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Editorial 

 

 

Actualités

À

 

force d’attendre, on aurait pu fi -

nir dans le mĂȘme Ă©tat de conser-

vation que la dĂ©pouille de sainte 

Roseline  de  Villeneuve,  situation  peu 

enviable de prime abord, mĂȘme si voir 

ses orteils remplacĂ©s par des tiges mĂ©-

talliques prĂ©sente l’avantage non nĂ©gli-

geable d’éliminer les dĂ©sagrĂ©ments liĂ©s 

aux  rhumatismes.  Ă€  l’OZ,  la  lĂ©gende 

raconte mĂȘme qu’une des membres de 

l’association  â€“  que  je  ne  nommerai  ni 

ne dĂ©signerai ici parce que, il faut bien 

l’admettre, la modestie et la discrĂ©tion 

l’étouffent â€“, lors d’un voyage en Italie 

cette  annĂ©e,  voulut  tester,  dans  une 

attitude toute zĂ©tĂ©tique, les pouvoirs at-

tribuĂ©s Ă  une antique sculpture romaine 

appelĂ©e Â« la Bouche de la VĂ©ritĂ© Â», rĂ©-

putĂ©e engloutir la main de celle ou celui 

qui aurait l’outrecuidance de lui mentir.

Bravant  ce  sort  funeste  et  n’écoutant 

que sa curiositĂ© de zĂ©tĂ©ticienne, notre 

sociĂ©taire plongea courageusement sa 

dextre  dans  la  gueule  du  monstre  en 

proclamant  avec  effronterie  Â« 

Richard 

Monvoisin soutiendra sa thĂšse en sep-

tembre ! 

». En dĂ©pit de cette prophĂ©tie 

d’une  inexactitude  Ă   faire  paraĂźtre  fi a-

ble  Paco  Rabanne,  rien  ne  se  passa, 

et  notre  comparse  a  toujours,  Ă   ma 

connaissance,  ses  deux  mains.  Elle 

s’en  sert  avec  Ă©lĂ©gance  et  virtuositĂ© 

pour  m’écrire  des  e-mails  de  mise  en 

demeure lorsque l’édito de la prochaine 

newsletter tarde trop Ă  arriver â€“ oh par-

don, j’avais dit que je ne la dĂ©signerai 

pas.

Car  en  effet,  l’impĂ©trant  sus-

nommĂ© a soutenu sa thĂšse en 

octobre. Et cet Ă©vĂ©nement tant 

attendu, qui lui avait valu tant 

d’amicales  taquineries,  est 

arrivĂ© sous mon mandat prĂ©si-

dentiel
 Hosanna ! Serais-je 

l’Élu  ?  Pas  vraiment,  en  fait. 

Si on devait mettre quelqu’un 

en avant, ce serait plutĂŽt l’ex-

thĂ©sard qui voit se concrĂ©tiser 

son  long  travail  par  l’octroi 

du  prestigieux  titre  de  Â«  doc-

teur ». Que ceux d’entre vous 

qui auraient la tentation de cĂ©-

der Ă  l’argument d’autoritĂ© qui 

va avec â€“ typiquement le genre d’argu-

ment qui donne des boutons Ă  Richard 

– se rappellent que la derniĂšre fois qu’il 

a  essayĂ©  d’avaler  des  charbons  ar-

dents
 hĂ© bien, il s’est brĂ»lĂ©. De quoi 

briser un mythe, mĂȘme si Ă§a ne casse 

pas trois pattes Ă  un canard sauvage et 

rupestre de la grotte de Lascaux (enfi n, 

s’il en existe).

Soutenance de thĂšse, articles, fĂȘte de 

la  science,  veille  mĂ©diatique,  autant 

de travaux de zĂ©tĂ©ticiens Ă  voir, Ă  dĂ©-

couvrir, Ă  lire, voire mĂȘme Ă  zĂ©tĂ©tiquer 

pour le plus grand plaisir de l’intellect, 

l’exercice  de  l’esprit  critique,  et  la  re-

cherche,  nĂ©cessaire  et  sans  fi n,  d’un 

savoir objectivĂ©. Pourtant, c’est sur un 

texte purement subjectif que j’aimerais 

clore  cet  Ă©ditorial  :  un  tĂ©moignage. 

Celui  d’un  homme  que  sa  pudeur  a 

fait anonyme, mais qui s’affi rme aussi 

membre de l’Observatoire ZĂ©tĂ©tique, et 

explique  surtout  pourquoi  et  comment 

il l’est devenu, sans jamais renier d’oĂč 

il venait. Un texte qui interpelle par sa 

dimension humaine, et me touche per-

sonnellement, parce que mon parcours 

ressemble au sien.

Nous  sommes  des  humains,  aprĂšs 

tout, et c’est pour cette raison que j’ai 

voulu parler dans ces quelques lignes, 

non seulement de ces travaux de zĂ©tĂ©-

ticiens, mais aussi de ceux qui les rĂ©a-

lisent  â€“  mĂȘme  s’ils  seront  sans  doute 

les  premiers  Ă   me  rĂ©torquer,  par  pure 

modestie, que je n’aurais pas dĂ». D’oĂč 

cet éditorial subjectif, léger, humain.

Éric DĂ©guillaume

PrĂ©sident de l’Observatoire zĂ©tĂ©tique

La POZ est Ă©ditĂ©e par l’Observatoire zĂ©tĂ©tique, associa-

tion loi 1901 domiciliĂ©e Ă  Grenoble (38). 

Éditorialiste

 

:

 Ă‰ric DĂ©guillaume

RĂ©dactrice en chef :

 GĂ©raldine Fabre

Couverture :

 Florent Martin

Mise en page : 

GĂ©raldine Fabre

Photographies

 

:

  Florent  Martin,  VĂ©ronique  Blum,  Ă‰ric 

BĂ©villard

ComitĂ©  de  rĂ©daction  :

  Alexis  Aubry,  Ă‰ric  DĂ©guillaume, 

GĂ©raldine  Fabre,  Nicolas  Gaillard,  Françoise  Mariotti 

(CZLR),  Florent  Martin,  Richard  Monvoisin  et  Fabrice 

Neyret  ont  participĂ©  Ă   la  rĂ©daction  de  la  NL29  et  de  la 

POZ29 .

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La Newsletter de l’OZ

NL 029 - Novembre 2007

2

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ActualitĂ©s           -    

3

NL 029 - Novembre 2007

Les nouvelles de l'OZ

Toute l'actualité de l'Observatoire zététique

FĂȘte de la science Ă  Lyon

A

prĂšs  le  stand  zĂ©tĂ©tique  de 

« Place  aux  sciences  Â»,  sur  la 

place Victor Hugo de Grenoble, 

lors  du  premier  week-end  d’octobre, 

l’OZ a continuĂ© la fĂȘte de la science Ă  

Lyon sur le campus de la Doua du 11 

au 14 octobre.

La  configuration  diffĂ©rente  des  lieux 

(stand plus grand qu’à Grenoble et en 

intĂ©rieur)  nous  a  permis  de  proposer 

des  animations  plus  longues  notam-

ment  pour  les  scolaires,  les  jeudi  et 

vendredi. Avec une dizaine de classes, 

nous avons donc discutĂ© des caractĂ©-

ristiques d’une expĂ©rimentation scienti-

fique rigoureuse et des critĂšres d’ana-

lyse  statistique  d’un  rĂ©sultat.  L’objectif 

une  fois  de  plus  Ă©tait  de  sensibiliser 

notre public Ă  la dĂ©marche scientifique 

en montrant Ă  travers quelques rĂšgles 

simples  qu’il  s’agit  avant  tout  d’une 

dĂ©marche  de  bon  sens,  qu’elle  n’est 

pas  rĂ©servĂ©e  aux  scientifiques  et  que 

chacun  peut  se  l’approprier.  Bien  que 

facilement  abordable,  sous  bien  des 

aspects, la dĂ©marche scientifique reste 

malgrĂ© tout peu intuitive et son ensei-

gnement nous paraßt donc nécessaire.

Notre sĂ©quence pĂ©dagogique, mise au 

point l’an dernier par Florent Tournus et 

Stanislas Antczak, s’articulait autour de 

l’élaboration d’un protocole scientifique 

rigoureux pour tester une allĂ©gation de 

type  radiesthĂ©sique  (dĂ©tection  de  la 

prĂ©sence d’eau dans dix verres, vides 

ou pleins). Pour Ă©liminer toutes les ex-

plications autres que celle d’un Â« pou-

voir Â» particulier, le public est amenĂ© Ă  

bĂątir une expĂ©rience en double aveugle 

(ni le sujet ni les expĂ©rimentateurs qui 

sont avec lui ne connaissent le contenu 

des verres cachĂ©s) avec randomisation 

(la rĂ©partition des verres pleins et vides 

est dĂ©cidĂ©e par un tirage au sort) et un 

critĂšre de validation objectif (les verres 

sont soit pleins soit vides). 

Le  rĂ©sultat  de  l’expĂ©rience,  le  score 

de bonnes rĂ©ponses sur les dix verres, 

est discutĂ© avant le dĂ©pouillement ; la 

question est en effet de dĂ©cider quels 

seront les scores jugĂ©s Â« extraordinai-

res Â» : 8, 9, 10 ? Tous les scores Ă©tant 

possibles  par  hasard  (mĂȘme  s’ils  ne 

sont pas tous aussi probables), le pu-

blic comprend assez bien la nĂ©cessitĂ© 

de choisir un critĂšre arbitraire qui mini-

mise cependant le risque d’erreur. Pour 

chacun des dix verres, on a une chance 

sur  deux  de  deviner  son  contenu  en 

rĂ©pondant  au  hasard.  Si  on  choisit 

le  critĂšre  Ă   1%,  courant  en  science, 

c’est-Ă -dire un risque d’une chance sur 

100  de  se  tromper  en  concluant  Ă   un 

« pouvoir Â» alors que le score aurait Ă©tĂ© 

obtenu par hasard, le seul score vala-

ble est 10/10.

Pour finir, chacun Ă©tait invitĂ© Ă  tester 

son  Ă©ventuel  Â«  don  Â»  en  devinant  un 

tirage  au  sort,  les  verres  ayant  Ă©tĂ© 

remplacĂ©s  par  des  jetons  dotĂ©s  d’une 

croix ou d’un rond sur leurs deux faces. 

À la pointe de la technologie, notre dis-

positif Â« boites de conserve de compote 

de pommes Â» permet de rĂ©aliser cette 

expĂ©rience  en  double  aveugle  avec 

randomisation.  En  cumulant  les  don-

nĂ©es de l’annĂ©e prĂ©cĂ©dente (voir page 

suivante), 585 personnes ont participĂ© 

Ă  ce test. 

La  rĂ©partition  des  rĂ©sultats  est  con-

forme Ă  la loi binomiale, mais toujours 

Stanislas Antczak et GĂ©raldine Fabre avec un groupe d’élĂšves de CM1, 

curieux et amusĂ©s. Alors, comment faire pour savoir si il a un « don » ?

É

Florent Martin au milieu d’un public attentif. Pour la radiesthĂ©sie 

comme pour l’homĂ©opathie, les statistiques permettent de savoir si 

vraiment « ça marche ». 

É

Pierre Bienvenu (Ă  droite) en pleine discussion.

É

 CrĂ©dit :  Florent Martin

 CrĂ©dit :  Florent Martin

 CrĂ©dit :  Florent Martin

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Actualités

L’histogramme des rĂ©sultats cumulĂ©s sur deux annĂ©es : personne n’a encore obtenu 10 ou 0 bonnes 

rĂ©ponses en devinant le tirage au sort de o et de x. Dans l’encart, notre dispositif expĂ©rimental, 

confectionné avec dix boites de conserve.

É

Soirées « idées reçues » à Grenoble et « Science et Paranormal » à Domont

L

e  mardi  13  novembre,  les  Petits 

DĂ©brouillards  et  le  Piment  vert 

organisent Ă  l’ADAEP une soirĂ©e-

dĂ©bat autour du thĂšme Â« IdĂ©es reçues 

dans  l’alimentation  Â»  et  ont  invitĂ©  les 

membres  de  l’Observatoire  zĂ©tĂ©tique. 

Ce sera l’occasion de discuter notam-

ment de pensĂ©e magique et de la con-

fusion corrélation/causalité.

Le vendredi 23 novembre, l’Observa-

toire zĂ©tĂ©tique participera Ă©galement Ă  

une soirĂ©e Â« Science et Paranormal » 

organisĂ©e  par  le  RĂ©seau  Bars  des 

Sciences  franciliens  au  centre  culturel 

de la ForĂȘt de Montmorency Ă  Domont 

(voir notre agenda). 

Aux  cĂŽtĂ©s  de  l’ufologue,  Jacques 

Scornaux,  prĂ©sident  de  l’association 

pas  de  10,  ni  de  0  (score  qui  est Ă©vi-

demment aussi peu probable).

Au  vu  des  rĂ©actions  enthousiastes, 

cette  sĂ©quence  pĂ©dagogique  semble 

avoir Ă©tĂ© apprĂ©ciĂ©e autant par les Ă©lĂš-

ves les plus jeunes (9-10 ans) que par 

leurs aĂźnĂ©s du week-end. De nombreux 

professeurs se sont d’ailleurs montrĂ©s 

ravis de trouver une formalisation aussi 

claire  de  la  mĂ©thodologie  scientifi que 

avec  des  applications  intĂ©ressantes 

liĂ©es  aux  phĂ©nomĂšnes  rĂ©putĂ©s  Â« pa-

ranormaux ». Devant le succĂšs de nos 

posters  et  les  demandes  rĂ©pĂ©tĂ©es  de 

les acquĂ©rir, nous avons crĂ©Ă© une page 

« Posters »  sur  notre  site  afi n  de  les 

proposer en libre accĂšs.

Sur  les  sept  journĂ©es  consacrĂ©es 

Ă   la  fĂȘte  de  la  science  cette  annĂ©e, 

nous  avons  rencontrĂ©  une  majoritĂ© 

de  personnes  n’ayant  jamais  entendu 

le  terme  Â« zĂ©tĂ©tique ».  IntriguĂ©s  au 

premier abord, ils ont apprĂ©ciĂ© pour la 

plupart la rigueur et le respect de notre 

dĂ©marche.  Peut  ĂȘtre  plus  que  les  an-

nĂ©es prĂ©cĂ©dentes, nous avons en effet 

voulu clairement montrer que notre but 

n’est  pas  de  Â« dĂ©mystifi er  les  croyan-

ces », de Â« pourfendre les charlatans » 

ou de Â« vouloir tout expliquer scientifi -

quement Â» mais de vulgariser les outils 

qui permettent de se faire une idĂ©e plus 

claire sur des phĂ©nomĂšnes ou des al-

lĂ©gations de type Â« paranormal Â», pour 

essayer  de  Â« savoir »  plutĂŽt  que  de 

« croire ».

MalgrĂ© l’investissement important que 

la  prĂ©paration  et  l’animation  de  nos 

stands  requiĂšrent  et  malgrĂ©  la  fatigue 

Ă   la  fi n  de  cette  semaine  marathon, 

j’espĂšre que nous continuerons Ă  ĂȘtre 

prĂ©sents Ă  Lyon et Ă  Grenoble lors des 

prochaines FĂȘtes de la science.

GĂ©raldine Fabre

Nos posters de la FĂȘte de la Science : 

É

 

www.observatoire-zetetique.org/page/

dossier.php?ecrit=2&ecritId=7

En ligne 

Pierre Borgnat remplissant l’histogramme des 

rĂ©sultats cumulĂ©s au cours du week-end.  

É

Carine Goutaland placĂ©e en « catalepsie » 

sans hypnose devant des spectateurs 

mĂ©dusĂ©s. 

É

SCEAU  (Sauvegarde,  Conservation 

des  Ă‰tudes  et  Archives  Ufologiques, 

association française Ă  but non lucratif 

fondĂ©e en 1990), Florent Martin rĂ©pon-

dra aux questions du public sur l’expĂ©-

rimentation  des  phĂ©nomĂšnes  rĂ©putĂ©s 

« paranormaux ».

