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ARCHIVES 

DE 

ZOOLOGIE EXPÉRIMENTALE 

ET GÉNÉRALE 



ARCHIVES 



DE 



ZOOLOGIE EXPÉRIMENTALE 

EjT GENERALE 



HISTOIRE NATURELLE ~ MORPHOLOGIE - HISTOLOGIE 
ÉVOLUTION DES ANIMAUX 



FONDEES FAK 

HENRI de LAGAZE-DUTHIERS 

PUBLIÉES SOUS LA DIRECTION DE 

G. PRUVOT ET E.-G. RACOVITZA 

CHARGÉ DE COURS A LA SORBONNE DOCTEUR ÉS-SCIENCES 

DIRECTEUR DU LABORATOIRE ARAGO SOUS-DIRECTEUR DU LABORATOIRE ARAGO 



QUATRIÈME SÉRIE 
TOME SIXIÈME 



PARIS 

LIBRAIRIE G. REINWALD 
SGHLEIGHER FRÈRES, ÉDITEURS 

61, RUE DES SAINTS-PÈRES, 61 
Tous droits réservés 

1907 



TABLE DES MATIERES 

du tome sixième de la quatrième série 

(655 pages, IV planches. 109 flgures) 

Notes et Revue 

(4 numéros, en pages, 29 figures) 
Voir la Table spéciale des matières à la page ci 

Vusnicule 1 

(Paru le 3o Janvier 1907) 

P. DE Beauchamp. — Morphologie et variations de l'appareil 
rotateur dans la série des Rotifères (avec 14 fig. d. 1. 
texte) 

Fascicule 2 

(Paru le 25 Février 1907) 

R. Anthony. — Etudes et recherches sur les Edentés tardigrades 
et gravigrades. — I. Les coupures génériques de 
la famille des Bvadipodidœ. — II. Les attitudes et la 
locomotion des Paresseux (avec 13 fig. d. 1. texte et 
PI. letll) ; 

Fascicule 3 

(Paru le 25 Février 1907) 
L. CuÉNOT. — L'origine des nématocystes des Eolidiens (avec 
1 flg. d. 1. texte et Pi. III) 

Fascicule 4 

(Paru le i5 Mars 1907) 
L. Germain. — Essai sur la malacographie de l'Afrique équa- 
toriale 



31 



73 



103 



\ h'^'^7 



TABLE DES MATIERES 

Fascicule b 

(Paru le 2 Mai 1907) 

F. HoussAY. — V^ariations expérimentales. Etudes sur six 
générations de Poules carnivores (avec 47 fig. d. 1. 
texte) 137 



Fascicule 6 

(Paru le lo Mai 1907) 

L. P'aurot. — Nouvelles recherches sur le développement du 
pharynx et des cloisons chez les Hexactinies (avec 
2 tig. d. 1. texte et Pl. IV) 333 



Fascicule 7 

(Paru le i5 Mai 1907) 

E.-G. Racovitza. — Essai sur les problèmes biospéolog"iques. 

Biospéolog-ica 1 371 



Fascicule 8 

(Paru le i5 Mai 1907) 

R. Jeannel et E.-G. Racovitza. — Enumération des grottes 

visitées, 1904-1906 (l'^ série). Biospéologica II 489 

Fascicule 9 

(Paru le 20 Mai 1907) 

E. Simon. — Ai^aneae, Chernetes et Opiliones [i''''- série). 

Biospéologica III (avec 3 tig. d. I. texte) 537 

Index alphabéti^ie des matières 555 



Versailles. Société Anonyme des Imprimeries Gérardin. 



ARCHIVES DE ZOOLOGIE EXPÉRIMENTALE ET GÉNÉRALE 

IV^ Série, Tome VI, p. 1 à 29. 

30 Jancier 1907. 



MORPHOLOGIE ET VARIATIONS 

DE L'APPAREIL ROTATEUR 
DANS LA SÉRIE 

DES 

ROTIFÈRES 

PAR 

1». DE BEAUCHAMP 

Docteur en Médecine. 



SOMMAIRE 

Pag-es 

I. — Introduction l 

II. — Etude de quelques appareils rotateurs. 

i L'appareil rotateur de Notommata (Copeus) cerberus Gosse 4 

2 L'appareil rotateur de Diglena fordpata (Muller) 7 

3 L'appareil rotateur de Furcularia forficula Ehebg 8 

4 L'appareil rotateur de Proaies petromyzon (Ehrbg) 9 

5 L'appareil rotateur de Pedalion mirum HUDSON 9 

6 L'appareil rotateur de Cyrtonia tuba (Bbœibg) 12 

7 L'appareil, rotateur d'Eicchlanis dilatata Ehrbg 1 i 

8 L'appareil rotateur iVHydatina senia (Muller) 1(5 

III. — La conception générale de l'appareil rotateur et ses variations anté- 

rieurement DÉCRITES 18 

IV. — Conclusions ^ 20 

Ouvrages cités 27 



INTEODUCTION 



Dans tous les ouvrages où il est question de Eotifères, traités 
généraux de zoologie ou mémoires spéciaux, on rencontre 
d'abord l'affirmation que leur appareil ciliaire est composé de 

Arch. de zool. exp. et sén. — iv" série. — t. vi. — (i) i 



2 P. DE BEAUCHAMP 

deux couronnes, l'une préorale ou trocJms, l'autre postorale 
ou cingulum (1), lesquelles sont respectivement homologues 
des deux couronnes semblables existant chez beaucoup de 
larves trochophores d'Annélides ou de Mollusques, et sont un 
des meilleurs arguments en faveur du rapprochement de ces 
deux sortes d'organismes. On pourrait donc croire que cette 
structure de l'appareil rotateur est quelque chose de tout à fait 
général, ou du moins de primitif et d'établi comme tel par une 
étude approfondie de ses variations dans l'ensemble du groupe. 
Or si l'on prend la peine de regarder les Rotifères eux-mêmes, 
en sortant de la demi-douzaine de formes qui ont fixé surtout 
l'attention des monographes, l'on s'aperçoit que le type clas- 
sique n'est pas réalisé dans la vingtième partie des espèces ; il 
s'applique avec peu de variations à presque tous les Bdelloïdes, 
parmi les Rhizotes aux Mélicertiens (2) qui ont surtout contribué 
à sa constitution, aux Scirtopodes, à deux ou trois genres de 
Ploïmes et c'est tout. La très grande majorité de ces derniers 
qui forment la grande niasse des Eotifères et le groupe, sinon le 
plus primitif, du moins le moins évolué dans des sens spéciaux, 
y échappent en entier, et nous verrons tout à l'heure que 
certains d'entr'eux qu'on avait cru pouvoir y rattacher n'y 
rentrent nullement. 

Si d'autre part on cherche dans la vaste bibliographie de l'ap- 
pareil rotateur une tentative de synthèse de ces formes variées, 
ou tout au moins de bonnes descriptions des plus caractéristiques 
d'entre elles, on ne les y trouve pas. Chose étrange à dire, jamais 
personne n'a pris la peine de figurer les principaux types de 
l'organe rotateur en dehors des quelques espèces, presque toutes 
Rhizotes ou Bdelloïdes ([ui ont fait l'objet de monographies 

(1) Les dénominations de troclius et de cingulum ont été créées par CuniTT en 1872 ; quant 
aux termes préorale et postorale, ils s'appliquent à un animal orienté horizontalement, la 
tête en avant, et il est singulier qu'on ne les ait pas modifiés dans les ouvrages, comme la 
Zoologie concrHe de MM. Delaoe et HéROVAKD (1897). où l'orientation verticale, la tête 
en haut, est adoptée, comme noua le ferons ici. Les termes de supra-orale et d'infra-orale 
sQ-ivent seuls s'appliciuer en ce cas. 

(2) J'adopte ici la subdivision des Rliizotes en Mélicertiens et Flosculariens proposée par 
HàRToo (1901) et qui est beaucoup plus justifiée que celle des l'ioïmes en Loriqués et lUo 
riqués. 



L'APPAHRfl. ROTATI-rn DKS l{OT[FKRES 3 

étendues. On a généralisé la disposition de ces dernières au lieu 
de tirer une notion synthétique d'une étude comparative com- 
])Iète, on a fait ce qu'aurait fait Gosse si au lieu d'écrire son 
mémorable travail sur les mastax il s'était borné à décrire le 
type malléo-ramé par exemple et à af&rmer que tout s'y rap- 
porte. Il faut néanmoins citer le très intéressant travail de 
WESENBERCT-Limo (1899), le seul auteur qui ait eu l'idée 
d'étudier l'appareil rotateur dans la série des Ploïmes sans 
conception a priori et soupçonné son importance systématique 
ainsi que ses corrélations avec le reste de l'organisme (le mastax 
notamment) et le genre de vie de l'animal. Mais son étude 
anatomique, restée toute superficielle, ne lui a pas montré les 
véritables homologies et son mémoire, entièrement écrit en 
danois, n'a pas eu les lecteurs qu'il méritait. Cette étude ne 
demandait pourtant pas de moyens d'investigation bien per- 
fectionnés ; il n'y faut qu'un peu de patience, car elle doit 
être faite en majeure partie sur l'animal vivant et il n'est pas 
toujours commode d'obtenir de bonnes vues d'une extrémité 
céphalique bien étalée et bien orientée, même avec l'aide des 
anesthésiques. 

Le présent travail n'a pas pour objet l'étude détaillée de l'ap- 
pareil rotateur dans toutes les familles ; il consistera en descrip- 
tions aussi exactes que possible de quelques formes peu connues, 
en rappelant pour la comparaison seulement celles déjà bien 
décrites. L'on pourra, je crois, par la suite rapporter à ces exemples 
presque toutes les variations existantes. C'est dans les mono- 
graphies systématiques qu'il y aura lieu plus tard de poursuivre 
celles-ci dans chaque genre ou famille. Je chercherai ensuite 
à les relier dans une notion générale de l'appareil rotateur qui 
me conduira à élargLr le schéma classique, mais je m'abstiendrai 
pour le moment d'entrer dans les conséquences importantes 
qu'on en peut tirer au point de vue des rapports des Rotifères 
avec les autres groupes voisins, et surtout de la conception et 
de la relation réciproque de leurs diverses coupes systém'atiques ; 
elles seront développées dans un travail ultérieur oii pourront 



4 P. DE BEAUCHAMP 

intervenir les arguments tirés du reste de l'organisation. Je ne 
citerai donc pas ici les interminables discussions interprétatives 
et phylogéniques auxquelles l'appareil rotateur a donné lieu et 
ne donnerai comme bibliographie que les descriptions anté- 
rieures de chaque espèce considérée. Seront également laissés 
de côté pour le moment les détails histologiques de la couronne, 
les dessins ci-joints, légèrement schématisés, ne donnant que 
la disposition des cils ; les contours du mastax, du cerveau et de 
l'organe rétro -cérébral ont seuls été figurés pour servir à fixer 
les rapports ; la considération de ce dernier (voir mes deux notes, 
1905 c et 1906) est extrêmement importante et permet de 
retrouver les homologies dans beaucoup de cas où on les a 
méconnues jusqu'ici. De chaque extrémité céphalique sont figu- 
rées en général deux vues. Tune ventrale, l'autre latérale ou 
dorsale qui donnent une idée complète de l'appareil rotateur 
mieux que la vue frontale ou supérieure, qui fournit de très belles 
figures, mais présente la région buccale en un raccourci parfois 
inadmissible, et de plus est fort difScile à obtenir malgré les 
artifices préconisés par Masius (1890) et Eousselet (1902). 

IL ÉTUDE DE QUELQUES APPAREILS ROTATEURS 

10 L'appareil rotateur de Notommata (Copeus) cerberus Gosse 

Cette espèce, intéressante en raison de sa grande taille qui la 
rend d'une étude facile et que j'ai pu me procurer en grande 
abondance, n'est point aisée à déterminer ; c'est M. Ch. F. Rous- 
SELET, de Londres, qui, non sans hésitations, a fini par identifier 
avec certitude mes spécimens à l'espèce de Gosse bien qu'elle 
semble à première vue fort diiïérente de la description et de la 
figure assez médiocres de cet auteur (1886) ; je lui exprime ici 
tous mes remerciements pour son obligeance. Ce rapprocliement 
méritera d'être confirmé par une étude détaillée que je ferai en 
une autre occasion. Cela d'ailleurs n'a rien à voir avec l'étude 
de son appareil rotateur, choisi ici en raison de sa facilité d'étude, 
mais qui ne s'écarte en rien de celui des Notommata les plus 



L'APPAREIL ROTATEUR DES ROTIFERES 5 

typiqiies, notamment de Tespèce commune N. aurita (le genre 
Copeus doit former à mon sens un simple sous-genre de Notom- 
mata, dont il ne diffère que par des caractères tout relatifs et 
non réunis dans toutes ses espèces, et la forme en question est 
celle qui s'écarte le moins des Notommata proprement dites). 




//Z/ 



Figure l. — Notommata (Copeus) cerberus Gosse; t^te x 320 environ; I, vue ventrale; 
II, vue latérale ; c, ceinture clrcumapicale ; p, plaque buccale ; o, oreillettes ; g, cerveau ; 
s, sac rétro-cérébral; r, glande sub-cérébrale ; b, bouche ; m, mastax. 

Cet appareil rotateur (fig. 1) consiste en un vaste champ 
cilié couvrant les faces supérieures et ventrales de la région 
céphalique dont il occupe toute la longueur en haut tandis qu'il 
se rétrécit en bas pour se terminer en pointe obtuse, légèrement 
saillante à la surface du corps. La bouche étant au milieu du 
champ, cette dernière portion peut, bien que non individualisée 
comme dans d'autres cas dont il sera question tout à l'heure, 
être qualifiée dès à présent de lèvre inférieure. Elle est tapissée 
de cils très fins et très courts, à peine plus longs sur les bords, 
qui paraissent très régulièrement disposés en quinconces. Cette 
ciliation homogène se continue latéralement à la dépression 
buccale et plonge à son intérieur jusqu'au mastax. 

Au-dessus de la bouche les cils deviennent graduellement plus 
longs et l'on s'aperçoit qu'ils laissent à nu sur la ligne médiane 
une petite dépression que surplombe un pli cuticulaire nette ^ 



6 P. DE BEAI CHAMP 

ment marqué. Cette dépression est tout à fait terminale sur 
l'animal étendu (dans la fig. 1, I, il ne l'est pas complète- 
ment) et c'est à son intérieur, à la base du pli cuticu- 
laire, que viennent déboucher les deux conduits du sac 
rétro -cérébral (le cerveau est enfoncé beaucoup plus bas 

dans les tissus, comme on le 
voit sur la coupe fig. 2, re- 
production fidèle d'une pré- 
paration) ; elle est, comme 
nous Talions voir , d'une 
importance capitale pour 
rapprocher des autres appa- 
reils rotateurs celui de No- 
tommata considéré jusqu'ici 
comme très aberrant, et elle 
n'a jusqu'ici été aperçue que 
par Bergendal (1892), le 
seul auteur d'ailleurs qui ait 
figuré avec précision la cilia- 
tion des Notammatidés ; il 
l'a décrite très nettement 
chez N. gronlandica. Dorsa- 
lement à elle, nous trouvons 
donc encore une large bande 
couverte de cils plus longs 
que ceux de la région ven- 
trale, limitée en arrière par 

un bourrelet cuticulaire 
transversal et se continuant 
latéralement avec celle-ci. 
A leur point de jonction existe une autre différenciation ; ce 
sont les oreillettes si fréquentes chez les IS^otommatidés. Elles 
sont représentées invaginées sur la vue de profil, semi-étalée à 
droite, étalée à gauche, sur la vue de face ; un coup d'œil sur 
ces figures suffit à montrer que ce sont simplement des 




Fig. 2. — Notommata (Copeus) cerbenis UOSSE ; 
coupe sagittale paramédiane x 350. Mêmes 
lettres que la précédente, et : cr. crochet cuti- 
culaire ;. oe, œsophage ; i, intestin ; r, vitello- 
g^ne ; 7. glande pédieuse. 



L'APPAREIL ROTATELR DES ROTIFÉRES 7 

régions du champ cilié général oii les cils sont beaucoup plus 
longs, mais rattachés au reste par des intermédiaires. Elles sont 
invaginables, sous l'action d'un muscle spécial, en une poche 
qui abrite ceux-ci quand l'animal rampe, mais peuvent au 
contraire quand il nage s'évaginer en une sorte de corne trans- 
versale. Il existe deux touffes contiguës de ces longs cils, l'ex- 
terne plus longue, qui se traduisent à l'état de rétraction par un 
aspect bilobé .de la poche ; leur continuité avec le reste de la 
ciliation est évidente. Mentionnons encore que le champ ciliaire 
est longitudinalement. au moins au-dessus de la bouche, déprimé 
sur la ligne médiane, ébauche d'une division en deux champs 
latéraux qui existe chez d'autres formes. 

Ce type d'organe rotateur se rencontre chez la plupart des 
Notommata proprement dites (du type de N. aurita car le genre, 
malgré les expurgations qu'il a subies, est encore assez hétéro- 
gène) et chez quelques genres voisins, avec des modification,^ 
de détail portant uniquement sur les proportions des différentes 
parties, oreillettes et lèvi'e inférieure principalement. En parti- 
culier dans les formes extrêmes des Copeus. tels que C. copeus 
(Ehrbg), ces parties s'allongent beaucoup; la seconde se détache 
complètement du corps jusqu'à la bouche, et dans les premières 
la touffe distale de cils subsiste seule, sa continuité avec le 
reste de la ciliation n'étant plus apparente. 

2" L'appareil rotateur de Diyleint for rijKila (0. F. Millier) 

Chez D. foreipata, l'appareil rotateur (fig. 3) rappelle beaucoui) 
à première vue celui des Notommata ; c'est un champ cilié encore 
plus allongé s'étendant en arrière et en avant de la bouche 
qu'atïleure directement le mastax- forcipé, avec ébauche de 
sillon médian de même. On voit en haut des cils plus longs s'in- 
sérer latéralement dans deux légères dépressions, et l'on y 
reconnaît de petites oreillettes invaginées, qui n'ont pas été 
mentionnées jusqu'ici dans les descriptions de l'espèce car elles 
sont fort rarement évaginées chez cet animal qui nage peu. Le 
repli cuticulaù'e supérieur existe, très accentué, et prend vu 



p. DE BEAUCHAMP 




de profil l'aspect d'un véritable crochet depuis longtemps décrit 
par les auteurs. 3Iais il se continue en arrière directement avec 

la cuticule du corps. 
Son homologie avec 
celui des Notommata 
n'est pourtant pas dou- 
teuse, car à sa base, 
où sont placés les deux 
yeux , s'ouvrent les 
deux conduits de l'ap- 
pareil rétro - cérébral 
(que j'ai pu le premier 
déceler dans cette es- 
pèce par la coloration 
vitale). Il faut donc 
T. „ r>. , . .. ,T.T V ^-^ on„ admettre que toute la 

FiG. 3. — Diglena forcipata (Muller) ; tête x 360 env. ^ 

I, vue ventrale ; II, vue latérale. Mêmes lettres que partie pOStéricure à lui 
précédemment. 

de 1 appareil rotateur a 
disparu chez Diglena. 

Cette disposition se rencontre chez un certain nombre d'es- 
pèces du genre Diglena et des genres voisins {Pleurotrocha, etc.) 
et chez les Bdelloïdes du genre Adineta. 

3° L'appareil rotateur de Furcnlaria forficula Ehrenberg 

Dans F. forficula (fig. 4), l'appareil ciliaire est beaucoup moins 

développé ; les cils recouvrent 
l'extrémité céphalique conique 
sans dilïérenciation bien mar- 
quée, en ne laissant que deux 
espaces nus ; l'un, presque ter- 
minal, entoure la bouche, pour- 
vue de lèvres protractiles, l'autre, 
un peu plus dorsal, présente un 
petit repli cuticulaire à la base 
duquel est l'œil et qui est certainement homologue de celui des 



o r__ 



y-i--/ 




-.J7V 



FiG. 4. — Furcularia forficula Ehrbg ; tête, 
vue latérale x 570 environ. Mêmes lettres 



L'APPAREIL ROTATEUR DES ROTIFERES ^ 

deux formes précédentes. Somme tonte, la différence de propor- 
tions qui empêche de distinguer une partie buccale d'une partie 
circumapicale est, en outre de l'absence d'oreillettes, tout ce 
qui distingue cette disposition de celle de Notonwiata. Ce type 
est assez général chez les Furcularia, et surtout chez les Dias- 
chiza. 

4" L'appareil rotateur de Proaies pelromyzon (Ehrenberg) 

Chez cette forme comme chez la précédente, l'appareil rota- 
teur est réduit à une ciliation à peu près circulaire de la région 
céphalique, mais les rapports en diffèrent assez profondément 
(fig. 5). Elle est tout entière supérieure 
à la bouche et comprend un champ 
frontal tapissé de cils régulièrement 
disposés qui plongent à la partie infé- /^ — 
rieure dans celle-ci et croissent à me- 
sure qu'ils s'en éloignent, deux touffes 
latérales assez développées pour simu- 
1er presque des oreillettes, et un autre 
arc dorsal qui les raccorde. Entre 

1 . . , , 1 p i 1 „j '4. 1 FiG. 5. — Proaies petromy^on (Ehkbg) ; 

celui-ci et le champ frontal s étend un ^.^^ ^^ ,^^.^^j^ ^7oo environ. 
petit espace nu oii s'élèvent deux Mêmes lettres. 
tentacules sétigères et que, vu l'absence de sac rétro -cérébral 
développé aussi bien que de repli cuticulaire, on ne peut qu'avec 
doute homologuer à la place oii se trouvent ces formations 
chez Notommata et Diglena. En somme on arrive à cette dispo- 
sition par : 1° la suppression de toute la partie infraorale du 
champ ciliaire de ceux-ci ; 2° la raréfaction des cils accompa- 
gnée comme toujours de leur différenciation. Un intermédiaire 
est réalisé par Pr. decipiens (Ehrbg) où l'appareil ciliaire est 
disposé exactement comme celui de D. forcipata, mais ne se 
prolonge pas en arrière de la bouche. 

5" L'appareil rotateur de Pedalion niirum Hudson 
Cette forme a été bien décrite par Hudson (1886), puis par 
Levander (1894) ; il n'en existait néanmoins pas de figure 




10 



p. DR BEATT.ITAMP 



montrant bien les caractères sur lesquels nous devons insister. 
Elle paraît s'écarter beaucoup des précédentes, tout en réali- 
sant entièrement le type conventionnel de Fappareil rotateur ; 
mais décrivons-la d'abord (lig. 6). La surface supérieure tronquée 
de la tête est occupée par un vaste champ nu à la partie ventrale 
duquel le cerveau est immédiatement accolé. Ce champ est divisé 
eu deux lobes, droit et gauche ; une bande finement ciliée en fait 

le tour, interrompue par 
une lacune dorsale entre 
ceux-ci, tandis que ven- 
tralement elle s'élargit un 
peu, porte la bouche en 
son milieu, se continue 
avec l'œsophage cilié et 
se prolonge vers le bas 
en une lèvre inférieure 
courte, mais saillante pres- 
que horizontalement. Elle 
est bordée en haut i^ar 
une rangée de cils longs 
et forts qui passe au- 
dessus de la bouche (c'est 
elle qui donne lieu, par 
une illusion bien analysée 

FiG. fi. — Pedalion nUrum Uiw^o-x : extrémité supé- par ZeLINKA, 1886, chcZ 
rieure x 250 environ. T. vue ventrale ; II, vue laté- ^ ,,.-,. ; t i,.,. ,„^v.r.rv 

, „. , ..^ , - X.1 4. 4. 1 (lalhdina, a J apparence 

raie. Mêmes lettres que les précédentes, et : rt, champ ' w"'^""" " » ii 

apical ; if, trochus ; Z, lèvre inférieure. d'unC doublc rOUC tour- 

nante qui a tant frappé les anciens observateurs et d'où ])ro- 
vient le nom d'organe rotateur) ; elle l'est en bas par une autre 
rangée de cils beaucoup plus courts, guère plus longs que les 
siens, qui borde également la lèvi'e inférieure. Tous les cils qui 
tapissent celle-ci sont beaucoup plus longs (jue ceux du reste. 

Au fond, cette disposition n'est pas si éloignée qu'elle le parait 
de celle de Notommata : le large champ nu de Fedalion correspond 
au petit espace frontal de celui-ci ; il s'est chez le premier 




IVAPPAREIL HOTATETll DES UOTIFERES 44 

considérablement rétréci en même temps que le cerveau s'enfon- 
çait dans la profondeur, mais ses rapports primitifs avec lui sont 
encore attestés par la présence des orifices de l'appareil rétro - 
cérébral (celui-ci n'a pu être décelé chez Pedalion mirum, mais 
chez Pterodina clypeata où l'organe rotateur est tout à fait 
analogue sauf l'absence de lèvre inférieure, il en existe un rudi- 
ment avec deux conduits débouchant à droite et à gauche sur 
l'espace apical). La bande ciliaire qui entoure ce champ est 
naturellement beaucoup ])lus développée, tandis que la ciliation 
ventrale a subi une régression, l'animal étant pélagique au lieu 
de ramper parmi les végétaux, et pourtant la lèvre inférieure 
est encore bien marquée. Enfin la présence de cils plus longs 
sur les deux bords du sillon cilié, surtout le supérieur, est 
commandée chez un animal nageur par des raisons purement 
mécaniques. Quani à l'interruption dorsale elle est tout à fait 
secondaire et on en rencontre de semblables à chaque instant 
dans l'étude des appareils rotateurs, même chez des types très 
voisins. 

La disposition réalisée chez Pedalion est, nous n'avons pas 
besoin de le rappeler, celle qui se rencontre, en outre de Pterodina, 
chez les Ploïmes, dans les Philodinidés parmi les Bdelloïdes 
et les Mélicertiens chez les Rhizotes, avec des complications 
secondaires (présence d'une trompe, lobes plus nombreux). C'est 
à elle qu'on a emprunté le type prétendu fondamental de l'organe 
rotateur où l'on décrit les deux couronnes supra- et infra-orale 
sans insister d'habitude sur le sillon cilié qui les sépare ; mais on 
a trouvé celui-ci dans la plupart de ces formes dès qu'on a 
voulu y regarder de près. Levander l'avait déjà vu dans Peda- 
lion (1894), Plate l'a signalé dans Pterodina (1889), Zelinka 
dans CalUdina (1886), Hlava dans Conochiloides (1905), et 
bien qu'il ne figure pas dans les descriptions nombreuses de 
Melicerta ringens, j'ai pu m'assurer de sa présence chez cette 
forme où les cils sont, il est vrai, fort ténus. 



12 



P. DE BEAUCHAMP 



6" L'appareil rotateur de (Ji/z-lo/tia fiibn (Ehrenberg) 

La couronne ciliairc de C. tuba a été bien décrite et figurée 
par EousSELET (1894) auquel nous devons tout ce que nous 
savons sur cette espèce dont il a fait à juste titre un genre spé- 
cial. Mais ses figures ne se prêtent pas à la comparaison avec 
les nôtres, et son interprétation a été viciée par la préoccupa- 
tion des « deux couronnes » classiques bien qu'il ait reconnu 
qu'elle forme passage entre Notommata et Hydatina. J'ai eu 
la bonne fortune de pouvoir me procurer de cette espèce rare 
quelques exemplaires que j'ai étudiés au point de vue de l'ap- 
pareil rotateur et qui m'ont fourni des conséquences impor- 
tantes quant à l'interprétation de celles qui vont suivre. 




FlG. 7. — CyHonia tuba (Ehrbg). Extrémité supérieure x 380 environ. Mcpies lettres que les 
précédente*, et : t, touffes ciliaires supérieures ; d, arcs ciliaires adoraux. 

Chez CyHonia (fig. 7) il existe encore un vaste champ apical 
nu qui se relève dorsalement en pointe très obtuse ; il est limité 
par une rangée de cils assez forts dont la longueur est minima, 
sans pourtant qu'ils s'interrompent, au sommet de cette pointe, 
sur la ligne médiane dorsale. Deux soies un peu plus fortes, 
sans doute sensorielles, se trouvent de part et d'autre de celle-ci. 
Latéralement la ceinture ciliaire, en décrivant une sinuosité 
dont les cils sont plus longs, vient se jeter dans les angles d'une 
aire circumbuccale ciliée qui occupe toute une large troncature 
antéro -supérieure se raccordant au champ frontal et à la surface 
du corps. Vue de face, elle a la forme d'un quadrilatère allongé 



. L'APPAREIL ROTATEUR DES ROTIFERES 13 

transversalement ; dans sa moitié inférieure se trouve la bouche, 
fendue dans la hauteur. Elle est bordée de deux rangées de longs 
cils, incurvés vers son intérieur, qui à son extrémité supérieure 
se portent transversalement en dehors, divisant l'aire buccale 
en deux champs superposés. L'inférieur, séparé lui-même en 
deux moitiés symétriques par la bouche, est nu ou ne porte 
que quelques cils clairsemés ; il est séparé de la surface du corps 
par deux arcs ciliaires rejoignant l'extrémité inférieure de la 
fente buccale. Le supérieur, beaucoup plus vaste, est tout entier 
tapissé de cils relativement longs (plus que chez Notommata), 
et sa limite supérieure est formée par une rangée de cils très 
longs, séparés en une touffe médiane plus haute et deux laté- 
rales s'abaissant graduellement ; elles bordent immédiatement 
le champ cilié, au contraire de ce que figure Eousselet. A l'angle 
externe de ce champ, les trois rangées de cils que nous venons 
de décrire se confondent entr'elles et avec la ceinture circum- 
apicale, ou plutôt toutes se confondent avec les cils du champ 
lui-même beaucoup plus longs à cet endroit, ce qui donne lieu 
à l'apparence d'oreillettes bien vue par Rousselet. 

Si nous comparons maintenant cette organisation à celle de 
notre premier type, nous constatons d'abord la dilatation du 
champ apical comme chez Pedalion (le cerveau n'y est pas immé- 
diatement sous-jacent, mais ses nerfs rayonnent vers lui ; le 
petit nombre d'exemplaires à ma disposition ne m'a pas permis 
de rechercher l'appareil rétro-cérébral, mais je ne serais pas 
étonné qu'il en existât un rudiment comme celui que j'ai décrit 
dans Hydatina, [1906]). Mais à l'inverse de Pedalion, la bande 
ciliaire qui contourne ce champ s'est réduite à une simple rangée 
de cils forts (chose déjà réalisée dans quelques IS'otommatidés : 
voyez ci-dessus Proaies et la description de Notommata distincta 
par Bergendal, 1892), tandis que l'aire buccale gardait un 
grand dévelox)pement. Toutefois sa partie supérieure reste seule 
complètement ciliée et se borde de cils plus longs, l'inférieure 
régressée se réduit à deux arcs ciliaires séparés de celle-ci et se 
rejoignant à l'extrémité inférieure de la bouche, que nous allons 



H 1', l)F, HEATTHAMP 

maintenant rotrouver chez toutes les formes qu'il nous reste 
à examiner. 

7" L'appareil rotateur dH lùiclihuii^ dilntulti Ehrenberg 

Cette forme très commune a été souvent décrite ; les anciennes 
descriptions de Leydig (1854) et Cohn (1858) sont incomplètes, 

celle d'HuDSON (1872) in- 
exacte, celles ])lus récentes 
d'EcKSTEiN (1883), de Plate 
(1886), de Weber (1898), 
sont correctes et sensible- 
ment concordantes. Mais il 
n'eu avait pas encore été 
donné de ligure détaillée et 
permettant la comparaison 
avec les précédentes. I^ous 
reconnaissons à première vue 
(fig. 8) le champ cUié de 
f'yrtonia où s'ouvre inférieu- 
rement la bouche ; mais il 
est beaucoup plus réduit, 
triangulaire de forme, et les 
cils qui le tapissent sont très 
courts, à rinverse de ceux 
qui le bordent : les latéraux, 
peu nombreux, se portent 
en dehors, les supérieurs for- 
ment trois rangs différenciés 
de taille croissante à partir 
du bas et dont le dernier est 
divisé comme dans la forme précédente en une touffe médiane 
et deux latérales, un peu plus élevées. Celles-ci en dehors 
s'incurvent légèrement vers le bas sans rejoindre tout à fait les 
deux autres côtés du triangle. Les deux arcs ciliaires inférieurs 
de Cyrtonia sont ici bien développés et complètement indépen- 




P'k;. 8. — Euchanix (Hlalula Khkhg. Tête x 27^ 
environ. T. vue ventrale : II, vue dorsalf 
Mêmes lettres Que précédenimeut. 



l/APPAHEIl. HOTATETTR DES UOTTFÈRES 



15 



■È> 



(f 



—P 



fn 



dants du champ ; ils se réunissent en bas sous la bouche, s'in- 
curvent en dehors et se terminent sur les côtés sans se continuer 
avec ceux dont nous allons parler. 

La ceinture circumapicale enclôt un espace beaucoup plus 
petit, mais qui renferme les deux ,^; 

papilles par où s'ouvre le sac 
rétro-cérébral, flanquée chacune 
en dehors d'une petite éminence 
qui porte des soies sensorielles 
(elle a été bien vue par Plate ; 
cf. les tentacules que nous avons 
vus chez ProaJes 'petromyzon). La 
coupe de la iig. 9 montre les rap- 
ports des organes céphaliques 
identiques à ce qui existe chez 
Notommata. Quant à la ceinture 
elle-même elle comprend deux 
parties bien distinctes : une ran- 
gée dorsale juste derrière les pa- 
]iilles, dont les cils assez longs 
s'abaissent et s'interrompent 
presque sur la ligne médiane ; 
deux rangées latérales placées 
notablement plus bas et séparées 
d'elle par une forte lacune ver- 
ticale, qui sont formées de cils Fig. O. — Emhlanis dUatata Ehkhg. Coupe 
, ^ , ^ ^ t, j_ X ' sagittale paramédiane x 350. Mêmes lettres. 

très longs, très forts, recourbes 

en dehors, qui rappellent presque des oreillettes (la présence de 
cils plus longs aux extrémités latérales de la couronne est, nous 
l'avons vu, un fait fréquent, surtout chez les formes dont le 
corps est autant ou plus large que celle-ci ; elle s'explique 
évidemment par des raisons mécaniques fort simples). Ces deux 
arcs latéraux de la ceinture postérieure restent séparés par un 
certain espace de ceux qui passent sous la bouche; les rangées 
limitant le champ ciliaii'e ventral arrivent entre les deux et 




16 



P. DE BEAUGHAMP 



ne les touchent pas davantage. Toutes les espèces d'Euchlanis 
sont conformes à ce type. 



8^ L'appareil rotateur à!Hi/datinn senta (0. F. Millier) 

Cette forme, si favorable à Fétude et dont pourtant nous ne 
possédons pas une monographie détaillée, a eu sa couronne 

figurée et décrite autre- 
fois par OOHN (1856) et 
Leydig (1857), plus ré- 
cemment par Plate 
(1886), qui Ta fait cor- 
rectement. L'importance 
de son interprétation 
étant grande, j'en re- 
donne néanmoins une 
figure (fig. 10). Elle dif- 
fère somme toute fortpeu 
des deux précédentes : 
le champ ciliaire supra - 
buccal est encore plus 
réduit que chez Euchla- 
nis, tapissé de cils très 
fins qui plongent dans 
la bouche. Ils ne mon- 
tent pas tout à fait 
jusqu'aux deux rangées 
de cils forts, les supé- 
rieurs plus grands et 
plus espacés, qui le limi- 
tent et sont eux-mêmes surmontés, toujours comme chez elle, 
par trois touffes de cils, qui, simple bordure du champ chez 
Cyrtonia, sont ici extrêmement diiïérenciées. Tout d'abord 
elles sont formées de lamelles triangulaires très larges, que 
leur dissociation aisée sous l'influence des réactifs montre, 
aussi bien que l'étude histologique, être de véritables cils 




Fig 10. — Eydatina senta (Muller). Tête x 260 environ. 
I, vue ventrale ; II, vue dorsale. Mêmes lettres. 



L'APPAUKIL HOTATEliH DES ilOTIFÈRKS 17 

composés. Comme elles n'ont pas encore en français de 
nom qui s'applique bien à elles, je propose de les appeler 
membranelles ainsi que celles des Tnfusoires Hétérotriches aux- 
quelles elles sont absolument comparables au point de vue 
histologique comme cils composés, au point de vue morpholo- 
gique général comme différenciation d'un champ ciliaire d'abord 
homogène. 

La touffe médiane se décompose en deux rangées de mem- 
branelles superposées : une ventrale presque sessile en a sept, 
une dorsale, portée sur une éminence très saillante, en a quatre. 
Les deux latérales, également portées par des surélévations du 
champ, se décomposent elles-mêmes, cette fois dans le sens 
transversal, en deux : la partie interne a deux membranelles, 
rarement trois, l'externe en a cinq d'après Plate, plus souvent 
d'après mes observations six ou sept ; les dernières s'inflé- 
chissent vers le bas et restent séparées par une lacune de 
deux rangées, de membranelles également, qui limitent le champ 
ciliaire sur les côtés et plongent avec lui dans la bouche. 
L'ensemble constitue ce que les auteurs ont appelé la « cou- 
ronne préorale » de l'Hydatine. Mentionnons un détail non vu 
par Plate : ces deux rangées latérales sont doublées chacune 
d'une rangée de cils ordinaires très régulièrement intercalés 
entr'elles. A la partie inférieure, ils se continuent par deux 
touffes linéaires dans l'intérieur de la bouche au-dessous des 
dernières membranelles ; à la partie supérieure, par deux petits 
arcs ciliaires doublant les touffes latérales et se continuant 
avec la plus inférieure des deux rangées transversales décrites 
tout à l'heure (qui sont formées également de membranelles, 
mais plus petites). 

Une ceinture postérieure de cils fins et serrés court parallèle- 
ment aux trois touffes supérieures et un peu plus bas. Elle enclôt 
un champ apical bien étroit comparé à ceux de Cyrtonia ou de 
Pedalion, mais oii aboutissent les deux tractus qui terminent 
l'appareil rétro-cérébral rudimentaire décrit par moi chez cette 
forme (un peu en arrière de la touffe médiane, par conséquent, 

ARCH. DE ZOOL. EXP. ET UE.N. IV^ SERIE. T. VI. (il 2 



18 l\ DE BEAUCHAMP 

et non de part et d'autre d'elle comme je l'ai dit par erreur dans 
ma note 1906). Elle se continue avec les arcs ciliaires adoraux 
se réunissant sous la bouche et formés de cils semblables, sans 
autre démarcation qu'une inflexion oii s'insère une forte soie 
sensorielle (deux autres soies semblables existent plus dorsale- 
raent, sans doute homologues de celles que j'ai signalées dans 
Cyrtonia). L'ensemble forme la couronne postorale des auteurs. 
A côté de l'appareil rotateur de l'Hydatine, il faut placer celui 
des Brachions qui lui sont rattachés par l'intermédiaire du genre 
Notops. Il a été bien figuré par Eckstein (1883) chez Brachionus 
urceolaris Mùller, ce qui me dispense de le dessiner à nou- 
veau. Là est encore plus accentuée la disposition en double cou- 
ronne (profondément différente comme on le voit de celle de 
Pedalion et des Mélicertiens), compliquée par la présence de 
lobes qui s'intercalent entre les épines de la carapace. La « cou- 
ronne pré-orale » forme trois lobes (voir le schéma K, fig. 13), 
les deux latéraux larges, bordés de cils forts et longs mais sans 
autre différenciation, le dorsal très long et ovi l'on reconnaît 
à première vue la touffe médiane postérieure de l'Hydatine. 
Toute la surface de ces lobes est tapissée de cils très fins, bien 
figurés par Eckstein et dont j'ai moi-même constaté la pré- 
sence sur plusieurs espèces de Brachions. Ils se continuent avec 
la ciliation de l'entonnoir buccal. Quant à la « couronne post- 
orale », elle comprend deux lobes dorsaux bordés par la ceinture 
circumapicale, deux ventraux — non raccordés aux ])récé- 
dents — par les arcs adoraux. Je n'insiste pas sur la disposition 
des soies sensorielles. 

m. LA CONCEPTION GÉNÉRALE DE L'APPAREIL ROTATEUR 
ET SES VARIATIONS 

Il nous est maintenant facile de nous fah'e une idée générale 
de l'appareil rotateur et de concevoir une forme simple, appa- 
remment primitive, dont il nous sera aisé de faire dériver 
toutes les autres par des modifications étroitement liées au genre 




-,y 



L'APPAREIL ROTATEUR DES ROTIFERES 19 

de vie. J'espère pouvoir prouver ailleurs, en sortant du groupe 
des Eotifères, que c'est en effet une voie qu'a dû suivre la diffé- 
renciation pbylogénique et qui explique seule les ressemblances 
et les rapports entre un certain nombre de formes animales. 
Nous ferons ce type morphologique intermédiaire à Notommata 
et à Pedalion (flg. 11). 
Un large champ apical 
nu, qui représente le 
point de l'ectoderme 
oii s'est différencié le 
cerveau (celui-ci n'est 
plus en contact direct 
avec lui chez les Eoti- 
fères) Il n'a iamais ^^^' ^^' ~ ^^^^^^ '^" *yP'' générai de rappareil rotateur. 
*' ^ Mêmes lettres. 

de cils moteurs, mais 

porte fréquemment des soies et organes sensoriels. C'est, en 
un mot, pour lui donner son véritable nom qui indique du 
coup ses homologies, une plaque syncipitale. L'on y trouve 
encore les orifices du sac rétro -cérébral, différenciation glandu- 
laire de l'ectoderme apical qui s'applique à la face postérieure 
du cerveau. Ce champ est entouré d'une bande finement ciliée 
que nous appellerons bande circumapicale. En avant elle s'élargit 
pour se jeter, sans démarcation nette, dans un vaste champ 
ventral également cilié où s'ouvi'e la bouche et que nous appel- 
lerons la plaque buccale; nous y distinguerons dès à présent, en 
vue de l'étude des modifications qui vont suivre et bien qu'elles 
ne soient pas séparées chez ce type primitif, une portion supra- 
orale, une adorale et une infra-orale. Si nous admettons que 
des cils un peu plus forts, surtout "au bord supérieur, suivent 
les contours de cet appareil ciliaire (qui présente comme on le 
voit la forme d'une bague avec son chaton), on pourra dire 
que ce schéma diffère peu du schéma classique dans lequel 
Delage et HÉROUARD (1897) et Hartog (1901) ont compris 
correctement la ciliation de l'espace compris entre les deux 
couronnes. Il en diffère pourtant : 1° par l'importance majeure 



20 P. DE BEAUCIIAMP 

attribuée à cette ciliation, dont les couronnes ne sont qu'une 
différenciation non constante ; 2° par la distinction essentielle 
entre la portion buccale et la portion circumapicale. 

Chez Notommata, forme rampante (fig. 12 A) la tête s'allonge 
et le cerveau s'enfonce dans la profondeur ; l'aire syncipitale se 
réduit par suite à une petite dépression nue que permettent 
seuls d'homologuer les conduits de l'appareil rétro -cérébral. 
Une bande circumapicale plus ou moins développée le contourne, 
peu distincte de la plaque buccale qui au contraire est très éten- 
due et se prolonge loin en arrière de la bouche, souvent diffé- 
renciée en lèvre inférieure. Sa ciliation uniforme constitue, 
comme chez une Planaire, le seul moyen de locomotion de l'ani- 
mal quand il rampe ou nage lentement. Quand il nage avec vi- 
gueur, apparaissent deux oreillettes qui ne sont qu'une différen- 
ciation latérale de l'appareil ciliaire, invaginable et à cils allongés. 
Chez Diglena (fig, 12 B) le type est identique, sauf la disparition 
totale de la ceinture circumapicale inutile à la reptation (ce 
type est aussi réalisé fort loin de là dans Adineta, correspondant 
au second type bdelloïdique d'HuDSON [1886]). Chez des formes 
moins exclusivement rampantes, on observe une série de régres- 
sions à partir des deux précédents, avec développement varié 
des diverses parties, mais le plus souvent disparition de la 
portion infra-orale comme nous l'avons décrit chez Proaies et 
Furcularia. On remarquera que ces deux formes tendent par 
simplification à la constitution d'un cercle ciliaire unique, 
supra-oral chez l'une, infra-oral chez l'autre (Cf. ma description 
de Drilo'pliaga Delagei de Beauchamp et Pleurotrocha parasitica, 
Jennings 1905 h) et que ceux-ci ne préjugent ainsi nullement 
l'existence d'un type normal à deux couronnes. Ces exemples 
suffisent à indiquer les très nombreuses variations qu'offrent 
les Notommatidés dans leur appareil ciliaire, suivant le genre de 
vie, et dans la revision si nécessaire de cette famille il sera aisé 
de les y rattacher presque toutes (voir les figures de Bergendal, 
1892). 

Dans un second groupe de formes, la disposition est précisément 



L'APPAREIL ROTATEUR DES ROTIFERES 



21 



inverse : élargissement de la bande circumapicale, réduction 
de la plaque buccale qui ne sert plus à la reptation ; chez Feda- 
lion mirum (fig. 12 D) et quelques Mélicertiens elle forme encore 
une lèvre inférieure, jouant sans doute un rôle dans la préhen- 
sion des aliments et qui manque dans l'autre espèce du genre 
Pedalion (voir Levander, 1894). Les deux bords de l'appareil 
ciliaire se garnissent de cils beaucoup plus longs, surtout au 
bord sui)érieur, qui prennent le rôle XJrincipal dans la propul- 






FiG. 12. — Schéma de queltiues appareils rotateurs : A, Notommata ; B, Diglena ; C, Eos- 
phora ; P, Pedalion ; E, Melicerta ; F, Callidina. 

sion chez les formes nageantes, dans l'adduction des particules 
alimentaires chez les fixées, tandis que la ciliation qui les sépare 
devient très fine. Il y a d'ailleurs une division du travail 
connue depuis longtemps entre ces parties : le trochus, mettant 
l'eau en mouvement dans le sens vertical, produit la progres- 
sion ou amène les paroicules flottantes à portée du cingulum 
et de la bande ciliée qui les acheminent vers la bouche, dans 
le plan horizontal. Ce type correspond à l'un des deux types 
rhizotiques d'HuDSON et l'un de ses deux types bdelloïdiques : 
il est en effet réalisé, chez les Ploïmes, dans la famille des 



-2^2 P. DE BEAUCHAMP 

Pterodinidés (1), chez les Scirtopodes, chez les Ehizotes Méli- 
certiens où il se complique peu à peu en se lobant pour 
augmenter l'étendue de la ligne ciliaire utile (fig. 12 e), enfin 
chez les Bdelloïdes dans leur principale famille, les Philodinidés, 
où apparaît un nouvel organe, la trompe, en rapport avec le 
mode particulier de reptation (fig. 12 F). Je n'insiste pas sur 
celle-ci, Zelinka (1891) ayant magistralement démontré par 
l'embryologie qu'elle correspond à une partie médiane du champ 
apical lui-même, qui a donné naissance à la partie postérieure 
du cerveau et se déplace ensuite vers le dos : si ces animaux 
avaient un sac rétro -cérébral, c'est au sommet de la trompe 
qu'il s'ouvrirait. 

Parlons ici du cas d'Eosphora digitata Ehrbg dont j'ai publié 
une figure l'année dernière (1905 a). Elle possède dorsalement 
(fig. 12 C) deux couronnes, dont la supérieure est interrompue 
par deux protubérances oculaires ; un peu en avant d'elle, 
deux tentacules sétigères et les orifices du sac rétro-cérébral. 
Latéralement, les deux couronnes se réunissent en une seule qui 
vient se fermer sous la bouche. Nous avons là un cas analogue 
au précédent par la duplicité postérieure des couronnes dérivées 
de la bande circumapicale, mais avec disparition complète de 
la plaque buccale. La raison en est simple : en dehors des formes 
rampantes, celle-ci sert à amener à la bouche les débris ou les 
petits êtres vivants dont se nourrit l'animal. Quand son régime 
se compose de proies vivantes de grande taille, qu'il saisit direc- 
tement avec un mastax forcipé plus ou moins préhensile, ce 
qui est le cas ici, elle n'a plus de raison d'être et disparaît. 
Eosphora digitata nous mène par l'intermédiaire de Triphylus 
lacustris (Ehrbg) qui a le même type aux Asplanchna dont les 
mœurs sont les mêmes et où n'existe plus qu'un cercle ciliaire 
simple (voyez Masius, 1890, et les autres descriptions des auteurs 

(1) On compte souvent parmi les Ploïmes à couronne double les Microcodonidés ; je n'ai 
pu encore les étudier à ce point de vue, mais un coup d'œil sur les figures des auteurs suffit 
à montrer que les deux couronnes sont réalisées par un processus tout différent et rappelant 
plutôt ce que nous allons voir tout à l'heure. Au contraire le genre Triarthra parait se rapporter 
au type Pedalion avec simplification. 



I/APl'AREIL ROTATEUR DES IIOTIEERES 



23 



Leydig, 1854, Plate, 1886, etc.), la couronne supérieure à'Eos- 
phora ayant disparu tandis que les protubérances oculaires et 
les tentacules qui l'accompagnaient persistent sur le champ 
frontal relevé en deux bosses de V AsplancJina. 

Cyrtonia nous mène à un quatrième grand type (fig. 13 H) : 
champ apical bien développé, la bande qui l'entoure réduite 
à une simple rangée de cils, plaque buccale très large, mais sa 
partie infra-orale ayant complètement disparu et sa partie 
adorale réduite aux deux arcs ciliaires qui la limitent en bas. 




Fig. 13. — Schéma de quelques appareils rotateurs : G, Synchœta ; H, Ci/rtonia ; I, Euchlanis ; 
J, Hydatina : K, Brachionm. 

Cette plaque est bordée de cils longs (1) qui forment au bord 
supérieur une touffe médiane et deux latérales. 

Ces caractères se modifient peu en passant aux EucManis 
et Hydatina (fig. 13, I et S), par la diminution simultanée de 
l'espace apical et de la ciliation de la plaque buccale (en rapport 
toujours avec le mastax : ces deux genres ont un mastax malléé 
ou sub-malléé, légèrement préhenseur, tandis que celui de 
Cyrtonia, malléo-ramé, ne l'est pas du tout). En même temps, 

(1) Chez les formes rampantes, nous avons trouvé une ciliation uniforme; chez les nageuses 
les cils marginaux de toute aire ciliée sont beaucoup plus longs que les autres ; ce n'est pas 
une simple coïncidence : quand les cils doivent agir sur une surface soUde, s'ils n'étaient pas 
tous de même taille, une partie d'entre eux ne toucheraient pas le substratum et n'agiraient 
pas. Quand ils doivent au contraire battre l'eau, les marginaux ont un champ d'action et 
une résistance a vaincre beaucoup plus grands, et ils grandissent par excitation fonctionnelle. 



24 P. DE BEAUCIIAAIP 

hi différenciation histologique des cils bordant cette plaque 
atteint un haut degré et les arcs ciliaires adoraux arrivent à 
se raccorder directement à la ceinture circumapicale en une 
couronne infra-orale unique, plus ou moins comparable, quoique 
formée par des intermédiaires tout différents, à celle du type 
Pedalion. 

Mais on ne peut nullement homologuer, comme l'ont fait jus- 
qu'ici les auteurs, la ceinture préorale du Brachion ou de l'Hy- 
datine à celle du Pedalion ou de la Mélicerte, la première entou- 
rant une partie du champ buccal, à ciliation prolongée dans 
la bouche (qui par une régularisation secondaire arrive chez 
BracMonus (fig. 13 K) à tapisser le sommet apparent de la tête 
et rejette dorsalement le véritable espace apical), la seconde 
ce champ apical lui-même, toujours nu on ne portant que des 
soies sensorielles. Le « pseudotrochus » plonge à la partie infé- 
rieure dans la bouche, le trochus se ferme au-dessus d'elle ; 
il est vrai que dans le cas, qui peut exister, d'interruption ven- 
trale, ce caractère n'est pas appréciable. Les deux dispositions 
à double couronne, si semblables que tous les auteurs jusqu'ici 
les ont identifiées, sont différentes à un tel point qu'on ne peut 
les concevoir reliées que par l'intermédiaire du schéma que 
nous avons construit et qui se trouve ainsi justifié. 

Nous savons qu'au type des Hydatinidés se rattache celui 
des Brachionidés, et celui des Auurœidés qui en sont proches. 
A celui moins différencié des Euchlanidés (1) il faudra sans 
doute rapporter, avec des variations analogues à celles qui se 
présentent chez les Notommatidés, et souvent plus voisines de 
celles-ci, les dispositions de l'appareil rotateur dans les quatre 
familles des Dinocharidés, Coluridés, Cathy;[3nidés et Salpi- 
nidés, que je n'ai pas eu le temps d'étudier en détail. Il nous 
faut encore rattacher à nos descriptions deux autres cas oii 
l'appareil rotateur a été bien décrit : celui des Synchaetidés, 

(1) Le cas particulier de la division de chaque demi-ceinture circumapicale en deux arcs 
superposés chez Euchlanis semble, quand on le rapproche de ce que nous avons vu chez Eos- 
phora, devoir faire admettre (jue ces deux ares dérivent des deux lèvres de la bande ciliée 
primitive, correspondant ainsi à deux portions de trochus et de cingulum. 



L'APPAREIL ROTATEUR DES ROTIFÈRES â5 

qu'on trouvera figuré dans l'excellente monographie de Eous- 
SELET (1902) et dont je donne le diagramme fig. 13 A, com- 
prend une ceinture apicale simple, très étendue vu la forme 
de la tête, mais dissociée en deux arcs ciliaires dorsaux et deux 
oreillettes latérales, plus deux arcs ciliaires flanquant la bouche. 
En un mot c'est celui de Cyrtonia, moins la plaque supra- 
buccale ciliée. Sa disparition est due toujours à la même cause : 
animal carnassier à mastax préhenseur (1). On peut en dire exac- 
tement autant des Rattulidés si bien étudiés par Jennings 
(1904), où la disposition est la même, sauf que la petitesse de 
la tête entraine le faible développement de la ceinture posté- 
rieure (dans les deux groupes, le sac rétro-cérébral que j'y ai 
décrit le premier s'ouvre à son intérieur) ; elle rejoint deux arcs 
ciliés flanquant le mastax protactile et suceur. 

Je n'énumère pas les quelques familles non encore mentionnées 
dont l'étude détaillée n'a été faite ni par moi, ni par les auteurs ; 
j'ai pu d'ores et déjà m'assurer qu'elles ne présentent rien de 
fondamentalement différent des précédentes, et j'ai jugé inu- 
tile d'attendre pour publier ce travail d'avoir eu le temps et 
l'occasion de rassembler des données qui n'en auraient pas 
modifié les grandes lignes. Un seul cas, fort aberrant, ne rentre 
pas dans les descriptions précédentes : c'est celui de la ciliation 
des Flosculariens. Elle a donné lieu à plusieurs interpréta- 
tions, dont les principales sont celles d'HuDSON (1886) et de 
Hlava (1905), également erronées. Une observation récente sur 
Stephanoceros fimhriatus (Goldfuss) dont les cinq bras ne sont 
que les lobes de l'entonnok des Floscularia prolongés, m'en 
a procuré la clef, avec une confirmation éclatante de la géné- 
ralité de mon schéma. Chez Stephanoceros au moment de l'éclo- 
sion existe une bande circumapicale bien nette, semblable en 
tous points à celle des jeunes Mélicertiens, avec un trochus 
développé, entourant un champ nu où se trouvent les yeux. 
Elle aboutit à une plaque buccale sur laquelle s'élèvent radiai- 

{ I ) Ces corrélations de l'appareil rotateur avec le mastax, liées au mode de progression 
et d'alimentation, ont été déjà mises en évidence par Wesenberg-Lund (1899). 



26 



P. DE BEAUCHAMP 



rement autour de la bouche cinq bourrelets garnis de très longs 

cils, ébauches des cinq bras, 
d'abord invaginées, puis sail- 
lantes (flg. 14). Donc l'en- 
tonnoir des Flosculariens, 
placé secondairement dans 
l'axe du corps et diâ'érencié 
en une véritable nasse pour 
la capture des proies, repré- 
sente la seule plaque buc- 
cale, dont il a conservé en 
partie la ciliation à son 
intérieur, et lu. ceinture cir- 

cumapicale a totalement disparu chez l'adulte. 




FiG. 14. — Stephanoceros fimbriatus Goldfuss) jeune; 
tête, vue latérale, x 360 environ. Mêmes lettres 
que précédemment. 



IV. CONCLUSIONS 

En résumé : l'appareil rotateur se compose fondamentale- 
ment d'une plaque ciliée buccale et d'une bande ciliée circum- 
apicale. Toutes ses formes si variées n'en sont que des diffé- 
renciations étroitement conditionnées par le mode de vie de 
l'animal : la reptation entraîne un grand développement de 
la plaque ventrale qui régresse chez les formes nageuses ou 
fixées où elle ne sert plus qu'à l'adduction des aliments et 
disparaît totalement chez les formes carnassières à mastax 
préhenseur ou suceur. Une ceinture terminale de cils forts se 
différencie chez les premières pour la nage ou l'adduction de 
la nourriture, aux dépens soit de la bordure du champ apical 
soit de la plaque buccale elle-même. Ces diverses différenciations 
se faisant dans des sens et par des voies multiples, il est le 
plus souvent parfaitement vain de vouloir homologuer un cercle 
ciliaire d'une espèce donnée à l'un des cercles d'une autre prise 
arbitrairement comme type. Il ne le serait pas moins (bien que 
l'appareil rotateur soit appelé à rendre de grands services en 
systématique pour l'étude des rapports entre des formes voi- 



L'APPAREIL ROTATEUR DES ROTIFERES 27 

sines) de baser une classification sur des caractères aussi nette- 
ment adaptatifs et de conclure de ses ressemblances, comme 
Ta fait Wesenberg-Lund, à des parentés réelles : il est certain 
que Diglena et Adineta, Pedalion et Melicerta, voire Euchlanis 
et Hydatina, ne dérivent pas d'un ancêtre unique présentant 
les caractères qui leur sont communs et s'opposant par eux à 
l'ensemble des Eotifères, mais ont acquis, aux dépens d'une 
disposition primitive analogue à notre schéma qui permet seul 
de les relier, des caractères identiques sous l'influence de 
conditions identiques. 

Sans entrer pour le moment dans la comparaison de l'organe 
rotateur avec les appareils analogues qui se rencontrent, surtout 
à l'état larvaire, dans des groupes voisins, je voudrais dès à 
présent généraliser ces conclusions : au lieu de chercher entre 
toutes ces formations des homologies qui ne sont pas réelles, 
car elles ne dérivent certainement pas toutes d'un type commun 
différencié comme la fameuse « double couronne », on ferait 
beaucoup mieux de mettre en évidence les procédés morpho- 
logiques et les conditions mécaniques et biologiques semblables 
qui sont arrivées à les produire analogues aux dépens d'une 
ciliation originairement indifférenciée. 



OUVRAGES CITES 

1905a. Beauchamp (P. Marais de). Remarques sur Eosphora digi- 
tata Ehrbg. et description de son mâle. (Arch. Zoologie 
Expérimentale (4), vol. III, Notes et revue, p. ccxxv-ccxxxiii.) 

19056. Beauchamp (P. Marais de). Remarques sur deux Rotifères 
parasites (Bull. Soc. Zoologique de France, vol. XXX, 
p. 117-124.) 

1905c. Beauchamp (P. Marais de). Sur l'organe rétrocérébral de cer- 
tains Rotifères. (C. E. Acad. des Sciences, Paris, t. CXLI, 
pp. 361-363.) 

1906. Beauchamp (P. Marais de). NouveUes observations sur l'ap- 
pareil rétrocérébral des Rotifères. (C. B. Acad. des Sciences, 
Paris, t. CXLIII, pp. 249-251.) 



ÏÎ8 



P. DE liEAUCllAMP 



1856. CoHN (F.). Uebcr Fortplanzung der Râdertiere. {Zeitschr. wis- 

sensch. Zoologie, Bd VII, pp. 430-86, pi. XXIII-XXIV.) 
1858. CoHN (F.). Bcinerkungen iiber Râdertiere. {Zeitschr. wissensch. 

Zoologie, Bd XIX, pp. 284-94, pi. XIII.) 
1872. CuBiTT (Ch.). On the homological position of tlie Membera 

constituting the thecated section of the Class Rotifera. 

(Monthly Microsc. Journal, vol. VIII, pp. 5-12.) 
1897. Delage (Y.) et E. Hérouard. Traité de Zoologie concrète, 

vol. V. (Vermidiens) Paris. 
1883. ECKSTEIN (K.). Die Rotatorien der Umgegend Giessen. {Zeitschr. 

wissensch. Zoologie, Bd. XXXIX, pp.* 343-443, pi. XXIII- 

XXVIII.) 
1901. Hartog (M.). Rotifers, Gastrotricha and Kinorhyncha. {Cam- 
bridge Natural History, vol. II, p. 197-238, London.) 
1905. Hlava. (St.) Beitrage zm- Kenntniss der Râdertiere : P Ueber 

die Anatomie von Conochiloides natans (Seligo). {Zeitschr. 

wissensch. Zoologie, Bd LXXX, pp. 282-326, pi. XVII- 

XVIII.) 
1872. HuDSON (C. T.). On Euchlanis triquetra and E. dilatata. {Monthly 

Microsc. Journal, vol. VIII, pp. 97-100, pi. XXVIII.) 
1886. HuDSON (C. T.). et P. H. Gosse. The Rotifera or Wheol 

Animalciiles, both British and Foreign. London. 
1904. Jennings (H. S.). Rotatoria of the United States : II. A Mono- 

graph of the RattuUdœ. {Bull. U. S. Fish Commission 

for 1902, pp. 273-352.) 
1894. Levander ( K. M. ). Beitrage zur Kenntniss der Pedalion- 

Arten. {Acta Soc. pro flora et fauna fennica, vol. XI, 33 p., 

1 pi.) 
1854. Leydig (Fr.). Ueber den Bau \ind die systeniatische Stellung 
der Râdertiere. {Zeitschr. wissensch. Zoologie, Bd. VI, pp. 1- 

120, pi. I-IV.) 
1890. Masius (J.). Contribution à l'étude des Rotateurs {Arch. 

Biologie, vol. X, pp. 651-682.) 
1886. Plate (L.). Beitrage zur Naturgeschichte der Rotatorien. {Je- 
naische Zeitschr. fiir Naturwiss, Bd. XIX, p. 1-120, pi. I-III.) 
1889. Plate (L.). Ueber die Rotatorienfauna des bottnischen Meer- 

busens, nebst Beitrâgen zur Kenntniss der Anatomie der 

Philodiniden und der systematischen Stellung der Râdertiere. 

{Zeitschr. wissensch. Zoologie, Bd XLIX, pp. 1-42, pi. I). 

1894. RoussELET (Ch.-F.) Gyrtonia n. g. tuba (Ehrenberg). {Journ. 

Oiiekett Microsc. Club [2\,, vol. V, pp. 433-35.) 



L'APPAIIRII. HOTATKIIR DES ROTIFÈRES 29 

1902. RoussELET (Ch.-F.) The genus Synchœta : a Monographie 
Study. (Journ. Boy al Microsc. Society for 1902, pp. 269- 
290, 393-412, pi. III-VIII.) 

1898. Weber (E. F.). Faune rotatorienne du bassin du Léman. 

(Revue Suisse de Zoologie, vol. V, pp. 263-785.) 

1899. Wesenberg-î.und (C). Danmarks Rotifera. I. {Vidensh. Meddel. 

Natufhist. Foren. Kjœbenhavn, pp. 1-145, pi. I-II.) 
1886. Zelinka (C). Studien iiber Râdertiere : I. Ueber die Symbiose 

und Anatomie von Rotatorien ans dem genus Callidina. 

(Zeitschr. wissensch. Zoologie, Bd XLIV, pp. 396-507, 

pi. XXVI-XXIX.) 
1892. Zelinka (C). Studien iiber Râdertiere : III Ueber Entwick- 

lungsgeschichte der Râdertiere, nebst Bemerkungen fiber 

ihre Anatomie und Biologie. {Zeitschr. wissensch. Zoologie, 

Bd LUI, pp. 1-159, pi. 1-VI.) 

(Travail dit Laboratoire d' Anatomie comparée de la Sorbonne et de 
la station biologique de Roscoff.) 



ARCHIVES DE ZOOLOGIE EXPÉRIMENTALE ET GÉNÉRALE 
IVe Série, Tome VI, p. 31-72, pi. I et II 

25 F écrier 1907 



ÉTUDES ET RECHERCHES 

SUR 

LES ÉDENTÉS 

TARDIGRADES ET GRAVIGRADES 

I, — Les coupures génériques de la famille des 

Bradypodidae 34 

II. — Les attitudes et la locomotion des Paresseux. 55 

PAR 

R. ANTHONY 

Directeur-adjoint du laboratoire maritime du Muséum d'Histoire naturelle 

Chef des travaux de l'Ecole des Hautes Etudes à la Station physiolog'ique 

du Collèg'e de France. 



INTRODUCTION 

Dans les traités de Zoologie les plus récents aussi bien que 
dans les mémoires originaux les plus modernes et les mieux 
conçus, les auteurs séparent avec trop de soin encore les Tardi- 
grades ou Paresseux actuels (famille des Bradypodidae) des 
Gravigrades disparus {Mylodon, Megalonyx, Scelidotherium, 
Megatherium, etc). Les premiers de taille relativement réduite 
sont des animaux aux formes grêles présentant les caractères 
de l'adaptation extrême à la vie arboricole. Les seconds, de 
taille souvent gigantesque, aux formes toujours lourdes et 
massives devaient, si l'on en juge par l'ensemble de leur mor- 
phologie, mener une existence terrestre et peut-être semi- 
fouisseuse. Si l'on y regarde de près, on ne tarde pas à s'aper- 
cevoir que ces différences générales de forme et d'aspect 
tiennent surtout à des différences de mode de vie et que les 

ARCH. DE ZOOL. EXP. ET GÉN. — 4° SERIE. T. VI. (il). 3 



32 R. ANTHONY 

Gravigrades et les Tardigrades ont en somme un ensemble de 
caractères communs portant plus spécialement sur les parties 
anatomiques les moins exposées aux modifications que peut 
entraîner une existence arboricole dans le cas des Tardigrades, 
terrestre et semi-fouisseuse dans celui des Gravigrades. 

Sans vouloir nous engager ici plus à fond dans l'examen de la 
question des rapports morphologiques des deux groupes, rappe- 
lons seulement les caractères communs de leur bassin, de leur 
omoplate, de leur arc jugal et enfin de leur dentition caracté- 
ristique d'un régime essentiellement végétal. 

Ces similitudes morphologiques suffiraient déjà à elles seules 
à légitimer la réunion des Tardigrades et des Gravigrades. 
si la Paléontologie ne venait encore fournir à cette manière de 
voir un appoint important. En étudiant les fossiles des couches 
tertiaires les plus inférieures de la Patagonie, on est arrivé 
à découvrir des formes animales présentant un ensemble de 
caractères qui permettent de voir en eux les ancêtres communs 
possibles des Tardigrades actuels et des Gravigrades disparus. 
Je ne veux point remonter ici jusqu'au Protobradys Jiarmonicus 
Amegh., animal encore trop mal connu, qu'Ameghino considère 
comme cet ancêtre ; je veux simplement parler des nombreuses 
espèces du genre Hapalops. L'examen des planches dont 
Scott (1903) a illustré sa description des Edentés du Santa- 
cruzien de Patagonie est à ce point de vue éminemment 
suggestif. 

Les deux groupes des Gravigrades et des Tardigrades sont 
en somme si voisins qu'on ne peut entreprendre l'étude de 
l'un sans être immédiatement obligé d'aborder celle de l'autre, 
et, tout bien pesé et examiné, il semble impossible qu'en 
Systématique on ne les réunisse pas en un seul et même groupe 
auquel on pourra donner soit le nom de Phytophages qu'on 
leur a d'ailleurs déjà attribué en raison de la nature essen- 
tiellement végétale de leur régime, soit plus heureusement 
peut-être celui de Bradymorphes par exemple, qui rend compte 
de leurs caractères morphologiques généraux. 



LES EDENTES TARDIGRADES ET GRAVIGRADES 33 

C'est ce groupe des Phytophages, ou si l'on veut des Brady- 
morphes, dont j'ai entrepris depuis phisieurs années déjà 
l'étude à la fois physiologique, morphologique et systématique. 
Mais comme la tâche que je me suis imposée est véritablement 
longue et, en raison de la difficulté que l'on a à se procurer des 
matériaux, assez peu aisée, j'ai résolu de procéder pour ainsi 
dire par étapes. 

Mon intention est donc de publier sur ce sujet, et dans un 
ordre quelconque, une suite de mémoires isolés et dont 
l'ensemble réalisera, j'espère, dans quelque mesure, le pro- 
gramme que je me suis imposé. 

Je présente aujourd'hui les deux premiers de ces mémoires. 
Le premier a pour titre : Les coupures génériques de la 
FAMILLE des Bradypodidae. Le second s'intitule : Les atti- 
tutdes et la locomotion des Paresseux. 

Bien que j'aie voulu, ainsi que je viens de le dire, ne m'imposer 
dans la publication de ces mémoires aucun ordre particulier, 
j'ai cru bien faire en publiant ces deux-ci tout d'abord. Le 
premier eût logiquement dû être un des derniers de la série, 
puisque la Systématique, telle que je la comprends du moins, 
doit être la résultante et l'aboutissant en quelque sorte des 
études de Morphologie et de Physiologie. Mis en tête des 
autres, il offre à mes yeux l'avantage de faire connaître de 
prime abord le terrain sur lequel je vais évoluer et de permettre 
peut-être au lecteur de mieux saisir les détails anatomiques 
dont il sera question au cours des autres mémoires. Quant au 
second, il était bien naturel de le produire au début de la 
série : pour bien comprendre la mprphologie des Paresseux, 
ne faut-ii pas d'abord bien connaître leur mode de vie, puisque 
c'est en somme ce mode de vie qui véritablement les a fait. 

Le troisième mémoire qui paraîtra sous peu traitera des 
caractères d'adaptation des extrémités des Paresseux. 

K. A. 



34 R. ANTHONY 



LES COUPURES GÉNÉRIQUES 

DE U FAMILLE 

DES 

BRADYPODIDAE 



TABLE DES MATIERES 

I. — Du nombre de genres que doit en réalité contenir la famille des Bradypodidae 

(Etude critique des coupures génériques de Gray.) ^5 

II. — Correspondance des genres établis avec ceux des auteurs et plus particulièrement 

de Gray 41 

III. — Dénominations qu'il convient d'attribuer aux genres des Bradypodidae 44 

IV. — Rapporta des différents genres de Bradypodidae entre eux et avec les formes 
fossiles du Santacruzien 47 

v. — résumé et conclusions 51 

Index bibliographique ,52 

Légende de la planche I 54 



On s'accorde en général aujourd'hui pour diviser les Brady- 
podidae actuels ou Paresseux en deux genres, le genre Choloepus 
Illig. ou Unau et le genre Bradypus Linn, ou Aï, habitant tous 
deux exclusivement l'Amérique du Sud et l'Amérique centrale. 
Les genres Acheus de F. Cuvier (1825) et Prochilus d'iLLiGER 
(1811) doivent être définitivement éliminés, le premier étant 
tombé en synonymie et le deuxième ayant été créé, on l'a 
reconnu depuis, pour un Ursidé. 

A ces deux genres toutefois, Gray en a adjoint en 1849 un 
troisième, le genre Arctopithecus provenant de la division du 
genre Bradypus de Linné (1766) ; mais l'unanimité des auteurs 
pour ainsi dire se refuse actuellement à reconnaître le bien 
fondé de cette coupure générique (Zittel. Traité de Paléon- 



LES ÉDENTÉS TARDIGRADES ET GRAVIGRADES 35 

tologie, 1894 : Flower et Lydekker (1) : Mammals living 
and extinct. London 1891. — Trouessart. Catalogus Mamma- 
lium, 1898-1899. — Beddard : Mammalia. London 1902, etc., 
etc.), et s'accordent à faire rentrer les Arctopithecus de Gray 
dans le genre Bradypus. 

Dans la première partie de ce travail, nous examinerons la 
question de savoir comment doit être subdivisée en fait la 
famille des Bradypodidae : doit-elle comprendre simplement 
deux genres, comme le pensent les auteurs, ou trois, comme 
l'a voulu Gray % 

Cette première question tranchée, une deuxième sera posée, 
celle de la correspondance des genres que nous aurons cru 
devoir établir avec ceux des différents auteurs et plus parti- 
culièrement de Gray. La deuxième partie de ce travail sera 
consacrée à sa résolution. 

La troisième partie traitera des dénominations qu'il convient 
de donner aux genres de Bradypodidae que nous admettrons 
finalement. 

La quatrième enfin traitera très Driévement des rapports 
des différents genres de Bradypodidae entre eux et avec les 
formes fossiles du Santacruzien. 

I 

Du nombre des genres que doit en réalité contenir la famille 
des Bradypodidae (Etude critique des coupures génériques de Gray). 

Les caractères des trois genres de Bradypodidae tels que les 
conçoit Gray sont donnés par lui (Proceed. Zool. Soc. 1849, 
page 65) de la façon résumée suivante : 

1. Choloepus : Extrémités antérieures munies de deux griffes ; extrémités postérieurca 
munies de trois griffes. — Molaires antérieures de grande taiUe, ayant la forme de canines.— 
Ptérygoïdes renflés, subvésiculaires. 

2. Bradypus: Extrémités antérieures et postérieures munies de trois griffes.— Pytérygoldw 
renflés, creux, vésiculaires. 

(1) FLOWER et LYDDEKKER disent même à la page 182 : « More recently D' Gray described 
as many as eleven species ranged in two gênera Bradypus and ArctopUhecus ; but tlie dis- 
tinctions which he assigned both to species and gênera do not bear close examination. » 



36 R. ANTHONY 

Il fait dans ce genre rentrer seulement deux espèces qui ne 
sont vraisemblablement et jusqu'à plus ample informé que des 
variétés du Bradypus torquatus Illig. 

3. ArctopithecitK ■ Extrémités antérieures et postérieures munies de trois griffes. — Dents 
antérieures petites. — Ptérygoïdes comprimés en forme de crêtes et compacts. 

Ce genre comprend la totalité, à part les deux espèces pré- 
citées, des Paresseux à trois doigts. 

Eéglons d'abord rapidement la question du CJioloepus. Pour 
ce qui est de ce genre, il n'y a pas de controverse possible ; 
sa validité ne fait de doute pour personne, d'autant plus 
que pour achever de le caractériser on peut aux caractères 
ci-dessus énoncés ajouter les très importantes particularités 
anatomiques suivantes qui achèvent de le séparer nettement 
des Paresseux à trois doigts. 

Tête plus allongée que chez le Bradypus Linn. — Extrémité antérieure de la mâchoire infé- 
rieure développée en avant en forme de pointe. — Présence d'un'diastème en arrière des 
molaires antérieures qui sont en forme de canines. — Intermaxillaires très développés. — 
Os malaire court, triangulaire, dilaté à son extrémité, rappelant par sa forme un peu celui 
du Miilodon robuntus Owen. — Sinus crâniens très développés notamment dans la région de 
la voûte. — Foramen sus-épitrochléen à l'humérus. — Premières phalanges non soudées aux 
métacarpiens [ou aux métatarsiens chez ll'adulte, contrairement à ce qui se passe 'chez le 
Bradypus Linn. — Fourrure longue, épaisse et généralement brune, dépourvue de tache 
dorsale à poils courts et couleur de feu (1). 

La question délicate est uniquement celle de l'opportunité 
de la subdivision du genre Bradypus de Linné (1766) en deux 
genres. Exception faite de Gray (1849), ainsi qu'il a été dit, 
l'ensemble des auteurs l'ont résolue par la négative. Je dois 
avouer qu'au moment oii je débutais dans l'étude des Brady- 
podidae, je n'étais pas éloigné de me ranger avec l'unanimité, 
non pas qu'il m'ait jamais paru qu'il fût déshonorant à un 
titre quelconque de faire partie d'une minorité, mais bien 
parce qu'en tout état de causes, il me semblait que la subdi- 
vision du genre Bradypus était inopportune et que les raisons 
que Gray (1849) avait invoquées n'étaient pas suffisantes. 

(1) Me reprochera-t-on d'avoir mêlé ici des caractères purement anatomiques à des caractères 
zoologiques, c'est-à-dire portant uniquement sur l'extérieur et sur le crâne ? J'espère que 
non, d'autant qu'il ne me paraît pas que cette distinction des caractères en anatomiques et 
zoologigues soit autre chose qu'artificielle ; et, si l'on veut que les classifications ne soient 
pas simplement des muyens de se retrouver, ne doit-on pas tenir compte de tous les carac- 
tères sans exception ? 



LES ÉDENTÉS TARDIGRADES ET GRAVÎGRADES 37 

Voyons en effet quels sont dans leur ensemble, outre les 
caractères ci-dessus énoncés, ceux sur lesquels a pu s'appuyer 
cet auteur pour établir le genre Arctopithecus et le différencier 
du genre Bradypus. Pour s'en rendre compte, le mieux est de 
reproduire la diagnose plus complète de ces deux genres qu'il 
donne dans le second travail qu'il fit paraître en 1871 sur ce 
sujet. Nous la transcrivons ici intégralement et en anglais. 

Bradypus : « Pterygoïds swollen, hoUow, vesicular. Maies and females similar. Lower jaw 
with a short truncated anterior lobe varying in width at the anterior end. Intermarillary 
bones rhombic, as broad as long. The angle of the lower jaw is broad, triangular, with a 
rounded lower edge and produced for behind the condyle. The lower ramus of the malâr 
bone is simple, elongate, triangular, and the upper ramus much produced and dilated at 
the end. » 

Arctopithecus : « Pterygoïds compressed, crest-like. Maies with a patch of soft hair between 
the shoulders not founden in the females. Intermaxillary bones rhombic vith an attenuated 
process behind. The front of the lower jaw broad and truncated, sometimes with a slight 
keel in the centre near the upper margin. The front grinders are short and blunt. The upper 
process of the malar bone attenuated. » 

Ces différents caractères sont à vrai dire de valeur très diffé- 
rente : ceux tirés de la forme de l'extrémité postérieure de la 
mandibule, et auxquels Gray semble avoir attaché beaucoup 
d'importance ne me paraissent pas en avoir une très grande. 
Les recherches expérimentales que j'ai faites sur le rôle des 
muscles masticateurs dans l'établissement de la morphologie 
du crâne et de la face m'incitaient déjà à la défiance sur ce 
point (1) ; mais j'ai constaté en outre sur des Paresseux à trois 
doigts des variations individuelles considérables concernant 
l'extrémité postérieure de la mandibule. 

Quoique déjà plus importante la forme de l'os malaire est 
aussi sujette à caution. Là, encore, des variations individuelles 
peuvent entrer en jeu. Et d'ailleurs la forme de cet os n'est- 
elle pas elle aussi en rapport intime avec le plus ou moins grand 
développement des muscles masticateurs. 

(1) Voyez : R. Anthony. Etudes de Morphogénîe expérimentale ; ablation d'un crotaphyte 
chez le Chien (C. R. Soc. Biol., 1902). — Introduction à YEtude expérimentale de la Morpho- 
génie. Modifications crâniennes consécutives à l'ablation du crotaphyte chez le Chien et consi- 
dérations siu' le rôle morphogénique de ce muscle. (Bull. Soc. Anthrop., 1903 ; J. de Physiol 
et de Pathol. générales ; Congrès Assoc. française, Grenoble, 1904.) Contribution à l'étude de 
la morphogénie du crâne chez les Primates {Bull. Soc. Anthrop., 1904), — De l'action mor- 
phogénique des muscles crotaphytes sur le crâne et le cerveau des Carnassiers et des Primates 
C. R., Acad. Se, 1904. Bull. Inst. PsychoL, 1904). ^ Les conditions mécaniques du dévelop- 
pement de l'encéphale chez les Carnassiers et les Primates. (Revue des Idées, 15 sept. 1906.) 



38 



R. ANTHONY 



Les caractères différentiels qui me semblent devoir plus spé- 
cialement être retenus parmi ceux signalés par Gray (1871) 
sont les suivants : 

Bradypus Arctopithecus 

Forme différente des intermaxillaires dans l'un et l'autre genr(\ 



Ptérygoïdes arrondis, creux et 
vésiculaires. 

Les mâles et les femelles se- 
raient semblables. 



Ptérygoïdes comprimés, en 
forme de crête. 

La tache de poils courts et 
soyeux et souvent de cou- 
leur de feu située entre les 
deux épaules serait d'après 
certains auteurs l'apanage 
du mâle. 

Ajoutons à cela que la fourrure du Bradypus est le plus 
souvent, contrairement à celle de V Arctopithecus, de couleur 
brune à peu près uniforme à l'exception du collier noir qui a 
fait donner à sa principale, et vraisemblablement sa seule 
espèce, le nom de Bradypus torquatus Illig. Elle est en outre 
plus longue que celle de Y Arctopithecus. Les oreilles externes 
paraissent également plus longues chez le Bradypus de Gray 
que chez son Arctopithecus. (Signalons en passant que le savant 
mammalogiste du British Muséum ne nous paraît pas avoir 
remarqué cet important caractère.) 

H est évident que parmi ces caractères, la forme des ptéry- 
goïdes, celle des oreilles externes et le dimorphisme sexuel 
(la forme des oreilles externes et le dimorphisme sexuel 
demanderaient à être étudiés avec plus de détails sur des ani- 
maux frais) sont d'une réelle valeur taxinomique. La plupart 
des auteurs cependant ne les ont pas trouvés sufiûsants pour 
justifier une division du genre et tout au plus ont-ils voulu 
les considérer comme valant simplement pour délimiter les 
espèces, s'en tenant ainsi strictement à l'opinion de CuviER 
(1817) qui dit dans son « Eègne animal » (Volume des Mammi- 



LES EDENTES TARDIGRADES ET GRAVIGRADES 39 

fères, page 264) : « L'Aï à collier {Bradypus torquatus Illig.) 
est une espèce fort distincte, même par la structure osseuse 
de sa tête. « Cette mention spéciale pour le Bradypus torquatus 
Illig. me laisse à penser, maintenant que j'ai en main la plupart 
des éléments de la question, que Cuvier avait entrevu la vérité 
mais n'avait pas, faute de documents suffisants, osé l'énoncer 
d'une façon plus précise. 

Malgré l'importance qui ne m'avait pas échappé des deux 
caractères précités (ptérygoïdes et dimorphisme sexuel) et de 
celui que j'avais ajouté aux précédents (oreilles externes), j'étais 
encore, ainsi que je l'ai déjà dit, très perplexe sur la valeur de 
la coupure générique de Gray (1849). Une heureuse trouvaille 
que je fis au cours de l'hiver de 1902 vint lever mes derniers 
doutes. 

Je disséquais à cette époque un jeune Paresseux à trois doigts 
qui faisait partie de la petite réserve de matériaux destinés 
à l'anatomie que possède la Station physiologique du Collège 
de France. Cet animal, conservé depuis très longtemps dans 
l'alcool, et, dont je n'ai pu arriver à découvrir la provenance 
exacte, ne devait pas avoir vécu plus de quelques jours. En 
extension maxima il mesurait du trou auditif à la terminaison 
de la queue 175 millimètres ; il était de sexe mâle, et son corps 
était couvert de poils très longs, d'une couleur uniforme jaune 
assez clair ; sa fourrure présentait deux tourbillons situés sur 
la ligne dorsale médiane, l'un au niveau de la base de la région 
cervicale, l'autre au niveau du sacrum. Les poils étaient surtout 
longs dans la région dorsale ; sur le ventre ils étaient beaucoup 
plus courts et plus rares. Ses oreilles étaient relativement assez 
longues et légèrement pointues. Par ces caractères il paraissait 
donc devoir être rapporté au genre Bradypus tel que l'enten- 
dait Gray. Ses ptérygoïdes d'ailleurs étaient arrondis, gonflés 
et vésiculaires. 

Mais outre ces caractères, il en présentait deux autres extrê- 
mement particuliers : 

1° Une perforation sus-épitrochléenne ; 



40 R. ANTHONY 

2° Une réduction marquée du doigt IV (1) aux extrémités anté- 
rieures. 

C'est la première fois, je crois, que de semblables caractères 
ai?iit été signalés chez les Paresseux à trois doigts. 

Pour ce qui est de la perforation sus-épitrocliléenne, son 
absence est d'ailleurs considérée comme normale et caractéris- 
tique pour ainsi dire du Paresseux tridactyle. Tous les anato- 
mistes qui se sont occupés de la question sont formels sur ce 
point [Eapp : Anat. Untersuchungen ûber die Edentaten. Tu- 
bingen 1843. — Owen : On the Anatomy of Vertebrates. London 
1866. — P. Gervais : Remarques ostéol. au sujet du pied des 
Edentés. Journ. de Zool., T. VI, 1877. — Bronn's Thierreicli 
1874-1900 (le volume des Mammifères) ] pour n'en citer que 
quelques-uns. 

Comme chez tous les Mammifères où elle existe, cette perfo- 
ration livrait passage chez mon sujet à un nerf et à une artère. 

Pour ce qui est de la réduction du doigt IV les chiffres sui- 
vants rendent compte des différences de ^dimensions existant 
entre la deuxième phalange du doigt IV et celles du doigt II et 
du doigt III : 1^ chez un jeune Paresseux à trois doigts à peu 
près de même taille et d'une espèce que Gray aurait attribuée 
à son genre Arctopithecus (Collections d'Anatomie comparée du 
Muséum d'Histoire naturelle); 2° chez mon sujet. 

Largeur au milieu de la 2^ phalange (minimum) 





Doigt II 


Doigt III 


Doigt IV 


1° 


2 m. 8 


3 m. 1 


2 m. 8 


20 


2 m. 


3 m. 


Im. 



Les figures 2 et 3 de la Planche faites d'après des photogra- 
phies, permettent d'apprécier ces particularités. 

Recherchant dans les Collections d'Anatomie comparée du 
Muséum un terme de comparaison avec mon animal, j'y trouvais 

(1) Les doigt» du Paresseux tridactyle doivent être numérotés II, III, IV. Le doigt IV, qui 
correspond au bord cubital de la main, est celui qui est absent chez le Paresseux didactyle. 
Chez lei Bradypodidae, d'une façon générale, le doigt 1 et le doigt V ont disparu, en grande 
partie du moins. 



LES ÉDENTÉS TARDIGRADES ET dRAVIGRADES 4i 

un squelette monté de jeune Bradypus étiqueté Bradypus 
tridactylus Linn. et catalogué sous le numéro A. 3117 (Voy. 
fig. 1 de la Planche) lequel est en tout semblable à l'individu 
de la Station physiologique ci-dessus décrit. Comme lui, il 
présente des ptérygoïdes vésiculaires, une perforation sus- 
épitrochléenne et le quatrième doigt de la main réduit. 

Disons immédiatement que les différents caractères, ptéry- 
goïdes renflés et vésiculaires, perforation sus-épitrochléenne, 
réduction du doigt IV, ne peuvent être considérés comme des 
caractères de jeune âge puisque d'autres squelettes de Paresseux 
à trois doigts appartenant au Muséum, de même âge et même 
plus jeunes, possèdent des ptérygoïdes parfaitement aplatis et 
compacts, un humérus sans perforation et les doigts de la 
main égaux. 

En résumé, donc, et étant donnée Texistence des deux spé- 
cimens dont il vient d'être question, il semble que Ton puisse 
admettre deux sortes de Paresseux à trois doigts. La première 
sera brièvement caractérisée de la façon suivante : 

Ptérygoïdes renflés, vésiculaires. — Perforation sus-épitrociiléenne. — Doigt IV des extré- 
mités antérieures très réduit dans le sens transversa'. 

La deuxième : 

Ptérygoïdes compacts et en forme de crêtes. — Pas de perforation sus-épitrochléenne. — 
Les trois doigts de la main sensiblement égaux. 

Ces seules différences (abstraction faite des autres) nous sem- 
blent largement suffisantes pour légitimer la subdivision du 
genre Bradypus en deux genres. 

La famille des Bradypodidae doit donc comprendre en réalité 
trois genres. 

II . 

Correspondance des genres établis avec ceux des auteurs 
et plus particulièrement de Gray. 

Cette premi^e question résolue, il convient d'examiner com- 
ment et dans quelle mesure ces deux genres de Paresseux à trois 
doigts répondent aux genres Bradypus et Arctopithecus de 
Geat (1849). 



42 R. ANTHONY 

Si nous comparons les caractères du Paresseux de la Station 
physiologique et de celui désigné aux galeries d'Anatomie com- 
parée du Muséum sous le numéro A. 3117 à ceux donnés par 
Gray (1871) à son genre Bradypus, nous nous apercevons que 
nos animaux s'en rapprochent par les ptérygoïdes renflés et 
vésiculaires, la fourrure longue, de ton à peu près uniforme et 
d'une nuance assez foncée à tout prendre, surtout si Ton consi- 
dère le jeune âge de Tanimal, et aussi, par la forme des oreilles 
externes, très semblables à celles que possède le Bradypus tor- 
quatus Illig, ainsi que nous l'avons vu. 

En ne tenant compte que des caractères fournis par le crâne 
et la peau, il y a donc incontestablement lieu d'identifier le 
Paresseux tridactyle de la Station physiologique et le numéro 
A. 3117 des galeries d'Anatomie comparée du Muséum au genre 
Bradypiis de Gray (1849). Mais l'on s'étonnera alors que Gray 
(1871) n'ait pas parlé, dans sa diagnose, de ces caractères si 
importants, qui n'auraient certainement pu lui échapper, la 
perforation sus-épitrochléenne et la réduction du doigt IV. 

Gray, suivant en cela une tendance malheureuse, aurait-il 
considéré le caractère de l'humérus comme un caractère ana- 
tomique dont un pur systématicien ne doit pas tenir compte f 
Mais alors comment concevoir qu'il ne parle pas de la réduction 
du doigt IV, qui intéressant la griffe elle-même, ainsi que nous 
le verrons plus loin, est bien un caractère zoologique au sens le 
plus étroit que l'on peut attribuer à ce mot. 

La chose s'explique plus aisément, je crois, en admettant 
que Gray n'a eu à sa disposition du Bradypus torquatus Illig. 
(la seule espèce, en somme, de son genre Bradypus) que des 
peaux et des crânes. Il ne pouvait donc constater la perforation 
sus-épitrochléenne, dont il n'aurait pas manqué de parler, et 
l'on conçoit que la réduction du doigt IV ait pu échapper à sori 
esprit non prévenu. 

De mon côté, d'ailleurs, je ne connais aucun squelette de 
Bradypus torquatus Illig. Le Muséum d'Histoire naturelle de 
Paris n'en possède pas, et il parait en être de même du British 



LES ÉDENTÉS TARDIGRADES ET GRAVIGRADES 43 

Muséum de Londres (1). Il n'y en existe pas non plus, à mon 
su, de représentation par les auteurs. L'identification certaine 
de nos animaux de la Station physiologique et des galeries 
d'Anatomie comparée du Muséum (n» A. 3117) avec le Bradypus 
de Gray est donc bien difficile à établir. 

Toutefois, sur les peaux préparées de Bradypus torquatus lUig. 
ou constate aisément, pourvu que Tattention ait été attirée sur 
ce point, une réduction certaine du doigt IV de la main; elle se 
manifeste d'une façon très évidente par la moindre dimension 
de la griffe correspondant à ce doigt. (Voy. fig. 7 de la 
Planche L) 

Dans ces conditions il semble, eu somme, que l'on puisse 
attribuer, en raison des caractères des oreilles externes, des 
ptérygoïdes, de la griffe IV et de la fourrure (l'absence chez notre 
animal du collier noir caractéristique de l'espèce Bradypus tor 
quatus lUig. peut être mise sur le compte soit du jeune âge, 
soit de ce fait que notre spécimen, au lieu d'appartenir à 
l'espèce en question, appartenait à une espèce voisine) sans 
trop craindre d'être démenti par l'avenir, notre type de la 
Station physiologique et le numéro A. 3117 des collections 
d'Anatomie comparée du Muséum au genre Bradypus de Gray, 
et, cela avec d'autant plus de probabilité que Peters (1865) 
qui, lui, paraît avoir vu un squelette de Bradypus torquatus 
Illig., signale, dans son mémoire sur le Choloepus d'HoFFMANN, 
sans la préciser, la forme particulière du bras de cet 
animal. 

Les autres Paresseux à trois doigts rentrent dans le genre 
Arctopithecus de Gray. Il est bien évident toutefois que la ques- 
tion de l'identification de notre animal avec le Bradypus tor- 
quatus Illig. ne pourra être tranchée d'une façon définitive que 
lorsque l'on connaîtra avec certitude l'humérus et la main 
complète de ce dernier animal. 



(1) Ayant demandé au British Muséum la communication d'un croquis d'humérus de 
Bradypus torquatus Illig, j'ai reçu de M. Ray Lankester la réponse suivante • « The Director 
présents his compliments and regrets that a skeleton of Bradypus torquatus is not available ». 



Ai R. ANTHONY 

TU 
Dénominations qu'il convient d'attribuer aux genres de Bradypodidae. 

La troisième question à résoudre est celle des noms qu'il con- 
vient de donner aux genres qui devront, dès lors, constituer 
la famille de Bradypodidae. 

Le nom de Choloepus Illig. attribué au Paresseux à deux 
doigts n'est naturellement pas en cause. 

La seule question à trancher est de savoir si l'on doit admettre 
ou non pour les deux autres genres les noms proposés par Gray 
(1849), c'est-à-dire appeler le premier Bradypus et le deuxième 
Arctopithecus. Il semble qu'il y ait de nombreuses raisons pour 
ne pas le faire. 

En effet, Gray n'aurait pas dû donner le nom de Bradypus 
à son premier genre à ptérygoïdes vésiculaires et celui d' Arcto- 
pithecus à son second à ptérygoïdes plats et compacts, car l'ani- 
mal que Linné (1766) a eu en vue lorsqu'il a établi sa diagnose 
du Bradypus tridactylus, semble avoir été bien nettement un 
de ceux que Gray (1849) a désignés sous le nom à' Arctopithecus. 
Voici, d'ailleurs, la diagnose complète de Linné (1766), extraite 
du Systema Naturae, 12® édit., pages 50-51. 

Bradypus tridactylus. — Pedibus tridactylis. Caudae brevi. Corpus pilosissimum, griseum- 
Fades nuda. Gula flava. Auriculae nullae. Cauda subovata. Dentés priorea nuUi, niai laniarii 
aed occursentes, antice remotissimi, longiores, trimcati. Molares laniarii, 'approximati, bre- 
viores. Pedes anteriores longiores posterioribns divarioatissimi ; digiti combinat! in flngibus 
pedis. Ungues compressi valdissime lotidem. Mammae pectorales. 

Les caractères mis en italiques sont ceux qui permettent à 
nos yeux d'établir incontestablement que le Bradypus tridac- 
tylus de Linné (1766) était ce que Gray (1849) a appelé plus 
tard un Arctopithecus. 

Les animaux de ce genre sont, en effet, caractérisés par une 
fourrure de teinte souvent gris clair et non brun sombre, comme 
chez le Bradypus torquatus Illig. Certains d'entre eux {Bradypus 
euculliger Wagler) ont la face recouverte de poils courts, ce 
qui a pu leur faire donner par Linné (1766) ce qualificatif de 
fades nuda. Auriculae nullae est aussi bien en rapport avec 



LES EDENTES TARDIGRADES ET GRAVIGRADES 45 

V Arctopithecus , dont les oreilles sont extrêmement courtes, et 
ne peut se rapporter au Bradypus torguatus Illig, qui, ainsi 
qu'il a été dit, paraît les avoir sensiblement plus longues. 
Enfin, le fait d'avoir les ongles égaux est aussi un caractère 
d' Arctopithecus puisque, ainsi qu'il a été dit et montré, le 
Bradypus torquatus Illig. a l'ongle IV de la main plus réduit. 
Dans ces conditions et pour se conformer aux règles de la 
nomenclature zoologique, il convient d'attribuer à l'Arctopi- 
thecus de Gray le nom de Bradypus L., rendant ainsi à ce 
genre sa véritable dénomination linéenne. 

Il y a donc lieu, par conséquent, de donner au genre carac- 
térisé par des ptérygoïdes vésiculeux, des oreilles plus longues, 
une perforation sus-épitrochléenne et un doigt IV réduit, 
un autre nom. Quel nom choisirons-nous f Prendrons-nous 
celui d' Arctopithecus, nous bornant ainsi à une simple inter- 
version f Ce choix ne me paraîtrait pas heureux. En effet, ce 
nom a été emprunté par Gray (1849) à Gesner, qui l'employa 
pour la première fois en 1560 en décrivant, d'une façon bien 
vague d'ailleurs, un Paresseux à trois doigts qu'il prenait, 
au surplus, pour un Singe. Ce terme d' Arctopithecus indique 
en effet nettement la pensée de l'auteur. De plus, en appelant 
le Bradypus de Gray Arctopithecus, et son Arctopithecus, 
Bradypus, on risquerait d'amener une confusion. Enfin, on peut 
admettre que les genres de Gray (1871) sont insuffisamment 
caractérisés, puisqu'il n'a pas tenu compte, dans sa diagnose, 
ni des caractères de l'humérus, ni de ceux de la main, ni de 
ceux des oreilles externes qui sont cependant si importants. 
Il semble donc, pour toutes ces raisons, qu'il y ait lieu de 
rejeter le terme Arctopithecus. 

Il nous a semblé en outre qu'il n'y avait pas Heu de tenir 
compte davantage du terme Scaeopus, créé par Peters (1865), 
pour le Bradypus torquatus Illig. Ce genre Scaeopus est insuffisam- 
ment caractérisé. Voici ce qu'en dit l'auteur dans une note en bas 
^ Kirk et F. A. Simons. 

Mais ces explorateurs ne s'étant guère attachés qu'à l'étude 
géographique des contrées traversées, les documents zoologiques 
concernant la faunti équatoriale de l'Afrique restaient peii nom- 
breux. Il en est tout autrement à partir de 1878, date de la 
création des stations scientifiques établies dans la région des 
grands lacs sous les auspices des Etats européens. Tandis 
que les Belges Oambier, Dutrieux et Wauthier (1) fondent 
une station à Karéma, (2) les Anglais Thomson, Hore, Hutley 
et Mullens, envoyés par la « London Missionary Society », se 
fixent à Oudjiji le 23 août 1878. Ils sont bientôt suivis par les 
Allemands : en 1880, une mission, sous les ordres de la société 
africaine d'Allemagne, et composée du capitaine von Schôler, 
de Bôhm, Kayser et Reichard, s'établit à l'extrémité sud du lac 
Tanganika au moment même où Flegel explorait le cours de la 
Bénoué et les régions inconnues de l'Adamaoua. 

La France ne reste pas étrangère à ce grand mouvement 
d'exploration. Un séminaire des Missions d'Afrique s'était fondé 
à Alger, en 1876, dans le but de préparer rationnellement des 



(1) Plus tard, une troisième exp^^dition belge, composée de Beudo, Roger, Blandain et 
Cadenhead se dirige également sur Karéma oïl elle arrive en avril 1880. 

(2) Les belges, sous la direction du D'' Van der Heuvel et du capitaine Popelin fondent une 
seconde station à Kouihara dans l'Ounyanyembé. 



LA MALACOGRAPHTÉ DE L'AFRTOUE EOUAK^RIALE 10^) 

missionnaires-explorateurs. Il en part bientôt deux missions : 
l'une, composée de cinq personnes, parvient à Kadjei, sur les 
rives du lac Nyassa, en janvier 1879 ; l'autre, qui gagne le lac 
Tanganika, est rejointe, en 1881, par une troisième expédition 
comprenant, cette fois, quinze personnes. La plupart des récoltes 
malacologiques de ces voyageurs furent étudiées par J. E. BouR- 
GUIGNAT (1883). Il en fut de même des matériaux rapportés par 
le capitaine Bloyet qui, parti de Zanzibar le 11 juin 1880, comme 
chef de la station française d'Afrique orientale, parvient à Koudoa 
dans l'Ousagara, et fonde définitivement la station à Kwa- 
Mgoungou. Enfin Victor Giraud rapporte, de sa longue explo- 
ration à la région des grands lacs, la majeure partie des docu- 
ments qui serviront à Botjrguignat pour écrire son Histoire 
malacologique du lac Tanganika. (Bourguignat, 1885, 1888, 
1890.) 

Désormais l'élan est donné. Chaque exi)édition revient en 
Europe avec un matériel zoologique plus ou moins considérable, 
mais toujours intéressant. La région des grands lacs semble 
surtout le i3oint de mire des explorateurs. Les Anglais Thom- 
son (1883) ; O'Neiir (1885) ; Weiss. Jûhlke et le D^ Hannigton 
(1883) ; le célèbre Stanley (1887-1888) ; J. T. Last (1885-1886) ; 
Sharpe (1890) ; H.-H. Johnston (1890, puis 1896-1897) ; etc. ; 
les Allemands Boehm, Reichard et Kaiser (1883-1884) ; Wiss- 
mann (1885) ; Tf^ Junker (1875-1886) ; le D^ Oscar Lenz (1884- 
1886) ; le comte Teleki et von Hôhnel (1887-1888) ; Baumann 
(1890) ; le D^ Stuhlmann (1890-1892), etc. ; les Français F. de 
Meuse, Ed. Foa (Germain, 1907), parcourut en tous sens les 
vastes territoires de l'Afrique orientale compris entre le Congo 
et l'Océan Indien. Tandis qu'en Angleterre le D^ E. A. Smith 
fait connaître, dans une série de publications (1), les découvertes 
de ses compatriotes, le D^" E. von Martens (1898) résume, dans 

(1) Les travaux de Smith se trouvent disséminés dans les Proceedings of the zoological society 
of London (1880. pp. 344-352, pi. XXXI ; 1881, pp'. 276-300, pi. XXXII-XXXIV ; 1888, 
pp. 52-56; 1890, pp. 478-485, pi. XLVIII ; 1890, pp. 146-168, pi. V-VI, etc..) et dans les 
Annals and magaz. of natural history (5^ série, VI, 1880, pp. 425-430 ; 6^' série, IV, 1889, pp. 173- 
175 ; VI, 1890, pp. 93-96 ; VIII, 1891, pp. 317-324 ; X, 1892, pp. 121-128, pi. XII, etc.). 



106 LOUIS GERMAIN 

Tin excellent omTage, la faune malacologique de cette partie 
de TAfrique. 

A mesure qu'elle semblait mieux connue, la faune des grands 
lacs intéressait de plus en plus les zoologistes. C'elle du Tanganika 
surtout, par son étrangeté, son faciès marin ])lus apparent que 
réel, fixait l'attention des naturalistes. Aussi le professeur Ray, 
Lancaster organise-t-il, avec le concours de la « Boyal Society )>, 
une première expédition au lac Tanganika (1895-1896), bientôt 
suivie d'une seconde (1899-1900) placée sous le commandement 
de J. E. S. Moore et composée de sir John Kirck, sir William 
Thomson -Dyer, D^" Slater et M. Boulenger. Les résultats en 
furent considérables : au point de vue malacologique, Moore 
put fixer les affinités d'un certain nombre de Mollusques {Ti- 
phohia, Limnotrochus, Bathanalia, SpeMa, etc.), dont il fit l'ana- 
tomie (1903). 

Il restait à compléter ces données par l'étude de la faune du 
lac Rodolphe et des nombreuses masses d'eau voisines. L'ex- 
pédition du comte Teleki et de von Hôhnel (1892) au Kilima 
N'djaro, au Kenia, aux lacs Baringo et Rodolphe ne nous fournit 
que de trop rares documents zoologiques. Il en est de même des 
voyages entrepris par le Français J. Borelli et par les Italiens 
Vannutelli et Citerni (1899) qui complètent seulement au 
point de vue géographique les découvertes allemandes. L'explo- 
ration, toute récente (1904) de M.Maurice de Rothschild est, 
pour nous, autrement importante. J'aurai à revenir plus loin 
sur les intéressantes publications malacologiques que MM. Neu- 
ville et R. Anthony y ont consacrées (1906). 

Pendant que se multipliaient les voyages dans l'Afrique orien- 
tale, les régions du Tchad et du Chari étaient parcourues par 
des explorateurs qui, là du moins, sont presque tous Français. 

Les premiers Mollusques de ces régions sont recueillis par la 
mission Foureau-Lamy (Foiireau, 1904, 1905) qui quitte Se- 
drata le 23 octobre 1898. Après avoir, au prix de mille fatigues, 
traversé le Sahara, elle débouche, le 10 janvier 1900, sur les 
bords de la rivière Komadougou-Yobé et campe, un peu au delà 



LA MAI.ACOGRAPHIE DE L'AFRIQUE EQUATORL\LE 107 

d'Arégué, sur les rives mêmes du Tchad. J'ai étudié ailleurs les 
iutéressantes récoltes malacologiques de M, F. Foureau (Ger- 
main, 1905, 1905a) et celles, j^lus récentes, de M. Lenfant, dans 
le lac Tchad (Geeml^in, 1906). Mais les documents fauniques les 
plus importants que nous possédions jusqulci nous ont été fournis 
par la belle expédition conduite par MM. A. Chevalier, Decorse, 
Courtet et Martret, qui explorent, non seulement le lac Tchad, 
mais encore les bassins du Ohari et de l'Oubangui (Germain, 
1904a, 1906). Je n'aurai garde d'oublier ici les officiers français, 
MM. Lacoin, Hardelet, Duperthuis et Moll qui, au cours de 
leurs travaux de reconnaissance, ont pris soin de recueillir des 
coquilles. (Germain, 1906.) 

Enfin, en 1902, le lieutenant allemand Glauning. récoltait à 
Kouka quelques Mollusques qui furent décrits par le regretté 
Dr E. von Martens (1903), alors directeur du Muséum de Berlin. 

II 

Dans les pages suivantes, je distinguerai, au point de vue 
faunique, trois régions peut-être un peu artificielles géograj)hi- 
quement. La première, que je désigne sous le nom de Bassin 
du Congo, correspond sensiblement à toute la partie de l'Etat 
indépendant située au sud du grand fleuve et de son affluent, 
l'Arouhimi. La deuxième comprend les pays explorés par M. A. 
Chevalier au cours de sa dernière mission, c'est-à-dire les régions 
entourant le lac Tchad et les territoires arrosés par le Chari, 
l'Oubangui, le Gribuigui et leurs tributaires. Enfin la troisième 
s'étend des grands lacs à la côte : elle rejoint, au nord, le pays 
des Gallas et celui des Somalis ; elle s'arrête, au sud, au cours 
du Zambèze. Elle comprend toute l'Afrique orientale allemande 
et anglaise et une partie de l'Afrique portugaise. 

Je n'ai rien de particulier à dire de la première région, si ce 
n'est qu'une notable partie de son étendue est couverte par la 
grande forêt équatoriale, généralement pauvre au point de vue 
faunique. La deuxième est maintenant connue, grâce aux explo- 



108 LOUrS GERMATN 

rations françaises de F. Fourean-Lamy, A. Chevalier, Courtet, 
Decorse et Martret. A son extrême ouest se trouve le Tchad. Ce 
lac, situé à 260 mètres au-dessus du niveau de la mer, occupe le 
fond d'une vaste cuvette. Il affecte sensiblement la forme d'un 
triangle rectangle dont les côtés droits seraient formés par ses 
rives méridionale et occidentale. D'une surface d'environ 20.000 
kilomètres carrés, sa longueur atteint près de 200 kilomètres et 
sa largeur maximum 180. La parti(^ la plus profonde dn Tchad 
est la poche du Bornou, le N'Ki Boni des indigènes (eaux blanches 
et libres). La partie orientale est, par contre, fort peu profonde, 
parsemée d'iles dont le nombre dépasse trois cents et qui s'éten- 
dent, le long des rives du Kanem, à une distance de la côte va- 
riant entre trois et cinq kilomètres. Beaucoup de ces îles sont 
boisées et servent d'asile à une faune as^ez riche (1). Les eaux 
du lac, généralement douces, prennent en mai et juin une saveur 
légèrement salée. Enfin le Tchad qui, au dire des voyageurs, est 
en voie rapide de dessèchement, n'a que des rives basses et 
marécageuses. Son principal tributaire est le Chari, grosse 
rivière fort large et d'environ deux mètres|de profondeur moyenne. 
Le Chari traverser u d'immenses savanes plates, couvertes de 
brousses par places et en bouquets épars ». (Foureau, 1905, 
I, p. 210.) 

La troisième région, beaucoup plus élevée, généralement mon- 
tagneuse, est surtout intéressante par la présence de nombreux 
lacs, souvent très étendus, qui occupent, du sud au nord et à 
des altitudes différentes, le fond d'une immense faille. Le pre- 
mier de ces lacs est le Nyassa, qui communique avec le Zambèze 
par la rivière Shiré. Long de plus de 600 kilomètres, large de 
24 à 100 kilomètres, sa surface atteint 30.000 kilomètres carrés 
et sa profondeur, en certains points, dépasse 200 mètres. Il est 
situé à 480 mètres au-dessus du niveau de la mer et sa côte 
orientale est bordée par les monts Livingstone. Ses eaux sont 
très pures, d'une limpidité parfaite, puisqu'elles ne laissent aucune 
trace de sédiments dans les chaudières. A environ 350 kilo- 

(1) Les grands Limicolaires y sont, nolaninient, fort abondants. 



LA MALACOGRAPHIE DE I/AFRIOUE EQUATORIAL 109 

mètres au nord-ouest s'étend le lac Tanganika situé, entre les 
30 et 9° de latitude sud, à une altitude de 830 mètres au-dessus 
du niveau de la mer. D'une superficie de 39.000 kilomètres carrés, 
sa longueur maximum est de 600 kilomètres et sa largeur varie 
entre 50 et 90 kilomètres. La profondeur du Tanganika est 
considérable ; ses rives sont fort accidentées et, sur toute la 
moitié sud notamment, les montagnes tombent à pic dans Teau, 
ne laissant que, de loin en loin, quelques petits intervalles occupés 
par des plages. Son principal affluent est le Loukouga, qui le 
met en communication avec le Loualaba, c'est-à-dire avec le 
bassin du Congo. vSes eaux sont fort agitées et, dit le voyageur 
français Victor Giraud (1885, p. 27), comparables, à ce point 
de vue, à celles de l'Océan. Bien que potabh^s au dire des habi- 
tants, elles sont souvent « troublées et dénaturées par de forts 
dégagements gazeux chargés de matières minérales, dégagements 
provenant du fond de l'immense faille à laquelle est due cette 
mer intérieure ». (Bourguignat, 1888, ]). 79.) Encore plus au 
nord, et souvent réunis entre eux par des rivières plus ou moins 
importantes, se rencontrent les lacs Kivu, Albert-Edouard- 
Nyanza et Albert-Nyanza, à l'est desquels s'étend le vaste lac 
Oukerewé ou Victoria -Nyanza, qui n'a pas moins de 66.500 kilo- 
mètres carrés. Ses côtes possèdent, d'après Stanley, un dévelop- 
pement total de plus de 1.800 kilomètres. Placé sous l'équateur, 
à une altitude de 1.100 mètres, il communique, au nord, avec 
le lac Albert-Xyanza. directement rattaché au bassin du Nil. 

Enfin, beaucoup plus au nord, (vers le 5° de latitude nord) 
existe toute une série de lacs sans écoulements constituant 
autant de bassins fermés. Les uns, comme le Basso-Narok (lac 
Noir) ou Rodolphe, le Baringo et lé Naïwacha, renferment de 
l'eau douce ; les autres, tels que le Basso-Ebor (lac Blanc), le 
Nakoura-Sekelaï, le Maou et le Mangara, ont des eaux salées. 
Le territoire de ces lacs est bordé d'une chaîne de montagnes qui 
l'isole du bassin du Nil ; une autre chaîne, dominée par le Kenia 
et le Kilima-N'djaro sépare, de l'Océan Indien, le bassin des 
lacs fermés de l'Afrique orientale. 



110 LOUIS GERMAIN 



III 



I 



Nous pouvons essayer maintenant de caractériser la faune 
malacologique des régions équatoriales de l'Afrique. Les maté- 
riaux jusqu'ici recueillis dans les territoires du ( 'hari-Tcliad 
sont beaucoup moins importants que ceux de l'Afrique orien- 
tale ou du bassin du Congo. Ils sont cependant suffisants pour 
établir, entre ces diverses contrées, d'intéressantes comparai- 
sons. 

Les espèces de la famille des Urocyclidœ se rencontrent dans 
toute l'Afrique équatoriale. Il en est de même des Helicarion 
et des Vitrines, mais leur rareté semble d'autant plus grande 
que l'on s'éloigne davantage des côtes. C'est ainsi que M. A Che- 
valier n'a rapporté, de sa dernière mission, qu'un seul échan- 
tillon de Vitrine d'ailleurs en trop mauvais état de conservation 
pour être déterminé spécifiquement. 

Les Thapsia habitent depuis les côtes du Sénégal et de la 
Guinée, jusqu'au Mozambique, au Choa et en Abyssinie. Sur- 
tout répandues dans les régions côtières, elles se trouvent aussi 
dans les pays de l'intérieur oii elles vivent au voisinage des 
rivières, sous les amas de feuilles mortes, au pied des arbres et, 
de préférence, dans les endroits montagneux (1). On en connaît 
actuellement un grand nombre d'espèces toutes très voisines 
les unes des autres (2), 

Le genre Sitala H. Adams n'a, jusqu'ici, aucun représentant 
dans les territoires qui nous occupent. Par contre, on a signalé, 
dans les régions boisées et humides du N 'gourou, (au nord de 
rOusaghara) (Bourguignat, 1889, p. 14), et dans la grande 

(1) C'est ainsi rjuc le D'' E.-A. Smith (1899, p. 583) a signalé un assez grand nombre d'espèces 
de Thapsia {Thapsia mixta Smith, Th. masukuensU Smith, Th. simulata Smith, Th. npikana 
Smith. Th. decepta Smith) vivant sur les plateaux de Nyika> de Zomba. de Chiradzulu et de 
Malosa, situés au Nord du lac Nyassa, et qui atteignent une altitude variant entre 5.000 et 
7.000 pieds (1 520 et 2.l3u mètres). 

(2) M. le U' Decorse a recueilli, aux environs de Krebedjc, une très belle espèce de Thapsia, 
remarquable par sa spire planorbique et sa grande taille. Je la décrirai prochainement sous le 
nom de Thapsia Lamyi. 



