Afrique : histoire, economie, politique

1998-2001
L'ETHIOPIE EN UN CLIN D'OEIL
L'ETHIOPIE EN UN CLIN D'OEIL

Éthiopie, officiellement république d'Éthiopie, pays de la corne de l'Afrique, limitée au nord-est par l'Érythrée et Djibouti, au sud-est par la Somalie, au sud-ouest par le Kenya, et à l'ouest par le Soudan. L'Éthiopie couvre 1104294km2. Sa capitale est Addis-Abeba.
Héritier de l'ancienne Abyssinie, à l'histoire prestigieuse, le pays, ravagé au cours des vingt-cinq dernières années par les guerres et les famines, compte aujourd'hui parmi les plus pauvres du monde.

Le pays et ses ressources

Relief et hydrographie
Le cœur de l'Éthiopie est un haut plateau, qui couvre plus de la moitié de la superficie totale du pays. Il est coupé en diagonale d'est en ouest par la dépression de la Rift Valley. L'altitude du plateau éthiopien décroît du nord au sud et d'est en ouest. Le point culminant, situé au nord-est, est le Simen ou Ras Dachan, qui s'élève à 4620mètres.
Le lac Tana, dans le Nord-Ouest, donne naissance au Bahr el-Azrak, ou Nil bleu, appelé Abbay en amont et principal cours d'eau du pays. L'Omo, comme l'Aouach, prend naissance dans la partie occidentale du plateau éthiopien et alimente le lac Turkana.
La sécession de l'Érythrée, en 1993, a privé l'Éthiopie de sa façade maritime sur la mer Rouge.

Climat
L'altitude tempère le climat tropical. Dans la zone tropicale proprement dite -au-dessous de 1830m-, la température moyenne s'élève à 27!°C et les précipitations sont de l'ordre de 500mm par an. La température moyenne décroît dans la zone subtropicale comprise entre 1830m et 2440m, incluant la plus grande partie du haut plateau éthiopien: elle avoisine 22!°C. Au-delà de 2440m, les températures sont plus fraîches (16!°C en moyenne) et les précipitations beaucoup plus abondantes (1270 à 1780mm par an). La saison des pluies dure de juin à septembre. Elle est suivie d'une saison sèche, parfois interrompue en février ou mars par une courte période de pluies.

Faune et flore
Une végétation arbustive clairsemée couvre les régions les plus basses de la zone tropicale, tandis que dans les vallées escarpées pousse une végétation luxuriante. La zone tempérée est une immense prairie.
La faune africaine est très largement représentée dans la plupart des régions d'Éthiopie. Les animaux de la savane, tels la girafe, le léopard, l'hippopotame, le lion, l'éléphant, l'antilope et le rhinocéros, partagent le territoirre éthiopien avec les animaux du désert, le lynx, le chacal et la hyène.

Ressources naturelles
Les ressources naturelles de l'Éthiopie sont essentiellement agricoles. La région des hauts plateaux est dotée d'un sol fertile mais fragile, dans la mesure où il est perméable et fortement raviné par les pluies torrentielles. Les ressources minérales, tel l'or, sont sous-exploitées.
Population et société

Démographie
La population éthiopienne était estimée à 55millions d'habitants en 1995, soit une densité de 50habitants au km2. La plupart des Éthiopiens vivant de l'agriculture, la population est très concentrée sur le plateau central, où les ressources agricoles sont les plus importantes. Sur la période 1990-1995, le taux de croissance annuel s'élevait à 3p.100, ce qui représente un accroissement de 1,6million d'habitants chaque année. Pour la même période, le taux de mortalité infantile atteignait 119p.1000!; l'espérance de vie à la naissance ne dépassait pas 47ans.
Les Amharas, peuple de langue sémitique, habitent les hauts plateaux, au cœur de l'ancienne Abyssinie dont ils écrivirent l'histoire. Amharas et Tigréens, dont le foyer traditionnel se situe plus au nord, représentent le tiers de la population. Les Oromos, peuple de bergers et d'agriculteurs établis dans le Centre et le Sud-Ouest, forment près de 40p.100 de la population. Parmi les nombreuses autres communautés éthiopiennes, les Somali sont implantés dans la région frontalière de l'Ogaden!; les Afars ou Danakil nomadisent dans la dépression du Centre-Nord, entre Djibouti et l'Éthiopie.

