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Test Myst IV : Revelation - PC

Disponible sur
  • Par hosteel, Gamekult.com
  • Test complet - Jeudi 07/10/2004 à 19h 10
Testé à partir d'une version éditeur.

Souvent copié mais rarement égalé, comme toute référence digne de ce nom, Myst a su bercer les amateurs d'aventure/réflexion sur PC depuis plus de dix ans grâce à son ambiance unique, ses décors grandioses, ses musiques envoûtantes et ses énigmes à se taper la tête contre les murs. Après une petite parenthèse baptisée Uru : Ages beyond Myst et une courte épopée en ligne, la célèbre dynastie compte désormais un nouvel épisode à l'importance scénaristique majeur, comme le souligne de façon très explicite son titre : Myst IV : Revelation. Fruit de l'étroite collaboration entre les studios d'Ubi Soft Canada et Cyan Worlds, ce dernier rejeton nous avait déjà fait bonne impression lors de sa première apparition au bras de quelques bulles, et la version finale aujourd'hui entre nos mains n'aura pas eu besoin de beaucoup de temps pour nous faire replonger dans l'univers si fascinant de Myst.

The Sirrus and Achenar Encounter

 Si le destin des deux frères maudits Sirrus et Achenar a toujours été le sujet de beaucoup de spéculations autour de la saga Myst, ce nouvel épisode semble aujourd'hui fin prêt à nous livrer la vérité sur ce mystère premier de la série. On sera amené à y parvenir en partant à la recherche de la petite cadette de la famille, Yeesha, portée disparue pendant l'absence d'Atrus, le père de cette famille déchirée. Ce dernier nous avait en réalité convoqué dans sa demeure pour l'aider à prendre une décision concernant la libération ou non de ses deux fils emprisonnés dans deux "Ages" différents depuis plus de dix ans. Eu égard au passé criminel de Sirrus et Achenar, ceux-ci sont logiquement les suspects numéro un dans cette affaire de disparition et on partira donc en quête d'indices nous menant de fil en aiguille vers les deux prisons ayant pour chacune d'entre elles un univers et une logique propre. Dans les règles de la grande tradition Myst, les personnages de l'histoire sont joués par de véritables acteurs, filmés puis incrustés sur les décors photo réalistes. On retrouvera parmi eux Brian Wrench et Guy Sprung dans le rôle des deux frères, Rand Miller (le créateur de la saga) dans le rôle d'Atrus et enfin la jeune Juliette Gosselin incarnant la fillette disparue. Dès les premiers écrans, on sera frappé par la qualité des incrustations puisque l'on aura réellement l'impression que les personnages évoluent dans l'univers de Myst tout au long de notre aventure. Chapeau.

Envolée mystique

 Au-delà d'un nouveau scénario, Myst IV nous propose une pelletée d'innovations de gameplay avec notamment l'introduction d'un appareil photo dès le début de l'aventure. Celui-ci nous permettra de prendre une multitude de clichés tout au long de notre périple pour ne pas avoir à retourner en arrière, à dessiner voire mémoriser un élément graphique utile à la résolution d'une énigme. On laissera donc cette fois-ci son cahier de brouillon datant encore de Myst III : Exile au placard, d'autant plus qu'avec cet appareil photo, on dispose désormais d'un système d'annotations de nos clichés. Sous ces derniers, on aura en effet assez de place pour y glisser divers commentaires ou réflexions, consultables ultérieurement. Si la place n'est pas infinie, on aura toutefois assez d'espace pour laisser libre cours à ses inspirations personnelles et même stocker quelques photos souvenirs. Ces deux fonctions majeures de ce dernier épisode nous simplifieront donc grandement la vie, tout comme la possibilité de revenir très rapidement à divers endroits clés dans l'"Age" actuellement visité. Ceci permet non seulement d'éviter les nombreux allers et retours, devenus beaucoup plus fastidieux à cause des temps de chargements plutôt longs entre les différents écrans, mais évite aussi de se perdre dans des espaces parfois un peu confus. On reste bien sûr libre d'utiliser ou non ce petit artifice qui casse certes un peu l'immersion mais apporte une meilleure souplesse dans le gameplay. On notera aussi qu'il est tout à fait possible de désactiver cette fonction depuis le menu pour éviter d'être tenté. Enfin, on nous mâchera encore une certaine partie du travail grâce au collier de Yeesha, trouvé au début de l'aventure. Ce dernier a pour particularité de nous conter à l'aide de petites vidéos, les évènements passés à certains endroits clés. Si l'idée est intéressante, les interventions parfois trop fréquentes de ce collier mystique nous donnent des informations un peu trop explicites sur les faits passés, nous empêchant ainsi d'imaginer par soi même certains passages de l'aventure ou de découvrir plus subtilement la vérité. Bref, le joueur dispose désormais d'outils évolués pour simplifier grandement le déroulement de son aventure, rendant peut être son expérience un peu moins absorbante que d'habitude. Que l'on se rassure pour autant, le sentiment d'immersion reste toujours aussi intense grâce à cette vue à la première personne mais aussi à de nombreux petits détails comme le bruit de nos pas.