NL 029 - Novembre 2007

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 CrĂ©dit :  Florent Martin

 CrĂ©dit :  VĂ©ronique Blum

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La St Glinglin a eu lieu le 25 octobre

Q

uand  Richard  soutiendra

  Ă©tait 

presque  devenu  entre  nous 

une  expression  remplaçant  

quand  les  poules  auront  des  dents

  et 

Ă  la longue, une boutade qui l’exaspĂ©-

rait
 Mais, enfin, le 25 octobre 2007, 

Richard Monvoisin, membre de l’OZ et 

chargĂ© de cours d’esprit critique Ă  l’Uni-

versitĂ©  Joseph  Fourier,  a  soutenu  sa 

thĂšse dans l’amphithĂ©Ăątre Jean Roget, 

plein Ă  craquer. Plus de 200 personnes 

Ă©taient en effet venues Ă©couter son ex-

posĂ© intitulĂ© : Â« Pour une didactique de 

l’esprit critique : ZĂ©tĂ©tique & utilisation 

des  interstices  pseudoscientifiques 

dans  les  mĂ©dias  Â»  (mĂȘme  Garci-mort 

Ă©tait lĂ  !)

Pendant trois quarts d’heure, Richard 

a pu donner un petit aperçu de l’immen-

se travail de recherche qu’il a accompli 

ces derniĂšres annĂ©es dans le domaine 

de la didactique des sciences et qu’il a 

directement  appliquĂ©  dans  ses  cours. 

Le jury, composĂ© d’Henri Broch, Patrick 

LĂ©vy, Claudine Kahane, Jean Bricmont 

et Guillaume Lecointre a unanimement 

reconnu  la  qualitĂ©,  l’originalitĂ©  et  l’im-

portance de ses travaux souhaitant les 

voir  rapidement  valoriser  par  d’autres 

publications  et  largement  diffuser 

auprĂšs  de  publics  plus  ou  moins  spĂ©-

cialisés.

Son manuscrit de 450 pages contient 

en  effet  une  quantitĂ©  impressionnante 

de matĂ©riel pĂ©dagogique destinĂ© Ă  l’en-

seignement de la pensĂ©e critique, Ă©la-

borĂ© principalement Ă  partir d’analyses 

de  couvertures  et  d’articles  de  presse 

traitant  de  science.  Richard  a  notam-

ActualitĂ©s           -    

NouveautĂ©s sur le site de l’OZ

C

e  mois-ci,  deux  nouveaux  arti-

cles ont Ă©tĂ© mis en ligne sur le 

site de l’OZ.

Le  premier  est  une  enquĂȘte  concer-

nant la Â« momie Â» de sainte Roseline 

de  Villeneuve,  relique  dite  Â«  intacte  Â» 

d’une  moniale  provençale  qui  serait 

conservĂ©e  depuis  le  XIV

e

  siĂšcle  dans 

une chapelle aux Arcs-sur-Argens. Ce 

dossier a la particularitĂ© d’associer une 

enquĂȘte historique sur la biographie de 

Roseline  de  Villeneuve  et  une  Ă©tude 

scientifique  du  corps  Â«  parfaitement 

conservĂ©  Â»  qui  lui  a  Ă©tĂ©  attribuĂ©.  La 

mise  en  parallĂšle  de  la  lĂ©gende  et  de 

l’Histoire  apporte  des  Ă©lĂ©ments  Ă©clai-

rants sur la fabrication de ce mythe.

Le second article est une publication 

plus personnelle de l’un de nos mem-

bres qui sous la forme d’un tĂ©moignage 

a  voulu  raconter  son  parcours  de  zĂ©-

tĂ©ticien.  L’auteur,  qui  a  prĂ©fĂ©rĂ©  garder 

l’anonymat  pour  ne  pas  impliquer  son 

Sainte Roseline, une légende fabriquée ?

É

 

www.observatoire-zetetique.org/page/

dossier.php?enquete=3&enqueteId=27

La zĂ©tĂ©tique n’est pas un sport de combat

É

 

www.observatoire-zetetique.org/page/

dossier.php?ecrit=2&ecritId=44

En ligne 

entourage,  confie  avec  simplicitĂ©  son 

cheminement Ă  travers ses certitudes, 

ses questionnements et ses doutes en 

livrant ses rĂ©flexions sur le Â« paranor-

mal  Â»  qui  a  toujours  fait  partie  de  sa 

vie. En tout cas pour lui, Â« 

La zĂ©tĂ©tique 

n’est pas un sport de combat

 Â».

ment  rĂ©pertoriĂ©  les  biais  de  raisonne-

ment tels que les facettes et effets zĂ©-

tĂ©tiques qui avaient Ă©tĂ© dotĂ©s par Henri 

Broch de noms humoristiques facilitant 

leur  mĂ©morisation.  Il  a  ainsi  formalisĂ© 

une typologie de l’outillage critique en 

distinguant  trois  types  d’interstices 

pseudoscientifiques (Ips) : les Ips lexi-

caux, les Ips logico-argumentatifs et les 

Ips scénaristiques.

Mais  comme  l’a  soulignĂ©  Guillaume 

Lecointre,  ce  regard  critique  portĂ©  sur 

l’enseignement et la vulgarisation de la 

science  n’est  pas  uniquement  destinĂ© 

aux  enseignants  et  aux  chercheurs 

car  il  questionne  finalement  tous  les 

aspects  de  la  communication  scienti-

fique.

AprĂšs  tous  ses  compliments,  le  jury 

a adressĂ© Ă  Richard Monvoisin toutes 

ses  fĂ©licitations  en  lui  attribuant  le  ti-

tre  de  Docteur  de  l’UniversitĂ©  Joseph 

Fourier,  sous  les  applaudissements 

et une longue ovation du public. Et le 

« pas-tout-Ă -fait-Dr  Monvoisin »  est  Ă  

prĂ©sent Docteur. 

Le Jury de la soutenance de Richard (de gauche Ă  droite) : Henri Broch, Richard Monvoisin, 

Guillaume Lecointre, Claudine Kahane et Patrick LĂ©vy. Dans la salle, mĂȘme Garci-mort Ă©tait prĂ©sent !

É

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NL 029 - Novembre 2007

 CrĂ©dit :  Florent Martin

 CrĂ©dit :  Florent Martin

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Les actualités du " Paranormal "

 ConfĂ©rence de Jacques SalomĂ© sur le campus scientifique de Grenoble : EnquĂȘte

L

’annonce  d’une  confĂ©rence  de 

Jacques  SalomĂ©,  organisĂ©e  le 

9  novembre  dans  l’amphithĂ©Ăą-

tre  Louis  Weil  de  l’UniversitĂ©  Joseph 

Fourier a surpris certains d’entre nous 

Ă  l’Observatoire ZĂ©tĂ©tique. L’alerte que 

nous avons fait paraĂźtre, expliquant les 

raisons de notre inquiĂ©tude est en ligne 

sur le blog de l’OZ.

Les nombreuses questions suscitĂ©es 

par  cet  Ă©vĂ©nement  -  Les  enseigne-

ments  de  Jacques  SalomĂ©  ont-ils  un 

caractĂšre  pseudo-mĂ©dical  ?  Les  ges-

tionnaires  de  l’amphi  Weil  se  sont-ils 

posĂ©s  la  question  du  crĂ©dit 

a  priori 

qu’ils  donnent  Ă   Jacques  SalomĂ©  en 

autorisant  cette  confĂ©rence  Ă   l’univer-

sitĂ© (comme ce fut le cas pour Claude 

Sabbah le 30 juin 2007 dans les amphis 

de la Sorbonne) ? L’amphithĂ©Ăątre Weil 

a-t-il un Ć“il sur les critĂšres de scienti-

ficitĂ© des confĂ©rences qu’il accueille ? 

- nous ont poussĂ©s Ă  enquĂȘter.

Au moment oĂč nous Ă©crivons cet arti-

cle, la confĂ©rence de Jacques SalomĂ© 

n’a pas encore eu lieu mais nous avons 

rĂ©ussi  Ă   obtenir  des  places  (les  900 

places de l’amphi sont dĂ©jĂ  rĂ©servĂ©es 

depuis plusieurs jours) et nous assiste-

rons donc Ă  sa prĂ©sentation dans le but 

de nous faire une idĂ©e plus prĂ©cise sur 

les théories de ce thérapeute.

En attendant notre compte-rendu, un 

extrait de l’émission 

Les charlatans de 

la santĂ©

, diffusĂ©e le 5 janvier 2004, sur 

L’alerte publiĂ©e sur le blog de l’OZ : 

É

 

http://www.zetetique.info/archives/

00000090.html
L'extrait du reportage 

Les charlatans de 

la santé

 :

É

 

http://video.google.fr/videoplay?docid=

2585414461956973574

En ligne 

 

 

Actualités

Théories créationnistes dans un livre scolaire suisse

D

ans notre newsletter n°28, nous 

rapportions  la  dĂ©cision  la  dĂ©-

cision  du  conseil  de  l’Europe 

de  refuser  l’enseignement  des  thĂšses 

crĂ©ationnistes  dans  un  cadre  disci-

plinaire  autre  que  celui  de  la  religion. 

Nous posions alors la question : Â« 

Pour 

les  prĂ©munir  contre  les  dangers  de 

cette pseudoscience, ne faudrait-il pas 

surtout  expliquer  Ă   tous  les  Ă©lĂšves  ce 

qui diffĂ©rencie vĂ©ritablement une thĂ©o-

rie scientifique Ă©tayĂ©e par des preuves 

comme l’évolutionnisme d’une croyan-

ce basĂ©e sur la foi telle que le crĂ©ation-

nisme ? 

».

C’est  prĂ©cisĂ©ment  l’argument  qui  fut 

avancĂ©  par  la  commission  chargĂ©e 

des  plans  et  des  moyens  d’enseigne-

ments  scolaires  dans  le  canton  de 

Berne (Suisse) pour justifier l’introduc-

tion des thĂšses crĂ©ationnistes dans un 

livre scolaire et leur enseignement aux 

Ă©lĂšves au mĂȘme titre que la thĂ©orie de 

l’évolution. Cependant, la prĂ©sentation 

du  crĂ©ationnisme 

et  de  l’évolution-

nisme  dans  le 

manuel  scolaire 

de sciences natu-

relles 

NaturWert 

est loin d’ĂȘtre ob-

jective  et  encore 

moins  Ă©clairante 

sur  leurs  diffĂ©-

rences,  pourtant 

fondamentales, 

comme  le  mon-

tre  cet  extrait  : 

« 

 Les croyants pensent que quelqu’un 

ou quelque chose, un Dieu, un ĂȘtre su-

pĂ©rieur a crĂ©e l’univers dans sa diversi-

tĂ©, c’est ce que l’on appelle la CrĂ©ation. 

Par ailleurs, il y a 150 ans environ des 

scientifiques ont rĂ©pandu l’idĂ©e qu’il n’y 

aurait pas de CrĂ©ateur, que la vie se-

rait le rĂ©sultat de processus chimiques 

alĂ©atoires,  c’est  ce  qu’on  appelle  la 

thĂ©orie de l’évolution.

 Â»

Face  Ă   la  controverse  que  cette  pu-

blication  a  dĂ©clenchĂ©e,  la  Direction 

de  l’instruction  publique  du  canton  de 

Berne est revenue sur sa dĂ©cision et a 

publiĂ© le 8 novembre 2007 un commu-

niquĂ© de presse annonçant, en accord 

avec l’éditeur, la correction du manuel, 

afin  d’« 

Ă©tablir  plus  clairement  la  dis-

tinction entre science et religion »

. GF

Canal+  vous  donnera  un  aperçu  de 

l’utilisation  par  Jacques  SalomĂ©  de  la 

«  langue  des  oiseaux  Â»,  fleuron  de  la 

pratique  psychanalytique  lacanienne 

consistant Ă  lire dans l’homophonie des 

mots  l’origine  des  maux.  On  retrouve 

Ă©galement ce genre de dĂ©codages plus 

que  discutables  en  psychogĂ©nĂ©alogie 

et  dans  la  biologie  totale  de  Claude 

Sabbah.

Richard Monvoisin et GĂ©raldine Fabre

Jacques SalomĂ© 

donne le 9 

novembre Ă  

Grenoble une 

confĂ©rence 

dans l’amphi 

Louis Weil, 

sur le Campus 

universitaire. Y-

a-t-il des raisons 

de s’inquiĂ©ter ?

É

NL 029 - Novembre 2007

6

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ActualitĂ©s           -    

Festival de Oullins : une présidence du jury controversable

L

e  festival  du  film  scientifique  de 

Oullins  ouvre  ses  portes  le  22 

novembre 2007, avec une palan-

quĂ©e de films intĂ©ressants. En 2005, le 

comitĂ© scientifique de ce festival avait 

pris  une  dĂ©cision  sage  en  rĂ©cusant  le 

documentaire 

Homo  sapiens

  prĂ©sen-

tant les thĂšses 

intelligent design

 d’Anne 

Dambricourt-Malassé [1].

Cette  annĂ©e,  s’il  ne  semble  pas  y 

avoir  de  problĂšme  sur  la  programma-

tion,  c’est  sur  le  jury  que  nous  nous 

questionnons.  En  effet,  la  prĂ©sidente 

2007  n’est  autre  qu’Isabelle  Stengers 

[2]. Isabelle Stengers est le fer de lance 

de  la  pensĂ©e  dite  Â«  post-moderne  Â», 

prĂŽnant  un  relativisme  cognitif  [3]  qui, 

Ă  y regarder de prĂšs, sape totalement 

la dĂ©marche scientifique (en dĂ©fendant 

par  exemple  que  la  science  est  une 

narration au mĂȘme titre que le mythe). 

Elle  Ă©crit  que  sa  thĂ©orie  de  l’écologie 

des pratiques exige l’abandon de l’op-

position entre Â« description fidĂšle Â» et 

«  fiction  Â»,  ce  qui  ne  peut  que  nous 

faire dresser des oreilles frĂ©missantes 

d’inquiĂ©tudes. Elle a dĂ©jĂ  Ă©tĂ© Ă©pinglĂ©e 

par le philosophe Bouveresse, le biolo-

giste Lecointre et certains de ses Ă©crits 

sont  classĂ©s  dans  la  catĂ©gorie  des 

impostures  intellectuelles  par  Sokal  et 

Bricmont [4].

Ayant Ă©tĂ© dans le comitĂ© scientifique 

du festival, j’ai Ă©crit aux organisateurs 

pour  les  informer.  Au  8  novembre,  je 

suis sans réponse.

Richard Monvoisin

[1] DiffusĂ© le 29 octobre 2005 sur Arte, 

le film explique la flexion de la base du 

crĂąne,  dont  le  dĂ©veloppement  amĂšne 

Mme Dambricourt-MalassĂ© Ă  dĂ©fendre 

une hypothĂšse 

Intelligent Design

.

[2] J’en avais dĂ©jĂ  un peu parlĂ© dans 

l’édito  de  la  newsletter  n°26  en  expli-

quant  que  Stengers  est  par  exemple 

une fervente dĂ©fenseuse des thĂšses de 

la sorciĂšre 

Starhawk

.

[3]  Quelques  lectures  limpides  sur 

ce  sujet  sont  : 

Sokal,  un  dĂ©bat  mal 

compris

, Cahiers Rationalistes, n°526, 

et surtout le livre de Sokal et Bricmont 

impostures intellectuelles, chapitre 3.

[4]  Dernier  travail  en  date,  l’ex-

cellent  article  de  C.  Mulet-Marquis, 

Postmdernisme  anti  rationnel  chez 

Isabelle Stengers

, dans AthanĂ©, Guinet 

&  Silberstein  (dir.)  MatiĂšre  PremiĂšre 

2007,  Ă‰mergence  &  RĂ©ductions,  pp. 

311-320. 

Regards croisés sur le dernier colloque du GEMPPI

L

e 6 octobre 2007, Ă  Marseille, le 

GEMPPI  (Groupe  d’Étude  des 

Mouvements  de  PensĂ©e  en  vue 

de la Protection de l’Individu) organisait 

un  colloque  consacrĂ©  aux  Â«  Principes 

d’assujettissement  et  d’influence  par 

des mĂ©canismes mentaux Â». Françoise 

Mariotti,  membre  du  CZLR  (Cercle 

ZĂ©tĂ©tique  Languedoc-Roussillon)  et 

Nicolas  Gaillard,  membre  de  l’OZ, 

s’y  sont  retrouvĂ©s,  attirĂ©s  par  un  pro-

gramme  allĂ©chant  et  la  prĂ©sence  de 

Jean-LĂ©on Beauvois.