Langues et religions
La plupart des quelque soixante-dix langues parlées en Éthiopie sont liées aux branches sémitique et couchitique des langues afro-asiatiques. Le guèze, qui demeure la langue liturgique de l'Église copte d'Éthiopie, a donné naissance à l'amharique et au tigrinya (voir Sémitiques, langues). L'amharique, langue officielle du pays, est parlé par environ 60p.100 de la population. L'anglais et l'arabe sont également utilisés.
La moitié environ de la population est chrétienne orthodoxe. Le christianisme prédomine dans le nord du pays. L'Église d'Éthiopie, liée à l'Église copte d'Égypte, était Église d'État jusqu'en 1974. L'islam est pratiqué par environ 40p.100 de la population, principalement dans les régions du Sud. 10p.100 des Éthiopiens sont animistes. Il existait, jusqu'au milieu des années 1980, une petite minorité de juifs éthiopiens, les Falashas. Un pont aérien fut organisé à cette époque pour faciliter leur émigration vers Israël.

Éducation
Malgré des progrès considérables réalisés depuis la mise en place de la fédération en 1952, date à laquelle 4p.100 seulement des adultes savaient lire et écrire, le taux d'analphabétisme demeure très élevé: près de 65p.100 en 1995. Au début des années 1990, 21p.100 seulement des jeunes de 12 à 17ans étaient scolarisés.

Culture
L'Éthiopie possède une très riche tradition littéraire, enrichie par un grand nombre de traductions faites depuis l'ancien grec, l'arabe et d'autres langues vers le guèze et l'amharique moderne. Beaucoup d'aspects de la culture éthiopienne sont liés à l'histoire chrétienne du pays. Ainsi, la plupart des œuvres littéraires sont de nature théologique ou mythologique tandis que l'architecture religieuse reflète une forte influence byzantine.

Divisions administratives et villes principales
À la chute du régime de Mengistu Hailé Mariam en 1991, le gouvernement provisoire redessina les frontières pour constituer quatorze régions autonomes, tenant compte des clivages communautaires. La province d'Érythrée devint une république indépendante en 1993. La nouvelle Constitution de 1994 a découpé le territoire en neuf États, formés sur une base ethnique. Chacun a théoriquement le droit à l'autodétermination.
En 1994, à peine plus de 13p.100 des Éthiopiens habitaient les centres urbains. Addis-Abeba, la capitale, comptait 2,2millions d'habitants!; elle était de loin la ville la plus peuplée du pays. Les autres villes d'une certaine importance, Diré Daoua, Gondar et Dessié abritaient chacune quelque 100000habitants.

Gouvernement et vie politique
En 1991, le gouvernement marxiste de Mengistu Hailé Mariam, au pouvoir depuis 1974, fut chassé par deux mouvements rebelles alliés, le Front populaire de libération du Tigré (FPLT) et le Front de libération du peuple érythréen (FLPÉ). Le premier modifia le régime politique éthiopien tandis que le second allait concentrer ses revendications sur l'indépendance de l'Érythrée. Selon les dispositions d'une charte provisoire démocratique, un Conseil de représentants de 87membres, incarnant le pouvoir législatif, fut nommé à Addis-Abeba. Il choisit pour président, Meles Zenawi, dirigeant du FPLT. En décembre 1994 fut adoptée une nouvelle Constitution instaurant un régime à vocation démocratique. Les élections législatives de mai 1995 furent cependant boycottées par les principaux partis d'opposition. Le Front démocratique révolutionnaire du peuple éthiopien (FDRPÉ) obtint logiquement une majorité absolue. Meles Zenawi a été remplacé à la présidence par Negasso Guidada mais il demeure, dans les faits, le véritable dirigeant de l'Éthiopie, en tant que Premier ministre.
Le renversement du «!négus rouge!» en mai 1991, s'accompagna d'un changement dans la politique de défense. La taille de l'armée fut réduite, par le double jeu du retour de la stabilité et du fractionnement des forces armées entre l'Éthiopie et l'Érythrée. Les experts militaires soviétiques et cubains durent quitter le territoire.

Économie
Le produit national brut (PNB) de l'Éthiopie était de 6milliards de dollars en 1994, soit un PNB par habitant de 110dollars par an. Une forte sécheresse, la même année, a handicapé le redressement d'une économie bouleversée par le communisme et la guerre.

