Le S.S. Californian et le Samson

 

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Le S.S. Californian
Le Commandant Lord
Le Californian et le Titanic
Le Samson, navire fantôme

 

Le S.S. Californian

 

 

Le S.S. Californian

Le vapeur Californian, cargo transatlantique appartenant à la compagnie Leyland Line, achève ses essais en mer le 23 Janvier 1902. Le 31 Janvier, il appareille de Dundee, en Ecosse, pour son voyage inaugural et arrive le 3 Mars à la Nouvelle-Orléans.

Il possède une jauge brute de 6 223 tonnes et mesure 137 m de long pour 16 m de large. Il possède une cheminée unique de couleur rose avec une manchette noire.
Sa vitesse de croisière est d'environ 14 nœuds.
Il effectue le transport de marchandises, principalement le coton, et possède une licence pour le transport de passagers. Il est ainsi aménagé et certifié pour en accueillir 47, et en transporte habituellement 35.

Le 5 Avril 1912, sous le commandement de Stanley Lord, il quitte Liverpool à destination de Boston avec un équipage de 47 hommes, mais de transporte qu'une cargaison de marchandises diverses sans aucun passager.

Dans la nuit du 14 au 15 Avril 1912, il se trouve à proximité du Titanic et, pourtant, il ne viendra pas à son secours.
Pour lire quel fut le comportement du
Californian au moment du naufrage du Titanic, cliquez ici.

 


Le Californian vu du Carpathia, sur les lieux du naufrage

 

Peu après son rôle dans la catastrophe du Titanic, Stanley Lord perd le commandement du Californian qui reprend son service.

Après l'éclatement de la 1ère Guerre Mondiale, le Californian est transformé en transporteur de troupes.
Le 9 Novembre 1915, alors qu'il navigue entre Salonique et Marseille et se trouve dans les eaux du Cap Matapan, près des côtes de Grèce, il est torpillé par un sous-marin allemand. Une patrouille française le prend alors en remorque mais le câble cède. Il est ensuite frappé par une seconde torpille et sombre en moins d'une heure, faisant une victime.

 

Le Commandant Lord

Stanley Lord est né à Bolton, Lancashire, Angleterre, le 13 Septembre 1877.

 


Stanley Lord

 

Stanley Lord fait son apprentissage dans la marine et entre, en 1897, à la West India and Pacific Steamer Line.
Cette compagnie est absorbée par la Leyland Line en 1900, elle même sous contrôle de l'International Mercantile Marine, la même compagnie qui allait acheter la White Star Line.

Lord obtient son 1er commandement sur l'Antillian en 1906.
Le
Californian est son 4ème commandement, 6 ans plus tard.

Après la fin des enquêtes américaine et britannique sur le naufrage du Titanic, Lord est licencié par la Leyland Line.
Bien qu'il n'ait été ni reconnu coupable ni condamné pour aucune infraction, sa position dans la compagnie était devenue intenable.
C'était, selon lui, une injustice et il se battit jusqu'à la fin de sa vie pour obtenir une réhabilitation.

Pour lire quel fut le rôle du Commandant Lord au moment du naufrage du Titanic, cliquez ici.

En 1913, Stanley Lord trouve un emploi de Commandant dans le flotte de la compagnie Lawther, Latta & Co. (Nitrate Producers Steamship Co. Ltd) où il fait une longue et brillante carrière jusqu'en 1927.

Le Commandant Lord, en mauvaise santé après sa retraite, perd son épouse en 1957 et décède à Liverpool le 24 Janvier 1962, laissant un fils unique Stanley T. Lord.

 

Le Californian et le Titanic

La chronologie des événements, décrite ci-après, a pour but de faire apprécier le comportement du Californian et de son équipage avant, pendant et après les instants du naufrage du Titanic.

 

Dans la journée du 14 Avril 1912, le Commandant du Californian, Stanley Lord, reçoit plusieurs avis de glaces.

A 18 h 30, Lord ordonne d'envoyer un avis de glaces à l'Antillian, navire qu'il a commandé plusieurs années auparavant. Ce message est entendu par le Titanic.

A 20 h 00, Lord fait doubler la vigie, ordonne de ralentir et prend lui-même le quart.

A 22 h 20, Lord décide de ne plus avancer et ordonne de stopper les machines.

