Germaine Desmoulins
135
Allô!.Robert,
Franklin arrive...
Alger, 8 Novembre 1942
Guerre 1939 - 1945
Nice - Mars 1995
Analyse du témoignage
135 -
Germaine DESMOULINS -:"Ile Rodriguez" - Azurville - La Fontone 06 - Antibes
ALLÕ ! ROBERT, FRANKLIN ARRIVE..
Alger, 8 novembre 1942
GUERRE 1939 / 1945
Écriture : 1993 - Édition Mars 1995 - 55 pages
PRÉFACE de Michel EL BAZE
Pour comprendre lengagement massif des Juifs Algérie dans la résistance et leur importante participation aux préparatifs du Débarquement Anglo-Américain du 8 Novembre 1942, il faut se souvenir de quelques dates qui doivent rester gravées dans nos mémoires.
Cest, dès Octobre 1940 que Vichy abroge le Décret Crémieux du 24 Octobre 1870 qui accordait la nationalité française aux Juifs dAlgérie. Moi-même donc, jétais recensé comme tel par la Municipalité dAlger ; bien que engagé volontaire, décoré de la Croix de Guerre sur le front de la Somme, je devenais sujet de ce Pays que je défendais.
Mieux ,
lAlgérie pourtant libérée du joug allemand, accentue sa pression raciale par la voix et par les actions de son Gouverneur Général Marcel Peyrouton qui maintient et pratique la ségrégation.
Mieux encore,
le 14 Mars 1943, le Général Giraud, allant au-delà des décisions de Pétain, abroge une deuxième fois le Décret Crémieux. Les Juifs se voient confirmés dans la perte de leur nationalité et de tous leurs droits, sont maintenus sujets sans aucune dérogation.
Arrive de Gaulle le 30 Mai 1943 pour partager le pouvoir avec Giraud et ce nest que le 20 Octobre 1943, soit près dune année après le Débarquement, quil parvient à vaincre sinon à convaincre les "colons" racistes et leur impose labandon de ce honteux Statut des Juifs et la remise en vigueur du Décret Crémieux avec, paradoxalement, lappui de la Communauté musulmane et notamment de son chef spirituel - ami de mon père - le Cheikh El Okbi, à qui je rends ici un respectueux hommage.
Les Juifs peuvent alors quitter les Bataillons de Travailleurs créés pour eux, quitter les Camps et les Chantiers où on les parque et continuer le combat à part entière pour la libération du Pays,
de leur Pays,
la France.
To understand the massive commitment of Jews of Algeria in the resistance and their important participation to preparations of the Anglo-American Landing of 8 November 1942, it is necessary to remember some date that have to remain engraved in our memories.
That is, from October 1940 that Vichy abrogates the Decree Crémieux of 24 October 1870 that granted the French nationality to Jews of Algeria. Myself therefore, I was counted as such by the Municipality of Algiers although committed volunteer, decorated the Cross of War on the front of the Somme, I became liable this Country that I defended.
Better,
the Algeria nevertheless liberated of the German yoke, emphasizes its racial pressure by the voice and by actions of its General Governor Marcel Peyrouton that maintains and practices the segregation.
Better again,
14 Mars 1943, the General Giraud, going beyond decisions of Pétain, abrogates a second time the Decree Crémieux. Jews see confirmed in the loss of their nationality and all their rights, are maintained liable without no derogation.
Arrives de Gaulle 30 May 1943 to share the power with Giraud and this is that 20 October 1943, is near of a year after the Landing, that he gets conquer otherwise to convince colonists racist and imposes them the desertion tof his shameful Status of Jews and the discount in vigor of the Decree Crémieux with, paradoxically, the support of the Moslem Community and notably of its spiritual chief - friend of my father - the Cheikh El Okbi, to that I render here a respectful homage.
Jews can then leave Battalions of Laborers created to them, leave Camps and Yards where one pens them and continue the combat fully fledged for the liberation of the Country,
their Country,
France.
Um das massive Engagement der algerischen Juden in der Widerstandsbewegung zu begreifen, und ihre wichtige Teilnahme an den Vorbereitungen der Englisch-Amerikanischen Landung vom 8. November 1942, muss man sich einiger Daten erinnern, die in unser Gedächtnis eingepragt bleiben müssen.
Das ist der Fall seit Oktober 1940 dass Vichy das Dekret Crémieux vom 24. Oktober 1870 ausser Kraft setzt, das den Juden aus Algerien die französische Nationalität bewilligte. Ich selbst also war erfasst als solcher von der Gemeindeverwaltung von Alger obwohl Kriegsfreiwilliger, mit dem Croix de Guerre an der Front der Somme ausgezeichnet, wurde ich Bürger ohne Rechte des Landes, das ich verteidigte.
Besser, Algerien, obwohl vom deutschen Joch, unterstreicht seinen rassistischen Druck durch die Stimme und die Handlungen seines Gouverneurs Général Marcel Peyrouton, der die Rassentrennung aufrecht erhält und praktiziert.
Besser noch, schafft am 14. Marz 1943, indem er über die Entscheidungen Pétains hinausgeht, Général Giraud ein zweites Mal das Décret Crémieux ab. Die Juden sehen sich bestätigt im Verlust ihrer Nationalität und aller ihrer Rechte, werden Bürger ohne Rechte ohne jede Ausnahme.
