HISTORIQUE SOMMAIRE

DU

41e  Régiment d’infanterie

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Paris

Henri CHARLES-LAVAUZELLE

 

Merci à Michel…. pour son grand père qui fût soldat dans ce régiment d’août 14 à juillet 1916

 

 

Le 02 août 1914, la mobilisation générale était décrétée.

Le 05 août, au matin,  le lieutenant-colonel Passaga, présente le drapeau du régiment au 1er bataillon qui, rassemblé sur le Champ-de-Mars, part dans la matinée ; les 2e et 3e bataillons partiront successivement le même jour. Trente six heures plus tard, le régiment débarque aux environs de Vouziers, à Vrizy-Vandy .

Recruté dans les subdivisions de Rennes, Vannes, Saint-Brieuc, le régiment ne comprenait presque exclusivement des Bretons.

Au cours de la longue et dure épreuve que va constituer la campagne, les qualités solides de la race : courage, énergie, ténacité, discipline, esprit d’abnégation, dévouement au drapeau et aux chefs, se manifesteront d’une manière éclatante et constante. Là où il faudra tenir coûte que coûte, là où on n’aura à opposer aux baïonnettes de l’ennemi que des poitrines d’hommes, là où il faudra se sacrifier jusqu’au dernier pour sauver les camarades, le 41e sera présent. Pas une fois ne faillira à son devoir.

Après avoir effectué sans incidents ses marches de concentration, le régiment franchit la frontière le 17 août, et marche sur Namur.

Combat de Ham-sur-Sambre  ( 21 août 1914 )

Le 20 août, le 41e, avant-garde de la brigade, arrive sur la Sambre. Il a pour mission de garder les passages de la rivière, depuis Ham-sur-Sambre jusqu’à Floreffe.

C’est le 21 août, à 1 heure du matin que le 41e entend pour la première fois quelques coups de fusil épars à droite et à gauche. A 10 h 25, le 75 tire sur une colonie allemande dans le bourg de jemmapes.

L’action s’engage alors devant Ham-sur-Sambre, défendu par le 1er bataillon, flanqué de la 8e compagnie, tandis que le 2ème bataillon veille sur les passages à niveau de Mornimont et que le 3e garde les ponts de Floreffe et de Franière. Le combat est rude de part et d’autre ; l’artillerie et les mitrailleuses donnent. Les allemands, ne pouvant forcer le passage de la Sambre, se retranchent à la nuit et font déjà usage du fil de fer barbelé.

Pendant la nuit , le colonel Passaga visite le champ de bataille et félicite le 1er bataillon de son héroïque défense.   

 A 23 h 30, l’ordre arrive de quitter de suite la Sambre et de se rassembler au nord de Fosse, en vue d’un engagement dans la direction d’Arsimont..

Le lendemain, le 2ème bataillon part du nord de Fossé, les hommes en tirailleurs, dans la direction d’Arsimont, où un corps à corps se produit, mais la situation générale oblige le haut commandement à prescrire un repli de toutes les troupes. Le combat est rompu et la retraite entamée.

Le 26 août 1914, le régiment franchit la frontière en sens inverse.

    

Combat de Sains-Richaumont (29 et 30 août 1914)              

Le 29 août 1914 , un retour offensif de la Ve armée a pour but de retarder la poussée de l’ennemi. Le 41e combat autour de Sains-Richaumont. Les forces allemandes sont contenues, puis refoulées jusqu’à l’oise. Dans cette affaire, le 3e bataillon surtout subit des pertes sensibles ; s’y distinguent : les capitaines Fiemeyer et Moutin, les lieutenants Hupel et Semon, le sous-lieutenant Ropert, le sergent-major Monereau.  

Le 30 août la retraite générale est ordonnée ; le 3e bataillon du 41e forme l’avant garde de la division ; l’ennemi a été secoué si vivement que cette retraite s’effectue facilement sans être inquiétée.                                                                                                                                                                                                                                                                           Passant par Marie, Sissonne, Corbeny, Nanteuil-la-Fosse, le passage de la Marne s’effectue à Epernay, et le régiment traverse les marais de Saint-Gond et atteint le 5 septembre Chichey, au sud-est de Sézanne.                                                                                                                                                                                         

Cette longue retraite, que le 41e a effectuée la rage au cœur, par ordre et non sous la pression de l’ennemi, n’a pas diminué le moral des hommes. Aussi est-ce avec enthousiasme qu’est accueilli  l’ordre du G.Q.G. prescrivant de reprendre l’offensive. Le lieutenant-colonel Passaga prend le commandement de la brigade.

La bataille de la Marne   (7 septembre 1914)

Le 6 septembre 1914, le régiment se rassemble au nord des essarts, sous le commandement du lieutenant-colonel Delmas. La formation de combat est aussitôt prise. Le 2e bataillon est à l’avant-garde. Il se heurte presque aussitôt à l’ennemi et engage avec lui une violente action qui dure toute la journée. En particulier, la 7e compagnie fait merveille en empêchant les allemands, auxquels elle fait subir de lourdes pertes, de déboucher de l’Ermite ; mais le 7 septembre 1914, surtout sera une glorieuse journée pour le 41e. Après un combat acharné, les allemands sont cernés dans la forêt de Gault : deux de leur bataillons sont anéantis ; ils laissent entre nos mains un nombre élevés de tués, de prisonniers, des armes et des équipements. Nos pertes sont légères : 16 tués, 65 blessés, 8 hommes disparus.                                                 

Cette fois c’est bien la victoire, la victoire de la Marne à la quelle le 41e a puissamment contribué, et la poursuite va commencer. Le 8 septembre 1914, le régiment continue sa progression vers le nord.

Le 9 septembre 1914, le régiment est dirigée vers Montmort, en soutien de la 42e D.I., fortement engagée dans les marais de Saint-Gond.                                                                    La 7e compagnie en flanc-garde engage une courte action avec l’ennemi, au cours de laquelle le capitaine Roubichou est tué.                                                      

En même temps, le 3e bataillon, engagé sur la Morlière, contraint l’artillerie ennemie qui s’oppose à la progression de la 20e division (à notre droite) à se replier ; la retraite de l’ennemi s’accentue, et le soir , le 41e est au nord de Champaubert.

 La Marne est passée à nouveau le 12 septembre 1914. le lendemain, le 41e est parvenu sous les fort de Reims, lesquels sont aux mains des allemands, et il accusera quelques pertes du fait du bombardement d’artillerie des forts de Berru et de Nogent-l’Abesse. La poursuite est arrêtée. La résistance de l’ennemi va s’affirmer chaque jour plus tenace.

