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Chéloniens n°4

Reliefs et climats du Maghreb : synthèse et conclusions sur les conséquences en captivité de 

Testudo graeca

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Reliefs et climats du Maghreb :

synthèse et conclusions sur les conséquences en captivité de Testudo graeca

Parler de LA tortue grecque fin 2006 semble être fortement passéiste voire une hérésie pour nombre 
d'entre  nous  et  pourtant  c'est  encore  sous  ce nom  que  la  plupart  des  éleveurs  et  l'administration 
nomment  ce  groupe  fort  disparate  de  tortues  vivant  autour  du  bassin  méditerranéen.  En  effet  ce 
groupe  de  taxons  est  l'un  des  plus  proches  de  nous  géographiquement,  celui  qui  intéresse  le  plus 
grand  nombre  d'éleveurs  européens  du  fait  de  la  masse  de  tortues  vendues  légalement  et 
illégalement  pour  la  terrariophilie, et  l'un  des  plus  complexes  au  niveau  taxonomique.  Il  est 
d'ailleurs devenu à ce point pratiquement ridicule de parler de "

la

" tortue grecque ou mauresque vu 

les différences d'habitats et de climats occupés et de  morphologie que revêt ce groupe de tortues à 
l'aire  géographique  excessivement  large.  Il  faut  au  minimum  reconnaître  deux  groupes  comme  l'a 
proposé Bour (1989) : une série de taxons en Afrique du Nord (et extrême sud de l'Espagne) et une 
série  de  taxons  sur  le  continent  asiatique.  Le  seul  point  commun  que  l'on  peut  encore  leur 
reconnaître est le fait qu'elles possèdent habituellement des ergots sur le haut des membres arrière et
de  larges  écailles  dermiques  sur  les  membres  avant.  Le  nom  vernaculaire de  "

tortue  grecque

"  à 

cause des ornements de la dossière peut être largement discuté au vu de la variété des colorations et 
dessins  existant  au  sein  du  groupe  ou  de  "

tortue  mauresque

" qui  ne  rend  compte  que  d'une  zone 

géographique  souvent  très  lointaine  de  l'aire  occupée  par  le  taxon.  La  taxinomie  reste  encore 
discutée : doit-on les considérer comme des sous-espèces d'au moins deux taxons ou des espèces à
part  entière ? On  aurait pu  espérer qu'après  plusieurs années de  débat  le  voile  sur cette incertitude 
serait levé mais il n'en est rien et le nombre de taxons reconnus change régulièrement dans le genre 
des 

Testudo

!

Cet  article  se  veut  radicalement  différent  de  la  cohorte  d'articles  publiés  dans  le  passé  sur  les 
pérégrinations  écologiques  de  ces  taxons  si  populaires  de  tortues  terrestres.  Nous  renvoyons  les 
lecteurs aux Manouria numéro 22 et 25 (2004) pour des descriptions plus précises des divers taxons. 
Notre  but  est  de  présenter  au  lecteur  les  conditions  géographiques  et  climatologiques  des  habitats 
occupés  par  ces  taxons.  Nous  espérons  que  cela permettra  aux  divers  éleveurs  d'améliorer  leurs
propres conditions d'élevage  si  tant  est  qu'ils  sachent  d'où  provient  leur  tortue  terrestre.  Dans  ce 
premier volet nous proposons de découvrir la série des tortues mauresques d'Afrique du nord.

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Chéloniens n°4

Reliefs et climats du Maghreb : synthèse et conclusions sur les conséquences en captivité de 

Testudo graeca

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Taxonomie et aire géographique

Nous ne désirons pas entrer dans la polémique "sous-espèces contre espèces paraphylétiques" pour 
ce  groupe  de 

Testudo

car  nous  n'avons  pas  les  connaissances  suffisantes  pour  nous  permettre  de 

juger des diverses théories proposées dans le domaine. Nous mettrons donc entre crochet l'épithète 

[graeca]

.

Les  tortues  mauresques  du  Maghreb  semblent  être  au  nombre  de  7 à  8  taxons  (à  ce  jour)  et  ne 
peuplent qu'une portion discontinue de la bordure méditerranéenne de l'Afrique du nord. A l'est, on 
reconnaît  une  petite  zone  isolée  en  Libye  dans  la  zone  dite  de  l'Al  Jabal  al  Akhdar  (le  Djébel  de 
l'Akhdar) au milieu de la côte de la péninsule Cyrénaïque. Cette petite zone est occupée par 

Testudo 

[greaca] cyrenaica.

La seconde zone plus large s'étend de l'extrême ouest de la Libye à la bordure atlantique du Maroc 
et comprend une plus large diversité de taxons. A l'est de cette zone on reconnaît la petite 

Testudo 

[greaca]  nabeulensis

à  la  frontière  libyenne et  en  Tunisie.  Lui  fait  suite  LA  "tortue  grecque"

Testudo  greaca

qui  semble  restreinte  cette  dernière  décennie  à l'Algérie  (avec  un  ou  deux  taxons 

dont un dans la région de Biskra près de la Tunisie, et l'autre se situe dans la région d'Oran sous le 
nom de "

Testudo [graeca] whitei

") et en partie au Maroc sur une aire nord-est centrale et sud-ouest 

du pays qui reste à définir en fonction de la reconnaissance ou non des autres taxons marocains qui 
restent  à  préciser.  Notamment  la 

Testudo  [graeca]  lamberti

sur  la rive  méditerranéenne  du  Rif  à 

l'est  de  Tanger,  et  la 

Testudo  [graeca]  Marokkensis

dans  une  aire  atlantique  comprise  sur  la  côte 

atlantique entre Larache et El Jadida et s'enfonçant sur une centaine de kilomètres dans le pays. Le 
taxon nominal 

Testudo [graeca] graeca

se concentre essentiellement autour de l'Oued Moulouya au 

nord-est  du  pays.  On  reconnaît  depuis  plus  récemment

Testudo  [graeca]  soussensis

au  sud  du 

Maroc dans la vallée du Souss jusqu'à la bordure atlantique et jusqu'à Marrakech.

Après  ce  petit  tour  d'horizon  des  taxons  du  Maghreb  nous  allons maintenant  nous  concentrer  de 
façon  assez  approfondie  sur  la  climatologie  de  toute  cette région,  en  tenant  compte  des  reliefs,  et 
nous terminerons par une série de conclusions importantes dont certaines vont remettre en cause un 
certain nombre d'idées reçues sur la façon dont ces taxons doivent passer l'hiver en captivité.

En préalable très important à ce long exposé qui prendra la forme d'un voyage à travers le Maghreb, 
je présenterai quelques  rappels  très  utiles  sur  la  terminologie  en  climatologie.  Afin  de  rendre 
l'information concise, je la présente sous la forme d'un tableau de définitions progressives, en tenant 
compte à chaque fois des acquis reçus des lignes plus haut dans le tableau. Donc absolument aucune 
définition  ne  contient  de mot  inconnu du  lecteur.  On  verra  que  de  nombreuses  subdivisions 
terminologiques  se retrouvent  de  façon  récurrente par  nécessité.  Attention,  chaque  mot,  chaque 
terme, utilisé dans le tableau est important. Quand il est fait mention, par exemple, de "mois froid", 
ce  n'est  pas  de  façon  subjective  mais  bien  toujours  en  considération  du  critère  climatologique 
définissant  un  mois  froid !  Idem  pour  l'expression  "mois  sec"  qui  n'est  jamais  subjective  mais  se 
réfère invariablement à la définition précise d'un "mois sec". Etc.

Le  tableau  paraît  complexe,  mais  ce  n'est  qu'une  première  impression ;  si  on  le  suit  bien,  avec 
attention, sans omettre une seule ligne dans sa progression, il se comprend parfaitement même pour 
un élève de sixième !

Tous ces termes définis dans le tableau nous resserviront dans une prochaine étude sur les climats 
du Proche-Orient, du Moyen-Orient, et de l'Asie Centrale.

background image

Ch€loniens n•4

Reliefs et climats du Maghreb : synth‚se et conclusions sur les cons€quences en captivit€ de 

Testudo graeca

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Terminologie relative aux climats dans les études méditerranéennes (construit d'après Emberger)

Terme

Définition

Relatives à la température

t

Temp€rature moyenne du mois le plus froid

T

Temp€rature (en degr€s centigrades) moyenne d'un mois

Mois froid

Mois oƒ

T

0 •C

P€riode froide

Succession de plusieurs mois froids

R€gion „ risque de gel

R€gion oƒ

t

<

15 •C

R€gion sans risque de gel

R€gion oƒ

t

>

15 •C

Mois chaud

Mois oƒ

T >

20 •C

(la temp€rature moyenne est sup€rieure „ 20 •C)

P€riode chaude

Succession de plusieurs mois chauds

Climat glacial

Climat oƒ

T < 0 •C toute l'ann€e

(12 mois froids)

Climat froid

Climat d'une r€gion oƒ

t

<

-5 •C

Climat temp€r€

Climat d'une r€gion oƒ

-5 •C

<

t

<

15 •C

froid

Climat d'une r€gion oƒ

-5 •C

<

t

<

0 •C

(moyen)

Climat d'une r€gion oƒ

0 •C

<

t

<

10 •C

chaud

Climat d'une r€gion oƒ

10 •C

<

t

<

15 •C

Climat chaud

Climat d'une r€gion oƒ

t

>

15 •C

Relatives à la sécheresse

P

Total des pr€cipitations (en millim‚tres) d'un mois

Diagramme 
ombrothermique

Histogramme repr€sentant mois par mois P et T

Cela permet de voir d'un seul coup d'œil les mois secs

(mois oƒ la courbe de P passe sous la courbe de T)

Mois sec

Mois oƒ

P

2T

P€riode s‚che

Succession de plusieurs mois secs

Mois subsec

Mois de transition oƒ

2T

<

P

<

3T

P€riode subs‚che

Succession de plusieurs mois subsecs

Relatives à la xérothermie (relation entre température et sécheresse

Indice x€rothermique

Indice de s€cheresse en rapport avec la chaleur (ci-dessous 

x

m

ou X)

x

m

Indice  mensuel  caract€risant  l'intensit€  de  s€cheresse  d'un  mois  sec.  Il  repr€sente  le 
nombre total de jours consid€r€s comme "biologiquement" secs dans le mois.