Cependant,  le  colloque  ne  semble 

pas avoir tenu toutes ses promesses Ă  

leurs yeux et ils ont souhaitĂ© nous livrer 

leurs  impressions  dans  ce  compte-

rendu croisĂ©. 

En  dĂ©taillant  le  contenu  des  prĂ©sen-

tations  auxquelles  ils  ont  assistĂ©,  ils 

tĂ©moignent  du  mĂ©lange  de  plaisir  et 

de  dĂ©ception  que  leur  a  inspirĂ©  cette 

journĂ©e.  L’ambiance  psychanalytique 

qui  rĂ©gnait  ne  semble  guĂšre  les  avoir 

sĂ©duits
  Nicolas  parle  d’un  Â«  p

ara-

doxe  dans  le  discours  de  l’ensemble 

des  intervenants. 

»  et  Françoise, 

sur  des  sujets  aussi  graves,  regrette 

« 

l’extrĂȘme  prudence  dont  ont  tĂ©moi-

gnĂ©  les  orateurs-trice  (
)  quelquefois 

Ă  la frontiĂšre de la tiĂ©deur, voire de la 

passivité

 Â».

Dans  la  newsletter  018  d’octobre 

2006,  Richard  Monvoisin  concluait 

avec audace son compte-rendu du col-

loque du 26/10/2006 du GEMPPI, con-

sacrĂ© aux Â« sciences, pseudo-sciences 

et thĂ©rapeutiques dĂ©viantes Â» : Â« 

Que 

voulez-vous : tant que les Â« penseurs » 

au  pouvoir  dans  les  rĂ©dactions  reste-

ront humides de freudisme, tant que les 

contenus  d’enseignement  en  facultĂ© 

de  psychologie  imposeront  d’emblĂ©e 

ce monticule thĂ©orique glaiseux et peu 

scientifique  qu’est  la  psychanalyse,  il 

ne faudra guĂšre s’étonner.

 Â»

L’humiditĂ©  persistera-t-elle  ?  C’est 

avec cette question en tĂȘte que je me 

suis  rendue  le  6  octobre  Ă   Marseille 

pour  le  dernier  colloque  du  GEMPPI, 

cette  fois-ci  intitulĂ©  Â«  Principes  d’as-

sujettissement  et  d’influences  par  des 

mĂ©canismes  mentaux  â€“  manipulation 

mentale  :  approche  Ă©thique  Â».  Huit 

interventions  prĂ©vues  (deux  interve-

nantEs) oĂč l’on dĂ©nombre six psycholo-

L’avis de Françoise Mariotti

Le 6 octobre 2007, le GEMPPI organisait 

un colloque intitulĂ© « Principes d’assujettis-

sement et d’influence par des mĂ©canismes 

mentaux ».

É

7

NL 029 - Novembre 2007

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Actualités

de sujĂ©tion, isolement par rapport Ă  la 

famille,  exigences  financiĂšres)  et  non 

sur  les  sectes  proprement  dites,  cha-

cun  Ă©tant  libre  de  ses  croyances.  F. 

Chalmeau  prend  le  relais  pour  traiter 

des  pseudo-thĂ©rapies  psychosomati-

ques qu’elle prĂ©sente comme des Â« of-

fres  caricaturales  Â»  pouvant  prĂ©senter 

des dĂ©rives sectaires et induisant pour 

les  patients  malades  des  risques  en 

terme de Â« perte de chances Â» de guĂ©-

rir. Il paraĂźt que le ministĂšre des affaires 

sociales en fait une prĂ©occupation im-

portante et va en parler bientĂŽt. Seront 

dĂ©crites rapidement la naturopathie, les 

« nouvelles mĂ©decines Â» du Dr Hamer, 

la  mĂ©decine  anthroposophique  (com-

munication facilitĂ©e), la kinĂ©siologie, le 

respirianisme,  puis  les  pratiques  plus 

fondĂ©es sur l’irrationnel et la quĂȘte de 

spiritualité comme le reiki.

J.-L.  Beauvois,  psychologue  social 

(donc  expĂ©rimentaliste)  rentre  dans 

le vif du sujet en nous prĂ©sentant des 

techniques  courantes  de  manipula-

tions. Je renvoie carrĂ©ment Ă  la vidĂ©o 

du  cours  de  Richard  Monvoisin  (voir 

newsletter de l’OZ n° 22). Son discours 

paraĂźt Ă  quelques-un-es antilibĂ©ral et un 

certain mĂ©contentement sera percepti-

ble. (Nicolas Gaillard de l’Observatoire 

ZĂ©tĂ©tique  prĂ©sent  m’assurera  que  le 

mien l’était aussi Ă  l’écoute des humidi-

tĂ©s psychanalytiques). Sa conclusion ? 

La libertĂ© est un trait de situation et non 

un trait de personnalitĂ©, elle est surtout 

un  Â«  opĂ©rateur  idĂ©ologique  d’aliĂ©na-

tion » (plus on vous persuade que vous 

ĂȘtes  libre,  moins  vous  exercez  votre 

liberté).

AprĂšs  la  pause  sandwich,  J.-L. 

Swertvaegher,  psychologue  clinicien, 

va  dĂ©tailler  le  parcours  d’une  per-

sonne  sortie  d’une  emprise  sectaire. 

Comment s’effectue le dĂ©clic ? Un petit 

dĂ©tail insistant
 un endroit de doute : 

«  le  fait  que  je  sois  dans  ce  groupe 

est-il bon pour moi ? Â». La chute psy-

chologique Ă  la sortie est de l’ordre du 

« qu’est-ce qu’on m’a fait pour que je 

me sente dans ces Ă©tats-lĂ  ? Â». C’est 

aux thĂ©rapeutes de pouvoir dĂ©crire ce 

qui s’est passĂ© pendant la thĂ©rapie de 

ces  personnes,  situation  par  situation. 

Il  apparaĂźt  efficace  :  qu’elles  puissent 

s’installer dans une posture de victime 

reconnue, et que l’on puisse se servir 

Ă   leur  encontre  des  concepts  de  la 

psychologie Ă  savoir manipulation, em-

prise, soumission librement consentie. 

En  fait,  l’entrĂ©e  en  secte  n’aurait  pas 

comme  prĂ©alable  un  Ă©tat  de  fragilitĂ© 

particulier  qui  les  rendrait  sensibles  Ă  

certaines idĂ©es. Il y a une rencontre Ă  

un moment donnĂ©. L’orateur parle des 

« vĂ©ritĂ©s sectaires Â» qui correspondent 

quelquefois  Ă   des  idĂ©aux  que  l’on  ne 

veut  pas  lĂącher  et  qui  nous  rendent 

sensibles Ă  de nouvelles propositions, 

qui, fait nouveau, cohabitent ensemble. 

Les  divers  mondes  proposĂ©s  par  les 

sectes  constituent  un  amalgame  qu’il 

est quelquefois difficile d’analyser.

Puis  M.  Maurer,  psychologue  clini-

cienne, dĂ©taille les dĂ©rives de pseudo-

thĂ©rapies  qui  usent  de  mĂ©thodes  non 

Ă©prouvĂ©es  objectivement,  entraĂźnent 

la  dĂ©pendance  du  patient,  et  le  for-

matent autour de nouvelles formes de 

pensĂ©es.  (non  elle  ne  parle  pas  de 

psychanalyse
).  Parmi  ces  dĂ©rives, 

le recours aux Â« Ă©nergies Â», au dĂ©co-

dage  des  souffrances  antĂ©rieures,  Ă  

l’échange de sensualitĂ© et de sexualitĂ©. 

Elle  rappelle  le  combat  pour  la  dĂ©fini-

tion  du  titre  de  psychothĂ©rapeute,  qui 

devrait ĂȘtre rĂ©servĂ© aux psychologues 

cliniciens,  aux  mĂ©decins  et  aux  psy-

chanalystes  (qu’elle  a  vu  arriver  avec 

surprise  dit-elle  dans  les  dĂ©bats).  Au 

moment des questions, je rappelle â€“ ou 

j’informe  â€“   qu’il  n’y  a  officiellement 

qu’un  titre  gĂ©nĂ©ral  de  psychologue, 

avec un code de dĂ©ontologie commun, 

et que la sĂ©paration des cliniciens qui 

seuls  se  revendiqueraient  de  faire  de 

la psychothĂ©rapie est abusive. Avant le 

philosophe P. Le Coz qui concluera sur 

le danger des coachs (quelle formation, 

quelles pratiques, dans quels lieux ?), 

un  dernier  psychiatre  psychanalyste, 

P.J.  Parquet,  parlera  de  sa  pratique 

avec  ses  patients,  dans  laquelle  je 

reconnaĂźtrai  les  principes  de  la  psy-

chothĂ©rapie de Carl Rogers. J’aurai le 

malheur  de  le  lui  dire  respectueuse-

ment,  et  il  me  renverra  ironiquement 

que  se  nommer  Â«  rogĂ©rien  Â»  est  rĂ©-

ducteur et ne veut rien dire, ce Ă  quoi 

je lui rĂ©pondrai â€“ avec difficultĂ© car ce 

monsieur ne voudra plus me rĂ©pondre 

– que lui-mĂȘme s’est dĂ©nommĂ© Â« psy-

chanalyste Â» Ă  trois reprises dans son 

exposĂ© et que je ne vois pas oĂč est la 

diffĂ©rence, Ă  se rĂ©clamer d’une thĂ©orie. 

Il  me  rĂ©pondra  quand  mĂȘme  qu’il  ne 

s’en  souvient  pas  mais  que  Â« 

si  c’est 

vrai, je suis un con 

».

Les dĂ©bats furent moins vifs et moins 

critiques  que  lors  du  colloque  prĂ©cĂ©-

dent,  l’extrĂȘme  prudence  dont  ont  tĂ©-

moignĂ© les orateurs-trice m’ont semblĂ© 

quelquefois Ă  la frontiĂšre de la tiĂ©deur, 

voire de la passivité.

Françoise Mariotti (CZLR)

gues cliniciens (voir plus bas), un psy-

chiatre,  un  psychiatre-psychanalyste, 

un  professeur  de  psychologie  sociale, 

une  membre  de  la  MIVILUDES
  et 

le  mĂȘme  philosophe  qui  conclut  la 

journĂ©e  avec  le  mĂȘme  sujet  que  l’an 

dernier : nous parler de son livre sur Â« 

l’empire des coachs ».

Le  premier  orateur,  E.  Dudoit,  psy-

chologue  clinicien,  tente  pendant  1h 

de nous faire partager son expĂ©rience 

au chevet des malades (c’est le titre de 

son intervention). Las, il insiste sur son 

passĂ©  d’étudiant  en  thĂ©ologie  (il  finira 

en  souhaitant  effectivement  que  dieu 

lui  parle)  et  ses  citations  nombreuses 

d’autoritĂ©s  indiscutables  (Kant,  Lacan, 

Gibran
)  Ă©mailleront  un  discours  dĂ©-

cousu que j’ai renoncĂ© Ă  comprendre. 

Ah si, j’ai notĂ© : Â« 

ne pas vouloir concur-

rencer  les  gourous  mais  pour  autant, 

ne pas leur laisser la place

 Â». Au sujet 

de ses patients en service d’oncologie, 

il dira seulement que son mĂ©tier est de 

repĂ©rer dans leur psychisme une petite 

tache noire et d’aller la gratouiller
 Je 

n’apprendrai  rien  d’autre,  sauf  Ă   l’en-

tendre  se  revendiquer  d’une  humilitĂ© 

professionnelle  que  son  attitude  per-

sonnelle - il dit lui-mĂȘme qu’il est hystĂ©-

rique et narcissique - pourrait dĂ©mentir.

Puis M. Monroy, psychiatre, traite de 

l’irrĂ©versible dans l’emprise sectaire et 

dĂ©cortique  habilement  divers  proces-

sus Ă  l’Ɠuvre par les sectes pour durer 

et s’étendre, en Ă©vitant l’obsolescence. 

Il  cite  cinq  Ă©tapes  structurelles  pour 

parvenir  Ă   l’obĂ©issance  durable  des 

adeptes :

3⁄4

 

l’appartenance  sectaire  Ă   vivre 

comme une loyauté ;

3⁄4

 

l’ancrage dans un passĂ© mythique : 

recours  Ă   des  connaissances  millĂ©-

naires,  d’oĂč  le  paradoxe  Â«  alternatif  Â» 

d’ĂȘtre  nouveau  avec  des  choses  an-

ciennes ;

3⁄4

 

occupation du temps et du terrain, 

en  faisant  agir  les  adeptes  sous  le 

regard  des  autres  (temps  collectifs 

intenses) ;

3⁄4

 

recours  Ă   l’auto-duplication,  pour 

durer ;

3⁄4

 

parades  spĂ©cifiques  Ă   l’organisa-

tion ;

Avant  de  passer  la  parole  Ă   sa  col-

lĂšgue,  la  reprĂ©sentante  officielle  de 

la  MIVILUDES  rappelle  qu’il  s’agit 

pour  cette  mission  gouvernementale 

(dĂ©pendant  des  affaires  sociales)  de 

travailler  uniquement  sur  les  dĂ©rives 

donc sur les plaintes des victimes des 

sectes (emprise mentale, mise en Ă©tat 

NL 029 - Novembre 2007

8

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ActualitĂ©s           -    

C’est en plein milieu des derniers Ă©vĂš-

nements  de  l’ovalie  mondiale,  que  je 

suis descendu Ă  Marseille, allĂ©chĂ© par 

le  programme  du  GEMPPI,  le  groupe 

d’étude des mouvements de pensĂ©e en 

vue  de  la  prĂ©vention  de  l’individu,  qui 

ne  pouvait  qu’intĂ©resser  le  zĂ©tĂ©ticien 

que je suis, passionnĂ© par les thĂ©rapies 

bizarres,  les  mouvements  sectaires  et 

l’utilisation de la psychologie dans ces 

bazars.

« 

Principes  d’assujettissement  et 

d’influence par des mĂ©canismes men-

taux. Manipulation mentale : approche 

Ă©thique

 Â» c’est un peu aller voir un film 

dont on vous compte louanges depuis 

des mois : c’est bien, mais finalement 

dĂ©cevant.  Attention,  ma  relative  dĂ©-

ception ne doit pas escamoter la qua-

litĂ© de l’accueil et de l’organisation du 

GEMPPI au travers de Didier Pachoud, 

qui  n’a  eu  de  cesse  durant  toute  la 

journĂ©e  que  cette  manifestation  soit 

rĂ©ussie et agrĂ©able et elle l’a Ă©tĂ©, c’est 

incontestable !

Non  plus  les  interventions  de  haut 

vol qui ont ponctuĂ© la journĂ©e, dans le 

désordre :

J’ai  Ă©tĂ©  captivĂ©  par  le  rĂ©cit  de  la 

dĂ©marche  pragmatique  de  Jean  Luc 

Swertvaegher  qui  avec  Tobie  Nathan 

ont  recueilli  en  entretiens  les  tĂ©moi-

gnages  d’anciens  membres  de  sectes 

sur  leurs  vĂ©cus,  leurs  souffrances 

actuelles. Ils ont tentĂ© de comprendre 

comment  les  victimes  se  situaient  par 

rapport Ă  cette expĂ©rience traumatisan-

te, leurs perceptions, leurs reprĂ©senta-

tions  de  celle-ci.  Il  en  ressort  souvent 

un sentiment d’avoir Ă©tĂ© abusĂ©, oĂč sa 

propre pensĂ©e n’est plus fiable : Â« est-

ce moi qui pense oĂč est-ce un rĂ©flexe 

conditionné par le groupe ? »

J’ai Ă©galement Ă©tĂ© trĂšs intĂ©ressĂ© par 

le  psychiatre  Michel  Monroy  qui  offre 

une  approche  des  mĂ©canismes  sec-

taires,  notamment  en  dissociant  deux 

aspects  de  la  dĂ©pendance  dans  les 

sectes : l’emprise verticale d’un gourou 

et  l’emprise  horizontale  d’un  groupe, 

qui devient un groupe d’emprise dura-

ble et inconditionnelle. Il a Ă©voquĂ© Ă©ga-

lement  Â« l’étanchĂ©itĂ©  intellectuelle » 

nĂ©cessaire Ă  l’emprise.

