SYNTHESE
Plusieurs Ă©tudes (OQAI -Observatoire de la QualitĂ© de l'Air IntĂ©rieur-, UFC-Que Choisir âŠ) ont montrĂ© que lâair que
nous respirons est 5 Ă 10 fois plus polluĂ© Ă lâintĂ©rieur quâĂ lâextĂ©rieur. Trois grands facteurs concourent Ă cette
pollution : un cadre réglementaire lacunaire qui autorise encore trop de substances dangereuses dans de
nombreux produits de consommation, des logements mal ventilés et construits avec des matériaux polluants, et
enfin le manque dâinformation des consommateurs sur les risques induits par certains produits ou certaines
pratiques.
Bien que les causes de cette pollution soient connues depuis une quinzaine dâannĂ©es, il aura fallu attendre le
projet de loi issu du Grenelle de lâenvironnement pour que des solutions lĂ©gislatives soient proposĂ©es. Lâarticle 35
de ce projet de la loi dâorientation fait Ă©tat de mesures dâinterdiction et dâĂ©tiquetage devant ĂȘtre mises en Ćuvre sur
les matĂ©riaux de construction et de dĂ©coration. Ce mĂȘme article propose Ă©galement dâĂ©tudier le cas des produits
de consommation courante pour, prochainement, lĂ©gifĂ©rer sur ces produits. Autant dâoccasions pour lâUFC-Que
Choisir dâinfluencer les dĂ©bats.
La rĂ©glementation europĂ©enne REACH de 2006, permettra de connaĂźtre lâimpact sur la santĂ© de 30.000 molĂ©cules.
Cependant, outre la lenteur de sa mise en Ćuvre, son champ dâapplication reste trop Ă©troit. Seulement un tiers des
100.000 substances chimiques produites sont concernées. Quant à la nouvelle Agence européenne des produits
chimiques, elle nâaura pas le pouvoir de contraindre les fabricants Ă arrĂȘter lâutilisation des substances
dangereuses.
En attendant les premiers rĂ©sultats, mĂȘme partiels, de REACH, nous disposons aujourdâhui de connaissances sur
certaines substances qui doivent ĂȘtre exploitĂ©es pour protĂ©ger, sans dĂ©lai, la santĂ© du grand public. Des
classifications des substances les plus dangereuses, parce que cancérogÚnes ou toxiques pour la reproduction,
sont ainsi disponibles. En France, les travaux de lâObservatoire de la QualitĂ© de lâAir IntĂ©rieur, lâOQAI, ont
Ă©galement permis dâidentifier les composĂ©s toxiques auxquels nous Ă©tions les plus exposĂ©s dans nos habitats et
de dresser une liste de substances à traiter en priorité.
Sur la base de ces donnĂ©es, nous demandons lâinterdiction immĂ©diate des substances les plus dangereuses et la
rĂ©duction du niveau total de pollution admissible. Ces donnĂ©es doivent aussi ĂȘtre exploitĂ©es pour informer le
consommateur. A ce propos, nous demandons un Ă©tiquetage de mise en garde, notamment pour les substances
les plus dangereuses dans lâattente de leur retrait dĂ©finitif.
Enfin, le manque de ventilation dans un logement a pour effet de confiner ses occupants dans un air fortement
chargé en substances dangereuses relarguées notamment par les matériaux de construction, de décoration ou par
le mobilier. Or, lâĂ©tude de lâOQAI de juin 2008 a dĂ©montrĂ© que la trĂšs grande majoritĂ© des logements français ont
une ventilation dĂ©faillante ou inexistante. Des mesures financiĂšres (prĂȘt Ă taux zĂ©ro, crĂ©dit dâimpĂŽt, etc.) doivent
ĂȘtre proposĂ©es aux mĂ©nages pour les inciter Ă Ă©quiper leur logement dâun systĂšme de ventilation Ă double-flux.
Pour les logements neufs et les bĂątiments professionnels, notamment ceux recevant du public (hĂŽpitaux, crĂšches,
etc.), ce systĂšme de ventilation doit ĂȘtre rendu obligatoire.
Les positions de lâUFC-Que Choisir
dans la dynamique du Grenelle
1
Les pouvoirs publics ont commencĂ© Ă se pencher sur la pollution de lâair intĂ©rieur depuis quelques annĂ©es
seulement. Il a souvent Ă©tĂ© avancĂ© le manque dâĂ©tudes pour justifier lâabsence de rĂ©glementation nouvelle mais,
dans le mĂȘme temps, les ministĂšres de la SantĂ© et de lâEnvironnement ne jugeaient pas utile de rĂ©aliser des tests
dâĂ©mission (soit en condition rĂ©elle des logements ») pour justement consolider les connaissances scientifiques
existantes.
Plus encore, la directive Reach a eu un effet pervers dans la mesure oĂč, au cours de sa longue pĂ©riode dâexamen
par les instances communautaires, les dĂ©cisionnaires français ont invoquĂ© ce chantier pour refuser dâadopter des
mesures ambitieuses Ă lâĂ©chelle française. La directive est dĂ©sormais votĂ©e et, comme beaucoup le craignaient,
elle ne constitue quâun point de dĂ©part fort imparfait.
Une dynamique de rĂ©forme sâest tout de mĂȘme engagĂ©e au cours de lâannĂ©e 2008. Elle est venue moins du
Grenelle de lâenvironnement, qui a effectuĂ© peu de propositions sur ce sujet fin 2007, que des parlementaires.
Dans un premier temps, lâOffice parlementaire des choix scientifiques a produit un rapport dĂ©but 2008 qui montre
que lâĂ©tat actuel des connaissances scientifiques suffit largement Ă tirer la sonnette dâalarme et Ă proposer des
mesures réglementaires concrÚtes. Ce rapport est venu apporter une crédibilité institutionnelle à cette
problématique.
Fort de ce constat, les parlementaires ont voulu passer au temps des actes par le biais du projet de loi dâorientation
« Grenelle 1 » qui Ă lâorigine comportait peu de mesures sur ce sujet. Des amendements notables ont ainsi Ă©tĂ©
votĂ©s au SĂ©nat puis validĂ©s par les deux assemblĂ©es en seconde lecture. Par ce travail lĂ©gislatif, la rĂ©forme de lâair
intérieur est donc lancée mais nécessite encore beaucoup de travail et ce pour deux raisons.
Dâune part, les dispositions du Grenelle 1 ne sont que des orientations. Il reste encore Ă les traduire de façon
pleinement rĂ©glementaire lors du projet de loi Grenelle 2 qui devrait ĂȘtre examinĂ© au second semestre. Dâautre
part, les dispositions adoptées sont les bienvenues mais restent encore incomplÚtes. Elles touchent en effet les
matériaux de construction et de décoration, mais laissent de cÎté les nombreux produits de consommation
courante (dĂ©sodorisants, produits mĂ©nagers, etc.), qui concourent nettement Ă cette pollution, et nâabordent pas
non plus la question de la ventilation.
Dans cette perspective, en soi engageante, lâUFC-Que Choisir expose ses propositions et souhaite que le Grenelle
2, trĂšs axĂ© sur la rĂ©glementation Ă©cologique des logements, fasse aussi de lâhabitat domestique une prioritĂ© de
santé publique.
2
Le consensus parlementaire autour du rapport 2008
de lâOffice des choix scientifiques et technologiques
« Câest dans un contexte social marquĂ© par une prise de conscience accrue des dangers pour la santĂ©
humaine pouvant rĂ©sulter de lâusage courant ou mĂȘme exceptionnel de substances et produits chimiques,
et aprĂšs le vote de la Charte de lâenvironnement donnant au principe de prĂ©caution la force dâun principe
constitutionnel, que sont intervenues deux saisines de lâOffice parlementaire dâĂ©valuation des choix
scientifiques et technologiques, lâune sur les Ă©thers de glycol, famille importante de solvants, et lâautre sur
les polluants de grande consommation. »
Fin janvier 2008, lâOffice parlementaire remet un rapport de plus de 900 pages, rapport quâil conclut par un
ensemble de recommandations pour lutter contre la pollution de lâair intĂ©rieur. Les diffĂ©rentes mesures prĂ©conisĂ©es
sont nombreuses et concernent aussi bien lâĂ©valuation, la rĂšglementation ainsi que lâinformation, lâĂ©ducation et la
responsabilisation du grand public. Nombre de ces mesures font Ă©cho aux demandes formulĂ©es par lâUFC-Que
Choisir en 2005, tout en allant plus loin, notamment en matiĂšre dâĂ©valuation.
Concernant ce volet Ă©valuation, lâOffice prĂ©conise en effet dâaugmenter les moyens consacrĂ©s Ă la recherche dans
le domaine de la santĂ© et de lâenvironnement. ConcrĂštement, ces moyens doivent ĂȘtre affectĂ©s Ă dĂ©velopper ce
que lâoffice qualifie de sciences de la prĂ©caution (toxicologie, expologie, Ă©cotoxicologie, Ă©pidĂ©miologie, Ă©valuation
des risques pour la santĂ© et lâenvironnement). Dans les domaines de la toxicologie et de lâĂ©pidĂ©miologie, lâOffice
considĂšre mĂȘme comme nĂ©cessaire lâĂ©laboration dâun plan pour rattraper le retard de la France. Un plan de
surveillance biologique de la population est également recommandé.
A la lecture du rapport de lâOffice, il apparaĂźt que notre dispositif sanitaire non seulement manque de moyens, mais
est aussi dĂ©sorganisĂ©. La production de connaissances en santĂ© environnement, lâexploitation de ces
connaissances, les activitĂ©s de veille, dâalerte et dâexpertise sont Ă©clatĂ©es entre un grand nombre dâorganismes.
Ainsi « lâimportance du rĂŽle de lâOQAI [lâObservatoire de la QualitĂ© de lâAir IntĂ©rieur] est inversement
proportionnelle Ă la modestie de sa structure ». Pour pouvoir poursuivre ses travaux, cette structure doit ĂȘtre
pĂ©rennisĂ©e. Simple Ă©manation du Centre Scientifique et Technique du BĂątiment (CSTB), elle rĂ©sulte dâune
convention quinquennale entre les ministĂšres chargĂ©s du Logement, de la SantĂ© et de lâEcologie, lâAgence de
l'environnement et de la maĂźtrise de l'Ă©nergie (ADEME), lâAgence Nationale de lâHabitat (ANAH) et le CSTB.