Kommt de Gaulle am 30. Mai 1943 um die Macht mit Giraud zu teilen, und es ist erst am 20. Oktober 1943, beinahe ein Jahr nach der Landung, dass es ihm gelingt, die rassistischen "Kolonisten" zu besiegen, wenn nicht zu überzeugen und ihnen die Aufgabe dieses schandlichen Status der Juden aufzwingt und das Wiederinkraftsetzen des Décret Crémieux mit, paradoxerweise, der Unterstützung der muselmanischen Gemeinde und besonders ihres geistigen Oberhaupts - Freund meines Vaters - Cheikh El Okbi, dem ich hier meine Achtung ausdrücke.
Die Juden können dann die Bataillons der Arbeiter, für sie eingerichtet, verlassen die Lager und Arbeitsplatze verlassen, wo sie zusammengepfercht waren und den Kampf vollständig wiederaufnehmen für die Befreiung des Landes,
ihres Landes,
Frankreich.
POSTFACE DE MICHEL EL BAZE
8 Novembre 1942
Germaine Desmoulins passe la nuit blanche la plus exaltante de son existence pendant que son époux et son frère assument leur mission de retenir prisonniers tous les occupants du siège du Gouverneur Général de lAlgérie, le Palais dÉté.
Roger Desmoulins et Sauveur El Baze furent plus tard peu prolixes avec moi alors que je les pressais de me raconter leur aventure.
Deux points cependant leur restaient gravés : le nombre important de défection de Résistants désignés pour cette mission et le siège quils subirent dès le lendemain, de la Gendarmerie Française à laquelle dailleurs ils durent par la suite tenter déchapper, lun en se terrant, lautre en rejoignant la France Libre en Tripolitaine avec les difficultés quon imagine.
Triste épopée que celle-là où lon vit les autorités en place, sappuyant sur les sentiments pétainistes de la grande majorité de la population, refuser pendant un trop long temps la libération du joug nazi que leurs offraient Américains et Anglais, débarquant de leurs terres lointaines pour libérer le Pays.
8 November 1942
Germaine Desmoulins passes the white night the most exalting of her existence while her spouse and her brother assume their mission to retain captive all occupants of the seat of the General Governor of the Algeria, the Palace of Summer.
Roger Desmoulins and Sauveur El Baze were later bit prolixes with me while I pressed them to tell me their adventure.
Two points however their rest engraved : the important number of defection of Resistants designated for this mission and the seat that they underwent from the morrow, the French Police to which of elsewhere they had by the continuation to tempt to escape, the one in burrey, the other in rejoining Free France in Tripolitaine with difficulties that one imagines.
Sad epic that the latter where the one lives authorities on site, supporting on sentiments pétainistes of the great majority of the population, to refuse during a too long time the liberation of the Nazi yoke that offered their American and English, disembarking their distant earth to liberate the Country.
Index
Aboulker 14
Achiary commissaire 12; 14; 15
Alger 9; 10
Algérie 1
Attali Simon 10
Ausschwitz 10
Autriche 10
Ayoun, avocat 12; 13; 14
Blum René 9; 11; 12; 13; 14
Cheikh El Okbi 1
Colomb Béchard 15
Dachau 10
de Gaulle Charles 1; 10; 12
Décret Crémieux 1
Delgove inspecteur de Police 11; 12; 14; 15
Desmoulins Roger 11; 14; 17; 18
El Baze Michel 1
El Baze Mouchi 41
El Baze Sauveur 12; 14; 17; 18
Giraud Général 1
Gitta Amiraz-Silbert 14
Hanrion Général 12
LHostis Jean Ingénieur des Arts et
Métiers 9; 14
Palais dÉté 13
Pétain Maréchal 15
Peyrouton Marcel Gouverneur Général 1
Roubine Guedj 45
Salphati Danielle 12
Strasbourg 11
Vichy 9; 10
Table
Notes et documents 16
Citations 17
Groupe Géo Gras 20
Psaume à conserver 41
Tes pensées d'outre tombe 42
La mémoire
En visite chez mon frère Michel, jécoute une conversation entre ma belle-soeur, mon frère et deux de leurs amis dont le sujet était la participation dun Ingénieur des Arts et Métiers, Jean LHostis, aux événements qui ont précédés et accompagnés le Débarquement Anglo-Américain du 8 Novembre 1942 à Alger et, à mon grand étonnement, je découvre que mon frère recueille et met en page depuis des années, les récits des témoins de toutes les guerres.
Alors, je dis :
- Je connais bien M. Jean LHostis. Je le rencontrais souvent à Alger lors des réunions de lAssociation des Ingénieurs des Arts et Métiers. Mon mari était lui aussi, diplômé de cette école.
Je dis encore :
- Jai moi-même vécu en ces années là des moments intenses et difficiles.
Mon frère mincita aussitôt à prendre la plume, ce que je fais aujourdhui.
Certes, mon mari, décédé, ou M. et Mme Blum auraient pu le faire mieux que moi-même.
Veuve depuis 17 ans je suis tout de même heureuse de pouvoir raconter notre participation au Débarquement du 8 Novembre 1942, avec une certaine frayeur rétrospective en réalisant que la moindre imprudence de ma part aurait pu faire tourner tragiquement en bain de sang ce témoignage.
Comme on le sait, ce grand débarquement Américain dune armada de bateaux de guerre appuyés davions de combat, avait besoin de compter sur laide efficace dhommes courageux et sûrs, prêts à donner leurs vies et même celle des membres de leurs familles.
Tout tenter,
tout risquer plutôt que de tomber,
dêtre pris dans les tentacules de la pieuvre nazie et de ses alliés de Vichy.
En ces années terribles de bruits de guerre... et de guerres.
Et les Juifs ... toujours les Juifs que le monde accuse pour les fautes des autres.
