(news n°451 du 28 septembre au 25 octobre 2005) - spéciale Pois Sauteurs !

Enfin !!! Les revoilà !.. Cela faisait 14 ans que les Pois Sauteurs n'étaient plus revenus en France dans un magazine de presse pour enfants et tout particulièrement dans le magazine Pif-Gadget qui les a fait découvrir à des générations entières de lecteurs. L'année 2005 donc sera marquée par le retour de ces célèbres "Pifitos" qui avaient passionné les petits et les grands. C'est l'occasion pour le site de faire un grand dossier sur cet extraordinaire gadget...

Un grand retour chez Pif-Gadget : les Pois Sauteurs 2005 !

Qu'est-ce qui remue, qui fait du bruit dans une petite boîte de plastique et qui fait des bonds par intermittence ?... Oui, vous les avez reconnus, ce sont les fameux "Pois Sauteurs"

Cela faisait un an que tout le monde s'attendait au retour des "Pois Sauteurs" dans Pif-Gadget, un an que nous les espérions, un an que les anciens lecteurs les réclamaient et toujours rien...

Pourquoi les "Pois Sauteurs" se faisaient tant désirer ? Que se passait-il donc avec les "Pois Sauteurs" ?...

Et enfin la nouvelle est tombée, les Pois Sauteurs sont là et bien là, à partir du 28 septembre, ils arrivent avec ce numéro de Pif-Gadget d'octobre que nous propose Pif Editions ce mois-ci...

Les Pois Sauteurs dans Pif-Gadget (1971-1991)

La véritable histoire de Pif-Gadget : les Pois Sauteurs...

Qui pouvait nous raconter l'histoire de ces "Pois Sauteurs" sinon que le rédacteur en chef de l'époque en personne ? Voici la véritable histoire des Pois Sauteurs racontée par Richard Medioni, extraite de son livre "la véritable histoire de Pif-Gadget" aux éditions Vaillant Collector...

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Comment les Pois Sauteurs ont failli devenir de la bouillie...

Jean-Pierre Gilbert fit parti de la célèbre équipe du service gadget de l'hebdomadaire qui fut à l'origine de toutes ces heures d'émerveillement, de jeux et de surprises. Il nous a conté un grand souvenir du service fabrication au Service Gadget, dans lequel il a travaillé à partir de 1971...

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Les différents numéros avec les Pois Sauteurs

Durant 20 années Pif-Gadget a proposé cet étonnant "gadget vivant" à ses lecteurs, sans doute les avez-vous déjà eu dans l'hebdomadaire, voilà l'occasion de faire un panorama des Pois Sauteurs de 1971 à 1991...

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Les Pois Sauteurs dans Yps

En Allemagne, les "Pois Sauteurs" ont aussi fait leur apparition dans l'hebdomadaire Yps...

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Un grand retour chez Pif-Gadget : les Pois Sauteurs 2005 !

Pif-Gadget n°15 d'octobre 2005 : "les Pois Sauteurs !"

Qu'est-ce qui remue, qui fait du bruit dans une petite boîte de plastique et qui fait des bonds par intermittence ?... Oui, vous les avez reconnus, ce sont les fameux "Pois Sauteurs".

Cela faisait un an que tout le monde s'attendait au retour des "Pois Sauteurs" dans Pif-Gadget, un an que nous les espérions, un an que les anciens lecteurs les réclamaient et toujours rien... Pourquoi les "Pois Sauteurs" se faisaient tant désirer ? Que se passe-t-il donc avec les "Pois Sauteurs" ?... Et enfin la nouvelle est tombée, les Pois Sauteurs sont là et bien là, à partir du 28 septembre, ils arrivent avec ce numéro de Pif-Gadget d'octobre que nous propose Pif Editions ce mois-ci...

Avec une splendide couverture signée par Olivier Fiquet, le grand retour des "Pois Sauteurs" dans Pif s'affiche avec bonheur sur ce numéro déjà historique. 14 ans que ces énigmatiques "Pois" n'avaient plus été proposés aux enfants... Aucun doute, vous serez nombreux à vous souvenir de vos propres "Pois Sauteurs", de nombreux courriels reçus sur le site en témoignaient régulièrement. Ce gadget fait partie des incontournables du magazine, 1 million d'exemplaires du numéro 137 avaient été imprimés en octobre 1971 ; un record jamais égalé depuis dans la presse pour enfants. Cette news spéciale est entièrement consacrée évidemment à l'événement et vous propose de faire un retour en arrière sur ce phénomène des "Pois Sauteurs". Attention nostalgie...

