Protection du patrimoine
La mise en place de la protection du patrimoine par Prosper Mérimée
Après les destructions causées par la Révolution, il faut attendre la Monarchie de Juillet pour qu'une prise de conscience se fasse, favorisée par l'avènement d'un romantisme amoureux de ruines, et par le nouveau regard porté sur le monde médiéval jusqu'alors déprécié. En 1830, Guizot, ministre de l'Intérieur, met en place l'inspection générale des monuments historiques, instrument de ce sauvetage patrimonial.
En 1834, après la démission de Ludovic Vitet, premier inspecteur, le poste est proposé à Prosper Mérimée (1803-1870). Ecrivain, traducteur, historien, homme politique, Mérimée ajoute les monuments historiques aux nombreuses cordes de son arc. Il s'investit dans une tâche où tout reste quasiment à créer, de l'organisation du service à celle des démarches sur le terrain. Dès sa nomination, Mérimée entame une série d'inspections à travers la France qui lui permettent d'établir des rapports d'observation, constatant à la fois les ravages causés par les destructions et ceux dus aux restaurations abusives. Ces informations, auxquelles s'ajoutent celles fournies par des correspondants locaux, sont traitées afin de permettre le classement des monuments visités selon trois critères : l'intérêt artistique, l'état physique et les "ressources des localités".
En 1837, Mérimée propose la création d'une Commission des Monuments Historiques, chargée de dresser la liste des édifices méritant une protection et dont les travaux bénéficient de subventions ministérielles. La première "Liste des monuments pour lesquels des secours ont été demandés" paraît en 1840, identifiant un millier d'édifices. En 1841, il pose les bases de la première loi de protection des monuments historiques par le classement des bâtiments menacés. Sa méthode a permis de restaurer et de protéger des lieux tels que Conques, Vézelay ou Carcassonne.
Relayée par les lois de 1887 et 1913, cette protection concerne aujourd'hui plus de 40.000 édifices et de 100.000 objets respectivement référencés par les bases de données "Mérimée" et "Palissy" de la Direction de l'Architecture et du Patrimoine. Les notices, parfois illustrées d'une vue, identifient un édifice, résument son arrêté de protection et proposent un bref historique.
Une exposition, "Le Tour de France de Mérimée", rend hommage à ce défenseur, et est présentée jusqu'au 14 décembre au Palais du Tau à Reims, puis du 19 décembre 2003 au 29 février 2004 à la Conciergerie à Paris par la Direction de l'Architecture et du Patrimoine et le Centre des Monuments Nationaux. Cent photographies de monuments réalisées entre 1850 et 1870, provenant des fonds anciens de la Médiathèque de l'Architecture et du Patrimoine, de nombreuses citations de Mérimée extraites de sa correspondance, et, pour la première fois à la Conciergerie, cinquante dessins aquarellés originaux exécutés par les architectes avec lesquels Mérimée travailla (Revoil, Questel, Viollet-Le-Duc, Boeswillwald) sont à découvrir. Les documents présentés illustrent les différents domaines auxquels Mérimée s'est intéressé : les mégalithes et la préhistoire, l'antiquité gallo-romaine, l'art roman, le gothique civil et religieux, et le XVIe siècle.
Enfin, un site Internet est consacré à Mérimée. Produit par le ministère de la Culture et de la Communication, il permet de suivre Mérimée dans ses multiples vocations, depuis ses débuts d'écrivain sous la Restauration jusqu'au terme de sa vie. Des modules animés mettent en scène trois journées à différentes époques de sa vie. Des volets sont consacrés aux thématiques de son oeuvre ainsi qu'à son rôle fondamental pour la protection du patrimoine.
Patrimoine et monuments sur culture.fr
Evénements culturels :
Sites :
Focus :