LA MALACOGRAPllIE DE L'AFRIQUE ÉQUATORL\LE IH 

forêt équatoriale (Dupuis et Putzeys, 1901, \)\. 111), quelques 
rares espèces appartenant au genre Moaria, créé par Ohaper 
(1885) pour des coquilles du Gabon. 

Les TrocJionanina, dont l'étude descriptive est entièrement 
à reprendre peuvent, au point de vue géographique, se répartir 
en deux séries. La première, de beaucoup plus nombreuse, com- 
prend les espèces à test mince et fragile qui, comme les Trocho- 
nanina mozambicensis Mousson, Troch. ïbuensis Martens, Troch. 
percarinata Martens, etc., vivent dans les régions côtières. La 
seconde est constituée par des espèces {TrocJionanina mesogae 
Martens, Troch. permanens Smith, etc.) au test épais, beaucoup 
plus solide, ne se rencontrant qu'à l'intérieur du continent. J'ai 
également signalé (Germain, 1907), dans le bassin du Chari, 
la présence du Trochonanina Adansoniœ Morelet, espèce qui 
n'était connue que du Gabon, où elle vit sur les troncs de Baobab 
(Morelet, 1858, p. 13). Une forme très voisine, le Trochonanina 
percostulata Dupuis et Putzeys, habite également la grande 
forêt équatoriale, dans le bassin du Congo (Dupuis et Putzeys, 
1901, p. LIV). 

Les Ledoulxia Bourguignat sont des coquilles à test solide et 
opaque qui pénètrent beaucoup moins avant dans les terres 
que les Trochonanines. Il en est de même des Bloyetia Bourgui- 
gnat, grosses espèces globuleuses aux habitudes nocturnes (1) 
qui paraissent cantonnées dans les contrées arides du Somal, 
où elles représentent les Leticochroa des régions méditerranéennes. 
Ou n'en connaît pas de l'intérieur. 

Les Enneidœ se rencontrent partout : les genres Streptaxis 
Gray, 3Iarconia Bourguignat, Ptycotrema Môrch, Edentulina 
Pfeiffer, etc., et surtout Ennea Pfeiiïer, fournissent de riches 
suites d'espèces, aussi bien dans l'Afrique orientale que dans 
le bassin du Congo et la région des lacs. La pauvreté du ter- 
ritoire du Chari — où je n'ai signalé que le seul Ennea Gravieri 



(1) Par ses caractères anatomiciues, le genre Bloyetia se rapproche des Hyalinia d'Europe ; 
la mâchoire et le ruban lingual ont sensiblement les mêmes dispositions; l'appareil génital 
dilfère surtout par la présence d'un long flagellum filiforme. 



112 LOUIS GERMAIN 

Germain — me semble plus apparente que réelle et due à la 
difficulté de se procurer ces animaux, tous de très petite taille, 
(jui doivent vivre en colonies plus ou moins populeuses le long 
des rives boisées de l'Oubangui et du Gribingui. Les genres 
Stenogyra Shuttleworth, Subuîina Beck, Opeas, etc., n'offrent 
rien de particulier quant à leurs distributions, les mêmes espèces 
habitant partout et certaines, comme le Subuîina octona Chem- 
nitz, ayant tendance à devenir complètement cosmopolites (1). 

Les Cyclostomidœ sont, en Afrique, des coquilles surtout lit- 
torales. Le bassin du Congo et le î^yassaland en nourrissent 
quelques rares représentants {Cyclophorus rugosus Putzeys, 
Cycloj)horus intermedius Martens. Pomatias nyassanufi Smith, 
etc.). On n'en connaît pas des régions du Tchad et du Ohari. 

Mais c'est avant tout la famille des Avhatimdœ qui imprime, 
aussi bien par la taille que par le nombre et, fort souvent, par 
l'abondance des espèces, le caractère particulier à la faune des 
contrées que nous étudions. Les Achatines décrites par les 
auteurs sont fort nombreuses et, ainsi que l'a déjà remarqué 
Smith (1899, p. 579), chaque district semble produire une race 
spéciale, modification plus ou moins importante de quelque 
type voisin bien connu. Communes au Gabon, au Sénégal, dans 
la région des grands lacs, le Nyassaland, etc., les Achatines sont 
encore répandues en certains points du bassin du Congo oii 
pullulent les petites espèces comme VAchatina sylvatica Dup. 
et Putzeys. Elles sont beaucoup plus rares dans les territoires 
du Tchad et du Chari, où elles sont partiellement remplacées 
par les Limicolaires. 

Les Serpœa Bourguignat ( =Ganomidos d'Ailly) sont des Acha- 
tines à test mince qui se cantonnent principalement autour des 
grands lacs et, notamment, du Tanganika. On en connaît aussi 
dans le Cameroon (d'Ailly) et la grande forêt équatoriale 
(I)upuis et Putzeys) où ils vivent, en compagnie des Peridie- 



(1) J'ai reçu dernièrement une grande espèce du genre Homorus recueillie, par M. le D'' De- 
corse, aux environs de Krébedjè (territoire du Chari). Je la décrirai prochainement, dans le 
Bulletin du Muséum, sous le nom d'Huniorun Courteti. 



LA MALACOGRAPRIE DE L'AFRIQUE ÉQUATORIALE 113 

ropsis, sur les végétaux croissant au bord des rivières. Les 
Burtoa Bourguignat ( =Livinhacia Grosse) pénètrent moins à 
l'intérieur du continent. Cependant, le Burtoa Dupuisi Putzeys 
liabite le bassin du Congo, et le capitaine Duperïhuis a recueilli 
dans le Kanem, près du lac Tchad, le Burtoa nilotica Pfeiffer 
d'Abyssinie. 

Enfin les Limicolaires sont partout très abondantes, sauf 
dans le bassin du Congo où elles sont, en grande partie, rem- 
placées par les Peridieropsis. Les espèces actuellement connues 
sont tellement nombreuses et si voisines les unes des autres qu'il 
est à peu près impossible de s'y reconnaître. Aussi est-il à sou- 
haiter que l'on revise sérieusement le groupe entier, en excluant 
les formes insuffisamment définies. Les espèces du Haut-Nil se 
retrouvent d'ailleurs aussi bien dans le Kanem, les îles du Tchad 
et le territoire du Chari que dans la région des grands lacs. Elles 
sont partout remarquables par leur très grand polymorphisme. 

En résumé, la faune terrestre des trois contrées que nous 
étudions est remarquablement homogène. Elle peut se carac- 
tériser rapidement par les particularités suivantes : 

a) Abondance des espèces appartenant à la fa,mille des En- 
neidce. 

h) Les Thapsia et les Troclonanina, signalées partout, ne 
sont nulle part très communes ; elles sont plus répandues dans 
les régions côtières du Mozambique que partout ailleurs. Quant 
aux Ledoulxia et surtout aux Bloyetia, ils semblent spéciaux 
aux contrées soraaliennes. 

c) Les Cyclostomidœ sont très rares dans les régions équa- 
toriales intérieures. 

d) On n'a, jusqu'ici, signalé aucun représentant de la famille 
des Bulimidœ dans les territoires du Chari-Tchad. Tl existe 
cependant des espèces du genre RacMs dans le Nyassaland et 
le pays des Masaï. 

e) Abondance des Achatinidœ. Les Achatines, très communes 
dans les régions des grands lacs et du Congo, sont rares dans 
les contrées du Chari-Tchad. Les Limicolaires, très abondantes 



114 LOUIS GERMAIN 

autour des grands lacs et dans les territoires du Ohari-Tchad, 
sont en majeure partie remplacées, dans le bassin du Congo, 
par les Peridieropsis. 

f) Enfin les Mollusques nus de la famille des Limacidœ sont très 
rares (genre Phaneroporus Simroth). Par contre, les Urocyelidœ 
fournissent des séries assez nombreuses (genres Urocyclus Gray, 
Atoxon Simroth, Trichotoxon Simroth, BukoUa Simroth, Lep- 
tichinus Simroth), ainsi que les Veronicellidœ { =V aginnlidœ 
auct.). 

La faune fluviatile des régions équatoriales de l'Afrique est, 
surtout au point de vue de l'abondance des espèces, plus riche 
que la faune terrestre. Elle est aussi plus homogène : la plupart 
des genres se rencontrent dans les trois régions définies précé- 
demment. 

Les Pliyses, les Limnées, les Planorbes sont partout communs 
ou très communs. Dans le dernier de ces genres, on remarque 
une très curieuse analogie entre les Planorbes africains de la 
série du PI. sudanicus Mart. (1) et les Planorbes américains de 
la série du PI. guadalupensîs Sow. Il existe également une grande 
similitude de caractères entre le Planorbis choanompJialus Mart. 
du lac Oukerewé et le PI. andecolus d'Orb. de l'Amérique du Sud. 
Le nom seul de l'espèce africaine souligne, en outre, les rap])orts 
de forme qu'elle possède avec les Choanomphalus du lac Baïkal. 

Les Byihinia, les Gleopatra, les Ampuïlana et les Lanistes 
n'offrent rien de particulier, les mêmes espèces vivant partout 
en plus ou moins grande abondance. Il en est de même des 

(1) Les Planorbes du groupe sudanicus jusqu'ici connus sont les suivants : Planorbis suda- 
nicus Martens, PL Boissyi Potiez et Micliaud ; PI. tetragonnstoma Germain, PL tanganikanus 
Bourguignat, PL Bozasi de Rochebrune et Germain, PL Ruppelli Dunker et PL Herhini 
Bourguignat. Ils sont tous très voisins les uns des autres et il est probable qu'il faudra, lors- 
qu'on sera en possession de matériaux suffisants, réduire considérablement leur nombre. Il 
convient également de faire rentrer daas la même série les PL Larigeriei Bourguignat, PL 
adoiuensis Bourguignat et PL Bridouxi. ainsi que je l'ai montré dans une note antérieure 
(Germain (Loris). — Sur quelques Mollusques terrestres et fluviatiles rapportés pas M. Ch- 
Gravier du désert Somali ; in : Bulletin Muséum hist. nat. Paris ; 1904, n" 6, pp. 347 et suiv.). 



LA MALACOGRAPHIE DE L'AERIQUE EQUATORIALE H5 

Vivipares qui, aussi bien dans le Tchad, le Chari, le Congo ou 
les grands lacs, dérivent toutes du type Vivipara unicolor Oliv. 
si comnuin dans le bassin du Nil, 

Les Mélaniens sont plus cantonn«% : dans le (^ongo et ses tri- 
butaires habitent d'assez nombreuses espèces qui lui sont jus- 
qu'ici spéciales. Les lacs Tanganika et Oukéréwé ont chacun 
une faune mélanienne particulière ; enfin, dans le Haut-Nil, les 
bassins du Chari et le lac Tchad, ne vit que le très polymorphe 
et si cosmopolite Melania tuberculata Mûll. 

Les Lamellibranches sont particulièrement répandus : les 
Spatha surtout, très nombreux en espèces, doivent vivre en 
colonies fort populeuses dans presque tous les cours d'eau. Ils 
présentent d'ailleurs une aire de dispersion considérable et c'est 
avec raison que les anciens auteurs indiquaient à la fois l'Egypte 
et le Sénégal comme patrie au Spatha rubens. Les 3Iutela et les 
MuteUna sont également communs, mais le nombre de leurs 
espèces est fort restreint. Par contre, les Pliodous du sous-genre 
Cameronia sont principalement répandus dans les lacs (1) et 
le bassin du Nil, tandis que les Pliodons vrais préfèrent le Congo 
et le Sénégal. Le curieux genre Chelidonopsis Ancey ( =CheU- 
âonura de Rochebrune) est, jusqu'ici, spécial au Congo ; il est 
probable qu'il se retrouvera ailleurs et, notamment, dans le 
Chari. Les Sphœrium, les Eupera et les Corbicula, peu variés 
en espèces, vivent partout en abondance. Enfin les ^theries, 
dont il n'existe qu'une seule espèce, sont très rares dans les lacs, 
mais fort communs en certains points du Sénégal et du Chari, 
où elles constituent des bancs épais, largement exploités par 
les indigènes pour la fabrication de la chaux. 

§2 ^ 
Un examen comparatif détaillé, que je résumerai dans le 
tableau suivant, permettra de saisir les analogies qui existent 
entre les faunes fluviatiles des bassins du Haut-Nil, du Chari et 
du Congo. 

(1) Surtout dans le lac Tanganika et le lac Tchad. 



41' 



LOUIS GERMAIN 



BASSIN DP CHARI 



liASSIN DU CONGO 



Limnea undusKtimoe Mart. 

— hnmerosa Mart- 

Physa Forskahli Khr. 

— Dunkeri Germ. 
Planorbis sudanicus Mart. 

— adowensis Bourgt. 

— Bridouzi Bourgt. 
Vivipara unicolor Oliv. 
Cleopatra bulimoldes Oliv. 

— cyclostomoîdes K dater . 

— Mweruensis Sniitli. 

Bythinia Neumanni Martens. 
Ampullaria speciosa Phil. 

— Chevalieri Germ. 

— Wernei Phil. 



— ovata Oliv. 

— gradata Smith. 

— Rucheti Billotte. 

— chariensis Germ. 

Lanistes pronerus Mart. 

— ovum Peters. 

— ellipticus Mart. 

— gribinguiensis Germ. 
Melania tuberculata Miill. 
Unio œquatoria Morelet. 

— Chivoti Germain. 

— bangoranensis Germain. 

— Lacolni (Jermain. 

— - œgyptiaca de Férusa. 
/Etherîa elliptica de Lam. 
Spatha rubens Caill. 

— rub. var. rotundata Mart. 

— rnb.va.T.CailliaudiMa,Tt. 

— Chaiziana Rang. 

— cryptoradiata Putzeys. 

— Bourguignati Ancey. 

— divaricata Martens. 

Mittela angustata Sow. 

— Chevalieri Germ. 
MiUelina rostrata Rang. 

— eomplanata Jouss. 

— Joubini Germain. 

Eupera parasitica Parr. 



Limnea undussumœ Mart 

— humerosa Mart. 

— af ricana Rupi)- 
Physa Forskahli Ehr. 

— Dunkeri Germ. 
Planorbis sudanicus Mart. 



Vivipara unicolor Oliv. 



Cleopatra Mweruensis Smith. 

— Broecki Putzeys. 
Bythinia Neumanni Martens. 
Ampullaria speciosa Phil. 

— Wernei Phil. 

— leopoldvillensis Putzeys. 



— ovata Oliv. 



Lanistes procerus Mart. 

— ovum Peters. 

— ellipticus Mart. 

Melania tuberculata MûU. 
Unio œquatoria Morelet. 



— œgyptiaca de Féruss. 
/Etheria elliptica de Lam. 
Spatha rubens Caill. 
— rub. var. rotundata Mart. 



— cryptoradiata Putzeys. 
— - Bourguignati Ancey. 

— divaricata Mart. 

Modela angustata Sow. 
Mutelina rostrata Rang. 



Chelidonopsis arietina Roch 
Eupera parasitica Parr. 



BASSIN DU HAUT-NIL 



Limnea africana Ruppell . 
Physa Forskahli Ehr. 
— Dunkeri Germ. 
Planorbis sudanicus Mart. 

— adowensis Bourgt. 

— Bridouxi Bourgt. 
Vivipara unicolor Oliv. 
Cleopatra bulimoldes Oliv. 

— cyclostomoîdes K iister 



Ampullaria speciosa Ph. 



— Kordojana Parr. 

— lu£idu Parr. 

— ovata Oliv. 



Lanistes BoUenianus Chemnitz. 



Melania tuberculata MOU. 



Unio œgyptiaca de Férusa. 
.Etheria elliptica de Lam. 
Spatha rultens Caill. 

— rub. var. Cailliaxidi M. 



— Bourguignati Ancey. 

Mutela nilotica. 

— angustata Sow. 



Eupera parasitica Parr. 



La malacographié de L'AFRIQUE equatoriale \\1 , 

On voit, par le simple examen de ce tableau, que les analogies 
ne s'arrêtent pas aux genres, mais se poursuivent jusqu'aux 
espèces. Les Mollusques qui, jusqu'ici, paraissent spéciaux à 
l'une des trois régions doivent être, en général, considérés comme 
les espèces représentatives des formes correspondantes du l)assin 
du mi 

Enfin, un certain nombre d'espèces du bassin du Chari se 
retrouvent, soit au Gabon, soit surtout au Sénégal. Telles sont : 
Physa {Pyrgophysa) DunTceri Germain ( =rhysa scalaris Dunker). 
Vivipara unicolor Oliv. ; Melania tuherculata Mull. ; Miheria 
elliptica de Lamarck ; Spatha mhens Cailliaud, et ses nombreuses 
variétés, ^Sp. GMiziana Eang, ^2^. Tawai Eang, 8p. Pjeifferi 
Bernardi ; Mutelina rostrata Rang, MuteUna coynplanata Jous- 
seaume, etc. 

§3 

La faune fluviatile des grands lacs (Nyassa. Tanganika, Vic- 
toria-Nyanza, Albert-Nyanza, Rodolphe, Tchad) présente la 
même homogénéité. Il faut pourtant faire une exception pour 
le Tanganika, dont une partie de la population malacologique 
est spéciale. I^es premiers auteurs qui se sont occupés de la ques- 
tion (1) ont en effet remarqué, à côté de Mollusques fluviatiles 
normaux par leurs caractères, toute une série d'espèces présen- 
tant un aspect marin parfois remarquablement accentué. Ces 
espèces, dites thalassoïdes par Bourguignat (1885a. p. 9), ont 
été réunies par Moore (1898a, p, 166), sous le nom d' « halo- 
limnic group ». On possède maintenant des données assez éten- 
dues sur leur anatomie et leurs affinités. Aussi leur classification 
peut-elle être résumée de la manière suivante : 

Le genre SpeMa Bourguignat, appartient à la famille des 
Naticidœ ; 

Le genre TanganiMa Crosse, à celle des Planaxidœ ; 

(1) WOODWARD (1859, p. 349) avait déjà remar.iué l'aspect marin des Paramelania nassa 
et Spekia zonata. 



H8 LOUIS GERMAIN 

Les genres Paramelania Smith, Lavigeria Bourguignat ( =Nas- 
sopsis Smith) et Bythoceras Moore, rentrent dans la famille des 
Pu/rpurinidœ ; 

Le genre Cliytra Moore est le seul représentant d'ean douce, 
actuellement connu, de la famille des Xenophoridœ ; 

Enfin les genres TipJiobia Smith ( =nylacantîia Ancey), Batha- 
nalia Moore et Lirmiotrochus Smith, constituant la nouvelle 
famille des TiphoUidœ de Moore (1898, p. 307). 

C'est cette classification (1) que j'ai suivie dans mon étude 
sur les Mollusques du lac Tanganika recueillis par le regretté 
voyageur français Ed. Foa (Germain, 1907). 

Le faciès marin des Mollusques, ou mieux des Prosobranches 
fluviatiles, du lac Tanganika, fit naître, surtout en Angleterre 
et en Allemagne, des hypothèses assez nombreuses. On pouvait 
tout d'abord considérer le groupe halolimnique comme prove- 
nant d'une modification, due au milieu de la faune lacustre ordi- 
naire. Il était également possible de voir, dans les Mollusques 
thalassoïdes, les représentants d'une ancienne faune lacustre en 
voie de disparition. Cette opinion, soutenue par Taush (1884) 
en Europe et par White (1882) en Amérique, repose principa- 
lement sur la ressemblance des Paramelania du Tanganika et 
des PyrguUfera des couches lacustres du supra crétacé. Elle 
ne saurait soutenir l'examen puisqu'il existe, sur les bords des 
lacs Nyassa et Tanganika, d'anciens dépôts lacustres fossilifères 
dans lesquels on trouve abondamment les espèces fluviatiles 
actuelles à l'exclusion de toute forme du groupe halolimnique 
(Moore, 1898a, p. 174). 

On a enfin supposé que le lac Tanganika, autrefois réuni à 
l'Océan Indien, s'en était séparé à une époque relativement 
récente. Il se peupla peu à peu d'animaux d'eau douce, à mesure 
que la salure de ses eaux diminuait, mais garda une partie de 



(1) Je n'ai pas tenu compte ici des genres Syrnolopsis Smith et Oiraudia Bourguignat pour 
lesquols BouROUiQNAT (1890, p. 139 et p. 147) a créé les familles des Syrnolopsidœ et des 
Oiraudidœ. On ne saurait rien préjuger de la position systématique de ces genres puisqu'on 
ne possède aucune notion sur leur anatomie. 



LA MALAGOGRAPlItÉ DE L'AFRIQUE K01IAT()RL\LE H9 

son ancienne faune marine aujourd'hui représentée par le groupe 
lialolininique. Cette théorie fut surtout soutenue par Moore 
(1899). Cet auteur, se fondant à la fois sur les documents géo- 
logiques qu'il recueillit au cours de son expédition de 1899 
et sur l'analogie des Prosobranches du Tanganika avec certains 
fossiles nuirins, fit remonter l'origine de la faune halolimnique 
à la période jurassique. Cette liypothèse prend une nouveHe 
force par suite de la coexistence, avec les Gastéropodes thalas- 
soïdes, d'une Méduse d'eau douce {Limnocnida tanganicœ Bôhm. 
et d'un Bryozoaire gymnolème auquel Moore (1903, p. 295) a 
donné le nom de Araehnoidia Rey Lcunhesteri pour rappeler ses 
affinités avec le genre marin Arachnidium. Il est, en effet, impos- 
sible de faire dériver de tels aninuiux d'une faune purement 
lacustre. Mais, contrairement à l'opinion de Moore, le Tanganika 
n'est pas le seul hic qui ait donné lieu à des découvertes de ce 
genre. Ch, Gravier (1903, p. 347) a fait connaître l'existence 
du Limnocnida tanganicœ dans le lac Victoria-Nyanza, où il a 
été recueilli, sur la côte orientale, par le voyageur français 
AUuaud. J. Kennel (1890, p. 282) a décrit une autre Méduse 
d'eau douce, VHahnonises lacustris, qui habite les rivières de la 
Trinité. Le lac Baïkal est habité par quelques animaux marins. 
On observe enfin, chez certains PolychèteS, une adaptation 
complète à la vie fluviatile. C'est ainsi que A. Giard (1893, p. 473) 
a décrit un Sabellide {Gaohangia Billeti) vivant sur la coquille 
d'une Mélanie commune dans les rivières du Tonkin. Tels sont 
encore les Polychètes d'eau douce découverts à la Guyane 
française par Geay et si bien étudiés par Ch. Gravier (1901, 
1905). 

Si la Méduse des grands lacs et le Bryozoaire du Tanganika 
sont incontestablement des animaux d'origine marine, les Mol- 
lusques semblent, à ce point de vue, bien différents. Moore 
(1898, p. 306-307) rapproche, de la manière suivante, les Pro- 
sobranches du Tanganika d'un certîiin nombre de fossiles du 
Jurassique marin : 

AaCH. DE ZOOL. EXP. ET GÉN. — 4* SÉRIE. — T. VI. (IV). 9 



i20 LOUIS GERMAIN 



LAO TANGANIKA 


JURASSIQUE MAKIN 


Paratnelania Damoni 


Purpurina bellona 


Nassopsis nassa (1) 


Purpurina inftata 


Bathanalia Howesi 


Amberleya sp 


Limnotrochus Thom soni 


Littorina sulcata 


Chytra Kirki 


Onustus 8p 


Spekia zonatw 


Neridomus sp 


Melania admirabihs 


Cerithium subscalariform e 


Tiphobia sp' 


Purpuroidea sp 



Eemarquons tout d'abord, avec Smith (1904, p. 79), que 
ces analogies sont beaucoup plus apparentes que réelles. Ces 
coquilles ont bien, si l'on veut, un « air de famille », mais elles 
diffèrent toutes par des caractères faciles à apprécier. C'est 
ainsi, par exemple, que le Bathanalia Howesi est ombiliqué, 
tandis que les Attiherleya sont imperforés ; que les Chytra et 
les Onustus diffèrent non seulement par leur sculpture, mais 
encore par les caractères de leur opercule, etc. Il est donc fort 
exagéré de dire, avec Moore (1903, p. 349), que les Prosobranches 
thalassoïdes du Tanganika sont « pratically indistinguishable » 
des fossiles jurassiques correspondants. 

On connaît d'autre part, en dehors du Tanganika, de très 
nombreux Mollusques à faciès marin. Tous les Mélaniens sont 
très voisins des Cérithidées non seulement par leur coquille, 
mais encore, ainsi que l'a montré Bouvier (1887, p. 362, p. 386, 
p. 487, etc.) jiar leur organisation. Le Tiphohia Horei Smith 
du lac Tanganika n'a ])as un aspect marin plus accentué que le 
Pleurocera {lo) spinosa Lea de l'Amérique du Nord. Les Lacu- 
nopsis du Cambodge ont un faciès qui se rapproche beaucoup 
de celui des SpeMa. La famille des Littorinidées elle-même ren- 
ferme actuellement deux représentants d'eau douce : les Cremno- 
conchus Blanford ( =Cremnobates Blanford) qui vivent sur les 
rochers mouillés par les eaux douces de la chaîne des Gathes 
(Inde) et les Pseudogibbula décrits par Dautzenberg (1890, 

(1) (Jette eoiiuille n'eM. pas le Pariimelania nassa île WooDW.uiD (1859, p. 349, pi. XLVII 
flg. 4) {Melania nassa) mais bien le f.ariaena coronata de Bourguignat (1890, p. 180, pi. XIIl[ 
ttg. 13.14). 



LA MALACOGRAPHIP: de L'AFRIOUE EOUATORIALE 121 

p. 570, pi. I. fig. 2-6). Ces derniers Mollusques qui, par leur forme 
générale, ressemblent d'une manière surprenante au Gibhula 
tumida Montagu des mers d'Euro])e, vivent en grand nombre 
sur les rochers de gneiss ampliibolique qui encombrent le cours 
du Congo aux environs de Vivi. 

Comme Moore le fait lui-même remarquer, si une espèce 
unique de Mollusque du Tanganika présentait des caractères 
thalassoïques, le fait n'aurait que la valeur d'une coïncidence 
curieuse. Ce qui est réellement intéressant, c'est la réunion, en 
un seul point, d'un aussi grand nombre de Gastéropodes à 
faciès marin. Cependant, ce cas lui-même n'est pas aussi isolé 
qu'on a bien voulu le croire. Certaines contrées de l'Amérique 
du Nord, où les Pleurocera sont si nombreux qu'ils recouvrent 
presque complètement le lit des rivières, présentent également 
ce caractère. Le lac Nyassa nourrit toute une faune mélanienne 
dont l'aspect tlialassoïque a été mis en relief par Bourgitignat 
(1889a). Une grande partie du sud de l'Asie orientale (Inde, 
mais surtout Annam et Cocliinchine), possède, avec ses Lacu- 
nopsis, ses Jullienia, ses Pachydrohia et ses Paludines ornées 
toute une faune malacologique dont le faciès marin est indé- 
niable. Mais tous ces faits s'expliquent d'eux-mêmes lorsqu'on 
examine avec attention les milieux oii vivent ces Mollusques 
spéciaux. Il ne saurait en être autrement en Afrique. Le Tan- 
ganika est un des plus grands lacs de la terre, en tout compa- 
rable à la mer : ses rivages présentent de hautes falaises alter- 
nant avec des plages plus ou moins étendues ; ses eaux, fort 
agitées, rendent la navigation parfois dangereuse surtout à 
répoque où (( les brises du sud, qui soufflent pendant six mois 
de Tannée, prennent le lac d'enfilade et y soulèvent des lames 
que je comparerai volontiers à celles de l'Océan ». (Giraud, 
1885, p. 27.) Il est, dès lors, tout naturel que les Mollusques se 
soient adaptés et que, par un phénomèiu^ de convergence remar- 
quable, ils aient pris les cara(;tères des Mollusques marins qui 
vivent dans un milieu analogue. J'ajouterai, pour rendre l'ana- 
logie plus frappante, que tous les Gastéropodes du groupe halo- 



122 LOUIS GERMAIN 

limnique vivent à une profondeur considérable, certains même, 
comme les Tiphohia et les Bathanalia ne se rencontrent qu'entre 
250 et 400 mètres (1), et qu'ils sont surtout localisés, d'après le 
témoignage des voyageurs (Pelseneer, 1886, ]). 115) dans les 
endroits où les eaux sont le plus agitées. 

En ce qui concerne les Mollusques, je crois donc (|u'il faut 
abandonner la tliéorie de Moore. Bien entendu, comme tous 
les animaux, les Prosobranches thalassoïdes du Tangaiiikti déri- 
vent de faunes primitives marines, mais seulement au même 
titre que les autres Gastéropodes fluviatiles, c'est-à-dire que leurs 
ancêtres se sont détachés d'une souclie marine bien avant la 
formation des espèces vivant maintenant dans le lac. Quant à 
leur aspect marin actuel, il provient uniquement d'une adap- 
tation que les conditions de milieu expliquent suffisamment. 

Les Mollusques des grands lacs africains ne diffèrent pas sen- 
siblement de ceux qui habitent soit le Congo, le Chari et le Haut- 
Nil, soit les tributaires de ces fleuves. On ne peut que signaler 
quelques particularités intéressantes. 

Certains groupes d'Unionidœ, surtout répandus dans les lacs 
Victoria-Nyanza et Tanganika, présentent un faciès particu- 
lier dii à la sculpture très développée de leur test. C'est pour l'un 
de ces groupes que Bottrguignat (1885, p. 1) a créé le genre 
Grandidieria que l'on ne saurait considérer comme distinct du 
genre Unio. Plus abondants dans le Tanganika que partout 
ailleurs, ces Grandidieries se retrouvent aussi bien dans le 
Tchad (2) que dans le Rodolphe (3). 

(1) .Fo lionne ces indications' d'après Mooiif; (1898 a, p. 170). Il e.st également intéressant de 
reniarciuer ((ue, parmi les .Mollus(|Ufs non tlialassoïdes, ce sont les MHaniens qui vivent aux 
plus grandes profondeurs. < )u les rencontre jumiu'à 100 mètres, toujours d'après Moore (1898 a, 
p. 170, arapliifiue). 

(2) M.\KTKNS (1908, p. 5) a décrit VUnio (Grandidieria) tsadianuf^ qui est la seule espèce dg 
ce i;roupe actuellement connue dans le lac Tchad. 

(3) Neuville (H.) et Anthony (R.) (1906, p. 408), ont signalé deu.x esjièces de ce groupe 
dans le lac Rodolphe, les : Vnio (Qrandidieria) Ruthschildi Xeuv. et Antli. et U. (Grand.) Chef- 
neuxi Neuv. et Anth, 



LA MALACOGRAPHTE DE L'AERIQUE EQT-ATORIAI.R 123 

Le Victoria-Nyanza est remarquable, eu dehors de sa faune 
mélanieune, par la petite taille des Mollusques qui y vivent. 
Presque toutes les espèces y constituent des variétés minor et 
les Acéphales eux-mêmes n'y atteignent que de faibles dimen- 
sions. Ce fait tient uniquement à la grande crudité des eaux du 
lac, presque dépourvues de calcaire. 

Le lac Tchad est habité par des colonies extrêmement popu- 
leuses de Physes, de Planorbes de Plauorbules et de Vivipares. 
Les Acéphales y atteignent parfois de très grandes dimensions 
et si les Unionidœ sont peu nombreux, si les Spatha semblent 
absents, on y trouve, comme dans le lac Tanganika, des Pliodons 
appartenant au sous-geurc Gameronia. {Pliodon {Cameronia) 
Hardeleti Germain ; PL {Cam.) tchadiensis Germain). Bien qu'on 
ne connaisse encore que très peu d'exemplaires de ces derniers 
Lamellibranches, ils doivent être communs dans le Tchad, 
puisque les indigènes les ont baptisés du nom de Gofoui 
(Destenave, 1903, p. 726). 

Les tableaux ci-après résument, en les précisant, les analo- 
gies et les diiîérences qui existent entre les faunes des six prin- 
cipaux lacs. En outre, par comparaison avec ceux donnés pré- 
cédemment, ils montrent que toute l'Afrique équatoriale appar- 
tient, en ce qui concerne la population fluviatile, à la même 
province malacologique. 



124 



LOUIS GERMAIN 



LAC NYASSA (1) 


LAC TANQANIKA (2) 


LAC ALBERT-NYANZA (3) 


Limnea natalcnais Krauss. 


Limnea natalensù Krauss. 

— uf ricana Kuppell. 

— Alexandrina Bourgt. 

— Debaizei Bourgt. 

— Jouberti Bourgt. 

— Laurenti Boiu-gt. 




Planorbis sp- indel. 


Planorbis sudanicus Alarteus. 


Plnnorbix adowensis Bourgt. 




— admrensis Bourgt. 


— apertus Martens. 




— Bridouxi Bourgt. 






— Foai Germain. 






— choanomphalus Mart. 






Planurbida tanganikana Bourgt. 






Seqmentina Chevalieri (termain. 




Phym nyassavn Sniitli. 


Physa Coulboisi Bourgt. 




— gucciiwkles Smith. 


— Randabeli Bourgt. 




Phygopsis afrkana Krauss. 


Physopsis tanganikana Mart. 




Ancylus sp. ind. 






Vivipara unicolor Olivier. 


Vivipara unicolor Olivier. 


Vivipara rnbicundu Martens. 


— capillata Frauenfeld. 


— costii/ata Mart. 




— Robertsoni Frauenfeld. 


— Fuai Germain. 

— Bridovxi Bourgt. 

— Brincatiana Bourgt. 




Bythinia Stanlfyi Smith. 


Bythinia multisulcata Bourgt. 


Buthinia A/berfi Smith. 


— Nyasmna Bourgt. 




— Walleri Smith. 


— humerosa Mart. 








C'ieopatra Guillemeti Bourgt. 


Cleopatra Pirothi .Jickeli. 




— trisulcata Germain. 




Anipullmrin fjradata Smith. 


AnipuUuria qradatn Smith. 

— ovata Ohv. 

— Bridouxi Bourgt. 


AmpuUaria Stuhlmanni Mart. 


Latmteii purpuieus Jouas. 


Lanisti's sinixtrorsux Lea. 




— affînis Smith. 


— cllipticm Pfeitf. 




— solidus Smitii. 


— Jouberti Bourgt. 




— nyassanus Dolirn. 






— ovum Peters. 







(1) Smith (E.-A.) (1877) : — Bouuorir.xAT (J.-B.) (1889 a). 

(2) Smith (E.-A.) (1880. 1881 et 1904) ; — Bovkuukjn -t i.J.-!i.) il885 a. 1885 /'. 1888 et 1890 ; 
— MooRE (.J.-K.-S.) (1903) ; — Germain (Louis) |1907";. On trouvera, dans oe dernier mémoire. 
une bibliographie eomplète du sujet. 

(3) Smith (E. A.) (1888). 



LA MALACOGRAPHÏE DE LAFRIOTE EOTIATORIALE 125 



LAC VrCTORIA-NYANZA (1) 



Limnea nyanzœ Marteus. 



Uebaizei Bourst. 



Planorhis sudanicus Martens. 

— choanomphalus Mart. 

— oictoriœ Smith. 



Physa triijona Mart. 

— strigosa Mart. 

— transversatis Mart. 

— Forsk-afili Ehrenb. 



Physopgis af ricana Krauss. 

— ovoidea Bours- 
Ancyhix stuhlmnnni Martens. 
Vivipara unicolor Olivier. 

— abyssinien Martens. 

— nibicunda Martens. 

— meta Martens. 

— repoîdes Smith. 

— constricta Martens. 

— phthinotroins Martens. 

— trorhhnris Martens. 

— fiagodella, Martenu. 
Bythinia Immerosa Martens. 



CletiiHitra (iiiilleinrli liourgt. 

AinpiiUaria f/radnta Smith. 

— ovata Olivier. 

— nyanzœ Smith. 

— Gordoni Smith. 

— Emini Martens. 
Lanistes Schweirifurthi Ancey. 



LAC RODOLPHE (2) 



Planorhis abyssiniens Jickeli. 



Physa tcliadiensis Germain. 



LAC TCHAD (3) 



Bythinia Setimanni Martens. 

CleoiHitm hnliiwûili's Olivier. 
AmpuUaria Bridouxi Bourgt. 



Limnea africana Ruppell. 

— exserta Martens. 

— tchadiensis Germain. 

— Chudeaui Germain. 



Plannrbis sudanicus Martens. 

— tetragonostonia Germ. 

— adowensis Bourgt. 

— Bridouxi Bourgt. 

— Chudeaui Germain. 
Planorhula tchadiensis Gerra. 
Segmentinc Chevalieri Germain. 
Physa trigona Mart. 

— truncata de Féruss. 

— strigosa Mart. 

— tchadiensis Germain. 

— Rohlfsi Clessin. 

— Randabeli Bourgt. 

— Physa Joubini Germain» 

— Dautzenbergi Germain. 
Physopsis Martcnsi Germain. 



Vivipara uniro/or Olivier. 

et var. Lenfanti G 
— gracilior Martens. 



Bythinia Seumanni Martens. 
— np<Âhaumœformis G. 

Cleopatra cyclastomoides Kûstcr. 
et var. tchadiensis (iermain. 
AMpullaria gradata Smith. 

— liucheti Billotte. 

— Chariensis Germ. 

— speciosa Philippi. 

Lanistes Vignoni Bourgt. 



(1) DoHUN (H.) (1864); — MARTENS (i:. von) 11879, 1892 et 18981;— BouuGViGN.vr (.1.-1!.) !l883, 
- Smith (E -A.) |1892] ; — Germain (Louis) [1906]. 

(2) Anthony et Neuville (1906) ; — Neuville et Anthony (1906). 

(3) GERMAIN (LOUIS) [1905, 1905 a, 1905 b. 1906 et 1907] ; — Martens (E. von) (1903) 



126 



LOriS GERMAIN 



LAC NYASSA (1) 


LAC TANGANIKA (2) 


L.VC ALUEltT-XYANZA (3) 


Mtlania Simonsi Sjnith. 


Mflania tangamcana Smith. 


Me'ania liricineta Smith. 


— nodicincta Dolirii. 


— admirabilis Sniith. 




— perqracilis Mart. 






— pvlymorpha >Sniitli. 






— turritispira Smith (4), 






etc. 




1 


— tuberctilata Mull. 


— tiéerculata Miill. 
^Etheria elliptica de Lamari'l«. 


— tiibermlata MiMler. | 


Unio nyassanus Lea. 


Vnio calathus Bourgt. 


Unio actiminatu.1 H. Adams 


— Liederi Martciis 


— Charhonnieri Bomgt. 


— Bakeri H. Adanis 


— Lechaptoisi Anoey. 


— Dromauxi Bourgt. 




— Kirki Lea. 


— Bohmi Martens, etc. . . 




— aferulus Lea. 






— hypsiprymmts Martens. 






— Borelli Ancey. 


Unio (Grandid.) liurtoni Wood. 

— — ThojHSoni Smith. 

— — tanganicensis Sniitli. 

— — rosira lis Martens. 




MvUltt alnta Bou)gt. 


Mutela Jouberti Bourgt. 

— VysseH Bourgt. 

— soleniformis Bourgt. 

Pseudopatha tanganikana Smitli. 
— Livingstonin Smith. 
Brazzœa Aticeyi Bourgt. 
Moncetia Anceyi Bourgt 


MuteUt nilotirn 'le Féruss. 


Spatha nyaasaensis Lea. 






— Kirki Ancey. 


Pliodon {Cameronia) Spekei 

Woodward (5). 
Pliodon ( Cameronia ) (Hraudi 

Bourgt. 
PHodon {Cameronia) Vynckei 

Bourgt. 


Spkmrivm gp. 


Corhirula rndiatn l'arr. 


Corhinihi rndiatu l'arr. 


Corbicnla radiata Parr. 


— asfartina Martens. 


— Foai Mabillc. 





(1, 2, 3). Pour les notes, voir pageB précédentes. 

(4) Je passe ici sous silence la longue suite des Mélanidécs du iar Nyassa, qui, d'ailleurs sont 
des espèces spéciales à ce lac. 

(5) Je n'admets, comme j'espère le montrer bientôt, qu'une seule espèce de Brazznea et uns 
seule espèce de Moncetia. Quant aux Cameronia. leur nombre, comme celui des Grandidieria. doit 
être considérablement réduit, ainsi que je le montre dans mon mémoire, déjà cité, sur les Mollusques 
recueilUs par M. Foa. 



LA MAI.ACOGRXPFIIE DE L'AFRIQUE ÉQUATORLVLE 127 



LAC VIOTOUIA-NYANZA (1) 


LAO 


RODOLPHE (2) 


LAC TCHAD (3) 


Melanin tuhercninta Mnllor. 


Melaiiia t.i 


bernilat.a MiiUor. 


Melanin l.uherrulata Millier. 


Mtheria elliptica Laniarck. 


jEtheria elliptira Lainarrk. 




Unio acuminatus Adaïus. 






Viiio LacoUii (ierniain. 


— Hauttecœuri Bourgt. 






— muldcelnrmis (ierniain. 


— Lourdeli Bourgt. 








— mnlticolor Martens. 








— Ruellani Bourgt. 








— Monceti Bourgt. 










Unio (Gmndidieria) Roth-schildi 


Viiio {(irandidieria) tchadienm 




Neuv 


et Anthony. 


Martens. 




Unio {Gmndidieria) Chefneuxi 






Xeuv 


et Anthony. 




Mxtela sulHliapJiana Bourtit. 






MiUeln angmtata Sowerby. 


— Bourgiiignati Ancey. 






et var. ponderosa (Germain. 
Mutelinu rostrata Itang. 


Spniha. trnpfzia Martens. 






Spathu JSotiri.iidgnati Ancey. 


— Boiirguignati Ancfy. 






Pliodon iCameronia) tchadiemis 

Germain. 
Pliodon (Camcronia) Hardeleti 

Germain, et var. Molli 

Germ. 


Sphœrmm ^tuhlmanni Martens. 








— nywnzma Smith. 








Eiipera paragitica Parreyss. 






Eupera parasiiica Parreyss. 


Cfirbirula radiatu Parreyss. 


CorbinUa 


flinniiJfilî^ Mûller. 


Corhicula Lacoini Germain. 



pufilla Phil. 



— tchadiensis Martens. 



(1, 2. 3). Pour les notes, voir pages précédentes 



128 



LOUIS GERMAIN 



^ 5 
Il en est (le iiiomc en ce qui ('onceriir la l'aune tencstre. Mais 
ici, nous ne pouvons établir de comparaisons précises que pour 
les Acliatinida\ Les représentants de cette famille sont, en effet, 
les seuls qui aient été recueillis en nombre à la fois dans h; 
bassin du Cliari (MM. Chevalier, Decorse, Courtet et Martret) 
et dans la région du Tchad (MM. Dujjertliuis, Lacoin) (1). 



BASSIN DU ClIAKI 


IlÉCUON DU TCHAD 


RÉGION DES GRANDS LACS 
ET AFRIQUE ORIENTALE 


Limicolaria rectistrigatn Sinitli. 


Limicolaria rectistrigatu Smith. 


Limicolaria rectistrigata Smith. 




— connectens Martens. 


— connectais Martens . 


— Oharbonnieri Bgt. 




— Charbonnieri Bgt. 


— turris Vt. 


— turris Pf. 

— turris var. 
Duperthuisi (Jcnn. 


— turris Pf. 


— furrifonnift Miirt. 


— turriformis M art. 

— turriformis var. 

obesa (îoriiiaiii. 


— turriformis Mart. 


Achatina maryinula Sw. 


AchtiHua Weynsi Daiit/,. var. 

Duperthuisi (icnnaiii. 


Achatina nmrijinata 8w. 


— Schweinfurlhi Mnrtrns 


— Schweinfurthi Martens 
var. Foiireaui Geriiiaiii. 


— Scliircinfiirthi Martens 




Jiiirtoa nilotica Pt'eitt. 


Burton nilotica Pfeiff. 



(l) .l'ai iiitroiluit dans les iirôcédeuts tableaux, i(* espéees réeemnKMit rapportées par 
M. R. Chudeau. de son voyage au lae Tehad. Cet exi)loratpur est, .ju8(|u'iri. le seul qui ait 
recueilli des Suecinées dans ces régions. Comme toutes ces espèces sont encore inédites, j'en 
donne ici une très courte description : 

Succinea tchadiensis Germain, nov. sp. — CoijuiHe ovalaire allongée; spire couiposéo de 
3 tours, les deux premiers très petits, le troisième formant presiiue toute la coquille; sutures 
bien maniuées ; ouverture très grande, égalant les 5, C de la hauteur totiile. Test fragile, sub- 
pellucide. Haut. : 11 mill. ; diam. : 4 3 1 mill. ; haut. ouv. : 8 mill. ; diam. : 4 mill. Bords du 
lac Tchad, à N'Guigmi. 

Succinea C'hudeaui (iermain, nov. sp. — Spire tordue, composée de 3 'i tours très convexes 
séparés par des sutures profondes ; dernier tour un peu globuleux ; ouverture ovale atteignant 
les 2, 3 de la hauteur totale. Test mince, fragile, finement strié. Haut. : 8 li mill. ; larg. : 4 'z mill-; 
haut. ouv. ; 5 % mill.; larg. ; 3 \:, mill. ; Bords du lac Tchad, à N'Guigmi. 

Limnœa Chudeaui (Jermain, 7iov. sp. — Coquille allongée ; spire composée de 4 tours à crois- 
sance très rapide séparés par des sutures bien marciuées ; dernier tour énorme, ovalaire allongé, 
très peu ventru ; ouverture égale aux 3/4 de la hauteur, avec un bord externe suberctiligne. 
Test assez épais, irrégulièrement strié. Haut. : 12 mill. ; larg. : 6 '/2 mill. ; haut. ouv. : 8 Yz i»ill. ; 
diam. : 4 mill. Bords du lac Tchad, à Kouloua. 

Phi/sa (Isodora) Joubini Germain, nov. sp. — Coquille senestre, très ventrue ; sommet com- 
primé ; spire composée de 4-4 U tours, les premiers très petits et assez étages ; sutures pro- 
fondes ; dernier tour très grand, très développé en largeiu: ; ouverture subarrondie. Test un peu 
solide, irrégulièrement strié. Haut. : 14 mill. ; larg. : 13 mill. : haut. ouv. : 9 mill. ; larg. : 7 mill. 
Bords du lac Tchad, à Kouloua. 

Planorbis Chudeaui Germain, uov. sp. — Coquille très comprimée, presque plaue eu dessus, 



LA MALACOGRAPHIE DE L'AFRIQUE É0UATORL\LE 129 



L(»s (lovclop])«'nieuts ]H'éeéd('iits mv pcriiK'itroiit de coiiclun' 
hrièvcnu-nt eu disant que toute la partie de l'Afrique située 
entre le Sahara d'une part et le bassin du Zanibèze d'autre part, 
appartient à la même province malacologique. Au point de vue 
de la faune terrestre, on peut bien noter quelques genres spéciaux 
à des régions déterminées ; mais le fait n'a rien d'extraordinaire, 
les Mollusques terrestres étant, beaucoup plus que ceux qui 
habitent la mer ou les eaux douces, soumis à des influences 
variant avec la nature du sol, la végétation, le climat, etc. 
Malgré ces différences, inhérentes à une aussi vaste contrée 
que celle envisagée dans, cette étude, on ne saurait nier que les 
grandes lignes de la faune terrestre ne soient partout identiques. 

Quant à la faune fluviatile, elle présente une homogénéité 
])lus grande encore : partout, aussi bien dans le Tchad, les grands 
lacs, le Congo ou le Chari vivent les mêmes espèces, en plus ou 
Huuns grande abondance suivant les localités. Le Nil lui-même 
n'a pas de faune spéciale : il est habité par les Mollusques du 
centre africain qui remontent jusqu'à son embouchure. L'Egypte 
présente ainsi ce remarquable caractère, de posséder \uw faun<'. 
malacologique fluviatile purement africaine et une faune terrestre 
appartenant au systènu' euro])éen (1). 

Ce fait, tout il'abord mis en lumière par Boiirguignat (1864, 
IT, p. 304 ; 1866), a été étudié par Jickeli (1875. p. 334-353) 
dans un intéressant mémoire, aujourd'liui trop oublié. 

subcoucave eu dessous ; spire coiuposée de 4 tours à croissance lente et régulière ; sutures assez 
profondes ; ouverture oltlique, ovalaire arrondie, garnie d'un fort bourrelet blanc ; test peu 
épais, finement strié. Diam. max. : 4 K mill ; épaiss. : 1 mill. Bords du lac Tchad, à N'Ouignii. 

(1) Je n'insiste pas ici siu- la faune malacologi(|i«- du Nord de l'Afrique (Maroc, Algérie, 
Tunisie, Tripolitaine, Egypte). On sait parfaitement aujourd'hui que ces contrées ne sont 
peuplées <|ue d'espèces européennes. C'est en Abyssiiiio que se fait la transition, par le mélange 
d'espèces européennes et d'espèces africaines. On peut donc, au point de vue malacologique, 
diviser l'Afrique en trois provinces distinctes : 

a) La faune du Nord | Maroc, Algérie, Tunisie, Tripolitaine, Egypte (Molluscjucs terrestres 
seulement) | qui se rattaclie au système européen ; 

p) La faune équatoriale étudiée dans ce mémoire ;' 

y) Enfin la faune de l'Afrique australe s'étendant depuis le Zambèze, et suttisamment dis- 
tincte des précédentes. 



130 LOTUS GERMAIN 

Cette homogénéité de la faune tluviatile n'est pas spéciale 
aux Mollusques. Les Poissons présentent, à ce point de vue, le 
même intérêt. Les travaux de M. Pellegrtn (1904, p. 221 ; 
1907), sur les Poissons du Tchad et du Chari, ceux de M, Bou- 
LENGER (1898, 1898a, 1899) sur les Poissons des grands lacs, 
ont montré l'analogie des faunes ichthyologiques des dilïérents 
bassins fluviaux de l'Afrique équatoriale, où abondent surtout 
les représentants de la famille des Cichlidœ. 

De telles conclusions montrent le danger de créer des espèces 
purement géographiques qui, le plus souvent, finissent par 
tomber en synonymie, encombrant ainsi inutilement la litté- 
rature. Le nombre des espèces à grande distribution géogra- 
phique est, en effet, de plus en plus grand à mesure que se mul- 
tiplient les expéditions zoologiques. M. Ed. Lamy (1904, p. 269), 
a montré qu'il en est ainsi pour beaucoup d'espèces du genre 
Arca. M. Ch. Gravier (1906, p. 295) a, d'autre part, signalé 
l'énorme extension géographique d'animaux généralement aussi 
sédentaires que les Annélides Polychètes dont certaines espèces, 
comme VOwenia fusiformis Délie C-hiaje, se retrouvent à la. fois 
dans le nord de l'Europe, sur les côtes de France et sur celles 
de Madagascar, du Chili, des Philippines et du Japon. En pré- 
sence de tels faits, il convient d'étudier avec circonspection la 
distribution des espèces connues avant de se hasarder à eu 
décrire de nouvelles. 

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de France ; VI, pp. 1-66, pi. I-II.) 

1890. BOURGUIGNAT (J. R.). Histoire malacologique du lac Tanga- 

nika. {Annales se. natur. Paris, X, pp. 1-267, pi. I-XVII.) 
1887. Bouvier (E. L.). Système nerveux, morphologie générale et 

classification des Gastéropodes prosobranches. {Annales se. 

natur. Paris, 7^ série, III, p. 1-510, pi. I-XIX.' 
1885. Chaper (M.). Description de quelques espèces nouvelles de 

coquilles vivantes provenant de l'Afrique australe et d'As- 

sinie. {Bullet. soc. zoologique France, X, pp. 479-486, pi. XI). 
1899. CiTERNi (C). Voir Vannutelli (L.). 



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187SL IMaktrxs (K, v*«V Rwy^n* v\-œvi:.xiK-vïi *»* ^*aft \i»- " 

2e Carnivore no^ }oxu 90 joiu- 

3<' Carnivore lOS*' — 79 — 

4^ Carnivore lOO" — 69 — 

5e Carnivore 95« — 64^ — 

(1) Voir les graphiques de C. Henry et L. Bastien {Assoc. franc, pour l'avancement de» 
Sciences. Congrès de Grenoble 1904, p. 798). 

(-2) MUHLMANN. — Das Wachstum und das Alter {Biolog. Centralhlatt, 1901, p. 814). 



174 F. HOUSSAY 

Je n'ai pu utiliser pour cet objet mes deux premières courbes 
(fig. 4 et 6) dont la courbure initiale est tracée après coup, sans 
prétendre à aucune précision et seulement pour inspirer le sen- 
timent de la forme générale. J'ai donc pris pour la génération 
granivore le point d'inflexion sur la courbe construite avec les 
pesées de Féré ; tous les autres nombres viennent des courbes 
faites sur mes données. 

Ces résultats sont hautement démonstratifs et ne laissent pas 
la moindre place au doute. 

Cependant, avant de retirer une conclusion de cette importance 
il faut être bien certain qu'il ne saurait y avoir aucune hésita- 
tion sur la place du point d'inflexion. 

Il est d'abord tout à fait remarquable que ce point trouve 
place rigoureusement au même jour pour tous les mâles d'une 
même génération et, pour les femelles, à un autre jour qui est 
aussi le même pour elles toutes. 

Pour les mâles, on peut voir (fig, 7) les courbes qui fig\irent 
la croissance de trois de ces animaux présenter toutes un petit 
plateau au 110^ jour. Sans doute, chacune montre çà ou là un 
autre plateau ou même une petite dépression ; mais c'est le seul 
endroit où le fait se manifeste à la fois, c'est-à-dire sur une même 
ordonnée pour les trois courbes. Et comme d'autre part ces 
plateaux sont dans la région que le sentiment de la continuité 
désigne pour contenir le point d'inflexion, les deux circonstances 
déterminent celui-ci d'une façon parfaite. 

Il en est de même (fig. 8) oii les courbes de deux coqs pré- 
sentent toutes deux un accident net dans la région du point 
d'inflexion. 

Les indications précises ne sont pas toujours aussi complètes 
et, par exemple (fig. 9) deux coqs seulement sur trois montrent 
avec évidence le point d'inflexion, sans du reste que la troisième 
courbe y contredise. Il en est encore ainsi (fig. 10) ou un coq 
sur deux accuse nettement un point d'inflexion, qui satisfait 
aussi à la deuxième courbe. 

Pour les femelles, il est un peu plus diflicile de dégager la 



VARIATIONS EXPERIMENTALES 175 

continuité d'ensemble des petites flexions accidentelles. Il con- 
vient de mettre d'abord hors de cause un grand relèvement 
marqué AB, A,, B,, sur les courbes de femelles. On le voit 
sur toutes sans exception, mais il n'est pas rigoureusement 
fixé à une date unique pour toutes les femelles d'une même 
génération ; il y a de légères variations individuelles. Quoi qu'il 
en soit, ce relèvement général qui détermine deux points d'in- 
flexion accessoires traduit la préparation de la ponte. 

Avant qu'il ne se produise, la courbe a déjà une concavité 
inférieure. Le point d'inflexion principal de la croissance est donc 
déjà franchi ; il faut le chercher plus à gauche et faire abstraction 
en ce moment de la déformation due à la différenciation brusque 
et considérable d'une ponte exagérée progressivement depuis 
des siècles par la domestication. Nous reviendrons ultérieure- 
ment sur cette question de la ponte et n'en parlons ici que dans 
la mesure convenable pour en dégager les phénomènes normaux 
de la croissance. 

Ces précautions prises, on arrive à trouver le point d'inflexion 
des femelles avec autant de sûreté que celui des mâles et on 
rencontre facilement parmi les accidents qui appellent l'atten- 
tion celui qui convient à toutes les courbes à la fois. 

Résumons brièvement nos conclusions les plus générales : 

Les courbes de croissance typiques contiennent un point d'in- 
flexion remarquable et leur forme est due à l'auto-intoxication 
absolument générale chez les organismes métazoaires. 

Une auto -intoxication plus accentuée a pour effet, ainsi que 
le montrent avec précision les mesures, de rapprocher le point 
d'inflexion de l'origine. 

On peut raisonnablement conclure qu'un point d'inflexion 
tout près de l'origine, ou à l'origine même et, a fortiori, en deçà 
de l'origine, indique une auto-intoxication plus accentuée 
encore. Celle-ci se traduit sur la croissance, dans le cas ultime, 
par une courbe à concavité toujours inférieure. Un chapitre 
ultérieur nous apportera des concordances avec cette pré- 
vision. 



CHAPITRE III 

VARIATIONS DE L'EXCRÉTION URINAIRE ET DU REIN 
VARIATIONS DU FOIE ET PRODUCTION DE MÉLANINE 

Sommaire. — L'excrétion urinaire chez les oiseaux. — L'azote des excréta solubles pris 
comme signe de la fonction. — Croissance progressive puis décroissance de ces produits. 
— Courbes de variation des excréta azotés solubles aux diverses générations. — Carac- 
tères généraux de ces courbes ; modification de ceux-ci. — Variation de l'organe rénal. — 
Croissance et régression. — La loi de croissance poursuivie conduit au type Carnivore. — 
Variation du foie identique à celle du rein. — Les réserves graisseuses. — Production 
de mélanine dans le péritoine et variation de ce pigment. — Continuité ou discontinuité 
de l'évolution. — Intoxication expérimentale, résistance des espèces dans la nature. 

Nous avons admis, conformément au reste à l'opinion cou- 
rante, qu'un régime Carnivore substitué à un régime granivore 
accroit l'auto-intoxication. Nous allons maintenant en donner 
des preuves directes. 

Dans une expérience portant sur un changement de régime, 
l'étude de l'excrétion doit certainement être au premier plan. 
Bien que mon but fiit surtout de recherclier les variations mor- 
phologiques capables de faire comprendre les changements de 
forme dont l'ensemble a constitué l'évolution, je n'ai pas pu 
me désintéresser de la modification des fonctions. 

L'étude de l'excrétion urinaire chez les oiseaux est particu- 
lièrement difficile et ne peut être faite avec une entière précision 
que par un physiologiste professionnel doublé d'un chimiste. 
Aussi n'ai-je pas songé à traiter intégralement le sujet. J'ai 
voulu seulement suivre un phénomène facile à mesurer et qui 
fût comme un signe de la fonction, assez semblable à lui-même 
d'ailleurs pour traduire suffisamment, quoique partiellement, 
l'état de l'organisme au point de vue excréteur. 

L'urine des oiseaux, émise avec les excréments, est, comme on 
le sait, très riche en acide urique et en urates ; elle contient en 
revanche très peu d'urée et de sels ammoniacaux. S'il est facile 
de déceler l'acide urique et les urates, il est long et difficile de 
les doser avec certitude et je ne pouvais guère songer à l'analyse 
de ces produits surtout pour la répéter 160 fois, ce qui est le 
nombre des mesures que j'ai effectuées sur l'excrétion. 



VARIATIONS EXPERIMENTALES 177 

Pour suivre la variation il s'agissait moins, en eilet, d'avoir 
des analyses complètes que des analyses nombreuses, à la con- 
dition bien entendu que la partie choisie pour l'analyse demeurât 
comparable à elle-même. 

J'ai opéré de la façon suivante. Les poules étant le soir remon- 
tées sur leur perchoir, je faisais disposer au-dessous de larges 
plaques de verre bien horizontales. Les excréments de la nuit 
s'y accumulaient ; très secs pour les x^oules granivores et ne 
laissant couler aucune goutte du liquide qui les imbibait, ils 
étaient beaucoup moins consistants chez les oiseaux carnivores 
et s'entouraient d'une zone liquide, d'un jaune doré, qui souvent 
même coulait en rigoles. Les substances reprises sur chaque 
plaque par 200 ce. d'eau distillée étaient remuées puis filtrées. 
On recueillait un liquide jaune ressemblant pour la pigmentation 
à l'urine des mammifères et d'ailleurs plus foncé chez les carni- 
vores que chez les granivores. 

J'obtenais ainsi les produits solubles et filtrables et, parmi 
eux, l'urée qui pouvait exister et les sels ammoniacaux, très 
peu d'acide urique, en raison de la faible solubilité de celui-ci. 
Je faisais ensuite agir sur la solution l'hypobromite de soude qui 
décomposait l'urée certainement et les sels ammoniacaux dissous 
en même temps. Le dosage de l'azote donnait une mesure des 
produits excrétés solubles ; c'est la variation de cette mesure 
que j'ai suivie. La faible quantité d'acide urique dissous, si 
toutefois elle intervient pour donner un peu d'azote, est une 
constante dont il n'y a pas à se préoccuper dans une étude de 
variation ; il s'agit toujours en effet de la même xjetite quantité 
capable de saturer à froid 200 ce. d'eau. Les albuminoïdes prove- 
nant des résidus du tube digestif ne cédaient pas leur azote par 
l'hypobromite et ne troublaient pas les mesures malgré leur 
.présence probable. 

Les analyses étaient faites d'abord de temps en temps, sans 
régularité ; puis, quand je m'aperçus des larges variations dont 
était susceptible l'émission de ces produits azotés solubles chez 
un même groupe d'animaux, suivant l'époque de la vie, je les 



178 



F. HOUSSAY 



effectuai régulièrement tous les 15 jours. Les nombres mesurés 
se trouvent réunis en tableaux à l'appendice ; j'en extrais pour le 
moment les résultats généraux suivants. 







AZOTE DES EXCRETA 


ÉQUIVALENCE 


^^JJJMATTV 


SOLUBLES 




EN GRAMMES d'uRÉE 






en centimètres cubes 




par 


jour 






par jour et par kilogramme 


et par kilogramme 


Génération Granivore. 


22 ce. 76 




OgT 


061 


pe » 


Carnivore. 


57 ce. 97 


- ^ 


Ogr 


161 

6 

Ogr. 168 


2e » 


» 


57 ce. 72 62 ce. 


63 


Ogr. 155 


3e » 


» 


55 ce . 72 62 ce . 


95 


gr. 149 


gr. 169 


4e » 


» 


78 ce. 


38 




OgT. 210 


5e » 


» 


57 ce. 


03 




Ogr. 153 



Les nombres inscrits dans ce tableau représentent les moyennes 
obtenues à la fin de chaque génération, à l'aide de toutes les 
données mesurées pendant l'année. On peut de là retirer plu- 
sieurs enseignements. 

Considérons seulement d'abord la colonne exprimant l'azote 
en centimètres cubes. Le premier fait à retenir est que le brusque 
changement de régime a augmenté considérablement et presque 
triplé d'un seul coup l'excrétion des produits azotés solubles. 
C'est le même résultat qui se produirait chez les mammifères 
relativement à l'urée. Nous verrons aussi pour beaucoup d'or- 
ganes la variation morphologique se présenter presqu'avec 
toute son ampleur au moment précis oii l'on introduit la cause 
modificatrice. 

Dans la seconde et la troisième générations carnivores il y a 
deux groupes d'animaux, descendant respectivement des deux 
femelles de la génération précédente et ayant d'ailleurs un père 
commun. Dans le groupe a, situé à gauche, l'excrétion des pro- 
duits azotés solubles non seulement ne continue pas à croître 



VARIATIONS EXPERIMENTALES 179 

mais même régresse légèrement. Aussi cette lignée s'éteint rapi- 
dement, non par mort des individus, mais par stérilité des œufs. 

La lignée [3, dont les mesures sont inscrites à droite des pré- 
cédentes, continue à progresser pendant les 2^, 3^ et 4^ générations. 
Arrivée à ce terme, elle régresse aussi à la 5^ génération et, dès 
lors, les œufs ne se développent plus. 

Ce résultat très remarquable nous montre donc que si les 
oiseaux adaptés au régime Carnivore diffèrent des granivores 
par des traits qui ont frappé tout d'abord et relatifs au bec, aux 
serres, au gésier, etc., la véritable caractéristique de leur évolu- 
tion n'a pourtant été rien de cela qui devait se faire très facile- 
ment ; mais elle a consisté surtout en une résistance rénale 
particulièrement développée, progressivement acquise sans 
doute par un passage gradué d'un régime à l'autre et non par 
une saute brusque comme celle que j'ai réalisée. Nous vérifierons 
au reste cette conclusion en étudiant un peu plus loin les varia- 
tions du rein lui-même. 

Dans la seconde colonne du tableau précédent, j'ai inscrit 
l'équivalence de l'azote mesurée en grammes d'urée. Sans pré- 
tendre que tous les produits azotés solubles soient exclusivement 
de l'urée, ce calcul nous permet une comparaison approximative 
avec les mammifères dont l'excrétion soluble est en majeure 
partie de l'urée. L'azote fourni par les poules ordinaires équi- 
vaudrait en moyenne à gr. 06 d'urée par jour et par kilogramme 
d'animal, c'est-à-dire à une quantité dix fois moindre que celle 
attribuée à l'homme dans les mêmes conditions. Nos mesures 
sont donc bien comparables à celles qui ont été déjà données 
pour les oiseaux et qui accusent une très faible quantité d'urée. 

Le régime carné qui augmente notablement la production des 
excréta azotés solubles n'amène jamais ceux-ci, même à leur 
maximum, à être équivalents à la quantité contenue dans 
l'urée des mammifères. Le maximum en effet, à la 4^ génération, 
correspondrait à gr. 2 d'urée par jour et par kilogramme et 
serait encore trois fois moindre que la production de l'homme 
normal. 



480 F. HOUSSAY 

Les mesures que nous avons effectuées varient, comme nous 




900 



3oo 



ItOO 



500 




100 



300 



3 00 



ioo 



• 500 






100 



300 



300 



400 



500 



FiG. 15. Variations de l'azote des excréta solubles au cours de l'année pour la génération 
granivore et les deux premières carnivores. 



VARIATIONS EXPERIMENTALES 181 

le verrons, dans le même sens que toutes les variations suivies 

A 






4 






M 




J 


^ A 


ù 


B 




\ 


%i 


p% 


-, ^ m 












1 1 



200 



300 



1(00 



ÎO'O 




C 100 200 300 /tOO 500 

FIG. 16. Variations de l'azote des excréta solubles au cours de l'année pour les troisième, 
Quatrième et cinquième générations carnivores (série p). 



18-2 F. IKITJSSAY 

d'autre part et nous donnent une série intéressante dans son 
ensemble. L'étude du phénomène dans son détail nous montre 
mieux encore qu'il traduit un aspect de la vitalité générale, 
aspect remarquablciiicnt uniforme dans ses grandes lignes et 
dont les modifications secondaires correspondent justement aux 
variations (juc les organismes subissent au cours de cette longue 
expérience. 

J'ai construit en effet, à cluKiiU' génération, une courbe pour 
figurer l:i (luantité d'azote contenne dans les produits excrétés 
solubles. Le temps compté sur les lignes horizontales est repré- 
senté par 1 % pour 2 jours de vie ; les quantités d'azote sont 
I)ortées en ordonnées de longueur proportionnelle aux nombres 
d(^ centimètres cubes. Pour préciser, j'ai compté 1 % pour 
chaque quantité d'a,zote correspondante à un centigramme 
d'urée par kilogramme d'animal au jour de la mesure. 

On comprend sans peine que cette figuration en urée ne pré- 
juge en rien que l'excrétion soit vraiment toute de l'urée et, si 
cela n'était pas, la courbe n'en serait en rien modifiée. Ce n'est 
qu'une question d'échelle et, comme celle-ci est arbitraire, il 
n'y a pas de question du tout. Les courbes qui sont représentées 
fig. 15, 16, 17 ont toutes subi la même réduction photogra- 
phique. 

Les points directement relevés sur un papier quadrillé ont été 
joints deux à deux par les traits continus qu'on voit sur les 
dessins. On a obtenu ainsi un graphique extrêmement oscillant 
qui prouve que l'excrétion des produits solubles est susceptible 
d'assez grandes variations journalières. Cependant ces tracés, 
malgré leurs irrégularités de détail, ofïrent des oscillations de 
plus grande amplitude qui sont comparables entre elles. 

Pour s'en rendre compte, il faut simplifier les graphiques, non 
d'une façon arbitraire, bien entendu, mais de la manière sui- 
vante. Joignons dans chaque courbe tous les maxima par un 
trait que le sentiment de la continuité impose et faisons de même 
pour tous les minima. Nous obtenons sur chaque figure deux 
nouvelles courbes dessinées en traits interrompus. L'aire com- 



VARÏATIONS FA'PRH ÏMENTALES 



183 



prise entre ces deux courbes et couverte d'une demi-teinte 
représente très exactement rexcrétion des produits azotés so- 
lubles. Les points déterminés par des mesures aussi fréquentes 
que possible, journalières par exemple, tomberaient dans son 
intérieur. C'est l'aire mininui qui peut les contenir tous. 




1 ^ ^ ' \ 



300 



400 



500 



lOO 200 

FiG. 17. Variations de l'azote des excréta solubles au cours de r année pour la seconde et la 
troisième générations carnivores (série a). 

Relativement aux deux premières générations, les mesures 
ont été commencées plus tardivement que pour les autres ; Taire 
a été néanmoins poursuivie à gauche telle que l'indiquait la 
continuité et aussi cette circonstance, connue et d'ailleurs vérifiée 
par mes recherches, que l'azote excrété dans la période de jeu- 
nesse est proportionnellement plus abondant que dans l'âge 
adulte. De plus, la première génération carnivore ayant été 



184 



F. HOUSSAY 



granivore dans son jeune âge, il convenait de poursuivre la courbe 
en lui faisant gagner le niveau indiqué par la génération précé- 
dente à l'âge correspondant. 

Cela étant, comparons les aires entre elles ; ce sera beaucoup 
plus facile à réaliser que sur les courbes initiales à multiples 
oscillations. 

On est d'abord frappé de ceci que l'aire relative à l'excrétion 
des produits azotés solubles chez la génération granivore s'op- 
pose à l'ensemble de toutes les aires semblables des générations 
carnivores ; elle est en eiïet peu élevée, peu accidentée et presque 
horizontale chez les granivores, à tout le moins relativement 
aux autres. 

Cependant, pour les présenter à un moindre degré, cette aire 
montre les mêmes accidents généraux que toutes les autres, à 
savoir : deux grandes vallées marquées A et B sur les figures, 
séparées l'une de l'autre par un maximum important M. 

La première génération Carnivore oiîre ces accidents généraux 
à un degré extraordinairement accentué et plus fortement que 
toutes les générations suivantes. C'est encore une marque du 
bouleversement fonctionnel qui se traduit aussi par d'impor- 
tants changements organiques. 

Le point M correspond à l'établissement régulier de la ponte 
chez les femelles et se place à peu près au 1/4 de la durée de 
cette fonction. A titre de repères, nous avons figuré à chaque 
génération le premier et le dernier œuf par un point assez gros, 
placé à 'a date qui lui correspond exactement s'il n'y a qu'une 
femelle, d'après la moyenne, s'il y en a deux qui ont commencé 
leur ponte à des jours différents. Le maximum que nous consi- 
dérons existe donc à l'époque de la pleine maturité adulte. 





Vo 


P. 


I\. 


P. 


P^ 


P5 


Jour de vie correspon- 
dant au maximum 
M 


325e 


250e 


([3)268e 
(a) 292e 


(p)270e 
(a) 312e 


278e 


2986 







VARIATIONS EXPEKIMRNTALES 185 

La date à laquelle tombe le maximum est intéressante à con- 
sidérer. Soient Po, Fi, P3, etc. les générations successives, on 
établit relativement à cette donnée le tableau qui précède. 

Dans la génération granivore, le maximum considéré est très 
tardif relativement aux carnivores ; mais, comme les oscillations 
sont en ce cas de faible amplitude, il n'y a pas de comparaison 
bien nette à établir entre les deux séries. Comparons seulement 
les carnivores entre eux. Il est en ce cas évident que la date 
pour le maximum relatif à Fazote des produits excrétés solubles 
recule à une époque de plus en plus tardive de la vie. Nous pou- 
vons d'autant mieux penser que ce recul est un témoignage 
d'intoxication croissante que, dans les générations Ps et Pa, les 
groupes a, plus intoxiqués et devenus stériles deux générations 
plus tôt que les autres sont, au point de vue qui nous occupe, en 
retard très marqué sur les générations [3 contemporaines. 

Il semble toutefois y avoir une contradiction entre l'époque 
tardive du maximum dans la génération normale et la fâcheuse 
indication de son retard croissant chez les générations intoxi- 
quées. On peut néanmoins se rendre compte que, dans la géné- 
ration granivore, l'organisme, à peu près régulièrement débar- 
rassé des déchets qu'il fabrique, ne ressent que faiblement et 
tardivement l'excitation toxique qui pousse au maximum d'éli- 
mination. Chez les carnivores au contraire, la poussée élimina- 
toire doit se faire plus vive et plus prompte et, si elle tarde, c'est 
fatigue et paresse du rein et non pas retour à un équilibre pri- 
mitif vers lequel l'organisme ne doit plus tendre puisque tout 
est changé. 

L'intérêt de cette remarque ne pourra entièrement ressortir 
qu'avec l'étude d'autres fonctions, • en particulier de la ponte ; 
pour le moment contentons-nous de noter le phénomène avec 
sa précision. 

Nous venons de parler des deux vallées A et B et du point M 
qui les sépare ; il est temps de dire qu'elles ne se présentent pas 
avec la même évidente net 'été chez toutes les générations. En 
particulier la vallée B arrive à être retaillée en deux vallées 

ARCH. t)E ZOOL. EXF. ET GÉN. 4' SÉ.UÉ. T. VI. '— (v). l4 



186 F. HOUSSAY 

secondaires h et h' et A en deux autres a et a'. Cette dernière 
indication n'est réalisée qu'à la fin de l'évolution quand la 
variation ne peut plus se poursuivre ; mais h se montre progres- 
sivement, d'abord très faible et bien moins accusée que la 
dépression b' puis finissant par être à égalité avec celle-ci. 

Au dernier moment, Ps, la surface symbole de l'excrétion des 
produits azotés solubles a pris une allure plus uniformément 
horizontale ; elle est aussi uniformément plus épaisse, ce qui 
indique dans l'excrétion des oscillations plus fréquentes et plus 
amples, ainsi qu'on le voit en suivant la courbe des traits pleins. 

Si Ton regarde maintenant, au point de vue de cette dernière 
manifestation graphiqiie, la série des surfaces représentées fig. 
15 et 16, on s'aperçoit que les phénomènes traduits par cette 
suite d'images ne se sont pas poursuivis avec une parfaite conti- 
nuité. A la génération Ps la surface semblait déjà se régulariser; 
puis à la suivante, F^, le maximum M a repris un grand pointe- 
ment. La troisième génération offre donc une singularité ; il se 
passe pendant sa durée quelque chose de spécial. 

En examinant maintenant la variation de l'organe rénal lui- 
même, on voit en effet qu'il a d'abord crû régulièrement jusqu'à 
cette troisième génération et qu'à partir de là il a régressé. Dans 
les données réunies à l'appendice on trouvera pour le rein, comme 
pour tous les organes, le poids absolu qu'il a présenté chez tous 
les animaux, puis le rapport de ce poids à 100 grammes de poids 
actif et le même rapport à 100 grammes de poids total. Si l'on 
construisait les courbes relatives à ces diverses données, elles 
seraient très comparables les unes avec les autres. Il n'est pas 
utile de multiplier indéfiniment ces représentations ; nous pren- 
drons donc seulement le rapport du poids du rein à 100 grammes 
de poids actif. Afin d'apporter la plus grande précision possible 
dans l'unique graphique que nous allons donner, il faut observer 
que le rein est, parmi les organes, un dv ceux sur lesquels h' 
dimorphisme sexuel porte le plus fortement : \e rein est nota- 
blement plus important chez les femelles que chez les mâles. On 
ne peut alors comparer rigoureusement entre eux que des nom- 



VARIATIONS EXPERIMENTALES 



1«7 



bres relatifs à des lots d'animaux contenant la même quantité 
de mâles et de femelles. Or, les générations P; et Pr, n'ont eu 
qu'une seule femelle, il importe donc d'envisager dans toutes 



4 

Xi 

3,60 

Xko 

3.50 

3 

2.U 

2,60 

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FiG. 18. Courbes de la variation en poids du foie et du rein dans les 5 générations successives. 
— Rapports à 100 gr. de poids actif dans des couples efifectivement descendus les uns 
des autres. 

les générations un seul couple et tout naturellement nous choi- 
sirons les couples effectivement descendus les uns des autres. 
Pour construire la courbe, je compte en abscisses le temps, à 



188 F. HOUSSAV 

raison de 2 %, 5 pour la durée d'une génération et en ordonnées 
le poids relatif du rein à raison de 5 'y pour gr. 1 de rein par 
100 grammes de poids actif. On a pour les diverses générations 
les nombres suivants : 

P., Pi Po P3 P4 P. 

0,54 0,74 0,'.)0 1.13 0.92 0,75 

Cette série de nombres aussi bien que la courbe réelle, tracée 
en traits pleins, RR (flg. 18) montrent ce que nous annoncions 
à l'instant : la croissance jusqu'à la troisième génération suivie 
de régression. 

Par hypothèse, cherchons à nous représenter ce qui se serait 
passé dans le cas d'une évolution régulièrement poursuivie. Nous 
savons bien que le poids relatif du rein n'aurait pas continué à 
croître indéfiniment et que le tracé évolutif, commençant avec 
une légère courbure à concavité supérieure, n'aurait pas tardé 
à prendre une courbure à concavité inférieure pour atteindre 
l'horizontale, quand l'adai^tation complète eiit été pleinement 
réalisée. Entre les deux courbures, un point d'inflexion se fiit 
trouvé. Admettons que le point d'inflexion eût été précisément 
à cette troisième génération, dont la situation critique indique 
suffisamment une singularité et continuons en traits interrompus 
(RR'; flg. 18) la courbe comme elle aurait dû être. Elle nous 
conduit vers la 6^ génération, non réalisée, au niveau de 1 gr. 45 
de rein pour 100 grammes de poids actif, ce qui est exactement 
le nombre que j'ai directement trouvé en disséquant un oiseau 
naturellement Carnivore, une Hulotte femelle {Syrninm aluco). 

Donc, au cours d'une évolution régulière qui, de génération 
en génération, détermine la croissance d'un organe, celui-ci aug- 
mente suivant la même loi, suivant la même courbe, que celle 
par laquelle est réglée la croissance individuelle d'un complexe 
organique, c'est-à-dire d'un animal entier. La croissance phfylo- 
génique suit la même loi que la croissance ontogénique. 

De plus, si la croissance ne se poursuit pas, s'il doit y avoir 
régression et mort de l'espèce, le phénomène est provoqué par 
une baisse brusque de la courbe, 'postérieure au point d'inflexion 



VARIATIONS EXPERIMENTALES 189 

et fort analogue à celles qu'ont produites sur nos courbes de 
croissance les animaux qui sont morts avant l'état adulte. 

Il est extrêmement remarquable de voir la croissance du foie 
suivre une courbe tout à fait identique à la précédente. Je l'ai 
construite à la même échelle que celle-ci et sur les mêmes couples 
effectivement descendus les uns des autres. Le trait plein (FF, 
fig. 18) représente la variation réelle donnée aussi par les nombres 
suivants : 

Po P, P2 P3 Pi Ps 

2 2,23 2,47 3.25 2,56 2,29 

Si l'on considère en gros le résultat, composé de croissances 
et de décroissances, il ne semble pas que le cliangement de régime 
ait amené sur le foie une variation de sens bien nette. C'est ainsi 
que ces données ne m'avaient pas d'abord paru confirmer celles 
de Maurel (1) établissant que chez les carnivores le poids relatif 
du foie est toujours supérieur à ce qu'il est chez les herbivores. 
Cette conclusion est pourtant tout à fait exacte. 

En raisonnant pour le foie comme nous l'avons fait pour le 
rein et en poursuivant par des traits interrompus (FF', fig. 18) 
la courbe évolutive conformément à son début, elle nous conduit 
à la 6^ génération à la cote 3 gr, 47 de foie pour 100 grammes de 
poids actif. J'ai directement trouvé sur la Hulotte 3 gr. 43 : la 
concordance est absolue. 

La couleur et la consistance de la graisse chez les animaux en 
expérience me paraît aussi en rapport avec les modifications 
hépatiques plus qu'avec la. nature des graisses directement ab- 
sorbées dans les aliments. Tout le monde connaît la couleur 
jaune de la graisse des poules et sa faible consistance ; elle est 
composée de corps dont le point.de fusion est peu élevé. La 
graisse des poules carnivores est au contraire dure, blanche, 
son point de fusion est bien plus élevé ; elle ressemble beaucoup 
au suif des mammifères et cela est d'ailleurs ainsi chez la Hulotte 
que j'ai disséquée. Je ne sais si c'est vrai de tous les oiseaux de 
proie. 

(1) Maubel (C. R. Ac. Se, décembre 1902). 



190 F. HOUSSAY 

Sur 27 poules carnivores dont j'ai fait l'anatomie, deux seule- 
ment avaient repris la graisse jaune, à la 3^ génération (Illt et 
VlIIi), la première très franchement, elle n'a pas eu de postérité, 
la seconde d'une façon moins accentuée, elle a donné quelques 
œufs féconds. Ce sont justement ces deux exceptions qui me 
font rapporter la modification de la graisse à une réaction géné- 
rale de l'organisme susceptible de quelques changements, plutôt 
qu'à un simple emmagasinement d'une graisse donnée, la même 
pour tous, qui serait constante. 

Une autre transformation paraît plus nettement encore en 
rapport avec la suractivité du foie suivie de surmeyiage, c'est 
l'apparition, dans le péritoine de mes animaux, d'un pigment 
noir analogue à celui que l'on trouve dans le péritoine des Am- 
phibiens et des Reptiles, puis la disparition de ce pigment dans 
les dernières générations. Je considère ce pigment comme de la 
mélanine. Il est à noter qu'on ne le rencontre jamais chez aucun 
mâle et le fonctionnement du foie ainsi que la taille de cet organe 
y sont incomparablement plus faibles que chez les femelles {voir 
chapitre VIII). 

Comment évaluer cette quantité de mélanine pour en avoir 
une mesure au moins approximative. Sur mes feuilles de dissec- 
tion je trouve des notations telles que les suivantes : 

Pas de mélanine 

Traces de mélanine l 

Un peu de mélanine 3 

Mélanine 4 

Plus chargé de mélanine 5 

Nous pouvons remplacer ces indications un peu longues par 
les chiffres qui leur font face et qui correspondent à peu près à 
l'importance du produit observé, qui lui donnent une note. Les 
observations se groupent alors dans le tableau suivant où les 
caractères gras représentent des mâles. 

Nos connaissances sur la production et la signification du 
pigment sont trop peu avancées pour qu'on puisse dès mainte- 
nant apprécier tout le sens de ces modifications. Il importe en 



VARIATIONS EXPERIMENTALES 



191 



tous cas de les noter pour le jour où elles pourront être plus 
complètement utilisées. Nous en redirons quelques mots au 
chapitre IV, a.u cours duquel ils seront mieux compris. 

Avant de clore ce chapitre, retenons les deux grandes indica- 
tions suivantes. Les modifications obtenues sur le rein et le foie 
et relatives à l'importance de ces organes dans l'organisme entier 
tendent vers l'état qui est celui des oiseaux carnivores. Si l'évo- 



GÉNÉRATIONS 


Pa 


p. 


P2 


P. 


Pi 


Po 


Indications 
< 
individuelles 


1 
lo O 

Ile ; 

IIIo 


I. o 

II> ; 1 

m, 1 


l2 

II2 

III2 

IV3 

V2 

VI2 

Vlh 
VII I2 




4 


4 



4 
5 


I3 

\h \ 3 

III3 

IV3 

V3 1 

VII3 

VIII3 1 


I4 
II4 

IV4 

V4 
VII4 











u 

II5 
III5 
IV5 


4 





Moyennes générales. 





0,66 


2,12 


0,57 





1 


Moyennes des femelles 





1 


4, 


25 


2 


c 


1 


A 


l 



lution s'était continuée conformément à son début, il eût suffi 
de six générations pour réaliser la transformation. C'est très peu 
et, par rapport au temps total, c'est même une durée si courte 
qu'eyi se plaçant à ce point de vue l'évolution semble procéder 
par saccades, être discontinue. 

Mais, si l'on envisage comme mesure du temps la durée d'une 
génération, on compte jusqu'à six moments distincts et à cet 
autre point de vue, le phénomène apparaît avec une continuité 
qui se figure par une courbe. 



192 F. HOUSSAY 

Nous pouvons dès maintenant dire que notre expérience a 
été arrêtée par l'intoxication contre laquelle l'organisme ne 
s'est pas défendu jusqu'au bout. Comment se fait-il qu'une telle 
impossibilité ne se soit pas présentée dans la nature? On en aper- 
çoit plusieurs raisons. D'abord tout porte à croire que les trans- 
formations de cette sorte sont plus progressives que celle par 
nous tentée et ce qui subsiste du régime végétal non seule- 
ment n'augmente pas l'intoxication, mais aide à l'élimination. 
C'est ainsi par exemple que l'on voit encore les chats mâcher 
des tiges de valériane. 

D'autre part les femelles résistent mieux que les mâles. Mais 
nous avons toujours eu des couples de même génération. Dans 
la nature, les mâles de deuxième année sont en pleine vigueur 
et ce sont eux surtout les reproducteurs ; ils apportent ainsi un 
retard d'une année dans la plus forte intoxication et il n'en faut 
peut-être pas plus pour franchir le point critique, le point d'in- 
flexion des courbes et gagner ainsi l'adaptation organique. 



CHAPITEE IV 
LA RATION DE VIANDE ET LA RATION DE GRAINES 

Sommaire. — L'énergétique et la ration alimentaire. ■ — Le pouvoir therniogène n'est pas le 
seul critère de la valeur d'une ration. — Ration de croissance et ration d'entretien. — 
Réglage spontané de leur ration par les oiseaux. — Rapport du poids à la ration jour- 
nalière. — Variations de ce rapport avec l'âge et avec le régime. — Courbe de la variation. 
— Influence de la pression barométrique sur l'appétit chez les poules. — Supériorité de 
la viande pour la croissance, du grain poiu- l'entretien. — Valeur plastique, valeiu" ther- 
niogène et toxicité d'une ration donnée. 

Les études d'énergétique animale ont rendu, depuis ces der- 
nières années, très importante la connaissance précise de la 
ration alimentaire pour un animal donné. Afin de dégrossir en 
premier lieu le sujet, les physiologistes se sont occupés presque 
exclusivement de la ration d'entretien, c'est-à-dire de celle qui 
est nécessaire à un animal adulte, accomplissant un travail très 
modéré, pour maintenir son poids constant pendant une assez 



VARiATIONS EXPERIMENTALES 193 

longue période. Certains cependant, comme Ohauveau, ont 
cherché (quelles substances alimentaires fournissent le meilleur 
rendement en travail produit. 

Les diverses sortes d'aliments, ou les diverses proportions 
dans lesquelles on les peut mélanger, ont été examinées à ce 
point de vue et l'on a déterminé en calories leur valeur thermo- 
gène, identifiée à leur valeur alimentaire, puisque les besoins 
de l'animal adulte sont surtout conditionnés par des dépenses 
tle chaleur ou des dépenses en travail que l'on y fait 
équivaloir. 

On voit bien d'ailleurs que ces procédés de mesure, aussi inté- 
ressants que précis, ne sont raisonnablement applicables qu'à 
l'intérieur de catégories déjà faites, et qu'ils permettent des 
comparaisons seulement entre substances déjà définies comme 
aliments par les effets que leur ingestion prolongée détermine 
dans l'organisme. La valeur thermogène de la houille, du pétrole 
ou de l'acide cyanhydrique ne donne aucune idée de leur valeur 
alimentaire. Pour les substances à propos desquelles le doute 
persiste, par exemple pour l'alcool, ce n'est pas le calorimètre 
qui doit répondre, puisqu'il n'a la parole qu'en second lieu, mais 
d'abord l'observation longuement poursuivie des effets que dé- 
termine sur l'organisme l'abstinence du produit ou l'ingestion 
journalière de telle, telle ou telle quantité. 

Il y a donc à propos de la valeur alimentaire d'une substance 
donnée bien autre chose à considérer que la capacité à fournir 
des calories en se détruisant. Cela est notamment certain à 
propos de la ration de croissance, dont on ne voit guère a priori 
comment identifier, d'une façon simple, la valeur avec le pouvoir 
thermogène. Pour cette question très importante, très compli- 
quée et très loin de la solution, toutes les données sont bonnes 
à recueillir. C'est pourquoi je crois utile de publier celles que je 
possède à ce sujet. 

D'après Maurel, tous les animaux se suralimentent quand 
ils ont la nourriture à discrétion et il est indispensable, pour 
obtenu" une fixité approximative de leur poids, de régler leur 



194 F. HOIJSSAY 

régime et leur ration. Larguier des Bancels (1), qui rapporte 
l'o]tiuioii précédente, a observé que les pigeons se comportent 
autrement et que, alimeutés librenu'ut, ils règlent eux-mêmes 
leur consommation avec une précision très grande, qui suffit 
pour conserver au corps son poids initial x)endant plusieurs mois. 
Les petites variations que l'oiseau fait lui-même subir à sa ration, 
sont, d'après cet auteur, en rapport exact avec les variations 
de la température extérieure. 

Je ne puis apporter une précision de cet ordre, mais en revanche 
mes données s'étendent sur une ])ériode beaucoup plus longue 
et comprennent la croissance et l'entretien de trois générations 
successives : une nourrie au grain et les deux suivantes à la 
viande. 

Il est certain que les oiscHiUx nourris surabondamment règlent 
eux-mêmes leur consommation. Larguier des Bancels a eu 
raison d'exprimer et de mesurer le fait, mais déjà la connais- 
sance banale en avait fait un principe d'action. Tous les oiseaux 
conservés en cage •: tourterelles, canaris, chardonnerets, etc., 
ont toujours des graines à discrétion et, pendant des années, 
leur taille et leur agilité ne changent pas. C'est sur cette obser- 
vation que j'avais tablé pour déterminer la ration nécessaire à 
mes poules. Je la leur faisais verser deux fois par jour soit en 
graines, soit en viande et de tel poids que tout fût consommé 
avec un petit reste aussi faible que posvsible. Aussitôt qu'il ne 
restait ni un grain, ni un morceau de viande, on augmentait 
légèrement pour les jours suivants, on diminuait au contraire 
si le reste devenait appréciable. 

Pour une seule génération, j'ai pris les pesées de rations 
depuis la naissance, mais les premières données ne peuvent être 
utilisées, parce qu'avec les poussins se trouvait la poule cou- 
veuse et nourricière et qu'il est impossible de démêler ce qui 
revient à l'une et aux autres. 

Dans la construction des courbes qui vont suivre (fig. 19), 

(1) Larguier des Bancels. — De l'influence de la température extérieure sur l'alimentation 
(Thèae de l'Université de Paris ; Masson 1903). 



VARIATIONS EXPÉRIMENTALES 195 

j'ai cousidéré le rapport du poids total (P) de tous les animaux 
d'un même lot au poids (p) de la ration (qu'ils mangeaient en 
commun. 



(le 



165 
175 
192 
205 
206 
208 
211 
212 
213 
218 
219 
222 
223 
229 
231 
232 
235 
245 
247 
265 
283 
304 
325 
346 
367, 
388 
409 
430 
451 
461 
464 
478 



Po 



Ralinii 


Poids 
des 


/' 


Animaux 
P 


400 


4.340 


400 


4.530 


350 


4.490 


350 


4.707 


300 


4.688 


260 


4.692 


280 


4 709 


280 


4.710 


300 


4.713 


300 


4.815 


360 


4.954 


200 


5.078 


240 


5.087 


340 


5.120 


340 


5.188 


280 


5.180 


340 


5.172 


300 


5.201 


300 


5.182 


300 


5.087 


300 


5.091 


300 


» 


300 


4.858 


300 


5.068 


300 


5.107 


300 


5.334 


300 


5.474 


260 


5.585 


340 


5.617 



Rapport 
P 



10, 85 

11, 32 

10. 82 
13, 45 

15, 60 
18, 04 

16, 82 
16, 82 

15, 71 

16, 05 



13, 76 
25, 39 
21, 19 
15, 05 
15, 25 
18, 50 

15, 21 
17, 33 
17, 27 

16, 96 
16, 97 

16, 19 

16, 89 

17, 02 

17, 71 

18, 25 
21, 48 
16, 52 



Iblioti 
P 



300 
400 
350 
350 
300 
260 
300 
340 



300 
340 

200 
240 
340 
360 
280 
360 
360 
360 
360 
360 
360 
360 
360 
360 
360 
360 
300 
320 
360 



Poifls 

des 

.\iiimaiix 

P 



3.750 
4.160 
4.887 
5.377 
5.398 
5.432 
5.533 
5.540 



5.380 
5.471 

5.669 
5.600 
5.590 
6.579 
5.790 
5.800 
5.901 
5.954 
5.639 
5.831 
5.913 
5.803 
5.732 
6.005 
5.815 
6.188 
6.105 
5.952 
5.799 



Rapport 
P 
P 



12, 5 
10, 4 

13, 96 
15.36 
17, 99 
20, 89 
18,61 
16.29 



17, 93 
16, 09 

28, 34 
23, 33 
16, 44 

15, 49 
20, 67 

16, 11 
16, 39 
16, 54 

15, 67 

16, 19 
16, 42 
16, 11 

15, 92 

16, 68 

16, 15 

17, 19 
20, 35 

18, 60 
16, 10 



Jours 



de 



36 
40 
45 
49 
52 
56 
61 
66 
71 
76 
82 
91 
101 
103 
109 
113 
122 
127 
143 
152 
162 
167 
184 
191 
212 
233 
247 
252 
273 
294 
316 
336 
357 
378 
399 
420 



Katloii 
P 



460 

510 

530 

600 

650 

670 

700 

740 

740 

740 

800 

840 

880 

960 

880 

650 

640 

640 

600 

660 

680 

720 

720 

720 

720 

720 

720 

800 

800 

800 

800 

800 

800 

800 

800 

800 



Poids 

des 

Animaux 

P 



2.904 (1) 

3.068 

3.754 

4.206 

4 . 469 

4.918 

5.478 

6.271 

6.761 

7.390 

8.207 

9.397 
10.341 
10.577 
11.232 

8.710 (2) 

9.111 

9.393 
10.107 
10.415 
10.791 
11.141 
11.902 
12.326 
12.911 
13.214 
13.319 
13.329 

13.253 

13.391 

13.288 

13.354 

13.558 

13.279 

13.032 

13.134 



Rapport 
P 
P 



6, 31 

6, 01 

7, 08 
7, 01 

6, 87 

7, 34 

7, 82 

8, 47 

9, 13 
9, 98 

10,25 
11, 18 
11, 75 

11, 02 

12, 76 

13, 40 

14, 23 

14, 67 

16, 84 

15, 77 
15, 86 

15, 47 
16,53 

17, 11 
17,93 

18, 35 
18, 50 

16, 66 
16, 56 
16, 74 
16. 61 
16, 69 
16, 95 
16, 59 
16,29 
16,42 



(1) 8 animaux. 

(2) 6 animaux. 



de la ration ; flus il est grand, 
meilleure est la ration, soit que la ration faiblisse pour maintenir 



Ce rapport exprime la valeur 
V 



196 F. MOUSSA Y 

un inôuu^ poids, soit que le poids croisse avec une même ration. 

V 
On considère d'autre part assez volontiers le rapport mverse -, 

à savoir la quantité d'aliments (lu'il faut à un kilogramme 
d'animal pour se maintenir et plus cette quantité est petite, meil- 
leure est la ration. Il est évident que la variation de ces deux rap- 
ports avec l'âge ne donne pas du tout la niôme forme des courbes. 

J'ai construit les miennes en considérant -, mais ceux qui prefe- 

p 

reraieut le rapport inverse pourraient construire les courbes de 
sa variation avec les données numériques recuellies à ce sujet 
et reproduites dans le tableau composé à la page précé- 
dente. 

J'ai établi pour chacune des générations considérées une 

P . , , . 

courbe de la variation du rapport aux divers âges de la vie. 

P 
Pour construire cette courbe, je compte en abscisses le temps à 
raison de 1 % pour 2 jours de vie et en ordonnées les valeurs 

P 

correspondantes de - en prenant 1 "' pour chaque unité du 
p 

rapport : par exemple le rapport 17,93 = 18 '^^ le rapport 
16,09 = 16 Z' etc. 

Les trois courbes obtenues sont reproduites par réduction 
photographique (flg. 19). Il importe d'abord de dégager leur 
étude générale de trois pointements singuliers a, a', a", qui se 
trouvent aux générations Po et P,. 

Or, la génération P,,, pour parler d'elle en premier lieu, est 
composée de poules granivores, c'est-à-dire normales ; les dates 
de ces pointements sont les suivantes : 

a — 208 jour de vie 18 février 1901. 

a' — 229e — 10 mars 1901. 

a" — 245<^ — 26 mars 1901. 

Sur mes cahiers d'expérience, j'avais inscrit « tombée de neige » 
le 11 mars 1901 qui correspond au plus grand pointement ; ceci 



VARIA TI(>NS EXPERIMENTALES 



19^ 



naturellement ne va pas sans une grande baisse barométrique. 
Pour les deux autres pointements, je n'avais rien noté. J'ai 
demandé rétrospeotivonipiit (avril 1906) à mon ami J. Mascart. 




FiG. 19. Courbes des rapports du poids à la ration dans trois générations dont une granivore 

et deux carnivores 



astronome à l'Observatoire de Paris, de me renseigner sur l'état 
météorologique des journées indiquées et voici ce qu'il me com- 
^nuniqué : 



198 F. HOUSSAY 

DATES BAROMÈTRE ETAT MÉTÉOROLOGKJUE POINTERENT 

Parc St-Maur 

1901. Février 17. . . 759,6 Couvert neige et grésil. 

— 18... 765,3 Un peu de neig^e à 8 h. et 9 h. a 

— 19... 765,3 Très nuageux, petite neige 

à 22 h. 

— 27-.. 747,7 Couvert, quelquefois des 

' gouttes entre a et a* 

Mars 10 . . 759,5 Couvert. a 

— 11... 752,2 Id. Pluie, neige et grésil. 

— 26. . . 756,1 Xei^e jusqu'à -1 h. du matin 

puis à 15 h. et à 16 h. 45. a" 

— 27... 751.9 Couvert de 6 h. à 19 h., 

pluie et neige. 

— 28... 752.4 Grains de neige. Grésil à 

17 h. 

Donc, si d'après Larguier des Ba>'Cels la température règle 
d'une façon précise les petites variations de la ration, la pression 
barométrique en détermine de très grandes, au moins chez les 
poules. S'il s'agissait d'un réglage du poids en prévision de la 
légèreté requise par le vol, il serait tout naturel que la pression 
barométrique intervint en premier lieu. Le fait est-il général 
chez tous les oiseaux ? Je n'ai pas de données à ce sujet mais 
je ne crois pas à sa généralité, du moins avec autant d'amplitude. 
Je le crois exact seulement pour les oiseaux déjà lourds à vol 
difficile, les autres, en cas de dépression, se contentent de voler 
moins haut comme les hirondelles. 

Au surplus, il doit bien y avoir quelque particularité dans la 
pratique de l'abstinence par les poulets en présence d'une dé- 
pression barométrique, puisqu'elle est indiquée déjà par Théo- 
PHRASTE comme un des signes du mauvais temps et que cette 
observation, avec quelques autres du même ordre, était le fon- 
dement objectif de l'art des auspices. 

La génération P,, élevée d'une façon normale jusqu'au 150^ 
jour de sa vie. n'a été mise à la viande qu'ensuite ; elle conserve 
encore, au point de vue de la réaction à la pression, l'instinct 



VARIATIONS EXPÉRIMENTALES 199 

ordinaire des poulets et aeeuse les mêmes pointements aux 
mêmes joiu'S, 

Il n'en est pins ainsi à la génération P, nourrie à la viande 
depuis son éclosion. Certainement, dans le cours de sa vie de 
grandes baisses barométriques sont survenues aussi, mais elles 
n'ont pas été accusées, d'une façon sensible tout au moins. 
Un instinct très curieux s'est trouvé perdu. 

Abstraction faite maintenant de ces pointements singuliers, 
nos trois courbes se divisent en deux grandes sections : l'une, de 
la naissance au 250^ jour environ, pendant laquelle les ordonnées 
croissent, l'autre, à partir du 250^ joar, pendant laquelle les ordon- 
nées sont sensiblement constantes, sauf pour un dernier poin- 
tement h postérieur à la mue et moins brusque que les précédents. 
Ces courbes répètent, en gros, l'allure des courbes de croissance ; 
c'est vers le 250^ jour en effet que, dans les trois générations consi- 
dérées, les poules ont achevé la différenciation de leurs œufs et 
que toutes les courbes de croissance sont à peu près horizontales. 

Pour revenir à nos courbes de ration, l'époque du 250^ jour 
sépare donc deux zones : à gauche la zone des rations de crois- 
sance, à droite la zone des rations d'entretien. Nous pouvons 
immédiatement faire plusieurs constatations. 

D'abord, la courbe de ration granivore est au-dessous des 
deux autres dans la région de croissance, au-dessus dans la 
région adulte, ce qui paraît indiquer que la viande est une 
ration supérieure pour les animaux qui croissent ; les graines 
sont au contraire supérieures pour les animaux adultes. Remar- 
quons bien qu'il ne s'agit pas seulement, pour la ration albu- 
minoïde, d'une plus grande puissance plastique, c'est-à-dire 
créatrice de tissus et de cellules, eh quoi consisterait tout natu- 
rellement la différence ; car nos animaux adultes, par le fait de 
la ponte, fabriquent journellement plus d' alhuminoïdes que pen- 
dant leur croissance et tout de même, dans cette période, les 
graines constituent un aliment supérieur pour l'individu, c'est- 
à-dire pour la quantité de matière usuellement distinguée à 
à part et dénommée « une poule ». 



200 F. HOtlSSAY 

On pourrait se demander s'il n'y avait pas lieu de considérer, 
dans la période adulte, les individus plus la ponte qu'ils ont 
produite ; celle-ci, étant supérieure dans les premières généra- 
tions carnivores, contribuerait à relever la valeur de la ration 
carnée. Mais si l'on ajoute au poids de l'animal celui des germes 
qu'il a produits depuis la dernière pesée, il faut y joindre égale- 
ment la somme des excréta solides, liquides et gazeux qu'il a 
émis, aussi bien que la chaleur ou le travail qu'il a fournis et en 
retrancher la somme des rations qu'il a mangées, bues ou res- 
pii ées. Ce serait une tout autre expérience sur le bilan organique, 
analogue à celle de Benedict et Attwater, dans laquelle l'indi- 
vidualité animale s'efface et que je n'ai nullement songé à faire 
malgré son intérêt évident, philosophiquement supérieur mais 
pratiquement moindre. 

Je compare seulement un individu d'une espèce définie, tel 
que le donne à un certain moment toute sa vie antérieure avec 
une certaine ration, à un autre individu de la même espèce, au 
même moment mais avec une autre ration. L'avantage est dans 
ces conditions, qui sont celles oii l'on se placerait pour apprécier 
la bonne santé d'un homme, à la viande pour la croissance, aux 
graines pour l'entretien. 

Nous devons remarquer aussi, en comparant entre elles les 
deux courbes d'animaux carnivores, que celle de la génération Pg 
est notablement au-dessus de celle de P, dans la région de crois- 
sance et un peu au-dessus dans la période adulte. C'est la marque 
d'une adaptation, d'une meilleure assimilation de l'aliment, 
ainsi que d'une meilleure élimination des déchets qu'il donne. 
C'est un fait net d'hérédité des caractères acquis ; nous y re- 
viendrons. 

En dernier lieu il est visible que la ration quelle qu'elle soit 
est plus mauvaise dans le jeune âge que dans l'âge adulte, c'est- 
à-dire qu'il faut proportionnellement plus d'un même aliment 
à un jeune qu'à un adulte. Le fait est connu. Est-ce seulement 
que le jeune animal, à surface proportionnellement plus grande, 
perd plus de chaleur f Cela entre en ligne de compte à coup sûr. 



VARIATIONS EXPERIMENTALES 204 

mais pour une part seulement ; car, parmi toutes les rations, 
la meilleure à cet âge est la plus albuminoïde, c'est-à-dire la 
moins thermogène. 

Au surplus, pour apprécier la valeur alimentaire d'une subs- 
tance donnée, il faut bien s'entendre sur la réaction que l'on 
demande à l'organisme de manifester, comme marque du succès 
de son alimentation. Veut-on qu'il soit plus grand, plus robuste, 
c'est-à-dire capable de fournir une plus grande quantité de 
travail, ou désire-t-on au contraire sacrifier quelque chose des 
qualités précédentes pour que l'organisme dure plus longtemps ? 
Il faut alors faire intervenir en ligne de compte l'usure organique 
par les divers régimes, qui est en raison de leur toxicité et de 
la quantité des déchets accumulés. 

Or, cette toxicité plus grande du régime carné est surabon- 
damment prouvée par notre longue expérience. C'est le défaut 
qui contrebalance les incontestables qualités de cet aliment. 

Dans le jeune âge, la quantité de rein, la grandeur de l'élimi- 
nation sont proportionnellement plus fortes, les qualités de la 
ration se montrent alors sans être atténuées par leur inconvé- 
nient. Plus tard, avec une élimination moindre, l'inconvénient 
contrebalance l'avantage et même le surpasse. 

Il y a donc lieu, en pratique, de peser et d'évaluer des séries 
d'indications contradictoires et la règle qui me paraît ressortir 
aussi bien de ces expériences que des observations, valables pour 
l'homme, faites sur moi et autour de moi, est l'usage de la viande 
pendant la croissance et l'abstinence de cet aliment passé l'âge 
adulte. 



AHCll. DE ZOOL. EXP. ET GEN. If' SÉBIE. — T. VI. - (v] 



CHAPITEE V 

VARIATIONS DU TUBE DIGESTIF 
L INTESTIN ET LES C2ECUMS — LE JABOT ET LE GÉSIER 



Sommaire. — Précautions à prendre pour les mesures. — Echelle des courbes de variation. — 
Décroissance des organes digestifs suivant des arcs d'hyperbole équilatère. — Les écarts 
dans les dernières générations dus à l'insuffisance du poids total. — Nouvelle marque 
d'intoxication. — Réduction de l'intestin et du cœcum. — Jauge du jabot ; réduction 
du volume et de l'extensibilité. — Réduction dans l'action du gésier ; les cailloux ordi- 
nairement ingérés deviennent progressivement plus petits ; ce sont des grains de sable 
aux dernières générations. — Représentation par le dessin de l'estomac, en valeur relative, 
sur 12 animaux composant des couples descendus les uns des autres. — Dimorphisnie 
sexuel. — Autres séries de dessins sur des poules devenues plus précocement stériles 
et BUT des coqs tuberculeux. — Dans les cas anormaux, la réduction relative est moins 
accentuée ou transformée en accroissement. — La réduction accentuée est la règle. 



Les seules modifications, dues au changement de régime ali- 
mentaire chez les oiseaux, étudiées jusqu'ici ont été, comme 
nous l'avons dit, celles qui sont relatives au gésier. Nous avons 
des données qui s'étendent en outre à d'autres parties dvi tube 
digestif : intestin, caecum et jabot. 

Des mesures effectuées sur le tube digestif risquent de laisser 
place à un certain aléa en raison de l'élasticité des organes si 
l'on n'opère pas toujours exactement de la même façon et si, 
notamment, l'on tire plus ou moins sur le tube digestif en mesu- 
rant sa longueur avec une règle graduée. J'ai toujours eu soin 
d'appliquer l'organe sur la règle sans exercer aucune traction. 

J'opérais de même sur les caecums. On sait que, chez les oiseaux, 
ces organes sont au nombre de deux, symétriquement disposés ; 
chez la poule, en particulier, ils sont rarement de la même lon- 
gueur : une différence qui peut aller jusqu'à 15 "„ existe tou- 
jours entre eux ; je prenais la moyenne entre les deux pour 
longueur du cœcum. Le volume du jabot doit aussi être évalué 
avec quelques précautions que j'indiquerai plus loin. 

Pour la variation de ces organes comme pour les autres, j'ai 
considéré le rapport de leur longueur, de leur volume ou de leur 
poids au poids total et au poids actif des animaux étudiés. J'ai 



VARIATIONS EXPEIUMENTALES 203 

construit les courbes de variation en ces différentes circons- 
tances et eu considérant soit les moyennes de tous les animaux 
d'une génération, soit, pour éviter les effets variables du dimor- 
pliisme sexuel, en comparant les rapports dans des couples effec- 
tivement descendus les uns des autres. Ces manières diverses 
d'envisager le phénomène me donnent les mêmes indications et 
les mêmes courbes, avec seulement un peu plus ou un peu moins 
d'accentuation ; les différences secondaires sont même très 




r? 



P. 



Fio.20. Courbes montrant la réduction de l'intestin ( __) et du caecum ( ) dans des couples 

effectivement descendus les uns des autres pendant cinq générations successives. — 
Rapports de la longueur des organes à 100 gr. de poids total. 



faibles. Afin d'avoir des graphiques qui se puissent comparer 
avec ceux que j'ai déjà fournis pour le rein et le foie, je les 
construis également avec les données relatives aux couples des- 
cendant les uns des autres. 

Dans tontes les courbes dont il va être question, j'ai pris 
])our abscisses le temps, en portant sur l'axe horizontal 25 ^ 
pour la durée d'une génération et ijpur ordonnées les valeurs 
du rapport de chaque organe au poids total des animaux et cela 
suivant les échelles suivantes : 



204 F. MOUSSAY 

CcBcums .... ordonnées 1 % par millimètre de caecum pour 100 gr. 

de poids total. 
Intestin .... — 1 % P^'i" centimètre d'intestin pour 100 gr. 

de poids total. 
Jahot — 1 % par centimètre cube de jabot pour 100 gr. 

de poids total. 
Oésier — 1 % P^^r décigrammé de gésier pour 100 gT, 

de poids total. 

On voit d'après cela que réehelle qui représente la variation 
du gésier et du csecum est 10 fois plus forte que celle employée 
pour l'intestin et le jabot ; ceci n'a d'autre importance que de 
trouver pratiquement une visibilité suffisante pour toutes les 
variations. Les courbes ont ensuite subi la même réduction 
photographique. 

Avant de parler de chaque organe en son particulier, il con- 
vient de relever les indications qui s'appliquent à tous. D'abord, 
tous ces organes décroissent manifestement. Mais cette décrois- 
sance, au début très sensible, s'atténue et, après la 3^ génération, 
se transforme en une petite remontée. Que signifie cette allure 
de courbe ? 

Tenons compte de ce fait, imposé par le simple bon sens, que 
la diminution, même régulièrement poursuivie, n'aurait pas 
continué indéfiniment et qu'il fût survenu une époque où les 
courbes auraient tendu vers l'horizontale. Guidés par cette indi- 
cation certaine et suivant d'autre part la continuité des phéno- 
mènes à leur début, nous sommes conduits à rectifier le tracé de 
nos courbes d'une façon presque nécessaire. Nous l'avons fait 
en traits interrompus pour obtenir l'image de ce qu'aurait dû 
être la variation régressive. 

Ces courbes nouvelles, toutes semblables entre elles, sont des 
hyperboles équilatères avec une asymptote horizontale et une 
verticale. Elles répondent à l'équation générale : 

i.v-^a){y - b)=K 
et ne sont utilisables pour le problème soumis à notre étude que 
dans la région des x positifs. 

Il est tout à fait intéressant de trouver deux catégories de 



VARIATIONS EXPERIMENTALES 



205 




R R 

FiG. 21. Courbes montrant la réduction du jabot. J, et du gésier. G, dans des couples 
effectivement descendus les uns des autres pendant cinq générations successives. 
Rapports du volume (jabot) ou du poids des organes à 100 gr. de poids total. Pour le 
jabot, les jauges à l'eau {_) et celles au mercure ( ) sout représentées. 



206 F. HOUSSAY 

courbes si dissemblables, l'une, dont nous avons déjà parlé, 
comprise entre deux asymptotes horizontales avec un point 
d'inflexion entre les deux : c'est à la fois la courbe de croissance 
et d'hypertrophie, l'autre, que nous rencontrons maintenant, 
l'hyperbole équilatère est la courbe de décroissance et d'atrophie. 
Les deux catégories de phénomènes sont biologiquement très 
distinctes ; il est naturel que deux courbes fort diiïérentes les 
symbolisent. Ce résultat est susceptible d'une large généralisa- 
tion mais nous ne pouvons pas en entreprendre l'exposé de 
peur d'être entraînés trop loin. 

Je voudrais pourtant faire remarquer que le passage de 
l'évolution continue à l'évolution discontinue, ou de la trans- 
formation progressive à la mutation, devient, s'il s'agit d'une 
décroissance d'organe, une conception exactement représentée 
par la transformation d'une hyperbole équilatère en deux 
droites rectangulaires. Cette conception, si familière aux géo- 
mètres, nous rend aisé de comprendre que, dans une transfor- 
mation par croissance organique, notre courbe à deux conca- 
vités sera, en cas de mutation, remplacée par deux sections 
de droites parallèles réunies par un trait vertical, deviendra 
une marche d'escalier, suivant une image employée par Giard. 

Nous avons vu au chapitre II qu'à partir de la 3^ génération 
le rein et le foie ont commencé à fléchir ; pour les organes qui 
nous occupent maintenant, tous abandonnent une génération 
plus tôt leur courbe type. A partir de la 2^ génération, en effet, 
nos données expérimentales sont toujours au-dessus de ce qu'elles 
devraient être d'après leur début. Il y a là deux points à éclaircir. 
1° Pourquoi l'atrophie est-elle plus faible que ce qu'on atten- 
dait •? 2» Pourquoi l'atrophie digestive s'arrête-t-elle une géné- 
ration plus tôt que l'hypertrophie hépatique et rénale ? 

Et d'abord peut-on dire que l'atrophie digestive s'arrête ? 
Eemarquons que nos courbes ne nous renseignent que sur une 
atrophie relative, leurs points étant fixés par des valeurs du 
rapport d'un organe au poids total de l'animal. Cependant, 
comme les valeurs absolues nous renseigneraient bien moins 



\ AI{IATH)NS EXPERIMENTALES 207 

encore, il faut analyser tant qu'il se peut les valeurs relatives 
pour bien saisir le sens de leur variation. 

