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Tribunes et décryptages - 9 novembre 2004
La Chine dans le « nouvel ordre mondial »

Décryptage

Quinze ans après la chute du Mur de Berlin qui marqua la disparition de l’un des deux camps de la Guerre froide, Mikhaïl Gorbatchev revient dans Le Figaro sur sa déception de ne pas avoir vu la fin de la Guerre froide aboutir à un « nouvel ordre mondial ». Pour l’ancien premier secrétaire du parti communiste soviétique, l’effondrement de l’URSS a laissé les États-Unis seuls et ces derniers, qui se sont vus comme les vainqueurs de la guerre, ont préféré imposer leur volonté à la planète plutôt que de construire un système international qui aurait évité le chaos. Mais pourquoi accepter de réprimer son pouvoir quand on pense que sa nation a une « destinée manifeste » ? Le colonel Andrew J Bacevich s’inquiète du messianisme de l’administration Bush dans le Los Angeles Times. Toutes les nations du monde affirment mener leur politique étrangère en suivant des buts altruistes mais malheureusement, depuis le 11 septembre, les hauts responsables de l’administration Bush semblent croire à leur propre rhétorique et ils ne reculeront donc devant rien pour imposer la domination états-unienne, censée apporter la liberté et la démocratie au monde. Plus inquiétant encore, l’auteur note que John Kerry n’a absolument pas remis en cause cette vision des choses lors de la campagne ; l’impérialisme messianique de Washington fait donc l’unanimité parmi les élites états-uniennes et résistera aux alternances.
Cette volonté hégémonique ne laisse pas la place à l’émergence d’un concurrent et rend donc probable une confrontation à moyen terme avec la Chine. C’est justement ce que veux éviter Henry Kissinger. Dans Clarin, l’artisan du rapprochement des États-Unis et de la Chine pendant la Guerre froide affirme que le centre de gravité des affaires mondiales va bientôt passer de l’Atlantique au Pacifique quand la Chine va devenir une vraie superpuissance. Il faut donc amorcer un dialogue avec Pékin et lui laisser un accès « équitable » aux marchés des ressources énergétiques et des matières premières. Bien sûr, pour le père de la doctrine dont il porte le nom, il ne pourrait s’agir que d’un accès à des sources d’approvisionnement dont les États-Unis garderaient le contrôle.
Beaucoup plus agressifs, les néo-conservateurs Thomas Donnelly et Vance Serchuk, de l’American Entreprise Institute, envisagent, sans le dire explicitement, de priver la Chine de l’une de ses sources d’approvisionnement pétrolier en attaquant le Soudan. Mettant en avant la crise humanitaire au Darfour, la « crédibilité » des États-Unis, le soutien de Khartoum à des groupes qualifiés de terroriste par le département d’État et la présence de Soudanais en Irak, ils estiment qu’il est temps d’attaquer ce pays où la Chine dispose de concessions pétrolière.

La situation en Côte d’Ivoire est confuse et il est difficile d’avoir des certitudes sur la position française. Quelques jours seulement après la riposte de la France au tir de roquettes contre ses soldats en abattant les avions de chasse et des hélicoptères de l’armée ivoirienne, puis les attaques contre les ressortissants français, les troupes ivoiriennes et françaises circulent ensemble dans les rues d’Abidjan pour éviter de nouveaux débordements.
Dans un court entretien au Monde, la ministre française de la Défense Michelle Alliot-Marie rappelle que la France n’a fait que riposter et qu’elle a le droit pour elle dans cet affrontement. Elle affirme que malgré les morts de part et d’autre, l’objectif de Paris n’est pas de déstabiliser les institutions ivoiriennes mais d’appliquer les accords de Marcoussis. Autre son de cloche dans Le Figaro, quotidien qui contrairement à la presse de gauche française n’est pas en conflit ouvert avec Laurent Gbagbo, qui laisse la parole à un Français vivant en Côte d’Ivoire, Michel Brunet. L’auteur affirme que les militaires français chargés d’assurer la protection des Français vivant en Côte d’Ivoire les ont assurés que bientôt des changements importants affecteraient le gouvernement ivoirien. Craignant que cela ne signifie l’organisation d’un Coup d’État orchestré par la France et n’ait pour conséquence de nouvelles attaques contre les Français, M. Brunet supplie l’Élysée de ne plus soutenir les forces rebelles et d’apaiser les relations avec le président Gbagbo.