LâOQAI doit Ă©galement disposer de moyens supplĂ©mentaires pour continuer ses investigations dans les diffĂ©rents
milieux de vie et poursuivre ses travaux relatifs à la hiérarchisation des polluants.
En matiĂšre de rĂšglementation des substances et des produits, lâOffice souligne la nĂ©cessitĂ© de disposer de valeurs
guides pour les polluants prĂ©sents dans lâair intĂ©rieur et de veiller Ă ne pas dĂ©passer ces valeurs qui doivent
protĂ©ger tout le monde, y compris les femmes enceintes et le fĆtus. Pour quâune telle recommandation puisse
effectivement ĂȘtre mise en Ćuvre, cela suppose rĂ©duire la prĂ©sence de ces polluants en agissant Ă la source, en
procédant « à la substitution de toutes les substances et produits déjà substitués dans un pays étranger. ». Cette
substitution concerne notamment « les substances reconnues préoccupantes (CMR 1, 2 et 3), les perturbateurs
endocriniens, les substances neurotoxiques et immun toxiques ». La rĂ©duction des polluants prĂ©sents dans lâair
passe aussi par la possibilité pour le consommateur de choisir les produits les moins toxiques. Cela passe par
lâĂ©tiquetage des produits « notamment pour signaler la prĂ©sence de produits ou substances Ă risque pour certaines
populations sensibles. »
Concernant le volet information, Ă©ducation et responsabilisation non seulement des consommateurs mais aussi
des professionnels (mĂ©decins, ingĂ©nieurs, architectes), lâOffice, aprĂšs avoir soulignĂ© lâimportance de lâInstitut
National de la Consommation (INC) et de lâUFC-Que Choisir comme lanceurs dâalertes, propose lâĂ©laboration dâun
projet de loi pour garantir « lâĂ©coute et la protection des lanceurs dâalerte ». Les citoyens et les chercheurs sont
Ă©galement susceptibles de jouer le rĂŽle de lanceurs dâalertes.
Pour informer des dangers de la pollution de lâair intĂ©rieur et des moyens existant pour lutter contre cette pollution,
lâOffice recommande « une mobilisation de lâINPES », Institut National de PrĂ©vention et dâEducation pour la SantĂ©.
LâĂ©ducation des citoyens Ă une meilleure hygiĂšne chimique doit aussi trouver sa place Ă lâĂ©cole avec la mise en
Ćuvre « dâun programme en direction des enseignants ».
3
LâOffice considĂšre aussi comme important pour le public de disposer de moyens pour connaĂźtre lâĂ©tat de lâair de
son habitation. Elle propose Ă ce sujet de « ReconnaĂźtre Ă chaque citoyen un droit dâinvestigation sur son
environnement intérieur et organiser les moyens pratiques de la mise en ouvre de ces droits. » Ces moyens
passent notamment par le développement du métier de conseiller en environnement intérieur.
En cas de doute sur la qualitĂ© de lâair intĂ©rieur, tout citoyen pourra ainsi faire procĂ©der Ă des mesures de la qualitĂ©
de lâair de son habitation. Pour les mĂ©decins, ces relevĂ©s pourront Ă©galement constituer un outil de diagnostic
prĂ©cieux pour remĂ©dier Ă des symptĂŽmes tels que les allergies ou les maux de tĂȘte rĂ©currents.
4
Les sĂ©nateurs ont insufflĂ© lâair intĂ©rieur dans le projet de loi Grenelle
A partir du mois de juillet 2007, le Grenelle de lâenvironnement a rĂ©uni plusieurs groupes de travail. Au sein de
chaque groupe, chercheurs, experts, politiques, représentants du patronat, des syndicats de travailleurs,
dâorganisations non gouvernementales, dâassociations⊠avaient pour mission dâĂ©laborer des propositions et des
recommandations sur un thĂšme particulier. Câest dans le groupe « instauration dâun environnement respectueux de
la santĂ© » quâune rĂ©flexion sur les mesures Ă prendre pour lutter contre la pollution de lâair intĂ©rieur a eu lieu.
Lâobjectif de ces rĂ©flexions Ă©tait de parvenir Ă un consensus sur les actions de prĂ©vention Ă mener dans lâensemble
des lieux de vie et sur les actions de surveillance et de prévention pour les lieux ou populations à risques.
Plusieurs propositions ont Ă©tĂ© formulĂ©es pour amĂ©liorer la qualitĂ© de lâhabitat, agir sur la qualitĂ© des produits de
construction, dâamĂ©nagement, dâĂ©quipement et dâentretien, mettre en place la surveillance et la prĂ©vention dans les
lieux publics et les bureaux, et pour les lieux ou populations Ă risques.
Les travaux rĂ©alisĂ©s dans le cadre du grenelle de lâenvironnement ont donnĂ© lieu Ă la rĂ©daction dâun projet de loi
qui ne contenait aucune disposition relative Ă la lutte contre la pollution de lâair intĂ©rieur. Ce nâest quâaprĂšs avoir Ă©tĂ©
amendĂ© au SĂ©nat que le texte a Ă©tĂ© augmentĂ© de mesures sur la pollution de lâair intĂ©rieur.
Il est regrettable que ces mesures qui concernent les matériaux de construction et de décoration aient exclu les
produits de consommation courante, le SĂ©nat ayant jugĂ© prĂ©fĂ©rable dâattendre les rĂ©sultats dâune Ă©tude
approfondie sur cette catĂ©gorie de produits : « Dans un dĂ©lai dâun an Ă compter de la publication de la prĂ©sente loi,
lâĂtat publiera une Ă©tude sur la nĂ©cessitĂ© dâĂ©tendre ces mesures Ă dâautres catĂ©gories de produits de grande
consommation susceptibles de polluer lâair intĂ©rieur dans les domiciles ou les lieux publics clos, tels que les
produits dâentretien, ou ayant pour fonction dâĂ©mettre des substances volatiles dans lâair ambiant. » On aurait en
effet pu espĂ©rer que les parlementaires portent une plus grande attention au rĂŽle de lanceur dâalertes jouĂ© par
lâUFC-Que Choisir sur un grand nombre de produits de consommation, Ă commencer par les dĂ©sodorisants.
Toutefois, les mesures retenues dans le cadre de lâarticle 35 du projet de loi du Grenelle de lâenvironnement nâen
constituent pas moins une réelle avancée. Ainsi, à compter du 1
er
janvier 2012, tous les matériaux de construction
et de décoration devront porter mention des substances entrant dans leur composition et émises dans
lâatmosphĂšre, dont les composĂ©s organiques volatiles. Et toute substance cancĂ©rogĂšne, mutagĂšne ou reprotoxique
certaine ou probable au sens de la rÚglementation européenne, en composition et en émission, sera interdite.
Par ailleurs, les établissements recevant du public, notamment des personnes vulnérables comme les femmes
enceintes, seront Ă©quipĂ©s de dispositifs pour mesurer la qualitĂ© de lâair intĂ©rieur et en informer le grand public.
Enfin, des postes supplémentaires de conseillers en environnement seront créés pour « identifier les diverses
sources dâallergĂšnes et de polluants au domicile de personnes affectĂ©es. »
5
Positions de lâUFC-Que ChoisirâŠ
âș
Pour interdire les substances dangereuses pour la santé
Interdire les substances cancĂ©rogĂšnes, mutagĂšnes et toxiques pour la reproduction : lâUFC-Que Choisir
demande que, dans un délai de trois ans, les substances cancérogÚnes, mutagÚnes (qui provoquent des défauts
génétiques) et toxiques pour la reproduction soient interdites. Plus aucun matériau de construction, matériau de
décoration ou produit de consommation courante nouvellement commercialisés ne doit contenir ni émettre de telles
substances.
Prendre en compte et interdire les perturbateurs endocriniens : lâUFC-Que Choisir demande que les
substances qui perturbent lâĂ©quilibre hormonal (perturbateurs endocriniens) fassent lâobjet dâune classification, en
fonction de leur dangerositĂ©. Les perturbateurs endocriniens certains ou probables pour lâhomme doivent alors ĂȘtre
interdits dans un dĂ©lai de trois ans Ă compter du moment oĂč ces classifications sont disponibles.
Traduire les valeurs dâexposition professionnelles pour le grand public : en lâabsence de valeur limite
dâexposition ou dose de rĂ©fĂ©rence pour le grand public et en attendant les rĂ©sultats dâĂ©valuation dans des
conditions dâutilisation par le grand public, lâUFC-Que Choisir demande que les valeurs appliquĂ©es dans le milieu
professionnel soient traduites, selon une méthode scientifiquement éprouvée, pour servir de référence au grand
public.
âș
Pour informer le consommateur et lui permettre de sélectionner les produits les plus respectueux de
sa santé et de son environnement
Rendre obligatoire la rĂ©alisation de tests dâĂ©mission : lâUFC-Que Choisir demande que toute entreprise
commercialisant des matériaux de construction, des matériaux de décoration ou des produits de consommation
courante, rĂ©alise systĂ©matiquement des tests dâĂ©mission. Les rĂ©sultats des tests, dont les protocoles sont dĂ©finis
par lâAgence europĂ©enne des produits chimiques, doivent ĂȘtre transmis Ă cette mĂȘme agence qui les rend publics
sur son site Internet dans un format compréhensible par tous.
Signaler la prĂ©sence de toute substance dangereuse par Ă©tiquetage : lâUFC-Que Choisir demande que soit
mentionnée sur les produits la présence, en composition et en émission, de substances cancérogÚne, mutagÚne,
toxique pour la reproduction, allergisante ou susceptible de perturber lâĂ©quilibre hormonal conformĂ©ment au
modĂšle suivant :
Produit contenant au moinsâŠ
Mention Ă porter sur le produit
une substance cancérogÚne certaine/probable
peut provoquer le cancer
une substance mutagĂšne certaine/probable
peut provoquer des problÚmes de fertilité
une substance toxique pour la reproduction
certaine/probable
peut provoquer des problĂšmes de
développement ou de reproduction
une substance allergĂšne certaine/probable
présence de substances allergisantes
un perturbateur endocrinien certain/probable
susceptible de perturber lâĂ©quilibre hormonal
6
Fixer une norme dâĂ©mission totale de polluants Ă ne pas dĂ©passer, 1
Ăšre
partie : lâUFC-Que Choisir demande
que la somme des composants organiques volatils ou COV
1
émis par les matériaux de construction et les
matĂ©riaux de dĂ©coration Ă 28 jours ou les produits de consommation courante, nâexcĂšde pas 200
”
g/m
3
. Dans le
cas contraire, un étiquetage négatif sera apposé.