Hercule par Olivier Fiquet

Pour commencer, nous sommes allés enquêter chez Pif-gadget et avons demandé à Patrick Apel-Muller, le directeur de Pif Editions de nous apporter quelques explications sur ce retour tant attendu...

Pif-Collection : Les anciens lecteurs de Pif-Gadget attendaient le retour des Pois Sauteurs depuis 1 an, pourquoi avoir tant attendu pour les proposer aux jeunes lecteurs ? 

Patrick Apel-Muller : "Si ce gadget est aussi exceptionnel c'est qu'il est difficile à se procurer. Pour trouver des pois sauteurs en quantité suffisante, il faut bénéficier d'excellentes conditions climatiques au début de l'été, des pluies abondantes qui permettent à la plante de s'épanouir puis un temps propice à la survie de la larve de papillon qui habite le pois. Nous avons eu très peur cette année du fait des déluges qui se sont abattus sur les zones de production et qui menaçaient de noyer les pois sauteurs. L'an dernier, nous avions programmé ce gadget et nous étions allés sur place. Mais c'était alors la pluie qui n'était pas au rendez-vous".

Pif-Collection : Comment prépare-t-on un numéro historique de Pif-Gadget comme celui-ci ? Différemment que les autres ?

Patrick Apel-Muller : "Nous avons apporté à ce numéro le même soin qu'aux autres. En revanche, nous avons insisté sur la mise en valeur du gadget, avec une bande dessinée où Pif et Hercule sous la houlette d'Arapu et de Corteggiani, se transforment en guide pour emmener les lecteurs à la découverte des pois sauteurs. Nous apportons aussi les précisions utiles pour comprendre ce qu'ils sont véritablement, mi-végétal, mi-animal, et où ils vivent".

Pif-Collection : Penses-tu que ces Pois Sauteurs seront aussi appréciés par les enfants d'aujourd'hui qu'ils ne l'ont été par le passé ?

Patrick Apel-Muller : "Le succès des Pifises lors de la renaissance de Pif Gadget en juillet 2004 - j'ai un petit voisin qui, génération après génération, continuent à les élever -, celui de la Plante du désert montrent que les gadgets vivants passionnent les enfants. Les pois sauteurs sont particulièrement spectaculaires de ce point de vue".   ... 

Pif-Collection : As-tu été toi-même un ancien lecteur de Vaillant/Pif-Gadget ? Te souviens-tu d'une anecdote sur les Pois Sauteurs par exemple ?

Patrick Apel-Muller : "J'ai lu Pif toute mon enfance et j'ai grandi avec le docteur Justice, la Jungle en folie, Rahan, Loup noir, Placid et Muzo... Quant aux pois sauteurs, je me souviens de mon désespoir quand je m'aperçus que la boite d'allumettes où je les avais délicatement logé dans l'ouate, avait été déplacée sur le radiateur. Fatalement. Mes pois ne sautaient plus. Et je n'ai pas vu le papillon battre des ailes". 

gadgetus dessiné par Arapu sur un scénario de Corteggiani

Pif-Collection : Un mot sur le magazine, Pif-gadget en est à son 15ème numéro, un bilan peut-être ?

Patrick Apel-Muller : "Pif Gadget s'est bien installé dans les rayons de la presse enfantine et BD. Maintenant, s'ouvre le temps du renouvellement des abonnements et ce numéro de Pif Gadget va permettre une relance du magazine, de l'intérêt qui lui est porté. La rédaction entame aussi des améliorations graduelles dans les rubriques pour donner plus de dynamisme encore au journal". 

Pif-Collection : Pif-Collection est consacré à l'univers de Pif, pour terminer, pourrait-t-on avoir droit à un scoop ?..

Patrick Apel-Muller : "Et bien voilà un "scoop": Pif Editions publie le 2 novembre en librairie ses quatre premiers albums. Il s'agit de "Un K très particulier, des aventures de Pif et Hercule", un récit inédit de François Corteggiani dessiné par Olivier Fiquet; de "Nestor et Polux" de Tarrin, O'Groj et Neidhardt; de "Loup noir" de Jean Ollivier et Roger Kline et des "Aventures de Trelawney" de Richard Marrazano et d'Alfonso Font. Et bientôt nous en communiquerons les splendides couvertures à Pif-Collection".

