3 - 1
CHAPITRE 3
- ÉCOULEMENT EN ÉQUILIBRE
3.1 Introduction
Dans le chapitre 1, on a constaté que les observations de l'écoulement sur le plan horizontal
indiquent qu'il est en quasi-équilibre; c'est-à-dire que l'accélération horizontale est un ordre de
grandeur inférieure aux forces. Un tel quasi-équilibre dans l'atmosphère libre impliquerait que les
forces de Coriolis et de pression soient presque égales en grandeur mais de direction
essentiellement opposée, comme décrit dans la figure 3.1a. Étant donné que la force de Coriolis est
déterminée par le vent c
h
= f V
h
et se dirige à 90
o
à droite de V
h
l'équilibre exigera un rapport
spécifique entre le vent et la force de pression.
Le vent produisant un équilibre exact entre les deux forces est appelé "vent géostrophique" et
est donné par l'équation (3.1):
V
g
= - 1
f
∇
p
Φ
x k
(3.1)
u
g
= - 1
f
∂Φ
∂
y
p
v
g
= 1
f
∂Φ
∂
x
p
Avant d'étudier les caractéristiques de ce vent, on devrait se demander pourquoi l'écoulement
horizontal est presque en équilibre, et pourquoi cet équilibre n'est pas plus exact.
La réponse à la deuxième question découle des observations qui montrent que la force horizontale
de pression varie continuellement en fonction du temps et de l'espace. Si une particule d'air se
trouve à un moment donné en équilibre exact (qui veut dire sa vitesse est géostrophique),
3 - 2
l'équilibre sera dérangé un peu plus tard parce que la particule se déplacera et se trouvera avec une
force de pression changée. Cependant, la vitesse (qui détermine la force de Coriolis) ne peut pas
changer pour s’ajuster immédiatement parce que l'état d'équilibre précédent ne permettait aucun
changement de vitesse.
Étant donné l'impossibilité d'un équilibre exact sur le plan horizontal, on se pose la question de
savoir pourquoi l'équilibre est si bon. La réponse à cette question se trouve dans une étude de la
réaction des particules d'air aux changements de la force de pression. Pour simplifier la discussion
on ne considère pas les variations locales temporelles de la force de pression en supposant que le
champ des isohypses (gradient de pression) est stationnaire.
x,E
y,N
P
0
P
2
P
1
a
h
p
h
c
h
V
h
≈
V
g
FIGURE 3.1a: Somme de deux forces
p
h
+ c
h
ayant presque la même grandeur mais de directions opposées.
x,E
y,N
P
0
P
2
P
1
c
h
V
h
=V
g
p
h
FIGURE 3.1b: Somme de deux forces
p
h
+ c
h
ayant la même grandeur mais de directions opposées.
Considérons la particule d'air au point A dans la figure 3.2. Elle se déplace dans la direction des x
positifs, dans la direction vers laquelle le module de la force de pression diminue parce que le
gradient des isohypses est plus faible. Après quelques temps la particule A se trouve au point B
avec la même vitesse parce qu'il n'y avait pas d'accélération entre A et B. Elle se trouve ,donc,
avec la même force de Coriolis tandis que la force horizontale de pression y est plus faible parce
que le gradient horizontal de géopotentiel est moins grand. L'accélération créée par ces deux forces
est petite par rapport aux forces et se dirige vers y négatif. Cette accélération agit à tourner la
direction de la vitesse vers les y négatif sans changer son module.
3 - 3
Donc lorsque la particule se trouve au point C, sa vitesse a une faible composante vers les y
négatifs. Parce que la force de Coriolis agit toujours à droite de la vitesse, elle est maintenant
tournée un peu vers les x négatifs. p
h
, toujours vers les y positifs, a encore diminué. La somme
des forces a
h
, toujours petite par rapport aux forces, agit maintenant à tourner et à ralentir la
vitesse. À cause de cette nouvelle accélération le module de la vitesse au point D est moins grand.
La direction est aussi plus tournée vers des x négatifs qu'au point précédent. Donc, la force de
Coriolis, elle aussi est moins grande et plus tournée. La force horizontale de pression, toujours un
peu moins grande, en combinaison avec la nouvelle force de Coriolis produit l'accélération
indiquée, toujours petite par rapport aux forces. Cette accélération cette fois-ci agit surtout à ralentir
la particule qui aura l'effet de diminuer la force de Coriolis de sorte qu'elle serait plus comparable à
la force de pression ainsi gardant l'accélération petite.
Figure 3.2: Évolution de la vitesse et de l'accélération d'une particule dans un champ de géopotentiel qui varie dans
l’espace.
Cette explication est aussi une simplification du comportement d'une particule d'air dans ces
circonstances et représente les résultats en moyenne. Cependant, on voit que l'accélération créée
par la variation de la force de pression agit avec un certain retard sur le vent avec le résultat que la
force de Coriolis varie de façon semblable à la variation de la force de pression.
A
B
C
y
x
•
•
•
V
h
p
c
a
h
p
p
c
c
a
h
V
h
V
h
∂
φ
∂
t
= 0
Force
Vent
D
p
c
a
h
V
h
•
p
c
a
h
V
h
E
•
φ
-
∆
φ
φ
φ+
∆
φ
φ+
∆
φ
φ
-
∆
φ
3 - 4
3.2 Vent géostrophique
Lorsqu'on résout l'équation (2.16)
dV
h
dt
= -
∇
p
Φ
- fkxV
h
+ r
h
*
(2.16)
x: du
dt
= -
∂Φ
∂
x
p
+ fv + r
x
*
y: dv
dt
= -
∂Φ
∂
y
p
- fu + r
y
*
pour le vent horizontal (sans frottement) on trouve
(3.2)
V
h
= −
1
f
∇
p
Φ
xˆ
k
V
g
6 7
4 8
4
−
1
f
dV
h
dt
xˆ
k
V
ag
6 7
4 8
4
Dimensions
caractéristiques
(m s
-1
)
10
1
10
1
10
0
ou
V
h
= V
g
+ V
ag
(a)
u = u
g
+ u
ag
= - 1
f
∂Φ
∂
y
p
- 1
f
dv
dt
(b)
v = v
g
+ v
ag
= 1
f
∂Φ
∂
x
p
+ 1
f
du
dt
qui indique que le vent peut être divisé en deux composantes : d'abord le vent géostrophique
(définit dans l'équation (3.1)) qui est du même ordre de grandeur que le vent horizontal; ensuite le
vent agéostrophique, la déviation de l'état d'équilibre exact, qui est d'un ordre de grandeur
inférieur au vent horizontal.
3 - 5
On remarque que le rapport du module du vent agéostrophique par rapport au module du vent
horizontal
V
ag
V
h
= 1
f
dV
h
dt
V
h
= 1
f
a
h
V
h
= Ro
correspond au nombre de Rossby (Ro) tel que défini par l'équation (1.27). L'étude que l'on en a
fait dans le chapitre précédent nous montre que ce rapport est de l'ordre de 0.1, soit le nombre de
Rossby applicable à l'échelle synoptique.