Ces Juifs sur lesquels on veut faire peser toutes les fautes du monde entier...
C'est dans ce climat de tension intense que mon frère Michel, décide de quitter ses études brillantes pour s'engager dans l'armée à l'âge de 18 ans, laissant mes parents dans les larmes et dans une suite de grandes inquiétudes mais tout de même fiers d'avoir un fils courageux pour défendre son pays.
Car les nouvelles venant à Alger jusqu'à nous étaient accablantes. Non seulement pour tous les Juifs mais aussi pour la France et sa devise : Liberté... Égalité... Fraternité!..
Sur tout les fronts l'armée allemande avance et les Juifs sont chassés de partout.
Je pense qu'à cette époque si j'avais eu un grand fils... je l'aurais encouragé à défendre sa Patrie quoiqu'il advienne... mais j'avais ... mais j'avais 20 ans!...
A Alger les Allemands se mettent en place en vainqueurs.
Et moi, je n'ai comme force que de tricoter, chaussettes et écharpes et d'écrire chaque semaine un mot à mon frère Michel, en espérant que parmi tant de messages, un ou deux lui parviendront.
Car mon frère est prisonnier à Stalag 17B en Autriche.
Ma mère expédie chaque fois qu'elle en a le droit, des colis pour lui, et pour qu'il distribue autour de lui... on nous dit que les prisonniers sont transis de froid et souffrent de la faim.
Que faire mon Dieu ?
Ma mère pleure et prie; décide, étant croyante, de jeûner, chaque semaine les Lundi et Jeudi, pour demander à lÉternel, son Dieu, de protéger son fils, de mettre sur son chemin de l'aide. Ma mère a jeûné ainsi jusqu'au jour où elle a vu de ses yeux son fils enfin sain et sauf en 1945.
La mère de ma mère, jeûne aussi avec ma mère, partageant ses prières, car non seulement ses petits enfants sont à la guerre mais aussi les gendres et son fils unique Simon sont aussi mobilisés...
De toutes parts les nouvelles sont inquiétantes, un peu plus chaque jour.
Un jour nous recevons, une carte venant du camp de prisonniers du Stalag 17B, avec un colis contenant quelques affaires appartenant à mon frère Michel qui dit de ne plus envoyer de lettres ni de colis... sans d'autres explications... Mais ma mère continue à jeûner, croyant à la puissance de Dieu, lÉternel des Armées.
On demande à tous Juifs du monde entier d'avoir un jour de jeûne, tous ensemble, afin de crier ensemble à Dieu de faire cesser ces calamités, d'arrêter sa colère sur son peuple en détresse...
Chez nous, toute la famille jeune, du plus petit au plus grand en espérant que le Dieu dIsraël écoute son peuple et le pardonne enfin...
Dachau ... Ausschwitz ... tous ces convois dirigés vers la mort!...
Caïn, qu'as tu fait de ton frère...?
Son sang crie sur toi!...
Que faire mon Dieu, à l'annonce de l'Armée Française en déroute...?
Et de tous ces gens qui se disent Français ... qui donne la France et ses partisans à l'Allemagne !!!
Un seul espoir...Dieu et de Gaulle.
De Gaulle, qui résiste aux Allemands.
Et la Résistance commence à se mettre en place, mais aucun n'a plus confiance à l'autre.
Mme Costecalde, une voisine amie dont le mari est sous-officier de carrière, me dit un jour, un sourire merveilleux aux lèvres :
- Si on vous amène tous dans un camp de concentration, nous pourrons garder vos biens, vous pouvez avoir confiance en nous...
Et dans ce climat vient une nouvelle; en tant que Juive, ma soeur, sage-femme, n'a plus le droit de professer; son mari, fonctionnaire au Gouvernement Général, est renvoyé sans aucune indemnité.
Mes jeunes frères et mes soeurs sont renvoyés des écoles...
Mon père n'a plus le droit de vendre ses tissus; commerçant en gros et demi gros il n'est plus patron chez lui... en plus, un administrateur de biens lui est imposé... il n'a plus le droit de percevoir ses loyers en tant que propriétaire; il doit rendre des comptes aux vainqueurs et à ses acolytes en service commandé par Vichy.
Personne n'a confiance à l'autre... comment reconnaître les patriotes des pétainistes ?
Un matin, un agent de police vient annoncer à ma mère que mon père est emprisonné... Pourquoi ? ... Il n'en sait rien !
M. Delgove, ami personnel de mon père est Inspecteur en Chef de Police à la Préfecture d'Alger, par lui passe toute affaire sérieuse; souvent, il venait avec sa femme, chez nous. Aussi ma mère, dès le matin, va à la Préfecture d'Alger, rencontrer M. Delgove...
Elle attend M. Delgove toute la journée.
Plusieurs policiers empêchent l'accès de lentrée. N'ayant pas de laissez-passer, elle reste devant la porte, espérant le voir sortir. Elle reste là jusqu'au soir, en vain...
M. Delgove était certainement mis au courant par ses agents que ma mère l'attendait à la sortie.
Le soir, mère rentre à la maison harassée, en pleurs...
Sachant que toute affaire de police passe entre les mains de M. Delgove, ma mère décide de se rendre au petit jour surprendre M. Delgove chez lui.
Surpris, M. Delgove dit ignorer l'arrestation de mon père, lui promet de faire le nécessaire.
Mon père aura passé trois jour en prison avant dêtre libéré.
M. Delgove est invité avec sa femme à venir déjeuner le dimanche suivant chez nous.
Mon père était en prison, lorsque je fis la connaissance de mon futur mari à qui je dis avec fierté :
- Je suis juive, et mon père est en prison !
