Editorial
Actualités
Ă
force dâattendre, on aurait pu fi -
nir dans le mĂȘme Ă©tat de conser-
vation que la dépouille de sainte
Roseline de Villeneuve, situation peu
enviable de prime abord, mĂȘme si voir
ses orteils remplacés par des tiges mé-
talliques prĂ©sente lâavantage non nĂ©gli-
geable dâĂ©liminer les dĂ©sagrĂ©ments liĂ©s
aux rhumatismes. Ă lâOZ, la lĂ©gende
raconte mĂȘme quâune des membres de
lâassociation â que je ne nommerai ni
ne désignerai ici parce que, il faut bien
lâadmettre, la modestie et la discrĂ©tion
lâĂ©touffent â, lors dâun voyage en Italie
cette année, voulut tester, dans une
attitude toute zététique, les pouvoirs at-
tribués à une antique sculpture romaine
appelée « la Bouche de la Vérité », ré-
putée engloutir la main de celle ou celui
qui aurait lâoutrecuidance de lui mentir.
Bravant ce sort funeste et nâĂ©coutant
que sa curiosité de zététicienne, notre
sociétaire plongea courageusement sa
dextre dans la gueule du monstre en
proclamant avec effronterie «
Richard
Monvoisin soutiendra sa thĂšse en sep-
tembre !
». En dépit de cette prophétie
dâune inexactitude Ă faire paraĂźtre fi a-
ble Paco Rabanne, rien ne se passa,
et notre comparse a toujours, Ă ma
connaissance, ses deux mains. Elle
sâen sert avec Ă©lĂ©gance et virtuositĂ©
pour mâĂ©crire des e-mails de mise en
demeure lorsque lâĂ©dito de la prochaine
newsletter tarde trop Ă arriver â oh par-
don, jâavais dit que je ne la dĂ©signerai
pas.
Car en effet, lâimpĂ©trant sus-
nommé a soutenu sa thÚse en
octobre. Et cet événement tant
attendu, qui lui avait valu tant
dâamicales taquineries, est
arrivé sous mon mandat prési-
dentiel⊠Hosanna ! Serais-je
lâĂlu ? Pas vraiment, en fait.
Si on devait mettre quelquâun
en avant, ce serait plutĂŽt lâex-
thésard qui voit se concrétiser
son long travail par lâoctroi
du prestigieux titre de « doc-
teur ». Que ceux dâentre vous
qui auraient la tentation de cé-
der Ă lâargument dâautoritĂ© qui
va avec â typiquement le genre dâargu-
ment qui donne des boutons Ă Richard
â se rappellent que la derniĂšre fois quâil
a essayĂ© dâavaler des charbons ar-
dents⊠hĂ© bien, il sâest brĂ»lĂ©. De quoi
briser un mythe, mĂȘme si ça ne casse
pas trois pattes Ă un canard sauvage et
rupestre de la grotte de Lascaux (enfi n,
sâil en existe).
Soutenance de thĂšse, articles, fĂȘte de
la science, veille médiatique, autant
de travaux de zététiciens à voir, à dé-
couvrir, Ă lire, voire mĂȘme Ă zĂ©tĂ©tiquer
pour le plus grand plaisir de lâintellect,
lâexercice de lâesprit critique, et la re-
cherche, nĂ©cessaire et sans fi n, dâun
savoir objectivĂ©. Pourtant, câest sur un
texte purement subjectif que jâaimerais
clore cet éditorial : un témoignage.
Celui dâun homme que sa pudeur a
fait anonyme, mais qui sâaffi rme aussi
membre de lâObservatoire ZĂ©tĂ©tique, et
explique surtout pourquoi et comment
il lâest devenu, sans jamais renier dâoĂč
il venait. Un texte qui interpelle par sa
dimension humaine, et me touche per-
sonnellement, parce que mon parcours
ressemble au sien.
Nous sommes des humains, aprĂšs
tout, et câest pour cette raison que jâai
voulu parler dans ces quelques lignes,
non seulement de ces travaux de zété-
ticiens, mais aussi de ceux qui les réa-
lisent â mĂȘme sâils seront sans doute
les premiers à me rétorquer, par pure
modestie, que je nâaurais pas dĂ». DâoĂč
cet éditorial subjectif, léger, humain.
Ăric DĂ©guillaume
PrĂ©sident de lâObservatoire zĂ©tĂ©tique
La POZ est Ă©ditĂ©e par lâObservatoire zĂ©tĂ©tique, associa-
tion loi 1901 domiciliée à Grenoble (38).
Ăditorialiste
:
Ăric DĂ©guillaume
RĂ©dactrice en chef :
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Couverture :
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Neyret ont participé à la rédaction de la NL29 et de la
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La Newsletter de lâOZ
NL 029 - Novembre 2007
2
Actualités -
3
NL 029 - Novembre 2007
Les nouvelles de l'OZ
Toute l'actualité de l'Observatoire zététique
FĂȘte de la science Ă Lyon
A
prÚs le stand zététique de
« Place aux sciences », sur la
place Victor Hugo de Grenoble,
lors du premier week-end dâoctobre,
lâOZ a continuĂ© la fĂȘte de la science Ă
Lyon sur le campus de la Doua du 11
au 14 octobre.
La configuration différente des lieux
(stand plus grand quâĂ Grenoble et en
intérieur) nous a permis de proposer
des animations plus longues notam-
ment pour les scolaires, les jeudi et
vendredi. Avec une dizaine de classes,
nous avons donc discuté des caracté-
ristiques dâune expĂ©rimentation scienti-
fique rigoureuse et des critĂšres dâana-
lyse statistique dâun rĂ©sultat. Lâobjectif
une fois de plus Ă©tait de sensibiliser
notre public à la démarche scientifique
en montrant Ă travers quelques rĂšgles
simples quâil sâagit avant tout dâune
dĂ©marche de bon sens, quâelle nâest
pas réservée aux scientifiques et que
chacun peut se lâapproprier. Bien que
facilement abordable, sous bien des
aspects, la démarche scientifique reste
malgré tout peu intuitive et son ensei-
gnement nous paraßt donc nécessaire.
Notre séquence pédagogique, mise au
point lâan dernier par Florent Tournus et
Stanislas Antczak, sâarticulait autour de
lâĂ©laboration dâun protocole scientifique
rigoureux pour tester une allégation de
type radiesthésique (détection de la
prĂ©sence dâeau dans dix verres, vides
ou pleins). Pour Ă©liminer toutes les ex-
plications autres que celle dâun « pou-
voir » particulier, le public est amenĂ© Ă
bùtir une expérience en double aveugle
(ni le sujet ni les expérimentateurs qui
sont avec lui ne connaissent le contenu
des verres cachés) avec randomisation
(la répartition des verres pleins et vides
est décidée par un tirage au sort) et un
critĂšre de validation objectif (les verres
sont soit pleins soit vides).
Le rĂ©sultat de lâexpĂ©rience, le score
de bonnes réponses sur les dix verres,
est discuté avant le dépouillement ; la
question est en effet de décider quels
seront les scores jugés « extraordinai-
res » : 8, 9, 10 ? Tous les scores étant
possibles par hasard (mĂȘme sâils ne
sont pas tous aussi probables), le pu-
blic comprend assez bien la nécessité
de choisir un critĂšre arbitraire qui mini-
mise cependant le risque dâerreur. Pour
chacun des dix verres, on a une chance
sur deux de deviner son contenu en
répondant au hasard. Si on choisit
le critĂšre Ă 1%, courant en science,
câest-Ă -dire un risque dâune chance sur
100 de se tromper en concluant Ă un
« pouvoir » alors que le score aurait été
obtenu par hasard, le seul score vala-
ble est 10/10.
Pour finir, chacun était invité à tester
son éventuel « don » en devinant un
tirage au sort, les verres ayant été
remplacĂ©s par des jetons dotĂ©s dâune
croix ou dâun rond sur leurs deux faces.
Ă la pointe de la technologie, notre dis-
positif « boites de conserve de compote
de pommes » permet de réaliser cette
expérience en double aveugle avec
randomisation. En cumulant les don-
nĂ©es de lâannĂ©e prĂ©cĂ©dente (voir page
suivante), 585 personnes ont participé
Ă ce test.
La répartition des résultats est con-
forme Ă la loi binomiale, mais toujours
Stanislas Antczak et GĂ©raldine Fabre avec un groupe dâĂ©lĂšves de CM1,
curieux et amusés. Alors, comment faire pour savoir si il a un « don » ?
Ă
Florent Martin au milieu dâun public attentif. Pour la radiesthĂ©sie
comme pour lâhomĂ©opathie, les statistiques permettent de savoir si
vraiment « ça marche ».
Ă
Pierre Bienvenu (Ă droite) en pleine discussion.
Ă
Crédit : Florent Martin
Crédit : Florent Martin
Crédit : Florent Martin
Actualités
Lâhistogramme des rĂ©sultats cumulĂ©s sur deux annĂ©es : personne nâa encore obtenu 10 ou 0 bonnes
rĂ©ponses en devinant le tirage au sort de o et de x. Dans lâencart, notre dispositif expĂ©rimental,
confectionné avec dix boites de conserve.
Ă
Soirées « idées reçues » à Grenoble et « Science et Paranormal » à Domont
L
e mardi 13 novembre, les Petits
DĂ©brouillards et le Piment vert
organisent Ă lâADAEP une soirĂ©e-
débat autour du thÚme « Idées reçues
dans lâalimentation » et ont invitĂ© les
membres de lâObservatoire zĂ©tĂ©tique.
Ce sera lâoccasion de discuter notam-
ment de pensée magique et de la con-
fusion corrélation/causalité.
Le vendredi 23 novembre, lâObserva-
toire zĂ©tĂ©tique participera Ă©galement Ă
une soirée « Science et Paranormal »
organisée par le Réseau Bars des
Sciences franciliens au centre culturel
de la ForĂȘt de Montmorency Ă Domont
(voir notre agenda).
Aux cĂŽtĂ©s de lâufologue, Jacques
Scornaux, prĂ©sident de lâassociation
pas de 10, ni de 0 (score qui est Ă©vi-
demment aussi peu probable).
Au vu des réactions enthousiastes,
cette séquence pédagogique semble
avoir été appréciée autant par les élÚ-
ves les plus jeunes (9-10 ans) que par
leurs aßnés du week-end. De nombreux
professeurs se sont dâailleurs montrĂ©s
ravis de trouver une formalisation aussi
claire de la méthodologie scientifi que
avec des applications intéressantes
liées aux phénomÚnes réputés « pa-
ranormaux ». Devant le succÚs de nos
posters et les demandes répétées de
les acquérir, nous avons créé une page
« Posters » sur notre site afi n de les
proposer en libre accĂšs.
Sur les sept journées consacrées
Ă la fĂȘte de la science cette annĂ©e,
nous avons rencontré une majorité
de personnes nâayant jamais entendu
le terme « zététique ». Intrigués au
premier abord, ils ont apprécié pour la
plupart la rigueur et le respect de notre
dĂ©marche. Peut ĂȘtre plus que les an-
nées précédentes, nous avons en effet
voulu clairement montrer que notre but
nâest pas de « dĂ©mystifi er les croyan-
ces », de « pourfendre les charlatans »
ou de « vouloir tout expliquer scientifi -
quement » mais de vulgariser les outils
qui permettent de se faire une idée plus
claire sur des phénomÚnes ou des al-
légations de type « paranormal », pour
essayer de « savoir » plutÎt que de
« croire ».
MalgrĂ© lâinvestissement important que
la prĂ©paration et lâanimation de nos
stands requiÚrent et malgré la fatigue
Ă la fi n de cette semaine marathon,
jâespĂšre que nous continuerons Ă ĂȘtre
présents à Lyon et à Grenoble lors des
prochaines FĂȘtes de la science.
GĂ©raldine Fabre
Nos posters de la FĂȘte de la Science :
Ă
www.observatoire-zetetique.org/page/
dossier.php?ecrit=2&ecritId=7
En ligne
Pierre Borgnat remplissant lâhistogramme des
résultats cumulés au cours du week-end.
Ă
Carine Goutaland placée en « catalepsie »
sans hypnose devant des spectateurs
médusés.
Ă
SCEAU (Sauvegarde, Conservation
des Ătudes et Archives Ufologiques,
association française à but non lucratif
fondée en 1990), Florent Martin répon-
dra aux questions du public sur lâexpĂ©-
rimentation des phénomÚnes réputés
« paranormaux ».
NL 029 - Novembre 2007
4
Crédit : Florent Martin
Crédit : Véronique Blum
La St Glinglin a eu lieu le 25 octobre
Q
uand Richard soutiendra
Ă©tait
presque devenu entre nous
une expression remplaçant
quand les poules auront des dents
et
Ă la longue, une boutade qui lâexaspĂ©-
rait⊠Mais, enfin, le 25 octobre 2007,
Richard Monvoisin, membre de lâOZ et
chargĂ© de cours dâesprit critique Ă lâUni-
versité Joseph Fourier, a soutenu sa
thĂšse dans lâamphithĂ©Ăątre Jean Roget,
plein Ă craquer. Plus de 200 personnes
Ă©taient en effet venues Ă©couter son ex-
posé intitulé : « Pour une didactique de
lâesprit critique : ZĂ©tĂ©tique & utilisation
des interstices pseudoscientifiques
dans les mĂ©dias » (mĂȘme Garci-mort
Ă©tait lĂ !)