Soit w la longueur, le volume ou le poids d'un certain organe 
et P. le poids total d'animal correspondant, nous observons que 

le rapport - n a pas décru autant que nous l'attendions. Mais 

cela a pu survenir pour deux raisons, ou bien w n'a pas décru 
(ou n'a pas arrêté sa croissance) comme il fallait, ou bien P n'a 
pas crû autant qu'il l'aurait dû pour se tenir dans l'équilibre 
régulier avec w. 

C'est, je crois, cette dernière alternative qui est la véritable. 
Bien que le poids des animaux ait toujours été en croissant, il ne 
l'a pas encore été suffisamment. Or, l'intoxication, dont nous 
avons relevé la manifeste existence, a pour effet certain, rapide 
et constant l'abaissement du poids, comme perte de l'acquit 
ou comme manque à gagner ce qui devrait l'être. 

Si nous sommes dans le vrai, si c'est bien un manque d'accrois- 
sement du poids total qui relève les points de nos courbes, le 
phénomène fonctionne nettement aussitôt après la seconde 
génération, comme le montrent simultanément tous les organes 
digestifs en régression. Donc, la 3^ génération subissait, en ne 
croissant pas assez, une nouvelle et très sensible marque d'in- 
toxication. Bien que le rein et le foie y aient encore crû, ils 
n'ont pas suffi à Texcrétion ; de là leur surmenage et leur régres- 
sion à la génération suivante. 

Ces concordances parfaites nous montrent que la correction 
de nos courbes en hyperboles équilatères est absolument légi- 
time et, malgré son insuccès final, notre expérience nous donne, 
pour la marche de la variation, une indication aussi sûre qu'une 
adaptation réalisée. 

Il est également important de remarquer que les hyperboles 
équilatères eussent atteint sensiblement l'horizontale à partir 
de la 6^ génération, ce que nous a déjà indiqué exactement la 
variation hépatique et rénale. 

De plus, il faut noter que le surmenage des organes excréteurs 



208 F. HOUSSAY 

à la 2^ génération, précédant leur insuffisance anatomiqiie qui 
se traduit seulement à la 3^, nous avait été déjà signalée par 
l'abondance de la mélanine à cette même 2^ génération où elle 
présente son maximum (1). 

Eelevons encore quelques observations pour chaque organe 
en particulier. Sur l'intestin j'ajouterai peu de choses ; sa réduc- 
tion en longueur par le régime carné est conforme à toutes les 
observations déjà faites en anatomie comparée. Le fait nouveau, 
d'ailleurs important, est la réalisation expérimentale rapide 
de ce raccourcissement. Il convient de remarquer en outre que 
l'aspect de la paroi intestinale est changé ; elle devient plus 
épaisse et perd toute transparence. Ceci correspond sans aucun 
doute à de graves modifications histologiques ; mais mou atten- 
tion a été trop tardivement appelée sur ce sujet pour que j'y 
aie pu exécuter des recherches méthodiques. Au surplus, j'ai 
peu poussé mon travail du côté histologique qui, à lui seul, eût 
fourni la matière à des investigations aussi étendues que celles 
dont j'ai pu retirer des conclusions. Je donnerai çà et là quel- 
ques indications relevées à ce sujet afin surtout d'encourager 
ceux qui voudraient en compléter l'étude. 

La réduction du caecum nettement réalisée par le régime Car- 
nivore est un résultat que l'on pouvait aussi escompter. J'ai 
même donné une trop faible idée de la régression de cet or- 
gane en évaluant celle-ci par la réduction de la longueur. Eu 
jaugeant le volume, on aurait certainement constaté une bien 
plus forte diminution ; car les csecums deviennent non seule- 
ment moins longs mais beaucoup plus étroits, leur calibre se 
réduit. 

Il ne faudrait pas conclure hâtivement de cette observation 
que, chez l'homme, la réduction du csecum et la formation de 
l'appendice vermicnlaire sont une conséquence certaine du pas- 
sage d'un régime originel exclusivement frugivore à un régime 
fortement carné, car certains singes possèdent aussi cet appen- 
dice vermicnlaire. En général les carnivores ont le csecum bien 

(1) Voir p. 191. 



VARIATIONS EXPERIMENTALES 209 

moins développé que les herbivores ; l'action de ki viande n'est 
pas douteuse, mais le même résultat pourrait être atteint autre- 
ment puisqu'on ne trouve pas de caecum chez des phytophages 
comme l'Unau et l'Ai [Bradypus) ou chez certains rongeurs 
comme le Loir {Myoxus). 

De tous les organes, le jabot est celui qui a montré la réduction 
la plus prompte et la plus considérable. Afin d'apprécier son 
volume, je l'ai jaugé en le remplissant d'eau toujours dans les 
mêmes conditions. Après avoir détaché le jabot, l'avoir vidé 
quand il y avait lieu et nettoyé par un courant d'eau, je posais 
une ligature sur son extrémité inférieure ; j'introduisais ensuite 
dans l'œsophage un petit entonnoir de verre, toujours le même, 
de façon que son extrémité vînt affleurer à' l'entrée du jabot. 
Puis, tout étant suspendu, je versais de l'eau jusqu'à ce que 
l'entonnoir restât plein. Le remplissage avait ainsi toujours lieu 
sous la même pression d'une colonne d'eau d'environ 5 % de 
hauteur. Ceci fait, je comprimais entre deux doigts l'entrée du 
jabot et je rejetais l'eau restant dans l'œsophage et l'entonnoir ; 
juiis je mesurais dans une éprouvette gTaduée l'eau contenue dans 
le jabot. Ces mesures étaient toujours parfaitement comparables 
entre elles et c'est avec leurs variations que j'ai construit mes 
courbes. 

J'ai voulu aussi pratiquer la jauge au mercure pour avoir 
quelque idée sur l'extensibilité de l'organe et sur la façon dont 
elle pouvait varier. Les mesures sont beaucoup moins précises 
que les précédentes; celles-ci peuvent être répétées par n'importe 
qui à la condition de prendre la même pression d'eau ; les 
jauges au mercure doivent être pratiquées par une même per- 
sonne pour demeurer comparables.^ 

Il ne pouvait plus être question de suspendre l'organe qui se 
fût indéfiniment distendu et eût enfin crevé sous la pression du 
mercure ; je le posais, muni de sa ligature inférieure, sur une 
cuvette de porcelaine à fond plat, puis je vidais aussi rapide- 
ment que possible le mercure. Le jabot s'étalait et en même 
temps se gonflait. On aurait pu verser du mercure jusqu'à 



210 K. HOUSSAY 

rupture, mais j'avais soin de marquer d'avance, à l'aide d'une 
épingle par exemple, l'orifice supérieur du jabot, parce que la 
turgescence poursuivie de l'organe aurait fini par incorporer 
tout l'oesopliage dans le jabot et, aussitôt que le mercure attei- 
gnait ce niveau, je cessais de verser. 

C'est justement le moment auquel il convient de s'arrêter 
qui demeure indécis et il reste \ine part d'ai)pré('iation person- 
nelle inévitable. Sans exagérer donc l'importance de ces dernières 
mesures ni leur précision, je puis dire qu'en opérant, tant que 
je l'ai pu, dans les mêmes conditions, j'ai obtenu les indications 
suivantes. 

La jauge au mercure du jabot soutenu est toujours plus grande 
que la jauge à l'eau du jabot suspendît ; dans les mêmes condi- 
tions pour l'organe le résultat était évident d'avance, dans des 
conditions différentes il ne l'était pas. L'écart entre les deux 
mesures, très grand dans les premières générations, s'atténue 
ensuite pour devenir insignifiant. Ceci veut dire que non seule- 
ment le jabot se réduit mais que son extensibilité diminue et 
nous apprend que l'organe ne reste pas semblable à lui-même 
en plus petit. Sa structure change. 

Les glandes de l'oesophage et du jabot sont considérées comme 
ne fournissant qu'un mucus lubréfiant. Toutefois mon élève 
Camoin a pu démontrer que, chez les poules, ces glandes pro- 
dui ent une diastase transformant l'amidon en glucose ; il a 
nettement établi ce résultat tant par des nuicérations de jabots 
que par une fistule habilement pratiquée. Sur une poule soumise 
au régime de la viande depuis 18 mois, Camoin a reconnu, à 
l'aide d'une fistule, que la sécrétion du jabot n'intervertit plus 
l'amidon qu'avec une intensité trois fois moindre que chez les 
poules granivores. La poide en (juestion a succombé trop t^t 
pour permettre de voir si, par contre, la production glandulaue 
n'attaquerait pas les albuminoïdes ; elle s'est montrée sans action 
sur le blanc d'oeuf dur. Ce résultat négatif n'est pas péremp- 
toire, vu la résistance particulière de cette albumine coagulée et 
vu les commencements manifestes de digestion sur la viande 



VARIATIONS EXPERIMTNTALES 211 

crue dont je trouvais des fragments dans le jabot des nombreux 
sujets que j'ai sacrifiés. 

Quant au gésier, le poids, que j'ai pris comme signe de la 
variation, s'est considérablement réduit. On s'en rendait compte 
du reste rien qu'à regarder l'organe ; il paraissait vraiment 
moins important dans l'ensemble des viscères que chez les poules 
normales. Si l'on y pratiquait une coupe par son plus grand 
plan diamétral, on voyait tout de suite que la cavité était beau- 
coup moindre. Le revêtement corné, d'abord très épais et très 
dur, devenait de moins en moins résistant et, dans les dernières 
générations, il formait une simple peau qui adhérait à peine 
aux tissus sous-jacents et ne présentait que très peu de dureté. 
Cependant, sur sa tranche, la paroi musculaire a montré jusqu'au 
bout la même épaisseur absolue ; c'est-à-dire que tout de même 
elle a beaucoup diminué d'imijortance dans l'ensemble de l'or- 
ganisme, puisque celui-ci est devenu beaucoup j^lus gros. Les 
muscles d'ailleurs s'étaient plus encore réduits eu longueur. 

On sait que les oiseaux granivores ont l'habitude d'ingérer 
d'assez volumineux cailloux qui font, sous l'action des muscles 
du gésier, l'ofBce de mtmles pour triturer les graines. Mes ani- 
maux, placés sur un sol fait de sable et de graviers, ne manquaient 
pas à cette pratique. A la première génération granivore, les 
cailloux recueillis à l'autopsie étaient à peu près en moyenne 
de la grosseur d'un pois ou d'un haricot, quelques-uns même 
plus gi'os. Insensiblement, les cailloux ingérés diminuèrent, 
devinrent plus petits et, à l'avant-dernière et à la dernière géné- 
ration, on ne trouvait plus que des grains de sable, gros comme 
la tête d'une épingle ordinaire. 

Le gésier servait donc encore d'estomac triturant pour achever 
la séparation des fibres de la viande ; mais ce rôle était moins 
diflicile que dans le cas des graines, exigeait moins d'eiïorts et 
se restreignait de lui-même. J'aurais pu, en plaçant mes ani- 
maux par exemple sur un sol de bitume ou d'asphalte, empêcher 
totalement l'ingestion de tout corps solide et obtenir très proba- 
blement une plus forte réduction du gésier ; mais je n'ai pas 



212 F. HOUSSAY 

voulu les obliger à agir autrement qu'ils ne l'eussent fait d'eux- 




mêmes dans la nature. Au surplus, la vie sur un sol artificiel 



variatîons expérimentales 



213 



eût amené des modifications particulières sur les ongles que je 
tenais à observer dans les conditions normales. 






■a 2 




•3 1 



■2 S 





Ayant pris aussi des séries de pesées sur l'estomac entier, 
c'est-à-dire gésier et ventricule succenturié ensemble, j'ai obtenu 



214 F. HOUSSAY 

une seconde courbe exactement parallèle à celle du gésier seul, 
c'est-à-dire toujours équidistante de celle-ci. Cela prouve que 
le ventricule succenturié apporte à toute génération un poids 
relatif constant, qu'il ne varie pas en poids par rapport au reste 
de l'organisme. 

L'étude de la variation des organes par les courbes, que j'ai 
tracées et reproduites, est la plus claire et la plus démonstrative 
pour certains esprits, pour ceux notamment qui ont été formés 
par la culture mathématique. D'autres esprits, non pas inférieurs 
mais différents, se représentent avec peine les rapports exacts 
entre cette symbolique et la réalité dont elle sort. Ils auraient 
plus de satisfaction à voir la série même des pièces anatomiques 
ou tout au moins à en examiner des dessins fidèles. La repré- 
sentation par dessins il est vrai, n'étant que la projection sur 
un plan, n'intéresse que deux dimensions des organes et, pour 
ceux en particulier dont j'ai, d'autre part, évalué la variation 
par le volume ou le poids, c'est-à-dire par trois dimensions, il 
peut ne pas y avoir rigoureuse concordance entre les deux sortes 
de représentations. En outre le dessin fait sur chaque animal 
est individuel et se dégage moins des accidents personnels que 
les coiirbes faites avec des moyennes, tout au moins avec celles 
d'un couple. 

Néanmoins, il y a accord dans l'ensemble et comme, au sur- 
plus, l'examen de la forme est du plus haut intérêt, j'ai repré- 
senté la variation réalisée par une série de dessins (fig. 22, 23, 24 
et 25). 

En disséquant chacun des animaux en expérience j'avais pris 
relativement au tube digestif, depuis l'entrée du jabot jusqu'au 
gésier compris, un croquis grandeur nature et tout à fait exact 
quant aux dimensions. L'examen ultérieur et la comparaison 
de tous ces dessins montre, avec une parfaite netteté, la réduc- 
tion du jabot et du gésier dont nous avons parlé ; mais, vu la 
différence de taille et de poids des divers animaux, elle ne permet 
pas d'avoir une mesure juste du phénomène. 

Le régime Carnivore a dans l'ensemble augmenté le poids. 



VARIATIONS EXPERIMENTALES 215 

comme je Tai déjà dit, et fait croître les animaux. Si ce résultat 
avait été le seul, s'il y avait eu simple accroissement homothé- 
tique de tous les organes, saris changement de la forme animale, 
les réductions de tous les dessins, elïectuées proportionnellement 
aux poids des animaux correspondants, devraient toutes coïn- 
cider, être un seul dessin. 

Une preuve objective peut en être donnée par la comparaison 
des deux poules II„ et III,, de la génération granivore initiale. 
Elles différaient, comme nous l'avons déjà remarqué,'non seule- 
ment par la taille mais par la race ; elles étaient toutefois de la 
même espèce et représentaient le même complexe organique 
défini. A la fin de l'expérience III., pesait 1917 grammes et 11^ 
1354 grammes soit 29 % de moins. En augmentant de 29 % le 
dessin exécuté sur II„ on obtient identiquement le même gésier 
que celui de III,, grandeur nature (flg. 22 et 24). 

Si les dessins, agrandis ou réduits de façon à correspondre 
à un animal toujours de même poids, ne sont pas identiques, 
leur différence traduira exactement le déséquilibre organique, 
c'est-à-dire le changement de forme. 

Des changements de forme définis de la sorte peuvent être 
et ont été constatés entre les jeunes et les adultes de la même 
esiîèce, ou entre les mâles et les femelles, ou entre animaux de 
même type mais de taille très différente à l'état adulte, comme 
le sont par exemple un moineau et un vautour ou mieux encore 
un chat et un tigre. Dans le cas que nous envisageons, il s'agit 
d'adultes de la même espèce, du même sexe et du même âge, 
lîi différence de forme, si elle existe, résulte donc exclusivement 
de la différence du régime alimentaire, la seule variable intro- 
duite. 

Examinons d'abord une série de dessins provenaût des femelles 
comprises dans des couples descendant les uns des autres. Le 
tableau suivant donne l'échelle des réductions (signe — ) ou des 
accroissements (signe +) qu'ont subis les dessins en prenant 
pour unité le poids d'une des poules. 



2d6 



F. HOUSSAY 



POULES 


POIDS TOTAL 


VALEUR 


MODIFICATION 
AU DESSIN 


IIIo 


1917 


1 





III, 


1959 


1,02 


- 2 % 


VU. 


1905 


0,99 


! 1 % 


V11I3 


2243 


1,17 


— 17 % 


V4 


2465 • 


1,28 


— 28 % 


I5 


2425 


1,26 


— 26 % 



Les modifications ci-dessus ont été effectuées avec le compas 
de réduction, dont les de^ix branches étaient réglées à chaque 
opération sur une échelle divisée en millimètres. Les divers 
dessins fixés côte à côte ont ensuite été tous uniformément 
réduits par la photographie. 

La série de la figure 22 met sous les yeux d'une manière frap- 
pante la réduction organique poursuivie pendant six générations. 
Ce procédé d'évaluation me semble rigoureusement exact, mais, 
pour ceux qui en douteraient, ajoutons qu'il nous donne seule- 
ment une mesure plus juste du phénomène et que ce dernier appa- 
raîtrait sans cela. Par exemple les organes de la dernière poule 
ont été réduits de 26 %, soit environ 1/4; si même ou leur rendait 
ce quart, encore seraient-ils bien au-dessous des organes de la 
première poule qui en sont presque le double. Autrement dit, il y 
a non seulement réduction relative, mais aussi réduction absolue. 

Nous avons fait la même opération pour les mâles de ces 
couples suivant le tableau ci-dessous qui rapporte leurs poids 
à celui de la poule Illy précédemment choisie pour unité. 









MODIFICATION 


COQS 


POIDS TOTAL 


VALEUR 


AU DESSIN 


lo 


2544 


1,32 


— 32 % 


I. 


2458 


1,28 


— 28 % 


VI, 


2905 


1,51 


- 51 % 


IV, 


3100 


1,61 


— 61 % 


VIL 


3650 


1,90 


— 90 % 


III5 


3650 


1,90 


— 90 % 



Variations expérimentales 217 

La série des figures établit toujours la même suite de réduc- 







3 .2 



.g ^ 



■a a 

5 o 



a -a 





tions, très sensibles dans les premières générations, moins dans 



ARCU. DE ZOOL. EXP. ET GÉ.N. l\' SÉRIE. — T. VI. — (v). 



i6 



218 F. HOUSSAY 

les suivantes ; c'est une représentation concordante avec ce 
que nous avons déjà obtenu par le tracé des courbes. 

La comparaison des figures 22 et 23 montre d'une façon sai- 
sissante la faiblesse relative des organes alimentaires chez les 
mâles. Ces animaux considérés, ainsi que nous l'avons fait, comme 
ne pesant pas plus qu'une femelle ont un tube digestif beaucoup 
plus faible que celle-ci. C'est l'expression d'un cas du dimor- 
phisme sexuel, phénomène dont je me projiose de suivre la 
variation avec le régime dans un autre chapitre 






Fjq. 25. Dessins exécutés d'après nature, puis réduits pour correspondre à des animaux 
de même poids, chez quatre coqs plus ou moins malades. 

Les couples qui se sont reproduits cinq générations de suite 
et dont, au résumé, la stérilité est le plus tardivement survenue 
sont formés des animaux qui ont le mieux résisté à l'intoxica- 
tion du nouveau régime, qui se sont le mieux prêtés à l'élimina- 
tion nécessaire, qui se sont, en un mot, le mieux adaptés. Leur 
variation est donc la plus rapprochée de la règle et, si elle s'écarte 
un peu de celle-ci, puisque la règle exacte serait l'hyperbole 
équilatère qu'ils ne suivent pas tout à fait, ce sont eux qui s'en 



VARIATIONS EXPÉRIMENTALES âlÔ 

écartent encore le moins. C'est une nouvelle raison de croire 
bien établie notre loi de régression que de voir les animaux les 
plus normaux s'en rapprocher le plus. 

Considérons en effet une série de six autres poules apparte- 
nant aux premières générations (flg. 24). Voici l'échelle de 
réduction des dessins : 









MODIFICATIONS 


POULES 


POIDS TOTAL 


VALEUR 


AUX DESSINS 


IIo 


1354 


0,71 


+ 29 % 


IIi 


1907 


0,99 


+ 1 % 


IL 


1912 


1 





IV, 


2014 


1,05 


- 5 0/^ 


III3 


1900 


0,99 


+ 1 % 


II3 


1860 


0,97 


+ 3 % 



Les dessins montrent encore une réduction, mais moins fran- 
chement poursuivie que dans le cas précédent. Ces poules, qui 
s'écartent de la normale par une stérilité plus précoce, s'en 
écartent aussi par une moindre réduction relative du gésier et 
du Jabot. Ceci tient à ce que, étant plus intoxiquées que les 
autres, leur poids a faibli davantage et se trouve moins près 
de ce qu'il devrait être ; par suite les rapports des organes aux 
])oids deviennent trop forts dans les dernières générations. 

Puisqu'il s'agit d'arguments détaillés pour renforcer la con- 
clusion par laquelle nous avons légitimé l'hyperbole équilatère 
comme expression de la loi de réduction organique dans l'adap- 
tation, je vais encore mettre sous les yeux les organes digestifs 
de quatre coqs empruntés à trois générations successives. 

Les dessins (fig. 25) sont à l'échelle de réduction suivante : 



COQS 


POIDS TOTAL 


VALEUR 


MODIFICATIONS 
AUX DESSINS 


h 
II4 


2800 

2700 
2735 
2127 


1,46 
1,41 
1,42 
1,11 


— 46 % 

- 41 % 

— 42 % 

- 11 % 



â2Ô F. HOUSSAY 

Ces coqs sont parvenus à l'état adulte, ont parcouru leur 
année de vie presque entière, manifestement toutefois leurs 
poids sont trop faibles. C'est l'explication de la série paradoxale 
de leurs dessins qui montre un accroissement du tube digestif 
sous l'influence du régime carné. Tel est en eiïet le fait brut, il 
demande une interprétation et une critique. 

En examinant les notes individuelles de ces animaux on 
trouve : 

I, : normal. 

I3 : mort spontanément le 17 octobre 1903, après un jour de 
malaise, péritonite tuberculeuse, tubercules dans le foie, tumeur 
d'un testicule, etc.. 

II4 : sacrifié le 11 mars 1904 — tuberculose intestinale avec 
envahissement du mésentère, trois petits tubercules dans le 
poumon — castration parasitaire (deux testicules = 1 gr. 9) — 
obstruction intestinale et dilatation consécutive du jabot, etc.. 

I^ : sacrifié le 31 mai 1904. — Obstruction intestinale, trou- 
bles nerveux, péritoine épais, résistant, fibreux, pleine activité 
génitale (testicules 40 gr. 75) — début de tuberculose qui a 
peut-être déjà envahi les centres nerveux. 

La faiblesse des poids n'est pas douteuse non plus que sa 
cause ; de là vient une moindre réduction relative des organes 

digestifs. Il est en eiïet visible que, dans — c est P qui est 

trop faible et qui donne au rapport une valeur trop grande. 
C'est la cause même que j'ai invoquée dès le début et que je 
répète. Si la réduction ne suit pas pour finir la marche indiquée 
par son commencement, c'est que le poids ne croît plus assez, 
tantôt brutalement comme dans les cas de maladies avérées, 
tantôt insidieusement par l'auto-intoxication du régime qui 
montre par ailleurs tant d'autres manifestations 

Les indications convenablement critiquées de ces vingt-deux 
animaux nous conduisent donc toutes au même terme ; elles 
sont aussi instructives et même plus que celles d'une adaptation 
qui se fût poursuivie sans arrêt. Les autres animaux observés 



VARIATIONS EXPÉRIMENTALES 221 

sont morts ou trop jeunes, ou trop manifestement malades pour 
qu'il soit utile de mettre leurs organes en parallèle avee les 
autres. 



CHAPITRE VI 

VARIATIONS DU CŒUR, DU SANG 
ET DES GLOBULES SANGUINS 



Sommaire. — Les variations du cœur et de la quantité de sang sont peu appréciables. — 
Courbes de ces variations. — Numération de globules dans une génération granivore 
et une Carnivore. — Variations de ces nombres au cours de la vie. — Construction de 
courbes comparatives pour les mâles. — Les mêmes courbes pour les femelles groupées 
en deux races. — Courbes rythmiques à deux dépressions. — Etude du rapport de ce phé- 
nomène avec l'activité génitale. — Le régime carné combat efficacement l'anémie résul- 
tant de la dépense génitale mâle. — Comparaison du rythme de l'anémie et du rythme 
de la ponte. — L'anémie correspond à la préparation des œufs et non à leur émission. 
— Le régime carné tend à. rendre les deux phénomènes contemporains, c'est-à-dire à 
accélérer la ponte. 



Le cœur étant un des organes sur lesquels le dimorphisme 
sexuel s'accuse avec le plus d'importance et la quantité de 
sang étant dans le même cas, il est absolument nécessaire de 
n'instituer à leur égard de comparaisons que dans des couples 
successifs, pour chacun desquels on prend la moyenne des valeurs 
chez le mâle et chez la femelle. 

La quantité de sang a été évaluée de la façon suivante : les 
animaux ont toujours été sacrifiés par saignée pratiquée eu 
sectionnant, suivant l'usage banal, les veines du palais et de 
l'arrière-bouche ; le sang était recueilli dans une capsule de por- 
celaine de poids connu et pesé aussitôt. 

Le cœur était pesé seul, c'est-à-dire débarrassé des gros troncs 
artériels et veineux, coupés dès leur naissance, ainsi que de la 
graisse qui s'accumule facilement dans le sillon entre les oreil- 
lettes et les ventricules. 

Les résultats de ces diverses mesures rapportées à cent grammes 
de poids total avant la mue sont rassemblés ci-dessous : 



222 F. HOUSSAY 

GÉNÉBATIONS SANG CŒUR 

Po 3,59 0,43 

P, 3,90 0,46 

P, 3,63 0,42 

P, 3,87 0,37 

Pj 4,31 0,43 

P, 4,31 0,40 

La courbe exprimant cette variation est construite de la façon 
suivante. Le temps est porté en abscisses en comptant 25 '"^ 
pour la durée d'une génération et, sur les ordonnées, on 
compte 1 '"/ -pshv décigramme de sang pour cent grammes de 
poids total et 1 % par centigramme de cœur dans les mêmes 
conditions. La variation de ce dernier organe est donc figurée 
par une échelle verticale dix fois plus grande que celle du sang, 
dans le seul but pratique de rendre les deux variations également 
visibles. 





\ 














(K> 


- 














«• 


- 












S 


-1*0 


:: 


1 

— -1 — ■ 


— . 




-'ar l'expression 
(( un goût fort ». 



236 F. HOUSSAY 

Le « goût fort » est l'épitliète que l'on appliquerait aussi au 
fromage, au beurre rance, au gibier, etc., d'une façon générale 
à tout objet fermenté et riche en toxines. Les œufs auraient 
donc fini par participer à l'intoxication organique. D'autres 
preuves en seront données au chapitre suivant. 

En résumé, la pratique usitée par les aviculteurs de donner 
aux poules de la poudre de viande pour les faire pondre est 
parfaitement justifiée ; on pourrait même aller, toute question 
d'économie à part, jusqu'à les nourrir exclusivement ainsi. Mais 
il n'y a pas intérêt à continuer le « forçage » plusieurs généra- 
tions de suite et il vaut mieux prendre comme pondeuses pour 
les « forcer » des poules dont les mères n'ont pas été « forcées » 
elles-mêmes. 

Le poids moyen de l'œuf subit des variations qui sont ins- 
crites à la dernière colonne des tableaux. Dans tous les cas, il 
atteint un maximum à l'avant dernière génération, ce qui revient 
à dire que, lorsque l'œuf a dépassé son maximum, la stérilité 
survient, puisque, dans ces cas, les œufs ne se développent plus 
quoique fécondés. Dans les deux cas considérés, le maximum 
n'a pas été atteint semblablement ; dans le premier cas (série II„) 
le maximum a été atteint par ascension régulière ; dans le 
deuxième (série Illg) il s'est produit d'abord une baisse lente 
suivie d'une brusque ascension. 

Il arrive parfois, assez rarement il est vrai, que les poules 
domestiques pondent de gros œufs dont le poids varie entre 75, 
90 et même 100 grammes ; on ne sait rien des conditions qui 
déterminent ces pontes anormales. Exceptionnellement, du 
moins je Tai constaté une fois, la grosseur de ces œufs n'est due 
qu'à une surcharge en albumine, mais le plus souvent il y a 
deux jaunes inclus dans la coquille, parfois même c'est un œuf 
tout entier avec son jaune, son albumine et sa coquille qui est 
inclus dans un second. Le fait a été signalé notamment 
par Barnes, Philippi, Fritsch, Schumacher, Herrick et 

FÉRÉ. 

Bécemment la question des œufs à deux jaunes a été traitée 



VARIATIONS EXPERIMENTALES 



237 



par G. H. Parker (1), (j[iii (loiine une bibliographie assez étendue 
du sujet ; je me borne à y renvoyer le lecteur. Je veux seule- 
ment montrer la façon dont varie la production de ces œufs 
monstrueux avec la prolongation du régime carné. 



GÉNÉRATIONS 


ŒUFS 
A 2 JAUNES 


NOMBRE TOTAL 
DES ŒUFS 


POURCENTAGE 


Po 





194 





P. 


7 


297 


2,35 


P, 





551 





P3 


9 


435 


2,06 


P4 


42 


122 


34,42 


Pn 


14 


96 


14,58 



Un autre phénomène relatif à la ponte est la production 
d'œufs sans coquille. Au cours de notre expérience le phéno- 
mène a crû constamment, toutes choses égales d'ailleurs et les 
poules ayant à leur disposition des débris de coquilles, qu'elles 
avalent volontiers, dans tous les cas et surtout quand la ponte 
sans coquille faisait son apparition. Voici les nombres obtenus 
sur ce sujet. 





ŒUFS 


NOMBRE TOTAL 




GÉNÉRATIONS 






POURCENTAGE 




SANS COQUILLES 


DES ŒUFS 




Po 





194 





Pi 


2 


297 


0,67 


Pc 





551 





P3 


3 


435 


0,68 


P4 


9 


122 


7,37 


Po 


18 


96 


18,75 



J'ai construit deux courbes do la façon suivante : les temps 
sont portés en abscisses à raison de 25 "^ pour la durée d'une 
génération, et les pourcentages en ordonnées à raison de 3 % 
pour 1 %. On voit d'après les courbes que, pour ces phénomènes 
comme pour beaucoup d'autres, la première génération soumise 



(1) G. -H. Parker 
1906). 



Double Heus' Eggs {American Natiiraiist, V.>1. XL, n° 469 ; janvier 



238 



F. HOUSSAY 



au régime carné accuse une vive réaction qui ne se poursuit 
pas tout de suite et reprend seulement son cours à la 3^ géné- 
ration. L'émission exagérée des œufs à deux jaunes et des œufs 
sans coquille traduit, de son côté, la précipitation de la ponte, 
la moindre durée des réserves albuminoïdes et la moindre mise 
en charge dans Tovaire dont j'ai montré l'existence au chapitre 
précédent. 




P. P, P. Pb p. 

FiG. 32. Variation dans le nombre des œufs à 2 jaunes ( ) et des œufs sans coquille (- 

produits aux générations successives. 



Dans les exploitations d'aviculture ou dans les fermes, il 
arrive parfois que des poules se mettent à manger leurs œufs 
ou ceux des autres et causent ainsi des dégâts considérables. 
J'ai assisté au développement progressif de cet instinct, que 
l'on pourrait appeler germicide. Ni les poules granivores, ni les 
carnivores de première génération ne l'ont jamais montré, il est 
donc né sans qu'aucune hérédité antérieure puisse être mise en 
cause. 

A la seconde génération, la poule VII. commence par casser 
les œufs de sa compagne VIII, et pas d'abord les siens propres 
ou du moins pas immédiatement et seulement si on les laisse à 



VARIATIONS EXPERIMENTALES 239 

sa disposition plusieurs heures. Elle attaque au contraire tout 
de suite ceux de l'autre poule et dès le début de la ponte (février- 
mars) ; même elle ne tarde pas à montrer plus d'impatience et 
à piquer à coup de bec le cloaque de sa compagne, dès que celle-ci 
se baisse pour pondre ; elle la poursuit de ses coups et détermine 
à la longue au cloaque de VIII, une inflammation qui se propage, 
arrête la ponte dès le mois de mai, par rétention des œufs et 
cause la mort, en septembre, d'une tumeur de Toviducte que 
révèle l'autopsie. 

Entre temps, la poule VII. se prit à manger ses propres œufs. 
Puis les deux poules II. et IV., placées dans l'enclos voisin et 
séparées des précédentes par un grillage, influencées par le 
fâcheux exemple qu'elles recevaient, se mirent aussi vers le 
15 mai au saccage des œufs, bien qu'elles n'y eussent aucune- 
ment touché jusque là. Aussitôt qu'un œuf était pondu, le coq 
encourageait les deux poules par ses appels et les invitait à un 
petit repas de famille. 

Afin d'éviter ces ravages qui devenaient inquiétants pour la 
suite de l'expérience, on prenait soin, connaissant approxima- 
tivement les heures de ponte de chaque poule, de les enfermer 
à l'avance et une à une dans un petit réduit obscur où elles ne 
touchaient plus aux œufs pondus. 

Aux deux générations suivantes, la troisième et la quatrième, 
on continua cette pratique d'isolement toujours indispensable ; 
car si l'on arrivait quelque peu en retard, ou si la poule devan- 
çait l'heure prévue pour sa ponte, on trouvait invariablement 
l'œuf mangé. La dernière poule, I„ nous montra l'instinct à un 
degré plus impérieux encore puisqu'elle se mit à manger ses 
propres œufs seule et dans l'obscurité. Il fallut alors non seule- 
ment l'isoler dans le réduit obscur, mais encore la museler, ce 
à quoi on parvint avec un petit bout de tuyau à gaz en caout- 
chouc, dans lequel on introduisait le bec de la poule et qu'on 
laissait débordant le bout de celui-ci. 

La ponte des poules n'est pas un phénomène qui se déroule 
d'une façon uniforme depuis son début jusqu'à sa terminaison. 



240 



F. HOUSSAY 



Tantôt, comme cela est bien connu, il s'accélère et tantôt il se 
ralentit pour s'arrêter et reprendre. Désirant avoir une mesure 
de ces variations, j'ai essayé d'évaluer ce qu'on pourrait appeler 
la vitesse de la ponte. 




(00 



FlG. 



3oo ^P 1^-00 

33. Vitesse de la ponte à la génération granivore. 



La ponte étant mesurée par le poids des œufs, la vitesse de 
la ponte est le poids d'œufs produit dans l'unité de temps. J'ai 
pris pour unité de temps dix jours. Autrement dit, j'ai divisé 
le temps total de ponte en tranches de dix jours et j'ai calculé 
le poids d'œufs produits dans chaque dizaine. Cela était facile, 
lîuisque j'avais les poids de tous les œufs avec leurs dates. 
Lorsqu'il y avait plusieurs poules de la même catégorie, je divi- 



VARIATIONS EXPERIMENTALES 



241 



sais le poids total de leurs œufs en 10 jours par le nombre de 
poules, ce qui donnait un résultat moyen. 

Avec ces nombres, j'ai construit les courbes ci-jointes. Les 




FiG. 34. Vitesse de la ponte à la première génération Carnivore. 

abscisses représentent le temps à raison de 5 % pour 10 jours 
et les ordonnées les poids d'œufs produits en 10 jours à raison 
de 5 % pour 10 gTammes d'œufs. Les courbes ainsi obtenues 
ont toutes subi la même réduction photographique. 



242 



F. HOUSSAY 



Le tracé originel en traits pleins montre des oscillations de 
détail et des oscillations d'ensemble ; pour conserver celles-ci 




rot 700 3oo 372. 400 

FiG. 35. Vitesse de la ponte à la seconde génération Carnivore (série p). 

seulement, j'ai opéré comme en plusieurs autres circonstances, 
joignant les maxima entre eux et les minima entre eux par des 
lignes en traits interrompus, qui limitent une surface couverte 
d'une demi-teinte. 



VARIATIONS EXPÉRIMENTALES 



243 



Les divers graphiques présentent, dans leur allure générale, 
une remarquable uniformité. Ils sont tous à deux sommets sépa- 




^00 



iOO 300 570 hOO 

FiG. 36. Vitesse de la ponte à la troisième génération Carnivore (série R). 



rés l'un de l'autre par un minimum, partout marqué M. Le 
minimum en question correspond au temps de l'incubation pour 
les poules qui couvent et se retrouve aussi, au moins comme 



244 F. HOUSSAY 

baisse de ponte, chez les poules qui ne couvent pas. C'est donc 




FiG. 37. Vitesse de la ponte à la quatrième génération Carnivore. 



VARIATIONS EXPÉRIMENTALES 



245 



un point qui fixe un relai fort important dans la vie des 
femeUes. 



60 o 

Pi", 

5'io 
5oo_ 

41 
Uoo 

}("- 

3^o 
3^0 

P-S. 

3m Q 

i2o 

llfa 

no 

100 
za 




ioo 200 500 J30 400 

Fia. 38. Vitesse de la ponte à la cinquième génération carnlvore. 



UQ F. HOUSSAY 

Chez les oiseaux sauvages, le temps de l'incubation marque 
ordinairement la fin de la ponte. Dans des années exception- 
nelles, au moins dans nos pays, certains oiseaux font une seconde 
ponte et une seconde couvée. C'est cette disposition exception- 
nelle qui a été développée par la domestication, avec le moindre 
exercice et la meilleure alimentation qu'elle comporte. La ponte 
des poules domestiques est, en effet, composée de deux pontes 
séparées par une incubation, ou tout au moins par une baisse 
qui la rappelle et la seconde, d'abord rare, a été développée 
jusqu'à devenir normale. 

Il est fort curieux de constater, en accord tout à fait avec 
cette évolution supposée, que notre surnutrition expérimentale 
a encore développé la seconde ponte plus qu'elle ne l'était déjà 
et l'a même rendue, à la 5^ génération, plus importante que la 
première, comme durée et comme poids. 

Au point de vue de la durée, on peut se rendre compte, rien 
qu'en considérant les croquis successifs, que le minimum M se 
déplace de plus en plus vers la gauche, aussi bien sur les courbes 
de la race p que sur celles de la race a, mises à part et cependant 
reproduites pour montrer une incubation de plus en concor- 
dance avec le minimum considéré. 

Si l'on veut une précision supplémentaire, il faut noter exacte- 
ment les poids d'œufs produits pendant les deux périodes en 
question à chaque génération et le tableau suivant donne ces 
ndications rapportées en tout cas à une poule. 



. 


SÉRIE a 


SÉRIE [3 


o 

ce 

•5 


Poids 

1- 1 


de la 
loiite 


Poids de la 
■l<^ ponte 


[la()port de la 
'i« |)Oiile au 
poids total 


Poids 


de la 

onte 


Poids de la 
:;i' ]>onte 


Rapport de la 
ie ponte au 
poids total 


Po 


6 k. 


122 


k. 488 


0,073 


2 k 


723 


1 k. 326 


0,327 


p. 


6 


848 


3 347 


0,328 


5 


510 


1 644 


0,229 


P.1 


6 


649 


3 598 


0, 351 


6 


181 


4 090 


0. 398 


V, 


5 


204 


3 911 


0. 482 


4 


759 


3 288 


0,408 


P4 




» 




» 


4 


249 


4 183 


0,496 


P5 




" 




» 


1 


823 


4 378 


0.717 



VAIUATIONS ÉXPERtM ENTA LES 



â47 




'2CV 



La dernière colonne de chaque série nous apprend avec évi- 
dence que, dans tous les cas. l'importance relative de la seconde 

foo_ 

46o 
4 4o 
Wi-o 

4oo 

3»o 

Î60 

•(4o 

ilo 

ÎOo 

2.Ï.C 

^60 

Z'K. 

2.ZO 
2.0^ 
I »o 
y 60 
^4° _ 

IZo . 

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t.0 

Uo 



100 



aoo 



300 



3Ï0 400 



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* \ 

\ \ 


M 




\ \ 
1 \ 
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' M 






M , 


1 ^¥ 
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1 

1 

' 1 
1 1 
' 1 
1 1 
, 1 
1 
1 


1 

1 
1 1 



FiG. 39. Vitesse de la ponte à la seconde génération Carnivore (série a). 



SCO 



ponte, c'est-à-dire son rapport au poids total des œufs, croît 
constamment. Il semble cependant, sur les dix résultats signalés, 
qu'une exception se montre dans la génération Pi (série p) où 



f>48 



P. HOUSSAY 



le rapport en question e.st de 0,229 seulement, indiquant un 
recul sur le précédent, 0,327, au lieu d'une avance. 




^00 3oo 5ijo liOO 

FiG. 40. Vitesse de la ponte à la troisième génération Carnivore (série a). 



5oo 



L'examen de cette apparente exception nous révèle un fait 
nouveau de quelque intérêt. Les deux poules granivores mises 
en expérience à l'origine, différentes par leurs caractères exté- 



VARIATIONS EXPERIMEiNTALËS 249 

rieurs, comme nous Favons dit, différaient aussi pour la ponte. 
La race a (issue de Houdan) bonne pondeuse et mauvaise cou- 
veuse a normalement une seconde ponte très faible et une pre- 
mière très forte. La première s'accroît à peine par le nouveau 
régime, comme si l'élevage antérieur, sélection ou nourriture, 
avait déjà saturé la race à ce point de vue. C'est la seconde ponte 
seuh^ qui tout de suite se met à croître beaucoup. 

La race [3, au contraire, restée assez plastique comme son 
évolution l'a prouvé, pouvait supporter un accroissement de sa 
première ponte. C'est d'abord ce qui s'est produit, la seconde 
])oiite croissaiil peu ; d'où la faiblesse signalée du rapport 0,229. 
Puis, la première ponte ayant atteint à peu près le maximum 
qu'elle pouvait, la deuxième s'est mise à croître régulièrement 
jusqu'à la fin. 

Le phénomène de la 7nue chez les poules, bien connu des 
éleveurs, a subi une évolution assez remarquable dans notre 
expérience. Cet état, consécutif à l'arrêt de la ponte, consiste, 
comme on le sait, en une perte de plumes avec amaigrissement 
suivie d'une restauration du plumage et d'un engraissement. 
Comparativement aux femelles, les mâles éprouvent à un faible 
degré la mue qui se limite chez eux à la perte des plumes de la 
queue, sans grande baisse de poids. 

J'avais remarqué dans les premières générations étudiées un 
accroissement notable de cette réaction organique chez les 
femelles ; mais dans les dernières générations je ne voyais plus 
rien d'aussi marqué. Pour ne pas se borner à une impression 
qui peut tromper d'une année à l'autre, il faut trouver une 
quantité mesurable qui traduise l'événement. La baisse de 
poids pendant la mue offre une semblable mesure, restant com- 
parable à elle-même à chaque génération. 

Le tableau suivant est composé avec les nombres relevés sur 
mes cahiers de pesées, en prenant les moyennes pour les poules 
de chaque génération. Les deux séries a et p sont séparées 
comme à l'ordinaire pour être suivies à part. 

ARCH. DE ZOOL. EXP. ET ClÉN. — /(' SERIE. T. VI. — (v). lO 



âsô 



F. HOUSSAY 





SÉRIE a 


SÉRIE p 


,o 


PEUTE 


RAPl'OHT 


PERTE 


RAPPORT 


c 


A 


Al l'OIlJS TOTAL 


A 


AU POIDS TOTAL 


o 


LA MUE 


DES FEMELLES 


LA MIE 


DES FEMELLES 


Pu 


159 ^V. 


11,7 i 


224 4^r. 


11, (JS 


Pi 


389 .^T. 


20,39 


228 gr. 


11, (>4 


p.. 


439 ^r. 


22,02 


295 gr. 


15,48 


Ps 


424 gr. 


22,02 


431 g-r. 


19,21 


P4 


» 


)) 


471 ^l•. 


18,54 


P5 


» 


» 


140 ^r. 


4,UÎ 



Dans l'une et dans l'autre série on voit une croissance qui 
s'arrête, pour être même suivie d'une régression si le phénomène 
dure assez longtemps (série [3). 

Si l'on considère en particulier la série [i, plus complète, pour 
la comparer à l'évolution du foie et du rein (1) on constate que 
les deux catégories varient ensemble, avec un maximum à la 
3^ génération Carnivore suivi d'une baisse qui s'accélère. 

La mue étant en relation indéniable avec la résorption des 
œufs non pondus, ce rapport est du plus haut intérêt et, sans 
qu'il soit possible de préciser davantage pour le moment, on y 
saisit un nouveau moyen d'aborder les phénomènes phagocy- 
taires de grande extension, qui graduellement nous conduisent 
jusqu'aux renouvellements organiques par métamorphoses, sur 
lesquels les études histologiques semblent avoir dit leur dernier 
mot, provisoirement au moins. 



'D Voir p. 187. 



CHAPITEE VIll 
FÉCONDITÉ ET SEXUALITÉ 

OMMAIRE. — Existence et vitalité des spermatozoïdes. — Insuccès croissants des incubations 
dans les générations successives. — L'intoxication passe du soma au germen- — Accrois- 
sement progressif des morts précoces. — Leur fréquence exagérée chez les mâles. — Nais- 
sances masculines excessives. — Réduction de la combativité chez les mâles. — Polyandrie 
résultant du régime alimentaire. — Dimorphisme sexuel organique. — Sa mesure et sa 
décroissance. 

Le nombre des œufs produits n'est aucunement une mesure 
de la fécondité d'une race ; c'est la possibilité du développement 
qui importe. Aussi pour intéressante que soit la question de la 
ponte elle l'est moins, au point de vue biologique, que celle du 
résultat des incubations. 

Un premier sujet à mettre tout de suite hors de conteste, 
c'est la fécondation des femelles par les mâles. Jusqu'à la fin 
de l'expérience, les mâles ont fourni des coïts fréquents et l'état 
de leurs testicules et de leur sperme, riche en spermatozoïdes 
vivants, ne laisse aucun doute que la fécondation, c'est-à-dire 
la fusion des germes, n'ait été opérée en tous cas. 

Les échecs croissants dans les développements essayés deman- 
dent une autre explication qui réside certainement dans l'intoxi- 
cation prolongée, laquelle passe sans aucun doute du soma au 
germen, par simple osmose de produits solubles et sans qu'il y 
ait à chercher la moindre interprétation mystérieuse. 

Exposons d'abord les faits. Lorsque j'ai publié mes premiers 
résultats sur ce sujet (1) j'ai présenté un résumé global ; il est 
plus intéressant de distinguer entre:, les deux races de poules 
observées puisqu'aussi bien les phénomènes, quoique semblables, 
offrent une différence dans leur rapidité. 

Les données sont rassemblées dans le tableau suivant. Toutes 
les incubations dont il y est fait mention ont été effectuées à 
l'aide d'une poule couveuse, ta.ntôt l'une de celles qui suivaient 

(1) C, R. Ac. Se, décembre 1908 



252 



F. HOUSSAY 



le régime expérimental et qui manifestait l'instinct d'incuba- 
tion, plus souvent une poule quelconque achetée à cet eiïet et 
qu'on mettait au régime carné, pour lui permettre de conduire 
à la nourriture les jeunes dès qu'ils seraient éclos 

La race II,„ II,, aussi désignée comme série a s'est éteinte 
très brusquement. J'ai déjà fait remarquer (1) l'insuffisance 
dans l'excrétion des produits azotés solubles qui frappe cette 
race dès la seconde génération Carnivore et s'accroît à la troi- 
sième, indiquant une insuffisance rénale et faisant préjuger 
d'une plus forte intoxication par le régime. 



z 






SÉRIE 


? 






SÉRIE 


X 






DATES 
(lu (léinil (le 
rincuhalioM 
















S 

J 




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II 

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Q. 


Pl' 


21 juin 1901 


6 


3 


» 


3 


» 


6 








6 


100 


P:t 


2 juin 1902. 


6 


1 


6 


100 


6 


1 1 


5 


83, 4 


Pi 


4 mai 1903 


8 


5 


3 


0(-') 




6 


5 


1 


0( = ) 






23 — 


7 


4 





3 




6 


6 












2 juin 


C 


4 





2 




6 


5 





1 






17 - 


6 


5 





1 




6 


6 


1 









1" juillet 


6 


5 


1 





18. 2 


10 


10 








0.03 




33 


23 


4 


6 


34 


31 


2 


1 




P3 


13 mai 1904 
7 juin 
24 — 
12 juillet 


13 

6 
9 


8 
4 
5 
6 


1 


3 


4 

3 

1 

















2 août 


8 


6 


2 





18,6 














43 


29 


6 


8 




Pe 


22 mars 1905 

24 avril 
16 mai 

3 juin 
27 — 

25 juillet 


11 
11 

8 

7 

10 

12 


7 
8 
6 
4 
7 
12 


1 
3 

2 
3 






1 


















15 août 


4 


4 








6,35 


j 












63 


48 


11 


4 





(1) Voir p. 178 

(2) Abandonnés par la poule. 



VARIATIONS EXPÉRIMENTALES 253 

La race III,,, III i (série p) mieux pourvue du côté excréteur, 
poursuit aussi plus loin sa descendance. La proportion des œufs 
qui se développent, pour 100 œufs mis eu incubation, décroît 
néanmoins de la façon suivante : 

100 18.2 18,0 , 0,3.5 

La régularité du phénomène semble subir une atteinte entre 
la 3e et la 4^ génération. Mais il faut observer que la première 
incubation réalisée pour obtenir Pj a subi un accident unique 
dans l'expérience. La poule couveuse a quitté les œufs pour ne 
plus les reprendre. Dans ces conditions, on peut et on doit ap- 
porter une rectification. Les trois développements commencés, 
appartenant à la première incubation de l'année, auraient cer- 
tainement, vu les résultats des incubations suivantes de la 
même génération et de la même série, été conduits à terme 
sans l'accident précité. Si l'on compte à cette génération trois 
éclosions de plus, le pourcentage correspondant devient 27,2 et 
la série régi'essive se change en la suivante : 

100 27,2 18,0 ' 0,35 

II est tout à fait important de remarquer que, dam une même 
année, la proportion des succès au nombre total des œufs va en 
faiblissant de semaine en semaine jusqu'à devenir tout à fait 
nulle quoi qu'on fasse. Or, à mesure que .s'avance sa vie, l'or- 
ganisme de la femelle pondeuse est davantage intoxiqué ; les 
œufs qu'il produit le sont aussi et sont de moins en moins sus- 
ceptibles de suivi-e une évolution rt^gulière. 

Phisalix (1) de son côté a obtenu des résultats qui lui ont 
paru concorder avec les miens. Les œufs du Crapaud et de la 
Vipère, aussi bien que ceux des Abeilles, contiennent les mêmes 
substances toxiques que le venin lui-même. D'autre part Char- 
RiN et Gley (2) avaient antérieurement établi l'hérédité des 
intoxications morbides. Mes recherches ne laissent pas de doute 
sur le fait que les intoxications d'origine alimentaire ne puissent 

(1) C. R. Ac. Se, décembre 1903 et juin 1905. 

(2) C. R. Ac. Se, 1895. — Archives de Physiologie 1893-1894. 



254 



F. HOUSSAY 



aussi entraver l'évolution des œufs et, par suite, passer dans la 
substance de ceux-ci. 

HoLMGRÉN (1) dans son expérience sur des pigeons nourris 
pendant plusieurs années à la viande avait relevé une observa- 
tion susceptible d'être interijrétée de la même manière ; au 
reste, il n'en avait tiré aucun parti. Ses pigeons pondirent, 
couvèrent, mais les petits ne sortirent pas des œufs au bout de 
21 jours. 



GÉNÉRATIONS 


Nombre 
d'Eclosions 


Nombi'e 
d'Adultes 


Pourcentage 
des Adultes 


Date 

des morts 

précoces 


Sexe des 
Morts 










3« jour. 


ni:', le. 


Pa 


9 


6 


66,6 


142« — 
147« — 


m.lle. 
mâle. 










Eiiosiou. 


inconnu. 










Eclosion. 


inconnu . 


Pa 


11 


ô 


45:4 


Eclosion . 
70" jour. 
115" — 


inconnu (2). 

mâle. 

femelle. 










122" — 


mâle. 










13« jour. 


mâle 


Pi 


6 


2 


33,3 


149« — 
270" — 
345e. — 


mâle 
mâle, 
mâle. 










Eclosion. 


femelle (3). 










Eclosion. 


mâle. 


Ps 


8 


2 


25 


Eclosion. 
2" jour. 
138" — 
157" — 


mâle, 
mâle, 
mâle, 
mâle. 










Eclosion. 


mâle. 


Ph 


4 








Eclosion. 


mâle. 


Eclosion . 


mâle. 










17" jour. 


mâle. 


Totaux. 


38 


15 


» 


» 


23 



(1) F. HOLMGRÉN. — Om Kôttâtande dufvor (Aftnjck ur Upsala Lakdre-j ôrenings Fôrhand- 
lingar, Upsala, 1872). 

(2) Ces 3 poulets sont morts accidentellement d'hémorrliagie causée par l'ouverture de la 
coquille destinée à faciliter leur éclosicn, ouverture qui fut prématurée. 

(3) Cette femelle est morte accidentellement écrasée par la poule couveuse. 



VARIATIONS EXPERIMENTALES 255 

Non seulement dans notre expérience prolongée les œufs se 
développent de moins en moins, mais en outre les poulets éclos 
ont moins de vitalité. Le nombre des animaux qui n'atteignent 
pas l'état adulte va en croissant et la date des morts prématu- 
rées est de plus en plus précoce. 

Le tableau précédent montre la progression du phénomène. 

De ce tableau résulte que non seulement le nombre des éclo- 
sions va en diminuant mais encore, sur les éclosions réalisées, 
le nombre d'adultes décroît constamment suivant la série. 

66,6 45,4 33,3 25 

On a reconnu le sexe de 20 individus sur les 23 qui sont 

morts prématurément. Sur ces 20 cas, 18 sont des mâles et deux 

seulement des femelles. Encore, sur les deux femelles, une de 

celles-ci est morte à l'éclosion d'un accident, écrasée par la 

. , 2 1 

poule couveuse. Conservons néanmoins ce rapport de .-- ou - 

lo «7 

pour nous tenir plutôt au-dessous qu'au-dessus de la vérité. 
Le rapport en question exprime qu'il meurt prématurément 
9 mâles pour une seule femelle. 

Si les morts prématurées étaient uniquement dues au hasard 
la mort de deux coqs seulement devrait survenir contre celle 
d'une femelle ; car de mes 38 animaux éclos j'ai connu au total 
le sexe de 35, sur lesquels 24 étaient mâles et 11 femelles. 

Donc, l'ensemble des conditions qui règlent la sexualité mâle 
comporte une majoration au moins du quadruple sur les déter- 
minations moyennes de mort prématurée. Chez nos oiseaux 
carnivores, les mâles sont quatre fois plus fragiles que les femelles. 
Et, comme en ce cas fragilité ou moindre résistance veut dire 
intoxication plus grande, les mâles sont des êtres plus intoxiqués 
que les femelles. C'est d'ailleurs une notion qui tend à se ré- 
pandre et que nos expériences ont mise en lumière 

Il est au surplus important de noter que si l'intoxication 
rend les mâles plus fragiles elle détermine en même temps leur 
production car, à mesure que l'expérience marche, les nais- 



-256 



F. HOUSSAY 



sances de mâles angmeutent manifestement. Cela ressort du 
tableau suivant. 



GÉNÉRATIONS 


ÉCLOSIONS 


MALES 


FEMELLES 


INCONNUS 


p. 


S) 


5 


4 


U 


P^ 


11 


4 


4 


3 


P4 


6 


5 


1 





P., 


8 


G 


2 





Ps 


4 


4 









Nous n'avons pas l'intention de traiter en entier le gros pro- 
blème de la détermination du sexe que nous rencontrons sur 
notre chemin, ni de rapporter tout ce qui a été écrit à ce sujet. 
Les derniers expérimentateurs, E. Yung, Kellog et Bell, 
étudiant l'action de la quantité d'aliments, Maupas, celle de la 
température, E. Hertwig, l'effet de la faible ou de la forte 
maturation des œufs, ont certainement entamé la question, 
mais il reste à faire de nombreux travaux avant qu'elle soit 
entièrement résolue. Je me permets d'y apporter une suggestion 
directement retirée de l'expérience et relative à l'action des 
toxines, poisons, substances solubles diverses, qu'il est relati- 
vement facile d'expérimenter et dont l'étude déblaiera le sujet 
et rendra la solution plus prochaine. 

En méditant en eft'et sur les données que j'apporte, on arrive 
à se demander si l'intoxication ne joue pas un très grand rôle 
dans ces phénomènes et si, par exemple, chez les animaux fixés 
et parasites, la surnutrition, la faible dépense et l'intoxication 
résultante des adultes et des germes ne sont pas parmi les rai- 
sons qui déterminent la pluralité des mâles et l'arrêt ordinaire 
de leur développement, leur pygméisme. Ces êtres présentent, 
avec la polyandrie, un renversement du dimorphisme sexuel 
normal, c'est-à-dire le plus fréquent. Leur cas dépasse Vherma- 
phroditisme, de l'autre côté duquel on trouverait successivement 
la monogamie, avec égalité numérique des mâles et des femelles 
et dimorphisme réduit, puis la polygamie, avec pluralité des 
femelles et dimorphisme sexuel inverse du premier. 



VARIATIONS EXPÉRIMENTALES 237 

Or, normalement, les Gallinacés pratiquent la polygamie et 
sont doués du dimorpliisme sexuel correspondant, qui consiste 
en la supériorité de force musculaire et de taille chez le mâle, 
en un plumage plus abondant et plus éclatant, une crête plus 
développée, la possession d'un ergot, etc. Il existe en outre une 
différence très considérable dans le rapport des organes internes 
au poids total chez les mâles et chez les femelles, établissant un 
dimorphisme sexuel organique ; nous traiterons un peu plus 
loin de ce sujet particulier. 

Je ne sais si, dans la nature, les mâles gallinacés naissent 
moins nombreux que les femelles, mais je le crois volontiers, 
eu tous cas leur nombre est rapidement réduit par les luttes 
sexuelles. La combativité des mâles est en eiïet l'un des instincts 
essentiels des animaux à dimorphisme sexuel polygame et, au 
moins au premier examen, cet instinct paraît vif surtout chez 
les végétariens : granivores, herbivores, frugivores. Les carni- 
vores semblent combattre plutôt pour une place ou pour une 
proie que pour une femelle. Rien n'est paisible comme une 
assemblée de chiens à la porte d'une chienne en chaleur. 

Le premier pas dans la marche de la polygamie à la polyan- 
drie serait donc la réduction de la combativité chez les mâles. 
Si notre idée est exacte, le régime seul, c'est-à-dire une action du 
monde ambiant et l'état physique qu'elle détermine doivent y 
conduire l'animal, malgré la réduction dans le nombre des 
femelles qui devrait rendre la concurrence plus âpre, si celle-ci 
était vraiment un facteur initial et non un résultat, si elle était 
une cause de sélection et non un effet d'évolution antérieurement 
et autrement déterminé. 

Or, dans mon expérience, j'ai ^précisément assisté à une in- 
croyable réduction de la combativité chez les mâles. 

Au début, les deux mâles mis en expérience avaient l'instinct 
en question aussi développé que leurs congénères. Je m'en suis 
assuré par l'expérience suivante faite le 11 avril 1901. 

I. Le coq Carnivore (I,) est mis dans la cage où le granivore 
(I,) se trouve avec ses poules. Ce dernier saute instantanément 



258 F. HOUSSAY 

sur l'intrus et lui arrache une poignée de plumes. Le Carnivore 
se laisse battre, on les sépare. 

II. L'événement avait été si prompt qu'il ne fallait pas trop 
rapidement conclure à la lâcheté Carnivore. On remit le coq 
Carnivore dans la cage du granivore, après avoir, au préalable, 
lié les pattes de celui-ci. Le Carnivore montra l'instinct de pro- 
vocation en se dirigeant vers l'auge aux grains et en invitant 
les femelles à manger ; c'est le prélude de la lutte des mâles. 
Les poules, dont le repas était fini depuis longtemps et qui ne 
mangeaient plus, acceptent cependant par politesse et tous les 
trois mangent avidement. Le coq granivore ne pouvant bouger, 
on arrête l'épreuve. 

III. On introduit le coq granivore dans la cage du Carnivore, 
les deux animaux étant libres, expérience inverse de la première. 
Le Carnivore ne saute pas immédiatement sur son antagoniste 
comme celui-ci l'avait fait en circonstance analogue. Le grani- 
vore avise un morceau de viande et invite les poules à manger ; 
celles-ci s'approchent. Mais, à cette provocation précise, le coq 
Carnivore se décide à marcher au combat, saute du perchoir et 
bondit en face de son agresseur. Une lutte acharnée s'engage, 
on ne la laisse pas durer mais déjà les crêtes et les joues sont 
déchirées et le sang ruisselle. — Séparation des combattants, 
points de suture. 

Le Carnivore, quoiqu'un peu moins batailleur que l'autre, est 
donc encore capable de répondre à une provocation nettement 
exprimée et de soutenir un combat sans faiblir. On pourrait se 
contenter de dire que son empressement un peu moindre est 
une simple caractéristique personnelle, une variation individuelle 
et cette nomenclature, car ce n'est pas autre chose, éviterait de 
réfléchir à la causalité. Mais la suite de l'expérience montre bien 
que l'aliment est, pour ces phénomènes, un déterminisme causal 
et qu'il ne suffit pas, pour les interpréter, d'invoquer des i)ro- 
priétés intrinsèques ou des qualités de l'animal. 

Les poulets de 2^ et de 3^ générations conservaient encore 
l'instinct batailleur et, dès la 3*^ semaine, ils commençaient à 



VARIATIONS EXPÉRIMENTALES 259 

s'entr'attaquer. Les combats étaient encore assez sérieux puisque 
l'un des coqs (V.) reçut sur la tête de tels coups de bec qu'il 
eut les pattes postérieures complètement paralysées pendant 
15 jours. Aucune expérience méthodique ne permit de dire si 
l'instinct, toujours manifeste, était ou non en décroissance. 

A la 4e génération, sur six éclosions, il y eut cinq coqs et une 
poule. Un coq mourut très jeune et quatre mâles demeurèrent 
auprès de l'unique femelle jusqu'au mois de novembre. Ces 
animaux, âgés de 5 mois, vivaient en paix complète ; des coqs 
ordinaires se seraient depuis longtemps entre-tués. Un des coqs 
mourut, trois restèrent et, vers la fin de décembre, ils couraient 
après la poule, la saisissaient par la crête, prélude des approches 
sexuelles pour lesquelles ils n'étaient pas encore mûrs. Ils se 
livraient à ces jeux chacun à leur tour et sans aucun combat. 
L'époque du coït arrivée, ils se partagèrent la femelle unique, 
sans que l'excitation génitale augmentât leur combativité. En 
mars, un second coq fut supprimé. Les deux restant continuèrent 
à vivre en paix, jusqu'au moment où l'un d'eux prenant l'aspect 
maladif fut écarté de la reproduction en vue de meilleurs pro- 
duits. 

A la génération suivante, restaient en présence après les morts 
très précoces, 3 coqs et une poule. Ces quatre animaux n'étaient 
pas de la même couvée. La poule et les coqs II.^ et III5 étaient 
nés le même jour (3 juin), IV5 était né le 15 juillet. Tout d'abord 
II3 et III;; vécurent sans trouble avec la femelle jusqu'en octobre, 
bien que Ilg fût tout à fait faible, ce qui est une raison ordinaire 
pour être plus battu. On n'osait pas mettre avec eux le coq IV5 
beaucoup plus petit. 

En août cependant, comme il prenait de la taille, on se risqua 
à l'introduire dans la cage des autres, qui le houspillèrent de 
concert avec la poule. La participation de celle-ci me fit croire 
qu'ils le battaient moins comme mâle que comme étranger ve- 
nant prendre sa part des repas. 

En octobre, je fis renouveler l'expérience, elle eut le même 
résultat. Alors je tentai de faire entrer les deux grands coqs et 



260 F. HOUSSAY 

la poule dans la cage du petit, renversant les rapports de pro- 
priété. Le petit coq IV, très craintif fuyait partout et se cachait ; 
mais les autres ne le poursuivaient pas. Ils s'habituèrent rapi- 
dement ensemble et firent un bon consortium polyandrique 
jusqu'à fin novembre où deux coqs furent sacrifiés pour maladie. 

Le dimorphisme sexuel, atteint si fortement dans les instincts, 
ne paraissait pas l'être sensiblement dans les caractères sexuels 
secondaires : crête, ergots, plumage. Cependant la dernière poule 
1. prit dans le cours de son année de vie un ergot très accentué. 
Le fait n'est pas absolument rare chez de vieilles poules, mais 
en ce cas il s'agit d'une poule très jeune, dans sa première année. 

Le dimorphisme sexuel organique, au contraire, a beaucoup 
varié. Afin d'évaluer par des nombres le dimorphisme pour un 
organe donné, je calcule d'abord le rapport du poids de cet 
organe à 100 grammes de poids actif chez les femelles et j'elïectue 
la même opération chez les mâles, à chaque génération, en pre- 
nant la moyenne des femelles et la moyenne des mâles quand 
il y a plusieurs animaux du même sexe. Cela fait, je divise le 
nombre relatif à l'organe chez les femelles par le nombre relatif 
au même organe chez les mâles ; j'obtiens ainsi un nouveau 
rapport qui traduit le dimorphisme sexuel. Le rapport est supé- 
rieur à l'unité pour les organes qui sont plus importants chez 
les femelles, inférieur à l'unité pour les organes qui sont plus 
importants dans le sexe mâle. 

D'une façon générale les organes se rangent de la façon sui- 
vante : . 
Organes supérieurs chez les femelles Organes supérieurs chez les mâles 

Intestin. Cœur. 

Gésier. Poumon. 

Caecum. Muscles. 

Pancréas. 
Foie- 
Rate. 

Mais la valeur du rapport de dimorphisme sexuel organique 
subit des variations assez grandes suivant les générations. J'ai 



VARIATIONS EXPEUIMENTALRS 



261 



fait les calculs en distinguant entre les deux séries a et [3 et 
voici les résultats obtenus. 

RAPPORTS DE DIMORPHISME SEXUEL ORGANIOUE 

(Série ^) 



(GENERATIONS 



Intestin . 
Gésier . . 
Caecum . 
Pancréas 
Foie . . . . 
Eein . . . . 

Rate 

Cœur . . . 
Poumon 



Po 


P. 


1, 14 


1, 40 


1, 12 


2, 74 


1,05 


1,46 


0,95 


2,45 


1, 40 


1, 60 


0,80 


1, 59 


0, 80 


1,33 


0,60 


1,01 


0,79 


0,98 



1, 35 
1, 65 
1, 61 
1,43 
1,25 
1, 90 
1,27 
0,92 
0, 76 



1.26 
1,05 
1,09 
0,91 
1, 14 
1. 13 
1,41 
0,88 
0,96 



1, 44 

1,56 

1,53 

1, 15 

1, 31 

1, 53 

1,26 

0, 93 I 0, 87 

0, 66 I 0, 63 



Ps 

1, 52 
1,01 
1, 30 
1,53 
1,42 
1, 30 
1, 60 



•r-- :. 



-\, 






"~ V Os 



\ •# 



Po 



FiG. 41. Courbes de la variation du dimorpliisme sexuel organique aux diverses génération? 

(série R) 
Ra, rate ; P, pancréas;; /, intestin ; F. foie ; R, rein; C, cœcum ; 0, gésier; C'œ,.cœur, 
Po, poumons. 





4^^' 


"X 


•'--'iF 


^^ 




:-<-' 


^^R.c 




* 

tr 






y^ 






,' G 






u _ _ 




"- 


\ 




----Je* 

1 Po 






! a 


:Pr 



26â F. HOltSSAY 

Un second tableau groupe les mêmes données relatives à la 
série a, mais s'étend seulement sur quatre générations par suite 
de l'extinction plus précoce de la race. 

RAPPORTS DE DIMORPHISME SEXUEL ORGANIQUE 

{Série a) 



GÉNÉRATIONS 


Po 


Pi 


P. 


P3 


Intestin 


1,76 
1,26 
1,56 

1, 35 

2, 12 
1,33 
0,90 
0,82 

)) 


1,32 
1,45 
1,79 
1,91 
1,80 
2,01 
1,08 
1,01 
)) 


1, 64 
1,55 
1,46 
1, 18 
1,71 
2,25 
1,41 
0,79 
1,02 


1, 68 


Gésier 


1,86 


Csecum 


1,58 


Pancréas 


0,91 


Foie 


0, 86 


Kein 

Rate 


0,80 
2 


Cœur 


0, 73 


Poumon 


0, 48 




p. : Ps 

Fia. 42. Courbes de la variation du dimorpliisme sexuel organique aux diverses générations 

(série a). 
Mêmes lettres que flg. 41. 

Avec ces nombres j'ai tracé deux séries de courbes en prenant 
pour abscisses les temps à raison de 25 % pour la durée d'une 



VARIATIONS EXPERIMENTALES 263 

génération et pour ordonnées les valeurs du rapport de dimor- 
phisnie à raison de 1 % pour un changement de 0,01 dans la 
valeur du rapport. Aussi les valeurs 1,50 et 1,60 sont séparées 
par 10 ";^ en hauteur ; 1,48 et 1,50, par 2 %, etc. 

L'axe horizontal, tracé à la valeur du rapport égal à l'unité, 
représente un dimorphisme nul ; les organes comparés étant 
égaux puisque leur rapport est 1. 

Les courbes, ayant subi la même réduction photographique, 
montrent de curieuses variations, différentes dans la race qui 
s'éteint vite et dans celle qui persiste davantage. Pour bien 
comprendre dans son détail la signification des deux courbes, 
il faudrait une étude particulière et approfondie de ce sujet 
spécial et sans doute mériterait-elle d'être faite. Nous allons pour 
le moment nous contenter de quelques indications générales. 

Au début, la race a, meilleure pondeuse, a un dimorphisme 
sexuel organique plus accentué que la race p. Dans cette race a, 
le rein seul et le pancréas manifestent un accroissement du di- 
morphisme dès que le régime change ; mais l'accroissement ne 
persiste pas et est suivi d'une régression rapide qui amène, à la 
3e génération, l'inversion du rapport, à laquelle arrive aussi un 
autre organe essentiel : le foie. Le dimoi-phisme de la rate aug- 
mente de plus en plus, ce qui est sans doute un symptôme d'in- 
toxication chez les femelles, à foie et à rein insuffisants pour leur 
sexe. 

Pour la race p, le changement de régime accroît brusquement 
le dimorphisme de tous les organes à supériorité femelle ; mais 
bientôt le dimorphisme baisse pour atteindre un fort minimum 
à la 3e génération, où toutes les courbes se resserrent autour de 
l'axe 1. 

Dans l'évolution de nos animaux, là est le point critique que 
nous avons signalé partout. Une seule femelle laisse des descen- 
dants et le petit relèvement des dimorphismes à la génération P^ 
est un jeu de sélection. Son effet, d'ailleurs, ne dure pas et dès 
la génération suivante toutes les courbes se réinclinent plus ou 
moins vers l'axe d'unité à dimorphisme nul. 



264 K. IlOnsSAY 

Il est encore à observer que, dans cette race, la courbe qui 
figure le diniorpliisme de la rate a des pointeinents inverses de 
ceux des autres organes, notamment de ceux des reins et du 
foie ; les courbes oscillent en sens contraire, montrant en quelque 
sorte la suppléance tentée par la rate pour réagir à l'intoxication 
quand le foie et le rein faiblissent chez les femelles ou Tengor- 
gement (qu'elle subit de ce chef. 

Au résumé, la réduction du dimorphisme st^vuel (pie faisait 
soupçonner la perte de l'instinct de combativité chez les mâles 
est une réalité profonde et organique et la réduction est consé- 
cutive à un changement de régime alimentaire. 



CHAPITEE IX 
VARIATIONS DU BEC ET DES ONGLES 

Sommaire. — Adaptations du bec et des ongles chez les Rapaces. — Interprétations de ces 
phénomènes. — Accroissement des ongles et balafres (jue subissent les poules dans le 
coït. — Données sur l'accroissement manifeste du bec et des ongles. — Adaptations de 
non-granivores plutôt que de carnivores. 

L'ensemble des recherches précédemment exposées permet de 
conclure que l'évolution d'un oiseau granivore en oiseau Carni- 
vore consiste surtout dans une adaptation digestive, hépatique 
et rénale. 

Cependant ce ne sont pas les adaptations qui ont été remar- 
quées de prime abord et l'on a vu plutôt le caractère distinctif 
des oiseaux carnivores dans la forme spéciale de leur bec recourbé, 
à mâchoire supérieure débordant de beaucoup l'inférieure et 
dans leurs ongles très développés, incurvés, tranchants, auxquels 
on applique le nom spécial de serres. 

Ces dispositions anatomiques sont diversement comprises par 
les zoologistes. Pour les uns, bien que cette opinion perde chaque 
jour du terrain, le bec tranchant et les serres rapaces sont les 
caractères primordiaux et nécessaires, les propriétés d'avance 
dévolues aux oiseaux qui doivent se nourrir de chair, a-fin qu'ils 



VARIATIONS EXPERIMENTALES 265 

puissent saisir et retenir leurs proies aussi bieu que les dépecer 
après capture. 

Pour les autres, ces qualités de forme, étant avantageuses 
dans la capture et le dépeçage des proies, ont dii se développer 
et se fixer par la sélection, pour peu que certains individus 
aient bien voulu, par hasard, en montrer le début. 

Pour d'autres enfin, l'usage de saisir et de déchirer une proie, 
réalisé d'abord péniblement avec un bec et des ongles quel- 
conques, a peu à peu acéré les organes préhenseurs par le résultat 
seul des tractions et des compressions qu'ils supportaient — 
d'une façon que d'ailleurs il faudrait bien préciser un peu plus. 

Je dois avouer que j'ai d'abord été victime de cette dernière 
manière de voir. Malgré qu'HoLMGRÉN eût déjà dit que, chez 
ses pigeons nourris plusieurs années à la viande, le bec se trans- 
formait par débordement de la mâchoire supérieure sur l'infé- 
rieure, je n'attendais rien de pareil. Car je donnais à mes poules 
des morceaux de viande tout coupés ; elles se contentaient de 
les déglutir sans les déchirer, et je ne voyais pas comment une 
semblable manière de faire pouvait modifier les ongles et le bec. 

vJ'étais abusé par l'aphorisme « La fonction crée l'organe ». 
S'il est bien vrai que toujours c'est une fonction, ou une manière 
de se comporter, qui a fait un organe, ce n'est pas toujours la 
fonction qu'il exerce aujourd'hui sous nos yeux. Et, si l'on 
examine seulement un rapport actuel d'organe et de fonction, 
il se peut très bien que la forme de l'organe, antérieurement et 
pour d'autres raisons acquises, ait fait surgir la fonction d'au- 
jourd'hui. 

Lucrèce (1) déjà avait exprimé cette maxime d'anatomie 
comparée, Dohrn a tiré grand parti de la notion fort analogue 
des « changements de fonction » et nous allons en faire l'appli- 
cation au bec et aux serres des oiseaux de proie. 

Mal engagé, comme je l'ai dit, par une fausse interprétation. 



(1) De Natura rerum, IV, 832. 

Nil ideo quoniam natum est incorpore, ut uti 
Possemus ; sed, quod natum est, id procréât usum. 

ARCH. DE ZOOL. EXP. ET GEN. 4* SEHIE. T. VI. — (v). IÇ) 



â66 



F. HOUSSAY 



je u'ai pas dès le début recueilli autant de matériaux que je 
l'aurais pu. Ceux que je possède constituent cependant une 
série très démonstrative. 

Je ne tardai pas à m'apercevoir, dès la seconde génération 
Carnivore, que les ongles de mes animaux devenaient plus tran- 
chants parce que, pendant les coïts, les poules avaient le dos 
déchiré par de longues et profondes balafres. Ces blessures de- 
vinrent si importantes qu'il fut impossible de laisser les femelles 
sans protection à la disposition des mâles. On fut obligé de leur 
placer sur le dos un tampon de coton bien assujetti par une 
large bande de toile, cousue autour du corps. Elles s'en accom- 
modaient fort bien, ainsi que les coqs. Si même, chez les Rapaces, 
les femelles sont saisies de la même manière que chez les Galli- 
nacés, les coïts, moins renouvelés et pendant moins longtemps 
que sur les poules domestiques, où ils durent 8 mois par an, 
n'offrent pas les mêmes inconvénients. 

Cela me porta à examiner aussi les becs. D'une année à l'autre, 
je ne distinguais pas de changement appréciable. Mais le rap- 
prochement des mesures scrupuleusement prises laisse voir une 
véritable transformation. 

Le tableau suivant donne quelques mesures relatives à ces 
organes. 



GENERATIONS 



Poule ordinaire. 
^- ( VI2 . . . . 



DEBOUUEMENT 

de la 

mâchoire supérieure 

à soti extrémité 



LONGUEUR DES ONGLES 
Pouce 



Doit"! médian 



3%5 



6^' (23) 



11 



12% 
15% 



P3 I3 


» 


8 % 


21% 


(I4 

P4 II4 

(vu..... 


4% 

5% 
5% 


13% 

)) 

18% 


21% 

» 
20 % 


P5 III5 .... 


1% 


19% 


20% 



VARIATIONS EXPERIMENTALES 26*/ 

Examiuons en premier lieu la question du bec. La façon pro- 
gressive dont la mâchoire supérieure déborde l'inférieure est 
très bien suivie jusqu'à la dernière génération, à laquelle le 
phénomène paraît s'arrêter et même régresser. En vérité, il 
n'en est rien. 

Disons d'abord que, par la cessation du régime granivore, le 
bec ne frappe plus à coups répétés le sol ou tout objet dur, pour 
y piquer les graines et qu'ainsi il ne s'use plus et s'allonge. Le 
bord chitineux s'agrandit, s'infléchit et commence à prendre 
l'aspect tranchant et recourbé que l'on observe sur les oiseaux 
de proie, chez lesquels justement rien dans ce qu'ils font n'arrête 
la croissance des bords cornés du bec. Que ce développement 
puisse ensuite être utile pour mieux saisir et déchirer la proie, 
c'est possible, en tous cas ce n'est pas sûr et de plus c'est sans 
conséquence, puisque c'est le dernier terme de l'évolution, déter- 
miné par tout ce qui précède et ne déterminant plus rien à la 
suite. Ce n'est pas même au sens rigoureux du mot une adaptation 
de Carnivore, c'est une adaptation de non granivore et on la trouve 
nettement chez les Perroquets, plutôt mangeurs de fruits ou de 
grosses graines qu'alors ils épluchent avec des précautions spé- 
ciales. 

Le dernier animal, III-, semble montrer un arrêt dans cette 
évolution. La vérité est que, chez lui, la mâchoire inférieure a 
également subi un accroissement marginal de son bord corné, 
accroissement qui par son extrémité antérieure la met moins en 
retrait sur la mâchoire supérieure. De plus et surtout elle est 
élargie par côté et, de ce fait, entre moins facilement et moins 
profondément sous la supérieure. Le résultat de l'accroissement 
latéral en question, serait, s'il continuait à durer, un élargisse- 
ment subséquent de la mâchoire supérieure, dans sa partie 
osseuse. La mâchoire inférieure, en effet, élargie mais passant 
toujours dans la supérieure quoique moins bien, distend celle-ci 
par le seul jeu des muscles, pratique ce que les dentistes 
appellent un écartement. De telle sorte qu'on observerait en 
fin de compte non seulement l'aquilinité du bec, déjà manifeste 



26g F. HOUSSAY 

sur les dessins ci-joints (fig. 43), mais encore l'élargissement de 
celui-ci, ce qui est aussi un caractère des oiseaux de proie. 








t'iG. 43. Variation du bec chez des coqs carnivores de diverses gônérationâ. 



VARIATIONS EXPERIMENTALES 269 

Voici quelques mesures comparant les dimensions de la mâ- 
choire inférieure du dernier coq décrit à celles de trois autres. 

Longueur de la mâchoire inférieure depuis Illr, 28""^ 
l'insertion des bajoues jusqu'au point 
antérieur où elle disparaît sous la supé- 
rieure (li, IL, VIL) 23'"^ 

Différence 5% 

Longueur de la mâchoire inférieure depuis III;, 38% 

la commissure jusqu'au même point en l^ — 35 j 

avant IL — «^2 > 33 % 

VU*— 32 ) 



Différence 5 % 

Si nous ajoutions ces 5 "l^, trouvés de deux façons, à 1 % de 
débordement inscrit au tableau, nous trouverions 6 %, ce qui 
accuserait une nouvelle progression et non pas un retrait. L'appa- 
rence de celui-ci est dû à la croissance de la mâchoire inférieure. 

Observons bien que cette mandibule ne s'est pas effective- 
ment allongée de 5 %, ce qui serait beaucoup trop. Mais, par 
un moindre enfoncement sous la mâchoire supérieure, son point 
antérieur de disparition est reporté de 5 "„, en avant. 

La croissance des ongles a été plus manifeste encore que celle 
du bec, ou du moins traduite par des nombres plus forts, et 
encore notre tableau offre une série inférieure à la vérité. Nos 
mesures en effet sont toujours prises au compas et en droite 
ligne depuis la pointe de l'ongle jusqu'au milieu de sa base du 
côté dorsal ; mais en outre de l'allongement s'accuse une cour- 
bure de plus en plus marquée, dont notre mesure ne tient pas 
compte. 

La croissance des ongles est tout aussi explicable que celle 
du bec. Le premier coq observé, I,, avait 2 pouces (fig. 44) : 
l'un qui reposait sur le sol avec un ongle de 6 "'^, l'autre qui ne 
touchait jamais le sol avec un ongle recourbé de 23 "„, longueur 
qu'aucun autre ongle n'a atteinte. Donc, en ne frottant pas à 
terre, les ongles s'allongent et se recourbent. Nos animaux, qui 
ne sont plus granivores, perdent progressivement l'instinct de 



270 F. HOUSSAY 

gratter incessamment, leurs ongles se développent, se recourbent, 








lils 



FiQ. 44. Variations des ongles chez des coqs carnivores de diverses généra ions. 




VARIATIONS EXPERIMENTALES 271 

deviennent capables de faire les redoutables balafres dont nous 
avons parlé. Une série de dessins rigoureusement relevés sur 
nature et tous réduits de la même façon rend sensible cet accrois- 
sement progressif des ongles. 



CHAPITRE X 
HÉRÉDITÉ DES CARACTÈRES ACQUIS 

SOMMAIRE. — Rareté des documents sur le sujet. — Caractères apparus et caractères acquis. 

— La progression dans la variation par le régime prouve l'hérédité. — Mesures directes 
sur de très jeunes animaux appartenant à diverses générations. — Avant toute action 
du régime, la variation est la même que chez les adultes. — Hérédité des caractères acquis. 

— Extinction d'une polydactylie originelle. — Apparition d'une autre polydactylie. — 
Mutation. — Rapports possibles des malformations polydactyles et de l'intoxication. 

Il est peu de questions ayant soulevé des discussions plus 
abondantes que celle de l'hérédité des caractères acquis. Il en 
est peu également qui aient" été discutées d'une façon aussi 
exclusivement théorique et aussi dépourvue de documentation. 
Quelques rares faits, toujours les mêmes, sont mis en avant ; 
tels, le cas des cobayes épileptiques de Brown-Séquard par les 
partisans de la transmission des caractères, ou celui des chats 
sans queue de l'île de Man par ceux qui contestent cette sorte 
d'hérédité. 

Les belles recherches d'HuGO de Vries sur la mutation 
auraient, à ce qu'il me semble, dû trancher la question. Une 
mutation, caractère nouveau, est essentiellement transmissible par 
hérédité. Je sais bien que, pour beaucoup de biologistes, caractère 
nouveau ou nouvellement ajrparu n'est pas caractère acquis — 
acquis, c'est-à-dire résultant d'une modification connue qui 
change la vie de l'être soit dans son chimisme interne, soit dans 
les échanges entre sa substance et le milieu extérieur, soit dans 
les deux catégories à la fois. 

Pour ma part, je ne puis concevoir qu'un caractère nouveau 
se montre s'il n'a été acquis, c'est-à-dire déterminé par quelque 
modification antécédente dans l'être qui le porte, ou dans ses 



272 F. HOUSSAY 

procréateurs, modification qui a son origine dans quelque chan- 
gement de l'ambiance, ou dans quelque changement des rap- 
ports entre l'être et l'ambiance. Et le fait que ce changement ne 
nous est pas toujours précisément connu ne me semble pas 
uue raison pour le nier, mais bien pour le chercher. 

Que si cette façon de raisonner peut être prise pour le produit 
subjectif d'une mentalité spéciale, il ne faut pas oublier tout 
de même que le raisonnement inverse s'appuie sur un résultat 
négatif d'observation, sur une ignorance momentanée, tandis 
que le précédent repose sur des faits positifs. Les mutations 
héréditaires produites par Blaringhem (1) sur des pieds de 
maïs sectionnés se présentent avec une parfaite netteté comme 
des caractères acquis à la suite d'un traumatisme, qui a certai- 
nement changé quelque chose dans la'^plante et dans ses rap- 
ports avec le milieu. 

Parmi les données de mon expérience à déterminisme défini, 
on peut et on doit chercher à démêler les arguments qu'elle 
apporte pour ou contre l'hérédité des modifications survenues. 
Afin de préciser, attachons-nous à la variation d'un seul organe : 
le gésier par exemple. Dans la série complète des couples qui se 
sont reproduits jusqu'au bout avec la moindre intoxication et 
la meilleure santé, on voit cet organe aller en diminuant de plus 
en plus (2). Donc le caractère, résultat du régime changé, n'est 
pas valable seulement pour la génération qui subit le change- 
ment et n'est pas tel que tout soit à recommencer à chaque 
génération, sans quoi la variation demeurerait constante et 
n'irait pas en croissant. Il y a quelque chose qui est transmis 
d'une génération à la suivante, en raison de quoi celle-ci pousse 
la variation plus loin. 

Prenons un organe d'un autre type : le foie par exemple. Il a 
été en croissant constamment pendant les quatre générations : 
0, 1, 2, 3. Si j'avais arrêté là mon expérience et personne ne 
pouvait me le reprocher, puisqu'aussi bien elle eût encore été 

(1) Blaringhem, Bull. Scient, de la France et de la Belgique, 1907. 

(2) Voir p. 212. 



VARIATIONS EXPERIMENTALES 273 

une des plus longues réalisées chez les animaux, j'étais en droit 
de conclure, comme pour le gésier, à la transmission des carac- 
tères acquis. 

En persévérant, j'ai constaté la régression du foie. Est-ce à 
dire que le caractère acquis ne se transmet plus "? que le foie 
revient à sou état primitif f En aucune façon. Les foies réduits 
de la fln de l'expérience ne sont pas les petits foies du début. 
Ces derniers avaient un faible volume par la raison d'un régime 
peu toxique et d'une assimilation aisée ; les autres sont 
petits par cachexie, résultat du surmenage et de l'empoison- 
nement. 

Le caractère acquis est au total une hausse suivie d'une baisse. 
La hausse continuée nous menait à l'adaptation Carnivore, 
comme je l'ai montré; arrêtée, elle aboutissait à la mort de 
l'espèce. 

Au surplus s'il est vrai que la transformation réalisée des 
races est une face du problème de l'évolution, leur extinction 
n'en est elle pas une autre, plus large peut-être. La paléontologie 
est-elle faite d'autre chose que de l'extinction des races, des 
espèces et des classes "? et cette extinction n'est-elle pas un 
manque d'adaptation à des conditions changées ? 

Le caractère acquis dans vson entier est, ai-je dit, pour cer- 
tains organes la baisse continue, pour certains autres la hausse 
suivie de baisse. Or, c'est cette transmission même, telle quelle, 
que l'on retrouve si l'on compare entre eux de très jeunes ani- 
maux appartenant aux diverses générations. 

L'étude de l'hérédité des caractères sur les jeunes animaux 
demande qvielques précautions. On sait en effet que INLviirel 
a appelé l'attention sur ce fait que le rapport des organes nu- 
tritifs au poids total est beaucoup plus élevé chez les animaux 
de petite taille que chez les animaux de grande taille et, dans 
une même espèce, chez les jeunes que chez les adultes. Dans ce 
dernier cas, la variation est bien loin d'être négligeable ; il 
faut donc s'astreindre, si l'on veut comparer un jeune d'une 
certaine génération avec un jeune d'une autre génération, à ce 



274 



F. HOTÎSSAY 



que les animaux soient aussi voisins comme âge que cela est 
possible. 

En présence des difficultés croissantes pour mener à bien les 
incubations, je me suis gardé de sacrifier volontairement des 
jeunes et n'ai pas pu, en conséquence, être maître de les avoir ri- 
goureusement au même âge ; par rigoureusement j'entends ayant 
juste le même nombre de jours. Dans les morts qui se sont 
produites, je ne puis donc utiliser que les lots formés d'animaux 
qui se trouvent à peu près comparables ; cela réduit la quantité 
de mes données mais rend démonstratives celles qui restent et 
cela vaut mieux. 

Le tableau suivant donne les rapports des principaux organes 
à 100 grammes du poids total. Les poulets étudiés ont respec- 
tivement 12, 7, 11 et 17 jours et sont donc d'âges assez voisins 
pour qu'on ne soit pas abusé par la variation ontogénique. De 
plus, ces poulets sont morts après de brefs malaises de 24 ou 48 
heures qui ne les ont pas amaigris, ce qui eût changé tous les 
rapports par faiblesse du poids total. Ils appartiennent comme 
on le voit à trois générations distinctes : un poulet granivore, 
deux de la 4^ génération Carnivore et un de la G^. 



ORGANES 


GUANIVOUE 


CARNIVORES 

de 4c génération 


CARNIVORE 

de 
6o g-énération 




li jours 


nu 

7 jours 


vil 

1 1 JKurs 


Ir, 
17 jours 


Poide total 


85 gr. 30 
18 7 
1 
5 

1 
114 97 

57 
6 92 
5 69 
9 58 

1 31 
1 70 


50 gT . 
11 2 

1 30 
6 4 
08 

118 

40 

5 78 

4 10 

10 40 

2 72 
49 


74gr.3 
8 61 
1 34 
5 18 
09 

86 81 

47 
.5 11 

3 63 
7 26 

1 95 
1 61 


100 gr. 


Jabot jaugé à l'eau. . . 
Poids du cœur 

— du foie 

— de la rate 

Longueur de l'intestin . 

Poids du pancréas 

Poids de l'estomac total 

— du gésier 

Longueur d'un caecum. 
Poids des 2 reins 

— des 2 poumons. 


3 8 
41 

2 98 
53 

99 

46 

3 76 
2 97 
6 50 

1 21 
38 



Si l'on compare entre eux, sur ces jeunes sujets, les organes 



VAH[ATIONS EXPERIMENTALES 275 

qui nous ont donné de larges et incontestables modifications 
dans la série des adultes : le jabot, l'estomac, le gésier, les caecums, 
on voit qu'ils décroissent de même constamment dans la série 
des jeunes. 

Le foie et les reins, après avoir augmenté, décroissent ; le 
caractère complet avec toute sa variation se trouve reproduit. 

L'importance de la rate est à noter chez le dernier poulet 
comme un signe de l'intoxication héritée, ses uretères au surplus 
étaient gorgées de cristaux qui semblaient être de l'urate de 
soude et fournissaient énergiquement la réaction de la muréxide. 

Puisque ces jeunes sujets présentent toutes les modifications 
que nous avons suivies chez les adultes comme effet du change- 
ment de régime et puisque ce régime n'a pas eu le temps d'agir 
personnellement sur eux pendant leur courte vie, il faut bien 
conclure que les modifications leur ont été transmises par héré- 
dité. 

Une autre série intéressante est formée par deux animaux qui 
ne peuvent être comparés avec les précédents parce qu'ils sont 
plus jeunes (3 jours et 2 jours). De plus, n'ayant pas été dissé- 
qués immédiatement, ils ont été conservés dans du formol à 
4% puis plongés l'un et l'autre 20 heures dans de l'eau renouvelée 
afin de rendre à leurs organes une certaine souplesse. Ce dernier 
résultat médiocrement atteint n'a pas permis d'évaluer la jauge 
du jabot ; on a comparé par leurs poids ces organes, séparés du 
tube digestif par deux coups de ciseaux nets au-dessus et au- 
dessous de la dilatation œsophagienne qu'ils forment. De plus, 
la longueur du tube digestif a été contrôlée par son poids. En 
tous cas les deux poulets, ayant été traités l'un et l'autre exacte- 
ment de la même façon, sont parfaitement comparables entre 
eux. L'un appartient à la 2^ génération Carnivore, l'autre à la 
Q^. Ce sont deux jeunes mâles. 

On voit encore, par les rapports de leurs organes au poids 
total, que le premier de ces poulets appartient aux générations 
à rein et à foie croissants, tandis que le second appartient aux 
générations oii ces organes régressent. 



276 F. HOTÎSSAY 

or(;anks rapcouts a 100 an. de poids total 

P. P« 

Poids total sans vitellus 33()r.lO 31(]r.78 

Cœur 1 05 85 

Foio 5 10 3 74 

Longueur du tube digestif 83 08 69 5 

Poids du tube digestif 16 31 10 54 

— du jabot 1 06 22 

— du gésier 5 86 2 92 

— des poumons ^6 81 

— des reins 1 14 85 

Le tube digestif, le jabot et le gésier marquent la rédnction 
que nous avons rencontrée chez les adultes et avec la même 
intensité. 

J'aurais encore pu faire un lot de 4 coqs : deux appartenant 
à la 2e génération Carnivore, un à la 4^ et un à la 5^ ; ils étaient 
respectivement âgés de 142, 147, 149 et 138 jours et par suite 
bien comparables à ce point de vue. Mais les deux premiers 
avaient été sacrifiés dès le début de leur maladie ; les deux der- 
niers, au contraire, avaient été conservés jusqu'à leur mort 
spontanée, ils étaient pour leur âge très chétifs et de faible 
poids. La considération des rapports de leurs organes au poids 
total est sans intérêt. En supposant qu'ils aient pu atteindre 
avec les mêmes organes internes le même poids que leurs frères 
bien portants de la même génération et du même âge, et en 
calculant dans ce cas les rapports organiques on obtient une 
série tout aussi démonstrative que la précédente. Cependant je 
ne veux point en faire état, n'étant pas sûr d'avoir le droit 
d'augmenter le poids total sans augmenter aussi les organes, 
c'est-à-dire ne croyant pas pouvoir faire l'hypothèse que la 
réduction a porté exclusivement sur la graisse, sur le squelette 
et sur les masses musculaires. Il est bien vrai qu'elle s'est ainsi 
réalisée d'abord et surtout, mais il resterait de l'aléa. 

Dans cette question controversée, il ne faut apporter que des 
données incontestables. 



VARIATIONS EXPF:RiMÉNTALES 211 

Je veux appeler maintenant l'attention sur une curieuse va- 
riation qui s'est produite sans que l'on puisse, en l'état actuel de 
nos connaissances , la rattacher logiquement au changement de 
régime. Beaucoup de biologistes l'appelleraient, en cette cii'- 
constance, variation spontanée et, comme elle se répète trois 
générations de suite, elle répond même à la définition de la 
mutation. En fait, elle apparaît au cours d'une expérience sur 
le changement de régime ou, si l'on veut généraliser, au cours 
d'une intoxication poursuivie dans une race. 

Voici ce dont il s'agit. Deux races ont été mises en expérience, 
représentées par deux femelles et un seul mâle, soit un couple 
pour chaque race, le coq unique figurant deux fois comme il le 
fait réellement dans la reproduction. 

Dans l'une des lignées ([3) le coq aussi bien que la poule ont 
quatre doigts à chaque patte, ce qui est la norme ; dans l'autre 
(a), le coq ayant quatre doigts, la poule en a cinq auœ deux 'pattes. 

Or, à la seconde génération Carnivore, ce dernier couple donne 
2 poulets avec 5 doigts aux deux pattes et 4 avec 4 doigts : le 
caractère régresse donc devenant 1/3 au lieu de 1/2. A la géné- 
ration d'après (P3) il est tout à fait perdu. 

Dans la série P, les sujets restent avec 4 doigts aux deux 
pattes 3 générations de suite (P^, P., P-J puis à la suivante (PJ 
on voit les 5 doigts apparaître et, notons bien le fait, dans une 
série où l'hérédité n'y est pour rien du tout, puisque le caractère 
ne s'est jamais montré sur les ascendants. Il apparaît tout de 
suite avec une grande fréquence. 

Le caractère nouveau n'est pas au reste exactement le même 
que celui qui a été perdu depuis deux générations déjà par la 
série voisine (a). Ce dernier conâistait exclusivement en 5 doigts 
aux deux pattes, celui que nous voyons apparaître consiste 
parfois aussi en 5 doigts aux deux pattes, mais plus souvent en 
5 doigts à une seule patte, et tous les doigts supplémentaires ne 
sont pas égaux entre eux ; il y a des degrés dans leur importance. 
Le seul titre commun aux deux cas est donc la polydactylie 
sans qu'elle soit rigoureusement de même sorte. 



â78 F. HOtiSSAY 

Une génération de plus le caractère se maintient et la fré- 
quence des 5 doigts aux deux pattes aug- 
mente, bien que la polydactylie à une 
seule patte se retrouve encore. Enfin le 
seul poulet éclos de la 6^ génération avait 
5 doigts à une patte. J'insiste sur ce que 
cette malformation n'est pas identique à 
celle du début dans l'autre série. 11 y a 
même certains animaux comme V^ pour 
lesquels on eût aussi bien pu parler de 
6 doigts que de 5 
(flg. 45). 

Le tableau suivant 
montre les variations 
de la polydactylie 
dans les générations 




FIO. 45. 
Patte d'un poulet polydactyle (Vi). 



successives. 



O 






SÉRIE 


a 








SÉRIE 


p 










71 


o 






i£ S 




tn 








^ >< 


H 

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-^ ■'- g. 


P« 


2 




1 









100 


2 















P> 


2 




1 









100 


2 















P-. 


6 




2 









66, 6 


3 















Pa 


6 

















2 















Pi 


1 

















6 


1 




3 




85 


Ps 
















12(1) 


3 




2 




66, 6 


Pc 
















.5(2) 







2 




40 



A vrai dire, le caractère nouveau de la série p ne peut d'une 
façon satisfaisante être étudié comme mutation quant à sa 
fréquence. Il y a trop peu d'animaux en expérience et les grands 

1) Ce nonilire 12comprend les 8 éclosions réalisées plus 4 développements assez avancés 
iur lesquels le caractère en question a été examiné. 

2) Mfime remarque. 



VARIAïiONS EXPÉRIMENTALES 279 

nombres deviennent indispensables lorsque le déterminisme est 
incertain. Jo tenais seulement à signaler l'existence d'un phéno- 
mène de ce genre et son apparition si curieuse. 

Bien que j'ignore les relations qui peuvent exister entre l'appa- 
rition de la polydactylie et la nutrition en général et plus spé- 
cialement l'intoxication et l'insuffisance de l'excrétion, je suis 
tenté de croire à l'existence d'un rapport entre les deux phéno- 
mènes. Rappelons à ce sujet qu'à la génération P^, à laquelle le 
caractère survient, la baisse du foie et du rein se manifeste éga- 
lement. C'est en tous cas une question qui vaut la peine d'être 
examinée de près. 

On ne peut se laisser arrêter par l'objection que la polydactylie 
se montre spontanément dans la nature, d'abord parce que per- 
sonne ne sait si c'est vraiment spontanément. Le seul fait cer- 
tain est qu'on n'a pas encore saisi de rapprochement entre ce 
phénomène et d'autres ; cela ne veut pas dire qu'il n'y en a 
point et qu'il n'y en aura jamais à faire. 

En outre, si l'on parle spécialement de la race des poules 
Soudan qui ont régulièrement 5 doigts aux deux pattes, on 
sait que ces animaux réputés pour l'abondance de leur ponte, 
sont, d'autre part, tenus en suspicion comme n'étant pas assez 
rustiques et comme difficiles à élever. Tout cela ne serait-il pas 
la marque d'une faiblesse excrétrice, voisine de l'insuffisance, 
qui du moins s'est révélée dans nos recherches par l'incapacité 
tout de suite atteinte de faire croître cette fonction et les 
organes qui l'assurent. 



CHAPITEE XI 
ANOMALIES — PATHOLOGIE 

Sommaire. — Etude limitée aux états résultant du régime. — Retard dans l'enclosion et la 
résorption de la vésicule vitelline. — Cause des échecs à l'éclosion et des morts très pré- 
coces. — Un poulet avec un second jaune enclos dans l'abdomen. — Arthrites doulou- 
reuses et déformantes de l'articulation tibio-tarsienne. — Leur guérison rapide par le 
régime végétarien. — Réactions peaussières sur les pattes. — Poussées supplémentaires 
de plumes. — Interprétation de la plume et du poil comme phénomène excréteur. ^ 
Utérus et oviducte. 

Je n'ai pas l'intentiou de faire en ce chapitre un relevé de 
toutes les manifestations pathologiques que j'ai observées, telles 
que diarrhées épidémiques survenues sans que j'en ai pu perce- 
voir la cause et que j'ai néanmoins notées parce qu'elles se tra- 
duisaient dans les courbes de croissance par une petite baisse 
ou un petit plateau. Les renseignements de cet ordre m'ont 
ensuite été fort utiles pour éliminer avec certitude les accidents 
qni auraient pu rendre douteuse la place du point d'inflexion 
principal dont j'ai signalé l'importance au chapitre II. 

Egalement je parlerai à peine d'une affection de la langue 
assez généralisée chez les poules de 3^ génération. Elle consistait 
en un boursouflement et un décollement de tout l'épiderme de 
la langue, qui pouvait s'enlever d'un seul coup comme dans la 
maladie de la pépie. Mais il y avait cette différence importante 
que, dans la pépie, on enlève un étui d'aspect corné, tandis 
qu'en ce cas il s'agissait d'un manchon mou, flasque et de couleur 
jaune. Il était au surplus bourré de bactéries banales, principa- 
lement de sarcines. Je laisse également de côté des manifesta- 
tions de tuberculose intestinale malgré l'importance et la fré- 
quence qu'elles prirent spécialement à la 4^ génération. Elles 
me parurent dues aux poussières du sol, sur lequel les aliments 
traînaient parfois et disparurent effectivement après que j'eus 
fait renouveler le sable et le gravier. 

Je parlerai surtout des états pathologiques en rapport certain 



Variations expérimentales 



â8i 



avec le régime, simples exagérations des phénomènes généraux 
rencontrés chez tous les animaux qui le subissent, même chez 
ceux que l'on n'est pas tenté de déclarer malades. 

En premier lieu, la résorption de la vésicule vitelline est fort 
entravée. On sait qu'environ 20 heures avant l'éclosion ce qui 
reste de la vésicule vitelline est enclos dans la cavité abdominale 
du poulet et se résorbe en quelques jours. Bien que Dubuisson (1) 
fasse remarquer qu'il y a d'assez grandes différences quant au 
degré de résorption entre deux poulets du même âge, les écarts 
que je veux signaler sont tellement amples qu'ils traduisent 
certainement un grand retard dans l'élimination du vitellus. 

Voici, en regard des nombres que donne H. Virchow (2) pour 
les poulets ordinaires jusqu'au 7^ jour, ceux que j'ai pu observer 
sur les poulets carnivores et sur un poulet ordinaire du 12«^ jour. 





GRANIVORES 


CARNIVORES 


AGE 










des Poulets 


Poids 

du 

Poussin 


Poids 

de la vésicule 

vitelline 


Poids 

du 
Poussin 


Poids 

de la vésicule 

vitelline 


12 heures 


37 or. 2 


5 OT. 34 






36 — 


35 33 


3 24 






3 jours 


33 75 


2 50 






3-4 — 


36 93 


60 


38gr.85(^2egéii,) 


5gT. 75 


6-7 — 


39 54 


43 






5-6 — 


43 66 


05 






7 — 

11 — 

12 — 


85 30 





50 (4«gén.) 
74 (4«géll.) 


15 

1 75 


17 — 






100 (Segen,) 


05 



Pour son reste de vésicule vitelline, mon poulet de 17 jours 
est comparable à un poulet normal de 5 à 6 jours, c'est-à-dire 
trois fois moins âgé ; mon poussin de 11 jours est comme celui 
de 3 à 4 jours environ, ce qui donne à peu près le même rajjport 
du triple au simple. 

Le poulet de 7 jours que j'ai noté avec sa vésicule vitelline de 
15 grammes est tout à fait à part et mérite une mention spéciale. 



(1) Dubuisson. — Contribution à l'étude du vitellus, 1906. 

(2) Hans Virchow. — Der Dottersaek des Hûnchens, 1892. 

ARCH. DE ZOOL. EXP. ET GÉN. 4° SERIE. T. VI. — 



â8â ^- HOTTSSAY 

Je n'en ai pas tenu compte dans les éclosions pour rechercher hi 
quotité des mâles en raison de son cas un peu particulier. 

Ce poussin provient en effet d'un œuf qui pesait 80 grammes 
et qui presque certainement contenait deux jaunes. En pareil 
cas, MiTROPHANOW a signalé en 1898 l'existence de deux cica- 
tricules et, la même année, Féré a décrit après 72 heures d'incu- 
bation soit deux débuts d'évolution, soit un seul, soit aucun. 

Je laissai l'œuf aller jusqu'à réclosion. Il en sortit un seul 
poulet bien conformé ; toutefois celui-ci avait subi un retard 
de 12 heures et tenait difficilement sur pieds. Le lendemain il 
allait bien et, pendant 7 jours 1/2 , vécut avec ses frères, puis 
fut trouvé mort. Notons que c'était un jeune mâle. 

Son ombilic était encore apparent par une croûte cicatricielle 
et, au-dessous, tangent intérieurement se trouvait un ombilic 
vitellin, obturé seulement parce qu'il reposait sur la cicatrice 
ectodermique. Une masse vitelline pesant 15 grammes, c'est-à- 
dire presque autant qu'un jaune entier (19 grammes), était 
enfermée dans une poche endodermique, rattachée au tube 
digestif par le diverticule de Meckel qui devient chez l'adulte 
le 3e caecum. Le diverticule communiquait encore, mais faible- 
ment, avec cette poche du jaune par une petite lumière oii ne 
passait pas une tête de une épingle mais que traversait un crin 
de brosse. 

Sur ce poulet la veine coccygéo-mésentérique, dont les rami- 
fications peaussières forment des plaques sous-cutanées conges- 
tives, envoie à la partie inférieure de la poche endodermique 
une branche qui se ramifie et se diffuse en plaques sanguines 
autour de l'ombilic vitellin. Ce territoire sanguin communique 
avec un second, duquel part un filet qui, réuni aux diverses 
veines mésentériques, se rend à la veine porte. 

Le jaune examiné ne porte aucune trace d'évolution embryon- 
naire ni d'altération putride ; son aspect est caséeux. 

La reconstitution probable de cette ontogénie est la suivante. 
Il y avait deux jaunes plus ou moins adhérents ensemble. L'un 
d'eux a seul évolué en embryon et le second a été englobé par 



VARIATIONS EXPERIMENTALES 



28:5 



le développement de l'endoderme, qui s'est poursuivi sur lui. 
Depuis le 19" jour de l'incubation, auquel s'est faite l'enclosion 
du sac vitellin dans la paroi du corps, jusqu'à la mort, le premier 
jaune a été presque tout résorbé et il n'est resté que le second 
à peu près entier. 

Indépendamment de ce cas singulier, la dif&culté de résorption 
pour la vésicule vitel- 
line a joué un très 
grand rôle dans les 
échecs à l'éclosion, que 
nous avons subis, ou 
dans les morts très pré- 
coces survenues aux 
premiers jours de vie. tl 

L'incubation chez la 
poule dure, on le sait, 

21 jours presque exac- 
tement , plutôt avec 
une légère avance ; 
quand les 21 jours sont 
révolus presque tous 
les poussins d'une cou- 
vée sont éclos et les 
premiers sortis ont Sou 
4 heures d'avance sur 
ce terme. Il en était 
ainsi aux premières in- 
cubations que j'ai réalisées pour obtenir ma seconde et ma 
troisième génération Carnivore. 

A la naissance de la 4®, on observait à l'éclosion un retard sen- 
sible. Une couvée mise le matin du 23 mai 1903 a éclos seule- 
ment le 14 juin au matin soit après 22 jours pleins. Aux géné- 
rations suivantes, presque toutes les éclosions ont demandé 

22 jours et quand vers la fin du 2F jour sortait un poulet plus 
précoce, la povile suivant son instinct cherchait à aider les autres 




FiG. 46. Anatoiuie d'un poulet de 7 jours avec un second 
jaune inclus dans rabdomen. 
F P, veine porte ; cce. capcum ; vmri, veine coccygéo- 
mésentérique ; ov, ombilic vitellin; tl. territoire lacunaire; 
R, rein. 



â8i ^. HOUSSAY 

éclosions possibles. La plupart ne se faisaient pas et l'on trovivait 
des poulets qui semblaient être du 19^ ou du 20^ jour, c'est-à- 
dire dont la vésicule vitelline n'était pas enclose dans l'abdomen. 
Ils n'ont pas été comptés* comme éclosions mais seulement 
comme « développements » dans le tableau de la page 252. 

On est amené à penser que le manque de résorption est dû 
aux toxines alimentaires passées dans l'œuf ; elles engourdissent, 
en quelque manière, les phagocytes qui absorbent le vitellus, 
ou arrêtent la sécrétion des diastases qui, à un certain moment, 
jouent, d'après Dubuisson, un rôle important. 

Diverses sortes de manifestations arthritiques se sont mon- 
trées au cours de cette expérience et, incontestablement, de 
tous les phénomènes pathologiques, elles étaient les plus atten- 
dues. La forme la plus caractérisée et la plus visible a été l'arthrite 
douloureuse avec gonflement et déformation des jarrets, c'est- 
à-dire des articulations tibio -tarsiennes ; elle s'est montrée pro- 
gressivement. 

Chez les poules granivores initiales et chez les premières car- 
nivores on n'avait rien remarqué de semblable, malgré l'attention 
apportée à observer les animaux en expérience. 

A la seconde génération Carnivore, la poule IV. accusa, le 
225^ jour de sa vie, à l'articulation en question, une douleur qui 
la faisait boiter et se tenir accroupie sur les jarrets ; puis le 
mal disparut spontanément. Il est intéressant de noter que cette 
affection toxique fut guérie par suite de sa coïncidence avec le 
début de la ponte, amenant une forte évacuation d'albumine. 
Ce dérivatif empêcha l'accumulation des déchets dus à l'excès 
des albuminoïdes. On peut voir en effet à l'appendice que cette 
poule, ayant émis au 210^ jour un œuf isolé, se prit à pondre 
régulièrement au 237^. 

Plusieurs poulets de la génération suivante, la troisième Car- 
nivore, montrèrent la maladie d'une façon beaucoup plus pré- 
coce, plus énergique et même ils moururent rapidement du 
malaise général dont elle était le signe. Le coq VI, prit une 
arthrite des deux jarrets le 23^ jour de sa vie ; il mourut au 70® ; 



VARIATIONS EXPÉRIMENTALES 285 

la poule VII;, fut atteinte de la même façon le 49^ jour et mourut 
le 115e ; le coq V, eut une arthrite d'une seule patte au 59^ jour 
et mourut le 122e. 

Les arthrites de ces trois animaux semblaient très doulou- 
reuses ; ils ne pouvaient se tenir debout et reposaient toujours 
sur le ventre ou sur le côté. Bientôt l'articulation tibio -tarsienne 
enfla et le pied en entier fut déjeté extérieurement. L'examen 
des poids donnés à l'appendice montre que la croissance fut 
régulière jusqu'au moment oii le symptôme se montra ; la baisse 
du poids ou plutôt la moindre hausse le précède d'un temps qui 
varie entre 2 et 15 jours. 

Les poulets de la 4^ génération présentèrent les mêmes symp- 
tômes ; mais, inquiété par les difficultés de l'élevage et désormais 
flxé sur les suites possibles de Taffection si on la laissait évoluer, 
je résolus de la soigner. En septembre 1903, vers leur 90^ jour, 
les coqs I; et II. commencèrent à fléchir sur les jarrets et à se 
tenir difficilement debout. Je les fis isoler et nourrir pendant 
huit jours avec de la bouillie de farine mélangée de son et de 
feuilles hachées de laitue crue. Ils guérirent complètement ; 
c'était une nouvelle façon de prouver que la cause du mal était 
bien le régime. 

A la 5® génération, le coq 11^ commença à prendre, au 54^ jour 
de sa vie, une allure maladive qui me porta à le mettre au régime 
végétal, pain et salade ; mais il ne l'accepta pas et ses compa- 
gnons non plus. L'évolution des instincts et des appétits commen- 
çait à se faire ; pas encore cependant d'une façon irréductible. 
Car les trois animaux L, II, et III, laissés en présence de pain 
trempé pour toute nourriture se décidèrent à le manger. A ce 
régime le coq II, se remit complètement mais au bout de 8 jours, 
lui et les autres refusèrent à nouveau l'aliment. Comme le but 
poursuivi était atteint, je n'insistai pas. 

Le fait a un double intérêt : la guérison par le régime végé- 
tarien et la répugnance qu'éprouvent pour lui des animaux 
chez lesquels il était normal quelques générations plus tôt et 
dont les parents l'acceptaient encore à l'occasion. Les apôtres 



286 F. HOUSSAY 

du végétarianisme rencontrent dans leur propagande des cir- 
constances de ce genre. 

En outre des arthrites douloureuses et déformantes dont nous 
venons de parler, beaucoup des animaux étudiés, surtout dans 
les dernières générations, montrèrent sur les pattes une réaction 
cutanée assez curieuse. La peau se boursouflait, soulevant les 
écailles, prenait un aspect dartreux et produisait une desqua- 
mation furfurale assez abondante. Cette affection, une fois 
déclarée, ne régressait jamais ; je dois dire que jamais non plus 
je n'ai, à cause d'elle, interrompu le régime. 

Les premières générations de mes animaux, mis jeunes en 
expérience, ne la montrèrent pas. J'en ai au contraire observé 
le développement rapide chez un grand nombre, au moiiLs les 
2/3, des poules déjà âgées que j'achetais pour faire des incubations 
et que je mettais au régime de la viande, afin qu'elles pussent 
tout de suite conduire à cet aliment les jeunes poussins qu'elles 
auraient à élever. J'ai parfois remarqué, sur les poules élevées 
dans les fermes des environs de Paris, une affection semblable, 
moins étendue toutefois et ordinairement limitée à la base de 
la patte. Il faut ajouter qu'en raison de la vente facile de leurs 
œufs les animaux en question sont copieusement nourris et 
même suruourris avec diverses préparations à base de poudre 
de viande. 

