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Botswana : dĂ©veloppement social dans une Ă©conomie riche en ressources

TYRRELL DUNCAN, KEITH JEFFERIS ET PATRICK MOLUTSI

Tendances générales du développement social

Introduction

Le Botswana est un pays enclavé dans les terres, traversé par le Tropique du Capricorne.
Le climat est essentiellement aride ou semi-aride et exposé à des sécheresses souvent
prolongées. Avec une superficie de 582 000 km2 (pratiquement identique à celle de la
France) et une population qui s’élevait Ă  1,3 million d’habitants en 1991, c’est l’un des
pays les moins peuplés de la planÚte. Plus des deux tiers du pays sont recouverts de
couches épaisses de sable formant le désert du Kgalagadi (Kalahari); les terres arables ne
reprĂ©sentent que 5 % du territoire. La majeure partie de la population vit dans l’est du
pays, le long de la ligne de chemin de fer qui parcourt le pays du nord au sud, dans une
rĂ©gion oĂč la pluviositĂ© et l’état des sols sont un peu meilleurs.

Lorsque le Botswana accĂšde Ă  l’indĂ©pendance en 1966, aprĂšs 80 ans passĂ©s sous

protectorat anglais, il figure parmi les pays les plus pauvres et les moins avancés de la
planÚte, dépendant toujours de la Grande-Bretagne qui prend en charge la moitié de son
budget ordinaire. Il n’a pas de capitale et seuls quelques kilomùtres de route sont
goudronnĂ©s; la majeure partie de sa population vit de l’agriculture de subsistance et est
illettrĂ©e : les diplĂŽmĂ©s de l’universitĂ© ou de l’école secondaire sont rares et seulement 80
Ă©lĂšves sont inscrits en derniĂšre annĂ©e d’école secondaire (Harvey et Lewis, 1990). Peu
aprĂšs l’indĂ©pendance, on y dĂ©couvre de grands gisements exploitables de diamants, ce qui
permet au Botswana d’entamer une pĂ©riode de croissance Ă©conomique rapide et soutenue
qui dure plus de 20 ans et qui se poursuit encore aujourd’hui. Depuis le dĂ©but des annĂ©es
1970, le développement du Botswana est favorisé par une aide extérieure considérable.

La dĂ©couverte de gisements de diamants a un profond impact sur l’économie du

pays : pendant 25 ans, soit de 1965 Ă  1990, le Botswana affiche la croissance la plus
rapide de la planĂšte,

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 avec un PIB progressant Ă  un taux moyen de 13 % par an et un PNB

par habitant à un taux de 8,5 %. De ce fait, les revenus moyens réels sont pratiquement huit
fois supérieurs en 1990 à ceux de 1965. En 1992, son PNB par habitant atteint 2 790
dollars des États-Unis (mettant ce pays en deuxiùme position sur la liste des pays africains,
juste aprĂšs le Gabon); en outre le Botswana est l’un des rares pays d’Afrique Ă  ĂȘtre sorti
du rang des pays à revenu faible les moins avancés pour entrer dans le groupe des pays à
revenu moyen (Banque mondiale, 1994).

S’appuyant sur des plans successifs de dĂ©veloppement national, le gouvernement

investit une bonne partie des ressources du pays dans la mise en place d’une infrastructure
physique et sociale de base couvrant l’ensemble du pays, la crĂ©ation d’institutions
publiques et l’amĂ©lioration directe de la protection sociale grĂące Ă  la mise en place de
services de santĂ©, d’éducation et autres services sociaux, ainsi que de programmes de
développement. La demande de biens et services associée à cette politique favorise
directement l’emploi dans les secteurs public et privĂ©. Le renforcement des infrastructures

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physiques et sociales a Ă©galement un impact indirect notable sur l’emploi en Ă©liminant
certains des obstacles qui limitent considĂ©rablement l’activitĂ© Ă©conomique, et plus
particuliĂšrement l’entreprise privĂ©e. L’amĂ©lioration de l’emploi et l’augmentation des
revenus sont considérées comme de bons moyens de répartir plus largement les profits
tirĂ©s de l’exploitation des diamants dans la population.

En quoi l’expĂ©rience du Botswana est intĂ©ressante

L’expĂ©rience du Botswana en matiĂšre de dĂ©veloppement social est d’abord intĂ©ressante
dans la mesure oĂč elle a permis aux indicateurs sociaux de ce pays de progresser
considérablement au cours des 30 derniÚres années. Rien que sur cette base, on pourrait
tirer des enseignements utiles de l’expĂ©rience du Botswana en matiĂšre de prises de
dĂ©cisions politiques, de dĂ©veloppement institutionnel et d’allocation des ressources. Le
contexte historique plus large dans lequel l’expĂ©rience du Botswana s’est dĂ©roulĂ©e
prĂ©sente d’autres aspects qui pourraient intĂ©resser les autres pays en dĂ©veloppement :

‱

 

Un projet dĂ©mocratique rare : Le Botswana se caractĂ©risait par une sociĂ©tĂ©
ouverte et dĂ©mocratique, constituĂ©e essentiellement d’un seul groupe ethnique,
les 

Batswana

, qui vivaient dĂ©jĂ  en harmonie longtemps avant l’indĂ©pendance.

La sociĂ©tĂ© n’étant pas en butte Ă  des divisions profondes, il y avait un
consensus, tant au niveau de la planification gouvernementale que dans la
société au sens large, sur la nécessité de permettre à chaque habitant de tirer
profit du dĂ©veloppement du pays (mĂȘme si, en pratique, la rĂ©partition des
bénéfices ne fut pas totalement équitable).

 

‱

 

Enjeux du développement social dans un pays en développement riche en
ressources miniĂšres : L’expĂ©rience du Botswana est un exemple de choix
judicieux en matiÚre de politique sociale et de succÚs du développement dans
un pays en dĂ©veloppement riche en ressources miniĂšres. L’un des principaux
problÚmes auxquels sont confrontés ces pays consiste à savoir comment faire
bĂ©nĂ©ficier le plus grand nombre possible d’habitants des avantages du
développement, puisque les industries miniÚres à forte intensité de capital se
caractĂ©risent gĂ©nĂ©ralement par une base d’emploi Ă©troite et n’amĂ©liorent donc
directement que les revenus d’une faible proportion de la population. Dans le
cas du Botswana, les profits tirĂ©s de l’enclave d’extraction des diamants
tombaient surtout dans l’escarcelle du gouvernement (sous forme de
prĂ©lĂšvements fiscaux et de redevances), ce qui l’amĂšne Ă  dĂ©cider pratiquement
seul de la maniùre d’utiliser les ressources du pays pour financer le
développement.

 

‱

 

Une stratégie de développement national à long terme qui a réellement été
appliquĂ©e : GrĂące Ă  la stabilitĂ© de sa situation politique et Ă  la santĂ© de son
Ă©conomie, le Botswana est l’un des rares pays qui Ă  avoir conservĂ© les mĂȘmes
principes et Ă  avoir poursuivi les mĂȘmes objectifs de dĂ©veloppement pendant
plus de 25 ans, en Ă©tablissant et en appliquant ce qui s’est avĂ©rĂ© ĂȘtre une

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stratégie de développement national à long terme, et ceci avec une bonne dose
de cohĂ©rence, d’engagement et de prudence.

 

‱

 

Partir de zĂ©ro pour lancer le dĂ©veloppement social : En raison, notamment, de
la négligence dont il fut victime pendant la période coloniale, le Botswana a dû
partir pratiquement de zéro pour créer une infrastructure sociale et des
institutions modernes – et il a Ă©tĂ© obligĂ© pour cela d’instruire sa population.
ConfrontĂ© Ă  l’énormitĂ© de la tĂąche et Ă  une misĂšre considĂ©rable, la voie suivie
par le Botswana pour accĂ©der au dĂ©veloppement est jalonnĂ©e d’idĂ©aux et
d’objectifs Ă©clairĂ©s poursuivis avec prudence et pragmatisme.

 

‱

 

RĂ©soudre les problĂšmes spĂ©cifiques d’un pays dont la population est
dispersĂ©e : Le cas du Botswana illustre en partie les problĂšmes pratiques qui
se posent et les choix politiques qui s’offrent aux pays dont la population est
peu nombreuse et dispersée, ce qui complique et renchérit la création
d’infrastructures et la fourniture de services, par ex. politique nationale de
peuplement; satisfaction des besoins des populations vivant dans des régions
retirées; et efficacité des services ruraux de vulgarisation.

Ce chapitre a pour but d’analyser les facteurs qui ont favorisĂ© le succĂšs du

développement social, en particulier les décisions politiques, les réformes institutionnelles
et les allocations budgétaires. En faisant le point sur la situation sociale à ce jour, cette
Ă©tude s’efforce aussi de dĂ©voiler les principaux atouts et les faiblesses des orientations
actuelles.

Si les facteurs qui expliquent la rapidité du développement économique du

Botswana sont bien connus, ses rĂ©sultats en matiĂšre de dĂ©veloppement social n’ont pas
bĂ©nĂ©ficiĂ© de la mĂȘme attention. Ce chapitre tente notamment de rĂ©pondre Ă  quelques
grandes questions ayant trait au développement social, à savoir comment et pourquoi la
situation sociale s’est amĂ©liorĂ©e, dans quelle mesure les bĂ©nĂ©fices ont Ă©tĂ© rĂ©partis
équitablement entre les membres de la société, et dans quelle mesure les communautés et
les gens ordinaires ont pu participer aux décisions et partager les responsabilités du
gouvernement en matiÚre de développement social.

Contexte Ă©conomique : l’impact des diamants

Le Botswana a indubitablement eu de la chance de découvrir un grand gisement de
diamants peu aprĂšs son indĂ©pendance, ce qui l’a mis au rang des principaux pays
producteurs et exportateurs de diamants de la planùte. Aujourd’hui, 80 % de ses recettes
tirĂ©es des exportations proviennent des diamants, le reste Ă©tant issu de l’alliage cuivre-
nickel et du bƓuf. L’économie du Botswana, comme celle de nombreux autres pays en
développement, dépend donc largement de ses exportations de produits de base.
Cependant, l’expĂ©rience du Botswana tranche profondĂ©ment avec celle d’autres pays
exportateurs de ressources miniùres et de produits de base. Tout d’abord, le Botswana a
rĂ©sistĂ© Ă  la tentation d’emprunter des fonds internationaux en tablant sur les recettes qu’il
tirerait des diamants; le pays ne s’étant pas endettĂ©, il est moins sensible aux fluctuations
des prix des matiĂšres premiĂšres. DeuxiĂšmement, le Botswana n’a pas connu le long dĂ©clin

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des termes de l’échange qui frappe la plupart des exportateurs de produits de base. Il a
bénéficié du succÚs du cartel des diamants établi par De Beers, qui assure des profits
monopolistiques aux producteurs et stabilise les prix.

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 En outre, la plupart des exportations

du Botswana sont libellĂ©es en dollars des États-Unis, alors que ses importations (qui
proviennent surtout de l’Afrique du Sud voisine) sont payĂ©es en rands. En raison de la
baisse rĂ©guliĂšre du rand par rapport au dollar, le Botswana a bĂ©nĂ©ficiĂ© d’une amĂ©lioration
des termes de l’échange.

Autre caractéristique des économies miniÚres : les revenus élevés qui

accompagnent souvent la production et la vente de minerais. PlutĂŽt que de nationaliser les
compagnies miniÚres pour préserver ces revenus comme ce fut souvent le cas ailleurs, le
Gouvernement botswanais se contente des impĂŽts, redevances et titres participatifs,
laissant au secteur privé le contrÎle opérationnel des compagnies miniÚres. Cette stratégie,
appliquée depuis un quart de siÚcle, a plutÎt favorisé les entreprises conjointes que les
entreprises d’État et fourni aux compagnies miniĂšres privĂ©es qui avaient investi des taux
de rendement suffisants pour les inciter Ă  rester productives et mĂȘme Ă  amĂ©liorer leur
productivité. Les diamants du Botswana sont produits par Debswana, une compagnie
contrÎlée à 50 % par la compagnie sud-africaine De Beers et à 50 % par le Gouvernement
botswanais. Mais la part des profits qui revient au Gouvernement se situe entre 75 et 80 %,
et comme le Botswana produit des diamants Ă  grande Ă©chelle et Ă  bas prix, ces profits sont
extrĂȘmement Ă©levĂ©s.

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 Les recettes tirĂ©es des diamants ont permis au Gouvernement

d’accroĂźtre massivement les dĂ©penses sociales, en particulier l’enveloppe de la santĂ© et de
l’éducation, au cours des 25 derniĂšres annĂ©es.

Ce mécanisme de redistribution est important; bien que le secteur minier représente

plus d’un tiers du PIB, il a tendance Ă  opĂ©rer comme une enclave Ă  la fois physique et
Ă©conomique ayant peu de liens directs avec le reste de l’économie. L’effet de l’extraction
miniĂšre sur l’emploi direct est limitĂ©, car cette industrie utilise peu les apports locaux et
transforme rarement les produits.

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 Le Gouvernement est donc le lien principal entre le

secteur minier et le reste de l’économie. Il lui a donc fallu s’assurer que la population
profitait durablement et largement de ces nouvelles recettes.

Les recettes considérables tirées des diamants, alliées à la prudence économique et

Ă  l’absence de dĂ©penses inutiles et superflues, ont Ă©vitĂ© au Botswana de souffrir des mĂȘmes
maux que certains exportateurs de ressources miniĂšres plus prodigues. En outre, le
Botswana a joui d’une stabilitĂ© macroĂ©conomique : inflation faible et stable, monnaie
forte, surplus de la balance des paiements, augmentation des réserves de devises
Ă©trangĂšres et excĂ©dent budgĂ©taire. De surcroĂźt, Ă  la diffĂ©rence des autres pays d’Afrique
subsaharienne, le Botswana a également évité les conditionnalités dont la Banque
mondiale et le FMI assortissent souvent leurs prĂȘts.

La situation économique du Botswana a également été influencée par son

appartenance Ă  l’Union douaniĂšre d’Afrique australe (SACU), aux cĂŽtĂ©s de l’Afrique du
Sud, du Lesotho, du Swaziland et de la Namibie. On peut se demander si sa participation Ă 
la SACU lui a rapporté des bénéfices nets, mais elle a largement contribué à remplir les
caisses de l’État au dĂ©but des annĂ©es 1970, Ă  l’époque oĂč l’industrie du diamant Ă©tait
encore jeune. Le Botswana s’est davantage dĂ©marquĂ© de l’emprise Ă©conomique de
l’Afrique du Sud que d’autres membres moins puissants de l’Union, surtout depuis qu’il a
quitté la zone monétaire du rand en 1976 et il a moins souffert de la déstabilisation

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(politique, Ă©conomique et militaire) infligĂ©e par l’Afrique du Sud Ă  plusieurs pays
d’Afrique australe pendant les annĂ©es d’apartheid.