Il me répond :
- Mon meilleur ami est Juif, et c'est un grand honneur de notre temps d'être emprisonné pour la bonne cause.
Cette réponse désarme ma révolte et apaise mon angoisse dans ces moments entourés de risques et de haine !
Mon futur mari, Roger Desmoulins, travaillait chez Peugeot à Montbéliard en tant qu'ingénieur. Il avait fuit la France occupée et le travail forcé pour sengager au "Méditerranée Niger", réseau de résistance.
Son ami, René Blum, ingénieur, directeur d'usines de distillerie de liqueurs, aussi patron de cinéma à Strasbourg, avait fuit les Allemands avec sa femme, étant en grand danger en tant que Juifs; il était lui aussi chef de résistants. Évidemment je ne savais rien.
Donc, pour fêter la libération de mon père, mon futur mari était invité chez nous, il a plu tout de suite à mes parents, par sa franchise.
Jusqu'à lors, mes parents n'acceptaient pas de mésalliances pour leurs enfants étant donné lattitude de soi-disant chrétiens qui à toutes occasions lèvent la Croix pour frapper les Juifs et crier à leurs faces : "Sales Juifs !". Mais si ces chrétiens connaissaient les Évangiles, ils auraient lu dans bien des passages que leurs "Salut vient des Juifs !" (Jean 4/22)
Dans lÉvangile de Luc il est écrit que : "Marie se réjouit pour Israël son peuple".
Et ces chrétiens là, faute de connaissance, ne peuvent comprendre qu'ils continuent à lui transpercer son âme (Luc 2/35), puisqu'ils sont encore contre Israël, le Peuple Élu de lÉternel ! ...
A cette époque là, je ne savais rien de la Bible et mes "Pourquoi" vers Dieu montaient vers les cieux !
Donc ce dimanche, chez mes parents, étaient M. Delgove, sa femme, ma grand-mère Attali, M. et Mme René Blum.
Mes parents acceptèrent Roger Desmoulins pour gendre avec les encouragements de ma grand mère Attali. A partir de ce dimanche Roger était reçu tous les soirs en tant que fiancé.
Dans les trois mois qui séparaient notre union, plusieurs personnes de notre quartier, des amis soi-disant, cherchaient à dissuader Roger de s'unir à une Juive. On lui dit que je faisais le trottoir pour m'habiller alors que mon père était marchand de tissus.
Une autre personne, en tant que chef de parti pétainiste, "Croix de Feu", le menace de le faire "virer" de son travail s'il continue à me fréquenter en futur mari. Fort heureusement, ce monsieur ne savait pas que mon fiancé travaillait dans lombre en vue du Débarquement américain.
A la Mairie, pour la publication des bans, l'employée de la Mairie lui dit :
- Il ne manque pas à Alger de jolies filles, pour s'allier à une Juive!
Et Roger de lui répondre :
- Mêlez-vous de vos affaires !
Ainsi le climat s'alourdissait autour de nous.
A qui faire confiance ?
C'est dans cette tension là que je me mariais le 14 Février 1942.
Mon témoin était M. Delgove, Inspecteur en Chef à la Préfecture de Police d'Alger. René Blum était le témoin de Roger.
Au repas frugal participaient ma grand-mère, mon père, ma mère, René Blum et sa femme, Delgove et sa femme.
Ah, si M. Delgove se doutait que René Blum était chef d'un réseau de résistance et que Roger Desmoulins était un partisan résolu pour défendre la liberté de la France, les événement du débarquement du 8 Novembre 1942, se seraient déroulés tout autrement.
Un jour, mon mari me dit qu'il me fallait être absolument discrète, que M. Delgove, que nous rencontrons souvent chez mes parents, ne se doute pas que dans l'ombre, un plan merveilleux se construisait, le débarquement américains avec sa flotte, qu'il suffirait de ma part dun mot maladroit pour faire démanteler toute une grande partie de la Résistance en Algérie, ce qui nous conduirait tous au peloton d'exécution.
M. Delgove dit à mes parents que c'était M. Achiary, commissaire, qui avait incarcéré mon père...
Qui croire! Heureusement nous ne faisions confiance à personne, même pas à nos proches parents; tous ces événements passés nous ont appris à nous taire. Roger me dit de ne pas en parler surtout à mon père, très ami de M. Delgove.
Un mot imprudent de sa part, pouvait faire effondrer l'échafaudage construit durant ces longs mois. comme une toile d'araignée autour des fascistes.
Connaissant, les souffrances de ma mère et de ma grand mère et leur sérieux, je les mis au courant; nous tenions à leurs prières. Elles encouragèrent mon frère Sauveur El Baze, de s'engager auprès de mon mari, comme volontaire.
Maître Ayoun, avocat, était chef de réseau ainsi que René Blum.
J'étais enceinte de six mois, mon mari me dit d'écouter dans le secret la B.B.C.; c'était défendu d'écouter les messages venant de Londres. Sous une couverture, évitant le moindre bruit, nous attendons le message venant de Charles de Gaulle, le soir, sans lumière pour éviter toute oreille indiscrète, tandis que mon mari allait aux réunions pour mettre en place le débarquement avec les partisans.
Message de ralliement pour tous les résistants de l'Afrique du Nord, message qui annonçait, que l'Armada américaine était là en place.
Ce message, mot de ralliement, était : "Allô, Robert, Franklin arrive" (c'est pourquoi en souvenir de cette nuit mémorable du 8 Novembre. Je donnais à mon fils, né le 1er Mars 1943, le prénom de Robert, Charles, Auguste. Auguste comme le défenseur de la France...