Quatre albums en novembre, voilà un scoop qui fera plaisir aux amateurs ! Merci Patrick.

Les Pois Sauteurs en danger ?

"arbre à flèches", l'arbre à Pois Sauteurs (photo Jean-Philippe Cunniet)

Les pois sauteurs seraient-ils menacés de disparaître ? Cette information que nous découvrons dans le magazine nous a inquiétés et nous avons demandé à l'équipe de Waykup de nous rassurer sur ces Pois Sauteurs :

Pif-Collection : Pourquoi y a-t-il de moins en moins de Pois Sauteurs ? Sont-ils vraiment en danger ?

Waykup : "Le cycle des Pois Sauteurs peut être menacé à différents niveaux. Les changements de climats ont évidemment des répercussions sur le cycle de vie des pois Sauteurs ; si une certaine période de pluie n'intervient pas et si elle n'est pas suivie d'une autre période de soleil, les Pois Sauteurs peuvent être noyés ou ne jamais se développer. De plus, il faut que l'arbre ait des fleurs pour que les papillons puissent pondre. Autre paramètre qui nuit aux Pois Sauteurs, la lumière. Les arbres sont eux même menacés par les constructions qui, chaque année d'avantage, gagne du terrain sur la montagne. Enfin, les lumières de la ville perturbent les papillons de nuit qui s'en éloignent. Mais nous pensons qu'il n'y a pas lieu de s'inquiéter, la saison des Pois Sauteurs est importante pour l'économie locale et les mexicains y sont sensibles. Ce n'est pas demain que disparaîtront les Pois Sauteurs."

Pif-Collection : une anecdote sur ces Pois Sauteurs 2005 ?

Waykup : "Faire venir des Pois Sauteurs en France ce n'est pas simple, mais les problèmes rencontrés furent assez imprévisibles et parfois là où on ne les attendaient pas. L'anecdote que nous retiendrons concerne l'ultime étape de la livraison de ce million de Pois Sauteurs... Une fois arrivés en France, nous avions quasiment l'assurance qu'ils arriveraient à bon port et pouvions nous détendre un peu. Mais voilà, nous avions oublié que les Pois Sauteurs sont considérablement bruyants... Au moment de se rendre à destination, le camion qui devait les transporter fut longuement retardé car le chauffeur a pris peur en conduisant les Pois Sauteurs et refusa de faire la livraison. Il fallut trouver un autre chauffeur qui ne soit pas impressionné par le bruit que faisaient les Pois Sauteurs dans les paquets en provenance du Mexique"...

Même si les Pois Sauteurs ne sont pas encore en voie d'extinction, ce n'est pas une raison pour ne pas vous précipiter sur ce numéro historique, car, il n'y en aura peut-être pas pour tout le monde...

La véritable histoire des Pois Sauteurs

Qui pouvait nous raconter l'histoire de ces "Pois Sauteurs" sinon que le rédacteur en chef de l'époque en personne ? Voici la véritable histoire des Pois Sauteurs racontée par Richard Medioni, extraite de son livre "la véritable histoire de Pif-Gadget" aux éditions Vaillant Collector...

Les Pois Sauteurs

Pour frapper aussi fort que la "Poudre de Vie" (ndlr : les Pifises dans le numéro 60), il n’y a pas d’autre issue que de trouver un nouveau gadget qui sera également «vivant». Depuis le formidable succès des Pifises, le Service gadget a pour mission de dénicher un gadget de ce type. Je me souviens de trois de ces gadgets vivants qui ne verront jamais le jour mais que j’ai eu le privilège de découvrir, parfois avec effroi.

Quelques expériences...

Il y eut tout d’abord le scarabée ! Oui, un véritable scarabée tout noir tenu en laisse par une chaînette. Et au bout de la chaînette une pince pour l’accrocher à un vêtement. On pouvait ainsi porter un scarabée gambadant sur sa chemise ou sa veste ! C’était proprement répugnant et les filles de la rédac’ poussèrent des cris à la vue de la chose… Le projet, bien que réalisable (une entreprise était prête à fournir plus d’un million de scarabées ainsi «traités» !) fut abandonné. On imagine la tête des vendeurs de journaux recevant leur cargaison hebdomadaire de Pif Gadget et l’odeur dégagée par les cadavres des moins résistants.