 

Combat de Craonne  (17 septembre 1914 )

Le 16 septembre 1914, nous retrouvons le régiment massé dans un bois de chênes entourant le château de Blanc-Sablons. Il s’agit d’avancer dans la direction de Craonne-Corbény et donner l’assaut par surprise au point du jour. La  nuit est d’un noir d’encre et seul, le 3e bataillon, bataillon d’avant garde, est avant l’aurore face à Craonne. Malgré ces circonstances défavorables, il n’hésite pas à attaquer, il le fait avec la dernière vigueur et atteint les tranchées allemandes, mais décimé par feu meurtrier, non soutenu, il doit se dégager, et les 9e et 12e compagnies en sortent fort éprouvées.                                                                                                                                      

Après l’affaire Craonne, le régiment s’est divisé en deux fractions : une partie, le 2e bataillon, quelques éléments du 3e, sous les ordres du commandant Grobert, sont à Pontavert avec la 38e brigade, l’autre, avec le lieutenant-colonel Delmas, comprenant le 1er bataillon et la majeure partie du 3e, est mise à la disposition de la 72e brigade à Vassognes.                                                                     

A Pontavert, le groupe du commandant Grobert forme la réserve, derrière le 70e.

 

Combat de Heurtebise  (18 au 22 septembre 1914)

Le plateau, allongé ouest-est de la ferme de Heurtebise, sur lequel se développe le Chemin-des Dames, est, depuis le 15, le théâtre d’un combat violent qui met aux prises avec les allemands des éléments du 18e C.A., le 12e R.I. et un régiment mixte d’Afrique, composé de zouaves et de tirailleurs, les Allemands s’efforcent de déloger les Français de la bordure sud du plateau à laquelle ils se sont cramponnés.

Dans la soirée du 17, le 1er bataillon est amené de Vassognes sur les pentes de la ferme Heurtebise, les 3e et 4e compagnies à l’ouest de la ferme de Creute, entre les zouaves et les tirailleurs, les 1ère et 2e compagnies au sud de la ferme de Heurtebise, en soutien du 12e R.I. qui tient la ferme. Dans la matinée du 18, les éléments du 3e bataillon et le lieutenant-colonel Delmas, commandant le régiment, sont rapprochés du 1er bataillon et placés en soutien sur les pentes sud de la ferme Creute.

Pendant toute la journée du 18, la nuit du 18 au 19, la matinée du 19, la position est l’objet, de la part des allemands, d’un bombardement d’une extrême violence, au cours duquel le docteur Bonhomme est tué, alors qu’il effectuait un pansement sur un blessé.

Le 19, à 9h30, un attaque ennemie débouchant du monument d’Heurtebise déferle sur la droite du 1er bataillon ; un corps à corps se produit, les 3e et 4e compagnies conservent leurs tranchées ; à 14h30, nouvelle attaque des Allemands qui n’obtient pas de meilleur résultat. La 1ère compagnie a dû se déployer, à droite de la 3e, à l’est de la ferme Creute.

La  nuit se passe en tirs de mousqueterie et d’artillerie presque ininterrompus. Au point du jour, les Allemands déclenchent une nouvelle et puissante attaque à l’est de la ferme Creute. La lutte est extrêmement acharnée. Tout le 1er bataillon est engagé, des fractions du 3e bataillon viennent le renforcer. Des combats à la baïonnette se produisent. Le lieutenant Courtemanche, le sous-lieutenant Autier, le sergent-major, le sergen-major Allioux sont tués, le lieutenant Richard est blessé. Vers 16 heures, l’attaque est définitivement enrayée, grâce à nos contre-attaques appuyés par l’artillerie.

Le bombardement reprend bientôt et continue tourte la nuit.

Le 21, au petit jour, nouvelle attaque sur notre gauche arrêtée net par nos barrages d’artillerie.

A 17 heures, attaque violente sur Heurtebise, que le 12e doit évacuer, en raison de l’incendie que l’artillerie allemande y a allumé. Mais cette attaque ne parvient pas à déboucher d’Heurtebise. Le bombardement reprend et ne s’arrête plus jusqu’au 22.

Depuis le 17 au soir, le 41e est dans une situation extrêmement pénible :soumis à un bombardement d’une extrême violence, dans les tranchées à peine ébauchées, il reçoit à plusieurs reprises le choc de forces très supérieures en nombre, auxquelles il inflige de lourdes pertes sans perdre un pouce de terrain.

A la suite de ces cinq jours de combat le généra Maud’huy, commandant le 18e C.A. ; écrivait au colonel Passaga, commandant la 38e brigade :

 

Les deux bataillons du 41e (1er et 3e), très engagés sur le front de la 36e division, seront relevés, si ce mouvement paraît possible, pour être dirigés sur Ventelay. Ils ont été sérieusement éprouvés et vous reviendront considérablement amoindris. Le général commandant le 18 C.A. se propose de les citer à l’ordre du corps d’armée, pour le vaillant et brillant concours qu’ils lui ont prêté. Il appuiera très fortement les demandes de récompense qui lui seront proposées.

 

Ayant échoué dans leur offensive sur Paris, les Allemands vont essayer de tourner notre gauche, et poussant sur Arras et Calais de nous couper de la mer du Nord. Il s’agit, pour nous opposer à leur projet, de prolonger rapidement notre ligne, de constituer avec le concours des armées belge et anglaise un nouveau front face à l’est, de Noyon à la mer. C’est une course de vitesse à laquelle va participer le régiment.

Après plusieurs jours de marche suivi d’un transport en camions-autos, d’un autre en chemin de fer, le 41e se trouve, le 28 septembre 1914 au soir dans la région nord-est d’Amiens. Le 2 octobre 1914, le 1er bataillon est à Hénin, les 2e et 3e autour de Mercatel.

 

Combat de Neuville-Vitasse  (3 octobre 1914)

Depuis plusieurs jours , la lutte est engagée entre les avant-gardes ennemies et les faibles effectifs que nous pouvons seulement leur opposer encore.

Le 3 octobre 1914 au matin, notre ligne, tenue par des chasseurs à pied, des zouaves, passe par Hamelincourt, Boyelles, Saint-Martin-Cojeul ; Hénin est tenu par le 59e bataillon de chasseurs à pied, et, à gauche, Neuville-Vitasse est occupé par le 60e bataillon de chasseurs à pied. Plus au nord, nous n’avons que de la cavalerie. L’ennemi occupe Ervillers, Croisilles, Fontaine-les-Croisilles. Ses têtes de colonne sont signalées vers le nord-est, s’avançant sur Arras.

Tandis que le 1er bataillon est maintenu au nord et à l’ouest d’Hénin, pour en renforcer la défense, les 2e et 3e bataillons partant du nord-ouest de Mercatel, doivent, par Neuville-Vitasse et Waucourt, se diriger sur Monchy-le-Preux et s’y établir.

Dès 8 heures, le mouvement est entamé avec un magnifique entrain, le 3e bataillon en tête, le 2e en échelon à droite. Mais l’ennemi a déjà atteint Waucourt. Il est appuyé par une puissante artillerie qui écrase Neuville-Vitasse et balaye le terrain au nord du village. Le 3e bataillon est arrêté à hauteur de la lisière est de Neuville-Vitasse , d’où il engage avec l’ennemi un violent combat de mousqueterie. Le 2e bataillon, à sa droite, s’engouffre dans le village, dont les défenseurs, décimés, sont réduits à une poignée d’hommes, et vient en occuper la lisière est.

