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Prix éditeur : Fr. 42.80
Prix Club : Fr. 29.-
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LE TREIZIÈME CONTE
Diane Setterfield
Référence : 250085
Une révélation !
Livre
592 pages
Couverture cartonnée.
Écrivains d'aujourd'hui
À la médiocrité du quotidien, Margaret Lea a toujours préféré la flamboyance des romans du XIXe. Mais quand la célèbre romancière Vida Winter lui offre d'écrire sa biographie, Margaret se trouve plongée dans le plus envoûtant des contes... Il était une fois dans le Yorkshire, un château hanté par le spectre d'amours interdites, et deux jumelles au comportement pour le moins inquiétant...

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Une cascade d'enchantements ! Sur les traces de Daphné du Maurier et des sœurs Brontë, Diane Setterfield offre à tous les amoureux de la lecture un suspense hors du temps, étourdissante mise en abîme, sur la magie des livres et l'art de raconter les histoires. Énorme succès dès sa sortie !

:: Extrait de l'oeuvre

 

La lettre
On était en novembre. Il n'était pas encore très tard, et pourtant le ciel était déjà sombre quand j'empruntai Laundress Passage. Père avait fini sa journée : il avait éteint les lumières du magasin et fermé les volets ; mais, de manière à ce que je ne rentre pas dans l'obscurité la plus totale, il avait laissé allumée l'ampoule éclairant l'escalier qui menait à mon appartement. À travers la porte vitrée, celle-ci dessinait un grand rectangle pâle sur le trottoir humide, et c'est au moment où je me tenais là, m'apprêtant à tourner la clé dans la serrure, que je vis la lettre pour la première fois. Autre rectangle blanc qui, sur la cinquième marche en partant du bas, ne pouvait passer inaperçu.
Je refermai la porte et déposai la clé du magasin à sa place habituelle, derrière les Principes supérieurs de géométrie de Bailey. Pauvre Bailey ! En trente ans, personne n'a jamais réclamé son gros livre gris. Il m'arrive de me demander comment il réagirait à son rôle de gardien des clés de la boutique. Je ne pense pas que ce soit là le destin auquel il ait rêvé pendant les deux décennies qu'il lui a fallu pour rédiger sa grande œuvre.
Une lettre. Pour moi. Un véritable événement. L'enveloppe aux coins aigus, gonflée de son contenu aux plis épais, portait une adresse dont la graphie avait dû poser quelques problèmes au facteur. Même si le style en était vieillot - majuscules aux lourdes arabesques et enjolivures bouclées -, ma première impression fut qu'elle était de la main d'un enfant. Les caractères ne semblaient pas totalement maîtrisés. Leur tracé irrégulier devenait soit invisible, soit, au contraire, griffait profondément le papier. Il n'y avait aucune continuité apparente dans l'agencement des lettres qui formaient mon nom. Chacune avait été exécutée séparément - M A R G A R E T L E A -, comme s'il s'était agi d'une entreprise redoutable qu'il fallait chaque fois recommencer. Mais je ne connaissais pas d'enfants. C'est alors que l'idée me vint : c'était là l'écriture d'un infirme.
La lettre ne fut pas sans me procurer un sentiment étrange. La veille ou l'avant-veille, tandis que je vaquais à mes occupations, tranquillement et en privé, un inconnu - un étranger- avait pris la peine d'inscrire mon nom sur cette enveloppe. Qui avait bien pu concentrer ainsi son attention sur moi, en catimini ?
Sans quitter manteau ni chapeau, je m'assis sur les marches. (Je ne lis jamais sans d'abord m'assurer que je suis en sécurité, et ce depuis l'âge de sept ans, depuis le jour où, assise sur un haut mur en train de lire Les Enfants de la rivière*, j'avais été tellement fascinée par les descriptions du monde aquatique que, inconsciemment, je relâchai mes muscles. Au lieu d'être portée par l'eau qui baignait mon esprit avec tant de netteté, j'étais tombée et m'étais assommée. Je garde encore la marque de la cicatrice sous ma frange. Lire n'est pas sans danger.)
