
ïŹ
et, dans la perspective de court-moyen terme que nous adoptons dans ce cours, la dynamique
dâaccumulation du capital est nĂ©gligĂ©e. Aussi les seules variations du PIB que nous expliquons sont direc-
tement issues des variations de lâemploi. Dans une situation de chĂŽmage, ces variations sont entiĂšrement
dûes aux changements de la demande de travail des entreprises.
2
Du moins tant que ne se posent pas de problÚmes de débouchés (hypothÚse
H5
et non
H5â
)
50
La fonction dâo
ïŹ
re agrĂ©gĂ©e sâĂ©crit alors :
Y
=
Y
s
ïŁ«
ïŁ
W
P
â
, A
+
ïŁ¶
ïŁž
Il y a alors deux versions possibles du modÚle selon le mode de détermination des
salaires que lâon considĂšre. La prĂ©sence dâun chĂŽmage massif dans la plupart des marchĂ©s
du travail europĂ©ens nous conduit Ă penser que le salaire nâest pas un prix sâajustant
librement pour Ă©quilibrer une o
ïŹ
re Ă une demande de travail. Par exemple, le niveau
du salaire minimum est déterminé chaque année par un décret en date du 1
er
juillet.
Par ailleurs, les lois Auroux (1982) obligent les entreprises à ouvrir chaque année (ouvrir
ne voulant pas dire conclure) des négociations sur les salaires.Par ailleurs, des grilles de
salaires sont déterminées par toute une série de conventions collectives. En
fi
n, le salaire est
parfois spéci
fi
é directement sur les contrats de travail. Tout ceci nous conduit à considérer
que le salaire est exogĂšne.
Mais de quel salaire sâagit il ?
â A court terme, ces institutions dĂ©terminent un salaire juridiquement vĂ©ri
fi
able. Câest
alors le salaire nominal
W
qui est spéci
fi
Ă© dans les contrats de travail, les accords
dâentreprises, dans les conventions collectives, et câest encore le salaire nominal mi-
nimum qui est stipulé chaque année par décret. Il faudrait alors considérer le salaire
nominal
W
comme exogĂšne.
â A moyen terme, ces institutions dĂ©terminent un niveau de salaire en vue de garantir
un certain niveau de pouvoir dâachat
W/P
aux salariés. Ainsi, une hausse des prix
P
conduira les institutions à réviser à la hausse le salaire nominal
W
de façon à laisser
inchangĂ© le pouvoir dâachat des travailleurs. Il faudra alors considĂ©rer que câest le
salaire réel
W/P
qui est exogĂšne.
Ceci nous conduit alors Ă distinguer une relation dâo
ïŹ
re agrĂ©gĂ©e de court terme oĂč le
salaire nominal est exogĂšne, dâune relation de long terme oĂč le salaire nominal sâajuste
parfaitement de façon à satisfaire un objectif de salaire réel.
IV
LâĂ©quilibre OA/DA de court terme
Le modÚle OA/DA de court terme considÚre un horizon temporel trop réduit pour
que le salaire nominal (déterminé juridiquement par les contrats de travail, les accords
dâentreprises, les conventions collectives ou le dĂ©cret annuel du gouvernement sur le salaire
minimum) ait le temps de changer. Ainsi on considĂšre
W
comme exogĂšne.
Comment se reprĂ©sente alors la courbe dâo
ïŹ
re agrégée de court terme OA
CT
dans le
diagramme
(
Y
â
P
)
? Pour répondre à cette question, demandons-nous comment se modi
fi
e
lâo
ïŹ
re agrégée quand les prix
P
augmentent. Comme le salaire nominal
W
est
fi
xe, une
hausse des prix
P
diminue le niveau des salaires réels
W/P
, ce qui conduit Ă une hausse de
la demande de travail
L
d
, câest-Ă -dire de la quantitĂ© dâemploi dĂ©sirĂ©e par les entreprises. En
situation de chĂŽmage, cela signi
fi
e concrĂštement quâune hausse des prix
P
doit se traduire
par une augmentation de lâemploi
L
, et donc de la production
Y
. Ainsi, lâo
ïŹ
re agrégée se
représente dans le plan
(
Y
â
P
)
comme une courbe croissante. (cf.
fi
gure 4.5).