Ma nièce Danielle qui navait que 5 ans, aujourdhui épouse du Général Hanrion, se souvient très bien des conditions de cette naissance dans la maison de notre grand mère au 84 Avenue Malakoff : Pendant que les sirènes hurlaient et que la D.C.A. tonnait, elle revoit sa mère maccoucher à la lueur des bougies, puis le bébé enveloppé dans une couverture, descendu avec tout le monde, à labris, dans la cave.
Dès le message reçu, tous les Résistants devaient rejoindre leurs postes décidés à l'avance pour recevoir armes, instructions et responsabilités.
Ainsi Me. Ayoun, René Blum, tous deux officiers, mon frère Sauveur, mon mari, plus une dizaine de partisans, étaient désignés, pour occuper le "Palais dÉté", avec, me dira plus tard mon mari, des fusils rouillés.
Et pour ordre : ne pas verser une goutte de sang.
Le plan était comme le décrit M. LHostis dans ses souvenirs, de désarmer avec beaucoup de tact chaque officier supérieur qui viendrait au Palais dÉté, prendre des ordres dès le premier coup de canon. Tous les partisans en uniforme ont neutralisé la Garde importante du Palais dÉté, sans qu'aucune goutte de sang ne soit versée.
Les lignes téléphoniques furent coupées pour obliger les officiers responsables de se présenter pour prendre les ordres sur place.
Raconter cette nuit-là peut paraître facile mais il fallait beaucoup de courage aux résistants, cela se comprend.
Mon mari, me dit qu'il leur a été facile de relever la Garde du Palais. Toute la Garde a été enfermée à double tour dans des locaux préparés d'avance. Devant chaque bureau était placé un résistant en arme. Ainsi, au premier coup de canon ,tous les officiers attachés au Palais dÉté, se présentèrent à leur poste pour recevoir des ordres. Avec beaucoup de déférence, un officier supérieur les recevait, leur demandant de patienter, les faisait diriger dans un bureau où avec des égards, ils étaient désarmés et enfermés à double tour, séparément...et ainsi de suite, sans verser une goutte de sang, car les hommes de Pétain ne se méfiaient pas, étant sûr de leur cause.
Ainsi, avec des fusils rouillés, une poignée d'hommes a maîtrisé des officiers supérieurs. Je ne connais pas les noms de tous ces officiers arrêtés, ni mon mari, ni René Blum ne me l'ont dit, mais M. Ayoun ou ses proches pourraient finir ce récit.
Mme Blum vint ce soir du 7 Novembre 1942, chez moi. René et Roger nous avaient recommandé d'être prudentes, au sujet de leurs absences, de ne parler à personne. Si l'on entendait entre minuit et une heure du matin, le bruit du canon, c'est que le débarquement était en train de réussir. Mais si aucun bruit ne se faisait entendre, c'est que tout était raté, que tous les résistants avec leur familles étaient bons pour le peloton d'exécution.
Comment raconter cette nuit là.
Il n'y avait rien à faire, attendre et prier, que Dieu enfin vienne à notre aide contre cette barbarie nazie et ses acolytes. Le temps est long à passer; comme soeur Anne, on ne voyait rien venir.
Au 7ème étage, rien à l'horizon, il fait nuit noire, la mer et le ciel se confondent et nos coeurs battent, et l'angoisse commence à nous étreindre.
Une jeune fille espagnole de 18 ans, Louise, dormait chez moi, pour m'aider au ménage. Vers une heure du matin enfin, le premier coup de canon se fait entendre. Et cette scène, comme au cinéma dans un film tragi-comique : Deux femmes s'embrassent, sautent, rient, à chaque coup de canon. Une fille affolée, endormie criant : "Madame, Madame", éberluée, mal réveillée, voit deux femmes heureuses, s'embrassant, sautant de joie.
Toutes les trois nous descendons à l'entrée de l'immeuble où les locataires sont déjà là, endormis, apeurés. Nous essayons de cacher notre joie. On nous demande où se trouvent nos maris, nous répondons évasivement.
Au matin les canons ne cessent pas, la D.C.A. aussi.
Serrée contre Madame Blum, ne sachant pas l'issue de cet affrontement sanglant, enceinte de six mois mais résolue à tout plutôt que de tomber entre les mains des nazis.
Et les heures passent.
Vers midi, un homme, un brassard de la défense passive au bras, entre dans le hall, au milieu de tous les gens de l'immeuble, demande à parler à Mme Desmoulins.
Je me présente toute tremblante. Il veut me parler confidentiellement; avec Madame Blum, nous montons au 7ème, chez moi.
La D.C.A. fait rage.
Ce messager nous dit que nos maris sont saufs, que le débarquement est en bonne voie, mais quils sont retenus pour les besoins du Service, nous avons revu nos maris deux jours après.
La suite..., Sauveur El Baze ou Me. Ayoun pourraient compléter ce récit.
Ni Roger Desmoulins, ni René Blum, ni Sauveur El Baze, n'ont voulu adhérer à l'Association du 8 Novembre. La raison : plusieurs parmi les membres actifs s'étaient désistés au dernier moment.
Roger, considérait avoir fait son devoir de Français sans plus...
Comme des milliers d'autres.
*
**
Dans cette nuit du 8 Novembre, M. Delgove a été arrêté dans des conditions relatées différemment par Mme Gitta Amiraz-Silbert et par M. Jean LHostis.