J'ouvris l'enveloppe et en sortis une liasse d'une demi-douzaine de feuillets, tous rédigés de cette même écriture laborieuse. Grâce à mon travail, je suis habituée à déchiffrer des manuscrits difficiles. De la patience et de la pratique : voilà tout le secret. Ainsi que la volonté d'entraîner l'œil à aller au-delà des apparences. Quand on parcourt un manuscrit endommagé par l'eau, le feu, la lumière ou tout simplement le passage du temps, l'œil se doit d'étudier non point seulement la forme des lettres, mais les autres signes de sa production. Vitesse de la plume. Pression de la main sur la page. Pauses et relâchements dans le flux. Il faut se détendre. Ne penser à rien. Jusqu'à ce qu'on se retrouve dans un rêve où l'on est tout à la fois la plume qui court sur le vélin et le vélin lui-même répondant au contact de l'encre sur sa surface. Ce n'est qu'à ce moment-là qu'on peut prétendre lire le manuscrit. Et sentir l'intention de l'auteur, ses pensées, ses hésitations, ses attentes et le sens qu'il cherche à donner à son texte. On peut alors lire aussi clairement que si l'on était la chandelle qui illuminait la page sur laquelle s'est hâtée la plume.
Non pas que cette lettre-là présentât, contrairement à d'autres, de grosses difficultés. Elle débutait par un assez sec « Mademoiselle Lea », suivi d'hiéroglyphes qui devenaient très vite des lettres, puis des mots, avant de former des phrases.
Voici donc ce que je lus :
J'ai accordé autrefois une interview au Banbury Herald. Il faudra que je la recherche un jour, pour la biographie. Curieux garçon qu'on m'avait envoyé là. Un gamin, en fait. De la taille d'un homme, mais dodu comme un enfant. Mal à l'aise dans son costume neuf. Marron et laid, taillé pour quelqu'un de bien plus âgé. Le col, la coupe, le tissu, rien n'allait. Le genre de costume qu'achèterait une mère pour un fils qui, au sortir de l'école, s'apprête à prendre son premier emploi, dans l'idée que, en grandissant, il finira bien par le remplir. Sauf qu'un garçon ne laisse pas son enfance derrière lui quand il quitte son uniforme d'écolier.
Quelque chose dans son attitude retenait l'attention. Une certaine véhémence. Dès le moment où je l'ai vu, je me suis dit : « Oh, oh, que cherche-t-il, celui-là ? »
Je n'ai rien contre les gens qui aiment la vérité, si ce n'est qu'ils font de bien piètres compagnons. Du moins tant qu'ils ne se mettent pas à discourir sur le thème histoires et sincérité, comme certains. Ceux-là m'ennuient. Mais s'ils me fichent la paix, je ne leur veux aucun mal.
Ce n'est pas après les inconditionnels de la vérité que j'en ai, mais après la vérité elle-même. Quel secours, quelle consolation peut-on bien y trouver, quand on songe à ce qu'apporte une histoire ? De quelle aide peut bien être la vérité à minuit, dans l'obscurité, quand le vent hurle dans la cheminée comme un loup ? Quand les éclairs jettent des ombres sur le mur de la chambre et que la pluie griffe les vitres de ses ongles ? Non, quand la peur et le froid vous paralysent dans votre lit, n'espérez pas que la vérité, créature sèche et osseuse, vienne à votre secours. Ce dont vous avez besoin alors, c'est du confort moelleux d'une histoire. De la sécurité apaisante et propice au sommeil d'un bon mensonge.
Certains écrivains, c'est bien connu, détestent les interviews. Elles les énervent. « Toujours les mêmes vieilles questions », se plaignent-ils. Mais à quoi s'attendent-ils donc ? Les journalistes ne sont que des plumitifs. C'est nous autres écrivains qui faisons la vraie littérature. Ce n'est pas parce qu'ils s'obstinent à poser toujours les mêmes questions que nous sommes obligés, nous, de leur fournir toujours les mêmes réponses, si ? Après tout, inventer, c'est notre gagne-pain. C'est pourquoi je donne des dizaines d'interviews par an. Ce qui, au bout du compte, fait des centaines. Car je n'ai jamais été de ceux qui croient que le génie ne peut s'épanouir qu'à l'écart du monde, Mon génie à moi n'est pas si fragile qu'il veuille à tout prix éviter le contact des doigts sales des journaleux.