Comment se dĂ©place la courbe dâOA
CT
lorsque le salaire nominal
W
augmente ? Dans
ce cas de
fi
gure, pour un niveau donné des prix
P
, une hausse du salaire nominal
W
se
51
Y
P
Y
P
OA
CT
â
W
<0 ,
â
A
<0
â
W
>0 ,
â
A
<0
Fig.
4.5: La relation dâo
ïŹ
re agrégée de court terme
traduit par une hausse du salaire réel
W/P
, une baisse de la demande de travail
L
d
, une
baisse de lâemploi
L
, et donc une baisse de la quantité de biens que les entreprises ont
intĂ©rĂȘt Ă produire. Cela signi
fi
e quâune hausse du salaire nominal
W
se traduit par un
dĂ©placement vers le haut de la courbe dâo
ïŹ
re agrégée OA
CT
dans la
fi
gure 4.5. De façon
symétrique, une baisse du salaire nominal
W
se traduit par un déplacement vers le bas de
la courbe OA
CT
dans la
fi
gure 4.5. De façon similaire, une hausse de
A
se traduit pour un
mĂȘme niveau de prix (et donc pour un mĂȘme salaire rĂ©el) par une hausse de la demande
de travail des entreprises, et donc par une hausse de lâo
ïŹ
re agrégée qui se traduit par un
déplacement vers la droite de la courbe
OA
CT
. En
fi
n, un accroissement du paramĂštre de
productivité
â
A >
0
se traduira pour un niveau donné des prix (et donc du salaire réel)
par une augmentation de la demande de travail des entreprises, de lâemploi et donc de la
production. Cela se traduiera sur le graphique 4.5 par un déplacement vers la droite de la
courbe OA
CT
.
Remarquons que le salaire nominal ici pris en compte correspond en réalité au coût
nominal pour une entreprise à recruter un travailleur supplémentaire. Ainsi, en plus de la
valeur du salaire
stricto sensu
perçu par les salariés, il faut ajouter les di
ïŹ
Ă©rentes taxes
et cotisations sociales assises sur les salaires, les Ă©quipements, etc. On peut en particulier
intĂ©grer le coĂ»t de lâĂ©nergie (Ă©lectricitĂ©) quâutilisera chaque salariĂ© pour e
ïŹ
ectuer son tra-
vail. Avec cette rĂ©interprĂ©tation âĂ©largieâ de la variable
W
, les deux chocs pétroliers de
1973 et 1979 pourront sâinterprĂ©ter comme une hausse de ce paramĂštre, et donc comme
un déplacement vers le haut de la courbe OA
CT
.
Nous pouvons maintenant Ă©tudier lâĂ©quilibre du modĂšle OA/DA de court terme. Celui-
ci considĂšre lâĂ©quilibre simultanĂ© sur les marchĂ©s des biens, de la monnaie et le fonction-
nement du marché du travail. Les variables endogÚnes expliquées sont le produit
Y
et
les prix
P
mais Ă©galement le taux dâintĂ©rĂȘt
r
, et ce faisant les niveaux de consommation
C
, dâinvestissement
I
, dâĂ©pargne
S
et de demande de monnaie. Les variables exogĂšnes ou
explicatives sont le niveau des dépenses publiques
G
, de taxes
T
, dâo
ïŹ
re de monnaie
M
s
,
la richesse
fi
nanciÚre des ménages, leur con
fi
ance dans lâavenir
C
0
, ainsi que la con
fi
ance
52
dans lâavenir des investisseurs
I
0
.
LâĂ©quilibre OA/DA de court terme correspond aux niveaux de produit
Y
et de prix
P
qui satisfassent simultanĂ©ment la relation de demande agrĂ©gĂ©e et la relation dâo
ïŹ
re
agrégée de court terme. Sur la
fi
gure 4.6, lâĂ©quilibre OA/DA de court terme correspond Ă
lâintersection des courbes OA
CT
et DA
3
.
