Initiative mondiale sur la sécurité des vaccins

Questions/réponses : les MFM et les résultats d’une nouvelle étude (Mai/04)

Q1. Qu’est-ce que la myofasciite à macrophages (MFM) et comment est-elle associée aux vaccins aluminiques ?

R. Rien ne laisse présumer que la MFM est une maladie spécifique. La MFM est une lésion dans laquelle on trouve des sels d’aluminium, identifiée par l’examen histopathologique, observée au site d’une vaccination effectuée antérieurement avec des vaccins aluminiques (une sorte de « tatouage » laissée par la vaccination). Le Comité consultatif mondial de la sécurité vaccinale (GACVS) de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a, depuis que ces observations ont été faites, réexaminé les données et conclu que rien ne laisse présumer qu’il en résulterait une affection ou une maladie clinique.

Q2. La MFM est-elle une maladie généralisée ou un syndrome ?

R. Les biopsies de muscle deltoïde réalisées en France chez des patients porteurs de divers symptômes ont révélé dans un petit nombre de cas la présence d’un minuscule agrégat macrophagique inflammatoire comportant des inclusions cristallines et accompagné d’une nécrose musculaire microscopique. Des sels d’aluminium ont été mis en évidence dans ces lésions localisées. Etant donné que le siège des lésions, dans le deltoïde, correspond au site usuel d’injection des vaccins, il semblerait que ces lésions microscopiques soient liées à la vaccination utilisant des adjuvants aluminiques.

Q3. Les patients porteurs d’une lésion de MFM ont-ils des symptômes cliniques spécifiques?

R. On a évoqué une association entre d’une part la vaccination et les lésions MFM localisées et, d’autre part, une affection polysystémique. Cependant, le lien entre la MFM et une telle affection a été évoqué en comparant des patients similaires ayant eu une biopsie du deltoïde à des patients ayant une lésion caractéristique de la MFM et souffrant de douleurs musculaires diffuses. Toutefois, la prévalence de la MFM dans la population générale n’est pas connue, et les patients examinés n’étaient pas appariés à des témoins  une condition indispensable si l’on veut pouvoir éliminer les facteurs de confusion et d’autres explications possibles. On ne sait pas non plus si les patients qui n’ont pas de MFM à la biopsie et qui ont reçu antérieurement un vaccin aluminique sont porteurs de la lésion typique de la MFM à un autre endroit du muscle, celle-ci ayant échappé à la biopsie.

Q4. Est-ce que toutes les personnes ayant reçu un vaccin aluminique sont porteuses de lésions typiques de la MFM ?

R. Dans la mesure où les biopsies musculaires ont été réalisées devant des symptômes de myopathie, on ignore actuellement si on retrouverait dans la population vaccinée en bonne santé les images histologiques localisées caractéristiques. On a évoqué la possibilité qu’un certain nombre de sujets prédisposés aient une moindre capacité à éliminer l’aluminium du muscle deltoïde. On ignore si la présence de la lésion traduit un dysfonctionnement des macrophages ou représente l’extrémité de la distribution normale dans la population de l’élimination de l’aluminium et de la réponse tissulaire locale.

Le GACVS a recommandé d’entreprendre des recherches complémentaires pour mieux comprendre la MFM et, pour cela, de l’étudier sous les différents aspects de la clinique, de l’épidémiologie, de l’immunologie et de la biologie fondamentale. On a réalisé des études chez le singe et le rat pour examiner à long terme la persistance de l’aluminium et des lésions histopathologiques au point d’injection, et la fonction macrophagique est étudiée et comparée chez des patients atteints de MFM et des témoins en bonne santé. D’après les premiers résultats, la MFM pourrait représenter un simple marqueur de la vaccination avec persistance durable au point d’injection de l’aluminium et de la réponse inflammatoire locale qui l’accompagne, sans autre symptôme ou conséquence.

Q5. L’Agence française de Sécurité sanitaire des Produits de Santé vient de faire paraître les résultats d’une nouvelle étude. Que montre cette étude?

R. L’étude, commencée en 2002, compare des témoins (qui ont eu une biopsie musculaire ne révélant pas de MFM) et des patients ayant une MFM, en fonction du site de la biopsie, du sexe, de l’âge et de la date de la biopsie, pour déterminer s’il existe une association entre la présence de la MFM et la présence d’un syndrome clinique spécifique. L’étude confirme que la probabilité d’avoir reçu des vaccins contenant de l’hydroxyde d’aluminium comme adjuvant est plus élevée en cas de MFM. La fatigue et les signes fonctionnels apparentés étaient plus fréquents chez les patients atteints de MFM que dans le groupe témoin, et la fatigue était plus fréquente au début de la maladie qui a conduit à la biopsie musculaire. Myalgies et arthralgies n’étaient pas systématiquement rapportées en cas de MFM, contrairement aux observations antérieures, et aucune autre différence des symptômes et des facteurs de risque spécifique aux patients atteints de MFM n’a été identifiée.

Q6. A quelle conclusion le Comité consultatif mondial de la sécurité vaccinale (GACVS) est-il parvenu?

R. D’après les données les plus récentes, rien ne permet de conclure qu’il existe un risque sanitaire résultant de l’administration des vaccins aluminiques. Aucun argument solide, scientifique ou clinique, ne permet non plus de recommander un quelconque changement de la pratique vaccinale. Le GACVS a examiné les données de l’étude cas-témoins réalisée en France et a conclu que ces données ne sont pas en faveur d’une association entre la persistance de macrophages contenant de l’aluminium au site d’injection d’une vaccination antérieure et des symptômes cliniques ou une maladie.

Q7. Les arguments scientifiques dont on dispose aujourd’hui changent-ils certaines conclusions concernant la MFM ou certaines recommandations sur l’utilisation des vaccins aluminiques?

R. Il n’existe pas à l’heure actuelle de données indiquant un risque des vaccins aluminiques pour la santé, ni d’arguments justifiant un changement des pratiques vaccinales actuelles. L’avis donné par des experts indépendants au Ministère français de la Santé concernant les derniers résultats de l’étude concorde avec celui du GACVS et, de plus, il n’est pas recommandé pour l’instant d’entreprendre de nouvelles études épidémiologiques.

Q8. Pourquoi ce problème semble-t-il ne se poser qu’en France?

R. C’est la façon dont les biopsies sont pratiquées qui peut expliquer que la MFM a surtout été observée en France. Dans ce pays, les biopsies sont réalisées dans le deltoïde alors que, dans la plupart des autres pays, les biopsies de muscle sont pratiquées dans un autre site. L’augmentation apparente du nombre de cas diagnostiqués en France pourrait s’expliquer par la modification de l’administration du vaccin, passée de la voie sous-cutanée à la voie intramusculaire, et par la très large promotion de la vaccination anti-hépatite B chez l’adulte.

Dernière mise à jour de la page le 23 octobre 2008
Dernière révision de la page le 3 décembre 2008