À propos de cadavres, ceux des petites tortues naines nous refroidirent également. Là aussi, un fournisseur ne voyait aucun problème à nous procurer 1 million de tortues naines, mais, en revanche, le conditionnement ne pouvait être efficace à 100 %. Les manipulations de «palettes» de Pif Gadget, les pressions exercées tout au long de la chaîne de production et de transport pouvaient se terminer par un véritable carnage. Nous imaginions des manifs de la S.P.A. soutenues par nos lecteurs… Le projet fut donc aussi mis au placard.

Ce risque d’écrasement était presque résolu en ce qui concerne les fourmis. Oui, le projet d’une fourmilière transparente avec ses fourmis vivantes était sérieusement envisagé. Trouver des dizaines de millions de fourmis n’avait rien d’impossible, mais ce que nous craignions était le risque de «fuite», la fourmi ayant la fâcheuse habitude de se glisser par le moindre petit trou…

Il bouge !

Autant vous dire que lorsque j’entends parler pour la première fois des Pois Sauteurs, toutes les histoires morbides citées plus haut me reviennent en mémoire et j'imagine à nouveau un massacre de bestioles innocentes. Quand je les réceptionne, ils sont dans une énorme boîte en fer-blanc. Ils arrivent tout droit par avion du Mexique.

TAC TAC TAC TAC TAC. Il y a un sacré boucan là-dedans. On ouvre la boîte et je découvre des centaines de petites «noisettes». On m’explique qu’à l’intérieur une larve tente de s’échapper de cette coquille et que bientôt un petit papillon en sortira. Chacune des personnes présentes prend quelques-uns de ces pois dans la main et alors se produit le miracle : nous sentons la chose bouger et vivre. Le successeur des Pifises est là, dans le creux de nos mains.

André Limansky va jouer un rôle considérable pour que nous soyons en mesure de proposer ce gadget extraordinaire à nos lecteurs. Il se déplace à plusieurs reprises pour négocier avec des chefs de cartels qui ont le monopole de cette «culture» (tel chef ne s’entend pas avec tel autre et il est fort dangereux de négocier en douce avec l’un et avec l’autre). A quatre Pois par numéro, on en importera 5 millions car on prévoit 1 million de déperdition.

Le conditionnement et le timing

Quand on parle de gadget, on oublie souvent que le plus difficile est parfois de trouver un conditionnement. Pour ce numéro, c’est un véritable exploit du Service gadget qui se prépare. Contrairement à la Poudre de Vie, nous voulons que le gadget soit visible, sur la couverture même, et que, mis en pile, les Pois Sauteurs ne subissent aucun dommage (nous avons tous en tête cette image de tortues écrasées…). C’est impossible et ils y parviennent malgré tout ! (ndlr : ce ne fut pas sans mal, vous le lirez plus loin dans cette news...)

L’autre problème est celui du «timing». La saison où le Pois saute est bien précise: avant il ne saute pas, et après c’est un vilain papillon qui s’envole. Il ne faut en aucun cas que la coque transparente collée sur la couverture se transforme en tombe à papillons en putréfaction…
La date est donc arrêtée et l’on prévoit un hangar en rase campagne où seront entreposées les énormes boîtes de conserve contenant les Pois. Pourquoi en rase campagne ? Tout simplement parce que 5 millions de Pois qui sautent dans des boîtes en fer blanc, cela fait le bruit d’une mer en furie ! Enfin, nous devons avec une rapidité extrême réaliser le conditionnement (tout cela se fait manuellement, c’est à peine imaginable) et fournir tous les points de vente le jour J.

Dans les semaines qui précèdent la sortie du numéro historique des Pois Sauteurs, toute notre campagne est axée sur ce slogan. Commencée dans l’euphorie du succès annoncé, l’aventure va s’achever dans l’angoisse... (annonce parue dans le Pif-Gadget n°136)

Son coeur bat comme le tien !

On n’imagine pas l’énergie et le temps nécessaires pour trouver un slogan pareil. Je couche sur le papier des dizaines de mots que je souligne, rature, accouple avec un autre… et puis la lumière jaillit. C’est l’évidence, tout y est: «Son cœur bat comme le tien !»

