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" ABBE GEORGES GUERIN "

Par Mr PIERSON Michel

 

 Grandménil, le berceau de Georges Guérin.

         Georges Guérin est né à Ecrouves et Grandménil le 24 octobre 1891 au moulin Girouin dans le lit de sa grand-mère Victorine Mitaine, née Burté, originaire d’ Ecrouves depuis des lustres ; son arrière-grand-père de la 6ème génération était Nicolas Burté, meunier à bail au moulin dit « de Girouin » vers 1770.

 

L’origine des Guérin est plus récente, le grand-père Martial Guérin est arrivé vers 1889 avec sa famille pour s’installer comme chef d’usine à la scierie saboterie Bauer, ils venaient de l’Aisne.

 

A cette époque travaillent à cette « usine Ste Anne », avec Martial Guérin ; Henri Guérin son fils, et son père Albert, puis cinq autres personnes.

Toutes ces familles sont installées à quelques centaines de mètres d’un autre moulin tenu par la Veuve de François Mitaine, (Marguerite Victorine Burté) avec ses 6 enfants.

C’est là qu’Henri Guérin fait la connaissance de Mathilde Mitaine, ils convoleront le 19 janvier 1891 à Ecrouves, et baptiseront le premier petit Georges le 13 décembre 1891 en la chapelle Ste Barthélemy de Grandménil.

 

Le jeune garçon grandira et ira à l’école du Grandménil, mais bientôt la jeune famille Guérin quitte le village, car leur destin va basculer ; la galocherie du Val d’Ingressin change de propriétaire. Les Guérin vont partir travailler ailleurs, d’abord à Lagny puis à Breteuil. Henri n’est plus galochier mais employé de banque à St Mandé sous la protection de l’oncle Lefavais. Georges devient donc parisien, mais Grandménil sera toujours un vert paradis, il gardera une très grande affection à sa grand-mère Victorine après le décès de ses parents.

 

Le 10 octobre 1912, Georges Guérin est appelé au service militaire à la caserne Chevert à Verdun, caporal début 1913, sergent en octobre, la famille installée rue Parmentier à Paris s’impatiente d’une permission qui ne sera que de cinq jours à Noël 1913.

C’est à son retour à Verdun qu’il prend sa décision de devenir prêtre, il hésite à en faire part à son père malade. Le pauvre homme ne tardera pas d’ailleurs, dans d’atroces souffrances, à se jeter  sur le pavé, du haut de son balcon. Il repose au cimetière de Grandménil.

Mais la vie continue, après le retour de sa mère et de son frère à Grandménil, Georges s’apprête pour la guerre. Le 166ème R.I est immédiatement chargé de la sauvegarde de Fresne-en-Woeuvre. Georges sera blessé une première fois le 25 mars 1915. Apres 45 jours de convalescence, il retourne à la tête de sa 10ème Compagnie et retrouve ses poilus où il sera de nouveau blessé et soigné à Lyon puis de nouveau à la tête de la 1ère Section.

 

Le 28 septembre 1915, les choses changent, il se retrouve en 1ère ligne à la tranchée de Lalonne, grièvement blessé par une balle qui lui traverse le bassin, il devient infirme pour un long moment. L’année 1918 est bien longue pour lui, il a hâte du séminaire et de la prêtrise et puis c’est l’armistice. Il écrira « Oui, c’est fini, qui se souviendra longtemps du vent de délire qu’a soufflé sur la France, que Granménil n’aura plus de Boches à 25 kilomètres, j’ai foi en la France ».

 

Il ne sera démobilisé qu’en 1919, il va enfin poursuivre ses études au séminaire de vocation tardives puis au grand séminaire d’Issy-les-Moulinaux. C’est alors qu’il va trouver sa voie vers la jeunesse ouvrière, au cours de l’année 1923. Le curé d’Ecrouves dira de lui « Ces jours derniers il y avait à Ecrouves un jeune homme de Grandménil qui est au séminaire ; il veut créer des groupes qui convertiront les ouvriers. Le malheureux ! Il ne sais donc pas ce que c’est, il n’arrivera à rien, le pauvre Abbé Guérin ».