Fixer une norme dâĂ©mission totale de polluants Ă ne pas dĂ©passer, 2
Ăšme
partie : lâUFC-Que Choisir demande
que la totalitĂ© des composĂ©s organiques volatils pour lesquels nous ne disposons dâaucune valeur limite
dâexposition ou dose de rĂ©fĂ©rence pour le grand public, ne reprĂ©sente pas plus de la moitiĂ© de la norme des 200
”
g/m
3
retenue précédemment, soit 100
”
g/m
3
. Dans le cas oĂč cette norme serait dĂ©passĂ©e, cela doit ĂȘtre signalĂ©
par Ă©tiquetage.
âș
Pour vivre dans un habitat sain
Equiper les bĂątiments dâune ventilation motorisĂ©e contrĂŽlĂ©e double flux : toute nouvelle construction, quâil
sâagisse de logements ou de locaux accueillant du public (Ă©tablissements dâenseignement et de santĂ©, etc.) doit
ĂȘtre Ă©quipĂ©e dâune ventilation motorisĂ©e contrĂŽlĂ©e (VMC) double flux.
Pour les bĂątiments anciens, ne disposant pas dâune VMC double flux, il convient de traiter diffĂ©remment les
logements des locaux accueillant du public :
-
Pour les logements, les particuliers doivent ĂȘtre incitĂ©s Ă installer une VMC double flux. Les mesure incitatives
passent notamment par le crĂ©dit dâimpĂŽt et le prĂȘts Ă taux zĂ©ro.
-
Pour les locaux accueillant du public, lâinstallation doit ĂȘtre obligatoire. A lâhorizon de 5 ans, lâensemble de ces
locaux devra ĂȘtre Ă©quipĂ© dâune VMC double flux. Les bĂątiments accueillant un public sensible (enfants,
femmes enceintes, personnes ĂągĂ©es, personnes malades) doivent ĂȘtre concernĂ©s en prioritĂ©.
La dĂ©cision dâinstaller ou non une VMC double flux dans un logement ne peut appartenir quâau particulier,
propriĂ©taire du logement notamment parce que le coĂ»t dâun tel dispositif est Ă©levĂ©. Il faut compter entre 2.000 et
3.000 euros pour installer une VMC double flux et environ 130 ⏠par an pour lâentretien.
Faire participer les professionnels de santĂ© Ă la lutte contre la pollution de lâair intĂ©rieur : le corps mĂ©dical
apparaĂźt comme insuffisamment sensibilisĂ© Ă la problĂ©matique de lâair intĂ©rieur (en dehors des allergologues et
pneumologues). Le dĂ©veloppement de la mĂ©decine environnementale avec un volet pollution de lâair intĂ©rieur doit
amĂ©liorer beaucoup le suivi et la prise en charge des troubles de santĂ© provoquĂ©s par une mauvaise qualitĂ© de lâair
intĂ©rieur. Câest pourquoi les formations initiales et continues des professionnels de santĂ© doivent intĂ©grer cette
problématique dans leurs programmes.
Ces mĂȘmes professionnels de santĂ© doivent pouvoir sâappuyer sur les conseillers en environnement intĂ©rieur,
mĂ©tier qui doit ĂȘtre davantage dĂ©veloppĂ© non seulement pour rĂ©pondre aux sollicitations des mĂ©decins, mais aussi
des citoyens qui doivent se voir reconnaĂźtre un droit dâinvestigation sur leur logement.
1
Sous le terme COV sont regroupés un trÚs grand nombre de substances chimiques aux caractéristiques trÚs variables. Elles entrent aussi
bien dans la composition des carburants que dans celle de nombreux produits de consommation (peintures, encres, colles, détachants,
cosmétiques, solvants...).
7
Annexes
8
Principes de réalisation des tests UFC-Que Choisir
âș
MĂ©thodes de test
La mesure de la concentration dans lâair des composĂ©s organiques volatils et parmi ces COV des aldĂ©hydes
(famille de COV Ă laquelle appartient le formaldĂ©hyde) nĂ©cessite au prĂ©alable le prĂ©lĂšvement dâĂ©chantillons dâair
selon différentes méthodes :
-
Le piĂ©geage des composĂ©s de lâair Ă Ă©chantillonner sur support solide (cartouche dâabsorbant imprĂ©gnĂ©e),
o
par diffusion (prélÚvement passif)
o
ou par pompage (prélÚvement actif).
-
Le prĂ©lĂšvement rĂ©alisĂ© de façon automatique Ă lâentrĂ©e dâun systĂšme analytique, ce qui permet des
mesures en continu.
Quand les polluants sont piĂ©gĂ©s sur des cartouches absorbantes, ceux-ci sont extraits Ă lâaide de solvants pour
ĂȘtre analysĂ©s par chromatographie en phase liquide haute prĂ©cision avec dĂ©tection UV. Les protocoles de test sont
précisés dans les monographies concernant les substances (fiches INRS ou protocoles spécifiques normalisés).
LâĂ©chantillonnage peut ĂȘtre rĂ©alisĂ© en conditions rĂ©elles dâutilisation (test sur site) ou dans un dispositif de test,
appelĂ© chambre dâĂ©mission. Il est possible de faire le lien avec le comportement en conditions rĂ©elles et de
calculer la contribution du produit Ă©tudiĂ© Ă la concentration dans lâair des composĂ©s Ă©tudiĂ©s. La mesure des
Ă©missions des revĂȘtements de sol se fait en chambre dâĂ©mission dans des conditions normalisĂ©es.
Des tests plus simples en cellules dâĂ©mission oĂč lâon place une fraction du produit Ă analyser sont Ă©galement
réalisables. Ces tests sont délicats à corréler avec les conditions réelles. Il faut les considérer comme utiles dans
une approche qualitative visant Ă connaĂźtre les substances Ă©mises.
âș
Laboratoires de test
Les analyses dâĂ©missions sont trĂšs particuliĂšres et ne sont pas maĂźtrisĂ©es par tous les laboratoires. En France,
sont capables, entre autres, de réaliser ces analyses le Centre Scientifique et Technique du Bùtiment (Marne-la-
vallée), SGS-Crépin (Rouen) ; en Europe, on peut citer Eurofins au Danemark et Certech en Belgique. Il existe de
nombreux autres laboratoires mais nous nâavons pas eu lâoccasion de leur confier des analyses de ce type.
9
Schéma toxicologique pour la protection des consommateurs
Substances évaluées dans
des conditions dâutilisation
par les consommateurs
Oui
Non
Substances évaluées
pour le seul milieu
professionnel
Substances pour lesquelles
nâexiste aucune Ă©valuation
Oui
Non
Traduction probabiliste
des valeurs professionnelles
en attendantâŠ
Expertise
âą CMR* 1/2 : Ătiquetage nĂ©gatif
puis interdiction Ă 3 ans
âą CMR* 3 :
Ătiquetage nĂ©gatif
si seuil dépassé
âą AllergĂšnes : Ătiquetage informatif
quelle que soit la quantité détectée
* Substances classées CancérigÚnes, MutagÚnes ou Repro-toxiques
Toxicité avérée
Oui
Non
Aucune mesure de
prévention nécessaire
Somme des COV non évalués
inférieure à 100
”
g/m
3
en attendantâŠ
Matériaux de construction et produits de consommation dont total des COV inférieur à 200
”
g/m
3
Oui
Non
Etiquetage négatif
puis interdiction Ă 3 ans
1
Lâexpertise de lâUFC-Que Choisir
1. La derniĂšre expertise en date, test moquettes 2009
Le test publié ce mois-ci dans Que Choisir montre que les moquettes seules ne relarguent pas de composés
nocifs dans lâair ambiant. Mais bien quâelles ne soient pas elles-mĂȘmes des matĂ©riaux Ă©missifs, elles
peuvent le devenir si on utilise pour les poser une méthode fréquemment employée consistant à les coller
sur le sol. Pour ce type de pose, les moquettes contribuent alors fortement Ă la pollution de lâair intĂ©rieur, car
les émanations de la colle passent à travers le support et les fibres, et souvent de façon durable.
Toutes les références de moquettes ont été testées 3 jours, puis 28 jours aprÚs la pose, mais notre
évaluation repose en priorité sur les teneurs à 28 jours qui traduisent une contribution durable à la pollution
de lâair intĂ©rieur. Or les rĂ©sultats de notre test Ă 28 jours sont majoritairement mauvais ou trĂšs mauvais. On
relĂšve notamment des Ă©missions Ă©levĂ©es de DEGBE (composĂ© dĂ©truisant les globules rouges chez lâanimal)
supérieures à 10 fois la norme de confort de 200 ”g/m3, des teneurs notables en toluÚne (puissant
neurotoxique), en phĂ©noxyĂ©thanol (reprotoxique et nocif sur le plan neurologique). On dĂ©tecte mĂȘme du
formaldéhyde, un gaz trÚs irritant à faibles doses.
En conclusion, il faut absolument Ă©viter lâencollage des moquettes et recommander lâutilisation de scotch
doubles faces qui, quant à eux, ne provoquent aucune émission de composés organiques volatils.
2. Lâexpertise historique de 2001 qui a lancĂ© lâalerte : mesures dâexposition dans 900
logements
La premiĂšre Ă©tude publiĂ©e par Que Choisir en 2001 passait au crible deux logements, lâun Ă Paris, lâautre en
province. Les mesures effectuées par le Centre Scientifique et Technique du Bùtiment portaient sur la teneur
en composĂ©s organiques volatiles, ou COV, dans lâair de ces deux logements.