Vers la catastrophe

Raconter la mutation de la larve ne nous suffit pas, il faut trouver autre chose qui fasse rêver. À l’époque, nous utilisons un service téléphonique qui se nomme «S.V.P.11 11»; après y avoir donné notre numéro d’abonnement, on pose notre question et, au bout de quelques heures, une réponse nous parvient. La documentation que je reçois sur les Pois Sauteurs n’a rien de folichon : un vieil article glané dans un journal scientifique donne quelques renseignements plutôt barbants sur notre futur gadget. Mais trois petits mots à priori anodins, qui se trouvent au milieu de cet article, me fascinent : "arbre à flèche".

Les pois sauteurs, l'angoisse...

On y raconte en effet que les Pois Sauteurs poussent sur un arbre que les Indiens du Mexique appellent ainsi. Cela sent l’aventure et je commence à rédiger l’article qui passera dans le numéro 137 sous le titre «Les secrets des Pifitos». Mais pourquoi «arbre à flèches»? La question me titille. Le bois de cet arbre était-il considéré comme magique ? L’article ne répond pas à cette question, mais, tout en bas de la page, une note fait mention d’une thèse parue à Cuba et dont l’auteur s’est inspiré. Je me mets aussitôt à la recherche de cette thèse qui, bien sûr, se révèle introuvable en France. Mais des relations nous mettent en contact avec des personnalités cubaines de haut rang qui ont tôt fait de dénicher la thèse en question… Ils nous promettent d’en faire immédiatement une copie qui nous sera envoyée par avion. Et, moins d’une semaine plus tard, la thèse en question est sur ma table. En espagnol.

André Limansky avec les mexicains lors de l'achat des Pois Sauteurs

Un poison ?

Ma secrétaire se charge de trouver un traducteur qui devra se focaliser uniquement sur cette histoire d’«arbre à flèches», et dès le lendemain je reçois les quelques pages dactylographiées qui vont tout déclencher. Je n’oublierai jamais la sueur froide qui me couvre le front à la lecture de ces pages. Non, ce ne sont pas des pouvoirs magiques qui se dégagent de cet arbre ! Il porte ce nom parce que son bois sécrète un poison et qu’une flèche taillée dans celui-ci entraîne la mort rapide du gibier. Et si les Pois Sauteurs issus de cet arbre étaient aussi un poison ?

J’imagine alors ces centaines de petits malins qui ne manqueront pas d’avaler un Pois Sauteur pour épater les copains, les petits frères et sœurs suçant la jolie petite boule qui saute… Je fonce chez Claude Compeyron. Il reste sans voix en apprenant la nouvelle. Nous sommes vendredi en fin d’après-midi et dans dix jours 1 million d’exemplaires seront dans les kiosques. Claude n’hésite pas un instant ! Même s’il fallait tout arrêter (provoquant des pertes colossales pour les Éditions Vaillant), on le ferait dans le cas d’un doute, si minime soit-il. C’est aussi pour moi l’évidence.
Le premier moment d’abattement passé, nous convenons que tout doit être tenté pour parvenir à une certitude. Mais comment faire un vendredi soir ? Alors Claude décroche son téléphone…

Top secret

Je ne peux révéler certains détails, mais sachez que dans la nuit tout sera mis en œuvre pour que, dès le samedi matin, des laboratoires (et pas des moindres), avec à leur tête les plus prestigieux scientifiques, fonctionnent pour répondre à l’angoissante question. Il va de soi que l’opération est «Top Secret».

Et, le lundi, le résultat des analyses tombe. Rien n’indique que les Pois Sauteurs comportent un poison mais il faut attendre encore quelques jours d’analyses et d’expériences pour parvenir à une certitude totale. Aussitôt, un Comité de direction extraordinaire est convoqué. Y participent Claude Compeyron, Hélène Brayé (je crois, sans en être tout à fait certain), André Limansky et moi-même. La sortie du numéro est prévue dans une semaine. Ne pas le sortir équivaut à un quasi-suicide des Éditions Vaillant. Ce n’est pas simplement ce numéro qui est en cause, mais aussi tous les numéros qui suivent et dont les chiffres de tirage importants tiennent compte de l’effet Pois Sauteurs. Et ne parlons pas du risque devenu énorme de voir l’affaire révélée. Imaginez alors les titres des journaux… Claude invite chacun à s’exprimer sur le choix à faire.