 Si le gameplay en soi n'a pas vraiment bougé d'un pouce avec toujours cette succession d'écran en 360° que l'on peut découvrir par le biais d'un pointeur de souris solidarisé ou désolidarisé de l'écran, l'immersion a été grandement améliorée dans ce quatrième épisode. Le pointeur est désormais plus vivant et au-delà de nous indiquer quelles actions sont possibles sur l'objet survolé, il se revèle être un véritable prolongement de notre main. On pourra interagir davantage avec le monde extérieur en brouillant l'eau par exemple ou encore en chassant des petites bestioles. Malheureusement, ces nouvelles possibilités ne sont pas vraiment exploitées dans le processus d'exploration tout au long du titre. Le monde de Myst IV paraît en tout cas presque palpable par le biais de cette main au comportement si familier. Le monde extérieur est lui aussi plutôt plus proche d'une réalité avec des animations franches dans les écrans comme les nuages qui bougent avec leurs ombres sur le sol, des déplacements d'animaux, des branches d'arbres réagissant au vent, etc. L'univers de Myst IV paraît donc non seulement plus vivant mais aussi plus réel que jamais. Le visuel compte d'ailleurs pour beaucoup dans cette impression de vérité avec des écrans ultra détaillés et des couleurs à la fois chatoyantes et graves lorsque le besoin s'en fait sentir. La composition même des écrans révèle un certain sens de l'esthétisme tout au long de notre périple ; un esthétisme accompagné sans cesse d'une architecture originale en parfaire adéquation avec l'univers proposé. Le tout reste donc très cohérent malgré quelques embardées risquées mais contrôlées. Paradoxalement, cette impression de réalité rejoint bien souvent une sensation plus onirique, portée par une partition de Jack Wall enveloppante et particulièrement entraînante, sur lesquelles Peter Gabriel a d'ailleurs poussé la chansonnette.  Le tableau est en tout cas grandiose d'un point de vue purement technique et esthétique même si un petit détail visant à augmenter encore de façon significative l'immersion du joueur viendra parfois perturber un peu nos sens : l'effet de vision. Celui-ci part du principe que notre oeil regarde là où le pointeur se trouve et améliore donc la netteté de la partie survolé alors qu'un léger flou sera ajouté dans les parties annexes (sur le même plan) comme le fait l'oeil. Si l'idée semble plus qu'intéressante sur le papier, sa mise en place reste assez hasardeuse puisqu'il ne prend tout d'abord pas en compte la distance à laquelle se trouve l'objet survolé et son champ d'action est aussi souvent trop petit. Concrètement, si on passe son pointeur de la souris sur une pierre en bas à gauche de l'écran et proche de nous, seul une surface d'environ quatre à cinq centimètres de diamètre autour du pointeur sera net et le reste deviendra plus ou moins flou. Cet espace de netteté aurait pu être vraiment plus large (notamment à courte distance) pour permettre une meilleure perception de l'environnement plutôt que de balayer sans cesse différents éléments du décor pour mieux l'appréhender. L'idée reste pour autant très intéressante mais assez bizarrement réglée.

Inspirez... Expirez

Si la notion de voyage et d'aventure se dessine sur les lèvres de chacun des joueurs parlant de Myst, la saga est aussi souvent synonyme d'énigmes particulièrement difficiles qui viendront d'ailleurs bien souvent à bout des moins patients d'entre nous. Loin de toute torture des neurones ou de la pure folie, les énigmes proposées dans ce dernier épisode requièrent avant tout logique, observation et rigueur. Loin des puzzles thématiques, saugrenus et placés arbitrairement dans le monde, les énigmes s'intègrent ici complètement avec l'univers, pour une cohérence maximale.  Du coup, le rythme de jeu entre phase d'exploration et résolution des énigmes n'est pas vraiment haché mais s'enchaîne plutôt bien. Ces casse-têtes étant des passages obligés pour avancer dans le scénario (même si leur ordre n'est pas toujours dicté mais plutôt libre), bloquer reste toujours aussi frustrant pour qui désire avant tout vivre un beau voyage plutôt que de risquer le claquage cérébral. Dans son optique d'une ouverture à un plus grand public, Ubi Soft a donc mis en place un système d'aide au sein même du titre. Divisé en trois phases cette aide providentielle à ne consulter qu'un cas d'extrême détresse pour éviter toute perte d'intensité du jeu, nous donnera tout d'abord un petit indice supplémentaire pour nous aiguiller davantage. Si on continue de sécher, la seconde étape nous offrira un deuxième indice plus explicite. Enfin la dernière phase d'aide décrit pas à pas quelles actions à réaliser pour progresser. Si cette aide reste précieuse en divers endroits, son emplacement dans le menu du jeu, reste un peu trop accessible et donc un peu trop tentant. La traduction des dernières étapes est aussi problématique puisque pour plusieurs énigmes, une partie de leur solution complète est passée à la trappe. Non pas que certains passages ne sont pas traduits, mais ils sont plutôt totalement absents. Une énième bonne raison pour essayer de tout résoudre par soi-même en somme...

0 . 0
Bon
Toujours aussi envoûtant, Myst revient donc en pleine forme avec un quatrième opus qui ravira à n'en point douter les amateurs de la saga. Particulièrement réussi d'un point de vue technique, Myst IV : Revelation nous offre un beau voyage aux frontières de l'onirique et paradoxalement du réel avec des écrans de toute beauté, sublimés par des musiques réussies et un gameplay encore affiné. Plus accessible que le reste de la série grâce à de nombreuses innovations nous simplifiant la vie, voire même un peu trop, Myst IV paraîtra peut-être de ce fait pas assez tenace pour les accros au genre. De la même façon, si de nombreux efforts ont été réalisés pour favoriser l'immersion du joueur dans un monde plus vivant que jamais, le système de vision reste lui encore imprécis et même parfois un peu déroutant. Pour autant, on ne boudera pas notre plaisir à découvrir ce titre enchanteur, au concept néanmoins trop vieillissant aux yeux de certains.

Les plus

  • Des environnements sublimes et vivants
  • Le sentiment d'immersion
  • Une mise en scène réussie
  • Une meilleure accessibilité
  • Les musiques

Les moins

  • Des innovations simplifiant un peu trop notre progression
  • Une aide trop facile d'accès ?
  • Un genre un peu vieillissant