Agriculture
Près de 80p.100 de la population active est employée dans le secteur agricole, qui ne participe que pour la moitié à la formation du PNB. L'agriculture est tributaire des aléas climatiques, mais les famines qui ont ravagé périodiquement le pays (1984-1985 dans le Nord-Ouest, 1992 dans l'Ogaden) furent moins dues aux sécheresses qu'à la désorganisation des circuits de distribution alimentaire provoquée par la guerre et surtout à la destructuration de l'économie par le régime marxiste. La terre, entre 1979 et 1984-1985, avait été collectivisée, les villageois avaient été regroupés, les populations déplacées.
L'élevage est important. Le cheptel se répartit de manière assez équilibrée entre les bovins, les ovins et les caprins, avec toutefois une prédominance pour les premiers. L'agriculture vivrière concerne le sorgho, le maïs et l'orge. L'agriculture industrielle, dont la production est destinée à l'exportation, est principalement centrée sur le coton et le café, dont le pays produit environ 200000tonnes (6e à 7erang mondial). La graine est d'ailleurs probablement originaire d'Éthiopie et son nom proviendrait de celui de la province de Kaffa. Un quart de la population est engagé dans la production du café. La production de coton, plus modeste, totalisait 45000tonnes en 1993.

Mines et industries
S'il existe en Éthiopie de nombreux gisements de matières premières, leur exploitation est faible du fait de la difficulté d'atteindre le minerai. Des prospections pétrolières effectuées en mer Rouge se sont avérées prometteuses. La principale richesse naturelle exploitée est l'eau des rivières, première source d'énergie électrique. Elle demeure insuffisamment exploitée (le bois de combustion reste majoritairement employé) mais permet, néanmoins, d'alimenter l'industrie éthiopienne, du reste de taille très modeste. Le secteur industriel représente 10p.100 du PNB. La moitié est réalisée par l'industrie agroalimentaire suivie de loin par l'industrie textile. Le principal centre industriel est Addis-Abeba.

Échanges
Le birr est la monnaie nationale.
Malgré sa taille, le pays réalise assez peu d'échanges commerciaux avec l'extérieur. En 1994, il n'exportait que pour 200millions de dollars (soit environ mille fois moins que la France!!), réalisés pour les deux tiers par le café. Il importait quatre fois plus, de manière plus diversifiée mais avec une prédominance pour les biens d'équipement. Les principaux partenaires commerciaux de l'Éthiopie sont les États-Unis, l'Italie, l'Allemagne et le Japon.
La topographie de l'Éthiopie rend les déplacements dans le pays difficiles. Beaucoup de régions restent inaccessibles par la route et d'autres sont insuffisamment desservies par les transports terrestres. De plus, la guerre a rendu la traversée du pays très délicate. L'avion constitue une alternative adéquate mais n'est guère utilisé. Des aéroports internationaux desservent Addis-Abeba, Diré Daoua et Jimma. La capitale est reliée par voie ferrée au port de Djibouti, situé dans un bras de mer du golfe d'Aden. L'indépendance de l'Érythrée en 1993 a privé l'Éthiopie de débouchés maritimes. Cependant, des accords entre les deux pays garantissent l'accès à Massaoua et à Assab, sur la mer Rouge, principaux ports de transit du commerce éthiopien. La construction d'une autoroute liant la capitale éthiopienne à Nairobi, capitale du Kenya, fut achevée dans les années 1970.

Histoire
L'Éthiopie est considérée comme l'un des berceaux de l'humanité. C'est en effet dans la vallée de l'Aouach que l'un des plus anciens hominidés -Lucy-, âgé d'environ 3millions d'années, fut découvert.
Durant le premier millénaire av.J.-C., des immigrants arabes du royaume de Saba traversèrent la mer Rouge et se mêlèrent avec les populations chamitiques des hauts plateaux du Tigré. Le métissage entre les deux peuples constitua le fonds de la population chamito-sémitique actuelle.
Le royaume d'Aksoum fut fondéen 325; il fut gouverné par la dynastie salomonide, dont les représentants affirmaient descendre du roi Salomon et de la reine de Saba. Aksoum, converti au christianisme au IVesiècle apr.J.-C., se rattachait à la même tradition monophysite que les chrétiens coptes d'Égypte. Le royaume prospéra pendant plusieurs siècles.
À partir du VIIesiècle, le royaume chrétien d'Aksoum, isolé par l'expansion de l'islam, déclina, et les salomonides en perdirent peu à peu le contrôle. Dans les premières années du Xesiècle, ils furent renversés et remplacés par la dynastie Zagoué, issue d'une région du plateau central. Dans la seconde moitié du XIIIesiècle, les salomonides parvinrent graduellement à rétablir leur autorité sur une grande partie de l'Éthiopie, mais les musulmans gardèrent le contrôle de la zone côtière et du Sud-Est. Sous le règne de Zara Yacoub, au XVesiècle, l'administration de l'Église d'Éthiopie, divisée en plusieurs factions, fut réformée et les doctrines religieuses codifiées. C'est vers cette époque que naquit un système politique qui devait durer jusqu'au milieu du XXesiècle, caractérisé par une monarchie absolue avec, à sa tête, un roi qui se proclamait empereur «!négus!».