Cette simple méthode approximative, le vent géostrophique, permet de calculer le vent horizontal à
partir du gradient horizontal de géopotentiel. Le calcul du géopotentiel d'une surface isobare
n'exige qu'un relevé de la température en fonction de la pression (avec la pression au sol et la
hauteur du sol par rapport au niveau de la mer), obtenu d'un sondage aérologique. Donc, le réseau
de stations aérologiques nous permet de connaître approximativement le vent horizontal
indépendamment des observations directes du vent, de sorte que l'on peut disposer de deux
mesures indépendantes.
Avant de vérifier à quel point le vent géostrophique est utile au calcul des paramètres de
l'écoulement horizontal, il faut remarquer que l'existence de ce quasi-équilibre présente un
problème important dans le calcul de l'accélération horizontale à partir des
observations des forces. Ce problème se pose parce que les mesures des forces
horizontales comprennent des erreurs de l'ordre de 10%, ou de la même grandeur que
l'accélération. Donc, on ne peut pas directement calculer l'accélération. Ultérieurement, dans le
chapitre 4, on traitera de certaines théories capables de calculer le vent agéostrophique mais on
étudiera d'abord toutes les applications du vent géostrophique.
Tourbillon horizontal
La composante verticale du tourbillon du vent
∇
xV
⋅
k mesuré sur une surface isobare
(3.3)
ζ
p
=
∂
v
∂
x
p
-
∂
u
∂
y
p
3 - 6
est un paramètre souvent utilisé en météorologie. Elle représente (deux fois) la rotation du fluide
autour d'un axe vertical local. Calculons d'abord le tourbillon du vent géostrophique et vérifions
ensuite à quel point il constitue une bonne approximation du tourbillon du vent horizontal. D'abord
on décompose le vent horizontal selon les composantes géostrophique et agéostrophique :
V
h
= V
g
+ V
ag
(3.2)
x: u = u
g
+ u
ag
y: v = v
g
+ v
ag
Le tourbillon sur une surface isobare est:
∂
v
∂
x
p
−
∂
u
∂
y
p
ζ
p
1
2
4 4
3
4 4
=
∂
v
g
∂
x
p
−
∂
u
g
∂
y
p
ζ
g
1
2
4 4
4
3
4 4 4
+
∂
v
ag
∂
x
p
−
∂
u
ag
∂
y
p
ζ
ag
1
2
4 4 4
3
4 4 4
Le calcul mathématique du tourbillon du vent géostrophique se fait à partir de l'équation (3.1)
(3.1)
a)
u
g
= - 1
f
∂Φ
∂
y
p
b)
v
g
= 1
f
∂Φ
∂
x
p
(3.3a) Donc,
∂
v
g
∂
x
= 1
f
∂
2
Φ
∂
x
2
p
(Notons que f n'est pas une fonction de x mais seulement de y)
(3.3b)
∂
u
g
∂
y
= - 1
f
∂
2
Φ
∂
y
2
+ 1
f
2
∂
f
∂
y
p
∂Φ
∂
y
p
et le tourbillon géostrophique est
3 - 7
(3.4)
ζ
g
=
∂
v
g
∂
x
p
-
∂
u
g
∂
y
p
= 1
f
∂
2
Φ
∂
x
2
p
+
∂
2
Φ
∂
y
2
p
- 1
f
2
∂Φ
∂
y
p
∂
f
∂
y
Avec les définitions
a)
u
g
= - 1
f
∂Φ
∂
y
p
(3.5)
b)
∂
f
∂
y
≡
β
et
c)
∇
p
2
Φ
=
∂
2
Φ
∂
x
2
p
+
∂
2
Φ
∂
y
2
p
le tourbillon géostrophique devient:
(3.6)
ζ
g
= 1
f
∇
p
2
Φ
+
u
g
β
f
En utilisant les relations suivantes:
(3.7)
β
f
= 1
f
∂
f
∂
y
=
2
Ω
T
cos
ϕ
2
Ω
T
sin
ϕ
∂ϕ
∂
y
p
et
(3.8)
∂ϕ
∂
y
= 1
r
T
Le tourbillon géostrophique est aussi:
(3.9)
ζ
g
= 1
f
∇
p
2
Φ
+
u
g
cot
ϕ
r
T
Le tourbillon géostrophique dépend donc de la variation spatiale (deuxième dérivée) du
géopotentiel (
Φ
= gZ) plus un terme qui est dû au changement du paramètre de Coriolis avec la
latitude. La raison physique du deuxième terme peut être dégagée facilement par l'examen de
3 - 8
l'écoulement géostrophique décrit dans la figure 3.3. Là, les isohypses sont orientés dans le sens
est-ouest et sont parallèles, tandis que le gradient de géopotentiel est uniforme. Donc :
∇
2
Φ
= 0.
•
•
N, y
E, x
Φ
0
+
∆Φ
Φ
0
+ 2
∆Φ
Φ
0
+ 3
∆Φ
Φ
0
+ 4
∆Φ
Φ
0
ϕ
s
ϕ
n
p
p
V
g n
V
g s
Plan horizontal : surface isobare
F i g u r e 3 . 3 : Tourbillon géostrophique dû à l'orientation est-ouest des isohypses et à la variation nord-sud du
paramètre de Coriolis.
En raison de l'uniformité de la force de gradient de pression, il faut que la force de Coriolis soit
aussi uniforme pour qu'un équilibre géostrophique soit réalisé. Cependant, comme la latitude et
donc l'effet de Coriolis augmente vers le nord, il est nécessaire pour produire la même force de
Coriolis partout, que le vent géostrophique diminue vers le nord. Cela indique l'existence du
cisaillement horizontal du vent et du tourbillon. Donc, lorsque les isohypses sont orientés dans le
sens est-ouest, le cisaillement horizontal du vent géostrophique apporte sa contribution au
tourbillon grâce à la variation du paramètre de Coriolis (taux local de rotation de la terre) avec la
latitude.
On peut maintenant calculer les dimensions des termes à l'aide des dimensions caractéristiques du
tableau 1.3.