Voir dans le tableau page suivante la m€thode de d€termination de cet indice tr‚s 

important pour la caract€risation des climats.

Indice x€rothermique 
de la p€riode s‚che

Somme des indices 

x

m

des mois de la p€riode s‚che. Ce total donne le nombre de jours 

"biologiquement" secs au cours de la p€riode s‚che.

Cet indice est tr‚s important car c'est lui qui d€finit les bioclimats !

X

Indice x€rothermique de l'ann€e (total effectu€ sur les 12 mois)

Définition précise des climats

Climat steppique

Climat oƒ le nombre de mois froids (voir d€finition plus haut) plus le nombre de mois 
secs (voir d€finition plus haut) totalise 4 „ 8 mois

Climat ax€rique

Climat oƒ

X =

0

Il existe une p€riode subs‚che (voir d€finition plus haut) mais oƒ il n'existe aucune 

p€riode s‚che (voir d€finition plus haut)

froid

Quand

t

<

0 •C

temp€r€

Quand

0 •C

<

t

<

15 •C

moyen

Quand

0 •C

<

t

<

10 •C

chaud

Quand

10 •C

<

t

<

15 •C

chaud

Quand

t

>

15 •C

sub€quatorial

Quand

15 •C

<

t

<

20 •C

€quatorial

Quand

t

>

20 •C

Climat subm€diterran€en

Climat de transition oƒ

0 < X <

40

Attention : le climat subm€diterran€en n'est pas un climat m€diterran€en ! Il y a une 

p€riode subs‚che mais pas de p€riode s‚che ! Aucune r€gion de France n'est sous 
climat m€diterran€en ! La Provence, le Languedoc et la r€gion Midi-Pyr€n€es ne 
sont que sous climat subm€diterran€en.

froid

Quand

t

<

0 •C

temp€r€

Quand

0 •C

<

t

<

15 •C

background image

Ch€loniens n•4

Reliefs et climats du Maghreb : synth‚se et conclusions sur les cons€quences en captivit€ de 

Testudo graeca

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moyen

Quand

0 •C

<

t

<

10 •C

chaud

Quand

10 •C

<

t

<

15 •C

chaud

Quand

t

>

15 •C

sub€quatorial

Quand

15 •C

<

t

<

20 •C

€quatorial

Quand

t

>

20 •C

Climat m€diterran€en

Climat oƒ

40 < X < 200

(la p€riode s‚che dure de 1 „ 8 mois et co†ncide avec les jours longs)

m€som€diterran€en

Quand

40 < X < 100

att€nu€

Quand

40 < X <

75

accentu€

Quand

75 < X < 100

thermom€diterran€en

Quand

100 < X < 150

att€nu€

Quand

100 < X < 125

accentu€

Quand

125 < X < 150

x€rothermom€diterran€
en

Quand

150 < X < 200

Climat tropical

Climat oƒ

40 < X < 200

(la p€riode s‚che dure de 1 „ 8 mois et co†ncide avec les jours courts)

temp€r€

T <15 •C

de transition

1 < X <

40

(saison s‚che de tr‚s courte dur€e)

att€nu€

40 < X <

100

(saison s‚che de courte dur€e)

moyen

100 < X < 150

accentu€

150 < X <

200

(saison s‚che de longue dur€e)

chaud

T >15 •C

de transition

1 < X <

40

(saison s‚che de tr‚s courte dur€e)

att€nu€

40 < X <

100

(saison s‚che de courte dur€e)

moyen

100 < X < 150

accentu€

150 < X <

200

(saison s‚che de longue dur€e)

Climat bix€rique

Climat oƒ il existe deux p€riodes s‚ches

et oƒ

40 < X < 200

(les deux p€riodes s‚ches totalisent de 1 „ 8 mois et co†ncident avec les jours longs) 

Un des deux climats de transition entre le climat tropical et le climat m€diterran€en

temp€r€

T <15 •C

de transition

1 < X <

40

(saison s‚che de tr‚s courte dur€e)

att€nu€

40 < X <

100

(saison s‚che de courte dur€e)

moyen

100 < X < 150

accentu€

150 < X <

200

(saison s‚che de longue dur€e)

chaud

T >15 •C

de transition

1 < X <

40

(saison s‚che de tr‚s courte dur€e)

att€nu€

40 < X <

100

(saison s‚che de courte dur€e)

moyen

100 < X < 150

accentu€

150 < X <

200

(saison s‚che de longue dur€e)

R€gion bix€rique

R€gion oƒ le climat est bix€rique (La Mecque, le nord de l'Inde et du Pakistan…)

Climat subd€sertique

Climat oƒ

200 < X <

300

(p€riode s‚che de 9 „ 10 mois)

att€nu€

Climat oƒ

200 < X < 250

froid

Incluant une p€riode de gel

chaud

Sans p€riode de gel

accentu€

Climat oƒ

250 < X < 300

froid

Incluant une p€riode de gel

chaud

Sans p€riode de gel

Climat d€sertique

Climat oƒ

X > 300

Un des deux climats de transition entre le climat tropical et le climat m€diterran€en

froid

Incluant une p€riode de gel

chaud

Sans de p€riode de gel

Climat d€sertique vrai

Climat oƒ

X >

355

(p€riode s‚che pouvant ˆtre sup€rieure „ une ann€e)

background image

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Reliefs et climats du Maghreb : synthèse et conclusions sur les conséquences en captivité de 

Testudo graeca

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Détermination de l'indice mensuel x

m

x

j

Indice du jour

x

m

Somme mensuelle (sur 28, 29, 30 ou 31 jours) des 

x

j

La pluie est un phénomène très variable, en intensité comme en durée. Une pluie se compare difficilement à une autre 
pluie.  L'indice  ne  doit  retenir  que  les  jours  sans  pluie  ou  dont  une  unique  pluie  violente  a  été  extrêmement  brève, 
l'effet  de  cette  pluie  violente  sur  la  sécheresse  étant  nulle  alors  que  l'effet  d'une  longue  pluie  même  douce  est  très 
important sur les sols et sur les animaux. Donc :

Plus de 3 h de pluie dans la journée : 

x

j

= 0

Pluie brève même si violente, ou aucune pluie dans la journée : 

x

j

= 1

Un jour de brouillard et de rosée est compté pour un demi-jour sec seulement. Donc : 

x

j

= 0,5.

Il faut également tenir compte de l'

état hygrométrique de l'air

(H) même en l'absence de pluie, de brouillard ou de 

rosée :

Si

H

40

l'air est sec pour la plante et pour le sol, donc le jour est compté comme sec. Donc :

x

j

= 1,0.

Si 40 < H <

60

alors : 

x

j

= 0,9.

Si 60 < H <

80

alors : 

x

j

= 0,8.

Si 80 < H <

90

alors : 

x

j

= 0,7.

Si 90 < H < 100

alors : 

x

j

= 0,6.

Si

H = 100 (saturation)

alors : 

x

j

= 0,5.

Exemple de calcul de l'indice xérothermique mensuel 

x

m

(un mois de juillet) :

Nombre de jours de pluie = 4.
Nombre de jours de brouillard et de rosée = 8
Etat hygrométrique moyen du mois = 65 (

x

j

hygrométrique = 0,8)

Résultat :

18

8

,

0

2

8

4

31

m

x

Diagrammes ombrothermiques

1

Sur un graphique, on porte :

en  abscisses :  les  mois  de  l'année  (en  commençant  par  ceux  qui  ont  des  jours  courts :  janvier 
pour l'hémisphère nord, juillet pour l'hémisphère sud

en ordonnées :

o

à droite, les précipitations mensuelles P (en millimètres)

o

à  gauche,  les  températures  moyennes  T  (en  °C)  à  une  échelle  double  de  celle  des 
précipitations.  On trace  la 

courbe thermique

(courbe  joignant  les  points  des températures 

mensuelles)  et  la 

courbe  ombrique

(courbe  joignant  les  points  des  hauteurs  d'eau 

mensuelles).  Quand  la  courbe  ombrique  passe  sous  la  courbe  thermique,  on  a  P < 2T.  La 
surface de croisement indique alors la durée et l'importance de la période sèche telle qu'elle 
a été définie plus haut et qui servira à l'établissement de l'

indice xérothermique

.

Un  tel  graphique  est  appelé  "

diagramme  ombrothermique

".  On  trouvera  dans  cet  article  de

nombreux diagrammes ombrothermiques extraits de l'étude d'Emberger pour l'UNESCO et la FAO.

Classification des bioclimats du pourtour de la Méditerranée

La carte que je présente ici en pleine page est une carte que j'ai réalisée pour cet article à partir des 
critères  ombrothermiques  et  xérothermiques  fournies  par  Emberger  et  fournies  par  les  stations de 
l'OMM  sur  tout  le  pourtour  méditerranéen.  Une  très  longue  compilation  de centaines  de données 
météorologiques a été nécessaire pour établir cette carte précise.

1

ombros = pluie

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Chéloniens n°4

Reliefs et climats du Maghreb : synthèse et conclusions sur les conséquences en captivité de 

Testudo graeca

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Chéloniens n°4

Reliefs et climats du Maghreb : synthèse et conclusions sur les conséquences en captivité de 

Testudo graeca

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Cette  carte  annexe  montre  également 
le  sens  des  vents  en  janvier  ainsi  que 
la  position  de  trois  isothermes 
(courbes  reliant  les  points  où  la 
température  moyenne  du  mois  est  la 
même)  de  janvier.  On  observe  que 
l'isotherme  10 °C  de  janvier  entre  en 
mer  Méditerranée  par  la  Galice  (le 
nord-ouest  de  l'Espagne),  se  dirige 
vers  l'Andalousie,  remonte  le  long  du 
Golfe du Lion (mais en mer, pas sur le 
continent),  descend  le  long  de  la  côte 
ouest  de  l'Italie,  remonte  un  peu  vers 
l'ex-Yougoslavie,  redescend  le  long 
des côtes de la Grèce (cette fois-ci par 
le continent), puis continue vers le sud 
de la Turquie et vers la Syrie.