Toute la journée, l’ennemi, avec des forces très supérieures en nombre, va tenter d’enlever le village. Il se heurtera chaque fois à une opiniâtre résistance des fraction du 2e bataillon, qui, par des charges à la baïonnette, le rejetteront des parties du village où il aura réussi à prendre pied. Enfin, vers la fin de la journée, il parviendra, après avoir subi de lourdes pertes, à pénétrer par la lisière sud jusqu’à l’église et à s’installer solidement au centre.

Le 3 octobre au soir, le 41e tient toujours les parties est et ouest de Neuville à Beaurains et celui de Neuville à Mercatel ; le 1er bataillon est toujours entre Hénin et le moulin au nord du village.

La nuit n’interrompt pas le combat. Les Allemands profitent du clair de lune pur essayer de s’infiltrer entre Hénin et Neuville, des combats à la baïonnette s’engagent. L’ennemi est repoussé.

Un peu avant le jour, nouvelle attaque au nord et au sud de Neuville. La baïonnette est au bout du canon, mais grâce au feu violent de nos fantassins qui font preuve d’un grand enthousiasme, l’ennemi est arrêté à 50 mètres de nous et se blottit dans les replis du terrain.

Malheureusement les munitions manquent, le lieutenant-colonel Delmas est tué vers 6 heures ; le commandant Crobert prend le commandement du régiment. Vers 7 heures, après une préparation d’artillerie formidable, les Allemands donnent l’assaut aux tranchées occupées par le 1er bataillon, entre le moulin et Hénin. Le commandant Gilquin, le capitaine de Tressan sont tués ; les 3e et 4e compagnies livrent un combat corps à corps  où presque tous les hommes sont tués ou blessés, succombant sous le nombre des assaillants.

Le lieutenant-colonel Bordeaux, qui commande les défenseurs de Neuville (60e bataillon de chasseurs à pied), envoie à ce moment au commandant Grobert l’ordre de retraite immédiate par échelons.

Bien que l’ennemi ne soit qu’à une cinquantaine de mètres d’eux, les 2e et 3e bataillons réussissent à se décrocher.

Vers midi, les débris du régiment sont reformés sur la voie ferrée à l’ouest de Mercatel, où ils se retranchent.

Il n’y a plus autour du drapeau que 650 combattants. Le lendemain 5, l’offensive allemande se poursuit ; les forces françaises sont refoulées sur Crinchon. Le commandant Grobert reçoit l’ordre d’occuper, avec les débris du régiment, le village d’Agny et d’y tenir coûte que coûte. Cet ordre sera exécuté, et pendant quatre jours, en dépit du bombardement ennemi qui détruit et incendie une partie du village, le 41e tient bon et repousse toutes les attaques de l’ennemi.

Dans ces six jours de lutte ininterrompue, le 41e a perdu 2000 hommes environ ; il ne lui reste que 15 officiers. On peut dire qu’il s’est sacrifié, mais cela n’a pas été en vain. La poussée allemande dur Arras est définitivement enrayée.

L’héroïsme du régiment est récompensé par la citation suivante à l’ordre de l’armée :

 

S’est comporté très brillamment depuis le début de la campagne, notamment aux combat de Craonne et de Neuville-Vitasse, où il a perdu les deux tiers de son effectif et la plus grande partie de ses officiers.

 

Se sont particulièrement distingués : le lieutenant-colonel Delmas, le commandant Gilquin, les capitaines de Tressan, Rougé, le lieutenant Le Rohellec, le sous-lieutenant Le Floch, les sergents Mercier et Cojan, les caporaux Aspord et Bouamy, le soldat Glerie, le soldat brancardier Busson.

 

Le 8 octobre 1914, soir, le régiment est relevé par le 2e R.I.

Avec les éléments survivants du 41e est formé, sous les ordre du capitaine Rougé, un détachement qui, dirigé sur l’Yser, livrera bataille, souvent avec succès, à Vermelles, à Staden, à Roulers, à Westroosebecke, à Bixchoote-Steenstrate.

Le commandant Grobert, avec la C.H.R., les T.C.et le T.R., reste à Warlus pour reconstituer le 41e.

Le 15 octobre 1914 et les jours suivants, le régiment reçoit un renfort de 2100 hommes qui permet de reformer deux bataillons qui, dès le 26 octobre, vont occuper le secteur en face de Ransart.

Le 29 octobre 1914, un nouveau renfort permet de reconstituer le 3e bataillon. Le régiment est donc complètement reformé lorsque, le 23 novembre, le lieutenant-colonel Federhpil vient en prendre le commandement.

Le détachement du commandant Rougé, revenant du Nord, vient quelques jours plus tard, renforcer le 41e.

De ce secteur calme, mais fréquemment alerté, le régiment sera relevé à fin février par le 9e cuirassiers.

Se sont particulièrement distingués pendant cette période : les sous-lieutenants Pacconi, Bouchard, Lotz ; les sergents Houget, Chollard, Sage, Froger, Deslandes, Evain, Tual, Brin ; les soldats Lény, Simon, Garnier ; 

 

Après un repos de quelques jours à Wanquetin, le régiment ira relever , le 25  février 1915, le 2e zouaves dans le secteur d’Ecurie, au nord d’Arras. Là, le régiment fera connaissance avec les premiers minens et prendra part à une guerre de mines acharnée, qui lui causera des pertes sérieuses.

Le 31 mars 1915, le 41e relèvera, dans le secteur de Roclincourt, le 71e R.I.

 

Bataille d’Arras  (9 mai 1915 et 16 juin 1915)

Le haut commandement a décidé de prononcer une vigoureuse offensive à l’est d’Arras pour dégager la ville et rejeter l’ennemi au delà du plateau de Thélus.

L’attaque est fixée au 9 mai 1915.

Le 9 mai, la 38e brigade, disposée en profondeur, le 70e en première ligne, le 41e en soutien et réserve, se lance, à 10 heures, à l’assaut des tranchées ennemies sur l’axe La Maison Blanche – Bailleul – Sire – Berthoud.

Mais les premières vagues sont fauchées dès les premiers pas par les mitrailleuses ennemies et leur élan est arrêté. L’après midi, à 16 heures, le 70e renforcé par le 1er bataillon du 41e, renouvelle son attaque. Malgré la bravoure des officiers et des hommes, elle ne réussit pas davantage.

Le lendemain 10 mai, le 41e relève en première ligne le 70e. A 17 heures, il attaque (le 3e bataillon en première ligne). A peine les 9e et 11e compagnies sont-elles sorties qu’une grêle de balles les décime. L’attaque est aussitôt arrêtée ; les deux compagnies ont perdues les trois quarts de leur effectif. Le régiment, qui n’est plus en force, tient encore le secteur jusqu’au 27 mai et va au repos aux environ de Wanquetin.

Le 16 juin, après une période d’instruction d’un mois, le régiment reprend son secteur pour passer aussitôt à l’attaque : 2e bataillon en première ligne, 1er bataillon en soutien, 3e bataillon en réserve. Ill est flanqué à gauche par les 47e et 2e R.I. et à sa droite par le 48e R.I. l’objectif est la tranchée des Toucouleurs.