Améliorations des indicateurs sociaux

Le tableau 4.1 résume les tendances générales révélées par les indicateurs économiques et
sociaux du Botswana entre 1970 et 1990 et les comparent aux résultats des autres pays
d’Afrique subsaharienne au cours de cette mĂȘme pĂ©riode.

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 L’amĂ©lioration rapide de la

situation Ă©conomique au Botswana s’est accompagnĂ©e de gains sociaux immĂ©diats.
L’augmentation rapide des dĂ©penses publiques a favorisĂ© l’expansion de l’emploi dans le
secteur public, qui a elle-mĂȘme entraĂźnĂ© une croissance des emplois privĂ©s, surtout dans
les activités telles que la construction, le commerce et les services, qui étaient nécessaires
pour utiliser les recettes tirĂ©es des diamants. Le nombre d’emplois dans le secteur
structuré est passé de 25 000 en 1965 à 230 000 en 1991. La croissance économique
rapide enregistrée entre 1970 et 1990 est allée de pair avec une diminution de moitié des
taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans et de mortalité infantile, un relÚvement de
l’espĂ©rance de vie de 46 Ă  63 ans et un doublement des taux d’alphabĂ©tisation des adultes
et des inscriptions Ă  l’école primaire. A la fin de cette pĂ©riode, le taux de mortalitĂ© des
enfants de moins de 5 ans au Botswana, qui Ă©tait de 56 pour 1000 naissances vivantes, Ă©tait
le deuxiĂšme taux le plus faible d’Afrique subsaharienne. La pĂ©riode au cours de laquelle
les résultats furent les plus percutants tant dans le secteur de la santé que dans celui de
l’éducation – rĂ©alisation pratiquement totale de l’objectif de l’éducation universelle et
amĂ©lioration impressionnante des indicateurs de santĂ© – semble avoir Ă©tĂ© la premiĂšre
moitiĂ© des annĂ©es 80, une quinzaine d’annĂ©es aprĂšs le lancement des principaux
programmes d’investissement public dans ces secteurs.

Selon l’Indicateur du dĂ©veloppement humain (IDH), en 1992 le Botswana occupait

la 76Úme place (PNUD, 1995), ce qui le classait parmi les premiers pays à développement
humain ‘moyen’ et au premier rang des pays d’Afrique subsaharienne. La comparaison
avec le Gabon, un pays producteur de pétrole relativement riche ayant une population
comparable Ă  celle du Botswana, est particuliĂšrement pertinente : le Gabon a moins
brillamment rĂ©ussi Ă  traduire sa richesse miniĂšre en dĂ©veloppement social et n’occupe que
la 114ùme place mondiale selon l’IDH.

Les indicateurs Ă©conomiques du Botswana confirment Ă  quel point ses ressources

financiÚres ont contribué à son développement et à sa stabilité financiÚre. Entre 1970 et
1990, le montant des dépenses publiques par habitant a été multiplié par 20 (calculé en
dollars des États-Unis), dont une grande partie est allĂ©e gonfler l’enveloppe sociale.
Durant cette pĂ©riode, le niveau d’aide extĂ©rieure par habitant accordĂ© au Botswana Ă©tait
l’un des plus Ă©levĂ©s de la planĂšte. Alors que les ressources financiĂšres posaient de moins
en moins de problÚmes au cours des années 1970 et au début des années 1980, le
dĂ©veloppement du Botswana a Ă©tĂ© ralenti par la faiblesse de sa capacitĂ© d’absorption due Ă 
une pĂ©nurie de personnel qualifiĂ©. Le Botswana s’efforçait de rattraper son retard en
termes de mise en valeur des ressources humaines, mais ses efforts visant à améliorer
l’éducation commençaient seulement Ă  porter leurs fruits. Les planificateurs
gouvernementaux, qui savaient que des dĂ©penses dĂ©passant la capacitĂ© d’absorption se
solderaient par des ‘goulots d’étranglement’ inflationnistes, ont dĂ©libĂ©rĂ©ment limitĂ© le
montant des dépenses affectées au développement pour tenir compte des capacités de mise
en Ć“uvre, ce qui explique l’excĂ©dent budgĂ©taire important affichĂ© par le pays pendant toutes

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les annĂ©es 80. L’approche prudente adoptĂ©e par le Gouvernement en matiĂšre de gestion
budgĂ©taire lui a permis de faire des Ă©conomies importantes et d’accumuler des rĂ©serves
internationales d’un montant considĂ©rable; de ce fait, le Botswana n’a pas Ă©tĂ© confrontĂ©
aux problÚmes liés au service de la dette qui ont entravé le développement de nombreux
pays africains.

Il est difficile de faire la part entre l’importance relative du montant des ressources

financiùres disponibles et l’utilisation à bon escient de ces ressources. Les deux facteurs
sont des conditions nécessaires pour garantir le succÚs à long terme du développement et le
Botswana a gĂ©nĂ©ralement rĂ©ussi Ă  y satisfaire. Dans les annĂ©es 70 et 80, d’autres pays
d’Afrique subsaharienne ont souffert soit de graves pĂ©nuries de ressources financiĂšres, soit
des problĂšmes provoquĂ©s par la faiblesse, l’inefficacitĂ© et parfois la corruption des
administrations, parfois des deux. Le Botswana fut donc en mesure d’entreprendre
d’apporter des amĂ©liorations sociales importantes et de grande envergure, ce qui ne fut pas
le cas de la plupart des autres pays d’Afrique subsaharienne .

La rapidité du développement de ce pays a également entraßné une série de

transformations sociales, certaines anticipées par les planificateurs du développement
auprĂšs du Gouvernement, d’autres pas. La rapiditĂ© de l’urbanisation compte au nombre des
transformations les plus radicales. A l’époque de l’indĂ©pendance, pratiquement toute la
population botswanaise vivait dans des zones rurales, mais en 1991, prĂšs de 24% des
habitants vivaient dans des villes et 19 autres pour cent habitaient de grands villages de
plus de 10 000 habitants. Ces villages ont un caractĂšre de plus en plus urbain et seront
probablement bientĂŽt considĂ©rĂ©s comme des villes. La concentration d’emplois du secteur
structuré et de services sociaux dans la capitale, Gaborone, et dans les nouveaux centres
urbains, explique en grande partie la migration des campagnes vers les villes. Gaborone
est passĂ© d’une population de 10 000 habitants au moment de l’indĂ©pendance Ă  environ 133
000 habitants en 1991 (ce qui représente plus de 10 % de la population du pays).

Bien que sur plusieurs fronts du développement économique et social le Botswana

ait obtenu des succĂšs nettement supĂ©rieurs Ă  ceux du reste de l’Afrique subsaharienne, le
niveau de vie de prÚs de la moitié de la population se situe toujours en dessous du seuil de
pauvreté. La malnutrition enfantine a effectivement diminué de moitié au début des années
80, mais le reste de la dĂ©cennie n’a pas vraiment amenĂ© d’amĂ©liorations supplĂ©mentaires
et le taux national de prévalence de la malnutrition modérée tourne toujours autour de 15
%.

Il ressort des recherches effectuĂ©es rĂ©cemment par l’UNICEF que, malgrĂ© des

succĂšs considĂ©rables, le Botswana aurait pu faire mieux en termes d’amĂ©lioration des taux
de survie de l’enfant et de mortalitĂ© maternelle, ainsi que d’autres indicateurs sociaux
importants. En se fondant sur les relations observées entre la croissance économique et
l’amĂ©lioration des indicateurs sociaux dans l’ensemble des pays, on a calculĂ© qu’en 1992
le taux de mortalitĂ© des enfants de moins de 5 ans au Botswana n’aurait pas dĂ» excĂ©der 33
dĂ©cĂšs pour 1000 naissances vivantes au lieu des 58 qu’affichait le pays (UNICEF, 1994a).
La faible amélioration du taux de mortalité maternelle fait également partie des mauvais
résultats obtenus par le Botswana. Si cette analyse semble indiquer que le Botswana doit
se garder de tout triomphalisme, elle dévoile probablement aussi les difficultés
particuliÚres associées au développement social, dont les moindres ne sont pas les
problĂšmes pratiques et les coĂ»ts d’investissement Ă©levĂ©s associĂ©s Ă  la crĂ©ation
d’infrastructures dans un grand pays, dont la population est dispersĂ©e et dont la densitĂ©

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dĂ©mographique moyenne est dix fois plus faible que celle de l’Afrique subsaharienne. Il se
peut Ă©galement que la chance exceptionnelle qu’a reprĂ©sentĂ© la dĂ©couverte des diamants ne
se soit pas accompagnée de mécanismes de répartition automatique des bénéfices grùce à
une participation massive à la nouvelle prospérité du pays, comme cela aurait été le cas si
l’agriculture avait Ă©tĂ© Ă  l’origine de la croissance (la part de l’agriculture dans le PIB a
chuté, passant de 33 % en 1970 à 5 % seulement en 1990). Les choses pourraient changer
progressivement grĂące Ă  un ensemble d’interventions publiques et aux amĂ©liorations
indirectes et plus tardives de l’emploi et aux revenus associĂ©s Ă  la demande de biens et
services fournis par le gouvernement et par la suite par un secteur privé émergeant.

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Le sida fait également peser une lourde menace sur les acquis du passé. Selon les

estimations, en 1993, prĂšs de 92 000 personnes, soit un membre sur six de la population
sexuellement active, Ă©taient sĂ©ropositives. Si l’on tient compte de l’impact du sida sur les
enfants et les autres personnes Ă  charge, il est Ă©vident que cette maladie provoquera des
pertes et des souffrances importantes dans la population. La situation risque encore se
détériorer pendant les derniÚres années de la décennie.

Expansion des services sociaux

L’amĂ©lioration des indicateurs sociaux est Ă©troitement liĂ©e aux succĂšs remportĂ©s lors de
l’établissement de l’infrastructure sociale de base et des services sociaux dans l’ensemble
du pays. A l’époque de l’indĂ©pendance, les services sociaux, tant publics que privĂ©s,
Ă©taient pratiquement inexistants. La plupart des villages Ă©taient dĂ©pourvus d’équipements
collectifs, notamment d’écoles, d’établissements de santĂ© et de systĂšmes
d’approvisionnement en eau potable. L’absence de routes et de moyens de communication
en bon Ă©tat entravait largement l’octroi de services sociaux et limitait l’envergure des
activitĂ©s Ă©conomiques qui auraient pu ĂȘtre entreprises. AprĂšs l’indĂ©pendance, tous les
plans de développement mentionnaient la nécessité impérieuse de doter le pays
d’infrastructures et de services sociaux, d’une part pour pouvoir rĂ©partir Ă©quitablement les
avantages tirĂ©s du dĂ©veloppement entre tous les habitants, et d’autre part parce qu’ils
Ă©taient la condition nĂ©cessaire au dĂ©veloppement et Ă  la diversification de l’économie
rurale. D’un point de vue politique, la crĂ©ation d’infrastructures et de services Ă©tait
considĂ©rĂ©e comme un facteur essentiel de l’édification de la nation.

Compte tenu de systĂšme d’action sociale Ă  l’époque de l’indĂ©pendance, la tĂąche ne

pouvait qu’ĂȘtre lente, surtout pendant les annĂ©es 70 et les annĂ©es 80 oĂč une pĂ©nurie de
main-d’Ɠuvre qualifiĂ©e faisait largement obstacle Ă  la mise en Ć“uvre de ces services.
Cependant, au bout de deux dĂ©cennies, le pays avait rĂ©ussi Ă  se doter d’un rĂ©seau largement
uniformisĂ© de services sociaux. En 1990, l’accĂšs Ă  l’eau salubre, aux Ă©tablissements de
santĂ© et Ă  l’éducation primaire Ă©tait pratiquement universel, et l’accĂšs Ă  l’éducation
secondaire s’était rapidement amĂ©liorĂ©. Ces succĂšs s’expliquent par le fait qu’un volet
important du programme de développement du Botswana était consacré à la construction de
nouveaux Ă©quipements, ainsi qu’à la crĂ©ation et au renforcement des capacitĂ©s
institutionnelles de fournir des services et de gérer les équipements. Le tableau 4.2 donne
un aperçu de l’évolution de l’infrastructure sociale entre 1970 et 1990. Des centaines
d’écoles, d’établissements de santĂ© et de systĂšmes d’approvisionnement en eau ont Ă©tĂ©
construits et mis en service. En 1990, 3 000 km de routes goudronnées sillonnaient le pays,
constituant un réseau routier pratiquement complet. Un réseau national de

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télécommunications digitales assurant des liaisons de qualité desservait toutes les villes et
les principaux villages.

La structure des investissements sociaux semble indiquer que, globalement, le

gouvernement s’est efforcĂ© d’amĂ©liorer les conditions sociales 

pour tous

. Comparée à

d’autres pays, la sociĂ©tĂ© botswanaise n’était pas en butte Ă  des divisions ethniques ou
autres qui auraient pu entraüner une manipulation du systùme d’action sociale au profit de
certains groupes.

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 Comme la majeure partie de la population Ă©tait privĂ©e de services

sociaux Ă  l’époque de l’indĂ©pendance, il aurait Ă©tĂ© difficile de justifier l’octroi de
prestations à certaines couches de la société et pas aux autres. En outre, grùce à la base
rurale du parti dirigeant, les pires excĂšs du parti pris urbain ont pu ĂȘtre Ă©vitĂ©s. 

MalgrĂ© l’intention gĂ©nĂ©rale d’étendre Ă©quitablement la couverture sociale Ă 

l’ensemble du pays, il ressort d’études rĂ©centes que les couches les plus pauvres et les
plus démunies de la société ont eu plus de difficultés que les autres à bénéficier de ces
services. Les données ventilées réunies lors du recensement national de 1991 révÚlent que
les principaux problÚmes, tels que la mortalité maternelle et infantile, ainsi que la
faiblesse des taux d’inscription Ă  l’école, sont d’autant plus aigus que les rĂ©gions sont
pauvres et isolĂ©es. Ces problĂšmes laissent supposer que mĂȘme les stratĂ©gies de couverture
universelle fondées sur de bonnes intentions ont leurs limites si des mesures spéciales ne
sont pas prises pour faire face aux problÚmes particuliers des plus démunis.