Les  zones  qui  se  situent  au  nord  de 
cette  ligne  ne  sont  pas  sous  climat 
méditerranéen 

mais 

sous 

climat 

subméditerranéen  tempéré  froid  ou 

subméditerranéen  froid.  Les  zones  qui  se  situent  au  sud  de  cette  ligne  sont  sous  climat 
méditerranéen  tempéré  chaud  ou  méditerranéen  chaud  ou  subtropical  ou  tropical ou  équatorial. 
Nous  verrons  qu'au  Maghreb  il  y  a  deux  et  seulement  deux  toutes  petites  exceptions,  l'une  d'une 
centaine de kilomètres, l'autre d'environ 200 kilomètres.

Cette  carte  annexe  montre  également  le  sens  des  vents  de  janvier  sur  toute  la  zone  saharienne  et 
méditerranéenne.

Cette  autre  carte  annexe, plus  petite,  montre le  sens  des  courants 
marins dans la mer Méditerranée et le sens des vents en Europe du 
sud et  en Afrique du  Nord. Cette  carte  est très  importante  pour la 
connaissance  des  climats  locaux  de  la  bordure  méditerranéenne. 
Elle  montre  notamment  que  les  courants  marins  bordant  la 
Provence  en  janvier  sont  des  courants  froids  alors  que  ceux 
bordant le Maghreb sont des courants chauds.

Les différents reliefs du Maghreb

La chaîne montagneuse des Atlas qui coupe en deux le Maroc et qui se poursuit en longeant le nord 
de l'Algérie pour mourir au Cap Bon à l'est de la Tunisie, a pour origine la lente dérive du continent 
africain  vers le nord. La Méditerranée est un reliquat de l'ancien océan Thétys qui  joignait  l'Océan 
Atlantique à l'Océan Indien. La subduction (le lent glissement formant chevauchement) de la plaque 
continentale  africaine  sous  la  plaque  continentale  européenne  fait  s'élever  la  chaîne  des  Atlas  au 
Maghreb et la chaîne des Alpes et des Balkans en Europe.

Au Maghreb, l'élévation lente de cette chaîne montagneuse est la cause de l'apparition assez récente 
(quelques centaines de milliers d'années seulement) de quelques climats doux au nord du Maroc, de 
l'Algérie  et  de  la  Tunisie.  Sans  cette  chaîne  montagneuse,  le  climat  désertique  ou  subdésertique
s'étendrait jusqu'aux côtes comme en Libye et en Egypte.

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Ch€loniens n•4

Reliefs et climats du Maghreb : synth‚se et conclusions sur les cons€quences en captivit€ de 

Testudo graeca

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Le Maroc se caract€rise par trois zones de reliefs bien distincts :

Au  centre  et  dans  toute  la  moiti€  nord  du  Maroc  se  trouvent  la  grande  plaine  atlantique  et 
quelques  grands  plateaux  peu  €lev€s,  ainsi  que  les  versants nord-ouest  des  cha‰nes 
montagneuses  du  Haut-Atlas  et  du  Moyen-Atlas et  le  Rif  „  l'extrˆme-nord  entre  Tanger  et 
Mekn‚s.  C'est  dans  la zone  de  Tanger  „  Essaouira,  „  environ  100  „  150  kilom‚tres  au  nord 
d'Agadir, qu'on trouve jusqu'„ environ deux cent kilom‚tres des cŠtes quelques "forˆts" (terme 
excessif) et une v€g€tation atlantique et proche de la v€g€tation espagnole se contentant de peu 
d'eau et supportant des chaleurs importantes. Une superbe forˆt de c‚dres existe aussi au sud-est 
de F‚s. Le nord-est du pays et la r€gion de la basse vall€e de la Moulouya offrent une v€g€tation 
relative,  quelques  petites  forˆts  €parses,  mais  sous  un  soleil  extrˆmement  vif.  On  verra  sur  la 
carte climatique qu'une partie de cette vall€e de la Moulouya a mˆme un climat subd€sertique ! 
En revanche l'estuaire de cette rivi‚re est d'une abondante v€g€tation et offre une assez grande 
biodiversit€, mais sur une surface extrˆmement r€duite.

La tr‚s longue cha‰ne de l'Atlas, qui va du sud-ouest du Maroc au nord-est de l'Alg€rie, forme 
au Maroc une  v€ritable  barri‚re  naturelle pour  les  vents et pour les pr€cipitations de  l'ouest… 
mais pas pour les temp€ratures venant du sud et de l'est ! Les vents du sud sont amoindris mais 
pas  arrˆt€s  par  cette  cha‰ne  montagneuse,  en  raison  de  la  pr€sence  de  l'Anti-Atlas,  d'altitude 
interm€diaire entre la grande cha‰ne du Haut-Atlas et le d€sert mauritanien au sud et alg€rien „ 
l'est. Les vents de l'est passent sans difficult€ les hauteurs du Moyen-Atlas, et une partie de ces 
vents longent €galement le Haut-Atlas en s'engouffrant dans les vall€es extrˆmement arides du 
Dad‚s et du Draa jusqu'„ Ouarzazate. La roche de toute la cha‰ne de  l'Atlas et de ses plateaux 
environnants  est  „  nu  et  c'est  une  roche  calcaire tr‚s  dure.  Il  n'existe  pratiquement  pas  de 
v€g€tation, sous un soleil  imposant et sur un sol  quasiment absent hors des zones cultiv€es en 
plaine ! Sur  le  versant  est  de  la  cha‰ne  de  l'Atlas  au  Maroc  (donc  pas  le  nord-est  du  pays)  se 
trouve la grande zone pr€saharienne form€e de plaines et de plateaux

Au sud du Maroc, „ la pointe de la cha‰ne de l'Atlas „ la mˆme latitude qu'Agadir se trouve une
vaste  r€gion semi-montagneuse :  l'Anti-Atlas  (une  cha‰ne  de  basses  montagnes  au  sud  de 
l'Atlas)  et  les  hamadas  (des  plateaux  calcaires  en  forme  de  tables  et  bord€s  de  tr‚s  hautes 
falaises, c€l‚bres parce qu'on  y tourne… plein de publicit€s pour  la t€l€vision !). C'est  lorsque 
les hamadas sont recouverts d'une strate de gr‚s qu'on leur donne le nom plus connu de tassilis).
Dans  les  Hamadas  et  dans  l'Anti-Atlas,  la  v€g€tation  est  inexistante  ou  quasi-inexistante.  La 
vall€e du Souss, de Ouarzazate „ Agadir, offre une abondance tr‚s relative de v€g€tation. Seule 
l'approche d'Agadir et la forte influence de l'air oc€anique permet de retrouver une tr‚s grande 
abondance de v€g€tation. La r€gion d'Agadir, comme le nord du Rif, est tr‚s riche et tr‚s c€l‚bre 
pour ses zones cultiv€es.

Bien  €videmment  ces  trois  reliefs  totalement  diff€rents  et  leur  exposition  aux  vents  tropicaux  du 
sud,  sahariens  de  l'est,  et  oc€aniques  de  l'ouest  vont  donner  essentiellement  trois  climats 
sensiblement  diff€rents,  accentu€s  par  ailleurs par  l'altitude  (la  hauteur  par  rapport  „  la  mer) 
diff€rente suivant les lieux et par la latitude (la distance en degr€s angulaires par rapport „ la ligne 
de l'€quateur terrestre).

Le relief de l'Alg€rie est beaucoup plus simple „ d€crire. Au sud de la cha‰ne de l'Atlas (et de ses 
cha‰nes annexes,  l'Atlas Saharien et  l'Atlas Tellien) on trouve  le Sahara, avec seulement quelques 
zones tr‚s vertes de biodiversit€  importante autour de Bechar au pied du Moyen-Atlas „  l'extrˆme 
ouest  de  l'Atlas  Saharien,  et  de  Biskra au  pied  des petits  monts  des  Aur‚s  pr‚s  de  la  Tunisie.  Au 
nord de ces cha‰nes montagneuses, en bordure m€diterran€enne on trouve quelques grandes prairies 
steppiques issues d'un antique bras de mer qui descendait jusqu'au S€n€gal et dont le Sahel est une 
autre relique dans la partie sud-ouest du Sahara.

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Chéloniens n°4

Reliefs et climats du Maghreb : synthèse et conclusions sur les conséquences en captivité de 

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La Tunisie offre un climat extrêmement aride sur la quasi-totalité de sa surface. Notons la présence 
d'un  gigantesque  lac  salé  près  de  Gafsa,  qui  donne  lieu  à  une  végétation  locale  plus  riche  et  une 
relative biodiversité dans la région, mais pas à proximité en raison de la teneur excessive en sels de 
sodium. Les reliefs  s'accentuent au nord de la Tunisie à  la rencontre des dernières élévations de  la 
chaîne de l'Atlas. La vallée de la Medjerda est un lieu de douceur où la végétation et la faune sont 
très abondantes.

Les  reliefs  et  les  sols (et  surtout  l'absence  de  sols  hors  des  zones cultivées)  étant  décrits,  étudions 
maintenant les différents climats auquel est soumis le Maghreb.

La  présence  du  Sahara  est  prépondérante  dans  l'étude  des  climats  de  la  région  comme  dans  la 
culture  maghrébine  et  les  sociétés  ethniques  habitantes. La  plus  grande  influence  climatique  est 
celle  de  l'énorme  masse  d'air  chaud,  brûlant,  du  Sahara.  Nous  verrons  que  l'influence 
méditerranéenne vraie n'est limitée qu'aux régions extrêmement étroites de la côte méditerranéenne
où  se condensent toutes les populations humaines à l'exception  notable de  quelques grandes villes 
dans  l'intérieur  du  Maroc,  essentiellement  Fès et  Meknès au  nord  et  Marrakech  au  sud,  ainsi  que 
Ghardaïa en Algérie.