Pendant trois quarts dâheure, Richard
a pu donner un petit aperçu de lâimmen-
se travail de recherche quâil a accompli
ces derniÚres années dans le domaine
de la didactique des sciences et quâil a
directement appliqué dans ses cours.
Le jury, composĂ© dâHenri Broch, Patrick
LĂ©vy, Claudine Kahane, Jean Bricmont
et Guillaume Lecointre a unanimement
reconnu la qualitĂ©, lâoriginalitĂ© et lâim-
portance de ses travaux souhaitant les
voir rapidement valoriser par dâautres
publications et largement diffuser
auprÚs de publics plus ou moins spé-
cialisés.
Son manuscrit de 450 pages contient
en effet une quantité impressionnante
de matĂ©riel pĂ©dagogique destinĂ© Ă lâen-
seignement de la pensée critique, éla-
borĂ© principalement Ă partir dâanalyses
de couvertures et dâarticles de presse
traitant de science. Richard a notam-
Actualités -
NouveautĂ©s sur le site de lâOZ
C
e mois-ci, deux nouveaux arti-
cles ont été mis en ligne sur le
site de lâOZ.
Le premier est une enquĂȘte concer-
nant la « momie » de sainte Roseline
de Villeneuve, relique dite « intacte »
dâune moniale provençale qui serait
conservée depuis le XIV
e
siĂšcle dans
une chapelle aux Arcs-sur-Argens. Ce
dossier a la particularitĂ© dâassocier une
enquĂȘte historique sur la biographie de
Roseline de Villeneuve et une Ă©tude
scientifique du corps « parfaitement
conservé » qui lui a été attribué. La
mise en parallÚle de la légende et de
lâHistoire apporte des Ă©lĂ©ments Ă©clai-
rants sur la fabrication de ce mythe.
Le second article est une publication
plus personnelle de lâun de nos mem-
bres qui sous la forme dâun tĂ©moignage
a voulu raconter son parcours de zé-
tĂ©ticien. Lâauteur, qui a prĂ©fĂ©rĂ© garder
lâanonymat pour ne pas impliquer son
Sainte Roseline, une légende fabriquée ?
Ă
www.observatoire-zetetique.org/page/
dossier.php?enquete=3&enqueteId=27
La zĂ©tĂ©tique nâest pas un sport de combat
Ă
www.observatoire-zetetique.org/page/
dossier.php?ecrit=2&ecritId=44
En ligne
entourage, confie avec simplicité son
cheminement Ă travers ses certitudes,
ses questionnements et ses doutes en
livrant ses réflexions sur le « paranor-
mal » qui a toujours fait partie de sa
vie. En tout cas pour lui, «
La zététique
nâest pas un sport de combat
».
ment répertorié les biais de raisonne-
ment tels que les facettes et effets zé-
tétiques qui avaient été dotés par Henri
Broch de noms humoristiques facilitant
leur mémorisation. Il a ainsi formalisé
une typologie de lâoutillage critique en
distinguant trois types dâinterstices
pseudoscientifiques (Ips) : les Ips lexi-
caux, les Ips logico-argumentatifs et les
Ips scénaristiques.
Mais comme lâa soulignĂ© Guillaume
Lecointre, ce regard critique porté sur
lâenseignement et la vulgarisation de la
science nâest pas uniquement destinĂ©
aux enseignants et aux chercheurs
car il questionne finalement tous les
aspects de la communication scienti-
fique.
AprĂšs tous ses compliments, le jury
a adressé à Richard Monvoisin toutes
ses félicitations en lui attribuant le ti-
tre de Docteur de lâUniversitĂ© Joseph
Fourier, sous les applaudissements
et une longue ovation du public. Et le
« pas-tout-Ă -fait-Dr Monvoisin » est Ă
présent Docteur.
Le Jury de la soutenance de Richard (de gauche Ă droite) : Henri Broch, Richard Monvoisin,
Guillaume Lecointre, Claudine Kahane et Patrick LĂ©vy. Dans la salle, mĂȘme Garci-mort Ă©tait prĂ©sent !
Ă
5
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Crédit : Florent Martin
Crédit : Florent Martin
Les actualités du " Paranormal "
ConfĂ©rence de Jacques SalomĂ© sur le campus scientifique de Grenoble : EnquĂȘte
L
âannonce dâune confĂ©rence de
Jacques Salomé, organisée le
9 novembre dans lâamphithĂ©Ăą-
tre Louis Weil de lâUniversitĂ© Joseph
Fourier a surpris certains dâentre nous
Ă lâObservatoire ZĂ©tĂ©tique. Lâalerte que
nous avons fait paraĂźtre, expliquant les
raisons de notre inquiétude est en ligne
sur le blog de lâOZ.
Les nombreuses questions suscitées
par cet événement - Les enseigne-
ments de Jacques Salomé ont-ils un
caractÚre pseudo-médical ? Les ges-
tionnaires de lâamphi Weil se sont-ils
posés la question du crédit
a priori
quâils donnent Ă Jacques SalomĂ© en
autorisant cette confĂ©rence Ă lâuniver-
sité (comme ce fut le cas pour Claude
Sabbah le 30 juin 2007 dans les amphis
de la Sorbonne) ? LâamphithĂ©Ăątre Weil
a-t-il un Ćil sur les critĂšres de scienti-
ficitĂ© des confĂ©rences quâil accueille ?
- nous ont poussĂ©s Ă enquĂȘter.
Au moment oĂč nous Ă©crivons cet arti-
cle, la conférence de Jacques Salomé
nâa pas encore eu lieu mais nous avons
réussi à obtenir des places (les 900
places de lâamphi sont dĂ©jĂ rĂ©servĂ©es
depuis plusieurs jours) et nous assiste-
rons donc à sa présentation dans le but
de nous faire une idée plus précise sur
les théories de ce thérapeute.
En attendant notre compte-rendu, un
extrait de lâĂ©mission
Les charlatans de
la santé
, diffusée le 5 janvier 2004, sur
Lâalerte publiĂ©e sur le blog de lâOZ :
Ă
http://www.zetetique.info/archives/
00000090.html
L'extrait du reportage
Les charlatans de
la santé
:
Ă
http://video.google.fr/videoplay?docid=
2585414461956973574
En ligne
Actualités
Théories créationnistes dans un livre scolaire suisse
D
ans notre newsletter n°28, nous
rapportions la décision la dé-
cision du conseil de lâEurope
de refuser lâenseignement des thĂšses
créationnistes dans un cadre disci-
plinaire autre que celui de la religion.
Nous posions alors la question : «
Pour
les prémunir contre les dangers de
cette pseudoscience, ne faudrait-il pas
surtout expliquer Ă tous les Ă©lĂšves ce
qui différencie véritablement une théo-
rie scientifique étayée par des preuves
comme lâĂ©volutionnisme dâune croyan-
ce basée sur la foi telle que le création-
nisme ?
».
Câest prĂ©cisĂ©ment lâargument qui fut
avancé par la commission chargée
des plans et des moyens dâenseigne-
ments scolaires dans le canton de
Berne (Suisse) pour justifier lâintroduc-
tion des thÚses créationnistes dans un
livre scolaire et leur enseignement aux
Ă©lĂšves au mĂȘme titre que la thĂ©orie de
lâĂ©volution. Cependant, la prĂ©sentation
du créationnisme
et de lâĂ©volution-
nisme dans le
manuel scolaire
de sciences natu-
relles
NaturWert
est loin dâĂȘtre ob-
jective et encore
moins Ă©clairante
sur leurs diffé-
rences, pourtant
fondamentales,
comme le mon-
tre cet extrait :
«
Les croyants pensent que quelquâun
ou quelque chose, un Dieu, un ĂȘtre su-
pĂ©rieur a crĂ©e lâunivers dans sa diversi-
tĂ©, câest ce que lâon appelle la CrĂ©ation.
Par ailleurs, il y a 150 ans environ des
scientifiques ont rĂ©pandu lâidĂ©e quâil nây
aurait pas de Créateur, que la vie se-
rait le résultat de processus chimiques
alĂ©atoires, câest ce quâon appelle la
thĂ©orie de lâĂ©volution.
»
Face Ă la controverse que cette pu-
blication a déclenchée, la Direction
de lâinstruction publique du canton de
Berne est revenue sur sa décision et a
publié le 8 novembre 2007 un commu-
niqué de presse annonçant, en accord
avec lâĂ©diteur, la correction du manuel,
afin dâ«
Ă©tablir plus clairement la dis-
tinction entre science et religion »
. GF
Canal+ vous donnera un aperçu de
lâutilisation par Jacques SalomĂ© de la
« langue des oiseaux », fleuron de la
pratique psychanalytique lacanienne
consistant Ă lire dans lâhomophonie des
mots lâorigine des maux. On retrouve
également ce genre de décodages plus
que discutables en psychogénéalogie
et dans la biologie totale de Claude
Sabbah.
Richard Monvoisin et GĂ©raldine Fabre
Jacques Salomé
donne le 9
novembre Ă
Grenoble une
conférence
dans lâamphi
Louis Weil,
sur le Campus
universitaire. Y-
a-t-il des raisons
de sâinquiĂ©ter ?
Ă
NL 029 - Novembre 2007
6
Actualités -
Festival de Oullins : une présidence du jury controversable
L
e festival du film scientifique de
Oullins ouvre ses portes le 22
novembre 2007, avec une palan-
quée de films intéressants. En 2005, le
comité scientifique de ce festival avait
pris une décision sage en récusant le
documentaire
Homo sapiens
présen-
tant les thĂšses
intelligent design
dâAnne
Dambricourt-Malassé [1].
Cette annĂ©e, sâil ne semble pas y
avoir de problĂšme sur la programma-
tion, câest sur le jury que nous nous
questionnons. En effet, la présidente
2007 nâest autre quâIsabelle Stengers
[2]. Isabelle Stengers est le fer de lance
de la pensée dite « post-moderne »,
prĂŽnant un relativisme cognitif [3] qui,
Ă y regarder de prĂšs, sape totalement
la démarche scientifique (en défendant
par exemple que la science est une
narration au mĂȘme titre que le mythe).
Elle Ă©crit que sa thĂ©orie de lâĂ©cologie
des pratiques exige lâabandon de lâop-
position entre « description fidÚle » et
« fiction », ce qui ne peut que nous
faire dresser des oreilles frémissantes
dâinquiĂ©tudes. Elle a dĂ©jĂ Ă©tĂ© Ă©pinglĂ©e
par le philosophe Bouveresse, le biolo-
giste Lecointre et certains de ses Ă©crits
sont classés dans la catégorie des
impostures intellectuelles par Sokal et
Bricmont [4].
Ayant été dans le comité scientifique
du festival, jâai Ă©crit aux organisateurs
pour les informer. Au 8 novembre, je
suis sans réponse.
Richard Monvoisin
[1] Diffusé le 29 octobre 2005 sur Arte,
le film explique la flexion de la base du
crùne, dont le développement amÚne
Mme Dambricourt-Malassé à défendre
une hypothĂšse
Intelligent Design
.
[2] Jâen avais dĂ©jĂ un peu parlĂ© dans
lâĂ©dito de la newsletter n°26 en expli-
quant que Stengers est par exemple
une fervente défenseuse des thÚses de
la sorciĂšre
Starhawk
.
[3] Quelques lectures limpides sur
ce sujet sont :
Sokal, un débat mal
compris
, Cahiers Rationalistes, n°526,
et surtout le livre de Sokal et Bricmont
impostures intellectuelles, chapitre 3.
[4] Dernier travail en date, lâex-
cellent article de C. Mulet-Marquis,
Postmdernisme anti rationnel chez
Isabelle Stengers
, dans Athané, Guinet
& Silberstein (dir.) MatiĂšre PremiĂšre
2007, Ămergence & RĂ©ductions, pp.
311-320.
Regards croisés sur le dernier colloque du GEMPPI
L
e 6 octobre 2007, Ă Marseille, le
GEMPPI (Groupe dâĂtude des
Mouvements de Pensée en vue
de la Protection de lâIndividu) organisait
un colloque consacré aux « Principes
dâassujettissement et dâinfluence par
des mécanismes mentaux ». Françoise
Mariotti, membre du CZLR (Cercle
Zététique Languedoc-Roussillon) et
Nicolas Gaillard, membre de lâOZ,
sây sont retrouvĂ©s, attirĂ©s par un pro-
gramme alléchant et la présence de
Jean-LĂ©on Beauvois.
Cependant, le colloque ne semble
pas avoir tenu toutes ses promesses Ă
leurs yeux et ils ont souhaité nous livrer
leurs impressions dans ce compte-
rendu croisé.