L’éclairage  sur  les  caractĂ©ristiques 

de l’emprise d’un groupe (citĂ©es prĂ©cĂ©-

demment par Françoise) est trĂšs perti-

nent  et  Ă©lĂšve  le  dĂ©bat  du  phĂ©nomĂšne 

sectaire dans le chant de la psycholo-

gie de l’influence et de l’engagement.

Quelle  transition  alors  pour  boire  les 

paroles  de  Jean-lĂ©on  Beauvois,  dont 

je  ne  me  lasse  pas  d’assister  Ă   son 

psycho-show ! Encore une fois, il Ă©mer-

veille  par  le  choix  des  exemples  et  la 

facilitĂ© avec laquelle il rend compte au 

travers  de  la  psychologie  sociale  des 

mĂ©canismes  obscurs  de  l’influence, 

rendant cela passionnant. Sa prĂ©sence 

sur  l’estrade  (qui  est  devenue  scĂšne 

pour  l’occasion)  a  dĂ»  ĂȘtre  entravĂ©e 

par  une  chaise  habilement  disposĂ©e 

par  Didier  Pachoud  pour  ne  pas  qu’il 

s‘approprie  tout  l’espace  et  le  temps 

du colloque !

Quel fut donc mon Ă©tonnement quand 

d’autres  intervenants  prirent  presque 

en dĂ©rision sa prestation en invoquant 

non  le  clown  fabuleux  mais  la  grande 

froideur de la psychologie expĂ©rimenta-

le. J’y ai reconnu l’invocation d’un droit 

au rĂȘve, que les choses ne sont pas si 

simples, au quel cas c’est bien triste
 

arguments qui ont finis de me convain-

cre d’un paradoxe dans le discours de 

l’ensemble des intervenants.

Ce  paradoxe  nous  est  posĂ©  rĂ©guliĂš-

rement Ă  l’OZ : pouvez-vous appliquer 

la  dĂ©marche  zĂ©tĂ©tique  Ă   elle-mĂȘme ? 

vous  parlez  d’effet  paillasson,  mais 

avez-vous balayé derriÚre le votre ?

En effet, Ă  prĂŽner l’esprit critique il se-

rait bizarre de nous en dĂ©tacher Ă  l’oc-

casion,  quand  cela  nous  arrange  !  La 

zĂ©tĂ©tique est une dĂ©marche basĂ©e sur 

la recherche, l’investigation, la mise en 

perspective, alors oui, il est nĂ©cessaire 

d’ĂȘtre rigoureux.

Et c’est prĂ©cisĂ©ment cela que je repro-

che Ă  une majoritĂ© d’intervenants que 

je n’ai pas citĂ©, c’est Ă  dire l’inaptitude, 

l’impossibilitĂ©  ou  l’absence  de  volontĂ© 

d’appliquer Ă  leur propre discipline les 

critiques  qu’ils  mettaient  en  lumiĂšre 

dans  les  mouvements  sectaires  ou 

autres psychothérapies déviantes.

J’entends  parler  de  systĂšme  de 

pensĂ©e  dogmatique  dans  les  groupes 

sectaires  avec  des  exemples  qui,  soit 

provoquent  l’indignation  de  la  salle, 

soit  son  fou  rire  le  plus  gras,  puis  du 

bien fondĂ© de la psychanalyse comme 

model  de  comprĂ©hension  thĂ©orique 

notamment  Lacanienne,  qui,  soit-dit 

en  passant,  n’a  rien  Ă   prouver  :  je 

gronde !

J’entends  parler  de  l’utilisation  mal-

veillante  de  la  PNL  par  des  charla-

tans  qui  dĂ©voient  son  utilisation  :  je 

m’étrangle ! (j’ai secouĂ© les bras, mais 

Françoise  a  monopolisĂ©  l’assemblĂ©e  ! 

NDLA)

Il  est  difficile  de  prime  abord  de 

fixer une limite dans le domaine de la 

psychothĂ©rapie,  sur  quels  Ă©lĂ©ments 

s’appuie-t-on pour diffĂ©rencier les pra-

tiques ?

Un dĂ©but de rĂ©ponse : c’est en premier 

lieu au travers de la vĂ©rification des al-

lĂ©gations souvent pseudo-scientifiques 

et peu modestes, d’une recherche sur 

les  fondements  qui  souvent  trouvent 

leur  terreau  dans  le  courant  new-age 

et de la documentation dĂ©jĂ  disponible 

qui est souvent plus importante que l’on 

peut croire, que l’on peut se faire une 

premiÚre idée.

Cela  dit  quelqu’un  a  dit  une  chose 

trĂšs  vraie  concernant  la  psychothĂ©ra-

pie : Â« 

Si leur rĂ©fĂ©rence thĂ©orique doit 

s’imposer Ă  l’autre, il n’y a alors plus de 

respect pour l’autre et on se rapproche 

de l’emprise. 

» À bon entendeur


Nicolas Gaillard (OZ)

L’avis de Nicolas Gaillard

9

NL 029 - Novembre 2007

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@

 

 

Actualités

Le Bazar du Bizarre

On trouve tout sur internet... Morceaux choisis.

Les sorciĂšres 

d’Halloween 

chassĂ©es des Ă©coles 

moscovites

Les petits moscovites n’ont pas 

eu  le  droit  de  fĂȘter  Halloween 

cette  annĂ©e  car  comme  il  l’a 

expliquĂ©  Ă   la  presse,  le  porte-

parole des services scolaire de 

la  ville  de  Moscou,  Alexander 

Gavrilov  estime  que  cette  fĂȘte 

qui  comporte  Â« 

des  Ă©lĂ©ments 

religieux,  le  culte  de  la  mort, 

la  parodie  de  la  mort

  Â»  est 

« 

destructrice pour les esprits et 

la santĂ© morale et spirituelle des 

Ă©lĂšves 

». GF

Le pervers pépÚre à travers les ùges

(Charlie Hebdo 7 novembre, p. 9)

Charlie Hebdo ne va pas trĂšs bien. 

Cette semaine, en double page, Â« 

le  pervers  pĂ©pĂšre  Ă   travers  les 

Ăąges  Â»,  s’entretient  avec
  Elisa-

beth Roudinesco (que nous avons 

dĂ©jĂ  discutĂ© dans les NL n°11, et 

n°19  et  dans  le  dossier  de  Jean-

Louis Racca Â« Peut-on critiquer la 

psychanalyse  ?  Â»).  Bref,  de  quoi 

tomber de sa chaise. AprĂšs une analyse psychosociologique aussi 

fi ne qu’une dĂ©coupe Ă  la hallebarde, Mme Roudinesco Ă©crit tout de 

mĂȘme ce qui est peut ĂȘtre le seul passage avec lequel il est presque 

possible d’ĂȘtre d’accord : Â« 

Le renouvellement des obscurantismes 

est toujours un symptĂŽme du scientisme et il n’est pas si surprenant 

que ce soit dans les pays les plus civilisĂ©s et les plus scientifi ques 

que l’on donne crĂ©dit Ă  des gens comme David Servan-Schreiber, 

par exemple, c’est-Ă -dire Ă  la guĂ©rison du cancer par les poireaux 

». 

Les thĂšses de Mme Roudinesco sont comme la thĂ©orie des signatu-

res de Paracelse ou l’astrologie de Mme Teissier. MĂȘme sans fonde-

ment théorique recevable, il arrive parfois de tomber juste. RM

Bougez, mangez 

lĂ©ger et buvez  l’« eau 

spirituelle »

Spiritual  Brands 

dĂ©barque  sur  le 

marchĂ©  amĂ©ricain 

de  l’eau  minĂ©rale 

en  proposant  une 

« eau  spirituelle » 

vendue  en  bou-

teille,  pour  1,79  $ 

les 0,5 L. Son Ă©ti-

quette Ă  l’effi gie de 

JĂ©sus propose aux 

consommateurs 

une  priĂšre  censĂ©e  leur  remonter 

le  moral.  Pour  le  moment,  seul 

le  christianisme  est  exploitĂ©  mais 

d’autres religions devraient subir le 

mĂȘme  traitement.  Le  slogan  de  la 

marque Â« 

Read the Prayer... Drink 

the Water... Believe in God ! Belie-

ve in Yourself !

 Â» (Lisez la priĂšre
 

Buvez  l’eau
 

Croyez  en  Dieu  ! 

Croyez en vous-mĂȘme ! 

). GF

L’homme qui passait de la musique à l’oreille de ses vignes

(Libération, le 30 octobre 2007)

«

  On  savait  que  la  musique  adoucissait  les  moeurs,  Jean-

Marie  Zerr  assure,  quant  Ă   lui,  qu’elle  donne  du  goĂ»t  au  vin. 

Ce  viticulteur  alsacien  a  mis  Brahms,  Beethoven  et  Mozart  au 

service de ses vignes affi rmant, mardi Ă  Dangolsheim (Bas-Rhin), 

qu’il  obtient  ainsi  des  vendanges  tardives  Â« plus  aromatiques » 

(
) en inondant sa vigne de musique classique et de Â«f rĂ©quences 

sonores  de  deux  Ă   trois  minutes »,  les  rythmes  modernes  et 

urbains Ă©tant strictement bannis. 

».

Entre  biodynamique  et  effet  Backster,  revoici  les  mythes  bien 

Nouvel Ă‚ge qui resurgissent. Ă€ l’OZ, les amateurs de vin, lĂ©gion, 

sont  prĂȘts  Ă   organiser  des  tests  en  double  aveugle  pour  Ă©valuer  l’effi cacitĂ©  de  la 

mĂ©thode. Et s’il n’amĂ©liore pas les vins, l’ Â« effet Â» de Zerr contribuera au rĂ©chauffement 

climatique.

Il paraĂźt que M. Zerr voudrait appeler sa prochaine cuvĂ©e la Â« mĂ©lodie du bonheur Â». 

EspĂ©rons que cela ne vienne pas aux oreilles de Jean-Claude Perez. Car Perez, lui, est 

l’auteur de la « partition du charançon ». RM

NL 029 - Novembre 2007

10

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Actualités

ActualitĂ©s           -    

Echos

Vous avez la parole

On en parle sur la liste de l’OZ

R

egain  d’activitĂ©  sur  la  liste 

« zĂ©tĂ©ticiens  Â»  ce  mois-ci,  les 

Ă©changes  sont  passionnĂ©s  et 

nos  boites  mails  explosent.  S’il  n’est 

pas  toujours  Ă©vident  de  suivre  et  de 

participer Ă  tous les fils de discussion, 

leur variĂ©tĂ© permet Ă  chacun de choisir 

ce  qui  l’intĂ©resse.  Le  sujet  des  ovnis, 

des  crop  circles,  des  expĂ©riences  de 

parapsychologie,  mais  aussi  du  fan-

tĂŽme de Lucie, de la dĂ©finition du para-

normal, des Â« messages de l’eau Â», des 

synchronicitĂ©s, du Quotient Intellectuel, 

de la Â« mĂ©moire cellulaire Â» et mĂȘme 

des dangers des ampoules basse con-

sommation, ont Ă©tĂ© entre autres abor-

dĂ©s ces derniĂšres semaines. Revenons 

sur certains d’entre eux.

Dans  notre  newsletter  n°27,  nous 

avions  Ă©crit  un  article  sur  l’OVNI  de 

Chambley  observĂ©  sur  des  photogra-

phies prises lors du Mondial Air Ballons 

le 5 aoĂ»t dernier. Nous y mentionnons 

qu’une tache de forme oblongue appa-

raissant sur certaines photos Â« 

intrigue 

les ufologues.

 Â». Pour Ă©viter les gĂ©nĂ©-

ralisations hĂątives et injustifiĂ©es, l’ufolo-

gue Patrick Gross nous a demandĂ© de 

corriger  en  Â« 

certains  ufologues

  Â»  (la 

correction a été faite).

Dans cet article, nous discutions de la 

validitĂ© de l’hypothĂšse de la poussiĂšre 

sur  le  capteur  de  l’appareil  photo.  Il 

nous semblait, en effet, Ă  la lecture du 

site  internet  rapportant  l’observation, 

que  cette  hypothĂšse  avait  Ă©tĂ©  un  peu 

vite  Ă©cartĂ©e.  De  son  cĂŽtĂ©,  Ă‰ric  Maillot 

nous avait fait part de la forte probabi-

litĂ©  qu’il  puisse  s’agir  tout  simplement 

d’une  feuille  morte,  hypothĂšse  qu’il 

a  Ă©tayĂ©e  d’arguments  intĂ©ressants. 

L’idĂ©e  est  Ă©galement  dĂ©fendue  par 

Patrick Gross, notamment sur son site 

Ufologie.net, mais rejetĂ©e par un autre 

ufologue, Christian Comtesse, prĂ©sent 

Ă©galement sur notre liste et qui travaille 

depuis plusieurs mois sur cette affaire. 

Christian Comtesse ne souhaitant pas 

dĂ©voiler  les  rĂ©sultats  de  son  enquĂȘte 

avant la fin de celle-ci, nous attendons 

tous impatiemment ses conclusions et 

espĂ©rons  qu’il  nous  les  livrera  sur  la 

liste.

Car  des  rĂ©vĂ©lations,  nous  en  avons 

eues  ce  mois-ci.  Cereal  Killer  nous  a 

en effet annoncĂ© Â« la vĂ©ritĂ© sur les crop 

circles de Waterloo Â» apparus ces deux 

derniĂšres annĂ©es en Belgique en nous 

postant une vidĂ©o le montrant Ă  l’Ɠuvre 

avec un groupe d’amis. Ă€ lire sur son 

site,  tous  les  dĂ©tails  de  l’«  enquĂȘte  Â» 

et  ses  confessions.  Sur  notre  liste,  il 

avoue Ă©galement qu’« 

avec tout ce que 

j’ai appris de mon expĂ©rience grandeur 

nature depuis deux annĂ©es, je suis prĂȘt 

Ă  mettre en jeu une somme de 20.000 

euros Ă  toutes personnes capables de 

m’apporter  une  preuve  indiscutable 

d’un « vrai » crop circle.

 Â».

La  liste  Â«  zĂ©tĂ©ticiens  Â»  est  une  liste 

publique  administrĂ©es  par  les  mem-

bres  de  l’OZ.  Pour  s’inscrire,  il  suffit 

d’envoyez  un  mail  Ă   zeteticiens-subs

cribe@yahoogroupes.fr  ou  de  remplir 

l’encadrĂ©  Â« Liste  de  discussion »  sur 

notre site web. Les deux seules rĂšgles 

auxquelles les contributeurs sont tenus 

de s’astreindre sont : courtoisie et argu-

mentation. 

La liste publique de discussion de l'OZ :

É

 

http://fr.groups.yahoo.com/group/

zeteticiens/

En ligne 

11

NL 029 - Novembre 2007

La tache observĂ©e sur les photos du Mondial Air Ballons en 

aoĂ»t dernier est-elle une soucoupe volante extraterrestre, 

une feuille morte, un ballon, ... ou autre chose ? Les avis 

divergent mais ceux qui n’ont pas de certitude s’accordent 

sur le fait que c’est un OVNI : un objet volant non identifiĂ©.
Et les crop circles ? agroglyphes humains, messages 

extraterrestres,... ou autre chose ? En tout cas, celui-lĂ  est 

signĂ© Cereal Killer. 

É

É

 CrĂ©dit :  V

incent Mahieu

background image

 

 

Dossier

L

e  3  novembre  dernier  Arte  dif-

fusait  dans  le  cadre  de  son 

Ă©mission  Â« Connaissance  et 

dĂ©couverte  :  l’aventure  humaine  Â»  le 

documentaire  Â«  Lascaux,  le  ciel  des 

premiers hommes Â», avec pour invita-

tion  Â« 

Et  si  la  grotte  de  Lascaux  Ă©tait 

d’abord un temple dĂ©diĂ© aux constella-

tions cĂ©lestes ?