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Ch€loniens n•4

Reliefs et climats du Maghreb : synth‚se et conclusions sur les cons€quences en captivit€ de 

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Un petit voyage à travers les climats du Maghreb

Nous allons faire dans cet article un petit voyage d'initiation „ la climatologie. Depuis Tamanrasset 
„ la pointe sud de l'Alg€rie, nous nous dirigerons directement vers Ouarzazate, puis en passant par 
la  vall€e  du  Souss  nous  irons  vers  Agadir,  puis  nous  remonterons  vers  Chichaoua  et Marrakech, 
nous y observerons rapidement les monts du Haut-Atlas, nous continuerons notre route vers le nord-
ouest  en  direction  de  Casablanca-Rabat-Kenitra,  nous  traverserons  le  Rif  pour  atteindre  la 
M€diterran€e  „  l'est  de  Tanger,  nous  progresserons  vers  la  Moulouya,  nous  entrerons  en  Alg€rie 
pour atteindre Oran,  nous  longerons  l'Atlas Saharien  jusqu'„  Biskra,  nous entrerons en Tunisie en 
descendant  la  vall€e  de  la  Medjerda,  nous  repartirons  vers  le  sud  en  direction  de  Gafsa,  et  enfin 
nous  entrerons  en  Libye  pour  atteindre  le  Djebel  Akhbar  au  centre  d'une  p€ninsule  que  les 
europ€ens  appellent  la  Cyr€na†que,  qui  sera  le  terme  de  notre  voyage. Les  lettres  minuscules  en 
parenth‚ses  dans certains  paragraphes  vous  permettront  de  situer  la  zone  travers€e  sur  la  carte 
climatique  et  de  d€couvrir  son  climat  au  fur  et  „  mesure  de  notre  progression. Et  les  chiffres 
indiquent le climat du lieu sur la carte.

Il est important de voir que notre voyage va nous faire traverser toutes les zones oƒ se trouvent des 
tortues au Maghreb. Et „ chaque  fois  nous  ferons un  bref rappel du climat  local et nous d€crirons 
bri‚vement le mode de dormance hivernale des tortues pr€sentes.

Notre point de d€part se situe „ Tamanrasset (a), au pied du Hoggar, „ la pointe sud de l'Alg€rie. Ici 
nous  sommes  presque  au  cœur  du  Sahara.  Le  climat  est  d€sertique  moyen (1).  C'est-„-dire  que 
l'indice  x€rothermique  est  sup€rieur  „  300.  Ici  il  ne  pleut  quasiment  jamais,  et  la  seule  pr€sence 
d'humidit€ est assur€e par quelques orages violents et par la pr€sence de ros€e sur les zones oƒ la 
roche  est  en  surface.  Aux  sommets  des  monts  du  Hoggar,  le  climat  change  un  peu  de  fa‹on  tr‚s 
locale sur  quelques  kilom‚tres  avec  la  pr€sence  d'une  s€cheresse  moins  importante,  de  quelques
pluies en automne sur les sommets et quelques nuits tr‚s glaciales en hiver.

D€laissons  le  Hoggar  et  montons  vers 
la  petite  ville  totalement  isol€e  d'In 
Salah  (b).  Nous  sommes  encore  au 
cœur du Sahara alg€rien,  mais  hors de 
cette  petite  zone  particuli‚re  du 
Hoggar. 

Voici 

le 

diagramme 

ombrothermique 

d'In 

Salah. 

La 

s€cheresse  y  est  totale,  la  courbe 
d'humidit€ est presque invisible tout au 
bas du diagramme.

Quittons cette r€gion d€sol€e et profond€ment  inhospitali‚re, et dirigeons-nous  vers  le Maroc que 
nous atteindrons „ Ouarzazate. Ce faisant, nous voyons le climat devenir tr‚s lentement de plus en 
plus supportable. Le long de cette route de 700 kilom‚tres le climat devient peu „ peu d€sertique „ 
tendance  m€diterran€enne  (2),  puis  subd€sertique  (3)  puis  subd€sertique  „  tendance 
m€diterran€enne (4), puis x€rothermom€diterran€en (6).

Ouarzazate  (c)  est  au  pied  sud-est  des  montagnes  les  plus  €lev€es  du  Haut-Atlas,  et  elle se  situe 
entre deux grandes vall€es s‚ches qui longent la cha‰ne du cŠt€ de ce versant saharien. Au nord de 
Ouarzazate, les splendides gorges du Draa et du Dad‚s, et au sud la vall€e du Souss au-del„ d'un col
que  nous  prendrons  pour  continuer  notre  route.  A  Ouarzazate  les  vents,  sortant  de  la  vall€e  du 
Dad‚s, sont parfois violents mais sont toujours extrˆmement secs. L'hiver il peut faire froid la nuit, 

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Ch€loniens n•4

Reliefs et climats du Maghreb : synth‚se et conclusions sur les cons€quences en captivit€ de 

Testudo graeca

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mais  la  temp€rature  moyenne  en  janvier  atteint  les  13•  car 
le jour il peut faire 20 „ 22• „ midi en plein janvier ! Nous 
sommes au cœur du climat x€rothermom€diterran€en (6).
Voici  une  photo  de  la  r€gion  montagneuse  autour  de 
Ouarzazate,  sur  la  route  du  col  de  Tizi  n'Tichka  qui  joint 
Ouarzazate „ Marrakech.

Autour  de  Ouarzazate et  autour  du  lac  proche  de  la  ville
tous  les  sols  pouvant  ˆtre  utilis€s  sont  cultiv€s.  Quelques 
extensions  de  cultures  apparaissent  dans  les  premiers 
kilom‚tres des rives du Dad‚s. Mais  la r€gion offre encore 
un  spectacle  d€sol€.  Hors  des  zones  cultiv€es  le  sol  est  inexistant  et  la  roche  calcaire  est  „  nu.
Quelques  tortues  du  taxon 

Testudo  [graeca]  soussensis

sont  pr€sentes  ici  et  dans  les  premiers 

kilom‚tres  du  Dad‚s.  Dans  un  tel  paysage  d€sol€,  sans  sol  et  n'offrant  que  des  zones  limit€es  de 
v€g€tation plus riche que  les  broussailles de  cette photo, les tortues n'hibernent pas. Elles passent 
leur hiver „ dormir la nuit et „ tenter de trouver de l'eau le matin et une nourriture dans la journ€e, 
nourriture utilis€e  non pas pour s'alimenter…  mais essentiellement pour recueillir un compl€ment 
d'eau,  les  v€g€taux  subd€sertiques  ayant  la  particularit€  de  retenir  l'eau  de  fa‹on tr‚s  efficace par 
des  cellules  de  grande  taille et  une  forme  particuli‚re  du  feuillage. Ce  sont  essentiellement  des 
succulentes.

Dirigeons-nous  vers  le  sud-ouest  en  direction  d'Agadir.  A 
Tazenacht  nous  franchissons  un  col  qui  nous  permet  de 
rejoindre la vall€e du Souss. La vall€e contient l„ encore des 
tortues du mˆme taxon. Hors de la c€l‚bre route des jardins
oƒ toutes  les  surfaces de  sols cultivables sont exploit€es le 
paysage  est  aussi  d€sol€  qu'„  Ouarzazate. Voici  une  photo 
de la haute vall€e du Souss.

A  l'approche  d'Agadir (d),  environ  100  kilom‚tres  avant 
l'estuaire,  le  climat  change  soudain,  de  fa‹on  assez  rapide, 

et  l'air  oc€anique  se  fait  ressentir  de  fa‹on  importante.  Nous  entrons  dans  un  climat  nouveau,  le 
climat thermom€diterran€en (7). L'estuaire du Souss est une r€gion de v€g€tation tr‚s riche et tr‚s 
dense.  C'est  ici  que  sont  cultiv€es  les  oranges  du  Maroc  et  la  plupart  des  agrumes  que  nous 
connaissons. Le sol est abondant vers le nord par la cŠte jusqu'„ Essaouira (environ 150 kilom‚tres) 
et  jusqu'aux  pentes  terminales  de  l'Atlas.  Ici,  mˆme  la  temp€rature  nocturne  atteint  souvent  les 
10 •C en hiver. C'est dire si les tortues 
de  la  r€gion  n'hibernent  pas ! Elles 
dorment  la  nuit  par  des  temp€ratures 
assez  basses  en  janvier,  mais  les 
diff€rences 

consid€rables 

de 

temp€ratures entre la  nuit et le  jour ne 
leur permettent pas d'hiberner !

Puis nous retrouvons le d€sert en arrivant „ Chichaoua (e). Ici nous sommes dans une des zones les 
plus pauvres du Maroc. La r€gion est plus pauvre encore qu'„ Ouarzazate puisque nous retrouvons 
dans cette toute petite zone un climat subd€sertique (5) ! La v€g€tation est quasi-inexistante  mis „ 
part dans quelques zones cultiv€es et au bord de quelques ruisseaux. La roche est „ nu. On trouve 
parfois ici des 

Testudo [graeca] soussensis

.

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Ch€loniens n•4

Reliefs et climats du Maghreb : synth‚se et conclusions sur les cons€quences en captivit€ de 

Testudo graeca

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Continuons  notre  route  vers  Marrakech.  Que  les  touristes 
qui  connaissent  la  r€gion  ne  se  m€prennent  pas…  les  sols 
bien  verts  autour  de  Marrakech  sont  des  sols cultiv€s ! 
Voici une photo des zones naturelles de la r€gion autour de 
Marrakech, dans les Jbilet. Un sol tr‚s aride, une v€g€tation 
faite  exclusivement  de  broussailles  et  de  succulentes 
retenant le peu d'eau de la ros€e. La terre existe par endroits 
sur  une  €paisseur  d'environ  30  cm.  Dessous…  la  roche, 
toujours  la  roche.  En  quittant  Chichaoua  nous  sommes 
revenus en zone de climat x€rothermom€diterran€en (6).