La croissance Ă©conomique a donnĂ© Ă  l’État la capacitĂ© d’élargir la masse

budgétaire nécessaire pour satisfaire la demande de services sociaux. Cependant, les
moyens financiers disponibles n’expliquent pas à eux seuls le succùs du Botswana en
matiĂšre d’élargissement des infrastructures et de prestations de services. Le systĂšme de
plans nationaux et de contrÎle budgétaire, sous les auspices du ministÚre des Finances et
de la Planification du dĂ©veloppement, est au moins aussi important : il a permis d’établir
un cadre vigoureux garantissant que les dépenses proposées servaient des objectifs à long
terme et qu’elles Ă©taient toutes examinĂ©es Ă  la loupe et contrĂŽlĂ©es. Cette mĂ©thode a permis
d’établir une structure gĂ©nĂ©rale d’investissements stratĂ©giques choisis avec soin en se
fondant sur un systÚme de planification des objectifs revu et remis à jour réguliÚrement.

Il ne fait aucun doute que seul le Gouvernement disposait des ressources et

capacitĂ©s institutionnelles nĂ©cessaires pour fournir des services sociaux Ă  l’ensemble de la
population. A l’époque de l’indĂ©pendance, les revenus de la population Ă©taient si faibles
que les gens pouvaient difficilement contribuer au financement des prestations sociales.
C’est pourquoi le marchĂ© privĂ© des services sociaux Ă©tait pratiquement inexistant et les
prestataires de services privés rarement compétents.

L’augmentation des revenus dans les annĂ©es 80 et 90, comme constatĂ© Ă  Maurice et

dans certains pays d’Asie du Sud-Est pendant un laps de temps similaire, a entraĂźnĂ© une
croissance rapide des dĂ©penses discrĂ©tionnaires, qui a elle-mĂȘme accru le nombre de
fournisseurs de biens et services du secteur privé. En 1990, la couche la plus aisée de la
sociĂ©tĂ© pouvait gĂ©nĂ©ralement choisir de s’adresser aux services publics ou d’utiliser les
services payants du secteur privĂ©. C’est dans les secteurs de la santĂ© et de l’éducation, oĂč
les écoles et cliniques privées ont soudain proliféré, que les exemples sont les plus
frappants. Les services privĂ©s ont l’avantage d’élargir les choix et peuvent contribuer Ă 
Ă©tablir des normes d’efficacitĂ© tout en limitant la dĂ©pendance envers le gouvernement Ă 
plus long terme. Toutefois, comme les services privés coûtent généralement plus cher et
sont de meilleure qualité que les services sociaux publics, ils mettent en lumiÚre les

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9

inégalités entre les riches qui ont les moyens de les utiliser et les pauvres qui en sont
exclus.

La pauvreté au Botswana

Les résultats de deux grandes études sur les revenus et dépenses des ménages réalisées en
1985-86 et 1993-94 (Central Statistics Office, 1988 et 1995; BIDPA, 1996) nous
fournissent des informations sur la pauvreté et la répartition de revenus au Botswana (les
principaux rĂ©sultats figurent dans le tableau 4.3). Il ressort de l’étude la plus rĂ©cente que la
pauvreté est toujours largement répandue, puisque 38 % des ménages avaient des revenus
infĂ©rieurs au seuil de pauvretĂ©, 

8

et que ces ménages représentaient 47 % de la population.

En outre, la majoritĂ© de ces mĂ©nages Ă©taient trĂšs dĂ©munis puisque le revenu qu’ils avaient
dĂ©clarĂ© ne couvrait mĂȘme pas la composante alimentaire du seuil de pauvretĂ©. Au plan
national, 23 % des mĂ©nages et 30 % des individus entraient dans la catĂ©gorie de l’extrĂȘme
pauvretĂ©. MalgrĂ© la rapiditĂ© de l’urbanisation et les problĂšmes que pose la montĂ©e du
chÎmage, la pauvreté au Botswana reste un phénomÚne essentiellement rural. Elle frappe
48 % des ménages ruraux, contre 23 % seulement des ménages urbains, les grands
« villages urbains Â» Ă©tant situĂ©s Ă  mi-chemin.

Les deux Ă©tudes rĂ©vĂšlent toutefois un net recul de la pauvretĂ© entre le milieu des

années 80 et le milieu des années 90. Les taux de pauvreté tant des ménages que des
individus ont reculĂ© d’environ 12 %. En outre, ce recul est intervenu surtout dans les
familles rurales les plus pauvres. Comme il s’agit du groupe le plus durement frappĂ© par la
pauvretĂ© au Botswana (en termes de nombre de mĂ©nages et d’individus), ce rĂ©sultat est
encourageant car il semble indiquer que le ciblage des politiques et des mécanismes
Ă©conomiques qui ont fait reculer la pauvretĂ© est efficace. La pauvretĂ© urbaine n’a pas subi
de modifications notables et elle est moins criante que la pauvreté rurale. Il ressort des
données réunies dans le cadre de ces études que les ménages dirigés par des femmes sont
plus exposĂ©s Ă  la pauvretĂ© que ceux dirigĂ©s par des hommes, ce qui s’explique par le fait
que les femmes ont davantage de personnes Ă  charge, un accĂšs plus difficile aux emplois
rémunérés et dépendent davantage des versements et transferts de fonds.

Les données relatives à la répartition des revenus donnent des indications

similaires : les inĂ©galitĂ©s restent profondes mais elles se comblent peu Ă  peu. L’indice
national d’inĂ©galitĂ© de Gini (sur une base individuelle) Ă©tait de 0,56 pour la pĂ©riode 1993-
94, par rapport à 0,54 pour la période 1985-86. En 1993-94, les 20 % les plus riches de la
population détenaient 59 % du revenu total disponible, alors que ce taux était de 12 %
pour les 40 % les plus pauvres de la population. Cette répartition du revenu est
comparable Ă  celle du Zimbabwe, et un peu plus Ă©quitable que celle affichĂ©e par l’Afrique
du Sud, la Tanzanie et le Kenya.

Ces inĂ©galitĂ©s sont compensĂ©es par le niveau relativement Ă©levĂ© du « systĂšme

d’action sociale Â», qui comprend l’éducation, les soins mĂ©dicaux et l’eau salubre, dont
bĂ©nĂ©ficie l’ensemble de la population soit gratuitement, soit Ă  un coĂ»t minime grĂące Ă  de
fortes subventions. En 1993, les dépenses sociales du Gouvernement atteignaient en
moyenne 5 300 pula (2 300 dollars des États-Unis) par famille. Le revenu social (qui
n’inclut pas les crĂ©dits affectĂ©s aux routes, aux systĂšmes d’approvisionnement en eau etc.)
est trÚs élevé comparé au revenu des pauvres (en espÚces et en nature)

9

. Bien que les

dĂ©penses sociales ne soient pas rĂ©parties uniformĂ©ment dans l’ensemble de la population,

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10

on peut toutefois assumer que leur répartition est plus équitable que celle des revenus en
général.

Cependant, le niveau de pauvreté est encore élevé pour un pays qui peut se targuer

d’un tel succĂšs Ă©conomique et on peut en dĂ©duire que la stratĂ©gie de dĂ©veloppement
appliquĂ©e par le Botswana a permis d’amĂ©liorer les conditions gĂ©nĂ©rales et qu’elle s’est
avérée plus performante dans le secteur des services que dans la lutte contre la misÚre. La
pĂ©riode comprise entre 1966 et 1990 tend Ă  prouver que dans les pays en dĂ©veloppement –
en particulier ceux dont les Ă©conomies dĂ©pendent de ressources miniĂšres – les inĂ©galitĂ©s
ont tendance Ă  se creuser avant de se combler (Lewis, 1981). Bien que le Gouvernement ait
investi des ressources considĂ©rables dans les zones rurales – en particulier dans les
secteurs de la santĂ©, de l’éducation, dans la crĂ©ation d’infrastructures et dans divers
programmes de subventionnement – ces mesures n’ont pas empĂȘchĂ© les disparitĂ©s de se
creuser en termes de revenus et de conditions de vie entre les zones rurales les plus
pauvres et des zones urbaines de plus en plus prospÚres. La pauvreté reste trÚs répandue
dans les rĂ©gions rurales, ce qui s’explique par la difficultĂ© de tirer des revenus suffisants
d’une agriculture de labour frĂ©quemment exposĂ©e Ă  la sĂ©cheresse. Il ne faut pas non plus
nĂ©gliger l’absence d’autres sources de revenu. Plusieurs des zones rurales oĂč vivent les
trois quarts de la population en 1990 sont éloignées des principaux centres à forte densité
dĂ©mographique, ce qui limite la possibilitĂ© d’entreprendre d’autres formes d’activitĂ©s
Ă©conomiques. Les infrastructures essentielles, comme l’électricitĂ© et le tĂ©lĂ©phone, se
développent lentement dans les zones rurales, qui manquent également de matiÚres
premiĂšres permettant d’entreprendre des activitĂ©s productives. De ce fait, de nombreux
mĂ©nages ruraux dĂ©pendent de plus en plus de l’argent que leur envoient des parents
devenus citadins et des transferts de fonds gouvernementaux.

Bien que les méthodes durables de soulagement de la pauvreté se soient avérées

peu probantes jusqu’ici, le Gouvernement peut s’enorgueillir d’avoir crĂ©Ă© un systĂšme
relativement global de surveillance de la sĂ©cheresse et des programmes d’aide en cas de
sĂ©cheresse qui ont Ă©vitĂ© beaucoup de dĂ©cĂšs. Lorsque la sĂ©cheresse s’est installĂ©e au milieu
des années 80, plus de la moitié de la population a reçu une aide dans le cadre de ces
programmes, notamment des rations alimentaires, et elle a aussi bénéficié de la création de
programmes Ă  forte intensitĂ© de main-d’Ɠuvre qui ont permis aux gens de gagner leur vie.
Des rations alimentaires étaient distribuées dans les écoles et les dispensaires à tous les
enfants, aux femmes enceintes et aux mùres allaitantes, ainsi qu’aux autres groupes
vulnĂ©rables; c’est ainsi que pendant la sĂ©cheresse qui a frappĂ© le pays en 1992, 464 000
personnes, sur une population de 1,3 million d’habitants, ont reçu quotidiennement de la
nourriture. En outre, les conseils de districts ont employé environ 63 000 personnes dans
des projets de travaux publics, tels que l’entretien des routes dans les rĂ©gions rurales. Ces
programmes de secours aux victimes de la sécheresse avaient pour but (largement atteint)
de compenser la perte de cultures de subsistance et de fournir aux familles rurales un
revenu suffisant pour acheter des provisions pour remplacer les récoltes perdues. Durant
les années 80 et au début des années 90, les programmes de secours aux victimes de la
sécheresse semblent avoir été établis sur une base relativement permanente et pourraient
ĂȘtre l’emblĂšme du mĂ©canisme de protection sociale du Botswana, mĂȘme s’il n’en porte par
le nom. Bien que ces programmes aient largement permis d’éviter la famine et de maintenir
la malnutrition Ă  un faible niveau, ils ont malheureusement l’inconvĂ©nient d’avoir crĂ©Ă© une
forte dĂ©pendance Ă  l’égard des services sociaux gouvernementaux.

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11

Politiques sectorielles

Santé

Soins de santé primaire
La santĂ© publique fut l’une des grandes prioritĂ©s du dĂ©veloppement social et des
investissements sociaux au Botswana. A l’époque de l’indĂ©pendance, le petit service de
santĂ© Ă  base hospitaliĂšre du pays n’était en mesure de desservir qu’une infime minoritĂ© de
la population. En 1973, le Gouvernement a adopté une stratégie de soins de santé primaire
(SSP) basĂ©e sur le concept de la dĂ©centralisation des soins grĂące Ă  l’établissement d’un
rĂ©seau de dispensaires, de postes sanitaires et d’unitĂ©s mobiles, soutenu par les hĂŽpitaux et
les autres services de santé de niveau tertiaire.

10

 Cette option Ă©tait centrĂ©e sur l’équitĂ©, la

collaboration intersectorielle, la participation communautaire, ainsi que sur l’octroi de
services appropriĂ©s, accessibles et d’un prix abordable. En 1978, le rĂ©seau de base Ă©tait
en place et au dĂ©but des annĂ©es 80, l’objectif qui consistait Ă  avoir un Ă©tablissement de
santé dans chaque village de plus de 500 habitants était pratiquement atteint; en 1985, plus
de 80 % de la population avaient accÚs à un établissement de santé situé à moins de 15
kilomĂštres de son domicile.

Une fois mis sur pied le réseau de base, les efforts visant à améliorer le systÚme de

santĂ© ont alors portĂ© sur le maintien du systĂšme de santĂ© en place, l’élimination de ses
lacunes et des disparitĂ©s, et l’amĂ©lioration de la qualitĂ© des soins. Dans son SeptiĂšme Plan
de dĂ©veloppement national, le Gouvernement a dĂ©cidĂ© que l’objectif global Ă  poursuivre
dans le secteur sanitaire serait la santĂ© pour tous en l’an 2000.  Cet objectif Ă©tait un
nouveau défi, plus difficile à relever, car le but était non seulement de fournir des services,
mais de procurer Ă  chaque Botswanais « un niveau de santĂ© lui permettant de mener une vie
productive sur le plan Ă©conomique et social Â» (RĂ©publique du Botswana, 1991).

Si trois décennies de développement rapide ont suffi pour créer un large réseau

d’établissements de santĂ© dotĂ©s de ressources suffisantes, la crĂ©ation d’une base suffisante
de ressources humaines permettant d’amĂ©liorer rapidement la qualitĂ© des services
mĂ©dicaux a pris plus de temps. Dans bien des cas, il s’est aussi avĂ©rĂ© plus facile d’investir
dans l’expansion des services que d’instruire la population et de modifier les attitudes et
les pratiques en matiĂšre de santĂ© et d’hygiĂšne, deux conditions essentielles pour Ă©viter les
problÚmes de santé et pour utiliser efficacement les services sanitaires.

La santĂ© infantile a bĂ©nĂ©ficiĂ© de l’expansion gĂ©nĂ©rale des services de santĂ©, ainsi

que de la surveillance de l’état nutritionnel des enfants de moins de 5 ans en pĂ©riode de
sécheresse. Cependant, les taux de mortalité infantile sont sensiblement plus élevés dans
les zones rurales que dans les zones urbaines, ce qui s’explique partiellement par les
difficultĂ©s associĂ©es Ă  l’amĂ©lioration de la santĂ© au sein des groupes de population les plus
décentrés et les plus désavantagés. Au début des années 80, il apparut clairement que le
Botswana devait utiliser des méthodes plus sophistiquées pour identifier et aider les plus
démunis qui ne semblaient pas bénéficier pleinement des améliorations apportées à la santé
publique.