Mme Gitta Amiraz-Silbert
:cf "La Résistance juive en Algérie", Page 119, Edition Rubin-Mass Ltd-Jérusalem.
Un ami vient prévenir que la Police est alertée et qu'une perquisition va avoir lieu dans l'appartement des Aboulker d'un moment à l'autre. Tout le monde passe dans un autre appartement. José remet aux insurgés les brassards qui aideront à leur ouvrir les portes.
Et, en effet, deux heures plus tard, le chef de la Police, Delgove, alerté par le mouvement anormal de la maison depuis la veille, vient voir ce qui se passe; Achiary le rencontre dans l'escalier. Chacun dit à l'autre: "Je vous arrête" ! Finalement, Achiary arrête Delgove.
M. Jean LHostis :
cf N° 108 de cette Collection, page 53.
Comme rien n'échappe à Achiary, alors que nous causons, il remarque que je fronce les sourcils. Tout ce tohu bohu, lui dis-je, m'inquiète. J'ai la conviction que désormais il faut faire vite. Sourire aux lèvres, il m'apprend alors qu'effectivement à la préfecture on a eu vent des allées et venues continuelles à l'entrée du 26 de la rue Michelet. Le Service des Renseignements alerté s'est empressé d'y envoyer Delgove l'un de ses inspecteurs.
Visiblement satisfait de lui-même, Achiary me raconte ensuite comment celui-ci a été pris au piège. Je laisse parler mon ami:
- Sans se méfier, Delgove sonne à la porte.
Chargé d'assurer la sécurité de tout ce monde, je me mets aussitôt derrière la porte d'entrée équipée d'un judas. Ainsi je puis reconnaître les visiteurs au fur et à mesure qu'ils se présentent. C'est moi qui ai ouvert la porte à Delgove. A peine en a-t-il franchi le seuil que je lui saute dessus et le ceinture:
- Alors! mon vieux, que viens-tu foutre ici ?
Ils se tutoient, ce sont de vieilles connaissances.
Transi de peur, sachant que je suis capable de tout il bégaie et lamentablement me supplie de ne point le cogner. Il me dégoûte et je lui rétorque sèchement qu'il est mon prisonnier et qu'il ne sortira pas d'ici de si tôt. Sans ménagement je le soulève et l'emporte dans les chiottes où je l'ai bouclé. Il s'y tiendra sagement, appréhendant le pire, assis sur le couvercle des tinettes, jusqu'au moment où après l'occupation du Commissariat Central, il y sera conduit menottes aux mains et emprisonné comme de bien entendu.
Delgove fut dégradé et démunis de tous ses biens.
Il fut ensuite dirigé vers un camps de concentration, à Colomb Béchard, je crois me souvenir, laissant sa femme sans ressources et dans une grande angoisse.
Pendant les 2 années et demi de linternement de son ami, mon père a soutenu chaque mois son épouse, qui, désespérée à Alger, navait aucune ressource et envoya de nombreux colis à M. Delgove (Couvertures, linge, conserves...)
Mon père ne pouvait oublier que M. Delgove lavait libéré après 3 jours de prison lorsquil avait les pleins pouvoirs à la Préfecture dAlger; pouvoir darrêter, de libérer et même de faire torturer tous les adversaires du Maréchal Pétain.
M. Delgove fut libéré après le guerre et devint représentant des machines à coudre Elna.
Dans nos rencontres chez nos parents, il dit être persuadé davoir fait son devoir de "vrai Français" en servant le Maréchal Pétain, quil nétait pas contre les Juifs, la preuve : mon père comptait parmi ses meilleurs amis.
Très sincère, il nous dit aussi que, sil avait eu vent de nos relations avec la Résistance, il aurait fait son devoir de Français en nous conduisant tous au poteau dexécution, malgré sa grande amitié pour nous !..
En conclusion, je voudrais faire mienne la prière de mon père pendant les moments les plus pénibles de cette période :
"Éternel notre Dieu,
fasse que nos ennemis
deviennent nos amis"
Notes
Citations
Vers 1950, mon frère Michel, après avoir lu le livre de Michel Ansky, "Les Juifs d'Algérie", apprend à Roger et Sauveur, quils ont fait lobjet dune citation pour leur participation au Débarquement.
Je vous laisse imaginer leur incrédulité dabord, leur surprise ensuite...
Noms des compagnons cités par décision no. 28l
du Ministre des Armées Edmond Michelet le 22 Juillet 1946
Transmis par Ie Général de Division Jousse du cabinet du ministre
des Armées le 2 Août 1946
CORPS D'ARMÉE
ABECASSIS Raymond
ARFI Emest
ASSERA-AUBRY
ASSUS André
BARRUCAND Pierre
BELLON Baptiste
BERAUD Philippe
BRISSON Pierre
BRUNEL Jacques
CARRION René
CASSIS Marcel
DARMON Adolphe
DIELON Nicolas
EL GUERABLI
FABIANI Joseph
FITOUSSI Alfred
GAMZON Robert
GOZLAN Jean
GOZLAN Julien
MILLET Henri
MORALl-DANINOS
MOULIS Henri
PAPERO Henri
PITSCH Georges
RAGER Jean-Pierre
RAYMOND Albert
REBBOUH Roland
RECASSA Robert
ROOL Gérard
SEBAOUN Paul
SIROT Gérard
TIMSIT Gilbert
TOSTAIN Paul
TRUCHET André
VOELIN Georges
A L'ORDRE DE LA DIVISION
ADLER Raymond
AICH Fernand
ALEXANDRE Armand
BACRI Roger
BITOUN Georges
CHEMLA Prosper
COHEN ADAD Raoul
HAGAY Maxime
L'HOSTIS Suzanne
MEDIONI Georges
MESGUICH Henri
Mme D'ASTIER DE LA VIGERIE
MOULIS Renée
OUDINAT Ferhat
PENEL Berthe
QUIBECH Joseph
ROSEM Jean
SEROR Roland
SERRA Marie-Rose
SITT Marcel
SONIGO Georges
SONIGO Isidore
THILL Jean
WITTELSON Claude
A L'ORDRE DE LA BRIGADE
AYACHE Albert
BARDISSIER Roger
BELHACEN Marius
BENHAIM René
BENHAMOU Benjamin
BENSIMON Lucien
BOILLAT Joseph
BOUMENDIL Charles
CHEMOULY Charles
DESMOULINS Roger
DURAND Norbert
EPSTEIN Louis
HOBORBOU Marcel
JAVELLOT Charles
KAMOUN André
MAGOT Marcel
MARCHETTO Paul
MATTEI Baptiste
MORALI Roger
PEROPADRE Jean-M.