On ne prend pas le moindre risque

Je prends le premier la parole. Je n’envisage pas un seul instant de courir le moindre risque. Rien ne saurait justifier la sortie de ce numéro si un doute subsiste. André Limansky ne peut se résoudre à une telle éventualité. Et il réserve sa réponse. Claude Compeyron prend alors la parole. Il est livide. Quelques mois à peine après son arrivée comme P.-D.G. des Éditions, il a à prendre une décision vitale pour l’avenir de la maison. Mais ce n’est pas cela qui le soucie; il ne pense alors qu’aux enfants et, sans la moindre hésitation, il déclare : «Quelles qu’en soient les conséquences le numéro ne sortira pas en cas de doute.» Je n’en attendais pas moins de lui mais, en le voyant réagir ainsi, je suis fier de travailler à ses côtés.

Alors se produit l’inimaginable. André Limansky se lève, prend une poignée de Pois Sauteurs et la met dans sa bouche. De ses fortes mâchoires, il les broie, les avale et dit : « Et maintenant on va bien voir si c’est du poison ! »

Nous sommes stupéfaits. On verrait cette scène au cinéma, on n’y croirait pas ! Ce qu’il vient de faire n’a bien sûr aucune valeur scientifique, mais ça impressionne… Finalement, une solution fait l’unanimité: nous prenons le risque de continuer le processus de fabrication du journal (en priant pour que nous ayons bientôt une certitude totale) mais, si le doute persiste, on arrête tout.

Quelques jours plus tard, la réponse nous parvient : il n’y a pas le moindre doute, les Pois Sauteurs ne sont pas nocifs. Quant à André Limansky, il se porte comme un… charme.

Extrait du livre de Richard Medioni : "la véritable histoire de Pif-Gadget des origines à 1973" paru aux éditions Vaillant Collector. Pour en savoir plus sur le livre : Pif-Gadget-le-livre.com

Dans les coulisses du Service Gadget : où comment les Pois Sauteurs ont failli devenir de la bouillie...

Nous avons souvent essayé de vous parler de la conception des gadgets de Pif, mais pour vous raconter ces histoires de gadgets, il nous fallait des témoins de cette aventure ; la recherche du célèbre gadget hebdomadaire. Jean-Pierre Gilbert fit partie de la célèbre équipe du service gadget qui fut à l'origine de toutes ses heures d'émerveillement, de jeux et de surprises. Il nous a conté un grand souvenir du service fabrication au Service Gadget, dans lequel il a travaillé à partir de 1971. Voici donc les mésaventures des Pois Sauteurs par Jean-Pierre Gilbert.

"Lorsque je suis entré au service gadgets, mon prédécesseur Robert Strauss, venait de signer la commande pour le conditionnement des Pois. Une société, dans les Deux Sèvres, devait réaliser un million de coques thermoformées transparentes en PVC (blister), y introduire les Pois Sauteurs, et coller ce blister sur la couverture de Pif gadget. De petits tunnels thermoformés situés sur les côtés de la coque permettaient le passage de l'air pour la respiration de l'insecte.

Quelques semaines après le départ de Robert, le fournisseur m'apporte les échantillons de fabrication qui me semblent plutôt légers et peu résistants. (Richard Medioni dans son livre ayant déjà tout relaté, je ne répéterai pas l'épisode de la sève empoisonnée, ni mon anxiété en attendant la réponse du Centre anti poison de l'Hôpital Fernand Widal qui procédait aux examens de toxicité...).

livre blanc d'essai de conditionnement du gadget sur la couverture
détail de la coque

Les Pois Sauteurs arrivent dans leurs boîtes métalliques perforées (toujours la respiration), on les fait installer dans des "parcs à pois sauteurs" où ils sont étalés en couches d'une faible épaisseur et remués plusieurs fois par jour (encore la respiration).
Puis l'entreprise procède aux collages d'échantillons sur la couverture de Pif pour la présentation. Je les reçois en paquets ficelés de 50 exemplaires et procède à un test de résistance. C'est un bien grand mot pour l'épreuve que je faisais subir chaque semaine aux essais de conditionnement, mais très significatif !