 Â» [1]. Ce film de 55 mn 

[2] - Ă©galement diffusĂ© lors du festival 

Pariscience  -  visait  Ă   suivre  Chantal 

JĂšgues-Wolkiewiez,  Â« 

chercheuse  in-

dĂ©pendante,  ethno-astronome

  Â»  [4], 

et  Ă   illustrer  plusieurs  de  ses  thĂ©ories 

audacieuses en la matiĂšre.

Toutefois, cette diffusion pose problĂš-

me, et ce Ă  quatre titres distincts qui en 

rendent la critique plus complexe :

3⁄4

 

Les  thĂ©ories  avancĂ©es  (les  grottes 

ornĂ©es françaises ont des orientations 

spĂ©ciales,  les  fresques  de  Lascaux 

sont  des  cartes  astronomiques  prĂ©ci-

ses, la tablette d’os de l’abri Blanchard 

est  un  calendrier  lunaire)  sont  pour 

le  moins  audacieuses,  apparemment 

largement  non  acceptĂ©es  par  la  com-

munautĂ©  scientifique  [12], et  plusieurs 

arguments avancĂ©s sont soit douteux, 

soit nĂ©cessiteraient de disposer de prĂ©-

cisions  importantes  mais  non  fournies 

pour en juger (pas mĂȘme sur le site de 

Chantal JĂšgues-Wolkiewiez [6]).

3⁄4

 

Les  rĂ©alisateurs  du  documentaire 

ont  ajoutĂ©  des  commentaires  oraux 

et  des  illustrations,  que  l’on  pourrait 

facilement considĂ©rer comme ceux de 

la chercheuse, mais qui en sont possi-

blement des rĂ©interprĂ©tations, difficiles 

Ă  discerner de l’original (en particulier il 

est fort possible qu’on nous montre des 

cartes du ciel Â« illustrant Â» le principe 

sans que ce soient rĂ©ellement celles al-

lĂ©guĂ©es, qui elles-mĂȘmes apparaissent 

Ă   un  court  moment  [5]).  En  outre,  les 

reporters apportent par moment un ton 

plus coutumiers de dĂ©fenseurs du Â« pa-

ranormal » (sur le thĂšme du gĂ©nie isolĂ© 

mĂ©prisĂ©  par  la  communautĂ©  scientifi-

que) que d’un reportage scientifique.

3⁄4

 

Une  chaĂźne  culturelle  accepte 

d’utiliser  en  support  Ă   la  diffusion  des 

savoirs un reportage Ă  la gloire de thĂ©o-

ries soutenues Ă  peu prĂšs uniquement 

par leur auteur, agissant en marge de la 

communautĂ©  scientifique,  dans  un  re-

portage tenant par moment des propos 

plutÎt « scientophobes ».

3⁄4

 

Une partie importante de l’environ-

nement  socio-mĂ©diatique  autour  de  la 

chaĂźne  et  des  producteurs  (site  des 

producteurs et photographes, sites des 

magazines  et  rubriques  tĂ©lĂ©  [3])  fait  fi 

des  derniers  conditionnels  prudents 

pour  claironner  de  pures  affirmations, 

et  annoncer  qu’on  nous  prĂ©sente  les 

meilleurs  spĂ©cialistes  :  en  somme,  il 

n’y  a  que  du  certain,  scientifiquement 

approuvé.

Les allĂ©gations de Chantal 

JĂšgues-Wolkiewiez

3⁄4

 

L’orientation des grottes ornĂ©es (et 

elles  seules)  serait  dirigĂ©e  vers  une 

direction solaire remarquable (lever ou 

coucher de solstice ou d’équinoxe, soit 

six possibilitĂ©s). Cette thĂ©orie prend ra-

cine dans la thĂšse de Chantal JĂšgues-

Wolkiewiez sur le site de la VallĂ©e des 

Merveilles, et se poursuit par l’étude de 

130  grottes  et  abris  ornĂ©s  (dont  seuls 

É

Le documentaire « Lascaux, le ciel des premiers hommes » diffusĂ© sur Arte le 3 novembre 2007 

Ă©tait consacrĂ© aux thĂ©ories audacieuses de Chantal JĂšgues-Wolkiewiez, chercheuse indĂ©pendante, 

ethno-astronome, concernant la signification et l’utilisation des peintures rupestres du site de 

Lascaux.

« Lascaux, le ciel des premiers hommes » 
ou La scientifique indĂ©pendante, le reporter et 
la chaĂźne culturelle

Une analyse  de Fabrice Neyret

NL 029 - Novembre 2007

12

 CrĂ©dit : Pascal Goetgheluck 

« 

Et si la grotte de Lascaux Ă©tait un temple 

dédié aux constellations célestes ?

 Â», se 

demande Chantal JĂšgues-Wolkiewiez. Les 

peintures pourraient basĂ©es sur leur carte 

precise.

É

background image

quatre ne se conformeraient pas), puis 

de  nombreuses  grottes  et  abris  non 

ornĂ©s  (qui  n’auraient  pas  de  direction 

privilégiée).

Cette  affirmation  tinte  immanquable-

ment  Ă   l’oreille  du  zĂ©tĂ©ticien,  car  elle 

ressemble  Ă   d’autres  de  mĂȘme  forme 

en matiĂšre d’astrologie, ou plus gĂ©nĂ©-

ralement,  d’interprĂ©tation  des  coĂŻnci-

dences. En effet, on nous dit qu’il existe 

6 directions importantes. On peut ima-

giner que nos ancĂȘtres ont plutĂŽt choisi 

des grottes cĂŽtĂ© soleil. Toutes ces grot-

tes  sont  donc  en  gros  a  Â±  20°  d’une 

de ces 6 directions. Il est donc crucial 

d’avoir un critĂšre prĂ©cis sur ce qui cons-

titue  ou  non  une  coĂŻncidence  :  est-ce 

juste  de  faire  grossiĂšrement  face,  ou 

est-ce un critĂšre bien plus sĂ©lectif ? Et 

pour commencer, comment dĂ©finir une 

valeur  prĂ©cise  de  l’orientation  d’une 

grotte ou de son ouverture ? Le repor-

tage n’en dit mot, ni le site de Chantal 

JĂšgues-Wolkiewiez  [6]  (les  notions 

d’incertitude, de marge d’erreur, d’inter-

valle, en semblent exclues). En consĂ©-

quence, peut-ĂȘtre que l’allĂ©gation rĂ©elle 

est prĂ©cise et donc recevable, malheu-

reusement rien ne le laisse transparaĂź-

tre. Par ailleurs les allĂ©gations ajoutent 

parfois la position lunaire, dont il sem-

ble difficile de prĂ©voir les conjonctions 

avec les solstices quand on ne connait 

la date d’occupation qu’à quelques siĂš-

cles ou millĂ©naires prĂšs ! (Et pourquoi 

lier Lune et Ă©quinoxe ?)

3⁄4

 

Dans la partie profonde de Lascaux, 

le Â« panneau des bisons adossĂ©s Â» et 

la Â« rotonde des animaux Â» reprĂ©sen-

teraient, respectivement, les trois direc-

tions  solaires  remarquables,  et  tout  le 

zodiaque de façon assez prĂ©cise (poin-

tage cĂ©leste vu comme si les parois de 

la grotte Ă©taient transparentes).

Les  correspondances  prĂ©sentĂ©es 

par  le  documentaire  sont  quasi-mira-

culeuses  :  les  trois  directions  passent 

exactement par le centre de l’oeil des 

deux  bisons  et  le  croisement  de  leurs 

queues !  De  mĂȘme,  la  superposition 

Ă   la  fresque  de  la  rotonde  du  Â« pla-

nĂ©tarium »  d’époque  (reconstituĂ©  par 

ordinateur)  qui  nous  est  montrĂ©e  dĂ©-

toure  pratiquement  les  animaux  Ă   la 

prĂ©cision du trait de crayon ! [5]. MĂȘme 

pour un schĂ©ma d’aujourd’hui une telle 

exactitude serait suspecte.

Par  ailleurs,  se  pose  Ă©videmment  la 

question du point de rĂ©fĂ©rence d’oĂč les 

angles sont mesurĂ©s : sa position n’est 

pas Ă©voquĂ©e (on nous dit Â« 

en se met-

tant devant le panneau

 Â» ou Â« 

au centre 

de la salle

 Â»), mais 10 cm de dĂ©calage 

dans n’importe quelle direction et adieu 

l’alignement parfait ! Par ailleurs, sur le 

site de Chantal JĂšgues-Wolkiewiez, on 

apprend  que  l’on  fait  en  outre  tourner 

le  temps  pour  trouver  l’époque  oĂč  les 

constellations collent le mieux. D’autant 

que la datation du site Ă©tant estimĂ©e Ă  

3000 annĂ©es prĂšs, cela donne une im-

prĂ©cision de 12% sur la prĂ©cession des 

Ă©quinoxes Ă  appliquer ! (Certes, la mĂ©-

thode prĂ©tend justement aussi permet-

tre  d’établir  des  datations,  mais  alors 

comment les valide-t-on ?)

Concernant la prĂ©cision excessive, Ă  

sa dĂ©charge, je me demande toutefois 

s’il n’existe pas deux cartes [5] : la mi-

raculeuse, possiblement fabriquĂ©e par 

les producteurs pour illustrer le propos 

(quel  danger  que  la  preuve  par  l’ima-

ge !), et la sienne, moins exagĂ©rĂ©ment 

parfaite,  avec  des  Ă©toiles  tombant  en 

dedans et en dehors des animaux.

Reste le problĂšme de savoir sur quels 

critĂšres les points ont Ă©tĂ© choisis : s’agit 

il d’une dangereuse construction Â« Ă  re-

bours Â» (on regarde ce qui colle, puis 

on l’interprĂšte, avec le mĂȘme risque de 

conclusions  inadĂ©quates  qu’en  numĂ©-

rologie), ou d’une prĂ©diction-vĂ©rification 

(on considĂšre 

a priori 

une configuration 

logique de constellation, on la projette, 

et on juge du rĂ©sultat) ? Y a-t-il ou non 

un tri des donnĂ©es (on s’intĂ©resse uni-

quement aux cas qui marchent) ? Allez 

savoir. Toutefois, plusieurs Ă©lĂ©ments du 

site  de  l’auteur  [4]  vont  dans  le  sens 

d’interprĂ©tations Ă  rebours (mais il n’est 

pas exclu que cette pratique soit cou-

rante dans des disciplines trĂšs interprĂ©-

tatives, de mĂȘme qu’une certaine ten-

dance  Ă   voir  partout  des  clous  quand 

on n’a qu’un marteau Ă  disposition). Et 

si l’on se laisse mĂȘme le loisir de faire 

tourner le temps (et donc la configura-

tion  cĂ©leste),  on  peut  se  demander  si 

l’on ne finit pas toujours par trouver ce 

qu’on cherche...

À noter que si l’on peut se demander Ă  

juste titre comment il aurait Ă©tĂ© possible 

Ă   nos  ancĂȘtres  de  noter  les  positions 

cĂ©lestes Ă  l’extĂ©rieur et de les reporter 

Ă  l’intĂ©rieur de la grotte (une des rares 

critiques traitĂ©e dans le reportage), ceci 

ne constitue pas en soit une objection 

valable : ne pas savoir imaginer com-

ment une tĂąche a pu ĂȘtre rĂ©alisĂ©e n’est 

pas une preuve qu’elle n’a pas pu ĂȘtre 

rĂ©alisĂ©e (absence de preuve n’est pas 

preuve d’absence).

3⁄4

 

La  tablette  d’os  aux  69  points  de 

l’abri  Blanchard  serait  un  calendrier 

lunaire. 

J’ai  trouvĂ©  les  explications  particu-

liĂšrement  nĂ©buleuses  (pourquoi  69 

points  pour  un  calendrier  des  phases 

lunaires ? Ce qui est reprĂ©sentĂ©, et les 

positions sur la tablette, correspondent 

Ă   quoi  au  juste  ?).  Et  Ă   nouveau,  on 

nous  montre  une  coĂŻncidence  parfaite 

entre positions simulĂ©es et trous sur la 

planche !

ÉlĂ©ments narratifs des 

reporters

Comme  on  l’a  dit  plus  haut,  il  est 

possible  que  plusieurs  Ă©lĂ©ments  de 

discours  ou  d’iconographie  soient 

imputables  aux  rĂ©alisateurs  et  non  Ă  

l’allĂ©gatrice (et mĂȘme si elle est sensĂ©e 

les  avoir  validĂ©s,  on  sait  qu’il  est  en 

pratique  difficile  de  contrĂŽler  le  travail 

de journalistes). Il est donc difficile de 

faire le tri.

Il y a une logique de progression dans 

le rĂ©cit, par degrĂ© d’hardiesse dans les 

allĂ©gations : directions solaires particu-

liĂšres  Ă   la  VallĂ©e  des  Merveilles,  puis 

dans  les  orientations  des  grottes,  puis 

dans  la  premiĂšre  fresque  de  Lascaux, 

phases de la Lune dans la tablette d’os 

de  l’abri  Blanchard,  pour  finir  par  les 

constellations dans la seconde fresque 

de  Lascaux.  Cela  pourrait  s’interprĂ©ter 

comme une volontĂ© d’accompagner une 

spirale  d’engagement  du  spectateur 

(comme par exemple dans le documen-

Dossier           -    

13

NL 029 - Novembre 2007

Les cartes du ciel faisant correspondre les 

constallations et les peintures de Lascaux 

sont-elles exactes ou reconstruites ?

É

 CrĂ©dit : Pascal Goetgheluck 

background image

taire 

OpĂ©ration  Lune

  [9]  poussant  de 

plus  en  plus  loin  l’audace  d’arguments 

« prouvant Â» que les AmĂ©ricains n’y sont 

jamais allĂ©s). Mais cela peut n’ĂȘtre aus-

si qu’un procĂ©dĂ© narratif gardant le plus 

spectaculaire pour la fin.

On trouve tous les poncifs des repor-

tages  de  Â«  sensasciences  Â»  (souvent 

douteux),  assĂ©nĂ©s  de  maniĂšre  rĂ©pĂ©-

titive  :  trĂšs  nombreux  calculs,  grand 

nombre  de  kilomĂštres  parcourus... 

elle  bouleverse  les  interprĂ©tations

... 

ses rĂ©sultats sont troublants

, voire 

trĂšs 

troublants 

(terme  largement  repris  par 

la presse ; j’en viens Ă  penser que son 

usage est en lui-mĂȘme un signal d’alar-

me)... 

elle  est  d’abord  incrĂ©dule,  puis 

doit se rendre Ă  l’évidence... elle essuie 

les  sarcasmes  et  critiques  de  la  com-

munauté

 (vite balayĂ©s)... pourtant une 

ou  deux  personnes  sont  intĂ©ressĂ©es 

(qui  lui  ressemblent,  et  c’est  bien  sĂ»r 

celles qu’on interroge ; par contre on ne 

saura rien de la teneur des critiques).

Le  lancement  prĂ©vient  qu’il  n’existe 

aucune thĂ©orie rĂ©vĂ©lant le sens profond 

des fresques de Lascaux (donc a priori 

qu’il  existe  une  rĂ©vĂ©lation  profonde  Ă  

trouver).

Le  final  prĂ©cise  qu’il  faudra  encore 

confirmer  par  d’autres  expĂ©riences, 

mais  qu’au  bout  il  y  a  cette  nouvelle 

comprĂ©hension de nos ancĂȘtres (bref, 

sur le fond cette thĂ©orie Ă©tablie claire-

ment la vĂ©ritĂ©, mais juste pour la forme 

on peut encore fignoler).