PETAUTON Pierre
PLAS René
RAYMOND Robert
SCHEFFER René
SELLAM Gabriel
TAOUS Jacques
TEMIME Elie
THEBOUD Henri
THOMAS Jean
TOUITOU Gaston
A L'ORDRE DU RÉGIMENT
ACHOUCH Simon
ADDA Charles
AFZER Lazare
ALBOU Marcel
ALBOU Roger
AMRAM Vitalis
ATLAN Maurice
AYACHE Alfred
AYACHE Sylvain
AZOULAY David
AZOULAY Paul
B0RECH Jean
BARCHEZYNA Zelik
BEDJAI Gilbert
BELADINA Paul
BELAICH Paul
BELLALOUM Gilbert
BELTZ Marcus
BENAROUS René
BENDAVID Sam
BENHAMOU Edmond
BENHAMOU Gcorges
BENICHOU Armand
BERIBI Fernand
BOUANA Elio
BOUCHARA André
BOUCHARA Fernand
BOUCHARA Joseph
CHEMOULI Charles
CHOLAL André
CIOSI Jcan
COHEN Eliezer
COHEN Sauveur
DAHAN Philippe
DERRIDA Fernand
DJIAN Emile
DJIAN Paul
EL BAZE Sauveur
FARRAGI Andro
FRIANT René
GHNASSIA Albert
GUEZ Marcel
HAYOUN Félix
KAMOUN Lucien
KARSENTY Joseph
KHOLER Marius
LAIK Edmond
LEVY André
MEDJAR Paul
MESGUICH Jacques
MESGUICH William
MORGIANA Simon
NEBLE Georges
NIEL Roger
OSSOSINO Louis
OUALID Pauley
OUALID William
PAULI Pierre
PAULIN Charles
SAYAG Lucien
SCIARI Albert
SELLAM Alphonse
SELLAM Joseph
SERFATI Fernand
SERFATI Joseph
SIKSIK Léon
SMADJA Robert
SMEDJA Albert
STROCH Joseph
SULTAN Claudo
SUSSAN Georges
TEMIME Roland
THOMAS Maxence
TIBIKA Victor
TIMSIT Martial
TRODJAM Armand
TUBIANA Gil
URBANI Marcel
ZEMMOUR Ernest
GROUPE GÉO GRAS
NOMS DES PARTICIPANTS
PRÉFECTURE
AICH Fernand
ALBOU Marl
ATLAN Emile
ATLANI Henri
AYACHE Albert
AYOUN Félix
AZOULAY Albert
BEDJAI Gilbert
BENAICHE Paul
BENHAYO Jacques
BIRIBI Femand
BOUCHARA Charles
FITOUSSI Alfred
GUEZ Eugène
GUEZ Fernand
JAIS Femand
LÉVY André
MESGUICH William
NENHOMO Benjamin
OUALID Sadia
PAPERO Henri
SEBAOUN Paul
SESSAS Georges
SMADJA Arsène
SULTAN Claude
TABET Michel
ZERMATI Jacques
GRANDE POSTE
BOUMENDIL Charles
CHEMLA Prosper
CHEMOULLI CharlesDREYFUS Jean
ELBAZ Raphaël
GOZLAN Jean
GOZLAN Julien
KAMOUN André
KAMOUN Lucien
SlMEDJA Albert
TIBIKA Victor
TIMSIT Martial
XIXe CORPS
ABRAMI Henri
ACHOUCHE Simon
ADDA Charles
ALBOU Roger
AMRAN Vitalis
ANKAOUA Robert
ASFES Lazare
AYACHE Alfred
AYACHE Sylvain
AYOUN Jacques
BAKRY André
BELADINA Paul
BELALOUM Gilbert
BELHACEM Maurice
BENAIM René
BENAROUS René
BENDAVID Sam
BENHAMOU Edmond
BITOUN Georges
BOSHEN Jean
BOUANA Elie
BOUCHARA André
BOUCHARA Joseph
CASSIS Marcel
COHEN ADAD Raoul
COHEN Eliezer
COHEN Sauveur
DAHAN Philippe
DARIDAN Lieutenant
DARMON Adolphe
DRIGUEZ René
FAIVRE Mario
FREDJ Fernand
GAMZON Robert
HINIJAIS Roger
LIBINE Germain
LOUFRANI Georges
MESGUICH J.-C.
