vendredi 28 décembre 2007
« Nous ne somme pas des saints », série paradisiaque
par Erwan Cario
tags : séries , vidéo , myspace
Michel-Ange et Dieu - DR
Le décor est blanc immaculé. Un homme s’avance vers un autre, assis derrière un bureau. Hésitant, le premier se met à parler : « Dieu ? — Ah Saint-Pierre, qu’est-ce qu’il y a ? — Voilà, j’ai une bonne et une mauvaise nouvelle... — Ah... Eh ben commence par la bonne. — La bonne nouvelle, c’est que, à part la mauvaise,y’a rien de grave... » « Les clés du paradis » est le deuxième épisode de Nous ne sommes pas des saints, une série qui est apparue sur le web le 12 décembre. C’est une shortcom, le format popularisé par Caméra Café et Un gars, une fille. Mais le rapprochement le plus évident est Kaamelott. Galerie de personnages, humour décalé, rythme, de nombreux éléments rappellent la série créée par Alexandre Astier. Mais on est loin pour l’instant du phénoménal succès des aventures du roi Arthur. Nous ne sommes pas des saints est à l’état de pilote. Nicolas Ragni, son créateur (qui joue Michel-Ange dans le premier épisode, « Le doigt de Dieu »), a décidé de mettre en ligne les deux épisodes qu’il a tournés, alors même qu’il commence à démarcher les chaînes de télévision. « Elles sont assez frileuses en ce moment, explique-t-il. On espère rassurer un peu un éventuel diffuseur avec le succès sur Internet. » A 28 ans, Nicolas Ragni travaille depuis deux ans sur le projet, mais c’est en 2001, pour son court-métrage de fin d’étude d’école de cinéma qu’il imagine le concept. Le court s’appelle déjà Nous ne sommes pas des saints. On y voit Dieu et Gabriel en pleine conversation, le second essayant de convaincre le premier de descendre un peu plus sur la Terre pour régler les problèmes des hommes. On découvrait finalement qu’il s’agissait de deux fous dans un hôpital. Depuis, Nicolas Ragni a tourné d’autres courts, réalisé des clips (dont Orange Duck, du groupe Kiemsa) et bossé à la télévision en tant qu’assistant réalisateur, tout en continuant le théâtre. En 2005, il commence à imaginer sa propre série. « Le paradis, c’était un univers parfait pour une série de ce format, se souvient-il. Il y a tout un catalogue de références collectives que tout le monde connaît sans être forcément croyant. Et puis on peut aussi s’amuser avec les grands personnages de l’Histoire, comme Michel-Ange ou Léonard de Vinci. » Pour essayer de vendre son projet, il passe par une boîte de production classique, mais les démarches n’aboutissent pas. En novembre dernier, il décide finalement de se lancer. De « casser la tirelire » pour faire vivre l’univers qu’il a construit. Une vingtaine d’épisodes sont complètement écrits et plus de 150 existent à l’état de synopsis. Il réunit les comédiens sur deux jours et réussit à se procurer gratuitement une partie du matériel nécessaire. Les deux épisodes à tourner sont choisis pour leur coût réduit : « Des décors à minima, pas trop de comédiens. On n’avait pas trop le choix. » Il a fallu quand même investir entre trois et quatre milles euros par épisode. Trois semaines de montage plus tard, le site nousnesommespasdessaints.com voit le jour, en même temps que plusieurs pages MySpace dédiées aux personnages de la série (Dieu, Judas, Eve, etc.).
Mais la série n’est pas prévue pour vivre uniquement en ligne. « Je ne suis pas contre sur le principe, explique Nicolas Ragni, ça se fait aux États-Unis. Mais avec l’anglais, ils ont une audience mondiale. En France, ça risque d’être encore un peu dur à monter. » En deux semaines, le site a presque atteint la barre des 50 000 visites. Lors des deux jours de tournage, quelques bonus supplémentaires ont été tournés, comme les vœux de Dieu pour 2008, mis en ligne la semaine dernière, et quelques autres qui arriveront en janvier. Rien d’autre pour l’instant. Mais Nicolas Ragni espère vraiment avoir l’occasion de concrétiser son projet : « Si on trouve un diffuseur, on pourrait être prêt pour septembre 2008. » Il s’amuse à distiller quelques idées : « Le paradis, c’est un endroit très kafkaïen, très administratif, avec des couloirs blancs interminables. Et ils n’ont pas de technologie. Pas de téléphone, pas de mails, etc. Du coup, pour le moindre message à envoyer aux enfers, Saint Michel se tape trois jours de marche. » Et quand il est parti sur les histoires à venir de sa série, on ne l’arrête plus. « Avec le personnage de Léonard de Vinci, complètement allumé, on va apprendre pas mal de choses sur Mona Lisa. Dans un épisode, il va inventer un détecteur de mensonge, qui aura du mal à survivre à un test avec Judas. Sinon, avec Adam et Eve, c’est pratiquement inépuisable. Comme cette fois où ils racontent chacun leur version de la première fois... » Stop ! On ne veut pas en entendre plus. On espère juste voir un jour ces histoires sur petit écran. Amen.
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