(3.10)
ζ
p
=
1
f
∇
p
2
Φ+
u
g
cot
ϕ
r
T
ζ
g
6
7
4 4
4
8
4 4 4
+
∂
v
ag
∂
x
−
∂
u
ag
∂
y
p
ζ
ag
6
7
4 4
4
8
4 4 4
Dimensions
caractéristiques
(s
−
1
)
10
−
5
10
-5
10
-6
10
-6
3 - 9
Le tourbillon de vent agéostrophique se calcule comme suit:
V
ag
= - 1
f
dV
h
dt
x k
(3.11) u
ag
= - 1
f
dv
dt
= - 1
f
∂
v
∂
t
+ u
∂
v
∂
x
+ v
∂
v
∂
y
+
ω
∂
v
∂
p
v
ag
= 1
f
du
dt
= 1
f
∂
u
∂
t
+ u
∂
u
∂
x
+ v
∂
u
∂
y
+
ω
∂
u
∂
p
Les dérivées sont:
∂
u
ag
∂
y
=
β
f
2
dv
dt
- 1
f
∂
∂
t
∂
v
∂
y
+ u
∂
∂
x
∂
v
∂
y
+ v
∂
∂
y
∂
v
∂
y
+
ω
∂
∂
p
∂
v
∂
y
+
∂
u
∂
y
∂
v
∂
x
+
∂
v
∂
y
∂
v
∂
y
+
∂ω
∂
y
∂
v
∂
p
(3.12)
∂
v
ag
∂
x
= 1
f
∂
∂
t
∂
u
∂
x
+ u
∂
∂
x
∂
u
∂
x
+ v
∂
∂
y
∂
u
∂
x
+
ω
∂
∂
p
∂
u
∂
x
+
∂
u
∂
x
∂
u
∂
x
+
∂
v
∂
x
∂
u
∂
y
+
∂ω
∂
x
∂
u
∂
p
Le tourbillon du vent agéostrophique devient:
∂
v
ag
∂
x
-
∂
u
ag
∂
y
=
(3.13)
1
f
∂
D
∂
t
+ u
∂
D
∂
x
+ v
∂
D
∂
y
+
ω
∂
D
∂
p
+
∂ω
∂
x
∂
u
∂
p
+
∂ω
∂
y
∂
v
∂
p
+
∂
u
∂
x
2
+
∂
v
∂
y
2
+ 2
∂
v
∂
x
∂
u
∂
y
-
β
f
2
dv
dt
-
β
f
2
dv
dt
où
D =
∂
u
∂
x
+
∂
v
∂
y
=
∇
p
⋅
V
Notons que:
∂
u
∂
x
2
+
∂
v
∂
y
2
=
∂
u
∂
x
+
∂
v
∂
y
2
- 2
∂
u
∂
x
∂
v
∂
y
3 - 10
et que :
-
β
f
2
dv
dt
=
β
u
ag
f
On pourrait réécrire l'équation (3.13) comme suit:
(3.14)
ζ
ag
=
∂
v
ag
∂
x
−
∂
u
ag
∂
y
=
1
f
∂
D
∂
t
+
u
∂
D
∂
x
+
v
∂
D
∂
y
+ω ∂
D
∂
p
+ ∂ω
∂
x
∂
u
∂
p
+ ∂ω
∂
y
∂
v
∂
p
+
D
2
−
2
∂
u
∂
x
∂
v
∂
y
− ∂
v
∂
x
∂
u
∂
y
J(u,v)
1
2
4 4
4
3
4 4
4
+β
u
ag
Combinant le tourbillon géostrophique donné par l'équation (3.6) et celui du vent agéostrophique
donné par l'équation (3.14), on trouve le tourbillon du vent horizontal (cette équation est appelée
l'équation d'évolution de la divergence ou l'équation de divergence):
(3.15)
ζ
p
=ζ
g
+ζ
ag
=
∂
v
g
∂
x
−
∂
u
g
∂
y
+
∂
v
ag
∂
x
−
∂
u
ag
∂
y
=
1
f
∇
2
Φ +
β
u
g
f
+
β
u
ag
f
+
1
f
∂
D
∂
t
+
Dimensions
caractéristiques
(s
−
1
)
10
−
5
10
-5
10
-5
10
-6
10
-6
10
-5
10
-6
10
-7
10
-7
u
f
∂
D
∂
x
+
v
f
∂
D
∂
y
+ ω
f
∂
D
∂
p
+
1
f
∂ω
∂
x
∂
u
∂
p
+ ∂ω
∂
y
∂
v
∂
p
+
D
2
f
−
2
f
∂
u
∂
x
∂
v
∂
y
− ∂
v
∂
x
∂
u
∂
y
10
-7
10
-7
10
-8
10
-7
10
-8
10
-6
Selon les grandeurs caractéristiques des termes, le tourbillon du vent se calcul à 10% près par:
(3.16)
ζ
= 1
f
∇
2
Φ
+
ε
10%
≈
ζ
g
+
ε
10%
Dans cette forme l'équation est appelée l'équation de balance (version géostrophique à
10% près). Par contre à 1% près (en gardent les termes de l'ordre de 10
-6
dans l'éq. (3.15)), le
tourbillon devient:
3 - 11
(3.17)
ζ =
1
f
∇
2
Φ +
β
u
g
f
−
2
f
∂
u
∂
x
∂
v
∂
y
−
∂
v
∂
x
∂
u
∂
y
J(u,v)
6
7
4 4
4
8
4 4
4
+ ε
(1%)
Dimensions
caractéristiques
(s
−
1
)
10
-5
10
-6
10
-6
L'équation (3.17) est maintenant appelée l'équation de balance non-linéaire. Remarquons
qu'on pourrait remplacer u et v dans le dernier terme par u
g
et v
g
sans augmenter l'ordre de
grandeur de l'erreur. Le définition de "balance" (à ne pas confondre avec équilibre) sera aborder
dans le chapitre 4.
Étant donné la précision des observations standards de la géopotentiel et du vent, on peut calculer
le tourbillon à 10% près soit par le champ de géopotentiel en utilisant l'équation (3.16), soit par le
champ de vent en calculant les dérivées composantes du tourbillon.
Donc, le tourbillon géostrophique moins le terme dû à la variation du paramètre de Coriolis et celui
dû au vent agéostrophique se rapproche du tourbillon horizontal avec une erreur de l'ordre de
10%, soit:
(3.18)
ζ
p
≈
ζ
g
≈
1
f
∇
p
2
Φ
Si on fait le calcul du tourbillon horizontal, on trouve que celui-ci représente physiquement deux
fois le taux de rotation par rapport aux coordonnées locales des particules d'air autour d'un axe
vertical local, tandis qu’on trouve que le paramètre de Coriolis est deux fois le taux de rotation de
la surface de la terre autour d'un axe vertical local. La somme des deux donnerait donc le tourbillon
par rapport à un système de coordonnées fixes, que l'on appelle "tourbillon absolu".
(3.19)
ζ
a
=
ζ
p
+ f
≈
ζ
g
+ f
≈
1
f
∇
p
2
Φ
+ f
3 - 12
Divergence sur les surfaces isobariques
Devant les dimensions caractéristiques des dérivées de la divergence horizontale, on s'attend à
trouver que la divergence soit de l'ordre de 10
-5
s
-1
.