A midi 14, le régiment se lance à l’assaut ; les 6e et 7e compagnies forment la première vague, les 5e et 8e compagnies la deuxième, et deux compagnies du 1er bataillon garnissent la parallèle de départ. La première vague d’assaut saute dans la tranchée allemande ; mais, hélas ! tous les hommes et officiers devaient être tués ou faits prisonniers. La deuxième vague reste accrochée aux fils de fer, arrêtée par un violent tir de barrage de l’artillerie allemande. L’envoi de tout renfort est impossible. On compte 24 officiers et 460 hommes hors combat.

La 6e compagnie, qui s’était presque entièrement sacrifiée est citée à l’ordre du corps d’armée :

 

La 6e compagnie, entraînée, par son capitaine et tous ses gradés, a, dans un admirable élan, enlevé une ligne de tranchée allemande et attaqué, aussitôt la deuxième ligne ; n’a succombé sous les contre-attaques qu’après avoir lutté plusieurs heures, perdu tous ses officiers et plus de la moitié de son effectif.

 

Se sont particulièrement distingués :

 

Le 10 mai 1915 : les lieutenants Desbains, Gourdon, Duhail, les sous- lieutenants Lotz, Guéritat, Brégaint, Gache, les sergents Touchais, Lecunff, Leduc, Auffray, Lorgeaix, Garapeu, Tartarin, les caporaux Raimbault, Bégault et le soldat Geffroy ;

 

Le 16 mai 1915 : le commandant Clerget, les capitaines Laraurie, Thébault, de Savignon, Marion, les lieutenants Rambour, Blineau, Fève, Bouchard, les sous-lieutenants de Bellabre, Carruet, Lemonier, Thoraval, Framboise, Morel, Gauthier, les adjudants Leblay et Langlois, le sergent-major Huguet, les sergents Gressilon, Rousselot, Henry, les caporaux Rescourio, Duguerrois, Pétrel, les soldats Méhal et Chauvel.

Le 5 juillet 1915, le 41e est relevé de ce secteur, qui lui a été fatal, pour aller au repos, pendant un mois, dans la Somme. C’est pendant cette période qu’il quittera la 19e D.I. pour faire partie de la 131e D.I.

Il remonte ensuite en ligne, dans la nuit du 7 au 8 août 1915, en Argonne, pour entrer dans le secteur du Four-de-Paris qu’il conservera jusqu’au 9 juin 1916.

 

Combats du Four-de-Paris  (8 septembre 1915)

Le 8 septembre 1915, à 10 heures, après une violente préparation d’artillerie, les Allemands attaquent sur la gauche du régiment et parviennent à pénétrer dans ses lignes, après avoir bousculé des fractions du 14e R.I., avec qui il était en liaison. Le mouvement ennemi avait été vu par les cuisiniers installés sur la route de La Harazée- Four-de-Paris. Le caporal d’ordinaire Blanchard, de la 10e compagnie, réunit vivement tous les cuisiniers qui, en bras de chemise, le fusil à la main, se portent en avant d’une section allemande qui débouchait, la repoussent et lui font des prisonniers. A midi, l’attaque est enrayée et le 41e avait maintenu ses positions. Blanchard était nommé sergent et recevait la médaille militaire.

Du 15 septembre 1915 au 1er mai 1916, guerre de mines, de coups de main, au cours de laquelle le régiment subit d’assez fortes pertes.

Le 23 janvier 1916, le lieutenant-colonel Féderhpil, qui commandait le 41e depuis le 23 novembre 1914, est remplacé par le lieutenant-colonel Clerget.

A la date du 2 mai 1916, il se produit une nouvelle attaque allemande avec bombardement par obus spéciaux. L’attaque menée sur un front de trois compagnies (organisation dite en T), ne donna aucun avantage aux assaillants. C’est dans ce secteur que le lieutenant-colonel Clerget trouvera la mort le 9 mai 1916. Il sera remplacé par le lieutenant-colonel Mézières.

 

Bataille de Verdun (27 février 1916)

Depuis le 21 février, les Allemands ont exercé sur Verdun une poussée continue que les troupes françaises ont ralentie, mais qu’elles n’ont pas définitivement enrayée. Le 41e va être appelé à l’honneur de participer à la défense de la glorieuse cité.

Avant d’entrer dans la bataille, le 41e prend une quinzaine de jours de repos à Sainte Menehould, Passavant, Varimont et Possesse ; de là, il sera embarqué en autos-camoins pour être débarqué, le 24 juin 1916, à Nixeville, d’où il gagnera les casernes Bevaux et y passera la nuit.

Le lendemain 25, départ à 13 heures, pour le Cabaret-Rouge, et, à 20 heures, pour le secteur de Fleury, entre Souville et Froideterre. Lamarche d’approche dure toute la nuit.

A 1 heure du matin, le 27, malgré un violent bombardement, le régiment se met en position d’attaque pour prendre le village de Fleury : à 4h30 c’est l’assaut. Le 2e bataillon est en première vague et réussit à gagner 300 à 400 mètres de terrain, mais sa progression est alors enrayée par un tir de barrage infernal. Le commandant de Boisseguin est tué. L’assaut n’a rein donné et le 41e accuse déjà des pertes sensibles. Nouvelle attaque du 2e bataillon à 14 heures, d’ailleurs sans succès. Le village de Fleury, dont les caves n’ont pas été démolies par l’artillerie, est rempli d’allemands ; il est impossible d’avancer. Le 1er bataillon renforce le 2; les contre-attaques allemandes viennent, à leur tour, se briser contre la résistance des 1ère et 2ème compagnies. Tout ce que ‘on peut demander au 41e, c’est de maintenir ses positions. C ‘est ce qu’il fera jusqu’au 6 juillet, avec un courage stoïque, malgré la violence des bombardements, l’absence de tranchées, les conditions de ravitaillements des plus précaires.

Au cours des combats devant Verdun se sont particulièrement distingués :

 

Le commandant de Boisseguin, le capitaine adjudant-major Ganne de Beaucoudray, le lieutenant Le Rohellec, le sous-lieutenant Burban, l’adjudant Bellanger, les sergents Sireul, Le Normand, le caporal fourrier Leroy, le caporal Coué, les soldats Mahieux, Fessard, Pédrault, du Garreau, Le Guéhennec, Coudé.

Dans la nuit du 5 au 6 juillet, après avoir subi des pertes très lourdes, le régiment est relevé de Verdun et va au repos, jusqu’au 20 juillet, à Pargny-sur-Saulx.

 

Secteur de Flirey  (26 juillet 1916 – janvier 1917)

Le régiment entre ensuite dans le secteur de Flirey, qu’il tiendra du 26 juillet 1916 jusqu’à la mi-janvier 1917, relevé par le 239e R.I. il y subit des bombardements perpétuels de tous calibres, bouleversant à chaque instant les tranchées. C’est également la guerre des mines qui recommence. Le 1er août 1916, les Allemands font exploser simultanément cinq mines qui détruisent tous les petits postes de la 9e compagnie. Mais c’est presque du repos après Verdun !

Nous retrouvons le régiment le 25 janvier 1917 au camp de Bois-l’Evêque du secteur de Beaumont, près de Flirey, et le régiment part pour Reims, le 4 avril 1917. Il s’agit de préparer l’offensive de Champagne d’avril et de construire des voies ferrées pour l’artillerie lourde. Le régiment fait connaissance avec la montagne de Reims et les villages de Ludes, Ville-en-Selve, Craon-de-Lude.