En détaillant le contenu des présen-
tations auxquelles ils ont assisté, ils
témoignent du mélange de plaisir et
de déception que leur a inspiré cette
journĂ©e. Lâambiance psychanalytique
qui régnait ne semble guÚre les avoir
sĂ©duits⊠Nicolas parle dâun « p
ara-
doxe dans le discours de lâensemble
des intervenants.
» et Françoise,
sur des sujets aussi graves, regrette
«
lâextrĂȘme prudence dont ont tĂ©moi-
gnĂ© les orateurs-trice (âŠ) quelquefois
à la frontiÚre de la tiédeur, voire de la
passivité
».
Dans la newsletter 018 dâoctobre
2006, Richard Monvoisin concluait
avec audace son compte-rendu du col-
loque du 26/10/2006 du GEMPPI, con-
sacré aux « sciences, pseudo-sciences
et thérapeutiques déviantes » : «
Que
voulez-vous : tant que les « penseurs »
au pouvoir dans les rédactions reste-
ront humides de freudisme, tant que les
contenus dâenseignement en facultĂ©
de psychologie imposeront dâemblĂ©e
ce monticule théorique glaiseux et peu
scientifique quâest la psychanalyse, il
ne faudra guĂšre sâĂ©tonner.
»
LâhumiditĂ© persistera-t-elle ? Câest
avec cette question en tĂȘte que je me
suis rendue le 6 octobre Ă Marseille
pour le dernier colloque du GEMPPI,
cette fois-ci intitulĂ© « Principes dâas-
sujettissement et dâinfluences par des
mĂ©canismes mentaux â manipulation
mentale : approche éthique ». Huit
interventions prévues (deux interve-
nantEs) oĂč lâon dĂ©nombre six psycholo-
Lâavis de Françoise Mariotti
Le 6 octobre 2007, le GEMPPI organisait
un colloque intitulĂ© « Principes dâassujettis-
sement et dâinfluence par des mĂ©canismes
mentaux ».
Ă
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NL 029 - Novembre 2007
Actualités
de sujétion, isolement par rapport à la
famille, exigences financiĂšres) et non
sur les sectes proprement dites, cha-
cun Ă©tant libre de ses croyances. F.
Chalmeau prend le relais pour traiter
des pseudo-thérapies psychosomati-
ques quâelle prĂ©sente comme des « of-
fres caricaturales » pouvant présenter
des dérives sectaires et induisant pour
les patients malades des risques en
terme de « perte de chances » de gué-
rir. Il paraĂźt que le ministĂšre des affaires
sociales en fait une préoccupation im-
portante et va en parler bientĂŽt. Seront
décrites rapidement la naturopathie, les
« nouvelles médecines » du Dr Hamer,
la médecine anthroposophique (com-
munication facilitée), la kinésiologie, le
respirianisme, puis les pratiques plus
fondĂ©es sur lâirrationnel et la quĂȘte de
spiritualité comme le reiki.
J.-L. Beauvois, psychologue social
(donc expérimentaliste) rentre dans
le vif du sujet en nous présentant des
techniques courantes de manipula-
tions. Je renvoie carrément à la vidéo
du cours de Richard Monvoisin (voir
newsletter de lâOZ n° 22). Son discours
paraßt à quelques-un-es antilibéral et un
certain mécontentement sera percepti-
ble. (Nicolas Gaillard de lâObservatoire
ZĂ©tĂ©tique prĂ©sent mâassurera que le
mien lâĂ©tait aussi Ă lâĂ©coute des humidi-
tés psychanalytiques). Sa conclusion ?
La liberté est un trait de situation et non
un trait de personnalité, elle est surtout
un « opĂ©rateur idĂ©ologique dâaliĂ©na-
tion » (plus on vous persuade que vous
ĂȘtes libre, moins vous exercez votre
liberté).
AprĂšs la pause sandwich, J.-L.
Swertvaegher, psychologue clinicien,
va dĂ©tailler le parcours dâune per-
sonne sortie dâune emprise sectaire.
Comment sâeffectue le dĂ©clic ? Un petit
détail insistant⊠un endroit de doute :
« le fait que je sois dans ce groupe
est-il bon pour moi ? ». La chute psy-
chologique Ă la sortie est de lâordre du
« quâest-ce quâon mâa fait pour que je
me sente dans ces Ă©tats-lĂ ? ». Câest
aux thérapeutes de pouvoir décrire ce
qui sâest passĂ© pendant la thĂ©rapie de
ces personnes, situation par situation.
Il apparaĂźt efficace : quâelles puissent
sâinstaller dans une posture de victime
reconnue, et que lâon puisse se servir
Ă leur encontre des concepts de la
psychologie Ă savoir manipulation, em-
prise, soumission librement consentie.
En fait, lâentrĂ©e en secte nâaurait pas
comme préalable un état de fragilité
particulier qui les rendrait sensibles Ă
certaines idĂ©es. Il y a une rencontre Ă
un moment donnĂ©. Lâorateur parle des
« vérités sectaires » qui correspondent
quelquefois Ă des idĂ©aux que lâon ne
veut pas lĂącher et qui nous rendent
sensibles Ă de nouvelles propositions,
qui, fait nouveau, cohabitent ensemble.
Les divers mondes proposés par les
sectes constituent un amalgame quâil
est quelquefois difficile dâanalyser.
Puis M. Maurer, psychologue clini-
cienne, détaille les dérives de pseudo-
thérapies qui usent de méthodes non
éprouvées objectivement, entraßnent
la dépendance du patient, et le for-
matent autour de nouvelles formes de
pensées. (non elle ne parle pas de
psychanalyseâŠ). Parmi ces dĂ©rives,
le recours aux « énergies », au déco-
dage des souffrances antĂ©rieures, Ă
lâĂ©change de sensualitĂ© et de sexualitĂ©.
Elle rappelle le combat pour la défini-
tion du titre de psychothérapeute, qui
devrait ĂȘtre rĂ©servĂ© aux psychologues
cliniciens, aux médecins et aux psy-
chanalystes (quâelle a vu arriver avec
surprise dit-elle dans les débats). Au
moment des questions, je rappelle â ou
jâinforme â quâil nây a officiellement
quâun titre gĂ©nĂ©ral de psychologue,
avec un code de déontologie commun,
et que la séparation des cliniciens qui
seuls se revendiqueraient de faire de
la psychothérapie est abusive. Avant le
philosophe P. Le Coz qui concluera sur
le danger des coachs (quelle formation,
quelles pratiques, dans quels lieux ?),
un dernier psychiatre psychanalyste,
P.J. Parquet, parlera de sa pratique
avec ses patients, dans laquelle je
reconnaĂźtrai les principes de la psy-
chothĂ©rapie de Carl Rogers. Jâaurai le
malheur de le lui dire respectueuse-
ment, et il me renverra ironiquement
que se nommer « rogérien » est ré-
ducteur et ne veut rien dire, ce Ă quoi
je lui rĂ©pondrai â avec difficultĂ© car ce
monsieur ne voudra plus me répondre
â que lui-mĂȘme sâest dĂ©nommĂ© « psy-
chanalyste » à trois reprises dans son
exposĂ© et que je ne vois pas oĂč est la
diffĂ©rence, Ă se rĂ©clamer dâune thĂ©orie.
Il me rĂ©pondra quand mĂȘme quâil ne
sâen souvient pas mais que «
si câest
vrai, je suis un con
».
Les débats furent moins vifs et moins
critiques que lors du colloque précé-
dent, lâextrĂȘme prudence dont ont tĂ©-
moignĂ© les orateurs-trice mâont semblĂ©
quelquefois à la frontiÚre de la tiédeur,
voire de la passivité.
Françoise Mariotti (CZLR)
gues cliniciens (voir plus bas), un psy-
chiatre, un psychiatre-psychanalyste,
un professeur de psychologie sociale,
une membre de la MIVILUDES⊠et
le mĂȘme philosophe qui conclut la
journĂ©e avec le mĂȘme sujet que lâan
dernier : nous parler de son livre sur «
lâempire des coachs ».
Le premier orateur, E. Dudoit, psy-
chologue clinicien, tente pendant 1h
de nous faire partager son expérience
au chevet des malades (câest le titre de
son intervention). Las, il insiste sur son
passĂ© dâĂ©tudiant en thĂ©ologie (il finira
en souhaitant effectivement que dieu
lui parle) et ses citations nombreuses
dâautoritĂ©s indiscutables (Kant, Lacan,
GibranâŠ) Ă©mailleront un discours dĂ©-
cousu que jâai renoncĂ© Ă comprendre.
Ah si, jâai notĂ© : «
ne pas vouloir concur-
rencer les gourous mais pour autant,
ne pas leur laisser la place
». Au sujet
de ses patients en service dâoncologie,
il dira seulement que son métier est de
repérer dans leur psychisme une petite
tache noire et dâaller la gratouiller⊠Je
nâapprendrai rien dâautre, sauf Ă lâen-
tendre se revendiquer dâune humilitĂ©
professionnelle que son attitude per-
sonnelle - il dit lui-mĂȘme quâil est hystĂ©-
rique et narcissique - pourrait démentir.
Puis M. Monroy, psychiatre, traite de
lâirrĂ©versible dans lâemprise sectaire et
décortique habilement divers proces-
sus Ă lâĆuvre par les sectes pour durer
et sâĂ©tendre, en Ă©vitant lâobsolescence.
Il cite cinq Ă©tapes structurelles pour
parvenir Ă lâobĂ©issance durable des
adeptes :
3â4
lâappartenance sectaire Ă vivre
comme une loyauté ;
3â4
lâancrage dans un passĂ© mythique :
recours à des connaissances millé-
naires, dâoĂč le paradoxe « alternatif »
dâĂȘtre nouveau avec des choses an-
ciennes ;
3â4
occupation du temps et du terrain,
en faisant agir les adeptes sous le
regard des autres (temps collectifs
intenses) ;
3â4
recours Ă lâauto-duplication, pour
durer ;
3â4
parades spĂ©cifiques Ă lâorganisa-
tion ;
Avant de passer la parole Ă sa col-
lÚgue, la représentante officielle de
la MIVILUDES rappelle quâil sâagit
pour cette mission gouvernementale
(dépendant des affaires sociales) de
travailler uniquement sur les dérives
donc sur les plaintes des victimes des
sectes (emprise mentale, mise en Ă©tat
NL 029 - Novembre 2007
8
Actualités -
Câest en plein milieu des derniers Ă©vĂš-
nements de lâovalie mondiale, que je
suis descendu à Marseille, alléché par
le programme du GEMPPI, le groupe
dâĂ©tude des mouvements de pensĂ©e en
vue de la prĂ©vention de lâindividu, qui
ne pouvait quâintĂ©resser le zĂ©tĂ©ticien
que je suis, passionné par les thérapies
bizarres, les mouvements sectaires et
lâutilisation de la psychologie dans ces
bazars.
«
Principes dâassujettissement et
dâinfluence par des mĂ©canismes men-
taux. Manipulation mentale : approche
Ă©thique
» câest un peu aller voir un film
dont on vous compte louanges depuis
des mois : câest bien, mais finalement
décevant. Attention, ma relative dé-
ception ne doit pas escamoter la qua-
litĂ© de lâaccueil et de lâorganisation du
GEMPPI au travers de Didier Pachoud,
qui nâa eu de cesse durant toute la
journée que cette manifestation soit
rĂ©ussie et agrĂ©able et elle lâa Ă©tĂ©, câest
incontestable !
Non plus les interventions de haut
vol qui ont ponctué la journée, dans le
désordre :
Jâai Ă©tĂ© captivĂ© par le rĂ©cit de la
démarche pragmatique de Jean Luc
Swertvaegher qui avec Tobie Nathan
ont recueilli en entretiens les témoi-
gnages dâanciens membres de sectes
sur leurs vécus, leurs souffrances
actuelles. Ils ont tenté de comprendre
comment les victimes se situaient par
rapport à cette expérience traumatisan-
te, leurs perceptions, leurs représenta-
tions de celle-ci. Il en ressort souvent
un sentiment dâavoir Ă©tĂ© abusĂ©, oĂč sa
propre pensĂ©e nâest plus fiable : « est-
ce moi qui pense oĂč est-ce un rĂ©flexe
conditionné par le groupe ? »
Jâai Ă©galement Ă©tĂ© trĂšs intĂ©ressĂ© par
le psychiatre Michel Monroy qui offre
une approche des mécanismes sec-
taires, notamment en dissociant deux
aspects de la dépendance dans les
sectes : lâemprise verticale dâun gourou
et lâemprise horizontale dâun groupe,
qui devient un groupe dâemprise dura-
ble et inconditionnelle. Il a évoqué éga-
lement « lâĂ©tanchĂ©itĂ© intellectuelle »
nĂ©cessaire Ă lâemprise.
LâĂ©clairage sur les caractĂ©ristiques
de lâemprise dâun groupe (citĂ©es prĂ©cĂ©-
demment par Françoise) est trÚs perti-
nent et élÚve le débat du phénomÚne
sectaire dans le chant de la psycholo-
gie de lâinfluence et de lâengagement.