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9 novembre 2004

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Auteurs et sources des Tribunes et décryptages

« Le nouveau désordre mondial »

Auteur Mikhail Gorbatchev

Mikhail Gorbatchev est l’ancien dirigeant de l’URSS, initiateur de la perestroïka et Prix Nobel de la paix en 1990.

Source Le Figaro (France)
Référence

« Le nouveau désordre mondial », par Mikhaïl Gorbatchev, Le Figaro, 8 novembre 2004.

Résumé

On peut se réjouir que les révolutions qui ont secoué l’Europe et le monde lors des 15 dernières années aient apporté la liberté, la démocratie et la fin de 40 ans de division du continent européen. Mais nous devons aussi considérer les occasions manquées avec la fin pacifique de la Guerre froide.
La fin de la Guerre froide est due à la révolution qui a eu lieu en URSS, mais la politique de démocratisation que j’ai initiée avec la glasnost et la perestroïka au milieu des années 80 n’est pas sortie du néant et elle s’enracine dans les réformes lancées par Khrouchtchev et celles de Kossyguine. Beaucoup de gens estiment maintenant que ces efforts de "modernisation" du système socialiste pour le mettre véritablement au service du peuple étaient condamnés dès le départ. Pourtant la politique que nous avons menée n’était pas plus dure que les précédentes et si nous avons pu entretenir un climat démocratique, c’est parce que la peur n’était plus omniprésente. Nous avons tenté de mettre fin à la course aux armements, néanmoins l’Europe restait divisée. Lors de ma rencontre avec le chancelier Kohl en juillet 1989, nous étions d’accord pour affirmer qu’il était trop tôt pour briser le Mur de Berlin. Le peuple allemand en a décidé autrement et le reste de l’Europe de l’Est et de l’Europe centrale a rapidement suivi en abattant les barrières qui l’entouraient. J’estimais que mon rôle devait être de veiller à ce que l’Europe de l’Est et l’Europe centrale retrouvent pacifiquement leur entière souveraineté avec un minimum d’intervention de la part de l’Union soviétique. À la surprise et à la satisfaction du monde entier, la transition s’est déroulée pacifiquement presque partout.
Malgré le terrorisme, l’insécurité, les incertitudes et les disparités croissantes de richesse, le monde n’est pas moins sûr aujourd’hui que pendant la Guerre froide. Toutefois, l’occasion de créer un monde plus sûr a été manquée. Nous avions la possibilité de construire un « nouvel ordre mondial » mais l’effondrement de l’URSS a eu pour conséquence une absence d’accord négocié sur ce nouvel ordre. En conséquence, l’accélération de la mondialisation qui a suivi s’est faite sans contrôle, et donc sans les moyens d’une nouvelle pensée pour aller vers un monde meilleur. Les Russes sont les premiers responsables de l’effondrement de l’URSS, mais le modèle de transition de la Russie ressemblait à un modèle sorti tout droit de Harvard et il n’était pas adapté. Les États-Unis ont ainsi engendré le chaos. L’effondrement de l’URSS était une bonne chose pour les États-Unis qui se sont vus comme les vainqueurs de la guerre froide. Or ce sont les vainqueurs qui décident des règles du jeu.
Ainsi, quinze ans après la chute du mur de Berlin, le monde a besoin d’une nouvelle forme de pensée. Il faut un nouvel ordre mondial au bénéfice de tous et une société civile mondiale qui se mobilise contre le terrorisme.


« Périlleux pour la démocratie »

Auteur Andrew J. Bacevich

Ancien colonel de l’US Army, Andrew J. Bacevich est professeur de relations internationales à l’université de Boston. Il est membre de l’American Academy à Berlin.

Source Los Angeles Times (États-Unis)
Référence

« Unsafe for Democracy », par Andrew J. Bacevich, Los Angeles Times, 8 novembre 2004.