Ici  se  trouve  la  deuxi‚me  concentration  de 

Testudo  [graeca]  soussensis

apr‚s  celle  d'Agadir.  Ici 

encore elles n'hibernent pas, les conditions offertes par les sols et par le climat ne leur en offrant pas 
du  tout  la  possibilit€.  Or  Marrakech  est  une  tr‚s  importante  source  de  pr€l‚vement  des  tortues 
marocaines ! De nombreuses "tortues grecques" pr€sentes en France sont originaires de cette zone 
tr‚s touristique  du  Maroc. Marrakech  est  „  460 m  d'altitude.  Le  paysage  autour  est  fait  de  petites 
collines dont les sommets sont „ environ 1 000 m (voyez la photo) parsem€es de broussailles et de 
quelques herbes rases „ perte de vue. Ce paysage est le paysage naturel typique de toute la r€gion 
non cultiv€e. Les tortues vivent dans cet €tage collin€en jusqu'„ 900 m d'altitude. A l'est se trouvent
les  pentes  du  Haut-Atlas  et  au  nord-ouest  celles  du  Moyen-Atlas.  Le  spectacle  des  plus  hauts 

sommets  du  Haut-Atlas  (10)  est 
saisissant. Mais  au-del„  de  1 000  m 
d'altitude  les  tortues  deviennent  rares. 
Et  apr‚s  1 500  m  d'altitude  elles  sont 
inexistantes. Comme la v€g€tation…

D€laissons la grande zone tr‚s aride (f) 

entre Safi et Casablanca, et montons dans la r€gion (g) de Casablanca „ Kenitra retrouver une autre 
sous-esp‚ce  de  nos  tortues,  la 

Testudo  [graeca]  marokkensis

. Nous  sommes  ici  en  zone  plus 

cl€mente sous climat m€som€diterran€en (8).

La  couleur  verte  que  nous  avons 
utilis€e pour  la  carte  ne  doit  pas  vous 
tromper… la v€g€tation est encore peu 
abondante hors des zones cultiv€es. Ici 
les  reliefs  et  le  climat  ressemblent  „ 
ceux  de  la  moiti€  sud  de  l'Espagne. 
Dans  cette  r€gion  soumise  „  de  fortes 
variations  hivernales  des temp€ratures 
entre  le  jour  et  la  nuit  les  tortues 
n'hibernent  toujours  pas,  mais  sont 
contraintes „ une longue dormance nocturne altern€e avec de courtes p€riodes de veille de jour pour 
s'alimenter et s'hydrater. La dur€e quotidienne de la p€riode de dormance nocturne est plus longue 
que  celle  de  toutes  les  tortues  que  nous  avons  vues jusque  l„  durant  ce  voyage.  Ici  en  janvier  les 
tortues restent €veill€es environ 4 „ 6 heures par jour, centr€es sur 13 heures („ la montre).

Notre voyage continue  vers  le  nord-est, pour aller non pas „ Tanger (nous contournerions alors  le 
Rif) mais „ Chefchaouene (h), entre Tanger et Al Hoceima. Nous arrivons ici sur le versant nord du 
Rif, dans la tr‚s petite zone oƒ habite la 

Testudo [graeca] lamberti

. Mais nous sommes surtout ici 

dans  une  r€gion  d'exception !  Car  ce  petit  arc  repr€sent€  en  bleu  sur  la  carte  est  l'une  des  deux 
seules r€gions de toute l'Afrique… oƒ le climat est similaire „ celui de la Provence ! En effet nous 

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Ch€loniens n•4

Reliefs et climats du Maghreb : synth‚se et conclusions sur les cons€quences en captivit€ de 

Testudo graeca

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sommes ici, entre Tanger et Al 
Hoceima,  dans  un  climat 
subm€diterran€en 

ax€rique

(9).  C'est-„-dire  un  climat  oƒ 
la  p€riode  s‚che  (calcul€e  par 
la  variable  X,  voyez  le 
tableau)  est  inf€rieure  „  un 
mois  et  oƒ  les  temp€ratures 
d'hiver 

sont 

suffisamment 

froides  mˆme  dans  la  journ€e 
pour  permettre  une  petite 
hibernation ! Dans ce petit arc
d'Alboran les  sols  sont  tr‚s 
abondants,  les  tortues  peuvent 
creuser  profond€ment,  la  forˆt 
est assez dense comme dans le 
Massif  des  Maures,  et  les 
temp€ratures  hivernales  restent  assez  fra‰ches  pour  une  v€ritable  mais  tr‚s  br‚ve  hibernation
d'environ 4 „ 6 semaines. Une zone tr‚s restreinte puisqu'elle  ne  fait que 150 kilom‚tres de long ! 
En  effet  d‚s Al  Hoceima…  nous  retrouverons  un  climat  aride ! Pourquoi  dans  cette  zone  si 
cl€mente du Rif ne trouvons-nous pas plus d'habitants ? Parce que les pentes sont tr‚s abruptes, le 
caract‚re montagnard du paysage est tr‚s important, et parce que l'hiver est particuli‚rement humide 
et  arros€. Ici  les  tortues  disparaissent la  plupart  des  hivers  non  pas  pour  hiberner  mais  pour  se 
prot€ger de la pluie !

Nous avons enfin trouv€ ici un taxon de tortues aptes „ hiberner ! Mais ce fut une exception. Nous 
en trouverons une autre un peu plus loin, aussi petite… et aussi d€cevante pour les tortues, pour une 
autre raison.

Longeons la cŠte quelques dizaines de kilom‚tres vers l'est apr‚s Al Hoceima, Nous avons quitt€ la 
r€gion  montagneuse du Rif,  nous retrouvons  la plaine, et d€j„  le changement de climat est brutal. 
Nous  sommes  „  nouveau  dans  une  r€gion  (i)  soumise  au  climat  thermom€diterran€en  (7) 
comparable  „  celui…  d'Agadir !  Le  sol  est  aride,  la  v€g€tation  est  un  peu  plus  abondante  dans  la 
basse vall€e de la Moulouya, notamment „ son estuaire et dans la r€gion d'Oujda toute proche. Nous 
sommes  ici dans  la r€gion oƒ abondent  les tortues de  l'esp‚ce  nominale 

Testudo [graeca]  graeca

L'aridit€ du paysage, la raret€ du sol, la nature broussailleuse, ligneuse et gramin€e de la v€g€tation 
sous  un  air  tr‚s  sec  mˆme  en  hiver,  ne  permettent  pas  aux  tortues  d'hiberner.  Ici  la  dormance 
hivernale  des  tortues  s'effectue  de  nuit  sous  les  buissons  et  les  broussailles,  quasi-enti‚rement
expos€es  „  l'air  libre  et  au  soleil  d‚s  son  apparition  du  matin.  En  plein  mois  de  janvier  toutes  les 
tortues sont r€veill€es d‚s 9 „ 10  heures du  matin et cherchent de  la  nourriture et une hydratation 
sous  les  buissons.  Il  n'est  pas  €tonnant  que  cette  basse  vall€e  de  la  Moulouya  soit  le  paradis  des 
ramasseurs de tortues pour approvisionner les souks de tout le Maroc, hiver comme €t€.

Remontons la vall€e de la Moulouya en nous dirigeant vers le sud. Laissons Oujda „ notre gauche et 
continuons  notre  route  plein sud.  Nous  rencontrons  de  la  v€g€tation  jusqu'„  Guercif.  Puis  nous 
entrons „ nouveau dans le d€sert ! Une r€gion (2) grande comme le double de la Corse (l'ovale n'en 
pr€sente que la partie „ climat extrˆme), qui n'a pas seulement une apparence de d€sert mais qui est 
un vrai d€sert puisque le climat ici est d€sertique „ tendance m€diterran€enne (2), c'est-„-dire avec 
des temp€ratures tr‚s €lev€es… et des pluies br‚ves seulement quelques fois par an, comme tout au 
d€but de notre voyage quand nous avons quitt€ In Salah au centre de l'Alg€rie ! Bien €videmment 

CŠte nord du Rif, r€gion de Tanger-T€touan au mois d'aoŒt (Photo : Antonio Lara)

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Chéloniens n°4

Reliefs et climats du Maghreb : synthèse et conclusions sur les conséquences en captivité de 

Testudo graeca

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dans  cette  région  hyperaride  au  sud  de  Guercif  on  ne  trouve  plus  une  seule  tortue. On  ne  trouve 
d'ailleurs plus du tout de végétation.

Rebroussons chemin et revenons sur nos pas vers le nord jusqu'à Guercif, puis prenons plein est par 
Oujda pour quitter le Maroc et entrer en Algérie par Tlemcen et Sidi Bel Abbes au sud d'Oran. Nous 
entrons dans une nouvelle aire de répartition de tortues, la

Testudo [graeca] whitei

située dans une 

zone de steppes (k) entre Oran et Alger. Cette tortue, qui semble morphologiquement apparentée à 

Testudo [graeca] marrokensis

est géographiquement proche de l'espèce nominale 

Testudo [graeca]

graeca

vivant  dans  la  vallée  de  la  Moulouya,  mais  elle  en  est  morphologiquement  quelque  peu 

différente  par  certains  points  en  raison  d'une  adaptation  aux  conditions  locales.  Par  ailleurs cette 
tortue  est  la  plus  volumineuse  de  tout le  Maghreb. Ici  nous  sommes  sous  un  climat 
mésoméditerranéen (8) dans une région de  steppes très pauvres, à  végétation clairsemée (des alfas 
et  des  armoises)  où  paissent  de  nombreux  moutons.  Là  encore  les  tortues  n'hibernent  pas  (sauf 
environ  3  semaines  certains  hivers  très  froids  au  pied  de  l'Atlas  Saharien)  mais  se  contentent  de 
dormir la nuit durant une quinzaine d'heures et de veiller  le jour pour chercher.une  nourriture rare, 
sauf  les  hivers  pluvieux.  Cette  zone  côtière  est  séparée  du  Sahara  par  la  chaîne  de  montagnes  de 
l'Atlas Saharien  (lettre l),  totalement  arides et  dénudées,  puis  par  l'Atlas  Tellien, deux  massifs  peu 
importants  mais  extrêmement  arides que  nous  nous contenterons de  longer  pour nous rendre  dans 
une autre région fertile en tortues.

Nous  arrivons  dans  la  région  de  Biskra (m),  à  l'est  de  l'Algérie.  Ici  le  climat  est  à  nouveau 
thermoméditerranéen (7).  Biskra  est  une  oasis  de  verdure  perdue dans  un  environnement  semi-
montagneux  aride.  Hors  de  l'oasis  la  végétation  est  rare  et  surtout  arbustive  sur  les  pentes 
montagneuses des  Aurès. Une  faune assez abondante est présente dans  les parties  les plus  fraîches 
(disons  plutôt  les  moins  chaudes)  des  vallées  du  massif  montagneux.  Mais  ici  encore  il  n'est  pas 
question d'hiberner en hiver ! Hors de l'oasis, le sol est extrêmement sec et très pauvre, le soleil est 
omniprésent  même  en  hiver.  Les  arbustes  des  pentes  montagneuses  ne  suffisent  pas  à  créer  un 
humus correct pour rendre la terre plus apte à une hibernation. Et les températures hivernales ne s'y 
prêtent absolument pas.