A 22 h 30, le Californian stoppe en bordure est d'un immense champ de glaces.

A 22 h 55, l'Opérateur radio du Californian, Cyril Evans avertit les navires environnants, dont le Titanic, de la présence des glaces. Jack Phillips, son homologue du Titanic, alors en liaison avec la station radio de Cap Race, le rabroue et le prie d'arrêter.

Vers 23 h 00, le Commandant Lord et le 3ème Officier Charles Victor Groves remarquent ce que Groves a d'abord cru être une étoile, à l'est, au-dessus de l'horizon, quoiqu'une observation continue montre que "l'étoile" est, en fait, le feu de mât d'un bateau venant en sens inverse. Ce navire poursuit son approche vers l'ouest, et Groves ne tarde pas à s'apercevoir qu'il s'agit d'un gros paquebot bien éclairé faisant le transport de passagers.

A 23 h 30, l'Opérateur radio Cyril Evans, rabroué par Jack Phillips, ôte ses écouteurs, éteint son équipement radio et part se coucher. Le détecteur de son poste radio, à fonctionnement mécanique, ne peut répondre aux appels qui vont crépiter peu après, car le mécanisme d'entraînement n'a pas été remonté.

A 23 h 40, le gros paquebot stoppe à 6 milles au sud - sud-est du Californian et semble éteindre ses lumières. L'obscur nouveau venu reste tranquillement là, tourné presque directement vers le Californian et montrant à celui-ci son feu rouge bâbord et une vue très écrasée de son flanc bâbord.

A 0 h 00, le 15 Avril, le Commandant Lord, qui avait conservé le quart, part se reposer sur le canapé dans la salle des cartes du Californian.

A 0 h 00, le 3ème officier Groves termine son quart et est remplacé par le 2ème Officier Herbert Stone et l'Apprenti James Gibson. En regardant vers l'horizon, Stone et Gibson voient tous les deux ce qui leur semble être un petit navire, peu éclairé, situé entre 5 et 7 milles au sud - sud-est du Californian.

Peu après, cependant, les 2 hommes ont la surprise de voir que le navire voisin a commencé à envoyer des fusées qui éclatent comme des étoiles blanches juste au-dessus de lui. Gibson voit même un éclat de lumière sur le pont du navire lorsque l'une des fusées est tirée. L'Apprenti et le 2ème Officier continuent à observer le navire voisin et remarquent qu'il "n'a pas l'air d'aller bien" et qu'il semble "avoir un large flanc hors de l'eau".

A mesure que le temps passe, le navire voisin paraît se déplacer latéralement le long de l'horizon du Californian (sans doute à cause de la lente rotation du Californian qui dérive vers tribord) et le 2ème Officier en conclut par erreur que le bateau a commencé à s'éloigner du Californian.
L'Apprenti Gibson en doute, pourtant, et témoignera plus tard que le navire n'a jamais montré ses feux de poupe au
Californian; de plus, même si Stone supposera plus tard que les fusées qu'il avait vues pouvaient réellement provenir d'un autre bateau situé AU-DELÀ du navire voisin, il admit que les fusées se trouvaient toujours juste au-dessus du bateau voisin, celui qu'il croyait à tort voir s'éloigner.

A environ 2 h 20, le navire tirant les fusées disparaît hors de vue du Californian, et le 2ème Officier Stone pense qu'il s'est éloigné.

A 3 h 20, Stone et Gibson remarquent que d'autres fusées sont tirées très bas sur l'horizon, au sud.

A 4 h 00, le Second, George Stewart, prend le quart et signale au 2ème Officier Stone qu'un navire est maintenant nettement visible à 6 milles sud - sud-est du Californian, un navire que Stone n'a jamais vu arriver. Le nouvel arrivant est situé pratiquement au même endroit que celui qui a tiré les fusées avant de s'évanouir à 2 h 20.

A 4 h 30, le Commandant Lord se réveille.

 


Herbert Stone
2
ème Officier
 
Charles Groves
3
ème Officier
 
Cyril Evans
Opérateur radio

 

Vers 5 h 00, alors que le jour commence à se lever, le Commandant Lord réapparaît sur la passerelle et, peu après, fait réveiller l'Opérateur radio Cyril Evans.