L'influence européenne
Lorsque des musulmans venus d'Harar envahirent l'Éthiopie en 1527, le négus demanda l'aide des Portugais et les musulmans furent vaincus en 1542. Cet appel fut suivi de tentatives de catholicisation de l'Éthiopie par les missionnaires jésuites: elles provoquèrent des troubles politiques et sociaux chez les coptes pour lesquels la foi monophysite était indissociable de l'identité éthiopienne.
Le XVIIesiècle vit la renaissance artistique de la culture éthiopienne, qui se trouvait exposée aux influences de l'Europe occidentale et du monde musulman, notamment sous le règne de Yasous (1682-1706). À la mort de ce dernier, l'Éthiopie connut une longue période de confusion dynastique et de déclin, durant laquelle le pays se morcela. La seule force d'unification durant cette période fut l'Église d'Éthiopie. Dans la décennie 1870, le principal ennemi extérieur de l'empire était l'Égypte: en 1875, le khédive Ismaïl Pacha étendit la protection égyptienne au souverain musulman de Harar et lança une attaque contre l'Éthiopie. Le négus MénélikII, qui établit sa capitale à Addis-Abeba, restaura la grandeur des salomonides en réunifiant le royaume éthiopien.
Avec l'ouverture du canal de Suez en 1869, la côte de la mer Rouge fut livrée à la convoitise des puissances européennes, l'Italie, la France et la Grande-Bretagne, soucieuses de contrôler le bon passage de leurs navires. L'Italie s'empara des ports d'Assab en 1872 et de Massaoua en 1885. En 1889, MénélikII signa avec les Italiens le traité d'Ucciali, en théorie un traité d'amitié et de coopération, mais dont la version italienne différait de la version amharique. Les Italiens revendiquèrent ainsi le protectorat sur tout le territoire éthiopien. La guerre éclata entre les deux pays en 1895 et les forces italiennes furent vaincues à Adoua l'année suivante. L'Italie dut reconnaître l'indépendance de l'Éthiopie et les frontières telles qu'elles résultaient de l'expansion de Ménélik -elles correspondent aux frontières actuelles.

Le régime de Hailé Sélassié
Le successeur de Ménélik, Tafari Makonnen, fut désigné comme héritier et lui succéda sur le trône sous le nom d'Hailé SélassiéIer. En 1931, il dota l'Éthiopie de sa première Constitution. L'arrivée au pouvoir, à Rome, de Benito Mussolini, réveilla les ambitions italiennes. En octobre 1935, les troupes du Duce envahirent l'Éthiopie. Malgré les protestations de la Société des Nations (SDN), Addis-Abeba tomba aux mains des envahisseurs et, en mai 1936, Mussolini proclama empereur d'Éthiopie le roi d'Italie, Victor EmmanuelIII. Hailé Sélassié dut fuir le pays. Il retrouva son trône en 1941 avec l'aide des Britanniques.
À la fin de la Seconde Guerre mondiale, les Nations unies prirent en charge le dossier des anciennes colonies italiennes et optèrent pour la fédération de l'Érythrée et de l'Éthiopie en 1952. Toutefois, Hailé Sélassié mit un terme, en 1962, à l'autonomie de l'Érythrée qui devint une province éthiopienne. Il s'ensuivit la création d'un mouvement de résistance national, le Front de libération érythréenne (FLÉ), qui allait participer au renversement du régime éthiopien, trente ans plus tard, et obtenir l'indépendance de l'Érythrée. Durant les années 1960, Hailé Sélassié, qui régnait autoritairement malgré quelques timides efforts de libéralisation, s'intéressa de plus en plus aux affaires étrangères. En 1963, il joua un rôle de premier plan dans la formation de l'Organisation de l'unité africaine (OUA), dont le secrétariat fut établi à Addis-Abeba. Cependant, cette décennie marqua aussi le début des conflits: avec la Somalie autour de la province de l'Ogaden, et avec le Soudan, accusé par l'Éthiopie de soutenir le mouvement des indépendantistes érythréens. Néanmoins, Hailé Sélassié négligea les problèmes intérieurs de l'Éthiopie -inégalités, sous-développement, famines- ce qui allait favoriser son renversement en 1974.