Mais  le  plus  gĂȘnant,  c’est  l’angle 

« anti-establishement  Â»  adoptĂ©  en  fil 

rouge,  et  d’habitude  plutĂŽt  l’apanage 

des zĂ©lateurs de pseudosciences usant 

de leur classique syndrome Galilée :

3⁄4

 

C’est  une  Â« 

chercheuse  indĂ©pen-

dante

 Â» (donc agissant en marge de la 

communautĂ© et hors laboratoire, et ne 

publiant Ă  peu prĂšs pas ses rĂ©sultats [6] 

- elle a toutefois une thĂšse de doctorat 

[7].  Mais  on  nous  prĂ©sente  plutĂŽt  ce 

statut  d’«  indĂ©pendant  Â»  sous  l’angle 

de la bravoure et de la ténacité).

3⁄4

 

0n  nous  rĂ©pĂšte  que  ces  thĂ©ories 

sont  unanimement  rejetĂ©es  par  la 

communautĂ© scientifique [12], mais j’ai 

l’impression que ce rejet est avancĂ© par 

les reporters comme un Ă©lĂ©ment positif 

(prĂ©curseur,  adversitĂ©,  bref...  GalilĂ©e). 

TransformĂ©es  en  Â«  sarcasmes »,  cri-

tiques  et  objections  sanctifient  l’hĂ©-

roĂŻne !

3⁄4

 

0n  nous  affirme  Ă   plusieurs  repri-

ses que les causes de ce rejet tiennent 

d’une  part  au  caractĂšre  trop  novateur 

des dĂ©couvertes (comme c’est facile !), 

ou  trop  atypique  [7]  de  leur  auteur 

(idem),  et  d’autre  part  au  fait  que  les 

communautĂ©s  de  la  prĂ©histoire  et  de 

l’astronomie  s’ignorent  totalement  (ce 

qui est faux, d’autant que l’angle Â« pa-

lĂ©o-astronomie  Â»  prĂ©sentĂ©  comme 

innovant  est  au  contraire  maintenant 

assez classique ; par ailleurs jeter des 

ponts ne constitue pas un motif de re-

jet, bien au contraire - thĂšses complo-

tistes mises Ă  part. Par ailleurs Chantal 

JĂšgues-Wolkiewiez  a  fait  plusieurs 

prĂ©sentations  ethnologiques  dans  des 

observatoires  :  visiblement  la  double 

Ă©tiquette ne la dessert pas toujours; le 

bi-standard n’est pas loin), par contre Ă  

aucun  moment  on  ne  nous  indique  la 

teneur  de  ces  critiques,  ni  n’interroge 

un contradicteur.

3⁄4

 

Toutefois un personnage renommĂ© 

de l’art prĂ©historique s’intĂ©resse Ă  elle, 

mais lui-mĂȘme dĂ©fend une thĂ©orie con-

troversĂ©e Ă  propos de la mĂȘme fresque 

(solidaritĂ© des hĂ©ros dans l’adversitĂ©),

3⁄4

 

  ...  mais  totalement  diffĂ©rente  de 

la sienne (la fresque aurait un objectif 

chamanique),  ce  Ă   quoi  le  reportage 

conclut magnifiquement Â« 

se pourrait-il 

que ce soit les deux a la fois ? Chantal 

en  est  persuadĂ©e 

»,  qui  Ă©voque  cette 

extraordinaire Â« solidaritĂ© des exclus » 

que  l’on  retrouve  plus  typiquement 

dans  les  pseudosciences,  oĂč  souvent 

les Â« tenants Â» qui prennent le contre-

pied des sciences ont en mĂȘme temps 

une  incroyable  tolĂ©rance  poussant  au 

syncrétisme entre eux.

3⁄4

 

De  mĂȘme  pour  la  tablette  aux  69 

points,  on  nous  dit  que  Chantal  JĂš-

gues-Wolkiewiez prolonge l’explication 

d’un amĂ©ricain lui-mĂȘme controversĂ© et 

tombĂ© dans l’oubli, comme si c’était lĂ  

une force supplĂ©mentaire : ici encore, 

le  parti  pris  est  au  summum  du  syn-

drome GalilĂ©e, semblant partir du prin-

cipe  que  la  Â« 

chercheuse  française

 Â» 

a  prouvĂ©  une  thĂ©orie  rĂ©volutionnaire, 

dont on nous fait le rĂ©cit de la genĂšse. 

Alors que rien n’est encore prouvĂ©, et 

que nombre de Â« genĂšses Â» de thĂ©ories 

controversĂ©es  ne  dĂ©boucheront...  que 

sur des impasses, vite oubliées !

De la part de reporters, on peut se de-

mander ce qui tient de la soif du scoop 

poussant au messianisme, ou de l’ab-

sence  d’esprit  critique  faisant  que 

rencontrer une femme de terrain sym-

pathique,  courageuse  et  sans  moyen, 

persĂ©vĂ©rant  dans  ses  efforts  malgrĂ© 

la  non  reconnaissance  du  sĂ©rail,  en 

fait nĂ©cessairement une hĂ©roĂŻne, donc 

dans le vrai : c’est la confusion du conte 

et du rĂ©el (les mĂ©dias sont dangereuse-

ment sensibles aux stéréotypes).

Certes,  le  reportage  fait  apparaĂźtre 

quelques questionnements Ă  la thĂ©orie. 

Mais  c’est  globalement  incorporĂ©  au 

scĂ©nario d’enquĂȘte, offrant juste un peu 

de piment finalement contourné.

Des  attributions  et  rĂ©vĂ©lations  sont 

abusives,  des  glissements  sĂ©manti-

ques ou interprétatifs surviennent :

3⁄4

 

La  palĂ©o-astronomie  est  suggĂ©rĂ©e 

comme Ă©tant l’invention rĂ©volutionnaire 

de Chantal JĂšgues-Wolkiewiez, ce qui 

est inexact : il n’est qu’à voir la parution 

de plusieurs articles sur ce thĂšme dans 

les  grandes  revues  de  vulgarisation 

françaises et Ă©trangĂšres ces derniĂšres 

annĂ©es (du coup, la thĂšse de l’ignoran-

ce  des  deux  communautĂ©s  expliquant 

le rejet de la thĂ©orie novatrice ne tient 

pas).

3⁄4

 

Appeler  Â«  observatoire  astronomi-

que Â» un site naturel oĂč l’on repĂšre la 

direction du soleil ou de la Lune est ha-

bituel, mais exagéré.

Le terme Ă©voque plutĂŽt une connais-

sance  avancĂ©e  des  planĂštes  et  des 

Ă©toiles, il y a donc un risque d’effet im-

pact, voire d’effet paillasson [8].

 

 

Dossier

NL 029 - Novembre 2007

14

La « vraie » VĂ©nus de Laussel dite « Ă  

la corne de bison » est mentionnĂ©e dans 

le reportage comme une « divinitĂ© au 

croissant de Lune ».

É

background image

3⁄4

 

De mĂȘme, Ă  un dĂ©tour du rĂ©cit on 

nous  interprĂšte  comme  une  Â«  divinitĂ© 

au croissant de Lune Â» le bas relief (en 

fait,  une  reconstitution  peu  artistique 

[5])  usuellement  connu  comme  la  VĂ©-

nus de Laussel Ă  la corne de bison.

3⁄4

 

Le reportage mentionne des heures 

de calcul au planĂ©tarium de Montpellier 

pour  reconstituer  le  ciel  de  telle  Ă©po-

que, alors que des logiciels gratuits font 

ça facilement !

3⁄4

 

À un moment, le reportage semble 

avancer  l’idĂ©e  que  d’avoir  su  repĂ©rer 

les positions suppose que nos ancĂȘtres 

avaient compris le mouvement des pla-

nĂštes (alors que repĂ©rer l’effet rĂ©gulier 

ne nĂ©cessite pas de connaĂźtre les cau-

ses.  Mais  Ă§a  n’était  peut-ĂȘtre  qu’une 

imprĂ©cision  de  langage,  voire  peut-

ĂȘtre  une  confusion  de  ma  part...  Ă   un 

moment assez confus du film qui aura 

sans  doute  pu  tromper  aussi  d’autre 

spectateurs).

3⁄4

 

Le  parallĂšle  est  fait  entre  des  no-

tions, pratiques et cultures relevant de 

l’antiquitĂ© et du palĂ©olithique, Ă  15000 

ans d’écart (en fait, il est suggĂ©rĂ© que 

cette  Â«  dĂ©couverte  du  palĂ©o-zodia-

que »  de  Chantal  JĂšgues-Wolkiewiez 

fait remonter d’autant la primeur de ces 

notions... ce qui n’est pas sans rappeler  

l’affaire  Glozel  exhibant  des  tablettes 

d’« Ă©criture prĂ©-phĂ©nicienne Â» contem-

poraines de Lascaux [10]).

3⁄4

 

Et surtout, on nous prĂ©sente l’idĂ©e 

«  rĂ©volutionnaire  Â»  que  nos  ancĂȘtres 

avaient  des  connaissances  et  capaci-

tĂ©s d’observation. Peut-ĂȘtre qu’il y a un 

siĂšcle, on les prenait encore pour des 

brutes Ă©paisses, mais Ă§a fait longtemps 

que cette idĂ©e simpliste a quittĂ© l’esprit 

des  scientifiques  -  et,  on  l’espĂšre,  du 

public  -  d’autant  que  les  habitants  de 

Lascaux  Ă©taient  physiologiquement 

nos semblables ! (À noter que Ă§a n’est 

pas parce que la conclusion est nourrie 

par des preuves douteuses qu’elle est 

elle-mĂȘme  fausse.  RĂ©ciproquement, 

une conclusion acceptable ne valide en 

rien la façon d’y ĂȘtre parvenu).

CritĂšres de diffusion d’une 

chaĂźne culturelle

Ce  reportage  annonçait  la  couleur  : 

une  chercheuse  en  marge,  une  thĂ©o-

rie  absolument  pas  reconnue  par  la 

communautĂ©.  Comment  accepter  de 

diffuser un tel reportage sur une chaĂźne 

culturelle  dans  une  Ă©mission  sur  le 

transfert des savoirs ? A-t-on consultĂ© 

un expert reconnu du domaine ? Com-

ment ne pas avoir exigĂ© qu’on entende 

dans ce reportage ce que les critiques 

(apparemment  unanimes)  de  cette 

thĂ©orie ont Ă  en dire ? Comment diffu-

ser comme documentaire pĂ©dagogique 

ce qui s’avĂšre ĂȘtre un plaidoyer orientĂ© 

sans  l’annoncer  clairement  comme  tel 

ni le contextualiser ?

L’histoire  et  l’actualitĂ©  des  sciences, 

les  vraies  controverses  scientifiques 

passĂ©es  et  actuelles,  sont-elles  a  ce 

point rebattues Ă  la tĂ©lĂ©vision qu’il vaille 

la peine de prĂ©senter (et ce sans mise 

en  perspective)  les  thĂ©ories  person-

nelles  d’individus  hors  communautĂ© 

scientifique ?

Entendons-nous  bien  :  il  est  possi-

ble que la thĂ©orie de Chantal JĂšgues-

Wolkiewiez  s’avĂšre  juste,  et  ce  repor-

tage est loin d’ĂȘtre une soupe de type 

« 

MystĂšres 

». Mais en l’état, qu’est-ce 

qui  justifie  de  prendre  un  tel  risque, 

auquel il faut ajouter les dĂ©gĂąts pĂ©da-

gogiques dus aux faiblesses de raison-

nement  ?  Manque-t-on  Ă   ce  point  de 

matiĂšre ?

À plusieurs reprises ce reportage re-

prend des codes Â« complotistes Â» plutĂŽt 

rĂ©servĂ©s aux dĂ©fenseurs du Â« paranor-

mal » (mĂȘme si le plus souvent il s’agit 

plutĂŽt  d’une  enquĂȘte  vivante  et  cons-

tructive).  Comment  accepter  dans  le 

cadre  d’une  mission  culturo-Ă©ducative 

des  arguments  aussi  faciles,  destruc-

teurs  et  non  Ă©tayĂ©s  que  prĂ©tendre 

que c’est juste par frilositĂ© et esprit de 

chapelle  que  les  communautĂ©s  scien-

tifiques  critiquent  la  thĂ©orie,  que  les 

objections ne sont que sarcasmes, ou 

encore, que c’est parce que cette thĂ©o-

rie  aurait  le  malheur  de  jeter  un  pont 

inattendu  entre  disciplines  qui  s’igno-

reraient ?

Glorifier  les  Ă©lectrons  libres  hors  de 

tout  cadre  tout  en  prĂ©tendant  l’incurie 

de l’establishement, est-ce lĂ  vraiment 

le concept de vulgarisation scientifique 

que souhaite prĂŽner Arte ?

Conclusion

Tout n’est pas nĂ©gatif dans cette dif-

fusion,  mĂȘme  dĂ©clinĂ©e  aux  quatre  ni-

veaux d’intervention :

3⁄4

 

Le sujet est intĂ©ressant et pertinent, 

mĂȘme  si  l’allĂ©gatrice  semble  voir  des 

observatoires  astronomiques  partout. 

Dans  la  section  Â«  mĂ©thodologie  Â»  de 

son site, on aimerait lire quand peut-on 

conclure  qu’on  n’est  pas  en  prĂ©sence 

de  repĂšres  ou  symboles  astronomi-

ques. Une enquĂȘte se mĂšne Ă  charge 

et Ă  dĂ©charge. 

Chantal  JĂšgues-Wolkiewiez  a  un 

langage  dans  l’ensemble  scientifique 

(mĂȘme si ses conclusions ne sont pas 

Ă©tayĂ©es au regard de ce qui est fourni 

au  spectateur,  et  apparemment  Ă   la 

communautĂ©  scientifique  du  domaine) 

et  elle  prend  certaines  prĂ©cautions 

reprenant  au  moins  en  partie  la  dĂ©-

marche scientifique. Elle semble cher-

cher  sincĂšrement  Ă   se  confronter  Ă   la 

critique (mais devrait pour cela publier 

les  dĂ©tails  Ă©tayant  ses  thĂ©ories,  dans 

sa  communautĂ©  et  sur  son  site  :  une 

thĂ©orie doit ĂȘtre validĂ©e par la commu-

nautĂ© scientifique [12], et 

a fortiori

, ses 

preuves  rendues  publiques  (via  publi-

cations),  pour  ĂȘtre  considĂ©rĂ©e  comme 

valable  [11].  Laisser  Ă   croire  que  l’on 

cherche  Ă   faire  valider  une  thĂ©orie 

avant tout par les mĂ©dias est Ă©minem-

ment  malsain,  voire  suspect  :  la  juris-

prudence est lourde en la matiĂšre).

3⁄4

 

Le reportage essaie de faire passer 

une  dĂ©marche  d’enquĂȘte,  et  ne  nous 

cache  pas  le  scepticisme  rencontrĂ© 

(mĂȘme s’il l’écarte trop facilement). On 

voit  mĂȘme  l’hĂ©roĂŻne  essuyer  humble-

ment des Â« Ă  revoir Â» lorsqu’elle tente 

de  prĂ©senter  ses  rĂ©sultats  Ă   des  per-

sonnes de référence.

3⁄4

 

La chaĂźne nous permet de dĂ©couvrir 

des sites et fresques autrement que par 

le sempiternel et stĂ©rile aspect artefac-

tuel  ou  artistique,  et  initie  Ă   certaines 

idĂ©es de la dĂ©marche d’enquĂȘte et de 

construction du savoir.

3⁄4

 

Quelques magazines tĂ©lĂ© expriment 

quand mĂȘme des avis un peu dubitatifs 

Dossier           -    

15

NL 029 - Novembre 2007

La tablette d’os aux 69 points de l’abri Blanchard 

est rĂ©interprĂ©tĂ©e comme un calendrier lunaire 

sans arguments trĂšs convaincants.

É

background image

 

 

Dossier

NL 029 - Novembre 2007

16

[3]  (alors  que  quelques  grands  quoti-

diens et hebdos annoncent sans recul : 

Ă©trangement  la  dĂ©marcation  n’est  pas 

corrĂ©lĂ©e Ă  la diffĂ©rence de Â« niveau Â» 

putative).