Y
P
DA
â
G
>0,
â
T
<0
,
â
M
s
>0
â
C
0
>0,
â
I
o
>0
â
G<
0
â
T
>0
â
C
0
<0
â
I
o
<0
â
M
s
<0
â
W
<0 ,
â
A>
0
â
W
>0 ,
â
A
<0
A
OA
CT
Fig.
4.6: LâĂ©quilibre OA-DA de court terme.
On peut alors utiliser ce modĂšle pour analyser les e
ïŹ
ets de di
ïŹ
Ă©rents chocs ou politiques
économiques. Commençons par analyser les e
ïŹ
ets dâune politique de relance keynĂ©sienne
ou dâun choc positif de demande. Cela signi
fi
e que lâon considĂšre un dĂ©placement vers
la droite de la demande agrégée de
DA
Ă
DA
0
sur la
fi
gure 4.7. Celui-ci peut avoir des
causes multiples (hausse des dépenses publiques
G
, de lâo
ïŹ
re de monnaie
M
s
, de la richesse
fi
nanciÚre des ménages, de leur con
fi
ance dans lâavenir
C
0
, de la con
fi
ance dans lâavenir
des investisseurs
I
0
, ou dâune rĂ©duction des prĂ©lĂšvements nets
T
).
Pour un niveau de prix donnĂ©, lâĂ©quilibre Ă©conomique se dĂ©placerait du point
A
au
point
B
0
(cf.
fi
gure 4.7). Une telle augmentation du produit correspond aux prédictions
du modĂšle IS/LM. Toutefois, au point
B
0
, le niveau de prix est trop faible pour que les
entreprises aient intĂ©rĂȘt Ă assurer un niveau de production correspondant. Il faut alors
que les prix
P
augmentent pour faire baisser le salaire réel
W/P
, augmenter la demande
de travail des entreprises
L
d
, lâemploi
L
et le produit
Y
. Ce faisant, ce mouvement Ă
la hausse des prix, se traduit par un dĂ©placement de lâĂ©quilibre le long de la nouvelle
courbe de demande agrégée
DA
0
jusquâĂ lâintersection avec la courbe dâo
ïŹ
re agrégée de
court terme OA
CT
au point B. Le prix augmentant
P
, lâo
ïŹ
re réelle de monnaie
M
s
/P
se
rétracte entraßnant une baisse de la demande agrégée et du produit. Au total, le produit
augmente entre
A
et
B
mais moins que dans le modĂšle IS/LM Ă cause de lâaccroissement
des prix. Le passage de
B
0
Ă
B
correspond alors Ă lâ
e
ïŹ
et in
fl
ationniste
ou e
ïŹ
et dâ
Ă©viction
3
On remarque en particulier, quâĂ lâĂ©quilibre du modĂšle (au point A), lâo
ïŹ
re est exactement Ă©gale Ă la
demande. Avec les notations du chapitre 1, cela signi
fi
e quâĂ lâĂ©quilibre du modĂšle, les entreprises peuvent
produire autant quâelles le dĂ©sirent (hypothĂšse
H5
). Les contraintes de dĂ©bouchĂ©s les empĂȘchant juste de
produire davantage. Ceci permet de légitimer la formulation néo-classique de la demande de travail par
rapport à sa formulation keynésienne.
53
Y
P
DA
â
G
>0,
â
T
<0
â
C
0
>0,
â
I
o
>0,
â
M
s
>0
A
Bâ
B
DAâ
B
ââ
OA
CT
Fig.
4.7: Lâe
ïŹ
et dâĂ©viction par les prix
par les prix
qui vient atténuer les e
ïŹ
ets keynésiens prédits par le modÚle IS/LM.
Une telle interprétation des choses garde une certaine
fi
délité à la logique keynésienne.
Une hausse de la demande augmente le produit car les prix
P
nâaugmentent pas trop.
