Journaux de bord : Marine nationale

Mardi 12 février, 20h. Le BSM Loire mouille en baie de Douarnenez, un zodiac pousse du bord vers Morgat. C’est l’heure de l’embarquement pour un collégien. Dans le cadre d’un stage de découverte en entreprise, Ewen Caprais, 14 ans, découvre un monde du travail particulier : celui des marins à bord d’un bâtiment de la marine nationale. L’embarquement commence bien avec un barbecue plage arrière, qui lui permet entre deux savoureuses grillades (« c’est meilleur qu’à la cantine !») de commencer à découvrir le personnel du bord, guidé par son tuteur, le Maître Madec. Pendant ce temps, les quartier-maîtres et matelots ont préparé sa bannette au poste équipage F210.

3 jours de stage intensif dans l’entreprise marine nationale

concentration extrême à la barre entre le QM1 Gatté et le SM Marlière

Réveillé par le clairon du branle-bas, notre jeune mousse commence sa journée en se joignant à l’appel au poste de compagnie. Il faut alors trouver une tenue de protection de base à sa taille et terminer les formalités d’embarquement au Bureau du Service Courant. L’adolescent découvre un univers très différent de son quotidien. La visite du bord lui fait prendre conscience de la taille et de la complexité du bâtiment ainsi que du nombre de personnes à bord. Très intéressé par tout ce qu’il voit, il pose beaucoup de questions auxquelles répondent bien volontiers les mécaniciens, les électriciens, l’équipe de quart en passerelle et le personnel des ateliers. Il devient rondier à la machine et effectue les relevés sur les moteurs principaux ; au PC élec, il est initié aux mystères de l’électricité. La visite des ateliers, situés sur la moitié avant du bâtiment, est une autre découverte : le nombre et la diversité des machines, notamment aux ateliers mécanique générale, électricité et charpentage étonnent notre jeune recrue. La journée a vite passé, mais elle n’est pas encore terminée : un exercice de RESEVAC (exercice d'évacuation de ressortissants) est prévu en soirée. Il assiste au passage au poste de combat avec l’armement des diverses équipes prévues et mesure l’importance du travail en équipe lors de la mise à l’eau de la drôme à l’aide de la grue du bord : la coordination est primordiale parmi les manœuvriers pour manutentionner les deux zodiacs et le LCPS. Lorsque l’équipe d’évacuation est mise en place à terre dans le périmètre sécurisé par la brigade de protection, il profite d’une rotation pour se rendre à terre et voir comment se passe cet exercice. Il participe avec l’équipe logistique à la distribution de vivres et de boissons aux évacués, interprétés pour l’occasion par 60 élèves (officiers et manœuvriers) du groupe des écoles du Poulmic… surpris de voir un si jeune marin à bord de la Loire. Une courte nuit plus tard, il passe une bonne partie de la matinée en cabine aviation pour voir les hélicoptères effectuer des « TAG » (touch and go) et des « VERTREP » (vertical replenishment) aux cotés de l’officier de quart aviation. Cette semaine de mer est d’ailleurs essentiellement consacrée à l’entraînement spécifique des hélicoptères embarqués (ESHE) pour les élèves pilotes des armées de terre, de l’air et de la gendarmerie. Exercice difficile, la Loire présentant la plus petite plate-forme aviation des navires de la marine, mais facilité par une météo et une mer très clémente. La nuit suivante, au lieu de prendre un repos bien mérité après toutes ses activités, il reste travailler avec le boulanger pour confectionner le pain. Il montre alors ses talents de créateur en réalisant un pain en forme de tortue. Le goût en est-il meilleur ? Sûrement, quand on le fait soi-même ! Le vendredi matin, après avoir dégusté sa tortue au petit déjeuner, il est appelé en passerelle pour prendre la barre. Après quelques explications, la relève de barre est effectuée et Ewen se retrouve à diriger les 2500 tonnes du bâtiment en mer d’Iroise sous le regard attentif du commandant, du barreur en titre et des autres personnes présentes en passerelle . En voilà un qui a changé de jeu vidéo, comme dit le slogan des campagnes de recrutement de la marine nationale ! Enfin, avant de rentrer à Brest, un exercice de tir d’auto-défense couplé à un exercice MACOPEX est prévu. Notre jeune barreur change de siège et devient servant d’armes sur l’affût de 40 mm n°2. Le tir contre des cibles posées sur l’eau enthousiasme le jeune stagiaire. Le retour à Brest lui permet de découvrir la base navale et le nombre de bateaux de la marine. Avant de quitter le bord, le commandant en second remet au jeune garçon très ému un brevet de marin ,son premier diplôme en attendant d’obtenir son brevet des collèges dans quelques mois.