∂
u
∂
x
p
+
∂
v
∂
y
p
≈
U
L
≈
10
-5
s
-1
Cependant, les observations dans l'atmosphère libre indiquent que celle-ci est seulement de l'ordre
de 10
-6
s
-1
. Cela ne peut s'expliquer autrement que par le fait que les deux composantes de la
divergence (
∂
u/
∂
x)
p
et (
∂
v/
∂
y)
p
sont de la même dimension mais de signe contraire. Par
conséquent, le calcul de la divergence horizontale devra tenir compte d'un calcul plus précis du
vent. Ceci révèle que le vent géostrophique ne serait probablement pas suffisamment précis
puisqu'une erreur de 10% dans les dérivés horizontales de la divergence entraînera une erreur de
100% dans leur somme.
Pour le vérifier on utilise une méthode identique tant dans le calcul de la divergence du vent que
dans le calcul du tourbillon.
(3.20)
∇
p
·V
h
=
∇
p
·V
g
+
∇
p
·V
ag
La divergence du vent géostrophique est
∇
p
·V
g
=
∂
u
g
∂
x
p
+
∂
v
g
∂
y
p
= -
∂
∂
x
1
f
∂Φ
∂
y
p
+
∂
∂
y
1
f
∂Φ
∂
x
p
ou
(3.21)
∇
p
·V
g
= 1
f
-
∂
∂
x
∂Φ
∂
y
p
+
∂
∂
y
∂Φ
∂
x
p
- 1
f
2
∂Φ
∂
x
p
∂
f
∂
y
0
v
g
f
et donc
(3.22)
∇
p
·V
g
= -
v
g
f
∂
f
∂
y
p
= -
v
g
cot
ϕ
r
T
3 - 13
Donc, la seule contribution du vent géostrophique à la divergence est due à la variation du
paramètre de Coriolis avec la latitude (
∂
f/
∂
y).
Cette contribution peut être mieux comprise si l'on considère une région où la force de pression
exercée sur une surface isobare p
h
est uniforme et se dirige vers les x négatifs (l'ouest) comme
l'illustre la figure 3.4. L'équilibre géostrophique implique aussi que la force de Coriolis soit
uniforme et dans la direction opposée. Parce que le paramètre de Coriolis augmente vers le nord en
fonction de la latitude, le vent géostrophique doit augmenter vers le sud pour conserver la force de
Coriolis constante. Ce résultat est décrit dans la figure 3.4 où la convergence y est clairement
évidente.
À l'aide des dimensions caractéristiques du tableau 1.3 on peut maintenant calculer les dimensions
caractéristiques des contributions à la divergence horizontale sur les surfaces isobares :
(3.23)
∇
p
•
V
h
= ∇
p
•
V
g
(
)
+ ∇
p
•
V
ag
(
)
∇
p
•
V
h
= −
v
g
f
∂
f
∂
y
+
∂
u
ag
∂
x
p
+
∂
v
ag
∂
y
p
Dimensions
caractéristiques
(s
−
1
)
10
−
6
10
-6
10
-6
Note:
∂
f
∂
y
≡
β
=
2
Ω
T
cos
ϕ
r
T
≈
10
-11
s
-1
m
-1
Étant donné que
∇
p
·V
ag
est aussi importante que
∇
p
·V
g
, la divergence du vent géostrophique
ne suffit donc pas pour faire le calcul de la divergence horizontale du vent et elle conduirait à une
erreur de l'ordre de 100%. Il faut donc procéder à une évaluation plus précise du vent horizontal
qui aboutirait à une erreur de l'ordre de 1% seulement. On voit donc pourquoi la divergence est un
ordre de grandeur plus petit que les dérivées. Le vent géostropique, qui représente une partie
importante du vent horizontal, est presque non-divergent.
3 - 14
N
y
x
Φ
0
Φ
0
+2
∆Φ
Φ
0
+
∆Φ
Φ
0
+3
∆Φ
ϕ
s
ϕ
n
c
c
p
p
V
g
N
V
g
S
Plan horizontal: surface isobare
F i g u r e 3 . 4 : La contribution du vent géostrophique à la divergence horizontale due à l'orientation nord-sud des
isohypses et à la variation nord-sud du paramètre de Coriolis.
La divergence du vent agéostrophique est:
3.24
∇
p
•
V
ag
=
∂
u
ag
∂
x
+
∂
v
ag
∂
y
=
∂
∂
x
−
1
f
dv
dt
+
∂
∂
y
1
f
du
dt
= −
1
f
∂
∂
x
∂
v
∂
t
+
u
∂
v
∂
x
+
v
∂
v
∂
y
+ω
∂
v
∂
p
−
∂
∂
y
∂
u
∂
t
+
u
∂
u
∂
x
+
v
∂
u
∂
y
+ω
∂
u
∂
p
+
β
f
du
dt
= −
1
f
∂ζ
∂
t
+
u
∂ζ
∂
x
+
v
∂ζ
∂
y
+ω
∂ζ
∂
p
+
∂
u
∂
x
+
∂
v
∂
y
D
1 2
4 3
4
ζ+
∂ω
∂
x
∂
v
∂
p
−
∂ω
∂
y
∂
u
∂
p
+β
v
ag
Combinant l'équation (3.22) et (3.24), on peut isoler la divergence qui devient:
3 - 15
D
=∇
p
•
V
h
=∇
p
•
V
g
+∇
p
•
V
ag
=
∂
u
g
∂
x
+
∂
v
g
∂
y
+
∂
u
ag
∂
x
+
∂
v
ag
∂
y
Dimensions
caractéristiques
(s
−
1
)
10
-5
10
-5
10
-6
1 2
4 3
4
10
-6
10
-6
(3.25)
(3.25)
∇
p
•
V
h
= −
1
ζ+
f
(
)
β
v
g
+β
v
ag
+ ∂ζ
∂
t
+
u
∂ζ
∂
x
+
v
∂ζ
∂
y
+ω ∂ζ
∂
p
+ ∂ω
∂
x
∂
v
∂
p
− ∂ω
∂
y
∂
u
∂
p
Dimensions
caractéristiques
(s
−
1
)
10
-6
10
-7
10
-6
10
-6
10
-6
10
-7
10
-7
10
-7
Cette équation est appelé l'équation de l'évolution du tourbillon ou l'équation de tourbillon.
Étant donné que f (10
-4
) est typiquement un ordre de grandeur plus grand que
ζ
(10
-5
), la
divergence se calcule à 10% près par (on peut utiliser
ζ
=
ζ
g
et u = u
g
et v = v
g
sans augmenter
l'ordre de grandeur de l'erreur).
(3.26)
∇
·V
h
= - 1
f
∂ζ
g
∂
t
+ u
g
∂ζ
g
∂
x
+ v
g
∂ζ
g
∂
y
+
β
v
g
+
ε
10%
Cette équation est appelé l'équation de tourbillon quasi-géostrophique. Une explication
physique détaillée de cette équation se trouve dans le chapitre 4.