Dans la mesure où il est permis d'identifier les processus 
pathologiques chez des êtres aussi éloignés que les oiseaux et 
l'homme, je comparerais assez volontiers la manifestation que 
je viens de décrire à une poussée herpétique ou eczémateuse. 

Mon attention a de plus été appelée sur le développement 
assez important de plumes sur les pattes, entre les écailles. Je 
sais qu'il existe des races de poules chez lesquelles les pattes 
sont normalement couvertes de plumes ; mais je ne puis dire 
si ce caractère, aujourd'hui fixé dans la race, a eu pour appa- 
raître un déterminisme comparable à celui que j'ai observé. 
Quoi qu'il en soit, les plumes qui ont poussé sur les pattes de 
mes poules n'étaient visiblement annoncées par aucune hérédité. 



p 



VARIATIONS KXPEIUMENTALES 2H7 

Tous k's sujets mis en expérience à l'origine avaient les pattes 
parfaitement lisses. Ce fut à la 2*^ et i)lus encore à la 3^ géné- 
ration dans la série a, à la 4^ et à la 5^ dans la série [3, que le 
caractère prit une sérieuse importance. 

Cette observation paraît nous montrer la plume comme une 
réaction excrétrice supplémentaire, ayant une poussée nouvelle 
quand les organes normaux d'excrétion (foie et rein) restent en 
dessous de la tâche qu'ils doivent accomplir. On la voit tout 
de suite en concordance avec de nombreux autres faits et l'accord 
suggère une hypothèse que je ne puis m'empêcher d'exprimer, 
car elle répond à la bonne caractéristique de l'hypothèse : à 
savoir qu'elle est susceptible d'appeler la recherche et l'expé- 
rience. 

Si la formation de la plume (et du poil évidemment) se montre 
comme une réaction excrétrice parce qu'elle est capable de 
s'exagérer quand les besoins excréteurs augmentent, il faut aussi 
la considérer comme normalement excrétrice et non plus seule- 
ment comme une protection ou une parure pour l'animal. Dans 
ce cas alors, nous comprendrions de quelle façon les organismes 
mâles que nous avons montrés plus intoxiqués que les femelles 
sont en même temps les plus garnis de plumes et de poils, sans 
qu'il y ait pour nous lieu d'invoquer le désir ou le besoin de 
plaire aux femelles et pas davantage la sélection des plus beaux. 
Ces phénomènes ne seraient plus à considérer comme des causes 
mais seulement comme des effets ultérieurs et accessoires. 

Nous comprendrions encore comment, l'intoxication orga- 
nique croissant avec l'âge, les poussées de plumes et de poils la 
suivent, comment, dans l'espèce humaine par exemple, après les 
cheveux se montrent les poils pubiens et axilaires, comment, 
plus tard, la barbe, plus tard encore les poils de la poitrine chez 
les mâles qui ne les ont pas acquis vers la puberté, comment 
enfin surgit la dernière poussée qui consiste dans l'allongement 
et l'épaississement des sourcils. Ces trois dernières réactions 
excrétrices n'atteignent pas les femelles, mieux pourvues en foie 
et en rein, ou en tous cas les atteignent peu et ordinairement 



288 



F. HOUSSAY 



tard. La perte des cheveux ou leur blanchissement que l'âge 
amène aussi sont des phénomènes d'autre sorte et ne portent 
pas plus atteinte aux conclusions précédentes que les maladies 
du rein n'empêchent de considérer cet organe comme norma- 
lement excréteur. 

D'autre part, l'abaissement de la température ralentit certai- 



nement les échanges nutritifs et 
croître les poussées 
mateuses chez ceux 
Si la production 
est une ma 



sorte, il 



l'on voit, en hiver, 
herpétiques ou eczé- 
qui en sont atteints, 
du poil et de la plume 
nifestation de même 
est naturel qu'elle 
s'exagère au froid, 
qu'il y ait des four- 
rures d'hiver, qu'il 
y ait des fourrures po- 
laires. Et nous attein- 
drions de la sorte à de 
véritables explications où 
n'interviendraient plus ja- 
mais l'intérêt ou l'avantage, 
le désir ou la volonté de l'animal. 
J'ai eu déjà occasion de signaler 
comment le régime carné avait 
développé l'instinct germicide et 
comment une des inouïes, VIII,, 
ayant le cloaque piqué par le bec 
de sa compagne, qui cherchait à 
atteindre son œuf aussitôt que 
possible, en vint à contracter une 
tumeur par suite de la rétention 
des œufs avant qu'ils ne fussent recouverts de leur coquille. 
Plusieurs œufs, 5 ou 6 autant que j'ai pu l'apprécier par 
leurs restes plus ou moins informes, demeurèrent ainsi sans 
être évacués et dégénérèrent dans l'oviducte. Ce dernier en 




FiG. 47. Oviducte dilaté en faux utérus 
par rétention de la ponte. 



VARIATIONS EXPÉRIMENTALES 289 

fut dilaté de la façon que je reproduis dans le dessin ci-joint 
(flg. 47). 

Je n'insisterais pas autrement sur cette circonstance patho- 
logique, si elle ne nous permettait de concevoir la facilité avec 
laquelle peut se développer une véritable dilatation utérine sur 
un oviducte qui normalement n'en comporte pas. Et ceci n'est 
pas sans intérêt pour nous faire comprendre que, même d'une 
façon rapide, le Reptile ovipare put devenir le Mammifère 
vivipare. 



CHAPITRE XII 
QUELQUES COMPARAISONS AVEC LES MAMMIFÈRES 

Sommaire. — Expériences de divers auteurs sur les niammifères. — Haute toxicité probable 
du régime insectivore. — L'excrétion supplémentaire par les carapaces et par les co(|Uilles 
— Echecs de mes tentatives pour adapter des souris au régime carné. — Les mammifères 
semblent plus saturés d'intoxications et moins capables d'en supporter de nouvelles que 
les oiseaux. — Rapprochements avec les courbes de croissance. — Causes originelles 
d'intoxication chez les mammifères. — Vie utérine, vie lactée. — L'excrétion en urée 
et l'excrétion en acide urique. — Conclusions. 

Il n'a point été fait sur les mammifères d'expérience qui puisse 
être entièrement comparée aux miennes, c'est-à-dire qui porte 
sur les modifications dues à un changement de régime poursuivi 
pendant plusieurs générations. 

Quelques recherches plus courtes donnent cependant des 
résultats qui, fort importants pour la physiologie et la patho- 
logie, peuvent être utilement confrontés avec les miens. 

Maub-el a alimenté pendant plusieurs mois des lapins avec 
du fromage et a constaté un développement inusité de leur foie. 
C'est au reste cet auteur qui a le premier montré que, d'une 
façon générale, les carnivores ont une quantité relative de foie 
plus élevée que les herbivores. 

J. NoÉ (1) a nourri assez longtemps des hérissons exclusive- 
ment avec de la viande crue de cheval. Son expérience me 
semble inverse des autres, c'est-à-dire qu'au lieu d'être une 

(1) C. s. Soc. Biolog. du 23 nov. 1901 au 26 juillet 1802. 



290 F. HOUSSAY 

étude d'intoxication accrue elle est une étude de désintoxication 
et n'est pas, d'ailleurs, moins intéressante pour cela. Le hérisson, 
en elïet, est normalement insectivore et, bien que la viande de 
cheval soit plus toxique que celle des animaux ordinaires de 
boucherie, elle l'est moins, je crois, que la chair des insectes. 
Il n'y a pas à cet égard de données formelles ; mais, en raison 
de ce que j'ai dit au chapitre précédent de la plume et du poil, 
je suis très porté à considérer les insectes, gros excréteurs de 
chitine, comme fortement intoxiqués, aussi bien d'ailleurs que 
les crustacés, excréteurs de lourdes carapaces, ou les mollusques, 
excréteurs de pesantes coquilles. 

Je fais remarquer en passant que j'assimile à des excrétions 
supplémentaires les organes ordinairement appelés protecteurs 
de l'animal ; c'est moins finaliste certainement, plus scientifique 
et plus fécond pour les recherches qui peuvent être entreprises 
avec ce point de départ entièrement changé. 

Comme conséquence de cette manière de voir, le hérisson en 
passant de la chair d'insectes à la viande de cheval se désin- 
toxique. Un fait qui concorderait exactement avec ce point de 
vue c'est que sa production d'urée diminue d'une façon régu- 
lière ; elle passe d'après les données de J. NoÉ de 6 gr.925 par 
kilogramme au mois de mai 1901 à 2 gr. 808 au mois de mai 1902. 
L'auteur en question conclut que le régime carné exclusif dimi- 
nue énormément l'urée. Le résultat ainsi exprimé est extrême- 
ment paradoxal, unique en son genre, et même il risque d'induire 
en erreur. Comme, d'autre part, absolument rien n'autorise à 
réputer inexactes des mesures qui semblent au contraire soi- 
gneuses, l'interprétation véritable m'en paraît celle que je pro- 
pose, à savoir : que le passage de l'aliment chair d'insecte à 
l'aliment chair de mammifère est une désintoxication. 

C'est pour cela sans doute que l'expérience de îsToÉ a duré sans 
peine plus longtemps que les autres expériences sur les mammi- 
fères, chiens ou souris, qui étaient de véritables surintoxications 
alimentaires. 

J. NoÉ compare eu outre le rapport de certains organes au 



VARIATIONS EXPÉRIMENTALES 291 

poids total chez les hérissons normaux et chez deux animaux 
de cette espèce qui sont morts, l'un après 8 mois l'autre après 
11 mois du régime à la viande de cheval. Les reins ont très peu 
varié tandis que le foie a augmenté d'une façon notable. Mais 
l'augmentation de ce seul organe, sans concordance avec les 
autres données relatives à l'excrétion, ne permet pas de conclure 
à une intoxication. Il se peut fort bien que l'organe soit surmené 
non de son côté excréteur mais de son côté assimilateur, qu'il 
éprouve seulement plus de peine à transformer en glycogène 
des albuminoïdes inaccoutumés. L'augmentation de poids, en 
un mot, peut venir du foie glycogénique plutôt que du foie hépa- 
tique : l'observation micrographique seule serait propre à lever 
ce doute. Et c'est une occasion nouvelle de dire combien des 
recherches de cette sorte seraient utiles pour compléter les men- 
surations, spécialement chez les mammifères. 

De son côté, E. Dufourt (1) a expérimenté en mettant des 
chiens au régime carné exclusif, toujours à la viande de cheval. 
Il a reconnu, comme il était naturel, un important accroisse- 
ment de l'urée. De son expérience je retiendrai surtout qu'elle 
n'a pas pu continuer longtemps. Les animaux fortement in- 
toxiqués perdaient leurs poils, se recouvraient d'eczéma, mai- 
grissaient et mouraient en quelques semaines.. 

Weiss (2) dont j'ai signalé déjà les expériences sur les canards 
avait essayé de les réaliser aussi avec des souris. A plusieurs 
reprises il a échoué ; les souris qu'il élevait au grain vivaient 
très bien ; celles qu'il nourrissait à la viande de cheval mou- 
raient au bout de 2 ou 3 mois. 

En 1901 et 1902 j'ai moi-même échoué dans plusieurs tenta- 
tives analogues ; cependant je fîiisais vivre mes souris carni- 
vores 5 à 6 mois et ce meilleur résultat tient, je le suppose, uni- 
quement à ce que je leur donnais de la viande fraîche d'animaux 
de boucherie et non de la viande de cheval. 

Il n'est pas utile de s'étendre longuement sur les données 

(1) D' E. DUFOTIRT. — Journal de Physiologie et de Pathologie générales, mai 1902. 

(2) G. WEISS. — C. R. Soc. Biologie, 26 octobre 1901. 



292 F. HOUSSAY 

recueillies au cours de ces expériences manquées ; notons seule- 
ment que, comme E. Dufourt et conformément aux résultats 
classiques, j'ai toujours obtenu beaucoup plus d'urée du côté 
Carnivore que du côté gTanivore. Je veux toutefois signaler que, 
chez plusieurs des animaux qui sont morts de ce régime, le 
foie avait subi une véritable dégénérescence graisseuse, dont le 
processus serait relativement facile à suivre et sûrement inté- 
ressant pour la pathologie de l'organe. 

De ces divers essais il faut conclure à la difficulté grande, 
pour ne pas dire à l'impossibilité, de faire brusquement passer 
un mammifère végétarien ou peu Carnivore à un régime tout à 
fait Carnivore. Le fait est au contraire possible chez les oiseaux 
et le changement ne manifeste d'inconvénients qu'après plu- 
sieurs générations. 

Une conclusion qui se présente tout de suite à l'esprit est la 
suivante : les mammifères ne supportent pas de surintoxication 
parce qu'ils sont déjà arrivés, même jeunes, à une intoxication 
qui ne peut guère être dépassée sans péril. Ce résultat est tout à 
fait d'accord avec celui que j'ai déjà mis en évidence au cha- 
pitre II à propos des courbes de croissance. 

Si l'on se demande maintenant quelles raisons rendent ainsi 
le mammifère particulièrement saturé de toxines, on peut les 
apercevoir dans ce fait que, véritablement, c'est de tous les Ver- 
tébrés celui qui a le moins de jeunesse. Il n'entreprend pas dès 
l'état d'œuf une vie nouvelle et des échanges nouveaux avec le 
monde ambiant. Dans l'utérus maternel, sa vie se réalise par 
l'intermédiaire d'un organisme ayant déjà longuement vécu, 
déjà âgé et déjà chargé des intoxications vitales. Après, c'est 
l'alimentation lactée qui lui passe encore des produits élaborés 
par un organisme dont la vie s'avance. Le mammifère est d'abord, 
comme le fait remarquer Giard, un parasite interne puis un 
parasite externe avant de mener une vie libre. 

Pour terminer ce parallèle des mammifères et des oiseaux, il 
n'est pas sans intérêt de rappeler une remarque de Metch- 
NiKOFF sur la longévité relative de ces derniers et sur leur 



Variations expérimentales '}\)•^ 

verte vieillesse comparée à la décrépitude rapide des mammi- 
fères. 

Il faut en outre observer que les mammifères, saturés d'in- 
toxication, excrètent principalement en urée et les oiseaux en 
acide urique. Nos expériences paraissent apporter une certaine 
contradiction à ces résultats classiques en montrant les oiseaux 
tout de même plus plastiques du côté excréteur. Un mammifère, 
en effet, dont la production d'acide urique augmente est consi- 
déré comme ayant une excrétion moins parfaite et même insuffi- 
sante, et la conclusion sans doute est valable pour la compa- 
raison entre divers états d'un même mammifère ou entre divers 
mammifères. Mais elle ne paraît pas se prêter à une générali- 
sation nécessaire. En d'autres termes, il ne semble pas absolu- 
ment vrai que la dépuration en urée soit supérieure à la dépu- 
ration en acide urique quel que soit l'organisme. Il y a là en 
tous cas une question d'une certaine importance. 

En présence des difficultés d'adaptation au régime carné, on 
peut se demander comment il y a des carnivores dans la nature. 
Remarquons que l'expérience par nous réalisée a été particu 
lièrement brutale et a mis du jour au lendemain une race gTa- 
nivore en face d'un régime carné exclusif. Scientifiquement il 
le fallait pour l'étude rigoureuse d'un déterminisme ; mais natu- 
rellement les choses ne se sont jamais passées ainsi. 

Les guérisons d'arthrites que j'ai obtenues, rien que par un 
retour de 8 jours au régime végétarien, montrent suffisamment 
que, tout au moins chez les oiseaux, un régime mixte progres- 
sivement poussé vers la consommation en viande aurait eu 
chance d'aboutir et dans un temps relativement faible. 

En terminant, qu'il me soit periïiis de faire remarquer que si 
j'ai apporté quelques données précises et résolu quelques pro- 
blèmes, j'en ai soulevé plus encore et de cette manière indiqué, 
je pense, combien de semblables recherches étendues et pour, 
suivies pourraient être fructueuses. 

A une époque encore peu éloignée de nous. Cl. Bernard et 
DE Lacaze-Duthiers discutaient sur les limites de la physio- 



^9i F. IIOUSSAY 

logie et de la zoologie, posaient la question de savoir à laquelle 
des deux disciplines appartient la prépondérance et la résolvaient 
chacun à sa manière. Je crois, pour ma part, que le temps de 
ces querelles est passé, que la collaboration seule est efficace, 
et que l'on doit chercher à résoudre les problèmes que la zoologie 
pose, et qu'il faut d'abord connaître, avec les méthodes que la 
physiologie donne, ou, pour employer des termes que je trouve 
commodes et plus généraux : la statique et la cinématique ne 
se peuvent achever que dans la dynamique. 



POST-SCRIPTUM 



En achevant de corriger mes épreuves je prends connaissance 
d'un mémoire de Schepelmann intitulé Ueher die gestaUende 
Wirhung verscMedener Emahrung auf die Organe der Gans. 
(Archiv. fur Entwicklungsmechanik ; l^e partie, t. XXI, 1900 ; 
2e partie, t. XXIII, 1907.) Ce travail contient d'intéressants 
renseignements. Relativement aux organes que nous avons 
étudiés l'un et l'autre, Schepelmann se trouve d'accord avec 
moi pour la variation du rein et de la rate. 

Il constate une opposition relativement au foie entre les 
données de Maurbl, les siennes propres et une indication que 
j'avais publiée dans une de mes notes préliminaires par laquelle 
je ne reconnaissais à cet égard aucune différence sensible entre 
les poules granivores et les carnivores. Le présent mémoire 
complétant et rectifiant mes données primitives rétablit l'ac- 
cord. 

Schepelmann signale un contraste entre l'exagération de la 
ponte que j'ai indiquée à mes premières générations carnivores 
et le fait qu'il a trouvé les testicules des oies carnivores peu 
développés et stériles. Le contraste ne subsiste pas avec les 



VARIATIONS EXPERIMENTALES 295 

faits de stérilité progressive que j'ai publiés dès 1903 et qui 
sont plus accusés encore dans le présent mémoire. 

Une contradiction formelle demeure entre ses résultats rela- 
tifs au tube digestif : longueur intestinale, longueur du caecum, 
poids du gésier, qu'il trouve accrus par le régime carné et les 
miens qui indiquent une réduction. Les écarts que nous men- 
tionnons l'un et l'autre sont tout à fait hors de comparaison 
avec les petites erreurs possibles sur la mesure. Il faut conclure 
à l'opposition objective à ce point de vue entre l'oie et la poule. 

A ce propos je dois dire que la hulotte dont j'ai pris les men- 
surations anatomiques et dont le foie, le rein, le gésier, s'accor- 
daient avec mes expériences, m'a au contraire présenté une 
longueur intestinale tout à fait en discordance. Son rapport 
anatomique est 331 '"^ d'intestin pour 100 gr. de poids total, 
c'est-à-dire trois fois plus que chez une poule ordinaire. 

Mon Rapace sans doute était un jeune animal de 160 gr. 
seulement et de ce fait avait droit à une majoration d'intestin ; 
mais pas aussi forte, je pense. Je me proposais d'étudier à nou- 
veau la question soulevée par ce fait, si peu conforme aux données 
classiques de l'anatomie comparée. En le rapprochant du résultat 
expérimental de Schepelmann, on doit conclure que le pro- 
blème de l'adaptation des organes à l'aliment est un peu moins 
simple qu'il n'a d'abord paru et qu'il faut encore un certain 
nombre de données étendues et approfondies pour en tenir la 
solution totale. 



ç>i)f\ F. HOlISSAY 



APPENDICE 



DONNÉES NUMÉRIQUES 

Nous disposons ici toutes les mesures qui ont servi à cons- 
truire les courbes utilisées dans les divers chapitres et qui parfois 
s'étendent même au-delà. Ces données peuvent être intéressantes 
tant pour contrôler nos calculs et nos conclusions que pour 
servir de comparaison à quelque autre recherche sur différents 
sujets. 



VARIATIONS EXPERIMENTALES 



297 



Appendice au Chapitre II 



POIDS DE LA GENERATION GRANIVORE ET DE LA PREMIERE 
GÉNÉRATION CARNIVORE 







ï 


GHANIVOUES 


CAKNIVORES 


DATjio 


=3 


lo 


"o 


III, 


I. 


II. 


III 








gr. 


gr. 


gr. 


gr. 


gr. 


gr. 


1900. 21 décemh | 


150 


1.516 


1 . 053 


928 


888 


934 


928 


28 


— 


157 


1.780 


1.178 


1.070 


1.038 


1.030 


1.258 


1901 . 4 ] 


anvier. . 


164 


1.758 


1 . 244 


1 . 248 


1.260 


1.281 


1.180 


11 


— 


171 


1.804 


1.274 


1.320 


1.322 


1.400 


1.341 


18 


— 


178 


1.888 


1.368 


1.410 


1.407 


1.486 


1.396 


25 


— 


185 


1.814 


1.389 


1.388 


1.470 


1.534 


1.525 


1er 


février. 


192 


1.844 


1.291 


1.355 


1.646 


1.596 


1.645 


8 


— 


199 


1.957 


1.405 


1.385 


1.722 


1.700 


1.836 


15 


— 


206 


1.933 


1.381 


1.374 


1.832 


1.779 


1.787 


22 


— 


213 


1.966 


1.373 


1.374 


1.834 


1.896 


1.827 


1«' 


mars.. . 


220 


1.930 


1.376 


1 . 549 


1.809 


1.930 


1.632 


8 


— 


227 


2.025 


1.390 


1.655 


1.865 


2.062 


1.779 


15 


— 


234 


1.986 


1.393 


1.797 


1.883 


1.965 


1.731 


22 


— 


241 


2.022 


1.394 


1.838 


1.912 


1.948 


1.729 


29 


— 


248 


1.965 


1.398 


1.805 


1.953 


2.050 


1 812 


5 


avril .... 


255 


1.991 


1.427 


1.796 


1.962 


2.022 


1.891 


12 


— 


262 


2.000 


1.480 


1.818 


1.972 


2.021 


1.870 


19 


— 


269 


2.051 


1.454 


1.667 


2.008 


2.020 


1.898 


26 


— 


276 


2.054 


1.442 


1.745 


2.016 


2.126 


1.839 


3 


mai 


283 


2.084 


1.421 


1.677 


2.000 


2.054 


1.900 


10 


— 


290 


2.067 


1.421 


1..589 


1.995 


1.961 


1.877 


17 


— 


297 


2.067 


1.485 


1.513 


2.000 


1.988 


1.818 


24 


— 


304 


2.125 


1.455 


1.507 


2.009 


1.882 


1.748 


31 


— 


311 


2.090 


1.514 


1.757 


2.020 


2.032 


1.780 


7 


juin .... 


318 


2.070 


1.397 


M. 696 


2.062 


2.050 


1.797 


U 


— 


325 


2.067 


1.337 


1.687 


2.076 


2.021 


1.734 


21 


— 


332 


2.122 


1 . 293 


1.724 


2.064 


1.996 


1.776 


28 


— 


339 


2.174 


1.333 


couve 


2.075 


2.045 


1.862 


5 


juillet. . . 


346 


2.119 


1 . 340 


» 


2.074 


1.990 


1.849 


12 


— 


353 


2.105 


1.237 


1,398 


2.037 


1 . 922 


1.748 


19 


— 


360 


2.132 


1.164 


1.491 


2.031 


1.991 


1.788 


25 


— 


367 


2.125 


1 . 093 


1.640 


2.088 


2.045 


1.670 



( ) Pour ces générations le nombre des jours de vie n'est donné qu'approximativenient 
il est donné exactement pour les suivantes que nous avons fait éclore. 



ARCH. DE ZOOL. EXP. ET GÉN. — 4° SÉRIE. — T. 



-(V). 



298 



F. HOTïSSAY 





•s 


GRANIVORES 


CARNIVORES 




r_ 
















-- 


lo 


"o 


III, 


It 


". 


IIIl 






gr. 


gr. 


gr. 


gr. 


gr. 


gr- 


2 août 


374 


2.138 


1.216 


1 . 692 


2.088 


1.884 


1.661 


9 — 


381 


2.162 


1.124 


1 664 


2.145 


1.925 


1.630 


16 — 


388 


2.157 


1.160 


1.751 


2.125 


1.900 


1.707 


23 — 


395 


2.116 


1.215 


1.835 


2.152 


1.890 


1.712 


30 — 


402 


2.307 


1 . 382 


1.917 


2.277 


1.950 


1.937. 


6 septemb. 


409 


2.200 


1.162 


1.745 


2.215 


1.930 


1.860 


13 — 


416 


2.275 


1.202 


1.699 


2.252 


1.942 


1.825 


20 — 


423 


2.215 


1 . 284 


1.746 


2. 228 


1.862 


1.752 


27 — 


430 


2.250 


1.354 


1.730 


2.257 


1.812 


1.746 


4 octobre . . 


437 


2.310 


1.240 


1.693 


2.330 


1.867 


1.857 


11 — 


444 


2.311 


1.195 


1.879 


2.350 


1.895 


1.795 


18 — 


451 


2.365 


1.207 


1 . 902 


2.379 


1.850 


1.959 


25 — 


458 


2.402 


1.202 


1.964 


2.420 


1.907 


1.927 


1»^ novemb. 


464 


2.400 


1.227 


1.990 


2.442 


1.685 


1.825 


8 — 


471 


2.402 


1.282 


2.076 


2.457 


1.595 


1.773 


15 — 


478 


2.433 


1.300 


2.146 


2.482 


1 . 586 


1.731 


22 — 


485 


2.544 




2.340 


2.458 


1.522 


1.775 



POIDS DE LA SECONDE GENERATION CARNIVORE 



DATES 


1 


Is 


Ils 
gr. 


m. 


IVa 


Vs 


VI. 


Vils 


VIIIj 




gr. 


gr. 


gr. 


gr. 


gr. 


gr. 


gr. 


1901. 15 juillet. 


4 


55 


49, 6 


53 


52,5 


53 


51 


45 


45 


17 — 


6 


69,5 


61 


67 


66 


66 


66,5 


55 


54 


19 — 


8 


83 


72 


77 


76 


76, 5 


81 


63 


68 


21 — 


10 


100, 5 


85 


95,5 


84, 5 


90 


98 


77 


79.5 


23 — 


12 


113, 5 


94 


107 


97 


96 


109,5 


83 


88,5 


25 — 


14 


137 


110 


130 


116 


118 


131 


102, 5 


105 


27 — 


16 


162,5 


132 


155 


136 


140 


159 


122 


125 


29 — 


18 


186, 5 


150, 5 


180 


157 


155, 5 


182 


145 


142,5 


31 — 


20 


211 


171 


199 


181,5 


182, 5 


201,5 


156 


162 


2 août . 


22 


240 


198 


232 


198,5 


209 


233-5 


177,5 


184 


4 — 


24 


255 


210 


250 


215 


231 


264.5 


189 


195 


6 — 


26 


278 


226,5 


269 


228,5 


243 


282 


194,5 


202 


8 — 


28 


330 


256 


300 


270 


285 


310,5 


231,5 


235,5 


10 — 


30 


366,5 


280,5 


340 


298 


317 


335 


244,5 


259 


12 — 


32 


375 


296 


341,5 


302 


320,5 


332,, 5 


245 


250 


14 — 


34 


405 


315 


381 


340,5 


364 


340 


261 


270 


16 — 


36 


440 


345 


425 


359 


380 


.380 


285 


290 


18 — 


38 


455 


350 


432 


372 


395 


389, 5 


275 


277 


20 août.. 


40 


498 


380 


454, 5 


402 


365, 5 


354,5 


300 


314 


22 — 


42 


544 


418,5 


493 


435 


361 


364 


315 


348 


24 — 


44 


595 


447 


550 


487 


364 


428 


322,5 


414 


26 — 


46 


615 


483 


561 


500,5 


354 


458 


345 


438 


28 — 


48 


650 


490 


581 


527 


357 


484 


350 


445 


30 — 


50 


700 


546 


609 


560 


380 


526 


387.5 


498 



VARIATIONS EXPERIMENTALES 



299 



DATES 



1"' sept . 

3 — 
5 — 

7 — 

9 — 
11 — 
13 — 
15 — 

17 — 
20 — 

24 — 
27 — 

1" oet . . 

4 — 

8 — 

11 — 
15 — 

18 — 
22 

25 — 
29 — 

1«' nov. 

5 — 
8 — 

12 — 
15 — 

22 

29 — 

fl déc . . . 

13 — 

20 — 

27 

3 janv . . 

10 — 
17 — 
24 — 
31 — 

7 février 

14 — 

21 — 

28 — 

7 mars.. 
14 — 
21 — 
28 — 

4 avril . 
10 — 
17 — 
24 — 

1"' mai . 
7 — 



103 
106 
110 
113 
117 
120 
124 
127 
134 
141 
148 
155 
162 
169 
176 
183 
190 
197 
204 
211 
218 
225 
232 
239 
246 
253 
260 
267 
273 
280 
287 
294 
300 



gr. 

754 

804 

864 

907 

917 

970 

1.032 

1.077 

1.120 

1.170 

1.240 

1.298 

1.368 

1.389 

1.477 

1.510 

1.577 

1.624 



II. 



IVj 



,698 
,730 
.802 
.880 



1 
1 

1 

1 

1.896 

1.946 

2.025 

2.060 

2.185 

2.244 

2.342 

2.374 

2.420 

2.535 

2.566 

2.637 

2.662 

2.647 

2.640 

2.622 

2.649 

2.673 

2.709 

2.700 

2.704 

2.715 

2.680 

2.605 

2.648 

2.642 

2.670 

2.625 



gr. 

560 

590 

630 

647 

652 

687 

734 

768 

800 

831 

880 

909 

965 

997 

1.031 

1.068 

1.102 

1.130 

1.164 

1.198 

1.189 

1.201 

1.220 

1 . 237 

1.277 

1.285 

1.322 

1 . 365 

1 . 382 

1.407 

1.413 

1 . 428 

1.446 

1.497 

1.558 

1.577 

1.589 

1.639 

1.747 

1.910 

1.929 

1.870 

1.893 

1.836 

1.820 

1.800 

1.895 

1.912 

1.861 

1.935 

1.982 



gr. 
641 



727 

740 

770 

832 

832 

814 

871 

924 

996 

1.069 

1 . 103 

1.137 

1.205 

1.280 

1.332 

1.389 

1.427 

1.520 

1.550 

1.557 

1.558 

1.600 

1.619 

1.735 

1.745 



gr. 

585 

605 

645 

677 

674 

644 

702 

762 

769 

785 

795 

814 

861 

912 

963 

1.004 

1.065 

1.065 

1.097 

1.167 

1.217 

1.245 

1.285 

1.301 

1.329 

1.351 

1.383 

1 . 422 

1.467 

1.490 

1.548 

1.610 

1.687 

1.751 

1.849 

1.956 

2.095 

2.040 

2.032 

1.979 

1.1^54 

1.940 

1.898 

1 . 982 
2.020 
2.051 
2.007 
2.074 

2 . 095 
2.092 
2.080 



gr. 

390 

405 

431 

469 

470 

502 

570 

600 

627 

700 

725 

797 

842 

910 

943 

998 

1.064 

1.074 

1.150 

1.179 

1.212 

1.257 

1.282 

1.305 

1,390 

1.430 

1.510 

1.530 



gr. 

547 

556 

614 

665 

701 

712 

790 

842 

824 

895 

958 

1.050 

1.177 

1.230 

1.309 

1.367 

1.442 

1.519 

1.585 

1.646 

1.725 

1.755 

1.777 

1.783 

1.776 

1.795 

1.905 

2.035 

2.261 

2.185 

2.310 

2.459 

2 . 526 

2.565 

2.657 

2.625 

2.655 

2.690 

2.728 

2.705 

2.587 

2.764 

2.772 

2.728 

2.725 

2.715 

2.723 

2.713 

2.700 

2.675 

2.630 



Vils 




gr. 
398 




419 




447 




470 




482 




509 




522 




598 




604 




664 




722 




789 




860 




944 




007 




050 




117 




127 




195 




.243 




.271 




.282 




.332 




.337 




.387 




.395 




.442 




.492 


^ 


.487 



1.481 
1.515 
1 . 592 
1.637 

1 . 727 
1.759 
1.857 
1.887 
1.970 
1.995 
2.008 
2.090 
1.990 
2.048 
2.002 
2.015 

2 . 026 
1.980 
2.019 
1.952 
2.022 
1.940 



VlIIj 

gr. 

532 

554 

595 

645 

637 

684 

727 

792 

801 

845 

909 

974 

1.065 

1.104 

1.135 

1.195 

1.210 

1.234 

1.299 

1.330 

1.350 

1.372 

1.415 

1 . 395 

1.459 

1.472 

1.517 

1.540 

1.477 

1 , 562 
1.585 
1.630 
1.650 
1.725 
1.841 
1.946 
2.019 
1.950 
2.000 
2.005 
2.045 

2 . 045 
2.004 
2.066 
2.050 
2.014 
2.000 
2 . 065 
2 . 090 
2 . 042 
1.955 



300 



F. iinrs.^AY 



DATES 


307 


h 


II, 


m. 


IVj 


v. 


Vis 


viu 


VIlIj 


14 mai . . 


gr. 
2.625 


gr. 
1.918 




gr. 

2.085 




gr. 

2.705 


gr. 
1.929 


gr. 
1.821 


22 — 


315 


2.665 


1.948 




2.077 




2.658 


1.905 


2.035 


29 — 


322 


2.660 


1.940 




2.045 




2.705 


1.877 


2.150 


5 juin . . 


329 


2.630 


1.915 




1.952 




2.675 


1.877 


2.165 


12 — 


336 


2.622 


1.910 




2.004 




2.688 


1.943 


2.185 


19 — 


343 


2.624 


1.894 




1.955 




2.663 


1.953 


2.182 


26 — 


350 


2.619 


1.945 




2.020 




2.722 


1.912 


2.218 


3 juillet. 


357 


2.644 


1.919 




2.012 




2.772 


1.996 


2.215 


10 — 


364 


2.621 


1.922 




1.948 




2.755 


1.925 


2.137 


17 — 


371 


2.637 


1.996 




2.000 




2.768 


1.948 


2.168 


24 — 


378 


2.660 


1.885 




2.057 




2.737 


1.918 


2.022 


31 — 


385 


2.664 


1.960 




2.085 




2.750 


1.880 


2.012 


V août . . 


392 


2.690 


1.791 




2.072 




2.729 


1.905 


2.119 


14 — 


399 


2.604 


1.822 




2.079 




2.660 


1.775 


2.092 


21 — 


406 


2.620 


1.839 




2.062 




2.715 


1.785 


2.108 


28 — 


413 


2.635 


1.820 




2.045 




2.804 


1.812 


2.112 


4 sept. . 


420 


2.650 


1.812 




2.080 




2.635 


1.745 


2 212 


11 — 


427 


2.692 


1.912 




1.943 




2.700 


1.837 


2.079 


18 — 


434 


2.675 


1.874 




1 . 993 




2.670 


1.868 


1.895 


25 — 


441 


2.685 


1.883 




1.944 




2.759 


1.835 




2octob. 


448 


2.752 


1.860 




2.002 




2.760 


1.830 




9 — 


455 


2.802 


1.833 




2.003 




2.780 


1.860 




16 — 


462 


2.815 


1.900 




2.014 




2.865 


1.761 




23 — 


469 


2.834 


1.807 




1.944 




2.838 


1.655 




31 — 


476 


2 . 865 


1.640 




1.800 




2.905 


1.610 




nov., . 


483 


2 . 798 


1.568 




1.585 






1.615 





POIDS DE LA TROISIEME GENERATION CARNIVORE 



bATES 


1 


h 


II3 


III3 


IV3 


y. 


VI3 


VII:, 


VIII;, 


1902. 24 juin .. 


gr. 
46 


gr. 
44 


gr. 
39 


gr. 

36, 5 


gr. 

38, 5 


gr. 

37 


gr. 

41 


gr. 
43 


26 — 


3 


54, 5 


47, 5 


46 


47, 5 


40, 5 


46, 5 


48,5 


49,5 


28 — 


5 


67 


57 


51, 5 


58 


61 


60 


59, 5 


60 


30 — 


7 


82 


68 


63 


70 


74,5 


74 


68 


73 


2 juillet. 


9 


96 


80 


70 


81 


93 


88 


83 


88 


1 — 


11 


112 


93 


81 


96 


104 


104 


95 


105 


6 — 


13 


127 


106 


89 


110 


115 


120 


109 


120 


8 — 


15 


144 


120 


101 


117 


124 


132 


119 


134 


10 — 


17 


161 


133 


111 


126 


135 


147 


128 


151 


12 — 


19 


184 


149 


134 


142 


150 


166 


141 


172 


14 — 


21 


208 


165 


152 


160 


168 


182 


151 


195 


16 — 


23 


230 


169 


169 


184 


180 


196 1 


165 


212 


18 — 


25 


256 


195 


183 


198 


206 


201 ' 


187 


238 


20 — 


27 


279 


210 


206 


215 


242 


178 


203 


264 


22 


29 


327 


247 


229 


250 


277 


178 


231 


305 


24 — 


31 


346 


261 


246 


256 


288 


198 ■ 


238 


325 


26 — 


33; 


370 


283 


265 


295 


307 


209 ; 


267 


3.58 



VARTATIONS EXFÉRIME.XTALRS 



301 




1903 



302 



F. HOUSSAY 



DATES 



9 avril. 
16 — 
23 — 
30 — 

7 mai.. . 
34 — 
21 — 
28 — 

4 juin . . 

11 — 

18 — 

25 — 

2 juillet. 
9 _ 

16 — 

23 — 
30 — 

6 août. . 
13 — 
20 — 
27 — 

3 sept . . 
10 — 

17 — 

24 — 

' oct. . 

8 — 
15 — 
22 — 
29 — 

5 nov. . 

12 — 

19 — 

26 — 
3 déc. . 



290 

297 

304 

311 

318 

325 

332 

339 

346 

353 

360 

367 

374 

381 

388 

395 

402 

409 

416 

423 

430 

437 

444 

451 

458 

465 

472 

479 

486 

493 

500 

507 

514 

521 

528 



gr. 
2.788 
2.760 
2.737 
2.690 
2.730 
2.725 
2.727 
2.746 
2 . 769 
2.765 
2.760 
2.738 
2.745 
2.752 
2.749 
2.776 
2.755 
2.757 
2.762 
2.778 
2.740 
2.762 
2.760 
2.700 
2.675 
2.690 
2.545 
2.432 



gr. 

2.007 
2.006 
2 . 000 
1.963 
2.045 
2.065 
2.046 
2.000 
1.917 
couve 



1.290 
1 . 242 
1.215 
1.225 
1.376 
1.494 
1.649 
1.640 
1.637 
1.795 
1.838 
1.850 
1.812 
1.844 
1.892 
1.900 
1.752 
1.631 
1.565 
1.522 
1.498 
1.440 



III3 



gr. 

1.959 
1.956 
1.945 
1.889 
1.912 
1.910 
1.882 
1.860 
1.835 
1.790 
1.883 
1.845 
1.860 
1.932 
1.945 
1.872 
1.890 
1.846 
1.747 
1.819 
1.800 
1.782 
1.755 
1.796 
1.860 
1.818 
1.724 
1.670 
1.528 
1.524 
1.506 
1.582 
1.492 



gr. 
3.066 
3.040 
3.030 
3.083 
3.078 
3.096 
3.033 
3 . 022 
3.016 
3.009 
3.050 
3.096 
3.118 
3.132 
2.995 
3.102 
3.147 
3.111 
3.100 
3.078 
3 . 062 
3.074 
3.038 
2.960 
2.885 
2.845 
2.800 
2.655 
2.586 



Vb 



VI-, 



Vil, 



POIDS DE LA QUATRIÈME GÉNÉRATION CARNIVORE 

(3 Eclosions) 



DATES 



1903. 18 juin 
20 — 
22 — 
24 — 
26 — 



30 — 
2 juillet 



Jour.; 
lie 
vie 


II 


IIi 


Jours 
de 
vie 


IV4 


V4 


Jour.s 
de 
vie 


1 


«■"•■ 
52 


49 




R-'-- 


«••• 




3 


61 


56 










5 


69 


66 










7 


95 


85 


1 


40,5 


37 




9 


110 


101 


3 


49 


45 




11 


130 


122 


5 


61 


53 




13 


152 


140 


7 


72 


63 




15 


180 


168 


9 


87 


88 





VARIATIONS EXPKlilMENTALES 



303 



DATES 


Joiir-s 
fie 
vie 


II 


Ils 


Jouis 
de 
vie 


IV; 


Vi 


Jours 
de 
vie 


VII4 


1903. 1. juillet.... 


17 


213 


Cl'. 
196 


1 

11 


ar. 

104 


109 


1 


39 


6 — . . . 


19 


233 


225 


13 


117 


123 


3 


49 


8 — .. . 


21 


249 


257 


15 


129 


137 


5 


60 


10 — . . . 


23 


282 


273 


17 


145 


146 


7 


73 


12 — ... 


25 


310 


306 


19 


166 


171 


9 


89 


14 — ... 


27 


340 


339 


21 


184 


198 


11 


107 


16 — . . . 


29 


360 


370 


23 


210 


224 


13 


143 


18 — ... 


31 


398 


423 


25 


224 


255 


15 


159 


20 — . . . 


33 


424 


454 


27 


242 


274 


17 


182 


22 — . . . 


35 


478 


503 


29 


273 


308 


19 


220 


24 — . . . 


37 


513 


550 


31 


302 


337 


21 


250 


26 — . . . 


39 


585 


590 


33 


325 


374 


23 


289 


28 — . . . 


41 


637 


665 


35 


346 


402 


25 


324 


30 — . . . 


43 


650 


694 


37 


373 


423 


27 


346 


1" août. . . . 


45 


705 


730 


39 


393 


467 


29 


389 


3 — ... 


47 


750 


769 


41 


420 


494 


31 


417 


5 — .. . 


49 


785 


820 


43 


448 


532 


33 


462 


7 — ... 


51 


808 


887 


45 


488 


572 


35 


510 


9 — . . 


53 


861 


934 


47 


531 


602 


37 


555 


11 — ... 


55 


904 


972 


49 


551 


614 


39 


598 


13 — . . . 


57 


970 


1 . 040 


51 


585 


675 


41 


659 


15 — . . . 


59 


1.005 


946 


53 


603 


695 


43 


654 


17 — . . . 


61 


1.035 


1.003 


55 


661 


710 


45 


688 


19 — . . . 


63 


1.102 


1.073 


57 


660 


643 


47 


720 


21 — ... 


65 


1.092 


1.120 


59 


591 


660 


49 


755 


23 — . . 


67 


1.107 


1.211 


61 


680 


705 


51 


823 


25 — . . . 


69 


1.135 


1.260 


63 


716 


739 


53 


890 


27 — . . . 


71 


1.130 


1.319 


65 


745 


758 


55 


890 


29 — . . . 


73 


1.150 


1.331 


67 


750 


780 


57 


941 


31 — . . . 


75 


1.180 


1.400 


69 


768 


757 


59 


950 


3 septembre 


78 


1.177 


1 . 400 


72 


810 


832 


62 


1.040 


7 — ... 


82 


1.274 


1.493 


76 


865 


940 


66 


1.148 


10 — ... 


85 


1.379 


1.604 


79 


945 


1.025 


69 


1.264 


14 — ... 


89 


1.485 


1.682 


83 


1.043 


1.112 


73 


1.371 


17 — ... 


92 


1.568 


1.765 


86 


1.115 


1.175 


76 


1.402 


21 — . . . 


96 


1.665 


1.852 


90 


1.157 


1.205 


80 


1.500 


24 — . . . 


99 


1.698 


1.800 


93 


1.218 


1.290 


83 


1.530 


28 — . . . 


103 


1.702 


1.894 


97 


1.233 


1.327 


87 


1.583 


1" octobre . 


106 


1.706 


1 . 921 


100 


1.275 


1.325 


90 


1.615 


5 — ... 


110 


1.873 


1.942 


104 


1.340 


1.402 


94 


1.817 


8 — . . . 


113 


1.917 


2.132 


107 


1.358 


1.470 


97 


1.885 


12 — . . . 


117 


1.989 


2.204 


111 


1.415 


1.498 


101 


1.978 


15 — ... 


120 


2.015 


2.348 


114 


1.450 


1.570 


104 


2.089 


19 — ... 


124 


2.098 


2.321 


118 


1.425 


1.552 


108 


2.134 


22 — . . . 


127 


2.213 


2.377 


121 


1.505 


1.598 


111 


2.244 


29 — . . . 


134 


2.380 


2.456 


128 


1.545 


1.638 


118 


2.391 


5 novembre. 


141 


2.479 


2.538 


135 


1.570 


1.700 


125 


2.559 


12 — ... 


148 


2.535 


2.536 


142 


1.675 


1.772 


132 


2.744 


19 — . . . 


155 


2.633 


2.536 


149 




1.750 


139 


2.798 


26 — . . . 


162 


2.722 


2.677 


156 




1.819 


146 


2.971 


3 décembre. 


169 


2.717 


2.755 


163 




1.832 


153 


2.969 


10 — . . . 


176 


2.760 


2.820 


170 




1.881 


160 


3.113 



304 



F. HOUSSAY 



DATES 


Jours 
flr 
vie 


I4 


II4 


Jours 
de 
vie 


IVi 


V4 


Jours 
de 
vie 


VIT, 


17 dccciiibrc 


183 


2.795 


g'-- 
2.818 


177 




1,944 


167 


«r. 
3.209 


24 — . . . 


190 


2 . 782 


2.852 


184 




2.015 


174 


3.274 


31 ■ — ... 


197 


2.815 


2.839 


191 




2.014 


181 


3.267 


1904. TTjanvier... 
14 — ... 


204 
211 


2.925 
3 . 033 


2.942 
3.040 


198 
205 




2.082 
2.139 


188 
195 


3.311 
3.401 


21 — . . . 


218 


2.940 


3.031 


212 




2.118 


202 


3.489 


28 — ... 


225 


2.964 


2.775 


219 




2.130 


209 


3.402 


4 février . . . 


232 


3.051 


2.885 


226 




2 . 322 


216 


3.459 


11 — ... 


239 


3.137 


2.900 


233 




2 . 460 


223 


3.548 


18 — ... 


246 


3.071 


2.920 


240 




2.417 


230 


3.505 


25 — . . . 


253 


3.095 


2 . 820 


247 




2.412 


237 


3.422 


3 mars 


260 


3.131 


2.680 


254 




2.410 


244 


3.370 


10 — . . . 


267 


3.062 


2.230 


261 




2.424 


251 


3.420 


17 — ... 


274 


3.080 




268 




2.579 


258 


3.435 


24 — . . . 


281 


3.037 




275 




2.548 


265 


3.412 


31 — ... 


288 


3.078 




282 




2.430 


272 


3.452 


7 avril 


295 


3.072 




289 




2.315 


279 


3.420 


14 — ... 


302 


3.040 




296 




2.339 


286 


3.443 


21 — . . . 


309 


3.088 




303 




2.307 


293 


3.425 


28 — . . . 


316 


2.954 




310 




2.362 


300 


3.450 


5 mai 


323 


2.932 




317 




2.520 


307 


3.540 


12 — ... 


330 


2.875 




324 




2.505 


314 


3.445 


19 — ... 


337 


2.890 




331 




2.340 


321 


3.439 


26 — . . . 


343 


2 894 




338 




2.515 


328 


3 . 440 


2 juin 








345 




2.432 


335 


3.493 


9 — ... 








352 




2.442 


342 


3.492 


16 — ... 








359 




2.530 


349 


3.398 


23 — ... 








366 




2.520 


356 


3.531 


30 — ... 








373 




2.479 


363 


3.485 


7 juillet 

14 — ... 








380 

387 




2.325 
2.318 


370 
377 


3.516 
3.577 


21 — . . . 








394 




2.540 


384 


3.567 


28 — . . , 








401 




2.454 


391 


3 . 623 


4 août 








408 




2.528 


398 


3.624 


11 — . . . 








415 




2.420 


405 


3.627 


19 — . . . 








423 




2.381 


413 


3.621 


25 — . . . 








■129 




2.465 


419 


3.650 


1^' septenib. 

8 — . . . 








436 
443 




2.367 
2.360 


426 
433 


3.545 
3.598 


15 — ... 








450 




2.190 


440 


3.608 


22 — . . . 








457 




2.122 


447 


3.612 


29 — . . . 








464 




2.089 


454 


3.621 


6 octolirp . . . 








471 




2.119 


461 


3.739 


13 — ... 








478 




2.069 


1 468 


3.698 


20 — . . . 














\ 475 


3.732 



VARIATIONS EXPERIMENTALES 



305 



POIDS DE LA OINQtJIÈME GÉNÉRATION CARNIVORE 

(2 Eclosions) 



DATES 


Jours 
de 
vie 


I5 


ll.r, 


III5 


Jours 
de 
vie 


I\'.s 


1904. 6 juin 


3 

5 

7 

9 

11 

13 _ 

15* 

17 

19 

21 

23 

25 

27 

29 

31 

33 

35 

37 

39 

41 

43 

45 

47 

49 

51 

53 

55 

57 

59 

61 

- 66 

69 

73 

77 

80 

83 

87 

90 

97 

104 

111 

118 

125 

132 

139 

146 

153 


g-r- 
45 

53 

68 

78 

90 

104 

113 

130 

147 

166 

181 

206 

235 

271 

294 

314 

355 

390 

415 

445 

485 

503 

530 

572 

600 

628 

681 

715 

712 

825 

760 

872 

1.003 

1.040 

1.105 

1.160 

1.220 

1.285 

1.377 

1.506 

1.596 

1.605 

1.635 

1.687 

1.710 

1.743 

1.762 


49 

57, 5 

69 

75 

80 

90 

112 

134 

147 

160 

178 

198 

224 

244 

281 

285 

304 

333 

360 

388 

400 

398 

403 

451 

489 

532 

583 

624 

589 

670 

600 

777 

720 

788 

82S 

812 

870 

920 
1.022 
1.107 
1.056 
1.063 
1.138 
1.097 


50 

53,5 

62 

68 

64 

57 

76 

88 

107 

123 

143 

165 

199 

243 

264 

281 

315 

340 

367 

417 

458 

508 

515 

569 

602 
■637 

723 

771 

756 

900 

828 

956 
1.027 
1.152 
1.209 
1.288 
1.354 
1.483 
1.640 
1.852 
2.005 
2.130 
2.330 
2 448 
2.570 
2.619 
2.679 


3 
5 

7 
9 
11 
13 
15 
17 
19 
21 
26 
29 
33 
37 
40 
43 
47 
50 
57 
64 
71 
78 
85 
92 
99 
106 
113 


i^r. 


8 — 




10 — 




12 — 




14 — 




16 — 




18 — 




20 — 




22 — 




24 — 




26 — 




28 — 

30 — 




2 juillet 

4 — 

fi — 




8 — 




10 — 




12 — 




14 — 




16 — 


43 


18 — 


51 


20 — 


66 


22 — 

24 — 


83 
97 


26 — 


112 


28 — 


113 


30 — 


153 


l«f août 


165 


3 — 


213 


8 — 


272 


11 — 


323 


15 — 


382 


19 — 


440 


22 — 


500 


25 — 


570 


29 — 

l*' septembre 

8 — 


635 

702 
867 


15 — 


1.070 


22 — 


1.262 


29 — 


1.410 


6 octobre 


1.630 


13 — 


1.847 


20 — 


1.916 


27 — 


2.047 


3 novembre 


2.170 



306 



F. HOUSSAY 



DATES 



1901. 



1905. 



10 novembre . 
17 — 
24 — 

1^'' décembre. 



15 — 

22 — 
29 — 

5 janvier 
12 — 
19 — 
26 — 
2 février 
9 — 
17 — 

23 — 

2 mars. . 



avril 



16 
23 
30 

6 

13 — .. 

20 — .. 

27 — .. 

l mai. . . 

11 — .. . 

18 — ... 

25 — . . . 

1" juin . 

8 — . 

15 — . 

22 — . 

29 — 

6 juillet. 



août 



13 

20 
27 
3 

10 — 

17 — 

25 — 

30 — 

7 septembre 

14 — 

21 — 

30 — 

5 octobre 

12 — 

19 — 

26 — 

2 novembre 



Jours 
(le 
vie 



160 
167 
174 
181 
188 
195 
202 
209 
216 
223 
230 
237 
244 
251 
259 
265 
272 
279 
286 
293 
300 
307 
314 
321 
328 
335 
342 
349 
356 
363 
370 
377 
384 
391 
398 
405 
412 
419 
426 
433 
440 
448 
453 
461 
468 
475 
484 
489 
496 
503 
510 
517 



1.718 
1.831 
1.830 
1.876 

2.007 
2.062 
2.135 
2.122 
2.156 
2.189 
2.275 
2.290 
2.336 
2.410 
2.414 
2.441 
2.342 
2.385 
2.340 
2.309 
2.413 
2.381 
2.320 
2.331 
2.524 
2.332 
2 . 352 
2.363 
2.500 
2.462 
2.445 
2.360 
2 . 3î>7 
2.279 
2.363 
2.425 
2.345 
2.425 
.172 
.187 
.212 
.176 
.210 
2.233 
2.227 
2.195 
2.180 
2.182 
2.243 



.677 
.735 
.780 
.994 

155 
111 
133 
057 
118 
150 
193 
197 
324 
436 
431 
322 
307 
250 
222 
320 
266 
210 
188 
185 
292 
268 
297 
200 
277 
369 
377 
315 
337 
333 
360 
300 
282 
295 
274 
327 
275 
310 
324 
305 
270 
220 
348 
407 
505 
642 
503 



Jours 
(le 
vie 



120 
127 
134 
141 
148 
155 



2.157 
2.286 
2.420 
2.146 

2.056 



VARIATIONS EXPERIMENTALES 



307 



Appendice au Chapitre III 



DOSAGE DE L AZOTE DES EXCRETA SOLUBLES 



DATES 


Jours de vie 


CEXTLMÉTRES CIBES D'AZOTE 
par jour et par kilog'. 


Granivores 


Premières Carnivores 


1901. 4 avril 

19 — 


254 
269 
290 
314 
342 
371 
384 
405 
419 
434 
483 


22 ce 69 

23 06 
10 41 
27 90 
15 25 
23 43 
13 39 
21 95 
20 70 
33 48 
36 08 


43 ce 24 
74 40 




53 57 


3 juin 

1" juillet 

29 — 

12 août 


37 57 
31 99 

7 81 

38 31 


2 septembre 

16 — 

1" octobre 

19 novembre 


59 15 

46 50 

178 19 

66 96 



EXCRETA DE LA SECONDE GÉNÉRATION CARNIVORE (1) 







CENTIMÈTRES CUBES D'AZOTE 




Jours de vie 


par jour et par kilog 


DATES 










Série ce 


Série p 


1901. 2 septembre 


53 


5S ce 03 


58 ce 03 


16 — 


67 


85 19 


85 19 


!"■ octobre 


82 


58 79 


58 79 


19 novembre 


131 


86 30 


86 30 


18 décembre 


160 


69 19 


78 49 


31 — 


173 


59 89 


77 75 


1902. 14 janvier 


187 


52' 45 


67 33 


27 — 


200 
215 


54 31 
45 38 


70 31 


11 lévrier 


59 15 


25 — 


229 


52 84 


66 22 




244 

257 


55 06 
57 29 


68 82 


25 — 


51 71 


8 avril 


271 


62 12 


55 80 


22 — 


285 


55 43 


67 33 



(1) Jusqu'au 19 novembre, tous les poulets étaient ensemble et on n"a pas distinj^ué entre 
leurs excréta. 



308 



F. HOUSSAY 



■ 




CENTIMÉTUES CURP^S D'AZOTE 






par jour et par kiloff 


DATES 


Jours de vie 





~ 






Série OC 


Série [3 


6 niai 


300 
314 
328 


62 87 
40 18 
45 38 


53 20 


20 — 


38 69 


3 juin 


52 08 


18 


343 
356 


52 08 
49 10 


50 22 


1"' juillet 


40 55 


16 — 


371 
384 
398 
409 


42 04 
52 45 
45 01 
68 45 


35 34 


29 — 


43 52 


12 août 


43 52 


23 — 


59 89 


12 septembre 


429 


72 54 


66 96 


30 — 


447 


76 63 


76 63 


14 octobre 


461 


53 20 


87 79 


30 — 


476 


47 62 


87 79 



EXCRETA DE LA TROISIÈME GÉNÉRATION CARNIVORE 







CENTIMÈTRES < 


l'BES D' AZOTE 




Jours de vie 


par jour e 


par kilog' 


DATES 










Série OC 


Série p 


1902. 19 novembre 


149 


63 ce 61 


59 ce 36 


25 — 


155 


57 29 


60 64 


3 décembre 


163 


79 61 


83 70 


1903 . 2 janvier 


193 


42 41 


58 03 


15 — 


206 
220 


68 82 
66 22 


78 12 


29 — 


75 89 


12 février 


234 


51 71 


71 80 


25 — 


247 


46 50 


43 90 




263 
277 
291 
304 


52 46 

49 4S 
57 29 
60 26 


84 82 


27 — 


84 07 


10 avril 


61 01 


23 — 


55 06 




319 
333 
347 


59 52 
54 31 
37 20 


72 17 


22 — 


70 31 


5 juin 


50 59 


19 — 


361 


55 06 


72 17 


3 iuillpt 


375 


59 52 


63 98 


16 — 


388 
403 


57 66 
50 22 


60 26 


31 — 


39 80 


14 août 


417 
431 
445 


26 41 
59 89 
44 27 


33 11 


28 — 


45 38 


11 ««eptembre 


66 59 


25 — 


459 


50 59 


63 24 


9 octobre 


473 


82 21 


56 92 



VARIATIONS EXPERIMENTALES 



3Ô9 



EXCRETA DE LA QUATRIÈME GÉNÉRATION CARNIVORE 







CENTIMÈTRES 


CUBES DAZÛTE 


DATES 


Jours de vie (1) 










par joui- et 


par kilo^. 


1903. 29 octobre 


128 


101 ce 18 


13 novembre 


143 


80 


72 


27 — 


157 


127 


22 


10 décembre 


170 


82 


58 


24 — 


184 


92 


26 


1904. 7 janvier 


198 


69 


19 


21 — 


212 
226 
241 
261 


67 
82 
67 
90 


70 




96 


19 — 


70 


10 mars 


40 


24 — 


274 

288 


115 

82 


32 


7 avril 


21 


21 — 


302 
316 


103 

79 


42 


5 mai 


24 


19 — 


330 
341 


88 
58 


54 


3 juin 


40 


17 — 


355 
368 
382 


68 
71 
56 


45 


30 — 


05 


14 juillet 


92 


28 — 


396 
410 
423 
437 


55 
40 
09 
56 


80 


11 août 


92 


25 — 


94 


8 septembre 


17 


22 — 


451 


99 


70 


6 octobre 


465 


51 


71 



(1) Les animaux n'étant pas nés le même jour, ces nombres représentent l'âge moyen des 
animaux vivants au jour de l'expérience. — L'écart maximum est de 5 jours. 



310 



F. HOUSSAY 



EXCRETA DE LA CINQUIÈME GÉNÉRATION CARNIVORE 



DATES 



27 octobre . . 

11 novembre 
25 — 

9 décembre 
23 — 
6 janvier 

20 — 

3 février 
17 — 

3 mars . 
17 — . 

1" avril 
14 — 

28 — 

12 mai . . 
.26 — . . 

9 juin . . 
23 — . 
6 juillet 

21 — 
août. . 



septembre 



4 
18 

1' 

15 — 

29 — 

12 octobre 



Jours de vie 



146 
161 
175 
189 
203 
217 
231 
245 
259 
273 
287 
301 
315 
329 
343 
357 
371 
385 
398 
413 
427 
441 
455 
469 
483 
496 



CENTIMÈTRES CUBES D'AZOTE 
par jour et par Itilog'. 



85 ce 


93 


53 


57 


75 


14 


82 


21 


55 


43 


67 


70 


64 


36 


27 


53 


66 


96 


42 


04 


58 


78 


79 


98 


48 


36 


42 


04 


69 


94 


75 


89 


50 


59 


34 


97 


31 


25 


47 


99 


58 


40 


53 


57 


50 


22 


48 


36 


50 


96 


60 


64 



VARIATIONS EXPERIMENTALES 



3H 



Appendice à divers Chapitres 



DONNÉES ANATOMIQUES 

• MESURES ORGANIQUES DE LA GÉNÉRATION GRANIVORE 
ET DE LA PREMIÈRE GÉNÉRATION CARNIVORE 



Désignation des Animaux 


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Ho 


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I. 


III 


111. 


Ag'e en Jours 


189 


4IS5 


488 


490 


491 


492 


Sexe 


Mâle 


Femelle 


Femelle 


Mâle 


Femelle 


Femelle 


Poids le jour de la mort 


2.485 g. 


1.411 g. 


2.246 g. 


2.405 g. 


1.483g. 


1.790g. 




85 5 


82 


73 53 


93 


64 


79 


Plumes 


167 5 


93 2 


127 


167 5 


97 5 


110 5 


Graisse 


203 

56 ";„ 


176 75 


92 10 

54 ";„ 


200 

45 ""„ 


36 2 

35 ™; 


175 


Longueur du JABOT. . . 


35 "1;, 


Largeur — 


55 


" 


47 


39 


35 


30 


Jauge à l'eau — 


261 ce 


" 


275 ce 


98 ce 


46 ce 


84 ce 


— au mercure — 


354 


» 


354 


130 


112 


135 


Poids du CŒUR 


12 g. 45 


5g. 5 


7 g. 3 


11 g. 8 


8 g. 54 


8 g. 8 


— du FOIE 


33 15 


38 2 


45 18 


33 1 


39 65 


38 85 


— de la RATE 


2 07 


1 


1 7 


2 31 


1 76 


2 3 


Long. (Dde l'INTESTIN 


1 780 ";„ 


1 . 700 ";„ 


1.980 ";, 


1 . 560 ■"„ 


1.370 "■„, 


1.600 ";„ 


— du PANCRÉAS.. 


125 


110 


130 


125 


112 


123 


Largeur du PANCRÉAS . 


10 


9 


8 


7 


8 


8 


Poids — 


4 g. 05 


2 g. 95 


3 g. 73 


2g. 15 


2 g. 69 


3g. 85 


Poids de l'ESTOMAC... 


59 35 


43 5 


66 6 


27 07 


28 35 


52 85 


— du GÉSIER 


54 45 


37 26 


59 3 


21 85 


21 15 


43 9 


Grand axe du GÉSIER. 


64 ";„ 


60 ";„ 


73 ";„ 


49 ";„ 


50 ";„ 


61 ";„ 


Petit axe — 


48 


50 


55 


44 


41 


48 


Epaisseur — 


25 


21 


38 


21 


» 


19 


Longueur d'un GjECUM. 


195 


165 


200 


122 


145 


130 


Poids lies 2 TESTICULES 


13 g. 75 


» 


» 


13 g. 75 


» 


» 


— de l'OVAIRE . . .r 


» 


24 g. 7 


43 g. 7 


» 


6 g. 93 


20 g. 2 


Longueur du REIN .... 


78 "•„, 


62 "'„, 


70 '"„; 


70 ■"„; 


78 ■"„, 


78 "■„ 


Largeur — 


12 


16 


15 


14 


16 


16 


Poids des 2 — .... 


11 g. 95 


8 g. 65 


9 g. 25 


11g. 1 


14 g. 75 


12 g. 9 


— des 2 POUMONS . 


8 70 


» 


6 76 


10 


» 


7 13 


SQUELETTE 


130 25 


67 02 


101 60 


126 11 


66 3 


85 3 


PONTE 




6k. 671 


4 k. 049 




10 k. 195 


7 k 154 







(1) Cette longueur est toujours prise au-dessous du Jabot. 



31^ 



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VARIATIONS EXPERIMENTALES 



313 



MESURES ORGANIQUES DE LA TROISIÈME 
GÉNÉRATION CARNIVORE 



Désig'iiation des Animaux 



Ag'e en Jours. 



Sexe . 



Poids le jour de la mort. . . . 

Sang 

Plumes 

Graisse 

Longueur du JABOT 

Largeur — 

Jauge à l'eau — 

— au mercure — 

Poids du CŒUR 

— FOIE 

— de la RATE 

Longueur de l'INTESTIN. 

— du PANCRÉAS 
Largeur • — 
Poids — 

— del'ESTOMAC 

— du GÉSIER 

Grand axe du GÉSIER . . 
Petit axe — 

Epaisseur — 

Longueur d'u" C^CUM. . . 
Poids des 2 TESTICULES. 

— del'OVAIRE 

Longueur du REIN 

Largeur — 

Poids des 2 — 

— POUMONS 

SQUELErTB: 

PONTE 



Mâle 



.885 g. 
32 
105 


50 /m 

52 

88 ce 

114 

10g. 

50 

1 

.220 "■„, 



24 g. 
18 

49 ";„ 
41 
15 
100 
3g. 

90 ■"„, 
15 

21g. 
18 
162 



Femelle 



.395 g. 
54 

108 
14 85 
38 % 
33 

51 ce 
67 

5 g- 
32 



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Femelle 



.480 ";„ 

102 

10 

3 g. 3 
30 61 
24 58 

50 ";,. 

40 

26 

122 

Ig. 32 
70 "L, 
13 

^ 12 g. 40 
7 28 
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7 k. 616 



IVs 



.437 g. 

51 

116 

29 

34 "'„ 
34 

51 ce 
65 

5 g. 65 
39 54 

2 19 
.570 ";„ 
120 

2 g. 54 

33 28 
26 

50 ";, 

45 

28 

113 

2g 
72 '", 
15 
13 g. 60 

6 18 
77 

9 k. 614 



.500 g. 
124 
133 


60 '"„, 
48 

85 ce 
107 
12g. 
66 
2 

.060 ";„ 

155 
14 

5 g. 
53 
41 

55 "„; 

50 
30 
170 
4g. 

92 Z 
20 

23 g. 
12 
179 



Femelle 



67 



1.706g. 

84 
122 

12 

37 "i. 

36 

94 ce 
115 

7 g. 70 

51 65 

2 66 
1 . 770 ""ii 

112 
10 

3 g. 27 
36 95 
29 94 
54 "L, 
42 

30 
126 

2 g. 33 
82 "V 
15 

17 g. 90 
7 91 
101 
8 k,048 



AHCH. DE ZOOL. EXP. ET GÉN. 4^ SERIE. — T. VI. 



(V). 



314 



F. HOLÎSSAY 



MESURES ORGANIQUES DE LA QUATRIÈME 
GÉNÉRATION CARNIVORE 



Désignation des Animaux , 



Açe en Jours. 



Sexe 



Poids le jour de la mort 2 , 

Sang 

Plumes 

Graisse 

Longueur du JABOT 

Largeur — 

Jauge à l'eau — 

Jauge au mercure du JABOT. . . . 

Poids du CŒUB 

— du FOIE 

— de la BATE 

Longueur de ITNTESTIN 

— du PANCBÉAS 

Largeur — 

Poids — 

— de l'ESTOMAC 

— du GÉSIEB 

Grand axe du GÉSIEB 

Petit axe — 

Epaisseur — 

Longueur d'un C^CUM 

Poids des 2 TESTICULES 

— del'OVAIRE 

Longueur du BEIN 

Largeur — 

Poids des 2 — 

— des 2 POUMONS 

SQUELETTE 

PONTE 



Mâle 



735 g. 
167 
118 


43 "■„ 

42 

67 ce 

81 

15 g. 59 

60 30 

4 60 
930 "'„, 
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15 

5 g. 97 
59 15 
52 07 
64 "•„, 
50 

30 

40 g. 75 

85 ?„ 
15 

18 g. 75 
10 60 
180 



Ih 



Mâle 



.127g. 
93 
147 


80 '■;„ 

65 
157 ce 
160 

8 g. 58 
62 44 
3 23 
.600 "'„ 
135 
8 

3 g. 48 
37 76 
30 05 

55 rin 

45 



Ig 9 



18 I 
8 
185 



iVi 




148 


Mâle 


1.592g. 




54 




117 









63 ■"„ 




63 




133 ce 




140 




9g. 


40 


59 


90 


1 


94 


2.000 Z 




120 




12 




5g. 


34 


43 




36 


15 


53 Z 




48 




30 




160 




Og. 


40 


92% 




10 




18p. 


20 


8 


03 


93 


5 



\i 




478 


Femel 


e 


1.942g. 




98 




149 




35 


42 


50 Z 




45 




88 ce 




90 




9g. 


42 


48 


17 


3 


14 


1.840 ™ 




115 




11 




3 g. 


76 


43 


72 


35 


79 


63 Z 




45 




35 




150 




Ig. 


75 


85 Z 




23 




18 g. 


62 


9 


41 


107 




8 k. 432 1 



Vlli 



478 



Mâle 



3.561g. 
17 
2U 

89 55 

55 Z 

55 
139 ce 
140 

18 g. 07 

67 85 

4 83 
2.350 Z 

167 
10 

5 g. 88 
52 63 
42 19 



60 Z 
45 
30 
180 
16 g. 76 

85% 
15 

22 g. 49 
26 25 
206 



VARIATIONS EXPÈRIMEiNTALËS 



315 



MESURES ORGANIQUES DE LA CINQUIÈME 
GÉNÉRATION CARNIVORE 



Désig-aation des Animaux. 



Age en Jours. 



Poids le jour de la mort 

Sang 

Plumes 

Graisse 

Longueur du JABOT 

Largeur — 

Jauge à l'eau — 

Jauge an mercure du JABOT . 

Poids du CŒUR 

'■ — du FOIE 

— de la RATE 

Longueur de l'INTESTIN . . 

— du PANCRÉAS 

Largeur — • ■ • ■ 

Poids — • • ■ • 

— de l'ESTOMAC 

— du GÉSIER 

Grand axe du GÉSIER 

Petit axe — 

Epaisseur — 

Longueur d'un CAECUM 

Poids des 2 TESTICULES. . . 

— del'OVAIRE 

Longueur du REIN 

Largeur — 

Poids des 2 — 

— des 2 POUMONS 

SQUELETTE 

PONTE 



Femelle 



2.190g. 

100 

116 

125 

42 "■„ 

46 

90 ce 
90 

9g. 14 
49 70 
3 
l."910 '"„, 
125 
15 

4 g. 33 
46 41 
37 
58 
45 
26 
145 



40 



2g 


28 


» 


80 :"„ 




» 


15 




..) 


15 g 


80 


10 g 


7 


74 


7 


19 




53 


6 k. 


101 


» 



-Mâle 



1.059 g. 
42 
51 


43 % 
43 

81 ce 
86 

7 g. 38 
32 24 

67 
1.310 "i. 
90 
10 

2 g. 35 
34 60 
29 
52 ■", 
45 
28 
125 

Og 



17 



11I& 



.Mâle 



3.416g. 
165 
231 
183 

55 X 
45 

191 ce 
210 
15 g. 87 
53 80 
3 01 
1 .920"'„; 
118 
10 

4g. 2 
65 80 

56 65 

75 ""„; 

52 
32 

170 
8 g. 25 

1 
85 Z 
15 

17 g. 77 

18 65 
177 



IV. (1, 



Mâle 



1.965 g. 
85 
136 


50 

95 ce 
109 

14 g. 10 
140 10 
6 39 
2.450 Z 
160 
15 

5 g. 80 
55 68 
45 04 
55 Z 
50 

205 

g. 53 

> 

100 z 

25 

35 g. 48 
12 94 
132 



I • (1) Cet animal est mort d'hypertrophie du foie avec dégénérescence graisseuse. Le dévelop- 
pement de tous ses organes digestifs et de ses reins est extraordinaire. 



316 



F. IIOUSSAY 



RAPPORTS ORGANIQUES A 100 GR. DE POIDS TOTAL 

DANS LA GÉNÉRATION GRANIVORE 

ET LA PREMIÈRE GÉNÉRATION CARNIVORE 



ORGANES 


lo 


Ilo 


Illo 


II 


IIi 


llli 


Poids avant la mue .... 


2.544 gr. 


1.354 S' !■■ 


1.917 g-i-. 


2.458 g'' 


1 . 907 «'■ 


1.959«i'- 




3,36 
10.26 


6.05 


3,83 
14,34 


3,78 
3,99 


3,35 
2,41 


4.03 


Jabot jaugé à l'eau 


4.28 


— jaugé au mercure 


13,91 


» 


18.46 


5,29 


5.87 


6,89 


Cœur 


0,49 


0.40 


0. 38 


0,48 


0.45 


0,45 


Foie 


1,30 


2,82 


2.35 


1,34 


2,08 


1, 98 


Rate 


0,08 


0,07 


0, 09 


0,09 


0,09 


0, 12 


Long. Intestin 


69,97 


125.55 


103.03 


63. 46 


71,84 


81,67 


Pancréas 


0. 16 


0. 21 


0. 19 


0.09 


0, 14 


0, 19 


Gésier 


2, 14 


2,75 


3.09 


0.89 


1, 11 


2, 24 


Cœcum 


7,66 


12, 18 


10. 43 


4.96 


7,60 


6,63 


2 Reins 


0,47 
0, 34 


0,63 


0.48 
0, 35 


0, 45 
0,40 


0, 77 


0, 66 


2 Poumons 


0. 36 



RAPPORTS ORGANIQLTES A 100 GR. DE POIDS TOTAL 
DANS LA SECONDE GÉNÉRATION CARNIVORE 



ORGANES 



Poids avant la mue .... 

Sang 

Jabot jaugé à l'eau .... 
— jaugé au mercure 

Cœur 

Foie 

R ate 

Long, intestin 

Pancréas 

Gésier 

Csecum 

2 Reins 

2 Poumons 



2.800 gr 

3,57 

2,32 

4,85 

0, 43 

1.57 

0,09 
60.71 

0, 13 

0,91 

5,36 

0,51 

0. 38 



1.912S 
3,92 
2,45 
4, 23 
0,35 
1,95 
0.09 

83. 68 

0. 11 

1, 23 
6,27 
0,78 
0, 33 



IV2 



2.014gT. 

3, 22 

3, 02 

5,31 

0, 28 

2,24 

0, 12 
73. 48 

0. 13 
1.09 
6, 08 

1, 02 
0,28 



\U 



905 gr 
,75 

68 
, 51 

49 

72 
.08 

40 

13 

05 
, 47 
, 53 
,51 



Vlh 



1.905 ^,'1'. 

3,51 

3, 99 

5,87 

0, 35 

1.95 

0. 10 
80, 31 

0, 16 

1, 58 
6, 32 
0, 81 
0. 35 



(') 



0, 39 

3. 09 

0. 19 

90. 42 

0, 16 

1. 19 
9, 22 
1. 25 
0,95 



(1) Poule malade morte d'une tumeur de l'oviducte. 



VARIATIONS EXPERIMENTALES 



317 



RAPPORTS ORGANIQUES A 100 GR. DE POIDS TOTAL 
DANS LA TROISIÈME GÉNÉRATION CARNIVORE 



ORGANES 


i, 


'I:. 


III, 


IV., 


VIII3 


Poids avant la mue 


2 . 700 ■■^r. 

3, 26 
4.22 

0. 38 

2.07 

0,05 

45, 18 

0, 68 
3,70 
0,80 
0,69 


i.yooyr. 

2, 84 
2,68 
3,52 
0,29 
1, 71 
0, 11 
77,89 
0, 17 
1,29 
6,44 
0,65 
0,38 


1.860!?'r. 

2, 76 
2,74 

3, 49 
0.30 
2, 12 
0, 11 

84,40 

0, 13 

1, 43 
6,07 
0, 73 
0,33 


3.100RT. 
4 

2, 74 

3, 45 
0, 41 
2, 14 
0,09 

66, 45 
0,17 
1.34 
5, 48 
0,75 
0,39 


2.243 i;r. 


Sang 


3, 74 


Jabot jaugé à l'eau 


4, 19 


— jaugé au mercure 

Cœur 


5, 12 
0, 34 


Foie 


2, 30 


Rate 


0. 11 


Long, intestin 

Pancréas 

Gésier 


78,91 

0, 14 

1. 33 


Caecum 

2 Reins 


5,61 
0, 79 


2 Poumons 


0,35 



RAPPORTS ORGANIQUES A 100 GR. DE POIDS TOTAL DANS LES 
QUATRIÈME ET CINQUIÈME GÉNÉRATIONS CARNIVORES. 



ORGANES 



Poids avant la mue .... 

Sang 

Jabot jaugé à l'eau .... 
— jaugé au mercure. 

Cœur 

Rate 

Foie 

Long, intestin 

Pancréas 

Gésier 

Caecum. 

2 Reins 

2 Poumons 



I', 


"'. 


2.735gT. 


2.127i;i- 


6.10 


4,35 


2,45 


7,38 


2.96 


7,52 


0,57 


0.40 


2, 20 


2, 93 


0,17 


0, 16 


70, 56 


75,22 


0,21 


0,16 


1,90 


1,41 


0,68 


0,87 


0,38 


0,69 




3.650i;r. 
4,52 
5, 23 
5,75 

0, 43 

1, 46 
0,08 

52, 60 
0,32 
1,55 
4, 65 
0, 48 
0, 51 



3i8 



F. HOUSSAY 



RAPPORTS ORGANIQUES A 100 GR. DE POIDS ACTIF 
DANS LA GÉNÉRATION GRANIVORE ET LA PREMIÈRE CARNIVORE 



ORGANES 



Poids actif 

Sang 

Jabot jaugé à l'eau. . . . 
— jaugé au mercure 

Cœur 

Foie 

Rate 

Long, intestin 

Pancréas 

Gésier 

Caecum 

2 Reins 

2 Poumons 



984 g-r. 
31 
15 
84 
62 
67 
10 
71 
20 
74 
83 
60 
44 



IIo 



1.074! 
7,63 



0.51 
3,55 
0,09 
158,28 
0,27 
3,47 
15.36 
0.80 



IIlo 



1.925S-I 
3.82 

14,28 

18, 39 
0, 38 
2,34 
0,08 
102, 85 
0,19 
3,08 

10. 39 
0.48 
0,35 



1 . 935 «■' 

4,80 

5,06 

6, 71 

0,61 

1, 71 

0, 12 
80,62 

0,11 

1,13 

6,30 

0, 57 

0,51 



Ih 



1 . 283 ni 
4, 98 
3,58 
8,73 
0, 66 
3,09 
0, 13 
106, 78 
0,21 
1,64 
11,30 
1,15 



llll 



1.412KT. 
5,59 
3,26 
7,93 
0,62 
2,75 
0, 16 
113,31 
0,27 
3,10 
9,20 
0,91 
0,50 



RAPPORTS ORGANIQUES A 100 GR. DE POIDS ACTIF 
DANS LA SECONDE GÉNÉRATION CARNIVORE 



OHGANES 



Poids actif 

Sang 

Jabot jaugé à l'eau . . . . 
— jaugé au mercure 

Cœur 

Foie 

Rate 

Long, intestin 

Pancréas 

Gésier 

Caecum 

2 Reins 

2 Poumons 



30 Kl' 

48 

91 

10 

54 

96 

12 

23 

16 

19 

72 

64 



II 2 



1.226j;i- 
6, 11 
3, 83 
6, 60 
0, 54 
3, 05 
0, 15 
130, 50 

0, 18 

1, 91 
9. 78 
1,22 
0, 52 



1V2 



1.2 
5. 
4, 
8. 
0. 
3, 
0, 
120, 
0, 
1, 
9. 
1. 




33 y 1' 

27 

94 

67 

46 

66 

19 

03 

20 

79 

93 

66 

46 



2.280 1; 

4. 78 
3,44 
5.74 
0. 62 
2. 20 
0. 11 

83, 33 
0. 16 
1.34 

5, 70 
0,67 
0,65 



Vils 



i.356y:i-. 

4, 94 

5. 60 

8. 26 
0, 49 
2,75 

0. 14 
12, 83 

0,23 
2,22 

9. 22 

1. 14 
0, 50 



VI1I2 



0,43 
3,48 
0,22 
102 
0,18 
1,34 
10, 40 
1,41 



VAR I ATIONS EXPERIMKNTA LES 



319 



RAPPORTS ORGANIQUES A 100 GR. DE POIDS ACTIF 
DANS LA TROISIÈME GÉNÉRATION CARNIVORE 



ORGANES 


I3 


Ils 


1113 


IV3 


VIII3 


Poids actif 


1.618çr. 

5,43 
7,04 
0, 63 
3,46 

0, 09 
75,40 

1,14 
6, 18 
1,34 

1, 16 


1.191 «T. 

4, 53 

4,28 
5,62 
0,46 
2, 73 
0, 18 
124, 26 
0, 27 
2,06 
10,28 
1,04 
0,61 


1.214gr. 

4, 24 
4,20 

5, 35 
0.46 
3, 25 
0, 18 

129, 32 

0, 21 
2, 19 
9,30 

1, 12 
0,51 


2.188err. 
5, 66 
3,88 
4,89 
0,58 
3,03 
0, 12 
94, 15 
0, 24 
1,90 
7, 77 
1,06 
0, 55 


1.483gT. 
5, 66 


Jabot jaugé à l'eau 

— jaugé au mercure 


6, 33 
7.80 
0,5 


Foie 


3, 18 


Rate 


0, 17 




119,35 




0, 22 


Gésier 


2.01 
8.49 




1,20 




0,53 







RAPPORTS ORGANIQUES A 100 GR. DE POIDS ACTIF 
DANS LES QUATRIÈME ET CINQUIÈME GÉNÉRATIONS CARNIVORES 



ORGANES 



Poids actif 

Sang 

Jabot jaugé à l'eau . . . . 
— jaugé au mercure. 

Cœur 

Foie 

Rate 

Long, intestin 

Pancréas 

Gésier 

Caecum . . . . 

2 Reins 

2 Poumons 



2.437 8r 

6,85 

2,75 

3, 32 

0,64 

2,47 

0,19 
79, 19 

0,24 

2, 13 

0,77 
0, 43 



Ht 



1.795 8 
5, 17 
8, 74 
8, 91 
0, 47 
3, 48 
0, 18 

89, 13 
0, 19 
1,70 

1,03 

0, 48 



\l 



1.651 e:r 
5, 99 
5,33 
5, 45 
0,57 
2,91 

0, 19 
111, 44 

0,22 
2, 16 
9,08 

1, 12 
0,57 



VII t 



3048 gr 
5, 58 
4,56 

4, 59 
0, 59 
2 22 
0, 15 
77, 10 

0, 19 

1, 38 

5, 90 
0, 73 
0,86 



l5 


III5 


i.ssggT 


2.819gT. 


5,43 


5.85 


4,89 


6, 77 


4,89 


7.44 


0,49 


0.56 


2,70 


1, 89 


0, 16 


10 


103, 86 


68, 10 


0,23 


15 


2,03 


2,01 


7,88 


6.03 


0,86 


0,63 


0,42 


0,66 



320 



F. HOUSSAY 
Appendice aux Chapitres VI et VII 



DATES ET POIDS DES ŒUFS DANS LA GÉNÉRATION GRANIVORE ET 
LA PREMIÈRE CARNIVORE (1) 



DATES 


-? 


Un 


IIIo 
içr. 


IIi 


llli 

gr. 


DATES 


226 


Ilo 
gr- 


IIIo 

gr- 


IIl 

gr- 
57 


Illi 


1901 


gr. 


7 


mars • 


gr 
54,7 


24 janvier 


184 


44 








8 


— 


227 


52 








26 — 


185 


47 








9 


— 


228 


50 




56, 4 


56,2 


26 — 


186 




- 






10 


— 


229 










27 — 


187 










11 


— 


230 


53,5 




54.2 


56, 1 


28 — 


188 


44 








12 


— 


231 








53 


29 — 


189 










13 


— 


232 


55,3 








30 — 


190 


46, 5 








14 


— 


233 


51 






47,5 


31 — 


191 


46 








15 


— 


234 






51 




1" février 


192 










16 


— 


235 


55,9 






51 


2 — 


193 


46 








17 


— 


236 


52, 5 




51 




3 — 


194 










18 


-^ 


237 






53,3 




4 — 


195 


47 








19 


— 


238 


54.8 




76 




5 — 


196 










20 


— 


239 


52, 1 






48 


6 — 


197 


46, 5 








21 


— 


240 










7 — 


198 










22 


— 


241 








54 


8 — 


199 


47 








23 


— 


242 


53,3 








9 — 


200 










24 


— 


243 


53,8 




51.5 


54, 5 


10 - 


201 










25 


— 


244 






54,8 




11 — 


202 


48,7 






49 


26 


— 


245 


55, 7 






57 


12 — 


203 


49 






50 


27 


— 


246 


54, 4 








13 — 


204 










28 


— 


247 




59, 5 




53 


14 — 


205 


49, 4 








29 


— 


248 


55, 5 




58. 8 




15 — 


206 


49 






54,5 


30 


— 


249 


52,6 




57 


57 


16 — 


207 








50 


31 


— 


250 






56, 5 


57.5 


17 — 


208 










1« 


avril 


251 


56, 3 


58.5 


57 




18 — 


209 


50,8 








2 


— 


252 


53 








19 — 


210 










3 


— 


253 






58,5 




20 — 


211 










4 


— 


254 


54 




55.5 


58,6 


21 — 


212 


51, 3 






mou 


5 


— 


255 


66 






52,7 


22 — 


213 










6 


— 


256 




60, 5 


59.9 




23 — 


214 


51,8 






mou 


7 


— 


257 


65,7 


59,5 


54 


55 


24 — 


215 


49, 9 








8 


— 


258 


54 




57,3 




25 — 


216 








52,5 


9 


— 


259 


56,2 




57 




26 — 


217 


51,5 








10 


— 


260 


54,9 


ô*», 2 


57,5 


58, 7 


27 — 


218 






50,5 




11 


— 


261 




60, 5 






28 — 


219 






50,7 


53,7 


12 


— 


262 


67,1 


61,4 


60 


54,8 


1'^ mars 


220 


51, 7 




50.9 




13 


— 


263 


56,2 




62,2 




2 — 


221 








52, 4 


14 


— 


264 


53.8 


51,5 


55,2 




3 — 


222 


52,2 




51,9 




15 


— 


265 






57,5 




4 — 


223 






52 


51, 9 


16 


— 


266 


57,5 


58,5 


59,5 


56 


5 — 


224 


55, 1 








17 


— 


267 


54 


60,5 






6 — 


225 


49,9 




56 


54 


18 


- 


268 






60,5 





(0 Dans tous les tableaux suivants, le signe X représente un œuf mangé, l'indication mou 
s'applique à un œuf sans coquille. 



VARIATIONS EXPÉRIMENTALES 



321 



269 

270 

271 

272 

273 

274 

275 

276 

277 

278 

279 

280 

281 

282 

283 

284 

285 

286 

287 

288 

289 

290 

291 

292 

293 

294 

295 

296 

297 

298 

299 

300 

301 

302 

303 

304 

305 

306 

307 

308 

309 

310 

311 

312 

313 

314 

315 

316 

317 

318 

319 

320 



gr. 
57,5 

53 
56 
54,5 

58 
53, 2 



55 
55 
53 

54.2 

52 

55, 3 
53,5 
52 

56, 5 

53,5 
55, 5 



56,5 
54, 5 

56, 5 
54, 5 

56 

53. 3 
52,5 

57 
53, 5 

57 
55 
54 

56 

51,2 

50 

56,8 

53 

50 



57, 5 
56,8 

57, 5 
53.5 
56,5 

58,5 

58,5 

61,5 

58 

57,5 

61 

60 

60 
57, 5 



64 
61,5 

61 

57 

61 
60,5 

61, 5 

60, 5 
57,5 



m, 



58 

57,9 

57 

58 

59.8 

58,5 

57 

57,2 

56,2 

58,8 

91,4 

57 

57 

56,2 

50 



57 
56,5 

59, 5 
55,5 
55,5 

55,5 
56, 5 

58, 5 

59,5 

58,5 
56, 5 
58, 5 

61,2 
59 
57 
57 
54. 5 

60. 3 

56, 5 
57 
60 
61 

58.8 
56,8 
55,8 

60 

61,8 



gr- 
50. 5 



80. 5 

55 

55 

61,3 
55 

89 
57,5 

56 

58 

58 
43 

56,7 
57 

57,2 
40 

88 
56 

59 

58,0 
58 
55 
53, 5 



61 

54, 5 
57,5 
55 



63 

64, 8 
56 

58,5 

62 
62,3 



DATKS 



juillet. 



10 juin 

11 — 

12 — 

13 — 

14 — 

15 — 

16 — 

17 — 

18 — 

19 — 

20 — 

21 — 

22 — 

23 — 

24 — 

25 — 

26 — 

27 — 

28 — 

29 — 

30 — 
1" 
2 
3 
4 
5 
6 
7 



321 

322 

323 

324 

325 

326 

327 

328 

329 

330 

331 

332 

333 

334 

335 

336 

337 

338 

339 

340 

341 

342 

343 

344 

345 

346 

347 

348 

349 

350 

351 

352 

353 

354 

355 

356 

357 

358 

359 

360 

361 

362 

363 

364 

365 

366 

367 

368 

369 

370 

371 

372 



gr. 
52 



53,2 
50,2 

50,5 

50, 7 

50, 7 

50 

50,5 

54 
49,3 

51 

50, 5 

5:i, 5 
54 
54, 3 

55 

50 

51 

53, 3 
52 
52 

51, 5 
47 



in„ 



57.7 



gr. 

58. 4 

56,5 
59,2 
57,7 

58,5 

62,6 

59,2 

58 

58,3 

58,8 

56,5 



58, 5 

53,8 

56 

57,7 

58,3 



61, 3 
60 
53 
52 



m 



60, 2 
91,5 

57,3 
60, 3 

63,2 
58,2 
58, 4 
56,2 

62, 5 

63,5 



56, 5 


56,5 


56,5 


56.3 


52,2 


57,7 


60 


58 


57 


55 


60 


58,5 


56 


57,5 


60 


58.3 



61,3 
56,5 

62 
61, 3 

64,5 
63,5 
59,8 

60 

58 
57 

60,5 

58,5 

60, 5 
58,5 



322 



F. HOUSSAY 



DATES 



Ilo lllo 111 



1" août 


373 


2 — 


374 


3 — 


375 


4 — 


376 


5 — 


377 


6 — 


378 


7 — 


379 


S — 


380 


9 — 


381 


10 — 


382 


11 — 


383 


12 — 


384 


13 — 


385 


14 — 


386 


15 — 


387 


16 — 


388 


17 — 


389 


18 — 


390 


19 — 


391 


20 — 


392 


21 — 


393 


22 — 


394 


23 — 


395 


24 — 


396 


25 — 


397 


26 — 


398 


27 — 


399 


28 — 


400 


29 — 


401 


30 — 


402 


31 — 


403 


1*' septembre . . 


404 


2 — 


405 


3 — 


406 


4 — 


407 


5 — 


408 


6 — 


409 


7 — 


410 


8 — 


411 


9 — 


412 


10 — 


413 


11 — 


414 


12 — 


415 


13 — 


416 


14 — 


417 


15 — 


418 


16 — 


419 


17 — 


420 



56.5 

58, 7 
58 

62 

50, 3 60 

49, 3 57, 3 

58,2 
56,8 
61 



59 

57,8 
58, 7 
56,8 
62, 5 
58, 3 
56, 3 

56, 3 

57, 5 
57,5 
59 
58 
50 
55, 8 



60 

49, 5 57 

57 



67, 5 



59,5 
60 

50, 5 59, 5 

64 

63, 8 
60 
59 
58 



61 

58, 5 
58 

60, 3 
67 
58.5 



UIl 



gr. 
62 



64,5 

64,8 

60 

60 

60 



58 



DATES 



61, 3 
60,5 



63, 8 
60, 5 



octobre . 



18 septembre. . 

19 — 

20 — 

21 — 

22 — 

23 — 

24 — 

25 — 

26 — 

27 — 

28 — 

29 — 

30 — 
1= 



lIo. — 127 œufs = 6 k. 671 
IIIo. — 67 œufs = 4 k. 049 



RÉSUm 

II,. - 
III, . - 



Ilo 



lllo 



novembre , 



53 



56,5 



54,7 



421 

422 

423 

424 

425 

426 

427 

428 

429 

430 

431 

432 

433 

434 

435 

436 

437 

438 

439 

440 

441 

442 

443 

444 

445 

440 

447 

448 

449 

450 

451 

452 

453 

454 

455 

456 

457 

458 

459 

460 

461 

462 

463 

464 

465 

466 

467 

468 



176 œufs = 10 k. 195 
121 œufs = 7 k. 154 



gr- 
os, 8 



64 

62, 7 
66 
55.5 



63, 5 
65,5 

65,5 
62, 5 
60 



60, 3 



58 
54,5 

55, 

58 

59 

58, 
60,2 

57,8 

58 
58 
58 

61 
61,5 

58,8 
61,5 



VARIATIONS EXPERIMENTALES 



323 



DATES ET POIDS DES ŒUFS DE LA SECONDE GENERATION 

GARNI VOEE 



DATES 



190i 

28 janvier 

29 — 

30 — 

31 — 
jer février 

2 — 

3 — 

4 — 

5 — 

6 — 

7 — 

8 — 

9 — 

10 — 

11 — 

12 — 

13 — 

14 — 
16 — 

16 — 

17 — 

18 — 

19 — 

20 — 

21 — 

22 — 

23 — 

24 — 

25 — 

26 — 

27 — 

28 — 
1" mars . . 

2 — .. 

3 — .. 

4 — .. 

5 — .. 

6 — .. 

7 — .. 

8 — .. 

9 — .. 

10 — . . 

11 — .. 

12 — . . 

13 — .. 

14 — .. 

15 — .. 



201 
202 
203 
204 
205 
206 
207 
208 
209 
210 
211 
212 
213 
214 
215 
216 
217 
218 
219 
220 
221 
222 
223 
224 
225 
226 
227 
228 
229 
230 
231 
232 
233 
234 
235 
236 
237 
238 
239 
240 
241 
242 
243 
244 
245 
246 
247 



IV2 



50,5 
51,8 



52 
52, 5 

53,8 

56, 7 

59,5 
56, 3 
56,5 

68,5 



gr. 



49 



52,3 



60,8 
57,5 

58,5 



54 

55, 5 

55 

59, 5 

58, 7 
60,5 



Vllj 



Vllh 



52 

54,5 

57 



50, 7 
50,5 



56,8 



55 

54, 7 



58 
56, 7 

58 
59 
55 



53,7 



57 
61, 3 



58,5 



avril . 



248 
249 
250 
251 
252 
253 
254 
255 
256 
257 
258 
259 
260 
261 
262 
263 
264 
265 
266 
267 
268 
269 
270 
271 
272 
273 
274 
275 
276 
277 
278 
279 
280 
281 
282 
283 
284 
285 
286 
287 
288 
289 
290 
291 
292 
293 
294 
295 



58 

60 

57,8 

57 

58 

60 

61,3 

60 

58,3 

57 

57 

57,5 

60 

64 

58,5 

58 

58 

64,8 
64 
63, 3 

64 
64 
63, 3 

67,5 
67 



67 
67 
62,5 

67, 7 
65,5 
64 



gr 
55 

60, 5 
56,5 



56 

58 
61 
59 

61 
60,5 

59 

62 

59 

65 

62 

59 

57,5 

60, 7 



57 
62 

55,8 



59 
56 
56 
55,5 

X 

55,5 



62 


60 


X 


62,7 


60 


65, 5 


60.5 


60, 3 


X 


60, 5 




X 


59,8 


57,7 




59 


59,8 


X 


59 


58 


64, 7 


60 


X 


X 


59 




63 


59 


59,8 


X 


57.5 


59,8 




58 


mou 


62,8 


57,3 




65, 5 


58 


58,3 


63, 7 


57 


61,7 


63 


58 


57,3 




58,5 


56 


67, 5 


59 




X 


59 


60 


61 



63, 7 
57, 5 



54, 5 
60 



60, 7 



62 

65, 3 
62. 5 



324 



V. HOUSSAY 



DATES 



10 
11 
12 
13 
14 
15 
16 
17 
18 
19 
20 
21 
22 
23 
24 
25 
26 
27 
28 
29 
30 
31 

1er 

2 

3 

4 

5 

6 

7 

8 

9 
10 
11 
12 
13 
14 
15 
16 
17 
18 
19 
20 
21 
22 
23 



296 

297 

298 

299 

300 

301 

302 

303 

304 

305 

306 

307 

308 

309 

310 

311 

312 

313 

314 

315 

316 

317 

318 

319 

320 

321 

322 

323 

324 

325 

326 

327 

328 

329 

330 

331 

332 

333 

334 

335 

336 

337 

338 

339 

340 

341 

342 

343 

344 

345 

346 

347 



lis 



66 
65 
62, 3 



65,5 
66,7 



68,8 
65 



68, 7 

67 

67 



gr. 

58 

59 

57 

58 

57,8 

57,8 



\3Z, i 

60 



9,5 



70 
69, 5 

66,8 

69 

68 

66,8 

66 

67,8 



66,8 

69, 3 
67,8 
64,5 

64, 3 



62, 3 
62,5 

60 

60, 7 



Vlh 

gr. 
«0, 5 
60 

57,3 
58, 3 
57 



60 

60 

60, 7 

59 

58 

59,3 

57. 7 

64. 3 
62, 8 
59. 3 
57 



Vllh 



DATES 



63 
62 
57 
58, 5 

61, 3 
60 

62,5 

58, 5 
60,5 

59 

59, 8 
60 

62, 5 
61 
60 
60 

60, 8 
58, 5 
57, 5 
57, 3 



64,3 



62 
62 
54 
54 
56 
58 

63, 5 
59 

59. 3 

59,8 
64 

60. 7 
62, 5 
61 

56,3 
56, 8 

61. 5 
57 

59,5 



24 
25 

26 

27 
28 
29 
30 

je) 

2 

3 

4 

5 

6 

7 

8 

9 
10 
11 
12 
13 
14 
15 
16 
17 
18 
19 
20 
21 
22 
23 
24 
25 
26 
27 
28 
29 
30 
31 

1er 

2 
3 

4 

5 

6 

7 

8 

9 

10 

11 

12 

13 

14 



juillet. 



août. 



348 

349 

350 

351 

352 

353 

354 

355 

356 

357 

358 

359 

360 

361 

362 

363 

364 

365 

366 

367 

368 

369 

370 

371 

372 

373 

374 

375 

376 

377 

378 

379 

380 

381 

382 

383 

384 

385 

386 

387 

388 

389 

390 

391 

392 

393 

394 

395 

396 

397 

398 

399 



Ih 



64. 5 



67 
63. 5 



66. 5 
63. 5 
65 



65 

65, 7 
65,5 
65, 7 

68 

71,5 
67, 5 
65 



64, 7 

64, 

63 

63,7 
62, 5 
61, 5 

67, 5 



62 
63, 
64 



68, 5 

69. 5 
64, 3 



IV'î 

59 

64, 5 

64 

81 

61 

59, 5 

61 

61 

62 

61, 7 
59 

58, 5 
56, 5 
59 



57,5 
60 

60, 5 
60, 3 
63 
64, 3 



65. 5 
63, 3 



VII 


^ , 


C'. 


59 




55, 


8 


57 




59 




62. 


5 


59 




56 




62 




57 




60 




61 




56 




57 




52. 


5 


57 




60 




56 




66 




57, 


7 


58, 


3 


57, 


3 


55, 


7 


60 




54 




62, 


3 


56, 


5 


63 




62, 


5 


57, 


3 


56 




60 




57 


5 



Vllh 



64, 7 
59,5 



VARIATIONS EXPERIMENTALES 



â25 



DATES 



15 août 

16 — 

17 — 

18 — 

19 — 

20 — 

21 — 

22 

23 — 

24 — 

25 — 

26 — 

28 — 

29 — 

30 — 

31 — 

1" septembre 

2 

3 — 

4 — 

5 — 



10 
11 

12 
13 
14 
15 

16 



1 


Il2 


IVs 


VII2 


VlIIi 


•^ . 


64 








400 


i>r. 
66,5 


SI-. 

57,7 


e-i-- 


401 


65, 7 


62 


58,3 




402 




63 






403 


66, 3 


66,3 


62 




404 


61 


65, 3 


60,5 




405 




62 


57 




406 


67,5 


62,5 






407 


65 




61,5 




408 


65 








409 




64 


62 




410 


X 


62 






411 


65 


63 


64 




412 


67 




55 




413 




62 


57 




414 


66 


64 


60 




415 


64 


64 


55 




416 


63 




57 




417 




62 


59 




418 


67 


54 






419 


60 


65 


62 




420 


62 


65 


60 




421 




65 


60 




422 


70 




60 




423 


68 








424 




62 


60 




425 


68 




58 




426 


67 


67 






427 




66,3 


59,3 




428 


69 


65, 5 


59 




429 


65. 5 


60 






430 


67 


61 


64 




431 






64 




432 


65, 7 


66 


55 





17 septembre 

18 — 

19 — 

20 — 

21 — 

22 

23 — 

24 — 

25 — 

26 — 

27 — 

28 — 

29 — 

30 — 

l^' octobre . 

2 

3 — 

4 — 



.2^ 


Il2 


IV2 


Vlli 


433 


64,5 


g-i'- 
63 


gr- 


434 


67 


60,5 




435 






63 


436 


72,5 


X 


61 


437 


68 


67 


60 


438 


65 


64 


56 


439 


68 






440 




64 


62, 3 


441 


68 


62, 5 


61 


442 




61 


58 


443 


67,3 






444 






60 


445 


71 


66, V 




446 


66 


64 




447 






66 


448 


67,7 


65,7 


57 


449 


69.5 


64 




450 






62 


451 


69 




60 


452 


67, 7 


67 




453 






63, 7 


454 


73 


66 


58 


455 


68 






456 




68 


62,7 


457 


65,7 




62 


458 


66,8 






459 


66,5 




67 


460 






62. 3 


461 


69 






462 


67 




65 


463 








464 


69 




68 


465 


66 







VIII2 



II.2 — Œufs pesés . . 
Œufs mangés 

I Va — Œufs pesés . . 
Œufs mangés 

y 11-2 — Œufs pesés. . 
Œufs mangés 

VlIIg — Œufs pesés.. 
Œufs mangés 




34 = 2 k. 116 ] 

,^ . , .,>„ ■ 3 k. 112 (ponte arrêtée tumeur de l'oviduete) 

ID = K. 996 \ 



326 



P. HOUSSAY 



DATES ET POIDS DES ŒUFS DE LA TROISIÈME GÉNÉRATION 

CARNIVORE 







Jours 




DATEi; 


de 
vie 




1902 




21 


décembi 


e . . . 181 


22 


— 


.... 182 


23 


— 


183 


24 


— 


184 


26 


— 


.... 185 


26 


— 


186 


27 


— 


.... 187 


28 


— 


.... 188 


29 


— 


189 


30 


— 


190 


31 


— 


191 


1" 


janvier 


1903 192 


2 


— 


193 


3 


— 


194 


4 


— 


.... 195 


5 


— 


.... 196 


6 


— 


.... 197 


7 


— 


198 


8 


— 


.... 199 


9 


— 


.... 200 


10 


— 


201 


11 


— 


202 


12 


— 


.... 203 


13 


— 


.... 204 


14 


— 


205 


15 


— 


.... 206 


16 


— 


.... 207 


17 


— 


.... 208 


18 


— 


209 


19 


— 


.... 210 


20 


— 


.... 211 


21 


— 


.... 212 


22 


— 


.... 213 


23 


— 


.... 214 


24 


— 


.... 215 


25 


— 


216 


26 


— 


.... 217 


27 


— 


.... 218 


28 


— 


219 


29 


— 


220 


30 


— 


221 


31 


— 


.... 222 


1" 


février 


.... 223 


2 


— 


.... 224 


3 


— 


.... 225 


4 


— 


.... 226 


5 


— 


227 


6 


— 


.... 228 



lia 



Ill3 



48, 3 
50, 5 



Villa 



G4 



68, 3 



40 
44, 

48 



45, 3 



50. 5 



46,7 



IJATES 



7 février 



Jours 
de 
vie 



229 
230 
231 
232 
233 
234 
235 
236 
237 
238 
239 
240 
241 
242 
243 
244 
245 
246 
247 
248 
249 
250 
251 
252 
253 
254 
255 
256 
257 
258 
259 
260 
261 
262 
263 
264 
265 
266 
267 
268 
269 
270 
271 
272 
273 
274 
276 
276 
277 



Ha 



g-r. 



49, 5 



51 
52 
52,7 



58 

53, 5 
55,7 

54 
52 
51,7 

54 

53, 3 
54 
53 

55 5 

55 

64 

53 

54 

52.7 

51, 5 

51,3 

50 

51 

54 
52 
50 
49.5 



Illa 



VIIIs 



60,7 
64 



60 
51 
62,5 



54, 7 

55 

66,6 

64,7 
57,5 
83,5 
66 



VARIATIONS EXPERIMENTALES 



327 



DATES 


Jours 
de 
vie 


II3 


III3 


VIII3 


DATES 


Jours 
de 
vie 


I'. 


m, 


VII, 


28 mars 


278 


gr. 
51,5 


g-'-- 


54,5 


19 mai 


330 


52,5 


gr- 
61 


gr- 


29 — 


279 




59 


55 


20 — 


331 


61 


62 


62 


30 — 


280 




58 


53 


21 — 


332 


51,5 


61,5 




31 — 


281 


55,5 


60,3 


60,6 


22 — 


333 




X 


82 


1" avril 


282 


55 




57, 5 


23 — 


334 


54,5 




51,6 


2 — 


283 


54, 5 


61 


51, 5 


24 — 


335 


59 


64 


52.7 


3 — 


284 


54,5 


63 




25 — 


336 


55,5 


61 


53,5 


4 — 


285 


54,5 


64 


79 


26 — 


337 


53 






5 — 


286 


55,3 




52,5 


27 — 


338 


63.6 






6 — 


287 


44,7 


66 




28 — 


339 1 


52 


66 


81 


7 — 


288 


52,5 


65 


58, 5 


29 — 


340 1 


53,6 


64 




8 — 


289 


54, 5 


63,7 


58, 5 


30 — 


341 




62.5 


57 


9 — 


290 


51 


63,5 


60,7 


31 — 


342 




63,5 


52 


10 — 


291 


51, 3 






1*'' juin 


343 


53,5 


60 


55 


11 — 


292 




65 




2 — 


344 


54 


62,5 


55 


12 — 


293 


54 


63 




3 — 


345 


63,5 




55,5 


13 — 


294 


52,5 


63 




4 — 


346 


52 


64. 5 


54 


14 — 


295 


53 


62 


54,3 


5 — 


347 


51 


58 


55 


15 — 


296 


52,5 


65 


48,5 


6 — 


348 


52 






16 — 


297 


51 




55,5 


7 — 


349 


60 


65 




17 — 


298 


51 


62,3 


52 


8 — 


350 


47 






18 — 


299 


53 




52, 5 


9 — 


351 




63 


57 


19 — 


300 


52 


57, 3 




10 — 


352 






53 


20 — 


301 








11 — 


353 




63 


52 


21 — 


302 


54, 3 


62 


55,5 


12 — 


354 




X 


53 


22 — 


303 


54,5 


64,5 




13 — 


355 




62, 5 


52,5 


23 — 


304 


51,7 


62 


55 


14 — 


356 




65, 5 


68,6 


24 — 


305 


53 






15 — 


357 








25 — 


306 




64 




16 — 


358 




70, 5 




26 — 


307 


51,5 


62, 7 


54,7 


17 — 


359 




70 


66 


27 — 


308 


54 


62 




18 — • 


360 




67,5 


55, 7 


28 — 


309 


54 


64,7 




19 - 


361 




X 




29 — 


310 


54 


66 




20 — 


362 




67 




30 — 


311 


55 




47 


21 — 


363 




65 


62 


l"'mai 


312 


52, 5 


64 




22 — 


364 


c 


63,7 


38 


2 — 


313 


53 


65 


54 


23 — 


365 





65 




3 — 


314 


54 


65 




24 — 


366 


M 


63 


54,3 


4 — 


315 


52,5 




87 


25 — 


367 









5 — 


316 


52,5 


64 


59 


26 — 


368 


- 


65, 5 


54,5 


6 — 


317 




62,5 


53 


27 — 


369 




66 




7 — 


318 


57 


64 




28 — 


370 






60 


8 — 


319 




65, 5 


55,5 


29 — 


371 




63 


51 


9 — 


320 


53, 5 




59 


30 — 


372 




63,5 




10 — 


321 


52, 3 


68, 5 


58,5 


1" juillet 


373 




X 


57 


11 — 


322 


53 


60 




2 — . ...• 


374 






55, 5 


12 — 


323 


X 


59,5 


50,3 


3 — 


375 




X 


82 


13 — 


324 


54 




mou 


4 — 


376 




67,5 


53 


14 — 


325 


51,7 


65, 5 


50 


5 — 


377 




X 


50 


15 — 


326 


51 


62, 3 


54,5 


6 — .... 


378 




X 


55,5 


16 — 


327 






55 


7 — ... 


379 




X 


50 


17 — 


328 


54, 5 


67, 5 




8 — .... 


380 








18 — 


329 


55 


61 


86 


9 - .... 


381 




67 


4 



3â8 



F. HOUSSAY 






Jours 












Jours 









DATES 


de 
vie 


Il;i 


Uh 


\I1I:) 




DATES 


de 
vie 


Ih 


1II3 


Vil h 






gl-- 


yr. 


i;r. 








KI-. 


g>- 


gl-- 


10 juillet 


382 




64 


54.5 


31 


août 


434 


57, 7 






11 — 


383 




61 




1er 


septembre . . 


435 






55,5 


12 — 


384 




63 


57 


2 


— 


436 


59.5 


65 


53.5 


13 — 


385 






54 


3 


— 


437 


57.5 


65 


51+52 


14 — 


386 




X 




4 


— 


438 


55 


X 


52. 5 


15 — 


387 




65,5 


60 


5 


— 


439 


54,5 


59 


49 


16 — 


388 






53 


6 


— 


440 






54.5 


17 — 


389 




62 


57,5 


7 


— 


441 




60 




18 — 


390 




X 




8 


— 


442 


57 


68 




19 — 


391 






53 


9 


— 


443 


57 




54.5 


20 — 


392 




62 


55 


10 


— 


444 








21 — 


393 






55 


11 


— 


445 


60,5 


64 


55.5 


22 — 


394 




62, 5 


50 


12 


— 


446 


58 


65 




23 — 


395 




67 


53,5 


13 


— 


447 


56, 3 


65 




24 — 


396 




68 


57 


14 


— 


448 








25 — 


397 




65,5 


50 


15 


— 


449 


59,5 


68,7 




26 — 


398 






50,5 


16 


— 


450 


57.5 






27 — 


399 




65 


53 


17 


— 


451 


57 


71,7 




28 — 


400 








18 


— 


452 


58 


70. 5 




29 — 


401 




59 


57 


19 


— 


453 








30 — 


402 




56,5 


55 


20 


— 


454 


59 


65,5 




31 — 


403 






52 


21 


— 


455 


60,5 






l'^août 


404 




62,5 


51,5 


22 


— 


456 


60 


58 




2 


405 




65 




23 


— 


457 


61,7 


67 




3 — 


406 




65 


55 


24 


— 


458 








4 — 


407 






55 


25 


— 


459 


56.5 






5 — 


408 




67,5 




26 


— 


460 


57 


X 




6 — 


409 




67. 5 


mou 


27 


— 


461 




70 




7 — 


410 




68, 5 


53, 5 


28 


— 


462 


61, 3 


65, 7 




8 — 


411 








29 


— 


463 


57 


65, 7 




9 — 


412 




69 


01 


30 


— 


464 


56.5 






10 — 


413 




69 


54 


1er 


octobre .... 


465 


59.5 


69.5 




11 — 


414 




64,5 


54 


2 


— 


466 








12 — 


415 




66 


58 


3 


— 


467 


60,5 


X 




13 — 


416 




X 


52.5 


i 


— 


468 


59.5 


67 




14 — 


417 






56 


5 


— 


469 




65, 5 




15 — 


418 




63, 5 


54 


6 


— 


470 


59,5 






16 — 


419 




64 


56 


7 


— 


471 


57 


68,5 




17 — 


420 






55 


8 


— 


472 








18 — 


421 




66 


52.5 


9 


— 


473 


60, 5 






19 — 


422 


54,5 


63.5 


49 


10 


— 


474 


59 






20 — 


423 


51.5 




55 


11 


— 


475 








21 — 


424 


53 


66 




12 


— 


476 


58 






22 — 


425 


56 


X 


86 


13 


— 


477 








23 — 


426 


58,5 


63 


49.5 


14 


- 


478 


60 






24 — 


427 


59, 5 


62, 5 


63 


15 


— 


479 


57.5 






25 — 


428 






53 


16 


— 


480 








26 — 


429 


63 


64 


52 


17 


— 


481 


62 






27 — 


430 


60 


70 


mou 


18 


— 


482 








28 — 


431 


57 


65,5 




19 


— 


483 


61 






29 — * 


432 


58,5 






20 


— 


484 








30 — 


433 


57,7 




58 


21 


— 


485 









VARIATIONS EXPERIMENTALES 



329 



DATES 


Jours 
de 
vie 


lia 


IIl3 


Villa 


DATES 


Jours 
de 
vie 


Il3 


IIIs 


VIII3 


22 octobre 

2;-! — 

24 — 


486 
487 
488 


ST. 

60,5 


gr- 


çr. 


25 octobre 

26 — .... 

27 — 


irr. 
489 
490 
491 


trr. 

58 

57 


gr. 


?■■• 



RÉSUMÉ 



Il3_ — Œufs pesés 138 = 7 k. 561 7 k. 616 

Œuf cassé 1 = k. 54,8 j 

III3 — Œufs pesés 137 = 8 k. 723 ) 9 k. 614 

Œufs mous ou mangés . 14 = k. 891 ) 

VIII3. — Œufs pesés 142 = 7 k. 881 j g k. 048 

Œufs sans coquille 3 = k. 167 ) 



AUCH. DE ZOOL. EXP. ET GEN. — 4* SERIE. — T. VI. — [V). 



330 



F. HOUSSaY 



DATES ET POIDS DES ŒUFS DE LA QUATRIÈME GÉNÉRATION 

CARNIVORE 



DATES 


Jours 
de 
vie 


V'r 




1904 




gr. 


12 


février. . . . 