Sous le terme COV est regroupé un trÚs grand nombre de substances chimiques aux caractéristiques trÚs
variables. Ils entrent aussi bien dans la composition des carburants que dans celle de nombreux produits de
consommation (peintures, encres, colles, détachants, cosmétiques, solvants...). Pour cette raison, leur
prĂ©sence dans lâair intĂ©rieur peut ĂȘtre importante. On parle de pollution secondaire. Il nâest donc pas
suffisant de connaĂźtre les diffĂ©rentes substances chimiques entrant dans la fabrication dâun produit de
consommation pour en connaĂźtre les substances libĂ©rĂ©es dans lâair. En effet, les substances prĂ©sentes dans
un produit de consommation sont susceptibles dâĂȘtre libĂ©rĂ©es dans lâair mais diffĂ©rentes rĂ©actions peuvent
intervenir ensuite et former de nouveaux composĂ©s qui nâĂ©taient pas prĂ©sents initialement dans le produit.
Et dâaprĂšs les relevĂ©s de cette premiĂšre Ă©tude pilote dans deux logements, lâair intĂ©rieur est fortement
chargĂ© en COV, indicateur global de lâensemble des substances chimiques prĂ©sentes dans lâair :
« Nos analyses démontrent qu'il y fait plus mauvais qu'à l'extérieur. A Paris, quand nous avons mesuré
165 ”g/m
3
de COV [composés organiques volatils] dehors, l'intérieur affichait 532 ”g/m
3
. En zone rurale,
le contraste s'amplifie au détriment de l'habitation. 1 164 ”g/m3 dedans, 120 à l'extérieur. »
Les niveaux de COV relevés sont trÚs supérieurs aux normes américaines et allemandes, seules normes
dont nous disposons aujourdâhui, qui sâaccordent pour considĂ©rer le seuil de 200 ”g/m3 comme un seuil de
confort. Au-delĂ , on peut considĂ©rer que lâair intĂ©rieur commence Ă ĂȘtre chargĂ©.
Ne portant que sur deux logements, une Ă©tude de plus grande envergure sâimposait pour vĂ©rifier ces
premiers rĂ©sultats surprenants. Câest pourquoi, lâannĂ©e suivante, lâUFC-Que Choisir a fait rĂ©aliser et analyser
la composition de lâair dans 900 logements. Un millier de lecteurs de la revue Que Choisir ont commandĂ© un
kit de prĂ©lĂšvement pour mesurer la prĂ©sence Ă©ventuelle de composĂ©s organiques volatiles et dâaldĂ©hydes
dans leur habitation. Ces kits ont Ă©tĂ© ensuite renvoyĂ©s Ă lâUFC-Que Choisir qui en a confiĂ© lâanalyse Ă un
laboratoire spĂ©cialisĂ© dans ce domaine. Les rĂ©sultats ont trĂšs nettement confirmĂ© ceux de lâannĂ©e passĂ©e.
2
-
En ce qui concerne les COV, 54 % des logements dépassent le seuil de qualité allemand, pourtant
peu sévÚre, de 300 ”g/m
3
de COV. Mais si lâon prend comme rĂ©fĂ©rence le seuil amĂ©ricain de 200
”g/m
3
de COV, ce sont alors 76 % des logements qui sont considérés comme non conformes !
-
Les résultats sont tout aussi préoccupants pour le formaldéhyde. Mieux connu sous le nom de
formol lorsquâil est dissout dans lâeau, le formaldĂ©hyde est un composĂ© organique trĂšs volatil
appartenant à la famille des aldéhydes. un irritant des yeux, du nez et de la gorge. Suite à une étude
américaine, il a été classé en 2005 par l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) comme un
cancérogÚne certain pour l'homme du nasopharynx et des fosses nasales. Or, dans 90 % des
logements, les teneurs relevĂ©es dans lâair sont supĂ©rieures Ă la norme de 10 ”g/m
3
retenue par
lâOMS pour les personnes sensibles (embryon, femme enceinte, enfants en bas Ăąge, personnes
ùgées).
Une analyse complĂ©mentaire des logements les plus polluĂ©s a permis dâidentifier les principales sources
dâĂ©missions de polluants. Mis Ă part le manque de ventilation, on relĂšve dans la plupart de ces logements la
prĂ©sence de parquets vitrifiĂ©s, de revĂȘtements de sols stratifiĂ©s, de panneaux en bois agglomĂ©rĂ©, lâutilisation
dâaĂ©rosols ou encore des travaux rĂ©cents mettant en Ćuvre des matĂ©riaux dĂ©gageant des COV. Dans une
moindre mesure, les produits dâentretien et de nettoyage sont Ă©galement impliquĂ©s.
Ce sont ces conclusions qui motiveront les tests réalisés par la suite sur plusieurs familles de produits
susceptibles de dégager des composés volatils : désodorisants d'intérieur, peintures, nettoyants ménagers,
meubles, tapis, revĂȘtements de sol, vitrificateurs, etc.
Ces deux Ă©tudes ont Ă©galement permis de mettre en lumiĂšre lâabsence de norme rĂ©glementaire applicable Ă
la pollution des habitations.
3. La sĂ©rie de tests parue dans Que Choisir : dĂ©sodorisants dâintĂ©rieur, peintures,
nettoyants mĂ©nagersâŠ
Depuis 1999, lâUFC-Que Choisir a publiĂ© plusieurs tests dâĂ©mission de composĂ©s organiques volatils sur des
produits de consommation courante. Nous rappelons ci-aprÚs les tests publiés et leurs principaux
enseignements. Le cadre méthodologique de nos tests est présenté en annexe.
Désodorisants d'intérieur
-
Décembre 2004 : Que Choisir publie un test réalisé au niveau européen sur 74 désodorisants. Parmi
les substances relevĂ©es qui ont attirĂ© lâattention des Ă©valuateurs on peut citer : muscs artificiels
(exaltone, galaxolide, tonalide, traseolide...) soupçonnĂ©es d'ĂȘtre des perturbateurs endocriniens, des
phtalates Ă©galement soupçonnĂ©s d'ĂȘtre perturbateurs endocriniens, du benzĂšne, hydrocarbure
cancérigÚne, notamment du formaldéhyde, gaz cancérigÚne, du styrÚne, du naphtalÚne,
cancérigÚnes possibles pour l'homme. Sont aussi mentionnés le toluÚne, hydrocarbure aromatique
neurotoxique, les xylÚnes, le BHT (butylhydroxytoluÚne), l'acétaldéhyde, présents seuls ou en
cocktail dans une partie des désodorisants, qui sont classés «cancérigÚnes possibles» pour
l'homme par le Centre international de recherche sur le cancer. Enfin, le paradichlorobenzĂšne est un
irritant respiratoire.
-
Septembre 2008 : quatre ans plus tard, Que Choisir réédite un test sur 36 produits comprenant :
bougies parfumées, lampes Berger, encens, bombes désodorisantes, diffuseurs électriques et
diffuseurs prĂȘts Ă poser. Mis Ă part cette derniĂšre catĂ©gorie et quelques bougies, toutes les autres
familles de désodorisants polluent toujours trop. Les encens notamment restent des produits
particuliÚrement polluants et dégagent formaldéhyde, benzÚne, acétaldéhyde et toluÚne. Quant aux
aérosols, la plupart relarguent plus du seuil admissible de 200 ”g/m3 de COV et sur les dix
références, deux seulement n'émettent aucune substance suspectée d'effets nocifs.
Peintures
-
Mai 2003, peintures murales : les résultats de ce test sont particuliÚrement préoccupants : sur 15
peintures testĂ©es 2 semaines aprĂšs lâapplication, 12 dĂ©gagent plus de 2000 ”g de COV par m3, soit
bien au-dessus du seuil de confort de 200 ”g/m3. Le maximum relevé atteint 25.000 ”g/m3 !
3
-
Mai 2006, peintures d'intĂ©rieur : trois plus tard, les rĂ©sultats sâamĂ©liorent, puisque sur les 12
peintures analysées 14 jours aprÚs application, 4 ne polluent plus à ce stade.
-
Mai 2009, peintures pour cuisine et salle de bains : les résultats des tests réalisés 3 ans plus tard
sur les peintures spéciales de cuisines et salles de bains sont en revanche, moins bons. La totalité
des 11 peintures testées à 28 jours dépassent le seuil de confort de 200 ”g/m
3
pour les COV.
Certaines émettent en outre du formaldéhyde, du DEGBE (éther de glycol ayant fait l'objet d'une
demande de retrait en 2000), de l'acide 2-Ă©thylhexanoĂŻque fortement soupçonnĂ© d'ĂȘtre toxique pour
la reproduction et du propylÚne glycol pour lequel on a relevé une toxicité sur les animaux.
Nettoyants ménagers
-
Novembre 2004 : sur les 18 nettoyants ménagers testés par l'UFC-Que Choisir, 10 émettent plus de
500 ”g/m3 de composés organiques volatils (COV) quatre heures aprÚs l'application, c'est-à -dire
bien au-dessus du seuil de 200 ”g/m3. En particulier, deux détergents liquides émettent du
formaldéhyde pour des teneurs respectivement de 30 et 26 ”g/m3 quatre heures aprÚs l'application
des produits, alors que l'OMS (Organisation mondiale de la santé) recommande de ne pas dépasser
10 ”g/m3 pendant une demi-heure pour les personnes sensibles. Au final, 11 nettoyants sur les dix-
huit analysĂ©s dĂ©gradent trop l'air intĂ©rieur pour ĂȘtre conseillĂ©s.
-
Mars 2007, nettoyants pour salle de bains : par rapport à 2004, plus aucun des 16 nettoyants testés
n'émet de formaldéhyde. Six cependant émettent des COV en telles quantités que dix minutes aprÚs
utilisation, les concentrations dépassent 1.000 ”g par m3 d'air, soit largement au-dessus du seuil de
confort de 200 ”g/m3. On relÚve notamment un maximum à 9 800 ”g/m3.
Vitrificateurs
Huit vitrificateurs sont testés en octobre 2007. Trois jours aprÚs application des produits, le seuil de confort
de 200 ”g/m3 pour les COV est dépassé par la totalité des produits. Plus grave, certains vitrificateurs
continuent à diffuser une forte quantité de polluants dans l'air intérieur au bout de quatre semaines. Cinq
produits émettent un acide, le 2-éthylhexanoïque, classé comme préoccupant pour la fertilité et la
reproduction, à des teneurs élevées trÚs supérieures aux récentes préconisations de l'Afsset. En outre, les
formulations à base de solvants pétroliers relarguent du formaldéhyde.