Donc, on voit que la seule divergence du vent géostrophique n'est pas suffisante pour calculer la
divergence avec une erreur seulement de l'ordre de 10%. Ce fait est dû à la faiblesse de la
divergence du vent géostrophique (10
-6
s
-1
), qui selon les grandeurs caractéristiques de ces
dérivées
∂
u
g
/
∂
x et
∂
v
g
/
∂
y aurait dû être de l'ordre de 10
-5
s
-1
.
Étant donné que l'erreur des observations du vent, est de l'ordre de 10% et que la divergence
horizontale est de l'ordre seulement de 10% des dérivées composantes, il s'avère impossible de
calculer, d'une façon systématique, la divergence horizontale à partir des observations du vent.
Selon l'équation (3.26), il faudrait disposer d'une série d'observations du champ du vent ou du
géopotentiel afin de calculer la divergence à 10%. La série est nécessaire afin d'évaluer la tendance
3 - 16
locale du tourbillon
∂ζ
/
∂
t ou du tourbillon géostrophique (
∂ζ
g
/
∂
t). Cependant, une autre stratégie
sera présentée dans le chapitre 4 pour calculer ces tendances à partir des observations à un moment
donné.
3.3 Variation sur le plan vertical du vent horizontal
À cause du fait que le vent horizontal soit essentiellement géostrophique, la variation sur le plan
vertical du vent horizontal peut être mieux comprise si l'on comprend la variation verticale du vent
géostrophique. À une latitude donnée, le vent géostrophique est déterminé par la force horizontale
de pression qui, dans une atmosphère en équilibre approximatif hydrostatique, est déterminée par
la variation horizontale du géopotentiel des surfaces isobares, donc la pente des surfaces isobares
en fonction du géopotentiel tel qu'indiqué dans la figure 3.5. Si la distance verticale entre les
surfaces (l'épaisseur
∆
z) variait horizontalement (voir encore la figure 3.5) la pente des surfaces
isobariques changerait avec la hauteur.
Φ
Φ
+ 4
∆Φ
0
Φ
+ 3
∆Φ
0
Φ
0
+ 2
Φ
∆
Chaud
Froid
y
Chaud
Chaud
Froid
Froid
Φ
0
+
∆Φ
Φ
0
p
0
p
0
+ 2
∆
p
p
0
+
∆
p
p
0
+ 3
∆
p
p
0
+ 4
∆
p
p
0
+ 5
∆
p
p
Φ
-
∇
α
p
V
g
= 0
V
g la page
entre
V
g la page
sort de
Φ
Φ
0
+
∆Φ
Φ
0
p
Φ
-
∇
α
p
p
Φ
-
∇
α
p
p
Φ
-
∇
α
p
Φ
0
+2
Φ
∆
Φ
+4
∆Φ
0
Φ
+3
∆Φ
0
-
∇Φ
= 0 = p
Coupe verticale à travers les surfaces isobares
F i g u r e 3 . 5 : La variation verticale du vent géostrophique due au gradient horizontal de la température.
3 - 17
Dans la section 2.2 on a noté que l'épaisseur entre deux surfaces isobariques dans une atmosphère
en équilibre hydrostatique ne dépend que de la température dans la couche entre les deux surfaces
(l'équation hypsométrique):
(2.4)
∆
Z = Z
p2
- Z
p1
= R
g
T
p
p
2
p
1
dp
La diminution de l'épaisseur vers les y positifs dans la figure 3.5 indique que l'air est plus froid
dans cette direction comme indiquée dans la figure 3.5. On voit que les surfaces isobares, qui
étaient penchées du nord au sud dans la basse atmosphère, deviennent penchées du sud au nord
dans la haute atmosphère. Le vent géostrophique , qui entre dans la page dans la basse
atmosphère, sort de la page dans la haute atmosphère. On peut donc conclure que la variation
sur le plan vertical du vent géostrophique (et donc du vent horizontal) peut être
attribuée à la variation horizontale de la température.
Il est très important de noter ici que contrairement à ce qu'on pourrait déduire intuitivement, un
gradient horizontal de température à l'échelle synoptique ne produit pas une circulation directe
comme dans la figure 3.6. Dans cette figure on voit l'air chaud se lever et se déplacer vers les
couches froides tandis que l'air froid descend et se déplace vers les couches plus chaudes. L'effet
de la force de Coriolis due à la rotation de la terre empêche ce type de circulation de se
développer. Cependant, aux échelles inférieures à l'échelle synoptique, où les distances sont trop
faibles, il existe des circulations directes qui causent par exemple des brises de mer et de lac.
Le calcul de la variation verticale (avec la pression comme coordonnée verticale) du vent horizontal
se fait à partir de l'équation (3.2).
(3.2)
V
h
= V
g
+ V
ag
Selon les dimensions caractéristiques des
variations
verticales
de chaque terme,
3 - 18
(3.27)
∂
V
h
∂
p
=
∂
V
g
∂
p
+
∂
V
ag
∂
p
Dimensions
caractéristiques
(m s
−
1
Pa
−
1
)
10
−
4
10
-4
10
-5
Chaud
Froid
y
Z
Z
CHAUD
FR0ID
p
p
p
V
V
p = 0
p
0
p
0
+
∆
p
p
0
+ 2
∆
p
p
0
+ 3
∆
p
p
0
+ 4
∆
p
p
Figure 3.6: Exemple d'une circulation directe.
la variation verticale du vent géostrophique représente de l'ordre de 90% de la variation verticale du
vent horizontal. Considérons le vent géostrophique par l'équation (3.1) :
(3.1)
V
g
= - 1
f
∇
p
Φ
x k = -
g
f
∇
p
Z x k
et compte tenu de la variation verticale (en fonction de p) on trouve que:
(3.28)
∂
V
g
∂
p
= -
g
f
∇
p
∂
Z
∂
p
x k
3 - 19
Selon l'équation hydrostatique (l'équation (1.26)) et la loi des gaz parfaits (l'équation (1.12)) on
avait trouvé :
(2.3)
∂
z
∂
p
= - RT
pg
et donc,
(3.29)
∂
V
g
∂
p
=
g
f
∇
p
RT
pg
x k
où
∇
p
RT
pg
= R
pg
∇
p
T
de sorte que
∂
V
∂
p
≈
∂
V
g
∂
p
= R
fp
∇
p
T x k
(3.30)
x:
∂
u
g
∂
p
= R
fp
∂
T
∂
y
p
y:
∂
v
g
∂
p
= - R
fp
∂
T
∂
x
p
L'équation (3.30) peut aussi être inversée afin de calculer le gradient horizontal de la température
(sur une surface isobare) par la variation verticale du vent géostrophique :
(3.31)
∇
p
T = -
fp
R
∂
V
g
∂
p
x k
En substituant la valeur du vent horizontal par celle du vent géostrophique on peut estimer le
gradient horizontal de la température à 90% près à partir des observations de la variation verticale
du vent horizontal. Les applications de ces résultats seront présentées dans le chapitre 4.