remise du brevet de marin par le MT Madec, tuteur de stage et le LV Curaudeau, CSD

Ces trois jours laisseront sans doute un souvenir inoubliable à l’élève du collège Lizac de Guipavas. Il a été enthousiasmé par son séjour à bord et ira sans doute promouvoir la marine auprès de ses camarades. Un tel embarquement pour les jeunes est sans aucun doute un moyen efficace d’attirer des candidats vers la marine. Celui-ci sera peut-être marin dans quelques années… ou boulanger, son expérience de fabrication du pain l’ayant particulièrement ravi. En tout cas, tout le monde à bord a apprécié la curiosité et l’enthousiasme de ce jeune passager intéressé.

LV Moreau

A l’instar de son fleuve éponyme, la Loire attire les visiteurs des quatre coins du monde, tous fascinés par le particularisme de ce bâtiment de soutien mobile. Ces officiers étrangers embarquent pour suivre une formation traditionnelle à la mer ou pour s’immerger dans le monde des ateliers.

Acteur de la coopération internationale

Le BSM Loire détient un record, celui d’avoir la plus petite plate-forme hélicoptère de la marine nationale. Le bâtiment est donc un terrain d’entraînement privilégié pour les pilotes. Après avoir participé à un créneau ESHE (école de spécialisation sur hélicoptères embarqués) en septembre, le bord a embarqué une alouette III et un détachement de la 22S le temps de l’exercice Morskoul 07 qui s’est déroulé du 08 au 12 octobre 2007. Deux officiers marocains, les EV1 Jaouaane et Cherif, pilotes d’hélicoptères non-navalisés au sein des forces armées royales et en formation depuis un an à Lanvéoc, étaient présents pour vivre l’aboutissement de cette navalisation : l’entraînement aux appontages et l’obtention de leur qualification. Le lieutenant de vaisseau Marine Bayer, chef du détachement et responsable de leur formation, a programmé un entraînement intensif. 13 heures de vols, 80 TAG et 12 VERTREP plus tard, le bord célébrait la qualification des deux officiers. D’ores et déjà opérationnels, ils rejoindront les rangs des pilotes de la marine royale marocaine, pour servir dans l’aéronavale, actuellement en plein développement avec l’aide technique de la France.

)

Tropisme des ateliers

Un mois plus tard, ce sont deux officiers vietnamiens, les LV Do Hong et Thai Doan, qui embarquaient pour effectuer l’étude suivante : « Soutien de niveau « force navale » embarqué : le cas particulier de la force de guerre des mines pour la marine nationale française ». Le lieutenant de vaisseau Ludovic Moreau, chef du service « CMEL » au sein du groupement soutien , a guidé les deux officiers élèves pendant trois semaines. La présentation qu’ils ont effectuée devant le commandant à l’issue de ce stage montre qu’ils ont parfaitement appréhendé les missions et capacités présentes à bord. L’Asie était à l’honneur en ce début de mois de décembre puisque quatre commissaires de la marine malaisienne, chargés de la refonte des procédures logistiques et du MCO dans leur pays, ont profité de leur présence en France pour visiter les ateliers.

)

L’intérêt suscité par la mission du BSM Loire était également perceptible pendant le déploiement du groupe de guerre des mines dans le golfe arabo-persique. Le commandant adjoint soutien, le capitaine de corvette Laurent Corre se rappelle que « les marines étrangères, en particulier les détachements de chasseurs de mines américains et anglais à Bahreïn, ont montré un vif intérêt pour le concept de bâtiment de soutien dédié en déploiement, alliant réactivité et proximité ». Les attachés de défense de dix pays, dont l’Iran et la Chine, accueillis à bord pendant une escale au Koweït, partageaient cet intérêt.