Quelle transition alors pour boire les
paroles de Jean-léon Beauvois, dont
je ne me lasse pas dâassister Ă son
psycho-show ! Encore une fois, il Ă©mer-
veille par le choix des exemples et la
facilité avec laquelle il rend compte au
travers de la psychologie sociale des
mĂ©canismes obscurs de lâinfluence,
rendant cela passionnant. Sa présence
sur lâestrade (qui est devenue scĂšne
pour lâoccasion) a dĂ» ĂȘtre entravĂ©e
par une chaise habilement disposée
par Didier Pachoud pour ne pas quâil
sâapproprie tout lâespace et le temps
du colloque !
Quel fut donc mon Ă©tonnement quand
dâautres intervenants prirent presque
en dérision sa prestation en invoquant
non le clown fabuleux mais la grande
froideur de la psychologie expérimenta-
le. Jây ai reconnu lâinvocation dâun droit
au rĂȘve, que les choses ne sont pas si
simples, au quel cas câest bien tristeâŠ
arguments qui ont finis de me convain-
cre dâun paradoxe dans le discours de
lâensemble des intervenants.
Ce paradoxe nous est posé réguliÚ-
rement Ă lâOZ : pouvez-vous appliquer
la dĂ©marche zĂ©tĂ©tique Ă elle-mĂȘme ?
vous parlez dâeffet paillasson, mais
avez-vous balayé derriÚre le votre ?
En effet, Ă prĂŽner lâesprit critique il se-
rait bizarre de nous en dĂ©tacher Ă lâoc-
casion, quand cela nous arrange ! La
zététique est une démarche basée sur
la recherche, lâinvestigation, la mise en
perspective, alors oui, il est nécessaire
dâĂȘtre rigoureux.
Et câest prĂ©cisĂ©ment cela que je repro-
che Ă une majoritĂ© dâintervenants que
je nâai pas citĂ©, câest Ă dire lâinaptitude,
lâimpossibilitĂ© ou lâabsence de volontĂ©
dâappliquer Ă leur propre discipline les
critiques quâils mettaient en lumiĂšre
dans les mouvements sectaires ou
autres psychothérapies déviantes.
Jâentends parler de systĂšme de
pensée dogmatique dans les groupes
sectaires avec des exemples qui, soit
provoquent lâindignation de la salle,
soit son fou rire le plus gras, puis du
bien fondé de la psychanalyse comme
model de compréhension théorique
notamment Lacanienne, qui, soit-dit
en passant, nâa rien Ă prouver : je
gronde !
Jâentends parler de lâutilisation mal-
veillante de la PNL par des charla-
tans qui dévoient son utilisation : je
mâĂ©trangle ! (jâai secouĂ© les bras, mais
Françoise a monopolisĂ© lâassemblĂ©e !
NDLA)
Il est difficile de prime abord de
fixer une limite dans le domaine de la
psychothérapie, sur quels éléments
sâappuie-t-on pour diffĂ©rencier les pra-
tiques ?
Un dĂ©but de rĂ©ponse : câest en premier
lieu au travers de la vérification des al-
légations souvent pseudo-scientifiques
et peu modestes, dâune recherche sur
les fondements qui souvent trouvent
leur terreau dans le courant new-age
et de la documentation déjà disponible
qui est souvent plus importante que lâon
peut croire, que lâon peut se faire une
premiÚre idée.
Cela dit quelquâun a dit une chose
trÚs vraie concernant la psychothéra-
pie : «
Si leur référence théorique doit
sâimposer Ă lâautre, il nây a alors plus de
respect pour lâautre et on se rapproche
de lâemprise.
» Ă bon entendeurâŠ
Nicolas Gaillard (OZ)
Lâavis de Nicolas Gaillard
9
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@
Actualités
Le Bazar du Bizarre
On trouve tout sur internet... Morceaux choisis.
Les sorciĂšres
dâHalloween
chassées des écoles
moscovites
Les petits moscovites nâont pas
eu le droit de fĂȘter Halloween
cette annĂ©e car comme il lâa
expliqué à la presse, le porte-
parole des services scolaire de
la ville de Moscou, Alexander
Gavrilov estime que cette fĂȘte
qui comporte «
des éléments
religieux, le culte de la mort,
la parodie de la mort
» est
«
destructrice pour les esprits et
la santé morale et spirituelle des
Ă©lĂšves
». GF
Le pervers pépÚre à travers les ùges
(Charlie Hebdo 7 novembre, p. 9)
Charlie Hebdo ne va pas trĂšs bien.
Cette semaine, en double page, «
le pervers pépÚre à travers les
Ăąges », sâentretient avec⊠Elisa-
beth Roudinesco (que nous avons
déjà discuté dans les NL n°11, et
n°19 et dans le dossier de Jean-
Louis Racca « Peut-on critiquer la
psychanalyse ? »). Bref, de quoi
tomber de sa chaise. AprĂšs une analyse psychosociologique aussi
fi ne quâune dĂ©coupe Ă la hallebarde, Mme Roudinesco Ă©crit tout de
mĂȘme ce qui est peut ĂȘtre le seul passage avec lequel il est presque
possible dâĂȘtre dâaccord : «
Le renouvellement des obscurantismes
est toujours un symptĂŽme du scientisme et il nâest pas si surprenant
que ce soit dans les pays les plus civilisés et les plus scientifi ques
que lâon donne crĂ©dit Ă des gens comme David Servan-Schreiber,
par exemple, câest-Ă -dire Ă la guĂ©rison du cancer par les poireaux
».
Les thÚses de Mme Roudinesco sont comme la théorie des signatu-
res de Paracelse ou lâastrologie de Mme Teissier. MĂȘme sans fonde-
ment théorique recevable, il arrive parfois de tomber juste. RM
Bougez, mangez
léger et buvez l⫠eau
spirituelle »
Spiritual Brands
débarque sur le
marché américain
de lâeau minĂ©rale
en proposant une
« eau spirituelle »
vendue en bou-
teille, pour 1,79 $
les 0,5 L. Son Ă©ti-
quette Ă lâeffi gie de
JĂ©sus propose aux
consommateurs
une priÚre censée leur remonter
le moral. Pour le moment, seul
le christianisme est exploité mais
dâautres religions devraient subir le
mĂȘme traitement. Le slogan de la
marque «
Read the Prayer... Drink
the Water... Believe in God ! Belie-
ve in Yourself !
» (Lisez la priĂšreâŠ
Buvez lâeauâŠ
Croyez en Dieu !
Croyez en vous-mĂȘme !
). GF
Lâhomme qui passait de la musique Ă lâoreille de ses vignes
(Libération, le 30 octobre 2007)
«
On savait que la musique adoucissait les moeurs, Jean-
Marie Zerr assure, quant Ă lui, quâelle donne du goĂ»t au vin.
Ce viticulteur alsacien a mis Brahms, Beethoven et Mozart au
service de ses vignes affi rmant, mardi Ă Dangolsheim (Bas-Rhin),
quâil obtient ainsi des vendanges tardives « plus aromatiques »
(âŠ) en inondant sa vigne de musique classique et de «f rĂ©quences
sonores de deux à trois minutes », les rythmes modernes et
urbains Ă©tant strictement bannis.
».
Entre biodynamique et effet Backster, revoici les mythes bien
Nouvel Ăge qui resurgissent. Ă lâOZ, les amateurs de vin, lĂ©gion,
sont prĂȘts Ă organiser des tests en double aveugle pour Ă©valuer lâeffi cacitĂ© de la
mĂ©thode. Et sâil nâamĂ©liore pas les vins, lâ « effet » de Zerr contribuera au rĂ©chauffement
climatique.
Il paraßt que M. Zerr voudrait appeler sa prochaine cuvée la « mélodie du bonheur ».
Espérons que cela ne vienne pas aux oreilles de Jean-Claude Perez. Car Perez, lui, est
lâauteur de la « partition du charançon ». RM
NL 029 - Novembre 2007
10
Actualités
Actualités -
Echos
Vous avez la parole
On en parle sur la liste de lâOZ
R
egain dâactivitĂ© sur la liste
« zététiciens » ce mois-ci, les
échanges sont passionnés et
nos boites mails explosent. Sâil nâest
pas toujours Ă©vident de suivre et de
participer Ă tous les fils de discussion,
leur variété permet à chacun de choisir
ce qui lâintĂ©resse. Le sujet des ovnis,
des crop circles, des expériences de
parapsychologie, mais aussi du fan-
tÎme de Lucie, de la définition du para-
normal, des « messages de lâeau », des
synchronicités, du Quotient Intellectuel,
de la « mĂ©moire cellulaire » et mĂȘme
des dangers des ampoules basse con-
sommation, ont été entre autres abor-
dés ces derniÚres semaines. Revenons
sur certains dâentre eux.
Dans notre newsletter n°27, nous
avions Ă©crit un article sur lâOVNI de
Chambley observé sur des photogra-
phies prises lors du Mondial Air Ballons
le 5 août dernier. Nous y mentionnons
quâune tache de forme oblongue appa-
raissant sur certaines photos «
intrigue
les ufologues.
». Pour éviter les géné-
ralisations hĂątives et injustifiĂ©es, lâufolo-
gue Patrick Gross nous a demandé de
corriger en «
certains ufologues
» (la
correction a été faite).
Dans cet article, nous discutions de la
validitĂ© de lâhypothĂšse de la poussiĂšre
sur le capteur de lâappareil photo. Il
nous semblait, en effet, Ă la lecture du
site internet rapportant lâobservation,
que cette hypothÚse avait été un peu
vite Ă©cartĂ©e. De son cĂŽtĂ©, Ăric Maillot
nous avait fait part de la forte probabi-
litĂ© quâil puisse sâagir tout simplement
dâune feuille morte, hypothĂšse quâil
a Ă©tayĂ©e dâarguments intĂ©ressants.
LâidĂ©e est Ă©galement dĂ©fendue par
Patrick Gross, notamment sur son site
Ufologie.net, mais rejetée par un autre
ufologue, Christian Comtesse, présent
Ă©galement sur notre liste et qui travaille
depuis plusieurs mois sur cette affaire.
Christian Comtesse ne souhaitant pas
dĂ©voiler les rĂ©sultats de son enquĂȘte
avant la fin de celle-ci, nous attendons
tous impatiemment ses conclusions et
espĂ©rons quâil nous les livrera sur la
liste.
Car des révélations, nous en avons
eues ce mois-ci. Cereal Killer nous a
en effet annoncé « la vérité sur les crop
circles de Waterloo » apparus ces deux
derniÚres années en Belgique en nous
postant une vidĂ©o le montrant Ă lâĆuvre
avec un groupe dâamis. Ă lire sur son
site, tous les dĂ©tails de lâ« enquĂȘte »
et ses confessions. Sur notre liste, il
avoue Ă©galement quâ«
avec tout ce que
jâai appris de mon expĂ©rience grandeur
nature depuis deux annĂ©es, je suis prĂȘt
Ă mettre en jeu une somme de 20.000
euros Ă toutes personnes capables de
mâapporter une preuve indiscutable
dâun « vrai » crop circle.
».
La liste « zététiciens » est une liste
publique administrées par les mem-
bres de lâOZ. Pour sâinscrire, il suffit
dâenvoyez un mail Ă zeteticiens-subs
cribe@yahoogroupes.fr ou de remplir
lâencadrĂ© « Liste de discussion » sur
notre site web. Les deux seules rĂšgles
auxquelles les contributeurs sont tenus
de sâastreindre sont : courtoisie et argu-
mentation.
La liste publique de discussion de l'OZ :
Ă
http://fr.groups.yahoo.com/group/
zeteticiens/
En ligne
11
NL 029 - Novembre 2007
La tache observée sur les photos du Mondial Air Ballons en
août dernier est-elle une soucoupe volante extraterrestre,
une feuille morte, un ballon, ... ou autre chose ? Les avis
divergent mais ceux qui nâont pas de certitude sâaccordent
sur le fait que câest un OVNI : un objet volant non identifiĂ©.
Et les crop circles ? agroglyphes humains, messages
extraterrestres,... ou autre chose ? En tout cas, celui-lĂ est
signé Cereal Killer.
Ă
Ă
Crédit : V
incent Mahieu
Dossier
L
e 3 novembre dernier Arte dif-
fusait dans le cadre de son
émission « Connaissance et
dĂ©couverte : lâaventure humaine » le
documentaire « Lascaux, le ciel des
premiers hommes », avec pour invita-
tion «
Et si la grotte de Lascaux Ă©tait
dâabord un temple dĂ©diĂ© aux constella-
tions célestes ?
» [1]. Ce film de 55 mn
[2] - également diffusé lors du festival
Pariscience - visait Ă suivre Chantal
JÚgues-Wolkiewiez, «
chercheuse in-
dépendante, ethno-astronome
» [4],
et à illustrer plusieurs de ses théories
audacieuses en la matiĂšre.