3 - 20
3.4 Le vent horizontal dans la couche limite
Dans la couche limite planétaire où le vent est influencé par le sol, on observe, à l'échelle
synoptique, que l'accélération est aussi d'un ordre de grandeur plus petit que les forces de pression
et de Coriolis. Ceci signifie que la force de frottement possède la même dimension que ces deux
forces et qu'elle se dirige de telle façon que la somme des trois forces est petite par rapport aux
forces elles-mêmes.
Paramétrisation du frottement
L'action physique du sol sur l'air enlève une quantité de mouvement à l'air. Donc, la force de
frottement agit à ralentir l'écoulement et se dirige dans le sens contraire à la direction de la vitesse
du vent et sa grandeur devrait être proportionnelle à sa vitesse. La perte d'une quantité de
mouvement de l'air ne se produit pas qu'au niveau du sol. La perte au sol produit un gradient
vertical de la quantité de mouvement horizontal. Lorsque l'écoulement de l'air est turbulent, ce
gradient crée un flux turbulent de quantité de mouvement vers le sol et diminue donc la quantité de
mouvement aux niveaux supérieurs. Donc, bien que la force de frottement agisse près du sol, elle a
aussi un effet au-dessus, parce qu'un flux de la quantité du mouvement horizontal est créé par la
turbulence.
Les observations indiquent qu'en moyenne la couche sur laquelle le frottement du sol a un impact
sur l'écoulement, appelée couche limite planétaire se termine en moyen entre 500m et 1000m
au-dessus le sol. La hauteur de cette couche dépend, en effet, de l'intensité de la turbulence qui
dépend à son tour de la rugosité du sol, de la structure verticale de la température et du vent. La
hauteur peut varier de presque rien à plusieurs kilomètres. Le traitement de ce problème dépasse le
domaine propre de ce cours. Ici, on va supposer que la force de frottement agit dans la direction
contraire au vent et qu'elle est proportionnelle à sa grandeur, soit:
(3.32)
r
h
= -CV
h
où C, le coefficient de frottement, comprend tous les effets physiques décrits ci-dessus.
Parce que la force de frottement devient nulle au sommet de la couche limite, on supposera aussi
que C est fonction du géopotentiel (ou pression). Une façon de mesurer C empiriquement sera
décrit ultérieurement dans ce chapitre. La paramétrisation du frottement peut être faite plus
3 - 21
précisément à l'aide de certaines théories plus élaborées de la couche limite. Cependant, la
paramétrisation dont il est question ici n'offre pas trop d'erreurs et elle sert surtout à dégager l'effet
de frottement (un phénomène de la micro-échelle) sur l'échelle synoptique.
On établit le vent horizontal approximatif dans la couche limite grâce à trois forces en quasi-
équilibre. Deux des trois forces, les forces de Coriolis et de frottement, dépendent directement du
vent horizontal tandis que la force de pression dépend du gradient des isohypses de la surface
isobare. Avec la latitude (
ϕ
) et une valeur de C donnée, un seul vent peut produire un état
d'équilibre lequel traverse les isohypses dans le sens des basses géopotentiels. Un exemple est
présenté dans la figure 3.7.
L'équation du mouvement horizontal pour la couche limite planétaire, (l'équation (1.10) à
l'horizontale) est
a
h
= p
h
+ c
h
+ r
h
dV
dt
= -
∇Φ
- fk
×
V - CV
h
Dimensions
(3.33)
caractéristiques
10
-4
10
-3
10
-3
10
-3
m s
-2
où la force de frottement a été calculée par la méthode décrite ci-dessus. Si on refait l'équation pour
V
h
et si on calcule les dimensions caractéristiques des termes d'après les valeurs du tableau 1.3, on
trouve ceci:
(3.34)
V
h
= −
f
C
2
+
f
2
∇
p
Φ
x ˆ
k
+
C
f
∇
p
Φ +
C
f
dV
h
dt
+
dV
h
dt
x ˆ
k
Dimensions
caractéristiques
(m s
-1
)
10
1
10
1
10
1
10
0
10
0
3 - 22
•
N, y
E, x
Φ
0
+
∆Φ
Φ
0
+ 2
∆Φ
Φ
0
p
h
V
r
r
h
c
h
Plan horizontal: surface isobare
F i g u r e 3 . 7 : État d'équilibre horizontal dans la couche limite entre la force de pression
p
h
, la force de Coriolis
c
h
et la force de frottement
r
h
.
On voit encore que le vent horizontal peut être estimé avec une erreur de l'ordre de 10% seulement
en négligeant l'accélération horizontale, soit:
V
h
≈
V
r
= −
f
C
2
+
f
2
∇
p
Φ
x ˆ
k
−
fV
g
6 7
4 8
4
+
C
f
∇
p
Φ
CV
g
x ˆ
k
6 7 8
ou
V
h
≈
V
r
= -
f
2
C
2
+ f
2
V
g
- C
f
V
g
x k
(3.35)
a)
x: u
≈
u
r
= −
f
C
2
+
f
2
∂Φ
∂
y
p
−
fu
g
6 7
4 8
4
+
C
f
∂Φ
∂
x
p
cv
g
6 7
4 8
4
b)
y: v
≈
v
r
=
f
C
2
+
f
2
∂Φ
∂
x
p
fv
g
6 7
4 8
4
−
C
f
∂Φ
∂
y
p
cu
g
6 7
4 8
4
Dans l'équation (3.35) on reconnaît certaines combinaisons de variables qui peuvent être
exprimées en terme de vent géostrophique. Pour un gradient de géopotentiel orienté uniquement
3 - 23
dans la direction des y positifs, tel que décrit dans la figure 3.8 où (
∂Φ
/
∂
x)
p
= 0, les équations
pour les composantes u
r
et v
r
deviennent:
u
r
= -
f
C
2
+ f
2
∂Φ
∂
y
p
≡
f
2
C
2
+ f
2
u
g
(3.36)
v
r
= -
C
C
2
+ f
2
∂Φ
∂
y
p
≡
fC
C
2
+ f
2
u
g
Le rapport v
r
/u
r
donne la tangente de l'angle (
θ
) (voir figure 3.8) entre le vent et les isohypses,
soit:
(3.37)
tan
θ
=
v
r
u
r
= C
f
Selon cette équation, pour une latitude donnée, le coefficient de frottement peut être calculé à partir
des observations de la direction du vent par rapport à l'orientation des isohypses des surfaces
isobares. Comme au sommet de la couche limite planétaire le vent horizontal est de nature quasi-
géostrophique, il souffle par conséquent presque parallèlement aux isohypses. La hauteur de la
couche limite se trouve donc là où le vent devient quasi-parallèle aux isohypses. La variation
verticale de C peut aussi être déterminée par le calcul de la variation de l'angle du vent par rapport
aux isohypses.