Au tout début, ils essayaient de me piéger. Ils faisaient leurs recherches, venaient me voir avec leur petit morceau de vérité camouflé au fond d'une poche, me le sortaient au moment jugé opportun, espérant me pousser à en révéler davantage. Il me fallait faire attention. Les guider doucement dans la direction que je voulais leur voir prendre, les attirer tranquillement, imperceptiblement, vers une histoire plus jolie que celle qu'ils avaient en tête. Opération toute de finesse. Leurs yeux se mettaient à briller, leur prise sur le petit fragment de vérité se relâchait, et celui-ci finissait par choir, abandonné au bord du chemin. Le succès était garanti. Une bonne histoire est toujours plus séduisante qu'un éclat de vérité.
Par la suite, quand je suis devenue célèbre, un entretien avec Vida Winter s'est transformé en une sorte de rite de passage pour les journalistes. Ils savaient plus ou moins à quoi s'attendre et ils auraient été déçus de partir sans leur histoire. Ils faisaient rapidement le tour des questions habituelles (D'où tirez-vous votre inspiration ? Vos personnages sont-ils créés à partir de modèles vivants ou ayant existé ? Quelle part de vous-même y a-t-il dans votre protagoniste ?), et plus mes réponses étaient brèves (De ma tête. Non. Aucune), plus ils appréciaient. Venait alors le moment qu'ils attendaient, ce pour quoi ils étaient là. Un air d'impatience songeuse gagnait leurs visages. Ils étaient semblables à des enfants au moment du coucher. Et vous, Miss Winter, disaient-ils, parlez-moi de vous.
Et je racontais. Des petites histoires simples, en fait, sans prétention. Quelques fils épars, tissés en un joli motif, un dessin évocateur par-ci, quelques paillettes par-là. Des lambeaux, pour tout dire, restés au fond de mon sac à chiffons. Où il y en avait comme ça des centaines. Fragments abandonnés de romans ou de nouvelles, idées d'intrigues jamais menées à bien, personnages mort-nés, décors pittoresques restés sans emploi. Chutes diverses suite à la relecture avant la publication. Il ne s'agit plus alors que de rabattre les bords, de rentrer les fils, et le tour est joué. Vous voilà avec une biographie flambant neuve.
Ils s'en allaient tout heureux, serrant leur bloc-notes dans leurs pattes comme des enfants quittent une fête d'anniversaire des friandises plein les mains. Ils auraient là quelque chose à raconter à leurs petits-enfants. « Un jour, j'ai rencontré Vida Winter, et elle m'a raconta une histoire. »
Bref, revenons du gamin du Banbury Herald. « Miss Winter ; dites-moi la vérité », voilà ce qu'il m'a lancé. C'est quoi, ce genre de demande ? J'ai vu des gens concocter toutes sortes de stratagèmes pour me pousser à me révéler, et je les flaire à des kilomètres, mais ça ? Proprement ridicule. Enfin, à quoi s'attendait-il ?
Bonne question. À quoi s'attendait-il ? Ses yeux brillaient d'une fièvre impatiente. Il m'observait avec une grande attention Fureteur. Inquisiteur. Il cherchait quelque chose de tout à fait précis, j'en étais sûre. Son front luisait de transpiration. Dites-moi la vérité, voilà ce qu'il m'a lancé.
Je me suis sentie envahie d'une étrange sensation. Comme si mon passé renaissait, réveillant dans mon ventre les mouvements liquides d'une vie antérieure, qui auraient à leur tour fait courir une onde dans mes veines, avant d'envoyer de petites vagues clapoter à mes tempes. Quelle horrible agitation ! Dites-moi la vérité.
Sa demande, je l'ai retournée dans ma tête, en ai pesé les conséquences probables. Il me troublait, ce garçon, avec sa pâleur et ses yeux fiévreux.
« Entendu », ai-je répondu.
Une heure plus tard, il était parti. Un adieu vague, à peine audible, sans un regard en arrière.