A 5 h 40, Cyril Evans remet en marche son matériel radio et apprend par le Virginian que le Titanic a coulé pendant la nuit.

A 6 h 00, le Commandant Lord donne l'ordre de remettre les machines en marche et le Californian commence à faire route vers l'ouest à travers le champ de glaces en direction de la position du Titanic annoncée (mais incorrecte) par signal CQD.

A 6 h 00, au moment où le Californian entame sa route vers l'ouest, le Mount Temple est situé à l'ouest du Carpathia qui récupère les canots de sauvetage du Titanic. Son Commandant, James Moore, en regardant au nord, voit distinctement le Californian en pleine traversée, vers l'ouest, du champ de glaces, à 6 milles au nord du Carpathia.

A 6 h 20, après avoir évité le bord ouest du champ de glaces, le Californian vire et fait route vers le sud à toute vapeur.

A 6 h 25, l'Opérateur radio du Californian informe le Virginian qu'un navire était en vue du Carpathia et des canots du Titanic.

A 6 h 50, le 3ème Officier Groves revient à la passerelle du Californian et voit que le Californian (après avoir progressé au sud sur environ 6 milles) se trouve déjà en plein ouest du Carpathia et du lieu du naufrage (qui se trouve en bordure est du champ de glaces, du côté où le Californian a commencé sa traversée 55 minutes auparavant). Le Mount Temple est visible à 1 mille (plein sud) du Californian.

A 7 h 45, le Californian atteint le Carpathia et le lieu de la catastrophe après avoir traversé une nouvelle fois la bordure est du champ de glaces.

 


Carte montrant les errances du Californian et du Titanic

 

Quelques heures plus tard, le monde entier est secoué par la nouvelle annonçant que "l'insubmersible" paquebot Titanic de la White Star Line a heurté un iceberg et a coulé "au milieu de l'Atlantique".

Pendant les semaines suivantes, ont lieu les auditions officielles des Commissions d'Enquête Américaine puis Britannique.

Au cours des audiences du "Board of Trade" Britannique, le Commandant Lord ne se présente que comme témoin.
Il n'est pas accusé (à tort ou à raison) pour son rôle, et par conséquent n'est pas en mesure de présenter officiellement et publiquement sa propre défense.
La Commission d'Enquête Britannique, présidée par Lord Mersey, détermine que, cette nuit-là, le
Californian se trouvait à seulement 6 milles au nord du Titanic et l'avait vu heurter l'iceberg à 23 h 40, vu envoyer une série de fusées de détresse, vu sombrer à 2 h 20 et, sans aucun doute, avait ensuite vu le Carpathia tirer des fusées en approchant du lieu du naufrage.

Le 30 Juillet 1912, la Commission établit sa conclusion:

"… le Commandant Lord connaissait, ou aurait dû connaître, la situation critique du
Titanic; ... le paquebot Californian de la compagnie Leyland aurait pu atteindre le Titanic s'il avait tenté de le faire; ... la route suivie était raisonnablement sûre en assurant une veille adéquate."

Le Commandant Lord nia toujours ces accusations, prétendant que son bateau se trouvait à environ 19 milles (et au-delà du champ de vision) au nord du Titanic pendant que ce dernier coulait.
Il affirma n'avoir jamais douté que, même s'il avait eu connaissance du naufrage du
Titanic, il lui aurait été impossible d'atteindre à temps le lieu du naufrage pour sauver des vies. En plein jour, il lui avait déjà fallu 2 h 30 pour atteindre l'endroit où le Carpathia recueillait les derniers survivants.
Il maintiendra toujours que, s'il avait été au courant du désastre et s'il avait tenté de traverser de nuit le vaste champ de glaces, il aurait probablement été rejoindre le
Titanic au fond de l'eau.

 

Jusqu'à maintenant, toutes les demandes de réouverture de l'enquête britannique faites auprès du "Board of Trade" pour laver l'honneur du Commandant Lord ont échoué.

 

Ainsi est née la "Controverse du Californian".

 

Le Samson, navire fantôme

La nuit du naufrage du Titanic, peu avant 23 h, Le Commandant Lord du Californian aperçoit un vapeur approchant, venant du sud-est, et estime que ce navire est trop loin pour être le Titanic.
Ce vapeur n'a jamais pu être formellement identifié. On l'a baptisé "le troisième navire", ou le "navire mystérieux" ou encore "le navire fantôme".
Malgré les doutes et bien que plusieurs théories existent à son sujet, il est probable que ce navire soit le Samson.