MESGUICH Jacques
MESQUICH Henri
MORALI Roger
NEBOT René
OUALID Paul
PILLAFORT Alf. Cap
QUIBECH Joseph
SIKSIN Léon
SMEDJA Robert
SONEGON Marcel
TAOUSS Jacques
TAOUSS Maurice
TEDRI Léon
TEDRI Maurice
TEMIME André
TEMIME Elie
TEMIME Roland
TORDJEMAN Armand
ZERAFFA Jean-Claude
ZITOUN Jacques
COMMISSARIAT DU Xe
ABOULKER Raphaël
ABOULKER Stéphane
BOKABORSKI Olivier
De ROQUEFORT
De SAINT-BLANCAT P.
ROBERTY Jean-Louis
RÉSERVE VOLANTE
ADLER Raymond
DJIAN Paul
EPSTEIN Louis
PITSCH Georges
SELLAM Joseph
SILLAM Gabriel
SONIGO Georges
El Baze Mouchi
Psaume à conserver
Quand Dieu bénira l'Humanité, la T'Hora proclame "Chaloum" Chaloum al beni Esraël ou ani abarakhim . La Paix, la paix entre les enfants dIsraël et Dieu bénira l'Humanité.
Quels sont les enfants dIsraël, Sagira-t-il des Juifs seulement ? bien certainement non, mais bien tous ceux qui ont en eux limage de Dieu, qui savent qu'ils sont faits à son image, qui ont la foi en son Saint Nom et désirent se grouper sous le vocable d'Israël, qu'ils soient ou non descendants de Jacob, l'union des croyants monothéistes est faite pour les unir et pour réaliser la sainte prophétie.
A ce moment là seulement
Dieu bénira l'humanité
Tes pensées d'outre tombe
Puisque infailliblement, tu dois mourir,
Toute gloire est éphémère ici-bas,
Pourquoi, Homme, agis-tu méchamment
Alors que tu es né pour servir le bien ?
Ton âme pure et innocente
Étincelle du Divin Créateur
A été placée dans ton corps, et
Après avoir oeuvré, elle s'en retournera.
Malheur à qui ne la respecte pas.
Il se devait de prendre garde
Que tout ici-bas est enregistré,
Dans un écran qui dévoilera ses secrets.
Etre mortel, n'attends pas ta fin,
Pour prier, implorer laide du Maître Puissant,
Qui sûrement te fera surmonter les embûches,
Le désert de la tombe ne sied plus à l'espérance.
A lheure du Jugement Dernier
Le seul et unique incorruptible
Tiendra ses assises. Pense à te fournir
Pour ton repos des défenseurs sûrs.
En cet instant solennel, ton origine
Dont tu te montrais fier s'avérera mensonge
Tu le ressentiras efficacement
C'est de rien que tu viens et rien tu deviens
Ta fortune, ton or, tes biens
Source de tant de luttes et de larmes
Ne séjournent plus avec toi,
Pourquoi les avoir amassés avec avidité?
Que reste-t-il à exhiber?
Que ces dons octroyés par le Destin?
Beauté, Grâce, Vitalité?
Esseulé, maintenant, qui en verra les ruines?
Ta force surpassait les plus forts
Qui peut se vanter t'avoir vaincu ?
Et une seule épine ta achevé.
Tu gis, inerte, dans le néant.
Ton vaste savoir, créé des merveilles,
Machines, armes infernales,
leur vue faisant crier au miracle,
Quas tu inventé pour éviter le tombeau ?
Tes fils puissants, oeuvre de ta vie,
Tont-ils vraiment respecté
Tu en fis tes maîtres en réalité, car
C'est l'orgueil que tu leur as inculqué.
Dressant son épée flamboyante
Samaël sapprête à t'abattre,
Comment le corrompre, le combattre ?
Et éviter la brûlure de sa flamme ?
Il te notifie tes péchés,
Tes errements nullement effacés
Défilent, innombrables à tes yeux
Appelle tes compagnons, où sont tes amis ?
Pourtant ils étaient là, en haut, attristés,
Se séparer de toi, les émouvait,
Et tous, angoissés et alarmés,
Promettaient ne jamais tabandonner.
Même le plus fidèle s'en est retourné.
Les plaisir de la vie l'appelaient
Il sélancera encore vers des satisfactions
Qui jamais, ne le ressasseront.
Et toi, seul, épouvantablement seul,
Tu attends du secours.
Aucun écho ne répond à la plainte,
Et Samaël qui menace et triomphe,
La nuit des temps t'environne
De son linceul noir et sinistre,
Qu'es-tu devenu pour tous les vivants ?
Un souvenir qui sestompera et disparaîtra.
LÉternel a placé en toi une âme
Afin que tu serves au bien être général
Et que tu deviennes un maillon utile
De la chaîne qui forme le monde.
Si tu fus pauvre et cruel,
Tu subiras le sort de la bête;
Qui ne vit que pour ses instincts,
Vain aura été ton passage sur terre.
Si tu fus bon et pitoyable, Tu résideras auprès du Seigneur,
La récompense d' une vie heureuse,
Dépasse le salaire de nos peines.
La béatitude éternelle sera ton séjour
Au milieu des bienheureux,
Qui agiront pour les autres,
A la réussite d'un monde meilleur.
C'est à toi qu'appartient
Le destin de ta création,
Crois au Tout-Puissant,
Reviens vers Lui et il te sauvera.
Pour terminer j'ai le devoir
De rendre hommage à la mémoire
de mon oncle vénéré, le Grand Rabbin
Roubine Guedj qui m'a inspiré toutes ces pensées.
Alors chacun de nous doit apprendre
A ses enfants l'humanité puisque la mort nous attend
A tous et nous n'emportons rien avec nous
Dans l'autre monde, que nos faits.