Pourtant, pour quâun tel rĂ©sultat soit possible, il est indispensable que le salaire nomi-
nal
W
soit rigide. Pour mieux comprendre ce point, nous allons réinterpréter les e
ïŹ
ets
dâun accroissement de la demande agrĂ©gĂ©e conformĂ©ment Ă la lecture classique de la de-
mande agrégée. Un accroissement de la demande agrégée se traduit alors pour un niveau
de produit inchangé par un accroissement des prix (passage de
A
Ă
B
â
sur la
fi
gure 4.7).
Comme le salaire nominal reste inchangé
W
, cette hausse des prix
P
entraĂźne
une baisse du salaire réel
W/P
qui permet Ă la demande de travail des entre-
prises, Ă lâemploi
L
et donc Ă lâo
ïŹ
re agrégée
Y
s
dâaugmenter
. Ainsi, si les politiques
de relance de la demande rĂ©ussissent Ă accroĂźtre la production et lâemploi dans le modĂšle
OA/DA de court terme, câest parce que leurs e
ïŹ
ets in
fl
ationnistes entraĂźnent une baisse
du salaire réel. Cela suppose en particulier que les di
ïŹ
érentes institutions déterminant le
salaire nominal ne réagissent pas à la hausse des prix par une hausse du salaire nominal
pour maintenir constant le salaire rĂ©el et donc le pouvoir dâachat des travailleurs. Câest
donc par ce phĂ©nomĂšne dâ
illusion monétaire
(baisse du salaire réel car hausse des prix
Ă salaire nominal inchangĂ©) quâune politique de relance de la demande peut ĂȘtre e
ïŹ
cace
pour augmenter la production.
Pour terminer cette analyse du modĂšle OA/DA de court terme, nous allons maintenant
analyser les e
ïŹ
ets dâune hausse du salaire nominal
W
. Rappelons quâune telle hausse re-
couvre non seulement les consĂ©quences dâun accroissement des salaires stricto sensu versĂ©s
aux travailleurs, mais peut Ă©galement recouvrir une augmentation des taux de cotisations
sociales, ou une augmentation du prix de lâĂ©nergie. Ceci entraĂźne dans la
fi
gure 4.6 un
déplacement vers le haut de la courbe OA
CT
. La hausse du salaire nominal entraĂźne donc
une hausse des prix pour un produit inchangé ce qui va entraßner une diminution de la
demande le long de la courbe de demande agrégée. On aboutit ainsi à une hausse des
prix
P
et une baisse du produit
Y
. Câest ce qui sâest passĂ© Ă la suite du premier choc
pétrolier en 1974. En
fi
n, une amélioration des conditions de production passant par un
54
G
T
C
0
I
0
M
s
W
A
IS
+
-
+
+
0
0
0
LM
0
0
0
0
+
0
0
DA
+
-
+
+
+
0
0
OA
0
0
0
0
0
-
+
Y
+
-
+
+
+
-
+
P
+
-
+
+
+
+
-
Tab.
4.1: Statique comparative du modĂšle OADA de court terme
accroissement du paramĂštre
A
en déplacant vers la droite la courbe OA
CT
dans la
fi
gure
4.6 entraĂźne une hausse du produit
Y
et une baisse des prix
P
.
Tout ces e
ïŹ
ets sont résumés dans le tableau 4.1
V
Le modÚle OA/DA de moyen terme : salaire réel rigide
Le modĂšle de court terme suppose que le salaire nominal est constant. Or une telle
hypothĂšse ne semble pas rĂ©aliste dĂšs que lâon sâintĂ©resse Ă des horizons temporels un peu
moins restreints que le court terme. Pour bien comprendre ce point, considérons à nouveau
les e
ïŹ
ets dâune hausse de la demande agrĂ©gĂ©e.
La
fi
gure 4.8 permet de bien distinguer les e
ïŹ
ets dâun accroissement de la demande
dans le modĂšle IS/LM et dans le modĂšle OA/DA
CT
. Une augmentation de la demande se
traduit également par un accroissement des prix qui permet une baisse du salaire réel et
donc une hausse de la demande de travail, de lâemploi et du produit. Il est donc essentiel
pour quâun dĂ©placement de la demande accroisse le produit que le salaire nominal reste
inchangĂ©. Câest Ă cette condition seulement que le salaire rĂ©el diminue et donc que lâo
ïŹ
re
agrégée augmente.