Se sont particulièrement distingués pendant cette période :

La 1ère compagnie du 41e, les soldats Beuché et Badoisel.

Offensive de Champagne  (17 avril 1917)

Depuis le 17 avril 1917, la bataille fait rage à l’est de reims. Le 20 avril, le régiment est embarqué à Condé-sur-Marne et descend à Bacoone. Dans la nuit, il monte en ligne au Mont-Haut, relevant un régiment de zouaves.

A peine installé, le 22 avril 1917, à 11h15, le 3e bataillon subit une violente contre-attaque allemande qui réussit à pénétrer dans les tranchées de la 10e compagnie ; mais, vers 18 heures, toutes nos positions sont reprises. L’affaire a été menée avec energie et entrain. L’ennemi a laissé de nombreux morts et une trentaine de prisonniers entre nos mains. Le sous-lieutenant Serrant, qui a vigoureusement conduit une contre-attaque de la 10e compagnie, est fait chevalier de la Légion d’honneur. Il nous faut, hélas ! déplorer la mort du lieutenant-colonel Mézières, tué au moment où il se portait sur le lieu de l’action pour prendre lui-même la direction des contre-attaques. Il est remplacé par le lieutenant-colonel Lemoine.

Pendant les jours qui suivent, le 41e encaisse des bombardements qui lui feront beaucoup de mal, et c’est un peu épuisé dans ce secteur à trous d’obus, où le ravitaillement, quand il peut venir, n’arrive qu’une fois, la nuit, que, le 30 avril 1917, le 41e participe à l’attaque générale du corps d’armée. C’est néanmoins avec un entrain remarquable que les 2e et 3e bataillons se lancent, à 12h40, à l’assaut de la cime du Mont-Haut ; mais ils sont arrêtés net par les mitrailleuses ennemies que l’artillerie n’a pas détruites ; le 3e bataillon a toutefois à son actif quelques éléments de tranchées pris sur l’ennemi. Le lieutenant Bertin-Maghit, avec un détachement spécial, enlève un ouvrage allemand qu’il nettoie et où il fait plusieurs prisonniers.

Les pertes ont été très élevées et le régiment n’est plus qu’à deux bataillons lorsqu’il est relevé, le 3 mai 1917, par le 241e R.I. qui était en deuxième ligne.

Se sont particulièrement distingués :

Le colonel Mézières, le capitaine Gourdon, les lieutenants Fradin de Bellabre, Durand, Poupon, les sous-lieutenants Bez, Denisane, Bergougnoux, Serrand, de Montagny, le sergent Guillaume, le caporal fourrier Saget, le soldat Planchette ;

Le chef d’escadron Bouret, le chef de bataillon Dutuel, le lieutenant Cazenave, les sous-lieutenants Guène, Le Sourd, l’aspirant Théberge, les sergents Andréani, Le Goff, Coquelin, Germain, Rebierre, les caporaux Ergelin, Bertrand.

 

Secteur des Eparges

Après quelques jours de repos dans la Marne, le 41e, qui a reçu des renforts du 241e R.I. dissous, est appelé à tenir le secteur des Eparges.

Dans ce secteur à coups de main hebdomadaires et à bombardements violents, le régiment restera jusqu’au début de septembre. Il prendra quelques jours de repos aux environs de Vitry-le-François et sera ensuite embarqué pour Glorieux et, de là, gagnera la citadelle de Verdun, le 29 septembre 1917.

Se sont particulièrement distingués : l’adjudant Tartarin (médaille militaire), le lieutenant Le Tessier, le caporal Tiger, les soldats Derouet, Séraud, Garel et Deschamps.

Le 13 septembre 1917, le lieutenant-colonel Lemoine, rappelé dans l’état-major, a été remplacé à la tête du régiment par le lieutenant-colonel Martinet.

 

Combat de la cote 344  (2 octobre 1917)

Le 30 septembre 1917, le régiment est dirigé vers la cote 344. Après une halte de vingt quatre heures à la cote du Poivre, dans la nuit du 1er au 2, il relève, dans le sous secteur de la ferme Mormont (est de la cote 344), le 71e R.I. a sa droite, le 7e R.I. tient la cote 144 ; à sa gauche, les coloniaux s’étendent vers Beaumont.

Le 2 octobre, le relève à peine terminée, les allemands, après un violent bombardement, lancent une furieuse attaque sur nos tranchées et celles du 7e R.I. La tranchée de Trèves est perdue par le 7e, mais la position du 41e n’est pas entamée. Tous les efforts de l’ennemi se brisent devant l’héroïque résistance de nos mitrailleurs et de nos grenadiers, qui font subir des pertes considérables aux Allemands. Malgré, le succès partiel que représente pour les Allemands la prise de la tranchée de Trèves, l’échec qu’ils sont subi sur le front du 41e ne leur permet pas d’atteindre leur but ; la conquête du magnifique observatoire que constitue la cote 344.

Du 3 au 10 octobre, période de pluie et de mauvais temps, au cours de laquelle le 41e a à subir de violents bombardements, ce qui laissent constamment sous la menace d’une attaque. Celle-ci se produit le 10 sur le 41e, qui a remplacé le 7; elle échoue.

Le 14 octobre 1917,le 41e est relevé et envoyé au repos dans la région de Rembercourt-aux-Pots.

Au cours de son séjour à la cote 344, le 41e a perdu 36 tués et 255 blessés, mais il a conservé tout le terrain confié ç sa garde.

Se sont distingués : le sous-lieutenant de Langle, les sergents Bricon, Potel, Courtois, les caporaux Marty et Navarre, les soldats Dozol, Gervis, Bardet, Delahaye, Bédecarrats, Le Brun, Kérinec, Martin.

 

Le 41e dans le secteur Eix-Châtillon (4 novembre 1917 au 31 mars 1918)

Après dix jours de repos, le 41e est transporté en camions-autos sur les Hauts-de-Meuse et entre en secteur dans la zone de Châtillon-sous-les-Côtes le 4 novembre 1917.

Du 4 novembre 1917 au 31 mars 1918, le 41e occupera soit le secteur de la zone de Châtillon, soit celui de la zone voisine du Mardi-Gras, dont il améliore constamment l’organisation défensive et effectuera de nombreuses incursions dans l’intérieur des lignes ennemies, au cours desquelles il ramène des prisonniers et repoussera, par contre, avec pertes, toutes les tentatives similaires de la part de l’ennemi, qui ne réussira pas une seule fois à franchir son réseau de fils de fer.

Ces petites opérations permettent de se distinguer aux sous-lieutenants Albinet et Lhommelais, au sergent Tabart et aux soldats Chevalier, Bœuf, Percet, Gibierge, Durand, Maret, Barrère, Le Gouill et leur valent des citations.

 

Combats de Hangard-en-Santerre (16 au 28 avril 1918)

Après quelques jours de repos dans la région de Lisle-en-Barrois, le 41e est embarqué en chemin de fer et transporté en Amiénois, où il débarque le 10 avril 1918.