Cependant  trop  de  faiblesses  lais-

sent  au  final  des  interstices  bĂ©ants 

aux erreurs de raisonnement voire aux 

pseudosciences (validation des dĂ©mar-

ches numĂ©rologiques, coĂŻncidentielles, 

panglossiennes,  tĂ©lĂ©ologiques...),  en 

grande partie probablement Ă  l’insu des 

acteurs  de  l’opĂ©ration  :  quelles  idĂ©es 

fausses auront Ă©tĂ© suggĂ©rĂ©es ou con-

fortĂ©es dans l’esprit des spectateurs ? 

Peut-on vraiment passer par pertes et 

profits  ce  gros  risque  dans  un  mĂ©dia 

de  masse,  d’autant  plus  quand  celui-

ci a vocation Ă  participer Ă  l’éducation 

populaire, voire, dont les contenus sont 

repris en classe ?

Fabrice Neyret

Notes :

[1] : Fiche Arte de l’émission et son 

glossaire : www.arte.tv/fr/recherche/

1743936.html

[2] : Site du film : 

www.stephanebegoin.com

[3] : Revue de presse : 

www.stephanebegoin.com/7908104D-

BB58-11DA-A5C8-000A958CF2E4/

presse%20Lascaux.html

[4] : Site de Chantal JĂšgues-

Wolkiewiez : www.archeociel.com

[5] : ‱ « PlanĂ©tarium » de Lascaux 

et VĂ©nus de Laussel « au croissant 

de Lune » (en fait, une reconstitution 

peu artistique) : www.archeociel.com/

lascaux.htm

‱ « PlanĂ©tarium » de Lascaux sur le 

site de Chantal JĂšgues-Wolkiewiez 

et sur celui du photographe Pascal 

Goetgheluck (cf. les lĂ©gendes dans 

le pdf) : www.stephanebegoin.com/

7908104D-BB58-11DA-A5C8-

000A958CF2E4/photos%20Lascaux%

201.html

‱ Tablette « lunaire » de l’abri Blan-

chard et bisons adossés de Lascaux :

www.stephanebegoin.com/7908104D-

BB58-11DA-A5C8-000A958CF2E4/

photos%20Lascaux%202.html

‱ La « vraie » VĂ©nus de Laussel « Ă  la 

corne de bison » : 

http://prehisto.ifrance.com/venus.htm

[6]  :  Le  site  de  Chantal  JĂšgues-Wolk-

iewiez prĂ©sente une liste de ses Â« prin-

cipales publications Â». Il s’avĂšre qu’une 

grande partie sont en fait des exposĂ©s 

grand public, ou dans des associations, 

ou fait Ă  l’occasion de visites de labos. 

Les quelques items qui correspondent 

rĂ©ellement Ă  des publications scientifi-

ques  sont  le  plus  souvent  de  simples 

communications  ou  prĂ©sentations  lors 

de symposiums (donc au contenu non 

validĂ©). Une rĂ©cente publication est pa-

rue dans une revue d’études arctiques, 

laquelle ne traite ni d’astronomie ni de 

prĂ©histoire. Par ailleurs, les rĂ©fĂ©rences 

bibliographiques  sont  trĂšs  distordues 

et  incomplĂštes,  ce  qui  est  considerĂ© 

comme  maladroit  mĂȘme  pour  un  Ă©tu-

diant  (pas  de  noms  d’auteurs,  pas  de 

descriptif du statut des supports, etc. ; 

mĂȘme les mots Â« confĂ©rence Â», Â« publi-

cation Â», Â« communication Â» semblent 

d’usage ambigu). Ă€ noter que la section 

«  press  book  Â»  du  site  est  largement 

plus  fournie  voire  plus  prestigieuse 

(presse, tĂ©lĂ©s, revues de vulgarisation 

jusqu’à 

La Recherche

), ce qui est plutĂŽt 

inquiĂ©tant  vue  l’absence  de  validation 

des  travaux  par  des  publications  so-

lides  (c’est  Ă   dire  au  contenu  validĂ© 

par un comitĂ© de lecture du domaine). 

Faut-il soupçonner un effet Â« Florence 

le Vot Â» (cf. 

ArrĂȘt sur Image

, 2004), oĂč 

un premier passage mĂ©diatique suffit Ă  

valider les suivants ? CĂŽtĂ©s contenus, 

rien n’est facilement accessible. Le site 

est certes volumineux, mais ne donne 

aucun  dĂ©tail  technique  concernant  les 

nombreuses  interogations  mention-

nées ici.

[7] : La thĂšse est atypique Ă  plusieurs 

titres  :  passer  un  doctorat  sur  le  tard, 

aprĂšs  un  parcours  universitaire  long, 

n’est  pas  en  soi  reprochable.  Par 

contre la doctorĂ©e n’indique ni labora-

toire,  ni  encadrants,  ni  jury  (d’ailleurs 

pas  plus  pour  sa  thĂšse  que  pour  ses 

publications  ou  dans  son  site).  Et  il 

s’avĂšre  qu’aucun  de  ses  deux  direc-

teurs  de  thĂšse  n’est  apparemment 

prĂ©historien.  Les  Â«  communications » 

effectuĂ©es  pendant  la  thĂšse  le  sont 

essentiellement  en  observatoire  :  il 

n’est pas exclu qu’une chercheuse qui 

se  prĂ©sente  comme  Â«  ethnologue  et 

astronome  Â»  (bien  que  sans  diplĂŽme 

d’astronomie,  et  n’ayant  pas  Ă©tudiĂ©  la 

prĂ©histoire avant son mĂ©moire de DEA) 

joue de la double Ă©tiquette pour parler 

d’astronomie aux ethnologues et d’eth-

nologie aux astronomes, ce qui est une 

situation Ă  haut risque Ă©pistĂ©mologique 

(dont  abusent  par  exemple  des  orga-

nisations  comme  l’UIP,  Â« UniversitĂ© » 

interdisciplinaire de Paris).

[8] : voir la liste des facettes et des effets 

zĂ©tĂ©tiques sur le site du Laboratoire de 

zĂ©tĂ©tique de Nice : http://www.unice.fr/

zetetique/zetetique.html

[9] : voir la page de wikipedia : 

Opération Lune

.

[10] : voir la page de wikipedia : 

Glozel.

[11]  :  Dans  la  vie  d’une  chercheur,  il 

peut arriver qu’une publication sur une 

thĂ©orie  correcte  soit  temporairement 

refusĂ©e par un comitĂ© de lecture pour 

de  mauvaises  raisons,  ou  pour  des 

questions  de  rĂ©daction.  Mais  avec  le 

temps,  les  idĂ©es  justes  finissent  par 

passer. Le temps de la recherche n’est 

pas  celui  des  mĂ©dias,  et  pourtant  il 

faut  que  ces  derniers  s’astreignent  Ă  

attendre qu’une idĂ©e soit validĂ©e pour 

la prĂ©senter comme Â« scientifiquement 

Ă©tablie ». En attendant, c’est Â« la theo-

rie de madame JÚgues-Wolkiewiez ».

[12] : En sciences, une thĂ©orie devient 

« vraie » (jusqu’à preuve du contraire) 

quand la plupart des chercheurs du do-

maine concernĂ©, en pleine connaissan-

ce des arguments et preuves avancĂ©s 

par ses dĂ©fenseurs, n’ont pas trouvĂ© de 

failles,  de  faits  en  contradictions,  sont 

convaincus par les prĂ©dictions, et qu’il 

n’existe pas d’autre thĂ©orie explicative 

plus simple. La Â« communautĂ© scienti-

que » dĂ©signe cette rĂ©fĂ©rence. 

background image

Culture et zĂ©tĂ©tique           -    

Les chroniques zétético-musicales

The 5

th

 

dimension

 et l’ñge du Verseau

L

e  Nouvel  Ă‚ge.  Pour  faire 

in,

  on 

peut dire 

New Age

.

De quoi s’agit-il ? De Â« 

l’émer-

gence  d’un  nouveau  paradigme  cultu-

rel,  dont  l’extension  serait  planĂ©taire, 

annonciateur  d’une  Ăšre  nouvelle  dans 

laquelle l’humanitĂ© parviendrait Ă  rĂ©ali-

ser une part importante de son potentiel 

physique, psychique et spirituel 

» dixit 

la pionniĂšre, Marylin Ferguson, dans 

La 

conspiration du Verseau

 (1980). L’idĂ©e 

est tellement fl oue qu’elle draine avec 

elle toute une collection de spiritualitĂ©s 

mystiques,  allant  des  devas  et  esprits 

de la terre aux entitĂ©s invisibles et aux 

anges.  Elle  apporte  malheureusement 

un  grand  nombre  de  thĂ©rapies  Â«  na-

turelles  Â»,  dans  le  sillage  d’un  refus 

idĂ©ologique et politique de la mĂ©decine 

comme  symptĂŽme  d’un  matĂ©rialisme 

froid comme une sonde endoscopique.

Si  le  public  commence  tout  juste 

Ă   se  rendre  compte  des  dĂ©rives  du 

New  Age

,  (grĂące  entre  autres  Ă   des 

ouvrages  comme  celui  de  Besnier 

et  Marhic 

Le  New  Age  :  son  histoire, 

ses  pratiques,  ses  arnaques

  (1999) 

ce  n’est  pas  le  cas  des  associations 

de dĂ©fense de l’individu comme l’ADFI 

– Deux Savoies IsĂšre, qui reçoivent de 

trĂšs nombreuses victimes de thĂ©rapies 

ou  de  psychothĂ©rapies  provenant  de 

la  nĂ©buleuse  Nouvel  Ă‚ge.  Pour  ces 

plaignants,  Il  arrive  rĂ©guliĂšrement  que 

le Â« rĂ©enchantement du monde Â» vire 

au cauchemar.

Aquarius / Let the Sunshine In

J. Rado, G. Ragni et G. MacDermot

When the moon is in the Seventh House 

(Quand la lune est dans la septiĂšme maison)

And Jupiter aligns with Mars (Et Jupiter aligné avec Mars)

Then peace will guide the planets (Alors la paix guidera les planĂštes)

And love will steer the stars (Et l’amour orientera les Ă©toiles)

This is the dawning of the age of Aquarius 

(Ceci est la naissance de l’ñge du Verseau)

(
)

Harmony and understanding (Harmonie et compréhension)

Sympathy and trust abounding (Sympathie et dĂ©bordement de confi ance)

No more falsehoods or derisions (Finies faussetés et dérisions)

Golden living dreams of visions (RĂȘves de vision dorĂ©s Ă©veillĂ©s)

Mystic crystal revelation (Révélation du cristal mystique)

And the mind’s true liberation (et la veritable liberation de l’esprit)

Aquarius! (Verseau !)

(
)

Let the sunshine, let the sunshine in, the sunshine in (Laissez entrer le soleil)

Let the sunshine, let the sunshine in, the sunshine in (Laissez entrer le soleil)

Let the sunshine, let the sunshine in, the sunshine in (Laissez entrer le soleil)

Oh, let it shine, c’mon (Oh laisse le briller, allez)

Now everybody just sing along (Maintenant tout le monde n’a qu’à chanter)

Let the sun shine in (Laissez l’éclat du soleil dedans)

Open up your heart and let it shine on in 

(ouvrez votre coeur et laissez-le briller dessus)

When you are lonely, let it shine on 

(quand vous ĂȘtes seul, laissez-le briller dessus)

Got to open up your heart and let it shine on in 

(y a qu’à ouvrir votre coeur et laissez briller dessus)

And when you feel like you’ve been mistreated 

(quand vous vous sentez comme si vous aviez été maltraité)

And your friends turn away (et que vos amis se tirent)

Just open your heart, and shine it on in 

(ouvrez simplement votre coeur et laissez briller dessus)

Le contexte est important, se rĂ©pĂšte le 

zĂ©tĂ©ticien dans son lit le soir. Si les con-

cepts  ont  plus  d’un  siĂšcle  (et  provien-

nent de la ThĂ©osophie de Blavatsky) la 

mouvance Nouvel Age a Ă©clos telle une 

fl eur  du  mal  sur  un  humus  particulier 

dans la fi n des annĂ©es 60. Guerre au 

Vietnam, revendications anti-racistes et 

anti-homophobes,  besoin  Â«  spirituel », 

retour  Ă   la  nature,  Ă   la  terre.  Le  pro-

gramme de l’ùre du Verseau (

Aquarius

Ă©tait sĂ©duisant. Surtout lorsqu’il se met-

tait en musique avec le groupe 

The 5

th 

Dimension.

La  double  chanson 

Aquarius  /  Let 

the  Sunshine  In

,  Ă©crite  par  J.  Rado, 

G.  Ragni  et  G.  MacDermot  vaut  son 

pesant de cacahuĂštes. 

Peut-on  en  vouloir  aux  gens  d’avoir 

adhĂ©rĂ©  Ă   cela  ?  Bien  sĂ»r  que  non. 

Nous  ne  pouvons  que  condamner  la 

fl oppĂ©e  d’arnaques,  d’escroqueries 

et  de  drames  que  cette  mouvance  a 

soigneusement cachĂ©s dans ses replis 

duveteux.

Richard Monvoisin

PS : Une fameuse version française de 

cette chanson existe dans les grelots de 

la voix de Julien Clerc, sous le nom de 

Laissons entrer le soleil, 

1971. Coupe 

de  cheveux  d’époque  (sur  youtube  : 

www.youtube.com/watch?v=4vbFgYIyLKc

)

17

NL 029 - Novembre 2007

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Culture et zététique

Enfants des Ă©toiles

De la zététique dans Harry Potter

D

ans  le  dernier  tome, 

Harry 

Potter  et  les  Reliques  de  la 

Mort

  (Gallimard),  l’auteur,  J.K. 

Rowling  nous  offre  un  dialogue  intĂ©-

ressant,  sur  le  plan  zĂ©tĂ©tique,  entre 

Hermione,  dans  le  rĂŽle  de  l’  Â«  intel-

lectuelle  Â»  de  service,  et  Xenophilius 

Lovegood,  le  pĂšre  de  son  amie  Luna, 

dans le rĂŽle de celui qui a tendance Ă  

croire  en  tous  les  mythes  de  sorcier. 

Je  rassure  les  lecteurs  fans  de  Harry 

Potter  qui  n’auraient  pas  encore  lu  le 

dernier  tome  :  ils  peuvent  lire  sans 

crainte le passage qui suit car il ne tra-

hit rien de l’intrigue.

« 

-  Mais  la  pierre,  Mr  Lovegood  ? 

Ce  que  vous  appelez  la  Pierre  de 

RĂ©surrection ?

- Et alors ?

- Et bien, comment pourrait-elle exis-

ter ?

-  Prouvez-moi  plutĂŽt  qu’elle  n’existe 

pas, rétorqua Xenophilius.

Hermione parut scandalisée.

-  Enfi n,  voyons
  Je  suis  dĂ©solĂ©e, 

mais  c’est  complĂštement  ridicule  ! 

Comment  voulez-vous  que  je  puisse 

prouver  qu’elle  n’existe  pas  ?  Vous 

voudriez peut-ĂȘtre que
 que je ramas-

se toutes les pierres du monde et que 

je les soumette Ă  des tests ? Si on va 

par lĂ , on peut affi rmer que toute chose 

existe  s’il  suffi t  pour  y  croire  que  per-

sonne  n’ait  jamais  rĂ©ussi  Ă   dĂ©montrer 

qu’elle n’existait pas !

-  Oui,  on  peut,  assura  Xenophilius. 

Je suis content de voir que votre esprit 

commence Ă  s’ouvrir. 

»

La  rĂ©action  d’Hermione  est  parfai-

tement  lĂ©gitime.  Xenophilius  a  ren-

versĂ© la charge de la preuve. Ceux qui 

commencent  Ă   connaĂźtre  la  zĂ©tĂ©tique 

auront  peut-ĂȘtre  mĂȘme  reconnu  un 

principe  zĂ©tĂ©tique  de  base  dans  la 

rĂ©action  d’Hermione  :  Â«  la  charge  de 

la preuve revient Ă  celui qui affi rme ». 