Toutefois, cette diffusion pose problĂš-
me, et ce Ă quatre titres distincts qui en
rendent la critique plus complexe :
3â4
Les théories avancées (les grottes
ornées françaises ont des orientations
spéciales, les fresques de Lascaux
sont des cartes astronomiques préci-
ses, la tablette dâos de lâabri Blanchard
est un calendrier lunaire) sont pour
le moins audacieuses, apparemment
largement non acceptées par la com-
munauté scientifique [12], et plusieurs
arguments avancés sont soit douteux,
soit nécessiteraient de disposer de pré-
cisions importantes mais non fournies
pour en juger (pas mĂȘme sur le site de
Chantal JĂšgues-Wolkiewiez [6]).
3â4
Les réalisateurs du documentaire
ont ajouté des commentaires oraux
et des illustrations, que lâon pourrait
facilement considérer comme ceux de
la chercheuse, mais qui en sont possi-
blement des réinterprétations, difficiles
Ă discerner de lâoriginal (en particulier il
est fort possible quâon nous montre des
cartes du ciel « illustrant » le principe
sans que ce soient réellement celles al-
lĂ©guĂ©es, qui elles-mĂȘmes apparaissent
Ă un court moment [5]). En outre, les
reporters apportent par moment un ton
plus coutumiers de défenseurs du « pa-
ranormal » (sur le thÚme du génie isolé
méprisé par la communauté scientifi-
que) que dâun reportage scientifique.
3â4
Une chaĂźne culturelle accepte
dâutiliser en support Ă la diffusion des
savoirs un reportage à la gloire de théo-
ries soutenues Ă peu prĂšs uniquement
par leur auteur, agissant en marge de la
communauté scientifique, dans un re-
portage tenant par moment des propos
plutÎt « scientophobes ».
3â4
Une partie importante de lâenviron-
nement socio-médiatique autour de la
chaĂźne et des producteurs (site des
producteurs et photographes, sites des
magazines et rubriques télé [3]) fait fi
des derniers conditionnels prudents
pour claironner de pures affirmations,
et annoncer quâon nous prĂ©sente les
meilleurs spécialistes : en somme, il
nây a que du certain, scientifiquement
approuvé.
Les allégations de Chantal
JĂšgues-Wolkiewiez
3â4
Lâorientation des grottes ornĂ©es (et
elles seules) serait dirigée vers une
direction solaire remarquable (lever ou
coucher de solstice ou dâĂ©quinoxe, soit
six possibilités). Cette théorie prend ra-
cine dans la thĂšse de Chantal JĂšgues-
Wolkiewiez sur le site de la Vallée des
Merveilles, et se poursuit par lâĂ©tude de
130 grottes et abris ornés (dont seuls
Ă
Le documentaire « Lascaux, le ciel des premiers hommes » diffusé sur Arte le 3 novembre 2007
était consacré aux théories audacieuses de Chantal JÚgues-Wolkiewiez, chercheuse indépendante,
ethno-astronome, concernant la signification et lâutilisation des peintures rupestres du site de
Lascaux.
« Lascaux, le ciel des premiers hommes »
ou La scientifique indépendante, le reporter et
la chaĂźne culturelle
Une analyse de Fabrice Neyret
NL 029 - Novembre 2007
12
Crédit : Pascal Goetgheluck
«
Et si la grotte de Lascaux Ă©tait un temple
dédié aux constellations célestes ?
», se
demande Chantal JĂšgues-Wolkiewiez. Les
peintures pourraient basées sur leur carte
precise.
Ă
quatre ne se conformeraient pas), puis
de nombreuses grottes et abris non
ornĂ©s (qui nâauraient pas de direction
privilégiée).
Cette affirmation tinte immanquable-
ment Ă lâoreille du zĂ©tĂ©ticien, car elle
ressemble Ă dâautres de mĂȘme forme
en matiĂšre dâastrologie, ou plus gĂ©nĂ©-
ralement, dâinterprĂ©tation des coĂŻnci-
dences. En effet, on nous dit quâil existe
6 directions importantes. On peut ima-
giner que nos ancĂȘtres ont plutĂŽt choisi
des grottes cÎté soleil. Toutes ces grot-
tes sont donc en gros a ± 20° dâune
de ces 6 directions. Il est donc crucial
dâavoir un critĂšre prĂ©cis sur ce qui cons-
titue ou non une coĂŻncidence : est-ce
juste de faire grossiĂšrement face, ou
est-ce un critÚre bien plus sélectif ? Et
pour commencer, comment définir une
valeur prĂ©cise de lâorientation dâune
grotte ou de son ouverture ? Le repor-
tage nâen dit mot, ni le site de Chantal
JĂšgues-Wolkiewiez [6] (les notions
dâincertitude, de marge dâerreur, dâinter-
valle, en semblent exclues). En consé-
quence, peut-ĂȘtre que lâallĂ©gation rĂ©elle
est précise et donc recevable, malheu-
reusement rien ne le laisse transparaĂź-
tre. Par ailleurs les allégations ajoutent
parfois la position lunaire, dont il sem-
ble difficile de prévoir les conjonctions
avec les solstices quand on ne connait
la date dâoccupation quâĂ quelques siĂš-
cles ou millénaires prÚs ! (Et pourquoi
lier Lune et Ă©quinoxe ?)
3â4
Dans la partie profonde de Lascaux,
le « panneau des bisons adossés » et
la « rotonde des animaux » représen-
teraient, respectivement, les trois direc-
tions solaires remarquables, et tout le
zodiaque de façon assez précise (poin-
tage céleste vu comme si les parois de
la grotte Ă©taient transparentes).
Les correspondances présentées
par le documentaire sont quasi-mira-
culeuses : les trois directions passent
exactement par le centre de lâoeil des
deux bisons et le croisement de leurs
queues ! De mĂȘme, la superposition
à la fresque de la rotonde du « pla-
nĂ©tarium » dâĂ©poque (reconstituĂ© par
ordinateur) qui nous est montrée dé-
toure pratiquement les animaux Ă la
prĂ©cision du trait de crayon ! [5]. MĂȘme
pour un schĂ©ma dâaujourdâhui une telle
exactitude serait suspecte.
Par ailleurs, se pose Ă©videmment la
question du point de rĂ©fĂ©rence dâoĂč les
angles sont mesurĂ©s : sa position nâest
pas évoquée (on nous dit «
en se met-
tant devant le panneau
» ou «
au centre
de la salle
»), mais 10 cm de décalage
dans nâimporte quelle direction et adieu
lâalignement parfait ! Par ailleurs, sur le
site de Chantal JĂšgues-Wolkiewiez, on
apprend que lâon fait en outre tourner
le temps pour trouver lâĂ©poque oĂč les
constellations collent le mieux. Dâautant
que la datation du site Ă©tant estimĂ©e Ă
3000 années prÚs, cela donne une im-
précision de 12% sur la précession des
équinoxes à appliquer ! (Certes, la mé-
thode prétend justement aussi permet-
tre dâĂ©tablir des datations, mais alors
comment les valide-t-on ?)
Concernant la prĂ©cision excessive, Ă
sa décharge, je me demande toutefois
sâil nâexiste pas deux cartes [5] : la mi-
raculeuse, possiblement fabriquée par
les producteurs pour illustrer le propos
(quel danger que la preuve par lâima-
ge !), et la sienne, moins exagérément
parfaite, avec des Ă©toiles tombant en
dedans et en dehors des animaux.
Reste le problĂšme de savoir sur quels
critĂšres les points ont Ă©tĂ© choisis : sâagit
il dâune dangereuse construction « Ă re-
bours » (on regarde ce qui colle, puis
on lâinterprĂšte, avec le mĂȘme risque de
conclusions inadĂ©quates quâen numĂ©-
rologie), ou dâune prĂ©diction-vĂ©rification
(on considĂšre
a priori
une configuration
logique de constellation, on la projette,
et on juge du résultat) ? Y a-t-il ou non
un tri des donnĂ©es (on sâintĂ©resse uni-
quement aux cas qui marchent) ? Allez
savoir. Toutefois, plusieurs éléments du
site de lâauteur [4] vont dans le sens
dâinterprĂ©tations Ă rebours (mais il nâest
pas exclu que cette pratique soit cou-
rante dans des disciplines trÚs interpré-
tatives, de mĂȘme quâune certaine ten-
dance Ă voir partout des clous quand
on nâa quâun marteau Ă disposition). Et
si lâon se laisse mĂȘme le loisir de faire
tourner le temps (et donc la configura-
tion céleste), on peut se demander si
lâon ne finit pas toujours par trouver ce
quâon cherche...
Ă noter que si lâon peut se demander Ă
juste titre comment il aurait été possible
Ă nos ancĂȘtres de noter les positions
cĂ©lestes Ă lâextĂ©rieur et de les reporter
Ă lâintĂ©rieur de la grotte (une des rares
critiques traitée dans le reportage), ceci
ne constitue pas en soit une objection
valable : ne pas savoir imaginer com-
ment une tĂąche a pu ĂȘtre rĂ©alisĂ©e nâest
pas une preuve quâelle nâa pas pu ĂȘtre
rĂ©alisĂ©e (absence de preuve nâest pas
preuve dâabsence).
3â4
La tablette dâos aux 69 points de
lâabri Blanchard serait un calendrier
lunaire.
Jâai trouvĂ© les explications particu-
liÚrement nébuleuses (pourquoi 69
points pour un calendrier des phases
lunaires ? Ce qui est représenté, et les
positions sur la tablette, correspondent
Ă quoi au juste ?). Et Ă nouveau, on
nous montre une coĂŻncidence parfaite
entre positions simulées et trous sur la
planche !
ĂlĂ©ments narratifs des
reporters
Comme on lâa dit plus haut, il est
possible que plusieurs éléments de
discours ou dâiconographie soient
imputables aux rĂ©alisateurs et non Ă
lâallĂ©gatrice (et mĂȘme si elle est sensĂ©e
les avoir validĂ©s, on sait quâil est en
pratique difficile de contrĂŽler le travail
de journalistes). Il est donc difficile de
faire le tri.
Il y a une logique de progression dans
le rĂ©cit, par degrĂ© dâhardiesse dans les
allégations : directions solaires particu-
liÚres à la Vallée des Merveilles, puis
dans les orientations des grottes, puis
dans la premiĂšre fresque de Lascaux,
phases de la Lune dans la tablette dâos
de lâabri Blanchard, pour finir par les
constellations dans la seconde fresque
de Lascaux. Cela pourrait sâinterprĂ©ter
comme une volontĂ© dâaccompagner une
spirale dâengagement du spectateur
(comme par exemple dans le documen-
Dossier -
13
NL 029 - Novembre 2007
Les cartes du ciel faisant correspondre les
constallations et les peintures de Lascaux
sont-elles exactes ou reconstruites ?
Ă
Crédit : Pascal Goetgheluck
taire
Opération Lune
[9] poussant de
plus en plus loin lâaudace dâarguments
« prouvant » que les AmĂ©ricains nây sont
jamais allĂ©s). Mais cela peut nâĂȘtre aus-
si quâun procĂ©dĂ© narratif gardant le plus
spectaculaire pour la fin.
On trouve tous les poncifs des repor-
tages de « sensasciences » (souvent
douteux), assénés de maniÚre répé-
titive : trĂšs nombreux calculs, grand
nombre de kilomĂštres parcourus...
elle bouleverse les interprétations
...
ses résultats sont troublants
, voire
trĂšs
troublants
(terme largement repris par
la presse ; jâen viens Ă penser que son
usage est en lui-mĂȘme un signal dâalar-
me)...
elle est dâabord incrĂ©dule, puis
doit se rendre Ă lâĂ©vidence... elle essuie
les sarcasmes et critiques de la com-
munauté
(vite balayés)... pourtant une
ou deux personnes sont intéressées
(qui lui ressemblent, et câest bien sĂ»r
celles quâon interroge ; par contre on ne
saura rien de la teneur des critiques).
Le lancement prĂ©vient quâil nâexiste
aucune théorie révélant le sens profond
des fresques de Lascaux (donc a priori
quâil existe une rĂ©vĂ©lation profonde Ă
trouver).
Le final prĂ©cise quâil faudra encore
confirmer par dâautres expĂ©riences,
mais quâau bout il y a cette nouvelle
comprĂ©hension de nos ancĂȘtres (bref,
sur le fond cette théorie établie claire-
ment la vérité, mais juste pour la forme
on peut encore fignoler).
Mais le plus gĂȘnant, câest lâangle
« anti-establishement » adopté en fil
rouge, et dâhabitude plutĂŽt lâapanage
des zélateurs de pseudosciences usant
de leur classique syndrome Galilée :
3â4
Câest une «
chercheuse indépen-
dante
» (donc agissant en marge de la
communauté et hors laboratoire, et ne
publiant à peu prÚs pas ses résultats [6]
- elle a toutefois une thĂšse de doctorat
[7]. Mais on nous présente plutÎt ce
statut dâ« indĂ©pendant » sous lâangle
de la bravoure et de la ténacité).