Depuis le 27 mars 1918, les Allemands ont engagé une puissante offensive à l’est d’Amiens, refoulant devant eux la Ve armée anglaise. Ils ont atteint la ligne générale Montdidier - Mailly-Raineval – Castel - Hangard-en-Santerre - Villiers-Bretonneux. Leur poussée s’exerce encore avec vigueur.

Le 41e va contribuer à endiguer le flot envahisseur .

Le 16 avril 1918, il relève le 141e R.I. sur le front Hangard-en-Santerre (2e bataillon), Hourges (3e bataillon) ; le 1er bataillon est en réserve à Domart-sur-la-Luce, où se trouve également le P.C. du régiment.

Dès le 18, les Allemands recommencent leur tentatives d’attaques. De fortes patrouilles nous tâtent. Elles sont dispersées par nos grenadiers et laissent des prisonniers entre nos mains.

Le 19, nouvelle attaque plus sérieuse sur le cimetière d’Hangard, accompagnée d’un violent bombardement. A la suite d’un combat au cops à corps au cours duquel se signale le sous-lieutenant Sevin, l’ennemi laisse entre nos mains des tués et blessés, dont un officier.

Les 20 et 21, le bombardement ennemi se fait encore plus intense. Nos pertes sont élevées.

Le 22, le régiment, qui a perdu, depuis le 16, 23 tués et une soixantaine de blessés et n’a pu prendre un instant de repos, est relevé par le 7e R.I. Toutefois, le 3e bataillon reste en réserve du 7e dans le ravin de la cote 99. Le reste du régiment est en réserve de division à Thésy et environs.

Mais les Allemands n’ont pas renoncés à leur desseins. Leur but est de prendre Amiens.

Le 24 avril 1918, dès 7 heures, ils déclenchent une attaque générale entre la Somme et le bois Sénécat. Malgré une très vive résistance des Français et des Anglais, ils réussissent à faire quelques progrès. Le 7e R.I. perd le cimetière et le village d’Hangard, ainsi que le boqueteau situé au nord de ce village. L’ennemi commence à s’infiltrer sur le plateau de la cote 99, entre la gauche française et la droite anglaise.

Le 3e bataillon du 41e, en réserve dans le ravin à l’ouest de la cote 99, reçoit alors du commandant de l’I.D./131 l’ordre de contre-attaquer pour reprendre le village d’Hangard. L’opération est rondement menée. Les tirailleurs allemands qui ont pris pied sur le plateau sont refoulés, mais tous les efforts pour enlever le village et le boqueteau au nord restent infructueux. Nos tirailleurs, cloués au sol par le feu des mitrailleuses ennemis, subissent de lourdes pertes.

A droite, le 1er bataillon arrive jusqu’aux premières maisons d’Hangard, où se livrent des combats corps à corps au cours desquels le capitaine Brunet, les sous-lieutenant Ardisson et Guyaumard sont tués.

Le 3e et 1er bataillons s’organisent le 25 sur le terrain conquis ; le 2e bataillon est mis à la disposition du colonel, et une nouvelle attaque, à laquelle doit participer tout le régiment est décidée pour le 26 avril. En vue de cette opération, qui est fixée pour 5h15, le 3e bataillon est relevé en première ligne par le 2e.

A 5h15, l’attaque est prononcée avec un entrain admirable. Mais la préparation d’artillerie n’a pas obtenu les résultats cherchés. Les mitrailleuses ennemis installées à la lisière ouest du village et du boqueteau sont intactes. Les pertes sont immédiatement très sévères. Au 2e bataillon ; le commandant Thomas et le lieutenant Bergougnoux sont blessés, le capitaine d’Antin, le lieutenant de Pully ont tués ; au 1er bataillon, le capitaine Treint est blessé, la plupart des mitrailleurs et des fusiliers-mitrailleurs sont mis hors combat.

Malgré ces pertes, toute la journée, les 2e et 1er bataillons saisissent toutes les occasions favorables pour progresser et continuer à s’approcher des lignes ennemies.

L’ennemi, de son côté, ne tente plus aucune progression.

Le 27, il se contente de nous bombarder violemment. Le capitaine Ban, commandant le 3e bataillon, est grièvement blessé.

Dans la nuit du 27 au 28, le régiment est relevé.

Du 15 au 28 avril 1918, il a perdu 210 tués, dont 8 officiers, et 533 blessés, dont 15 officiers.

Se sont distingués au cours de ces combats :

Le commandant Thomas, les capitaines d’Antin, Treint, le lieutenant Le Bozec, les sous-lieutenants Casnave, Lenoble, Ardisson, Sévin, l’adjudant Legeay, le sergent-major Ramand, le sergent Guy et le soldat Beurel ;

Les capitaines Ameline, Ban, Brunet, les lieutenants Guyomard, Gaulard, Bergougnoux, Randon de Pully, Robin, Ackermann, les sous-lieutenants Guillaudeux, Albinet, Morin, Auffray, Ducrocq, Fouché, Petit, le médecin aide-major Croizet, l’adjudant Cardot, les caporaux Camelle, Santoni, Laizé, Clermont, Chastagner, les soldats Gicquel, Lemerdy, potier, Marchand, Tanguy, Philippe, L Blond, Le Ny.

Après un repos de trente jours à Songeons (Oise), au cours duquel il reçoit des renforts et se réorganise, le régiment est transporté, le 28 mai 1918, dans la région de Villers-Cotterêts. Il débarque le 29 mai à Longpont.

 Combat de Vierzy (29 mai au 3 juin 1918)

Depuis le 27 mai 1918,l’ennemi a en effet, prononcé à l’est de Soissons une violente offensive. Les faibles forces qui lui étaient opposées, après avoir résisté opiniâtrement, submergées par les puissants moyens mis en œuvre par leur adversaire, ont du cédé le terrain. L’ennemi avance rapidement, ne trouvant plus devant lui que des fractions disloquées sans consistance.

Le 29 mai, après avoir pris Soissons, il a poussé aux abords de Charantigny, Villemontoire, Hartenne et Taux, que tiennent faiblement les éléments de la 1ère D.I., épuisées par trois jours de lutte. Là encore, c’est une mission de sacrifice qui va être confiée au 41e qui l’accomplira avec une stoïque abnégation.

 

Débarqués à Longpont respectivement, le 29 juin 1918, à 4 et 5 heures, les 2e et 3e bataillons du 41e sont immédiatement lancés dans la bataille. A midi, ils étaient en première ligne aux prises avec l’ennemi, étayany les fractions de la 1ère D.I., le 2e bataillon, à droite, s’étendant de Tigny (tenu par le 7e R.I.) à La Raperie, le 3e bataillon de La Raperie au tunnel de Vierzy, en liaison avec les troupes de la 74e D.I.

Le 1er bataillon, débarqué dans la soirée, était mis à disposition du colonel commandant le 7e et chargé d’occuper le village de Parcy-Tigny ; par contre, le 2e bataillon du 7e était mis à Vierzy à la disposition du colonel commandant le 41e, qui installe son P.C. dans cette localité.

Pendant toute la journée du 29 et la nuit du 29 au 30, l’ennemi essaye vainement de s’infiltrer dans nos lignes. Partout il est repoussé avec pertes.