Remontons  vers  une  région  côtière 
totalement  différente,  la  Kabylie  (n). 
Est-ce  un  hasard  si  cette  toute  petite 
région  regroupe  plus  de  cinq  millions 
d'habitants ? 

La 

Kabylie 

est 

la 

deuxième  région  du  Maghreb  où  le 
climat  est  subméditerranéen  axérique 
(9), c'est-à-dire comparable à la Provence.

Les paysages y sont très verts, la région est le réservoir d'eau pour toute la moitié nord de l'Algérie ; 
elle  est  extrêmement  prospère ; les  zones  cultivées  y  sont  les  plus  abondantes  de  toute  l'Algérie. 
Contrepartie :  la  tortue  qui vivait  ici  en abondance  il  y  a  quelques  milliers d'années  a  disparu  et  a 
totalement  laissé  la place à  l'homme. On trouve  peu  de tortues à  l'état  sauvage  en  Kabylie.  C'était 
pourtant ici qu'elles pouvaient hiberner ! Hélas trop de gens revenus en France après avoir vécu en 
Algérie  ont  en  réalité  vécu  en  Kabylie,  et  la  tentation  est  grande  de  généraliser  à  toute  la  côte 
algérienne le climat exceptionnel de cette toute petite partie surpeuplée de la côte ! Seule une toute 
petite  partie  est  de  la  région,  frontalière  avec  la  Tunisie  sur  la  côte,  abrite  encore  quelques 
populations  qui  hibernent  environ  15  jours mais  semblent  ne  pas  supporter  une  hibernation  plus 
longue.

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Ch€loniens n•4

Reliefs et climats du Maghreb : synth‚se et conclusions sur les cons€quences en captivit€ de 

Testudo graeca

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Nous quittons l'Alg€rie par un superbe 
massif  montagneux,  les  monts  de  la 
Medjerda, magnifique rivi‚re au sud de 
Tabarka,  sous  un  climat  tr‚s  pluvieux 
en  hiver  mais  de  temp€rature  douce, 
qui  descend  vers  Tunis  et  oƒ  la  faune 
est tr‚s abondante.

La  moyenne  et  la basse  vall€e  de  la 
Medjerda, 

malgr€ 

un 

climat 

thermom€diterran€en (7),  est  un  havre 
de biodiversit€ en raison de la pr€sence 
de ce fleuve. La majorit€ des tortues de 
Tunisie, 

les 

Furculachelys 

nabeulensis

,  se  trouvent  dans  cette 

vall€e  verdoyante  exceptionnelle  (o) 
dans  tout  le  Maghreb. Pourtant  son 

d€bit est tr‚s irr€gulier au cours de l'ann€e et mˆme d'une ann€e „ l'autre… mais c'est le seul cours 
d'eau de toute la Tunisie „ avoir un €coulement  ininterrompu ! Les rives de  la  Medjerda sont tr‚s 
bois€es  et tr‚s  vertes,  avec  un  massif  tr‚s  abondant  de  chˆnes.  Pour  un  peu  on  se  croirait  dans  la 
vall€e de la Durance… s'il n'y avait ce climat thermom€diterran€en (7) cuisant ! Ces tortues, comme 
toutes  celles  du  Maghreb  except€ les  rares  tortues  du  Rif  et  les  rarissimes  tortues  du  Haut-Atlas, 
n'hibernent  pas.  Pour  elles aussi,  l'hiver  est  une saison de  dormance  nocturne  et  de  simple  repos 
diurne.

Nous  €vitons  les  zones  urbanis€es  de  la  cŠte  et  nous  descendons  plein  sud  vers  le  centre  de  la 
Tunisie  en  traversant  les  monts  T€bessa oƒ  se  trouve  une  autre  population  de  ces 

F.  nabeulensis

puis  les  Hautes  Steppes.  Ici  les  forˆts  de  chˆnes  ont  totalement  disparu  et  laissent  la  place  „ 
d'immenses  cultures  d'orangers  et  de  mandariniers.  L'herbe  est  rase,  peu  abondante,  sur  une  terre 
pr€sente  mais  tr‚s  s‚che  et  tr‚s  dure.  Le  climat  est  ici  x€rothermom€diterran€en  (6)  comme  „ 
Ouarzazate et Marrakech au Maroc et comme dans l'Atlas Tellien en Alg€rie.

Continuant vers le sud nous traversons 
la  r€gion  des  chotts  au  centre  de  la 
Tunisie.  Un  chott  est  une  r€surgence 
de  sel  dans  une  cuvette,  sorte  de 
grande  d€pression  du  paysage.  Ces 
chotts  sont  la  preuve  que 

les 

montagnes qui s€parent  l'Alg€rie de  la 
Tunisie sont d'immenses r€serves d'eau 
souterraines.  Le  sous-sol de  toute  la 
r€gion entre Gafsa et Gab‚s au centre de la Tunisie contient une tr‚s grande quantit€ de sodium. Les 
nappes  d'eau  souterraines  venant  des  massifs  montagneux  et  se  dirigeant  vers  le  golfe  de  Gab‚s 
affleurent par endroit dans les cuvettes naturelles de la r€gion, cr€ant ainsi d'immenses €tendues de 
lacs sal€s ! Mais ces r€gions sont totalement inexploitables et  infertiles, hostiles  mˆme „ toute vie 
en  raison  de  la  quantit€  effroyable  de  sel pr€sente  dans  le  sol.  En  Tunisie  cette  ligne  des  chotts 
constitue la limite entre le nord habitable de la Tunisie et le sud oƒ commence le d€sert du Sahara 
sous climat subd€sertique „ tendance m€diterran€enne (4).

C'est sous ce climat torride que nous allons quitter la Tunisie, entrer en Libye, et parcourir 700 km 
de d€sert total (p) avant d'arriver sur un long promontoire s'avan‹ant dans la M€diterran€e „ l'est de 

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Ch€loniens n•4

Reliefs et climats du Maghreb : synth‚se et conclusions sur les cons€quences en captivit€ de 

Testudo graeca

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Tripoli,  la  Cyr€na†que,  et  notamment 
le  Djebel  Al  Akhdar  qui  se  trouve  au 
centre  de  ce  promontoire  cŠtier  sur  la 
mer.

Le  Djebel  Al  Akhdar  en  Cyr€na†que 
(q)  m€rite  vraiment  son  nom  arabe  (le 
nom  signifie  "la  montagne  verte")  car 
au milieu de cet immense d€sert libyen 
oƒ n'existent que quelques oasis, il fait 
figure  d'exception.  L'origine  du  climat 
thermom€diterran€en  (7)  si  particulier 
de  cette  p€ninsule  est  double.  D'une 
part elle se trouve au  nord d'une  vaste 
r€gion au relief accident€ et de montagnes que contournent les vents sahariens du sud, la prot€geant 
d'une  partie  des  sables  du  d€sert,  et  d'autre  part elle  est  tr‚s  arros€e  par  les  vents  m€diterran€ens 
humides tournants entre la Crˆte et la Libye. Ici vit notre derni‚re esp‚ce de tortues du Maghreb, la 

Testudo [graeca] cyrenaica

qui bien entendu n'hiberne pas non plus.

Autrefois,  il  y  a  environ  8 000  ans,  la  Libye  et  tout  le  cœur  du  Sahara  €tait  une  r€gion  tr‚s 
diff€rente. Le Sahara a connu depuis plusieurs centaines de milliers d'ann€es plusieurs tr‚s longues 
p€riodes alternant entre des ensablements comme aujourd'hui et des p€riodes de savanes abondantes 
et  prolifiques. Il  y  a  8 000  ans c'€tait  une  v€ritable  savane  comme  le  Kenya,  parsem€e 
horizontalement  par  d'immenses  lacs  volcaniques,  et  un  fleuve  la  traversait  du  sud  au  nord  en 
venant de ces lacs et se jetait dans le golfe de Sidra „ l'ouest de la p€ninsule. Le contact v€g€tal €tait 
continu entre l'Egypte „ l'est et le Maghreb „  l'ouest, la  faune et la  flore €taient abondantes, et les 
tortues  €taient  beaucoup  plus  nombreuses.  Les  traces  grav€es  (p€troglyphes)  de  l'homme 
n€olithique sont nombreuses sur les roches en Libye ; on y chassait l'hippopotame, l'€l€phant et la 
girafe. Il  y  a environ 6 000 ans  le d€sert qui n'occupait qu'une petite zone centrale de  la Libye (et 
deux  petites  zones  du sud-est  du  Maroc),  a  soudain  progress€ „  tr‚s  grande  vitesse  „  la  phase 
terminale  de  l'‚re  glaciaire  europ€enne  (le  Sahara  est  aujourd'hui  deux  fois  plus  grand  qu'il  y  a 
seulement 2 000 ans), les zones de v€g€tation (et donc de faune) se sont isol€es les unes des autres, 
rompant d€finitivement tout contact entre l'est et l'ouest de l'Afrique et entre le sud et le nord. Les 
grands  lacs  du  centre  de  la  Libye  ont  disparu  (comme  aujourd'hui  le  lac  Tchad)  et  le  fleuve  s'est 
rapidement ass€ch€,  devenant  un  simple  oued  tr‚s  vite  recouvert  par  les  sables.  Les  animaux  de 
savane ont rapidement disparu il y a 6 000 ans. Dans une p€riode de transition qui a dur€ 2 500 ans
l'homme a p€riclit€, €levant le bœuf pour se nourrir, puis il a disparu „ son tour. La Cyr€na†que est 
une  zone  unique  qui  garde  aujourd'hui  la  m€moire  de  cette  €poque  qui  a  pr€c€d€  le  dernier 
ensablement du Sahara. Il est probable que le Sahara r€gressera „ nouveau un jour… si l'homme ne 
vient pas y mettre son grain de sel.