Le Samson, phoquier (ou "sealer") norvégien, est l'un des navires pionniers dans la pratique de la chasse au phoque.
Construit en 1885 par les chantiers Larsen à Arendal, Norvège, le Samson est un trois-mâts à coque bois, possédant des machines auxiliaires et une cheminée. Il est long de 45 m et jauge 525 tonneaux.

A la fin des années 1920, le Samson est vendu à l'explorateur américain Richard Evelyn Byrd qui le rebaptise City of New York et l'utilise pour sa première expédition dans l'Antarctique en 1928-1929.
Il est acquis par la suite par plusieurs propriétaires et rebaptisé
Samson.

Le 30 Décembre 1952, alors qu'il vient de livrer du charbon dans le port de Yarmouth, Nouvelle-Ecosse, Canada, il est remorqué vers Halifax. Le câble de remorquage cède, entraînant la dérive du Samson qui s'échoue au large de Yarmouth. Un incendie éclate et se propage dans tout le navire, provoquant sa perte.

En Avril 1912, alors que le Samson, appartenant alors à la compagnie norvégienne Acties-Saelfaenger Dpsk de Trondhjeim et commandé par le capitaine Carl Johann Ring, Hendrik Bergethon Naess, le Second, fait un rapport confidentiel aux autorités norvégiennes.

 


Hendrik Naess

 

Ce rapport, rendu public seulement en 1962, décrit avec beaucoup de détails comment le Samson, parti le 8 Février 1912 de Tonsberg, en Norvège, avec 45 hommes à bord, avait dû se trouver à proximité du Titanic en train de couler, assez près pour en voir les feux et les fusées de détresse.

 

 

Le Samson, voisin mystérieux ...

 

Naess déclara, au sujet de la nuit du 14 au 15 Avril 1912:

"J'assurais la garde ce soir là, mais j'étais assis en compagnie du capitaine pour boire un grog au rhum et fumer une pipe du soir. Juste avant minuit, je me rendis sur le pont dans l'attente d'être relevé. Pendant que je marchais là, je remarquai deux grosses étoiles dans le ciel, au loin vers le sud. Ces étoiles étaient très basses. Je racontai ce que j'avais vu sur la passerelle puis, montai voir au mât ce que cela pouvait être. Je crus que ce pouvait être des chasseurs de phoques américains. Sur la passerelle, le veilleur cria que ce n'était pas des étoiles. Et il nous raconta qu'il avait vu beaucoup de lumières. Puis, soudain, quelques fusées apparurent. Brusquement, toutes les lumières s'éteignirent et tout retomba dans l'obscurité."

Le Commandant du Samson, Carl Johann Ring s'abstint d'intervenir car il craignait que son navire soit en violation de la réglementation territoriale sur la chasse aux phoques et que les fusées servent à demander officiellement à d'autres bâtiments de l'intercepter.

Le Samson ne disposait pas de radio qui lui aurait permis de se rendre compte de la situation.

Après avoir vu les fusées, le Samson aurait donc changé de route et se serait dirigé vers le nord.

La pêche étant mauvaise et après avoir failli être emprisonné dans les glaces, le Samson se réfugia dans le port d'Isafjordhur, en Islande, environ un mois plus tard.
C'est là que son équipage apprit la tragédie du
Titanic par le consul de Norvège, au cours d'un dîner.

 


Le Samson, photographié en Juin 1926

 

En 1963, un élément nouveau vint semer le doute.
Lors de recherches effectuées dans les registres du port islandais d'Isafjordhur, on découvrit que le
Samson se trouvait dans ce port le 6 Avril 1912 puis à nouveau le 20 Avril.
Dans ces conditions, comment un tel navire, qui filait 6 noeuds, avait-il pu couvrir 3000 milles entre le 6 et le 14 Avril pour arriver sur les lieux du naufrage du
Titanic, à temps pour l'apercevoir avant qu'il ne coule ?

Ainsi s'affrontent à nouveau 2 théories:

Malgré le témoignage de Naess, le "Board of Trade" britannique refusa toujours de réviser ses conclusions sur le comportement du Californian et du Commandant Lord.

 

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