Je prends le paquet de journaux en main, je tends le bras à l'horizontale, et je lâche le paquet qui tombe lourdement sur le sol du bureau.
Et là, catastrophe, à l'ouverture du paquet il s'avère que la coque du blister est trop mince, la plupart des Pois Sauteurs sont écrasés !!! De la bouillie de Pois Sauteurs, des débris de fruit sec dans un blister aplati !!!
Il est trop tard pour refaire des coques plus solides, la campagne publicitaire est lancée, nous ne sommes plus qu'à quelques jours de la parution. En tous cas Claude Compeyron, André Limansky et Hélène Brayé avaient les nerfs solides, je leur propose de protéger les paquets de journaux en les conditionnant dans des caisses en carton, André demande aux Messageries de la Presse de livrer Pif au départ de Thouars directement à tous les dépôts de presse (ce qui évitera des transports et des manipulations).

Pif et ses Pois Sauteurs sont passés près de la catastrophe (ce ne seront ni mes premières ni mes dernières sueurs froides avec les gadgets), la distribution est parfaitement réalisée par les Messageries, tous les points de vente sont approvisionnés, et le succès classera cette petite aventure au rang des souvenirs.

C'est en tous cas la première fois dans l'histoire de la presse qu'un journal sera distribué à un million d'exemplaires à partir de Thouars dans les Deux Sèvres !"

Jean-Pierre Gilbert

Un grand coup de chapeau à toute l'équipe du service gadget pour tout ce travail qui permit faire découvrir à des millions de lecteurs les Pois Sauteurs du Mexique... Avec une pensée toute particulière à André Lymanski.

Les Pois Sauteurs dans Pif-Gadget, l'hebdomadaire

Durant 20 années Pif-Gadget a proposé cet étonnant "gadget vivant" à ses lecteurs, sans doute les avez-vous déjà eu dans l'hebdomadaire, voilà l'occasion de faire un panorama des Pois Sauteurs de 1971 à 1991.

Il y a de cela 14 ans, le 4 octobre 1971, le numéro 137 allait entrer dans l'histoire de l'hebdomadaire avec un gadget étonnant : "les Pois Sauteurs du Mexique". L'arrivée en kiosques avait été largement annoncée dans les précédents numéros et allait fonctionner grâce au bouche à oreille. Le succès fut au rendez-vous et le record mythique de 1 million d'exemplaires fut atteint pour la deuxième fois dans l'histoire de ce journal, après le succès des "Pifises" du n°60... Les Pois Sauteurs étaient devenus cultes.

annonce des Pois Sauteurs dans le numéro 135 de Pif-Gadget

Aussi étonnant que cela puisse paraître, il fallut attendre 4 ans pour revoir apparaître véritablement ces drôles de pois dans le magazine : c'est en octobre 1975 que les "Pois Sauteurs" font leur grand retour...

gadgetus du Pif-Gadget n°137

C'est avec le numéro "spécial" 345 que Pif-Gadget proposa à nouveau les "Pifitos" à ses lecteurs, à l'occasion d'une campagne intitulée "le journal de la vie". Pourquoi tant avoir attendu ? Difficile de le savoir, mais voilà le scénario proposé : en 1973, les éditions Vaillant connaissent des changements : un nouveau rédacteur en chef (Richard Medioni a quitté le magazine suite un désaccord de fond avec la direction), une nouvelle formule intervint, une nouvelle équipe se mit en place... Le retour des Pois Sauteurs fut préparé en 1974 avec un test sur 2 seuls départements français. En effet, quelques milliers de lecteurs virent apparaître dans leur journal les "Pois sauteurs" du Mexique dans un numéro différent de la version normale du 291 qui fut distribué à l'échelle nationale. Ce test est pratiqué pour déterminer la manière de "mettre en scène" le retour des Pifitos ; il existe ainsi, deux numéros différents avec les Pois Sauteurs. Le tirage de ces deux versions ne dépassa pas 12 000 exemplaires et furent répartis ainsi : 7 500 exemplaires avec "le retour des Pois sauteurs du Mexique" distribués dans la ville de Rouen et 4 500 exemplaires avec comme gadget les pois sauteurs mais non nommés sur la couverture : "Bientôt de vrais papillons vont sortir des 'graines'. A toi de les élever", distribués dans la ville de Metz.