Résumé

Pour justifier l’usage de la puissance états-unienne, tous les présidents lisent le même script : les États-Unis défendent la liberté, la démocratie, les oppressés et les États-Unis sont le seul pays dans l’histoire des grandes puissances à agir en faveur des " droits inaliénables " qui sont les droits de toute l’humanité dès la naissance. Le script est signé de Woodrow Wilson et tous les présidents l’ont repris, car il donne une latitude d’action extraordinaire et les immunise contre toute responsabilité face à un échec. En pratique pourtant, les idéaux de la politique états-unienne coïncident avec des considérations plus tangibles et les principes wilsoniens sont devenus très sélectifs : Bill Clinton s’est intéressé à la Bosnie mais au Rwanda et George W. Bush a insisté sur la libération de l’Irak mais ne s’occupe pas du Darfour. Les démocrates et les républicains n’ont pas le monopole de l’hypocrisie, et à Paris et Berlin on affirme aussi agir au nom de l’altruisme, mais au moins dans ces pays on reconnaît que ce discours n’est qu’un emballage.
Parfois, dans l’histoire états-unienne cette expression de l’idéalisme wilsonien devient cependant quelque chose de beaucoup plus problématique. C’est arrivé en 1917 et ça recommence depuis le 11 septembre. En intériorisant profondément les ambitions et les prérogatives de la doctrine Wilson, les hauts responsables de l’administration Bush affirment avec certitude que l’histoire a chargé les États-Unis d’assurer le triomphe universel de la liberté et de la démocratie dans le monde. Pour parvenir à cette fin, tous les moyens sont bons : les abus d’Abu Ghraib, dissimuler le nombre de civils irakiens tués…etc. Quand l’aventure impériale tourne mal, la classe politique locale continue à la décrire comme l’expression de la bonne volonté des États-Unis et même John Kerry a décrit les problèmes en Irak comme la conséquence d’une mauvaise gestion ; il n’a pas remis en cause les postulats de départ.
Cette position n’est pas tenable, mais le débat présidentiel n’a malheureusement pas permis de l’afficher.


« La Chine se pose comme la prochaine superpuissance »

Auteur Henry Kissinger

[Henry Kissinger] est ancien secrétaire d’État et conseiller de sécurité national états-unien. Il est président démissionnaire de la Commission d’enquête indépendante sur le 11 septembre. Il est président de Kissinger Associates

Source Clarin (Argentine)
Référence

« China se afirma como la próxima superpotencia », par Henry Kissinger, Clarin, 8 novembre 2004.

Résumé

En dépit de leur importance, les crises régionales comme l’Irak et la Corée du Nord paraissent bénignes face au transfert fondamental du pouvoir dans le système international. Les historiens estiment que l’émergence d’une Allemagne unifiée, il y a plus d’un siècle, a déséquilibré le système européen en y introduisant un État plus fort que chacun de ses voisins. Disraeli estimait que cet événement était plus significatif que la Révolution française. A notre époque, c’est l’émergence de la Chine comme une possible superpuissance qui est l’événement majeur. En effet, cela pourrait occasionner un transfert du centre de gravité des affaires mondiales de l’Atlantique au Pacifique.
Il est heureusement improbable que la Chine s’appuie sur sa puissance militaire pour acquérir un statut international, car les dirigeants chinois sont plus subtils et plus posés que ne l’étaient les impétueux dirigeants allemands après la retraite de Bismarck. Avec la technologie moderne, la guerre entre grandes puissances est un ultime recours, non plus une option politique. Les États-Unis doivent maintenir leur traditionnelle opposition aux visées hégémoniques en Asie, mais les relations avec la Chine ne doivent pas être conçues dans la perspective d’un duel final. La différence entre les États-Unis et la Chine est la même qu’entre les échecs et le go. Les échecs ont pour objectifs de prendre un avantage absolu sur son adversaire tandis que le go cherche l’avance stratégique persistant.
Il est difficile de savoir ce que feront les dirigeants à l’avenir mais il est possible de les influencer. Il faut mettre en place un dialogue stratégique permanent et éviter que la question taiwanaise ne s’envenime. Toutefois, cela ne sera pas suffisant si tous n’ont pas un accès équitable aux ressources énergétiques et aux matières premières. Si un pays en est privé, nous reviendrons aux conflits coloniaux, le pipeline remplaçant le territoire comme objectif de guerre. Il faut éviter cette situation en tentant de construire un ordre international.