Or, est-il réaliste de supposer que les institutions déterminant le salaire nominal ne
rĂ©agissent pas Ă la baisse du salaire rĂ©el et donc du pouvoir dâachat des travailleurs par une
hausse du salaire nominal ? La réponse semble positive pour le court terme, mais négative
à moyen terme. Si, face à une hausse des prix, le salaire nominal restait inchangé, cela
signi
fi
e que les travailleurs (ou plutÎt leurs représentants dans les di
ïŹ
Ă©rentes institutions
dĂ©terminant le salaire nominal) accepteraient une baisse de leur pouvoir dâachat, Ă©tant
alors sous le coup dâune
illusion monétaire
.
Le modĂšle O
ïŹ
re Agrégée Demande Agrégée de moyen terme OA/DA
MT
suppose au
contraire que le salaire nominal
W
sâajuste de façon Ă ce que le pouvoir dâachat des
travailleurs et donc le salaire réel
W/P
reste inchangé. Soit
s
lâobjectif exogĂšne de pouvoir
dâachat des travailleurs, on a
W
=
s
·
P
. Dans ce cas, une hausse des prix
P
, se traduit
par un accroissement Ă©quiproportionnel du salaire nominal
W
, si bien que le salaire réel
ne bouge pas. La courbe dâo
ïŹ
re agrégée de moyen terme
OA
MT
est alors verticale.
Un accroissement de la demande agrégée entraßne à court terme un accroissement du
produit
Y
et des prix
P
. LâĂ©conomie passe alors de
A
Ă
B
CT
sur la
fi
gure. Ce faisant, le
pouvoir dâachat en
B
CT
a diminué. Les institutions déterminant le salaire nominal vont
alors accroĂźtre le salaire nominal. Cet accroissement du salaire nominal se traduit par un
déplacement vers le haut de la courbe
OA
CT
en
OA
CT
0
, jusquâĂ ce que le produit retrouve
son niveau initial en
B
MT
.
Ainsi la nouvelle courbe dâo
ïŹ
re agrégée
OA
MT
se trouve ĂȘtre maintenant
verticale
55
Y
P
DA
â
G
>0,
â
T
<0
â
C
0
>0,
â
I
o
>0,
â
M
s
>0
A
B
ISLM
B
OADA
CT
DAâ
B
OADA
LT
OA
CT
OA
CT
â
OA
LT
Fig.
4.8: Les insu
ïŹ
sances du modĂšle OA/DA de court terme.
(cf.
fi
gure 4.9). En e
ïŹ
et, une hausse des prix
P
est sans e
ïŹ
et sur le salaire réel et donc
ne change ni la demande de travail des entreprises, ni le niveau de lâemploi, ni le niveau
du produit. Une hausse de lâobjectif de pouvoir
s
diminue la demande de travail des
entreprises, lâemploi et donc le produit, ce qui se traduit par un dĂ©placement vers la
gauche de la courbe
OA
LT
. Une augmentation de la productivité
A
accroĂźt la demande de
travail des entreprises, lâemploi et le produit, ce qui se traduit par un dĂ©placement vers la
droite de la courbe dâo
ïŹ
re agrégée de moyen terme.
Le modÚle peut alors se résoudre de façon séquentielle :
1. La relation dâo
ïŹ
re agrégée de moyen terme détermine le produit
Y
(et donc lâem-
ploi
L
) en fonction de lâobjectif de pouvoir dâachat des salariĂ©s
s
et de lâindice de
productivité
A
.
2. LâĂ©quilibre sur les marchĂ©s des biens dĂ©termine Ă travers la courbe IS le niveau
du taux dâintĂ©rĂȘt
r
et donc dâinvestissement
I
en fonction du niveau du produit
Y
atteint. Câest donc lâinvestissement
I
qui sâajuste Ă lâĂ©pargne
S
Ă travers lâajustement
du taux dâintĂ©rĂȘt pour que soit vĂ©ri
fi
er lâĂ©quation comptable
Y
=
C
+
I
+
G
conformément à la lecture néoclassique de la courbe IS.
