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Que celui qui n'a pas repris Hallelujah, lève la main ?
"Hallelujah, Hallelujah" a chanté Leonard Cohen, puis un jour John Cale, Jeff Buckley, vous et moi. Repris des centaines de fois et aujourd'hui quasi tombé dans le domaine public, comment ce titre a t-il voyagé de Various Positions en 1984 à la Nouvelle Star en 2008 ?
Un culte s'est progressivement mis en place autour de cette composition, un culte qui n'aurait peut-être pas commencé au moment où Cohen l'aurait effectivement enregistrée, mais bien après chacune des nouvelles interprétations. La version originale a surtout fait parler d'elle grâce à ses textes, sujets de nombreuses interprétations au moment de sa publication.
Derrière les références bibliques, Cohen y traite des relations entre sexe et religion. Le compositeur s'est inspiré d'un passage de l'Ancien Testament où David et Bath-Chéva' donnent naissance à un enfant, alors que cette dernière est mariée. L'enfant, fruit du péché meurt. Autre évocation hautement religieuse, le mot "alléluia", comprendre "louer le nom divin"... Jeff Buckley a dit de sa propre version qu'il s'agissait d'un "alléluia à l'orgasme". Des références religieuses, des allusions aux relations amoureuses, au sexe... une chanson au final avec des thèmes ambigus et complexes, permettant à chacun d'y voir sa version du texte. Côté mélodie : une chanson pour faire pleurer dans les chaumières...voilà ce qui a touché bon nombre de musiciens chez ce titre qui continue de lui-même sa propre vie... Cohen ne la maîtrisant plus, il appartient désormais aux chansons considérées comme les plus belles au monde et à tous ceux qui se l'approprient.
Première reprise d'une longue série
1991 - John Cale
Il est le premier à l'avoir reprise (sur le tribute I'm Your Fan. Pour l'occasion Cale demande à Cohen de lui fournir une partie des 80 couplets qu'il aurait écrits pour cette chanson. Vœu exaucé, Cale reçoit par fax les paroles peu de temps après. Reprise essentielle au piano, qui servira de modèle à plusieurs autres reprises, plus que l'originale.
La reprise en grâce de Jeff Buckley
1994 - Jeff Buckley
Reprise la plus connue et modèle absolu pour de nombreux artistes d'une génération plus jeune que celle qui a connu Cohen. Cette version a provoqué un regain d'intérêt pour le titre, qui lui a souvent été attribué. La voix de Jeff Buckley s'approprie les mots d'un autre, un vol de toute beauté pour une version qui entraînera dans son sillon des centaines d'autres reprises.
Reprendre du Cohen, le rôle d'une vie
2008 - Bon Jovi
Reprendre ce titre de Cohen, c'est aussi une façon de ne pas bouder son plaisir. Quel pied de pouvoir s'essayer sur une compo de Cohen, quelle jouissance de pouvoir pleurer les mots suivants : "The holy or the broken Hallelujah". Le fait même de la chanter semble vous donner un petit bout d'aura et les faveurs du public. C'est la bande-son idéale pour se mettre à genoux, lever les bras au ciel et faire trembler la lèvre inférieure. Avec cette chanson maintenant devenue populaire, l'interprète tire sur le pathos latent que Cohen n'avait, volontairement, pas révélé et s'en donne à cœur joie.
A voir également : version de K.D. Lang, version de Katherine Jenkins
Le rite du passage obligé
2008 - Benjamin Siksou de la Nouvelle Star
Jeff Buckley l'a reprise avec succès et a instauré dans cet exercice la notion d'épreuve du feu. Devant le jury de la Nouvelle Star 2008, Siksou, favori des jeunes filles et candidat crooner, prend le risque de reprendre cette chanson "intouchable" depuis 1994. Benjamin n'a pas gagné la finale, ni séduit Philippe Manoeuvre sur cette performance, mais quelques jours après, la vidéo sur le net totalise déjà plus de 100 000 visionnages.
Repris aussi par un autre candidat lors des castings pour l'émission et chez Pop Idol, le titre est bel et bien rentré dans la culture populaire. Au point qu'on peut se permettre de faire un simple clin d'oeil, comme l'ont fait les Fall Out Boy avec leur titre "Hum Hallelujah". Le titre est surtout devenu un air, un hymne partie intégrante du patrimoine musical mondial au risque que Leonard Cohen en perde parfois la paternité. Espérons qu'on se souviendra de son auteur quand on enverra la partition d'"Hallelujah" dans une sonde Voyager !
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