Au cours de la nuit , les fractions de la 1ère D.I. sont définitivement retirées du front, qui reste tenu exclusivement par les troupes de la 131e D.I.  Le front de combat du régiment est considérable : 4 kilomètres environ pour deux bataillons.

Le 30, dans la matinée, l’ennemi, débouchant en force de Charantigny et de Villementoire, essaye à plusieurs reprises, et après une violente préparation d’artillerie et de tirs de mitrailleuses, de progresser devant le front du régiment. Nos fusils-mitrailleurs et nos mitrailleuses lui font subir de lourdes pertes et l’arrêtent net. Nouvelle tentative à la tombée de la nuit aussi infructueuse.

Cependant, à droite, le 9e bataillon de chasseurs, qui tenait encore le village de Taux, a dû se replier, laissant entre le 7e R.I., qui occuppe Tigny, et la droite du 41e, un vide que le commandant du 2e bataillon doit aussitôt combler en étendant sa droite.

Pendant toute la matinée du 31 mai, l’ennemi exécute de violents bombardement par obusiers et minenwerfers sur nos premières lignes et sur Vierzy. Après quoi, il tente de nouvelles attaques. Il est vivement ramené chaque fois qu’il veut déboucher sur le front du 41e Mais son effort principal se porte sur Tigny, où convergent plusieurs attaques. A midi, Tigny est perdu par le 7e R.I.

Dès lors, il existe entre la droite du 41e et la gauche du 7e un vide qu’il sera impossible de combler et par lequel s’infiltrera l’ennemi. La section de droite de la 7e compagnie (extrême droite du 2e bataillon), complètement encerclée, lutte héroïquement pendant plusieurs heures, se laisse anéantir, mais donne, par son admirable sacrifice, le temps au commandant du 2e bataillon d’effectuer le repli de sa droite.

Peu après,en raison des pertes considérables subies par ses unités, il est amené à replier tout son bataillon sur la crête immédiatement à l’est e Vierzy.

La 10e compagnie (capitaine Le Bozec), à la droite du 3e bataillon, renouvelle l’exploit de la 7e compagnie. Une lutte épique s’engage entre l’ennemi et cette unité qui se laisse complètement encercler et ne met bas les armes qu’après avoir épuisé toutes ses munitions et avoir vu les trois quarts de son effectif mis hors de combat. Avec les débris de la 10e compagnie, le commandant du 3e bataillon et son capitaine adjudant-major étaient tombés au main de l’ennemi.

Entre temps, un régiment, le 273e, est arrivé dans le ravin est de Vauxcastille, prêt à intervenir dans la lutte. A 20 heures, ce régiment se déploie sur le plateau au nord e Vierzy, pour contre-attaquer.

Les barrages de l’artillerie ennemie ne lui permettent pas de progresser ; ses premières vagues ne dépassent pas la ligne tenue par le 41e.

 

Pendant toute la nuit du 31 mai, les débris du 41e, aidés par la compagnie du génie (Hulin), creusent des tranchées et se fortifient au nord et à l’est de Vierzy. L’ennemi se borne à tâter nos positions avec de fortes patrouilles qui, reçues à coups e fusil, se replient vivement.

Le bombardement de Vierzy et des premières lignes est repris le 1er juin dès 7 heures. De grosses masses ennemies sont signalées vers Villementoire-Charantigny. De plus, Parcy-Tigny a été enlevé et l’ennemi est signalé plus au sud en marche sur Villers-Helon.

A 9 h. 15, l’ennemi, avec des forces considérables, prononce une attaque générale sur Vierzy. Partout il est contenu. Le 273e contribue à sa défense. Il bouche avec ses éléments les vides qui se produisent dans la ligne ; désormais, la ligne est constituée de fractions mélangées du 41e et du 273e.

A midi l’attaque de l’ennemi est enrayée, mais le capitaine Santini, commandant le 2e bataillon, est tué.

A midi 15, nouvelle préparation d’artillerie, plus violents encore que la précédente. A 13 h 15, nouvelle attaque, très puissante, sur le plateau au nord e Vierzy ; grâce à une contre-attaque du 273e, la position est maintenue ; mais au sud de Vierzy, l’ennemi réussi à prendre pied dans le parc du château et à progresser vers le mopulin de Villers-Helon.

Toute la journée la lutte se poursuivra sur le plateau au nord de Vierzy et ce n’est qu’à la nuit que les débris du 41e (environ 200combattants) ramenés en arrière, viennent occuper une position de repli entre Vauxcastille et le moulin de Villers-Helon.

Après le combat du 1er juin 1918, le 41e n’existe pour ainsi dire plus : les 2e et 3e bataillons ont perdu leur chef et la plus grande partie de leurs officiers ; l’effectif des compagnies est réduit à une vingtaine d’hommes ; le 1er bataillon, qui avait été mis à la disposition du colonel commandant le 7e R.I., a été aussi vivement éprouvé. Après avoir défendu Parcy-Tigny avec la plus grande opiniâtreté, il a dû se replier, ayant perdu les trois quart de son effectif.

Le 41e s’est sacrifié, mais il a puissamment contribué à enrayer la progression de l’ennemi et il lui a fait payer chèrement son succès relatif.

Le 2 juin, les débris du 41e, groupés autour de la ferme de vertefeuille, tiennent encore tête à l’ennemi toute la journée.

Le 3, le reste du régiments (225 combattants), ramené derrière Corey, est formé en quatre sections de marche et deux sections de mitrailleuses et reste en réserve de D.I.

Du 4au 10 juin, cette fraction se tiendra encore prête à intervenir dans les combats qui se livrent à la lisière de la forêt de       Retz et organisera défensivement la position.

A la suite des combats de Vierzy, le 41e est cité à l’ordre de l’armée :

 

Débarqué le 29 mai 1918, en plein combat, et mis immédiatement en ligne, a, sous le ordres du colonel Martinet, défendu pendant six jours, pied à pied le terrain avec une ténacité et un courage admirables, brisant les attaques incessantes d’un ennemi supérieir en nombre, le refoulant à maintes reprises par des contre-attaque menées avec la dernière énergie, maintenant pendant quatre jours un important point d’appui et contribuant puissamment par son admirable sacrifice, à arrêter la progression de l’adversaire.

 

Et la fourragère lui est attribuée.

Se sont distingués au cours de ces combats : le commandant Jouanneau ; les capitaines Pacconi, Santini, Le Bozec ; les lieutenants Noblet, Leblanc, Keller, Delahaye, Masselot ; les sous-lieutenants Boehler , Richomme, Sevin, Auffray, Ducrocq, Bertin-Maghit ; le sergent Falala ; les soldats Cadieu et Le Merdy ; l’adjudant Connan et le soldat Lagnier (médaille militaire).

Du 10 au 25 juin, le régiment, ramené dans la région d’Ivors (sud de la forêt de Retz), est employé à des travaux d’organisation défensive.

Après huit jours de repos dans la zone de Tannois (est de Bar-leDuc), le régiment est transporté en Argonne et chargé d’organiser défensivement une position entre les Islettes et Sainte-Menehould.