Commodes en bois aggloméré
En janvier 2006, sont publiés des tests réalisés sur des commodes. Presque toutes les commodes testées
sont fortement déconseillées, voire éliminées en raison des résultats relevés 28 jours aprÚs leur montage,
en particulier du fait de leur teneur en formaldĂ©hyde ou de leur total de COV ou encore du fait quâelles
émettent du butylglycol. Point important : elles continuent toutes à émettre du formaldéhyde au bout de 28
jours, ce qui fait quâelles ne peuvent ĂȘtre installĂ©es dans une chambre, notamment pour des enfants.
Tapis
Les analyses publiées en avril 2005 pour douze tapis montrent que la contamination de l'air par les tapis est
généralement trÚs faible par rapport à celle des autres familles de produits. Si les concentrations relevées
trois jours aprÚs les avoir déballés, atteignent jusqu'à 460 microgrammes/m3 de COV, les mesures réalisées
quatre semaines aprÚs la pose démontrent en revanche que la contamination de l'air est devenue
insignifiante. Une exception cependant pour un tapis qui libĂšre un Ă©ther de glycol pourtant interdit Ă une
concentration de plus de 0,5 % dans les biens destinés à la vente grand public. Trois autres modÚles
émettent en outre du formaldéhyde et du benzÚne.
RevĂȘtements de sol
Vingt types de revĂȘtements diffĂ©rents sont publiĂ©s en mars 2005 : dalles PVC, rouleaux en vinyle, sols
stratifiĂ©s et parquets contrecollĂ©s. Pour la quasi totalitĂ© des revĂȘtements, les niveaux mesurĂ©s trois jours
aprÚs la mise en place restent trop élevés. On relÚve jusqu'à 6.900 ”g/m3.de COV quand le seuil de confort
retenu est de 200 ”g/m3. Au bout dâun mois, les concentrations en COV totaux reviennent Ă des niveaux
corrects sur une majoritĂ© de produits, mais 11 revĂȘtements continuent en revanche Ă rejeter du
formaldĂ©hyde. Du fait de cette Ă©mission de formaldĂ©hyde, seuls cinq revĂȘtements au final sont considĂ©rĂ©s
comme acceptables.
4
4. Carences réglementaires et insuffisance des tests effectués par les professionnels
Les recherches effectuĂ©es Ă lâoccasion de ces tests ont rĂ©vĂ©lĂ© de grandes carences en matiĂšre de
réglementation applicable aux produits (peu de normes spécifiques par type de produit, absence totale de
rĂ©glementation en matiĂšre dâĂ©mission).
Quant aux professionnels, il semble que ceux-ci pratiquent trĂšs peu de tests dâĂ©mission sur leurs produits, et
se contentent de se conformer aux obligations générales portant sur la composition des produits. Or la
simple conformitĂ© dans la composition dâun produit ne suffit pas, car du fait de rĂ©actions chimiques ou
photochimiques, les composĂ©s dâun produit peuvent interagir entre eux, avec le support ou encore avec
lâenvironnement, et dĂ©gager des composĂ©s nocifs non prĂ©sents dans la formulation initiale.
1
REACH : une rĂšglementation trop peu contraignante
De façon générale, les risques pour la santé humaine sont inconnus pour un grand nombre des substances
prĂ©sentes dans lâair intĂ©rieur et difficiles Ă prĂ©voir en raison du manque de donnĂ©es toxicologiques. Lâinvestigation
des effets potentiels de ces substances supposerait de fournir des données sur la toxicité selon des protocoles
complexes, longs et coĂ»teux. Car si la pollution intĂ©rieure nâa que rarement des dâeffets aigus, elle est en revanche
susceptible dâexercer des effets Ă long terme. Or, les effets des substances chimiques sont justement difficiles Ă
Ă©tudier sur le long terme.
Dans ce contexte, la directive européenne sur les produits chimiques, REACH, constitue une réelle avancée en
mobilisant et coordonnant les travaux sur lâĂ©valuation des substances chimiques dans les 27 pays membres de
lâUnion. En France, lâapplication de cette directive, constitue aussi le premier cadre rĂšglementant les substances
chimiques composant les produits de consommation.
Il faudra cependant attendre 2018 pour que soient évaluées les 30.000 substances concernées par REACH, soit
seulement un tiers des 100.000 substances chimiques produites chaque année. Difficile dans ces conditions
dâespĂ©rer Ă court terme une meilleure information et une meilleure protection du grand public.
Par ailleurs, les critĂšres qui ont prĂ©valu pour ne retenir quâune substance sur trois, nâont rien Ă voir avec la santĂ©
publique. Pourtant, le coĂ»t supportĂ© par lâindustrie chimique europĂ©enne est trĂšs faible dans lâabsolu et a fortiori
quand ce coût est rapporté aux bénéfices attendus pour la santé.
1. Les objectifs de REACH
AdoptĂ©e le 18 dĂ©cembre 2006 par le Conseil de lâUnion EuropĂ©enne et entrĂ©e en vigueur le 1er juin 2007, REACH
constitue de ce point de vue une avancée certaine et « intÚgre en un seul instrument la prévention des
consĂ©quences sanitaires et environnementales de lâensemble de la chaĂźne des substances chimiques de leur
fabrication Ă leur lâutilisation. »
1
Initialement REACH avait pour objectif de recenser et de dĂ©finir lâimpact sur la santĂ© et lâenvironnement de toutes
les substances chimiques existantes, plus de 100.000
2
. Cet objectif a été revu à la baisse. Les substances
concernées par la rÚglementation européenne sont celles mises sur le marché aprÚs 1981 et dont les quantités
produites sont supérieures à 1 tonne, soit environ 30.000 substances concernées.
Les critĂšres dâĂ©ligibilitĂ© dâune substance au rĂšglement REACH nâont par consĂ©quent rien Ă voir avec des critĂšres
de santé publique.
2. REACH en pratique, lâagence europĂ©enne des produits chimiques
Pour garantir lâapplication de la rĂšglementation REACH, une agence europĂ©enne des produits chimiques a Ă©tĂ©
mise en place. Un double rĂŽle a Ă©tĂ© confiĂ© Ă lâagence, enregistrement des substances chimiques et Ă©valuation de
la qualitĂ© des dossiers dâenregistrement prĂ©sentĂ©s par les entreprises. Pour chaque substance, un dossier doit ĂȘtre
remis Ă lâagence apportant la preuve de son innocuitĂ©, de la fabrication Ă la commercialisation du produit dont elle
constitue un des composants. Lâagence doit sâassurer que les preuves fournies rĂ©pondent bien aux normes en
vigueur et ne relĂšvent pas simplement dâallĂ©gations gratuites.
Lâagence europĂ©enne nâest pas habilitĂ©e Ă interdire la production et lâutilisation de substances chimiques. Elle est
tout juste mandatée à simplement inciter les entreprises à substituer les substances toxiques par des substances
plus respectueuses de la santĂ© et de lâenvironnement.
1
http://www.ecologie.gouv.fr/IMG/pdf/dossier_presse_REACH.pdf
, page 27
2
Voir le Livre blanc intitulé « Stratégie pour la future politique dans le domaine des produits chimiques » présenté en février 2001 par la
Commission europĂ©enne. Ce livre blanc est le rĂ©sultat dâune Ă©tude sur les limites des instruments rĂ©glementaires existants et dâun consensus
sur la nécessité de réformer le cadre réglementaire existant dans ce domaine.
2
âș
Enregistrement des substances chimiques
Toute entreprise produisant ou utilisant les substances concernées dans la fabrication de produits commercialisés
en Europe, doit faire enregistrer ces substances auprĂšs de lâAgence EuropĂ©enne des Produits Chimiques. Chaque
industriel doit constituer un dossier pour chacune des substances produites ou utilisées et faire la preuve de la
maßtrise des risques liés à la substance concernée.
Cette obligation faite aux industriels constitue une avancĂ©e intĂ©ressante dans la mesure oĂč, auparavant, câĂ©tait aux
autoritĂ©s publiques dâapporter la preuve de la non dangerositĂ© des produits chimiques.
Pratiquement, la procĂ©dure dâenregistrement, qui a dĂ©butĂ© courant 2008, est prĂ©vue pour durer 11 ans. Sont
dâabord concernĂ©es toutes les substances chimiques dont la production ou lâutilisation excĂšde 1.000 tonnes par an,
soit environ 2.300 substances.
âș
Substitution des substances les plus dangereuses, aucune obligation légale
Sont Ă©galement concernĂ©es dans cette premiĂšre phase, sur les trois que comptent la procĂ©dure dâenregistrement,
les substances toxiques pour lâhomme et pour les organismes aquatiques dont la production ou lâutilisation est
supérieure à 1 tonne par an. Ces substances présentent au moins une des caractéristiques suivantes :
-
Les substances cancérogÚnes, mutagÚnes ou toxiques pour la reproduction
3
.
-
Les substances persistantes (qui se décomposent lentement ou pas du tout), bioaccumulables (qui
sâaccumulent dans lâenvironnement) et toxiques pour les organismes vivants.
-
Les substances possédant des propriétés perturbant le systÚme endocrinien ou pour lesquelles il est
scientifiquement prouvé qu'elles peuvent avoir des effets graves sur la santé humaine ou l'environnement
qui suscitent un niveau de préoccupation équivalent à celui suscité par l'utilisation d'autres substances
Ă©numĂ©rĂ©es prĂ©cĂ©demment et qui sont identifiĂ©es, au cas par cas, Ă lâinitiative dâun Etat membre ou de la
Commission.
Parmi les 1.500 substances potentiellement concernées par au moins un de ces trois critÚres, une quinzaine
seulement ont Ă ce jour Ă©tĂ© retenues par lâagence europĂ©enne
4
. Les Etats membres ont, par ailleurs, indiqué leur
intention de compléter cette liste par une vingtaine de substances. Au total, seulement 2 % des substances
concernées seront retenues.