La  Cyr€na†que  est  le  terme  de  notre  long  voyage  au  Sahara  (pour  moi  il  a  dur€  25  ans),  et  nous 
allons  maintenant  revenir  en  France  pour  r€fl€chir  aux  conditions  dans  lesquelles  nous  pouvons 
conserver  nos  tortues  du  Maghreb  en  hiver  pour  leur  assurer  une  excellente  sant€  et  une  grande 
long€vit€.

Dans un prochain article nous parlerons des tortues de la Turquie, du Proche-Orient et du Moyen-
Orient, qui vivent dans des zones g€ologiquement tr‚s diversifi€es et sont soumises „ des conditions 
climatiques hivernales diff€rentes de celles du Maghreb.

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Ch€loniens n•4

Reliefs et climats du Maghreb : synth‚se et conclusions sur les cons€quences en captivit€ de 

Testudo graeca

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Pour comparaison, voici le diagramme 

ombrothermique du Massif des Maures, en r€gion ax€rique subm€diterran€enne (dont le climat est 
totalement diff€rent de celui du Maghreb !) ainsi qu'une photo du sol dans la plaine du Massif des 
Maures (Photo : G. Guyot).

La brumation des tortues du Maghreb en captivité

Les tortues du Maghreb, „ de rarissimes exceptions pr‚s (essentiellement dans le Rif et en Kabylie) 
n'hibernent pas.

Ce qui  ne  les empˆche pas de r€duire consid€rablement  leur activit€  l'hiver. Leur  m€tabolisme  vit 
au ralenti  mais  n'entre pas en hibernation. Le syst‚me digestif  continue „  fonctionner et „ s€cr€ter 
les enzymes n€cessaires „ la digestion et „ l'assimilation des valeurs nutritives.

Mais l'hiver l'alimentation est tr‚s pauvre, mˆme pour les tortues qui continuent „ vivoter. Et si elles 
n'hibernent  pas,  elles  mangent  quand  mˆme  tr‚s  peu  (et pas  tous  les  jours)  et  dorment  beaucoup. 
Mais aucune des  modifications physiologiques propres „ l'hibernation  ne se pr€sente. Ce n'est pas 
une hibernation. L'hibernation est une dormance totalement diff€rente du sommeil, caract€ris€e par 
un  €tat  l€thargique 

continu  sur  une  longue  durée

,  avec  un  €lectroenc€phalogramme  quasiment 

plat,  une  temp€rature  corporelle  pouvant  ˆtre  aussi  basse  que  4,5  •Celsius  (et  avec  ou  sans 
€puisement  de  masses  graisseuses  suivant  l'esp‚ce),  des  pulsations  cardiaques  autour  de  2  „  4
battements par minute, et une respiration d'environ un cycle par minute. Par ailleurs 

l'hibernation 

exige  une  longue  préparation  progressive  de  l'organisme

.  Celui-ci  entre  lentement  en 

hibernation, en plusieurs jours, et en ressort €galement en plusieurs jours.

On sait qu'au-dessous d'une certaine temp€rature (15 „ 17• environ) la digestion d'un animal ne se 
fait  plus  parce  que  les  enzymes  ne  sont  plus  actifs  pour  d€grader  les  aliments  ing€r€s.  Si  ces 
aliments  restent trop  longtemps  dans  le  syst‚me  digestif  ils  vont  donc  entrer  en  putr€faction. Oui 
mais…  cette  putr€faction  ne va  se  poursuivre  que  si  le  tractus  intestinal  est  compl‚tement  arrˆt€ 
(cas  d'une  tortue  qui  hiberne).  Il  est  donc  imp€ratif  qu'une  tortue  mise  „  hiberner  ait  le  syst‚me 
digestif totalement vide !

Ce probl‚me n'a pas lieu lors de la brumation. Pour des tortues 
comme  la 

Testudo  graeca

,  l'environnement  natal  (l'Afrique  du 

Nord) est une r€gion du monde oƒ l'hiver les temp€ratures sont 
inf€rieures „ 15• chaque nuit mais seulement pendant une partie 
du jour. Il y a de nombreux moments oƒ la temp€rature atteint et 
mˆme d€passe ces 15• ! Dans de nombreux endroits elle atteint 
mˆme all‚grement les 20• plusieurs fois par hiver voire tous les 
jours (Agadir et la basse vall€e du Souss).

Testudo graeca graeca

(Photo : Roger Bour)

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Ch€loniens n•4

Reliefs et climats du Maghreb : synth‚se et conclusions sur les cons€quences en captivit€ de 

Testudo graeca

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Pour toutes ces tortues du Maghreb qui ne peuvent quasiment nulle part s'enterrer il n'est donc pas 
question  d'hiberner,  et  il  n'en  a  jamais  €t€  question  non  plus  dans  les  mill€naires  pass€s.  Leur 
syst‚me digestif est adapt€ „ ces conditions m€t€orologiques et climatiques du Maghreb depuis des 
milliers d'ann€es. Arrˆt momentan€ de la digestion la nuit, et reprise de l'activit€ des enzymes entre 
le  milieu de  la  matin€e  et  le  milieu  de  l'apr‚s-midi.  En  plein  janvier  voit  beaucoup  de

Testudo 

graeca 

sortir compl‚tement vers midi au soleil d'hiver et brouter un peu d'herbe qu'elles ont „ leur 

disposition  autour  d'elles.  Bien  entendu  elles  mangent  tr‚s  peu  et  la  digestion  est  extrˆmement 
longue, bien plus longue qu'en €t€. Mais elles ne restent pas en permanence „ une temp€rature de 5 
„  7•  comme „  celles  de  l'hiver  europ€en,  d'autant  plus  que  les 

Testudo  graeca

ne  s'enterrent  pas 

autant  que  les 

Testudo  hermanni

,  se  cachent  „  peine  l'avant  du  corps  sous  quelques  feuilles,  et 

s'endorment  ainsi  pour  la  nuit,  et  ces  changements  maghr€bins  quotidiens  et  incessants de 
temp€ratures sur une aussi courte p€riode que 24 heures leur conviennent tout „ fait… alors qu'ils 
seraient tr‚s €prouvants pour des 

Testudo  hermanni

ou 

marginata 

ou 

ibera

. Les sp€cimens de ces 

trois  esp‚ces  doivent  donc  entrer  dans  une  r€elle  hibernation  pour  ne  pas  subir  ces  changements 
quotidiens qui seraient €prouvants pour leur activit€ m€tabolique, et leur seraient tr‚s vite fatals… 
en deux ou trois hivers !

Qu'on le veuille ou non, la meilleure fa‹on de comprendre les animaux est d'aller les voir sur place 
et de  les observer. Ensuite on en tire  les conclusions en ayant  vraiment 

vu

… et non pas en ayant 

seulement 

lu

. N'est-ce pas justement la d€marche pr€cise d'un biologiste et d'un naturaliste ?

Mˆme sans faire de la biologie nous-mˆmes, ne pouvons-nous pas adopter le mˆme comportement „ 
la  fois  observateur,  t€moin  et  respectueux  de  l'animal  et  de  son  environnement…  plutŠt  que  de 

forcer ces animaux „ se soumettre „ des conditions que nous, 
humains,  nous  jugeons  acceptables  de  notre  point  de  vue 
anthropocentrique alors que la simple observation de la nature 
montre  que  ces  conditions  d'hibernation  que  nous  offrons  „ 
nos 

Testudo graeca

sans tenir compte de leurs sp€cificit€s sont 

en  g€n€ral inadapt€es … et  pathog‚nes ?! (voir  notamment 
l'€tude du Pr A. Bayon, 2002)

L'adaptation  des  esp‚ces  „  un  nouvel  environnement  est  une 
r€alit€ de l'€volution darwinienne. Mais cette adaptation ne se 
produit en aucun cas en  simplement une ou deux g€n€rations 
(n'oublions  pas  que  l'€volution  des  esp‚ces  se  fait  par  la 
s€lection des  individus  les plus r€sistants et la disparition des 
autres)  mais  en  une  dizaine  voire  une  vingtaine  ou  une 

trentaine  de  g€n€rations,  voire  beaucoup  plus !  Il  est  donc  illusoire  de  penser  que  parce  qu'une 

Testudo graeca 

est n€e en France au lieu d'ˆtre n€e au Maroc elle est n€cessairement mieux adapt€e 

„  l'environnement  climatique  europ€en.  C'est  une  lourde  erreur  qui  ne  peut  „  longue  €ch€ance 
qu'ˆtre pr€judiciable pour l'esp‚ce !!!

La méthode en pratique

Voici la m€thode, que les am€ricains appellent la "

brumation

" (terme cr€€ par Mayhew en 1965 et 

repris par Bennett et Dawson en 1976, qui diff€rencie l'hibernation des mammif‚res des diff€rents 
modes  d'hivernage  des  reptiles,  et  qui  inclut  non  seulement  ce  qu'on  nomme  commun€ment 
l'hibernation mais €galement les €tats interm€diaires jusqu'„ l'activit€ pleine et enti‚re) :

Testudo graeca marokkensis

(Photo : Roger Bour)

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Ch€loniens n•4

Reliefs et climats du Maghreb : synth‚se et conclusions sur les cons€quences en captivit€ de 

Testudo graeca

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Je place la tortue dans un terrarium (inutile qu'il soit tr‚s grand, mais il ne doit pas ˆtre non plus une 
cellule de moine !) contenant environ 10 cm d'€paisseur de terre non trait€e (vraie terre de bruy‚re) 
et une tr‚s grande quantit€ de foin pas trop grossier et mˆme plutŠt fin (achet€e dans une animalerie 
comme foin „ lapins). Le terrarium doit ˆtre enti‚rement couvert, ne laissant entrer en permanence 
qu'un peu d'air „ une extr€mit€, cela afin de conserver l'hygrom€trie id€ale. Ne vous inqui€tez pas, 
les reptiles qui dorment ne consomment que tr‚s peu d'oxyg‚ne.