Deuxième  bataille de la Marne (17 juillet 1918)

Le 15 juillet 1918, il est de nouveau embarqué en camions-autos et débarqué en pleine nuit aux abords de Vauxchamps. C’est que depuis le 15 juiillet au matin, les allemands ont déclenché une formidable offensive sur le front compris entre l’Argonne et la région de Château-Thierry. Arrêtée net en Champagne à l’est de Reims, la ruée ennemie a réussi à franchir la Marne à l’ouest d’Epernay et à creuser une hernie dans nos lignes entre Dormans et Montvoisin.

C’est à réduire cette hernie et à refouler les Allemands sur la rive nord de la Marne que le 41e va coopérer.

Les Allemands, refoulant le 33e colonial, ont atteint la ligne Montvoisin – la Cense – la Reine – Le Mesnil – Huttier.

L’attaque est fixée pour le 17, 11 heures ; le régiment doit déboucher du bois de Boursault et attaquer en direction générale d’Oeuilly, les 1er et 2e bataillons en première ligne, le 3e en réserve.

A 11 heures, les premières vagues débouchent des bois dans un ordre parfait et dans le plus grand calme. On croirait assister à une évolution sur le champ de manœuvre. Le barrage d’artillerie ennemie ne ralentit pas le mouvement. A midi, la ligne occupée par les coloniaux est dépassée.

Les mitrailleuses ennemies entrent alors en action ; elles sont en batterie sur les mamelons cote 235-239, à la Cense-Carrée. Notre barrage roulant ne les fait pas taire, nos mitrailleuses et nos fusils-mitrailleurs doivent riposter à leur feu. Sous leur protection, la progression reprend. Mais l’ennemi se renforce, le 2e bataillon subit de lourdes pertes ; il doit s’arrêter devant la cote 239, tandis que le 1er bataillon, effectuant un mouvement enveloppant, enlève d’assaut la Cense – Carrée,dont il fait la garnison prisonnière, et atteint les abords de Montvoisin, en liaison avec les cavaliers à pied.

A gauche du 41e, le 14e R.I. a enlevé Cêne – la – Reine et le Clos – Davaux.

Toute la nuit, le combat se poursuit, une fusillade nourrie est entretenue de part et d’autre.

Le 18, à 5 h 35,  après une violente préparation, l’assaut est donné par les 1er et 2e bataillons, renforcés par le 3e bataillon, à la crête cote 235 – 239. il ne réussit pas. Le nombre de mitrailleuses ennemies paraît avoir augmenté, nos vagues d’assaut sont fauchées. Sans se décourager, le 1er bataillon, à droite, reprend sa progression par infiltration à travers les bois et réussit à encercler la cote 235. à 15 heures, un nouvel assaut est donné. L’ennemi s’enfuit, abandonnant les mitrailleuses sur le terrain, qui est couvert de morts et de blessés. A droite, les cavaliers à pied ont enlevé Montvoisin. A gauche, le 7e R.I. est venu s’installer entre le 41e et le 14e et a pris comme objectif la cote 239.

A 18 h 30, un obus malheureux atteint mortellement le commandant Jouanneau, le capitaine Richard et le capitaine Knecht au moment où ses braves officiers examinaient le terrain en vue d’une poursuite de l’offensive.

Pendant toute la nuit, nos patrouilles, poussées au contact de l’ennemi, sont reçues à coups de feu à la lisière est d’Oeuilly, que nous attaquerons en vain toute la journée du 19 sans réussir à l’enlever.

Pendant la nuit du 19 au 20, nous parvient la nouvelles que le gros des forces ennemies repasse la Marne. Nos patrouilles lancées sur Oeuilly n’éprouvent plus aucune résistance. A 5 heures, elles ont atteint la Marne. L’ennemi s’est dérobé.

 

Ainsi, le 41e s’est battu les 17,18,19 et 20 juillet. Bien qu’amené sur le champ de bataille dans des conditions défavorables, il a réussi à brise l’offensive de l’ennemi, à le refouler, enfin à le contraindre à repasser la Marne. Il a enlevé de haute lutte des points d’appui fortement occupés, faisant subir à l’adversaire des pertes considérables, capturant de nombreux prisonniers et un énorme matériel. Mais ce succès lui avait coûté cher : 133 tués, dont 9 officiers, 445 blessés, dont 17 officiers.

A la suite de cette brillante opération, le 41e est cité à l’ordre du corps d’armée.      

Le général commandant le 1er corps de cavalerie cite à l’ordre du corps de cavalerie :

 

Le 41e régiment d’infanterie. – Amené précipitamment dans la bataille, a, sous le commandement du chef de bataillon Jouanneau d’abord, puis du colonel Martinet, réussi pendant quatre jours de combats consécutifs, les 17, 18, 19, et 20 juillet 1918, à briser l’offensive de l’ennemi, à le refouler de points d’appui fortement organisés et enfin, par des attaques répétées, l’a contraint à repasser la Marne.

 

En outre, s’étaient particulièrement distingués :

Le commandant JOUANNEAU ; les capitaines Knecht, Richard, les lieutenants Masselot, Noblet, Menez, Chevalier, Ducher, les sous-lieutenants Chartier, Morin, Lafaille, le médecin aide-major Szelechowsky, les adjudants Connan et Billet, Les sergents Charpentier,, Bacheley, Belouet, les soldats Sévessand, Audoin, Nussbaum, Danré, Tassel.

Le 41e est ensuite dirigé au sud de Reims, dans le secteur de Verzenay, où il reste jusqu’au 24 août, soumis à de violents bombardements, dont beaucoup à l’ypérite, et où il subit quelques pertes.

Il est là, transporté par voie ferrée dans la région nord de Lure, puis par camions, à la crête des Vosges, dans le secteur du Linge, où il est chargé, pendant quinze jours, de l’ « information » du 51e régiment d’infanterie américain.

Le 15 septembre 1918, il est mis en route sur Baccarat, et, dès le 17, il est chargé d’occuper le sous-secteur de Badonviller. Jusqu’au 1er novembre, il restera dans ce secteur, repoussant victorieusement toutes les tentatives faites par l’ennemi pour pénétrer dans nos lignes et effectuant, par contre, plusieurs hardies reconnaissances au milieu des lignes allemandes qui permirent au capitaine Chalon, au sous-lieutenant Albinet et au caporal Le Maréchal de se signaler.

Le 10 novembre, le 41e était en mouvement pour venir se rassembler derrière la forêt de Parroy en vue d’une offensive imminente projetée entre Nancy et les Vosges ; le 11 novembre, l’armistice était signé et les hostilités suspendues. La période héroïque de la guerre était close.

 

*

*  *

Sur tous les champs de bataille où il a paru, le 41e a généreusement versé son sang. Jamais il n’a abandonné un pouce du terrain confié à sa garde ; toujours il s’est rué, tête baissée, sans hésiter, sur l’ennemi, quelque puissants que fussent ses moyens de défense. Il a largement contribué à la victoire.

Les fils de la vieille terre bretonne ont bien mérité de la patrie et c’est le front auréolé de gloire qu’ils rentreront dans leur pays natal.

 

Le 31 mai 1919

 

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