N, y
E, x
+
∆Φ
+ 2
∆Φ
Φ
0
V
r
Plan horizontal: surface isobare
v
r
u
r
tan
θ
=
v
r
u
r
θ
Φ
0
Φ
0
F i g u r e 3 . 8 : Angle entre le vent d'équilibre dans la couche limite et les isohypses orientés est-ouest.
3 - 24
TABLEAU 3.1
Valeurs caractéristiques à 10m du coefficient de frottement pour des surfaces différentes et l'effet sur le vent horizontal
(à 45o latitude)
TYPE DE
SURFACE
COEFFICIENT
C ( 1 0
-4
S
-1
)
ANGLE
Θ
u
r
( m s
-1
)
v
r
( m s
-1
)
V
r
( m s
-1
)
Glissant
0
0
10.0
0
10.0
Eau (mer)
≈
0.2
≈
10˚
9.6
1.9
9.8
Terrain plat
≈
0.6
≈
30˚
7.5
4.3
8.6
Terrain accidenté
≈
1.0
≈
45˚
5.0
5.0
7.1
Montagneux
≈
1.7
≈
60˚
2.5
4.3
4.9
Les observations normales du vent de surface sont faites à 10 m. Combinée avec les analyses
normales des isobares au niveau de la mer, la valeur de C à 10 m est disponible à partir des
observations synoptiques. Les valeurs caractéristiques pour les différents types de surfaces de la
Terre sont présentées dans le tableau 3.1 et accompagnées de l'effet que ces valeurs exercent sur
un vent de base de 10m s
-1
.
Les mêmes résultats sont présentés sous forme graphique dans la figure 3.9. Au fur et à mesure
que C augmente, le vent tourne de plus en plus vers le bas géopotentiel et diminue en grandeur.
Comme dans la couche limite C diminue avec la hauteur, le vent, à mesure qu'on s'élève dans cette
couche, tourne dans une direction horaire et augmente en grandeur.
N, y
E, x
Φ
0
Φ
0
- 3
∆Φ
Φ
0
- 2
∆Φ
(terrain accidenté)
(terrain plat)
(montagneux)
(mer)
V
g
= 10m s
-1
Φ
0
-
∆Φ
10
o
30
o
45
o
60
o
Plan horizontal: surface isobare
F i g u r e 3 . 9 : Effets caractéristiques du frottement dus à des types de surface différents sur la direction et la vitesse du
vent à environ 10 m.
3 - 25
Une telle variation verticale du vent horizontal dans la couche limite est présentée dans la figure
3.10 où on suppose que C diminue linéairement avec la hauteur et que le sommet de la couche
limite est fixé à 500m. En plus on suppose que la force horizontale de pression ne varie pas dans la
verticale et que le paramètre de Coriolis est 10
-4
s
-1
. Une paramétrisation plus complète de la force
de frottement comme celle de la théorie d'Ekman, donne des résultats qualitativement très
semblables (pour un atmosphère barotrope et neutre).
N, y
10
5
10
5
E, x
Spiral d'Ekman
Sol
m s
-1
m
s
-1
100m
200m
300m
400m
500m
(10m)
V
g
C = 1 x 10
-4
C = 0.8 x 10
-4
C = 0.6 x 10
-4
C = 0.4 x 10
-4
C = 0.2 x 10
-4
C = 0
F i g u r e 3 . 1 0 : Variation verticale du vent horizontal dans la couche limite en supposant que C est une fonction
linéaire de l'altitude.
Tourbillon dans la couche limite
L'état de quasi-équilibre étant la condition essentielle du vent dans la couche limite, celui-ci est
déterminé par la force de pression (gradient des isohypses) pour une latitude et un coefficient de
frottement donné. Par analogie avec le tourbillon dans l'atmosphère libre, le tourbillon dans la
couche limite devrait dépendre aussi de la variation horizontale du gradient des isohypses.
Cependant, le vent en équilibre dans la couche limite est plus faible et se situe à gauche du vent
géostrophique, la différence étant attribuée au coefficient de frottement. Si le coefficient de
frottement est constant sur le plan horizontal, le tourbillon horizontal du vent en équilibre dans la
couche limite, doit donc porter le même signe que le tourbillon du vent géostrophique et lui être
inférieur.
3 - 26
Le calcul du tourbillon dans la couche limite se fait à partir de l'équation du vent horizontal :
(3.34)
V
h
= -
f
C
2
+ f
2
∇
p
Φ
x k + c
f
∇
p
Φ
+ C
f
dV
h
dt
+
dV
h
dt
x k
qui se décompose comme suit
x: u = -
f
C
2
+ f
2
∂Φ
∂
y
p
+ C
f
∂Φ
∂
x
p
+ C
f
du
dt
+ dv
dt
y: v =
f
C
2
+ f
2
∂Φ
∂
x
p
- C
f
∂Φ
∂
y
p
- C
f
dv
dt
+ du
dt
En supposant que C et f soient constants (C
o
et f
o
) sur le plan horizontal, le tourbillon cherché
devient:
(3.38)
ζ
p
=
∂
v
∂
x
p
−
∂
u
∂
y
p
=
f
0
C
0
2
+
f
0
2
∇
p
2
Φ −
C
0
f
0
∂
∂
x
dv
dt
p
+
∂
∂
v
du
dt
+
∂
∂
x
du
dt
+
∂
∂
y
dv
dt
Dimension (s
-1
)
10
-5
10
-6
10
-6
Caractéristique
Si on n'avait pas supposé que C et f étaient uniformes sur le plan horizontal, on aurait généré
d'autres termes généralement de dimensions 10
-6
s
-1
ou plus petits. Selon les dimensions
caractéristiques, on trouve que 90% du tourbillon horizontal dans la couche limite est donné par les
premiers termes qui représentent le tourbillon du vent géostrophique multiplié par un facteur, qui
dépend de C et f, et qui est inférieur à l'unité.
(3.39)
ζ
p
≈ ζ
r
=
∂
v
r
∂
x
p
−
∂
u
r
∂
y
p
=
f
0
C
0
2
+
f
0
2
∇
p
2
Φ
[ ]
=
f
0
2
C
0
2
+
f
0
2
<
1
1 2
4 3
4
ζ
g
3 - 27
Lorsque C disparaît, le tourbillon du vent devient celui du vent géostrophique. Donc, le tourbillon
du vent dans la couche limite est essentiellement le tourbillon du vent à l'équilibre dans cette
couche. Ce tourbillon est toujours inférieur au tourbillon géostrophique par un facteur qui dépend
de C et de f.