La vérité, je ne la lui ai pas dite. Comment aurais-je pu ? Je lui ai raconté une histoire. Une petite chose exsangue, chétive. Sans éclat, sans paillettes, juste quelques pièces ternes et passées, aux bords effrangés, hâtivement assemblées. Le genre d'histoire qui a les allures de la vie réelle. Ou plus exactement de ce que les gens s'imaginent être la vie réelle, ce qui est somme toute assez différent. Pour quelqu'un doté de mon talent, il n'est pas facile de produire une telle histoire.
Je l'ai regardé depuis ma fenêtre. Il remontait la rue en traînant les pieds, les épaules voûtées, la tête baissée, chaque pas semblant exiger de lui un effort. Toute sa belle énergie, toute sa fièvre, tout son allant évanouis. Je les avais éteints. Non que je veuille prendre sur moi toute la responsabilité. Il lui appartenait aussi de ne pas me croire.
Je ne l'ai jamais revu.
Mais cette sensation que j'ai ressentie alors, cette agitation dans mon ventre, mes tempes, jusqu'au bout de mes doigts, elle a perduré. Elle revenait et repartait, au souvenir des paroles du garçon. Dites-moi la vérité. Non, m'obstinais-je à répéter, en repoussant la sensation. Non et non. Mais elle refusait de se tenir tranquille. Distrayait mon attention. Pis encore, elle représentait un danger. Pour finir, j'ai transigé. « Pas encore. » Elle a regimbé, mais, après moult protestations, a fini par se calmer. Tant et si bien que je l'ai quasiment oubliée.
C'était il y a très longtemps. Trente ans ? Quarante ? Peut-être davantage. Le temps passe plus vite qu'on croit.
J'ai beaucoup repensé à ce garçon ces derniers temps. Dites-moi la vérité. Et, récemment, j'ai à nouveau ressenti cette étrange agitation intérieure. Quelque chose grandit en moi, qui se divise et se multiplie. C'est là, dans mon estomac, une boule dure et ronde, à peu près de la taille d'un pamplemousse, qui aspire l'air de mes poumons et ronge la moelle de mes os. Ce long sommeil l'a transformée. D'humble et docile, elle s'est faite brutale. Refuse toute négociation, bloque toute discussion, revendique ses droits. Ne veut pas entendre parler de refus. La vérité, crie-t-elle en écho, rappelant le garçon, le regardant s'éloigner. Avant de se retourner vers moi, de resserrer son étreinte sur mes intérieurs, et de les tordre. Histoire de me dire : on a conclu un accord, tu te rappelles ?
Cet accord, il est temps de le respecter.
Venez lundi. J'enverrai une voiture vous prendre à Harrogate Station au train de seize heures trente.
Vida Winter
Combien de temps suis-je restée assise sur les marches, une fois ma lecture terminée ? Je l'ignore. Car j'étais sous le charme. Les mots ont un étrange pouvoir. Entre des mains expertes, manipulés avec adresse, ils vous retiennent prisonnier. S'enroulent autour de vos membres comme une toile d'araignée, et quand vous êtes ensorcelé au point de ne plus pouvoir faire un geste, ils vous transpercent la peau, s'infiltrent dans votre sang, paralysent vos pensées. Au-dedans de vous, ils accomplissent leur magie. Quand, au bout d'un long moment, je revins enfin à moi, je ne pus que deviner ce qui s'était passé dans les ténèbres de mon inconscient. Quel effet avait eu la lettre sur moi ?


* The Water Babies, roman de Charles Kingsley, publié en 1863. (N.d.T)

 

:: A PROPOS DE L'AUTEUR
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:: L'Auteur

Diane Setterfield vit en Angleterre à Harrogate dans le Yorkshire. Spécialiste de la littérature française, elle a fait sa thèse sur André Gide et a donné des cours sur cet écrivain à l’université de Mulhouse. Le treizième conte, son premier roman, vendu dans 34 pays, est devenu d'emblée un best-seller, en particulier aux États-Unis où il est entré n° 1 sur la liste du New York Times.

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:: LU DANS LA PRESSE
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"Simplement brillant. Je n'ai jamais éprouvé autant de bonheur à la lecture d'un premier roman, et ce depuis une éternité."

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