La liste ainsi constituĂ©e doit encore ĂȘtre soumise au vote des Etats membres. Entre la dĂ©cision de ne retenir que
quelques substances toxiques et la reconnaissance effective de ces substances comme toxiques par la
communautĂ© europĂ©enne, un dĂ©lai de 5 ans est prĂ©visible. Cette liste pourra ĂȘtre complĂ©tĂ©e tous les 2 ans.
Toute entreprise produisant ou utilisant des substances considĂ©rĂ©es comme toxiques pour lâhomme et les
organismes aquatiques devra obtenir une autorisation spĂ©cifique de lâagence europĂ©enne, notamment en
démontrant que le risque est maßtrisé et que la substitution par une autre substance chimique est possible. Mais,
en rien cette substitution nâest rendue obligatoire, il sâagit dâun simple encouragement Ă substituer des substances
dangereuses par des substances moins nocives pour la santé.
3
Les substances cancérogÚnes (C) sont les substances et préparations qui, par inhalation, ingestion ou pénétration cutanée, peuvent
provoquer un ou plusieurs cancers ou en augmenter la fréquence. Les substances mutagÚnes (M) sont les substances et préparations qui, par
les mĂȘmes voies, peuvent produire des dĂ©fauts gĂ©nĂ©tiques hĂ©rĂ©ditaires ou en augmenter la frĂ©quence. Les substances toxiques pour la
reproduction (R) sont les substances et prĂ©parations qui, par les mĂȘmes voies, peuvent produire ou augmenter la frĂ©quence dâeffets nocifs non
héréditaires dans la progéniture ou porter atteinte aux fonctions ou capacités reproductives.
4
Liste des substances candidates Ă lâautorisation publiĂ©e sur le site de lâAgence le 28/10/08. Cette liste est prĂ©sentĂ©e dans un document
disponible Ă lâadresse suivante :
http://www.reach.lu/mmp/online/website/menu_hori/news/93/file_512/doc-20081118-article-liste-candidate-fr-
1.0.pdf
3
3. Les bénéfices pour la santé publique de REACH
Plusieurs Ă©tudes ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©es par la commission europĂ©enne pour Ă©valuer lâimpact de la mise en Ćuvre du
rĂšglement REACH sur la santĂ© et lâenvironnement
5
.
Sur les 30 prochaines annĂ©es, la commission europĂ©enne chiffre Ă 50 milliards dâeuros le bĂ©nĂ©fice pour la santĂ©
de lâapplication de la directive REACH. Ce bĂ©nĂ©fice rĂ©sulte notamment des 2.000 Ă 4.000 cas de dĂ©cĂšs par cancer
qui devraient ĂȘtre Ă©vitĂ©s en Europe.
Les coĂ»ts sont essentiellement supportĂ©s par lâindustrie chimique â 2,3 milliards dâeuros sur 11 ans â et les
utilisateurs en aval, entreprises intégrant dans la composition de leurs produits les substances fabriquées par cette
industrie pour un montant de lâordre de 2,8 Ă 4 milliards dâeuros sur 11 ans. Tous secteurs confondus, les coĂ»ts
reprĂ©sentent entre 5 Ă 6 milliards dâeuros.
Ces coĂ»ts doivent ĂȘtre relativisĂ©s parce quâils sont estimĂ©s pour une pĂ©riode de 11 ans, temps nĂ©cessaire Ă la
mise en Ćuvre de la directive REACH, et pour lâensemble des 27 pays de la communautĂ© europĂ©enne. De plus,
les chiffres dâaffaires annuels de lâindustrie chimique et des utilisateurs aval, pour lâannĂ©e 2000, Ă©taient
respectivement de 417 et 425,5 milliards dâeuros.
4. Une réglementation trop timide
On ne peut par consĂ©quent que regretter le champ dâapplication restreint de REACH : seules les substances
chimiques mises sur le marché aprÚs 1981 et dont la production excÚde 1 tonne par an, ce qui ne représente que
30.000 substances sur les 100.000 connues. De plus, lâagence europĂ©enne nâaura un rĂŽle dâautorisation de mise
sur le marchĂ© que pour un nombre trĂšs restreint de ces substances. Enfin, le temps nĂ©cessaire Ă lâĂ©valuation qui a
tout juste commencĂ© est long. Il nâest donc pas possible de compter sur REACH Ă court terme pour protĂ©ger les
populations contre les effets négatifs des substances ou des produits sur la santé.
5
Cet exercice est problĂ©matique dans la mesure oĂč les donnĂ©es sur les substances chimiques manquent. Il en rĂ©sulte une grande variabilitĂ©
des estimations produites par les modÚles élaborés. Mais les nombreuses simulations réalisées concluent toutes à un différentiel coût bénéfice
trĂšs favorable Ă la santĂ© et lâenvironnement.
1
Un schéma toxicologique pour protéger le grand public
SynthĂšse du schĂ©ma toxicologique proposĂ© par lâUFC-Que Choisir
Les connaissances des propriĂ©tĂ©s et de lâimpact sur notre santĂ© des substances chimiques prĂ©sentes
dans lâenvironnement sont, aujourdâhui, trĂšs limitĂ©es. Toutefois, et en attendant les premiers rĂ©sultats
de la rÚglementation européenne REACH, nous ne sommes pas complÚtement démunis. Nous
disposons de quelques connaissances dont lâexploitation permettrait de dĂ©finir un schĂ©ma
toxicologique pour protéger le grand public sans délai.
Lâobjet de cette partie consiste Ă prĂ©senter un tel schĂ©ma dont les principales caractĂ©ristiques sont Ă
partir de tests dâĂ©missions rendus obligatoires :
-
Interdire toutes les substances reconnues à ce jour ou probablement cancérogÚnes,
provoquant des défauts génétiques (mutagÚnes) ou toxiques pour la reproduction
(reprotoxiques).
-
Recenser puis prohiber les substances qui perturbent lâĂ©quilibre hormonal.
-
Informer sur la prĂ©sence dâallergĂšnes entrant dans la composition ou Ă©mis par les matĂ©riaux
de construction, de décoration et tous les produits de consommation courante.
-
Pour toutes les substances dont lâimpact sur la santĂ© du grand public nâa pas Ă©tĂ© Ă©valuĂ©,
lâUFC-Que Choisir retient le principe de prĂ©caution suivant : la somme de ces substances
« non identifiĂ©es », Ă©mises dans lâatmosphĂšre de nos logements par un matĂ©riau ou un
produit, ne doit pas excéder 100
”
g/m
3
.
-
En additionnant les substances dont on connaßt les propriétés toxicologiques, la somme à ne
pas dépasser est de 200
”
g/m
3
. Ces normes, tenant compte notamment du fait que nous
accumulons un grand nombre de produits de consommation courante dans nos habitations,
doivent permettre de garantir que lâair quâon y respire ne soit pas trop chargĂ© en substances
chimiques, identifiées ou non.
Les produits qui ne rĂ©pondraient pas Ă cette norme doivent ĂȘtre signalĂ©s par Ă©tiquetage.
Un tel schéma toxicologique (reproduit en annexe) protÚge le grand public tout en offrant des repÚres
tangibles aux consommateurs lui permettant de sélectionner les matériaux de construction et de
décoration ainsi que les produits de consommation courante les plus respectueux de sa santé.
1. Classement des substances en fonction de leur dangerosité
Les substances considĂ©rĂ©es comme les plus dangereuses pour lâhomme sont les substances susceptibles de
provoquer des cancers (cancérogÚnes) ou des défauts génériques héréditaires (mutagÚnes) ou des problÚmes de
reproduction (reprotoxiques).
âș
Les substances cancérogÚnes
La classification européenne, la seule reconnue légalement en France et inscrite dans le code du travail, distingue
trois niveaux de toxicité :
-
CatĂ©gorie 1 : les substances cancĂ©rogĂšne pour lâhomme. 42 substances Ă©taient rĂ©pertoriĂ©es dans cette
catégorie fin 2004.
-
CatĂ©gorie 2 : les substances fortement prĂ©sumĂ©es cancĂ©rogĂšnes pour lâhomme mais pour lesquelles
nâexiste aucune donnĂ©e sur lâhomme (777 fin 2004).
-
CatĂ©gorie 3 : les substances prĂ©occupantes pour lâhomme (159 fin 2004) mais dont les effets nâont jamais
Ă©tĂ© observĂ©s chez lâhomme et dont les mĂ©canismes biologiques mis en lumiĂšre nâont pas dâĂ©quivalent chez
lâhomme.
2
Deux autres classifications existent. Celle du Centre de Recherche International sur le Cancer, le CIRC, qui
dĂ©pend de lâOrganisation Mondiale de la SantĂ©, et celle de lâagence environnementale amĂ©ricaine, lâEPA. Les
catégories retenues par ces organismes correspondent à celles de la commission européenne, comme indiqué
dans le tableau suivant :
Niveau de preuve
CIRC
Union
européenne
US EPA
CancérogÚne chez l'homme
1
1
A
CancérogÚne probable
chez l'homme
2A
2
B1 et B2
CancérogÚne possible
chez l'homme
2B
3
C
Inclassable
3
?
D
Probablement
non cancérogÚne
4
?
E
Source : rapport de lâOPECTS sur la pollution de lâair intĂ©rieur, page 35
Mais au sein de chacune de ces catĂ©gories et selon lâorganisme concernĂ©, on ne retrouve pas toujours les mĂȘmes
substances chimiques. Par exemple, le formaldéhyde, considéré comme cancérogÚne certain pour le Centre
International de Recherche sur le Cancer (CIRC) nâest quâun cancĂ©rogĂšne possible dans la classification retenue
par lâUnion EuropĂ©enne.
Pour lâUFC-Que Choisir, toutes les substances classĂ©es comme cancĂ©rogĂšnes pour lâhomme ou
prĂ©sumĂ©es comme tel, par la commission europĂ©enne ou par le CIRC ou par lâEPA, doivent ĂȘtre interdites Ă
la production.
âș
Substances mutagĂšnes et toxiques pour la reproduction
Une classification européenne est également disponible pour les substances mutagÚnes (M) et celles ayant des
effets toxiques pour la reproduction (R) sur la santé.
Le principe de classification de ces substances est identique Ă celui retenu dans le cas de substances
cancérogÚnes.
Par conséquent,
la production et lâimportation de substances ayant des effets mutagĂšnes ou reprotoxiques
certains ou probables doivent ĂȘtre interdites.