3â4
0n nous répÚte que ces théories
sont unanimement rejetées par la
communautĂ© scientifique [12], mais jâai
lâimpression que ce rejet est avancĂ© par
les reporters comme un élément positif
(précurseur, adversité, bref... Galilée).
Transformées en « sarcasmes », cri-
tiques et objections sanctifient lâhĂ©-
roĂŻne !
3â4
0n nous affirme Ă plusieurs repri-
ses que les causes de ce rejet tiennent
dâune part au caractĂšre trop novateur
des dĂ©couvertes (comme câest facile !),
ou trop atypique [7] de leur auteur
(idem), et dâautre part au fait que les
communautés de la préhistoire et de
lâastronomie sâignorent totalement (ce
qui est faux, dâautant que lâangle « pa-
léo-astronomie » présenté comme
innovant est au contraire maintenant
assez classique ; par ailleurs jeter des
ponts ne constitue pas un motif de re-
jet, bien au contraire - thĂšses complo-
tistes mises Ă part. Par ailleurs Chantal
JĂšgues-Wolkiewiez a fait plusieurs
présentations ethnologiques dans des
observatoires : visiblement la double
Ă©tiquette ne la dessert pas toujours; le
bi-standard nâest pas loin), par contre Ă
aucun moment on ne nous indique la
teneur de ces critiques, ni nâinterroge
un contradicteur.
3â4
Toutefois un personnage renommé
de lâart prĂ©historique sâintĂ©resse Ă elle,
mais lui-mĂȘme dĂ©fend une thĂ©orie con-
troversĂ©e Ă propos de la mĂȘme fresque
(solidaritĂ© des hĂ©ros dans lâadversitĂ©),
3â4
... mais totalement différente de
la sienne (la fresque aurait un objectif
chamanique), ce Ă quoi le reportage
conclut magnifiquement «
se pourrait-il
que ce soit les deux a la fois ? Chantal
en est persuadée
», qui évoque cette
extraordinaire « solidarité des exclus »
que lâon retrouve plus typiquement
dans les pseudosciences, oĂč souvent
les « tenants » qui prennent le contre-
pied des sciences ont en mĂȘme temps
une incroyable tolérance poussant au
syncrétisme entre eux.
3â4
De mĂȘme pour la tablette aux 69
points, on nous dit que Chantal JĂš-
gues-Wolkiewiez prolonge lâexplication
dâun amĂ©ricain lui-mĂȘme controversĂ© et
tombĂ© dans lâoubli, comme si câĂ©tait lĂ
une force supplémentaire : ici encore,
le parti pris est au summum du syn-
drome Galilée, semblant partir du prin-
cipe que la «
chercheuse française
»
a prouvé une théorie révolutionnaire,
dont on nous fait le récit de la genÚse.
Alors que rien nâest encore prouvĂ©, et
que nombre de « genÚses » de théories
controversées ne déboucheront... que
sur des impasses, vite oubliées !
De la part de reporters, on peut se de-
mander ce qui tient de la soif du scoop
poussant au messianisme, ou de lâab-
sence dâesprit critique faisant que
rencontrer une femme de terrain sym-
pathique, courageuse et sans moyen,
persévérant dans ses efforts malgré
la non reconnaissance du sérail, en
fait nécessairement une héroïne, donc
dans le vrai : câest la confusion du conte
et du réel (les médias sont dangereuse-
ment sensibles aux stéréotypes).
Certes, le reportage fait apparaĂźtre
quelques questionnements à la théorie.
Mais câest globalement incorporĂ© au
scĂ©nario dâenquĂȘte, offrant juste un peu
de piment finalement contourné.
Des attributions et révélations sont
abusives, des glissements sémanti-
ques ou interprétatifs surviennent :
3â4
La paléo-astronomie est suggérée
comme Ă©tant lâinvention rĂ©volutionnaire
de Chantal JĂšgues-Wolkiewiez, ce qui
est inexact : il nâest quâĂ voir la parution
de plusieurs articles sur ce thĂšme dans
les grandes revues de vulgarisation
françaises et étrangÚres ces derniÚres
annĂ©es (du coup, la thĂšse de lâignoran-
ce des deux communautés expliquant
le rejet de la théorie novatrice ne tient
pas).
3â4
Appeler « observatoire astronomi-
que » un site naturel oĂč lâon repĂšre la
direction du soleil ou de la Lune est ha-
bituel, mais exagéré.
Le terme Ă©voque plutĂŽt une connais-
sance avancée des planÚtes et des
Ă©toiles, il y a donc un risque dâeffet im-
pact, voire dâeffet paillasson [8].
Dossier
NL 029 - Novembre 2007
14
La « vraie » VĂ©nus de Laussel dite « Ă
la corne de bison » est mentionnée dans
le reportage comme une « divinité au
croissant de Lune ».
Ă
3â4
De mĂȘme, Ă un dĂ©tour du rĂ©cit on
nous interprÚte comme une « divinité
au croissant de Lune » le bas relief (en
fait, une reconstitution peu artistique
[5]) usuellement connu comme la VĂ©-
nus de Laussel Ă la corne de bison.
3â4
Le reportage mentionne des heures
de calcul au planétarium de Montpellier
pour reconstituer le ciel de telle Ă©po-
que, alors que des logiciels gratuits font
ça facilement !
3â4
Ă un moment, le reportage semble
avancer lâidĂ©e que dâavoir su repĂ©rer
les positions suppose que nos ancĂȘtres
avaient compris le mouvement des pla-
nĂštes (alors que repĂ©rer lâeffet rĂ©gulier
ne nécessite pas de connaßtre les cau-
ses. Mais ça nâĂ©tait peut-ĂȘtre quâune
imprécision de langage, voire peut-
ĂȘtre une confusion de ma part... Ă un
moment assez confus du film qui aura
sans doute pu tromper aussi dâautre
spectateurs).
3â4
Le parallĂšle est fait entre des no-
tions, pratiques et cultures relevant de
lâantiquitĂ© et du palĂ©olithique, Ă 15000
ans dâĂ©cart (en fait, il est suggĂ©rĂ© que
cette « découverte du paléo-zodia-
que » de Chantal JÚgues-Wolkiewiez
fait remonter dâautant la primeur de ces
notions... ce qui nâest pas sans rappeler
lâaffaire Glozel exhibant des tablettes
dâ« Ă©criture prĂ©-phĂ©nicienne » contem-
poraines de Lascaux [10]).
3â4
Et surtout, on nous prĂ©sente lâidĂ©e
« rĂ©volutionnaire » que nos ancĂȘtres
avaient des connaissances et capaci-
tĂ©s dâobservation. Peut-ĂȘtre quâil y a un
siĂšcle, on les prenait encore pour des
brutes épaisses, mais ça fait longtemps
que cette idĂ©e simpliste a quittĂ© lâesprit
des scientifiques - et, on lâespĂšre, du
public - dâautant que les habitants de
Lascaux Ă©taient physiologiquement
nos semblables ! (Ă noter que ça nâest
pas parce que la conclusion est nourrie
par des preuves douteuses quâelle est
elle-mĂȘme fausse. RĂ©ciproquement,
une conclusion acceptable ne valide en
rien la façon dây ĂȘtre parvenu).
CritĂšres de diffusion dâune
chaĂźne culturelle
Ce reportage annonçait la couleur :
une chercheuse en marge, une théo-
rie absolument pas reconnue par la
communauté. Comment accepter de
diffuser un tel reportage sur une chaĂźne
culturelle dans une Ă©mission sur le
transfert des savoirs ? A-t-on consulté
un expert reconnu du domaine ? Com-
ment ne pas avoir exigĂ© quâon entende
dans ce reportage ce que les critiques
(apparemment unanimes) de cette
théorie ont à en dire ? Comment diffu-
ser comme documentaire pédagogique
ce qui sâavĂšre ĂȘtre un plaidoyer orientĂ©
sans lâannoncer clairement comme tel
ni le contextualiser ?
Lâhistoire et lâactualitĂ© des sciences,
les vraies controverses scientifiques
passées et actuelles, sont-elles a ce
point rebattues Ă la tĂ©lĂ©vision quâil vaille
la peine de présenter (et ce sans mise
en perspective) les théories person-
nelles dâindividus hors communautĂ©
scientifique ?
Entendons-nous bien : il est possi-
ble que la théorie de Chantal JÚgues-
Wolkiewiez sâavĂšre juste, et ce repor-
tage est loin dâĂȘtre une soupe de type
«
MystĂšres
». Mais en lâĂ©tat, quâest-ce
qui justifie de prendre un tel risque,
auquel il faut ajouter les dégùts péda-
gogiques dus aux faiblesses de raison-
nement ? Manque-t-on Ă ce point de
matiĂšre ?
Ă plusieurs reprises ce reportage re-
prend des codes « complotistes » plutÎt
réservés aux défenseurs du « paranor-
mal » (mĂȘme si le plus souvent il sâagit
plutĂŽt dâune enquĂȘte vivante et cons-
tructive). Comment accepter dans le
cadre dâune mission culturo-Ă©ducative
des arguments aussi faciles, destruc-
teurs et non étayés que prétendre
que câest juste par frilositĂ© et esprit de
chapelle que les communautés scien-
tifiques critiquent la théorie, que les
objections ne sont que sarcasmes, ou
encore, que câest parce que cette thĂ©o-
rie aurait le malheur de jeter un pont
inattendu entre disciplines qui sâigno-
reraient ?
Glorifier les Ă©lectrons libres hors de
tout cadre tout en prĂ©tendant lâincurie
de lâestablishement, est-ce lĂ vraiment
le concept de vulgarisation scientifique
que souhaite prĂŽner Arte ?
Conclusion
Tout nâest pas nĂ©gatif dans cette dif-
fusion, mĂȘme dĂ©clinĂ©e aux quatre ni-
veaux dâintervention :
3â4
Le sujet est intéressant et pertinent,
mĂȘme si lâallĂ©gatrice semble voir des
observatoires astronomiques partout.
Dans la section « méthodologie » de
son site, on aimerait lire quand peut-on
conclure quâon nâest pas en prĂ©sence
de repĂšres ou symboles astronomi-
ques. Une enquĂȘte se mĂšne Ă charge
et à décharge.
Chantal JĂšgues-Wolkiewiez a un
langage dans lâensemble scientifique
(mĂȘme si ses conclusions ne sont pas
étayées au regard de ce qui est fourni
au spectateur, et apparemment Ă la
communauté scientifique du domaine)
et elle prend certaines précautions
reprenant au moins en partie la dé-
marche scientifique. Elle semble cher-
cher sincĂšrement Ă se confronter Ă la
critique (mais devrait pour cela publier
les détails étayant ses théories, dans
sa communauté et sur son site : une
thĂ©orie doit ĂȘtre validĂ©e par la commu-
nauté scientifique [12], et
a fortiori
, ses
preuves rendues publiques (via publi-
cations), pour ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme
valable [11]. Laisser Ă croire que lâon
cherche à faire valider une théorie
avant tout par les médias est éminem-
ment malsain, voire suspect : la juris-
prudence est lourde en la matiĂšre).
3â4
Le reportage essaie de faire passer
une dĂ©marche dâenquĂȘte, et ne nous
cache pas le scepticisme rencontré
(mĂȘme sâil lâĂ©carte trop facilement). On
voit mĂȘme lâhĂ©roĂŻne essuyer humble-
ment des « Ă revoir » lorsquâelle tente
de présenter ses résultats à des per-
sonnes de référence.
3â4
La chaßne nous permet de découvrir
des sites et fresques autrement que par
le sempiternel et stérile aspect artefac-
tuel ou artistique, et initie Ă certaines
idĂ©es de la dĂ©marche dâenquĂȘte et de
construction du savoir.
3â4
Quelques magazines télé expriment
quand mĂȘme des avis un peu dubitatifs
Dossier -
15
NL 029 - Novembre 2007
La tablette dâos aux 69 points de lâabri Blanchard
est réinterprétée comme un calendrier lunaire
sans arguments trĂšs convaincants.
Ă
Dossier
NL 029 - Novembre 2007
16
[3] (alors que quelques grands quoti-
diens et hebdos annoncent sans recul :
Ă©trangement la dĂ©marcation nâest pas
corrélée à la différence de « niveau »
putative).
Cependant trop de faiblesses lais-
sent au final des interstices béants
aux erreurs de raisonnement voire aux
pseudosciences (validation des démar-
ches numérologiques, coïncidentielles,
panglossiennes, téléologiques...), en
grande partie probablement Ă lâinsu des
acteurs de lâopĂ©ration : quelles idĂ©es
fausses auront été suggérées ou con-
fortĂ©es dans lâesprit des spectateurs ?
Peut-on vraiment passer par pertes et
profits ce gros risque dans un média
de masse, dâautant plus quand celui-
ci a vocation Ă participer Ă lâĂ©ducation
populaire, voire, dont les contenus sont
repris en classe ?