Il existe ainsi trois numéros différents pour le 291, le tirage normal avec le gadget du "vrai ping-pong" et deux numéros avec le gadget des "Pois sauteurs". Les collectionneurs s'arrachent aujourd'hui ces numéros devenus rares...

le numéro 291 pour la ville de Rouen (7 500 ex.)

le numéro 291 pour la ville de Metz (4 500 ex.)

Pour l'anecdote, plusieurs conditionnement et présentation furent été envisagés à cette occasion, boîtes jeux avec pistes ou boîtes hexagonales très résistantes pour éviter le problème d'écrasement qui fut décelé lors de la première campagne en 1971 (ndlr : voir l'anecdote de Jean-Pierre Gilbert dans ce dossier).

Ces deux numéros s'opposent quant à leur approche du gadget, le premier mise sur le caractère "sauteur" des pois comme c'était le cas dans le numéro 137 et le second s'appuie sur le papillon qui en sortira au bout de quelques mois ; une approche plus écologique. Cette version met l'accent sur le fait que des papillons vont naître de ces "graines", le mot "Pois Sauteurs" n'est même pas mentionné sur la couverture.... Le résultat du test est sans ambiguïté, avec l'effet "pois sauteurs" les ventes sont pratiquement doublées. A Rouen, la moyenne pour septembre 73 était de 1 600 exemplaires, avec ce numéro 291 il en est vendu 2 340. Pour Metz, la hausse est sensiblement la même, d'une moyenne de 1500 exemplaires, la vente du numéro test passe à 1 875. En résumé, il semble que le test démontrait l'efficacité et la fiabilité du gadget en observant que la présentation classique demeurait encore la valeur sûre.

Ainsi le test réalisé, l'année suivante, une nouvelle formule de Pif-Gadget fut inaugurée avec la reprise de ce gadget lors d'un numéro "spécial" n°345, en octobre 1975, qui s'appuie sur un nouveau slogan : "le journal de la vie". Le gadget est à nouveau collé sur la couverture mais dans un boîtier transparent beaucoup plus résistant, en plastique choc.

Pif-Gadget n°345 avec les Pois Sauteurs collés sur la couverture

Le gadgetus est en bande dessinée et est dessiné par Chakir et par Philippe Luguy, le dessinateur de Sylvio. Il explique d'où proviennent les pois et explique ce qu'il se passe à l'intérieur.

gadgetus dessiné par Philippe Luguy

Après ce nouveau succès, les Pois Sauteurs se firent à nouveau attendre pendant 7 années pour revenir seulement en octobre 1982 dans le numéro 705 de Pif-Gadget. Les Pois Sauteurs étaient dessinés par Michel Motti au trait reconnaissable, il a animé bon nombre de planches des aventures de Pif et Hercule et a dessiné parmi les plus belles couvertures des publications Vaillant.

Pif-Gadget n°705 d'octobre 1982
Pois Sauteur dessiné par Motti dans Pif-Gadget n°705

C'est dans le 1018 d'octobre 1988 que les Pois Sauteurs reviennent dans Pif-Gadget, ils sont devenus de véritables stars.

Pif-Gadget n°1018 d'octobre 1988
Pif-Gadget n°1175 d'octobre 1991

Les Pois Sauteurs firent un dernière apparition en octobre 1991 dans l'hebdomadaire n°1175. Pif est présent sur la couverture avec des Pois Sauteurs dans les mains. Comme on peut le constater, 20 ans après, le slogan est toujours le même "leur coeur bat comme le tien".

Les Pois Sauteurs dans Yps

Yps n°50 de 1976

En Allemagne, les "Pois Sauteurs" ont aussi fait leur apparition dans l'hebdomadaire Yps qui a proposé par 3 reprises ce gadget à ses lecteurs. Le magazine a repris bon nombre de gadgets de Pif pendant de longues années dont notamment les Pois Sauteurs du Mexique. Ce fut le cas dès le numéro 50 de 1976.

Yps n°368 de 1982
Yps n°564 de 1985

Présentés désormais par Pif et hercule, les "Pois Sauteurs" reviennent dans le numéro 364 six ans après et une troisième et dernière fois dans Yps en 1985 dans le numéro 564. Les Pois Sauteurs étaient conditionnées dans une boîte ronde comparable à celle de Pif-Gadget.

une boîte de Pois Sauteurs de Yps

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