Par ailleurs, des travaux de recherche ont montrĂ© que certaines molĂ©cules pouvaient perturber lâĂ©quilibre hormonal
ce qui pouvait avoir pour consĂ©quence dâaltĂ©rer des fonctions telles que la croissance, le dĂ©veloppement, le
comportement, la reproduction⊠Or, pour ces substances, qualifiées de perturbateurs endocriniens, aucune
classification nâexiste Ă ce jour.
De la mĂȘme façon, il nâexiste pas de classification des substances allergĂšnes.
Câest pourquoi, conformĂ©ment Ă ce que prĂ©conise lâorganisme parlementaire en charge de lâĂ©valuation des choix
scientifiques et technologiques, lâOPECST, dans son rapport sur la pollution de lâair intĂ©rieur et les Ă©thers de glycol
(janvier 2008, page 40),
une nouvelle classification sur les perturbateurs endocriniens et les allergĂšnes doit
ĂȘtre rĂ©alisĂ©e au plus vite. Toutes les substances qui seront classĂ©es comme perturbateur endocrinien ou
allergĂšne certain ou probable doivent ĂȘtre interdites.
3
2. Milieux de vie et substances prioritaires
Il a longtemps Ă©tĂ© considĂ©rĂ© que, vu les faibles concentrations dans lâair de la plupart des polluants, ces derniers
Ă©taient sans danger pour la santĂ© humaine. Or de plus en plus dâexperts remettent en cause cette approche et
certaines Ă©tudes montrent des effets lĂ©taux de la pollution mĂȘme Ă faibles doses. Le principe de Paracelse selon
lequel « la dose fait le poison » est ainsi battu en brÚche par les tenants de la nouvelle toxicologie : on estime
aujourdâhui que mĂȘme les faibles doses sont toxiques, notamment les substances possĂ©dant un effet cancĂ©rogĂšne
ou mutagĂšne.
«
La prĂ©sence dans les lieux de vie de substances chimiques possĂ©dant un potentiel dangereux nâentraĂźne
pas directement un risque pour la santĂ©. En effet, ce risque nâexistera quâen fonction de lâexposition et de la
dose reçue, Ă lâexception des effets sans seuil. » (p. 39, rapport de lâOPCEST sur la pollution de lâair
intérieur, février 2008, p. 39)
Câest prĂ©cisĂ©ment tout lâintĂ©rĂȘt des travaux de lâObservatoire de la QualitĂ© de lâAir IntĂ©rieur que de fournir de telles
informations.
âș
La grande enquĂȘte de lâObservatoire de la QualitĂ© de lâAir IntĂ©rieur
Entre octobre 2003 et dĂ©cembre 2005, lâOQAI a ainsi procĂ©dĂ© Ă des mesures de la pollution de lâair dans 567
logements. Cet échantillon important permet de décrire une situation représentative des 24 millions de résidences
principales en France métropolitaine continentale.
Les mesures effectuées ont porté sur trois grandes familles de polluants, les polluants chimiques, biologiques et
physiques. Dans la catĂ©gorie des polluants dâorigine chimique, une vingtaine de substances appartenant Ă la
famille des composĂ©s organiques volatiles ou COV, ont fait lâobjet de relevĂ©s. Les polluants biologiques sont des
allergĂšnes de chiens et de chats ainsi que des allergĂšnes dâacariens prĂ©sents dans la poussiĂšre. Quant aux
polluants physiques sont concernés des particules
1
, le radon
2
et le rayonnement gamma.
Les mesures effectuĂ©es ont permis de confirmer que lâair que nous respirons Ă lâintĂ©rieur est plus polluĂ© que lâair
que nous respirons Ă lâextĂ©rieur. Lâair intĂ©rieur est le rĂ©sultat, dâune part, de lâinfiltration dâair extĂ©rieur polluĂ© dans
les bĂątiments et dâautre part, de lâĂ©mission de substances chimiques par diffĂ©rentes sources intĂ©rieures, en
particulier les matériaux de construction, les activités des occupants, les produits de consommation, la fumée de
cigarette⊠Par consĂ©quent, des polluants se trouvent dans lâair intĂ©rieur qui ne sont pas, ou dans des
concentrations trĂšs infĂ©rieures, dĂ©tectĂ©s Ă lâextĂ©rieur.
Autre enseignement, la quantitĂ© de polluants et la nature de ces polluants sont trĂšs variables dâun logement Ă
lâautre. Par exemple, si les composĂ©s organiques volatiles ou COV, sont prĂ©sents dans presque tous les
logements, ils le sont dans des concentrations inégales :
-
9 % des logements présentent des concentrations trÚs élevées pour plusieurs polluants simultanément.
-
A lâinverse, 45% des logements prĂ©sentent des niveaux de concentrations trĂšs faibles pour lâensemble des
polluants mesurés.
-
Selon le polluant, de 5 à 30% des logements présentent des valeurs nettement plus élevées que les
concentrations trouvées en moyenne dans le parc.
La situation est aussi variable au sein dâun mĂȘme logement. La prĂ©sence de COV est ainsi plus marquĂ©e dans les
garages. On trouve Ă©galement davantage de monoxyde de carbone dans les cuisines, salles de bain et WC.
1
Sur le site de lâObservatoire de la QualitĂ© de lâAir IntĂ©rieur, les particules sont dĂ©finies de la façon suivante : « La poussiĂšre est constituĂ©e de
particules qui restent en suspension longtemps dans l'air compte tenu de leur petite taille. Elle peut contenir différents types de contaminants
(fumée de tabac environnementale, fibres, spores de moisissures, biocontaminants, allergÚnes, produits de combustion...) ayant chacun une
action potentielle spécifique sur la santé. »
2
LâOQAI dĂ©fini « Le radon [comme] un gaz radioactif naturel, inodore, incolore, issu de la dĂ©sintĂ©gration de l'uranium et du radium prĂ©sents
dans la croûte terrestre, en particulier dans les roches granitiques et volcaniques. Le radon diffuse dans l'air et s'accumule dans certaines
parties des bùtiments par effet de confinement. »
4
âș
Des polluants plus prioritaires que dâautres
Cette enquĂȘte nous fournit des informations prĂ©cieuses sur la probabilitĂ© que nous avons dâĂȘtre exposĂ©s Ă un
certain nombre de substances chimiques. En complétant ces informations par la toxicité des différentes
substances, lâOQAI a regroupĂ© 99 substances en cinq classes :
-
7 substances « hautement prioritaires » (Groupe A) : formaldéhyde, benzÚne, acétaldéhyde, particules,
radon, di-Ă©thylhexyl phtalate (DEHP) et dichlorvos.
-
12 substances « trÚs prioritaires » (Groupe B) : dioxyde d'azote, allergÚnes de chien, acariens, toluÚne,
trichlorĂ©thylĂšne, plomb, tĂ©trachloroĂ©thylĂšne, dieldrine, allergĂšnes de chat, aldrine, paraffines chlorĂ©es Ă
chaĂźne courte et monoxyde de carbone.
-
51 substances « prioritaires » (Groupe C) parmi lesquelles des biocides, les champs électromagnétiques
trÚs basse fréquence, des composés organiques volatils, des éthers de glycol, les endotoxines, des
phtalates, des organoétains et les fibres minérales artificielles.
-
22 substances « non prioritaires » (Groupe D) parmi lesquelles le 1,1,1-trichloroéthane, des biocides, des
phtalates (DMP), des alkyls phénols et des organoétains.
-
8 substances « inclassables » (Groupe I) parmi lesquels le 2-éthoxyéthylacétate, 2-méthoxyéthanol, 2-
méthoxyéthyleacétate, alkyl phénol (4NP), des phtalates (DPP), endosulfan, 2-éthoxyéthanol et
l'oxadiazon.
Toutes les substances considérées comme prioritaires (groupes A, B et C) et non classées précédemment
cancĂ©rogĂšnes, mutagĂšnes ou reprotoxiques, doivent ĂȘtre interdites ou substituĂ©es ou traitĂ©es rapidement
en ayant recours Ă la ventilation par exemple.
3. En cas dâabsence dâĂ©valuation toxicologique pour le grand public
Lâair que nous respirons dans notre habitation, sur notre lieu de travail et dans les transports est susceptible de
contenir un nombre important de polluants, dont la trĂšs grande majoritĂ© nâest pas encore identifiĂ©e. La probabilitĂ©
dâomettre des polluants lors de mesures est donc une quasi-certitude. DâoĂč lâintĂ©rĂȘt de disposer dâun niveau de
pollution global Ă ne pas dĂ©passer. Câest la quantitĂ© de composĂ©s organiques volatils (COV) prĂ©sente dans
lâatmosphĂšre qui est utilisĂ©e
3
.
Différentes recommandations, concernant la quantité totale de COV à ne pas dépasser, existent. Parmi ces
recommandations, le protocole de lâagence française de sĂ©curitĂ© sanitaire de lâenvironnement (Afsset) pour les
matériaux de construction, retient la limite de 1.000 ”g/m
3
.
Cette limite reste cependant trop élevée compte tenu d'une part de la méconnaissance totale sur un grand nombre
de composés chimiques, d'autre part des effets non maßtrisés des "cocktails de substances" et enfin de la
multiplicité des sources de polluants dans l'habitat.
La somme des COV émis par les matériaux de construction et les produits de consommation à 28 jours ne doit pas
excéder 200
”
g/m
3
(conformément aux protocoles ECA
4
et Gut
5
). Dans le cas oĂč cette condition ne serait pas
remplie, il est nécessaire que le consommateur en soit averti par étiquetage négatif et cela dans les délais les plus
brefs. A lâhorizon de trois ans, tout produit dont le total des Ă©missions de COV excĂšde ce « seuil de confort », doit
ĂȘtre interdit Ă la vente.
3
Mesurés en
”
g/m
3
, les COV détectés à l'intérieur des habitations appartiennent le plus souvent à 9 groupes de composés chimiques : alcanes,
cycloalcanes et alkÚnes, hydrocarbures aromatiques ou benzéniques, hydrocarbures halogénés, terpÚnes, aldéhydes, cétones, alcools, esters.