234 


60 


14 


— 


236 


55,5 


16 


— 


238 


54 


18 


— 


240 


59 


22 


— 


244 


mou 


27 


— 


249 


60 


29 


— 


251 


60,5 


1er 


mars 


252 


61 


3 


— 


254 


65 


5 


— 


256 


60 


6 


— 


257 


64,5 


10 


-» 


261 


X 


13 


— 


264 


60 


14 


— 


265 


59 


15 


— 


266 


60,5 


17 


— 


268 


66,5 


18 


— 


269 


95 


20 


— 


271 


63,7 


21 


— 


272 


64 


23 


— 


274 


60 


24 


— 


275 


66,5 


25 


— 


276 


65 


27 


— 


278 


mou 


30 


— 


281 


mou 


2 


avril 


284 


60 


3 


— 


285 


61.5 


5 


— 


287 


65,7 


6 


— 


288 


62,5 


7 


— 


289 


64 


8 


— 


290 


62,5 


10 


— 


292 


61 


12 


— 


294 


56,5 


14 


— 


296 


83,5 


15 


— 


297 


38,5 


17 


— 


299 


X 


18 


— 


300 


87,5 


20 


— 


302 


95 


21 


— 


303 


63 


22 


— 


304 


67,7 


23 


— 


305 


65 



DATES 



24 avril 

26 — 

27 — 
30 — 

3 mai. 

4 — 
6 — 



11 — 

12 — 

14 — 

15 — 

16 — 

17 — 

19 — 

20 — 

22 

23 — 

24 — 

27 — 

28 — 

29 — 
31 — 

8 juin. . . 

10 — 

12 — 

13 — 

14 — 

17 — 

18 — 

20 — 

21 — 

23 — 

24 — 

25 — 

26 — 

29 — 

30 — 

3 juillet. 

5 — 



Jours 






(Je 


V4 




vie 








S'''. 




306 


62,5 




308 


54.5 




309 


mou 




312 


48 


] 


315 


100 




316 


62,5 




318 


102 




319 


65 




323 


65,5 




324 


73 




326 


69 




327 


101.3 




328 


63 




329 


95,5 




331 


98,5 




332 


X 




334 


62,5 




335 


25 




336 


60 




339 


66 




340 


67,5 




341 


95,5 




343 


94 




351 


65 




353 


61.5 




355 


X 




356 


64,7 




357 


70,5 




360 


mou 




361 


mou 




363 


69 




364 


mou 




366 


110 




367 


65,5 




368 


64,7 




369 


65,5 




372 


69 




373 


64,5 




376 


101 




378 


67,3 




379 


66.5 





DATES 



7 juillet. . . . 

8 — 

9 — 

10 — 

11 — 

12 — 

13 — 

14 — 

15 — 
17 — 
19 — 

22 

23 — 

24 — 

25 — 
27 — 
29 — 
31 — 

2 août 

3 — 

5 — 

6 — 

8 — 

9 — 

10 — 

11 — 

12 — 

13 — 

14 — 

16 — 

17 — 

18 — 

19 — 

21 — 

22 — 

23 — 

24 — 

25 — 

27 — 

28 — 
5 septembre 



Jours 
de 
vie 



380 
381 
382 
383 
384 
385 
386 
387 
388 
390 
392 
395 
396 
397 
398 
400 
402 
404 
406 
407 
409 
410 
412 
413 
414 
415 
416 
417 
418 
420 
421 
422 
423 
425 
426 
427 
428 
429 
431 
432 
440 



Vi 



104 

65 

98,5 

63,5 

51 

59,5 

93 
mou 

63 

67 
mou 

69 

64.5 

68,3 

68 

72,5 

59 

68 

67,5 

96,5 

68 

65,5 

68,5 

62,5 

62.5 

98 

45,5 

66 

67,5 

66,5 

64 

70 

70,5 

74 
104,5 

49 

68 

69,7 

71.3 



V4 . — Œufa pesés 

Œufs sans coquille. 
Œufs mangés 



RÉSUMÉ 

108 = 7 k. 465 
9 = k. 622 
5 = k. 345 



k . 432 



VARIATIONS EXPERIMENTALES 



331 



DATES ET POIDS DES ŒUFS DE LA CINQUIÈME GÉNÉRATION 

CARNIVORE 



DATES 



1905 

27 février . 

1«' mars. 

2 

4 — . 

11 — . 

13 — . 

14 — . 

16 — . 

17 — . 

18 — . 

20 — . 

21 — . 

26 — . 

27 — . 

29 — . 

30 — . 
1^' avril. 
4 — . 

6 — . 

7 — . 

12 — . 

13 — . 

15 — . 

16 — . 

18 — . 

19 — . 

20 — . 

23 — . 

24 — . 
1"' mai . 



325 
332 



Jours ! 


1 


de 


Ir. 


vie 






gT. 


269 


54 


271 


54,5 


272 


84.5 


274 


52 


277 


55 


281 


55 


283 


49,5 


284 


56,5 


286 


58 


287 


59 


288 


59 


290 


91 


291 


59,7 


296 


60,7 


297 


60 


299 


59,5 


300 


89 


302 


mou 


305 


X 


307 


50 


308 


54,7 


313 


60 


314 


55 


316 


57 


317 


48 


319 


86,5 


320 


52 


321 


55 


324 


58 



DATES 



mou 
52 



Jours 
de 
vie 



333 
334 
335 

338 
339 
340 
343 
344 
345 
347 
348 
350 
351 
353 
354 
357 
358 
359 
360 
362 
364 
366 
367 
368 
370 
371 
372 
373 
375 
376 
378 
379 



52 
54 

87,5 

39 

62.7 

mou 

95,5 

61,5 

53 

63 

101 
62,5 
62 
93.5 
mou 
mou 
mou 
59,5 

2 mous 

^ mous 
60,5 

2 mous 

X 

60,5 
55,5 
67,5 

mou 
93 
92 

mou 
57,5 
60,5 



DATES 



18 juin 

19 — 

20 — 

21 — 

22 — 

24 — 

25 — 

26 — 

27 — 

28 — 



1" juillet. 



10 
12 
13 
14 
15 
16 
18 
19 
20 
21 
22 
23 
25 
26 
28 
29 
30 

le; 

2 — 

7 — 



Jours 
de 
vie 



août. 



380 

381 

382 

383 

384 

386 

387 

388 

389 

390 

391 

393 

394 

402 

404 

405 

406 

407 

408 

410 

411 

412 

413 

414 

415 

417 

418 

420 

421 

422 

424 

425 

430 



RÉSUMÉ 

I5. — Œufs pesés 78 = 4 k. 958 

Œufs sans coquille 15 = k. 953 

Œufs mangés 3 = k. 191 



S'"'- 
65 

50,5 

61 

95.5 

60 

63 

67 

62 

mou 

55 

44,5 

63 

95 

61 

62 

mou 

60 

65 

mou 

62 

66 ■ 

40 

62 

61 

mou 

63 

55 

97,5 

60,5 

64 

mou 

60,5 

58,5 



6 k. 102 



332 F. HOUSSAY 



VARIATIONS DU POIDS 

DE DEUX ŒUFS PENDANT UNE INCUBATION CONDUITE A TERME 
AVEC LA COUVEUSE D'ARSONVAL 



1905. 9 mars (soir) 

10 — (matin) 

11 — — 

12 — — 

13 — — 

14 — — 

15 — — (1) 

16 — — 

17 — — 

18 — — 

19 — — 

20 — — 

21 — — 

22 — — 

23 — — 

24 — — 

25 — — 

26 — — 

27 — — 

28 — — 

29 — — 

(1) A partir de cette date, une éponge humide est laissée dans la couveuse pour maintenir 

l'atmosphère saturée de vapeur d'eau. 



60 g. 15 


» 


» 


59 


77 


60 g 


;.40 


59 


29 


60 


» 


58 


83 


59 


50 


58 


26 


59 


» 


57 


61 


58 


53 


57 


45 


58 


32 


57 


30 


58 


17 


57 


18 


57 


97 


57 


» 


57 


85 


56 


85 


57 


72 


56 


70 


57 


55 


56 


52 


57 


36 


56 


25 


57 


12 


55 


98 


56 


94 


55 


60 


56 


54 


55 


45 


56 


40 


55 


13 


56 


21 


55 


84 


56 


05 


55 


50 


55 


70 


54 


15 


55 


57 



ARCHIVES DE ZOOLOGIE EXPÉRIMENTALE ET GÉNÉRALE 
IV« Série, Tome VI, p. 333 à 369, pi. IV. 

10 Mai 1907. 



NOUVELLES RECHERCHES 

SUR LE DÉVELOPPEMENT 

DU PHARYNX ET DES CLOISONS 

CHEZ LES 

HEXACTINIES 

PAR 

L. FAIJROT 

Docteur es sciences, Docteur en médecine. 



TABLE DES MATIERES 

Pages 

Introduction 333 

Blastula ciliée (plauula). Gastrula. Mésoderme 341 

Développement du pharynx et des quatre couples de cloisons 348 

Cause de l'orientation des muscles unilatéraux des cloisons 354 

Disque oro-tentaculaire. Stade à 8 tentacules. Origine des paires de cloisons. . . . 3J5 

Cycles tentaculaires 359 

Conclusions (Développement) 361 

Philogénie des Hexactinies. Affinités 362 

Index bibliographique 368 

Explication de la Planche 369 



INTRODUCTIOIf 

Cette étude, de même que la précédente (1903), a été faite 
sur des embryons de Sagartia lyarasitica et ù'Adamsia palliata. 
Depuis qu'ont été publiés le travail d'ANDRES (1884) et celui 
de Carus (Prodrome de la faune de la Méditerranée), on réunit 
ces deux espèces dans le même genre Adamsia, en désignant la 

ARCH. DE ZOOL. EXP. ET GÉN. 4» SÉRIE. — T. VI. — (Vl) M 



334 L. FATIROT 

première : Adamsia Bondeleti. Ainsi que je l'ai déjà signalé 
(1903, note de la page 359), c'est à tort que cette réunion a été 
faite. Je reviens encore une fois sur cette question de nomen- 
clature au sujet de laquelle il me semble ne pas avoir suffisam- 
ment insisté. 

Les désignations de Sagartia et de parasitica sont de Gosse 
(1860), celle d' Adamsia est de Forbes {Ann. natur. hist., vol. 183) 
et c'est Andres qui a créé l'espèce Adamsia palUata Avant 
Andres, Bohadsh avait décrit la même espèce sous le nom 
de Médusa palliata. 

Les deux espèces ont en commun les caractères suivants : 
Base très adhérente. Au tiers inférieur de la colonne, le tégu- 
ment est muni de verrues percées de cinclides et disposées en 
deux ou trois rangées. Chez les deux espèces, les tentacules 
sont complètement rétractiles. Une particularité importante que 
j'ai déjà signalée chez Sagartia parasitica (1895), doit égale- 
ment exister, à mon avis, chez les autres espèces du genre. 
Elle consiste en ce que les cinclides s'ouvrent directement dans 
les loges, pas ou très rarement dans les interloges. Il y a à noter, 
en outre, que parmi les six loges de premier ordre, deux : les 
deux loges de direction, sont dépourvues de cinclides. Aconties. 

Parmi les caractères qui, abstraction faite des colorations, 
distinguent les deux espèces, les plus importants et les plus 
visibles sont : 

Sagartia parasitica : Colonne cylindrique haute. La base 
pédieuse peu déformée, mais étalée, est entièrement fixée sur 
les coquilles habitées par : Pagurus striatus, Pag. angulatus, etc. 
Cette base sécrète une membrane d'origine muqueuse toujours 
complètement adhérente aux coquilles. Disque tentaculaire 
orienté en haut ou latéralement par rapport au pagure (1). 
Nombre et disposition des cloisons toujours symétriques et 
biradiales. 

Adamsia palliata : colonne très courte. La base pédieuse 

(1) Les cas où on trouve Sag. parasitica vivant non accompagné d'un Pagure, doivent 
être considérés comme exceptionnels. 



DEVELOPPEMENT DES HEXACTINIES 335 

très étalée chez l'adulte a une surface proportionnellement 
beaucoup plus grande que celle de la colonne. Cette base est 
déformée et le plus souvent n'est pas entièrement fixée sur les 
coqviilles. Une partie de cette base sert à envelopper l'hôte 
intérieur des coquilles. Cet hôte est : Eupagurus Prideauxi, à 
l'exclusion de tout autre pagure. La base pédieuse sécrète une 
membrane de même origine que celle du Sag. parasitica, mais 
elle n'adhère pas, durant toute la durée de son développement, 
complètement à la coquille. Le disque tentaculaire est toujours 
placé en face de la bouche du pagure mutualiste. Quoi qu'en 
dise Gosse, Andres et Jourdan, les tentacules bien que moins 
irritables que chez Sag. parasitica sont complètement rétractiles. 
Le nombre des cloisons est irrégulier, leur disposition est 
asymétrique. 

On sait (1895, pp. 195 à 199) que la plupart des traits carac- 
téristiques de VAd. palliata résultent d'une déformation pro- 
duite par un mutualisme très intime. Je reviendrai sur cette 
association dans un autre travail ; mais dès maintenant on 
peut voir que, même en tenant compte de l'origine de ces carac- 
tères, VAd. palliata diffère trop du Sag. parasitica, pour qu'il 
soit possible de réunir l'une et l'autre espèce dans un genre 
particulier. 

Cependant Verill, le premier, a cru devoir séparer du groupe 
des Sagartia le Sag. parasitica et créer pour lui le genre Cal- 
liactis, en raison de sa base étalée et de la présence de tubercules 
perforés à la partie inférieure de la colonne. C'est en se servant 
de ces mêmes caractères que Milne-Edwards et J. Haime ont 
fait rentrer le Calliactis dans le genre Adamsia. Andres et 
Carus les ont imités. En réalité iL n'y a pas de tubercules chez 
Sag. parasitica ; ce que l'on a décrit pour tels sont plutôt des 
verrues, des voussures produites par les aconties accumulés et 
pressés contre les cinclides. Elles sont peu ou pas apparentes 
au niveau des cinclides de deuxième et troisième ordres. Chez 
Sag. parasitica et Ad. palliata, les verrues sont bien percées de 
cinclides, mais cela, ainsi que leur situation vers la base de la 



33(; L. KAIIUOT 

colonne, constitue devix particularités d'une valeur insuffisantes 

pour justifier la création d'un nouveau genre. 

Deux autres caractères : base étalée et membrane adhérente 
sécrétée par le disque pédieux sont également considérés comme 
étant communs au Sag. ijarasitica et à VAd. palliata. Mais chez 
la première de ces Actinies, l'élargissement de la base n'est pas 
constant ; il ne peut se produire que lorsque les individus ne 
sont pas groupés en trop grand nombre sur une même coquille 
habitée par une pagure (leur habitat normal). Quant à la mem- 
brane sécrétée par le disque pédieux, elle ne constitue pas une 
particularité propre ni au Sag. parasitica, ni à VAd. palliata ; 
je l'ai observé chez le Chitonactis coronata et elle existe proba- 
blement aussi chez toutes les espèces qui fixées sur des corps 
durs et rugueux, ne se déplacent jamais ou seulement à de très 
rares intervalles. Cette membrane, d'origine muqueuse et résul- 
tant d'une réaction de défense, peut être sécrétée non seulement 
par le disque pédieux, mais aussi par la surface même de la 
colonne chez certaines espèces absolument sédentaires et vivant 
toujours en contact avec des pierres ou avec du sable vaseux : 
Phellia, Edwardsia. 

Chez VAd. palliata, l'élargissement et la déformation consi 
dérable de la base, l'asymétrie de nombre et de disposition des 
cloisons ainsi que son Mutualisme exclusif à l'égard d'une seule 
espèce de pagure, constituent trois caractéristiques importantes 
d'une valeur générique au moins égale à celle du gTOupe des 
Sagartia. La dénomination à'Adamsia Rondeleti a donc été 
indûment attribuée au Sagartia parasitica (1). Il n'existe 
cependant aucune différence dans l'embryogénie des deux 
espèc3S. Les embryons sont seulement plus petits et leur déve- 
lopp.unent est moins rapide chez Ad. palliata. Chez cette espèce 
aussi, le stade à huit tentacules et à huit cloisons présente 
une plus longue durée que chez Sag. parasitica. 

(1) Synonymie ihi Sagartia paranitica : Actinia effœta Linné; Actinia parasitica Couch ; 
Sagurlia effœta V. Fischer; Adamsia effœta Alilne-Kclwards ; Calliactis efjœta P. Fischer; 
Adamsia Rondeleti Délie Chiaje et Andréa ; Calliactis polypus Klutziuger. 



DEVELOPPEMENT DES HEXACTINIES 337 

Mon but, dans ce mémoire, est de préciser les particularités 
embryogéniques que j'ai exposées dans mon précédent travail 
(1903) et en outre de les compléter et d'en étendre les conclu- 
sions. Ces particularités étant en grande partie en contradiction 
avec ce qui a été publié sur le développement des Hexactiuies,- 
il est utile que je revienne de nouveau à un exposé des opinions 
antérieures aux miennes. 

Avant le travail précité, il était admis que le pharynx des 
Hexactinies résultait uniquement de l'invagination du pôle 
oral d'une planula, et d'après la plupart des auteurs, le blasto- 
pore ne formait pas la bouche mais l'ouverture inférieure du 
pharynx. Quant à la bouche, elle était délimitée par les bords 
mêmes de l'invagination ; ou encore, comme chez les Alcyon- 
naires, l'ouverture inférieure du pharynx devait son origine à 
la perforation du pôle invaginé d'une planula sans blastopore. 
E. VanBeneden (1897) s'exprime ainsi : « Le blastopore devient 
entérostome et l'actinostome est un orifice de nouvelle forma- 
tion. 

La bouche des Hexactinies n'avait donc aucune homologie 
avec celle des Hydrozoaires qui d'ailleurs n'ont pas de pharynx. 
On admettait ainsi que le pharynx était formé, en cas de gas- 
trula antérieure, par une nouvelle invagination comprenant à 
la fois l'ectoderme et l'endoderme. Quant aux quatre premiers 
couples (1) de cloisons, les uns, comme Lacaze Duthiers, 
croyaient que leur développement était successif et qu'il n'avait 
aucun rapport immédiat d'apparition avec le pharynx. Wilson 
et Me MuRRiCH admettaient, au contraire, que la formation du 
premier couple était en relation immédiate avec celle du pha- 
rynx alors que ce dernier s'éloigne de la paroi pour devenir peu 
à peu central. Pour Goette, la formation des quatre couples 

(1) Couple, en français, se dit de deux choses de même espèce prises ensemble (Littré). 
Exemple : un couple d'œufs. Ne se dit pas des choses nui vont nécessairement ensemble ; 
on dit alors : une paire. Les cloisons d'une loge vont nécessairement ensemble, on doit donc 
dire dans ce dernier cas seulement : une paire de cloisons. En anglais, les significations de 
couple et pair ne paraissent pas être les mêmes qu'en français. Cette terminologie, d'ailleurs 
sujette à discussion, n'a été employée que faute d'une meilleure. 



338 L. FAUROT 

est non seulement indépendante de ce dernier organe mais elle 
est même ijostérieure à celle des loges. Enfin Appellof consi- 
dère comme inexacte l'opinion de H. V. Wilson et de Me Mitr- 
RiCH d'après laquelle il y aurait à l'origine un contact intime 
entre le pharynx et la paroi du corps. D'après lui, le pharynx est, 
durant le processus entier de son introversion, complètement 
entouré par l'endoderme, bien qu'il soit plus rapproché de l'un 
des côtés du corps que de l'autre. A toutes ces affirmations 
contradictoires, j'oppose les conclusions suivantes résultant de 
mes recherches : 

La formation du pharynx ne résulte pas de l'invagination 
orale d'une planula à deux feuillets, ni de l'introversion du 
stomodœum d'une gastrula. Au début de son développement, 
cet organe présente l'aspect d'une gouttière faisant partie de 
l'un des côtés de la paroi du corps un peu au-dessous de la bouche 
de la gastrula. La gouttière pharyngienne se transforme en tube 
avec la formation des couples 2-2 ; 4-4 et 3-3. C'est en même 
temps que la gouttière qu'api)araissent le premier couple d'abord 
et ensuite les trois autres, par un processus pouvant donner 
lieu à des interprétations diiïérentes. Ce seraient : ou quatre 
replis de la paroi du pôle oral s'accroissant de ce pôle vers le 
bas ; ou bien peut-être les intervalles pleins de quatre enfonce- 
ments homologues à ceux que Goette soutient avoir observés 
chez le Scyphistome ; ou bien encore, les couples pourraient 
résulter de plis pénétrant comme des fentes dans la paroi du 
corps, fentes rappelant les formations schizocœliques. 

Les embryons très nombreux de Sagartia parasitica et d'Adam- 
sia palliata que j'ai examinés pour cette nouvelle étude, soit à 
l'état vivant, soit à l'aide de coupes, provenaient de pontes artifi- 
ciellement obtenues par un procédé que j'avais déjà vu utiliser 
par M. François, au Laboratoire de Banyuls en 1890 (1). 11 
consiste à placer un certain nombre d'Actinies, quinze à vingt, 
dans un même cristallisoir rempli d'eau de mer. Au bout de 

(1) La Bianco (1900. Année biologique) a également provociué la ponte des Ophiotryx en 
mettant un certain nombre de ces Echinodermeg dans un litre d'eau de mer. 



DEVELOPPEMENT DES HEXACTINIES 339 

. vingt-quatre à quarante-huit heures, rarement plus, des œufs 
segmentés à des stades plus ou moins avancés s'échappent en 
grande quantité et flottent à la surface de Teau. J'ai remarqué 
que cette méthode avait plus de chances de réussir lorsque les 
Actinies avaient été pêchées récemment. A l'état normal, c'est- 
à-dire dans la mer, la fécondation, la segmentation et la forma- 
tion de la planula se passent vraisemblablement à l'intérieur 
du corps ; mais dans les conditions de captivité, les pontes se 
trouvent hâtées par l'altération de l'eau résultant de la réunion 
d'un grand nombre d'animaux dans un petit volume d'eau et 
aussi par l'élévation de la température. Les pontes se produisent 
surtout la nuit et le matin, elles sont parfois accompagnées du 
rejet de fragments d'entéroïdes et d'amas d'œufs non fécondés 
encore inclus dans des portions de cloisons. Ce dernier fait montre 
bien que les pontes sont anormales sous le rapport de leur ori- 
gine. Elles sont d'ailleurs souvent suivies très rapidement par 
la mort et la décomposition des Actinies qui deviennent flasques 
ou s'aftaissent en état de contraction incomplète. Le plus souvent 
les œufs se développent normalement. Dans les pontes oit il en 
est autrement, le développement ne se continue pas au-delà 
du stade gastrula, mais avec beaucoup de lenteur. Très peu 
d'embryons même y parviennent. 

Chez VAdanisia palliata de même que chez Sagartia i)arasiUca 
les œufs, segmentés ou non, provenant d'une même ponte sont, 
soit blancs, soit de couleur rosée. Ils sont toujours très opaques. 
J'ai remarqué que ces couleurs conservées par les embryons 
jusqu'à l'état de planula sont aussi celles des acontia de l'indi- 
vidu dont les œufs sont issus. La durée des premiers stades de 
développement est à peu près la même pour VAdamsia palliata 
et le Sagartia parasitica. Cette durée pour chaque période est 
sans limite bien fixe. 

La segmentation se fait entre six et dix heures. 

La blastulation dure de dix à vingt heures. 

La formation de la planula, qui à vrai dire n'est dans ce 
développement qu'une blastula ciliée, et sa transformation en 



340 L. FAUROT 

gastrula se fait insensiblement entre la quarantième et la cin- 
quantième heure. Vers la soixante-seizième heure environ, les 
embryons de l'une et l'autre Actinie peuvent déjà se fixer et lo 
plupart de ceux qui sont maintenus dans de l'eau très pure se 
fixent en effet au cinquième ou sixième jour. D'autres en très 
grand nombre peuvent continuer à nager pendant des mois et 
plus. Il est vrai que beaucoup d'entre eux qui s'étaient fixés se 
détachent et errent plus ou moins longtemps avant de se fixer 
définitivement. A l'état normal, dans la mer, la période de vie 
libre doit être très prolongée, car à toute époque de l'année, on 
peut par la poche pélagique recueillir des larves à huit cloisons. 
C'est ainsi qu'au mois de décembre j'ai pu en observer à Nice. 
Chez les embryons élevés dans les cristallisoirs les premières 
cloisons commencent à se former dans la larve nageante avant 
la fixation. Cette fixation pouvant ne pas être définitive, la larve 
nage donc souvent avec huit cloisons bien développées, sans 
tentacules. Ou bien, au lieu de nager, la larve progresse au moyen 
de ses cils tout en restant en contact avec le fond du cristallisoir. 
Cette progression simule une reptation mais en réalité la larv<' 
bien que s'appuyant sur une surface solide se sert de ses cils 
comme si elle se trouvait entre deux eaux. L'allure de la larve 
sans cils des Lucernaires n'est donc pas comparable avec celle 
des larves d'Hexactinics alors que celles-ci sont sur le point de 
se fixer. 

Tandis que chez Adamsia palUata le nombre des cloisons et 
celui des tentacules ne s'accroît pas au-delà de huit durant un 
ou deux mois, chez Sagartia parasitica l'augmentation du nombre 
est beaucoup plus rapide. C'est ainsi qu'une larve de cette espèce, 
fixée depuis six jours peut déjà présejiter douze cloisons et douze 
tentacules. Durant toute leur vie libre, les embryons ne parais- 
sent pas s'alimenter autrement qu'au moyen de leurs réserves 
lécithiques. C'est ainsi qu'ayant conservé vivante toute une 
ponte d' Adamsia palliata, depuis le 12 mai jusqu'au 12 juin, 
je trouvais à cette dernière date les embryons à peu près trans- 
lucides alors qu'au début ils étaient complètement opaques. 



DEVELOPPEMENT DES HEXACïINrES 341 

La partie pharyngienne de leur corps était vide tandis que la 
partie postérieure aborale contenait encore quelques éléments 
graisseux jaunâtres. Cette transparence ainsi causée par la 
résorption de la plus grande partie des cellules de nutrition, 
coïncidait avec la période de la vie libre. 

BLASTULA. BLASTULA CILIÉE (Planula). GASTRULA. 
MÉSODERME 

Les segmentations irrégulières de l'œuf continuent à se ]no- 
duire dans les blastules de forme irrégulière et très variable que 
j'ai déjà décrites (1903, p. 360). C'est par erreur que j'ai signalé 
la formation d'une morule, j'avais été trompé par l'aspect sphé- 
rique d'oeufs en segmentation très avancée. Les blastules sont 
formées de cellules non déformées par la compression des cel- 
lules voisines et dont les noyaux sont tous en karyokinèse. Les 
segmentations qui continuent à se produire contribuent à com- 
bler leur cavité et régularisent probablement ainsi la forme de 
ces blastules. La figure 4, pi. V, représente une blastule entière 
et les figures 2 et 3 les coupes de deux autres. Aucune règle ne 
prévSide à la distribution des blastomères; c'est à peu près la 
« Blastomerenanarcliie » signalée par Metchnikoff dans le déve- 
loppement de la méduse : Oceania armata. Les cellules qui rem- 
plissent les blastules m'ont semblé se produire au début par la 
segmentation des superficielles mais il se peut que leur multi- 
plication se fasse par un processus semblable à celui de la déli- 
mination. C'est l'opinion que j'avais adoptée dans mon travail 
de 1903, opinion conforme à celle de Wilson dans son mémoire 
sur Manicina areolata (1888). Les parois des blastules sont au 
début rapprochées, par places, jusqu'au contact ; aussi devien- 
nent-elles un peu translucides durant deux à trois heures. Cette 
translucidité disparaît bientôt ainsi que l'irrégularité de toute 
la surface par suite, ai-je dit, du comblement de leur cavité 
par les cellules nouvellement formées et d'aspect semblable à 
celles des parois. Dès que les blastules ont pris une forme S])hé- 
rique, presque ovale, on peut les désigner sous le nom de planules. 



3i-2 L. FAUROT 

car elles se couvrent de cils, se déplacent d'abord lentement 
puis plus rapidement ; elles fuient une trop grande clarté. La 
bouche n'est visible à l'extérieur que lorsque l'invagination 
commence, elle est presque toujours en arrière du sens de la 
progression. On peut expliquer cette particularité par un mou- 
vement des cils plus rapide dans le sens oro-aboral ; ou bien 
la planule étant moins volumineuse à son extrémité aborale 
on peut admettre que les cils, agissant avec une égale force dans 
les deux sens, cette extrémité doit offrir moins de résistance au 
déplacement que l'extrémité opposée. 

Sur les coupes, la planula bien développée (fig. 5, pi. V) se 
présente comme formée à la périphérie par une couche de cel- 
lules allongées vers l'intérieur de la cavité. Dans cette cavité 
les cellules se terminent en culs de sacs sans parois distinctes et 
à contenu formé de globules de graisse. Leur aspect rappelle un 
peu celui des cellules glandulaires que Ton trouve en diverses 
parties du corps chez l'adulte. 

Cette structure ne concorde guère avec les descriptions clas- 
siques de la planula. On décrit cette dernière comme possédant 
deux feuillets, l'endoderme étant plus ou moins distinct. Pour 
Balfoue, la planula ciliée a deux couches; elle est pourvue d'une 
cavité digestive plus ou moins rudimentaire creusée dans le 
feuillet interne. Pour Korschelt et Heider, la planula est 
pourvue d'un ectoderme cilié et d'une masse intérieure endoder- 
mique plus ou moins compacte. Cette dernière définition tend 
à enlever à l'endoderme son importance comme couche distincte. 
Je crois, d'après ce qui se passe chez Ad. palliata et Sag. para- 
sitica, devoir aller plus loin en disant que la planula est chez les 
Hexactinies, une blastula pleine ciliée pourvue d'un ectoderme 
et d'une masse lécithique intérieure sans trace d'endoderme. 
Cette dernière couche, ainsi qu'on le verra plus loin, résulte 
d'une invagination typique. Cependant, à la période du dévelop- 
pement où nous en sommes, l'embryon couvert de cils et menant 
une vie libre représente bien la phase dénommée planula. Une 
autre particularité est à signaler : la paroi ectodermique est 



DÉVELOPPEMENT DES HEXACTINIES 343 

perforée de un et même parfois de plusieurs orifices que Toii 
retrouve dans les périodes ultérieures du développement. Ce 
sont souvent des perforations s'ouvrant directement dans la 
cavité intérieure mais d'autres fois, les orifices se prolongent 
plus ou moins loin dans l'épaisseur de l'ectoderme constituant 
ainsi de véritables canaux pins ou moins parallèles à l'axe du 
corps. La présence de ces canaux à parois revêtues de cellules 
semblables à celles de l'ectoderme m'avait fort intrigué et la 
recherche de leur origine a été en grande partie cause du long 
retard que j'ai mis à l'achèvement de ce travail. Il est vrai- 
semblable que lorsque la planula est pourvue de plusieurs ori- 
fices, ceux-ci ne sont, sauf un seul qui est la bouche, que le 
début d'invaginations anormales. 

S'il est encore incertain que la planula soit une répétition 
d'une forme ancestrale libre attribuée à tous les Cœlentérés, sa 
structure chez Sag. parasitica et Ad. palliata indique du moins 
quel est son rôle durant le développement. C'est, en effet, durant 
cette phase planula que s'achève l'organisation des cellules 
ectodermiques par l'apparition du revêtement cilié et surtout 
par la séparation complète des éléments graisseux qui, s'isolant 
des autres substances cellulaires, rempliront à peu près complè- 
tement la cavité embryonnaire, permettant ainsi à la larve de 
vivre jusqu'à la période de fixation définitive (1). 

Lorsque cette accumulation de substances lécithiques s'est 
produite, une véritable, comiilète invagination, qui probable- 
ment a débuté au niveau de la bouche de la planula, s'opère 
graduellement dans un laps de temps d'environ douze à vingt 
heures. Ce n'est qu'en observant ce phénomène depuis le début 
de sa formation que l'on peut cons-tater qu'il se produit réelle- 
ment. En effet, la planula étant remplie d'éléments graisseux, 

(1) WiLSON (1888) a vu la formation d'une blastosphère avec une très large cavité se rem- 
plissant par délaniination pour former une planula pleine. La figure 4 (ju'il donne de cette pla- 
nula ne montre aucune trace d'endoderme distinct. Ce n'est que dans la suite du développement 
lorsque la niésoglée se forme (Wilson, flig. 5, 6) et que l'endoderme apparaît. P. M. Murkich 
(1891) chez Actinoloba (Metridium marginatum) affirme que la couche endoderniique déla- 
minée est très difficile, avant l'ouverture de la bouche, à distinguer de la masse nutritive. 



344 L. FAUROT 

on est tenté de croire, en observant sans transition une gastrula 
complètement formée, que celle-ci ne provient pas d'une intro- 
version ectodermique, que le vide de sa cavité n'est dû qu'à la 
résorption des globules nutritifs de cette planula, et qu'en outre 
l'endoderme s'est produit par délamination. 

C'est là sans doute le motif qui fait que la plupart des recher- 
ches qui ont été faites sur ce sujet ne concordent pas et que 
plusieurs auteurs n'admettent pas l'invagination typique chez 
les Hexactinies (1). Cependant Jourdan (1879) a observé une 
invagination véritable chez Actinia equina. Il note que la cavité 
de la gastrula est complètement vide au début. Kowalesky (1873) 
lui-même, avait vu chez une Actinie indéterminée, qu'après la 
formation d'une morula ciliée il se forme une véritable invagi- 
nation, mais il ajoute que les bords de l'ouverture (endoderme et 
ectoderme compris) de la gastrula s'enfoncent pour former le 
pharynx. 

La gastrulation de VUrticina (Tealia) décrite par Appellof 
dériverait directement d'une blastula pleine. Chez cette espèce 
il existerait à la fin de la segmentation un blastocœle avec une 
fausse (unechte) cavité de segmentation remplie dès le début 
par une partie de la substance vitelline non segmentée. Ce ne 
serait qu'au bout du cinquième ou sixième jour qu'on observe- 
rait l'invagination de la blastula et c'est seulement sur la gas- 
trula que les cils apparaîtraient. A la fin de la gastrulation, dit- 
il, l'endoderme limite une cavité relativement spacieuse qui n'est 
cependant jamais vide mais remplie d'une masse graisseuse de 
nutrition. Il ajoute : «Es ist jetz derselbe Nahrungdotter, welcher 
aus der Blastula in die Gastrulahohle iibertritt ». J'ai moi-même 

(1) Kowalesky (1873), chez Actinia parasUica = Sagartia parasitica a vu se former un 
amas de cellules sans formation rie cavité de segmentation. Cet amas se couvre de cils après 
c|uc la segmentation est terminée. Il apparaît alors à l'une des extrémités un petit refoulement. 
Il s'agit là, à mon avis, d'une blastula pleine conservant encore sa forme Irrégulière durant 
son passage graduel à la phase de planula. Le naturaliste russe ne croit pas que l'endoderme 
se soit formé par invagination, mais il faut dire qu'il n'a pu observer les stades ultérieurs du 
développement du Sag. parasitica et que, dit-il, «même par le moyen des coupes on ne saurait 
obtenir rien de bon ». Sur Actinia aurantiaca (Grube), Kowalesky observa des embryons à 
huit cloisons dont la cavité était remplie de vitellus de nutrition « de sorte, dit-il, qu'évi- 
demment l'endoderme ne s'était pas formé par refoulement ». 



DÉVELOPPEMENT DES TIEXACTINTES 345 

observé le même fait chez Ad. palliata et 8ag. parasitica Appellof 
(1900, p. 22-23), donne deux explications de cette migration de 
substances lécithiques : ou bien, les matières grasses de la blas- 
tula ont été complètement résorbées par les cellules invaginées 
pour être de nouveau rejetées dans la cavité delà gastrula; ou 
bien, et c'est l'explication qui lui paraît la plus vraisemblable : 
les éléments graisseux se sont mélangés par pression réciproque 
à la couche de cellules endodermiques et ont passé à travers. 
Mes récentes observations, en ce qui concerne l'existence de 
l'invagination, concordent avec celles que je viens d'exposer 
(KowALESKY, JouRDAN, Appellof), et sout à opposcr à l'opi- 
nion la plus généralement adoptée au sujet de la forme la plus 
typique du développement des Hexactinies, opinion qui est 
ainsi résumée par MM. Y. Delage et Herouard (1901, p. 479) : 
« ...une planula se forme par délamination. Au petit bout de 
la larve se produit une invagination modérément profonde qui 
est le stomodoeum dont le fond se perce d'un orifice. La larve 
devient par là en tout semblable à une gastrula, bien que son 
origine soit tout autre » (1). 

J'ai observé que la blastula pleine se recouvre de cils et 
représente ainsi une phase planula pleine sans feuillet endoder. 
mique. Cette planula subit une véritable invagination. Pendant 
que se forme la gastrula, la masse interne lécithique se résorbe 
mais réapparaîtra dans la cavité de cette gastrula ainsi que l'a 
observé Appellof sur Tealia. Le stomodœum se transformera 
en pharynx non pas par une seconde invagination, mais, ainsi 
que je l'exposerai plus loin, par un plissement circulaire de la 
couche moyenne se produisant, peut-être, en même temps que le 
couple 1-1. L'ectoderme en s'invagiiiant forme une couche bien 
distincte, sans discontinuité et sans mélange avec la masse léci- 
thique qu'elle refoule tout en la résorbant complètement. La 
cavité de la gastrula, je le répète, est vide. Ce n'est que plus 
tard, lorsque l'embryon a pris une forme allongée que les élé- 

(1) i Car on est porté à attribuer à la continuation de l'invagination pharyngienne la for- 
mation de la couche endoderniique que l'on ne voit bien que lorsque la cavité s'est nettoyée. " 



346 L. t'AUROT 

ments graisiseux réapparaissent et remplissent cette cavité. 
Appellof (1900, p. 86) aurait vu cette réapparition s'opérer 
de la manière suivante : « Die sicli einstulpende Entoderms- 
chiclit drangt sicli ohne ilire epitheliall Verbindung aufzugeben 
zwischen die Dotterelemente welche auf dièse weise in die 
Gastralhôhle gelangen ». Cette citation diffère p(îu de l'inter- 
prétation faite à ce sujet par le même auteur et que j'ai relatée 
à la page précédente. 

La formation de la gastrula se fait le plus souvent avec régu- 
larité, c'est-à-dire que l'ectoderme iutroversé forme une courbe 
à peu près parallèle à l'ectoderme extérieur, mais souvent, ainsi 
qu'ApPELLôF l'a noté et figuré (taf. 2, flg. 12), cette courbe 
est sinueuse de telle façon qu'une proéminence remplit plus ou 
moins complètement la cavité de la gastrula. J'ai même vu (piel- 
quefois la proéminence très longue et assez mince partager cette 
cavité en deux chambres. Des cas semblables ne sont pas rares 
et pourraient donner l'idée d'un plissement normal du feuillet 
interne, plissement prenant naissance au fond de la cavité gas- 
trulaire. Ces cas, de même que tous ceux où la gastrulation ne 
se fait pas régulièrement, me paraissent causés parunerésorption 
inégale des éléments lécitliiques. Cette résorption se ferait donc 
parfois plus rapidement en un point de la cavité de la gastrula 
que dans les autres. 

La formation de la couche moyenne, mésoglée, mésoderme ou 
mésenchyme se produit alors que l'invagination étant terminée 
l'endoderme se trouve en contact avec la paroi ectodermique 
de la gastrula. Dès ce moment, l'embryon devient beaucoup 
plus contractile que dans la période antérieure. Sa forme observée 
sur le même individu peut passer de la sphère à l'ovale plus ou 
moins allongé. On ne voit cependant aucune trace de fibrilles 
musculaires sur les surfaces endo- ou ectodermiques du mésoderme 
que l'on persiste à considérer chez les Cœlentérés, comme dépour- 
vu de contractilité propre. Spengel l'appelle : membrane basale 
et admet qu'il est sécrété à la fois par l'ectoderme et l'endoderme. 
Sa destination d'après Hertwig ne serait que celle d'une mem- 



DÉVELOPPEMENT DES IIEXACTIN[ES 347 

brane de soutien (Stutzlamelle, Stutzsubstanz) et il ne devien- 
drait contractile que par rinimigration d'éléments musculaires 
endo- ou ectodermiques. C'est là l'opinion généralement adoptée, 
opinion que la grande autorité de O. Hertwig a fait passer à 
l'état de dogme. 

En dehors des faits qui la contredisent, faits que j'ai signalés 
en 1895 et en 1903, on peut encore lui opposer d'autres argu- 
ments. En premier lieu, c'est sans observation précise et très 
vaguement, que Ton a avancé que la couche moyenne des 
Hydrozoaires et des Scyphozoaires était un produit de sécrétion. 
Les Cténophores ont également une couche de même nature 
gélatineuse qui est un mésoderme bien défini et quoique cette 
dernière constatation n'ait pas encore été faite chez les autres 
Cœlentérés, on ne peut cependant considérer comme n'étant pas 
soutenable cette proposition exprimée par Bourne (1900, p. 10) : 
« It must be duly borne in mind that mesoblast is nothing more 
than an embryological ségrégation of those cells derivedinCœlen- 
terata or Diploblastica animais from one or both of the primary 
germ layers which are in Cœlomata destined to give rise to the 
cœlom and the tissues of its walls « ; et cette autre de Eay Lan- 
KASTER (1900, p. 30) : « I think that we are bound to bring into 
considération the existence in many Cœlentera of a tissue resem- 
bling the mesenchyme of Cœlomocœla. In Scyphomedusœ, in Cte- 
nophora, and in Anthozoa branched, fixed,and wandering cells are 
found in the mesoglœa which seem to be the same thing as a good 
deal of what is distinguished as a mesemchyme » in Cœlomocœla ». 

D'un autre côté, à l'opinion qui n'accorde qu'un rôle en 
quelque sorte passif à la couche moyenne, ne peut-on pas objecter 
le mode de développement de cette dernière chez les Trachy- 
méduses 1 Durant ce développement, le déplacement de la vési- 
cule endodermique, la formation de l'ombrelle, du manubrium, 
du vélum, des tentacules, les modifications de forme et de situa- 
tions successives semblent bien, à mon avis, avoir la mésoglée 
pour origine. S'il en était autrement, il faudrait admettre que 
les très minces revêtements endo- et ectodermiques sont capables 



î^48 L. FAUROT 

à eux seuls de refouler et comme de pétrir la très épaisse 
masse de Stutzsubstauz qui constitue la presque totalité du 
corps de la Méduse. De même aussi dans la formation du 
nodule médusaire des Leptolides, ne voit-on pas la mésoglée 
faire une saillie, se creuser en coupe pour former la cavité om- 
brellaire, et au centre de cette cavité pousser eu protubérance 
pour constituer le manubrium ou spadice ? 

DÉVELOPPEMENT DU PHARYNX ET DES QUATRE COUPLES 

DE CLOISONS 

Après que la couche moyenne s'est formée, l'embryon vers 
la cinquantième heure de son développement subit des modifi- 
cations importantes qui d'abord ne changent en rien sa forme 
extérieure, laquelle est tantôt ronde, tantôt ovale. On voit seule- 
ment le profil de la bouche s'accuser à divers degrés suivant que 
les contractions sont plus ou moins fortes. Sur les coupes longi- 
tudinales on voit apparaître un peu au-dessous du blastopore 
un pli circulaire de la couche mésodermique. Ce pli ne se forme 
pas au moyen d'une invagination du stomodœum, car il refoule 
seulement devant lui la couche épithéliale qui dans cette région 
conserve toujours sa structure ectodermique (fig. 7 et 8, pi. V). 
Il résulte de la formation de ce pli qui est la première indication 
du pharynx un aspect que j'avais interprété (1903, p. 371) d'une 
manière absolument erronée. Le bord supérieur de la couche 
moyenne entourant le blastopore m'avait paru résulter d'un 
allongement, d'une expansion accidentelle de cette couche et 
ne constituait pas, à mon avis, une particularité anatomique. 
Mes nouvelles recherches m'ont montré, au contraire, que le 
blastopore reste entouré par ce bord supérieur mésodermique 
et qu'il persiste ainsi, chez l'embryon, comme ouverture supé- 
rieure du pharynx. Dans cette région stomodœale la couche 
moyenne d'abord simple devient donc bifide par suite de la 
formation d'un pli transversal. Cet aspect bifide ne se montre 
pas sur toutes les séries de coupes longitudinales ; il manque en 
certaines régions et sur celles qui ne sont pas pratiquées suivant 
une orientation convenable. 



DEVELOPPEMENT DES HEXACTINIES 349 

Sur des coupes transversales, on remarque qu'en réalité il 
existe deux plis, un à droite et l'autre à gauche. Ils figurent une 
gouttière ouverte du côté dorsal (1). 

Plusieurs coupes transversales ont été représentées dans le 
texte de mon précédent travail (1903, p. 372). 

Exactement au côté ventral, la couche mésodermique de cette 
gouttière reste en partie unie, confondue avec la paroi stomo- 
dœale. Ce n'est que plus tard, alors que la gouttière se sera 
formée et se sera transformée en véritable pharynx tubuleux, 
que les deux parois : celle du pharynx et celle du stomodœum, 
s'isoleront complètement l'une de l'autre. 

La gouttière pharyngienne étant formée, le couple ventro- 
latéral (couple 1-1) apparaît probablement après, par suite de la 
formation de deux autres plissements ayant une direction oblique 
de haut en bas et d'arrière en avant (c'est-à-dire en allant du 
côté dorsal vers les côtés latéraux), direction oblique par consé- 
quent à celle des deux premiers plissements que nous venons de 
voir donner naissance à la gouttière. Mais je n'ai aucune certi- 
tude à ce sujet et j'admets comme possible que la gouttière 
et le couple 1-1 se soient formés en même temps et qu'ils ne 
doivent leur origine qu'à deux plissements qui leur sont com- 
muns, chacun d'eux : le droit et le gauche étant transversal pour 
la gouttière et oblique pour le couple 1-1. Il est possible que 
chaque plissement ait débuté en formant les deux lacunes trian- 
gulaires que j'ai décrites et figurées (1903). 

Je continue cependant (ma description en sera plus claire) 
à supposer que le couple 1-1 est formé par deux nouveaux plis- 
sements obliques à ceux qui ont formé la gouttière. 



(1) Il me semble qu'il n'y a aucun inconvénient à conserver ces expressions : ventral, 
dorsal, bien qu'il n'y ait ni dos ni ventre chez les Actinies. Elles ont été employées par Kolliker 
pour les individus de Pennatules, avec la même signification que pour les fleurs zygomorphes, 
c'est-à-dire que cet auteur nomme ventral le côté tourné Vers la tige et dorsal le côté opposé. 
Chez les Hexactinies on nomme ventral le côté qui paraît homologue au côté ventral d'un 
polype d'Alcyonnaire, c'est-à-dire celui vers lequel sont tournés les muscles unilatéraux du 
plus grand nombre (six sur huit) des premières cloisons. Les termes sulcus et sulculus préférés 
par Haddon et d'autres, ne peuvent trouver d'application que chez les Actinies qui ainsi que 
le Peachia ou le Cerianthus ont un syphonoglyphe plus développé que l'autre. 

AHCH. DE ZOÛL. EXP. ET GEN. 4" SÉlUE. T. VI. — (vi). 25 



350 L. FAtJROT 

Il ne m'a pas été possible même à l'aide de coupes faites sur 
de très nombreux embryons, de déterminer la limite supérieure 
de ces derniers plissements, car si vers le bas, dans la cavité du 
corps, on les voit se terminer par deux forts bourrelets quelque- 
fois visibles de l'extérieur à travers les parois de l'embryon, il 
n'en est pas de même en haut, où l'extrémité orale de celui-ci 
subit une déformation remarquable que Wilson (1888) a figurée 
sans y faire aucune allusion dans son mémoire et dont Appellop 
au contraire fait mention (1900). Cette déformation résulte de 
ce que la région supérieure et dorsale de la cavité du corps se 
soulève et surplombe le blastopore, qui de central devient excen- 
trique en étant repoussé du côté ventral. Peut-être s'agit-il là 
d'un refoulement comparable à ceux que Goëtte (1887-1897) 
dit avoir vu se produire chez Aurélia aurita et qui aboutissent 
à la formation des poches stomacales ? En tous cas, il ne me 
paraît pas invraisemblable que les deux nouveaux plissements 
se rapprochent et se réunissent pour n'en former qu'un seul 
situé en haut et en avant du refoulement dorsal. Vers le bas, 
ils se dirigent l'un à gauche et l'autre à droite de la gouttière 
pharyngienne, y adhèrent et se prolongent inférieurement pour 
constituer les deux cloisons ventro- latérales, c'est-à-dire le 
couple 1-1. Ce couple, ainsi que l'a remarqué de Lacaze- 
DuTHiERS, partage la cavité du corps en deux chambres iné- 
gales. La plus grande correspond à la région dorsale dont le 
sommet, ai-je dit, s'est exhaussé. La petite chambre correspond 
à la gouttière et à la bouche. 

En examinant des séries de coupes transversales faites sur de 
très jeunes embryons, la direction oblique de dehors en dedans 
et d'arrière en avant des cloisons 1-1 est manifeste. Chez l'em- 
bryon représenté sur la planche V, figures de 14 à 20, une seule 
de ces cloisons est apparue (fig. 17), l'autre devant apparaître 
plus tardivement. Cette avance dans la formation de l'une des 
deux premières cloisons est très fréquente et montre qu'il y a 
une indépendance relative dans leur formation. Cette indépen- 
dance explique l'erreur de H. Wilson qui croyait que le 



DEVELOPPEMENT DES HEXACTINIES 331 

pharynx se déplaçait pour la formation de l'une et de l'autre 
cloison 1. 

Sur les figures 11, 12, 13, de la planche V les cloisons 1-1 
subissent un changement d'orientation ; leur obliquité de dehors 
eu dedans et d'arrière en avant diminue, elles tendent à prendre 
inférieurement la situation transversale et radiale qu'elles auront 
chez l'adulte. Des exemples semblables se voient dans la planche 
XIV. figures 6-4, 63, 00 et planche XV, figures 07, 08 de mon 
précédent travail (1903). 

La longueur et l'épaisseur du revêtement endodermique 
(entéroïdes) du bord 
libre de ces deux pre- 
mières cloisons pren- 
nent très rapidement 
des dimensions relati- 
vement grandes. C'est 
pourquoi on est auto- 
risé à croire que leur 
apparition a précédé 
celle du couple dorso- 
latéral (2-2) et celle du 
couple dorsal (4-4), bien 
que des traces de ces 
quatre dernières cloi- 
sons puissent se rencon- PiG. I. Au centre : Disposition schématique des couples au 

trer sur les mêmes liré- ^^^^^^ '^^ ^^^^ développement. Le couple 3-3 n'est visible 

' A ^ que lorsque la gouttière se rapproche du centre. A la péri- 

parationS d'embryons phéne .■ l'orientation des muscles unilatéraux au stade 8 

^ . . (c'est-à-dire la période où ces cloisons sont régularisées) 

t/ieS jeunes. IVlaiS ces ggj gj^ rapport avec l'obliquité de ces mêmes cloisons chez 

cloisons 2-2 et 4-4, sont l'embryon. . 

au début si petites et si peu distinctes que H. Wilson admet 
qu'elles se forment d'une tout autre façon que les deu:^ pre- 
mières. Selon cet auteur, tandis que le couple 1-1 prend nais- 
sance par contact du pharynx avec les parois du corps, le 
deuxième couple « appear in the larger chamber as longitu- 
dinal ridges of the supporting lamella, which cause no élévation 




352 L. FAri{()T 

of the eadoderm » (1888, i). 209). D'après le même auteur, 
p. 207 (1888) toutes les cloisons qui naissent ultérieurement 
se forment de la même manière que le second couple. La remarque 
qu'il fait que les « ridges of supporting lamella » ne causent pas 
d'élévation de l'endoderme est d'une grande importance. On en 
peut déduire que les cloisons ne se forment pas, ainsi qu'on 
l'admet avec O. Hertwig, par un repli de l'endoderme entraî- 
nant avec lui une lame de mésoderme. Dans la planche V, 
figure 13, on voit un exemple du fait signalé par H. Wilson. 
Les deux encoches de l'endoderme, au côté ventral, correspon- 
dent à la place qui sera occupée par les cloisons 3-3. D'après 
l'opinion que je viens de rappeler, l'endoderme en ce point 
devrait, au lieu de deux encoches, présenter deux saillies. Dans 
la planche XIII, figure 44 (1903) j'ai figuré une disposition 
semblable qui est d'ailleurs fréquente (1), 

Aux particularités que j'ai déjà signalées (1903, pp. 384 et 390) 
au sujet du mode de formation des trois couples 2-2 ; 4-4 et 3-3, 
j'ajouterai que leur origine semblable à celles des paires, c'est- 
à-dire causée pour chacun de ces couples par une fente produite 
dans le mésoderme, me semble pouvoir être interprétée d'une 
façon un peu différente. Cette fente n'est peut-être qu'une appa- 
rence due à un plissement très oblique n'intéressant qu'une faible 
épaisseur de la couche moyenne de la paroi et pénétrant graduel- 
lement (comme une fente) dans l'épaisseur de cette couche. Le 
mode d'origine des couples 2-2 ; 3-3 ; 4-4 interprété de cette 
manière peut également être celui du couple 1-1. D'autre 
part, l'orientation des couples 2-2 et 4-4 par rapport à l'axe 
dorso-ventral de l'embryon est au début parallèle à celle du 
couple 1-1, c'est-à-dire que ces cloisons sont dirigées oblique- 
ment de haut en bas, d'arrière en avant et de dehors en dedans. 
Quant aux cloisons ventrales 3-3 elles sont certainement, parmi 
les quatre couples, celles qui se sont formées au niveau le plus 
bas. Tant qu'elles ne se sont pas montrées, la paroi ventrale du 

(1) J. PL. Mo MURRICH (1891. p. 127) dit : « the lines of origin of the other paire are indi- 
cated by dépressions of the endoderm ». 



DÉVELOPPEMENT DES HEX ACTINIES 353 

pharynx demeure confondue avec la paroi du corps de l'em- 
bryon, la bouche reste excentrique et la région dorsale du corps 
(c'est-à-dire celle qui est située en arrière du couple 1-1) est 
plus grande que la région ventrale (c'est-à-dire celle qui est 
située en avant du couple 1-1). Leur formation fait disparaître 
cette inégalité d'étendue dans les deux chambres primitives et en 
même temps disparaît l'obliquité des six cloisons apparues anté- 
rieurement. C'est alors aussi que le pharynx d'abord rapproché 
de la paroi est, par suite de l'allongement et de l'élargissement 
des quatre couples, transporté exactement au centre de la cavité 
gastrique, tandis que les huit cloisons deviennent géométrique- 
ment rayonnantes. 

D'après ce qui précède, il est normal que la chambre dorsale 
soit en même temps plus large et plus haute que la chambre 
ventrale. Cependant sur des embryons très épanouis dont le 
pharynx subit un commencement d'extroversion, il n'y a pas 
de différence d'élévation entre les deux chambres et le blasto- 
pore, quoique excentrique, correspond à peu près au sommet du 
pôle oral. C'était le cas pour les deux embryons figurés dans mon 
travail de 1903, planches XII et XIII. Des embryons con- 
tractés peuvent aussi présenter des déformations qui pourraient 
faire croire à des anomalies. 

J'ai observé un cas dans lequel les couples 1-1 ; 2-2 ; 1-1, tout 
en présentant l'obliquité normale montraient, sur des coupes 
faites de haut en bas, un déplacement vers la gauche, de telle 
sorte que la cloison 1 de gauche se rapprochait de sa voisine 3 
et que du même côté le couple 4-4 se rapprochait de la cloison 2 
de gauche. Cette dernière se terminait à la base près de la 
cloison 1 précédemment désignée^ Les cloisons du côté droit 
suivaient symétriquement celles du côté gauche. Il y avait, en 
somme, une torsion senestre. Je ne crois pas qu'il s'agisse là d'une 
véritable anomalie, mais seulement d'une exagération dans le 
retard très fréquent qui existe dans le développement d'un côté 
sur l'autre côté. Ce fait mérite néanmoins d'être signalé car il 
montre que la croissance des deux côtés peut ne pas se faire 



354 L. FAUROT 

en même temps. Cette indépendance relative dans le développe- 
ment des cloisons est presque normale chez certains Anthozoaires 
adultes, les Zoanthes par exemple chez lesquels le nombre des 
cloisons est le plus souvent un peu plus considérable d'un côté 
que de l'autre. Chez les Oérianthes où les cloisons, ainsi que je 
l'ai démontré (1895), sont disposées en groupes de quatre (quatro- 
sarcoseptes), cette inégalité de nombre est encore plus marquée 
que chez les Zoanthes. La signification comme preuve d'une 
indépendance relative de croissance était des plus remarquable 
dans un spécimen dans lequel j'ai observé que tous les quatrosar- 
coseptes du côté gauche présentaient une disposition absolument 
inverse de celle de tous les quatrosarcoseptes de l'autre côté. 

La majorité des véritables cas d'anomalie que j'ai eu l'occa- 
sion d'examiner chez 8ag. parasitica et Ad. palliata, consistait 
dans les dimensions plus grandes que prenait la chambre ventrale 
par rapport à celles de la chambre dorsale. Dans ces cas, le 
pharynx était situé, suivant la règle, dans la chambre ventrale. 

Cause de rorientation des muscles unilatéraux des cloisons. 

On s'est demandé (1901, p. 465) quel était le motif de la 
situation symétrique des muscles unilatéraux (longitudinaux) 
des cloisons. Pour les paires, la cause de cette disposition s'ex- 
plique parfaitement par leur mode d'origine (1903, p. 390 ; 
fig. XIV). Pour les quatre premiers couples il est très remar- 
quable que la situation des muscles unilatéraux a un rapport 
précis avec la direction oblique de ces couples à leur origine 
(voir p. 351, fig. I). 

D'autre part, l'orientation des muscles unilatéraux aussi 
bien sur les couples que sur les paires, ne i)eut avoir aucune 
relation avec le fonctionnement de ces muscles. Chez Aure- 
liana, j'ai montré (1895, pi. I, fig. 1) que ces muscles peuvent 
prendre une situation inverse par rapport à l'orientation nor- 
male, et même comme chez Edwardsia Adenensis (1895, fig. 8, 
p. 123), cette situation peut être quelconque. C'est donc seule- 
ment dans leur mode de développement que l'on peut trouver 



DÉVELOPPEMENT DES HEXACTINIES 335 

la cause de rorientation des muscles unilatéraux. Me Murrich 
(1891) a émis l'opinion que les muscles ont déserté la face 
loculaire des cloisons directrices, la loge ayant besoin d'être 
large en raison de ses rapports avec le syplionoglyphe. Cette 
opinion singulière est contredite par le résultat de mes recher- 
ches, et en outre elle repose sur une observation inexacte, car 
chez le Peachia (1895, pi. IX, fig. 1) le syphonoglyphe, pourtant 
de très grande dimension, ne se loge que très peu entre les 
cloisons directrices. 



Disque oro-tentaculaire. Stade à 8 tentacules. Origine des paires 

de cloisons. 

J'ai exposé (1903) comment le disque oro-tentaculaire devait 
son origine uniquement à la formation 

de ces appendices. C'est d'ailleurs à ,/■/'.•.'/' 

cette origine qu'il doit aussi sa struc- 
ture histologique différente de celle <■. A ^/j ) \\ 
des autres parties de la paroi du ..^"^Mfl 

corps. J'ai montré en outre ici 
même, qu'avant cette formation du 
disque oro-tentaculaire , la bouche 
était entourée par un anneau de 
mésoderme et que le pharynx s'était 
formé indépendamment de cet orifice 
dans la partie moyenne du stomo- 
dœum (fig. 7 et 8, pi. V). Chez la larve à 
huit tentacules alors que le disque oro- 
tentaculaire présente déjà une assez 
grande surface et à plus forte raison chez 
l'adulte, on ne retrouve plus trace de 
l'anneau • mésodermique. En même temps que les tentacules se 
sont montrés, cet anneau a été divisé et comme découpé longitu- 
dinalement en autant de tranches qu'il y avait de cloisons et ces 
tranches ont constitué les lobes péristomiaux terminant la base 
orale des tentacules. Ces lobes ont augmenté en nombre égal à 




FIG. H. Cône buccal et formation du 
disque oro-tentaculaire au stade 8. 
— A gauche ■' côté d'une cloison 
avant le développement des tenta- 
cules ; à droite ■' côté d'une loge 
avec tentacule ; c. b., cône buccal. 



336 L. FAUROT 

celui des nouvelles cloisons. Chez les Actinies bien épanouies les 
cavités de ces lobes coniuiuniquent les unes avec les autres par 
les orifices cloisonnaires (canal péribuccal) qui existent chez 
toutes les espèces de ce groupe. Il me i>araît vraisemblable que 
Texistence de ces orifices a quelque rapport avec la formation 
des lobes péristomiaux de même que les orifices qui forment un 
second canal entre les muscles unilatéraux et les parois du corps 
(canal périseptal) doivent avoir une relation avec la formation 
du disque pédieux. En effet, je n'ai pas observé de canal péri- 
septal chez les Actinies dépourvues de disque pédieux : Peachia, 
Ilyanthus, etc., tandis qu'il en existe constamment chez toutes 
les Actinies non pivotantes. 

Le stade à huit tentacules durant lequel apparaît le disque 
oral a été constaté chez toutes les Hexactinies dont on a suivi 
le développement. A cette période dont la durée peut être très 
courte, quelques jours chez Sag. yarasitica ou très longue, un 
ou deux mois chez Adams. palliata l'embryon ne peut être 
comparé d'une façon absolue à une Edwardsia adulte car celle-ci 
a toujours, ainsi que je l'ai démontré, au moins seize cloisons 
dont huit rudimentaires (1). 

S'il ne paraît pas douteux que l'apparition des huit premiers 
tentacules soit une conséquence du passage de la vie errante à 
la vie fixée de l'embryon, il n'en est pas de même pour l'aug- 
mentation du nombre des cloisons au-delà de huit. Durant la 
vie pélagique ce nombre pourrait augmenter jusqu'à vingt- 
quatre si l'on s'en rapporte au mémoire de E. van Beneden 
(1897) sur les Anthozoaires de la Plankton-Expedition. D'après 
cet auteur, les larves recueillies étaient toutes totalement dé- 
pourvues de tentacules et avaient de huit à vingt-quatre cloisons. 
Chez les larves à vingt-quatre cloisons, les couples 5-5 et 6-G 
n'étaient pas encore complètement formés et les six paires de 

(1) J. PL. Me MURRK'H (1904. p. 218) rtit très inexactement que c'est ANDRES (1880) qui le 
premier a observé la présence de cloisons rudimentaires dans une Edwarsie. ANDRES n'a observé 
que huit cloisons et d'après la légende de sa figure 7 il a voulu figurer en coupe la base des 
seize tentacules. J. PL. Me Murrich lui-même ne se serait certainement pas hasardé à voir 
autre chose dans cette figure s'il n'avait pas pris connaissance de mon travail de 1895, p. 112. 



DÉVELOPPEMENT DES MEXACTINIES 357 

deuxième ordre étaient encore plus réduites. L'absence de ten- 
tacules chez des larves aussi développées ne peut être attribuée 
au peu d'utilité qu'auraient ces appendices durant la vie libre, 
puisque on en trouve chez les Méduses et aussi chez les Arach- 
nactis. La vie fixée n'en paraît pas moins une condition beau- 
coup plus favorable à leur production plus nombreuse. Chez 
certaines Actinies pivotantes pouvant véritablement ramper et 
s'enfoncer de nouveau {Peachia, Halcampa, Ilyanthns), les ten- 
tacules et les cloisons sont en effet comparativement moins 
nombreux que chez la plupart des Actinies fixées. 

Il est vraisemblable que dans la vie libre nageante des Arach- 
nactis ou dans la vie en partie rampante, en partie fixée du 
Peachia, de l'Halcampa et de Y Ilianthus , les tentacules ne servent 
qu'à la préhension de proies mortes ou presque dépourvues de 
moyens de défense. Des cloisons musculaires très nombreuses et 
très puissantes ne leur sont donc pas très nécessaires. Leurs 
cloisons sont d'ailleurs dépourvues de muscles pariéto-basilaires. 
Les Actinies fixées bien que se déplaçant parfois au moyen de 
leur pied adhésif, possèdent toujours au moyen de cet organe 
un point d'appui très résistant, durant les contractions des 
muscles pariéto-basilaires et unilatéraux de leurs très nom- 
breuses cloisons. Le fonctionnement des . tentacules acquiert 
ainsi chez elles une plus grande importance que chez les Acti- 
nies pivotantes, pour la préhension, le maintien et le transport 
dans le pharynx de proies volumineuses et se défendant vigou- 
reusement. 

J'ai décrit le développement des paires de cloisons (1903, 
p. 390, 393, fig. XI, XII et XIV du texte). J'y reviens encore 
une fois pour ajouter quelques nouveaux exemples à ceux que 
j'ai déjà rapportés et aussi pour modifier en partie l'interpréta- 
tion que j'en ai donnée. Ces exemples se rapportent à un PalytJioa, 
à trois Cérianthes et à un Madreporaire ; je les signale ici, parce 
qu'ils ont même signification que ceux que j'ai déjà notés chez 
les Hexactinies. Ils viennent confirmer mon opinion qui est que : 
les deux cloisons constituant une paire ne se forment pas indé. 



358 L. FAUROT 

pendammeiit l'une de l'autre ; elles sont à l'origine réunies en 
une seule lamelle qui, par rapport à la paroi du corps, présente 
un aspect pouvant se comparer à la corde d'un arc. C'est cette 
corde qui en se rompant en son milieu formera la paire de cloi- 
sons. Voici ces faits qu'il est assez rare d'observer, probable- 
ment par suite de la rétraction habituelle de la partie du corps 
(région péripharyngienne) oii il est seulement possible de les 
constater. Cette rétraction est difficile à éviter malgré toutes 
les précautions techniques. 

Chez un Palythoa, G. Muller (1884, fig. 3) représente une 
coupe pratiquée en haut de la région pharyngienne. On y voit 
une paire de cloisons microseptales soudées en arc par leurs 
bords qui normalement sont libres. Ce genre de cloisons n'at- 
teint jamais le pharynx. E. van Beneden (1897, pi. IV, fig. 4 
et pi. XIII, flg. 2, 3, 4, 5 et aussi p. 129, fig. XXVI) figure des 
paires soudées en arc chez des Cérianthides dont les points de 
multiplication étaient multiples. Chez ces spécimens, à mon 
avis, la formation des cloisons s'est trouvée ralentie par suite 
de la multiplicité de ces points, de telle sorte qu'elle a laissé 
trace de son processus, lequel reste inaperçu dans les conditions 
ordinaires du développement. Enfin Duekjden (1902, fig. 6, 
p. 62) a représenté deux paires de cloisons en arc chez un Madré- 
pore. En outre il me semble probable que les quatre schémas de 
la figure 8, page 63 du même travail, représentant des coupes 
prises à diiïérents niveaux d'un polype isolé, se rapportent 
également à la formation d'une paire de cloisons. Il s'agit d'une 
cloison qui se partage en deux nouvelles ; au sommet de la 
cavité du corps elle figurait sans doute une corde dont une 
portion de la paroi était l'arc. 

J'avais expliqué (1903, p. 391) la formation de la petite cavité 
comprise entre la paroi et la lamelle mésodermique formant la 
corde de l'arc, eu présentant cette formation comme une sorte 
de schizoccele, schizoccele qui plus tard se serait transformé en 
loge. Ce que j'ai observé chez Bunodes thallia, Peachia hastata 
Sag. parasitica et Ad. palUata semble indiquer en effet que le 



DEVELOPPEMENT DES HEXACTINIES 359 

développement des pairevS de cloisons s'est passé d'après ce 
processus, mais comme la cavité de la future loge se trouvait 
toujours, dans ces exemples, ouverte en bas et quelquefois en 
haut de la colonne, je crois pouvoir donner une seconde inter- 
prétation de son origine. Cette interprétation est d'ailleurs la 
même que celle que j'ai exposée ici même, page 352 pour les cou- 
ples 2-2, 4-4, 3-3, c'est-à-dire que la fente scliizocœlique n'est 
peut-être qu'une apparence due à un plissement très oblique 
vers le haut, n'intéressant qu'une faible épaisseur de la paroi 
mésodermique. Ce plissement s'élargirait aux dépens de cette 
paroi et prendrait les dimensions d'une loge, et en se rompant 
du côté intérieur formerait une paire de cloisons. 

Cycles tentaculaires. 

La formation des cycles tentaculaires à partir du stade 12 
a été présentée comme se passant d'après de nombreuses lois 
compliquées (1901). En réalité, d'après mes conclusions pour- 
tant déjà anciennes (1895), cette formation se produit d'une 
manière logique et assez simple, et il n'est pas nécessaire pour 
l'exposer de traiter le sujet algébriquement comme cela a été 
fait. 

Pour la comprendre (1895, p. 95, fig. 6) il faut se rappeler que 
les paires de cloisons arrivées au terme de leur développement 
sont disposées d'après leur ordre de dimension et que les tenta- 
cules, les uns loculaires, les autres interloculaires, ont toujours, 
au terme de leur développement, des longueurs en rapport avec 
l'ordre de dimension des loges et interloges dont ils sont les pro- 
longements. En d'autres mots : la symétrie radiaire des ordres 
de paires de cloisons sera toujours reproduite par les prolonge- 
ments loculaires et interloculaires des loges et interloges (1). 

Il faut se rappeler en outre, que dans le développement d'un 
nouveau cycle : 

a) Les nouvelles paires ne naîtront pas au milieu des inter- 

(1) La symétrie biradiale ne sera révélée à l'extérieur que par les deux commissures buc- 
cales. 



360 L. FATJROT 

loges mais sur un des côtés de celles-ci, chaque paire nouvelle 
divisant une interloge du stade précédent en trois parties : une 
loge et deux interloges. Le tentacule de l'interloge ainsi divisé 
est destiné à prolonger l'une des deux nouvelles interloges. Les 
deux autres parties auront donc à acquérir chacune un tentacule 
(un loculaire et un interloculaire). 

h) Les tentacules loculaires tendent toujours à prendre une 
longueur et une situation en rapport avec l'ordre de dimension 
des loges dont ils sont les prolongements. 

c) Les interloculaires restent toujours plus petits que les 
loculaires nés soit avant, soit en même temps, soit après eux. 
Leurs dimensions, plus petites que celles des loculaires, sont en 
rapport avec les dimensions des interloges, dimensions toutes 
plus étroites au début, que celles de toutes les loges surmontées 
de tentacules. Leur situation au rang le plus extérieur des 
cycles tentaculaires régularisés (Cycle 12 = 6 locul + 6 interloc. 
Cycle 24 = 12 locul. + 12 interl. Cycle 48 = 24 locul + 24 in- 
terl., etc.) résulte de ce que les interloges sont les parties du 
corps où l'accroissement s'est produit en dernier lieu. 

Il sera maintenant facile de comprendre (1895, p. 95, fig. 6) 
en se reportant aux paragraphes a, b, c qui précèdent, que pour 
la formation d'un nouveau stade tentaculaire, exemple : pour 
que le stade 6 loculaires + 6 interloculaires passe au stade 
12 loculaires + 12 interloculaires : 

a) Il doit apparaître un loculaire et un interloculaire à côté 
de chacun des six interloculaires du stade 6 locul. + 6 interl. 

b) Les six loculaires nouveaux, en grandissant, acquerront 
une longueur et une situation sur le disque tentaculaire en rap- 
port avec la dimension des six loges de deuxième ordre dont ils 
sont les prolongements. 

c) Les six interloculaires nouveaux en grandissant, ne dépas- 
seront pas la longueur des interloculaires anciens et seront avec 
eux relégués au dernier rang, rang qui est en rapport avec la 
dimension des interloges toutes plus étroites que celles des loges 
surmontées de tentacules. 



DÉVELOPPEMENT DES HEXACTINIES 361 



CONCLUSIONS (Développement). 

La segmentation irrégulière aboutit à une blastula remplie 
de substance lécitliique. Cette blastula, d'abord de forme irré- 
galière, bosselée, devient sphérique, se couvi-e de cils et se perce 
d'un et parfois de plusieurs orifices. Elle présente alors l'aspect 
extérieur d'une planula. Elle ne possède cependant que l'ecto- 
derme formé de cellules se confondant à l'intérieur de la cavité 
avec la substance lécithique. Cette planula se transforme en 
gastrula par une invagination typique ayant pour point de 
départ un orifice de la surface. L'invagination est complète 
malgré la présence de la masse de nutrition intérieure. Cette 
masse réapparaît plus tard dans la cavité de l'embryon. Une 
couche moyenne contractile se forme dès que la gastrulation 
est terminée et presque eu même temps le pharynx prend nais- 
sance non pas par invagination du blastopore, mais par un 
plissement de la couche moyenne, dans la région médiane du 
stomodœum. Le couple 1-1 apparaît, peut-être formé par le 
même plissement, peut-être aussi par un plissement indépen- 
dant, oblique de haut en bas et d'arrière en avant. La formation 
de ce couple 1-1 peut s'interpréter, de même que celle des cou- 
ples 2-2, 4-4 et 3-3. comme résultant de plissements obliques du 
mésoderme de la paroi. Ces plissements, à leur point d'origine, 
pénétreraient comme des fentes dans l'épaisseur du mésoderme. 
Le couple 3-3 apparaît un peu plus bas et, semble-t-il, plus tar- 
divement que les trois autres couples. Il me semble probable que 
la formation du pharynx n'est pas indépendante de celle des couples 
du stade 8. Ce sont peut-être ces cloisons qui l'ont formé. A partir 
du stade 12 les paires de cloisons se forment de chaque côté de 
l'axe commissural par des processus semblables à ceux qui, sur 
cet axe, ont pu donner naissance aux quatre couples de cloisons 
du stade 8. 



302 I- PAUROT 

PHILOGÊNIE DES HEXACTINIES, AFFINITÉS 

On peut imaginer que les Autliozoaires ont eu un ancêtre 
pro-Edwardsia (Bourne, 1900, p. 55) à symétrie bilatérale et 
aussi biradiale, pourvu seulement de huit mésentères. De cette 
forme serait descendu VEdwardsia qui avec huit cloisons com- 
plètes a toujours au moins deux paires de cloisons de second 
ordre et le pro-Halcampa qui aurait eu six paires de cloisons 
(stade 12). Ces deux formes auraient donné parallèlement nais- 
sance, d'un côté aux Héxactinies régulières par VEalcampa, et 
de l'autre côté par VEdwardsia aux genres ne présentant pas 
la symétrie hexamérale, tels que Gonactinia, Ovactis, etc., ainsi 
qu'au genre Scytophorus et Peachia pourvus d'un syphonoglyphe 
ventral très développé. Du pro-Edwardsia seraient aussi des- 
cendus les Antipathaires, les Cérianthes, les Zoanthes. Mais quels 
sont les rapports de parenté, c'est-à-dire morphologiques, des 
Héxactinies avec certains autres Cœlentérés ? Se rattachent- 
elles au scyphistome, à l'Hydre f au groupe disparu des Tetra- 
corallia f Y aurait-il même un rapprochement à établir entre 
elles et les Annelés et Chordés comme le suggèrent A. Sedgwick 
et E. VAN Beneden ? En traitant ces questions je ferai mieux 
ressortir les conclusions de ce travail, et ces conclusions elles- 
mêmes, seront amplifiées. 

Les Acalèphes qui ont en commun avec les Hydroméduses 
les caractères suivants : forme polypoïde et une forme médusoïde 
avec présence d'un manubrium et d'une ombrelle tentaculée, 
en diftereraient par des traits importants parmi lesquels : la 
présence chez le scyphistome et chez la méduse ascrapède, de 
quatre poches gastriques avec quatre cordons saillants (colu- 
melles et tœnioles chez l'adulte). Chez le Scyphistome, il y aurait 
même au début, d'après Goëtte (1897) un stomodœum invaginé. 
Ce dernier caractère surtout a fait réunir les Acalèphes aux 
Anthozoaires dans un même groupe : les Scyphozoaires. Mais, 
d'après les recherches de W. Hein (1900 et 1902), Goëtte se serait 



DÉVELOPPEMENT DES HEXACTlNlES 303 

trompé, car chez la larve d'Anrelia aurita il n'y a pas de pharynx 
ectodermal et le blastopore persiste comme bouche définitive ; 
et après la formation des quatre premiers tentacules il apparaît 
quatre enfoncements interradiaux auxquels participe la Stutz- 
lamelle. Ces quatre enfoncements pénètrent dans la cavité gas- 
trique pour former les cloisons. Les quatre poches gastriques 
du Scyphistome résultent de la formation de ces cloisons et par 
conséquent elles apparaissent avec ces dernières. Il faut ajouter 
que Hein (1902) a vu que chez Cotylorhyza tuberculata, de même 
que chez Aurélia aurita, "1 se produisait une invagination typique. 
Ces faits autorisent à rapprocher, comme le suggère Hein, 
les Acalèphes des Hydroméduses. 

Si nous comparons le pharynx de THexactinie adulte avec 
ce qui. d'après mes conclusions, lui serait homologue chez le 
Scyphistome, c'est-à-dire la part'e très restreinte limitée par 
le sommet des quatre cloisons, on voit que chez l'un et l'autre 
organisme, le pharynx et ce qui le représente chez le Scyph s- 
tome résultent vraisemblablement de la formation des cloisons. 
J'ai dit, en effet, page 361, que chez les Hexactinies le pharynx 
n'était vraisemhlahlement pas une formation indépendante de 
celle des quatre premiers couples. Jusqu'à quel point, 
d'ailleurs, peut-on assimiler ces quatre couples avec les quatre 
cloisons du Scyphistome ? Chez ce dernier les cloisons sont 
au nombre de quatre, disposées en croix, radialement. Chez 
les embryons d'Hexactinies, les quatre couples sont au contraire 
placés à la suite les uns des autres suivant l'axe qui passe entre 
les cloisons de direction. Bien que la disposition des parties soit 
totalement différente, il y a cependant similitude entre le nombre 
et le mode vraisemblable de formation des couples et ce même 
nombre et cette formation chez les cloisons du Scyphistome (1). 
C'est aux Hydrozoaires d'où dérivent les Acalèphes que nous 

(1) Les quatre plissements qui forment les quatre couples peuvent être considérés comme 
résultant d'autant d'enfoncements du pùle oral. Ce qui, vu de l'intérieur de la cavité gastrique 
apparaît comme plissement saillant, présentera Taspect d'un enfoncement, d'une dépression 
si on l'examine de l'intérieur. L'expression : plissement me parait mieux correspondre à ce 
qui se produit. 



364 L. FAUROT 

comparerons maintenant l'embryon des Héxactinies. Chez 
Adamsia palUata et Sagartia parasitica, le blastopore ne s'inva- 
gine pas, et avant la formation du disque oro-tentaculaire, avant 
même la formation des premières cloisons, ce blastopore reste 
placé au-dessus du stomodœum et est comparable au cône buccal 
de l'Hydre. Je dois même noter que Hein a observé que le 
blastopore du Cotylorhyza est le plus souvent situé sur un côté 
du pôle oral. La couche épithéliale qui revêt le stomodœum de 
l'embryon d'Hexactinie conserve, il est vrai, une structure ecto- 
dermique que ne présenterait pas l'entrée de la cavité digestive 
de l'Hydre. Peut-être ne faut-il pas attacher à cette différence une 
très grande importance? L'ectoderme stomodœal de l'Hexactinie 
doit, d'ailleurs, son origine à la gastrulation et non pas à une 
introversion secondaire, comme on le croyait jusqu'à présent. 

Durant leur développement les Héxactinies présentent donc 
des caractères qui leur sont communs &'un côté avec les Acalèphes 
et de l'autre avec les Hydroïdes. Ainsi que les premiers, les em- 
bryons à' Adamsia palUata et de Sagartia parasitica montrent 
quatre plissements, disposés il est vrai, très différemment dans 
l'un et l'autre groupe. Ainsi que les Hydroïdes, ces mêmes 
embryons sont pourvus d'un hypostome correspondant morpho- 
logiquement au manubrium des Ascrapèdes et à celui des Cras- 
pédotes. En ce qui concerne le pharynx des Héxactinies il ne 
serait pas, d'après ce qui a été dit plus haut, formé indépen- 
damment des couples de cloisons et, en raison de son origine, 
sa présence ne constituerait pas une distinction importante 
entre les Anthozoaires et les Acalèphes adultes. Quant aux 
tentacules des Héxactinies, leurs bases dont l'ensemble forme 
le disque oral, s'étendent jusqu'à l'hypostome et le découpent 
en lobes buccaux. Chez les Hydroméduses et les Acalèphes les. 
couronnes tentaculaires se forment à une distance plus ou moins 
grande de l'hypostome et du manubrium, indépendamment 
d'eux et sans leur envoyer de prolongements. En d'autres 
termes, chez les Acalèphes, de même que les bords libres des 
cloisons ne se rapprochent pas à un degré suffisant pour cons- 



DEVELOPPEMENT DES HEXACTINIES 365 

tituer un pharynx comparable à celui des Hexactinies, de 
même aussi leurs tentacules restent trop distants de la bouche 
pour former un disque oro-tentaculaire semblable à celui de 
ces Anthozoaires. Toutes ces considérations notamment : la 
présence chez les Hexactinies d'nn cône buccal et celle d'un 
pharynx formé par un processus autre que celui de Tinvagina- 
tion et qui paraît concomitant avec la formation des couples 
de cloisons, nous conduisent à cette nouvelle conclusion : Le 
groupe des ScypJiozoaires tel que le décrivent Guette (1897) et 
Delage et HÉROUARD (1901) doit être supprimé. 

Les recherches faites sur la structure des Tétracorallia n'ont 
pas encore permis de décider si, tout à fait au début de leur 
développement , ces coraux avaient été tétramères ou hexa- 
mères. D'après Ludwig et de Pourtalès (1871) et contraire- 
ment à KuNTH (1869), la disposition tétramère proviendrait de 
la transformation d'un arrangement des septes primitivement 
au nombre de six, ce qui suppose douze sarcoseptes. Duerden 
(1902) partage cette opinion et montre d'après l'examen qu'il 
a fait du squelette du Lobophyllum que les Tétracorallia sont 
alliés aux Zoanthes actuellement vivants. Chez ces derniers les 
recherches de E. van Beneden (1890) et de Me Murrich 
(1891) auraient établi qu'antérieurement au stade 12, l'em- 
bryon a probablement passé par une phase à six cloisons 
complètes. J'ai moi-même (1895, pi. X flg. 3, 4, 5) figuré 
des coupes d'un très jeune Polythoa sulcata montrant à la 
base du polype deux cloisons qui paraissent être homologues 
au couple 1-1. Le même embryon était pourvu de six à huit 
cloisons à des niveaux plus rapprochés du pharynx (1). 



(1) En se reportant à ce ijue j'ai exposé au sujet de l'orientation oblique, non radiale 
des premières cloisons, on verra (lue les figures des Traités de Zoologie (1900, flg. 23, et 1901 
page 655) représentant les coupes transversales de jeunes Zoanthes, sont inexactes. Ces' 
cloisons y sont toutes dirigées radialement vers le centre, alors que le couple 1-1 de même 
que le couple i>-2 doivent avoir une même inclinaison oblique sur l'axe commissural comme 
dans mon schéma I page 351. Les figures de E. Van Beneden (1890, pi. XV, ftg. 1, 4) et les 
miennes (1895, pi. X, flg. 3) faites d'après nature montrent bien qu'il doit eu être ainsi. La 
même observation s'applique aux flgures de ces mêmes Traités représentant la disposition de 
premiers couples chez les Hexactinies (1901, p. 481, et 1900, p. 42, flg. 20) 

ARCH. DK ZOOL. EXP. ET GEN. 4' SERIE. — T. VI. — (vl). 26 



366 h. FAUROt 

A mon avis, le peu que l'on sait de l'embryogénie des Zoaû.- 
thes et de la structure primitive des TetracoralUa autorise, 
jusqu'à présent, à conclure que le début de leur développement 
est semblable à celui des Hexactinies. Cette conclusion donne un 
appui aux conjectures que j'ai émises au sujet de la formation 
des premiers septes chez les TetracoralUa (1903, p. 381). D'après 
ces conjectures, la disposition tétranière est primitive chez ces 
derniers. 

Il reste à examiner s'il est possible d'établir un rapprochement 
entre l'embryon d'Hexactinie, tel qu'il se présente avant la régu- 
larisation de ses quatre premiers couples de cloisons (fig. I, p. 351) 
et celui d'un organisme annelé. Je rappelle d'abord que A. Sedg- 
wiCK (1884) a émis l'hypothèse que la bouche et l'anus des 
animaux supérieurs dériveraient d'une ouverture en fente 
allongée, comparable à Toriflce buccal des Anthozoaires, l'une 
des deux extrémités de l'oriflce servant pour l'entrée de l'eau et 
l'autre pour sa sortie. Cette différenciation se manifesterait chez 
le Peaehia jusqu'à constituer deux ouvertures distinctes. D'après 
le même auteur, le blastopore et une partie de l'aire d'accrois- 
sement des embryons du Peripatus, des Aunélides et des 
Arthropodes seraient homologues avec la bouche des Actinies. 
A. Sedgwick suppose en somme que le disque oro-tentacu- 
laire des Anthozoaires est comparable avec la face neurale des 
Annelés. E. van Beneden (1891) s'est rallié à l'opinion de 
A. Sedwick et d'après lui les diverticules cœlomiques se for- 
ment par paires comme les loges des Cérianthides; c'est ainsi 
que toute nouvelle paire de cloisons apparaissant chez le 
Cérianthe en arrière des cloisons nouvelles peuvent s'homologuer 
à deux cloisons intersegmentaires des Artiozoaires. En 1897, 
E. VAN Beneden étend la comparaison à VAmphioœus. 

Les Arachnactis et les Cériauthes sur lesquels sont basées les 
considérations de E. van Beneden diffèrent grandement des 
Hexactinies, bien que la formation de leurs cloisons au stade 8 
paraisse semblable, ainsi que j'ai tenté de le démontrer (1895) 
après Me Murrich et E. van Beneden (1891). En outre, ce 



DÉVELOPPEMENT DES H EX ACTINIES 367 

que l'on sait de reinbryogénie du ]>lia.ryiix des Oériauthid(ss 
diffère trop de ce que j'ai observé au sujet de VAdavtsia palliata 
et du Sagartia parasitica, pour que les réflexions qui vont suivre, 
et qui concernent les Hexactinies puissent leur être appliquées. 
Celles-ci sont remarquablement représentées à ce point de 
vue par le Peachia dont le disque oro-tentaculaire a été com- 
paré par A. Sedgwick au blastopore en fente du Peripatus. 
Cette Actinie qui possède seulement douze cloisons complètes 
et un syphonogiyplie dont les dimensions sont singulièrement 
développées (1895, pi. IX et pi. XII), et lequel, ainsi que je 
l'ai exposé (1903), est constitué par la gouttière ventrale pri- 
mitive de l'embryon, me paraît, entre toutes les Hexactinies, 
celle dont l'étude embryogénique permettrait le mieux de 
résoudre bien des faits que le présent travail n'a pu éclaircir. 



Au début du stade 8, alors que la région dorsale est plus dé- 
veloppée ([ue la région ventrale et que le pharynx est encore en 
contact avec la paroi du corps, la symétrie n'est ni radiaire, ni 
biradiaire ; elle est uniquement bi-latérale comme chez les 
Artiozoaires. Il y a deux côtés distincts l'un de l'autre que l'on 
peut désigner conventionnellement sous les noms de gauche et 
droit, puisque l'une des extrémités de l'axe qui passe entre les 
cloisons de direction est spécialisée par la présence du pharynx 
excentrique. En outre, non seulement les couples ne rayonnent 
pas autour de l'axe longitudinal du corps, mais les huit cloi- 
sons ne se répètent pas toutes exactement à la même hauteur 
le long de cet axe. Deux couples 1-1 et 3-3 se montrent à 
deux niveaux différents. 

Les quatre premiers couples sont distribués en ligne, les uns 
à la suite des autres. Il y aurait là peut-être une véritable méta- 
mérisation, si on admet que les quatre couples résultent 
d'autant de plissements du mésoderme ; car on sait (Ch. Sedg- 
wick-Minot) que des répétitions sériales d'organes ectodermi 
ques ou endodermiques sans segments mésodermaux ne consti 
tuent pas, morphologiquement, une métamérisation. 



368 L. FAUROT 



INDEX BIBLIOaRAPHIQUE 

1880. Andres (A.). Iiitorno aWEdwardsia Claparedii. {Atti B. Acad. 
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DEVELOPPEMENT DES HEXACTINIES 369 

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1888. WiLSON (H.-V.). On the Development of Manicina areolata. 
(Journ. of Morphology. Vol. II, n" 2.) 



EXPLICATION DE LA PLANCHE IV 

(Ces figures sont faites d'après des préparations d'embryons de Sagartia parasitica. L'examen 
des coupes d'embryons d'Adamsia palliata ne m'a montré aucune différence embryogénique 
importante.) 

FiG. 1. Segmentation irrégulière. 

FlG. 2 et 3. Coupes à travers deux blastula. 

FiG. 4. Blastula entière à la même période (lue 2 et 3. 

FiG. 5. Coupe d'une planula. Les prolongements en culs de sacs n'ont pas de parois bien 

distinctes comme sur cette figure. A l'intérieur, coupe transversale d'un second 

orifice. 
FiG. 6. Gastrula. Les globules lécithiques n'ont pas encore été absorbés complètement. 
FiG. 7. Formation du plissement au-dessous du blastopore. 
FiG. 8. Coupe d'un embryon plus âgé. Les cellules lécithiques réapparaissent dans la cavité. 

Coupe suivant le plan dorso-ventral. 
FiG. 9 à 13. Coupes à intervalles espacés entre le pôle oral et le pôle aboral. En lu une des 

cloisons du couple 2-2. En 11 une des cloisons du couple 1-1. En 12 et 13, couple 1-1. 
FiG. 14 à 20. Coupes eœdem. Embryon plus jeune que le précédent. Une seule cloison 1 est 

apparue en 17. 



ARCHIVES DE ZOOLOGIE EXPÉRIMENTALE ET GÉNÉRALE 
IV« Série, Tome VI, p. 371 à 488 

15 Mai 1907 



BIOSPÉOLOGICA 



ESSAI 

SUR LES PROBLÈMES BIDSPÉOLOI]"^'"'^^' 



EMILE r,. UACOVITZA 

Sons-Dircrteiir du Laljnratoire Araço (B.Miiyiils-sur-Mer). 



TABLE BES MATIÈRES 

Pases 
Avant-Propos ^'- 

QrELQUES CONSIDÉRATIONS SUR LES PROBLÈMES BIOSPÉOLOGIQUES 3*3 

I. Etendue tlu domaine souterrain ^^'^ 

II. Conditions d'existence que présente le domaine souterrain 390 

III. Influence exercée par ces conditions d'existence sur les Cavernicoles iOO 

IV. Caractères des Cavernicoles '-'' 

V. Rapports de la faune cavernicole avec les autres faunes ^27 

VI. Classification des Cavernicoles ,. ''^^ 

VII. Composition de la faune et de la flore cavernicole 438 

VIII. Modalités de l'évolution des Cavernicoles ''^0 

X. Distribution géographique des Cavernicoles '*''8 

X. Origine des Cavernicoles '"* 

XI. Mode de peuplement du domaine souterrain. ^"^^ 

XII. Epoque de peuplement du domaine souterrain et ancienneté des Caver- 

, . 't6l 

nicoles 

XIII. Modification et destruction du domaine souterrain et sort des Caver- 
nicoles '" ^ 

ISA 
AUTEURS CITÉS 

ARCU. DE ZOOL. EXP. ET GÉN. — .'j" SÉRIE. —T. VI. — (vn). 27 



;n-2 EMILE G. RACOMTZA 



AVANT-PROPOS 

En 1904, le v.ixx'ur du l:il)onitoire Arago, le « KoImikI », cIToc- 
tuait des reeherclies océanographiques aux Baléares sons la 
direction de M. Pruvot et avec le concours de M. Odon de Buen, 
professeur à l'Université de Barcelone. Quelques joins devaient 
être distraits du temps consacré aux recherches marines pour 
l'exploration des célèbres grottes du Drach, de Majorque. 

Effectivement, le 15 juillet le bateau mouillait à T*orto-(lristo 
et le lendemain nous étions dans la Oieva del Drach. Trois 
jours de chasse me fournirent un certain nombre de Caverni- 
coles, aussi bien terrestres que d'eau douce. Parmi ces derniers, 
un Isopode, aveugle, incolore, pourvu de longs appendices, me 
frappa surtout par sa ressemblance avec des formes marines. 
Son étude approfondie me montra qu'il appartenait à la famille 
des Cirolanides et je le décrivis (1905) sous le nom de Typhlo- 
cirolana Moraguesi. n. g., n. sp. 

La présence de ce Crustacé à parents marins dans les eaux 
douces de la grotte, les caractères qui le différenciaient des 
Cirolanes lucicoles, l'empreinte si forte du milieu obscur sur 
toute son organisation, suscitèrent dans mon esprit nombre de 
questions qui me paraissaient du plus haut intérêt. 

Je me suis mis à rechercher leur solution dans les œuvres de 
mes confrères et je me suis adressé en premier lieu aux traités 
de biogéographie. J'ai consulté les ouvrages les plus nouveaux 
comme les plus anciens (Schmarda, Heilprin, Wallace, 
Trouessart, Beddard, Kirchhoff, Jacoby, Kobelt, Eatzel, 
etc.) et j'ai constaté, avec étonnement, que la plupart ne men- 
tionnaient même pas les êtres cavernicoles et que les autres s'en 
débarrassaient en peu de mots, non toutefois sans faire ressortir 
l'insignifiance de cet « habitat » et la faible importance de sa 
faune. Une phrase de Eatzel (1902, p. 588) exprime bien cette 
manière de voir qui est générale chez les biogéographes : Zu 



LES PROBLÈMES BIOSPÉOLOGIOTiES 37:i 

den Zersplitterten iind Zusammengesohrumpften Lebensrâumen 

gehôreii endlich aiicli die Eelikteuseen und die Hôhlentier 

nnd Holilenpflanzeuwelt. 

Le domaine souterrain serait donc aussi insignifiant par le 
peu d'espace qu'il occupe sur terre que par le faible nombre 
des êtres qui l'habitent ; ce ne serait qu'une sorte de « bizarrerie » 
de la nature. Or, il n'est pas d'idée plus fausse ! 

Revenu bredouille de cette chasse aux renseignements dans 
les traités, je me suis rabattu sur les mémoires des spécialistes ; 
d'abord, naturellement, sur les travaux d'ensemble (Packard, 
Hamman, Viré, Ohilton, Joseph, etc.) puis sur les travaux 
spéciaux. Ce fut long, car les publications ne manquent pas sur 
le sujet ; et je m'arrêtai non point faute de « munitions « — je 
suis loin d'avoir consulté tout ce qui a été écrit sur les Caver- 
nicoles — mais parce que je suis arrivé à la conviction que je 
ne trouverais pas de réponse précise à mes questions et parce 
que je suis sorti de ces lectures littéralement affolé. Dans aucune 
des questions que mes études professionnelles m'ont incité à 
approfondir, je n'ai encore constaté semblables incertitudes et 
contradictions, pareil enchevêtrement de faits bien observés, 
d'hypothèses injustifiées, de suppositions légitimes, d'erreurs 
manifestes, d'observations non contrôlées, de généralisations 
hâtives, en un mot, pareil chaos inextricable de faits, de théo- 
ries et d'erreurs. 

Les confrères qui ne sont pas au courant de ces questions 
pourraient me taxer d'exagération, et attribuer mon affolement 
à une cause subjective ; je vais leur démontrer que cette cause 
est objective en citant, au hasard du souvenir, un certain nombre 
de ces opinions contradictoires, erïeurs manifestes et théories 
justifiées ou non, avec le manque d'ordre dans lequel elles sont 
consignées dans les mémoires des spécialistes. 

La vie à l'obscurité complète produit nécessairement la cécité 
(Packard). La cécité n'est pas produite nécessairement par la 
vie à l'obscurité complète (Semper). Il est impossible que l'obs- 
curité soit la cause efficiente de la cécité qui doit être produite 



374 EMILE G. RACOVITZA 

par des facteurs inconnus (Hamman). Les grottes ne sont pas 
complètement obscures, ce qui explique la prévSence de Caver- 
nicoles jwurvus d'yeux (Hamman). Il règne une obscurité com- 
plète dans les grottes profondes (Verhoeff). 

Les Cavernicoles actuellement aveugles ont perdu leurs yeux 
après leur immigration dans les grottes (Packard, Viré). Les 
Cavernicoles aveugles descendent de formes lucicoles déjà 
aveugles ou à yeux rudimentaires (Eigenmann). L'œil disparaît 
par arrêt de développement (Kohl), par dégénérescence pliyle- 
tique (Eigenmann), par atrophie (Packard). Les caractères 
spéciaux des Cavernicoles furent acquis par évolution lente 
(Darwin), par évolution rapide (Packard), par variations 
brusques (Eigeniviann). « Dès qu'un animal est soumis au 
régime de l'obscurité, ses organes se modifient, et cela dès la 
première génération » (Viré, 1899, p. 113, lignes 11). On voit les 
types changer peu à peu « par une suite de transitions absolu- 
ment graduelles » (le même Viré, 1899, p. 113, ligne 20). 

La lutte pour l'existence est nulle dans les grottes (Darwin, 
Packard) ; elle est très violente (Chilton, Verhoeff, etc.). 

L'adaptation des êtres à la vie cavernicole est due à l'hérédité 
des caractères acquis par usage ou non usage (Packard); à la 
sélection naturelle : les individus à mauvaise vue seuls sont 
restés dans les grottes, les autres ont regagné les espaces éclairés 
(Lankester) ; à la panmixie combinée avec la sélection natu- 
relle (Chilton); à la sélection économique (lutte des parties de 
l'organisme de Eoux) (Lendenfeld). 

Le milieu biologique des cavernes ne diiïère essentiellement 
du milieu biologique de la surface que par l'absence de lumière » 
(Viré). Il en diffère par la température constante, par l'humi- 
dité, par le manque de végétaux, par la pénurie de nourriture 
et par l'absence de lutte pour la vie (Packard), 

La faune cavernicole actuelle est d'origine récente (Packard, 
Peyerimhoff, Chilton). Elle est en grande partie le repré- 
sentant d'une faune antérieure éteinte ou plus cosmopolite 
(Lendenfeld). Sauf faibles exceptions il n'est « pour ainsi dire 



LES PROBLEMES BrOSPEOLOGlOTÎES 375 

aiicuiic espèce souterraine qui n'ait à la surface une espèce 
analogue » (Viré). 

Faut -il citer encore ! La faune cavernicole est très pauvre 
(Packard, Ohilton). « Il n'est pas un point du sous-sol de 
notre globe qui. à l'égal de la surface, ne soit abondamment 
peuplé d'une faune riche et variée » (Viré). 

La nourritvire est rare dans les grottes et l'on se demande 
souvent comment des Cavernicoles peuvent y trouver leur 
subsistance (le même Viré, Packard, Carpenter). Les ruis- 
seaux souterrains entraînent beaucoup de nourriture (le même 
Viré). Les Cavernicoles ne doivent pas avoir plus de difficulté 
à se procurer de la nourriture que les lucicoles (Hamman). La 
famine doit être la condition normale de la vie dans les grottes ; 
peut-être provoque-t-elle une sorte de sommeil analogue au 
sommeil des jeûneurs (Verhoeff). 

« Les cavernicoles... sont les descendants modifiés d'animaux 
de la surface du sol entraînés accidentellement sous terre » 
(Viré). Les cavernicoles actuels sont volontairement entrés dans 
les grottes (Garman, Eigenmann). La faune cavernicole pro- 
vient d'individus entraînés accidentellement de la surface ou 
entrant sous terre volontairement par de grandes ouvertures » 
(le même Viré). 

Parmi les cavernicoles il n'y a pas de vrais herbivores (Pac- 
kard, etc.). Le tube digestif des Niphargus subit des transfor- 
mations qui le rapprochent du type herbivore (Viré). La lumière 
tue les Niphargus cavernicoles (Bâte et Westwood). Ils se 
portent très bien à la lumière (Viré), etc., etc. 

Même la nonu^nclature des Cavernicoles a subi les îilteintes 
de cette anarchie. Si vous vous adressez aux Crustacés vous 
apprendrez que SpJmeromides Dollfus n'est pas un Sphaeromien 
mais un Cirolanide, que Gaecidotea Packard n'a rien à voir avec 
les Idotées, car c'est un vulgaire Aselle. Vous croyez peut-être 
que Palemonias ïïay est une honnête Crevette "? Détrompez- 
vous, c'est un Atyde. 

Savez-vous pourquoi furent créés les noms de Gaecidotea et 



37fi EMILE G. RACOVITZA 

Orconectes ? Le premier pour séparer deux formes vivant au 
même endroit, et souvent ensemble, qui ne dilïèrent que par 
la longueur du corps et des appendices ; le second, pour distin- 
guer deux vrais Camharus cavernicoles de Cambarus lucicoles 
vivant dans la même région, et pour réunir ces deux formes qui 
manifestement dérivent de deux Cambarus superficiels tout à 
fait différents. Cela parait absurde et cependant c'est expliqué 
tout au long dans Packard (1899, p. 121 et suiv.). 

Je pense que ces exemples suffisent. Les amateurs pourront 
d'ailleurs puiser à pleines mains de ces « crocodiles » dans le 
marécage biospéologi(iue ; je n'ai certes pas épuisé le gisement. 
A ce premier sentiment, donc fort légitime, que j'ai qualifié 
plus haut, succéda un autre aussi justifié mais dont l'aveu est 
moins honorable ! J'eus réellement peur de la biospéologie et 
de ses effarantes arcanes ; et j'hésitai longtemps avant de me 
lancer dans une mêlée aussi désordonnée où tant de confrères 
luttent avec ardeiir. 

La peur des coups est le commencement de la sagesse, dit-on, 
mais l'occasion s'offrit à moi de visiter d'autres cavernes, de 
récolter d'autres êtres cavernicoles ; de plus la lecture des pas- 
sionnants récits de Martel changea ma sage prudence en folle 
témérité. Me voilà donc lancé en pleine bataille, et s'il m'arrive 
d'y laisser des plumes, comme certains biospéologistes notoires, 
ce ne sera pas faute d'avoir ignoré le péril. Je ne me dissimule 
point cette circonstance aggTavante. 

Il faut donc se mettre à l'œuvre et la première chose à faire 
est, naturellement, d'examiner quelles sont les raisons de cet 
état anarchique dans lequel se trouve la biospéologie. 

Ces raisons sont très certainement multiples. 

D'abord les difficultés inhérentes au sujet. L'accès des grottes 
et leur exploration n'est souvent pas facile ; il faut, en bien des 
cas, réveiller le vieux fond d'hérédité simiesque qui gît en nous 
pour grimper aux parois ou descendre le long d'une corde. Tout 
cela ne se passe pas sans perte de temps et sans frais considé- 



LES PROBLEMES BTOSPEOLOGIQUES 377 

râbles. De plus, la chasse aux Cavernicoles présente des diffi- 
cultés que nos confrères qui chassent le Lucicole ignorent. Et 
certes, une observation faite dans les grottes devrait, comme les 
années de campagne, compter double. 

On est frappé ensuite du faible nombre des observations, de 
la pénurie d'expériences et des lacunes considérables qui doi- 
vent exister dans nos connaissances sur la faune et la flore 
souterraines. Les théories nombreuses et contradictoires ne 
sont, d'ailleurs, possibles que lorsqu'il s'agit d'un sujet peu 
étudié ; on n'est pas arrêté par des faits gênants, et on peut 
laisser libre cours à une imagination toujours trop fertile. La 
même chose s'est produite pour toutes les sciences dans leur 
commencement; pour rester dans le voisinage de notre sujet, 
citons comme exemple la spéologie physique, science qui sort 
à peine de cet état nébuleux propice aux théories. Et si la spéo- 
logie, toute jeune pourtant, a dépassé ce stade embryonnaire, 
c'est uniquement à cause de nombreux faits que d'intrépides 
savants ont su accumuler en un laps de temps étonnamment 
court. Ces faits, groupés en ordre logique, ont renversé bien 
d'orgueilleuses théories, ont limité le champ des hypothèses et 
ont permis des généralisations légitimes et fructueuses. 

Nous n'en sommes pas encore là en biospéologie ! Un faible 
stock d'observations, quelquefois sujettes à caution, souvent 
non contrôlées, la plupart datant de loin, servent, armes fort 
ébréchées et toujours les mêmes, dans les combats des théori- 
ciens. Ainsi la dramatique histoire de la poursuite du Lepto- 
derus aveugle par un Chernète également privé d'yeux, contée 
jadis par Khevenhueller, est fidèlement rapportée dans les 
mémoires les plus récents, sans que personne se soit donné la 
peine de la soumettre au contrôle de l'observation. Car enfin 
les Leptoderus sont de taille à se défendre contre un Chernète, 
fût -il aveugle ! 

L'expérimentation est tout indiquée dans un grand nombre 
de questions biospéologiques. Fort peu de naturalistes l'ont 
cependant tentée. C'est un des mérites de Viré, et non des moin- 



378 EMILE G. RACOVITZA 

cires, d'avoir fondé le premier « laboratoire des catacombes » et 
d'avoir repris les expériences plutôt sommaires de Fries. Jus- 
qu'à présent, les résultats obtenus ont confirmé ce que l'obser- 
vation permettait de prévoir, mais on ignore encore ce que 
pourrait fournir une expérimentation rigoureuse, s'attaquant 
aux détails plus intimes des transformations biologiques. 

Tout darwiniste qui se respecte consacre un chapitre de 
l'exposé de sa doctrine aux lacunes que présente la connais- 
sance des faunes fossiles. Avec combien plus de raison le bios- 
péologiste ne ])ourra,it-il pas insérer un « Chapitre des lacunes », 
aussi bien fossiles (qu'actuelles, dans l'exposé de son embryon- 
naire science ! On ne connaît aucune forme fossile qui puisse 
passer pour cavernicole (voir pourtant p. 472), et on ne connaît 
que l'infime partie des êtres cavernicoles actuels. En effet, en 
dehors de l' Au triche-Hongrie, de la France, de l'Allemagne, des 
Etats-Unis d'Amérique, de la Nouvelle-Zélande, un peu de 
l'Espagne et un peu plus de l'Italie et de la Suisse, quels sont 
les pays explorés à ce point de vue f Quelques localités isolées 
par-ci par-là. 

On sait aussi qu'il suffit de fouiller soigneusement une grotte 
pour trouver des formes nouvelles, et l'on connaît des décou- 
vertes intéressantes faites en ces dernières années dans les 
régions les plus classiques. Certains groupes d'animaux ont été 
complètement négligés, et les Coléoptères seuls sont mieux 
connus, grâce aux actives recherches des spécialistes très nom- 
breux qui collectionnent ces Insectes. 

De plus, l'étude de la faune des eaux souterraines n'est acti- 
vement menée que depuis quelques années ! 

Il est donc certain que l'inventaire des êtres cavernicoles est 
bien incomplet. 

Aux raisons que je viens d'énumérer il convient d'en ajouter 
d'autres d'un ordre différent. Les auteurs qui se sont occupés 
de la question se sont trop hâtés de généraliser et, quelque osée 
que puisse paraître mon affirmation, ils ne se sont pas toujours 
rendu compte de la différence qu'il y a entre le nom qui désigne 



LES PROBLÈMES BIOSPÉOLOGIOUES 379 

une chose et la chose elle-même. Bien souvent on a, raisonné 
sur les mots et non sur ce que ces mots sont censés repré- 
senter. 

Un exemple fera mieux comprendre ce que je veux dire. 
Prenons le mot : Cavernicole. 

Un spécialiste constate que les Cavernicoles de son groupe 
sont incolores ou plus pâles que leurs proches parents lucicoles. 
Il déclare aussitôt que la faune cavernicole se distingue de la 
lucicole par la décoloration des tégnments due à la disparition 
du pigment sous l'influence de l'obscurité. Mais l'on découvre 
d'autres Cavernicoles qui sont colorés ; immédiatement on se 
met à bâtir des théories et à faire des suppositions variées. On 
suppose que les grottes ne sont pas complètement obscures ; on 
suppose que les Cavernicoles en question habitent les entrées 
des grottes ; on déclare qu'ils n'ont point adopté la vie souter- 
raine depuis assez longtemps. On fait intervenir la panmixie, 
etc., etc. On cherche à étayer chacune de ces suppositions et 
théories, par des observations puisées au hasard dans les auteurs, 
par des suppositions nouvelles et par d'autres théories. Cela 
donne naissance à d'autres centres d'attraction pour de nou- 
velles hypothèses et suppositions, et l'écheveau s'embrouille 
inextricablement. 

Et tout cela pour ne s'être pas rendu compte de la valeur 
réelle des mots ! En effet, reprenons la chose dès le commen- 
cement 

Que signifie le mot : Cavernicoles ? Uniquement ceci : êtres 
vivant dans le domaine souterrain. La seule chose que ces êtres 
ont de commun entre eux c'est leur habitat. La faune caver- 
nicole est, en effet, un mélange absolument hétérogène de formes 
très différentes, par l'origine, par les aptitudes héréditaires, par 
le degré d'organisation, par l'époque d'immigration dans les 
cavernes, etc., etc. Par conséquent, on doit s'attendre à trouver 
une diversité et non une uniformité d'action : l'influence de la 
vie obscuricole doit produire des effets différents sur les diffé- 
rentes unités qui composent cette faune. Il faut donc se méfier. 



380 EMILE G. RACOVTTZA 

a priori, des généralisations, étudier chaque espèce en parti- 
culier, et ne généraliser qu'après un travail coni])let d'analyses 
minutieuses. 

Une confusion analogue s'est produite à piopos du mot : 
coloration. Qualifier un animal de coloré, cela signilie simple- 
ment que ses téguments exercent une influence quelconque sur 
les rayons lumineux, cela ne donne en aucune façon la raison 
de cette influence. On a même confondu couleur avec pigment ; 
or l'on sait qu'il y a des colorations non pigmentaires. Le mot 
pigment, à sou tour, signifie uniquement substance colorée qui 
se loge dans un tissu. IL ne signifie nullement que ces substances 
sont chimiquement et physiquement identiques. On sait, au 
contraire, que les pigments sont de natures très diiïéreutes et 
qu'ils réagissent très diversement sous l'influence des agents 
physiques et chimiques. 

Il n'est donc pas étonnant que certains Cavernicoles aient 
conservé leur coloration ; c'est le fait contraire qui devrait 
])lutôt sembler curieux. Si l'on veut serrer la question de près, 
il faut avant tout étudier la nature de cette coloration, si elle 
peut ou non de par sa constitution être influencée par la lumière. 
Or, cette étude n'a jamais été faite pour aucun Cavernicole. On 
a préféré se lancer dans des suppositions hasardées et des théo- 
ries nébuleuses. 

Ce que je viens de dire à propos de la coloration s'applique 
aussi aux autres questions et problèmes que soulève la biologie 
des Cavernicoles : effet de l'obscurité sur les yeux, ancienneté 
des Cavernicoles, modifications dans les organes sensitifs, etc. 
Trop souvent on constate une généralisation hâtive de déduc- 
tions basées sur la ressemblance des mots et non sur la vi'aie 
nature des choses que ces mots représentent. 

Voilà, à mon avis, les raisons qui paraissent expliquer sufli- 
samment l'état dans lequel se trouve actuellement la biospéo- 
logie. Cette sommaire enquête, en montrant ces raisons, indique 
aussi les écueils à éviter et la direction qu'il faut donner aux 
recherches futures. 



LES PROBLEMES BIOSPEnLOGlQUES 381 

Le programme de ces reclierches peut donc, me semble-t-il, 
se formuler ain.si : 

Il est impossible de faire œuvre synthétique actuellement; 
les généralisations trop vastes sont prématurées, et ce n'est 
point faire œuvre utile ({ue de bâtir des théories générales. 

Il faut procéder par analyse, c'est-à-dire s'attacher à la mono- 
graphie de petits groupes, faire leur revision systématique, 
étudier leurs affinités, leurs origines, leur biologie, etc., afin 
d'avoir des points d'appui solides pour déterminer leur histoire 
spéologique. 

Il faut instituer une expérimentation rigoureuse avec des 
sujets d'expérience bien étudiés. 

Et, avant tout, il faut fouiller le plus de grottes possible, 
dans les régions les plus diverses, pour combler au moins en 
partie les lacunes considérables que présente la connaissance 
de la faune et de la flore cavernicole. 

Peu de mots suffiront pour indiquer comment j'ai essayé de 
me rendre utile dans l'accomplissement de ce vaste programme, 
qui demandera de longues années d'efforts et le concours d'un 
grand nombre de naturalistes. 

Je me suis d'abord assuré la collaboration d'un jeune et actif 
naturaliste, M. René Jeannel. Tous nos moments disponibles 
seront consacrés à l'examen des grottes, de préférence dans les 
régions encore inexplorées au point de vue biospéologique. Le 
matériel rapporté, et trié par nos soins, sera confié aux spécia- 
listes. Les résultats de ces recherches seront publiés dans ces 
Archives, par séries, sous la signature de leurs auteurs, mais 
sous le titre commun : Biospéologica (1). Ce titre est fort peu 

Le mot : Spéléologie, créé par E. Rivière, est généralement employé pour désigner la 
science des cavernes. Martel (1894) l'adopte et il ajoute : « On a proposé aussi le mot plus 
simple de Spéologie (L. de Nussac, Essai de Spéologie, Brive, 8», 1892) ; plus harmonieux, il 
est moins exact, car les Grecs désignaient par Cïïéoç les ejccavations artificielles des tombes ou 
temples égyptiens ». Il me semble cependant plus avantageux d'employer un mot facile et 
harmonieux qu'un mot cacophonique, même si le premier est étymologiquement moins correct. 
Somme toute, la nomenclature a un but pratique, et bien rares sont les noms qui définissent 
exactement l'objet d'une science ; ce n'est d'ailleurs pas le cas pour : spéléologie, car si cette 
science s'occupe des cavernes elle s'occupe aussi des choses qui ne sont pas des cavernes. 
J'adopte donc Spéologie. 