Le développement des services de santé dans le pays a permis au Botswana

d’étendre rapidement la vaccination des enfants et d’atteindre l’objectif de la vaccination
universelle des enfants au milieu des années 80 (une couverture de 80 % de la population
enfantine contre six maladies). Au début des années 90, les efforts ont porté

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12

essentiellement sur la durabilité des résultats obtenus en matiÚre de vaccination des
enfants. Le Programme élargi de vaccination (PEV) appliqué pendant les années 80 avait
obligé le pays à déployer des efforts considérables dans plusieurs secteurs, notamment
pour identifier les enfants qui n’avaient pas Ă©tĂ© vaccinĂ©s. Ces efforts devront ĂȘtre
poursuivis et renforcĂ©s Ă  l’avenir pour englober le nombre croissant d’enfants qui devront
ĂȘtre vaccinĂ©s. MalgrĂ© les activitĂ©s de recyclage et de perfectionnement du personnel, il est
Ă  craindre que les capacitĂ©s de mise en Ć“uvre de ces mesures soient mises Ă  rude Ă©preuve Ă 
l’avenir.

Le sida
Le Gouvernement a réagi contre la pandémie du sida en créant un programme national de
lutte contre le sida en 1987. Ce programme, dirigé par le ministÚre de la Santé, est
l’organisme principal chargĂ© de gĂ©rer les activitĂ©s de lutte et de prĂ©vention du sida. En
outre, certaines ONG telles que l’Alliance mondiale des unions chrĂ©tiennes fĂ©minines et la
Croix-Rouge botswanaise participent à ces activités depuis la fin des années 80. Malgré
des programmes d’éducation publique vigoureux dirigĂ©s par des professionnels, la tĂąche
consistant à promouvoir des changements dans les attitudes et pratiques sexuelles s’est
avérée fastidieuse et longue, et le taux de transmission du VIH est alarmant. En 1993, on
estimait que prĂšs de 90 % de la population savait comment le sida se transmet; pourtant
ces connaissances n’ont pas dĂ©bouchĂ© sur des pratiques sexuelles sans danger au sein de la
population. Comme le taux d’infection par le VIH est dĂ©jĂ  relativement Ă©levĂ©, il est Ă 
craindre que le Botswana s’achemine vers une pĂ©riode catastrophique sur le plan humain
et Ă©conomique. Pour Ă©viter cette catastrophe et limiter la propagation du sida, le
Gouvernement et l’ensemble de la sociĂ©tĂ© doivent relever de toute urgence l’énorme dĂ©fi
qui consiste encourager la population Ă  modifier ses attitudes et ses pratiques sur le plan
sexuel.

Eau et assainissement

En raison de la pĂ©nurie d’eau, l’approvisionnement en eau est trĂšs important pour le
Botswana Ă  divers Ă©gards : survie de la population, Ă©tablissements humains et activitĂ©s
Ă©conomiques. A l’époque de l’indĂ©pendance, le pays manquait d’informations
hydrologiques et de capacités pour forer des trous de sonde. Aucun barrage important
n’avait Ă©tĂ© construit. C’est pourquoi le pays a immĂ©diatement accordĂ© la prioritĂ© Ă 
l’approvisionnement en eau, qui permet d’amĂ©liorer les conditions de vie et reprĂ©sente un
investissement indispensable et propice aux autres formes de développement. La création
d’un grand programme de forage permettant de capter les eaux souterraines a permis
d’approvisionner en eau les zones rurales. De grands barrages ont Ă©tĂ© construits pour
fournir de l’eau salubre dans le cadre du dĂ©veloppement et de l’expansion des centres
urbains.

Au dĂ©but des annĂ©es 90, la tĂąche consistant Ă  fournir un accĂšs universel Ă  l’eau

salubre Ă©tait pratiquement achevĂ©e; 89 % de la population du pays avaient accĂšs Ă  de l’eau
salubre provenant de canalisations, de trous de sondes et de puits, la couverture Ă©tant de 77
% dans les zones rurales et de 100 % dans les zones urbaines. La tĂąche consistant Ă  trouver
de nouvelles ressources en eau a Ă©tĂ© abandonnĂ©e au profit d’une gestion efficace et
rationnelle des systĂšmes d’approvisionnement existants et de leur Ă©largissement compte
tenu de l’accroissement de la population, tout en comblant les lacunes de

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13

l’approvisionnement rural. Pour guider ces efforts, en 1991, le Gouvernement a Ă©laborĂ© un
Plan directeur national pour l’approvisionnement en eau qui donne un cadre gĂ©nĂ©ral au
secteur de l’eau couvrant une pĂ©riode qui va au-delĂ  de l’an 2000. Actuellement, seuls de
petits groupes de population vivant dans des rĂ©gions isolĂ©es oĂč le coĂ»t des Ă©quipements est
beaucoup plus Ă©levĂ© et oĂč ces gros investissements risquent d’ĂȘtre peu rentables et mĂȘme
superflus si ces populations décident de migrer vers des villes et des villages plus
importants, souffrent des lacunes de l’approvisionnement rural. Le Gouvernement a choisi
d’encourager les gens Ă  se dĂ©placer vers des agglomĂ©rations plus importantes en
appliquant une politique nationale d’implantation, qui a pour but de limiter les
investissements dans les infrastructures sociales des villages de moins de 500 habitants.
Mais les tendances actuelles révÚlent indubitablement que de nombreux villages isolés et
peu peuplĂ©s ne sont pas prĂȘts de disparaĂźtre.

Par contre, Ă  la diffĂ©rence de l’approvisionnement en eau, l’amĂ©lioration de l’accĂšs

Ă  des systĂšmes d’assainissement adĂ©quats fut plus tardive et plus lente. Entre 1981 et 1991,
la proportion de mĂ©nages ayant accĂšs Ă  l’assainissement est passĂ©e de 36 Ă  55 % , avec un
accroissement de 79 Ă  91 % dans les zones urbaines et de 25 Ă  41 % dans les zones rurales.
Les normes relativement élevées adoptées dans les nouvelles zones urbaines garantissent
un accùs pratiquement universel à l’assainissement dans les villes. Cependant, ce n’est qu’à
la fin des années 70 que le Gouvernement a commencé à donner la priorité à
l’assainissement rural en Ă©laborant un programme qui accorde des subventions aux
familles pour les encourager à construire des latrines. Des études réalisées récemment
semblent indiquer que le programme n’a pas obtenu les rĂ©sultats escomptĂ©s et que la
politique visant Ă  accorder la prioritĂ© Ă  la construction de latrines subventionnĂ©es s’est
soldĂ©e par un Ă©chec. Les subventions Ă©taient Ă©levĂ©es et l’intervention directe du
Gouvernement dans la construction au niveau des ménages a provoqué un certain nombre
de problùmes techniques et administratifs. En outre, ces subventions n’ont eut aucune
incidence sur l’utilisation correcte des latrines ou sur l’adoption de pratiques sanitaires et
hygiéniques contribuant à améliorer la santé publique. Ces problÚmes ont poussé le
Gouvernement à revoir sa copie et à affecter des ressources plus considérables à
l’éducation sanitaire pour encourager les populations Ă  adopter des pratiques saines et Ă  se
doter d’installations avec l’aide technique du Gouvernement (et de subventions limitĂ©es
pour les plus dĂ©munis). Cette stratĂ©gie semble avoir de meilleures chances d’élargir la
couverture sanitaire mĂȘme si elle risque d’ĂȘtre difficile Ă  appliquer au dĂ©part, en raison
surtout du temps nĂ©cessaire pour que les conseils de l’eau abandonnent la gestion d’un
programme de construction familiale au profit de l’organisation de cours communautaires
d’éducation sanitaire.

Éducation

En 1966, environ 75 000 enfants, soit la moitiĂ© des enfants en Ăąge de frĂ©quenter l’école
primaire, Ă©taient scolarisĂ©s. La qualitĂ© de l’enseignement Ă©tait mĂ©diocre et la plupart des
enfants n’achevaient pas le cycle primaire. L’enseignement secondaire n’existait que
depuis une vingtaine d’annĂ©es et 1 531 Ă©lĂšves seulement poursuivaient des Ă©tudes
secondaires. Confronté à une grave pénurie de personnel dans le secteur administratif, le
Gouvernement a accordĂ© une prioritĂ© plus Ă©levĂ©e Ă  l’enseignement secondaire pendant une
courte période à la fin des années 60. Mais au début des années 70, il a rebroussé chemin
pour consacrer ses efforts au renforcement de l’instruction primaire. En donnant accùs à

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l’éducation primaire aux enfants de toutes les rĂ©gions du pays, le Gouvernement a voulu
leur permettre de dĂ©buter dans la vie sur un pied d’égalitĂ©. En 1979, le Gouvernement a
adoptĂ© l’objectif global de l’éducation primaire universelle. GrĂące Ă  un soutien
considérable de la part des bailleurs de fonds étrangers, durant les années 70 et 80, le
Gouvernement a lancĂ© de grands programmes de construction d’écoles primaires. La
scolarisation a encore bĂ©nĂ©ficiĂ© de la dĂ©cision de rĂ©duire de moitiĂ© les frais d’inscription
en 1973 et de les supprimer totalement en 1980. A la fin des annĂ©es 80, le pays s’était
considĂ©rablement rapprochĂ© de l’objectif de l’éducation primaire universelle, mĂȘme si une
minoritĂ© d’enfants n’étaient toujours pas scolarisĂ©s.

La prioritĂ© a Ă©tĂ© donnĂ©e Ă  l’élargissement de l’éducation secondaire au dĂ©but des

annĂ©es 80 pour lutter contre la faiblesse des taux de progression aprĂšs l’école primaire. Le
nombre d’écoles secondaires de premier cycle a rapidement augmentĂ© et les frais de
scolaritĂ© pour l’école secondaire ont Ă©tĂ© supprimĂ©s en 1988. En 1991, le taux de transition
de l’école primaire Ă  l’école secondaire de premier cycle Ă©tait de 65 %, et le Botswana
Ă©tait sur le point d’atteindre l’objectif consistant Ă  fournir neuf ans d’éducation de base
(sept ans d’école primaire et deux ans d’école secondaire) Ă  tous les enfants.

Le Gouvernement a crĂ©Ă© un programme unique d’enseignement public garantissant

l’égalitĂ© de l’instruction primaire et secondaire et il a conservĂ© un contrĂŽle centralisĂ© sur
l’affectation des enseignants pour s’assurer que les Ă©coles les plus isolĂ©es avaient un
nombre Ă©quitable d’enseignants qualifiĂ©s. Il a Ă©galement affectĂ© des effectifs et des
subventions réguliÚres aux écoles secondaires de premier cycle non gouvernementales,
afin que leur enseignement soit de niveau comparable à celui prodigué dans les écoles
publiques. La plupart des obstacles barrant l’accĂšs Ă  l’éducation ont Ă©tĂ© levĂ©s en rendant
l’éducation gratuite pour tous les Botswanais jusqu’au niveau tertiaire. En 1990, le
Gouvernement finançait directement 568 écoles primaires sur 636 et 169 écoles
secondaires sur 170, ainsi que pratiquement tout l’enseignement tertiaire, la formation
professionnelle et la formation des enseignants.

Il faut Ă©galement noter le haut niveau de scolarisation des filles dans le cycle et au

dĂ©but du cycle secondaire. Aujourd’hui, le nombre de filles scolarisĂ©es est supĂ©rieur au
nombre de garçons et le pays espĂšre rĂ©tablir l’équilibre au cours de la prochaine dĂ©cennie.
Le taux Ă©levĂ© de scolarisation des filles s’explique probablement par le fait que la
principale activitĂ© agricole – l’élevage – est exclusivement rĂ©servĂ©e aux hommes; les
jeunes garçons ne vont pas Ă  l’école parce qu’ils doivent garder les troupeaux. Bien que la
responsabilitĂ© de l’agriculture incombe essentiellement aux femmes, cette activitĂ© perd
rapidement du terrain. L’enseignement Ă©tant gratuit, il n’y a aucune raison de ne pas
envoyer les filles Ă  l’école.

MalgrĂ© ces succĂšs, l’élargissement rapide de la couverture Ă©ducationnelle a mis Ă 

rude épreuve un systÚme encore imparfait et de qualité parfois médiocre. En 1993, la
Commission nationale de l’éducation s’est attaquĂ©e en prioritĂ© aux problĂšmes liĂ©s Ă  la
qualitĂ© de l’éducation de base (RĂ©publique du Botswana, 1993).

Les principaux problĂšmes sont les suivants : problĂšmes associĂ©s Ă  la langue

d’enseignement, surtout pour les groupes minoritaires dont le setswana n’est pas la langue
maternelle; problĂšmes liĂ©s Ă  la qualitĂ© de l’enseignement, notamment pĂ©nurie d’enseignants
qualifiés, faiblesse des exigences lors du recrutement des enseignants (surtout au niveau de
l’enseignement primaire), pertinence de la formation actuelle des enseignants et problùmes
d'attitude et de motivation constatés chez certains enseignants.

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L’autre grand problĂšme a trait aux enfants non scolarisĂ©s. En 1991, prĂšs de 17 %

des enfants ĂągĂ©s de 7 Ă  13 ans ne frĂ©quentaient toujours pas l’école. Certains groupes
dĂ©savantagĂ©s Ă©taient confrontĂ©s Ă  des problĂšmes d’accĂšs plus difficiles Ă  surmonter et
d’autres se heurtaient Ă  des problĂšmes qui les obligeaient Ă  abandonner l’école. Il
s’agissait notamment d’enfants vivant dans des rĂ©gions plus isolĂ©es, d’enfants de
communautĂ©s urbaines pauvres, et d’enfants obligĂ©s d’abandonner l’école pour diverses
autres raisons (par exemple, mĂšres adolescentes et enfants des rues).

L’amĂ©lioration de l’accĂšs Ă  l’éducation a largement contribuĂ© Ă  amĂ©liorer le statut

de la femme dans la sociĂ©tĂ© botswanaise. Bien que le taux d’alphabĂ©tisation des femmes
soit toujours inférieur à celui des hommes, le fossé se comble peu à peu; en outre, les
femmes reprĂ©sentent environ 62 % des participants aux programmes d’éducation destinĂ©s
aux adultes. Aux niveaux de l’école primaire et secondaire, le Botswana est l’un des rares
pays oĂč le taux d’inscription des filles est supĂ©rieur Ă  celui des garçons : en pourcentage
par rapport aux garçons, le taux pour les filles est de 106 % au niveau primaire et de 109
% au niveau secondaire. Toutefois, à ce point, le taux d’inscription des femmes chute
brutalement. Le nombre de femmes poursuivant des études de troisiÚme cycle ne représente
que 58 % du nombre d’hommes, ce qui a des implications Ă©videntes sur la possibilitĂ© des
femmes d’occuper des postes Ă©levĂ©s tant dans le secteur public que dans le secteur privĂ©.
La grossesse explique en grande partie cette faible participation. On peut Ă©galement citer
les mauvais résultats scolaires, notamment en sciences et en mathématiques. De ce fait, les
femmes sont fortement sous-représentées chez les professeurs de sciences et de
mathématique au niveau secondaire et dans les emplois techniques et scientifiques. Il faut
probablement chercher les causes profondes de ces inégalités liées au sexe dans les foyers,
oĂč le processus de socialisation conditionne l’enfant et lui inculque des stĂ©rĂ©otypes, que la
communautĂ© et l’école ne font que renforcer.