Fabrice Neyret
Notes :
[1] : Fiche Arte de lâĂ©mission et son
glossaire : www.arte.tv/fr/recherche/
1743936.html
[2] : Site du film :
www.stephanebegoin.com
[3] : Revue de presse :
www.stephanebegoin.com/7908104D-
BB58-11DA-A5C8-000A958CF2E4/
presse%20Lascaux.html
[4] : Site de Chantal JĂšgues-
Wolkiewiez : www.archeociel.com
[5] : ⹠« Planétarium » de Lascaux
et Vénus de Laussel « au croissant
de Lune » (en fait, une reconstitution
peu artistique) : www.archeociel.com/
lascaux.htm
⹠« Planétarium » de Lascaux sur le
site de Chantal JĂšgues-Wolkiewiez
et sur celui du photographe Pascal
Goetgheluck (cf. les légendes dans
le pdf) : www.stephanebegoin.com/
7908104D-BB58-11DA-A5C8-
000A958CF2E4/photos%20Lascaux%
201.html
âą Tablette « lunaire » de lâabri Blan-
chard et bisons adossés de Lascaux :
www.stephanebegoin.com/7908104D-
BB58-11DA-A5C8-000A958CF2E4/
photos%20Lascaux%202.html
⹠La « vraie » Vénus de Laussel « à la
corne de bison » :
http://prehisto.ifrance.com/venus.htm
[6] : Le site de Chantal JĂšgues-Wolk-
iewiez présente une liste de ses « prin-
cipales publications ». Il sâavĂšre quâune
grande partie sont en fait des exposés
grand public, ou dans des associations,
ou fait Ă lâoccasion de visites de labos.
Les quelques items qui correspondent
réellement à des publications scientifi-
ques sont le plus souvent de simples
communications ou présentations lors
de symposiums (donc au contenu non
validé). Une récente publication est pa-
rue dans une revue dâĂ©tudes arctiques,
laquelle ne traite ni dâastronomie ni de
préhistoire. Par ailleurs, les références
bibliographiques sont trĂšs distordues
et incomplÚtes, ce qui est consideré
comme maladroit mĂȘme pour un Ă©tu-
diant (pas de noms dâauteurs, pas de
descriptif du statut des supports, etc. ;
mĂȘme les mots « confĂ©rence », « publi-
cation », « communication » semblent
dâusage ambigu). Ă noter que la section
« press book » du site est largement
plus fournie voire plus prestigieuse
(presse, télés, revues de vulgarisation
jusquâĂ
La Recherche
), ce qui est plutĂŽt
inquiĂ©tant vue lâabsence de validation
des travaux par des publications so-
lides (câest Ă dire au contenu validĂ©
par un comité de lecture du domaine).
Faut-il soupçonner un effet « Florence
le Vot » (cf.
ArrĂȘt sur Image
, 2004), oĂč
un premier passage mĂ©diatique suffit Ă
valider les suivants ? CÎtés contenus,
rien nâest facilement accessible. Le site
est certes volumineux, mais ne donne
aucun détail technique concernant les
nombreuses interogations mention-
nées ici.
[7] : La thĂšse est atypique Ă plusieurs
titres : passer un doctorat sur le tard,
aprĂšs un parcours universitaire long,
nâest pas en soi reprochable. Par
contre la doctorĂ©e nâindique ni labora-
toire, ni encadrants, ni jury (dâailleurs
pas plus pour sa thĂšse que pour ses
publications ou dans son site). Et il
sâavĂšre quâaucun de ses deux direc-
teurs de thĂšse nâest apparemment
préhistorien. Les « communications »
effectuées pendant la thÚse le sont
essentiellement en observatoire : il
nâest pas exclu quâune chercheuse qui
se présente comme « ethnologue et
astronome » (bien que sans diplÎme
dâastronomie, et nâayant pas Ă©tudiĂ© la
préhistoire avant son mémoire de DEA)
joue de la double Ă©tiquette pour parler
dâastronomie aux ethnologues et dâeth-
nologie aux astronomes, ce qui est une
situation à haut risque épistémologique
(dont abusent par exemple des orga-
nisations comme lâUIP, « UniversitĂ© »
interdisciplinaire de Paris).
[8] : voir la liste des facettes et des effets
zététiques sur le site du Laboratoire de
zététique de Nice : http://www.unice.fr/
zetetique/zetetique.html
[9] : voir la page de wikipedia :
Opération Lune
.
[10] : voir la page de wikipedia :
Glozel.
[11] : Dans la vie dâune chercheur, il
peut arriver quâune publication sur une
théorie correcte soit temporairement
refusée par un comité de lecture pour
de mauvaises raisons, ou pour des
questions de rédaction. Mais avec le
temps, les idées justes finissent par
passer. Le temps de la recherche nâest
pas celui des médias, et pourtant il
faut que ces derniers sâastreignent Ă
attendre quâune idĂ©e soit validĂ©e pour
la présenter comme « scientifiquement
Ă©tablie ». En attendant, câest « la theo-
rie de madame JÚgues-Wolkiewiez ».
[12] : En sciences, une théorie devient
« vraie » (jusquâĂ preuve du contraire)
quand la plupart des chercheurs du do-
maine concerné, en pleine connaissan-
ce des arguments et preuves avancés
par ses dĂ©fenseurs, nâont pas trouvĂ© de
failles, de faits en contradictions, sont
convaincus par les prĂ©dictions, et quâil
nâexiste pas dâautre thĂ©orie explicative
plus simple. La « communauté scienti-
que » désigne cette référence.
Culture et zététique -
Les chroniques zétético-musicales
The 5
th
dimension
et lâĂąge du Verseau
L
e Nouvel Ăge. Pour faire
in,
on
peut dire
New Age
.
De quoi sâagit-il ? De «
lâĂ©mer-
gence dâun nouveau paradigme cultu-
rel, dont lâextension serait planĂ©taire,
annonciateur dâune Ăšre nouvelle dans
laquelle lâhumanitĂ© parviendrait Ă rĂ©ali-
ser une part importante de son potentiel
physique, psychique et spirituel
» dixit
la pionniĂšre, Marylin Ferguson, dans
La
conspiration du Verseau
(1980). LâidĂ©e
est tellement fl oue quâelle draine avec
elle toute une collection de spiritualités
mystiques, allant des devas et esprits
de la terre aux entités invisibles et aux
anges. Elle apporte malheureusement
un grand nombre de thérapies « na-
turelles », dans le sillage dâun refus
idéologique et politique de la médecine
comme symptĂŽme dâun matĂ©rialisme
froid comme une sonde endoscopique.
Si le public commence tout juste
à se rendre compte des dérives du
New Age
, (grĂące entre autres Ă des
ouvrages comme celui de Besnier
et Marhic
Le New Age : son histoire,
ses pratiques, ses arnaques
(1999)
ce nâest pas le cas des associations
de dĂ©fense de lâindividu comme lâADFI
â Deux Savoies IsĂšre, qui reçoivent de
trÚs nombreuses victimes de thérapies
ou de psychothérapies provenant de
la nĂ©buleuse Nouvel Ăge. Pour ces
plaignants, Il arrive réguliÚrement que
le « réenchantement du monde » vire
au cauchemar.
Aquarius / Let the Sunshine In
J. Rado, G. Ragni et G. MacDermot
When the moon is in the Seventh House
(Quand la lune est dans la septiĂšme maison)
And Jupiter aligns with Mars (Et Jupiter aligné avec Mars)
Then peace will guide the planets (Alors la paix guidera les planĂštes)
And love will steer the stars (Et lâamour orientera les Ă©toiles)
This is the dawning of the age of Aquarius
(Ceci est la naissance de lâĂąge du Verseau)
(âŠ)
Harmony and understanding (Harmonie et compréhension)
Sympathy and trust abounding (Sympathie et débordement de confi ance)
No more falsehoods or derisions (Finies faussetés et dérisions)
Golden living dreams of visions (RĂȘves de vision dorĂ©s Ă©veillĂ©s)
Mystic crystal revelation (Révélation du cristal mystique)
And the mindâs true liberation (et la veritable liberation de lâesprit)
Aquarius! (Verseau !)
(âŠ)
Let the sunshine, let the sunshine in, the sunshine in (Laissez entrer le soleil)
Let the sunshine, let the sunshine in, the sunshine in (Laissez entrer le soleil)
Let the sunshine, let the sunshine in, the sunshine in (Laissez entrer le soleil)
Oh, let it shine, câmon (Oh laisse le briller, allez)
Now everybody just sing along (Maintenant tout le monde nâa quâĂ chanter)
Let the sun shine in (Laissez lâĂ©clat du soleil dedans)
Open up your heart and let it shine on in
(ouvrez votre coeur et laissez-le briller dessus)
When you are lonely, let it shine on
(quand vous ĂȘtes seul, laissez-le briller dessus)
Got to open up your heart and let it shine on in
(y a quâĂ ouvrir votre coeur et laissez briller dessus)
And when you feel like youâve been mistreated
(quand vous vous sentez comme si vous aviez été maltraité)
And your friends turn away (et que vos amis se tirent)
Just open your heart, and shine it on in
(ouvrez simplement votre coeur et laissez briller dessus)
Le contexte est important, se répÚte le
zététicien dans son lit le soir. Si les con-
cepts ont plus dâun siĂšcle (et provien-
nent de la Théosophie de Blavatsky) la
mouvance Nouvel Age a Ă©clos telle une
fl eur du mal sur un humus particulier
dans la fi n des années 60. Guerre au
Vietnam, revendications anti-racistes et
anti-homophobes, besoin « spirituel »,
retour Ă la nature, Ă la terre. Le pro-
gramme de lâĂšre du Verseau (
Aquarius
)
Ă©tait sĂ©duisant. Surtout lorsquâil se met-
tait en musique avec le groupe
The 5
th
Dimension.
La double chanson
Aquarius / Let
the Sunshine In
, Ă©crite par J. Rado,
G. Ragni et G. MacDermot vaut son
pesant de cacahuĂštes.
Peut-on en vouloir aux gens dâavoir
adhéré à cela ? Bien sûr que non.
Nous ne pouvons que condamner la
fl oppĂ©e dâarnaques, dâescroqueries
et de drames que cette mouvance a
soigneusement cachés dans ses replis
duveteux.
Richard Monvoisin
PS : Une fameuse version française de
cette chanson existe dans les grelots de
la voix de Julien Clerc, sous le nom de
Laissons entrer le soleil,
1971. Coupe
de cheveux dâĂ©poque (sur youtube :
www.youtube.com/watch?v=4vbFgYIyLKc
)
17
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Culture et zététique
Enfants des Ă©toiles
De la zététique dans Harry Potter
D
ans le dernier tome,
Harry
Potter et les Reliques de la
Mort
(Gallimard), lâauteur, J.K.
Rowling nous offre un dialogue inté-
ressant, sur le plan zététique, entre
Hermione, dans le rĂŽle de lâ « intel-
lectuelle » de service, et Xenophilius
Lovegood, le pĂšre de son amie Luna,
dans le rĂŽle de celui qui a tendance Ă
croire en tous les mythes de sorcier.
Je rassure les lecteurs fans de Harry
Potter qui nâauraient pas encore lu le
dernier tome : ils peuvent lire sans
crainte le passage qui suit car il ne tra-
hit rien de lâintrigue.
«
- Mais la pierre, Mr Lovegood ?
Ce que vous appelez la Pierre de
RĂ©surrection ?
- Et alors ?
- Et bien, comment pourrait-elle exis-
ter ?
- Prouvez-moi plutĂŽt quâelle nâexiste
pas, rétorqua Xenophilius.
Hermione parut scandalisée.
- Enfi n, voyons⊠Je suis désolée,
mais câest complĂštement ridicule !
Comment voulez-vous que je puisse
prouver quâelle nâexiste pas ? Vous
voudriez peut-ĂȘtre que⊠que je ramas-
se toutes les pierres du monde et que
je les soumette Ă des tests ? Si on va
par lĂ , on peut affi rmer que toute chose
existe sâil suffi t pour y croire que per-
sonne nâait jamais rĂ©ussi Ă dĂ©montrer
quâelle nâexistait pas !
- Oui, on peut, assura Xenophilius.
Je suis content de voir que votre esprit
commence Ă sâouvrir.
»
La rĂ©action dâHermione est parfai-
tement légitime. Xenophilius a ren-
versé la charge de la preuve. Ceux qui
commencent à connaßtre la zététique
auront peut-ĂȘtre mĂȘme reconnu un
principe zététique de base dans la
rĂ©action dâHermione : « la charge de
la preuve revient à celui qui affi rme ».