382 EMILE G. RACOVITZA 

harmonieux, j'en conviens, mais comme il est destiné unique- 
ment à montrer que les différents mémoires font partie d'un 
même ensemble de recherches, je l'ai choisi court pour faciliter 
les notations bibliographiques. 

Pour permettre l'apparition rapide des résultats de ces études, 
il a été décidé que les mémoires des spécialistes seraient publiés 
au fur et à mesure de leur envoi à la Direction des Archives, 
sans qu'il soit tenu compte ni de la date à laquelle ont été effec- 
tuées les récoltes des matériaux qui y sont décrits, ni de l'ordre 
de classification zoologique et botanique. 

îsTous publierons de temps en temps l'énumération des grottes 
visitées, avec une description sommaire de chacune, en insistant 
surtout sur les points qui peuvent influencer la biologie des 
Cavernicoles. Nous ramasserons, dans les grottes, tout ce que 
nous pourrons trouver, sans faire de choix, car il est utile pour 
l'instant de faire l'inventaire aussi complet que possible du 
domaine souterrain. On verra ensuite ce qui lui appartient en 
propre 

Certes, les recherches suivies faites dans la même grotte sont 
très utiles ; mais dans l'état actuel de la biospéologie, les recher- 
ches « extensives » sont plus nécessaires que les recherches « in- 
tensives », s'il m'est permis d'employer ces termes usités en 
agriculture. ISTous visiterons donc le plus de pays possible. 



LES PROBLÈMES BIOSPEOLOGIQUES 383 



QUFJ/jUES CONSIDÉRATIONS SUR LES PROBLÈMES 
RIOSPÉOLOGIQUES 

La révision complète des idées qui ont été émises sur la 
biologie des Cavernicoles demanderait beaucoup de travail, 
mais il résulte de ce qui a été dit plus haut que le profit qu'on 
l)Ourrait en tirer serait médiocre. Nous avons un besoin pressant 
de l'echerches de détails et, pour l'instant, l'idée xamine pas ici la iiuestion générale : Pour une fois, d'établir une règle 
générale et l'on doit se borner à étudier et expliquer les cas 
particuliers. 

Organes nouveaux a fonctions indéterminées. — Doll- 
Fus et Viré (1905) décrivent un certain nombre de poils sen- 
sitifs qui seraient très développés chez les Oirolanides et Sphae- 
romiens cavernicoles, et auxquels ils supposent des fonctions 
particulières, sans d'ailleurs apporter plus de lumière sur cette 
délicate question. Il n'est pas démontré, d'ailleurs, que 
ces formations n'existent pas chez les formes voisines luci- 
coles. 

Hamman (1896) est tout à fait catégorique sur cette question. 
Il décrit chez des Crustacés, Aptérygogéniens, Coléoptères, 
Poissons, des organes qu'il considère comme nouveaux, comme 
spéciaux aux Cavernicoles, et qui seraient dus à une compensa- 
tion pour la perte de la vue. J'ai déjà exprimé mes doutes sur 
la véracité de cette manière de voir; j'ajoute que Absolon (1902) 
déclare formellement ((uc les Aptérygogéniens cavernicoles n'ont 
pas d'organes de sens spéciaux, et j'affirme, en connaissance de 
cause, la même chose pour les Oniscidés des cavernes {Tita- 
nethes, etc.) 

Forme du corps et des membres. — Signalons enfin que la 
forme aplatie ou allongée du corps et l'allongement des pattes 
de certains Cavernicoles sont considérés comme dus aussi à la 
compensation pour l'impossibilité de voir. Je ne vois pas en 
quoi ces modifications peuvent accroître le sens du toucher, 
comme le pense Packard (1889) ; les Animaux pourvus d'an- 
tennes n'explorent pas l'espace environnant avec le corps ou les 
pattes, et pourtant ce sont justement ces Animaux que Packard 
cite à l'appui de sa manière de voir. Nous verrons plus loin (voir 
p. 419) qu'on peut trouver de meilleures explications pour la 
modification de la forme du corps ; quant à l'allongement des 
pattes, il se peut que dans une certaine mesure il soit dû à 
l'effet de la compensation, mais seulement chez les Animaux 
dépourvus d'appendices tactiles spéciaux comme les antennes. 



LES PROBLÈMES BIOSPÉOLOGIOTJES 4H 

lf>s cerqups, les palpes, et qui utilisent les pattes à leur place. 
(Certains Araclmides, etc.) 

D'autre part la compensation par allongement des pattes 
peut être admise sans faire intervenir le sens tactile. Cet allon- 
gement a certainement pour effet une rapidité plus grande des 
mouvements, très utile à ranimai privé de vue, soit pour cap- 
turer une proie, soit pour fuir un ennemi, proie ou ennemi dont 
la présence ne lui est signalée que par contact direct, ou du 
moins à partir d'une distance beaucoup plus faible que lorsqu'il 
s'agit d'un animal pouvant voir. C'est pour des raisons sembla- 
bles que les organes préliensifs se sont allongés dans nombre 
de cas. {Blothriis, Opilionides, etc.) 

Tel n'est cependant pas l'avis de Viré (1899, p, 84) (pii croit 
que les pattes des Gampodea cavernicoles se sont allongées (et 
aussi amincies, E. G. E.) « pour pouvoir supporter le poids crois- 
sant des antennes et des cerci, et fournir en même temps une 
plus large base de sustentation à l'animal, confirmant une fois 
de plus la théorie du balancement des organes de Et. Geoffroy- 
Saint-Hilaire. » 

Je ne veux pas examiner jusqu'à quel point l'interprétation 
qu'on vient de lire « confirme... la théorie du balancemenr des 
organes « car c'est affaire à régler entre Viré et Geoffroy-Saint- 
Hilaire ; nuiis je suis effrayé des conséquences qu'elle pourrait 
avoir si elle exprimait des causalités mécaniques réelles : l'Hip- 
popotame monté sur pieds de grue ! Voilà une vision de cauche- 
mar bien faite pour troubler l'âme du zoologiste ! 

Ethologie. — J'attire seulement l'attention sur un point 
qui n'a pas été signalé. Un changement dans les mœurs de 
l'Animal peut être suffisant pour compenser la perte de la vue 
et même des autres sens. Le monde des parasites olîre des 
exemples frappants à cet égard. Un Animal lucicole, pourvu 
des organes visuels les plus développés, mais qui doit dépenser 
une activité considérable pour gagner sa nourriture, peut, en 
exploitant un gisement alimentaire nouveau, être placé dans les 
conditions favorables du parasite. Le guano des Chauves-souris, 



412 EMILE G. UACOVITZA 

accumulé souvent eu grande quantité dans les grottes, n'a-t-il 
point occasionné de semblables tranformations ethologiques ? 
Est-il nécessaire qu'un Saprophage lucieole soit compensé pour 
qu'il puisse vivre en paix dans ces grandes réserves de nourriture, 
et sa biologie u'est-elle pas analogue à celle des Parasites ? 

D.) Influence de l'obscurité sur les phototactismes des Cavernicoles. 

Un appareil optique spécialisé et compliqué est nécessaire 
pour percevoir les formes éclairées des objets ; il n'en est pas tle 
même pour la perception des différences d'éclairement. La sen- 
sation lumineuse paraît être une propriété fondamentale de la 
matière vivante ; moins une cellule est spécialisée et plus cette 
perception lui est facile. Beaucoup d'x\.nimaux conservent cette 
propriété, même quand ils ont des appareils optiques assez 
évolués, et perçoivent les différences d'éclairenu'nt |)ar toute la 
surface de leur corps. 

Le fait a été constaté souvent sur des An maux lucicoles, soit 
aveugles, soit artificiellement aveuglés, comme les AmpliiiDodes, 
Myriapodes, Blattes et même les Tritons. Les êtres lucifuges 
réagissent à la lumière, après l'extirpation des yeux, avec autant 
de précision que les témoins oculés. 

Les Animaux supérieurs seuls, et ceux recouverts d'une cara- 
pace opaque, ont perdu ce pouvoir sensoriel généralisé. 

Les Cavernicoles, qu'ils aient été primitivement aveugles ou 
bien qu'ils aient secondairenuMit perdu leurs yeux, ont donc eu 
en héritage de leur souche superficielle cette faculté de percevoir 
les différences d'éclairement, et ils l'ont naturellement conservée, 
car elle leur est fort utile. Si, en effet, les ravernicoles aveugles 
ne percevaient pas la lumière, ils resteraient plus difficilement 
confinés dans le domaine souterrain, qui, comme on sait, a des 
communications faciles avec les régions superficielles ; souvent, 
en effet, leurs autres sens ne leur suffiraient pas pour cela. Il est 
donc probable que la vie à l'obscurité n'a pas pu avoir d'influence 
sur ce point de physiologie des Cavernicoles. L'observation et 
l'expérience ont d'ailleurs montré que les Cavernicoles sont 



LES PROBLÈMES RIOSPÉOLOGIQUES 413 

fortement lucifuges. Cette pliotopliobie paraît même très géné- 
rale, malgTé quelques observations qui paraissent fournir des 
exceptions. 

Joseph (1882) et Gall (1897) prétendent que les Cavernicoles 
aveugles sont tous insensibles à la lumière ; s'ils fuient quand 
on les éclaire avec des sources artificielles de lumière, c'est parce 
qu'ils sont atteints par les rayons caloriques. Mais Piochard 
DE LA Brtjlerie (1872) a par avance donné de bons arguments 
contre cette manière de voir, que des ol)servations ultérieures 
contredisent formellement. 

On lit dans Packard (1889, p. 127) que Amhlyopsis serait 
insensible à la lumière, chose possible a priori, ce Poisson pou- 
vant être rangé dans la catégorie des Animaux à appareil optique 
hautement organisé ayant perdu la sensibilité lumineuse géné- 
ralisée. Mais les observations plus récentes d'EiGENMAixN (1898) 
montrent que tous les Amblyopsides, qu'ils soient aveugles ou 
oculés, sont lucifuges. 

On a cité aussi des Coléoptères cavernicoles aveugles qui se- 
raient insensibles à la lumière. Les Coléoptères sont, en général, 
pourvus d'une chitine tellement pigmentée qu'elle doit être 
o])a.(iue, mais les Cavernicoles ont une chitine très transparente 
et complètement dépourvue de pigment figuré ; il n'est donc 
pas étonnant que l'insensibilité aux rayons lumineux ait été 
fortement contestée. Il faudrait donc reprendre cette question. 

Il n'a été question jusqu'ici que de l'insensibilité de certains 
( 'avernicoles aveugles vis-à-vis de la lumière ; Viré (1899) est le 
seul qui ait constaté chez ces Animaux un phototactisme positif. 
Il dit, en effet, que les NipJiargus, quoique aveugles, sont attirés 
par une lumière faible et mis en fuite par une forte lumière. Les 
NiphargKs devraient donc être des Animaux de pénombre, 
ils devraient habiter les entrées des grottes, si l'observation de 
Viré était exacte. Or, elle me paraît contestable, car ces 
Crustacés se trouvent dans les endroits les plus obscurs du 
domaine souterrain. 

Il n'y a pas lieu d'examiner ici le mécanisme intime et la 



444 EMILE G. RACOVTTZA 

Tiiisoii (lu phototactismc, négatif d(\s (3aivernicok',s. Oes qucstioiis 
intéressent hi Biologie générale et se posent pour tous les Ani- 
maux. Signalons pourtant aux biologistes, que ces questions 
])réoccupent, la tliéorie nouvelle de Viré (1899) qu'on pourrait 
désigner sous le nom de (( théorie de la pigmentation instantanée : 
La lumière développe le pigment. « Cette repignientation ne 
doit pas être sans produire un retentissement dans tout l'orga- 
nisme. Il doit y avoir une excitation nerveuse intense, qui pro- 
duit, dans ce système nerveux hypertrophié dans toute sa partie 
sensorielle, des sensations vives et désagréables ». Tout en admi- 
rant l'élégance avec laquelle cette théorie résout les difficiles 
problèmes des phototactismes, il n'est pas possible de se dissi- 
muler qu'elle sera difficilement acceptée par les biologistes 
compétents. 

E.) Influence de Volfucitrité sur les manira des Cavernicoles. 

Beaucoup d'Animaux superficiels, même .si ce ne sont pas des 
Lucifuges caractérisés, se tiennent cachés sous des abris ou dans 
des trous, non seulement pour fuir la lumière, mais pour se 
défendre contre les intempéries ou contre leurs ennemis, et pour 
se soustraire à une dessication contre laquelle ils sont en général 
faiblement armés. 

Cette habitude, sauf de rares exceptions, est absolument cons- 
tante chez les groupes dont les rejetons ont peuplé les cavernes. 

Le domaine souterrain est obscur et humide, on ne constate 
pas d'intempéries comparables à celles de la surface, et les car- 
nivores sont privés du sens de la vue. Quelques biospéologistes 
en conclurent que l'habitude de se cacher sous un abri doit avoir 
disparu chez les Cavernicoles comme inutile, car il n'y a pas de 
raison de croire qu'un organe peut s'atrophier par non usage et 
qu'un instinct puisse persister dans les mêmes conditions. 

Banta (1905) constate que cette habitude persiste, mais il ne 
démontre pas qu'elle est inutile, et c'est là que git le nœud de 
cette intéressante question qui mériterait des études précises. 

Une autre question présente non moins d'intérêt. Les Luci- 



LES PROBLEMES BIOSPEOLOGIQUES 44S 

f liges qui n'ont pas transformé leur maison en piège pour attraper 
leur proie ou qui n'ont pas élu domieile au sein de la matière 
alimentaire, c'est-à-dire la grande nmjorité, ne sont pas séden- 
taires. Ils sortent la nuit pour se procurer la nourriture ou ])Our 
satisfaire leurs besoins génitaux. Ils ont donc une période d'acti- 
vité alternant régulièrement avec une période de repos. 

(■ette périodicité a-t-elle persisté dans les mœurs de leurs 
descendants cavernicoles alors qu'elle est devenue complètement 
inutile, la nuit continuelle étant l'état nornuil du domaine 
souterrain ? 

2» Influence de la températuee constante et basse 

Cette influence pourrait se manifester de plusieurs façons : 

a.) Perte ou réduction de l'aptitude à résister aux variations. 

Les Superficiels poïkilothermes peuvent supporter indéfini- 
ment de très fortes variations de leur température propre. En 
est-il de même pour les Cavernicoles qui habitent un milieu à 
température constante "? Ne doit-on pas logiquement s'attendre 
à voir diminuer chez ces derniers l'aptitude devenue inutile de 
résister aux variations*? C'est ce que s'est dit probablement Viré 
(1899) quand il déclare que les Niphargus Virei meurent entre 
16» et 21» et 1^. puteanus entre 13° et 23°, et que la température 
basse de 5^,7 suffit pour les tuer. Or, il est manifeste que nos 
Gammarus superficiels ne seraient pas incommodés par de sem- 
blables températures. Mais Gal (1903) conteste l'exactitude des 
chiffres de Viré, car les Niphargus ont parfaitement vécu dans 
une eau dépassant souvent 25°, et Cœcosphœroma ne périt pas 
après la congélation de l'eau de sa prison. 

Des expériences précises, et surtout comparatives, sont donc 
nécessaires pour tirer cette affaire au clair ; mais il ne faut point 
oublier que la résistance des Poïkilothermes aux variations de 
température est surtout passive, physique plutôt que physio- 
logique. On conçoit donc que cette résistance puisse ne pas 
être influencée par l'action du milieu extérieur. 

S'il est, par conséquent, possible que la résistance des Caver- 



416 EMILE G. RACOVITZA 

nicoles aux variations de température soit égale à celle des 
Superficiels, il n'en résulte pas nécessairement que pareils chan- 
gements doivent être ressentis de la même façon par les deux 
catégories d'êtres. Il se peut que les Cavernicoles ressentent ces 
variations plus fortement et que, par conséquent, elles puissent 
constituer une barrière des plus solides à leur dispersion. L'action 
du milieu peut liyperesthésier ou affaiblir une sensation. 

Mais la question, faute d'expérience, reste entière. 

h.) Suppression des périodes fixes de reproduction. 

Les Arbres, dans les régions à différences saisonnières consi- 
dérables, passent par des périodes de repos fonctionnel qui se 
manifestent pas la chute des feuilles. On sait que ces Arbres à 
feuilles caduques, perdent leurs feuilles à époque fixe, même lors- 
qu'ils sont transplantés dans des pays sans saisons. Il existe 
donc cliez ces Végétaux une sorte de mémoire héréditaire d'un 
événement qui ne peut plus les influencer. Existe-t-il semblable 
mémoire héréditaire chez les Animaux pour les périodes sexuelles 
qui dérivent aussi d'une adaptation aux variations saisonnières "? 
En d'autres termes, les Cavernicoles, ([ui habitent un milieu à 
température constante, ont-ils des périodes de maturité sexuelle 
comme leurs souches lucicoles soumises aux variations saison- 
nières ? 

Bedel et Simon (1875) affirment que les générations de Caver- 
nicoles se succèdent sans intervalle. Hamman (1896) a trouvé de 
jeunes Titanethes en mai et en septembre, iiiais il constate que 
Proteus pond seulement au mois de mai. 

Ces observations sont insuffisantes pour conclure. Il est cer- 
tain que l'hétérogène agglomération de formes qui constitue 
la faune cavernicole doit présenter de grandes différences aussi 
à ce point de vue. Néanmoins, il est possible que l'étude de cette 
question puisse fournir des données intéressantes sur l'épociue 
de l'immigration d'une forme dans le domaine souterrain 

c.) Suppression de l'hivernation ou de l'estivation. 

Ce que je viens de dire de la périodicité sexuelle s'applique aussi 
à l'hivernation et à l'estivation. Joseph (1882) dit que les habi- 



LES PROBLEMES BIOSPEOLOGIOUES M 7 

tants de l'entrée des grottes hivernent, mais que ceux qui vivent 
dans les parties profondes, à température constante, n'hiver- 
nent pas. C'est ce que l'on observe, en effet, généralement ; 
mais il peut y avoir des exceptions ; d'ailleurs, toute la question 
est à reprendre avec des observations plus rigoureuses. 

d.) Diminution de l'activité fonctionnelle. 

Les partisans de la famine souterraine invoquent la tempé- 
rature constante et basse pour expliquer la résistance des Caver- 
nicoles à l'inanition. Chilton (1894) dit, en effet, que l'activité 
fonctionnelle de l'organisme étant moindre dans une tempéra- 
ture constante et basse, la consommation de la machine animale 
doit être plus faible. Vbrhoeff (1898) admet même l'exis- 
tence, en cas d'inanition prolongée, d'une sorte de vie latente 
rendue ])ossible par le séjour dans un milieu froid et invariable. 

Ce sommeil de jeûneur que subiraient les Cavernicoles est 
une supposition toute gratuite, puisqu'aucune observation directe 
ne l'a constaté et que, d'autre part, il est faux que l'inanition 
soit la condition normale de la vie du Cavernicole ; nous avons 
vu,' en effet, que la nourriture ne manqiu' pas dans le domaine 
souterrain. 

L'idée que se fait Chilton de l'influence exercée par la tem- 
pérature constante et basse ne me paraît pas plus exacte. Je 
pense, au contraire, que l'activité fonctionnelle du Cavernicole 
doit être plus grande, somme toute, que celle de sa souche luci- 
cole. Car, d'une part, on peut admettre que l'hivernation est en 
général su])primée chez les Cavernicoles et , d'autre part . le 
fonctionnement de l'organisme par une basse température est 
moins économique que par une température élevée. L'obser- 
vation directe a montré que les Cavernicoles sont très agiles 
et la rapidit('' de leurs mouvements très considéra l)lc. 

3 Influence de l'humidité 

J'ai déjà indiqué que l'air des cavernes paraissant très 
sèches est néanmoins beaucoup plus humide que dans bien des 
régions superficielles. C'est un avantage que présente le domaine 



418 KM ILE (j. HACOVITZA 

souterrain sur le domaine épigé. Packard (1889. p. 125) constate 
timidement que « ...total darkness with humidity are perhaps 
not so adverse to invertebrate life as would at first siglit 
seem... » car, par anthropomorphisme, il attribue à la vue une 
trop grande importance dans la vie des Animaux inférieurs. Or 
l'humidité est un facteur bien plus important que la lumière 
dans la biologie de ces êtres et Peyerimhoff (1906) a eu ]y,{v- 
faitement raison d'insister sur ce point. 

On sait en effet que si nous exceptons les Mammifères, les 
Oiseaux et une partie des Eeptiles, presque tous les autres Ani- 
maux sont mal organisés pour résister à l'évaporation des 
liquides organiques ; presque tous sont rapidement tués par 
déshydration. 

Cependant la résistance à l'évaporation varie dans des limites 
assez considérables et elle est réalisée par les artifices les plus 
variés. 

L'humidité constante et forte qui règne dans le domaine sou- 
terrain a-t-elle eu une influence sur les descendants des formes 
lucicoles pourvues de ces adaptations "? 

On pourrait a priori le supposer et faire intervenir le non 
usage pour en admettre la modification ou la suppression. Mais 
seule l'expérience doit décider s'il en est ainsi, et elle n'a pps 
été tentée. 

J'ai observé cependant que des Trichoniscus cavernicoles 
mouraient très vite lorsqu'ils étaient exposés à l'air sec, et que 
d'ailleurs les grottes complètement sèches (comme ou en rencontre 
en Algérie) sont inhabitées. Je ne sais pas si le fait est général, 
mais il se pourrait que les Cavernicoles fussent moins défendus 
contre l'assèchement que leurs congénères Lucicoles. Si cela 
est exact, il faudrait voir là une des plus fortes barrières de dis- 
persion des Cavernicoles et une des raisons principales de leur 
confinement dans le domaine souterrain. 

Outre cette influence générale, l'humidité constante peut avoir 
exercé d'autres influences sur les habitants du domaine souter- 
rain. Elle a pu, par exemple, rendre inutile l'épiphragme des 



LES PROBLÈMES lîIOSPÉOLOGIOUES 419 

Gastropodes, renfouissement de certains Animaux qui dans le 
domaine superficiel recherchent l'humidité par ce moyen, etc. 
On manque d'études sur ce point. 

Les Animaux aquatiques ont tiré aussi avantage de l'humi- 
dité qui règne dans les grottes oii il se forme, comme à la sur- 
face, des flaques d'eau temporaires pendant les crues. Mais 
tandis que dans le domaine épigé le dessèchement est une catas- 
trophe qui fait disparaître la plupart des adultes, force le reste 
à acquérir le pouvoir de reviviscence et provoque l'apparition 
de germes spéciaux protégés contre l'assèchement, il n'en est 
pas de même dans le domaine souterrain. Son atmosphère 
saturée d'humidité permet aux Animaux aquatiques de vivre 
« à sec ». Ainsi, dans la grotte de l'Oueil de IsTeez, j'ai trouvé un 
gros Niphargus, en parfaite santé, dans un endroit où il n'y 
avait pas la moindre trace d'eau liquide, et cela à la fin de l'au- 
tomne après une grande période de sécheresse. Mais il y a mieux ; 
Carl (1904) a décrit un Oopépode : Canthocamptus subterraneus, 
qui vit sur les crottes de Chauves-souris d'une grotte de Crimée, 
et non dans l'eau. 

Ces faits expliquent aussi les rencontres d'Amphipodes et 
d'Aselles dans de minuscules flaques d'eau, creusées dans un 
encroiitement stalagmitique, où tout aliment paraît manquer. 
Ces Animaux peuvent, j'en suis convaincu, sortir de l'eau sans 
danger pour chercher au loin leur nourriture, ce qu'ils ne pour- 
raient faire dans le monde épigé qu'exceptionnellement. 

Un autre point est à noter ; comme on a signalé des Clado- 
cères et des Copépodes cavernicoles, il serait intéressant de voir 
s'ils continuent à pondre des œufs spéciaux, qui résistent à l'as- 
sèchement, tout en examinant d'aBord si cette habitude leur 
est inutile ou utile. 

40 Influence des dimensions des espaces habitables 

Beaucoup d'auteurs ont constaté (|ue les Cavernicoles sont 
plus allongés ou plus aplatis que leurs congénères Lucicoles, et 
ils trouvent l'explication du fait dans une compensation pour la 

AHCH. DE ZOOL. EXP. ET GEN. 4» SERIE. T. VI. (VIll. 3o 



420 ÉMTLR H. UACOVITZA 

perte de vue. J'ai déjà indiqué (v. page llO) ce qu'il fallait penser 
de cette manière de voir. Faisons remarquer, en outre, que le 
fait n'est pas général; il existe des Coléoptères dont l'abdomen 
est tout à fait globuleux ; d'autre part, les Arachnides et les 
Opilionides présentent rarement, à ce point de vue, une diffé- 
rence avec les formes qui habitent à l'extérieur. 

A quoi tient cette différence? et pourquoi l'aplatissement et 
l'allongement n'est-il point un caractère général des Cavernicoles 1 
Je pense en trouver la raison d'une part dans la voie qu'ont 
prise les souches de ces Animaux pour immigrer dans les cavernes, 
et, d'autre part, dans l'influence de leur habitat normal. Je 
crois donc que ces caractères peuvent être aussi bien acquis qu'hé- 
réditaires. 

Les Cavernicoles qui ont envahi le domaine souterrain par 
les fentes, et qui les habitent encore, sont ceux qui présentent 
surtout cet aplatissement et cet allongement. Chilton (1894) 
attribue, avec juste raison, l'allongement des Crustacés qui 
habitent les nappes phréatiques de la Nouvelle-Zélande à la 
nécessité de circuler dans des fentes étroites. On peut expliquer 
de la même manière l'allongement des Cavernicoles terrestres. 
J'ajouterai que cet allongement et cet aplatissement ont pu se 
produire seulement à la suite de l'immigration secondaire des 
vastes espaces souterrains dans les espaces étroits ; il est pos- 
sible aussi que pour certaines espèces ces qualités soient héré- 
ditaires, la fente ayant servi souvent de voie d'accès dans le 
domaine souterrain et ayant ainsi produit une sorte de tamisage 
des candidats cavernicoles. 

D'ailleurs, beaucoup de Cavernicoles se sont recrutés parmi 
les habitants des fentes superficielles qui présentent tous des 
formes plates et allongées. 

Les Silphides, Aranéides. Mollusques. Opilionides, etc., qui 
ont des formes arrondies et présentent même souvent un gon- 
flement exceptionnel du corps, n'habitent par les fentes ; ce 
sont les colons des vastes espaces souterrains. La voie d'accès 
prise par leur souche a dû être l'entrée des grottes. Ce qui paraît 



LES PROBLEMES BlOSPEOLOGIOl'KS 421 

le démontrer c'est qu'on trouve encore leurs proches parents à 
ces entrées, stations favorites des Silpliides, des Aranéides, etc. 
Notons seulement ici, sans insister, les rapports encore mys- 
térieux, mais certains, qu'il y a entre *la taille des Animaux 
aquatiques et le volume de l'eau dans laquelle ils habitent. 
Semper (1880, T. I, pp. 195 et s.), et d'autres après lui, ont expé- 
rimentalement établi l'existence de ces rapports. On pourra 
faire probablement l'application de cette découverte aux Caver- 
nicoles aquatiques habitant les bassins lacustres souterrains. 

5° Influence de l'état dynamique de l'air et de l'eau 

On a maintes fois étudié les effets de l'air en mouvement sur 
les êtres lucicoles. On sait que les courants aériens favorisent 
singulièrement la dispersion des Plantes et des Animaux ; on 
attribue aux effets du vent la fréquence des Insectes aptères 
dans la faune des îles océaniennes, etc. Mais on n'a pas encore 
examiné, me semble-t-il, l'influence que les courants aériens 
peuvent exercer, soit sur le développement des organes fragiles 
et délicats, soit sur l'évolution des organes capables d'enre- 
gistrer les vibrations du milieu, comme certains organes des 
sens à fonctions statiques ou comme les appendices et poils 
sensitifs. 

Cette influence est certaine, mais il faut noter que les diffé- 
rents Animaux ne la subissent pas également ; beaucoup n'offrent 
pas de prise à son action à cause de leur organisation, d'autres 
s'en affranchissent plus ou moins complètement par leur propre 
industrie (nids, abris variés, etc.). Mais, là où elle s'exerce, il 
doit se produire un arrêt ou une modification dans l'évolution 
progressive des organes mentionnés. 

En effet, les appendices courts et fragiles doivent s'épaissir, 
les poils allongés et rigides doivent s'assouplir ou se raccourcir ; 
en un mot, cette influence se manifestera par un épaississement 
et un assouplissement des organes atteints. 

Les organes enregistreurs de vibrations ne pourront pas 
accroître leur sensibilité au delà d'une certaine limite, car le 



422 KM ILE G. RACOVITZA 

vent causerait des troubles trop graves sur un Animal pourvu 
d'organes trop sensibles. 

Voyez ce qui se passe dans un cas analogue avec les Oiseaux 
de nuit, dont l'œil es^ extrêmement sensible ; ils ne ])euvent 
supporter la lumière du jour. 

Or, nous savons que dans le domaine souterrain, sauf rares 
exceptions (trou à vent, cavernes à issues multiples, etc.), il 
règne un calme parfait ; la circulation de l'air se fait d'une 
façon si lente qu'elle est pratiquement insensible. Il en résulte 
que l'influence dont il est question ne peut s'exercer. 

Les appendices pourront se développer en longueur, et ils 
pourront être et fragiles et rigides. De fait cela se présente fré- 
quemment dans le domaine souterrain, et l'on connaît la fra- 
gilité tout à fait remarquable de certains Cavernicoles (Tita- 
nethes, DoUchopoda, etc.). 

D'autre part, l'hyperesthésie des organes enregistreurs de 
vibrations est non seulement rendue possible, mais est même 
très avantageuse à l'animal comme compensation pour l'impos- 
sibilité de voir. 

Une observation récente et inédite de M. Eené Jeannel semble 
fournir un exemple de cette hyperesthésie. 

M. Jeannel élève des Antisphodrus navarricus Vuill. dans des 
cristallisoirs recouverts d'une plaque de verre. Or, il a remarqué 
que ces Coléoptères paraissent indifférents aux variations d'éclai- 
rage, mais qu'ils sont d'une extrême sensibilité au moindre 
mouvement de l'air. Si l'on souffle sur eux, même légèrement, 
ils sont pris de convulsions tétaniques, et s'enfuient ensuite 
précipitamment. 

Cette observation sera d'ailleurs approfondie et vérifiée dans 
les cavernes mêmes. Si c'est réellement le mouvement de l'air 
qui produit l'effet décrit, il en résulterait que les Aniùphodrnu, 
ou les Cavernicoles ayant la même sensibilité, ne doivent jamais 
se rencontrer dans les trous à vent ou les régions à courants 
d'air. 

Les eaux souterraines n'offrent pas, au point de vue de leur 



LES PROBLÈMES RlOSPEnLOGIOTTES 423 

mouvciiuMit. de grandes différences avec les eaux superficielles ; 
la pro])ortion des eaux courantes et des eaux stagnantes est à 
peu près la même. On ne peut donc s'attendre à trouver des 
différences, au point de vue de l'influence de ces mouvements^ 
entre les formes lucicoles et cavernicoles. 

G» Influence de la composition chimique de l'air 

ET DE l'eau 

La composition chimique de l'atmosphère des cavernes est 
normale dans la grande majorité des cas. On ignore si les cavernes 
à dégagement d'acide carbonique sont inhabitées, comme c'est 
probable, ou s'il existe des êtres qui se sont adaptés à une 
atmosphère irrespirable pour les Animaux supérieurs. 

L'eau stagnante des cavernes est saturée de calcaire, mais 
cette saturation ne lui est pas spéciale. Beaucoup de mares 
superficielles sont certainement dans le même cas. L'adaptation 
physiologique au séjour dans l'eau à divers degrés de saturation 
doit donc être générale chez tous les Limnobies; il est peu pro- 
bable, par conséquent, qu'on puisse trouver des adaptations 
spéciales chez ceux qui habitent les eaux souterraines. 

Viré (1899, p. 36) prétend cependant que les téguments des 
Niphargus sont « en grande partie décalcifiés », sans d'ailleurs 
nous donner plus amples détails sur cette stupéfiante découverte 
et sans nous dire à la suite de quelles observations il a été amené 
à la faire. 

Mais à la page 48 de son mémoire, on trouve l'explication de 
ce troublant mystère. Voici ce qu'on y lit ; je ne change ni un 
mot ni une lettre : 

(c Oalcéoles. — On appelle ainsi des sortes de concrétions à 
structure rayonnée, dispersées sur différents points du corps. 

« On y a vu parfois des organes sensoriels. Mais nous ne pen- 
sons pas que cette opinion corresponde à la réalité. Ces corpus- 
cules sont en effet disséminés très irrégulièrement dans le tégu- 
ment. Leur nombre varie de 3 ou 4 à plusieurs centaines. Sur 
quelques exemplaires, elles arrivent à se toucher, à se juxtaposer 



4-24 EMILE G. RACOVITZA 

et à former de véritables plaques ininterrompues. Il est donc 
naturel d'y voir des îlots de matières calcaires ayant résisté à 
la décalcification. » 

Cette citation suffit x)our convaincre les zoologistes que la 
décalcification des Niphargus est non une découverte mais une 
grave erreur. Mais ces lignes peuvent tomber sous les yeux des 
profanes ; expliquons leur donc ce que sont les calcéoles et les 
concrétions discoïdales des Amphipodes. 

Les calcéoles sont des corpuscules vésiculaires, sphériques ou 
ovoïdes, fixés au moyen d'un pédoncule sur les appendices 
antennaires. Depuis leur découverte par Milne-Edwards en 1830, 
on a constaté leur présence chez beaucoup d'Amphipodes, mais, 
suivant les espèces, soit uniquement chez le mâle, soit chez les 
deux sexes, et tantôt seulement sur les antennes ou sur les 
antennules, tantôt sur ces deux sortes d'organes en même temps. 
Leur répartition sur l'appendice est variable et leur rôle est 
inconnu. 

Les concrétions discoïdales des téguments des Amphipodes 
sont également connues depuis fort longtemps et, comme une 
goutte d'acide suffit pour déceler leur véritable nature, on a 
toujours été d'accord qu'elles sont calcaires. On n'a pu constater 
aucune régularité dans hi présence de ces concrétions, ni chez 
les espèces d'un même genre, ni chez les individus d'une même 
espèce. Quoi qu'il en soit, ils existent aussi bien chez les Luci- 
coles que chez les Cavernicoles. Et si sur « quelques individus 
elles arrivent à se toucher » cela doit être considéré comme une 
preuve d'une calcification intense des téguments de ces exem- 
plaires, et nullement comme le sigiu' d'une décalcification. 

7" Influence du régime alimentaire 

Nous avons vu ({u'on ne peut admettre que dans le domaine 
souterrain la nourriture soit toujours rare ou même qu'elle 
manque souvent. Au point de vue alimentaire cet habitat n'est 
pas moins favorable que beaucoup d'autres habitats épigés. 

La question de l'influence de la pénurie d'aliments, qui est 



LES PROBLÈMES BIOSPEÛLOGIQUES 425 

fort intéressante en elle-même, est une question générale et non 
spéciale aux cavernes. Il n'y a donc pas lieu de s'en occuper 
ici ; il suffit de constater que dans les cas où elle se présente, 
dans les cavernes ou ailleurs, elle a pour eftet soit une dimi- 
nution du nombre des individus ou des germes, soit un retard 
dans les périodes de reproduction, soit des adaptations spéciales 
(arrêt de l'activité fonctionnelle, formation de réserves, etc.). 
Elle n'influe que rarement, ou pas du tout, sur la taille des 
Animaux. 

D'autre part, presque tous les Animaux poïkilo thermes, et 
particulièrement ceux qui habitent des régions à fortes varia- 
tions saisonnières, ont acquis, par une longue pratique des 
misères de cette terre et sans donnnage pour l'organisme, la 
faculté de jeûner. 

Mais les ressources alimentaires fournies par le domaine sou- 
terrain ont joué un rôle capital dans le choix des Animaux luci- 
coles immigrés dans les cavernes car, sauf des cas très rares 
(Rhizophages), la vie n'y est possible qu'aux Saprophages et 
aux Carnivores ou aux formes qui ont pu s'adapter secondai- 
rement à ces régimes. 

8 Influence de la lutte pour l'existence 

La lutte pour l'existence existe aussi dans le domaine sou- 
terrain, quoique Darwin, Packard et d'autres aient nié son 
existence. La sélection naturelle s'y exerce aussi bien entre indi- 
vidus d'une même espèce qu'entre espèces différentes. Elle ne 
peut provoquer l'apparition des variations ; mais elle choisit, 
parmi celles que d'autres facteurs font naître, les plus favorables 
à l'espèce. Elle rend donc de plus eji plus profondes les adapta- 
tions au milieu souterrain, eu faisant survivre l'espèce la mieux 
douée et en supprimant la moins apte. 

Les espèces qui habitent le domaine souterrain sont beaucoup 
moins nombreuses que dans le domaine épigé ; il peut donc 
arriver qu'une espèce immigrée dans les cavernes puisse avoir 
la chance de se soustraire, complètement ou partiellement, à ses 



426 EMILE G. RACOVITZÂ 

ennemis particuliers lucicoles, et même à ses parasites. Elle 
pourra même être soustraite aux coups, peut-être mortels, des 
ennemis nouveaux que les hasards d'une migration ou d'une 
transformation spécifique susciteront à leur souche épigée, car 
ces nouveaux ennemis de la souche peuvent ne pas coloniser 
les cavernes. Le résultat de cet événement sera la disparition 
des souches et la conservation des descendants cavernicoles. 
On verra plus loin (voir p. 473) qu'on a de bonnes raisons de 
croire que les choses se sont passées ainsi pour plusieurs espèces 
qui habitent actuellement les cavernes, 

La lutte pour l'existence et la sélection naturelle doivent aussi 
jouer un rôle considérable dans l'adjonction de nouveaux 
membres à la population, déjà adaptée, des Cavernicoles. Comme 
le fait remarquer Viré (1899), le Lucicole qui pénètre dans le 
domaine souterrain est une proie facile pour le Cavernicole qui 
a tous les atouts dans son jeu pour vaincre l'intrus dépaysé. 

Mais cela n'est exact que dans le cas où l'appareil optique 
joue un rôle dans la biologie de l'immigrant. Cette considération 
s'applique dans toute sa rigueur aux vrais Lucicoles oculés, 
beaucoup moins ou pas du tout aux Lucifuges qui savent se 
passer de la vue pour la satisfaction des besoins vitaux. 

Combien est donc fausse l'idée de ceux qui s'imaginent s) ont été trouvés s'atta- 
quant aux Coléoptères cavernicoles. 

On trouve souvent sur les parois ou sur le sol des grottes 
des Nycterihie et des Eschatocephales qui sont ectoparasites des 
Chauves-souris ; des Puces de Mammifères ont été rencontrées 
dans la poussière du sol. Il est démontré que certaines larves 
d'Acariens se fixent sur les Coléoptères cavernicoles. 

CoPER a décrit un Lernéen ectoparasite d'Amblyopsis. On 
a mentionné aussi des Protozoaires qui seraient fixés sur les 
branchies du Protée et sur différents Animaux aquatiques ou 
terrestres, mais on ignore si ce sont des Parasites, 

Plantes. — Des Phanérogames, des Cryptogames vascu- 
laires, des Mousses et Lichens poussent volontiers à l'entrée des 
grottes ; certains se rencontrent assez loin dans l'intérieur sans 
atteindra pourtant l'obscurité complète. 

Ces Plantes présentent des modifications nombreuses dans 
leur forme, leur structure, et même leur mode de propagation ; 
mais ces adaptations sont individuelles et non héréditaires. Il 
n'existe aucun représentant de ces groupes qui puisse être con- 
sidéré comme cavernicole. 

On trouve quelques Algues et d'assez nombreux Champignons 
vivant à l'obscurité complète. Mais il ne paraît exister ni Algue 
ni Champignon exclusivement cavernicole. INIaheu (1906) pré- 
tend môme que les Champignons des cavernes ne peuvent se 
reproduire indéfiniment, car tous montrent une tendance mani- 
feste vers l'atrophie des organes de reproduction. Si cette 
conclusion de Maheu ne comporte pas d'exception, il faudrait 
considérer les Plantes trouvées dans les cavernes comme des 
habitants occasionnels, des trogloxènes, et ou ne pourrait plus 
parler d'une Flore cavernicole. 

Bactéries. — Les hygiénistes ont démontré que les Bactéries 
peuvent traverser, avec les eaux courantes, de vastes espaces 
souterrains et résister à de longs séjours souterrains, mais on 
ignore s'il existe des Bactéries vraiment troglobies. 



430 EMILE (}. RACOVITZA 

VIII. Modalités de l'évolution des Cavernicoles. 

î^ous avons examiné, dans les pages qui précèdent, l'impor- 
tance du domaine souterrain, les conditions d'existence qu'il 
offre aux êtres vivants, l'influence que ces conditions peuvent 
exercer , les caractères taxonomiques qui résultent de ces 
influences, et enfin la composition de la faune et de la flore 
cavernicoles. Il nous reste à examiner toute une série de ques- 
tions du plus haut intérêt, mais qui, faute d'études appro- 
fondies, sont encore plus éloignées de leur solution que les pré- 
cédentes. 

Voyons en premier lieu comment s'est opérée la transforma- 
tion des Epigés en Cavernicoles, comment ont été acquis ces 
caractères spéciaux qui sont la résultante du séjour dans le 
domaine souterrain, en un mot, voyons comment les êtres sou- 
terrains se sont adaptés à leur habitat. 

Cette question, lorsqu'on lui donne son sens général, se pose 
pour tous les êtres de la terre. Je ne puis donc pas la traiter 
ici. Je vais exposer seulement, et d'une façon succincte, ce qu'il 
en a été dit à propos des êtres souterrains. 

Les opinions les plus diverses ont été émises au sujet de la 
rapidité avec laquelle s'est opérée la transformation des Caver- 
nicoles. 

Darwin (1859) et les naturalistes de son école soutiennent 
qu'il faut d'innombrables générations pour qu'un être puisse 
acquérir les caractères qui en font un Cavernicole. 

Packard (1889 et 1894) soutient que cette transformation 
s'est effectuée rapidement, en quelques générations, et pour 
mieux illustrer sa manière de penser il prend un exemple con- 
cret, un Trechus, dont il conte l'étonnante histoire. Nous revien- 
drons plus loin (p. 454) sur cette terrible tragédie biologique. 

EiGENTViANN (1900) admet, en certains cas, une transforma- 
tion brusque se faisant par sauts (Saltatory variation). 

Ces trois opinions paraissent inconciliables. En réalité, elles 
peuvent être admises toutes les trois, car s'il n'est pas possible 



LES PROBLÈMES BlOSPEOLÔCiIQUES 451 

de soutenir que tons les Cavernicoles se sont adaptés par trans- 
formation lente, ou par transformation rapide, ou par muta- 
tions, il faut admettre que les trois modes d'évolution se ren- 
contrent dans l'histoire des adaptations subies par les habitants 
du domaine souterrain. 

Chacun de ces trois modes peut avoir caractérisé l'évolution 
d'une espèce, mais aussi l'évolution d'un seul organe. Et il n'est 
pas absurde d'imaginer que l'histoire évolutive d'une espèce 
puisse comporter, dans la transformation des différents organes, 
les trois modes à la fois. 

Dans la rapidité de la transformation, un fait paraît jouer le 
rôle capital : c'est l'importance de l'organe dans l'économie de 
l'animal et son ancienneté phylogénétique, en d'autres termes, 
l'intensité de sa « mémoire » héréditaire. Plus un organe est 
important dans l'économie de l'organisme, plus longue est la 
lignée d'ancêtres qui l'ont transmis, et plus la résistance qu'il 
offre aux influences du milieu est grande, plus par conséquent 
son adaptation sera lente. 

Ainsi, il est certain que le Protée vit dans le domaine sou- 
terrain depuis bien plus longtemps que beaucoup de Crustacés 
qui sont devenus aveugles, et pourtant ses yeux n'ont pas com- 
plètement disparu. L'histoire de l'appareil optique du Protée 
nous offre un exemple d'évolution lente, comme la demande 
Darwin. 

Les expériences de Pries (1873) et de Viré (1904) ont dé- 
montré que l'œil d'un Gammarus vivant à l'obscurité pendant 
un an montre des signes incontestables d'atrophie. Il est donc 
permis de conclure que la cécité des Niphargus, Asellus, etc., 
cavernicoles est due à une évolution très rapide, telle que l'ima- 
gine Packard. 

On lit dans Viré (1899) que des Crustacés soumis à l'obscu- 
rité ont présenté, au bout de trois mois, un allongement brusque 
des bâtonnets olfactifs. Voici donc un cas de variation salta- 
toire. Si cette variation était héréditaire, nous aurions affaire 
à une mutation. Les Plantes souterraines montrent aussi des 

ARCH. DE ZOOh. EXP. ET GÉX. 4= SÉRIE. T. VI. (VIl). 32 



452 EMILE G. RACOVITZ.X 

chaugements brusques dans leur port et leur structure, mais il 
a été démontré que ces changements ne sont pas héréditaires. 
Ces exemples suffisent pour montrer que les trois ])rocédés 
évolutifs sont également possibles. On peut, de plus, s'attendre 
à rencontrer ces procédés simultanément, dans l'histoire d'un 
même Animal, pour ses ditîérents organes. Enfin il est absolu- 
ment démontré qu'il est impossible d'établir une règle étroite 
et exclusive pour l'ensemble des êtres cavernicoles. 

Il est tout aussi impossible d'admettre un processus unique 
des transformations des organes chez les Etres cavernicoles, 
et c'est à tort qu'on a essayé semblable généralisation. J'ai déjà 
fait remarquer que des organes analogues au point de vue fonc- 
tionnel peuvent être très différents au point de vue de l'ori- 
gine, du degré de développement et de l'importance dans l'éco- 
nomie d'une espèce ; par conséquent, leur histoire adaptative 
doit être très diverse. 

Prenons par exemple la transformation de l'appareil optique 
qui a été le mieux étudiée. Cinq opinions ont été exprimées à 
son sujet, chacune dans l'esprit de ses partisans devant s'appli- 
quer à l'ensemble de la forme cavernicole. 

On considère en effet que l'œil a disparu : 

1° Par régression ; 2° par dégénérescence ; 3° par arrêt de 
développement ; 4^ par la lutte des parties de l'organisme ; 5° par 
économie de nutrition. 

KoHL a cru conclure de l'étude d'un Poisson cavernicole 
américain que la disparition de l'œil était due à un arrêt de 
développement. EigenjVIANn (1899) me semble avoir démontré 
que cette interprétation n'était pas exacte ; il s'agit, en l'espèce, 
d'une régression. 

Packard (1889) et d'autres ont signalé chez les Crustacés 
des cas où l'œil n'est représenté que par quelques ocelles isolés 
ou bien par quelques cornéules. Dans ce cas il s'agit d'une véri- 
table dégénérescence. 

Si les études de Kohl sur l'œil du Protée sont plus exactes 
que celles mentionnées plus haut, on aurait chez ce Batracien 



LES PROBLEMES BIOSPEOLOGIQUES 453 

un cas d'arrêt de développement. Dans d'autres directions, on 
peut aussi, d'ailleurs, signaler des arrêts de développement ; 
c'est ainsi que pe,ut être interprété, par exemple, le fait que la 
Pseudotremia cavernicole a moitié moins de segments que sa 
souche lucifuge Lisiopetalum, etc. 

Quant à la lutte des parties de l'organisme, elle pourra pro 
bablement être constatée dans les cas de dégénérescence. 

C'est à cette « lutte » que se rattache ce que Carpenter (1895) 
nomme « economy of nutrition », mais il cherche à baser son 
idée sur des arguments qu'on ne peut admettre : « There is a 
gênerai tendency among cave-animals to a decrease in size, and 
their food supply is undoubtedly very limited. » Donc la dispa- 
rition d'un organe inutile sera avantageuse. Admettons cette 
conclusion, tout en niant la «gênerai tendency », et la pénurie 
générale et permanente de nourriture. 

Concluons de tout ceci que les processus évolutifs qui se 
sont manifestés à l'occasion de la transformation des caverni- 
coles sont très variés, et que chaque organe et chaque espèce 
a son histoire évolutive particulière. 

Il nous faut maintenant examiner les facteurs qui ont agi 
dans révolution des Cavernicoles. 

Un premier facteur, et le plus important à mon avis, est 
l'influence directe du milieu combinée avec l'effet de l'usage 
ou du non-usage, et l'hérédité des caractères ainsi acquis. 

Darwin (1859) s'est rallié à cette interprétation de Lamarck, 
et Packard (1889), Chilton (1894), Eigenm.4nn (1899), etc., 
l'admettent également. En réalité, ce qu'on appelle théorie 
de Lamarck ne me semble pas être une théorie, mais une cons- 
tatation de faits, dont nous ignorons l'intime essence et le méca- 
nisme qui les provoque, mais dont aucune considération théo- 
rique ne peut mettre en doute la nécessité. Il ne m'est pas pos- 
sible de m'étendre sui' cette question qui n'est pas spécialement 
biospéologique. 

Un autre facteur est la sélection naturelle. Chose curieuse, 
Darwin (1859, pp. 149-152) lui-même nie son effet dans le 



454 EMIF.E G. RACOVITZA 

domaine souterrain : a Comme il est difficile de supposer que 
l'œil, bien qu'inutile, puisse être nuisible à des animaux vivant 
dans l'obscurité, on peut attribuer l'absence de cet organe au 
non usage. » D'autre part, il croit que la lutte pour l'existence 
ne s'exerce pas dans ce domaine. On a vu que cette idée est 
fausse. De plus, si la sélection naturelle peut ne pas s'exercer à 
l'occasion de la disparition de l'œil, elle peut agir dans l'évolu- 
tion progressive des organes des sens compensateurs pour l'im- 
possibilité de voir, et même dans d'autres adaptations. 

Packard (1889 et 1894) nie avec acharnement l'influence de 
la sélection. Je résume ici l'histoire des vicissitudes d'un pauvre 
Trechus, qui, s'égarant dans le domaine souterrain, se trans- 
forma en cavernicole, car cette histoire précise bien ses idées. 

Un Trechus hypogé, habitué à creuser dans la terre, est 
entraîné « by varions accidents », dans une crevasse ou grotte 
sombre dont il ne peut sortir avec ses propres moyens. Il est 
trop vigoureux pour périr, a and with perhaps already partially 
lucifugous habits », il vit et se reproduit, « fiuding just enough 
food to enable them to make a bare livelihood, and with just 
enough vigor to propagate their kind ». En peu de temps les 
descendants sont adaptés, et « they would live on weak, half 
fed, half blind, forced to make their asylum in such forbidding 
quarters ». Oii y a-t-il place ici pour la sélection naturelle ? 
Obscurité « lack of suitable food and lack of destructive carni- 
vorous forms other than blind species themselves ». Nous avons 
affaire à des facteurs purement physiques qui travaillent dans 
une seule direction, la destruction des yeux. C'est un vrai cas 
de Lamarckisme : changement de milieu, non usage, isolement. 

Cette histoire de Trechus me paraît une légende, que je ne 
puis m'empêcher de qualifier d'enfantine, malgré l'estime que 
je professe pour un naturaliste comme feu Packard. La vraie 
histoire de son Trechus me paraît être la suivante : Lucifuge et 
plus ou moins compensé, il immigra volontairement dans le 
domaine souterrain, parce qu'il y trouvait des avantages : humi- 
dité pei*pétuelle et température constante. Loin de crever de 



LES PROBLÈMES BIOSPFOLOGIQTJES 455 

faim, il lui tirriva maintes fois de faire ripaille, ce qui éveilla 
en lui les tentations de la chair, qui, satisfaites, fournirent 
copieuse progéniture. Il combattit courageusement ses féroces 
ennemis et vaillamment il fit concurrence à ses semblables ; 
et si maintenant il est un personnage marquant dans la popu- 
lation cavernicole, c'est parce que l'influence du milieu a per- 
fectionné ses aptitudes héréditaires, et parce que la sélection 
naturelle a augmenté refflcacité de ses armes d'attaque et de 
défense. 

Chilton (1894) raconterait cette histoire de Trechus presque 
de la mênu' façon, car, tout en admettant l'importance de l'in- 
fluence du milieu, et celle de l'usage et du non-usage, il croit à 
l'existence de la sélection naturelle. Hamman (1896) la nie, à 
tort comme on l'a vu. 

Lankester (1893) occupe un rang à part dans cette question. 
Il prétend qu'on n'a pas encore démontré la transmission des 
caractères acquis, que, par conséquent, on ne peut recourir à 
cette explication. D'ailleurs, la sélection naturelle explique faci- 
lement la cécité des Cavernicoles, et de la façon suivante : 

Beaucoup d'Animaux naissent fortuitement avec des yeux 
défectueux ; en supposant qu'une bande d'Animaux est en- 
traînée par hasard dans les grottes ou dans les abîmes marins, 
ceux qui ont de bons yeux reviendront vers la lumière, les 
autres resteront dans les parages obscurs et y feront souche de 
malvoyants. A chaque génération la même sélection s'opérera et 
le résultat final sera une population d'aveugles. 

EiGENMANN (1898) a durement reproché à Lankester cette 
théorie. Il dit, en ettet, qu'elle est basée sur deux faits : « the 
authors lack of knowledge about caves and lus disregard of 
the nature of the animais inhabiting them ». Quoi qu'il en soit, 
il est certain qu'elle est insoutenable. 

Tous les cavernicoles, aveugles ou non, sont lucifuges et 
descendent presque tous de souches également lucifuges. Les 
Animaux des cavernes ne sont pas aveugles et compensés pour 
l'impossibilité de voir parce qu'ils se sont « égarés » dans les 



456 EMILE G. RAGOVITZA 

cavernes ; ils sont volontairement entrés dans les cavernes 
parce qu'ils étaient déjà plus ou moins aveugles et plus ou moins 
compensés pour l'impossibilité de voir. De plus, le peu d'obser- 
vations que nous possédons sur le développement des Caver- 
nicoles aveugles montrent que les jeunes ont un appareil optique 
plus perfectionné que les adultes {Proteus, Trogloearis, Gambarus). 
Cette dernière objection, déjà soulevée par Cunningham (1893) 
et Boulanger (1893) détruit les derniers doutes qui auraient 
pu subsister sur la fausseté de la théorie de Lankester. 

Un troisième facteur, invoqué par Weismann, est l'arrêt de 
la sélection naturelle et sa conséquence, la panmixie. Il n'y a 
aucune objection de principe à lui opposer ; la panmixie est 
dans les choses possibles, quoiqu'il soit difficile de l'observer 
directement, mais son efficacité doit être bien faible. Voyez ce 
qui se passe pour le Protée, qui est un des plus anciens habitants 
du monde souterrain, et qui, pourtant, n'a pas complètement 
perdu ses yeux, malgré la panmixie. Si, d'une part, elle peut 
répandre l'etîet de certaines variations dues à la cessation de la 
sélection naturelle, elle diminue les chances de conservation 
de beaucoup d'autres variations. Somme toute, son importance 
ne me paraît pas considérable. 

Quant aux autres vues théoriques des Weismanniens, des- 
tinées à expliquer les variations sans l'aide de l'hérédité des 
caractères acquis, qu'ils nient, mieux vaut ne pas en parler. 

PioCHARD DE LA Brûlerie (1872) et PACKARD (1889) invo- 
quent avec raison un autre facteur : l'isolement ou ségrégation, 
mais ce dernier exagère, non pas son importance, qui est extrême 
pour la constitution de nouvelles espèces ou variétés, mais sa 
rigueur dans le domaine souterrain. Certes, si l'on admet comme 
lui que les Cavernicoles sont des Lucicoles entraînés par acci- 
dent dans les cavernes, brusquement séparés de leur souche 
par la profondeur des gouffres, on doit logiquement considérer 
l'isolement comme absolu dès le moment de l'accident ; mais 
l'on a vu que cette conception n'est pas soutenable. La vérité 
est toute autre. Les Lucifuges qui ont fourni les immigrants 



LES PROBLEMES BIOSPÉOLOGIQUES 457 

cavernicoles habitent soit les fentes et abris des lapiaz. soit les 
entrées de grottes, soit les eaux en continuité directe avec les 
eaux souterraines. Au commencement il y a certainement non 
isolement, mais promiscuité ; on peut, d'ailleurs, le constater 
directement pour les très nombreuses espèces qui vivent indif- 
féremment dans les grottes et à l'extérieur. 

Donc, au début de l'immigTation, la transformation doit être 
lente, la panmixie tendant à détruire ce que l'influence du 
milieu et l'eiïet de l'usage ou non usage ont pu jjroduire en fait 
d'adaptation au domaine souterrain ; mais, dès que la nouvelle 
colonie est arrivée à une certaine profondeur, l'isolement peut 
se produire et la transformation doit être rapide. 

L'isolement peut être brusque et absolu, lorsqu'il résulte 
d'une variation ou mutation qui empêche l'accouplement pour 
des raisons anatomiques ou physiologiques. Ce cas n'est pas 
spécial aux cavernes. Mais on peut imaginer des cas d'isolement 
qui sont sous la stricte dépendance des conditions d'existence 
que présente le domaine souterrain. 

L'obscurité ne doit pas jouer de rôle dans la question. Il en 
est autrement de la température et de riiumidité. Dans les pays 
où la sécheresse est périodique, l'époque de reproduction corres- 
pond à la saison humide, et dans les pays à hivers rigoureux il 
y a aussi une période sexuelle. La température et l'humidité 
constantes des grottes ayant probablement supprimé toute 
périodicité dans la maturité sexuelle des Cavernicoles, il peut 
résulter un isolement de cette différence entre la faune souter- 
raine et répigée. 

Enfin il faut mentionner un dernier facteur : la lutte des parties 
de l'organisme. Ce facteur, mis en valeur par Roux, peut, en 
certains cas, jouer un rôle important, surtout lorsqu'il s'agit 
d'organes déjà existants qui sont soumis à des influences qui 
leur sont contraires, et cela pour les faire disparaître. Mais son 
rôle est-il aussi important lorsqu'il s'agit d'organes favorable- 
ment influencés par le milieu ? Je ne le crois pas, parce que la 
disparition de l'organe non utilisé ne profite pas directement à 



458 EMILE G. RACOVITZA 

l'organe favorisé, mais seulement indirectement ; les agents 
spéciaux de destruction qui existent dans les organismes déver- 
sent les butins de leur victoire dans le trésor commun, s'ils ne 
les consomment pas pour leur propre compte. 

Mentionnons seulement pour mémoire la modification de la. 
conception de Roux que Lendenfeld (1896) imagina à propos 
des travaux de Kohl sur l'œil des Vertébrés cavernicoles. Il 
ne me semble pas qu'il y ait autre chose à en dire. 

IX. Distribution géographique des Cavernicoles. 

Bedel et Simon (1875), dans leur excellent Catalogue des 
Articulés d'Europe, constatent que les grottes habitées se 
trouvent entre le 40*^ et le 00" de latitude nord. Cette conclusion, 
parfaitement légitime en 1875, s'est transmise sous forme de 
dogme jusqu'à nos jours. Beaucoup de biospéologistes croient 
qu'en dehors de la zone de Bedel et Simon il n'existe pas des 
grottes peuplées de vrais troglobies. 

Or, cette idée est certainement erronée. Il suffit de mentionner 
les trouvailles faites en Algérie, au Tonkin, dans la colonie 
du Cap, la Nouvelle-Zélande, le Mexique, le Texas, les 
Philippines, etc., pour arriver à une toute autre conclusion. 

Il existe des Cavernicoles partout où il y a des massifs cal- 
caires et des eaux souterraines. 

Certes, il y a des différences dans le peuplement des différentes 
régions, mais cela tient à des causes multiples et locales. 11 
n'est pas possible d'admettre, en l'état actuel de nos connais- 
sances, une cause générale qui puisse rendre azoïque une vaste 
portion du domaine souterrain. 

Si, jusqu'à présent, la faune cavernicole de la zone de Bedel 
et Simon est la plus riche et la plus variée, cela doit surtout 
tenir au fait que les grottes de cette zone ont été les seules bien 
étudiées. 

En Algérie, par exemple, dans les provinces d'Alger et de 
Constantine, beaucoup de grottes sont complètement sèches et 
azoïques, mais celles qui sont suffisamment humides sont par- 



LES PROBLEMES BIOSPEOLOGIQUES 459 

faitement peuplées. Comme, d'autre part, les massifs calcaires 
n'y sont pas très nombreux, il est certain qu'on ne peut s'at- 
tendre à trouver dans ces pays une population cavernicole com- 
parable à celle du Karst autrichien ou des Pyrénées. Mais je 
suis convaincu que les massifs calcaires, vastes, suffisamment 
humides, et situés en dehors des zones polaires, doivent cacher 
dans leurs cavités une riche population cavernicole, quelle que 
soit leur situation géographique. 

Cette question préliminaire une fois examinée, il nous reste 
à voir ce qu'on peut déduire de l'étude de la chorologie des 
Cavernicoles. Malheureusement, il faut convenir que nous ne 
savons presque rien à ce sujet ; les essais timides faits dans cette 
voie n'ont fourni que de vagues indications, d'ailleurs très sou- 
vent fausses. Je crois qu'il ne peut en être autrement, car toute 
étude chorologique me semble prématurée même pour le groupe 
le mieux étudié, les Coléoptères. Certes, on peut s'amuser à 
dresser des tables statistiques et disposer des noms en belles 
colonnes, mais l'importance d'un tel travail sera nulle. Pour 
faire œuvre sérieuse il nous manque, pour tous les groupes, un 
certain nombre d'études préliminaires indispensables : de bonnes 
révisions taxonomiques, des études sur l'origine et sur la filiation, 
sur l'éthologie, etc.. A ces lacunes s'ajoute aussi l'absence 
presque complète de renseignements sur les régions situées en 
dehors de la zone de Bedel et Simon. 

Mais, même lorsque ces lacunes seront comblées, on ne pourra 
se livrer à l'étude chorologique des Cavernicoles pris en bloc ; 
car les faunes et les flores souterraines sont des faunes et des 
flores dérivées, formées par une agglomération d'êtres absolu- 
ment diiïérents, dont l'origine, l'âge, l'ancienneté d'immigration 
sont très divers. On sera donc réduit à faire des chorologies 
spéciales pour chaque groupe homogène, ce qui ne sera pas 
moins intéressant. 

Ce que je viens de dire ne doit pas nous empêcher d'examiner 
quelques questions très générales dont la solution intéresse au 
plus haut point la chorologie des Cavernicoles. 



460 EMILE G. RACOVITZA 



X. Origine des Cavernicoles. 



Tout le inonde admet que le domaine souterrain n'est pas un 
habitat primitif ; on est d'accord, par conséquent, pour consi- 
dérer les Cavernicoles comme des immigrants qui ayant quitté 
leur ancienne demeure ont eu à subir une adaptation plus ou 
moins profonde à leur nouvel habitat. 

Ces ImmigTants proviennent de plusieurs habitats épigés 
différents ; leur origine est donc multiple. 

Origine terrestre. — La très grande majorité des Caver- 
nicoles est terrestre et dérive de souche terrestre. Je n'insiste 
point. 

Origine limnique. — Les faunes des eaux douces superfi- 
cielles ont beaucoup de représentants dans les eaux souterraines. 
On peut se demander si les crues, fréquentes dans le domaine 
souterrain, suivies de périodes d'assèchement, n'ont pas occa- 
sionné la transformation de formes aquatiques en formes ter- 
restres, étant donné que l'humidité constante qui règne dans 
les cavernes facilite singulièrement cette transformation ; je 
rappelle seulement le cas du Niphargus et du Copépode men- 
tionnés autre part (voir p. 419). Pour l'instant, on ne connaît 
pas de Cavernicoles vraiment terrestres auxquels on puisse^ assi- 
gner cette origine, mais la rencontre d'une semblable forme 
ne serait pas étonnante. 

Origine marine. — Les découvertes de ces dernières années 
permettent d'attribuer une origine marine à certains Caverni- 
coles d'eau douce. Le fait est certain pour Cruregens de la Nou- 
velle-Zélande, il l'est moins pour les Cirolanides et Sphaeromiens 
d'Europe et du Texas, car ces groupes ont des représentants 
limniques et l'on ignore encore la vraie filiation de ces Crus- 
tacés cavernicoles. Quant aux Poissons cavernicoles de Cuba, 
on peut jusqu'à nouvel oi-dre les considérer comme de souche 
marine. 



LES PROBLEMES BIOSPEOLOGIQUES 461 

XI. Mode de peuplement du domaine souterrain. 

Il est nécessaire de résoudre une question préliminaire avant 
d'aborder l'examen des voies suivies par les Epigés dans leur 
immigration dans le domaine souterrain. 

Packard (1889), LAnkester (1893), et beaucoup d'autres, 
pensent que le peuplement des cavernes est dû au hasard des 
accidents variés qui ont pu y entraîner des habitants des zones 
superficielles. Packard admet aussi que les Animaux de grande 
taille, et même l'Homme, ont pu contribuer à ce peuplement en 
transportant dans les grottes les petits Animaux ou les germes 
accrochés à leur surface. En un mot, les biospéologistes de cette 
école croient que l'immigration dans les cavernes a été involon- 
taire. 

BiGENMANN (1898), Garuian (1892), etc., pensent avec juste 
raison que cette immigration a été volontaire. 

Je ne veux point dire que l'immigration ne puisse en aiu'im 
cas avoir été involontaire. Je pense que le cas a pu se 
présenter dans certaines conditions. Il faut, en elïet, faire une 
distinction parmi les espèces pouvant être entraînées dans les 
cavernes. 

Les êtres très inférieurs qui n'olïrent pas d'adaptation spé- 
ciale aux habitats épigés, ont pu faire souche une fois entraînés 
par accident dans le domaine souterrain. Ainsi certains Oligo- 
chètes terricoles, par exemple, peuvent être transplantés sans 
dommage dans une grotte à sol convenable. Mais ces êtres n'ont 
que très rarement fourni de vrais troglobies ; ils forment la 
masse de ceux qui habitent indiiïéremment les domaines sou- 
terrain et épigé. D'autre part, nous avons vu que les Plantes, 
qui sont certainement et toujours entraînées par accident (eaux 
de ruissellements, vents, bois flottés, animaux sauvages, etc.) 
dans les grottes, ne paraissent pas avoir donné naissance à des 
formes spéciales. 

On voit donc que cette catégorie d'êtres épigés n'a pas con- 
tribué notablement à donner son caractère spécial à la faune 



462 EMILE G. RACOVITZA 

des cavernes. Ce n'est d'ailleurs pas de eeux-là qu'il est question 
dans la théorie des Packard et Lankester. 

Il s'agit, eu effet, des autres animaux plus élevés en organi- 
sation, comme les Arthropodes, Poissons, Batraciens, etc. Or, 
pour ceux-là je crois que l'immigration a certainement été volon- 
taire et progressive, sans pour cela exclure la possibilité de très 
rares exceptions ; il n'est pas difficile de le démontrer. 

Remarquons d'abord que, sauf exception douteuse, tous les 
Cavernicoles descendent de formes épigées lucifuges, à appareil 
optique plus ou moins réduit et à compensation plus ou moins 
parfaite pour l'impossibilité de voir ; ces formes étaient pour 
ainsi dire prédestinées à peupler les cavernes. Notons ensuite 
que journellement des représentants des formes vraiment pho- 
tophiles (Lépidoptères, Hyménoptères, etc.) sont entraînés dans 
le domaine souterrain, et pourtant aucun n'y a fait souche. 

D'autre part, les Animaux fixés, qui ne peuvent changer de 
place par eux-mêmes, n'ont pas colonisé les grottes. Et n'oublions 
pas, pour finir, que l'horreur de l'obscurité est un sentiment 
d'animal très supérieur, et que la lumière est moiîis indispen- 
sable à beaucoup d'Animaux qu'une température invariable et 
une humidité constante, et ce sont justement les importants 
avantages que les Cavernicoles sont allés chercher volontai- 
rement dans le domaine souterrain. 

Les voies d'accès qui ont servi à l'immigration dans les 
cavernes ont été, et sont encore, multiples. 

La principale, pour les Cavernicoles terrestres, doit être la 
fente. Les Animaux épigés lucifuges se cachent non seulement 
sous les pierres, mais dans les fissures des roches, et ils ne sont 
abondants et variés que là où la surface de la terre leur olïre 
semblables abris. A ce point de vue, les régions karstiques sont 
particulièrement favorables ; car, d'une part, les fissures y sont 
innombrables et, d'autre part, l'érosion fournit en abondance 
les pierres plates si aptes à servir de confortables demeures. 

Il est vrai que dans les régions karstiques l'eau ne peut 
séjourner longtemps à la surface, et la sécheresse qui y règne 



LES PROBLÈMES BIOSPEOLOGIOrîES 463 

est caractéristique de ces régions ; mais c'est justement ce fait 
qui est favorable au peuplement du domaine souterrain. Les 
Lucifuges superficiels sont, en effet, forcés de rechercher l'hu- 
midité nécessaire à leur existence dans la profondeur des mas- 
sifs calcaires. Cette descente des Animaux dans les profondeurs 
de la terre à la recherche de l'humidité, et aussi d'une tempé- 
rature convenable, est un phénomène absolument général. Dans 
les pays chauds, pendant la saison sèche, des fentes de retraits, 
({uelquefois très grandes, se forment dans les terrains plastiques ; 
les animaux s'y réfugient et n'en sortent qu'aux premières 
pluies. Dans les régions karstiques, à cause de leurs vastes 
espaces souterrains, l'immigration périodique dans les profon- 
deurs s'est transformée plus souvent qu'ailleurs en séjour per- 
manent. 

Une voie d'accès, moins importante, qui a ouvert le domaine 
souterrain à l'immigration des Superficiels, est l'entrée des 
grottes. C'est par là qu'ont pénétré un certain nombre d'Ani- 
maux de grande taille, et tous ceux qui descendent de cette 
faune spéciale qui a choisi l'entrée des grottes comme habitat 
préféré. 

Les aquatiques ont eu aussi les deux voies d'accès à leur dis- 
position : la fente et les pertes de rivières ou de lacs. C'est par 
là qu'ils ont colonisé les niveaux d'eau et les lacs ou rivières 
souterraines. 

On pourrait croire que la colonisation des eaux souterraines 
s'est fait le plus souvent d'une façon involontaire, puisque les 
Animaux aquatiques ne peuvent, souvent, résister aux flots 
qui les entraînent. Je ne crois pas plus à l'efficacité de l'accident 
dans ce cas que dans l'histoire de la colonisation terrestre ; car 
les mêmes arguments peuvent être invoqués dans les deux cas. 
L'observation a d'ailleurs démontré qu'à l'entrée et à la sortie 
des eaux souterraines, les faunes lucicoles et cavernicoles 
demeurent confinées chacune dans son domaine, et pourtant 
les crues doivent souvent opérer des mélanges. 

Pour les animaux d'origine marine, c'est la fente qui a dû 



464 EMILE G. RACOVITZA 

être la voie d'accès dans les niveaux d'eau souterrains. On sait 
qu'à Texception des Poissons aveugles de Cuba, dont Thistoire 
n'est pas connue, tous ces Animaux sont très petits. Ils ont 
donc pu facilement passer à travers les fissures des niveaux 
d'eau qui souvent se déversent sous le niveau de la mer. Quand 
l'eau de ces niveaux est sous pression à cause des crues, l'eau 
douce refoule l'eau de mer ; en temps de sécheresse c'est, au 
contraire, l'eau salée qui pénètre dans les couches perméables 
qui affleurent sous le niveau de la mer. Il existe donc une zone 
qui présente souvent, de la mer vers la terre, un dessalement 
progressif des eaux, circonstance éminemment favorable à l'émi- 
gration des animaux d'un milieu dans l'autre. 

Les grandes sources sous-marines des régions karstiques 
peuvent aussi servir de voie d'accès dans les rivières souter- 
raines ; l'on a constaté chez quelques-unes le même renverse- 
ment dans le sens du courant que dans les niveaux d'eau. 

XII. Epoque de peuplement du domaine souterrain et ancienneté 
des Cavernicoles. 

Avant de chercher à savoir si les Cavernicoles sont d'origine 
ancienne ou d'origine récente, il faut discuter la question de 
l'âge des cavernes ; il faut examiner, en effet, depuis quand 
l'habitat souterrain est prêt à recevoir les colons du domaine 
superficiel. 

Constatons d'abord que dans toutes les périodes géologiques 
se sont formés des calcaires et des roches pouvant contenir des 
niveaux d'eau. Il est certain, ensuite, que les agents qui actuel- 
lement travaillent à l'établissement d'un domaine souterrain 
travaillèrent aussi aux époques antérieures. Il ne nous est pas 
permis d'affirmer, ou même de supposer, qu'un massif calcaire 
ait été moins fissuré et moins attaqué par les agents atmosphé- 
riques pendant les époques primaire, secondaire ou tertiaire 
qu'il ne l'est actuellement, et il en est de même ])our la circula- 
tion des eaux souterraines et pour la formation de rigoles habi- 
tables dans les niveaux d'eau. 



LES PROBLÈMES BIOSPÉGLOPiIOUES 465 

4 

Il suffit d'avoir indiqué qu'à toutes les époques les mêmes 
agents ont travaillé qualitativement de la même manière les 
mêmes matériaux pour conclure qu'un domaine souterrain habi- 
table a toujours existé, et que, par conséquent, il n'y a aucune 
raison de croire que les Cavernicoles aussi n'aient pas existé. 

Mais il n'en résulte nullement que le même domaine souterrain 
et que les mêmes Cavernicoles ou leurs descendants se soient 
perpétués jusqu'à nos jours. Or, c'est justement ce qu'il faudrait 
savoir ; c'est cette continuité à travers les périodes géologiques 
qui ofïre seule un intérêt capital. 

Un exemple concret fera mieux saisir ma pensée. Prenons 
un massif calcaire d'âge dévonien. Nous sommes siirs qu'une 
fois émergé il a dû être façonné par les agents atmosphériques, 
et que très rapidement il a dû être rempli de fissures et de 
cavernes. Xous pouvons également admettre que le nouveau 
domaine souterrain a été peuplé par des êtres variés. Mais peut- 
on admettre que le domaine souterrain contenu dans les flancs 
de ce massif calcaire ait pu subsister et offrir des conditions 
d'existence suffisantes depuis cette époque jusqu'à aujourd'hui 
sans interruption"? Bu d'autres termes, pouvons-nous espérer 
trouver des grottes datant du carboniférien et peuplées depuis 
cette époque par les descendants des premiers colons ? 

L'observation directe a fourni fort peu de données relatives 
à ce problème ; il est vrai que cette question n'a pas suffisam- 
ment occupé les géologues. Martel (1903) cite une grotte comme 
étant certainement antérieure au pliocène moyen, puisqu'on a 
trouvé à son intérieur des dépôts de cet âge. C'est l'âge le plus 
ancien qu'on puisse attribuer avec assurance à une grotte non 
comblée. Parmi les grottes comblées on en trouve datant d'épo- 
ques bien plus anciennes. Martel et van den Broeck (1906) 
en citent qui furent remplies par des dépôts tongriens ; les 
phosphorites du Quercy sont déposés dans des fissures existant 
déjà au début de l'époque tertiaire. 

On ne peut donc pas par l'observation directe démontrer 
l'existence de grottes habitables très anciennes. 



466 EMILE G. RACOVITZ A 

On peut alors se demander si Texisteuce de semblables grottes 
est possible à imaginer, car plusieurs conditions, qu'il doit être 
difficile de rencontrer réunies, sont nécessaires pour que pareille 
éventualité puisse se produire. 

Il faut d'abord supposer Texistence d'un massif calcaire très 
ancien, ayant été constamment émergé et n'ayant pas subi de 
trop puissantes actions géomorphogéniques. Il faut que ce luassif 
n'ait pas été recouvert par d'autres dépôts qui auraient pu le 
protéger contre l'action des agents atmosphériques. Il faut aussi, 
pour la continuité de la faune, qu'il ait été situé en dehors des 
zones ayant subi des périodes glacières. Il faudrait également 
savoir si un semblable massif calcaire, constamment émergé et 
non protégé par une couverture d'autres terrains, aurait pu 
résister à l'action des agents atmosphériques. On sait la puis- 
sance avec laquelle la corrosion et l'érosion agissent sur le 
calcaire ; aussi peut-on se demander si notre massif n'aura pas 
été assez rapidement transformé en totalité en terra rossa. 

C'est le devoir des géologues de nous renseigner d'une façon 
précise sur ce sujet ; en attendant, on peut admettre que les 
grottes très anciennes doivent être fort rares, mais qu'à partir 
de l'époque tertiaire elles ont pu fréquemment se conserver 
jusqu'à nos jours. 

En supposant connu l'âge d'un certain nombre de grottes, il 
ne faudrait pas conclure que les plus anciennes sont peuplées 
par les faunes les plus archaïques, et les plus récentes par les 
faunes les plus jeunes. Des Cavernicoles peuvent être plus 
anciens que la grotte qu'ils habitent actuellement, car ils ont 
pu émigrer d'une autre régiofi du domaine souterrain. D'autre 
part, la faune d'un massif calcaire peut être beaucoup plus 
récente que le massif lui-même; un événement a pu s'accomjjlLr, 
qui, tout en ne causant aucun dommage au calcaire, a pu com- 
plètement détruire l'ancienne faune et laisser le terrain vierge 
]>our une colonisation nouvelle. Les périodes glacières anciennes 
(on en a signalé de permiennes) et récentes ont pu jouer ce rôle. 

Ces considérations, et ce ne sont pas les seules, suffisent pour 



LES PROBLÈMES BIOSPEOLOGIQUES 46* 

montrer combien la question de l'ancienneté des Cavernicoles 
est difficile à résoudi'e si l'on prend en considération l'âge de 
l'habitat. Elle n'est pas plus facile si l'on s'adresse aux Caver- 
nicoles eux-mêmes. Pour cette étude, comme pour tout ce qui 
touche aux Cavernicoles, on s'aperçoit très vite qu'on n'a pas 
affaire à un groupement homogène mais à un assemblage hété- 
rogène de formes qui ont chacune leur histoire particulière. 

En effet, dans la même région du domaine souterrain, on 
peut rencontrer toutes les catégories suivantes : 

I. Des êtres qui habitent indifféremment les grottes et les 
abris superficiels. 

II. Des Cavernicoles strictement limités au domaine souter- 
rain, mais qui possèdent des parents très proches dans le 
domaine épigé de la même région. 

Ces deux catégories sont, en général, composées de Caver- 
nicoles plus ou moins récents. 

III. Des Troglobies qui ont une extension géographique plus 
vaste que leurs proches parents lucicoles. 

IV. Des Troglobies dont les parents n'existent que dans un 
habitat différent. 

Ces deux dernières catégories sont composées de Cavernicoles 
plus ou moins anciens. 

Même entre êtres d'une même catégorie, il peut y avoir des 
différences d'âge considérables. 

Il est donc absolument impossible de parler, si l'on veut user 
d'une certaine précision, de « l'âge de la faune cavernicole » 
considérée comme un bloc, car chaque forme a son histoire 
particulière. 

Pourtant Packard (1889) soutient que toute la faune caver- 
nicole du monde entier est très récente, qu'elle date du com- 
mencement de la période quaternaire, et il croit devoir ne pas 
lui accorder plus de dix à quinze mille ans d'existence. 

Chilton (1894) est plus prudent ; il admet la possibilité d'une 
faune plus ancienne que le commencement du quaternaire, mais 
il croit aussi qu'en général l'ensemble est très récent. Il assigne 

AaCH. DE ZOOL. EXP. ET OÉN. 4' SÉRIE. T. VI. (VU). 33 



468 EMILE G. RACOVITZA 

à la faune qu'il a découverte dans les niveaux d'eaux de la plaine 
de Canterbury (Nouvelle-Zélande) un âge post-pliocène, le même 
que celui de la plaine elle-même, ce qui ne me semble pas abso- 
lument démontré. 

Je pense que du moment que la faune cavernicole de Canter- 
bury n'a pas de parents épigés, vivant actuellement dans la 
région, il faut lui attribuer un âge bien plus considérable ; l'âge 
de l'habitat, comme je l'ai dit plus haut, ne suffit pas pour fixer, 
sans autre considération, l'âge de la- faune, surtout lorsqu'il 
s'agit de faune limnique. 

(^ARPENTER (1895) coustatc aussi la vaste dispersion de cer- 
taines espèces cavernicoles : Amérique du Nord, Irlande, Médi- 
terranée. Il croit que les grottes (et par ce mot il ne comprend, 
comme tous ces contemporains, que les macrocavernes à l'ex- 
clusion des autres régions bien pins importantes du domaine 
souterrain) sont récentes, tandis que la communication entre 
ces diverses régions doit être plus ancienne. Donc, il trouve 
l'explication dans la transformation convergente des souches 
sous l'influence des mêmes facteurs. Il déclare que si ses déter- 
minations spécifiques sont exactes « we shall bave proof that 
the indépendant development of the same species under 
similar conditions, but in widely distant localities, hâve taken 
place ». 

Tout en ne niant pas le rôle possible des phénomènes de 
convergence dans l'histoire de quelques Cavernicoles, je ne puis 
admettre ni l'universalité de son action, ni les conséquences 
qu'en tire Carpenter. On verra plus bas que, si beaucoup de 
grottes peuvent être considérées comme récentes, il ne s'en suit 
pas qu'un domaine souterrain habitable n'ait pas existé avant 
elles. Les cas bien établis de vaste répartition d'un groupe caver- 
nicole {Gambarus, Proteus, etc.) sont certainement une preuve 
de l'ancienneté de ces formes et la convergence, portant sur 
autre chose que les quelques caractères d'adaptation à la vie 
souterraine, ne peut entrer en ligne de compte. De plus, il est 
inexact que les cavernes offrent partout exactement les mêmes 



LES PROBLÈMKS BlOSPKOLOGinUES 469 

conditions d'existence ; il est donc difficile de concevoir une 
évolution convergente capable de produire des espèces iden- 
tiques dans des régions très éloignées l'une de l'autre. 

Ces quelques objections rendent inacceptables, me semble-t-il, 
les idées de Carpenter. 

Peyerimhoff (1906) a tout récemment proposé une sédui- 
sante théorie pour fixer l'âge des Cavernicoles terrestres. Il 
commence par constater que la sécheresse et l'humidité jouent 
un rôle capital dans la vie des Cavernicoles, et que les cavernes 
n'ont été habitables que vers le début du quaternaire. 

Or, à l'époque moustérienne le climat était constant et 
humide ; les souches de nos Cavernicoles pouvaient habiter la 
surface de la terre. Dans la période suivante, le Solutréen, le 
climat devient sec et variable, et les cavernes s'assèchent pro- 
gressivement. Les espèces délicates, incapables de s'adapter à 
ce changement climatérique, disparaissent ou émigrent, « quel- 
ques-unes remontent sur les hauteurs nuageuses et bien arro- 
sées, ou restent dans les anciennes forêts ; d'autres pénètrent 
dans les cavités du sol où le climat moustérien s'est conservé 
jusqu'à nos jours. Les formes grandes et agiles peuplent les 
cavernes ; les formes petites et lentes se contentent du sol et 
des crevasses. » 

Le peuplement des cavernes s'est constamment poursuivi 
depuis : « Au fur et à mesure du dessèchement de l'atmosphère, 
il a porté sur des espèces de plus en plus résistantes ; ainsi, le 
degré de résistance à la sécheresse extérieure, s'il était suscep- 
tible de mesure, pourrait dater l'immigration des diverses formes 
souterraines. 

La faune aquatique est peut-être beaucoup plus ancienne que 
la terrestre. 

Je crois que si Peyerimhoff avait essayé d'écrire l'histoire 
d'un groupe homogène de Cavernicoles (et c'est la seule 
manière, à mon avis, d'arriver à un résultat certain en biogéo- 
graphie) il aurait été bien embarrassé pour faire usage de son 
hypothèse, car nombreuses sont les objections de détail qu'on 



470 EMILE G. RACOVITZA 

peut opposer à sa manière de voir. Il existe aussi des objections 
plus générales ; je veux en mentionner quelques-unes ici. 

Remarquons d'abord que son hypothèse ne peut s'appliquer 
qu'à une partie restreinte de la surface terrestre, et qu'il y a 
des cavernicoles partout. 

Il n'est pas exact de dire que le domaine souterrain n'était 
pas habitable pendant la période humide ; certes, le niveau des 
vallées était plus élevé, mais il est impossible d'en conclure que 
les massifs calcaires étaient complètement submergés. Si l'on 
peut admettre que la zone hydrostatique active était au niveau 
des grottes actuelles, il est non moins certain qu'il y avait au- 
dessus une zone non submergée, remplie de fentes et de grottes 
habitables, qui a été en partie ou totalement enlevée par l'éro- 
sion. D'ailleurs, que seraient devenues les Chauves-souris dont 
les plus anciens restes sont éocènes ! Auraient-elles modifié 
leurs mœurs, ou auraient-elles émigré vers des pays plus secs 
pour revenir ensuite ? Il n'est pas permis de le supposer. 

Les cavernes sont aussi habitées dans les pays pluvieux que 
dans les pays secs, dans les anciennes forêts humides que dans 
les causses nus. 

Certes, l'humidité joue un rôle très important dans la bio- 
logie des Cavernicoles, et c'est avec raison que Peyerimhoff 
insiste sur son importance, mais il n'est pas possible de la con- 
sidérer comme l'unique raison du peuplement de cavernes. Ce 
peuplement est dû à des causes multiples et spéciales à chaque 
souche de Cavernicoles. Est-il bien certain que la recherche de 
l'humidité ait été la cause de l'immigration des Locustides et 
de beaucoup d'Aranéides cavernicoles, par exemple ? 

Est -il bien démontré que dans les régions épigées sèches il 
n'y ait pas d'animaux aussi sensibles à l'assèchement que le 
plus sensible des Cavernicoles ? Et si de semblables animaux 
peuvent trouver le moyen de se défendre contre l'assèchement, 
sans descendre dans le domaine souterrain, est -il possible 
d'admettre que le degré de la résistance à la sécheresse peut 
dater l'immigration des Cavernicoles ? 



LES PROBLEMES BIOSPEOLOGIQUES 471 

On connaît des Cavernicoles terrestres dont la présence ou la 
répartition dans le domaine souterrain ne peut s'expliquer que 
par des conditions géographiques antérieures au pléistocène. 
Ainsi Phalangodes est un représentant de la faune tropicale, 
et il est parfaitement isolé en Europe. Anophthalmus existe 
aussi bien en Amérique qu'en Europe et, à moins de se rabattre 
sur la « convergence », il faut bien admettre entre les deux régions 
des relations continentales, qui ont effectivement existé mais 
avant le pléistocène. On trouvera dans un mémoire sous presse 
la description des formes archaïques d'Isopodes terrestres qui 
n'ont pas de parents dans la faune actuelle, etc. 

J'en conclus qu'on ne peut, pour fixer l'âge des Cavernicoles, 
se servir de l'attrayante hypothèse de Peyerimhoff, mênu' si 
l'on considère uniquement la faune européenne ; cependant, 
parmi les idées qu'elle contient, il y en a qui se trouveront pro- 
bablement réalisées dans l'histoire de certains Cavernicoles. 

Et j'arrive derechef à l'idée déjà exprimée que la faune caver- 
nicole terrestre, comme l'aquatique, est un mélange de formes 
d'âges très différents oii les très anciennes, antéquarternaires, 
ne peuvent pas manquer. J'accorde cependant volontiers que 
les formes archaïques sont plus nombreuses parmi les aquatiques. 
Et, dans mon idée, cela tient surtout à l'aire de dispersion plus 
grande et aux chances de destruction moindre des limniques. 

Garman (1892), Lendenfeld (1896), Caepenter (1895), 
Viré (1901), Hay (1902), etc., admettent plus ou moins expli- 
citement l'existence de formes très anciennes dans les cavernes, 
et très nettement des formes antérieures au pléistocène. 

D'ailleurs, parmi la faune d'eau douce les formes anciennes 
abondent. Inutile de citer des exemples, car presque tout le 
monde est d'accord à leur sujet. Leur nombre, au fur et à mesure 
des progrès de la biospéologie, ne peut manquer d'augmenter 
beaucoup, à en juger par les résultats obtenus dans ces dernières 
années. 

Pour résoudre la question de l'âge des Cavernicoles, il fau- 
drait pouvoir aussi s'adresser aux données de la paléontologie ; 



472 EMILE G. RACOVITZA 

malheureusement, on ne connaît guère de Cavernicoles fos- 
siles. DOLLFUS (1904) a cependant d(^crit un genre nouveau 
fossile d'Isopode terrestre {Eoarmadillidium) trouvé dans une 
brèche, probablement tertiaire, d'os de Chauve-souris. Il hésite 
à considérer cet Isopode comme cavernicole, parce qu'il est 
oculé et qu'il n'existe pas d' Armadillidiurn cavernicole ; cette 
dernière raison n'est pas valable, puisque Verhoeff (1900) en 
a décrit une espèce des grottes de l'Herzégovine. 

Je viens d'établir que les formes anciennes ne sont pas rares 
dans le domaine souterrain, et que souvent ce sont les relicta 
d'un groupe actuellement disparu de la contrée et qui avait aupa- 
ravant une répartition plus vaste. 

Examinons maintenant ])ourquoi ces Animaux se sont con- 
servés dans les cavernes et quelles sont les causes qui les ont fait 
disparaître ailleurs. Les problèmes que soulèvent ces questions, 
qui se posent aussi pour d'autres faunes, sont très complexes et 
toujours difficiles à résoudre ; dans le cas des Cavernicoles, 
l'absence des données nécessaires est telle qu'il est même impos- 
sible actuellement d'entrevoir leur solution prochaine. 

Cela ne nous avance guère de dire avec Viré (1889, p. 112) : 
« Le milieu des cavernes est un des milieux les plus constants 
qui existent : une fois accomplies les modifications dues à l'obs- 
curité, l'animal ne doit plus, a priori, subir d'autres changements 
notables, ce qui explique et justifie {sic) la présence d'espèces 
disparues partout ailleurs. » 

D'une part, en eiïet, on ne peut actuellement démontrer qu'il 
existe de ces relicta qui ne diffèrent de leur souche épigée que 
par les caractères spéciaux dus à l'adaptation cavernicole. On 
peut constater, au contraire, entre ces (javernicoles et leur souche 
lucicole, des différences d'ordre spécifique, et même génériques, 
autres que les caractères adaptatifs à la vie obscuricole. Le 
« milieu des cavernes « n'est donc ])as si constant que le veut 
Viré ; je vais, d'ailleurs, signaler, dans le chapitre suivant, des 
causes nombreuses de variations qui ont dû l'affecter dans le cours 
des époques géologiques. 



LES PROBLEMES BIOSPEOLOGIQUES 473 

D'antre part, on connaît des relicta aussi dans le donndne 
épigé. Dans tous les habitats, même les moins constants, les 
faunes actuelles sont un mélange de formes anciennes plus ou 
moins modifiées, ayant persisté, et de formes récentes très diffé- 
rentes de leur souche. 

Il convient donc de ne jjas suivre Viré (1904a) qui commu- 
nique à l'Académie des sciences de Paris, parmi ses «conclusions 
en grande partie nouvelles », que la présence des Animaux dont 
il est question, dans les cavernes, démontre que« c'est là un point 
important pour les doctrines de l'évolution, en ce sens que l'on 
constate ainsi la transformation et la disparition d'une forme 
si le milieu vient à se modifier trop profondément, ou, au con- 
traire, la permanence même à travers les périodes géologiques 
si, au contraire, le milieu reste constant », car, si cette conclusion 
est vraie dans son sens général, — et alors sa paternité doit, il 
me semble, être attribuée à Lamarck, — en tant qu'explication 
de la persistance des formes anciennes dans les cavernes, elle 
est en général fausse. 

Les facteurs qui peuvent modifier la répartition géographique 
d'une espèce ne sont pas seulement les facteurs climatériques 
ou physiques. Il y en a d'autres, biologiques, dont l'importance 
est souvent extrême. Gamharus, en Europe, n'a pas de parents 
lucicoles. Peut-on afîirmer que ce sont les facteurs physiques 
qui ont fait disparaître la souche épigée f En aucune façon, 
puisque Gmnbarus a persisté en Amérique, aussi bien à la surface 
que dans les cavernes, et que sa patrie, l'est des Etats-Unis, a 
subi les mêmes vicissitudes climatériques que l'Europe. ISI 'est-il 
pas plus logique de supposer que les Cambarus épigés d'Europe 
ont disparu devant Astacus, et que le représentant cavernicole 
du genre a persisté, car il n'avait pas semblable ennemi à com- 
battre dans son domaine (1) 1 Et ne pourrait-on pas écrire sem- 
blable histoire pour Proteus î 

(1) Astacus est répandu en Europe, Sibérie, Corée, Japon et dans les Etats-Unis d'Amé- 
rique à l'ouest dps Montagnes Rocheuses. Cambarus habite le Mexique et les Etats-Unis à 
rest des Montagnes Ronheuses. ORTMANN (1902) pense que Astacus a envahi l'Amérique du 



474 EMILE G. RACOVITZA 

Viré (1899, 1901, etc.) a tiré ses conclusions de l'étude d'un 
groupe d'Isopodes qu'il considérait à tort comme homogène. 
Ses spéculations phylogénétiques et paléontologiques sont donc 
illégitimes. Ces Crustacés sont-ils tous des formes anciennes ? 
Cela n'est pas du tout certain. Dérivent-ils directement de formes 
marines 1 Viré l'af&rme, mais il n'est pas encore possible de le 
sav^oir, car les Cirolanides, comme les Sphaeromiens, ont des 
représentants actuels d'eau douce et d'eau sauraâtre, et l'histoire 
réelle des différentes formes ne peut être précisée faute d'études 
suffisantes. 

Les Sphaeromiens cavernicoles (Monolistra, Caecosphaeroma, 
Vireia et Spelaeosphaeroma) (]) forment un groupe très homo- 
gène, et sont très probablement étroitement alliés entre eux. 
Tous proviennent des bassins des eaux tributaires de l'Adria- 
tique et de la Méditerranée occidentale, et n'ont pas été trouvés 
ailleurs. Ils paraissent avoir des affinités avec Campecopea, qui 
pourtant est une forme marine boréale. 

L'homogénéité du groupe et son étroite localisation suggèrent 
plutôt l'idée d'une origine monophylétique. Leur forme indique 
qu'ils ne sont pas adaptés à vivre dans les fentes étroites, mais 
dans de larges espaces aquifères, comme les lits des rivières et 
des ruisseaux souterrains. D'où il résulte qu'il est bien plus pro- 
bable qu'ils descendent d'une forme épigée, déjà adaptée à la 
vie dans les eaux douces et actuellement disparue. Il est donc 
piobable que nous avons affaire à des relicta anciens. 

Les Cirolanides cavernicoles (Cirolanides, Sphaeromides, Fau- 
rherio, et Typhlocirolana) ont une répartition géographique 
infiniment plus vaste : bassin du Rhône, Baléares, Texas. Leurs 
affinités entre eux sont encore obscures, faute de documents 
suffisants pour les trois premiers ; Typhlocirolana me paraît très 

Nord par la région actuellement occupée par le détroit de Behring: ce genre a persisté à 
l'ouest des Montagnes Rocheuses, mais les colonies qui avaient passé de lautre côté de ces 
montiignes se transformèrent en Cambarus. ('ette théorie d'ORTMANN pourrait se concilier 
avec l'explication que je suggère. 

(1) C'est à tort que Feruglio (1904) et Dollfus et Viré (1905) considèrent Spelaeo- 
gphaeroma comme voisin de Faucheria. car c'est un Sphaeromien et non un Cirolanide ; les 
dessins de Feruglio le montrent sans erreur possible. 



LES PROBLÈMES BIOSPÉOLOGIQUES 475 

voisine, sinon génériquement identique avec Cirolanides. Les 
autres paraissent aussi avoir des affinités étroites avec les pre- 
miers, mais il n'est pas possible de savoir si cela est dû à la con- 
vergence ou à des liens du sang étroits. Typhlocirolana est très 
étroitement alliée au genre Cirolana, qui a été certainement sa 
souche et probablement celle des trois autres. Cirolana est pres- 
que cosmopolite, se rencontre à toutes les profondeurs et on la 
trouve aussi dans l'eau douce ; mais la forme des Cirolanides 
cavernicoles est telle qu'elle permet de concevoir leur descendance 
directe de formes marines, entrées dans le domaine souterrain 
par les niveaux d'eau qui ont un écoulement sous-marin, comme 
cela s'est certainement effectué pour le Cruregens néo-zélandais 
de Chilton (1894). Leur vaste répartition, d'autre part, nous 
suggère la possibilité d'une origine polyphylétique. Il est donc 
possible qu'ils soient d'origine récente. 

Voilà donc ce qui semble découler de ce que nous savons de 
Sphaeromiens et des Cirolanides cavernicoles. On ne peut rien 
tirer des données paléontologiques pour rendre plus précise 
cette vague esquisse. Ce qui est, par contre, évident, c'est que 
l'histoire des deux groupes doit être tout à fait différente, et 
que, d'autre part, il n'est pas possible de savoir quel rôle a pu 
jouer dans ces deux histoires « le milieu constant des cavernes », 
si même il en a joué un. 

Concluons donc. Les raisons de la persistance dans le domaine 
souterrain de formes anciennes sont multiples et spéciales à 
chaque forme. Du peu que nous savons il ressort que l'isolement 
géographique de ces Cavernicoles résulte de la disparition de 
leur souche épigée de l'aire de leur habitat actuel, plus souvent 
que d'une transformation de ces souches. Dans la disparition 
des souches épigées, les facteurs biologiques ont dû jouer un 
rôle plus considérable et agir plus souvent que les facteurs phy- 
siques. 

Les grands changements climatériques se font sentir en même 
temps et de la même façon dans le domaine souterrain et l'épigé. 
Ils doivent tendre à maintenir les ressemblances entre les faunes 



476 EMILE G. RACOVITZA 

des deux habitats, tandis que les facteurs biologiques doivent 
accentuer les différences. 

Que reste-t-il donc à l'actif du facteur constance du « milieu 
des cavernes » ? Il me semble qu'il a, à peu de chose près, une 
réputation usurpée, Piochard de la Brûi^erie (1872) a déjà 
depuis longtemps démontré que le domaine souterrain est variable 
dans l'espace ; plus loin, il sera démontré qu'il est aussi variable 
dans le temps. Certes, le fait qu'il est généralement moins 
influencé par l'amplitude des variations climatériques que le 
monde épigé lui donne un avantage sur ce dernier, mais sa 
stricte dépendance des moyennes est en sa défaveur souvent, 
comme on le verra plus bas. Somme toute, je crois que la cons- 
tance toute relative des conditions d'existence du monde souter- 
rain a rarement été la cause réelle de la persistance des formes 
anciennes. 

XIII. La modification et la destruction du domaine souterrain, 
et le sort des Cavernicoles. 

Les modifications que peut subir le domaine souterrain dans 
le cours des temps sont nombreuses et les causes de destruction 
le sont encore plus. Il importe d'en examiner les principales. 

Les changements climatériques généraux font sentir leur 
influence dans les cavernes. Si la température moyenne annuelle 
s'élève ou s'abaisse, elle provoquera une variation correspon- 
dante dans l'intérieur des massifs calcaires ou des niveaux d'eau. 
Mais comme ces changements sont très lents, il est probable 
que leur influence sur les Cavernicoles est insignifiante, sauf 
dans le cas d'un abaissement de température près de 0^ ou 
au-dessous. Il est fort probable que, dans ce dernier cas, les 
Cavernicoles sont détruits, sans qu'il résulte nécessairement 
semblable destruction pour les épigés de la même région. L'Epigé 
dans une région à température moyenne animelle de 0°, ou au- 
dessous, peut jouir de saisons où la température est suffisamment 
élevée pour lui permettre de vivre convenablement ; mais le 
Cavernicole n'a pas semblable avantage, la température de 



LES PROBLÈMES BIOSPÉOLOGIQUES 477 

son milieu étant rarement différente de cette même moyenne. 
Si nous supposons maintenant un pays envahi par une glacia- 
tion intense, comme cela arrive au Groenland, par exemple, 
il est certain que tous les Cavernicoles terrestres seront détruits, 
non seulement par le froid, mais par la famine ; toute la nour- 
riture souterraine provient du monde épigé, et dans les pays à 
inlandsis cette source est tarie. Mais des êtres superficiels peuvent 
cependant subsister. 

Pour les Cavernicoles aquatiques, les conditions paraissent 
plus favorables. Il existe de Teau liquide sous les masses de 
glace, et comme les êtres aquatiques peuvent parfaitement vivre 
à une température de 0» (les Animaux marins vivent très bien 
à — 20), on pourrait en déduire la persistance des aquatiques 
souterrains, s'il était possible de leur trouver une source suffi- 
sante de nourriture. 

Bien des recherches restent à faire pour pouvoir vérifier les 
considérations toutes théoriques qu'on vient de lire. Pourtant, 
l'on sait déjà que les grottes situées dans le périmètre des grands 
glaciers pléistocènes sont relativement plus pauvres que les 
autres, et que leur faune paraît plus récente. On sait aussi c^u'il 
en est de môme pour les cavernes situées à de grandes altitudes, 
dans les régions oii la moyenne annuelle est très basse. Mais 
l'on sait aussi que les Cavernicoles résistent très bien aux basses 
températures, et l'on ignore malheureusement encore si les 
glacières naturelles sont habitées ou non. Il n'est donc pas pos- 
sible de conclure. 

Les changements de l'état hygrométrique ont la plus grande 
influence sur les cavernes et leurs habitants. Ces changements 
peuvent se manifester de deux manières : par la diminution ou 
par l'augmentation de l'humidité. 

L'assèchement complet d'une portion du domaine wsouter- 
rain occasionne natui'ellement la disparition des Cavernicoles, 
aussi bien aquatiques que terrestres, mais cet assèchement total 
est bien difiScile à imaginer, même dans les pays désertiques, 
car on a constaté dans ces régions aussi la présence de niveaux 



478 EMILE G. RACOVITZA 

d'eau plus ou moins profonds. L'établissement d'un régime sec 
dans une région doit donc avoir pour résultat seulement la 
disparition des Cavernicoles habitant les macrocavernes, et le 
déménagement des amateurs de fentes dans les étages inférieurs. 
Il est vrai que s'ils y retrouvent l'humidité nécessaire ils sont 
exposés au manque de nourriture, car les ressources alimentaires 
diminuent, et rapidement, de la surface vers l'intérieur. Mais 
on conçoit plus facilement la possibilité d'une persistance des 
Cavernicoles aquatiques dans les niveaux d'eau profonds. Somme 
toute, le résultat final d'un climat sec doit être la disparition 
complète des Cavernicoles terrestres avec la persistance possible 
des aquatiques. 

L'établissement d'un régime humide, comme celui qui fut la 
cause des périodes glacières, occasionne de graves perturbations 
dans le monde souterrain. D'abord, par l'extension glacière dont 
j'ai mentionné les effets plus haut, ensuite par le rôle énorme 
que prennent les eaux courantes. C'est l'époque du creusement 
des vastes cavernes, et l'âge d'or des Cavernicoles aquatiques. 
Mais ces périodes sont moins favorables aux Cavernicoles ter- 
restres ; le niveau hydrostatique s'élève et les cavernes sont 
balayées par les crues. La vie des habitants des macrocavernes 
devient difficile et les habitants des fentes doivent s'établir 
dans les étages supérieurs. Il me semble même qu'on peut 
imaginer que cette ascension a été, pour certains, poussée jus- 
qu'à la surface. On sait que les fortes pluies font remonter les 
Hypogés et que dans les régions karstiques on peut trouver 
des Cavernicoles sous les pierres des lapiaz, à la suite de fortes 
crues. Et n'est-il pas plus logique de penser que bien souvent les 
superficiels à caractères cavernicoles sont d'anciens habitants de 
cavernes retournés à la surface à la suite d'une période humide, 
que des Animaux moustériens n'ayant pas suivi leurs frères 
dans les cavernes lors de l'établissement d'un régime sec, comme 
le veut Peyerimhoff (1906) f Je me hâte d'ajouter que seule 
l'histoire complète de chacun de ces êtres pourra nous renseigner 
à ce sujet. 



LES PROBLÈMES BIOSPÉOLOGIOUES 479 

Une autre cause de bouleversement du domaine souterrain 
est la transgression marine. On connaît sa fréquence et l'am- 
pleur de ses effets dans l'histoire de la terre. Ces efl'ets furent 
certainement funestes à toute la population souterraine, sauf 
peut-être à quelques formes aquatiques qui ont pu s'accommoder 
de l'eau salée. L'émersion continentale a été, par contre, favo- 
rable au développement des Cavernicoles terrestres, mais souvent 
funeste aux aquatiques, par rupture de l'équilibre du niveau 
hydrostatique et l'assèchement des niveaux d'eau qui en résulte. 
On conçoit donc qu'une région soumise à des transgressions et 
émersions successives, et l'on en connaît de semblables, ait pu 
avoir plusieurs faunes et ilores cavernicoles successives dis- 
tinctes. 

Outre ces causes générales, qui agissent sur de vastes régions, 
il existe des causes à effets moins étendus qui peuvent faire 
disparaître jjIus ou moins complètement des portions du domaine 
soHterrain. 

Les mouvements orogéniques écrasent et laminent les massifs 
calcaires, ce qui peut produire la disparition des grandes cavités, 
et le vidage des bassins aquifères. Il est vrai que ces mêmes 
mouvements peuvent être favorables par la production de fentes 
et l'établissement de bassins aquifères qui n'existaient pas 
auparavant. 

L'action incessante de l'érosion et de la corrosion a pour 
résultat final l'effondrement du plafond des cavernes et la trans- 
formation de galeries souterraines en vallées à ciel ouvert ou 
canons. 

jL'abrasion complète d'un massif montagneux par le fait des 
agents atmosphériques est chose commune dans l'histoire de la 
terre. D'immenses nappes calcaires ont été ainsi enlevées qui 
n'ont laissé comme témoin de leur puissance passée que de faibles 
lambeaux isolés. 

Enfin il faut mentionner le colmatage des fentes et des grottes, 
qui est une phase nécessaire dans l'histoire d'un massif calcaire. 
L'eau, pendant les périodes humides, creuse et déblaie, pendant 



480 EMILE G. RACOVITZA 

les périodes sèches elle comble au moyen de l'argile que la cor- 
rosion lui fournit en abondance. 

Ces causes locales, comme les générales, font disparaître les 
Cavernicoles plus ou moins complètement. 

Mais la disparition des Cavernicoles d'une région ne signifie 
pas toujours leur destruction complète et absolue. Les événe- 
ments énumérés ne sont pas des cataclysmes au vrai sens du 
mot ; ils demandent le plus souvent un temps très long pour 
s'accomplir. La variation climatérique, les mouvements oro- 
géniques, les abrasions, etc., s'effectuent pendant un laps de 
temps bien plus considérable qu'il n'en faut à l'organisme vivant 
pour gagner, de proche en proche, des lieux plus favorables, ou 
pour s'adapter à de nouvelles conditions. Donc, bien souvent 
le résultat de la destruction d'une partie du domaine souterrain 
sera non point la destruction de la x)opulation cavernicole, mais 
l'émigration ou la transformation de cette dernière. 

J'ai déjà mentionné des migrations possibles dans la masse 
des massifs calcaires ; on peut en concevoir d'autres effectuées 
d'un massif, et d'un niveau d'eau, à l'autre. Ainsi, il se peut que 
les périodes glacières aient provoqué une migration des sommets 
vers les vallées, et du centre de glaciation vers les régions 
indemnes, donc, en général, des pôles vers l'équateur. Une 
destruction complète des Cavernicoles n'est, d'ailleurs, admissible 
que lorsqu'il existe une barrière infranchissable à leur migration. 
Et ce cas doit être rarement réalisé d'une façon absolue ! Pour 
arrêter la dispersion de formes aussi hétérogènes que la popula- 
tion souterraine, il faudrait le concours de nombreuses barrières 
dont la présence simultanée, et efficace, est difficile à concevoir, 
puisque, ce qui est barrière pour une espèce peut être pont pour 
une autre. 

Mais même en supposant que la retraite soit complètement 
coupée à tous les Cavernicoles, cela ne signifie point qu'ils ne 
pourront quelquefois perpétuer leur race, en se transformant 
et en s'adaptant à de nouvelles conditions d'existence. Le temps 
ne leur fera pas défaut, car on connaît la lenteur des phéno- 



LES PROBLÈMES BIOSPÉOLOGIOUES 481 

mènes, et nombreux sont ceux pour qui cette transformation 
n'est pas plus difficile à imaginer que celle qui les fit naître de 
leur souche lucicole. 

Il ne peut y avoir d'objections de principe à l'hypothèse du 
retour possible des Cavernicoles vers leur habitat originel. Mais 
malheureusement, faute d'études dirigées dans ce sens, on ne 
peut pas citer des preuves formelles à son appui. Notons cepen- 
dant quelques indices. 

Comme exemple d'Epigé terrestre, à ascendants cavernicoles, 
on pourrait peut-être signaler quelques Coléoptères, par exemple 
certains AnopMhalmus. Titanethes alpicola Heller, si réellement 
sa station normale est sous les pierres de la surface, est très pro- 
bablement aussi de souche cavernicole. 

On a un peu plus de certitudes de l'existence d'Animaux d'eau 
douce à souche cavernicole ; Forel (1901, p. 215) considère 
avec raison, me semble-t-il, certains Niphargus et Asellus, 
aveugles et abyssaux, comme étant les descendants de formes 
ayant habité les niveaux d'eau. Mais dans ce cas, le milieu 
abyssal lacustre et le cavernicole sont si semblables qu'on peut 
difficilement parler d'adaptation. 

Je ne possède pas même des indices pour l'adaptation d'un 
Cavernicole, bien entendu aquatique, au milieu marin. Et pour- 
tant, étant données les communications existant entre la mer 
et les eaux souterraines, pourquoi pareille adaptation serait- 
elle impossible, puisque la migration inverse s'est certainement 
effectuée'? Pourquoi certains Abyssaux marins à caractères de 
troglobies, et qui ne sont pas fouisseurs, ne seraient-ils pas des 
descendants de Cavernicoles ? Il me semble que pareille possi- 
bilité peut être admise, 

FucHS (1894) admet comme possible la migration inverse, 
des abîmes vers les grottes, idée qui ne me paraît pas justifiée. 
Il déclare soutenir depuis longtemps que la faune abyssale est 
plutôt une faune obseuricole qu'une faune froide, et qu'elle est 
née surtout à la suite d'une adaptation à l'obscurité, plutôt qu'à 
la suite d'une adaptation à une basse température. Si l'idée 



482 EMILE G. KACOVITZA 

est exacte, il faut que les grottes marines soient peuplées de 
formes abyssales et non littorales. Et il cite des exemples qui lui 
paraissent prouver qu'il en est bien ainsi. 

J'ai dit autre part (v. p. 434) qu'il est possible qu'un certain 
nombre de formes abyssales, plus ou moins aveugles, soient les 
descendants de formes lucifuges littorales, mais il est certaine- 
ment faux que toute lii faune abyssale, ou même que la majeure 
partie de cette faune soit d'origine lucifuge. On a vu qu'au 
contraire toutes les formes à yeux hypertrophiés doivent avoir 
eu des ascendants photophiles. La condition d'existence impor- 
tante pour la faune abyssale est la température basse ; cela 
n'est pas douteux, puisque cette faune suit fidèlement les 
couches froides, quel que soit leur éclairement ; on sait qu'elle 
monte dans les régions polaires jusque dans la zone littorale et 
sublittorale. 

Les exemples que cite Fuchs à l'appui de son idée me sem- 
blent mal interprétés. 

a). Keller aurait trouvé dans les cavernes des récifs coral- 
liens de la mer Eouge, des Coraux et des Eponges qui, d'ordi- 
naire, vivent à vingt et trente brasses. 

Il s'agit donc de faune sublittorale et non abyssale ; moi-même 
j'ai constaté que, quelquefois, dans les grottes marines, la faune 
sublittorale remonte plus liant qu'en dehors de ces abris et 
remplace en partie la littorale. Mais je m'explique cela d'une 
toute autre manière. 

Beaucoup de formes littorales ne peuvent pas vivre dans ces 
grottes parce que la lumière leur est nécessaire. Beaucoup de 
formés sublittorales peuvent y vivre parce que, d'une part, 
elles n'ont pas besoin de lumière et qu'elles trouvent la place 
libre et, d'autre part, parce qu'elles sont soustraites, comme dans 
leur milieu naturel, aux variations considérables de température 
produites par l'insolation directe. J'ai constaté aussi que les 
grottes à faune sublittorale étaient en même temps des grottes 
à eaux calmes ; il faut donc faire intervenir un autre facteur : 
les mouvements de l'eau. Beaucoup de sublittoraux montent 



LES PROBLÈMES BIOSPEOLOGIQIIES 483 

aussi dans la zone littorale quand ils trouvent une anse com- 
plètement abritée, où les vagues ne se font jamais sentir. 

b.) Munidopsis genre abyssal (100-2.000 brasses) n'a qu'un 
représentant littoral, le M. polymorpha Simon et Koelbel, qui 
habite une grotte marine de Lanzarote (Canaries). 

Il est exact que Munidopsis est un genre abyssal ; cependant 
on connaît M. Tanneri Faxon, de 85 brasses, et M. polita S. I. 
Smith, de 79 brasses, ce dernier habitant l'Atlantique ; il n'est 
donc pas certain a priori que M. polymorpha descende d'une 
forme abyssale. D'autre part, il paraît que la Cueva de los 
Verdos, oii on le trouve, est faiblement éclairée par un trou du 
plafond ; ce n'est donc pas l'obscurité complète qui a attiré cet 
animal dans la grotte. 

Calmân (1904) dit qu'on n'a pas trouvé d'autre animal ou 
végétal dans le lac souterrain oii habite M. polymorpha ; pour- 
tant ce Crustacé doit se nourrir % On voit que l'éthologie de 
M. polymorpha est trop peu connue pour que son cas puisse 
servir à échafauder une théorie générale comme celle de 

FUCHS. 

c). Enfin Lucifuga dentata, Poisson aveugle de Cuba, qui 
habite des grottes communiquant avec la mer, appartient à une 
famille qui est mieux représentée dans les abîmes que dans la 
zone littorale ; il montre une ressemblance notable avec Aphyonus 
gelatinosus, qui vit à 1.400 brasses. 

