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Killing Joke › Extremities, dirt, and various repressed emotions

cd | 11 titres

  • 1 Money is not our god
  • 2 Age of greed
  • 3 The beautiful dead
  • 4 Extremities
  • 5 Intravenous
  • 6 Inside the termite mound
  • 7 Solitude
  • 8 North of the border
  • 9 Slipstream
  • 10 Kaliyuga
  • 11 Struggle

enregistrement

Townhouse studios, Terminal 24

line up

Jaz Coleman (claviers, chant), Geordie (guitares), Raven (basse), Martin Atkins (batterie, chant)

remarques

Il s'agit de la réédition (longtemps attendue) avec en guise de bonus un deuxième disque comportant quelques démos.

chronique

Styles principaux
gothique
indus
metal
Styles secondaires
gothic rock
post punk
noise rock
Styles personnels
killing joke suprême

A l’aube des années 90, que reste-t-il de la créature de Coleman ? Lui qui l’a si souvent lâchée, retrouvée, dont il a même abusé par le passé (Outside The Gate). Il fallait revenir, mais le retour devait se faire de façon brute, sans fioritures ni demi-mesures. Un retour aux sources de la Blague Qui Tue, une nouvelle vie… Régénéré et remis sur pied, avec l’ex-PIL Martin Atkins à la batterie et le duo Geordie/Raven au sommet de son inspiration, le groupe peut désormais lâcher tout ce qu’il a dans le ventre. Extremities est brutal, hallucinant, halluciné, total, à l’image cette pochette qui répète en quatre couleurs le regard fou de Bela Lugosi. Impossible d’extraire un titre en particulier tant l’œuvre est entière et indivisible, d’une cohérence à toute épreuve. Un véritable magma noir comme l’ébène, constituant le disque le plus sombre et expérimental de toute leur carrière. Le plus difficile, aussi… Les structures à géométrie variable labourent la chair et le métal, les titres s’étirent et culminent souvent à plus de 7 minutes, les constructions mélodiques sont plus complexes que par le passé, évoquant le souvenir des difficiles What’s This For et Revelations, les rythmiques ramènent à Fire Dances (qui est l’autre disque éminemment tribal du groupe avec Hossannas et leur first shot), alors que l'inspiration, elle, revient à la source même de La Blague Qui Tue : le premier album éponyme. La guitare sonne plus méchante que jamais, la bête Killing Joke gémit de partout, pisse des copeaux de métal, des lambeaux de viande en ébullition, crache sur nous et nous force à remuer notre barbaque flasque sur ses rythmes indécents… Un son brut et dense, des riffs comme autant de lacérations : plus caverneux que jamais, ils sonnent souvent noise, couinent et se tortillent comme des lézards qu’on aurait posés sur un grill ("North Of The Border"). Vils et rampants. Reptiliens. Malades. Et Coleman ? Le Grand Prêcheur ne se donne aucune limite, il ne suit plus bêtement le format couplet/refrain, n’essaie plus de sonner aguicheur, ne prend plus la peine de polir ses incantations : il scande, il crache, il aboie, il hurle pour soulever nos âmes et nos corps ! Les riffs de Geordie forment une rivière de sang en perpétuelle coagulation dont le flux et le reflux portent ses textes illuminés… L’album s’ouvre sur un grognement d’outre catacombe, puis s’enlise dans son rituel possédé, au gré de morceaux tous plus terribles les uns que les autres (essayez de résister au grandiose "Solitude" et son introduction lumineuse qui semble jaillir des limbes, essayez de ne pas trembler de plaisir à l’écoute de "Age Of Greed", qui rappelle "We Have Joy", ou du caverneux "Inside The Termite Mound", qui nous plonge dans les entrailles de la bête). La new wave est décidemment loin derrière : il n’y a que les synthétiseurs, qui apparaissent très nettement sur la seconde moitié de l’album (et s’isolent sur l’instrumental carpenterien "Kaliyuga"), pour rassurer le fan de Night Time et Brighter. Pour le reste, tout n’est que gravats et noirceur, oui, tout est obscur, sale, et on a par instants l’impression d’assister à un rituel occulte quelque part dans les égouts d’une ville industrielle, ou dans les sous-sols d’une usine désaffectée transformée en cathédrale des impies… L’indus rock se fait ultime, sans limite. Le gothique se fait mystique cancéreuse. Une bonne façon de rappeler à certains que des formations comme Godflesh et Ministry ne sont pas nées dans un chou… Un style unique ravivant le souvenir du premier album qui fût fondateur d’une formule nouvelle : le rock industriel peut être dansant, oui. Il peut être funky, aussi... Sauf qu’ici, la danse a des airs de souffle vénéneux, de procession, de soulèvement des esprits au milieu d’une civilisation que Jaz, plus prophétique et paranoïaque que jamais, sait condamnée. Il l’a dit et répété, souvenez-vous… désormais, il ne reste plus qu’à hurler pour sauver ce qu’il nous reste d’humanité. Les corps se roulent et se contorsionnent sur le bitume chaud, la voix surnage au milieu des mélodies organiques, des riffs macabres, des rythmes dansants qui mènent les fidèles à une transe mortelle. Quelques bribes électroniques vicieuses apparaissent ("Beautiful Dead"), quelques larmes de société consumériste pour accentuer le parfum politique du propos jaillissent de ce grand puit d’asphalte, quelques samples de publicités sont lâchés au début de certains titres, comme une menace… les prédictions apocalyptiques, la lutte sociale et le mouvement sismique des chairs brûlées, sous une épaisse couche de rouille et de goudron, et rien d’autre pour nous sauver de la fin qui nous attend. Extremities, Dirt & Various Repressed Emotions est l’une des incarnations les plus fascinantes de Killing Joke, l’œuvre la plus organique, carnassière et envoûtante du groupe, et à mon sens l’un des trois piliers du triptyque indispensable de sa discographie, constitué par le présent disque, le premier éponyme et Hosannas From The Basements of Hell. Un Killing Joke au visage mutilé, métallique et acide, dont l’aura n’a jamais été aussi forte, dont la mystique agonisante chavire et passionne. Jusqu’au-boutiste et torturé, il nous prend à la gorge et nous lacère les tripes en dix processions occultes. Ecorché vif, oui… tribal et mystique, et ce plus que jamais. Même si je considère Hosannas From The Basements comme leur meilleure offrande, mes intentions ne doivent pas être ambiguës, et je préfère prévenir plutôt que guérir: passer à côté de cet album, c’est passer à côté de Killing Joke. Il en est le Talisman. (lundi 31 décembre 2007)