Nutrition et sécurité alimentaire des ménages

Nutrition
Le Gouvernement s’est particuliĂšrement attachĂ© Ă  amĂ©liorer le bien-ĂȘtre nutritionnel de la
population. L’investissement dans les Ă©tablissements de santĂ© de l’ensemble du pays fut un
bon moyen d’identifier les problĂšmes de nutrition et de s’y attaquer. La crĂ©ation d’un
SystĂšme national de surveillance de la nutrition en 1978 a permis de contrĂŽler
rĂ©guliĂšrement l’état nutritionnel des enfants d’ñge prĂ©scolaire se prĂ©sentant dans les
services de consultation et de procéder à des évaluations rapides et représentatives de la
nutrition, en particulier dans le cadre du systùme d’alerte rapide aux risques de la
sĂ©cheresse. Pendant la sĂ©cheresse, un programme d’alimentation complĂ©mentaire
garantissait le bien-ĂȘtre nutritionnel de la population. Le taux de malnutrition des enfants
de moins de 5 ans chuta, passant de 28 % en 1980 Ă  15 % en 1990.

Sécurité alimentaire
Les problÚmes de sécurité alimentaire du Botswana découlent de son faible potentiel
agricole. La production vivriĂšre se limite Ă  quatre grandes cultures : le maĂŻ s, le sorgho, le
millet et les haricots/légumes secs. Prises ensemble, ces cultures vivriÚres ne représentent
que moins d’un tiers du total de la production agricole – le bĂ©tail reprĂ©sentant les deux
autres tiers. MĂȘme pendant les annĂ©es oĂč la pluviositĂ© est bonne, le Botswana n’est en
mesure de produire que la moitié de la nourriture dont il a besoin, et pendant la sécheresse,

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ce taux peut chuter Ă  10 % ou mĂȘme moins. L’autosuffisance alimentaire n’a donc jamais
Ă©tĂ© envisageable et l’objectif est d’atteindre la sĂ©curitĂ© alimentaire aux niveaux national et
familial.

La pénurie de céréales alimentaires a été compensée par des importations

commerciales et par l’aide alimentaire, laquelle a progressivement diminuĂ© lorsque
l’économie est devenue plus prospĂšre. L’amĂ©lioration des routes et des autres
infrastructures, ainsi que la mise en place d’un rĂ©seau de distribution relativement bien
dĂ©veloppĂ©, ont permis d’assurer un approvisionnement stable en produits alimentaires sur
pratiquement tout le territoire. En outre, le Gouvernement a peu à peu établi un réseau
stratĂ©gique de rĂ©serves cĂ©rĂ©aliĂšres afin d’avoir de la nourriture disponible immĂ©diatement
dans les rĂ©gions isolĂ©es en cas de situation d’urgence due Ă  la sĂ©cheresse.

Bien que la sécurité alimentaire soit garantie au niveau national par la richesse du

pays, le problĂšme de l’insĂ©curitĂ© alimentaire des mĂ©nages n’a pas Ă©tĂ© rĂ©solu. Il n’est pas
rare que les ménages ruraux ne produisent pas suffisamment de nourriture pour nourrir la
famille – mĂȘme pendant les annĂ©es sans sĂ©cheresse – et les familles pauvres n’ont pas
toujours les moyens d’acheter ce qu’il leur manque. On ne dispose pas d’estimations sur
l’étendue prĂ©cise de l’insĂ©curitĂ© alimentaire des mĂ©nages au Botswana, mais comme prĂšs
de la moitié de la population vit en dessous du seuil de pauvreté, de nombreuses familles
sont probablement confrontées à ce problÚme, surtout dans les zones rurales.

SĂ©cheresse
Les annĂ©es de sĂ©cheresse ont Ă©tĂ© chose courante depuis l’indĂ©pendance; la sĂ©cheresse a
sĂ©vi pendant les pĂ©riodes suivantes : 1968-70, 1974-75, 1979-80, 1981-87 et 1990-94.
MalgrĂ© (ou peut-ĂȘtre Ă  cause) de la frĂ©quence des sĂ©cheresses, le Botswana a su protĂ©ger
les groupes vulnérables de sa population en période de sécheresse. La contribution du
Gouvernement au coût des programmes de secours aux victimes de la sécheresse et de
redressement pendant la pĂ©riode 1981-87 s’est Ă©levĂ©e Ă  440 millions de pula, soit
l’équivalent de 3 Ă  4 % du PIB. Les donateurs Ă©trangers ont versĂ© des contributions d’un
montant équivalent. En une décennie de sécheresse pratiquement ininterrompue, il semble
que la faim ou la pĂ©nurie d’eau n’ait fait aucune victime dans le pays. Un programme
permanent et efficace de supplĂ©ments alimentaires a permis de stabiliser avec succĂšs l’état
nutritionnel de la population; le Gouvernement a également financé des projets de travaux
publics Ă  forte intensitĂ© de main d’Ɠuvre (par exemple entretien des routes dans les rĂ©gions
rurales) afin de compenser les revenus perdus dans le secteur agricole.

L’évaluation du programme de secours aux victimes de la sĂ©cheresse et de

redressement appliqué pendant 1981-82 et 1987-88 a marqué un tournant en termes de
politique, planification et mise en Ć“uvre des activitĂ©s d’aide aux victimes de ce flĂ©au au
Botswana. Les orientations politiques qui ont guidé le programme de secours actuel
avaient pour but d’intĂ©grer des mesures de planification des secours en prĂ©vision de la
sécheresse dans le programme de développement à long terme pour ne pas avoir à lancer
de grand programme de secours séparé en cas de sécheresse. Mais il reste encore
beaucoup à faire pour améliorer le ciblage, en particulier en ce qui concerne le choix des
participants aux travaux publics Ă  forte intensitĂ© de main-d’Ɠuvre et la distribution de
subventions de secours agricole, renforcer ainsi l’efficacitĂ© d’un programme destinĂ© Ă 
répondre aux besoins des pauvres.

background image

17

Bien que les programmes de secours aux victimes de la sécheresse aient permis de

garder les gens en vie,  les programmes visant Ă  rendre de maniĂšre permanente les
populations moins vulnérables à la sécheresse ont rencontré peu de succÚs. La majorité des
bénéficiaires des secours aux victimes de la sécheresse retournent à leur misÚre lorsque la
sĂ©cheresse prend fin et que les programmes d’aide sont interrompus, et force est de
constater que nombre de personnes vivent dans des conditions plus difficiles pendant les
années sans sécheresse. La preuve est faite que les pauvres sont le plus exposés à la
sĂ©cheresse dans la mesure oĂč ce sont surtout les propriĂ©taires de petits troupeaux qui ont
perdu du bétail durant les années de sécheresse. Les populations qui vivent de la chasse et
de la cueillette et les fermiers communaux pauvres ont encore pùti de la dégradation des
terres et de la désertification associées à la sécheresse, qui sont souvent liées à de
mauvaises pratiques d’amĂ©nagement des parcours et Ă  l’empiĂ©tement des Ă©leveurs
commerciaux sur les terres communales.

L’évaluation des secours aux victimes de la sĂ©cheresse effectuĂ©e en 1990 a rĂ©vĂ©lĂ©

que les effets de la sécheresse sur les pauvres et les ramifications de la pauvreté sont
intimement liĂ©s dans la mesure oĂč les plus dĂ©munis sont les plus vulnĂ©rables en pĂ©riode de
sécheresse et le moins capables de remonter la pente (Food Studies Group, 1990). On a
également constaté que, pour limiter la dépendance envers le Gouvernement et favoriser
autant que possible l’autonomie, les secours devaient ĂȘtre octroyĂ©s plutĂŽt sous forme de
programmes d’emploi, comme les travaux publics Ă  forte intensitĂ© de main-d’Ɠuvre, que
sous forme de « subventions Â». A long terme, la diversification des activitĂ©s
rĂ©munĂ©ratrices dans les zones rurales sera l’unique moyen de limiter l’impact des
sécheresses récurrentes.

Orientations, institutions et cadre politique

Orientations, culture et développement

L’histoire politique du Botswana depuis l’indĂ©pendance est plutĂŽt exceptionnelle
comparĂ©e au reste de l’Afrique. Comme dans les autres pays, l’indĂ©pendance a Ă©tĂ©
prĂ©cĂ©dĂ©e d’élections multipartites et d’une constitution Ă  l’occidentale, mais il est moins
courant de les avoir conservés par la suite. Au Botswana, le processus politique fut
généralement démocratique, caractérisé par des élections libres organisées réguliÚrement
et un Ă©ventail de partis politiques reprĂ©sentĂ©s Ă  l’intĂ©rieur et en dehors du parlement. La
presse y est raisonnablement libre et indĂ©pendante, le pays n’a pas de prisonniers
politiques et il y rĂšgne en gĂ©nĂ©ral une culture d’ouverture et de consultation, bien
qu’entachĂ©e de quelques limitations. La sociĂ©tĂ© est Ă©galement relativement peu corrompue.

La scÚne politique est dominée par le Parti démocratique du Botswana (BDP), qui

a gagné toutes les élections depuis 1964. Des élections générales ont lieu tous les 5 ans, et
malgrĂ© quelques cas d’irrĂ©gularitĂ©s mineures lors du scrutin, le processus Ă©lectoral est
généralement considéré comme libre et régulier. La domination du BDP semble refléter la
volonté du peuple puisque ce parti a invariablement obtenu la majorité absolue des voix.
Néanmoins, il est en perte de vitesse constante et lors des élections les plus récentes
(octobre 1994), le principal parti d’opposition – le Front national du Botswana (BNF) – a
gagné un nombre substantiel de voix.

GrĂące Ă  sa stabilitĂ© politique, le Botswana a pu mettre en Ć“uvre des politiques de

dĂ©veloppement cohĂ©rentes pendant une longue pĂ©riode. L’ouverture du processus
politique, associĂ©e Ă  une tradition de consultation et Ă  la volontĂ© d’aboutir Ă  un consensus

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18

pour les dĂ©cisions importantes, a contribuĂ© Ă  cette continuitĂ© et Ă  cette stabilitĂ©, ainsi qu’à
l’absence relative de corruption. Le cadre juridique du Botswana s’appuie sur une culture
dĂ©mocratique, prĂ©conisant la primautĂ© du droit, la dĂ©lĂ©gation de l’autoritĂ©, la libertĂ©
d’expression et le droit Ă  la propriĂ©tĂ© privĂ©e. Ces fondements ont favorisĂ© la croissance
des investissements privĂ©s, y compris dans les secteurs de la santĂ© et de l’éducation.

Bien qu’il y ait indubitablement des liens positifs entre la nature du processus

politique au Botswana et le succÚs relatif de son développement économique et social, la
question qui se pose naturellement est de savoir pourquoi l’expĂ©rience du Botswana
diffùre tant de celle de la plupart des autres pays d’Afrique subsaharienne. Nous tentons
ci-dessous d’identifier les relations rĂ©ciproques complexes qui ont favorisĂ© la pĂ©rennitĂ© de
l’économie politique du Botswana.

La sociĂ©tĂ© traditionnelle de la rĂ©gion Ă  laquelle appartient aujourd’hui le Botswana

s’organisait autour d’un systĂšme de chefferie tribale intĂ©grant des Ă©lĂ©ments tant
dĂ©mocratiques qu’autoritaires. Si les chefs dĂ©tenaient un pouvoir considĂ©rable, les
principales dĂ©cisions Ă©taient toutefois prises par le 

kgotla

, une assemblée réunissant tous

les hommes (et par la suite les femmes aussi) de la communauté. Le systÚme incluait les
autorités locales, grùce à un systÚme de quadrillage des agglomérations, et les autorités
centrales aux niveaux de la tribu et de son chef principal. Il n’y avait pas d’autoritĂ©
nationale, mais plusieurs tribus batswana de la région bordant le Kgalagadi parlaient la
mĂȘme langue et partageaient la mĂȘme culture setswana; elles ont assimilĂ© d’autres tribus
non batswana plus petites au fil du temps. Les relations entre les tribus batswana Ă©taient
généralement harmonieuses, bien que les membres de certaines tribus mineures aient eu un
statut social inférieur à celui de leurs suzerains batswana. Cette harmonie sociale a
largement prĂ©valu jusqu’à aujourd’hui, et le Botswana nĂ© du colonialiste est une nation
unilingue constituĂ©e d’un groupe ethnique unique, ce qui lui a permis de recueillir un
consensus général au sein et du gouvernement et de la société selon lequel tous les
membres de la nation devaient bénéficier du développement du pays.

Le rĂŽle dominant du BDP, qui a bĂ©nĂ©ficiĂ© de l’appui de l’ensemble de la

population sous la houlette du premier président du Botswana, Sir Seretse Khama, a
largement contribuĂ© Ă  la stabilitĂ© du pays. GrĂące Ă  ce soutien et Ă  l’aisance avec laquelle il
gagnait les Ă©lections, il n’a pas eu besoin d’adopter le mĂȘme type de politiques rĂ©pressives
que celles suivies par d’autres gouvernements africains pour garder le pouvoir. Le BDP
tirait surtout son appui du systĂšme traditionnel et des chefs (

dikgosi

). Le Gouvernement

s’est non seulement inspirĂ© des aspects dĂ©mocratiques du systĂšme traditionnel et du respect
dont jouissaient les 

dikgosi

 au sein de la population, mais il a encore adoptĂ© des politiques

plus pragmatiques que celles appliquées par les partis nationalistes et socialistes plus
radicaux qui ont pris le pouvoir dans d’autres pays africains et qui luttaient Ă©galement pour
le pouvoir lors des Ă©lections organisĂ©es au Botswana avant et aprĂšs l’indĂ©pendance.

Comme le secteur privĂ© Ă©tait pratiquement inexistant au Botswana Ă  l’époque de

l’indĂ©pendance, le Gouvernement a Ă©tĂ© obligĂ© de jouer le rĂŽle de chef de file dans toute
une gamme d’activitĂ©s, qui ne se sont pas limitĂ©es Ă  la crĂ©ation d’infrastructures
économiques et sociales (routes, eau, services de santé, éducation, etc.) mais qui ont
Ă©galement consistĂ© Ă  stimuler le dĂ©veloppement d’activitĂ©s productives dans l’agriculture,
l’industrie et l’extraction miniĂšre. En raison du manque de personnel qualifiĂ© et de
ressources, il a du établir des partenariats avec le secteur privé et plus spécifiquement
avec des compagnies Ă©trangĂšres. PlutĂŽt que de nationaliser les entreprises, le Botswana

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19

s’efforça d’attirer des investissements privĂ©s Ă©trangers, le cas Ă©chĂ©ant en crĂ©ant des
entreprises conjointes (par exemple, avec la Botswana Development Corporation, qui est
une entreprise d’État). MĂȘme dans les coentreprises, le partenaire privĂ© gardait le contrĂŽle
des opérations, et en général le cadre économique et juridique permettait aux entreprises
privĂ©es d’opĂ©rer relativement librement, en Ă©tant soumises Ă  peu de restrictions, par
exemple concernant le rapatriement des profits Ă  l’étranger.