L'histoire de Lucifuga n'est pas bien connue, et ses rapports 
avec les autres genres ne sont pas encore très clairs. Les études 
récentes ont montré que le groupe des Zoarcidés, où on le place, 
est dérivé des Blenniidés, Poissons largement représentés dans 
la zone littorale, ou sublittorale, comme beaucoup de Zoarcidés 
d'ailleurs. Il est donc bien plus naturel de supposer, jusqu'à 
preuve contraire, que les formes cavernicoles sont issues des 
formes littorales. Que ces Poissons d'origine littorale, une fois 
devenus cavernicoles, aient pu être contraints de s'adapter à 
nouveau au milieu marin et qu'ils aient pu faire souche d'es- 
pèces abyssales aveugles, je ne vois là rien d'impossible. Cela 

ARCH. DE ZOOL. EXP. ET GEN. IV'' SÉRIE. T. VI. (VlI) 34 



484 EMILE G. RACOVTTZA 

expliquerait les affinités indéniables de Lucijuga et Stygieola avec 
les formes abyssales des Zoarcidés. 



J'arrête ici l'exposé des questions qui doivent être étudiées 
et des problèmes qui doivent être résolus pour qu'on puisse établir 
la Biospéologie sur des bases scientifiques. Pour m 'exprimer 
clairement, et pour être court, j'ai présenté la plupart de ces 
questions et problèmes comme s'ils avaient déjà été résolus. 
Il règne donc dans cette rapide enquête un ton afflrmatif qui 
serait déplacé s'il n'était autre chose qu'un artifice pour faciliter 
mon exposé. Pour qu'on ne se méprenne pas sur mes intentions, 
je répète ici, en terminant, ce que j'ai dit en commençant : 

Tl n'est pas possible, en Biospéologie, de procéder actuellement 
par synthèse à cause de l'insuffisance des documents, observa- 
tions et expériences. Le seul but des pages qu'on vient de lire 
est de classer les problèmes biospéologiques, de les poser tels 
qu'il me semble qu'ils doivent l'être, et non de les résoudre. 



AUTEURS CITES 

1902. Absolon (K.). Ueber die Apterygoten Insecten der Hôhlen 
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488 EMILE G. RAGOVITZA 

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Paris, T. CXXXVIII, pp. 706-708.) 
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(C. B. des séances du III^ Congrès intern. de Zoologie. Leyde, 

pp. 410-440.) 



ARCHIVES DE ZOOLOGIE EXPÉRIMENTALE ET GÉNÉRALE 

IV^ Série, Tome VI, p. 489 à 536. 

15 Mai 1907. 



BIOSPÉOLOGICA 



Il I" 



ÉNUMÉRATION DES GROTTES VISITÉES 

1 904- I 906 

(l'-»-- SÉRIE) 

PAR 

R. JEANNEL et E. (î. KAGOVITZA 



Cette première série comprend 44 grottes de toutes les dimen- 
sions, situées, en France, dans les départements des Alpes- 
Maritimes, Hautes-Pyrénées, Basses -Pyrénées et Ariége, et en 
Espagne dans les provinces de Huesca, Alicante et îles Baléares. 

Quelques mots d'explication préliminaire nous semblent néces- 
saires pour indiquer comment nous comptons faire la descrip- 
tion des grottes et le but que nous poursuivons par cette des- 
cription. 

Nom de la grotte. — A défaut de nom inscrit sur les cartes 
officielles de la région, nom que nous adoptons toujours, quitte 
à faire les observations nécessaires s'il y a lieu, nous donnerons 
les noms que nous auront indiqués les gens du pays. 

Localité. — Pour les grottes bien connues dans le pays, ou 
marquées sur les cartes, nous nous contenterons d'indiquer la 

(1) Voir pour le premier mémoire: Archives de Zool. Exp. et Gén.. 4* série, tome VI, p. 371. 

ARCU. DE ZOOL. EXP. ET GÉX. — 4' SÉRIE. • - T. VI. — (VHl). 35 



490 JEANNEL kt HACOVITZA 

commune et le département. Nous sommes moins avares de 
détails lorsqu'il s'agit d'une caverne peu connue. 

Altitude au-dessus du niveau de la mer. L'altitude est, le 
plus souvent, déterminée approximativement d'après les meil- 
leures cartes de la région et dans ce cas nous ajoutons env. (en- 
viron) au chiffre des mètres. Quand ce mot manque, cela signifie 
que nous avons pu nous procurer l'altitude exacte, soit parce 
qu'elle existe sur les cartes, soit parce que nous avons pu la 
déterminer à l'aide du baromètre altimétrique, soit enfin parce 
que nous avons pu, sans trop de recherches, trouver les rensei- 
gnements nécessaires dans les travaux des spéologistes. Dans 
ce dernier cas nous citons nos sources. 

Roche. — Nous indiquons autant que possible l'âge en même 
temps que la nature de la roche dans laquelle est creusée la 
caverne, et cela d'après les cartes géologiques ou, en citant la 
source, d'après les travaux des auteurs compétents. Comme 
l'âge du terrain qui contient la grotte ne joue pas un rôle 
appréciable en biospéologie , nous avouons ne pas faire de 
grands efforts pour le connaître. 

Date de l'exploration, renseignement qui peut être très néces- 
saire dans l'étude de l'éthologie des Cavernicoles. 

Matériaux. — Nous donnons, pour le moment, simplement 
les noms de groupes des êtres cavernicoles recueillis , nous 
réservant de fournir plus tard, quand les spécialistes auront 
terminé leurs travaux, une liste spécifique des faunes et flores 
de chaque caverne. 

Numéros. — Les chiffres sont ceux des numéros inscrits sur 
les étiquettes qui identifient les échantillons soumis au spécia- 
liste. 

Description. — Une grotte dont il n'existe pas de plan 
orienté et coté ne peut pas être considérée comme suffisam- 
ment décrite. Nous sommes très convaincus de cette vérité. 
Mais pour lever un plan il faut du temps, et nous avons pensé 
qu'il valait mieux employer en totalité le nôtre à la recherche 
des Cavernicoles. L'un de nous a exposé, dans le premier mé- 



GROTTES VISITÉES 491 

moire de Biospéologica. les raisons qui rendent actuellement 
l'étude (( extensive )> du domaine cavernicole plus utile que son 
étude « intensive ». Il importe plus de voir beaucoup de grottes 
que de voir beaucoup dans la même grotte. C'est cette idée 
qui guide nos recherches. Mais cela nous impose une vitesse 
de déplacement incompatible avec un levé soigné. Les descrip- 
tions que nous donnons plus bas sont donc destinées unique- 
ment à atteindre les buts suivants : 

a) Fournir une idée générale sur les grottes visitées, et donner 
des renseignements sommaires sur les conditions d'existence 
offertes aux Cavernicoles qu'on y a recueillis. 

h) Signaler aux spéologistes les particularités exceptionnelles 
et intéressantes, quand il s'en présente. 

c) Permettre à ceux que la chose intéresse de dresser leur 
programme d'exploration avant de se rendre dans les régions 
que nous avons visitées. C'est dans ce but que nous avons compris 
dans notre énumération les grottes ne nous ayant pas fourni de 
matériel biologique, et que nous avons mentionné quelquefois 
les renseignements obtenus au cours de nos voyages sur des 
grottes que nous n'avons pas pu visiter. 

Il va sans dire que ce qui précède ne signifie pas que nous 
nous abstiendrons systématiquement de faire des recherches très 
détaillées sur une grotte. Nous espérons même nous livrer, à 
l'occasion, à de semblables études. Comme certaines grottes 
d'accès facile pour nous seront visitées plusieurs fois — et le 
cas s'est déjà présenté — nous espérons arriver à les connaître 
suffisamment pour établir des monographies détaillées tant au 
point de vue physique que biologique. Mais il est inutile d'ex- 
poser longuement des projets; mieux. vaut passer sans plus 
tarder à l'exposé des faits qui nous occupent ici. 

1. Antre ou Grotte de Gargas. 

Située près du hameau de Gargas, commune d'Aventignan, 
département des Hautes -Pyrénées, France. — Altitude de 



49â JEANNEL et ÎÎ ACOVITZA 

520 mètres à l'entrée inférieure et 550 mètres à l'orifice supé- 
rieur (d'après Regnault et Jammes) (1). — Roche : Calcaire 
crétacique inférieur (2). — Date : 30 et 31 juillet 1905. 

Matériaux : Coléoptères, Diptères, Aptérygogéniens, Myria- 
podes, Aranéides, Opilionides, Pseudoscorpionides, Acariens, 
Isopodes, Gastéropodes, Oligocliètes. — Numéros : 2, 3, 4, 5, 
6, 7, 8, 9. 

La grotte est formée par un long couloir plusieurs fois coudé, 
dont le sol -présente une forte pente générale ascendante. On 
peut distinguer dans cette caverne deux régions très diffé- 
rentes. 

Une région inférieure, humide et froide, formée par un vesti- 
bule en contre-bas de l'entrée, et par une belle galerie, très large, 
dont le sol, en pente ascendante, est formé de séries de gours, 
très peu profonds, qui indiquent qu'un écoulement lent des 
eaux eut lieu par cette galerie. Actuellement l'eau a complète- 
ment disparu, sauf dans deux minuscules bassins situés der- 
rière un massif de stalactites. 

Les parois sont couvertes d'un revêtement stalagmitique et 
quelques stalagmites hérissent le sol ; en plusieurs endroits il 
y a de faibles suintements d'eau. L'aspect général de cette partie 
de la grotte indique qu'elle a dû être creusée suivant un joint 
de stratification. 

Au fond de la galerie le plafond s'abaisse et l'on pénètre, en 
suivant un couloir presque comblé par de l'argile déposée en 
bancs épais, dans la seconde partie de la grotte, la région supé- 
rieure, qui est plus sèche et beaucoup moins froide. Cette région 
paraît s'être formée le long d'une diaclase. Elle possède de nom- 
breuses stalictites, un revêtement stalagmitique partiel, mais 
aussi beaucoup d'argile sur son plancher. La salle principale est 
habitée par les Chauves-souris, qui ont formé un dépôt assez 

(1) F. Regnault et L. Jammes. Etudes sur les puits fossilifères des Grottes (Grottes de 
Tibiran, Hautes-Pyrénées) [C. R. Ass. Fr. Av. Sciences, 27- sess.. Nantes. 1898, 2* partie 
pp. 549-555, 2 flg., 1899). 

(2) F. Regnault. La grotte de Gargas. {Revue de Commmges, 1885, avril. U p., 3 pi.) 



GROTTES VISITEES 493 

considérable de iiiiiuio. Un conloir à sol fortement déclive permet 
de monter à Torifice supérieur de la grotte. 

La température dans le vestibule inférieur était de 10° C, 
l'eau des petites flaques d'eau avait 9°5 C. Dans le vestibule 
supérieur j'ai trouvé pour l'air 20° C. comme pour la température 
extérieure. L'air froid s'écoule par l'entrée inférieure et aspire 
l'air chaud par l'orifice supérieur, ce qui occasionne un courant 
d'air assez fort et un réchauffement anormal de la partie supé- 
rieure de la grotte. 

La grotte est visitée par un très grand nombre de touristes. 
Son sol a été fouillé en plus^ieurs endroits et a fourni des restes 
de grands Mammifères quaternaires ainsi que les preuves du 
séjour de l'homme préhistorique. 

Dans la partie basse de la grotte, sur les parois du vestibule 
et de la galerie, sont posés de nombreux Némocères (n^ 4) et 
des Tinéides. Dans la galerie, sur du bois pourri, j'ai capturé 
des Oollemboles, des Campodea, des Oligochètes et de petits 
Diptères (no 3), quelques-uns venant d'éclore. Dans les petites 
flaques d'eau j'ai trouvé des Aselles (n^ 9). 

Tous les autres animaux proviennent de la région supérieure 
et surtout de la salle aux Chauves -souris; c'est sous les pierres 
ou les mottes d'argile recouvertes de guano que la récolte fut 
plus abondante. Les pièges ont attiré un Aphaenops et de très 
nombreux Diplopodes (n^ 7) jaunes rosés avec une série de 
points rouges foncés de chaque côté du corps ( Typhîoblaniulus f) 

Racovitza. 

2. Grotte de Tibiran. 

Située près de la grotte de Gargas dans le même massif, mais 
sur le territoire de la commune de Tibiran. Hautes-Pyrénées, 
France.]] — "^Altitude d'environ 475 mètres (d'après Eegnault 
et Jammes, 1899). — Roche : Calcaire crétacique inférieur 
(REGNAUI.T). — Date : 31 juillet et 1 août 1905. 

Matériaux : Diptères, Coléoptères, Aptérygogéniens, Myria- 



494 JEANNEL et RACOVITZA 

podes, Aranéides. Pscudoscorpionides, Acariens, Mollusques. — 
Numéros : 10, 11, 12, 13. 

La grotte est formée par une grande salle circulaire très haute 
et par plusieurs boyaux divergents. Deux puits assez profonds 
creusés dans le plancher de la grande salle n'ont pas été 
visités. 

Il n'y a pas de mares ou flaques d'eau, mais un ruissellement 
assez abondant s'observe sur quelques parois et en de nombreux 
endroits l'eau s'égoutte. Beaucoup de stalactites, quelques-unes 
très blanches, et de grandes surfaces couvertes de revêtement 
stalagmitique. Le sol est en grande partie formé par de l'argile 
en couches épaisses. Je n'ai pas constaté la présence de guano 
de Chauves-souris. 

La grotte n'est pas vi.sitée actuellement par les touristes. Elle 
a été fouillée et a fourni les restes d'une faune quaternaire sem- 
blable à celle de Gargas. 

De nombreux Diptères non cavernicoles couvrent les parois 
de la grande salle ; sont surtout très nombreux les Némocères 
(no 4) signalés à Gargas. 

Les autres animaux capturés furent trouvés sous les pierres. 
Les pièges ont attiré de nombreux Di])lopodes et quelques Col- 
lemboles. Dans un des couloirs latéraux, dans la partie la ])lus 
éloignée de l'entrée, un Hélicide rampait sur une stalagmite en 
compagnie de Diplopodes. 

Kacovitza. 

3. Grotte de l'Ours. 

Située sur la rive droite de la Neste. en face Lortet, dépar- 
tement des Hautes-Pyrénées, France. — Altitude : 550 mètres 
env. (à Lortet). — Roche : Calcaire crétacique inférieur. — 
Date : 2 août 1905. 

Matériaux : Diptères, ('oléoptères, Myriapodes, Aranéides. — 
Numéros : 15, 16. 



GROTTES VISITEES 495 

Cette grotte s'ouvre dans un massif calcaire qui forme falaise 
du côté de la berge de la Neste. Plusieurs orifices produits par 
l'éboulement de la falaise la signalent. Un couloir étroit et bas, 
d'une vingtaine de mètres, à parois sèches et à sol couvert d'un 
dépôt crayeux et friable, aboutit à un trou étroit qui conduit 
dans une galerie humide, de mfnnes dimensions, avec quelques 
stalactites et quelques massifs stalagmitiques. Les parois sont 
couvertes d'un revêtement stalagmitique à cristaux brillants ; 
par place il y a des concrétions en forme de mousses. Un pas- 
sage que je n'ai pas exploré irait très loin, au dire des traditions 
locales. 

La grotte est habitée par les Chauves-souris, mais il y a peu 
de guano. 

Dans le couloir sec, nombreuses Tinéides, Némocères (n^ i), 
Cnlicides et Araignées. 

Dans la partie profonde et humide ces animaux ont pénétré 
aussi, mais en petit nombre. 

Près de cette grotte s'ouvre un couloir montant, à pente 
très forte, qui aboutit à un i)etit dôme. Tout le sol est envahi 
par l'argile. 

C'est pro})abl('ment le canal d'évacuation des eaux absorbées 
par un aven situé sur le plateau. 

Kacovitza. 

4. Grotte du Cochon. 

Située près de la précédente, à Lortet, Hautes-Pyrénées, 
France. — Altitude : 550 mètres env. (à Lortet). — Roche : 
Calcaire crétacique inférieur. — Date : 2 août 1905. 

Matériaux : Hyménoptères, Myriapodes, Aranéides. — 
Numéros : 17, 19 bis. 

C'est une failh' qui a donné naissance à cette caverne, qui a 
la forme d'une fente étroite et haute, d'nue quinzaine de mètres 



496 JEANNRL et RACOVITZA 

de longueur. Quelques stalactites ; les parois sont couvertes, 
dans le fond, d'un revêtement stalagmitique; le sol est argileux. 
L'humidité est assez grande. Pas de guano de Chauves-souris. 

Les Tinéides, les Némocères et les Culicides se tiennent sur 
les parois en quantité prodigieuse. Très nombreux aussi sont 
les Lithohius (n« .17) et les Diplopodes (no 17) ; des Aranéides 
tissent leurs toiles de tous les côtés. 

Sous une plaque d'enduit stalagmitique, formant un abri 
sur la paroi, j'ai trouvé une cinquantaine de grands Hyménop- 
tères réunis en un amas compact. La lumière de la bougie les 
fit remuer, mais au lieu de s'envoler, ils se laissaient tomber 

à terre. 

Eacovitza. 

5. Grotte fortifiée. 

Située dans la même falaise que la précédente, mais à un 
niveau supérieur. Lortet, Hautes-Pyrénées, France. — Altitude : 
550 mètres env. (à Lortet). — Roche : Calcaire crétacique infé- 
rieur. — Date : 2 août 1905. 

Cette grotte présente un intérêt archéologique par les grands 
travaux qui furent exécutés pour la rendre habitable. Mais 
comme la lumière pénètre partout, elle n'est pas intéressante 
à notre point de vue. Elle est formée par un ensemble d'exca- 
vations peu profondes. Dans l'une d'elles, un couloir fort court, 
envahi ^^ar l'argile, se termine par un petit dôme ; une petite 
source tombe du dôme dans une vasque naturelle. 

Eacovitza. 

6. Grotte de la Neste. 

Située comme les trois précédentes dans la même falaise, à 
Lortet, Hautes-Pyrénées, France. — Altitude : 550 mètres env. — 
Roche : Calcaire crétacique inférieur. — Date : 2 août 1905. 

Matériaux : Isopodes. — Numéro : 18. 



GROTTES VISITÉES 497 

C'est une grande excavation située au pied de la falaise, à 
quelques mètres au-dessus du niveau de la Neste. Plusieurs 
ouvertures y donnent accès. L'humidité est très forte, l'eau 
ruisselle en bien des .endroits ; les stalactites sont nombreuses 
et le revêtement stalagmitique abondant. La lumière pénètre 

jusqu'au fond. 

Racovitza. 

7. Grande Grotte de Labastide. 

Située près de Labastide, sur la rive droite du ruisseau l'As- 
pugue, Hautes-Pyrénées. France. — Altitude de Labastide : 
524 mètres ; la grotte est située plus haut. — Boche : Calcaire 
crétacique inférieur. — Date : 3 août 1905. 

Matériaux : Diptères, Myriapodes, Mollusques. — Numéro : 
18. 

La grotte est située à mi-hauteur d'une grande falaise calcaire 
au sud-ouest du village de Labastide. Au fond d'une fosse cir- 
culaire, que dessine d'un côté une forte pente d'éboulis et de 
l'autre une haute paroi à pic, l'entrée proprement dite s'ouvre 
au pied de la paroi rocheuse. C'est une voûte très surbaissée, 
de belles proportions, qui, après qu'on est descendu p«T une 
forte pente d'éboulis et de très gros blocs, donne accès dans une 
salle presque circulaire aux proportions grandioses. Le sol est 
formé par des éboulis et par de l'argile : les suintements sont 
peu abondants et il n'existe pas de bassins ou flaques d'eau. 

Deux grands massifs rocheux, limités par des parois à pic, 
occupent les deux côtés de l'entrée et montent jusqu'aux 
trois quarts de la hauteur de la salle. Il paraît qu'en escaladant 
la falaise qui se trouve à droite de l'entrée, on parvient sur une 
sorte de plateau où commence un couloir si étendu que deux 
heures d'exploration n'ont pas permis d'en voir la fin. J'ignore 
si ces racontages reposent sur quelque chose de sérieux, car le 
temps ne m'a pas permis de gravir le massif rocheux en question. 



498 JEANNE L et RAGOVITZA 

Lu luiniëre pénètre dans la grande salle jjresque jusqu'au 
fond. A l'entrée de la grotte se forme un brouillard assez épais 
dans la zone de contact de l'air froid de la grotte avec l'air 
chaud du dehors. Ce phénomène doit êtr§ assez rare, car je ne 
l'ai point observé ailleurs. 

Les animaux sont très peu nombreux dans cette cavité ; 
les ISfémocères et Tinéides trogloxènes eux-mêmes, mentionnés 
dans les grottes précédentes, paraissent manquer. 

Eacovitza. 

8. Petite Grotte de Labastide. 

SiUiée dans le même massif et non loin (à 10 minutes) de la 
j)récédente, à Labastide, Hautes-Pyrénées, France. — Altitude 
de Labastide : 524 mètres ; la grotte est à peu près au même 
niveau que la précédente, mais jîlus haut que le village. — 
Roche : Calcaire crétacique inférieur. — Date : 3 août 1905. 

Matériaux : Coléoptères, Aptérygogéniens. Myriapodes. — 
Numéros : 20, 21, 

Pour entrer dans cette grotte, il faut passer sous des ponts 
rocheux, restes de l'ancien vestibule effondré, et se glisser par 
une fente étroite. On dévalle une forte pente argileuse et l'on 
se trouve dans une très belh? salle oblongue où le travail de 
l'eau d'infiltration est fort actif. Tout un côté de la salle est 
recouvert de revêtement stalagmitique. Stalactites nombreuses 
et beaux massifs de stalagmites, quelques-uns très blancs. Sur 
le plancher formant une pente légère, sont de nombreux gours 
pleins d'eau, ayant jusqu'à 25 centimètres de profondeur et 
souvent plus d'un mètre de longueur. L'eau ruisselle dans cette 
partie de la salle et tombe aussi du plafond, en s'écoulant en 
nappes vers la partie opposée qui est dépourvue de stalactites 
et possède un sol formé d'éboulis et d'argile. 

Dans un coin de la salle une cheminée obliqiu' et fort étroite 
laisse passer un faible courant d'air ; il est possible qu'on puisse 
arriver par là dans d'autres galeries. 



GROTTES VISITEES 499 

Quelques N«%iocères (n» 4) furent vus près de l'entrée. Les 
autres animaux capturés sont de vrais troglobies. Les Aphaenops 
couraient à la surface des enduits stalagmitiques, leur station 
préférée. 

Je signale aussi la grotte de l'Aspugue, qui est une goule 
absorbant le ruisseau de même nom ; l'ouverture en voûte sur- 
baissée se trouve au pied de la falaise à égale distance des deux 
grottes que je viens de décrire. On prétend dans le pays que 
la résurgence de l'Aspugue a lieu de l'autre côté du massif 
calcaire, à Esparros. Des canards auraient accompli ce trajet 
souterrain. 

Tout le massif de Labastide est donc fort intéressant et 
mérite une sérieuse exploration ; je le signale aux confrères qui 
disposeraient de plus de temps que je n'en ai eu moi-même. 
Je crois que leur peine sera récompensée par de belles décou- 
vertes. 

Racovitza. 

9. Petite Grotte du Tunnel de Camous. 

Située dans le tunnel du chemin de fer, près Sarrancolin, 
Hautes-Pyrénées, France. — Altitude : 650 mètres env. — 
Roche : Calcaire crétacique inférieur. — Date : 4 août 1905. 

Matériaux : Aptérygogéniens, Aranéides. — Numéros : 22, 
26. 

Découverte en creusant le tunnel ; était entièrement close de 
toutes parts. C'est une petite cavité de quelques mètres avec 
quelques stalactites et des parois en partie recouvertes par un 
revêtement stalagmitique. Deux petits gours contiennent encore 
un peu d'eau. 

Les Araignées et les Campodea que nous y avons trouvés 
sont de simples troglophiles. 

Jeannel et Bacovitza. 



500 JEANNEL et RACOVITZA 

10. Grande Grotte du Tunnel de Camous. 

Située dans le tunnel du cheniin de fer, près Sarrancolin, 
Hautes - Pyrénées , France. — Altitude : 650 mètres env. — 
Roche : Calcaire crétacique inférieur. — Date ; 5 et 6 août 1905. 

Matériaux :T>iil^tève'fi, Aptérygogéniens, Myriapodes, Aranéides. 
— Numéro : 25. 

Cette grotte a été découverte à l'occasion du creusement du 
tunnel ; elle n'avait aucune ouverture apparente. Elle a été 
aménagée par les soins de la Compagnie des chemins de fer et 
son entrée est fermée par une grille. Un couloir assez long con- 
duit à un carrefour d'où partent deux galeries très humides. 

La galerie de droite est presque horizontale ; dans son pla- 
fond, plusieurs cheminées étroites paraissent monter très haut 
et dans son plancher s'ouvrent trois puits, dont l'un est profond 
de 15 mètres et contient de l'eau. Les stalactites sont nom- 
breuses et un revêtement stalagmitique recouvre partout une 
épaisse couche d'argile. Quelques petites flaques d'eau s'y ren- 
contrent aussi. 

La galerie de gauche descend rapidement vers le niveau de 
la rivière (la î^este). On y observe quelques formations stalac- 
titiques près de l'entrée ; le fond est bouché par un fort banc 
d'argile. Ce dépôt, qui recouvre d'ailleurs toutes les parois et 
même le plafond, porte des traces récentes de l'action de l'eau. 
Quelques gours s'observent dans les parties hautes de la galerie. 

Dans la galerie de droite la température de l'air était de 
11"25 C. et celle de l'eau 10°. Dans la galerie de gauche la tem- 
pérature de l'eau était de O^S C. 

Il n'y a pas traces de Chauves-souris. 

Près de l'entrée de cette grotte les Tinéides sont en quantité 
prodigieuse ; quelques Culicides s'y voient aussi. 

La récolte a été maigre dans les deux galeries. Les pièges 
placés dans l'eau n'ont rien donné. Sur des morceaux de bois 



GROTTES VISITÉES 501 

quelques CoUeraboles et des larves de Diptères. De rares Arai- 
gnées et Myriapodes ont été rencontrés sur les parois. 

Jeannel et Racovitza. 

11. Grotte d'Ilhet. 

Située dans la vallée de la Baricane, à 1 kil. d'Tlliet, commune 
de Sarrancolin, Hautes-Pyrénées, France. — Altitude : 700 mètres 
env. — Roche : Calcaire jurassique. — Date ; 5 et 6 aoiàt 1905. 

Matériaux : Coléoptères, Aptérygogéniens, Myriapodes, Ara- 
néides, Pseudoscorpionides, Ixodes. — Numéros : 23, 24. 

L'entrée de la grotte, difficile à trouver, se trouve au tiers 
de la hauteur du massif calcaire qui forme la rive gauche de la 
Baricane. Du vestibule étroit on passe par un couloir en forme 
de fente dans une petite salle entièrement encroûtée de stalac- 
tites. Une cheminée, dans laquelle on a de la peine à se glisser, 
mène sur la corniche d'un massif stalagmitique d'où il faut 
descendre avec une corde dans une salle oblongue, de forme 
très irrégulière. Des tranchées profondes et des puits s'ouvrent 
dans le plancher de cette salle. Toutes les parois sont recou- 
vertes d'un revêtement stalagmitique ; les stalactites coniques 
ou en draperies et les colonnes abondent. Un des puits n'a que 
4 mètres de profondeur et il aboutit à une cavité close ornée de 
magnifiques stalactites d'une blancheur et d'une finesse admi- 
rables. Sur ses parois on remarque quatre corniches, indiquant 
d'anciens niveaux d'eau, formées par de jolies concrétions. 

L'argile et les éboulis manquent complètement. Quelques 
petites fiaques d'eau existent dans les parties basses de la salle. 

Cette gTotte est due à une faille et la corrosion a joué un 
grand rôle dans sa formation. 

La température était le 5 août : air : 8^8 C, et le G août : 
air : 8o5 C, eau : 8». 

Nous n'avons pas entièrement exploré cette grotte et bien 
des recoins restent à visiter. 



502 JEANNEL et RAGOVITZA 

Nous n'avons pas vn traces de Chauves-souris. Pourtant deux 
Eschatocephalus furent trouvés sur les parois. Les pièges n'ont 
rien donné. Les Araignées, les CoUemboles, les Coléoptères pro- 
viennent du fond de la grotte. Les Myriapodes et les Pseudo- 
scorpionides de l'entrée. 

Plus haut dans la montagne, mais plus près d'Ilhet. s'ouvre 
une eavité qui n'a que quelques mètres de profondeur. A l'entrée, 
sous les feuilles sèches, un Bathyscia a été trouvé. 

On nous a signalé aussi des grottes, dont l'une très vaste, 

paraît-il, à Fréchet-Aure, non loin d'Arreau, mais il a été 

impossible d'avoir des renseignements précis sur leur situation 

exacte. 

Jeannel et Racovitza. 

12. Cueva de las Devotas. 

Située vers le milieu du Paso de las Devotas, partido de Bol- 
tana,provincia de Huesca, Espagne. — Altitude : 750 mètres env. 
— Roche : Calcaire crétacique supérieur. — Date : 13 août 
]905. 

Matériaux : Coléoptères, Myriapodes, Aranéides, Opilionides, 
Mollusques. — Numéros : 33, 34. 

Cette grotte est formée par deux salles. La première, qui 
s'ouvre à l'extérieur par une ouverture ogivale, a environ 
10 mètres de longueur sur 4 à 5 de largeur. Sur le plancher 
deux grands gours sans eau. Au fond, un éboulement ancien 
recouvert d'un revêtement stalagmitique et un rideau de sta- 
lactites forment une cloison derrière laquelle s'allonge une 
seconde salle d'une douzaine de mètres de longueur, sur 3 à 4 
de large. Son sol est également occupé par des gours vides. Une 
des parois est nue, l'autre est couverte de stalactites. Cette 
salle se continue par une fente basse mais très étendue qui 
s'est formée suivant un joint. 



GROTTES VISITEES 503 

La temporatiiro au fond est très peu inférieure à celle de l'air 
extérieur. 

Les Oulicides sont très nombreux sur les parois ; quelques 
Tinéides et de nombreuses toiles d'Araignées pleines de Mous- 
tiques. Les Coléoptères (Bathyscia) sont nombreux et proba- 
blement attirés par les cadavres de Moustiques, car on ne voit 
pas d'autre source de nouiriture. 

Jbannel et Eacovitza. 



13. Cueva del Molino. 

Située sur la rive droite du Rio Aso, au-dessus du moulin de 
Sercué, sur le territoire de la commune de Vio, partido de Bol- 
taiia, provincia de Huesca, Espagne. — Altitude : 900 mètres env. 
— Roche : Calcaire crétacique supérieur. — Bâte : 17 août 
1905. 

Matériaux : Névroptères , Aptérygogéniens , Myriapodes, 
Palpigrades, Aranéides, Opilionides. — Numéro : 38. 

L'entrée en voûte surbaissée conduit dans un vestibule gran- 
diose ayant 35 mètres de large et 56 mètres de long sur une 
dizaine de mètres de haut. Au fond du vestibule, à droite de 
l'entrée, s'ouvre une galerie de 200 mètres de long sur 25 de large 
et 4 à 5 mètres de hauteur. Elle aboutit à une vaste salle oblongue 
d'une quinzaine de mètres de hauteur, qui possède une annexe 
presque aussi grande mais située à environ 5 mètres plus haut 
que le niveau de son plancher ; cette sorte de second étage, qui 
a pris naissance par un colossal éboulement, est tout à fait 
sec, et n'a jamais subi l'action de l'eau. Il n'y existe aucune 
sorte de concrétion, et les éboulis sont couverts d'une épaisse 
poussière argileuse due à l'action de l'air sur la roche. En trois 
endroits nous avons trouvé de grands amas coniques d'argile 
pulvérulente couleur marc de café. 

Les autres parties de la grotte sont parcourues par un ruisseau 



504 JEANNEL et RACOVITZA 

qui prend sa source apparente dans un coin de la salle du fond. 
Un magnifique massif stalagmitique, reposant sur une plage 
de galets et occupant le milieu de la salle, le force à contourner 
les parois au pied du second étage ; il coule ensuite au milieu 
de la galerie, se déverse dans le vestibule eu nappe mince sur 
une surface couverte de gours très plats et reforme un lit étroit 
à la sortie de la grotte. 

Dans la galerie il y a deux bancs puissants de galets roulés 
et le sol est couvert d'une épaisse couche d'argile dans laquelle 
le ruisseau s'est creusé un lit, de 2 mètres de largeur et 25 centi- 
mètres de profondeur, absolument rectiligne sur une grande 
partie de son étendue. Les berges sont plates et leurs bords 
droits comme tracés au cordeau. L'écoulement de l'eau est lent, 
car les différences de niveau sont insignifiantes dans le sol de 
la grotte. Comme les galets sont en partie recouverts d'un revê- 
tement stalagmitique et que près de l'entrée existent des grands 
gours à un niveau élevé, il est certain que le débit du ruisseau 
a beaucoup diminué ; il devait occuper toute la largeur des 
galeries pendant les crues et c'est à ce moment que la couche 
argileuse a été déposée en masses épaisses. Les stalactites sont 
peu nombreuses, mais il existe de beaux massifs stalagmitiques 
dans la galerie. 

Sont à noter deux particularités assez rares. Près de l'entrée 
de la galerie se voit une rangée de stalactites de forme conique, 
les unes blanches translucides alternant avec d'autres colorées 
en brun. D'autre part sur l'argile, au fond de cette galerie, se 
sont formées des stalagmites simplement fichées dans la masse 
meuble du sédiment. On les soulève sans effort de la petite 
cavité oii repose leur base ; quelques-unes dépassent un mètre 
de hauteur et 20 centimètres de diamètre. 

Les animaux habitent plus volontiers la salle sèche du fond 
que les galeries parcourues par le ruisseau. Un bel Ischyropsalis, 
plusieurs Glomérides, des Araignées et des Diplopodes {Typhlo- 
blaniulus) furent capturés dans la première. De rares Araignées 
et quelques Colembolles furent pris sous les galets du ruisseau. 



(îROTTES VISITEES 505 

Une Phryganp fut aussi capturée, mais nous n'en avons pas 
trouvé à l'état larvaire dans le ruisseau. 

Jeannel et Eacovitza. 

14. Cueva Llobrica. 

Située sur la rive gauche du Rio Vélos, dans le massif des 
Sestrales, commune de Vio (?), partido de Boltana, provincia 
de Huesca, Espagne. — Altitude : 900 mètres env. — Roche : 
Calcaire crétacique supérieur. — Date : 18 août 1905, 

Matériaux : Coléoptères, Aptérygogéniens, Myriapodes, Opi- 
lionides. — Numéros : 40^ 41. 

La grotte s'ouvre dans une falaise à pic, à une centaine de 
mètres au-dessus du niveau de la rivière, par une grande voûte 
ogivale d'une quinzaine de mètres de hauteur. Une galerie 
montante à direction S.-N. se coude en angle droit vers l'O. et 
aboutit à une salle moins élevée, dont le fond en pente descen- 
dante est rempli de blocs énormes éboulés. A droite un petit 
couloir à parois tapissées de revêtement stalagmitique est 
pourvu de quelques stalactites. 

La longueur totale peut atteindre 100 mètres. Le sol des 
galeries et les roches éboulées sont couverts de poussière argi- 
leuse. Pas de stalactites et point d'eau dans la galerie principale. 

Dans le petit couloir du fond les Bathyscia sont abondants. 

C'est de cette partie de la grotte que proviennent aussi presque 

tous les autres animaux capturés. 

Jeannel et Eacovitza. 

15. Cueva de los Moros. 

Située sur la rive droite du Rio Xalle, vers le milieu de la 
gorge nommée Gloces, commune de Fanlo, partido de Boltaîia, 
provincia de Huesca, Espagne. — Altitude : 1.300 mètres env. 
— Roche : Calcaire crétacique supérieur. — Date : 19 et 20 août 
1905. 

ARCH. DE ZOOL. EXP. ET GÉN. — 4' SERIE. ï. VI. (VIIl). 36 



506 JEANNEL et RACOVITZA 

Matériaux : Diptères, Coléoptères, Aranéides, Ixodes. — 
Numéros : 43, 44. 

Les gloces du Eio Xalle sont des gorges extrêmement étroites, 
et hautes d'une cinquantaine de mètres ; par endroits la largeur 
ne dépasse pas un mètre et souvent il est impossible de voir la 
rivière, car les deux parois ont des corniches alternantes dans 
le sens de la hauteur. 

C'est dans la falaise de la rive droite que se trouve la grotte ; 
il faut descendre par une corniche puis monter un talus d'éboulis ; 
on arrive ainsi au pied d'une paroi dans laquelle sont percées 
deux ouvertures superposées de 4 à 5 mètres. L'ouverture infé- 
rieure permet d'atteindre une cheminée dont l'escalade conduit, 
au niveau de son ouverture supérieure, à l'entrée de la grotte. 
Celle-ci a environ 50 mètres de longueur ; une galerie montante 
N.-S,, presque en ligne droite, tourne ensuite à angle droit vers 
l'E. et se termine par une cavité étroite. La forme de cette 
grotte est singulièrement régulière et la coupe de ses galeries 
est ogivale. Le plafond a 4 à 5 mètres de hauteur. 

Le plancher est occupé par une énorme coulée stalagmitique 
formée par une pâte calcaire assez dure, dont la blancheur 
contraste avec la couleur noire des parois. Deux rochers percent 
comme des îlots noirs la masse blanche. Le dépôt stalagmitique 
rappelle par sa forme une coulée de lave. 

Peu de stalactites ; quelques piliers stalagmitiques ; des gours 
vides sont parsemés sur le plancher. 

La température de l'air était de IPS C. L'humidité était 
forte, mais nulle part on ne voyait de l'eau liquide. 

Cette grotte est d'une « propreté » remarquable ; ni détritus 
ni pierres sur le sol. Cependant les Coléoptères cavernicoles ne 
manquaient pas, mais la plupart étaient morts et envahis par 
un Champignon. Près de l'entrée beaucoup de Némocères, de 
Culicides, de Tinéides et de Phryganes. 

JEANNEL et EACOVITZA. 



GROTTES VISITEES SO- 

IS. Cueva de abaho de los Gloces. 

Située à 50 mètres de la précédente, à un niveau un peu infé- 
rieur, à 20 mètres au-dessus du niveau du Rio Xalle, commune 
de Fanlo, partido de Boltana, provincia de Huesca, Espagne. — 
Altitude : 1.300 mètres env. — Boche : Calcaire crétacique supé- 
rieur. — Date : 19 et 20 août 1905. 

Matériaux : Hyménoptères, Diptères, Coléoptères, Myria- 
podes, Aranéides, Isopodes. — Numéro : 45. 

On entre par un couloir de 5 à 6 mètres de haut, parfaitement 
régulier, dont la coupe est ogivale, et dont le sol est couvert 
par des galets de rivière, qui disparaissent plus loin sous une 
coulée blanche stalagmitique pourvue de gours. Un détroit, occa- 
sionné par un massif de stalagmites, conduit dans un second 
couloir plus bas de plafond qui se termine par une cloison sta- 
lagmitique au pied de laquelle il y a un petit bassin d'eau. Cette 
première partie de la grotte mesure environ 66 mètres. 

Un violent courant d'air se faisait sentir à l'orifice d'une 
cheminée très étroite et tortueuse creusée dans la cloison sta- 
lagmitique du fond du couloir. Nous avons fait agrandir ce 
passage qui nous a conduit dans une vaste salle dont le plancher 
était formé par une couche épaisse d'argile pourvue de fentes 
de retraits. Sur les parois il y avait quelques stalactites de 
couleur sombre, leur niasse étant fortement mêlée d'argile. On 
pénètre ensuite dans un couloir étroit, mais d'une hauteur qui 
par endroits doit dépasser 30 mètres, et qui s'est formé sur le 
trajet d'une énorme faille. De formidables éboulis encombrent 
en deux endroits ce couloir dont la largeur dépasse rarement 
3 mètres. Tout le sol et les parois jusqu'à une grande hauteur 
sont couverts d'argile qui a formé souvent de véritables stalac- 
tites ou des coulées stalagmitiques de couleur sombre. De place 
en place il existe des stalactites blanches de calcaire pur. Nous 
avons été arrêtés par un mince éperon rocheux ayant une fente 



808 JEANNEL et RACOVITZA 

étroite do chaque côté. Il est possible qu'au moyen d'échelles 
on puisse aller plus loin. 

La longueur de cette seconde partie de la grotte est d'environ 
234 mètres. La différence de niveau est très faible entre l'entrée 
et le fond, et le tracé presque rectiligne. 

La température de la première partie de la grotte était de 
13°8 C. pour l'air et de 10° C. pour l'eau. Dans la seconde partie 
nous avons trouvé 10^ C. pour l'air. 

Dans la première partie de la grotte les Culicides sont nom- 
breux ; les autres animaux capturés proviennent tous de cette 
partie. Dans la seconde nous n'avons trouvé qu'un Coléoptère 
{Bathyscia). 

Au fond même du couloir terminal était un crâne de mouton. 
Nous avons d'ailleurs remarqué des traces de Eenards (?) sur 
le sol argileux. 

Jeannel et Eacovitza. 



17. Cueva de les Paharitos. 

Située dans la partie d'amont du Barranco de Pardina, gorge 
découpée dans le plateau nommé Plan de Tripals, commune 
de Fanlo, partido de Boltaria, provincia de Huesca, Espagne. — 
Altitude : 1.800 mètres env. — Boche : Calcaire crétacique supé- 
rieur. — Date : 21 août 1905. 

Cette grotte, ouverte dans la falaise qui forme la rive gauche 
du Barranco, n'a qu'une dizaine de mètres de profondeur. L'en- 
trée est majestueuse, le plafond formé par un joint de stratifi- 
cation est plat et repose sur deux murs verticaux. Au fond il y 
a un trou par lequel sort un violent courant d'air froid, ce qui 
indique que la grotte se continue au delà. D'une fente de la 
paroi sort une petite source; une autre source plus considérable, 
sortie d'une fente, forme une cascade de 5 à 6 mètres de hauteur 
non loin de la grotte. 



GROTTES VISITEES 509 

Signalons ici un aven remarquable par sa forme régulièrement 
cylindrique et ses parois polies (serait-il produit par un moulin 
du glacier qui a dû recouvrir toute cette région "? ) qui se trouve 
à 5 minutes de la Caseta del Plan de Tripals. Son diamètre est 
d'environ 3 mètres ; sa profondeur sondée donne 16,50 m. 

Jeannel et Racovitza, 



18. Causse de la Peiia Collarada. 

Située sur le mont Collarada, Canfranc, partido de Jaca, 
provincia de Huesca, Espagne. — Altitude : 2.300 mètres env. 
— Roche : Calcaire crétacique supérieur. Date : 31 août 1905. 

Matériaux : Coléoptères, Isopodes. — Numéro : 57. 

L'énorme massif de la Peiia Collarada est entièrement cons- 
titué par des bancs épais de calcaire crétacique et présente 
les phénomènes karstiques les mieux caractérisés : grottes, 
sources intermittentes, lapiaz, roches percées, avens, etc. L'étude 
géographique n'en est pas faite ; elle promet d'être fort intéres- 
sante. 

Sur le versant sud du massif, un vaste plateau présente le 
phénomène du lapiaz sous ses formes les plus classiques. Fentes 
parallèles corrodées, crêtes tranchantes, cavités arrondies, trous 
de corrosion depuis le diamètre d'une pièce d'un sou jusqu'à 
celui de 30 à 40 centimètres. 

De plus tout le plateau est parsemé de dépressions de forme 
le plus souvent circulaire et de diamètre variant entre 3 et 
10 mètres. îfous eu avons vu une dizaine, mais il y en a beau- 
coup plus, d'après les dires du guide. Des niasses de neige, plus 
élevées au centre qu'à la périphérie, car le contact de la paroi 
provoque une fusion plus rapide, occupent le fond de ces 
dépressions. 

Il est difficile de savoir si ce sont là des dolines d'effondrement 
ou des avens formés par corrosion. La neige empêche la vue du 



510 JEANNEL et RACOVITZA 

fond, et ne permet pas de sonder leur profondeur vraie. L'un 
de nous est descendu dans une de ces dépressions dont l'orifice 
présentait une échancrure formée par une pente d'éboulis. Au 
pied de l'éboulis, qui avait 5 mètres de hauteur, apparaissait 
l'orifice proprement dit, qui était circulaire et en partie caché par 
la paroi à pic de la dépression. Cette ouverture laissait voir un 
puits à parois verticales et parfaitement lisses qui était comblé 
de neige à 5 mètres de profondeur. Cette dépression était donc 
bien un aven produit par l'action extérieure des eaux s'exer- 
çant sur une fente préexistante. Une autre dépression formée 
manifestement sur le trajet d'une faille doit être interprétée 
de la même façon ; mais les dolines d'effondrement doivent 
certainement être représentées sur ce plateau. 

Quoi qu'il en soit, il nous semble que ces dépressions ne doivent 
pas communiquer par des fissures larges avec les grottes et 
galeries qui doivent traverser la masse rocheuse sous-jacente. 
En effet, si ces communications existaient il se formerait des 
courants d'air qui ne permettraient pas à la neige de persister 
jusqu'à cette époque de l'année. 

Il va sans dire qu'il n'existe ni ruisseau, ni source sur ce 
plateau ; toute la circulation se fait sous terre. Les bergers 
sont forcés, pour se procurer l'eau à boire, de détacher de gros 
blocs de neige, de les enfiler sur des bâtons et de les laisser fondre 
au soleil. 

Sous les pierres qui entourent l'orifice des avens ou dolines, 
nous avons trouvé des Isopodes et des Coléoptères troglophiles. 

Jeannel et Eacovitza. 

19. Cueva de abaho del Collarada ou Cueva de las Guixas. 

Située à la base de la Pena Collarada, sur la rive gauche du 
E.io Aragon, à 2 km. au nord de Villanua, partido de Jaca, pro- 
vincia de Iluesca, Espagne. — Altitude : 1.000 mètres env. — 
Boche : Calcaire crétacique supérieur. — Date : 30 août 1905. 



GROTTES VISITEES 5H 

Matériaux : Diptères, Siphonaptères, Coléoptères, Aptéry- 
gogéniens. Myriapodes, Aranéides, Opilionides, Acariens, Iso- 
podes. Mollusques. — Numéros : 52, 53, 54, 55. 

Cette grotte est citée dans le catalogue de PuiG y Larraz (1) 
sous le nom de Cueva de las Guixas ; mais ce nom ne semble 
pas être connu des gens du pays, qui l'appellent Cueva de abaho 
del Collarada. 

La gi'otte est un complexe de galeries formant trois étages 
et communiquant avec l'extérieur par autant d'orifices. Elles 
ont été creusées par un fort ruisseau souterrain qui actuelle- 
ment coule à un niveau inférieur et sort par un quatrième ori- 
fice situé dans la berge même du rio Aragon. L'eau remplit 
en entier l'orifice de sortie, ce qui en défend l'accès. H existe 
donc en réalité quatre étages de galeries. 

La première ouverture au-dessus de la source donne d'une 
part dans une galerie descendante basse pleine d'énormes cail- 
loux roulés et de galets, se terminant par une fente étroite rem- 
plie d'argile ; cette galerie est dirigée sans doute possible vers 
le courant souterrain et sert peut-être de trop plein pendant 
les crues. Une niche latérale assez profonde contient quelques 
concrétions. 

D'autre part, de l'orifice part une galerie ascendante donnant 
accès dans un vestibule qui s'ouvre à l'extérieur par la seconde 
ouverture de la grotte ; cette dernière sert aussi d'amorce à 
un long couloir à sol couvert de graviers roulés qui aboutit à 
deux salles spacieuses remplies de concrétions et à parois recou- 
vertes, en beaucoup d'endroits, d'un revêtement stalagmitique. 
Le sol est formé par de l'argile. 

Au fond de la seconde salle, l'escalade d'une cheminée per- 
met de monter à un étage supérieur formé par deux galeries. 
Celle de droite est humide, à parois couvertes de revêtement 
stalagmitique et à pente ascendante assez forte. Elle se ter- 
ci) G. PiTiG Y Larraz. Cavernas y simas de Espaîia. {Bol. de la Comission del Mapa geolo- 
gico de Espana, tomo XXI, pp. 1-392, 1896.) 



512 JEANNKL et RACOVITZA 

mine par luu'. fente horizontale remplie d'argile ; plus bas sont 
des gours actuellement vides. Sur un des côtés se trouve une 
cloison stalagmitique qui ferme Taccès d'une autre galerie inex- 
plorée; trois fentes étroites, par où sort un très violent courant 
d'air, laissent voir une vaste cavité qui paraît s'étendre très 
loin. La galerie de gauche est sèche, possède peu de concrétions 
et aboutit à la troisième ouverture de la grotte. 

Nous n'avons rien trouvé dans la galerie de droite du troi- 
sième étage, mais celle de gauche était au contraire très peu- 
plée. Le sol était couvert de détritus de toutes sortes, feuilles, 
brins de paille, poussière argileuse, guano de Chauves -souris ; 
tout cela formait une couche d'humus où les troglophiles et 
les troglobies abondent. Chose curieuse : les Puces étaient très 
abondantes dans cet humus ; ce n'était pas le Puleœ irritans, 
mais une espèce plus allongée et extraordinairement agile. 

Dans les salles du second étage, nous avons trouvé des 
Isopodes nombreux et des Liihohius. Le premier étage ne nous 
a fourni que quelques Lsopodes. 

Les ossements de Mammifères sont très abondants dans l'argile 
qui forme le plancher des salles du second étage. 

JEANNEL et RACOVITZA. 



20. Cueva del Collarada de ariba. 

Située dans le massif du Collarada, au-dessus de Canfranc, 
partido de Jaca, provincia de Huesca, Espagne. — Altitude : 
1.500 mètres env. — Roehe : Calcaire crétacique supérieur. — 
Date : 31 août 1905. 

Au-dessus de Canfranc, à 5 ou 600 mètres au-dessus du niveau 
de la rivière, s'étend nue longue falaise dont la base est creusée 
de plusieurs petites cavités. Dans la partie N. s'ouvre la Cueva 
del Collerada de ariba. L'entrée est située à mi-hauteur de la 
falaise. C'est une ouverture ogivale d'une quinzaine de mètres 



GROTTES VISITEES 513 

de hauteur, donnant accès dans une salle très vaste et très 
haute, qui possède deux baies énormes regardant vers le rio 
Aragon. 

Ce majestueux vestibule conduit dans une galerie basse, de 
quelques mètres de longueur. 

En continuant à longer la falaise on rencontre deux autres 
gi-andes ouvertures qui sont cependant l'amorce de très courts 
couloirs sans intérêt. 

Jeannel et Eacovitza. 



21. Grotte du Pla à Barbe. 

Située dans le massif qui forme la rive droite de la rivière 
Malugar, commune de Lees-Athas, " Basses-Pyrénées, France. 

— Altitude : 800 mètres env. — RocJie : Calcaire jurassique. 

— Date : 2 septembre 1905. 

Matériaux : Myriapodes, Isopodes. — Numéro : 58. 

L'entrée est très vaste et de forme carrée. Le plafond est 
formé par un joint de stratification reposant sur deux parois 
verticales ; la largeur est d'environ 25 mètres avec une hauteur 
presque égale. La galerie oii l'on pénètre a une direction géné- 
rale E.-O., et un plancher en pente ascendante très raide. 
Une énorme coulée d'argile molle très calcaire, de couleur 
blanche, recouvre tout le plancher de la grotte dont la longueur 
doit dépasser 200 mètres. L'eau s'écoule en najjpes à la surface 
de l'argile, qui en est complètement imbibée et cette argile 
forme, en se déversant par dessus les bords rocheux à pic, 
des sortes de cascades de stalactites. Dans les parties planes 
s'étagent des gours de faibles dimensions. Au fond de la grotte 
pendent quelques stalactites blanches, friables, très peu humides, 
ayant parfois plus d'un mètre de longueur. La masse qui les 
forme a Taspect d'une moisissure. Quelques^ parois sont cou- 
vertes aussi de cette sorte de « moisissure » calcaire. 



514 JEANNEL et RACOVITZA 

N'ayant jamais eu roccasion d'examiner ce qu'on nomme 
en Suisse « Mondmiloh », nous ne pouvons pas assurer qu'il 
s'agit ici d'une formation identique. D'après Martel (p. 103) (1), 
le « Mondmilch » serait a une forme pâteuse du carbonate de 
chaux, qui parait être simplement de la stalagmite tellement 
imbibée d'eau qu'elle n'a pas pu se solidifier ». Il nous a semblé 
que, dans la grotte dvi Pla à Barbe, les choses ont dû se passer 
différemment. La forme de la grotte, longue galerie presque 
droite, largement ouverte, et à plancher ascendant très forte- 
ment incliné, provoque la chute de l'air froid du fond vers l'en- 
trée et un appel d'air extérieur de l'entrée vers le fond. Il se 
forme ainsi un courant d'air violent et sec dans les régions hautes. 
L'évaporation de l'eau doit être si rapide que le calcaire d'ail- 
leurs très impur des infiltrations ne peut se déposer que sous 
forme de masse spongieuse et incomplètement cristallisée. 

Au fond de la grotte nous n'avons trouvé qu'un Diplopode. 
Dans une petite annexe sèche de la galerie principale, quelques 
Lithohius et non loin de l'entrée, des Isopodes. 

Jeannel et Eacovitza. 



22. Grotte des Eaux- Chaudes. 

Située sur la rive droite du gave d'Ossau, près Les Eaux- 
Chaades, département des Basses-Pyrénées, France. — Alti- 
tude : 900 mètres env. — Boche : Calcaire crétacique supérieur. 
— Date : 4 septembre 1905. 

Matériaux : Diptères, Aptérygogéniens , Opilionides. — 
Numéro : 61. 

Cette grotte, aménagée pour les visiteurs sur une distance 
de 400 mètres environ, est parcourue par un fort torrent qui 
forme plusieurs cascades. Les concrétions sont rares dans la 

(1) E.-A. Martel. La Spéléologie ou Science des Cavernes. (Collection Scientia, Biologie 
n- 8, Paris, Naud, 126 p., 1900.) 



GROTTES VISITEES 515 

galerie, presque rectiligne, très luiiite, à plafond droit et à parois 

verticales. Il paraît qu'en escaladant la dernière cascade on 

peut parcovirir encore des galeries sur une distance de 500 mètres. 

Le temps nous a manqué pour contrôler ces renseignements. 

Les animaux recueillis ont été trouvés près de l'entrée, seul 

endroit où le terrain est sec. 

Jeannel et Eacovitza. 

23. Petite Grotte des Eaux-Chaudes. 

Située un peu plus bas que la précédente. Les Eaux-Chaudes, 
Basses -Pyrénées, France. — Altitude : 900 mètres env. — 
Boche : Calcaire crétacique supérieur. — Date : 4 septembre 
1906. 

Matériaux : Isopodes. — Numéro : 61 Us. 

Un ruisseau parcourt également cette grotte. Par une entrée 
basse on pénètre dans un couloir qui s'élargit sur un des côtés, 
pour former une petite salle à plancher très incliné. Le couloir 
paraît continuer fort loin, mais il nous a été impossible de le 
suivre, faute de moyens d'éclairage suffisants. 

En face des gTottes des Eaux-Chaudes, sur l'autre rive du 
Gave, il y a, paraît-il, une fente dans la falaise qui permet de 
voir une vaste salle occupée par un grand lac. Ce bassin sou- 
terrain doit capter toutes les précipitations atmosphériques 
qui tombent dans une vallée suspendue située au-dessus, car on 
ne voit aucun cours d'eau superficiel dans le thalweg de cette 
vallée. Une forte source, qui jaillit d'un trou de la falaise, plus 
bas que le niveau du lac, doit être 4'éniissaire de ce réservoir. 

L'étude hydrologique de cette région n'a pas été faite. 

Jeannel et Eacovitza. 

24. Grotte de Malarode (rive droite). 

Située sur la rive droite d'un ravin^boisé, à une heure de 
marche d'Arudy, Basses -Pyrénées, France. — Altitude : 500 mè- 



516 JEANNEL et RACOVITZA 

très eiiv. — Roche : Calcaire crétacique inférieur. — Date : 
5 septembre 1905. 

Matériaux : Isopodes, Oligochètes. — Numéros : 64, 67. 

Un couloir d'une cinquantaine de mètres, encombré d'éboulis 
et assez haut de plafond, constitue cette grotte. Pas de con- 
crétions. A gauche de l'entrée, petite salle humide à sol couvert 
d'argile. 

Des Isopodes {Porcellio) furent capturés près de l'entrée et 
des Oligochètes vivaient dans l'argile, sous les pierres. 

Jeannel et Eacovitza. 

25. Grotte de Malarode (rive gauche). 

Située en face de la précédente, commune d'Arudy, départe- 
ment des Basses-Pyrénées, France. — Altitude : 500 mètres 
env. — Roche : Calcaire crétacique inférieur. — Date : 
5 septembre 1905. 

Matériaux : Myriapodes. — Numéro : 65. 

Cette grotte est beaucoup plus vaste que l'autre. L'entrée 
est basse et conduit dans un vestibule dont le milieu est occupé 
par un puits de 5 à 6 mètres de profondeur. Ensuite un couloir 
coudé mène, par des éboulis recouverts d'un manteau stalag- 
mitique, dans une petite salle revêtue de concrétions et sou- 
tenue par de beaux piliers. Un passage étroit, entre deux 
colonnes, permet de descendre dans une grande salle d'une 
trentaine de mètres de hauteur. Le plancher et les parois de 
celle-ci sont entièrement recouverts de stalagmite, sauf quelques 
petits recoins où. l'argile est à nu. 

La richesse de cette grotte eu concrétions de toutes sortes est 
remarquable ; plusieurs niches dans les parois ont de superbes 
stalactites. L'humidité est très grande, mais il n'y a pas de 
bassin d'eau. 



GUOTTES VISITÉES 517 

Les seuls animaux que nous ayons rencontrés sont les Typhïo- 
hlaniulus (Diplopodes). 

Jeannel et Racovitza. 



26. Grotte d'Izeste ou d'Arudy. 

Située à vingt minutes d'Arudy, département des Basses- 
Pyrénées, France. — Altitude : 500 mètres env. — Roche : 
Calcaire crétacique inférieur. — Date : 5 et 6 septembre 1905. 

Matériaux : Diptères, î^yctéribies. Coléoptères, Aptérygo- 
géniens, Myi'iapodes, Aranéides, Opilionides, Acariens, Isopodes, 
Mollusques, Oligochètes. — Numéros : 66, 68, 69, 70, 71, 72, 
73, 74. 

Cette grotte s'ouvre au flanc d'une colline par un vaste orifice 
en partie fermé par un mur romain (?) qui fut démoli, puis 
reconstruit par M. Piette pendant les recherches paléontolo- 
giques que ce savant a entreprises dans la grotte. 

Un couloir coudé conduit dans une vaste galerie à parcours 
rectiligne dont la hauteur atteint certainement 30 mètres en 
certains endroits. Le sol est couvert d'éboulis, mais presque 
horizontal ; les parois sont en général verticales. Au fond un 
monticule formé par des éboulis recouverts de revêtement stalag- 
mi tique permet d'atteindre le plafond, orné de stalactites. Entre 
deux stalactites est un « trou à vent » par lequel on peut aper- 
cevoir une galerie encore inexplorée ayant de vastes propor- 
tions. Il n'y a pas de concrétions dans le reste de la grotte, ni 
de flaques d'eau, quoique les suintements ne manquent pas. 
Les parois sont sombres, le sol est noir, aussi est-il très difficile 
de s'éclairer convenablement. La longueur totale doit dépasser 
300 mètres. 

Cette grotte doit être habitée depuis fort longtemps par les 
Chauves-souris. Ces animaux sont accrochés au plafond par 
milliers. Leur guano couvre le sol et une partie des parois, et 



518 JEANNE L et RACOVITZA 

souvent son épaisseur dépasse 30 à 40 centimètres. Une pluie 
continuelle d'excréments tombe du plafond. 

La fiente fraîche, détrempée par l'eau qui s'égoutte des parois, 
est couverte de moisissure blanche ; le guano ancien a formé 
avec l'argile un terreau gras et noir. 

Dès qu'on pénètre dans la grotte, on est assailli par des essaims 
de Diptères variés. Les autres animaux sont nombreux aussi, 
et il serait difficile de trouver une station épigée aussi peuplée 
que cette grotte. 

La fiente fraîche grouille de larves de Diptères et de Coléop- 
tères au point de paraître une masse vivante ; des Oligochètes 
par milliers leur tiennent compagnie, tandis qu'à la surface, 
les Coléoptères {Lœmostenus , Bathyscia, Quedius), Acariens, Col- 
lemboles, Myriapodes, et des myriades de Diptères de plusieurs 
espèces courent de tous les côtés. Les parois de cette grotte sont 
couvertes de Diptères ,de Porcellio, de LitJioMus. Dans les fentes 
et encoignures, plusieurs espèces d'Aranéides tendent leurs toiles 
et font ample provision de Mouches. 

De petits Hélicides rampent activement sur les pierres plus 
sèches. Les endroits couverts de vieux guano sont les stations 
favorites des Gampodea, Bathyscia et Collemboles. 

Dans toutes les parties de la grotte les animaux sont nom- 
breux, mais là oii la fiente des Chauves-souris tombe comme 
une manne, du plafond, c'est le grouillement intense des foules. 

Jeannel et Racoyitza. 

27. Grotte de Saint-Michel. 

Située sous la chapelle Saint-Michel, à Arudy, département 
des Basses-Pyrénées, France. — Altitude : 400 mètres env. 
— Roche : Calcaire crétacique inférieur. — Bâte : 6 septembre 
1905 

L'entrée a la forme d'une voûte surbaissée. Un trou très étroit 
conduit dans une caverne basse, d'une quinzaine de mètres de 



GROTTES VISITEES Ô19 

longueur totale. Le sol argileux est recouvert d'un revêtement 

stalagmitique. Des tranchées artificielles montrent que cette 

caverne a été fouillée. Aucun animal cavernicole n'y a été 

trouvé. 

Eacovitza. 

28. Grotte de l'Oueil du Neez ou de Rébénacq. 

Située au-dessus de la source du Neez, commune de Eébénacq, 
Basses -Pyrénées, France. — Altitude : 300 mètres env. — 
Boche : Calcaire crétacique moyen. — Date : 7 septembre 1905. 

Matériaux : Diptères, Coléoptères, Aptérygogéniens, Myria- 
podes, Aranéides, Opilionides, Acariens, Amphipodes, Isopodes, 
Mollusques, Oligochètes. — Numéros : 76, 77, 78, 79, 80. 

Le Neez prend sa source apparente au pied d'une petite falaise 
calcaire ; il a été démontré que cette source est, en réalité, la 
résurgence d'une dérivation souterraine du gave d'Ossau. A peu 
de distance de la sortie du Neez et à un niveau un peu supérieur 
se trouve une grotte sèche de plus de 100 mètres de longueur, 
par oii, très certainement, le Neez devait primitivement s'écouler. 

L'entrée est une vaste voûte surbaissée pourvue d'un mur 
maçonné dans lequel une porte a été ménagée. La grotte a la 
forme d'un couloir très long dont les parois et le plancher sont 
recouverts d'un épais revêtement stalagmitique. Les concré- 
tions sont nombreuses et variées ; quelques gours, actuelle- 
ment vides, existent sur le plancher. La galerie se prolonge 
par une fente horizontale basse dont le sol est formé d'argile et 
de couches de gravier de rivière. En creusant une tranchée dans 
ces dépôts, il serait possible d'arriver au cours souterrain du 
Neez, qui n'est pas abordable à son orifice de sortie. 

De petites galeries qui se terminent en cul-de-sac, ou qui 
aboutissent à des fentes de la falaise, prolongent latéralement 
la galerie principale. 

Les lits d'argile du fond contiennent beaucoup d'ossements 



520 JEANNEL et RACOVITZA 

fossiles ; une mâchoire inférieure que nous avons rapportée 
comme échantillon, a été déterminée par M. le professeur Boule 
comme appartenant à l'Ours des cavernes. 

Les Chauves-souris habitent cette grotte ; par endroits on 
trouve quelques petits dépôts de guano. La faune est riche et 
variée. Dans un creux, sur l'argile humide, nous avons trouvé 
un gros Amphipode (no 78) parfaitement vivant ; cependant 
aucune flaque d'eau accessible à l'animal n'existait dans le 
voisinage. Sur les parois, dans une sorte de mince toile d'Arai- 
gnée, se tenait une larve de Diptère (n^ 79). Un Baihyscia a été 
recueilli sou^ une pierre. 

jEANNEL et EACOVITZA 

29. Cuevas del Drach. 

Situées à Porto-Cristo, à 12 kilomètres de Manacor, Mallorca, 
îles Baléares, Espagne. — Altitude : 22 mètres. — Calcaire 
miocène supérieur. — Dates : 16 au 20 juillet 1904 et 26 avril 
1905. 

Matériaux : Diptères, Rhynchotes, Myriapodes, Aranéides, 
Amphipodes, Isopodes, Champignons. — Numéros : 81, 82, 83, 
84, 85, 86, 87, 88, 89. 

Les célèbres grottes du Dragon ont eu plusieurs historio- 
graphes et pourtant le sujet n'est pas complètement épuisé. 
Comme les études entreprises par M. Pruvot et par moi-même 
ne sont pas encore au point et que nous comptons les compléter, 
je me borne, pour le moment, à noter quelques faits ayant des 
rapports avec la faune, renvoyant pour le reste au beau travail 
de Martel (1), qui est aussi accompagné de la carte la plus com- 
plète qui ait été publiée. La longueur totale des galeries explo- 
rées atteint 2 kilomètres, et les conditions d'existence qu'offrent 
ces souterrains aux animaux sont très variées. 

(1) E.- A. Martel. Les Cavernes de Majorque (Speluuca, tome V, n" 32 ; 32 pp., 8 pi., 1 c, 
1908.) 



GaOTTES VISITEES 524 

II existe en effet des parties entièrement tapissées de revête- 
ment stalagmitique et de concrétions variées ; ces régions sont 
humides et les plus étendues de la grotte. 

La Covadonga, par contre, est une partie sèche sans concré- 
tions, à plafond très peu épais puisque les racines des Lentisques 
le traversent et pendent en longs faisceaux. 

La salle des Chauves-souris, qui est à côté, est également sèche 
et possède quelques amas d'ancien guano, car les Chauves-souris 
ont abandonné presque complètement les gTottes du Drach 
depuis qu'elles sont aménagées pour les touristes. Ce sont ces 
régions sèches qui sont les plus riches en animaux. C'est ici que 
j'ai recueilli les Aranéides, et un Fulgoride certainement tro- 
globie, puisque j'ai capturé en même temps l'adulte et deux 
larves. Les petits Diptères {PJiora ?) sont aussi très nombreux. 

Les bassins aqueux sont aussi nombreux. Dans le lago Negro 
et le lago de las Delicias l'eau était douce à l'époque de notre 
visite. C'est dans ces lacs que furent capturés les Isopodes et 
Amphipodes. Le lago Miramar, par contre, était très légèrement 
saumâtre et aucun animal n'y fut capturé. Le guide de la grotte 
m'a dit avoir vu plusieurs fois des « Anguilles » dans le lago 
Negro. 

I^ous ne trouvâmes rien non plus dans les deux salles qui 
font suite au lago Miramar, Quelques petits Diptères furent vus 
sur le Dôme Moragues. Les animaux paraissent donc cantonnés 
dans les Cuevas negras, Cuevas blancas et la Cueva Louis-Sal- 
vator, sans dépasser dans cette dernière le lago Miramar, con- 
clusion d'ailleurs toute provisoire car nos recherches n'ont pas 
été suffisamment prolongées. 

La température de l'air et de l'eau variait un peu d'un lac à 
l'autre. 

16 juillet. — Lago Negro : Température de l'air, IS^T C. ; 
de l'eau, I807 C. 

17 juillet. — Lago Negro : Température de l'air, 18°9 ; de 
l'eau, I807. 

17 juillet. — Covadonga : Température de l'air, 21ol. 

ARCH. DE ZOOL. EXP. ET GEN. — 4° SERIE. T. VI. — (VIIl). ^7 



522 JEANNEL et RACOVITZA 

17 juillet. — Lago Delicias : Température de l'air, 19o5 ; de 
l'eau, 1902. 

19 juillet. — Lago Duchesse de Toscane : Température de 
l'eau, I908. 

Ces températures sont très voisines de celles prises par Martel 
et Moragues, à des époques bien différentes de l'année ; elles 
démontrent que, contrairement à ce que l'on a prétendu, la 
variation de température est insignifiante dans les grottes du 
Drach, fait d'ailleurs général et qui se vérifie pour presque 
toutes les grottes. 

RACOVITZA. 



30. Grotte du Laura ou de l'Ermite. 

Située dans un contrefort du mont Razet, dans la vallée du 
Careï, commune de Castillou, arrondissement de Sospel, Alpes- 
Maritimes, France. — Altitude : 800 mètres euv. — Roche : 
Calcaire jurassique supérieur. — Date : 25 septembre 1905. 

Matériaux : Diptères, Orthoptères, Aptérygogéniens, Myria- 
podes, Aranéides, Isopodes. — Numéro : 90 

L'entrée de la grotte, bien visible de la grande route de Menton 
à Sospel, mais extrêmement difficile d'accès, est une vaste 
ouverture ogivale de 5 mètres de haut, fermée par un mur 
maçonné et percé d'une porte et d'une fenêtre. Des inscriptions 
latines et des traces de foyer montrent que la première salle, 
d'une superficie de 15 mètres carrés environ, a été habitée. 
Une étroite ouverture la fait communiquer avec une seconde 
salle obscure, située plus bas. Ses dimensions sont également très 
restreintes. Cette petite grotte est entièrement sèche et recou- 
verte de concrétions stalagmitiques. Il est possible qu'un rideau 
de stalactite, peut-être peu épais, la sépare des galeries les plus 
profondes de la grotte d'Albarea, située au même niveau, sur 
le versant opposé du mont Razet. La grotte du Laura est fré- 



GROTTES VISITEES 523 

queiitée par les Chauves-soui'is, et les troglophiles y sont très 
nombreux. A noter la présence de Dolichojwda. 

A quelques mètres seulement de l'entrée de la grotte, il y a, 
dans la falaise un simple abri sous roche. Plus bas encore vers 
la mer, mais dans un autre massif, s'ouvre une galerie d'oii s'est 
écoulé un amas considérable de cailloux. Cette galerie, entière- 
ment claire, serait très peu profonde ; le temps m'a manqué pour 

l'explorer. 

Jeannel. 

31. Baume Granet ou Goule de Mougins. 

Située à cinq minutes au sud du chef-lieu de la commune de 
Roquefort, département des Alpes -Maritimes, France. — Alti- 
tude : 300 mètres env. — Roche : Calcaire jurassique supérieur, 
— Date : 17 septempre 1905. 

Matériaux : Diptères, Coléoptères, Aptérygogéniens, Myria- 
podes, Aranéides, Pseudoscorpionides , Acariens, Isopodes, 
Oligochètes. — Numéro : 91. 

Cette grotte (1), très facilement accessible, absorbe par les 
temps d'orage un petit ruisseau qui se perd dans sa profondeur. 
Elle est entièrement éclairée par la lumière du jour et, lors de 
notre visite, elle n'était pas fréquentée par les Chauves-souris. 
Sa longueur totale est de 64 mètres. Au vestibule font suite 
deux salles ; dans celle de droite, en pente ascendante, profonde 
de 20 mètres environ, existe un fort encroûtement stalagmitique 
absolument sec. Dans la salle de gauche, au contraire, le sol 
est recouvert d'une belle couche d'argile, dans laquelle vient 
se perdre le ruisseau. C'est sous les pierres reposant sur cette 
argile détrempée que j'ai pris la plupart des Cavernicoles, dont 
la répartition dans la grotte était déjà parfaitement bien indi- 

(1) J. Gavet. Essai sur la Spéléologie des Alpes-Maritimes. {Ann. de la Soc. des Lettres 
des Alpes -Maritimes, Nice, Malvano, 1901.) 



524 JEANNE L et RACOVITZA 

quée par J. Sainte-Claire-Deville (1). Dans la salle de droite 
je n'ai rencontré que des Aranéides. y 

32. Balme d'Arèna. 

Située dans un contrefort du mont Oima, au-dessus de la vallée 
du Paillon de Tourrette, à une demi-heure du village d'Aspre- 
mont, commune d'Aspremont, département des Alpes-Mari- 
times, France. — Altitude : 650 mètres env. (d'après Sainte- 
Claire-Deville). — Roche : Calcaire dolomitique du jurassique 
supérieur. — Date : 20 septembre 1905. 

Matériaux : Diptères, Siplionaptères, Coléoptères, Aptéry- 
gogéniens, Aranéides. — Numéro : 92. 

Cette grotte, une des plus vastes des Alpes-Maritimes, est 
constituée par un point d'absorption, La résurgence des eaux 
se ferait, dit-on, sur l'autre versant du mont Cima, dans la 
vallée du Var. La longueur totale praticable de l'excavation est 
de 150 mètres environ. Une rapide descente conduit dans un 
vestibule encombré de blocs détachés par le travail des eaux. 
Ensuite une salle, toujours déclive, limitée par une voûte élevée 
de 10 mètres environ, ijrésente quelques belles stalactites, mais 
les concrétions y sont peu abondantes, et la paroi est la plupart 
du temps sèche et nue. 

L'exploration méthodique des parties les plus basses m'a 
permis de constater qu'il n'existe pas, au fond de la grotte, de 
gouffre profond, inexploré, comme le prétend la Semaine Niçoise 
du 19 janvier 1901 (2). Les parties les plus humides, et particu- 
lièrement les roches de l'entrée, sont habitées par de très nom- 
breux Coléoptères aveugles. Les autres animaux proviennent 
des régions les plus inférieures, surtout de celles encroûtées de 

stalagmite. 

Jeannel. 

(1) J. Sainte-Claire-Deville. Exploration entomologiriue des grottes des Alpes-Maritimes) 
[Ann. Soc. ent. de France, tome LXXI, pp. C95-709, 1902.) 

(2) E.-A. Martel. La Spéléologie au xx« siècle. (Spelunca, tome VI, p. 151.) 



GROTTES VISITEES 525 

33. Baume du Colombier. 

Située dans la commune de Eoquefort, département des 
Alpes -Maritimes, France. — Altitude : 200 mètres env. — 
Boche : Calcaire jurassique supérieur. — Date : 17 septembre 
1905. 

Matériaux : Coléoptères, Psocides, Aptérygogéniens, Myria- 
podes, Aranéides, Opilionides, Isopodes. — Numéro : 93. 

Cette petite grotte n'avait jamais été explorée. Autrefois 
sans issue, elle a été découverte par hasard, dans le courant de 
Tannée 1905, en creusant le sol dans la propriété du curé du 
village du Plan du Colombier. On y accède par un orifice étroit 
et vertical qui conduit dans une petite salle très irrégulière, de 
10 mètres de longueur, et dont la voûte ne doit pas présenter 
plus de 2 mètres d'épaisseur. Son élévation est de 2 mètres au 
maximum et dans bien des endroits on est contraint de se tenir 
courbé. Cette curieuse excavation est entièrement recouverte 
de concrétions. De nombreuses stalactites pendent de la voûte, et 
la plupart sont parcourues dans leur canal central par les racines 
des pins qui poussent au-dessus. De gros paquets de racines 
pendent ainsi vers le sol et beaucoup sont fixés au plancher, 
traversant donc la grotte de part en part. Cette petite forêt 
souterraine sert d'asile à de nombreux Isopodes qui courent 
dans les radicelles. Les habitants de cette grotte sont nombreux 
et certains sont même de véritables troglobies (Coléoptères, 
Isopodes). 

Jeannel. 

34. Grotte d'Albarea. 

Située dans le vallon d'Albarea, commune de Sospel, Alpes- 
Maritimes, France. — Altitude : 800 mètres env. — Roche : 
Calcaire jurassique supérieur. — Date : 25 septembre 1905. 



526 JEANNEL et RACOVITZA 

Matériaux : Diptères, Coléoptères, Orthoptères, Aptérygo- 
géaiens. Myriapodes, Arauéides, Isopodes, Mollusques. — 
Numéro : 95. 

La grotte s'ouvre à quelques mètres au-dessus du sentier 
muletier qui monte au col du Razet. Il est vraisemblable qu'elle 
communique, au moins par des fissures, avec la grotte du Laura. 
On y accède par un étroit couloir absolument sec. Cette grotte 
présente deux étages, mais, faute d'outillage spécial, je n'ai pas pu 
parvenir à l'étage supérieur et je n'ai exj)loré que les deux salles 
inférieures, dont le développement total est d'environ 60 mètres. 
La première est occupée par un talus de cailloutis et d'argile. 
La seconde, plus élevée et bien plus vaste, présente un sol très 
irrégulier, encombré d'énormes blocs de rocher détachés de 
la voûte. Pas de concrétions ni stalactites, sauf dans un petit 
cul-de-sac absolument sec situé au fond de cette seconde salle* 
L'escalade d'un rocher à pic de plus de 3 mètres donnerait accès 
à l'étage supérieur. Cette grotte a été fouillée au point de vue 
préhistorique par M. Rivierre (1877). J'y ai récolté de nom- 
breuses dents de Mammifères. 

La faune actuelle est très riche. J'ai pris, dans la deuxième 
salle, un bel Orthoptère du genre Dolichopoda, et de nombreux 
Silphides cavernicoles sous des débris de bois pourri. Malgré les 
recherches les plus minutieuses, il m'a été impossible d'y retrou- 
ver le TrecJius {Anophthalmus) Cailloli Dev., forme très inté- 
ressante et spéciale à cette grotte. Les Aptérygogéniens étaient 
abondants dans les débris de bois ; les Isopodes se tenaient 
plutôt sous les pierres dans les deux salles. 

jEANNEL. 

35. Grotte de l'Herm. 

Située dans la commune de l'Herm, près de Foix, Ariége, 
France. — Altitude : 550 mètres env. — Boche : Calcaire basique. 
— Date : 30 septembre 1905. 



GROTTES VISITEES 527 

Matériaux : Diptères, Coléoptères, Aptérygogéniens, Myria- 
podes, Aranéides, Opilionides, Pseiidoscori)ionides, Isojjodes, 
Mollusques. — Numéro : 94. 

Je n'ai pu faire, dans cette immense caverne, qu'un très 
court séjour, simple visite de touriste, et cela explique la pau- 
vreté de ma récolte dans une grotte dont la faune est si riche. 
Aussi je me borne simplement à la citer ; elle est d'ailleurs une 
des mieux connues de toutes les Pyrénées, au point de vue géo- 
graphique, et je me propose d'en faire prochainement l'objet 
d'une étude biospéologique plus approfondie. 

Jeannel. 



36. Cueva del Agua. 

Située sur le flanc du Monte Mongô, commune de Dénia, pro- 
vince d'Alicante, Espagne. — Altitude : 400 mètres env. — 
Boche : Calcaire crétacique. — Date : 4 janvier 1906. 

Matériaux : Aptérygogéniens, Myriapodes, Aranéides, Iso- 
podes, Oligochètes. — Numéros : 115, 116, 117. 

La grotte est creusée dans une falaise à pic, probablement 
sur le parcours d'une faille. Elle a dû servir de lit à un ruisseau 
souterrain, car un ravin, maintenant complètement à sec, 
s'amorce à l'entrée de la grotte. 

Un couloir coudé, qui se termine par un trou circulaire lais- 
sant voir un petit bassin d'eau, constitue toute la grotte acces- 
sible. Des travaux ont été effectués pour capter l'eau, sans 
succès d'ailleurs. 

Au fond de la grotte il ne règne qu'une demi-obscurité. Un 
petit filet d'eau court sur le plancher. Les animaux recueillis 
ont été trouvés au fond de la grotte, sur les parois et sous les 
pierres. 

Racovitza. 



528 JEANNEL et RACOVITZA 

37. Cueva sans nom. 

Située un peu en dessous de la précédente, à Dénia, province 
d'Alicante, Espagne. — Altitude : 400 mètres env. — Boche : 
Calcaire crétacique. — Date : 4 janvier 1906. 

Matériaux : Myriapodes, Aranéides, Isopodes. — Numéros : 
118, 119, 120. 

Cette grotte est peu profonde (une trentaine de mètres) et 
consiste aussi en une galerie coudée. Elle est complètement 
sèche et le sol est couvert de cette poussière argileuse qui pro- 
vient, dans les cavernes, de la décomposition du calcaire sous 
l'action de l'air humide. 

Les Araignées y sont extrêmement nombreuses, mais comme 
les autres animaux capturés, il est douteux qu'elles soient de 
vraies troglobies. 

Bacovitza. 

38. Cueva de Andorial. 

Située sur la propriété nommée Andorial, partida de Santa 
Paula, Dénia, proviucia de Alicante, Espagne. — Altitude : 
50 mètres env. — Boche : Calcaire crétacique. — Bâte : 4 janvier 
1906. 

Matériaux : Coléoptères, Aranéides, Isopodes. — Numéros : 
121, 122. 

Un propriétaire de vignes, Francisco Prefaci y Eibes, eu vou- 
lant creuser une citerne, il y a deux ans, trouva la grotte après 
avoir atteint quelques mètres de profondeur ; cette cavité était 
donc complètement fermée. Le propriétaire a construit une 
margelle autour de l'orifice qui est maintenant fermé par un 
panneau en bois. On descend d'abord dans le puits artificiel de 
3 mètres, creusé dans le calcaire fendillé et mêlé de terra rossa, 
puis par une cheminée naturelle de 5 mètres ayant environ 



[ 



GROTTES VISITEES 529 

1 mètre de largeur. On pénètre ainsi dans une petite salle où 
s'amorcent deux couloirs peu profonds. Cette descente continue 
conduit à environ 17 mètres de la surface. 

Les concrétions sont nombreuses et de toute beauté. Il y a 
des stalactites de forme conique, d'autres en draperie et des 
parois entières couvertes d'un revêtement stalagmitique à 
beaux cristaux brillants. Dans les stalactites blanches ou grises 
on remarque souvent des zones vertes dues probablement à 
des infiltrations cupriques. 

Le sol est aussi stalagmitique, mais il y a cependant quelques 
parties argileuses. Le suintement de l'eau est faible ; une 
seule petite flaque d'eau existe dans un coin. 

La température extérieure était de 17° C, celle du fond de la 
grotte de 20^ 0. ; mais ce dernier chiffre est probablement trop 
haut. Nous avions plusieurs bougies allumées et cela suffit pour 
élever la température dans une petite grotte. 

Un Coléoptère fut trouvé mort, à la surface de la flaque 
d'eau. 

Eacovitza. 

39. Grotte d'Oxibar. 

Située à proximité de la ferme d'Oxibar, commune de Camou- 
Cihigue, Basses-Pyrénées, France. — Altitude : 600 mètres. — 
Roche : Calcaire probablement crétacique (d'après Martel) (1). 
— Dates : 25 septembre 1904, l^^ janvier 1905 et l^r janvier 
1906. 

3Iatériaux : Coléoptères, Aptérygogéniens , Myriapodes, 
Aranéides, Acariens, Isopodes, Amphipodes, Mollusques. — 
Numéro ; 127. 

A trois reprises différentes et en des saisons diverses, j'ai 
pu explorer cette grotte en détail au moyen de pièges et 

(1) E.-A Martel. La Spéléologie au xx' siècle. (Spelunca, tome VI, n 41.) 



530 JEANNEL et RACOVITZA 

d'appâts, et je l'ai trouvée aussi peuplée en septembre qu'en 
janvier. Son entrée est constituée par un étroit trou vertical 
de 2 mètres de profondeur dissimulé dans les buissons. Deux 
fentes donnent encore accès à la lumière dans un vestibule 
bas de plafond, où le sol est entièrement formé de crottins 
de chèvres desséchés. La grotte est formée de deux salles 
sensiblement égales, réunies par un étroit couloir percé à travers 
un rideau de stalactites. Elle est en pente ascendante dans son 
ensemble, de l'entrée vers le fond, et semble entièrement due à 
l'action des eaux souterraines. La première salle, longue de 
30 mètres, large de 10, haute de 8 mètres environ, est dépourvue 
de concrétions. Le sol d'argile est jonché de nombreuses pierres 
et de rochers. La deuxième salle, de mêmes dimensions, mais 
plus en pente, présente au point de vue des conditions d'habitat 
deux régions bien distinctes. A son entrée est un banc d'argile 
oii des fouilles ont été pratiquées. Au fond et à gauche s'élève 
un gros massif stalagmitique ; les concrétions et stalactites y 
abondent. Partout l'humidité est grande, et de nombreux débris 
de paille et de végétaux apportés du dehors fournissent nourri- 
ture et abri aux nombreux habitants de la caverne. Il n'y a pas 
trace de Chauves-souris. 

Je puis préciser assez exactement les conditions d'habitat 
des différentes espèces animales qui représentent sa faune aqua- 
tique et terrestre. 

1° Animaux aquatiques : J'ai toujours trouvé des Amphipodes, 
faciles à attirer par les pièges, dans un petit gour situé dans la 
première salle le long de sa paroi de droite. Il est à noter que 
la lumière extérieure pénètre jusqu'en cet endroit. Par contre, 
dans les flaques d'eau du fond de la deuxième salle, se tiennent 
de nombreux Asellides. Il m'a semblé voir aussi des Copépodes. 

20 Animaux terrestres : Près de l'entrée, sous les feuilles 
sèches et le crottin vivent des Coléoptères lucifuges {Antispho- 
drus, Atheta, Bathyscia), des Lithobius, des grands Aranéides. 
Dans la première salle, je n'ai jamais pris de \Tais troglobies ; 
mais ceux-ci sont nombreux dans la seconde salle. J'ai pu 



I 



GROTTES VISITEES 531 

observer là, très sûrement, que les Carabiques du genre 
AntispJiodriis se tiennent enfouis dans l'argile. C'est en eiïet 
sous mes yeux qu'ils en sortaient, immédiatement attirés par 
Todeur des apjjâts. Par contre les Bathyscia et Aph,œnoj)s ont 
toujours été trouvés courant sur les concrétions humides, mais 
surtout dans les débris de paille. Les Aphœnops ont été attirés 
à deux reprises par les pièges. 

Dans les mêmes conditions, vivent à cet endroit et en gi-and 
nombre, les Aptérygogéniens, Diplopodes, Aranéides, Isopodes 
terrestres. Mollusques. Citons encore deux larves de Carabiques 
trouvées mortes au fond de la grotte sur une flaque d'eau. 

Je note ici, qu'à mon avis, à part les véritables AnopMlialmus , 
tous les Coléoptères sont attirés par les appâts. Mais si les Sil- 
phides séjournent sur leur nourriture, il n'en est pas de même 
des Carabiques {Antisphodrus, Aphœnops) ; ceux-ci, en effet, 
attirés beaucoup plus vite que les Silphides, regagnent bientôt 
leurs retraites, emportant souvent avec eux, dans leurs mandi- 
bules, des parcelles de nourriture, comme j'ai eu l'occasion de 
l'observer dans la grotte d'Istaiirdy. De là l'utilité d'employer 
des pièges et non des appâts pour les capturer. 

Il existe encore, autour du village de Camou-Cihigue, de 
nombreuses grottes inexplorées, au moins quant à leur faune. 
De l'unes d'elles, située dans le village, sort une source salée. 
Il est probable que leur exploration donnera lieu à de nouvelles 
découvertes, surtout si l'on songe que la faune si riche de la 
grotte d'Oxibar était encore totalement inconnue il y a un an. 

Jeannel. 

40. Grande Grotte Lecenoby. 

Située dans le versant nord du Pic des Vautours, commune 
d'Aussurucq, arrondissement de Mauléon, Basses-Pyrénées, 
France. — Altitude : 850 mètres. — Roche : Calcaire crétacique 
supérieur. — Date ; 2 et 3 janvier 1906. 



532 JEANNE L et RACOVITZA 

Matériaux : Coléoptères, Aptérygogéniens, Myriapodes, Ara- 
aéides. Acariens, Oligochètes. — Numéro : 128. 

Sur le versiiut uord du pic des Vautours, au-dessus du village 
d'Aussurucq, s'ouvrent dans un bois de hêtre une série d'exca- 
vations. Il existe successivement de l'est à l'ouest, sur la même 
assise, un abîme et trois grottes. De celles-ci, la plus orientale 
est notre grotte n" 41 ; celle du centre est représentée par deux 
courtes galeries claires, sans aucun intérêt ; enfin la plus occi- 
dentale est la grotte n^ 40, qui nous occupe ici. 

Cette grotte est appelée par C. Dupau grotte de Belhy (1). 
Elle s'ouvre cependant dans la montagne sur le versant opposé 
à la ferme de Belhy, et les gens du pays me l'ont toujours 
nommée Lecenoby. 

Deux entrées donnent accès dans un vaste vestibule d'où 
partent deux galeries. Celle de gauche, étroite et basse, est sèche 
et recouverte de concrétions stalagmitiques. Elle présente une 
profondeur de 20 mètres environ. Quant à la galerie de droite, 
elle est beaucoup plus vaste et j'ai pu la suivre pendant 
près de cent mètres. Le sol est recouvert d'argile, très humide 
par places, et de gigantesques rochers, détachés de la voûte, 
obstruent presque entièrement la galerie. Le fond de la grotte 
est fermé par des pentes de stalactites que je n'ai pas pu esca- 
lader, faute d'échelles. De nombreux squelettes de bœufs gisent 
sur le sol. Près de l'entrée vivent de nombreux Coléoptères 
troglophiles, ainsi que des Aptérygogéniens, Myriapodes, Ara- 
néides. Acariens. Dans la grotte nous avons pris sur les pièges, 
au fond de la galerie de droite des BatJiyscia et deux AntispJio- 

drus dans la galerie de gauche. 

Jeannel. 

41. Petite Grotte Lecenoby. 
Située dans la commune d'Assurucq, arrondissement de Mau- 

(1) c. DUFAU. Grotte et abiiiies du pays basuue. (Spelutica, tome V, p. 69.) 



GROTTES VISITÉES 533 

léon. Basses -Pyrénées, France. — Altitude : 580 mètres. — 
Roche : Calcaire crétacique supérieur. — Date : 2 et 3 janvier 190G. 
Matériaux : Diptères, Coléox3tères , Aptérygogéniens, Myria- 
podes, Aranéides, Acariens, Amphipodes. — Numéro : 129. 

Cette petite grotte est constituée par une galerie longue de 
50 mètres environ, haute de 1 mètre dans son premier tiers, 
remarquablement régulière dans sa forme, plus haute et large 
de 2 mètres environ dans ses deux autres tiers. Deux petites 
salles existent sur son trajet, et, dans la seconde, de petits 
gours pleins d'eau donnent abri à des Niphargus. Pas de concré- 
tions stalagmitiques ; le fond de la grotte est fermé par un 
dépôt d'argile. Dans le couloir d'entrée, fréquenté par les Chauves- 
souris, vivent des Coléoptères troglophiles et même de vrais 
Troglobies. J'ai pris, à 2 mètres de l'entrée, un AntispJiodrus 
navaricus Vuill. et une larve de Carabique semblable à celles 
trouvées dans la grotte d'Oxibar. Dans ce couloir vivent encore 
en très grand nombre les Aptérygogéniens, Myriapodes et Ara- 
néides. Tout à fait au fond de la grotte quelques Bathyscia 
furent trouvés sur un appât. Enfin la grotte est fréquentée par 
de grands Némocères et des Tinéides. 

Jeannel. 

42. Grotte d'Istaiirdy. 

Située à proximité du Cayolar d'Istaiirdy, près d'Ahusguy, 
arrondissement de Mauléon, Basses-Pyrénées, France. — Alti- 
tude : 900 mètres. — Roche : Calcaire crétacique supérieur. — 
Date : l^r et 2 janvier 1905. 

Matériaux : Diptères, Coléoptères, Aptérygogéniens, Myria- 
podes, Ai'anéides, Pseudoscorpionides, Acariens, Isopodes, Oli- 
gochètes. — Numéros : 130, 131. 

Cette grotte s'ouvre au fond d'un vaste puits formé par le 
tassement et l'effondrement de la voûte d'une cavité naturelle ; 



534 JEANNEL et RACOVITZA 

elle apparaît donc comme un aven large de 8 mètres et profond 
de 7 à 8 mètres, dont le fond est occupé par un large cône 
d'éboulis. On y accède par une petite ouverture latérale, sans 
avoir besoin d'aucun agrès. Sur toute la circonférence de l'aven 
partent de petites galeries latérales. Au N. s'ouvre une toute 
petite salle absolument sèche, recouverte de concrétions et 
absolument inhabitée. Au N.-E. monte une galerie très inclinée 
à sol formé par une pente de cailloutis. Au S. descend une petite 
galerie vite bouchée par l'argile, enfin au S.-E, s'ouvre au milieu 
des blocs éboulés une petite salle située en contrebas de toutes 
les précédentes. 

Dans les feuilles sèches qui recouvrent le cône d'éboulis situé 
à ciel ouvert, j'ai pris en tamisant de nombreux Coléoptères, 
Myriapodes, Aptérygogéniens, Aranéides, Pseudoscorpionides 
(no 130). Quant aux vrais troglobies (n^ 131), ils étaient nom- 
breux dans la galerie N.-E, et la salle S.-E. Les Oligochètes et 
les Isopodes ont été pris sur les parois. Dans la galerie N.-E. 
vivent dans les cailloutis AntispJiodrus et Bathyscia. Dans la 
salle S.-E. un appât a attiré 18 Ayitis'phodrus navaricus Vuill. 
que j'ai tous trouvés à deux mètres de l'appât sous des pierres 
visitées la veille. La plupart tenaient encore dans leurs mandi- 
bules des parcelles de fromage. Ajoutons que M. P. Nadar a 
trouvé dans cette grotte trois espèces de Coléoptères que je n'y 
ai moi-même jamais repris ; ce sont Pterostichus Nadari Vuill., 
Aphœnops Jeanneli Ab. et Bathyscia Mascarauxi Dev. 

Jeannel. 

43. Grotte d'Alçaleguy. 

Située au-dessus de la ferme d'Alçaleguy, commune de Alçay, 
arrondissement de Mauléon, Basses-Pyrénées, Franco. — Alti- 
tude : 750 mètres. — Roche : Calcaire jurassique. — Date : 2 janvier 
1906. 

C'est un immense abri sous roches. Toutefois du milieu d'un 
énorme chaos de rochers éboulés, entassés en équilibre peu 



GROTTES VISITÉES 535 

stable, souffle un violent courant d'air froid venant des profon- 
deurs de la montagne. Les paysans racontent que des Chiens 
s'y sont perdus autrefois à la poursuite d'un Renard. Un ébou- 
lement partiel semble avoir achevé de fermer cette grotte, et 
c'est avec peine que les Chauves -souris y pénètrent. Je crois 
qu'il serait facile d'arriver à se frayer un passage qui permet, 
trait d'accéder à une caverne immense si on en croit les gens 
du pays, qui affirment que la fumée des feux faits à Alçaleguy 
ressort par les avens ouverts sur le plateau sus-jacent. 

Dans le même massif j'ai pu constater la présence de gouffres 
nombreux ; je cite les principaux, comme indication aux 
confrères qui visiteraient la région. Ce sont : 

Gouffre de Belhy; gouffre d'Harribilibil ; gouffres d'Ahusguy; 
gouffre d' Alçaleguy. Ces deux derniers seraient en communica- 
tion avec la grotte d'Alçaleguy. Gouffre du Cayolar d'Udoy ; 
gouffre du Cayolar d'Ubinge (1). 

Enfin à Irriberry, près de Saint-Jean-Pied-de-Port, se trouve 
dans la propriété de M. Carricaburu, une petite grotte oii il a 
été découvert récemment une nouvelle espèce de Coléoptères 
cavernicoles : Bathyscia Elgueae Ab. De plus, tout le plateau 
d'Ahusguy et d'Istaûrdy ainsi que les cimes voisines se trouvent 
creusés de centaines de grands entonnoirs qui forment des 
points d'absorption dus au tassement des cavités souterraines. 

Jeannel. 

44. Catacombes de Bicêtre. 

Situées sous l'hospice de Bicêtre, dans la commune de Krem- 
lin-Bicêtre, département de la Seine, France. — Altit/ude : 
60 mètres env. — Roche : Calcaire grossier du lutétien inférieur 
et moyen, — Date : Hiver 1905, été 1906, 

(1) De nombreuses grottes et surtout des gouffres souvent fort profonds sont cités dans le 
mémoire de C. DuFAU, Grottes et abîmes du Pays basque. (Spelunca, V, n° 37, pp. 69-84.) 



536 JEANNEL et RACOVITZA 

Matériaux : Diptères, Coléoptères, Myriapodes, Arauéides, 
Acariens, Isopodes. — Numéro : 132. 

Ce sont des séries de galeries labyrinthiques, restes d'anciennes 
carrières ; ces galeries, souvent très basses, s'élargissent par 
place en salles assez vastes et élevées. En cinq endroits elles 
sont aérées par les anciens puits d'exploitation, simplement 
fermés par une plaque de fonte percée d'un orifice en son centre. 
Je ne connais pas à ces souterrains d'autre communication avec 
l'extérieur que ces orifices des puits et pourtant, à deux reprises, 
il m'est arrivé d'y capturer des Chauves -souris. Il est possible 
qu'il y ait une communication inconnue avec les Champignon- 
nières de Gentilly, et l'on aurait ainsi une explication facile du 
peuplement de ces cavité souterraines. 

Les conditions d'existence y sont très variables. Au voisinage 
des puits les débris organiques attirent de nombreux Coléoptères 
{Lœmostenus, Quedim), des Myriapodes {Lithobius) , quelques 
Arauéides, des Isopodes {Porcellio), des Acariens. Les murs sont 
parfois recouverts d'innombrables Diptères. Dans d'autres 
endroits, sur les bois vermoulus provenant des anciens étais, 
s'est développée une remarquable flore cryptogamique et sous 
l'abri qu'ils forment habitent des troglophiles variés. Coléop- 
tères {Anommatus), Aptérygogéniens, Myriapodes (Diplopodes), 
Arauéides et Acariens. 

Enfin, dans les régions les plus profondes, au-dessous des 
bancs à glauconie, le sol des galeries est formé de marnes sur 
lesquelles se rassemblent les eaux. Au voisinage des petits bas- 
sins permanents et relativement profonds, se trouve une faune 
toute différente de Coléoptères [Tr échus), d' Aptérygogéniens, 
de Myriapodes {Polydesmus) , d'Acariens, d'Aranéides et 
d'Isopodes ( Trichoniscus). 

Jeannel. 



ARCHIVES DE ZOOLOGIE EXPÉRIMENTALE ET GÉNÉRALE 
IV« Série, Tome VI, p. 537 à 553 

■30 M(ii 1907 



BIOSPEOLOGIGA 



ARANEÂE, f-HERNETES ET OPILIONES 

(PREMIÈRE SÉRIE) 



PAR 

E. SliVlUN 



Ordo ARANEAE 
Familia SICARIIDAE 

LOXOSCELES RUFESCENS (L, Dufor^\ 

Cueva sans nom. Dénia, prov. d'Alicante, Espagne, 4-1-1906, 
no 119. 

Cette espèce, non cavernicole, mais toujours lucifuge, a été 
trouvée dans les grottes de la province d'Alicante. 

Familia LEPTONETIDAE 

Leptoneta Min os E. Simon. 

in Ann. Soc. ent. Pr., 1882, p. 202. 

Grotte de l'Herm, Herm, dép. Ariège, France, 30-IX-1905, 
no 94. 

Cette espèce a un habitat fort étendu car nous l'avions trouvée 
antérieurement dans plusieurs grottes de l'Ariége, de l'Aude 

U) Voir pour Bioapéologica I et II ces Archives, Tome VI, u* 7 et 8 

ARCH. DE ZOOL. EXP. ET GÉN. l^e SEKIE. — T. VI. (iX). 38 



538 E. SIMON 

et des Pyrénées-Orientales ; elle se rencontre parfois aussi sous 
les grosses pierres et dans les mousses en dehors des grottes. 

L. Jeanneli, sp. nova. 

(S p, long. 2 ""^ 5. — Céphalothorax, sternum, chelaeque 
pallide fulvo-rufescentia. Abdomen cinereo fulvum. Pedes lutei, 
subpellucentes , femoribus leviter obscurioribus et olivaceis. 
Céphalothorax sternumque subtilissime coriacea sed regione 
frontali laevi et nitida. Oculi cuncti minutissimi, haud nigro- 
marginati, portici ab anticis non longe remoti. Pedum femora 
mutica, antica, subtus ad marginen exteriorem, granulis nigris 
seriatis munita. Pedum-maxillarium maris tibia patella paulo 
longior, tarsus processu grosso, subgloboso, aculeo sat longo 
(basi vix breviore), infra directo et subrecto, munito. 

Grotte de Gargas, Gargas, dép. Hautes-Pyrénées, France, 
30-VII-1905, no 2. 

Cette espèce se rapproche de L. microphthalma E. Sim. (1), 
par ses yeux très petits, presque oblitérés et non pigmentés ; 
elle en diiïère par sa taille plus petite, ses yeux postérieurs 
moins éloignés de ceux du premier groupe, ses fémurs dépourvus 
d'épines mais armés en dessous (surtout chez le mâle) de granu- 
lations noires sériées assez fortes, ses tibias antérieurs sans 
épines latérales, les postérieurs pourvus d'une épine latérale 
subapicale et d'une dorsale, le tibia de la patte-mâchoire du 
mâle i)lus court, cependant un peu plus long que la patella, 
la saillie externe du tarse plus courte mais plus convexe, sub- 
globuleuse et prolongée par une forte épine presque droite, 
presque aussi longue que la base. 

L. LEUCOPHTHALMA, Sp. nOVa. 

d" p, long. 2 ""„; 5. — Céphalothorax, sternum, chelae, pedesque 
pallide lutea, subpellucentia. Céphalothorax sternumque subti- 
lissime coriacea sed regione frontali laevi et nitida. Oculi qua- 

(1) Espèce commune dans les grottes de l'Ariége, cf. Ann. Soc ent. Fr., 1872. p. 480. pi. 16 
£f. 17-19 



ARANEAE, CHERNETES ET OPI LIGNES 539 

tiior antici postice uigro-marginati, oculi postici minutissimi fere 
punctiformes haiid nigro-limbati, ab anticis spatio oculo laterali 
antico saltem duplo latiore distantes. Pedum femora haud acu- 
leata, antica maris, grauulis nigris setiferis subtus munita. 
Pedum-maxillariiiin maris tibia patella longior, tarsus processu 
crasso subgloboso, spiiia nigra sinuosa armato, extus ad apicem 
munitus. 

Cueva de las Devotas, Lafortunada, prov. Hiiesca, Espagne, 
13-VIII-1905, no 33. 

Assez voisin de L. Aheillei E. Simon, dont il diffère par l'in- 
tervalle des deux groupes oculaires ayant au moins deux fois 
(ou un peu plus) le diamètre des latéraux du premier, les yeux 
postérieurs encore plus petits et non liserés de noir. 

La patte-mâchoire du mâle ressemble beaucoup â celle de 
L. Aheillei, la saillie externe du tarse est cependant un peu 
plus globuleuse mais elle est également prolongée par une épine 
noire un peu sinueuse. 

L. CRYPTICOLA, sp. nova. 

d" p, long. 2 % 5. — Fulvo-testacea, oculis anticis postice 
auguste nigro-marginatis , abdomine cinereo-albido. Céphalo- 
thorax sternumque subtilissime coriacea. Oculi postici ab an- 
ticis spatio oculo laterali antico paulo (non duplo) latiore dis- 
tantes. Pedes femora aculeis carentia, antica maris, praesertim 
ad basin, granulis seriatis setiferis conicis sat validis instructa. 
Pedum -maxillarium maris tibia patella non multo longior, tarsus 
processu exteriore subapicali mediocri, conico, seta curvata 
munito, instructus. 

La Balme d'Arena, Aspremont, dép. Alpes-Maritimes, France, 
20-IX-1905, no 92. — Grotte d'Albarea, Sospel, dép. Alpes-Mari- 
times, France, 25-IX-1905, n^ 95. 

Nous l'avions trouvé antérieurement à Saint-Martin Vésubie, 
sous de très grosses pierres. 

Eessemble beaucoup à L. Minos E. Sim., n'en diffère guère 
que par le tibia de la patte-mâchoire, vu en dessus, un peu plus 



540 E. SIMON 

long que la patella, et par le tarse à saillie apicale externe conique 
obtuse, moins cylindrique, surmontée d'un crin aigu dirigé en 
bas, aussi long que la base (chez L. Minas surmontée d'une 
petite épine noire unciforme, plus courte que la base). 

L. Proserpina, sp. nova. 

cf p, long. 2 % 5. — Fulvo-testacea, oculis anticis postice 
anguste nigro-marginatis, abdomine cinereo-albido. Céphalo- 
thorax sternumque subtilissime coriacea. Oculi postici ab 
anticis spatio oculo laterali antico plus dulpo latiore distantes. 
Pedum femora haud aculeata, antica maris subtus subtiliter 
rugosa. Pedum-maxillarium maris tibia patella evidenter lon- 
gior, tarsus processu exteriore subapicali minuto conico et 
curvato, seta sat longa et curvata munito, instructus. 

Grotte de Laura, Castillon, dép. Alpes-Maritimes, France, 
25-IX-1905, no 90. 

Diffère de L. crypticola E. Simon, par les yeux postérieurs 
beaucoup plus largement séparés de ceux du premier groupe, 
par les fémurs antérieurs du mâle, plus iinement rugueux en 
dessous, par le tibia de sa patte-mâchoire beaucoup plus long 
que la patella. 

L. PAROCULUS, sp. nova. 

(S P, long. 2 ^. — Céphalothorax, chelae sternumque fulvo- 
rufescentia, subtilissime coriacea. Abdomen pallide cinereo- 
fiilvum. Pedes lutei, subpellucentes, femoribus vix infuscatis. 
Oculi sat magni, duo postici a sese anguste disjuncti, ab anticis 
spatio oculo laterali antico haud majore distantes. Pedum femora 
haud aculeata, antica maris granulis nigris subseriatis subtus 
munita. Pedum-maxillarium maris tibia patella haud vel vix 
longior, tarsus processu apicali late conico, spina nigra tenui, 
basi circiter aequilonga, munito, instructus. 

Cueva abaho de los Gloces, Fanlo, prov. Huesca, Espagne, 
20-VIII-1905, no 45. 

Cette espèce diffère de ses congénères par ses yeux posté- 



ARANEAE, CHERNETES ET OPILIONES 541 

rieurs disjoints, caractère unique dans le genre Leptoneta, à part 
cela elle se rapproche des Leptoneta alpica et infuscata E. Simon. 

Familia PHOLCIDAE 

Pholcus phalangioides (Fuessly). 

Cette espèce, commune dans les maisons dans presque toute 
l'Europe a été trouvée, sans aucune modification, dans les grottes 
du Drach, à l'île Majorque, Baléares, 20-VII-1904, no 81, et dans 
la Balme d'Arena, Aspremout, dép. Alpes-Maritimes, France, 
20-IX-1905, uo 92. 

Familia ARGIOPIDAE 
Subfamilia LINYPHIINAE 

DiPLOCEPHALUS BUSISCUS (E. vSimou). 

in Ann. Soc. ent. Fr., .1.872, p. 219 (Erigone). 

Plaesiocraerus lusiscus, id., Ar. Fr., V, p. 759. 

Grotte de Gargas, Gargas, dép. Haute-Pyrénées, France, 
30-VII-1905, no 2. — Grotte de Tibiran, Aventignan, dép. 
Hautes-Pyrénées, France, l-VIII-1905, n» 11. 

Découvert dans les grottes de l'Ariége. 

PoRRHOMMA Proserpina (E. Simou). 

in Ann. Soc. ent, Fr., 1873, p. 175 {Linyphia). 

Porrhomma Proserpina, id., Ar. Fr. V, p. 360. 

Grotte de l'Ours, Lortet, dép. Hautes-Pyrénées, France, 
2-VIII-1905, no 16. 

Découvert par Ch. de la Brûlerie dans les grottes de l'Ariége; 
nous l'avions retrouvé depuis dans la Oueva de Orobe, près 
Alsasua (Espagne). 

Taranucnus Cerberus e. Simon. 
Ai\ Fr., V, p. 252. 

Grotte de TOueil de JSTeez, Rébénacq, dép. Basses-Pyrénées, 
France, 7-IX-1905, no 76. 



542 E. SIMON 

Nous avons découvert cette espèce dans la grotte de Sare 
(Basses -Pyrénées ) . 

T. Orpheus E. Simon. 

Loc. cit., p. 253. 

Grotte d'Arudy, Arudy, dép. Basses-Pyrénées, France, 6-IX- 
1905, n» 69. 

Découvert dans les grottes de l'Aude ; retrouvé depuis dans 
TAriége et les Hautes-Pyrénées. 

Lephthyphântes leprosus (Olilert). 

Arachn. Studien, 1867, p. 12 {Linyphia). 

Linyphia confusa O. P. Cambridge, in Tr. Linu. Soc, XXVII, 
p. 427, pi. LV, f. 21. 

Grande grotte du tunnel de Camous, Sarrancolin, dép. Hautes- 
Pyrénées, France, 6-VIII-1905, n^ 25. — Petite grotte de Lece- 
noby, Aussurucq, dép. Basses-Pyrénées, France, 2-1-1906, n» 129. 

Espèce commune dans toute la France et une grande partie 
de l'Europe ; se trovive au pied des arbres et sous les herbes 
sèches, souvent aussi dans les caves et les gi-ottes. 

L. PALLIDUS (O. P. Cambridge). 

Loc. cit., p. 436, pi. LVI, f. 26 Linyphia. 

Liyiyphia troglodytes L. Koch, Apterol. Frankiss. Jura, 1874, 
p. 1, ff. 7-8. 

Baume Granet, Rocquefort, dép. Alpes-Maritimes, France, 
17-1X1905, no 91. 

Espèce assez répandue en France où elle habite les caves et 
les cavités souterraines, parfois aussi dans les mousses des bois 
sombres. Egalement en Angleterre, et en Bavière, dans les grottes 
de Muggendorf (L. Koch). 

L. LORiFER, sp. nova. 

es long. 2 % 5. — Céphalothorax laevis, pallide fulvo- 
rufescens, haud marginatus, oculis singulariter uigro-cinctis. 




ARANEAE, CHERNETES ET OPILIONES 543 

Oculi quatuor postici in lineam leviter recurvam, iiiter se fere 

aequidistantes, spatiis interocularibus oculis paulo angustioribus. 

Oculi autici in lineam plane rectam, medii nigri paulo minores, 

a sese contigui, a lateralibus spatio oculo paulo minore separati. 

Olielac rufescentes, clypeo longiores. Sternum olivaceum, niti- 

dum. Abdomen albidum, saepe postice leviter obscurius et 

olivaceum. Pedes sat longi, pallide fulvo- 

rufescentes, femore 1' paris aculeo tenui 

interiore munito, reliquis femoribus mu- 

ticis, tibiis aculeis setiformibus longissimis 

raunitis, metatarsis anticissetaspiniformi 

unica superne armatis. Pedes- maxillares 

fulvi ; patella convexa, liaud prominula, ^ 

seta spiniformi longa supra munita ; tibia fi^. i. LepUhyvhantes lorifer 

patella paulo longiore et multo crassiore ^- ^''"•'"- '^' patte-màchoire 

du mâle par la face externe ; 

et supra et subtus alte convexa, supra b, lorum du buibe détaché, vu 

, ••!? • j. j.n'1 • par la face interne. 

seta spiniiormi, seta patellan longiore, 

munita ; tarso processu basali carente ; bulbo loro nigro lon- 
gi.ssimo apicem superante, sat angusto, compresse, curvato 
apice longe spiniformi, intus, prope médium, ramulum tenue 
sat longum et sinuosum emittente, insigniter armato. 

Cueva del Andorial, Dénia, prov. d'Alicante, Espagne, 4-1- 
1906, no 122. 

Espèce voisine de L. longiseta et angustiformis E. Simon 
(cf. Ar. Fr., t. V, p. 304). 

Troglohyphantes pyrenaeus, sp. nova. 

p (pullus), long. 4 "]„. — Céphalothorax sat humilis, late 
ovatus, pallide testaceus, subpellucens, laevis, parte cephalica 
setis nigris paucis seriatis munita. Oculi fere obsoleti, medii 
antici punctiformes, nigri, a sese appropiuquati, utrinque laté- 
rales testacei et vix perspicui, a mediis latissime distantes, 
inter se disjuncti, medii postici obsoleti. Clypeus mediocris, sub 
oculis impressus. Abdomen cinereo-testaceum, pilosum. Chelae 
longae, laeves, apice rufescentes. Sternum latum et convexum. 



544 E. SIMON 

nitidum, olivaceum. Pedes longi, longissime setosi, pallide tes- 
tacei, subpellucentes, femoribus sex anticis aculeo setiformi 
subbasilari supra armatis, femore 4' paris mutico, patellis 
tibiisque aculeis longissimis armatis, metatarsis quatuor anticis 
aculeo setiformi unico supra munitis, posticis muticis. 

Grotte d'Oxybar, Camou-Cihigue, dép. Basses-Pyrénées, 
France, 1-1-1905, n^ 127. 

Capture fort intéressante car le genre Troglohyphantes était 
jusqu'ici étranger à ^a faune française ; malheureusement 
MM. Racovitza et Jeannel n'en ont recueilli que de jeunes indi- 
vidus et la description de l'espèce est forcément incomplète. 

Ce genre a été découvert dans les grottes de Carniole et signalé 
depuis dans les grottes de l'Amérique du Nord (Cf. à ce sujet, 
Hist. Nat. Ar., t. I, p. 690). 

Subfamilia TETRAGNATHINAE 
METEAE 

Meta Menardi (Latreille). 

Grotte d'Arudy, Arudy, dép. Basses-Pyrénées, France, 6-IX- 
1905, nP 69. — Grotte de l'Oueil de Neez, Rébénacq, dép. Basses- 
Pyrénées, France, 7-IX-1905, n^ 76. — Grande grotte de Lece- 
noby, Aussurucq, dép. Basses-Pyrénées, France, 2-1-1905, n» 128. 
— Petite grotte de Lecenoby, Aussurucq, dép. Basses-Pyrénées, 
France, 3-1-1906, n» 129. — Grotte d'Istaiirdy, Ahusguy, dép. 
Basses-Pyrénées, France, 2-1-1906, n» 131. — Baume du Colom- 
bier, Rocquefort, dép. Alpes-Maritimes, France, 17-IX-1905, 
no 93. 

