Dopage: l'IAAF efface le record du monde du 4x400 m

PEKIN (AFP) — La fédération internationale d'athlétisme (IAAF), réunie en conseil, a déchu mardi le relais 4x400 m américain de son record du monde établi en 1998, dix jours après la décision du CIO de lui retirer le titre olympique 2000, réactions en chaîne après les aveux de dopage d'Antonio Pettigrew.

"Le but était d'arriver aux jeux Olympiques avec un record du monde clair", a justifié Pierre Weiss, secrétaire général de l'IAAF qui a donc rayé des tablettes Michael Johnson, Jérôme Young, Tyree Washington et Pettigrew et leurs 2:54.20.

Pour ce faire, la fédération internationale a légèrement bousculé ses textes, s'afranchissant de l'article 32.2 de son règlement antidopage qui stipule qu'en cas d'aveux, "une déclaration ne sera pas admissible lorsqu'elle est faite plus de huit ans après les faits auxquels elle se rapporte."

Normalement, tout changement de la constitution de l'IAAF réclame l'approbation du congrès biennal, sauf urgence. Mardi, le conseil a décidé qu'il y avait urgence, passant outre son règlement. Le prochain congrès devra seulement valider la déchéance du 4x400 m américain, et peut-être la modification de la règle des huit ans lorsque les arcanes juridiques seront contournées.

Ce devrait être une formalité. Car la décision de priver le relais 1998 de son record pour le rendre à une autre équipe US - Andrew Valmon, Quincy Watts, Harry Reynolds et Michael Johnson, qui avaient réussi 2 min 54 sec 29 lors des Mondiaux-1993 - va dans le sens de l'histoire pour une fédération internationale dont le président prône depuis toujours une "détermination totale" contre le dopage.

"A l'avenir, nous n'hésiterons pas à annuler un record du monde, même s'il date de 1973 ou 1982, dès lors qu'un athlète avoue l'avoir établi en étant dopé", a indiqué Lamine Diack, anticipant légèrement sur la décision de son congrès.

La détermination de l'IAAF peut être comparée à celle du Comité international olympique qui avait décidé le 2 juillet de priver l'ensemble des membres du relais 4x400 m de leur médaille d'or des JO-2000, toujours en raison des aveux de Pettigrew qui avait reconnu, en mai dernier, s'être dopé à partir de 1997.

Des aveux qui avaient provoqué une réaction immédiate de la fédération américaine qui a également mis l'annulation du record de 1998 (a fortiori le record des Etats-Unis) à l'ordre du jour de son prochain congrès.

Le dopage a beaucoup occupé les membres du conseil de l'IAAF puisque outre le relais, l'affaire russe était à l'ordre du jour de sa réunion de mardi.

Comme prévu dans ses statuts, l'IAAF a officiellement transmis l'instruction de l'affaire de la manipulation d'échantillons par sept athlètes femmes à la fédération russe.

Dans l'attente de ses conclusions, Pierre Weiss n'a pas souhaité donner de précisions sur une affaire qui est "une première", par son ampleur, "dans l'histoire de l'IAAF".