Divergence horizontale dans la couche limite
À cause du fait que le vent horizontal dans la couche limite traverse les isohypses vers les bas
géopotentiels, on peut déduire que le vent horizontal dans cette couche converge vers une
dépression et diverge dans un anticyclone, comme indique la figure 3.11a. En plus, dans la figure
3.11b, on présente une autre distribution des isohypses et du vent qui produira de la convergence
dans la couche limite. Dans ce deuxième cas, la convergence serait produite par la variation de la
composante du vent dans la direction y. Cette variation est due au fait que la grandeur du gradient
de géopotentiel diminue dans la direction y. En comparant ces deux distributions spatiales
d'isohypses dans la figure 3.11a et 3.11b, on remarque que la convergence peut se produire
lorsque
∇
p
2
Φ
> 0
ce qui veut dire que le tourbillon du vent géostrophique est positif.
En ce qui concerne le calcul de la divergence dans la couche limite qui devrait nous donner des
résultats semblables, on commence par l'équation du vent dans la couche limite (l'équation (3.34))
et on prend la divergence en supposant encore que C et f soient constants:
(3.40)
∇
p
·V
h
= -
f
o
C
o
2
+ f
o
2
∇
p
·
∇
p
Φ
x k +
C
o
f
o
∇
p
·
∇
p
Φ
+
C
o
f
o
∇
p
·
dV
h
dt
+
∇
p
·
dV
h
dt
x k
Les dimensions caractéristiques des termes résultants sont:
(3.41)
∇
p
•
V
h
= ∂
u
∂
x
p
+ ∂
v
∂
y
p
=
−
f
0
C
0
2
+
f
0
2
C
0
f
0
∇
p
2
Φ
( )
+
C
0
f
0
∂
∂
x
du
dt
+
∂
∂
y
dv
dt
+
∂
∂
y
du
dt
−
∂
∂
x
dv
dt
Dimensions
caractéristiques
(s
−
1
)
10
-5
10
-6
10
-6
3 - 28
(a)
A
divergence
divergence
A
D
convergence
Convergence
Dépression
ζ
g
> 0
Divergence
Anticyclone
ζ
g
< 0
Φ
0
Φ
0
+
∆Φ
Φ
1
+
∆Φ
Φ
1
+
2
∆
Φ
Φ
1
Φ
0
+ 2
∆Φ
Plan horizontal: surface isobare
N, y
E, x
V
h
V
h
Courbure
(b)
Φ
0
+
∆Φ
Φ
0
+ 2
∆Φ
Φ
0
+ 3
∆Φ
Φ
0
+ 4
∆Φ
Φ
0
Φ
0
+ 5
∆Φ
Convergence
Cisaillement
ζ
g
> 0
Plan horizontal: surface isobare
N, y
E, x
[Convergence]
V
h
V
h
V
h
V
h
V
h
V
h
V
g
V
g
F i g u r e 3 . 1 1 : Distribution spatiale des isohypses qui produisent de la divergence dans la couche limite.
3 - 29
Si on avait tenu compte des variations horizontales de C et f on aurait produit encore des termes
d'ordre inférieur à 10
-5
s
-1
. Donc 90% du calcul de la divergence dans la couche limite vient du
premier terme qui représente la divergence du vent en état d'équilibre.
(3.42)
∇
p
·V
h
≈
∇
p
·V
r
= -
C
o
C
o
2
+ f
o
2
∇
p
2
Φ
= -
C
o
f
o
C
o
2
+ f
o
2
ζ
g
Comme indiqué ci-dessus, le vent est convergent lorsque le tourbillon d'un vent géostrophique est
positif et, pour un tourbillon géostrophique donné, la divergence est proportionnelle au coefficient
de frottement et du paramètre de Coriolis. Il faut noter que la divergence dans la couche
limite planétaire est un ordre de grandeur supérieur à la divergence du vent dans
l'atmosphère libre. Donc, elle peut être calculée à partir des observations. En plus, la
divergence dans la couche limite, contrairement à ce qui se passe dans l'atmosphère libre, peut être
bien calculée approximativement par la divergence du vent en supposant l'état d'équilibre. Ce vent
d'équilibre pour sa part, est déterminé par la force de pression, la force de Coriolis et le coefficient
de frottement. Finalement on peut dire que la divergence dans la couche limite est bien déterminée
par la distribution spatiale de la force de pression (gradient des isohypses).
3.5 Mouvement vertical au sommet de la couche limite
À ce point on est en mesure de comprendre le mouvement vertical au sommet de la couche limite.
Appliquons l'équation (2.29) (répétée ci-dessous) qui indique que le mouvement vertical au
sommet de cette couche dépend de l'effet "orographique" plus la divergence dans la couche limite
(voir figure 3.12):
Sommet de la
couche limite
Niveau du sol
Divergence
Convergence
ω
< 0
ω
> 0
p
CL
p
CL
F i g u r e 3 . 1 2 : Le mouvement vertical au sommet de la couche déterminé par la divergence dans la couche limite.
3 - 30
2.29
ω
CL
= ω
0
+
∂
u
∂
x
p
+
∂
v
∂
y
p
dp
p
CL
p
0
∫
10
-1
10
-1
10
-5
10
-5
10
4
10
-1
1
2
4 4 4 4
4
3
4 4 4 4
4
Or la divergence dans la couche limite dépend, selon les discussions précédentes (l'équation
(3.42)), de la distribution des isohypses (c.-à-d. laplacien), du coefficient de frottement et de la
latitude.
Substituons l'équation (3.42) dans (2.29), on trouve que:
(3.43)
ω
CL
=
ω
o
-
C
o
f
o
2
+ C
o
2
∇
p
2
Φ
dp
p
CL
p
o
Si on suppose que
∇
p
2
Φ
ne varie pas beaucoup dans la couche limite et que C
o
y varie linéairement,
l'équation (3.43) devient:
(3.44)
ω
CL
=
ω
o
-
C
o
C
o
2
+ f
o
2
∇
p
2
Φ
p
o
- p
CL
Donc, en l’absence d'un effet important de l'orographie, on trouve généralement du mouvement
ascendant au sommet de la couche limite où
∇
p
2
Φ
ou
∇
2
p
nm
> 0 c.-à-d. dans les dépressions,
creux, etc... (voir figure 3.11b). Ce mouvement est induit par un déséquilibre des forces dans le
plan vertical (impossible à mesurer) provoqué par la convergence isobarique. Cette convergence
est produite par le champ du vent essentiellement en équilibre entre 3 forces (pression, Coriolis et
frottement).
Parce qu'on ne peut pas encore calculer, ni généralement bien mesurer la divergence au-dessus de
la couche limite, on ne peut pas encore appliquer l'équation (2.28) afin de calculer dans
l'atmosphère libre. Cependant, étant donné que la divergence dans l'atmosphère libre n'est
typiquement que de l’ordre de 10
-6
s
-1
, il faut généralement une couche atmosphérique assez
épaisse (
≈
100 mb) avant que la divergence dans l'atmosphère libre modifie d'une façon
significative le mouvement vertical généré par la couche limite. Donc, le mouvement vertical dans
la très basse troposphère (1000-850mb) est produit surtout par les effets dans la couche limite, y
compris les effets de l'orographie.
3 - 31