Accusé de "censure", le groupe Bolloré
reconnaît la suppression d'un article

Accusé de "censure", la direction du groupe considère que l'article, qui devait être publié dans le quotidien gratuit Matin Plus, était "extrêmement désagréable pour la France". Le journaliste Alexandre Lévy y voit "l'histoire toute simple d'une petite censure, franche et décomplexée".

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 Vincent Bolloré, propriétaire du gratuit  Matin Plus.  
  (c) Reuters

Vincent Bolloré, propriétaire du gratuit Matin Plus.

(c) Reuters
La direction de Bolloré Média a reconnu, lundi 4 juin, avoir refusé de publier dans le quotidien gratuit Matin Plus un article sur les déboires de musiciens roms avec la police de l'aéroport de Roissy, estimant que cet article était "extrêmement désagréable pour la France".
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"Nous avons passé des accords avec Le Monde et Courrier International qui prévoient que nous ne touchons jamais aux articles qu'ils nous transmettent", a expliqué Jean-Christophe Thiéry, directeur général de Bolloré Média. "En revanche, nous pouvons décider de les passer ou de ne pas les passer. (…) C'est la première fois que nous avons utilisé ce droit".
En raison d'un accord entre Matin Plus et le groupe Le Monde, les rédactions du Monde et de Courrier International (Groupe Le Monde) fournissent chaque jour plusieurs pages du quotidien gratuit. Matin Plus est issu d'un partenariat entre le groupe Bolloré (à 70%) et Le Monde (à 30%).

Charte éditoriale

"Nous avons une charte éditoriale prévoyant que nous faisons un journal neutre. Là, on avait un article qui était extrêmement désagréable pour la France parce qu'il comparait ce que faisaient ses fonctionnaires à ce qui se passait au temps de l'URSS", a expliqué Jean-Christophe Thiéry.
Le refus de publier l'article a été rendu public par Alexandre Lévy, chef du service Europe de l’Est de Courrier international, dans un message publié sur son blog le vendredi 1er juin. Le journaliste y rapporte que l'article a été purement et simplement retiré du quotidien gratuit, le vendredi 25 mai.

"Plutôt ironique que méchant"

"En lieu et place d'un article sur les péripéties d'un groupe de musiciens Roms hongrois en France, le journal gratuit Matin Plus publia une page entière de publicité sur… un festival de musique", écrit Alexandre Lévy. Un article traduit du quotidien hongrois Magyar Harlap, au ton "plutôt ironique que méchant", mais qui met en cause les méthodes de la police à l'aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle: la découverte d'un étui de cigare suspect donne lieu à des interrogatoires laborieux et à une fouille prolongée (lire l'article en cause).

"On ne peut pas parler de la sorte de la police française!"

Mais l'article sur la police française n'est pas du goût de la direction de Matin Plus: "L'équipe de Bolloré (propriétaire du gratuit, NDLR) ne l'a pas entendu de cette oreille", poursuit Alexandre Lévy, qui indique que la direction a fait ce commentaire: "On ne peut pas parler de la sorte de la police française!"
C'est là, estime le journaliste, "l'histoire toute simple d'une petite censure, franche et décomplexée, pour un papier qui, ma foi, n'en méritait pas autant".

Les syndicats protestent

Les syndicats de Courrier International ont pour leur part publié un communiqué pour exprimer leur indignation après "la censure par le gratuit Matin Plus d'un article fourni, en application d'un accord entre les publications, par la rédaction de Courrier International pour parution dans l'édition du vendredi 25 mai du quotidien Matin Plus". L'intersyndicale a demandé à la direction de Courrier International et à celle du groupe Le Monde de "faire respecter la liberté d'expression et l'indépendance éditoriale, correspondant aux principes de la profession, du groupe et du titre."

"Incompétence"

Dans une interview à Libération, le directeur de la rédaction de Courrier International, Philippe Thureau-Dangin, a estimé que "c'est par incompétence" que l'article a été supprimé par Matin Plus. "Avec Pascal Galinier, le rédacteur en chef chargé à Matin Plus des relations avec le Monde, nous avons tout de suite réagi auprès de Bolloré et de la rédaction en chef de Matin Plus : nous leur avons dit que c’était scandaleux et que cet article devait passer." Selon Philippe Thureau-Dangin, l'article devait alors être publié quelques jours plus tard. Cependant le sujet avait été évoqué à la radio, et "nous avons considéré qu’il était un peu éventé, donc nous avons renoncé."

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