Espèce commune dans toutes les grottes de la région médi- 
terranéenne ; se trouve aussi dans les caves humides. 

M. Menardi Latreille existe aussi à Madagascar et dans 
l'Amérique du îford. 

M. ANTRORUM, sp. nova. 

d-, long. 7-8 ">^. — Céphalothorax pallide luteus, i^arte cepha- 
lica antice utrinque, pone oculos latérales, linea tenui abbreviata. 



ARANEAE, CHERNETES ET OPILIONES 545 

in medio liueis binis abbreviatis subgeminatis, postice macula 
majore, V sinuosiim désignante, fusco-olivaceis notatus, oculis 
singalariter nigro-cinctis. Oculi xjostici, superne visi, in lineam 
leviter recurvam, magni, medii lateralibus paulo majores et a 
lateralibus quam inter se remotiores, spatio interoculari dimidio 
diametro oculo non latiore. Oculi antici in lineam multo magis 
recurvam, Olypeus oculis mediis anticis angustior. Partes oris 
sternumque nigricanti-olivacea, laminae intus testaceo-mar- 
ginatae. Chelae validae, convexae, fulvae, ad basin et extus 
fusco-olivaceae, margine superiore sulci dentibus trinis, duobus 
apicalibus inter se subcontiguis, aequis, brevibus et latis, altero 
remoto longiore (in M. segmentata Cl. dentibus trinis inter se 
SLibaequis), margine inferiore dentibus binis, basali mediocri, 
altero rainutissimo. Abdomen superne albidum, fulvo-reticu- 
latum, parcissime et minutissime nigricanti-atomarium, subtus 
utrinque laxe uigricanti-reticulatum, vitta média lata olivacea, 
albido-marginata et utrinque, prope mamillas, maculis albidis 
binis, notatum. Pedes longi, pallide lutei, femoribus quatuor 
anticis subtus, in dimidio apicali, maculis fusco-olivaceis binis, 
tibiis cunctis annulo medio parvo vix distincto annuloque apicali 
majore, ornatis, aculeis longis nigris, ut in Meta segmentata ordi- 
natis, armati. Pedes-maxillares graciles, pallide lutei, tarso 
bulboque fuscis ; tibia patella circiter aequilonga, versus basin 
attenuata ; tarso mediocri ovato, apopliysi basali longe biramosa, 
ramulo superiore suberecto, late conico, extus ad basin processu 
parvo et obtuso munito, ramulo inferiore longiore, gracili et 
leviter sursum curvato. 

p, long. 9-10 %. — A mari differt abdomine majore pedibus 
brevioribus. Pedes-maxillares pallide lutei, tibia ad basin minute 
olivaceo-notata. 

Oueva del Agua et cueva sans nom. Dénia, prov. d'Alicante, 
Espagne, 4-1-1906, no« 115, 119. 

L'une des plus intéressantes découvertes laites dans ces der- 
niers temps pour la faune des grottes. 




546 E. SIMON 

Le Meta antrorum, cavernicole ou au moins lucifuge, comme 
le Meta Menardi, se rapproche cependant beaucoup plus du 
Meta segmentata Clerck, surtout par la structure de ses organes 
sexuels. 

Il en diffère par ses yeux plus gros et plus resserrés, ses tégu- 
ments plus pâles, ses pattes anté- 
rieures tachées et annelées de 
brun -olivâtre. 

La patte-mâchoire du mâle dif- 
A C "^ fère de celle de M. segmentata par 

FiG. 2. A, Meta segmentata Clerck, tibia et le tibia pluS COUrt, la brauchc SU- 
tarse de la patte-mâchoire du mâle, vus 

par la face externe ; B, Meta antrorum péricurC de TapophySC tarsalc pluS 

E. Simon, mêmes parties. x,^^,-„^ j- i • i t_ i 

épaisse et plus conique, la branche 
inférieure grêle, plus longue et un peu arquée en haut. 

NESTICEAE 

Nesticus cbllulanus (Clerck). 

Grotte de l'Oueil de Néez, Kébénacq, dép. Basses-Pyrénées, 
France, 7-IX-1905, n° 76. — Baume Granet, Rocquefort, dép. 
Alpes-Maritimes, France, 17-IX-1905, no91. — Grotte d'Albarea, 
Sospel, dép. Alpes -Maritimes, France, 25-IX-9051, n» 95. 

Eépandu dans toute l'Europe ; commun dans les caves, les 
grottes, les galeries de mines. 

N". oBCAECATus, sp. uova. 

p long. 5-6 "1;^. — Pallide luteo-testaceus, abdomine cinereo- 
albido, chelis rufescentibus. Oculi medii antici obsoleti, reliqui 
oculi albi, minutissimi, quatuor postici in lineam latam, pro- 
curvam, medii a sese quam a lateralibus saltem duplo remo- 
tiores. Ohelarum margo inferior muticus, margo superior 
dentibus nigris binis, brevibus et robustis, armato. Abdomen 
convexum, tenuissime et sat longe pilosum. Pedes longe setosi. 
Plaga genitalis magna, nigra, antice profunde et angulose 
emarginata, postice convexa atque in declivitate postica fovea 
transversa, alba, sed tenuiter rufulo-marginata, impressa. 



ARANEAE, CHERNETES ET OPILIONES 547 

Cueva del Molino, Vio, prov, Huesca, Espagne, 17-VIII- 
1905, no 38. 

Se distingue des espèces connues par Toblitération complète 
des yeux médians antérieurs, la petitesse et Técartement des 
yeux postérieurs et par la plaque génitale marquée, sur la pente 
postérieure, d'une profonde fossette transverse. 

Son faciès est celui du N. eremita E. Sim. 

Familia AGELENIDAE 

Tegenaria domestica (Clerck) 

Cueva de abaho del CoUarada, Villanua, prov. Huesca, 
Espagne, 30-VIII-1905, n^ 53. 

Espèce presque cosmopolite qui se trouve dans les grottes 
aussi bien que dans les caves et les maisons. 

T. PAGANA C. Koch. 

Ar., VIII, 1841, p. 31, ff. 612-613. 

T. subtilis E. Simon, Ar. nouv., l^^" mém., Liège, 1870, p. 7. 

T. variegata Thorell, in Hor, Soc. ent. Ross., XI, 1-2, p. 36. 

T. pagana E. Simon, Ar. Fr., II, p. 71. 

Cueva del Agua, Dénia,' prov. d'Alicante, Espagne, 4-1 1906, 
nP 115. 

Espèce commune dans le midi de la France, en Corse, en 
Italie et en Espagne ; comme la précédente, elle n'est pas exclu- 
sivement cavernicole. Le T. pagana de la Cueva del Agua est 
de forme typique; dans une grotte voisine il est légèrement 
modifié et présente davantage les caractères d'un animal luci- 
fuge. 

T. PAGANA CAVERNICOLA, SUbsp. nova. 

cT long. 10 'X- — Céphalothorax pallide luteo-testaceus, 
antice leviter et sensim fulvo-tinctus, oculis singulariter nigro- 
cinctis. Oculi postici, superne visi, in lineam leviter procurvam, 
inter se aequi et fere aequidistantes, spatiis oculis paulo majo- 
ribus separati. Oculi antici in lineam magis x>rocurvam, inter 



548 E. SIMON 

se subcoiitigiii, medii lateralibus saltem 13 miuorcs, Clypeus 
oculis lateralibus anticis evidenter latior. Abdomen pallide 
luteo-testaceuin, parce et longe nigro-setosum, superne, prope 
médium, utrinque linea valde arcuata, postice vittis transversis 
trinis, valde sinuoso-dentatis, fusco-olivaceis, notatum, subtus 
maculis parvis valde laciniosis et inordinatis parce conspersum, 
mamillae albido-testaceae, subpellucentes, articule basali haud 
infuscato. Sternum albido-testaceum, ad marginem late et 
irregulariter fusco-olivaceum et maculis albidis trinis notatum. 
Ohelae f usco - ruf ulae. Pedes sat longi, pallide luteo-testacei, 
femoribus 1' paris, apice excepto, infuscatis et rufulis, femo- 
ribus 4' paris annulo subapicali, tibiis 4' paris annulo submedio, 
angustis, pallide olivaceis et vix expressis, muuitis. Pedes-maxil, 
lares apice infuscati; femore sat longo, ad basin curvato et com- 
presse, ad apicem leviter ampliato, superne, in dimidio apicali, 
setis spiniformibus aculeisve nigris trinis uniseriatis instructo ; 
patella longiore quam latiore ; tibia patella vix longiore, paulo 
angustiore, apophysibus binis, superiore crassa, conica, sed 
acuta, apice nigra, altéra (fere iuferiore) rufula, paulo longiore, 
plana, laminiformi, apice sensim ampliata et obtuse truncata ; 
tarso tibia cum patella evidenter longiore, ovato, longe atte- 
nuato et bulbum multo superante ; bulbo magno, lamina rufula 
plana circumdato, lobo elevato et truucato, aCuleis binis, inter 
se subaequis, basali gracillimo et curvato, apicali recto et acu- 
tissimo, extus armato. 

Cueva sans nom. Dénia, prov. d'Alicante, Espagne, 4-1-1906, 
nP 119. 

T. Racovitzai, sp. nova. 
cT, long. 11 ^j^. — Céphalothorax pallide fulvo-testaceus, 
parte cephalica longa, leviter convexa, in regione oculorum 
valde declivi. Oculi parvi, quatuor postici, superne visi, in 
lineam subrectam, iuter se late et fere aeque distantes, spatiis 
interocularibus oculis plus triplo majoribus, medii ovati late- 
ralibus minores. Oculi antici in lineam subrectam, inter se 



ARANEAE, CHRRNETES ET OPILIONES 



549 



distantes, medii lateralibus plus triplo minores et paulo minores 
quam medii postici, Clypeus verticalis, plamis, ociilis anticis 
plus triplo latior. Abdomen ovatum, pallide fulvo-nifulum, 
longe et tenuiter nigro-setosum, superne, in parte apicali, 
punctis cinereis vix expressis biseriatis (3-3 vel 4-4) notatum, 
subtus parce cinereo-punctatura. Mamillae albidae, superiores 
articule apicali basali paulo breviore. Sternum fulvo-testaceum, 
concolor. Pedes fulvo-testacei, metatarsis leviter rufulo-tinctis, 
longi, postici anticis evidenter longiores, metatarsis tenuibus, 
anticis tibiis circiter aequilongis (vel paulo longioribus), posticis 
tibiis multo longioribus. Clielae fulvo-rufulae, laeves. Pedes- 
maxillares fulvo-testacei, apice levi- 
ter infuscati; femore sat longo, ad 
basin compresse et curvato, ad 
apicem leviter ampliato , superne 
setis spiniformibus aculeisve trinis 
uniseriatis, apicali minore, setaque 
interiore longa subapicali graciliore, 
armato ; patella brevi, superne setis 
spiniformibus binis, apicali longis- 
sima , munita ; tibia patella fere 
1/3 longiore, graciliore et cylin- 
dracea, setis spiniformibus longissimis conspersa, apophysi 
parva nigra depressa et truncata, extus ad apicem armata, 
sed lamina inferiore carente ; tarso tibia cum patella circiter 
aequilongo, sat auguste ovato et longe acuminato, bulbum multo 
superante ; bulbo mediocri, subrotundo, lamina rufula crassa 
circumdato, apice stylo nigro curvato, extus ad basin apophysi 
crassa et conica sat brevi, instructo. 

Cueva abaho de los Gloces, Fanlo, prov. Huesca, Espagne, 
20-VIII-1905, no 45. 

Espèce du groupe de T. domestica, dont elle se distingue par 
ses téguments unicolores, ses yeux plus petits et plus espacés 
et surtout par la structure de la patte - mâchoire du mâle 
(fig- 3). 




FiG. 3. A, Tegenaria domestica Clerck, 
patte-mâchoire du mâle, vue par la face 
externe.. B, T. Racovitzai E. Simon, 
mêmes parties. 



I 



Ô50 E. SIMON 

IBERINA Mazarredoi E. Simon. 

in Anal, de la Soc. esp. de Hist. Nat., X, 1881, p. 127. 

Grotte de TOueil de î^éez, Rébénacq, dép. Basses-Pyrénées, 
France, 7-IX-1905, no 76. 

Espèce nouvelle pour la faune française ; nous l'avons décou- 
verte en 1880 dans la cueva de la Magdalena, près Galdames 
(Biscaye). 

Ordo GHERNETES 

FamiUa CHELIFERIDAE 

Cheleper lacertosus (L. Koch). 

Darst. Eur. Chernet., p. 9 (1873). 

Causse de la Pena de CoUarada, Villanua, prov. Huesca, 
Espagne, 31-VIII-1905, n^ 57. 

Espèce répandue dans le midi de la France, en Corse, en 
Italie et en Espagne ; accidentellement cavernicole. 

FamiUa OBISIIDAE 

Obisitjm MxrscoRUM Leach. 
Zool. Miscell. III, p. 51. 

Ob. museorum et tenellum C. Koch, Ar., t. X, pp. 67-69. 
Grotte d'Istaûrdy, Aliusguy, dép. Basses-Pyrénées, France, 
2-1-1906, no 130. 

O. SiMONi L. Koch. 

Loc. cit., p. 54. 

Grotte d'Ilhet, Sarrancolin, dép. Hautes-Pyrénées, France, 
6-VIII-1905, no 23. 

0. museorum et Simoni sont des espèces répandues dans presque 
toute l'Europe et communes dans les mousses des bois ; leur 
présence dans les grottes est accidentelle. 

O. CAVERNARUM L. Koch. 

Loc. cit., p. 55. 

Grotte de Gargas, Gargas, dép. Hautes -Pyrénées, France, 



A ANEAE, CHERNETES ET OPILIONES 551 

30-VII-1905, 11" 8. — Grotte de Tibiran, Aventignan, dép. Hautes- 
Pyrénées, France, l-VIII-1905, n» 11. 

Cette espèce, qui fait la transition des Obisium vrais aux 
Blothrus, a été trouvée dans presque toutes les grottes de l'Ai'iége, 
des Basses-Pyrénées et même dans celles de TArdèche. 

Ohthonius tenuis L. Koch. 

Loc. cit., p. 51. 

Grotte de THerm, Herm, dép. Ariège, France, 30-IX-1905, 
u9 94. 

Commun dans les mousses des bois et sous les pierres ; acci- 
dentellement cavernicole. 

C. Gestroi E. Simon. 

in Ann. Mus. civ. Genova, sér. 2, XVI, 1890, p. 376. 
Baume Granet, Rocquefort, dép. Alpes -Maritimes, France, 
17-IX-1905, n" 91. 

Espèce découverte récemment dans les grottes de la Ligurie. 

Ordo OPILIONES 

Sub-Ordo OP. MBCOSTETHI 

Familia PHALANGODIDAE 

Phalangodbs clavigera e. Simon. 

Ar. Fr., t. VII, p. 151. 

Grotte d'Arudy, Arudy, dép. Basses -Pyrénées, France, 
6-IX-1905, n» 69. 

Découvert dans la grotte de Betharram par Ch. de la Brûlerie ; 
nous l'avons retrouvée depuis en nombre près de Saint-Jean-de- 
Luz et d'Ascain dans les mousses et sous les grosses pierres ; 
cette espèce est plutôt lucifuge que cavernicole. 

P. Lespesi (Lucas). 

in Ann. Soc. ent. Fr., 1860, p. 974. — Id. E. Simon, Ar. Fr., 
VII, p. 165. 



552 E. SIMON 

Cueva de las Devotas, Lafortunada, prov. Huesca, Espagne, 
13-VIII-1905, iio 33. 

Espèce commune dans presque toutes les grottes de TAriége, 
de l'Aude et des Pyrénées-Orientales ; se trouve aussi dans les 
mousses eu dehors des grottes. 

Nota. — Quelques jeunes Phalangodes, non déterminables, ont été 
trouvés dans la grotte de l'Herm (Ariège). 

Sub-Ordo PLAGIOSTETHI 

Familia ISCHYROPSALIDAE 

Sabacon paradoxus e. Simon. 

Ar. Fr., VII, p. 266. 

Grotte de l'Oueil de Néez, Eébénacq, dép. Basses -Pyrénées, 
France, 7-IX-1905, no 76. 

Cette espèce a été trouvée dans presque toutes les grottes 
de la région pyrénéenne ; elle se rencontre aussi dans les mousses 
et sous les pierres humides en dehors des grottes. 

Ischyropsalis luteipes e. Simon. 

in. Ann. Soc. eut. Fr., 1872, p. 484. — Ihid., Ar. Fr., VII, 
p. 268. 

Grotte de l'Oueil de Néez, Eébénacq, dép. Basses-Pyrénées, 
France, 7-IX-1905, n» 76. 

Espèce très répandue dans la région pyi'énéenne et en Au- 
vergne ; se trouve plus souvent en dehors des grottes dans les 
mousses épaisses et humides. 

I. NODiPERA E. Simon, 

Ar. Fr., VII, p. 270. — /. Sharpi E. Simon, in Ann. Soc. eut. 
Fr., 1879, Bull. p. CXXIX. 

Cueva del Molino, Vio, prov. Huesca, Espagne, 17-VIII-1905, 
n" 38. 

I. nodifera est l'espèce du genre la plus répandue dans les 
provinces basques : nous l'avons observée à Saint-Jean-de-Luz, 



ARANEAE. CIIEFINETES ET OPILIONES 553 

à Alsasua et près de Galdaniès à l'entrée des grottes de la Mag- 
dalena et de Arenaza ; elle n'est cavernicole qu'accidentelle- 
ment, elle habite les mousses et les détritus humides 

Nota. — Un jeune Ischyrof salis, non déterniinable, a été trouvé 
dans la grotte des Eaux-Chaudes (Basses-Pyrénées). 

Familia NEMASTOMATIDAE 

Î^Temastoma bacilliferum E. Simon. 
Ar. Pr., VII, p. 287. 

Grotte de Gargas, Gargas, dép. Hautes-Pyrénées, France. 
30-1-1905, no 2. — Cueva de abaho S. scrofa ; 
parfois, sur le vivant, dont les téguments n'ont encore subi aucune 
dessiccation, la peau les cache presque. L'épine postérieure descend 
presque verticalement. 

Les écailles sont, à dimensions égales des individus, plus petites 
que celles de S. scrofa. La disproportion de leur longueur à leur 
largeur est plus grande. Leur spinulation appartient à un tout autre 
type ; le bord libre de Técaille porte, directement implantées sur le 
bord lui-même et non en retrait, des spinules très courtes, coniques, 
relativement larges à leur base. La zone pigmentée est plus vaste, 
plus colorée ; la plupart des chromoblastes sont noirs et jaunes. 

La couleur générale de S. porcus diffère de celle de S. scrofa. 
Celle-ci tourne d'ordinaire au rouge, au rouge-brun, ou à l'orangé ; 
celle-là au gris plus ou moins foncé, ou au gris-brunâtre. Les varia- 
tions de couleur sont des plus fréquentes, et il est oiseux de suivre les 
auteurs dans les descriptions minutieuses qu'ils en font parfois; ces 
dernières, considérées dans le sens taxonomique, n'ont ici aucuiTe 
utilité. La seule disposition intéressante revient à cette dissem- 
blance générale de la teinte d'ensemble, malgré la diversité spéciale 
souvent constatée. 

Ce contraste s'accorde, sans doute, avec celui de l'œcologie. 
S. porcus habite les fonds rocheux, les prairies d'Algues et deZos- 
tères des zones littorales. Sa couleur générale, et ses variations, 
paraissent résulter des circonstances environnantes et de leurs 
changements : le mimétisme est frappant. 5. scrofa remonte par- 
fois vers les pfairies sous-marines, mais 30n habitat ordinaire se 
trouve dans les fonds vaseux et sablo-vaseux du grand large, con- 
finant aux zones sub-abyssales. 

Une nouvelle et curieuse opposition entre S. porcus et S^ scrofa 
tient à la constance des caractères de la première espèce et à la 
facilité de variation de la seconrat()ire d'Em bryologie f;fônéra[e et expérimentale 
a 1 École des liaiiles Études. 

Cluique été, à Paris, nous voyons ai-nver de granMes quantités 
do Tortues mauresques [Testudo manvilanica, Diméril et Bibron), 
(7'. ihera, Pallas) qui nous sont envoyées d'Algérie et de Tunisie. 
Ces envois sont utilisés constamment dans les laboratoires et ce- 
pendant, quand nous avons commencé ces recherches, eu 1905, 
Ton ne savait généralement pas, à Paris du moins, distinguer, à 
Textérieur, le sexe mâle du sexe femelle. Ce n'est pas que certains 
vendeurs ne vous montraient avec assurance à quoi l'on pouvait 
reconnaître les deux sexes l'un de l'autre, mais leurs affirmations 
étaient loin de concorder et se trouvaient, du reste, souvent 
fausses'. 

L'on n'était guère mieux renseigné au laboratoire d'Erpétologie 
du Muséum, où nous nous étions tout d'abord adressé, et nous avons 
trouvé, du reste, que les ouvrages scientifiques étaient eux-mêmes 
bien peu explicites sur la question. 

Lacéi'Ède, dans son Hisloire naturelle des quadrupèdes ovipares \ 
Ci.- A. BouLENGER, dans le Catalogue of Ihe Chelonians Jifiynchoce- 
phnl'uins and. Crocodiles in the British Muséum (London, 1889) ; 
C,-K. Hoffmann, dans le Bronns Thier Reich; A. Granger, dans 
le Manuel du naturaliste français, édité par DeyroUe, n'en parlent 
pas. 

Clvier, dans le /?è^/}e animal; E. Sauvage, dans l'édition fran- 
çaise de VHistoire naturelle, de Brehm ; Hans Gadow, dans Amphi- 
bia and Reptiles (London, 1901), disent que le plastron, plat chez les 
femelles, est plus ou moins concave chez le mâle, spécialement 
dans les genres Testudo, Cistudo et Emys. C'est encore ce seul 

• Les premiers résultats de ces recherches ont été communiqués, en 1905, à la 34' ses- 
sion deJ' Association pour l'avancement des Sciences, à Ctierbourg. Nous les avions déjà 
fait connaître, auparavant, à quel(|ues marchands d'animaux, dont un des plus connus à 
Paris, de sorte que cette note pourra paraître décrire des faits connus de certains labo- 
ratoires. 



NOTES ET REVUE xxxix 

caractère distinctif que signale Werner, auquel nous devons une 
étude spéciale des caractères sexuels secondaires chez les Reptiles ' 

Pourtant Duméril el Bibhon, dans leur Erpétologie, suite à 
Buffon, 1855, t. II, p. 10), avaient déjà remarqué qu'on peut 
trouver aussi des femelles à plastron concave et que ce caractère 
paraît être « une variété individuelle, indépendante de lun et de 
l'autre sexe ». Ces auteurs disent, par contre : « Les femelles sont, 
en général, plus grosses que les mâles, et ceux-ci ont le plus sou- 
vent la queue épaisse à la base et, relativement à l'autre sexe, un 
peu plus longue » {fd. p. 23) -. Ils font remarquer également que le 
cloaque est plus allongé et les lèvres comme tuméfiées, mais, à la 
lecture du passage, on ne sait trop à quel sexe ce caractère s'ap- 
plique plus spécialement. 

Enfin, vers le même temps que Duméril et Bibron publiaient en 
France leur Suite à Bnffon, J.-E. Gray. publiait, à Londres, le cata- 
logue des Chéloniens du Bristish Muséum ^ Ce naturaliste anglais 
parle de la Tortue mauritanique comme d'une variété de la Tortue 
grecque (Testudo grcpca L.). Or, il remarque que, dans quelques 
individus, la plaque sus-caudale de la carapace est plus grande et a 
la pointe plus fortement courbée en dedans; chez d'autres individus, 
•au contraire, cette plaque est plus étroite, plate et même quelque- 
fois fortement courbée en dehors à la pointe. Toutes les femelles et 
les jeunes que j'ai examinés, ajoute Gray, avaient cette forme; je 
la considère donc comme un caractère sexuel \ Cependant, Gray 
ne semble pas baser son affirmation sur des dissections suivies 
et il la présente avec des points d'interrogation en ce qui concerne 
la Tortue grecque. 

Nous retrouvons l'indication de ce dernier caractère différentiel 
dans une note de Lorenzo Camerano ^. Cette note de quatre pages, 

' Werner. F. Ueber sekundare Gesehlechtsunterschiede bei ReplUien,(Biolog. Cen- 
tralbl., 1895, xv, pp. 125-140). D'après cet auteur, le mâle de la Tortue grecque porterait 
seul un ongle corne à l'extrémité de la queue. D'un' autre côté, on ne pourrait distinguer 
les sexes chez les Chelydrides, chez les Tryonichides, chez les Chelonides ni chez de 
nombreux genres d'autres familles. 

* C'est également ce que montre nettement la tlgure 75 de l'ouvrage de Hans Gadow 
(p. 343). 

' J.-E. Gray : Catalogue of shield Reptiles in the Collection of the British 
Muséum. Part, i, Testudinata (Tortoises), London, 1855, v. p. 10. 

* CuviER, décrivant la Tortue grecque dans son Régne animal, dit également que le 
bord postérieur de la carapace de cette espèce présente en son milieu une proéminence 
un peu recourbée vers la queue. Mais il n'en fait pas un caractère spécial au mâle. 

1» Camerano (L.). Dei caratteri sessuali secondari délia Testudo ibera, Pallas. Torino, 
Accad. Se. Atti, 1877, 13, p. 97-101 avec 1 pi. 



XL iXOTES ET HEVIIE 

divisée en 18 paragraphes est, malgré sa concision, le travail le 
plus complet qui ait été fait sur les différences sexuelles dans la 
Tortue mauresque. 

Pourtant Camerano se perd un peu dans le détail des plaques, 
détail qu'il serait facile de multiplier, même après lui, sans mettre 
en relief les caractères sexuels secondaires fixes et nettement 
reconnaissables. D'un autre côté, il ne dit rien des organes internes, 
ni des différences physiologiques entre les deux sexes; il ne donne 
aucune pesée, ni aucune mensuration ; il ne dit pas sur quel 
nombre d'individus il a opéré ; enfin il ne nous renseigne pas sur 
la provenance de ces individus et ce dernier point aurnitété utile, 
car il nous semble, à la lecture de sa note, que les individus qu'il a 
examinés et les nôtres appartiennent à deux variétés différentes. 

Nous avons donc repris cette étude, à une époque où nous ne 
connaissions pas, du reste, le travail de Camerano. Nous l'avons 
poursuivie d'une façon méthodique en prenant, comme point de 
départ de nos recherches, la dissection des individus et, comme 
base, la présence des ovaires ou des testicules. Nous avons étudié 
ainsi comparativement, le 20 juillet 1905, un premier lot de 
vingt-quatre Tortues mauresques envoyées de Tunisie, des environs 
de Sfax, et paraissant toutes de même âge. Nous avons reconnu, par 
la dissection, onze femelles dont les ovaires étaient chargés 
d'ovules prêts à être pondus et treize mâles qui, en captivité 
dans notre laboratoire, présentaient spontanément des érections 
fréquentes et dont les épididymes étaient gorgés de sperme. 

Voici tout d'abord les tableaux d'ensemble où nous avons con- 
signé exactement les données recueillies sur chaque individu de 
ce premier lot. 



NOTES ET REVUE 



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NOTES ET REVUE xuii 

En mai 1906, nous avons reçu un deuxième lot de Tortues mau- 
resques, comprenant cinq mâles et cinq femelles provenant é^^-ale- 
ment de Tunisie. Ces animaux, conservés pour l'étude de l'hiber- 
nation, n'ont pu nous fournir que les données suivantes : 





 


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xuv NOTES ET REVUE 

Toutes ces données numériques, venant s'ajouter à Tobservation 
suivie des Tortues que nous avons conservées vivantes, vont nous 
permettre maintenant d'étahlir une comparaison entre les carac- 
tères anatomiques et les caractères physiologiques des deux sexes 
de la Tortue mauresque. 

A. — Caractères anatomiques. 

1" Aspect général et poids total. — Les individus mâles paraissent 
plus petits et sont moins lourds que les individus femelles. 

En mai, leur poids total est plus faible de 19 gr. 60 en moyenne, 
que celui des femelles : les poids extrêmes des femelles étant 615 
et 543 gr. avec une moyenne de 581 gr., ceux des mâles étant 668 
et 414 gr. avec- une moyenne de 561 gr. 40. 

Rn juillet, le poids total des individus màles est plus faible de 
76 gr. en moyenne que celui des individus femelles; les poids 
extrêmes de celles-ci étant 820 et 584 gr. avec une moyenne de 
688 gr. ; ceux des màles étant 740 et 510 gr. avec une moyenne de 
612 gr. 

2" Carapace. — En mai, les dimensions de la carapace, mesurées 
avec un mètre' souple, étaient de quelques millimètres plus grands 
chez les mâles de nos Tortues que chez les femelles, sauf toutefois 
en arrière du plastron. 

En juillet, au contraire, la carapace des femelles est p'ius grande 
dans toutes ses dimensions que celle des màles; a longueur 
moyenne pnise de Fécaille nuchale à l'écaillé sus-caudale est 
18c™, 50 pour les femelles et 18cm, 23 pour les màles et encore fau- 
drait-il déduire, de ce dernier nombre, la partie de l'écaillé sus- 
caudale qui dépasse le bord marginal; sa largeur moyenne, prise 
au^niveau des épaules, est de 12cm,40pour les femelles et dellcin,92 
pour les mâles; prise au niveau du bassin, cette largeur est respec- 
tivement 16cm, 65 et 16 centimètres. 

Mais c'est surtout par la partie du bord marginal qui est située 
directement au-dessus de la queue (écaille sus-caudale ou caudale) 
que la carapace du mâle se distingue facilement de celle de la 
femelle (fig. 1). Chez le mâle, cette partie est fortement bombée et 
forme en bas une pointe saillante qui se recourbe un peu vers la 
queue; sa plus grande largeur est en moyenne de 42"'"', 38; sa plus 
grande hauteur, de 25"'"', 30. Chez les femelles, la plaque sus-eau- 



NOTES ET REVUE xlv 

dale ne se distingue en rien des autres plaques du bord marginal, 
ou, comme le faisait remarquer justement Gray, son bord inférieur 
peut se recourber vers le dehors ; dans tous les cas, chez les femelles, 
son bord reste toujours au même niveau que le reste du bord mar- 
ginal; la plaque ellermême présente, dans sa plus grande longueur, 
des dimensions moyennes de 35 millimètres et, dans sa plus grande 
hauteur, 19""°, 45; 

3° Le Plastron ne présente pas des caractères sexuels secondaires 
aussi fixes que la carapace. Comme l'indiquent les auteurs, sa sur- 
face est en général plane ou même bombée chez les femelles alors 
qu'elle est plutôt creusée chez les mâles; mais, comme le montrent 
nos tableaux et comme Duméril et Bibron l'avaient vu du reste, 
nous avons trouvé des femelles à plastron creux et des mâles à 




Fig. 1. 

FiG. 1. — Tortues mauresques mâle (à gauche) et femelle (« droite), vues 
de l'extrémité postérieure. 

plastron plan; dans tous les cas, il fallait mettre deux individus, de 
sexes difïérents, l'un à côté de l'autre pour pouvoir nettement dis- 
tinguer ce caractère. 

Gray dit {loc. cit. p. 11) que la partie postérieure du plastron est 
plus mobile chez les femelles que chez les mâles. C'est là encore un 
caractère qui ne peut suffire pour distinguer les sexes, car nous 
avons vu des mâles qui présentaient, en certains endroits, une 
mobilité aussi grande que chez nos femelles. 

Par contre, le plastron des mâles nous a toujours paru un peu 
plus petit que celui des femelles et, caractère facile à reconnaître, 
son extrémité postérieure est toujours plus largement fendue que 
chez les femelles ; il en résulte que la partie mobile du plastron, 
chez les mâles, tend vers la forme rectangulaire alors qu'elle pré- 



XLvi NOTES ET REVUE 

sente une forme plus nettement triangulaire chezles femelles (fig.2). 
4° Queue. — Cette plus grande largeur de la fourche sternale en 
arrière, ciiez les mâles, est en rapport avec les dimensions de la 
queue gui sont nettement, ici, plus grandes que chezles femelles. De 
même, l'espace qui est compris entre la fourche sternale et le bord 
de la carapace est plus grand chez le mâle que chez la postérieur 
femelle. Ce sor.t encore là des caractères qui nous ont paru cons- 
tants et qui permettent de distinguer facilement les deux sexes. 

B. — Caractères physiologiques. 

Cette partie de notre étude ne peut être considérée que comme 
une amorce pour des travaux faits dans des conditions meilleures 




Fig. 2. 

FiG. 2. — Tortues mauresques mâle (à gauche) et femelle (à droite"^ 
vues du côté du plastron. 

que celles où nous avons pu placer les Tortues, dans notre labo- 
ratoire. 

Nous avons conservé vivantes, pendant près d'une année, six 
Tortues, trois mâles et trois femelles, les soumettant à des obser- 
vations continuelles qui nous ont permis de constater, toutd'abord, 
que les femelles sont moins craintives et s'accoutument plus vite à 
la présence de l'homme que les mâles; de plus ceux-ci font tou- 
jours entendre un souffle violent quand on les saisit ou même 
quand on lance brusquement la main dans la direction de leur 
tête; en général les femelles se laissent enlever sans souffler ou, 
du moins, leur soufile est moins fort que celui des mâles. 

Nous avons noté ensuite (tabl. V) les variations de poids et de 
densité moyenne de nos Tortues conservées pendant onze mois. 



NOTES ET REVUE 



XLVII 



TABLEAU V. 

Variations de poids et de densité de Juillet 1 905 à Mai 1 906. 



F. n» 25 



768 gr. 077 gr. 

45 
surnage surnage 



morte 



F. n° 4 F. n" 6 
Juilet 1905. 

Poids total 625 gr. 813 gr. 

surnage surnage 

25 Octobre 1905. 

Poids total 593 gr. 

Perte de poids.. 32 

surnage 

6 Janvier 1906. 

Poids total 572 gr. 761 gr. 

Perte de poids.. 21 7 

surnage surnage 

22 Mars 1906. 

Poids total 553 gr. 746 gr. 

Perte de poids. . 19 15. 

surnage surnage 

8 mai 1906. 

Poids total 545 gr. 728 gr. 

Perte de poids. 8 18 

surnage surnage 

sacrifiée malade 
morte le 16 mai 

Pertes totales... 80 gr. 85 gr. 



M. n» 19 M. n» 22 M. n» 26 

665 gr. 580 gr. » 

s'enfonce s'enfonce ■ 

dans l'eau dans l'eau 

630 gr. 576 gr, 682 gr. 

35 4 » 

s'enfonce s'enfonce surnage 

dans l'eau dans l'eau 

624 gr. 571 gr. 673 gr. 

6 5 9 

s'enfonce s'enfonce surnage 

dans l'eau dans l'eau 

607 gr. 560 gr. 626 gr. 

17 14- 47 

s'enfonce s'enfonce surnage 

dans l'eau dans l'eau malade 

morte 



56 i gr. 
43 


552 gr. 

8 


surnage 
malade 
sacrifiée 
101 gr. 


surnage 

malade 

sacrifiée 

28 gr. 



Ces dernières observations, que nous comptions multiplier, ne 
peuvent donner lieu à aucune conclusion. L'étude de notre 
tableau V montre, en effet, que des maladies venaient modifier les 
conditions physiologiques de certains individus; ces maladies se 
traduisaient extérieurement par la présence de sérosités purulentes 
^'écoulant des narines et tenant collées Tune à l'autre les paupières 
de chaque œil. 

Des conclusions plus fermes peuvent être tirées de Tétude com- 
parative du poids des mêmes organes internes chez les mâles et 
chez les femelles, étude dont nous avons fourni les détails dans les 
Tableaux I et H. 

Nous noterons d'abord que le poids total du foie est plus grand 
chez les femelles que chez les mâles et, cela, tant au point de vue 
relatif qu'au point de vue absolu ; la moyenne du poids absolu du 



XLviii NOTES ET REVUE 

foie chez les femelles est de 25gr, 17 alors qu'il est seulement de 
21gr,83 chez les mâles ; les poids relatifs sont respectivement de 1/27 
pour les femelles et de 1/28 pour les mâles. De même, le poids 
moyen des ovaires, chargés d'ovules, est de 43 grammes alors qu'il 
est seulement de 3&r,4o pour les testicules et les épididymes gorgés 
de sperme. Par contre, les reins paraissent un peu plus lourds chez 
les mâles ; leur poids moyen est ici de 3gr,66, ce qui représente la 
cent soixante-septième partie du poids total du corps; chez les 
femelles, le poids moyen des reins est 36r,76 qui représentent seu- 
lement la cent quatre-vingt-deuxième partie du poids du corps. 

Ces différences correspondent sans doute à des différences dans 
la nutrition des mâles et des femelles. Et en effet, une simple dis- 
section nous a montré que les mâles fabriquent ou conservent plus 
de pigments jaunes (lipochromes) et de mélanine que les femelles. 
Chez celles-ci, nous n'avons trouvé que les capsules surrénales, les 
ovaires et les ovules qui soient cjolorés en jaune vermillon ou chrome 
foncé ; chez les mâles nous avons trouvé la même coloration dans 
les capsules surrénales, dansiez testicules (mais non dans le sperme 
qui est blanc), dans la graisse du corps et dans la partie médul- 
laire de certains os, tels que les ceintures scapulaire et pelvienne, 
le fémur, etc. 

De plus, les tissus des épididymes et parfois aussi le péritoine 
environnant étaient colorés intensivement en noir. 

Une particularité des plus frappantes qui nous a permis de dis- 
tinguer les femelles des mâles de notre premier lot est la pro- 
priété que présentaient les premières de surnager quand on les 
jetait dans un baquet plein d'eau, alors que les seconds allaient 
immédiatement et restaient au fond. Nous avons répété cette expé- 
rience un très grand nombre de fois, non seulement au mois de 
Juillet dernier, mais encore pendant toute l'année, pour les tortues 
de notre premier lot que nous avons conservées vivantes (N"* 4, 6, 
19, 22). Toujours nous avons obtenu les mêmes résultats : les 
femelles surnageaient, les mâles allaient au fond. 

Nous n'avons pas obtenu la même constance, dans ces résultats, 
avec les tortues de notre second lot (tabl. III et V); ici les mâles sur- 
nageadent autant que les femelles. D'un autre côté les mâles n°* 19 
et 22 de notre premier lot, étant devenus malades à la fin de leur 
séjour dans notre laboratoire, se mirent à surnager alors qu'ils 
allaient toujours au fond, auparavant. 



NOTES ET REVUE xux 

Quoiqu'il en soit, les résultats positifs que nous avons obtenus, 
avec les vingt-quatre Tortues de notre premier lot, sont tels qu'on 
doit considérer la dififérence de densité totale du corps comme un 
phénomène diflérentiel des sexes chez la Tortue mauresque, phéno- 
mène se produisant seulement à certains moments de la vie. 

>'ous avions pensé d'abord que la cause qui faisait flotter les 
femelles était due à la présence, dans leurs ovaires, d'un certain 
nombre d'ovules chargés de matières grasses. Une étude plus atten- 
tive nous a montré que ce n'était pas là la véritable cause ; il nous 
suffisait en effet, de crever les poumons de tout individu qui surna- 
geait pour le voir tomber immédiatement au fond de l'eau. Nous 
pouvons donc dire que les femelles de notre premier lot se distin- 
guaient des mâles par la présence d'une plus grande quantité d'air 
résiduel dans leurs poumons. 

Il serait évidemment des plus intéressants de tâcher de mettre en 
évidence les conditions d'âge, de santé ou de milieu qui président 
aux variations de ce caractère distinctif, variations que nous 
n'avons pu que constater ici. Nous laissons le soin de ce travail à 
ceux qui sont plus fortunés que nous, dans l'installation de leurs 
laboratoires. 

CONCLUSIONS 

En résumé, de nombreux caractères morphologiques et "physio- 
logiques permettent de distinguer les sexes l'un de l'autre, dans la 
Tortue mauresque. 

Parmi les caractères sexuels secondaires [caractères morpholo- 
giques) ceux qui permettent de distinguer immédiatement et 
sûrement la Tortue mauresque mâle de la Tortue femelle sont: 

1'^ Une écaille sus-caudale plus grande, bombée et recourbée en 
crochet vers la queue ; 

2° La queue plus grande et plus forte ; 

3° Le plastron sternal plus largement échancré en arrière ; 

4° Un plus grand espace entre la carapace et le plastron en arrière. 

La concavité du plastron, qui est donnée comme un caractère 
sexuel secondaire du mâle, par les auteurs, est un caractère très 
souvent difficile à apprécier et n'est pas, du reste, absolument parr 
ticulier aux mâles. 

Il en est de même pour la mobilité de la pointe du plastron , cette 



L NOTES ET REVUE 

mobilité est toujours très grande chez les femelles, mais elle peut 
l'être également chez les mâles. 

Notre étude nous a montré que les caractères morphologiques qui 
permettent de distinguer les sexes des Tortues sont accompagné 
de différences aussi grandes que nous avons constatées dans les 
caractères physiologiques de ces animaux. Nous noterons ici, en par- 
ticulier : 

La plus grande quantité de pigments formés dans divers organes 
des mâles. 

La moindre quantité d'air résiduel contenue dans leurs poumons. 

Leurs reins un peu plus lourds. 

Leur foie et surtout leurs glandes génitales moins développés. 



Paru le 20 Février 1907. 



Les directeurs : 
G. Phuvot et E.-G. Racovitza. 



Eug. MOFIEU, Imp.-Gniv^ 140, Boul. Raspail. Puis (6)— Tclcphone : 704 - 75 



MUSÉUM NATIONAL D'HISTOIRE NATURELLE 

PARIS 



SOUSCRIPTION UNIVERSELLE 

POUR ÉLEVER UN MONUMENT 

A LAMARCK 



Les Professeurs du Muséum national d'Histoire naturelle de Paris, 
désireux de rendre un hommage solennel à leur illustre prédé- 
cesseur, le naturaliste philosophe LAMARCK, prennent l'initiative 
d'une souscription internationale afin de lui élever une statue dans 
le jardin des Plantes. 

Ils vous demandent de prendre part à cette manifestation 
scientifique qui a pour but de rendre une tardive justice à l'im- 
mortel auteur de la Philosophie zoologique, au savant qui, en 
Zoologie, en Botanique, en Géologie, en Météorologie, fut un pré- 
curseur génial, au grand penseur dont les conceptions sont la base 
des idées modernes sur l'évolution du Monde organisé. 

Si vous consentez à participer à leur œuvre, veuillez adresser 
votre souscj-iption soit à M. Joubin, professeur au Muséum d'Histoire 
naturelle, à Paris, soit à l'un des correspondants inscrits sur la liste 
ci-jointe. 



Die Professoren am National-Muséum fur Naturkunde in Paris, 
hegen den Wunsch, in ehrfurchtsvoller Huldigung ihrem beruhmten 
Vorgânger, dem Philosophen und Nàturforscher LAMARCK, diesem 
ein Denkmal im « Jardin des Plantes i> zu errichten, und laden dafur 
zu einer internationalen Subscription ein. 

Wir bitten Sie hoflichst, unser Yorhaben zu unterstutzen, durch 
welches, wenn auch spât, der Dank zum Ausdruck kommen soll, 
den die wissenschaftliche Welt dem unsterbiichen Verfasser der 
« Philosophie zoologique » schuldet, dem grossen Gelehrten, der in 
der Zoologie, der Botanik, der Géologie und Météorologie, ein 
genialer Forscher war, dem tiefen Denker, dessen Ideen ein 



Grundpfeilar der modernen Lehre von der Entstehung der Leben- 
wesen geworden sind. 

Falls Sic çeneigtsind, an unseremWerke Theilzu nehmen, bitten 
wir Sie hierdurch, Ihren Beitrag gutigst an Professer Jouum 
(Muséum d'Histoire naturelle, Paris) oder an einen der Ilerrn 
einsenden zu wollen, deren Namen Sie in beigefûgter Liste ver- 
zeichnet finden, 



The Professors of the National Muséum of Natural History of 
Paris wishjng ta p^y a worthy tribute to the memory of their illus- 
trions predecessQr, the philosopher and naturalist LAMARCK, take 
the initiative in opening an international subscription in order to 
erect his statue in the « Jardin des Plantes ». 

You are invited to ty,ke part in this scientifîc manifestation, the 
aim of which is to repder tardy homage to the celebrated author of 
the « Philosophie zoologique », to thn scholar who in Zoology, 
Botany, Geology and Meteorology, was the learned precursor, to the 
great scientist whose conceptions hâve formed the base of modem 
thought on the évolution of ail aniniated nature. 

If you désire to participate in this work, be so kiud as to send 
your subscription either to Professer Joubin (Muséum d'Histoire 
naturelle, Paris) or to one of the subscribers mentioned in the list 
enclosed. 

Les Pi'ofesseurs du Muséum nalianal d'tiisloire naturelle : 

Ed. 'PerrieRj divictew ; L. Vaillant, assesseur ; A. Mangin, 
secrétaire ; Arnaud ; H. Becquerel ; Boule ; Bouvier ; 
Bureau , professeur honoraire ; Ghauveau ; Costantin ; 
Gaudry, professeur honoraire ; Gréhant ; Hamy ; Joubin ; 
Lacroix; Lecomte ; Maquenne; S. Meunier; Van Tieghem ; 
Tkouessart. 



ARCHIVES 



ZOOLOGIE EXPÉRIMENTALE ET GÉNÉRALE 

FONDÉES PAR 

H. DE LAGAZE-DUTHIERS 

PUBLIÉES SOUS LA DIRECTION DE 

G. PRUVOT ET E. G. RACOVITZA 

Chargé de Cours à la Sorbonne , Docteur es sciences 

Directeur du Laboratoire Arago Sous-Directeur du Laboratoire Arago 



4' Série, T. VI. NOTES ET REVUE 1907. N" 3 



VII 
CHARLES MARTY 

par Yves Delage 
Membre de l'Institut, Professeur à la Sorbonne. 

II pourra sembler étrange à quelques personnes que l'on consacre 
dans un journal scientifique un article nécrologique à un homme 
dont la condition sociale, n'étgiit pas très supérieure à celle d'un 
garçon de laboratoire. 

Ceux qui ont vu Ch. Marty à l'œuvre à la station de RoscofiF, ne 
fût-ce que pendant quelques semaines, trouveront la chose naturelle; 
à ceux qui l'ont suivi pendant sa longue carrière elle apparaîtra 
comme une dette de reconnaissance qu'il eût été injuste de ne pas 
acquitter. 

Ch. Marty était né à Nantes en 1851, dans une humble famille de 
jardiniers. Il aimait les plantes, mais il préférait la mer et partit 
comme mousse à bord d'un navire au long cours. Il était simple 
matelot quand il fut pris pour le service. 

Là le hasard des circonstances le fit se rencontrer sur le Narval^ 

ARGB. PB ZOOL. BXP. ET OÉN. — 4* SÉRIE. — T. VI. G 



Grundpfeilar der modernen Lehre von der Entstehung der Leben- 
wesen geworden sind. 

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Paris wislijng to pîjiy a worthy tribute to the memory of their illus- 
trious predecessor, the philosopher and naturalist LAMARCK, take 
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erect his statue in the « Jardin des Plantes ». 

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ZOOLOGIE EXPÉRIMENTALE ET GÉNÉRALE 

FONDÉES PAR 

H. DE LAGAZE-DUTHIERS 

PUBLIÉES SOUS LA DIRECTION DE 

G. PRUVOT ET E. G. RACOVITZA 

Chargé de Cours à la Sorbonne Docteur es sciences 

Directeur du Laboratoire Arago Sous-Directeur du Laboratoire Arago 



4" Série, T. VI. NOTES ET REVUE W07. N" 3 



VII 
CHARLES MARTY 

par Yves Delage 
Membre de l'Institut, Professeur à la Sorbonne. 

Il pourra sembler étrange à quelques personnes que l'on consacre 
dans un journal scientifique un article nécrologique à un homme 
dont la condition sociale, n'étgiit pas très supérieure à celle d'un 
garçon de laboratoire. 

Ceux qui ont vu Ch. Marty à l'œuvre à la station de Roscoff, ne 
fût-ce que pendant quelques semaines> trouveront la chose naturelle; 
à ceux qui l'ont suivi pendant sa longue carrière elle apparaîtra 
comme une dette de reconnaissance qu'il eût été injuste de ne pas 
acquitter. 

Ch. Marty était né à Nantes en 1851, dans une humble famille de 
jardiniers. Il aimait les plantes, mais il préférait la mer et partit 
comme mousse à bord d'un navire au long cours. Il était simple 
matelot quand il fut pris pour le service. 

Là le hasard des circonstances le fît se rencontrer sur le Narval^ 

ARCB< PB ZOOL. BXP. ET OÉN. — 4* SÉRIB. — T- VI. G 



LU NOTES ET REVUE 

commandé par l'amiral Mouchez et chargé d'un service hydrogra- 
phique sur les côtes d'Afrique, avec H. de Lacaze-Duthiers, en mis- 
sion d'exploration zoologique. 

Un jour, en 1873, une aussière pendant le long du bord s'entor- 
tilla autour de Farbre de Fhélice dont elle contraria la rotation sans 
l'arrêter tout à fait. L'amiral fît appel aux hommes de bonne 
volonté. La mission était difficile et périlleuse : Marty s'offrit. Il 
plongea et dégagea l'aussière au risque de se faire broyer par l'hé- 
lice. 

Cet acte d'adresse et d'intrépidité attira sur lui l'attention de ses 
chefs et celle de Lacaze-Duthiers. Aussi, lorsque le navire fut 
arrivé à destination, celui-ci devant se servir, pour explorer la côte, 
de la chaloupe à vapeur du Narval, demanda et obtint de l'amiral 
la désignation de Marty comme patron de la chaloupe. 

Pendant toute la durée de la campagne d'exploration, Marty donna 
des preuves journalières de son dévouement et de son intelligence. 
Lacaze-Duthiers qui venait de fonder à RoscofF une station zoolo- 
gique comprit tout le parti qu'il pourrait tirer de ces qualités excep- 
tionnelles et résolut de l'attacher à la station : telle fût la cause de 
l'entrée de Gh. Marty dans sa nouvelle carrière. 

La station était à cette époque dans un état bien rudimentaire : 
une maison louée, aménagée comme une habitation bourgeoise, o\x 
pouvaient travailler 6 à 7 personnes, chacune dans sa chambre à 
coudier ; pas de salle commune; comme réservoir d'eau de mer, 
deux cuves en ciment d'une contenance d'un mètre cube environ; 
comme aquariums trois ou quatre bacs en brique avec une paroi de 
verre; comme embarcation, un petit cotre à clins de 5 mètres de 
long « le Penlacrine » et un bateau plat pour l'accostage ; pour 
tout personnel, Marty auquel on' adjoignit bientôt un matelot pour 
le service de la pompe à bras destinée à emplir les cuves et pour 
l'aider dans la conduite du bateau. Mais, au pied de cette installation 
médiocre, une grève si admirable au point de vue de la richesse et 
de la variété de la faune, qu'il n'en est guère dans aucun pays qui 
puisse lui être comparée. 

Là, Marty, s'éprit d'un bel amour pour ces bestioles étranges 
que son maître lui apprenait à cherclier, dont il lui disait les noms 
et lui faisait observer les mœurs. Doué d'une intelligence peu 
commune, d'un esprit d'observation très fin, dévoué à sa tâche par 
tempérament et à son maître par reconnaissance, il devient l'auxi- 



I 



NOTES ET REVUE un 

liaire indispensable de ce dernier et bientôt celui de tous les travail- 
leurs de la station. 

Cette côte bretonne est une des plus périlleuses qui soit au monde, 
par ses récifs innombrables, dont la hauteur et la forme apparente 
varient à chaque instant avec le niveau de la marée, et par ses cou- 
rants dont la direction et la force changent à toutes les phases du 
jusant et du flot. On estime qu'il faut être né dans le pays et avoir 
fréquenté ces dangers dès l'enfance pour qu'ils vous soient entiè- 
rement familiers. Marty fit exception à cette règle et en peu d'années 
devient aussi expert que les pilotes du pays. 

En peu d'années, il arriva à connaître, mieux que son maître et que 
pas un de nous, les grottes sous-marines où l'on s'insinue avec 
peine aux basses mers des grandes marées, avec tous les détails de 
la faune étincelante qui tapisse leurs parois, les retraites des formes 
les plus diverses, dessous des pierres, touffes de goémons, tiges 
creuses de laminaires, plages de sable ou de vase, où parfois les 
gisements sont limités à des places précises que rien ne distingue 
en apparence ; et il connaissait non moins bien la faune des régions 
inaccessibles à l'œil et -à la main, où la drague, le faubert et le 
chalut, recueillent au hasard ce qui se rencontre sur leur passage. 

Ce n'est pas seulement pour la recherche des animaux nécessaires 
aux études que Marty se montra l'homme utile sur qui l'on peut 
compter. Au fur et à mesure que la station se développait pour 
devenir ce qu'elle est aujourd'liui, les fonctions nouvelles néces- 
sitant des aptitudes nouvelles se multiplièrent : Marty se montra à la 
hauteur de toutes les tâches. Quand la pompe à bras fut rem- 
placée par une pompe à vapeur, puis à pétrole, Marty devint le 
mécanicien de chacune d'elles, quand le bateau à voile fut remplacé 
par un bateau automobile, Marty en devient le machiniste tout en 
restant le pilote. 

Dans les premières années, l'hiver, où le laboratoire est vide de 
travailleurs, était pour lui une saison de repos. Mais quand furent 
organisés les envois aux Universités pour les manipulations des 
étudiants et aux travailleurs pour leurs recherches originales, une 
nouvelle fonction vint s'ajouter aux autres. Chaque mois affluaient 
des listes d'animaux à expédier, tantôt communs, tantôt rares, 
tantôt vivants, tantôt préparés suivant une technique parfois fort 
compliquée, souvent dans telle 'ou telle condition requise, plus 
ou moins aisée à discerner, d'âge, d'état' sexuel, de bourgeonne- 



Liv NOTES ET REVUE 

ment, etc., toujours désignés par leur nomenclature de genre et 
d'espèce; et, au jour dit, l'envoi arrivait, dépassant les espérances, 
tant étaient réalisées avec intelligence les conditions délicates que 
Ton avait réclamées. 

Sa haute intelligence, son cœur dévoué, lui avaient inspiré une 
noble ambition : il ne voulut pas être le serviteur des travailleurs du 
Laboratoire, mais leur collaborateur, et il y réussit. Durant plus de 
trente années qu'il y passa il ne se fit pas à la station un travail 
zoologique ou biologique de quelque importance auquel il ne mit la 
main. 

Pour trouver les formes rares, dépister les stades larvaires 
fugaces, deviner les conditions d'élevage, de fixation, de reproduc- 
tion, de bourgeonnement, sa perspicacité avait la sûreté d'un ins- 
tinct, lî avait ce quelque chose qui ne s'acquiert pas et que les 
naturalistes appellent le sens de l'espèce. 11 triait sans hésitation les 
échantillons de formes semblables que nous ne distinguions souvent 
qu'après une laborieuse détermination de caractères, et s'il y avait 
discussion, son avis finalement se trouvait être le bon. 

Il se mêlait à nos travaux, il se tenait au courant du succès de 
nos recherches, aimait à voir les préparations microscopiques, et 
plus d'une fois nous avons tiré profit de ses observations judi- 
cieuses. 

Si les circonstances, au début, avaient fait de Marty, non un 
matelot mais un étudiant, il compterait aujourd'hui parmi les natu- 
ralistes qui font le plus honneur à la science et à leur pays. 

Cette participation continuelle aux travaux de tous a été reconnue . 
par ceux qui en ont usé. Elle se trouve inscrite dans toutes les lan- 
gues, dans les périodiques où ces travaux ont été publiés ; elle a été 
sanctionnée par la dédicace de plusieurs espèces nouvelles ayant 
pour nom spécifique Marlyi, et s'il n'existe qu'un genre Marty a c'est 
que les règles de la nomenclature s'opposent à ce qu'un nom géné- 
rique soit donné deux fois. 

J'extrais d'une lettre de condoléances d'un de nos plus distingués 
naturalistes, le professeur Francotte, de Bruxelles, les passages sui- 
vants : « A plusieurs reprises j'ai eu l'occasion d'entendre les 
« remarques qu'il faisait, lorsqu'il nous accompagnait à la grève, 
« sur l'habitat, les mœurs et parfois même la psychologie des orga- 
« nismes que nous cherchions ; je i'écoutais avec un plaisir extrême 
« tellement tout ce qu'il disait était juste, précis', original... Il y 

r 



NOTES ET REVUE lv 

« aurait eu grand intérêt à ce qu'il eût écrit, à sa façon, toutes les 
« observations qu'il avait faites. Ce livre aurait eu certainement une 
(( réelle valeur et eut été de la plus haute utilité pour ceux qui veu- 
« lent s'initier aux choses de la mer. » 

Sa complaisance, son adresse, la sûreté de ses avis étaient telles 
qu'à chaque minute on avait recours à lui. Qu'il fallut se procurer 
des animaux rares, réparer un instrument délicat, imaginer une 
installation nouvelle, faire face à une difficulté imprévue de quel- 
que nature qu'elle fût, toujours on concluait : demandons à Marty. 
On l'appelait de tout côtés et, malgré son activité incessante, il lui 
eût fallu se dédoubler bien des fois pour satisfaire à tous. 

Il avait une noble conception de ses devoirs. Mais il faut bien 
comprendre que s'il accomplissait toutes ces tâches ce n'était pas 
par devoir, mais par amour pour le travail, pour la recherche, pour 
la science. Ce qu'on fait par devoir finit par lasser; ce qu'on fait par 
amour ne lasse jamais : là était le secret de son activité inépuisable. 

Dire qu'il était la cheville ouvrière du Laboratoire serait trop peu: 
il en était l'âme. 

Nombreux sont les exemples de gens partis d'aussi bas et arrivés 
bien plus haut. Mais d'ordinaire d'heureuses fortunes ont eu une 
grande part à leur élévation. Marty, au contraire, ne doit rien qu"à 
lui-même et n'a jamais été récompensé à l'égal de son mérite. 

Il est mort Surveillant général du Laboratoire de Roscoff, aux 
appointements de 2.000 francs et Officier de l'Instruction Publique. 
C'est peu pour s'être montré pendant plus de trente années, partout 
et toujours supérieur à ce qu'on pouvait attendre de lui. Mais ce qui 
est beaucoup c'est, par sa haute valeur intellectuelle et morale, 
d'avoir conquis un rang bien supérieur à sa condition matérielle et 
d'emporter en mourant l'estime, la reconnaissance et le regret de 
tant de savants de tous les pays qui avaient recours à son aide et le 
traitaient comme un égal, mieux encore, comme un ami. 



Lvi NOTES ET REVUE 

VIII 

NÉPHROCYTES ET NÊPHRO-PHAGOCYTES DES CAPRELLIDES 

par L. Bruntz, 
Chargé du Cours de Zoologie à l'Ecole supérieure de. Pharmacie de Nancy. 

Si on injecte du carminate d'ammoniaque dans la cavité générale 
des Amphipodes, par exemple des Talitres, Gammarus et autres 
Crevettines (Gammarides), on sait (Bruntz, 1903) que cette solution 
s'élimine, non seulement par les saccules des reins antennaires, 
mais aussi par des cellules conjonctives fixes et closes : néphrocytes. 
On constate le même fait chez Protella phasma S. Bâte, que je 
choisis, à cause de sa grande taille, comme type de Caprellides. 

Dans ces deux groupes d'Amphipodes, les néphrocytes sont réunis 
en amas symétriquement disposés dans la tête et dans le corps. Dans 
un travail antérieur,' j'ai cherché à homologuer les amas néphrocy- 
taires des deux groupes, mais sans documents suffisants ; de 
récentes expériences me permettent de compléter et de préciser nos 
connaissances à ce sujet. 

I. — Description. 

Chez les Crevettines, il existe des amas de néphrocytes céphali- 
ques, thoraciques et abdominaux ; chez la Protelle, on retrouve 
aussi des amas de néphrocytes céphaliques et thoraciques, mais 
l'abdomen très réduit ne renferme pas de semblables éléments 
excréteurs. 

Néphrocytes céphaliques. — Les Crevettines possèdent une paire 
d'amas de néphrocytes céphaliques entourant la base des muscles 
extenseurs des premières antennes. 

Chez la Protelle, il existe trois paires d'amas de néphrocytes 
céphaliques. La première paire se trouve disposée à la base des 
premières antennes, bordant les nerfs qui se rendent à ces appen- 
dices. La deuxième paire est placée à la région dorsale de la 
partie postérieure de la tête, sous l'épine qui orne, en cet endroit, 
la tête de la Protelle ; les cellules constitutives sont attachées aux 
faisceaux musculaires des maxilles, ainsi qu'à l'aorte. La troisième 
paire, située à la face ventrale de la tête, s'étend transversalement 



NOTES ET REVUE tvii 

de la base des deuxièmes antennes à la base des pattes-mâchoires. 
Ces amas dé la dernière paire sont plus ou moins séparés, dans leur 
région médiane, par les muscles des maxilles. Au-dessus, les 
cellules sont accolées aux muscles antennaires, au-dessous, aux 
muscles des pattes-mâchoires. Les néphrocytes sont, de plus, en 
contact avec les masses nerveuses et l'estomac. 

Néphrocytes thoraciques. — Ces néphrocytes (appelés aussi bran- 
chiaux par raison d'analogie, car chez tous les Crustacés, ils se 
trouvent sur le trajet du sang revenant des branchies ou autres 
appendices respiratoires) sont disposés, chez les Cr^vettines à la 
base de chacun des anneaux ainsi que dans l'article basai des pattes. 
11 existe donc sept paires d'amas de ces néphrocytes, qui forment un 
revêtement interne et incomplet aux vaisseaux péricaydiques. 

Chez les Caprellides, les néphrocytes branchiaux sé'trouvent dis- 
posés à la partie ventrale des anneaux, dans la région d'attache des 
appendices correspondants. .11 n'existe que six paires d'amas de ces 
néphrocytes, lesquels sont accolés aux ganglions nerveux ou à des 
muscles avoisinants. Dans les troisième et quatrième anneaux, des 
néphrocytes sont encore portés sur des fibrilles, qui relient les par- 
ties latérales du septum péricardique à la face ventrale. 

Néphrocytes abdominaux. — Ces derniers n'existent que chez les 
Amphipodes normaux, lesquels possèdent un abdomen formé typi- 
quement de six anneaux. Les amas de néphrocytes plus réduits que 
ceux du thorax, forment, comme dans cette partie du corps, un 
revêtement aux canaux péricardiques, mais les amas postérieurs 
peuvent ne pas exister ou se trouver réunis de telle sorte qu'il n'en 
existe, par exemple, que cinq paires chez lé Gammarus et quatre 
chez le Talitre. 

Néphro-phagocytes péricardiques. — J'ai montré que chez les 
Amphipodes normaux, il existe des cellules qui possèdent la double 
propriété d'éliminer les substances dissoutes et de phagocyter les 
particules solides injectées. En raison de cette double fonction, je 
propose d'appeler ces éléments : des néphro-phagocytes. Ces cellules 
sont placées dans le sinus péricardique, accolées aux faces externe 
et interne du cœur ainsi qu'aux fibrilles de soutien de cet organe. 

Récemment, à la station maritime de Roscoff, j'ai retrouvé chez 
Protella phasma S. Bâte, les mêmes néphro-phagocytes, dont l'exis- 
tence était* jusqu'alors inconnue. Ces éléments sont de petites 
cellules (d'environ 12 p de diamètre) difficiles à apercevoir quand 



Lviii NOTES ET REVUE 

on n'utilise pas la méthode des injections physiologiques. Ces cel- 
lules éliminent le carrainate d'ammoniaque et capturent les parti- 
cules d'encre de Chine. Grâce à la transparence des téguments on 
peut, comme sur des coupes, reconnaître que ces cellules s'étendent 
dans toute la longueur du thorax oîi elles forment un revêtement à 
la face externe du cœur. Il en existe aussi, dans le voisinage du 
cœur, sur le septum péricardique. Dans les troisième et quatrième 
anneaux, le péricarde descend latéralement pour s'attacher à la base 
des sacs branchiaux; dans cette région, la meùibrane péricardique 
supporte de nombreux néphro-phagocytes ; il en existe aussi sur les 
fibres de soutien, auxquelles sont déjà accolés de vrais néphrocytes. 
Ces cellules et les globules sanguins son t les seuls éléments chargés 
de la phagocytose, les Caprellides ne possèdent pas d'organe phago- 
cytaire analogue à celui des Crevettines. 

II. — Homologie entre les néphrocytes et les néphro-phagocytes 
des Crevettines et des Caprellides. 

En raison de leur physiologie bien spéciale et de leur même dis- 
position, il est évident que les néphro-phagocytes péricardiques de 
ces deux groupes sont homologues. Il en est de même des néphro- 
cytes branchiaux qui, chez les Crevettines comme chez les Caprel- 
lides, se rencontrent dans chaque anneau, à la base des appendices 
correspondants, sur le trajet du sang retournant au cœur par l'in- 
termédiaire du péricarde. 

Mais comment homologuer l'unique paire d'amas de néphrocytes 
céphaliques des Crevettines avec les trois paires d'amas des Caprel- 
lides? 

Bien que n'affectant pas exactement la même disposition, la 
situation analogue des amas néphrocytaires placés, dans les deux 
groupes, à la base des antennes de la première paire, indique clai- 
rement que ces amas sont homologues. Ils ne correspondent pas, 
comme je l'avais supposé, aux « Frontaldriisen » de Mayer (1882). 

Les néphrocytes péribuccaux semblent, au premier abord, parti- 
culiers aux Caprellides, cependant si on remarque qu'il existe une 
paire d'amas dans chaque anneau thoracique, et que chez la Protelle, 
le premier anneau thoracique est soudé à la tête, on peut penser que 
les néphrocytes péribuccaux correspondent aux néphrocytes bran- 
chiaux du premier anneau des Crevettines. 



NOTES ET UEVUE ux 

Quant aux amas de néptirocytes disposés, chez la Protell^?, sous 
l'épine dorsale céphalique, j'avais autrefois pensé qu'ils représen- 
taient l'amas des néphro-phagocytes péricardiques des Crevettines, 
lequel se serait trouvé reporté dans In région antérieure du eorps, 
concentréautourdel'aorte.OrJl n'en est rien, puisque dans les deux 
groupes d'Amphipodes étudiés, les néphro-phagocytes sont localisés 
dans le sinus péricardique. Il semble donc bien que ces derniers 
amas de néphrocytes soient spéciaux aux Caprellides, s'ils ne le sont 
pas seulement à l'espèce que j'ai étudiée. 

(Lahoratoire d'Histoire naturelle de l'Ecole de i'har.nacie 
le 8 novembre 1906). 



IX 

SUR QUELQUES NOUVELLES ESPÈCES DES NÉMERTES 
DE ROSCOFF'. 

par MlECZYSLAW OXNEH 

l. —. 4mphipor'is Martyi n. spec. 

Au cours (j:ê mes rechèrcltes sur la régénération chez les Némertes 
que j'ai i>oursu!vies au Laboratoire Lacaze-Duthiers, à Roscoff, j'eus 
l'occasion de trouver quelques espèces nouvelles de Métanémertes. 
Je voudrais d'abord signaler ici une espèce d'Amphiporus que j'ai 
nommée Amphiporus Martyi en hommage à la mémoire de 
Charles Marty, le regretté surveillant du Laboratoire, qui, pendant 
plus de trente années, a mis, sans compter, au service de tous les 
travailleurs son zèle infatigable, son savoir et son intelligence. 

A RoscofF on trouve V Amphiporus Martyi seulement dans le voi-. 
sinage du Laboratoire, en face de l'Hôte! des Bains de Mer sur une 
étendue très limitée. I^ans-cet endroit A. Martyi y\i à côté de Linciis 
ruber (Muell.) sous les pierres entre les niveaux extrêmes du baïan- 
oezïient des marées. A. Martyi se distingue de Lineus ruber [ku pre- 
mier coup d'œilpar sa couleur blanche. 

L'organisation intérieure est très facile à étudier à cause de la 
grande transparence de l'animal. Nous constatons d'abord les carac- 

' Travail du Laboratoire de Zoologie de la Sorbonne. 



Lx MUTES ET REVUE 

tères suivants de Méianémerle : une trompe armée, un cœciiui, une 
bouche située devant le ganglion cérébral. La cavité de la trompe. 
se prolonge jusqu'cà l'anus ; cette particularité nous oblige à ranger 
ranimai dans la sous-famille des Ilolorynchocoelmes. Enfin lattri- 




Fig. i. 

Fio I.— D, ganglion dorsal; L, nt-rf latéral ; V, ganglion verttral ; a. yeux antérieurs; 
b, vaisseau céphalique ; 0', vaisseau latéral ; c, organe cérébral ; d, commissure dor- 
sale ; o, ouverture commune de la bouche et de la trompe ; />, yeux postérieurs ; s, 
sillon céphalique ventral; /, sillon céphalique dorsal; v. commissure ventrale; x, 
petits yeux. 

bution de notre espèce au genre Amphiporus est nécessitée par les 
caractè^es suivants : la présence d'im vaisseau sanguin dorsal ; le 
grand nombre des yeux ; la cavité de la trompe sans diverticules 
latéraux ; un seul stylet central. 

Comme espèce, A . Martyi se distingue par les traits suivants : la 



NOTES ET REVUE lxi 

tèie très peu élargie, spatulée, arrondie en -^vanl; elle n'a aucune 
ornementation ; elle est très peu séparée du corps: Tétranglement 
collaire est formé par les orifices des canaux cérébraux. La partie 
caudale du corps est un peu effilée. L'animal est coloré d'une façon 
très uniforme en blanç-crème, rarement d'une nuance rose-clair. 

Le ganglion cérébral apparaît déjà macrQSCopiquement comme 
une tache rouge-jaune ; sous le microscope, par transparence, la 
couleur est d'un jaune-clair; cependant chez les individus adultes 
les parties postérieures des ganglions dorsaux sont ponctuées par 
de très fins grains d'un pigment rouge-brunâtre. Les ganglions dor- 
saux sont plus petits que les ventraux (fig. 1). 

La commissure cérébrale dorsale est longue, fine, la commissure 
ventrale est courte, large, et fournit de fibres nerveuses aux troncs 
latéraux. 

Les troncs nerveux latéraiix sont très épais; ils courent très laté- 
ralement et sont dans tout leur parcours d'une couleur jaune-clair; 
leur commissure anale se trouve tout à fait près de l'anus. 

Les organes cérébraux sont grands, piriformes; ils se trouvent en 
avant du cerveau qu'ils touchent à leur partie postérieure; ils 
débouchent des deux côtés dans une profonde dépression, juste à 
l'endroit où se rencontrent les sillons céphaliques ventraux et dor- 
saux. 

Les yeux (fîg. 1) forment de chaque côté deux groupes : les 
groupes antérieurs s'étendent très latéralement, du sonmiet de la 
tète jusqu'à la proximité des sillons céphaliques; les groupes posté- 
rieurs commencent en arrière de ces sillons et s'étendent au-dessus 
des organes cérébraux jusqu'au cerveau. Les yeux sont très grands, 
bien développés et pourvus d'un calice pigmen taire bien formé, 
dont la concavité est tournée en dehors parallèlement à l'axe longi- 
tudinal du corps, ou en dehors et en avant, vers le sommet de la 
tète (seulement les groupes antérieurs). Kn plus de ces grands yeux 
pourvus d'un calice pigmenlaire bien formé on aperçoit encore en 
nombre réduit de très petits yeux dont le pigment ne forme pas un 
calice. J'ai eu l'occasion d'observer séparément pendant quelques 
semaines, plusieures échantillons de A. Martiji. Tai constatéqu'avec 
le temps ces petits yeux, se transforment en grands avec im calice 
pigmentaire bien développé, ou ils disparaissent tout à fait au bout 
d'un certain temps. Je reviendrai sur cette question à une autre 
occasion. 



Lxii iNOTES ET REVUE 

Les petits yeux se trouvent presque toujours en dehors des grands; 
rarement ils sont disséniinés parmi ou derrière les grands. Les 
groupes antérieurs des yeux sont composés de 4 à 12 grands et l à 
4 petits qui se rangent de chaque côté en une ligne longitudinale ; 
les groupes postérieurs comptent 2 à8 grands et 1 à 6 petits yeux 
qui forment de chaque c(Hé un amas sans forme bien définie. Le 
nombre total des yeux varie entre 8 et 24; le plus souvent on en 
trouve 14 à 18. Chez les individus adultes les yeux sont plus nom- 
breux que chez les jeunes. 




Fig. 2. 

FiG. 2. — A, (luclics des stylets accessoires ; /î, réservoir à venin ; C, canal éjaculatcur 
du venin ; li, stylets accessoires ; 1, % 3, lame collerette et socle du stylet central. 

Les sillons céphaliques (fig. 1) dorsaux courent parallèlement à 
Taxe transversal du corps; du côté ventral les sillons se dirigent 
d'abord obliquement en avant vers la ligne médiane Jusqu'à la bail- 
leur du groupe antérieur des yeux et reviennent de là en arrière. 
Ni les sillons dorsaux ni les ventraux ne se rencontrent sur la ligne 
médiane du corps. 

La glande céphalique n'est pas visible sur l'animal vivant. Néan- 
moins sur les coupes on peut constater qu'elle est bien développée. 

L'appareil circulatoire ne présente aucune particularité. L'anse 



NOTES ET REVUE Lxin 

anale ne dépasse pas la commissure d,es troncs nerveux latéraux. 
Le sang est incolore. Les culs-de-sac intestinaux sont médiocrement 
ramifiés. L'anus est terminal et légèrement dorsal. L'orifice de la 
trompe et celui de la bouche se confondent en un court vestibule 
(fig. 1), dont l'ouverture est sensiblement terminale. 

La trompe est très large. La figure 2 nous reproduit la forme et les 
dimensions relatives des diverses parties de l'appareil stylifère. Les 
poches de stylets accessoires sont au nombre de 2 (très rarement 3) 
dont chacune contient 3 (très rarement 4 à 6) stylets de réserve. Le 
stylet central est un peu plus long que son socle. Le réservoir à 
venin est court et en forme d'oignon. La trompe est pourvue de 11 
(rarement 10) nerfs. 

Les poches des glandes génitales n'alternent pas régulièrement 
avec les culs-de-sac intestinaux; dans le même pseudométamère se 
trouvent souvent plusieurs poches génitales. La maturité sexuelle 
se produit dans les mois de Septembre-Octobre. Les échantillons 
gonflés des œufs et vivants dans l'aquarium du Laboratoire de 
Zoologie de la Sorbonne, pondaient dans les mois de Janvier et 
Février. La ponte forme de longs cordons composés d'une mucosité 
opaque renfermant de nombreux œufs. Les œufs sont distribués 
dans ces cordons pêle-mêle, et non comme chez Linem ruber, par 
exemple, chez lequel ils sont disposés latéralement en deux lignes 
longitudinales. La coque de l'œuf est ronde sans appendice en 
entonnoir comme en a celui de Lineus ruber. 

La longueur des animaux adultes est 10-45™°", la largeur l"". 

A. Martyi n'est pas abondant à Roscoff. 

H. — Prosorochmus Delagei n. spec. 

Aux trois^ espèces du fort intéressant genre Prosorochmus j'ajoute 
ici une quatrième, Prosorochmus Delagei. Cette espèce est assez 
rare à Roscoff ; j'en ai trouvé chaque année au maximum six échan- 
tillons, en face du Laboratoire, sous les pierres, à des époques des 
petites eaux mortes. J'ai cru d'abord avoir affaire à Prosorochmus 
Claparedii (Kef.), mais les descriptions de cette espèce donnés par 
BuRGER (1895) et par Joubin (1890), m'ont obligé à abandonner cette 
idée.wyant quelques caractères communs d'une part avec P. C/a- 
parerfii, d'autre part avec P. Korotneffi (Biirg.), P. Delagei diffère 
sur la plupart des points de ces deux espèces. 

D'abord sa forme : effilée, très peu aplatie ; la tête arrondie non 




LXiv NOTES ET REVUE 

séparée du corps, un peu plus large que celui-ci, l'extrémité posté- 
rieure sensiblement effilée mais arrondie au bout. 

Les échantillons adultes atteignent à peine 20 à 23 millimètres 
sur une largeur de 3/4 à 1. 

La coloration de P. Delagei nous montre quelques particularités. 
Vu à Toeil nu l'animal apparaît d'un rose-chair très pâle. Sous le 
microscope on voit que l'animal est incolore dans le sens strict du 
mot et la coloration est due de nombreuses petites taches luisantes, 

d'une forme définie (fig. 3). Ces 
^ ^-v'-^ taches singulières d'une nuance 

*»-'^ w-<___3 ^ /\\^ ^. jaune de chrome très brillant sont 

distribuées très régulièrement 
sur tout le corps (du côté ventral 
comme du côté dorsal, à la tête 
comme à l'extrémité postérieure) 
d'une façon uniforme ; elles sont 
Y\a 3. tantôt isolées, tantôt réunies par 

, , . . , .. , groupes (fig. 3, B); leur diamètre 

Fig. 3. — A, fi, taches luisantes du tégument ^ / ^ " \ 

de Prosorochmus Delagei. atteint 0,0036 millimètres ; on ne 

voit pas dans ces taches de grains 
de pigment auquel on pourrait attribuer la coloration si singulière 
de P. Delagei. Par coloration vitale au Neutralrot le jaune en devient 
rouge brillant. Après tout ce que je viens de dire il est évident que 
cette coloration luisante est. due, non à des grains pigmentaires, 
mais aux cellules glandulaires excessivement nombreuses dans la 
peau des Prosorochmides. 

"Chez P. Delagei il y a deux sortes de cellules glandulaires : les 
unes sont incolores et translucides, les autres ont un plasma homo- 
gène et d'une couleur jaune luisante. BOrger (1895) cite quelques 
espèces des Némertiens dont la coloration brillante est due aux 
cellules glandulaires colorées. Ce sont: Cerebratulus marginatus, 
Lineus geniculatus et gilvus, Micrura fasciolata et lactea, Amphiporus 
glandulosus. Mais c'est surtout Zmews ^îVums qui nous intéresse le 
plus parce qu'il présente les même dispositions que P. Delagei. 

Au sommet de la tête se trouve du côté dorsal un petit repli 
médian du tégument (fig. 4) qui donne à l'animal un aspect tout à 
fait particulier semblable à celui de P. Claparedii, mais du côté 
ventral l'incisure médiane est loin d'être si profonde que chez 
celui-ci. 



NOTES ET REVUE lxv 

Les sillons céphaliques sont très peu marqués et invisibles sur 
ranimai vivant ; seule une fossette ciliée située de chaque côté entre 
les yeux antérieurs et postérieurs et dans laquelle s'ouvre l'orifice 
du canal cérébral décèle l'existence de sillons céphaliques (fig. 4). 

Les yeux reportés très en arrière vers le cerveau sont toujours au 




Fig. 4. % 

FiG. 4. — A, yeux antérieurs ; B, vaisseau céphaliqiie ; B', vaisseau latéral ; C, organe 
cérébral ; D, ganglion dorsal ; i, nerf latéral ; O, ouverture commune de la bouche et 
de la trompe ; P, yeux postérieurs ; 0, glande céphalique ; /?, repli médian du tégu- 
ment ; 1 , ganglion ven'ral ; rf, commissure dorsale ; g, gaine de la trompe ; »", rhyn- 
chocoelome ; /, trompe ; m, rhynchodaeum ; v, commissure ventrale. 

nombre de quatre. La distance entre les deux yeux antérieurs (ou 
postérieurs) est égale à trois fois la distance comprise entre les 
deux paires. Chez P. Claparedii les deux yeux postérieurs sont, 
d'après Joubin (1890), moins nets que les deux yeux postérieurs. 
Chez P. Delagei les quatre yeux sont également bien développés, 
néanmoins les postérieurs sont un peu plus petits que les anté- 
rieurs. 



Lxvi NOTES ET REVUE 

Dans P. Korotneffi que j'ai eu occasion d'étudier à Villefranche- 
sur-Mer, chez plus de 35 pour 100 des individus adultes les yeux 
sont au nombre de 5 à 7. J'ajoute que ces yeux «supplémentaires» 
sont rarement bien développés ; ils sont presque toujours dépourvus 
d'un calice, comme les petits yeux de Amphipurus Marlyi ; seuls les 




Fig. 5. 

FiG. 5. — A, poches des stylets accessoires ; C, canal éjaculateur du venin ; P, chambre 
postérieure de la trompe ; R, stylets accessoires ; V, réservoir à venin ; 1, 2, 3, lame 
collerette et socle du stylet central. 

jeunes inclus encore dans le corps maternel m'ont montré parfois 
6 yeux. 

Les organes cérébraux sont assez grands, piriformes ; ils se trou- 
vent au niveau des yeux postérieurs en avant du cerveau qu'ils tou- 
chent presque. 

Le cerveau apparaît par transparence coloré en jaune-clair, tandis 
que les troncs latéraux sont blancs. Sa forme est caractéristique : il 



NOTES ET REVUE lxvu 

est très allongé, sa longueur étant du double de sa largeur (fig. 4). 
Le ganglion dorsal du cerveau est sensiblement plus petit que le 
ganglion ventral. De même la commissure ventrale trois fois plus 
large que la très longue c(wnmissure dorsale. Toutes les deux ne 
sont jamais recourbées comme chez P. Claparedii. La commissure 
anale des troncs latéraux est très près de l'anus. 

Quant à l'appareil vasculaire, il ne présente aucune particularité; 
je dirai seulement que le sang est complètement incolore. 

La bouche s'ouvre dans le rhynchodaeum, qui forme en avant 
d'elle un très court vestibule dont l'ouverture se présente comme 
une petite fente ovale, située presque à la pointe de la tête mais 
sensiblement ventrale. L'œsophage est assez long mais très étroit. 
L'intestin stomacal est relativement court. Les culs-de-sac de l'in- 
testin moyen sont courts et non ramifiés. Les culs-de-sac du cœcum 
se prolongent jusqu'au cerveau; chez P. Claparedii, ils sont au 
contraire très courts. 

La glande céphalique est énormément développée; elle descend 
jusqu'au niveau du pylore. 

Le rhynchocoele se prolonge jusqu'à l'anus. La poche postérieure 
(non dévaginable) de la trompe et le rétinacle sont relativement 
courts. On trouve deux poches de stylets accessoires ; chacune est 
pourvue de deux stylets de réserve (fig. 5). Le stylet central est plus 
court que son socle ; la collerette à la base du stylet est simple, 
comme la tête d'une épingle. Chez P. Claparedii cette collerette est 
divisée en cinq lobes par des sillons. 

La forme et les dimensions du socle peuvent subir de nombreuses 
variations. Cette variation est un trait caractéristique pour 
P. Delagei. La figure 6 et le tableau I, nous en montrent quelques 
types. 



NOTES ET REVUE 







TABLEAU I 






DIMENSIONS 




I 


II 


III 


Stylet A 


22 


u 


9 


» B 


30 


m 


10 


» C 


IG 


20 


7 


» b 


12 


19 


6 


» E 


20 


23 


7 



12 

18 

9 

9 

6 

Les chiffres indiquent les dimensions relatives des différente» 
parties des stylets marquées sur la figure 6. L'unité est la division 



IV 

9 
15 

6 

8 




Fig. 6. 

du micromètre oculaire Zeiss 3, obj. DD, c'est-à-dire ^=: 0,0036 
millimètres. 

Néanmoins j'ai pu constater que la forme du socle chez P. Delagei 
est toujours différente de ce qui existe chez P. Claparedii et P, Korot- 



NOTES ET REVUE lxix 

neffi. On n'a qu'à comparer la figure 6 avec les figures données par 
BuRGER (1895, Taf. 9, fig. 9, 11). D'après lui le socle chez P. Cla- 
paredii est toujours conique non arrondi à la base ; chez P. Korot- 
neffi il se distingue par un étranglement constant à la moitié de sa 
hauteur; sa base est toujours plus large que la partie antérieure sur 
laquelle repose la collerette du stylet* 

Il nous reste à ajouter quelques mots sur l'appareil génital, 
P. ûelagei est vivipare et hermaphrodite. J'ai rencontré à Roscoff 
en Août-Septembre les animaux en pleine reproduction. Dans le 
même animal j'ai toujours trouvé des jeunes sur le point de quitter 
le corps maternel et des œufs à peine fécondés. Les produits géni- 
taux n'alternent pas régulièrement avec les culs-de-sac intestinaux. 

Les animaux en reproduction n'ont pas de taches vertes (dues 
aux embryons qui apparaissent à travers le tégument) comme chez 
P. Claparedii. 

La coloration des jeunes est la même que celle des adultes. 

OUVRAGES CITÉS 

1890. JouBiN (L.). Recherches sur les Tiirbellariés des côtes de France 
(Némertes). Arch. de lool. Exp. 2™« série, tome VIII). 

1895. BuKGER. 0. Die Nemertinen des Golfes von Neapel und der 
angrenzenden Meeres-Abschnitte. {F. u. FI. Neap. 22 Mono- 
graphie.) 



Paru le S5 Février 1907. 



Les directeurs : 
G. Pruvot et E.-G. Ragovitza. 



Eug. MOBIEU, lœp. -Gtav., 140, Boul Kaspail. Paris (6)— Téléphone : 704 - 75 



ARCHIVES 



ZOOLOGIE EXPÉRIMENTALE ET GÉNÉRALE 

FONDÉES PAR 

H. DE LACAZE DUTHIERS 

PUBLIÉES SOUS LA DIRECTION DE 

G. PRUVOT ET E. G. RACOVITZA 

Chargé de Cours à la Sorbonne Docteur es sciences 

Directeur du Laboratoire Arago Sous-Directeur du Laboratoire Arago 

4" Série T. VI. NOTES ET REVUE W07. N" 4. 



L'AUTOTOMIE CAUDALE CHEZ QUELQUES RONGEURS 

par L. CuÉNOT 
Professeur à la Faculté des Sciences de Nancy. 

L'autotomieévasive, suivantFheureuse expression deGiARD(1887), 
est assez rare chez les Vertébrés ; on ne cite d'ordinaire, dans ce 
groupe, que l'exemple classique de la queue des Sauriens. Cepen- 
dant il en existe un second cas, très peu connu S chez quelques 
Mammifères de l'ordre des Rongeurs : là encore, l'organe autoto- 
misé est la queue, mais le processus d'évasion est tout autre que 
celui des Sauriens. Jusqu'ici le phénomène n'a été constaté avec 
certitude que chez trois espèces : une appartenant à la famille des 
Muridés, le Mulot (Mus sylvaticus L.), et deux à la famille des 
Myoxidés, le Lérot (Eliomys quercinus L.) et le Muscardin {Muscar- 
dinus avellanarius L.)^. 

* Je n'ai relevé dans la bibliographie que des remarques très incomplètes de 
Lataste (1887, 1889) et une brève indication de Frenzel (1891) concernant le Muscardin. 

* Je dois de particuliers remerciements à mon excellent ami M. Hecht, chef de 
travaux à la Faculté des Sciences, qui a bien voulu me communiquer d'intéressantes 
observations sur l»s Myoxidés, relativement à l'autotomie caudale. 

ARCH. DE ZOOL. EXP. ET (JÉN. — 4' SÉRIE. — T. VI. D 



NOTES ET REVUE 



[. — Mus syluaticus 



Quand on saisit un Mulot par la queue, presque toujours la gaîne 
cutanée de celle-ci se détache à un niveau variable (fîg. 1) et reste 
dans la main tandis que l'animal délivré s'enfuit ; la plaie ne saigne 
pour ainsi dire pas. La partie de queue mise à nu se dessèche et 
tombe deux ou trois jours après ; la queue ainsi raccourcie se cica- 
trise très rapidement à son extrémité terminale. Il est inutile de 
dire qu'il n'y a pas le moindre régénération de la partie éliminée. 

En examinant des coupes transversales de queues, les unes 
intactes (fig. %), les autres après décollement du fourreau cutané, 




Fig. 1. 

Fig. 1. — Queue de Mus sylvaiicus, après autotomie de la gaine cutanée; x 5,2 : A, 
gaine cutanée détachée; on a représenté seulement les poils attachés à l'anneau 
intéressé par la rupture; B, axe vertébral mis à nu, montrant les faisceaux tendineux 
latéraux séparés par un sillon; l'anneau cutané, qui limite la partie restée intacte, 
est dépourvu de poils. 

on se rend facilement compte du dispositif qui permet l'autotomie. 
L'axe de la queue est constitué par des vertèbres allongées, 
réduites à leur corps, revêtues de quatre faisceaux longitudinaux 
de muscles et de tendons ; les muscles sont au contact des vertèbres, 
les tendons plus en dehors. Du côté ventral, on voit une grosse 
artère caudale, accompagnée de la veine caudale, et entourée d'un 
espace lymphatique ; chacun des faisceaux renferme un nerf, très 
volumineux dans les faisceaux ventraux, plus petit dans les 
faisceaux dorsaux. Le fourreau comprend l'épiderme stratifié 
avec ses nombreux poils disposés par groupes, et une épaisse 
couche de conjonctif renfermant sur la ligne médio- dorsale 
et sur les côtés de petits nerfs et vaisseaux. Il n'y a presque 



NOTES ET REVUE 



LXXIII 



pas, iradhérence entre le fourreau et Taxe, qui ne sont guère reliés 
Tun à l'autre que par des connexions vasculaires et nerveuses, sur 
les côtés notamment (en /v, fig. 2) ; un tissu très lâche, formé de 
lamelles ou fibres conjonctives parallèles au contour axial, s'étend 
entre la couche dermique dense et les quatre faisceaux longitudi- 
naux : cette zone est très facile à rompre, et sur beaucoup découpes, 




Fig. 2. 

Pio. 2. _ Coupe transversale d'une queue intacte de Mus sylvaticus (tixation au formol 
picrique alcoolique ; x 32) : a, épidémie ; c, poils disposés par groupes et surmontés 
d'un tissu lacunaire irf, coupe de la vertèbre; /", nerfs; g, artère caudale; h, fais- 
ceaux musculaires; i, faisceaux tendineux; k, vaisseau latéral logé dans la gaine 
cutanée et donnant des rameaux à l'axe ; /, espace libre entre la gaine cutanée et l'axe. 

ayant peut-être éprouvé au cours des manipulations un retrait un 
peu plus marqué que d'ordinaire, c'est un véritable espace vide qui 
sépare le derme de la partie axiale. 

Le décollement, lors de l'autotomie, se produit naturellement à 
ce niveau ; l'axe, à surface parfaitement lisse, emporte avec lui 
l'artère et la veine caudales ; les côtés sont marqués (fig. 1), entre 



Lxxiv NOTES ET REVUE 

les faisceaux dorsal et ventral, par un sillon qui correspond à 
l'adhérence latérale avec le fourreau ; c'est surtout en ce point qu'il 
y a rupture de petits vaisseaux et nerfs. Les vaisseaux et nerfs laté- 
raux restent naturellement inclus dans la gaîne cutanée. 

D'autre part, la rupture de la gaîne cutanée se fait toujours à la 
limite d'un des anneaux cornés qui revêtent la queue, mais d'une 
façon un peu spéciale : l'anneau intéressé se dédouble dans son 
épaisseur (fig. 1, A et B) ; la moitié profonde termine la partie de 
gaîne autotomisée, c'est elle qui emporte les poils de l'anneau ; la 
moitié superficielle termine la partie de queue restée intacte. Ce 
dédoublement de l'anneau est lié à un détail de structure des poils, 
bien visible dans les coupes longitudinales (fig. 3) : la gaîne épithé- 




Fig. 3. 

FiG. 3. — Coupe longitudinale du fourreau cutané, Mus sylvaiicus, après autotomie 
((ixation au formol picrique alcoolique; x 63). La coup& entame quatre anneaux de 
la queue ; a, epideriue; b, derme; c, poils entamés tangentiellement par la coupe; 
d, glande sébacée; /, lacune adjacente au poil, suivant laquelle s'opère le dédou- 
blement de l'anneau lors de l'autotomie. 



liale du poil est surmontée, du côté qui regarde l'extérieur, par un 
tissu conjonctif excessivement lâche, plus exactement par une 
lacune à peine cloisonnée, qui sépare le poil du derme adjacent; 
toutes les lacunes créent dans chaque segment annulaire une zone 
de moindre résistance suivant laquelle s'opère la rupture. 

On voit donc que l'autotomie du fourreau caudal est préparée par 
des solutions de continuité du conjonctif ; c'est un phénomène pure- 
meat mécanique, sans aucune intervention musculaire volontaire 
ou réflexe, contrairement à ce qui se produit dans la plupart des 
cas d'autotomie. Le fait est qu'on peut la provoquer aussi bien sur 
un Mulot fraîchement mort que sur le vivant; infailliblement, 
quand on soulève par le bout de la queue un Mulot mort, le fourreau 



NOTES ET REVUE lxxv 

caudal se décolle à un niveau variable ; par de très légères tractions 
exercées sur la partie encore intacte, on peut enlever ensuite un 
second cylindre de peau, puis un troisième, et dépouiller ainsi une 
bonne partie de la queue On peut même observer le décollement 
du fourreau sur des Mulots conservés dans du formol étendu, quoi- 
que avec plus de difficulté. 

Le décollement de la gaîne cutanée ne se produit très facilement 
que sur les Mulots à queue tout à fait intacte ; quand ils ont subi 
une fois l'autotomie, surtout si la queue a été notablement rac- 
courcie, il est souvent impossible de provoquer à nouveau le phé- 
nomène ; il est probable que le tissu cicatriciel qui s'est formé au 
moignon amène une adhérence qui interdit une nouvelle autotomie 
ou du moins la rend plus difficile. 

J'ai mentionné plus haut que l'autotomie de la gaîne cutanée 
est suivie à bref délai de la disparition de la partie axiale mise à 
nu ; je ne saurais dire si cet axe, insensible et desséché, est rongé 
par le Mulot, ou s'il tombe de lui-même ; je pencherais plutôt pour la 
seconde manière de voir ; en effet, l'axe dépouillé ne se raccourcit 
pas graduellement ; il reste intact pendant les deux ou trois pre- 
miers jours qui suivent le décollement du fourreau, puis disparaît 
brusquement. Il semble que c'est aussi l'opinion de Lataste (1887), 
si j'en juge par la note suivante, page 294 : « 9 de Mus sylvaticus, 
quand je l'ai reçue, avait le bout de la queue dépouillé. Au bout de 
3 ou 4 jours, cette partie s'est desséchée et s'est d'elle même 
séparée. » 

Valeur défensive de l'autotomie du fourreau caudal. — 
L'abandon du fourreau caudal a très probablement une valeur 
défensive vis à vis des nombreux carnassiers, Mammifères, Oiseaux 
et Reptiles, qui pourchassent les Mulots. Plusieurs fois, il m'est 
arrivé de perdre ainsi des Mulots bien vivants et vigoureux, que je 
tenais par la queue, soit avec les hologiques 
de Némertiens pouvant servir à la déter- 
mination des espèces et des variétés. Ce 
n'est pas le plaisir de créer de nouvelles 
espèces ou variétés- qui m'a poussé à la 
publication présente, certes non ! J'étais 
inspiré par le fait que j'ai constaté : cette 
extraordinaire variabilité chez lés mêmes 
formes dans les limites de l'espèce ^es plusieurs caractères morpho- 
logiques. 

C'est surtout la variabilité de la couleur qui a été observé jusqu'à 
présent. Qu'on se souvienne de nombreux ^ynoftymes de Lineus 
ruber (Mull.), qui représentaient des espèces différentes, avant que 
BuRGER (1895) les eut réunies sous ce dernier nom, et qui n'étaient 
que des variétés de couleur. 




Fig. i3. 

Fig. 13. — 0. brunnea Da- 
vidoffi. Le stylet central, 
son socle et isa tuntque 
musculaire. 



icii NOTES ET RE\'UE 

D'autre part BCrger (1904) a créé récemment plusieurs sous- 
espèces qui sont basées simplement sur la variabilité de couleur : 
avec raison ou non, nous en reparlerons plus tard. 

Dans la description de Prosorochmus Délagei ' j'ai montré quelle 
variabilité règne dans l'appareil stylifère de cet animal. Ainsi en 
est-il chez la plupart de Métanémertiens. Et pourtant Burger (1895) 




Fig. 14. 

FiG. 14. — A gauche: 0. brunnea lypica, adroite: 0. brunnea Davidoffi. 
S. le statocyste ; », les statolithes. 

indique toujours dans ses diagnoses la forme du stylet central et de 
son socle, leurs dimensions relatives, le nombre de poches des 
stylets accessoires, etc., comme caractères constants. Mais il n'en 
est pas ainsi. Je veux donc indiquer d'autres caractères morpho- 
logiques qui se distinguent par une très grande constance et par 
conséquent peuvent servir pour une plus sûre détermination des 
espèces. 

Frn\!^r^Ti^^ ^f"^?^ nouvelles espèces de Nemertes de RoscotT [Arch. ZooL 
^-rp. et Gen. I90,. \ol. \l, ,\otes et Retoe, N» 3. p. liv-lxk. 



OUVRAGES CITÉS 



1890 



JouBiN (L.^. Recherches sur les Turbellariés des côtes de France 
(Némertesl. Arch. deZool. Exp., 2»« série, tome VIII. 
1895, BrRGER (0.). Die Nemertinen des Golfes yon Neapel und der 
angrenzenden Meeres-Abschnitte. (F. u. FI. jeap. 22. Mono- 
graphie). 



NOTES ET REVUE 



Mil 



SUR I..\ CRÉATION D'UNE STATION ENTOMOLOGIQUK 

A LA FACULTÉ DES SCIENCES DE RENNES 

par F. GuiTKi. 
l'rofpssour de Zooloftio ;< retlo Knciilltv 

L'iinporlation des plantes exotiques et de leurs parasites, les 
puissants moyens de destruction employés rcuilre les anijuaux 
insectivores et notamment contre les Oiseaux, la nuiltiplieilé et 
l'énorme rapidité des moyens de transport, rendent île jour en jour 
plus nécessaire la lutte contre les Insectes nuisibles. 

Les Etats-Unis d'Amérique et le Canada ont été les ])r(>mitM's à 
comprendre le rôle immense que pouvait jouer une lulle r;ition- 
nelle engagée corn'tre ces animaux el dans aucun pays Télutle de 
l'Entomologie appli([uée ne tient une aussi larg(> place dans Tensei-. 
gnement. Toutes les Universités anu-ricaines sont en eirel iloli'cs 
d'un service entomologique complet comprenant Laboraloircs, 
Collections, Appareils, elc' 

Il existe en outre une organisation de l'Entomologie api>li(|uée 
qui n'a d'égale dans aucun pays. La division d'Entomologie du 
Ministère de l'Agriculture dirigée par M. L. 0. Ooward et dont le siège 
est h Washington comprend tout un personnel composé de savants 
dont les travaux de science pure et de science appliquée sont con- 
signés dans des Recueils spéciaux. 

Certains Etats, comme ceux de Massachussets, New-York, Illinois 
et Missouri 'Ont leurs entomologistes d'Etat et possèdent leurs Labo- 
ratoires et leurs assistants. 

Chacun des autres Etats possède une c< Agricultural ^^xperiment 
Station n. 

Les progrès réalisés dans ces dernières annik'S sous l'influence 
de cette organisation ont été considérables, en particulier en ce qui 
concerne l'application des Insecticides aux grandes cultures. 

En Europe, Tllalie a été la première ;\ suivre rexem[»le donné par 
l'Amérique. La «Station royale d'Entomologie agricole » de Eloi.ence 

* Les renseignements concernant les établissements étrangers sont extraits pour la 
majeure partie d'une noie intitulée : « l'Entomologie appli4. ; dérides {1904;. 

GciÉREt et Peve.\c : Hémiptères, Pentatomides, Coréides et Bérylides '1903) ; 
Lygéides 1905.. 

Charles Oberthcb, Lépidoptères (en préparation;. 



.\OTES ET REVUE xcvii 

ressources déjà bien insuffisantes. Quand on met en parallèle l'exi- 
guité des moyens dont dispose notre jeune création et les sen.'ices 
qu'elle a déjà rendus on ne peut s'empêcher de songer à ce qu'elle 
pourrait réaliser si elle était convenablement dotée. 

Legs Oberthur — La Station a déjà largement rendu au Labo- 
ratoire de Zoologie l'aide pécuniaire qu'il lui a apportée. Elle a en 
effet reçu de M. Charles Oberthur. l'éminent lépidoptèrologiste. une 
collection de papillons, qui, lorsqu'elle sera complète, ne comptera 
pas moins de 2-5.000 individus. 

M. Charles Oberthur a en outçe donné à notre Station un exem- 
plaire complet de ses magnifiquespublicationssur les Lépidoptères. 

Services rendus. — En 1904. année de sa fondation, notre Station 
n'a eu à fournir que 51 renseignements. 

Dès l'année suivante, mieux connue, elle a eu à répondre à 
239 lettres et n"a pas donné moins de 632 recettes. 

En 1006 le nombre des demandes a été de 3.34 et celui des ren- 
seignements fo'urnis s'est élevé à 492. 

Notre Station a encore eu l'occasion de rendre un autre service 
que ceux dont il vient d'être question. Elle a eu l honneur de con- 
tribuer pour une large part à la réalisation d'une vaste expérience 
d'Entomologie appliquée entreprise par les entomologistes améri- 
cains. Les Zoologistes qui ne font pas leur spécialité de l'Entomo- 
logie appliquée liront peut-être avec intérêt les lignes suivantes qui 
se rapportent à cette expérience. 

Tout le monde connaît le Liparis Euproctis) chrysorrhoea qui 
s'attaque à presque tous les arbres forestiers et dont les chenilles, à 
l'état jeune, hivernent dans des bourses soyeuses qu'elles tissent en 
commun à l'entrée de la mauvaise saison en emprisonnant quel- 
ques feuilles de l'arbre sur lequel elles sont nées. 

Le £. chrysorrhoea se multiplie quelquefois à tel point que ses 
chenilles périssent par myriades faut« d'aliments après avoir ravagé 
des cantons tout entiers. C'est d'ailleurs spécialemenL contre cette 
espèce que fut édictée la loi du Ip Mars 1796 sur léchenillage. Elle 
a heureusement pour ennemis des entomophages très féconds de 
sorte qu'elle devient parfois très rare pendant plusieurs années 
consécutives Maurice Girard}. 

Le E. chrysorrhoea a été importé aux Etats-Unis peu après 1890. 
Ses chenilles ont été attaquées par des parasites américains : mais 
dans une si faible proportion que le fléau s'est constamment accru 



XGviii NOTES ET REVUE 

dans les régions où il n'a pas été enrayé par des mesures destruc- 
tives. 

Il est même remarquable que l'invasion du E. chrysorrhoea n'a 
jamais à aucune époque et dans aucune partie de l'Europe, pris les 
proportions d'un déchaînement comparable à celui qui s'observe 
annuellement dans la Nouvelle Angleterre. 

La conclusion qui découle de ces faits est double. Il faut renoncer 
à l'espérance de voir les parasites américains suffire à la tâche 
d'enrayer le fléau qui va s'accroissant d'année en année. En outre 
le procédé sur lequel il est permis de fonder les meilleures espé- 
rances consiste à importer en Amérique les parasites et les autres 
ennemis européens du E. chrysorrhoea. 

Il n'y a d'ailleurs aucun inconvénient à importer en Amérique des 
larves ou des nymphes non parasitées car les papillons issus de ces 
formes peuvent être facilement détruits dès leur éclosion. 

M. L. 0. Howard, chef du bureau de l'Entomologie au Départe- 
ment de l'Agriculture à Washington, qui s'est fait une spécialité de 
l'étude du parasitisme chez les Insectes, a fait tout exprès le voyage 
d'Europe dans le but de se mettre en relation avec un grand nombre 
d'entomologistes. lia ainsi obtenu de nombreux envois de larves et 
de nymphes parasitées. M. le docteur Felippo Silvestri a même pu 
lui faire expédier de Sardaigne 200 Calosoma sycophanta vivants. 
Malheureusement ces différents envois ne sont pas toujours par- 
venus en parfait état à destination et le moyen le plus pratique 
d'importer en Amérique les nombreux parasites du E. chrysorrhoea 
semble avoir été fourni par une intéressante découverte due au 
Professeur Jablonowski de Budapest. 

D'après cet entomologiste les bourses d'hiver du E. chrysorrhoea 
contiennent de très nombreux parasites. Se basant sur ce fait 
M. Howard a pris ses dispositions pour assurer l'expédition en 
Amérique d'environ 80.000 nids de Liparis provenant de différentes 
parties de l'Europe. 

La Station entomologique de Rennes, mise au courant des 
démarches américaines par M. René Oberthur, a eu le plaisir d'ap- 
porter son concours désintéressé à l'œuvre entreprise de l'autre 
côté de lAtlantique. 

Renseignés par les demandes et par les envois de nos corres- 
pondants nous savions qu'en 1905-1906 des nids de Liparis étaient 
distribués en France sur une bande s'étendant du département de 



NOTES ET REVUE xcix 

l'Ain à celui de la Charente et coïncidant à peu près avec la bordure 
Nord du Plateau central. M. Houlbert se transporta donc dans le 
département de Flndre où il savait trouver les plus beaux nids et 
de là pendant douze jours (du 23 novembre au 4 décembre 1905), il 
a pu adresser en Amérique, par l'intermédiaire de M. René Oberthur, 
environ lo.OOO nids soigneusement choisis parmi les plus beaux, 

Daps une lettre que M. L. 0. Howard adressait à M. R. Oberthur, 
le 22 août 1906, il s'exprimait de la façon suivante : 

« Vous serez bien aise de savoir que les envois français de Chry- 
« sorrhoea paraissent être parmi les meilleurs reçus d'aucune autre 
« partie de l'Europe. Nous élevons, provenant de ces nids, non 
« seulement un grand nombre de Pteromalus processioneae mais 
« aussi quelques spécimens d'une forme intéressante connue sous 
« le nom de Habrobracon brevicornis Westm. Ce dernier parasite 
« n'a été élevé que de votre matériel et de quelques nids reçus de 
« Berlin. Les parasites issus de ces nids européens ont immédia- 
« tement déposé leurs œufs dans les larves américaines et se 
« sont indubitablement multipliés maintenant aux environs de 
« Boston... »'. 

Pour l'élevage des Chenilles et de leurs parasites une maison de 
la ville de Saugus (à quelques kilomètres de Boston) a été partiel- 
lement aménagée en Laboratoire. Un assistant compétent habite 
cette maison. 

D'autre part trois grands arbres infestés par le Chrysorrhoea ont 
été emprisonnés dans une vaste toile métallique formant une 
immense cage dans laquelle sont mis en liberté les parasites 
importés. 

Au moment de la sortie des parasites un entomologiste expéri- 
menté est chargé du soin de veiller à ce qu'aucun parasite secon- 
daire ne soit mis en liberté. On désigne sous ce nom les insectes qui 
vivent en parasites aux dépens des^parasites des chenilles. 

Ainsi le Tachina larvarum (parasite primaire) large diptère tachi- 
nide qui s'attaque en Europe à un certain nombre de chenilles de 
grande taille, est parasité par le Chalcis flavipes (parasite secon- 
daire). La mise en li.berté de ces Chalcis aurait pu compromettre le 

1 Cette année (1906-1907) les nids de Chrysorrhoea ont complètement disparu des 
régions visitées l'année précédente par M. Houlbert. Cette disparition, due évidemment 
à l'action destructive des parasites, montre iiue les nids expédies a Boston par notre 
Station étaient exactement à point pour l'importation en Amérique des ennemis du 
Chrysorrhoea. 



c NOTES ET REVUE 

succès de racclinialation du parasite -primaire. Aussi tous les indi- 
vidus de cette espèce, et d'une manière plus générale, tous les 
parasites secondaires, étaient-ils mis à mort dès leur éclosion. 

Les parasites secondaires peuvent eux-mêmes être attaqués par 
d'autres parasites qui sont alors d;^signés sous le nom de parasites 
tertiaires. Il est clair que ces derniers, contribuant à détruire les 
parasites secondaires, agissent dans le même sens que les primaires 
par rapportàl'hôte primitif et doivent être acclimatés comme eux*. 
On voit que la vaste expérience actuellement réalisée en Amé- 
rique est conduite avec une science consommée et une connais- 
sance profonde de la biologie des animaux mis en présence. Sa 
réussite aboutira sans doute pour les Etats-Unis, à un état de 
choses analogue à celui qui s"est établi naturellement en Europe et 
qui consiste en un équilibre instable mais périodique entre les 
parasites et les parasités. 

Une autre expérience tout a fait analogue à celle qui est actuel- 
lement tentée contre le E. chrysorrhoea a été réajlisée il y a près de 
vingt ans avec un plein succès par le grand entomologiste améri- 
cain Riley. Sa complète réussite permet de fonder les plus grandes 
espérances sur l'expérience actuelle. 

VJcerya purchasi, cochenille originaire d'Australie, a été intro- 
duite en Californie vers .1868. Elle lit dans, ce pays les plus terribles 
ravages et menaça à un moment donné de ruiner la culture des 
orangers, Riley obtint qu'en 4888, à foccasion de l'exposition de 
Melbourne, deux agents de la Division d'Entomologie fussent 
envoyés en Australie avec un crédit de 2.000 livres. L'un de ces 
agents, M. Koebele, reçut la mission spéciale de rechercher les 
parasites ou ennemis naturels de VJcerya. A son retour il rapporta 
toute une collection de parasites ou prédateurs vivant aux dépens 
de la Cochenille australienne. Parmi eux se trouvait le Novius car- 
dinalis (appelé d'abord Vedalia cardinalis), espèce qui par les bien- 
faits qu'elle était appelée à rendre, devait éclipser toutes les autres. 
Une année et demie après son introduction elle avait débarassé la 
région des Jcerya et réduit leur nombre à une quantité négligeable, 

' Tous les renseignements se rapportant à 1 exporiencc américaine sont (sauf indi- 
cation contraire) empruntés aux travaux suivants : 

Public Document N° 73 : First annual Report of tiic superintendant for suppressing 
the Gypsy and Brown-tail Mollis. Boston UiOfi. 

L. 0. HowAKD, The Gypsy and Brown-tail Moths and their european parasites, Year- 
book of Department of Agriculture for 19œ. 

L. 0. Howard, The Brown-tail Moth and how to control it, Farmer's Bulletin N» 264. 



NOTES ET REVUE ci 

Le même succès a été obtenu plus récemment au Poi'fugal aux 
environs de Lisbonne, où VJcerya avait aussi été introduite et était 
devenue un redoutable fléau. 

Dans ces dernières années une petite invasion d'Jcerya s'est pro- 
duite près de Naples, mais a été immédiatement enrayée par la 
même méthode '. 

Ces beaux travaux font toucher du doigt les immenses services 
que peuvent rendre à TAgriculture les Stations entomologiques 
richement dotées^ et dirigées par de savants biologistes. Il est à 
souhaiter qu'ils décident les Universités et les Pouvoirs publics 
français à sortir de leur inaction et à suivre l'exemple donné de tous 
côtés à l'étranger dans la lutte scientifique contre les Insectes nui- 
sibles. Il y a là pour un généreux donateur une superbe occasion de 
rendre un signalé service à notre pays. 

' Je dois ces lignes relatives à YJcen/a purchasi à l'amabilité de mon excellent ami 
M. Paul Marchai Directeur de la Station entomologique de Paris. 

* En vue de la réalisation de l'expérience dirigée actuellement contre le Liparis 
chrysoi'rhoea les Etats-Unis ont voté une somme de 62.5t)0 francs et l'Etat de Massa- 
chussets, plus directement intéressé, une somme de 250.000 francs ; mais la totalité des 
crédits votés pour lutter contre VE. chrysorrkoea et le L. dispar est beaucoup plus 
considérable et s'élève en effet à la somme énorme de 300.000 livres soit 7.500.000 francs. 



TABLE SPÉCIALE DES NOTES ET REVUE 

1907. [4]. Tome VI 

Articles originaux 

Billard (A.). — Deux espèces nouvelles d'Rydroïdes de Madagascar (note pré- 
liminaire) {avec 3 fig.), p. lxxix. 

Bruntz (L.). — Sur l'existence d'éléments conjonctifs phagocyto-excréteurs 
' chez les Schizopodes, p. xxni. 

iBruntz (L.). — Sur l'existence d'éléments conjonctifs phagocyto-excréteurs chez 
la Nébalie, p. xxviii. 

Bruntz (L.). — Néphrocytes et néphrophagocytes des Caprellides, p. lvi. 

Cuénot(L.). — L'hérédité de la pigmentation chez les Souris (5° note), p. i. 

GuÉNOT (L.). — L'autotomie caudale chez quelques Rongeurs (avec 3 fig.), 

p. LXXI. 

Del.\ge (Y.). — Sur les conditions de la parthénogenèse expérimentale et les 
adjuvants spécifiques de cette parthénogenèse, p. xxix. 



cil NOTES ET REVUE 

GuiïEL (F.)- — Sur la création d'une Station entomologique à la Faculté des 

sciences de Rennes, p. xciii. 
LoiSEL (G.)- — Recherches sui* les caractères ditTérentiels des sexes chez la 

Tortue mauresque (avec 2 fig.), p. xxxviii. 
OxNER (M.). — Sur quelques nouvelles espèces de Neniertes de Roscoff, {avec 

6 fig.), p. Lix. 
OxNER (M.)- -— Quelques observations sur les Nemertes de RoscolT et de Ville- 

franche-sur-Mer {avec 14 fig.), p. lxxxii. 
RocLt (L.). — Notes ichthyologiques. Les Scorpénides de la Méditerranée, 

p. XIV. 

Notice Nécrologique 
Delage (Y.). — Charles Marty {avec un portrait hors texte), p. li. 



Paru le 15 Mars 1907. 



Les Directeurs : 
G. Pruvot et E.-G. Ragovitza. 



OC 



Kng. MOBIEO, Imp.-Gmv., 140, Boul, KaipiU. Paii» (6) — Téléphone: 704 -7S 



MBL/WHOI UBRARY 



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