3. LâĂ©quilibre sur le marchĂ© de la monnaie donne alors le niveau des prix
P
en fonc-
tion de lâo
ïŹ
re de monnaie
M
s
et des niveaux du produit
Y
et du taux dâintĂ©rĂȘt
r
préalablement donnés.
Une hausse des dépenses publiques
â
G >
0
nâa
ïŹ
ecte pas la relation dâo
ïŹ
re agrégée de
moyen terme. Elle est donc sans e
ïŹ
et sur le produit et lâemploi. Sur le marchĂ© des biens,
la hausse des dépenses publiques ne change pas non plus le revenu disponible des ménages
56
Y
P
Y
P
OA
MT
â
s
<0 ,
â
A
>0
â
s
>0 ,
â
A
<0
Fig.
4.9: La courbe OA de long terme
et donc leur niveau de consommation. Pour que le marché des biens reste équilibré, il faut
alors que lâinvestissement diminue du mĂȘme montant que lâaccroissement des dĂ©penses
publiques. Aussi a-t-on
â
I
=
â
â
G
. Il y a alors
eviction totale
de lâinvestissement par
les dĂ©penses publiques. Ceci nâest possible que par une augmentation du taux dâintĂ©rĂȘt
r
. En
fi
n, sur le marchĂ© de la monnaie, la hausse du taux dâintĂ©rĂȘt tend Ă diminuer la
demande de monnaie. Il faut alors que le prix augmente pour contrebalancer cette baisse
et rĂ©tablir lâĂ©quilibre. Tout ceci est rĂ©sumĂ© dans le tableau 4.2.
Une hausse de
C
0
a des e
ïŹ
ets similaires avec
â
I
=
â
â
C
0
. Une hausse de
I
0
Ă©galement,
sauf que lâinvestissement ne change pas
â
I
= 0
, la hausse du taux dâintĂ©rĂȘt compensant la
hausse de
I
0
. En
fi
n, une baisse des taxes
â
T <
0
ne change pas le produit mais augmente
le revenu disponible des ménages
â
Y
d
=
â
â
T >
0
. Leur consommation augmente alors
de
â
C
=
â
a
·
â
T >
0
et lâinvestissement doit diminuer de
â
I
=
a
·
â
T <
0
pour préserver
lâĂ©quilibre sur le marchĂ© des biens.
Une hausse de lâo
ïŹ
re de monnaie
M
s
nâa dâe
ïŹ
et ni sur la relation dâo
ïŹ
re agrégée ni
sur lâĂ©quilibre sur le marchĂ© des biens. Elle est donc sans consĂ©quence sur le produit
Y
,
lâemploi
L
, la consommation
C
, lâĂ©pargne
S
, lâinvestissement
S
, câest Ă dire quâil nây a pas
dâe
ïŹ
et sur les variables rĂ©elles de lâĂ©conomie. En revanche, sur le marchĂ© de la monnaie
le seul e
ïŹ
et est une hausse des prix qui est nécessaire pour que la demande de monnaie
augmente autant que lâo
ïŹ
re. Ainsi le seul e
ïŹ
et Ă moyen terme dâun accroissement de lâo
ïŹ
re
de monnaie est un accroissement des prix. Il y a donc
neutralitĂ© de lâo
ïŹ
re monnaie sur la
sphÚre réelle
Ă moyen terme.