« Appliquer la doctrine Bush au Soudan »

Auteurs Thomas Donnelly, Vance Serchuk

Ancien vice président du Project for the New American Century, le think-tank qui a rédigé le programme militaire de George W. Bush pour l’élection présidentielle et organisé la campagne contre l’Irak, et directeur de la communication de Lockheed Martin, Tom Donnelly est chercheur à l’American Enterprise Institute. Il est signataire de la lettre des 115 Atlantistes contre la Russie.

Vance Serchuk est assistant de recherche à l’American Enterprise Institute.

Source Los Angeles Times (États-Unis)
Référence

« Apply the Bush Doctrine to Sudan », par Thomas Donnelly et Vance Serchuk, Los Angeles Times, 8 novembre 2004.

Résumé

Alors que les Américains se rassemblaient pour voter mardi, la police et l’armée soudanaise attaquaient un camp de réfugiés au Darfour. Au moment où les spéculations sur les priorités de politique étrangères de la nouvelle administration Bush vont bon train, l’attaque de mardi devrait catapulter le Soudan en haut de l’agenda politique et l’action décisive ne peut pas attendre que le président ait prêté serment. Le camp d’Al Jeer Sureaf qui a été attaqué est le Srebrenica du Soudan et comme dans le cas de la Bosnie, les États-Unis doivent prendre leur responsabilité pour arrêter un génocide que l’ONU est incapable d’empêcher. Les Nations Unies ont en effet répondu à la détérioration de la situation au Soudan par l’arrêt de la distribution de nourriture et par l’évacuation de 88 de ses employés humanitaires.
Il est temps de reconnaître que l’intervention états-unienne au Soudan n’est plus seulement une question morale, mais également une question stratégique, car après avoir menacé Khartoum de " conséquences " si les atrocités se poursuivaient, nous risquons de perdre notre crédibilité si nous ne faisons rien, surtout que le président affirme vouloir relancer son plan de démocratisation du " Grand Moyen-Orient ".
Khartoum exploite la rhétorique arabe et islamiste pour justifier sa destruction d’une des sociétés les plus hétérogènes du monde. En outre, le Soudan est un des sept pays à soutenir le terrorisme d’après le département d’État : il a hébergé Ben Laden et Al Qaïda dans les années 90, par ailleurs le Hamas et le Hezbollah continuent d’y opérer. Les Soudanais sont également très présents en Irak contre nos troupes.
Aujourd’hui, au Soudan, c’est l’avenir de la doctrine Bush qui est en jeu.


« Trois questions à Michèle Alliot-Marie »

Auteur Michelle Alliot-Marie

Michelle Alliot-Marie est la ministre de la Défense française. Membre de l’UMP elle est ancienne présidente du parti gaulliste, le RPR. Elle exerça auparavant ses talents d’expertise juridique au service de régimes autoritaires de la Françafrique, rédigeant aussi bien la Constitution de la République islamique des Comores que les Codes pénal et civil du Kivu.

Source Le Monde (France)
Référence

« Trois questions à Michèle Alliot-Marie », par Michèle Alliot-Marie, Le Monde, 9 novembre 2004. Ce texte est adapté d’une interview.

Résumé

Le président Jacques Chirac avait mis le président Laurent Gbagbo en garde contre toute action qui risquerait de mettre le feu aux poudres mais ce dernier n’en a pas tenu compte. Nous voyons le résultat. Nous verrons si nos soldats ont été visés délibérément au terme d’une enquête mais il semble irréaliste qu’il s’agisse d’une erreur compte tenu de ce qui m’a été rapporté. Le climat de haine anti-française alimenté par certains depuis plusieurs mois pèse lourdement sur la rationalité des positions et des réactions.
Nous avons eu neuf morts et 38 blessés au cours de l’attaque, nous devions riposter de façon appropriée et nous avons détruit les avions de combats et les hélicoptères de combat. Nous étions non seulement dans une situation de violation du cessez-le-feu mais en position de légitime défense face à une agression caractérisée. Ce message très fort passé, nous avons fait savoir aux autorités ivoiriennes que notre objectif n’est nullement de déstabiliser les institutions de la Côte d’Ivoire. Au contraire, nos forces sont là pour stabiliser la situation. Il faut appliquer les accords de Marcoussis, conforté par les accords d’Accra : il faut désarmer et progresser sur le plan institutionnel. C’est parce que ces accords n’ont pas été mis en œuvre en temps et en heure que nous nous retrouvons aujourd’hui dans cette situation.