4
Des tests dâĂ©mission (tests en chambre dâĂ©mission) sont prĂ©vus sur le produit 3 jours et 28 jours aprĂšs sa mise en service. Le total des COV Ă
3 jours doit ĂȘtre infĂ©rieur Ă 5000 ”g/m
3
et à 28 jours à 200 ”g/m
3
.
5
Le label allemand GUT sâapplique aux revĂȘtements de sol. Il est dâutilisation volontaire par les industriels. Il a Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ© entre 1988 et
1990. Il est basĂ© sur 4 critĂšres : (1) Test dâĂ©mission (COV) sur le produit 3 jours aprĂšs sa mise en situation. (2) Test dâodeurs. (3) Recherche de
substances chimiques dangereuses (toluĂšne, styrĂšne, VCH, PCH). Et (4) contrĂŽle de la production et des matiĂšres premiĂšres. Une soixantaine
de fabricants en Europe proposent des produits sous ce label.
5
La limite des 200
”
g/m
3
correspond pour moitiĂ© Ă des COV pour lesquels on dispose dâune valeur toxicologique de
référence, valeur au-dessus de laquelle la substance présente un danger pour la santé humaine. Pour certaines de
ces substances, cette valeur peut ĂȘtre trĂšs faible voire nulle (effet sans seuil) comme câest le cas pour les
substances cancérogÚnes et mutagÚnes.
Lâautre moitiĂ© correspond Ă des COV pour lesquels on ne dispose pas de valeurs toxicologiques de rĂ©fĂ©rence pour
le grand public (soit nous disposons de valeurs toxicologiques pour le milieu professionnel, soit nous ne disposons
dâaucun repĂšre).
Dans lâensemble, lorsque des valeurs toxicologiques de rĂ©fĂ©rence existent pour une substance polluante, celles-ci
sâappliquent en milieu professionnel et non au grand public. Les toxicologues nâutilisent pas pour le grand public les
valeurs applicables au monde du travail. En effet, la mĂ©decine du travail sâintĂ©resse Ă une population dâadultes en
ùge de travailler, en bonne santé et suivis médicalement. En revanche, le « grand public » est composé de
femmes enceintes, de bĂ©bĂ©s, dâenfants en bas Ăąge, de sujets asthmatiques ou sensibilisĂ©s, de personnes ĂągĂ©es,
ou bien de sujets immuno-déprimés.
En lâabsence de valeurs applicables Ă la population, certains organismes, notamment plusieurs agences dâĂ©tat
amĂ©ricaines, se contentent de diviser la valeur limite dâexposition valable en milieu professionnel par un facteur de
sécurité allant de 10 à 4200 (exemple : Ambient Source Impact Level, Washington). Un expert environnementaliste
américain a proposé un facteur de conversion déterminé par analyse statistique des valeurs toxicologiques de
référence applicables en médecine du travail et par analyse de régression linéaire
6
.
Ces estimations des valeurs toxicologiques de référence (VTR) pour le grand public, à partir des valeurs
professionnelles, doivent ĂȘtre appliquĂ©es en attendant les rĂ©sultats des tests dans des conditions dâutilisation par le
grand public.
6
Use of ACGIH TLV-TWAs to Predict Ambient Air Standards Based on IRIS IRfCs and IURs, Steven F. Cross, Environmental Planner,
Washington Dept. of Ecology Air Quality Program, POB 47600, Olympia, WA 98504, 360-407-6875,
stcr461@ecy.wa.gov
, 2004 September 30.
Par exemple, la valeur applicable au grand public pour une substance dont la valeur limite dâexposition professionnelle est de 980 mg donne :
(TLV-TWA)1.31*10-6 = (980,000)1.31*10-6= 70
”
g/m3.
1
La ventilation de lâhabitat
LâADEME (Agence de l'Environnement et de la MaĂźtrise de l'Energie), ainsi que lâOQAI (Observatoire de la QualitĂ©
de lâAir IntĂ©rieur), insistent sur la nĂ©cessitĂ© de complĂ©ter la rĂ©duction des pollutions Ă la source, par une ventilation
efficace des logements. En effet, mĂȘme dans le cas oĂč une prochaine rĂ©glementation permettrait dâinterdire
rapidement lâutilisation des substances dangereuses, nombreux sont les matĂ©riaux de construction, de dĂ©coration
et de mobilier qui persisteront dans les logements et continueront à émettre pendant des décennies des
substances dangereuses, mais autorisées au moment de leur fabrication. Or, le manque de ventilation dans un
logement a pour effet de confiner ses occupants dans un air fortement chargé en ces substances. La ventilation
prĂ©conisĂ©e doit ĂȘtre assurĂ©e notamment par un dispositif de ventilation permanente des logements (par exemple
une ventilation mécanique contrÎlée ou VMC).
âș
Etat des lieux : un parc de logements français globalement trÚs mal ventilé
En juin 2008 lâOQAI a prĂ©sentĂ© un Ă©tat des situations dâaĂ©ration dans le parc de logements français sur la base
dâune enquĂȘte rĂ©alisĂ©e dans 567 logements reprĂ©sentatif des 24 millions de rĂ©sidences principales. Les rĂ©sultats
sont les suivants :
21 % des logements ne disposent dâaucun dispositif de ventilation.
34 % ne disposent que dâune ventilation naturelle (simples grilles dâaĂ©ration).
Seulement 44 % des logements disposent dâune VMC ou dâextracteurs, mais pour plus de la moitiĂ© de ces
logements, la VMC a un débit insuffisant par rapport aux exigences rÚglementaires.
Ces mauvais rĂ©sultats sâexpliquent par la forte proportion de logements anciens. En effet, plus de la moitiĂ© du parc
a Ă©tĂ© construit avant 1967, câest Ă dire avant les rĂšglementations sur l'aĂ©ration des logements. Par ailleurs, peu de
logements anciens ont été réhabilités (seulement 15% des logements construits avant cette date).
Pour les logements plus rĂ©cents disposant dâune VMC, celles-ci accusent frĂ©quemment des dysfonctionnements
qui limitent leur efficacitĂ© (pannes, encrassement, fermeture des bouches dâaĂ©ration par les habitants âŠ).
âș
Une absence dâobligation pour les logements anciens
Avant 1937, aucun texte ne dĂ©finissait de dispositions concernant lâaĂ©ration des logements. Puis au fil des annĂ©es,
a Ă©tĂ© dĂ©fini le principe quâun logement doit disposer dâune ventilation gĂ©nĂ©rale et permanente avec notamment la
parution des arrĂȘtĂ©s du 22 octobre 1969 et du 24 mars 1982. Cependant, ces dispositions ne sont obligatoires que
pour la construction des logements neufs. En conséquence, nous demandons une obligation de mise en
conformitĂ© des logements anciens avec la rĂ©glementation actuelle en matiĂšre de ventilation de lâhabitat. Des dĂ©lais
de mise en Ćuvre seront dĂ©finis afin que les Ă©quipementiers, les installateurs et les propriĂ©taires des logements,
puissent programmer la mise en Ćuvre de cette obligation. Nous demandons quâun crĂ©dit dâimpĂŽt Ă taux zĂ©ro soit
accordĂ© aux particuliers. En outre, une aide sera prĂ©vue pour les mĂ©nages qui ne sont pas soumis Ă lâimpĂŽt sur le
revenu.
âș
Concilier qualitĂ© de lâair et Ă©conomie dâĂ©nergie
LâamĂ©lioration de lâisolation dans les logements a eu pour consĂ©quence nĂ©gative de diminuer le renouvellement de
lâair dans certains logements. Par exemple, les mesures de dĂ©bits de renouvellement de lâair nocturne dans en
pĂ©riode de chauffage, c'est-Ă -dire Ă une saison oĂč les fenĂȘtres restent fermĂ©es, montrent que les dĂ©bits de
renouvellement de lâair ont fortement diminuĂ© pour les logements construits aprĂšs en 1982, du fait de lâamĂ©lioration
de lâisolation Ă la construction.
Un dispositif permet de concilier un renouvellement de lâair efficace, tout en en Ă©conomisant lâĂ©nergie, il sâagit de la
VMC double flux qui permet de rĂ©chauffer lâair froid entrant, Ă partir des calories prĂ©levĂ©es sur lâair chaud sortant.
Or actuellement, la VMC double flux ne représentant que 1% du parc de logements !
2
Le prix dâune VMC double flux varie selon la taille du logement et sa configuration, mais lâordre de grandeur est
dâenviron 2.000 ⏠pour un logement neuf (fourniture et pose H.T.). Dans le cas dâune rĂ©novation dâun logement
ancien, les coûts sont majorés de 50 à 100 %.
Afin de concilier le renouvellement de lâair et les Ă©conomies dâĂ©nergies, nous demandons que lâinstallation de VMC
double flux devienne obligatoire pour lâensemble des logements. Des dĂ©lais de mise en Ćuvre seront dĂ©finis pour
lâinstallation de ces dispositifs dans les logements anciens.
âș
La nĂ©cessitĂ© dâun entretien rĂ©gulier de la VMC
LâenquĂȘte de lâOQAI a dĂ©montrĂ© Ă quel point les dysfonctionnements de la VMC peuvent diminuer son efficacitĂ©.
En effet, celle-ci sâencrasse inĂ©vitablement et peut mĂȘme contaminer lâair quâelle insuffle dans la maison. Ceci
plaide pour une vérification réguliÚre de ces installations par un spécialiste (nettoyage des gaines, moteurs,
vĂ©rification des entrĂ©es dâair neuf et mesures de tirage et de dĂ©pression). Le coĂ»t dâune vĂ©rification est dâenviron
130 âŹ.
En dĂ©finitive, toute nouvelle construction, quâil sâagisse de logements ou de locaux accueillant du public
(Ă©tablissements dâenseignement et de santĂ©, etc.) doit ĂȘtre Ă©quipĂ©e dâune ventilation motorisĂ©e contrĂŽlĂ©e (VMC)
double flux.
Pour les logements anciens, les particuliers doivent ĂȘtre incitĂ©s Ă installer une VMC double flux. Quant aux
bĂątiments accueillant du public (bureaux, Ă©coles, Ă©tablissements de santĂ©âŠ) lâinstallation dâun tel dispositif doit ĂȘtre
rendue obligatoire Ă lâhorizon de 5 ans.