 

Le 29 juin 1925, il sera ordonné prêtre par le Cardinal Dubois, il avait 34 ans, il sera nommé Vicaire à Clichy. La grande aventure Jociste va commencer, à ce moment là il découvre les publications belges par l’intermédiaire de son aumônier militaire connu à la guerre. Il se rapprochera donc de la J.O.C Belge et de son fondateur le Cardinal Cardjin, puis élaborera les principes d’un rassemblement français de la jeunesse ouvrière, en faisant des conférences, puis structurant des groupes de réflexions et fondant une publication qui feront l’extension rapide lors des années 30.

 

Mais l’horizon s’assombrit, la seconde guerre mondiale éclate, c’est l’occupation, la résistance, la déportation. 1943, c’est la période la plus dure de l’occupation allemande pour la jeunesse française, particulièrement par l’instauration du travail obligatoire. Il est bien certain que toutes les associations de jeunes fussent-elles catholiques et déclarées se retrouvaient dans le collimateur de la gestapo, si bien que le 03 août 1943, le P.C de la J.O.C à Paris, reçoit la visite de trois allemands qui demandent le responsable de la J.O.C. Chacun, à son niveau de responsabilité, est questionné, chacun tentant de défendre la cause des travailleurs. La gestapo cherche la tête de l’organisation « Quel est le président de cette association ? » … « C’est l’Abbé Guérin ». On tente de dire qu’il n’est pas là, on fouille dans les étages, on y retrouve Georges qui passe à l’interrogatoire. On lui reproche de continuer les activités de la J.O.C alors interdites par l’occupant. Notre Abbé est arrêté au début du mois d’août, et incarcéré à Fresnes. Il est très difficile de reconstituer la vie de Georges à Fresnes, dans la cellule 400 de la section allemande, durant 142 jours et nuits. Les compagnons de cellules diront « L’abbé Guérin avait un bon moral, c’était un consolateur pour nous ». Il sera libéré le 22 décembre et reprendra l’organisation de la J.O.C. La maison mère de l’avenue Sœur Rosalie à Paris, ayant été mise sous scellés durant plus d’un an a été en partie pillée.

 

Apres la guerre, les difficultés abondent, la jeunesse change, beaucoup de militants abandonne, alors  le Père Guérin va reprendre son bâton de pèlerin, pendant trois années de voyages à travers la France.

 

Les années 50 sont dures mais il espère un plan international, mais l’abandonne très vite, puis le reprend, il sera reçu par Pie XII au cours du rassemblement mondial de Rome en 1957. De 1950à 1972 se sera l’évangélisation de la jeunesse ouvrière.

 

En 1971, le Père Guérin allait franchir la dernière étape de sa vie, le 31 janvier il entre à l’hôpital pour une intervention chirurgicale, un mois et demi de souffrances où, sur son lit il continue d’écrire. Il a continué à recevoir des Evêques, des aumôniers, des militants.

 

Le Père Guérin s’éteindra le 15 mars 1972 à 9 heurs du matin. Ses dernières pensées seront encore pour cette merveilleuse comptine, il pensait à la chanson du vieux moulin.

"Que m’importe la tempête

A présent ma tâche est faite

Je puis crouler sans chagrin

Car j’ai moulu tout mon grain"

 

L’Abbé Guérin repose au cimetière de Bagneux au côté de son frère Louis.

Les habitants de Grandménil ont honoré de son nom la rue principale du bourg par décision du Conseil Municipal.

 

Citation du Grand Larousse :

J.O.C Jeunesse Ouvrière Chrétienne, 246 Bd St Denis 92404 Courbevoie. Association loi 1901 fondée en 1927 (J.O.C) et 1928 (J.O.C.F) par l’Abbé Guérin pour les 15-26 ans.

But : Animation chrétienne, en vue d’une action pour un monde plus juste et plus solidaire (église, lieux de travail, quartiers…)

 

Michel POIRSON

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