« Les rebelles ne représentent rien ! »

Auteur Michel Brunet

Michel Brunet est un chef d’entreprise français installé en Côte d’Ivoire depuis une quinzaine d’années.

Source Le Figaro (France)
Référence

« Les rebelles ne représentent rien ! », par Michel Brunet, Le Figaro, 9 novembre 2004.

Résumé

Nous, Français d’Abidjan, pensions ces derniers temps que les choses étaient en train de se normaliser. Devant l’évidente mauvaise volonté des "forces nouvelles" (ex "rebelles"), qui refusaient catégoriquement de désarmer, l’armée nationale ivoirienne avait pris la décision de restaurer l’intégrité du pays, en reconquérant la partie nord-ouest qui leur était impartie de fait par la force Licorne et par les soldats onusiens. Certes, cette décision pouvait provoquer des "dégâts collatéraux" mais, sur le plan technique, la faiblesse des forces rebelles la rendait tout à fait possible et déjà l’aviation ivoirienne commençait à imposer sa loi à la bande de soldats de fortune mis sur un piédestal par les accords de Marcoussis.
Toutefois, brutalement, ce scénario encourageant a été mis à bas. Après la mort, samedi, de neuf soldats français à Bouaké, tués par des roquettes tirées par un chasseur ivoirien sur un ancien cantonnement "rebelle" aujourd’hui occupé par les forces "Licorne", le président Jacques Chirac a pris dans l’urgence de sévères mesures de représailles, ordonnant le jour même de détruire les deux chasseurs des Fanci, mais aussi les hélicoptères militaires stationnés dans l’enceinte du palais présidentiel de Yamoussoukro. Toutes les forces aériennes, dont chaque Ivoirien était si fier et qui leur assuraient une supériorité militaire incontestable, ont ainsi été détruites en quelques minutes, brisant en même temps, dans toute la population, l’immense espoir de réunification du pays et de retour à la paix. Bouleversés, les Ivoiriens (et pas seulement les partisans de Laurent Gbagbo) sont descendus dans la rue et les intérêts occidentaux ont commencé à être visés. J’ai moi-même échappé de peu au lynchage. Beaucoup, comme moi-même, ont perdu leur commerce, leur maison, leurs économies. Il semble toutefois que, en ce début de semaine, les choses se calment un peu, les forces françaises se concentrant sur leur nouvel objectif de maintien de l’ordre dans la capitale économique. Toutefois, le feu couve toujours sous la braise et c’est pourquoi la France doit éviter de provoquer un nouveau déferlement nationaliste, c’est la vie et les biens des 30 000 Occidentaux et de centaines de milliers d’Africains immigrés qui sont en jeu. Il ne faut pas oublier que, dans un pays où la moitié de la population est illettrée, où le chômage est très important, la foule réagit de façon primaire, sans réflexion et toujours violemment.
Il conviendrait que la France réaffirme haut et fort son respect pour le peuple ivoirien et pour ses institutions, et qu’elle fasse amende honorable de son comportement actuel digne des heures les plus emblématiques de l’époque coloniale. Qu’on arrête donc de soutenir le mythe des "Forces nouvelles", (comme Dominique de Villepin a baptisé les rebelles) qui ne représentent absolument rien pour le pays, à part le pillage et les tueries des populations du Nord !
Je ne suis qu’un petit entrepreneur français venu tenter sa chance en Côte d’ivoire il y a quinze ans et qui a aujourd’hui perdu son commerce après avoir été bien accueilli dans le pays et y avoir fondé une famille (je suis marié à une Ivoirienne). J’ai tout perdu, en partie à cause d’une décision régalienne du chef de l’Etat français. En écoutant un colonel du dispositif Licorne expliquer aux Européens qu’aucun plan d’évacuation n’était envisagé car, dans quelques jours, ils devaient contribuer à la mise en place d’un nouveau gouvernement, je me demandais si je n’allais pas perdre en plus la vie !


 



Pays
Turquie
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Personnalités
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