La restauration du bateau emblématique du commandant Cousteau a du plomb dans l'aile. La vieille dame renaîtra-t-elle un jour de ses cendres ? Partie de La Rochelle en 2006 après avoir croupi dans un bassin pendant neuf ans à l'état d'épave, la Calypso devait retrouver une seconde jeunesse après une rénovation de fond en comble menée par Piriou Naval Services. Francine Cousteau, la veuve du commandant, souhaitait faire de son bateau un navire-musée, mais il lui faudra encore attendre. Pour l'instant, La Calypso végète au fond d'un hangar de Concarneau. "Les travaux sont stoppés depuis un an" reconnait le chantier Piriou, qui ne sera pas en mesure de mettre la Calypso à l'eau en juin 2010, date correspondant au centième anniversaire de la naissance de Jacques Yves Cousteau.

Ce nouveau contre-temps survient en raison d'un différent entre le chantier naval et l'Equipe Cousteau qui refuse d'honorer une facture de 850.000 euros, en prétextant des contrefaçons dans la rénovation de la coque du bateau. De son côté, le chantier Piriou a assigné en justice l'Equipe Cousteau pour exiger le règlement de cette facture.

Alors, entre les arguments avancés par les uns et les autres, essayons d'y voir un peu plus clair. Car dans ce nouvel épisode, les uns parlent et les autres pas.

Dans la famille "silencieux", citons le chantier Piriou, qui ne communique pas officiellement mais explique devant la Justice que ce manque à gagner peut créer de graves problèmes de trésorerie et mettre en danger l'activité de l'entreprise. De son côté, l'equipe Cousteau ne dit pas un mot sur le dossier. Le responsable des travaux de rénovation, Patrice Quesnel, a quitté Concarneau pour reprendre le commandement de l'Alcyone (le navire à turbo-voile de l'Equipe Cousteau) et navigue quelque part en Méditerranée, bouche cousue.

Dans la famille "parleurs", l'architecte naval Guy Ribadeau-Dumas est un fin connaisseur du dossier. Cet homme de l'art a établi les plans de restauration de la Calypso et il confirme avoir constaté des malfaçons dans l'assemblage des membrures en chêne de la coque. "Ces manquements, estime-t-il, pourraient conduire le bureau Veritas a refuser le certificat de navigabilité du navire". Ribadeau-Dumas reste confiant et s'attache à trouver une solution pour rassembler les parties. L'expertise menée prochainement par Ambroise Gouzé, nommé par le tribunal de commerce de Quimper, sera déterminante pour la résolution (ou pas) du conflit.

Communication ouverte aussi chez IWC, mécène principal de l'Equipe Cousteau. Non seulement, ce fabriquant suisse de montres de luxe paye l'essentiel des travaux menés sur la Calypso, mais il a aussi acheté les deux moteurs qui équiperont le bateau. Le directeur pour la France d'IWC, Arnaud Miara explique : "C'est dramatique que le chantier soit arrêté, mais cela ne remet pas en cause notre soutien financier à l'equipe Cousteau. Nous voulons que la Calypso revive !" Cher soutien puisque le coût total de la rénovation est estimé à 1,720 millions d'euros.

Une fois de plus, l'avenir du bateau risque de se jouer dans les prétoires. Une réunion importante des responsables du chantier Piriou aura lieu le 3 mars prochain. Toutes les solutions de sortie de crise sont envisagées, y compris une demande de saisie de la Calypso avec mise aux enchères pour permettre à Piriou de combler sa dette. Histoire à suivre... Histoire sans fin...

Bon surf !
Bernard Dussol

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