Le régime de Mengistu
L'année 1974 vit se succéder d'importantes manifestations en février, la destitution d'Hailé Sélassié, en septembre, puis la constitution d'une junte militaire, le «!Derg!», dont les premières mesures furent la nationalisation de l'économie et l'abolition de la monarchie. L'année suivante, le lieutenant-colonel Mengistu Hailé Mariam s'affirma comme la principale figure politique du pays. En 1977, la province de l'Ogaden fit sécession. Le conflit s'internationalisa avec le soutien apporté par la Somalie aux rebelles et l'appui accordé par Cuba et l'URSS au gouvernement éthiopien. Le régime était, dans le même temps, engagé dans des opérations militaires en Érythrée, au Tigré et dans le pays oromo, au sud-ouest. En 1984-1985, une terrible famine ravagea le nord-ouest du pays.

Une nouvelle ère
Au début des années 1990, l'effondrement du bloc soviétique et, par voie de conséquence, la fin de l'aide en provenance des pays de l'Est affaiblirent considérablement le régime de Mengistu. Deux mouvements rebelles alliés, le Front démocratique révolutionnaire du peuple éthiopien (FDRPÉ, ancien Front de libération du peuple du Tigré, restructuré et rebaptisé), et le Front de libération du peuple érythréen, FLPÉ, séparatiste, prirent le contrôle des provinces du Nord en 1990. Le FDRPÉ entra dans Addis-Abeba sans rencontrer d'opposition et installa un gouvernement national intérimaire. Sous la présidence de Meles Zenawi, le nouveau gouvernement dut entreprendre la lourde tâche de reconstruire la nation. De son côté, le FLPÉ établit un gouvernement provisoire en Érythrée, que le nouveau gouvernement éthiopien avait reconnue comme indépendante. La guérilla se poursuit cependant dans le pays oromo et l'Ogaden.

Depuis la chute de la dictature, la nouvelle Éthiopie essaie d'exorciser son passé. L'extradition de Mengistu, réfugié au Zimbabwe, a été refusée par le gouvernement de Robert Mugabe. En 1995, plus de 1 800 procès contre des responsables d'assassinats politiques (vraisemblablement entre 20 000 et 30 000 de 1974 à 1991) étaient en cours. Sur le plan régional, les relations se sont tendues avec le Soudan, les forces sudistes bénéficiant de la bienveillance tacite de l'armée éthiopienne. Les relations avec Djibouti ont été normalisées, ce qui a privé les opposants afars au régime djiboutien d'un sanctuaire. En avril 1995, un accord a été signé avec l'Érythrée, faisant des deux pays une zone de libre-échange. L'économie se porte mieux, les recettes de l'État sont toujours tributaires du café (50 p. 100), mais les récoltes de tef (une variété de mil, base de l'alimentation) de 1997 ont été excellentes. En mai-juin 1998, un conflit armé, déclenché notamment par la création d'une nouvelle monnaie érythréenne, a éclaté entre les deux pays à l'initiative de l'Érythrée. Opposé à l'Éthiopie, l'Érythrée a occupé des territoires éthiopiens qu'elle revendique sur la base de frontières délimitées à l'époque coloniale. L'Érythrée a dû se retirer de la région de Badmé où l'Éthiopie a remporté une victoire militaire. Les diverses tentatives de médiation ont échoué, et les belligérants tentent d'impliquer les clans somaliens, eux-mêmes en conflit, dans leurs querelle. Cependant les deux pays tentent de s'accorder sur un nouveau plan de paix proposé par l'Organisation de l'union africaine (OUA).

Les combats entre l'Erythrée et l'Ethiopie avaient totalement cessé quand le secrétaire général de l'OUA, Salim Ahmed Salim, a quitté vendredi 16 Juin 2000 Addis Abeba pour Alger, ou il doit assister à la signature de l'accord de cessation des hostilités. L'accord prévoit le déploiement d'une mission de paix des Nations Unies, sous l'égide de l'OUA sur une "zone de sécurité", située à 25 Km à l'intérieur du territoire érythréen. Après Alger, une nouvelle phase de négociations s'ouvrira pour régler le principal contentieux entre les deux Etats : la délimitation de leur frontière commune. La paix revenu, la situation des personnes déplacées pendant le conflit reste dramatique, surtout dans l'ouest de l'Erythrée.

Source :
Microsoft Encarta


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Contenant et contenus conçus et réalisés par Olivier Bain; tirés de l'oubli, toilettés et remis en ligne par Jean-Marc Liotier