Ici, Xenophilus affi rme qu’il existe une 

Pierre de RĂ©surrection (ce qui est ex-

traordinaire mĂȘme dans un monde de 

sorciers), et Hermione qui est nĂ©e de et 

a Ă©tĂ© Ă©duquĂ©e par des parents Â« mol-

dus  Â»  (c’est-Ă -dire  qui  ne  possĂšdent 

pas de pouvoir magique) lui demande 

trĂšs justement Â« Comment est-ce pos-

sible ? Â». Comme Hermione l’exprime 

si  bien,  il  est  impossible  logiquement 

de  dĂ©montrer  l’inexistence  d’un  phĂ©-

nomĂšne. C’est donc Ă  celui qui affi rme 

son existence d’en apporter la preuve, 

que l’on soit dans un monde de sorciers 

ou pas. Ce qui est vrai pour une Pierre 

de RĂ©surrection dans un monde de sor-

ciers reste vrai dans le monde qui est le 

nĂŽtre pour les fantĂŽmes, la tĂ©lĂ©pathie, 

la  radiesthĂ©sie,  le  dahu,  le  yĂ©ti,  une 

pierre de résurrection


MĂȘme  en  ayant  trouvĂ©  un  peu  de 

zĂ©tĂ©tique dans ce livre, on peut malgrĂ© 

tout  regretter  que,  dans  ce  dialogue, 

Hermione  passe  pour  une  personne 

Ă©troite  d’esprit
  Ceci  dit,  il  ne  s’agit 

que d’un roman
 EspĂ©rons que l’ima-

ge restera auprĂšs des jeunes lecteurs 

de Harry Potter et puis auprĂšs des plus 

ùgés.

Alexis Aubry

À

 

Grenoble,  sur  la  site  de  la 

Bastille il y a quelques mois, une 

exposition de signalisation Â« ga-

lactique Â» a attirĂ© notre attention. Parmi 

les divers panneaux, celui d’ Â« enfants 

des étoiles »

Aussi joli soit-il, il ne peut pas ne pas 

nous  rappeler  la  dĂ©rive  sectaire  de 

Kryeon-enfants  Indigo,  lesquels  sont 

aussi appelĂ©s Â« enfants des Ă©toiles Â». 

Maladresse  ou  dessein,  l’OZ  n’a  pu 

trancher. Mais un reporter zĂ©tĂ©ticien a 

pu saisir sur le fait un enfant des Ă©toiles 

juste en train de se poser... (ci-contre). 

Ça fait hĂ©siter, non ?

Richard Monvoisin

Panneaux de l’exposition « Les Ă©toiles de la Bastille » qui ont surplombĂ© Grenoble du 4 mai au 17 juin 

2007. Ci-contre, atterissage d’Éric BĂ©villard, Â« enfant des Ă©toiles ».

É

Harry Potter et 

les reliques de 

la mort

 de J.K. 

Rowling (Ă©ditions 

Gallimard, 2007). 

Le dialogue citĂ© 

se trouve pages

441-442.

É

NL 029 - Novembre 2007

18

 CrĂ©dit :  Eric BĂ©villard

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Agenda        -    

Agenda

Les rendez-vous zététiques du mois

Ăš

L

es  Petits  DĂ©brouillards  et  le  Pi-

ment vert organisent le 13 novembre, Ă  

l’ADAEP,  une  soirĂ©e-dĂ©bat  autour  des 

«  IdĂ©es  reçues  dans  l’alimentation ». 

Vous  pensez  que  le  gingembre  est 

aphrodisiaque ? Que les Ă©pinards sont 

riches en fer ? que ce qui est Â« natu-

rel Â» est meilleur pour la santĂ© ? Que 

les produits light font maigrir ? Que le 

chocolat  est  un  antidĂ©presseur  ?  Que 

le jeĂ»n nettoie l’organisme ? Ou qu’une 

femme rĂ©glĂ©e ne peut pas monter une 

mayonnaise ? Venez en discuter ! L’en-

trée est libre et gratuite.

Cafés scientifiques

Conférences

Les idĂ©es reçues dans l’alimentation

Mardi 13 novembre Ă  partir de 20h30
ADAEP

163 cours Berriat 38000 Grenoble
ArrĂȘt Tram A : Berriat
Entrée libre et gratuite

Ăš

Le jeudi 22 novembre, Ă  Marseille, 

Richard  Monvoisin  causera  de  Â« pa-

ranormal  et  esprit  critique  Â»  dans  le 

colloque  Â«  Les  Horizons  du  Savoir : 

science(s),  raison  et  dĂ©raisons  Â».  Il 

y  aura  Ă©galement  Jean-Marc  LĂ©vy-

Leblond  et  Patrick  Tort  mais  il  y  aura 

aussi un psychanalyste, encore. Ă€ croi-

re qu’à Marseille, la pseudoscientificitĂ© 

de  la  psychanalyse  n’est  pas  encore 

bien dĂ©crite (les colloques GEMPPI par 

exemple,  gardent  toujours  une  place 

au frais pour un psychanalyste comme 

Roland  Gori.  Voir  le  compte-rendu  du 

dernier colloque par Françoise Mariotti 

et Nicolas Gaillard).

Science(s), raison et déraisons

Colloque scientfique
Jeudi 22 novembre
HĂŽtel de RĂ©gion

27, place Jules-Guesde 13002 Marseille
Programme et renseignements : site de 

l’ASTS : www.asts.asso.fr

Ăš

Le  vendredi  23  novembre,  le  RĂ©-

seau Bars des Sciences franciliens or-

ganise un cafĂ© scientifique sur le thĂšme 

«  Science  et  Paranormal  Â»  au  centre 

culturel  de  la  ForĂȘt  de  Montmorency  Ă  

Domont.  Jacques  Scornaux,  prĂ©sident 

de  l’association  SCEAU  (Sauvegarde, 

Conservation  des  Ă‰tudes  et  Archives 

Ufologiques, association française Ă  but 

non lucratif fondĂ©e en 1990), et Florent 

Martin, membre de l’Observatoire zĂ©tĂ©ti-

que rĂ©pondront aux questions du public 

sur  l’expĂ©rimentation  des  phĂ©nomĂšnes 

réputés « paranormaux ».

« Science et Paranormal »

Vendredi 23 novembre Ă  partir de 20h
Centre culturel de la forĂȘt de Montmorency

17, allée des MarliÚres 95330 Domont
Entrée libre et gratuite

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Le  3  dĂ©cembre,  l’association ADFI 

Deux  Savoie-IsĂšre  invite  Ă   ChambĂ©ry 

le journaliste et Ă©crivain Renaud Marhic 

pour  une  confĂ©rence  sur  le  thĂšme  du 

New  Age

.  En  essayant  de  prĂ©ciser 

les  caractĂ©ristiques  des  mouvements 

et  pratiques  de 

New  Age

,  Renaud 

Marhic replacera la naissance et le dĂ©-

veloppement  de  ce  courant  dans  son 

contexte  historique,  politique  et  philo-

sophique.  Ses  dangers  seront  abor-

dĂ©s dans un but informatif et prĂ©ventif 

notamment  grĂące  Ă   une  intervention 

de  Catherine  Katz,  secrĂ©taire  gĂ©nĂ©-

rale  de  la  MIVILUDES,  sur  les  faux 

souvenirs.Richard  Monvoisin,  membre 

de  l’OZ  fera  Ă©galement  partie  des  in-

tervenants. 

Le 

New Age

, idéologie et dérives

Lundi 3 décembre à 20h
Salle Jean Renoir 

50, rue Nicolas Parent 73000 Chambéry

tel ADFI : 04.79.33.96.14
Entrée libre et gratuite

19

NL 029 - Novembre 2007

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Le  groupe  TRACES  organise  une 

confĂ©rence-dĂ©bat  le  mardi  11  dĂ©cem-

bre 2007 Ă  19h30 Ă  l’École normale su-

pĂ©rieure, intitulĂ©e : Â« Les frontiĂšres de 

la science : Peut-on entrer en Science 

sans  visa  ?  Â»  Les  intervenants  sont 

Pierre Lagrange, sociologue des scien-

ces,  Matteo  Merzagora,  journaliste 

scientifique  et  Richard  Monvoisin,  zĂ©-

tĂ©ticien reprĂ©sentant le Laboratoire de 

zĂ©tĂ©tique  de  Nice.  Â« 

La  science  aime 

se prĂ©senter comme un espace cohĂ©-

rent, tel un pays qui devrait se prĂ©munir 

de l’intrusion de divers ennemis : poli-

tiques,  religieux,  paranormaux,  â€Š  Qui 

veille sur les frontiĂšres ? Retrouve-t-on 

ces dĂ©marcations dans la science Â« tel-

le qu’elle se fait » ? 

»

Les frontiĂšres de la science : Peut-on 

entrer en Science sans visa ?

Mardi 11 dĂ©cembre 2007 Ă  19h30 
École normale supĂ©rieure

29 rue d’Ulm 75005 Paris
Renseignements : www.cognition.ens.fr/

traces

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Émission tĂ©lĂ©

Ăš

Le  13  novembre,  le  magazine  Le 

droit  de  savoir  diffuse  sur  TF1  une 

Ă©mission  intitulĂ©e  :  Â«  Charlatans  et 

guĂ©risseurs : enquĂȘte sur les mĂ©deci-

nes  parallĂšles  Â».  Le  sujet  est  intĂ©res-

sant  mais  une  fois  de  plus,  on  peut 

regretter  de  retrouver  dans  le  rĂ©sumĂ© 

une  prĂ©sentation  binaire  du  problĂšme 

(charlatans  ou  Â«  pouvoirs  rĂ©els  Â»  ?) 

et  mĂȘme  une  mĂ©decine  scientifique 

affublĂ©e  du  qualificatif  Â«  traditionnelle 

» alors qu’elle n’est en rien basĂ©e sur 

la  tradition  contrairement  Ă   certaines 

médecines dites « parallÚles ».

Charlatans et guĂ©risseurs : enquĂȘte sur 

les médecines parallÚles

Magazine 

Le droit de savoir

Mardi 13 novembre Ă  22h35 
TF1

 

 

Agenda

Théùtre

Ăš

Le vendredi 16 novembre Ă  20h30, 

le  Centre  Loisirs  et  Culture  d’Eybens 

accueille  une  Â«  confĂ©rence  sur  la  pi-

fomĂ©trie Â». Cependant, on ne se pren-

dra  trop  au  sĂ©rieux  car  il  s’agit  d’une 

piĂšce de thĂ©Ăątre prĂ©sentĂ©e comme un 

« 

spectacle  ovni  dĂ©calĂ©,  scientifico-

poétique et bien secoué

 Â».

« 

En exclusivitĂ©, une interview de Luc 

Chareyron, ingĂ©nieur diplĂŽmĂ© de l’EN-

SIP  (École  Nationale  SupĂ©rieure  des 

IngĂ©nieurs PifomĂ©triciens) : 

« - Luc Chareyron, bonjour. Dites-nous 

ce qu’est la pifomĂ©trie.

- C’est tout simplement la science du 

pifomĂštre,  appelĂ©  aussi  Â«  pif  Â»,  Â«  ta-

rin », Â« blaze Â», Â« tarbouif Â»... Se dire 

qu’il y a belle lurette que le dernier bus 

est passĂ© et qu’il va falloir marcher une 

sacrĂ©e trotte sous cette pluie qui tombe 

comme vache qui pisse afin de se ren-

dre chez soi Ă  perpette : c’est parfaite-

ment clair pour tous ! Pas besoin d’une 

montre  ou  d’une  carte.  La  science  pi-

fomĂ©trique couvre une part trĂšs impor-

tante  de  la  culture  universelle  de  l’à-

peu-prĂšs.

- Le seul mot Â« science Â» suffit Ă  rebu-

ter un large public. La pifomĂ©trie serait-

elle plus accessible ?

-  Mais  complĂštement  !  La  pifomĂ©trie 

est en chacun de nous, il s’agit de lais-

ser parler son nez. Tout le monde peut 

revendiquer un statut d’ingĂ©nieur puis-

que  chacun  naĂźt  Ă©quipĂ©  du  plus  subtil 

et  performant  instrument  d’apprĂ©hen-

sion du rĂ©el : son propre pifomĂštre. La 

pifomĂ©trie  apprĂ©hende  parfaitement  la 

rĂ©alitĂ©  avec  Â«  le  chouĂŻa  Â»,  Â«  la  lichet-

te », Â« la tripette Â», Â« le poil prĂšs Â», pour 

ne citer que quelques unitĂ©s de mesure 

de ce systĂšme universel et dĂ©mocrati-

que. (...)

 Â»

Conférence sur la pifométrie

Vendredi 16 novembre Ă  20h30
Centre Loisirs et Culture d’Eybens

27, rue Victor Hugo 38320 Eybens
Tarif : 11, 9, 8, ou 5 euros

Billetterie : 04.76.62.67.47.

NL 029 - Novembre 2007

20

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L’AMAZ,  association  monĂ©gasque 

d’analyse  zĂ©tĂ©tique,  toute  nouvelle-

ment crĂ©Ă©e et prĂ©sidĂ©e par le magicien 

StĂ©phane Bollati organise le 18 dĂ©cem-

bre  2007  au  thĂ©Ăątre  des  VariĂ©tĂ©s  de 

Monaco  une  confĂ©rence-spectacle  Â« 

Le paranormal face Ă  la science Â», avec 

Henri Broch. StĂ©phane Bollati montrera 

Ă©galement ses talents de mentaliste.

Le paranormal face Ă  la science

Conférence spectacle
Mardi 18 décembre à 18h30
Théùtre des Variétés de Monaco

1, Albert 1er 98000 Monaco
Entrée : 8 euros, - de 18 ans : 5 euros

Ăš

Le  17  dĂ©cembre,  AldĂ©ran,  dans 

le  cadre  de  l’universitĂ©  populaire  de 

philosophie  de  Toulouse,  prĂ©sente 

une  confĂ©rence  d’Éric  Lowen  intitu-

lĂ©e  Â« L’obsolescence  de  Dieu  :  les 

raisons du dĂ©clin de l’idĂ©e de dieu Â» : 

« 

Dieu  n’est  ni  une  illusion,  ni  mort, 

c’est  aujourd’hui  une  idĂ©e  obsolĂšte. 

Dieu  est-il  encore  utile  pour  expliquer 

quelque chose face Ă  nos connaissan-

ces sur l’Univers ? Peut-on encore par-

ler  de  Dieu  Ă   l’époque  du  Big-Bang ? 

Dieu  est-il  mort  comme  l’a  proclamĂ© 

Nietzsche ? L’ĂȘtre humain est-il orphe-

lin  de Dieu  ? Retour sur le processus 

de dĂ©passement de l’idĂ©e de dieu.

 Â»

L’obsolescence de Dieu : les raisons du 

dĂ©clin de l’idĂ©e de dieu

Lundi 17 décembre 2007 à 20h30
Maison de la philosophie

29 rue de la digue 31300 Toulouse
Tel : 05.61.42.14.40
EntrĂ©e : 4 euros, gratuit pour les adhĂ©rents 

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Insolite

La photo du mois

Enigme

Exercez votre logique et votre esprit critique..

.

Solution de l’énigme des triangles

L

e  bizarre  est  probable,  la  photo  ci-contre  l’illustre 

bien. Parmi toutes les positions que peuvent prendre 

les groupes de flamants roses, il y avait celle-ci et un 

photographe Ă©tait lĂ  pour la figer. Mais il n’y aura que 

des humains qui essaieront de lui donner un « sens ».

L

’

Ă©nigme du mois dernier nous proposait un puzzle de 

piĂšces en triangle qui, une fois rĂ©agencĂ© ne prĂ©sente 

plus la mĂȘme surface totale !

Mais les apparences sont trompeuses et il n’y a en rĂ©alitĂ© 

rien de surprenant. L’illusion vient simplement du fait que ce 

grand triangle n’en est pas un. En effet, les piĂšces rouge et 

verte ne prĂ©sentent pas le mĂȘme angle, comme le montre le 

calcul ci-dessous.

Divertissement        -    

21

NL 029 - Novembre 2007

La  diffĂ©rence  devient  plus  Ă©vidente  lorsqu’on  accentue 

l’effet en Ă©tirant la piĂšce rouge. Les pointillĂ©s montrent la dif-

fĂ©rence entre le triangle tel qu’on le perçoit et tel qu’il est en 

rĂ©alitĂ©. On comprend mieux d’oĂč vient cet espace qui semble 

« apparaitre ». 

Florent Martin

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