Ici, Xenophilus affi rme quâil existe une
Pierre de RĂ©surrection (ce qui est ex-
traordinaire mĂȘme dans un monde de
sorciers), et Hermione qui est née de et
a été éduquée par des parents « mol-
dus » (câest-Ă -dire qui ne possĂšdent
pas de pouvoir magique) lui demande
trÚs justement « Comment est-ce pos-
sible ? ». Comme Hermione lâexprime
si bien, il est impossible logiquement
de dĂ©montrer lâinexistence dâun phĂ©-
nomĂšne. Câest donc Ă celui qui affi rme
son existence dâen apporter la preuve,
que lâon soit dans un monde de sorciers
ou pas. Ce qui est vrai pour une Pierre
de RĂ©surrection dans un monde de sor-
ciers reste vrai dans le monde qui est le
nÎtre pour les fantÎmes, la télépathie,
la radiesthésie, le dahu, le yéti, une
pierre de rĂ©surrectionâŠ
MĂȘme en ayant trouvĂ© un peu de
zététique dans ce livre, on peut malgré
tout regretter que, dans ce dialogue,
Hermione passe pour une personne
Ă©troite dâesprit⊠Ceci dit, il ne sâagit
que dâun roman⊠EspĂ©rons que lâima-
ge restera auprĂšs des jeunes lecteurs
de Harry Potter et puis auprĂšs des plus
ùgés.
Alexis Aubry
Ă
Grenoble, sur la site de la
Bastille il y a quelques mois, une
exposition de signalisation « ga-
lactique » a attiré notre attention. Parmi
les divers panneaux, celui dâ « enfants
des étoiles »
Aussi joli soit-il, il ne peut pas ne pas
nous rappeler la dérive sectaire de
Kryeon-enfants Indigo, lesquels sont
aussi appelés « enfants des étoiles ».
Maladresse ou dessein, lâOZ nâa pu
trancher. Mais un reporter zététicien a
pu saisir sur le fait un enfant des Ă©toiles
juste en train de se poser... (ci-contre).
Ăa fait hĂ©siter, non ?
Richard Monvoisin
Panneaux de lâexposition « Les Ă©toiles de la Bastille » qui ont surplombĂ© Grenoble du 4 mai au 17 juin
2007. Ci-contre, atterissage dâĂric BĂ©villard, « enfant des Ă©toiles ».
Ă
Harry Potter et
les reliques de
la mort
de J.K.
Rowling (Ă©ditions
Gallimard, 2007).
Le dialogue cité
se trouve pages
441-442.
Ă
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18
Crédit : Eric Bévillard
Agenda -
Agenda
Les rendez-vous zététiques du mois
Ăš
L
es Petits DĂ©brouillards et le Pi-
ment vert organisent le 13 novembre, Ă
lâADAEP, une soirĂ©e-dĂ©bat autour des
« IdĂ©es reçues dans lâalimentation ».
Vous pensez que le gingembre est
aphrodisiaque ? Que les Ă©pinards sont
riches en fer ? que ce qui est « natu-
rel » est meilleur pour la santé ? Que
les produits light font maigrir ? Que le
chocolat est un antidépresseur ? Que
le jeĂ»n nettoie lâorganisme ? Ou quâune
femme réglée ne peut pas monter une
mayonnaise ? Venez en discuter ! Lâen-
trée est libre et gratuite.
Cafés scientifiques
Conférences
Les idĂ©es reçues dans lâalimentation
Mardi 13 novembre Ă partir de 20h30
ADAEP
163 cours Berriat 38000 Grenoble
ArrĂȘt Tram A : Berriat
Entrée libre et gratuite
Ăš
Le jeudi 22 novembre, Ă Marseille,
Richard Monvoisin causera de « pa-
ranormal et esprit critique » dans le
colloque « Les Horizons du Savoir :
science(s), raison et déraisons ». Il
y aura Ă©galement Jean-Marc LĂ©vy-
Leblond et Patrick Tort mais il y aura
aussi un psychanalyste, encore. Ă croi-
re quâĂ Marseille, la pseudoscientificitĂ©
de la psychanalyse nâest pas encore
bien décrite (les colloques GEMPPI par
exemple, gardent toujours une place
au frais pour un psychanalyste comme
Roland Gori. Voir le compte-rendu du
dernier colloque par Françoise Mariotti
et Nicolas Gaillard).
Science(s), raison et déraisons
Colloque scientfique
Jeudi 22 novembre
HĂŽtel de RĂ©gion
27, place Jules-Guesde 13002 Marseille
Programme et renseignements : site de
lâASTS : www.asts.asso.fr
Ăš
Le vendredi 23 novembre, le RĂ©-
seau Bars des Sciences franciliens or-
ganise un café scientifique sur le thÚme
« Science et Paranormal » au centre
culturel de la ForĂȘt de Montmorency Ă
Domont. Jacques Scornaux, président
de lâassociation SCEAU (Sauvegarde,
Conservation des Ătudes et Archives
Ufologiques, association française à but
non lucratif fondée en 1990), et Florent
Martin, membre de lâObservatoire zĂ©tĂ©ti-
que répondront aux questions du public
sur lâexpĂ©rimentation des phĂ©nomĂšnes
réputés « paranormaux ».
« Science et Paranormal »
Vendredi 23 novembre Ă partir de 20h
Centre culturel de la forĂȘt de Montmorency
17, allée des MarliÚres 95330 Domont
Entrée libre et gratuite
Ăš
Le 3 dĂ©cembre, lâassociation ADFI
Deux Savoie-IsÚre invite à Chambéry
le journaliste et Ă©crivain Renaud Marhic
pour une conférence sur le thÚme du
New Age
. En essayant de préciser
les caractéristiques des mouvements
et pratiques de
New Age
, Renaud
Marhic replacera la naissance et le dé-
veloppement de ce courant dans son
contexte historique, politique et philo-
sophique. Ses dangers seront abor-
dés dans un but informatif et préventif
notamment grĂące Ă une intervention
de Catherine Katz, secrétaire géné-
rale de la MIVILUDES, sur les faux
souvenirs.Richard Monvoisin, membre
de lâOZ fera Ă©galement partie des in-
tervenants.
Le
New Age
, idéologie et dérives
Lundi 3 décembre à 20h
Salle Jean Renoir
50, rue Nicolas Parent 73000 Chambéry
tel ADFI : 04.79.33.96.14
Entrée libre et gratuite
19
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Ăš
Le groupe TRACES organise une
conférence-débat le mardi 11 décem-
bre 2007 Ă 19h30 Ă lâĂcole normale su-
périeure, intitulée : « Les frontiÚres de
la science : Peut-on entrer en Science
sans visa ? » Les intervenants sont
Pierre Lagrange, sociologue des scien-
ces, Matteo Merzagora, journaliste
scientifique et Richard Monvoisin, zé-
téticien représentant le Laboratoire de
zététique de Nice. «
La science aime
se présenter comme un espace cohé-
rent, tel un pays qui devrait se prémunir
de lâintrusion de divers ennemis : poli-
tiques, religieux, paranormaux, ⊠Qui
veille sur les frontiĂšres ? Retrouve-t-on
ces démarcations dans la science « tel-
le quâelle se fait » ?
»
Les frontiĂšres de la science : Peut-on
entrer en Science sans visa ?
Mardi 11 décembre 2007 à 19h30
Ăcole normale supĂ©rieure
29 rue dâUlm 75005 Paris
Renseignements : www.cognition.ens.fr/
traces
Ămission tĂ©lĂ©
Ăš
Le 13 novembre, le magazine Le
droit de savoir diffuse sur TF1 une
émission intitulée : « Charlatans et
guĂ©risseurs : enquĂȘte sur les mĂ©deci-
nes parallÚles ». Le sujet est intéres-
sant mais une fois de plus, on peut
regretter de retrouver dans le résumé
une présentation binaire du problÚme
(charlatans ou « pouvoirs réels » ?)
et mĂȘme une mĂ©decine scientifique
affublée du qualificatif « traditionnelle
» alors quâelle nâest en rien basĂ©e sur
la tradition contrairement Ă certaines
médecines dites « parallÚles ».
Charlatans et guĂ©risseurs : enquĂȘte sur
les médecines parallÚles
Magazine
Le droit de savoir
Mardi 13 novembre Ă 22h35
TF1
Agenda
Théùtre
Ăš
Le vendredi 16 novembre Ă 20h30,
le Centre Loisirs et Culture dâEybens
accueille une « conférence sur la pi-
fométrie ». Cependant, on ne se pren-
dra trop au sĂ©rieux car il sâagit dâune
piÚce de théùtre présentée comme un
«
spectacle ovni décalé, scientifico-
poétique et bien secoué
».
«
En exclusivité, une interview de Luc
Chareyron, ingĂ©nieur diplĂŽmĂ© de lâEN-
SIP (Ăcole Nationale SupĂ©rieure des
Ingénieurs Pifométriciens) :
« - Luc Chareyron, bonjour. Dites-nous
ce quâest la pifomĂ©trie.
- Câest tout simplement la science du
pifomÚtre, appelé aussi « pif », « ta-
rin », « blaze », « tarbouif »... Se dire
quâil y a belle lurette que le dernier bus
est passĂ© et quâil va falloir marcher une
sacrée trotte sous cette pluie qui tombe
comme vache qui pisse afin de se ren-
dre chez soi Ă perpette : câest parfaite-
ment clair pour tous ! Pas besoin dâune
montre ou dâune carte. La science pi-
fométrique couvre une part trÚs impor-
tante de la culture universelle de lâĂ -
peu-prĂšs.
- Le seul mot « science » suffit à rebu-
ter un large public. La pifométrie serait-
elle plus accessible ?
- Mais complÚtement ! La pifométrie
est en chacun de nous, il sâagit de lais-
ser parler son nez. Tout le monde peut
revendiquer un statut dâingĂ©nieur puis-
que chacun naßt équipé du plus subtil
et performant instrument dâapprĂ©hen-
sion du réel : son propre pifomÚtre. La
pifométrie appréhende parfaitement la
réalité avec « le chouïa », « la lichet-
te », « la tripette », « le poil prÚs », pour
ne citer que quelques unités de mesure
de ce systÚme universel et démocrati-
que. (...)
»
Conférence sur la pifométrie
Vendredi 16 novembre Ă 20h30
Centre Loisirs et Culture dâEybens
27, rue Victor Hugo 38320 Eybens
Tarif : 11, 9, 8, ou 5 euros
Billetterie : 04.76.62.67.47.
NL 029 - Novembre 2007
20
Ăš
LâAMAZ, association monĂ©gasque
dâanalyse zĂ©tĂ©tique, toute nouvelle-
ment créée et présidée par le magicien
Stéphane Bollati organise le 18 décem-
bre 2007 au théùtre des Variétés de
Monaco une conférence-spectacle «
Le paranormal face à la science », avec
Henri Broch. Stéphane Bollati montrera
Ă©galement ses talents de mentaliste.
Le paranormal face Ă la science
Conférence spectacle
Mardi 18 décembre à 18h30
Théùtre des Variétés de Monaco
1, Albert 1er 98000 Monaco
Entrée : 8 euros, - de 18 ans : 5 euros
Ăš
Le 17 décembre, Aldéran, dans
le cadre de lâuniversitĂ© populaire de
philosophie de Toulouse, présente
une confĂ©rence dâĂric Lowen intitu-
lĂ©e « Lâobsolescence de Dieu : les
raisons du dĂ©clin de lâidĂ©e de dieu » :
«
Dieu nâest ni une illusion, ni mort,
câest aujourdâhui une idĂ©e obsolĂšte.
Dieu est-il encore utile pour expliquer
quelque chose face Ă nos connaissan-
ces sur lâUnivers ? Peut-on encore par-
ler de Dieu Ă lâĂ©poque du Big-Bang ?
Dieu est-il mort comme lâa proclamĂ©
Nietzsche ? LâĂȘtre humain est-il orphe-
lin de Dieu ? Retour sur le processus
de dĂ©passement de lâidĂ©e de dieu.
»
Lâobsolescence de Dieu : les raisons du
dĂ©clin de lâidĂ©e de dieu
Lundi 17 décembre 2007 à 20h30
Maison de la philosophie
29 rue de la digue 31300 Toulouse
Tel : 05.61.42.14.40
Entrée : 4 euros, gratuit pour les adhérents
Insolite
La photo du mois
Enigme
Exercez votre logique et votre esprit critique..
.
Solution de lâĂ©nigme des triangles
L
e bizarre est probable, la photo ci-contre lâillustre
bien. Parmi toutes les positions que peuvent prendre
les groupes de flamants roses, il y avait celle-ci et un
photographe Ă©tait lĂ pour la figer. Mais il nây aura que
des humains qui essaieront de lui donner un « sens ».
L
â
Ă©nigme du mois dernier nous proposait un puzzle de
piÚces en triangle qui, une fois réagencé ne présente
plus la mĂȘme surface totale !
Mais les apparences sont trompeuses et il nây a en rĂ©alitĂ©
rien de surprenant. Lâillusion vient simplement du fait que ce
grand triangle nâen est pas un. En effet, les piĂšces rouge et
verte ne prĂ©sentent pas le mĂȘme angle, comme le montre le
calcul ci-dessous.
Divertissement -
21
NL 029 - Novembre 2007
La diffĂ©rence devient plus Ă©vidente lorsquâon accentue
lâeffet en Ă©tirant la piĂšce rouge. Les pointillĂ©s montrent la dif-
fĂ©rence entre le triangle tel quâon le perçoit et tel quâil est en
rĂ©alitĂ©. On comprend mieux dâoĂč vient cet espace qui semble
« apparaitre ».
Florent Martin