Étant donnĂ© ses origines, le pouvoir du BDP Ă©tait et est toujours profondĂ©ment

ancré dans les zones rurales et, dans une certaine mesure, dans la nouvelle élite des
secteurs public et privĂ©. L’assise de son pouvoir est notamment constituĂ©e par les gros
Ă©leveurs, un groupe qui comprend plusieurs ministres du gouvernement, des hauts
fonctionnaires et des hommes d’affaires, ainsi que par les agriculteurs professionnels. De
ce fait, les zones rurales n’ont pas Ă©tĂ© indĂ»ment exclues de la rĂ©partition des ressources du
dĂ©veloppement et elles ont mĂȘme parfois bĂ©nĂ©ficiĂ© d’investissements sociaux et
Ă©conomiques par habitant plus importants que les zones urbaines. Les politiques
gouvernementales appliquĂ©es au Botswana n’ont donc pas adoptĂ© le parti pris urbain
constaté dans de nombreux pays en développement et qui explique en grande partie
l’insĂ©curitĂ© Ă©conomique et sociale qui rĂšgne dans leurs zones rurales.

L’absence de personnel qualifiĂ© Ă  l’époque de l’indĂ©pendance a forcĂ© le pays Ă 

faire largement appel aux expatriés pour assumer des tùches essentielles tant dans le
secteur public que dans le secteur privé. Grùce aux investissements vigoureux dans
l’éducation et la formation consentis ultĂ©rieurement, le nombre de ressortissants nationaux
qualifiĂ©s a rapidement progressĂ©, ce qui a jouĂ© en faveur de l’emploi des cadres locaux;
cependant, en raison de la rapiditĂ© de la croissance Ă©conomique et de l’expansion qui en a
dĂ©coulĂ©, les besoins en personnel qualifiĂ© et l’éventail des qualifications requises ont
continuĂ© Ă  augmenter rapidement. C’est pourquoi de nombreux postes sont toujours occupĂ©s
par des expatriĂ©s. Bien qu’en chiffres absolus le nombre d’expatriĂ©s ait continuĂ© Ă 
progresser (12 500 étrangers étaient employés dans le pays en 1992 par rapport à 5 300 en
1973), la proportion de main d’Ɠuvre Ă©trangĂšre a baissĂ© rĂ©guliĂšrement, passant de 12 Ă  6 %
au cours de cette période de 20 ans. La stratégie globale de développement appliquée par
le Botswana visait Ă  employer le personnel local, mais ce principe de « localisation » n’a
Ă©tĂ© appliquĂ© que lorsqu’un ressortissant national qualifiĂ© ou expĂ©rimentĂ© se prĂ©sentait.

Il ne faut pas oublier non plus les conséquences inévitables des politiques racistes

appliquĂ©es dans le pays voisin, l’Afrique du Sud. De nombreux Botswanais ont Ă©tudiĂ© et
travaillĂ© en Afrique du Sud; il n’est donc pas surprenant qu’à la suite de cette expĂ©rience
les dirigeants du pays se soient opposés à toute forme de racisme et de discrimination. Leur
philosophie, en matiÚre de développement, reposait sur des principes de démocratie et de
justice sociale pour tous, sans considĂ©ration de race, de classe ou d’origine ethnique. En
raison de la mĂ©fiance que les Botswanais nourrissaient Ă  l’égard de leurs voisins du sud
comme du nord (l’ex-RhodĂ©sie), ils Ă©pousĂšrent Ă©galement des objectifs d’indĂ©pendance
Ă©conomique et d’autosuffisance, qu’ils considĂ©raient comme essentiels pour renforcer leur
identité politique et conserver une société multiraciale. Les détails de chacun de ces
objectifs ont été définis et redéfinis dans les plans de développement national qui se sont
succédés. En outre, il est plus facile dans une petite population ethniquement homogÚne
d’aboutir à un consensus et de satisfaire les besoins et les exigences de la population.
DeuxiĂšmement, lorsque les recettes tirĂ©es d’une richesse en ressources miniĂšres donnĂ©e (la
valeur des diamants pour le Botswana) doivent ĂȘtre rĂ©parties entre un nombre restreint

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20

d’habitants, les profits par habitant sont relativement Ă©levĂ©s. Dans le mĂȘme ordre d’idĂ©es,
bien qu’il ne soit pas interdit de penser que certains groupes d’intĂ©rĂȘts particuliers –
surtout les Ă©leveurs – ont bĂ©nĂ©ficiĂ© de subventions gouvernementales plus Ă©levĂ©es que ne
le justifiait leur situation économique, le coût de ces subventions était faible par rapport au
montant total des ressources disponibles et n’a pas entraĂźnĂ© de carences 

graves

.

Enfin, il n’est pas inutile de noter qu’en raison de la situation du pays en bordure

d’un dĂ©sert et de toutes les incertitudes climatiques et Ă©cologiques qu’elle entraĂźne, le
comportement de la population botswanaise dénote à maints égards une forte aversion pour
le risque. On le constate au niveau individuel, oĂč les habitants des zones rurales ont
généralement diversifié leurs sources de revenus en réaction à une sécheresse endémique et
pour réduire le risque associé à la dépendance envers une agriculture peu fiable. On le
constate Ă©galement au niveau national, oĂč la politique macroĂ©conomique a consistĂ© Ă 
épargner (sous forme de réserves de devises) les recettes tirées des ressources miniÚres au
lieu de les dĂ©penser Ă  tout va, ce qui permet au pays d’absorber les fluctuations inĂ©vitables
des recettes qui rĂ©sultent d’un tel degrĂ© de dĂ©pendance envers l’exportation d’un seul
produit de base.

Cadre de la politique sociale

Dans le cadre de sa politique générale de développement national, le Gouvernement
poursuit quatre objectifs (RĂ©publique du Botswana, 1991) : dĂ©veloppement durable;
croissance économique rapide; indépendance économique; et justice sociale. Il a reconnu
depuis longtemps la nécessité de consacrer des ressources importantes aux dépenses
sociales pour atteindre ces objectifs, compte tenu de l’absence d’investissements dans le
secteur social avant l’indĂ©pendance. Pour satisfaire ces larges besoins, il Ă©labore des
projets spécifiques et des propositions de dépenses dans le cadre des plans de
dĂ©veloppement national (PDN). Ces plans ont Ă©tĂ© mis en place dĂšs l’indĂ©pendance (le
septiÚme plan est actuellement en vigueur); ils couvrent une période de six ans et un
examen de mi-parcours a lieu tous les trois ans. Un certain nombre de plans directeurs
définissant les priorités générales et établissant des plans à plus long terme assurent la
continuité entre les grands objectifs de développement national et les PDN.

Ces plans directeurs portent sur des secteurs spĂ©cifiques, comme l’éducation,

plutÎt que sur la politique sociale en général. Le développement social se fonde
généralement sur des politiques sectorielles et sous-sectorielles ou sur des ensembles de
principes ou d’objectifs pragmatiques, tels que l’adoption d’une stratĂ©gie de soins de santĂ©
primaires, l’éducation primaire universelle, ainsi que l’accĂšs universel aux Ă©tablissements
de santĂ© et Ă  l’eau potable (dans les agglomĂ©rations de plus de 500 habitants). Au cours
des années 70 et au début des années 80, la tùche consistant à fournir des prestations
sociales de base Ă  l’ensemble de la population s’est avĂ©rĂ©e rude par rapport Ă  la capacitĂ©
annuelle de mise en Ć“uvre, de sorte que, pendant plusieurs annĂ©es, les politiques
sectorielles ont surtout portĂ© sur l’élargissement de la couverture sociale.

Le pays ne s’étant pas dotĂ© d’une politique sociale globale, le dĂ©veloppement

social a consisté à appliquer une série de programmes souvent mal coordonnés visant à
élargir les prestations, attachant une attention secondaire à la qualité des programmes et
aux problĂšmes de stratĂ©gie. Dans le secteur de l’éducation, le Botswana a accordĂ© une
attention considérable à la formation de la population afin de lutter contre la pénurie de
personnel qualifié et compétent et pour ne plus avoir à faire appel à des expatriés. En

background image

21

dehors du programme d’enseignement non scolaire (qui n’était pas dotĂ© de ressources
suffisantes et n’a dĂ©butĂ© qu’à la fin des annĂ©es 70), la valeur sociale de l’éducation n’a
jamais fait l’objet d’un dĂ©bat de fond au sein du Gouvernement. Tant le Gouvernement que
la sociĂ©tĂ© considĂ©raient que l’éducation Ă©tait synonyme d’emploi dans le secteur structurĂ©.

Toutefois, à la fin des années 80 et pendant les années 90, la longue lutte en faveur

des prestations de base universelles a été menée dans pratiquement toutes les branches du
secteur social. Ne s’étant pas dotĂ© d’un cadre solide de politiques sociales, le
Gouvernement a soudain été assailli de problÚmes liés à la nature, à la qualité et à la
rentabilité de ses services sociaux. Comme la majorité de la population avait accÚs à ces
services, les gens ont commencé à exiger des services de qualité, surtout dans les secteurs
de l’éducation et de la santĂ©, oĂč elle laissait souvent Ă  dĂ©sirer.

Financement du développement social

Introduction

Les succĂšs du Botswana dans le secteur du dĂ©veloppement social s’expliquent
partiellement par la croissance rapide des recettes publiques au cours des 20 derniĂšres
annĂ©es, qui a permis d’augmenter considĂ©rablement les dĂ©penses publiques. Pourtant, Ă 
l’époque de l’indĂ©pendance, la situation budgĂ©taire Ă©tait extrĂȘmement mauvaise. L’aide
britannique finançait la totalité des dépenses de développement et la moitié des dépenses
ordinaires, et l’évaluation gĂ©nĂ©rale des perspectives Ă©conomiques ne laissait guĂšre espĂ©rer
d’amĂ©lioration notable de la situation budgĂ©taire Ă  court et Ă  moyen terme (Royaume-Uni,
1960, République du Botswana, 1966). Pendant les cinq premiÚres années qui ont suivi
l’indĂ©pendance, les dĂ©penses publiques ont essentiellement Ă©tĂ© consacrĂ©es Ă 
l’infrastructure et Ă  l’exploitation des ressources miniĂšres qui venaient d’ĂȘtre dĂ©couvertes
(et non pas aux secteurs sociaux), ce qui s’expliquait par le besoin urgent de promouvoir la
croissance Ă©conomique, ainsi que par les intĂ©rĂȘts et l’influence des donateurs.

A partir du dĂ©but des annĂ©es 70, la situation a Ă©voluĂ© grĂące Ă  l’assainissement de la

situation financiĂšre du Gouvernement Ă  la suite de la renĂ©gociation en 1969 de l’Accord de
l’Union douaniĂšre d’Afrique australe, au dĂ©veloppement du secteur minier et aux efforts
dĂ©ployĂ©s afin d’obtenir une aide d’une plus grande palette de donateurs bilatĂ©raux et
multilatĂ©raux. Ces facteurs ont permis d’équilibrer le budget ordinaire dĂšs 1972

11

 et au

budget national d’ĂȘtre excĂ©dentaire dĂšs 1983. Ils ont Ă©galement permis de consacrer des
ressources beaucoup plus importantes aux prestations sociales.

Recettes et dépenses publiques

12

On utilise souvent le montant des dépenses publiques par rapport au PIB pour évaluer le
rĂŽle jouĂ© par l’État dans l’économie. Au Botswana, la tendance a Ă©tĂ© Ă  la hausse, atteignant
44 % en 1992 par rapport à 31 % en 1976, avec une moyenne de 35 % pour la période
1976-1995. Ce taux est relativement élevé par rapport aux normes tant africaines que
mondiales. Il s’explique partiellement par le fait que l’économie du Botswana repose sur
ses ressources miniÚres, les loyers miniers versés au Gouvernement représentant une part
importante de son PIB. Les dépenses publiques ont progressé plus rapidement que
l’ensemble de l’économie, comme l’indique la part croissance du PIB qu’elles
représentent. Alors que le taux moyen de croissance économique pour la période comprise
entre 1976 et 1991 était de 10,7 % par an, le montant des dépenses publiques a augmenté
de 13 % environ par an en termes réels.

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22

Ventilation des dépenses publiques

Le volume des dĂ©penses rĂ©elles consacrĂ©es Ă  la santĂ© et Ă  l’éducation fut pratiquement
stable entre 1967 et 1971 mais la part du montant total des dépenses gouvernementales
qu’elles reprĂ©sentent diminue.

13

 Par contre, Ă  partir de 1972, les dĂ©penses de santĂ© et

d’éducation ont commencĂ© Ă  augmenter considĂ©rablement en termes rĂ©els et leur part
combinée du volume total des dépenses publiques est passé de 10 % en 1972 à 22 % en
1976.

Entre 1976 et 1995, le rythme et la composition des dépenses publiques sont restés

relativement constants, avec des fluctuations importantes d’une annĂ©e Ă  l’autre. Les
services généraux et la défense représentent environ 25 % du total, les services sociaux
prÚs de 35 % et les services économiques un peu plus de 30 %. Toutefois, on peut dégager
certaines tendances : un accroissement rĂ©gulier de la part accordĂ©e aux dĂ©penses
militaires, un faible accroissement des dépenses sociales et une diminution de la part
consacrée aux services généraux et aux services économiques.

Les dépenses sociales

14

 (voir figures 4.1 et 4.2 ainsi que le tableau 4.4) ont

représenté entre 30 et 40 % du volume total des dépenses publiques, avec une croissance
moyenne de 11 % par an en termes réels, soit légÚrement supérieure aux dépenses
publiques en général. En 1995, le volume total des dépenses publiques était plus de sept
fois supérieur en termes réels à celui de 1976. Cet accroissement a été beaucoup plus
rapide que le taux de croissance démographique (environ 3,4 % par an au cours des années
80); le niveau rĂ©el des dĂ©penses sociales par habitant a fortement progressĂ© – de 130 pula
par personne en 1976 Ă  486 pula en 1995 (aux prix de 1985). Bien que ces chiffres ne
reprĂ©sentent qu’une moyenne et que toutes les familles ne bĂ©nĂ©ficient pas uniformĂ©ment des
prestations, la répartition du revenu social est plus égale que celle de la richesse et du
revenu monĂ©taire. Compte tenu de la pĂ©nĂ©tration relativement Ă©levĂ©e de l’éducation et des
services de santé dans les zones rurales, les dépenses sociales modifient considérablement
la qualité de vie des familles qui vivent en dessous du seuil de pauvreté. Au Botswana, les
dépenses sociales représentent plus de 17 % du PIB, un taux relativement élevé comparé
aux normes internationales.