Une baisse de lâobjectif de pouvoir dâachat des salariĂ©s
s
ou une hausse de la producti-
vité
A
induit un dĂ©placement vers la droite de la courbe dâo
ïŹ
re agrégée et donc une hausse
du produit
Y
et de lâemploi. Sur le marchĂ© des biens, cette hausse du produit se traduit par
une baisse du taux dâintĂ©rĂȘt et par une hausse de lâinvestissement
I
. Par ailleurs, comme
le revenu disponible des ménages augmente, leur consommation et leur épargne font de
mĂȘme. En
fi
n, sur le marché de la monnaie, la hausse du produit se conjugue à la baisse du
57
Y
P
Y
P
DA
â
G
>0,
â
T
<0
â
C
0
>0,
â
I
o
>0,
â
M
s
>0
â
G<
0,
â
T
>0
â
C
0
<0,
â
I
o
<0,
â
M
s
<0
OA
MT
â
s
<0 ,
â
A
>0
â
s
>0 ,
â
A
<0
Fig.
4.10: Le modĂšle OA/DA de moyen terme
G
T
C
0
I
0
M
s
s
A
IS
+
-
+
+
0
0
0
LM
0
0
0
0
+
0
0
DA
+
-
+
+
+
0
0
OA
0
0
0
0
0
-
+
Y
0
0
0
0
0
-
+
P
+
-
+
+
+
+
-
r
-
+
+
+
0
+
-
I
â
I
=
â
â
G
â
I
=
a
·
â
T
â
I
=
â
â
C
0
0
0
-
+
C
0
â
C
=
â
a
·
â
T
â
C
=
â
C
0
0
0
-
+
S
0
â
S
=
â
(1
â
a
)
â
T
â
S
=
â
â
C
0
0
0
-
+
Tab.
4.2: Statique comparative du modĂšle OADA de moyen terme
taux dâintĂ©rĂȘt pour induire une baisse de la demande de monnaie. Il faut donc une baisse
des prix pour restaurer lâĂ©quilibre sur ce marchĂ©.
VI
Application empirique : quâest ce que le court terme ?
Extrait de la confĂ©rence prĂ©sidentielle de Milton Friedman devant lâ
American Economic
Association
, décembre 1967. Traduction reprise dans Blanchard et Cohen, pp. 192, encadré
âla thĂ©orie avant les faitsâ.
âIl y a toujours un arbitrage temporaire entre in
fl
ation et chĂŽmage ; il nây a
pas dâarbitrage permanent. Lâarbitrage temporaire ne vient pas de lâin
fl
ation
elle-mĂȘme mais dâun taux croissant dâin
fl
ation [...]. Mais me demanderez-vous,
combien de temps dure le âtemporaireâ ? Je ne peux que vous donner mon
propre avis, fondĂ© sur lâexamen des faits passĂ©s : lâimpact initial dâun taux
58
dâin
fl
ation plus élevé et non anticipé semble durer entre deux et cinq ans,
puis commence Ă diminuer. Lâajustement complet au nouveau taux dâin
fl
ation
nĂ©cessite environ pour lâemploi comme pour le taux dâintĂ©rĂȘt deux dĂ©cennies.â
Encadré du Blanchard Cohen pages 147 et 164-165
59
Bibliographie
[1]
Macroéconomie, Blanchard O.J. et Cohen, D., 2002, Pearson Edition
.
[2] Burda M. et Wyplocz, C., Macroéconomie, un texte européen 3
eme
Ă©dition, DeBoeck.
[3] Hairault, J. O., 2000, Analyse macréconomique Ouvrage collectif sous la direction
de Hairault J. O. en 2 Tomes, La DĂ©couverte : Ouvrage beaucoup plus technique. Les
premiers chapitres du premier tome peuvent toutefois permettre un approfondissement
utile.
[4] Mankiw, G, Principes de lâEconomie, Tarduit en Français chez Economica. Le cours
est liĂ© plus particuliĂšrement aux chapitres 27, 31, 32, 33. Le reste de lâouvrage pourra
toutefois vous ĂȘtre utile pour dâautres cours dâĂ©conomie.
[5] Lecaillon, J-D, Lepage, J-M et Ottavj, C, Economie Contemporaine, analyse et diag-
nostics, 2
eme
Ă©dition, DeBoeck.
[6] Cahuc P. et A. Zylberberg, Le chÎmage Fatalité ou Nécessité ? Flammarion. Un ouvrage
âgrand publicâ sur la question du chĂŽmage et des politiques dâemploi.
60