Simplement je veille „ ce qu'un tube UV B Reptisun 5.0 (ou €quivalent) soit obligatoirement allum€ 
environ 6 heures par jour. Mˆme si la tortue sommeille „ longueur de journ€e dans sa cachette. En 
hiver  le  soleil  est  lev€  pendant  environ  seulement  10  heures  (quelle  que  soit  la  latitude  du  pays 
d'origine  et  selon  l'h€misph‚re)  et  la  transparence  du  ciel  et  l'inclinaison  du  soleil  rendent  le 
rayonnement solaire efficace pendant environ seulement 6 heures. Donc il est pr€f€rable de suivre 
le mˆme cycle. Si pendant le sommeil d'hiver le tube UV B est allum€ de 9-10 heures du matin „ 
15-16 heures ou 16-17 heures de l'apr‚s-midi c'est tout „ fait suffisant.

En brumation la tortue mange peu, et pas tous les jours. Et de pr€f€rence de l'endive et un peu de 
fris€e ou de pissenlit. C'est tout. De temps en temps de la m•che. Une nourriture vraiment frugale, 
c'est  „  dire  en  quantit€  extrˆmement  r€duite.  Il  n'y  a  plus  aucune  prot€ine  glan€e  ‹a  et  l„  dans  le 
jardin  d'€t€  d'une 

Testudo

(vers,  escargots  habituels…) !  Je  veille  „  ce  que  la  tortue  ne  perde  pas 

plus  de  15%  de  son  poids  pendant  tout  l'hiver.  Si  la  tortue  prend  du  poids,  je  diminue  un  peu  la 
ration  alimentaire,  si  elle  en  perd  j'augmente  un  peu  la  quantit€  d'endives  ou  de  pissenlit  ou  de 
fris€e. Je veille „ ce que cette pause hivernale soit une occasion pour ramener lentement le poids „ 
sa  valeur  nominale  suivant  la  mesure  du  plastron  (€quation  de  Donoghue,  pr€sente  sur mon  site 
web) si la tortue €tait quelque peu ob‚se „ l'entr€e de cette p€riode hivernale. Et l'endive contenant 
beaucoup d'eau,  mˆme  si  la tortue ne d€sire plus  se  baigner pendant  l'hiver elle  sera donc tout de 
mˆme correctement hydrat€e.

La  tortue  non  hibernante  doit  avoir  de  l'eau  „  boire !  Cette  eau  doit  ˆtre  chang€e  tous  les  jours, 
mˆme si elle ne s'en sert pas.

A  propos  de  l'hydratation,  je  veille  aussi  „  ce  que  la  terre  ne  soit  jamais  compl‚tement  s‚che  en 
surface.  Car  c'est  un  signe  d'hygrom€trie  insuffisante,  et  il  faut  alors  r€humidifier  l€g‚rement  la 
terre en vaporisant ou en arrosant tr‚s l€g‚rement (et jamais sur la tortue ni sur son foin !). Afin de 
maintenir l'humidit€ ma terre de bruy‚re contient un peu de vermiculite de gros calibre, qu'on peut 
remplacer par des billes d'argile pour cet usage. L'humidit€, maintenue „ 50% au minimum et „ 75% 
au maximum, est contrŠl€e avec un banal petit hygrom‚tre „ 10 euros.

Il  faut  €galement  qu'elle  dorme  le  plus  possible.  Donc  le  terrarium  doit  ˆtre  dans  la  pi‚ce  la  plus 
calme et la moins €clair€e sans toutefois ˆtre une pi‚ce compl‚tement noire (sauf la nuit). Il faut que
la temp€rature diurne du terrarium soit entre 12 et 20•, l'id€al tournant autour de 15 „ 18• le jour. Si 
vous  appliquez  cette  m€thode  dans  votre  chambre  pr€voyez  une  couette  pour  vous !  Ainsi  vous
respectez donc enti‚rement le rythme des temp€ratures d'un hiver du Maghreb. La temp€rature peut 
mˆme parfaitement descendre „ 4 ou 5• la nuit, il n'y a pas de probl‚me, car c'est le cas €galement 
au Maghreb ! Mais on doit veiller „ ce que la temp€rature ne descende jamais au-dessous de 4,5• „ 
4•.

La tortue n'hiberne donc pas mais elle doit quand mˆme ˆtre bien couverte afin de se sentir isol€e, 
tranquille,  „  l'abri,  cach€e  sous  un  peu  de  foin  (ou  sous  des  tissus  tr‚s  propres  en  cas  de  tortue 
affect€e d'une dermite). Surtout pas de lampe chauffante quand elle dort ! Eventuellement un petit 
peu  pendant  qu'elle  mange  ou  qu'elle  sort  pour  vous  rendre  visite  mais  c'est  tout.  Seule  la  faible 
chaleur  r€manente  de  votre  pi‚ce  doit  suffire  le  jour.  L'id€al  est  que  la  pi‚ce  reste  relativement 

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Ch€loniens n•4

Reliefs et climats du Maghreb : synth‚se et conclusions sur les cons€quences en captivit€ de 

Testudo graeca

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froide, aux temp€ratures que  je  vous ai  indiqu€es plus  haut. L'ampoule chauffante „ 32• peut ˆtre 
allum€e dans la journ€e pendant quelques heures dans un coin du terrarium si la tortue a envie de 
bouger un peu et de sortir de son foin. Pour cette p€riode de brumation, je conseille mˆme de limiter 
la  temp€rature  de  cette  lampe  chauffante  „  seulement  28  „  30•.  A  nouveau  on  retrouve  l„  une 
reproduction des conditions de l'hiver du Maghreb oƒ le soleil est souvent tr‚s pr€sent au milieu du 
jour mˆme en plein hiver. Et la temp€rature d'une carapace, mˆme sous un soleil faible, monte vite 
en raison de sa forme !

Ainsi,  par  cette  m€thode  elle  d€veloppe  un  peu  ses  r€sistances  naturelles  tout  en  s'abstenant 
d'hibernation.

Elle sortira de temps en temps de sa cachette pour grignoter un peu  et peut-ˆtre boire… puis elle 
retournera aussitŠt dans les bras de Morph€e. La lampe chauffante doit alors ˆtre €teinte si elle a €t€ 
allum€e. Et le tube UV B ne doit pas €clairer vivement son lieu de sommeil. Pendant tout l'hiver en 
conditions de brumation (qui n'est pas une hibernation, je le rappelle) il doit absolument y avoir des 
UV B  quelques  heures  par  jour.  Si  vous  n'avez  pas  de  tube  UV B  (votre  tortue  vivant  tout  l'€t€ 
dehors au soleil), trouvez un tube Reptisun 5.0 ou Iguana Light 5.0 ou Reptiglo 5.0, mˆme usag€. 
La  tortue  €tant  en  demi-sommeil,  son  estomac  fonctionne  encore  et  ses  intestins  aussi.  Donc  elle 
continue  „  avoir  besoin  de  renouveler  l'apport  quotidien  de  calcium  et  d'assimiler  celui-ci  par  la 
vitamine D

3

synth€tis€e gr•ce au tube UV B. Mˆme en quantit€s r€duites mais c'est indispensable ! 

J'ai indiqu€ plus haut les heures d'allumage et d'extinction du tube.

Avec tout cela la tortue n'hibernera pas mais elle conservera un rythme biologique tr‚s ralenti. Son 
m€tabolisme se poursuit avec une digestion lente mais encore parfaitement existante, et la nuit cette 
digestion  est  interrompue  par  l'importante  baisse  de  temp€rature…  tout  comme  au  Maghreb.  La 
tortue  va  donc  tr‚s  peu  s'alimenter,  mais  elle  ne  maigrira  pas  et  ne  s'€puisera  pas,  et  son  syst‚me 
digestif  ne  subira pas de putr€faction.  Au retour du printemps elle  sera une des premi‚res  „ sortir 
dehors.

Chez  les  tortues  d'une  esp‚ce  diff€rente  certains  sp€cimens  sont  susceptibles  de  ne  pas  hiberner 
certains hivers (individus beaucoup trop jeunes, ou hibernation interrompue, ou probl‚me de sant€, 
ou refus d'hiberner de la part de la tortue, ou totale inexp€rience d'un nouveau propri€taire). Celles-
l„ dormiront de la mˆme fa‹on en brumation dans des terrariums.

20 novembre 2006
Jacques PRESTREAU
ATC – FFEPT

http://perso.orange.fr/jacques.prestreau/tortues/

Crédits photos : J. Prestreau, R. Bour, G. Guyot, A. Lara
Crédits cartographie et diagrammes : J. Prestreau, Communauté européenne (satellite SPOT), Louis Emberger

J'exprime un vif remerciement à Ghislaine Guyot qui m'a demandé cet article (dont vous avez ici la première partie, la 
suivante concernera les taxons orientaux) pour que le point soit fait de façon claire sur les biotopes et les climats de ces 
espèces constituant l'ensemble dénommé "graeca". Et je la remercie tout particulièrement pour m'avoir accordé cette 
place exceptionnelle nécessaire pour un très long article approfondi dans la revue.

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Reliefs et climats du Maghreb : synth‚se et conclusions sur les cons€quences en captivit€ de 

Testudo graeca

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Les sols ‚ cro…te calcaire dans les steppes alg€riennes : Quelques aspects morphologiques et 

esquisse d’une Evolution actuelle

, Cah. O.R.S.T.O.M., s€r. Pedol., Vol. XVIII, n• 3-4, 1980-1981 : 23.5-246.

Marcel POUGET, 

Caract€risation et suivi des milieux terrestres en r€gions arides et tropicales

, ORSTOM, 1990

Marcel POUGET

et al.

Images satellite et milieux terrestres en r€gions arides et tropicales

, ORSTOM, 1990

Pierre  QUEZEL, 

Les  hautes  montagnes  du  Maghreb  et  du  Proche-Orient  :  essai  de  mise  en  parall•le  des 

caract•res phytog€ographiques

, Actas III Congr. Optima. Anales Jard. Bot. Madrid 37 (2): 353-372 (1981)

Abdelmalek RENABID & Mohamed FENNAUC, 

Connaissances sur la v€g€tation du Maroc : Phytog€ographie, 

phytosociologie et s€ries de v€g€tation

, Lazaroa 14: 21-97 (1994)

Bibliographie  „  laquelle  il  faut  ajouter  les  donn€es  m€t€orologiques  de  l'OMM  sur  la  p€riode  de 
1965  „  1995,  ainsi  que  de  nombreuses  cartes  g€ologiques,  p€dologiques,  hydrologiques, 
climatologiques et botaniques des diff€rents pays du Maghreb