Ventilation des dépenses sociales

La part la plus importante a toujours Ă©tĂ© accordĂ©e Ă  l’éducation : (gĂ©nĂ©ralement entre 45 et
55 % du volume total des dépenses sociales) et une part trÚs importante (17 à 18 %) du
volume total des dépenses publiques. Un certain nombre de facteurs expliquent cette
orientation : le fait que l’éducation n’ait pas Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ©e avant l’indĂ©pendance, une
grave pĂ©nurie de main-d’Ɠuvre qualifiĂ©e entraĂźnant une dĂ©pendance envers le personnel
expatriĂ©, ainsi que le dĂ©sir d’amĂ©liorer les chances de la population de trouver un emploi
ou d’avoir un mĂ©tier non salariĂ©.

La santé a représenté entre 10 et 20 % du volume total des dépenses sociales et

entre 4 et 5 % du montant total des dépenses. Ces taux ne sont pas inhabituels comparés
aux normes internationales, mais le volume des dépenses publiques étant particuliÚrement
Ă©levĂ© au Botswana, le niveau des dĂ©penses d’éducation et de santĂ© par habitant est par
consĂ©quent aussi trĂšs Ă©levĂ© (290 dollars des États-Unis en 1994) et dĂ©passe de loin le
niveau affiché par la majorité des autres pays en développement.

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23

Le montant total des dépenses affectées aux écoles, aux hÎpitaux et aux

dispensaires – destinĂ© Ă  amĂ©liorer les aspects santĂ© de base et Ă©ducation de la qualitĂ© de la
vie – peut entrer dans la catĂ©gorie des dĂ©penses sociales de base.

15

 Entre le milieu des

années 70 et la fin des années 80, ces dépenses ont représenté prÚs de la moitié du volume
total des dépenses sociales et 17 % des dépenses publiques, révélant la ténacité des efforts
dĂ©ployĂ©s par le pays pour garantir un accĂšs Ă  l’éducation de base et aux soins mĂ©dicaux Ă 
l’ensemble de la population. La plus grande partie de ces dĂ©penses sont allĂ©es Ă  la
construction d’écoles primaires, de dispensaires et de postes sanitaires et Ă  leur personnel.
Maintenant que la grande majorité de la population a accÚs à ces prestations, la part des
dépenses sociales de base devrait diminuer.

Au cours des derniĂšres annĂ©es, l’allocation des dĂ©penses sociales s’est dĂ©placĂ©e

vers la fourniture de logements et la crĂ©ation d’infrastructures dans les villes et les
principaux villages, ce dernier point reflétant la nouvelle priorité accordée au
renforcement des possibilitĂ©s d’activitĂ©s lucratives. C’est ainsi que le logement et le
développement urbain ont représenté plus de 30 % des dépenses sociales depuis 1990,
tandis que ce taux atteignait Ă  peine 25 % avant cette date (voir tableau 4.4).

Depuis 1991, le taux de croissance des dĂ©penses publiques en termes rĂ©els a

diminué, la croissance rapide affichée grùce aux ressources miniÚres ayant pris fin.
Toutefois, le niveau réel de dépenses sociales par habitant a été maintenu et la part des
dĂ©penses publiques accordĂ©e au secteur social a mĂȘme augmentĂ©.

DĂ©penses militaires

La proportion du volume total des dépenses publiques consacrée à la défense et la part que
représentent les dépenses militaires par rapport aux dépenses sociales sont parfois
considĂ©rĂ©es comme le miroir des prioritĂ©s d’une nation en matiĂšre d’allocation des
ressources. Les dépenses militaires ont considérablement augmenté depuis le milieu des
annĂ©es 80 et au taux actuel d’environ 10 %, elles reprĂ©sentent actuellement une part
relativement importante des dépenses publiques. Si elles pouvaient se justifier dans le
contexte régional souvent tendu des années 80, la situation a changé et la rivalité entre les
dĂ©penses militaires et les autres dĂ©penses ira en s’intensifiant. Toutefois, rien ne prouve
que les dépenses militaires aient porté préjudice aux prestations sociales et le ratio des
dĂ©penses militaires par rapport au montant combinĂ© des dĂ©penses d’éducation et de santĂ© a
diminué réguliÚrement depuis 1987 (fig.4.2).

RĂŽle de l’aide extĂ©rieure

La politique démocratique suivie par le Botswana et la précarité de sa situation
gĂ©opolitique aux portes des rĂ©gimes racistes hostiles de l’Afrique du Sud et de l’ex-
Rhodésie, ainsi que les résultats éloquents de sa gestion économique expliquent pourquoi
ce pays a toujours bĂ©nĂ©ficiĂ© d’une aide extĂ©rieure par habitant d’un montant important. Au
cours des années 60 et 70, cette aide était nécessaire pour financer la majeure partie des
dĂ©penses au titre du budget de dĂ©veloppement (l’aide a couvert la totalitĂ© des dĂ©penses de
développement en 1969 et 80 % de ces dépenses en 1976).

16

 Avec l’augmentation des

recettes tirĂ©es des diamants au cours des annĂ©es 80, la part de l’aide extĂ©rieure comme
source de capital d’investissement a dĂ©cru, ne reprĂ©sentant plus que 45 % des dĂ©penses de
développement en 1986 et 16 % en 1990

17

 (Dahlgren 

et al.

, 1993). En 1994, plusieurs

donateurs qui aidaient le pays depuis de longues annĂ©es, notamment les États-Unis

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24

d’AmĂ©rique, la NorvĂšge et l’Allemagne, avaient rĂ©duit leurs programmes d’aide au
Botswana, estimant que ce pays n’avait plus besoin d’aide concessionnelle.

Il ressort de plusieurs Ă©tudes que l’utilisation judicieuse de l’aide par le Botswana

s’expliquait essentiellement par la rigueur de la planification du dĂ©veloppement national
(Stevens, 1981; Harvey et Lewis, 1990). Les PDN ont permis d’établir une stratĂ©gie
générale de développement et un programme budgétaire global; tous les projets autorisés,
leurs différentes phases et le plafond des dépenses engagées étaient définis dans le cadre
de ces plans. La Botswana s’est sciemment efforcĂ©, par le dialogue, d’apparier l’aide des
donateurs Ă  ses projets et Ă  ses programmes plutĂŽt que de faire le contraire. Il a donc
conservé son contrÎle sur les priorités, les critÚres de dépenses, la nature et la cible des
projets individuels de développement et il a ainsi évité nombre de problÚmes liés à une
utilisation inappropriĂ©e de l’aide et Ă  l’absence de coordination entre les donateurs, qui ont
limitĂ© l’efficacitĂ© de l’aide dans d’autres pays.

Comme la plupart des donateurs s’étaient fixĂ© comme prioritĂ© gĂ©nĂ©rale d’aider les

pauvres et de satisfaire les « besoins fondamentaux », leur intĂ©rĂȘt pour le dĂ©veloppement
social au Botswana était considérable. Pratiquement toutes les améliorations des
prestations sociales au cours des annĂ©es 60 et 70 – y compris la construction de routes,
d’écoles et d’établissements de santĂ© – ont Ă©tĂ© largement financĂ©es par des donateurs.
MĂȘme durant les annĂ©es 80, lorsque l’argent ne posait plus de problĂšme rĂ©el, les donateurs
ont continué à financer une part importante du développement social. Cependant, la plupart
des donateurs ont peu à peu délaissé les équipements pour passer aux services, constatant
que le Botswana avait non plus tant besoin d’appui budgĂ©taire que d’assistance technique,
de renforcement des capacités, de formation et de moyens pour permettre aux groupes les
plus dĂ©favorisĂ©s d’acquĂ©rir une autonomie.

Ayant adopté une méthode efficace de participation des donateurs aux plans de

dĂ©veloppement national, le Botswana n’avait rien Ă  craindre d’eux mais tout Ă  gagner de
leur expérience internationale et de leur accÚs à des connaissances et compétences
techniques spécialisées. Cette situation fut particuliÚrement propice au développement
social, car le Botswana ne disposait au début que de faibles capacités techniques en
matiĂšre de crĂ©ation d’infrastructures et de pratiquement aucune expĂ©rience en matiĂšre de
fourniture et d’administration des services sociaux tels que la santĂ© et l’éducation. Par
exemple, les succÚs impressionnants remportés par le Botswana dans le secteur de la
vaccination s’expliquent partiellement par les conseils et l’appui techniques constants des
donateurs. Faisant des donateurs « sa fenĂȘtre sur le monde Â», le Botswana a rapidement
embrassĂ© des concepts tels que les soins de santĂ© primaires, l’éducation primaire
universelle et l’eau salubre pour tous. La coopĂ©ration avec les donateurs s’est Ă©galement
avĂ©rĂ©e importante pour l’établissement de capacitĂ©s efficaces permettant de faire face Ă  la
sécheresse.

DĂ©penses privĂ©es en matiĂšre de santĂ© et d’éducation

Bien que le gouvernement ait acceptĂ© d’assumer la responsabilitĂ© premiĂšre de fournir des
services de santĂ© et d’éducation Ă  l’ensemble du pays, un rĂŽle essentiel bien que
subsidiaire est réservé aux organisations non gouvernementales. Dans le secteur de
l’éducation, il existe un certain nombre d’écoles anglaises privĂ©es de niveaux primaire et
secondaire de premier cycle, ainsi que d’établissements privĂ©s Ă  tous les niveaux du
systĂšme Ă©ducationnel. Actuellement, l’enseignement prĂ©scolaire est souvent assurĂ© par des

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25

organisations non gouvernementales et plusieurs Ă©coles offrent des formations
professionnelles dans des domaines tels que l’informatique et la comptabilitĂ©. Les
organismes privĂ©s jouent probablement un rĂŽle plus important dans le secteur de la santĂ© :
trois hÎpitaux sont administrés par des compagnies miniÚres, Gaborone possÚde un grand
hÎpital privé et plusieurs cabinets médicaux et dentaires. Ces soins privés sont considérés
comme un moyen d’élargir l’éventail des Ă©tablissements de santĂ©, de partager les coĂ»ts du
systÚme de santé national, de réduire la pression exercée sur le budget de la santé et de
permettre au gouvernement d’amĂ©liorer la qualitĂ© de ses propres services (RĂ©publique du
Botswana, 1991 : 374).

A l’heure actuelle, il n’est pas possible d’évaluer avec prĂ©cision le montant des

dĂ©penses privĂ©es de santĂ© et d’éducation car les donnĂ©es sur ces dĂ©penses ne sont pas
centralisĂ©es. Cela s’applique particuliĂšrement Ă  l’éducation, oĂč le systĂšme privĂ© est
fragmentĂ© et se compose d’un grand nombre d’établissements scolaires de types diffĂ©rents.
Toutefois, selon les estimations, le volume des dépenses privées affectées aux soins
médicaux aurait atteint 60 millions de pula en 1993.

18

Si ce montant est trÚs inférieur au

volume total des dĂ©penses gouvernementales, qui s’est chiffrĂ© Ă  230 millions de pula pour
la pĂ©riode 1993-94, il n’est toutefois pas nĂ©gligeable; prĂšs de 20 % du montant total des
dépenses de santé du pays proviennent actuellement de sources privées. Cette part devrait
s’accroĂźtre Ă  l’avenir grĂące Ă  l’augmentation des revenus rĂ©els; par exemple, BOMAID
(une compagnie d’assurance privĂ©e) prĂ©voit qu’à moyen terme, le nombre de ses membres
augmentera de 10 % par an. Il est probable que les dépenses gouvernementales affectées à
la santé continuent à croßtre en termes réels (les pays riches ont tendance à accorder une
part plus importante des dépenses publiques à la santé), mais cette augmentation ne sera
probablement pas aussi rapide que celle des dépenses de santé privées.

Enseignements à tirer du développement social au Botswana

En ce qui concerne le développement social et économique, rien ne peut remplacer une
gestion économique saine. Le systÚme de planification du développement national et de
contrĂŽle budgĂ©taire appliquĂ© par le Botswana (oĂč un seul ministĂšre assume la
responsabilité de la planification des finances et du développement) est une bonne source
d’enseignements pour les autres pays en dĂ©veloppement.

On peut retenir de l’expĂ©rience du Botswana que tant que les services sociaux de

base ne sont pas dĂ©veloppĂ©s dans l’ensemble du pays, il n’y a pas lieu de dĂ©finir une
politique sociale complexe. Il est peut-ĂȘtre plus efficace Ă  ce stade de se doter d’un
ensemble de principes et d’objectifs simples et soigneusement choisis au niveau sectoriel
– par exemple, accĂšs Ă  l’éducation primaire universelle et Ă  des soins de santĂ© primaires
d’un prix modĂ©rer – pour guider le dĂ©veloppement social. Cependant, lorsque l’ensemble
de la population a accùs aux services de base, les choix politiques sur ce qu’il convient
d’entreprendre ensuite deviennent plus complexes. A ce stade, divers problùmes ont pu
s’accumuler : manque de rentabilitĂ© et d’efficacitĂ© des services existants; ma uvaise
coordination entre les prestations de services à des niveaux sectoriels différents;
persistances des inégalités entre les riches et les pauvres, qui risquent de devenir plus
apparentes. Il semble alors qu’une politique plus Ă©laborĂ©e s’impose pour concilier les
efforts du passé et adopter de nouvelles orientations et des priorités plus claires pour
l’avenir.

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26

Une stratégie de développement social visant notamment à fournir un accÚs

universel aux services gouvernementaux est probablement un moyen efficace de répartir
aussi largement que possible les avantages des prestations sociales. Comme le prouve
l’amĂ©lioration spectaculaire des indicateurs sociaux au Botswana, une couverture
universelle peut avoir des avantages considérables. Il faut toutefois tenir compte du danger
que représente une expansion quantitative rapide des services sociaux au détriment de la
qualitĂ© des prestations. Ainsi, pour que l’investissement en vaille la peine, il est important
que l’élargissement de la couverture aille de pair avec le maintien de normes de base
minimum. Lorsque les prestations sont larges, il convient de modifier la stratégie afin
d’amĂ©liorer constamment la qualitĂ© des services existants et de permettre aux laissĂ©s-pour-
compte d’y avoir accùs.

L’expĂ©rience du Botswana rĂ©vĂšle qu’une expansion rapide des prestations de

services sous la houlette du gouvernement peut affaiblir la participation communautaire et
la responsabilitĂ© individuelle, ce qui crĂ©e non seulement une dĂ©pendance Ă  l’égard du
gouvernement mais peut Ă©galement dĂ©courager les gens d’accorder l’importance nĂ©cessaire
Ă  la comprĂ©hension et Ă  l’adoption des pratiques indispensables pour garantir l’efficacitĂ©
des services sociaux. Au Botswana, ces problÚmes se sont manifestés dans plusieurs
aspects des prestations, notamment la nutrition infantile, la santĂ© de l’enfant et de la mĂšre
et l’assainissement rural. Jusqu’à prĂ©sent, le Botswana n’apporte pas de rĂ©ponse quant Ă  la
maniĂšre de dynamiser le rĂŽle de la communautĂ© et de l’individu.

Une croissance Ă©conomique soutenue favorisera l’expansion des services privĂ©s,

offrant une alternative aux services sociaux publics et allégeant un peu le fardeau qui pÚse
sur les services publics offrant des prestations universelles. Le gouvernement peut
progressivement abandonner le rĂŽle de prestataire universel pour se charger de la
réglementation et des services de base de dernier recours.

La catastrophe du sida qui plane sur le Botswana prouve bien que les pays ne

peuvent pas tout prévoir. Le succÚs considérable du Botswana en matiÚre de
dĂ©veloppement social et Ă©conomique, et les mĂ©canismes impressionnants qu’il a mis en
place Ă  des fins de planification nationale et de gestion Ă©conomique, ne l’ont pas protĂ©gĂ©
contre la pandémie du sida. Le nombre de personnes infectées par le VIH est déjà si élevé
que le sida menace d’annuler à l’avenir certains des acquis du Botswana en matiùre
d’indicateurs sociaux, notamment l’espĂ©rance de vie et la mortalitĂ© infantile et maternelle.

Enseignements que peut tirer le Botswana

PrĂšs de 30 ans aprĂšs l’indĂ©pendance, l’expĂ©rience du Botswana en matiĂšre de
dĂ©veloppement social apparaĂźt comme l’une des plus rĂ©ussies du monde en dĂ©veloppement
et plus particuliĂšrement d’Afrique subsaharienne. Au cours de cette pĂ©riode, des
enseignements ont Ă©tĂ© tirĂ©s; ils rĂ©vĂšlent l’origine des problĂšmes auxquels le
développement social permet de faire face et les moyens dont dispose le Botswana pour
conserver ses rĂ©sultats et les renforcer Ă  l’avenir.

L’une des grandes leçons Ă  retenir est que la croissance Ă©conomique ne touche pas

nĂ©cessairement l’ensemble de la population et qu’une politique sociale donnĂ©e doit ĂȘtre
adoptée pour protéger les membres les plus faibles et les plus vulnérables de la société.

Grùce à la rapidité de leur expansion quantitative, les services sociaux recouvrent

aujourd’hui l’ensemble du pays. Toutefois, les donnĂ©es ventilĂ©es par indicateur social
révÚlent que certains groupes de population et certaines zones géographiques sont toujours

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27

Ă  la traĂźne en termes d’amĂ©lioration des conditions sociales. On peut notamment citer les
femmes, les ménages dirigés par des femmes, les habitants de régions isolées, les
personnes analphabÚtes et les handicapés. Le dénominateur commun de toutes ces
personnes est la pauvretĂ©. En mĂȘme temps, certaines personnes plus aisĂ©es ont aujourd’hui
les moyens de payer pour les services sociaux et peuvent s’offrir des services privĂ©s. Il
serait donc plus équitable et plus rentable que le gouvernement axe les dépenses sociales
sur les plus défavorisés, accorde une priorité plus élevée aux services dont les plus
dĂ©munis ont le plus grand besoin et demande aux couches plus favorisĂ©es d’assumer une
part plus importante du coĂ»t des services sociaux qu’elles utilisent.

D’autres inĂ©galitĂ©s surgissent. Un fossĂ© considĂ©rable sĂ©pare les villes et les grands

villages qui sont prospĂšres de la majoritĂ© des zones rurales oĂč la misĂšre est persistante.
Cette pauvreté structurelle accroßt la vulnérabilité des populations en période de
sĂ©cheresse et plaide en faveur d’une rĂ©orientation ou d’un renforcement des mĂ©canismes
actuels d’aide en pĂ©riode de sĂ©cheresse, afin de soulager la pauvretĂ© et de fournir une
forme quelconque de sécurité sociale en tout temps et non seulement pendant les années de
sĂ©cheresse, et d’un programme considĂ©rablement Ă©largi d’interventions Ă  long terme
destiné à soulager la pauvreté. ParallÚlement à la réorientation de son aide en période de
sĂ©cheresse, le Botswana doit rĂ©Ă©valuer sa politique d’assistance sociale et envisager
d’officialiser son filet de protection sociale; la dĂ©finition des normes minimum de sĂ©curitĂ©
sociale dépendrait de ce qui est efficace, équitable et abordable. La premiÚre étape
consisterait Ă  faire des enquĂȘtes prĂ©liminaires sur les diffĂ©rentes options possibles en
termes de prestations sociales et de programmes de soulagement de la pauvreté, leur coût
et le montant des dépenses globalement acceptable. Le gouvernement doit également
favoriser l’implantation des ONG et leur donner un cadre garantissant leur participation
active aux activités de développement social.

En outre, les femmes n’ont pas autant bĂ©nĂ©ficiĂ© de la croissance Ă©conomique que

les hommes. L’égalitĂ© ne s’installera pas tant que la lĂ©gislation actuelle, qui est
discriminatoire envers les femmes, ne sera pas modifiée. Comme les hommes ont la main
mise sur la politique et les postes Ă  responsabilitĂ©s de l’administration, il faudra peut-ĂȘtre
avoir recours plus activement aux mesures prĂ©fĂ©rentielles en faveur de l’égalitĂ© des sexes.

Le Botswana doit affronter tous ces problĂšmes Ă  une Ă©poque oĂč la croissance

économique rapide des 30 derniÚres années semble ralentir, ce qui a des conséquences sur
deux volets de la stratĂ©gie du passĂ© concernant la rĂ©partition des bĂ©nĂ©fices d’une
croissance nĂ©e de l’exploitation miniĂšre – la crĂ©ation d’emplois et les prestations sociales.
Avec le ralentissement de la croissance économique, la stratégie globale du Botswana
visant Ă  rĂ©partir la croissance monĂ©taire en crĂ©ant des emplois atteint peut-ĂȘtre ses limites
Ă  une Ă©poque oĂč environ la moitiĂ© seulement de la population a franchi le seuil de la
pauvretĂ©. Si ces Ă©cueils se concrĂ©tisent, l’approche gouvernementale visant Ă  garantir la
justice sociale et Ă  partager les bĂ©nĂ©fices de la croissance Ă©conomique devra ĂȘtre
reconsidérée.

En ce qui concerne les prestations de services sociaux, puisque l’accĂšs universel Ă 

plusieurs services sociaux de base est devenu rĂ©alitĂ©, on pourrait s’attendre Ă  ce que les
améliorations futures dépendent largement du renforcement des prestations ordinaires. Il
conviendrait à cet égard de renforcer les systÚmes de budgétisation et de gestion ordinaire
des services.

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28

Il est indispensable d’amĂ©liorer la rentabilitĂ© des prestations ordinaires puisque la

situation budgĂ©taire du gouvernement risque d’ĂȘtre beaucoup moins solide que par le
passé. Des déficits budgétaires sont prévus à partir de 1998 en raison de la stabilisation
des recettes tirĂ©es des diamants et de l’augmentation des implications sur le budget
ordinaire des investissements sociaux du passé; en outre les coûts de la lutte contre le sida
exerceront une pression supplémentaire sur le budget des services sociaux. Sans
amĂ©lioration de la rentabilitĂ©, il est peu probable que l’État puisse conserver le niveau
actuel de prestations de services sociaux face à ces contraintes budgétaires. Cela ne veut
pas dire que le « miracle Â» botswanais soit condamnĂ© Ă  l’échec, mais simplement qu’un
changement de stratĂ©gie s’impose aujourd’hui pour consolider et Ă©largir les acquis du
passé face à de nouvelles conditions économiques. La stratégie actuelle consiste à
favoriser la diversification des activités économiques et des sources de revenus afin de
permettre au pays de se libérer progressivement de sa dépendance envers les recettes
tirĂ©es des ressources miniĂšres, une tĂąche qui sera facilitĂ©e par la rĂ©surgence de l’activitĂ©
économique en Afrique australe grùce à la transition vers un gouvernement par la majorité
chez son voisin, l’Afrique du Sud. En mĂȘme temps, le gouvernement doit limiter la
croissance de ses dépenses, une tùche qui sera tout sauf aisée compte tenu du haut niveau
de dépendance envers le systÚme de prestations gouvernementales établi au cours des 25
derniÚres années. Le Botswana est toutefois dans une situation privilégiée dans la mesure
oĂč les problĂšmes, besoins et contraintes du pays ont Ă©tĂ© identifiĂ©s Ă  temps et sont dĂ©jĂ 
intégrés dans le processus de planification du développement. Mais il est difficile de
savoir si les restrictions et les choix difficiles qu’impose la baisse des taux de croissance
Ă©conomique seront applicables sur le plan politique dans un environnement oĂč les
inĂ©galitĂ©s sont toujours profondes et oĂč les aspirations Ă©voluent lentement.

                                                            

1

 Pour ĂȘtre prĂ©cis, c’était le pays qui affichait la croissance la plus rapide de tous ceux pour lesquels la

Banque mondiale publie des chiffres, ce qui exclut les petits pays (dont la population ne dépassait pas le
million d’habitants en 1992) et les pays non membres de la Banque mondiale, comme Taiwan et BrunĂ©i.

2

 Ce cartel (par l’intermĂ©diaire de la Central Selling Organization basĂ©e Ă  Londres) existe depuis 60 ans

et c’est le seul « accord » de stabilisation d’un produit de base qui ait Ă©tĂ© couronnĂ© de succĂšs Ă  long
terme. Il régit prÚs de 80% du commerce des diamants bruts de la planÚte et stabilise les prix grùce à un
stock régulateur.

3

 Selon les estimations, les coĂ»ts de production ne reprĂ©sentent que 20 % du prix de vente des diamants.

4

 En 1993, l’industrie miniĂšre (diamants et alliage cuivre-nickel) reprĂ©sentait environ 10 000 emplois,

soit moins de 5% de secteur structurĂ© de l’emploi. Au cours des derniĂšres annĂ©es, deux usines de taille
des diamants ont ouvert leurs portes.

5

 En raison des limitations dans la collecte de statistiques Ă©conomiques et sociales avant l’indĂ©pendance,

la plupart des comparaisons statistiques établies dans ce chapitre sont limitées à la période allant de 1979
Ă  1990.

6

 Au cours des annĂ©es 80, le Gouvernement s’est servi d’arguments tels que la faible densitĂ©

dĂ©mographique et l’absence de diversitĂ© Ă©conomique pour minimiser la prospĂ©ritĂ© comparative du pays
en termes de PIB par habitant et pour persuader les donateurs de poursuivre leurs programmes d’aide  en
lui accordant des conditions préférentielles.

7

 Au cours des annĂ©es 70, il apparut que certains groupes vivant dans des zones isolĂ©es ont Ă©tĂ© oubliĂ©s par

le développement au Botswana. Ces populations ne parlaient ni le batswana, ni le setswana, et leur
existence nomade dans le désert du Kgalagadi avait peu de points communs avec les coutumes setswana.
Au cours des années 80, des services sociaux de base (eau, éducation, santé) ont été créés dans plusieurs
de ces zones de peuplement éloignées, mais elles restent marginalisées sur le plan social et économique.

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29

                                                                                                                                                                                    
Les mesures visant à les intégrer dans le reste de la société se sont avérées difficiles à appliquer et elles
ont parfois été controversées.

8

 Le seuil de pauvretĂ© dans ces donnĂ©es est Ă©tabli en vertu du coĂ»t d’achat des articles entrant dans le

panier de la mĂ©nagĂšre nĂ©cessaires pour garantir ‘la santĂ© physique, l’hygiĂšne personnelle, la lĂ©galitĂ© et la
dĂ©cence’ (CSO, 1991).

9

 Le revenu minimum dans le secteur structurĂ© est actuellement d’environ 250 pula (90 dollars) par mois

ou 3 000 pula (1 000 dollars) par an. Comme ce montant ne s’applique pas à l’agriculture, au personnel de
maison ou au secteur non structurĂ©, le revenu de prĂšs d’un tiers de la main-d’Ɠuvre est infĂ©rieur Ă  ce
niveau.

10

 Cette mesure intervint 10 ans avant la reconnaissance par la communautĂ© internationale de l’importance

des soins de santĂ© primaire dans le cadre de la DĂ©claration d’Alma Ata de 1978.

11

 Toutes les annĂ©es mentionnĂ©es font rĂ©fĂ©rence Ă  l’exercice fiscal qui dĂ©bute le 1er avril.

12

 L’analyse des dĂ©penses publiques et sociales porte surtout sur la pĂ©riode dĂ©butant en 1976 au cours de

laquelle une classification fonctionnelle des dépenses a été introduite.

13

 Cet Ă©tat de fait s’explique par les grosses dĂ©penses gouvernementales associĂ©es Ă  la mise en

exploitation de la mine de cuivre-nickel de Selebi-Phikwe pour laquelle il a fallu créer une infrastructure
physique (et notamment construire une nouvelle ville).

14

 En vertu des conventions internationales, par dĂ©penses sociales on entend : l’éducation, la santĂ©, les

programmes alimentaires et de sécurité sociale, de logement, le développement urbain et régional et
d’autres services communautaires et spĂ©ciaux. Il faut noter que certains services Ă©conomiques ayant un
fort impact social, tels que l’approvisionnement en eau, en sont exclus.

15

 Noter que cette dĂ©finition ne concorde pas exactement avec celle donnĂ©e par l’UNICEF des dĂ©penses

sociales de base (à savoir les dépenses consacrées aux secteurs suivants : éducation de base, soins de
santĂ© primaires, planification familiale, eau, assainissement et nutrition) qui ne peuvent ĂȘtre dĂ©terminĂ©es
à partir des données fournies par le Gouvernement.

16

 Ce n’est qu’en 1972 que le Botswana a Ă©tĂ© en mesure de prendre en charge son budget ordinaire sans

aide extérieure (de la Grande-Bretagne).

17

 Nous ne disposons malheureusement pas de donnĂ©es sur la proportions des dĂ©penses financĂ©es par

l’aide extĂ©rieure dans les divers secteurs.

18

 Montant Ă©tabli sur la base des chiffres fournis par deux grandes compagnies d’assurances privĂ©es.