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Extremities, dirt, and various repressed emotions
Dun23 › dimanche 28 février 2010 - 16:28  message privé !

Voui, puisque j'ai collé un 4 au premier, je suis cohérent! Mais c'est pas faux qu'un 5 à celui là est peut être sévère.

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E. Jumbo › dimanche 28 février 2010 - 15:54  message privé !

Celui-ci meilleur que le premier, et tu lui colles un 5 ? Y a un truc qui cloche !

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Dun23 › dimanche 28 février 2010 - 15:49  message privé !

Non, non et non! reprends toi! Celui ci est meilleur que le premier!

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Extremities, dirt, and various repressed emotions
E. Jumbo › samedi 27 février 2010 - 23:12  message privé !

Bordel de bordel, mais c'est qu'il serait peut-être bien aussi bon que leur premier album, ce monstre ! Tout y est franchement parfait, la basse de Raven, la batterie d'Atkins, les guitares de Dieu-Geordie Walker évidemment, et tous ces petits sons glauques un peu partout. Les deux premiers morceaux, bien qu'excellents - même si "Money Is Not Our God" est clairement la moins bonne à mon avis - annoncent pas vraiment la claque à venir, c'est plus qu'oppressant, plus que noir, toujours aussi urbain et apocalyptique, mais aussi toujours mystique. Y a des putains de passages d'une intensité presque insoutenable, la fin de "Intravenous" notamment, ou "Extremities" et ses blast beats à renvoyer chier n'importe quel panda, et les morceaux plus lents ("Inside the Termite Mound", "Solitude") font tout autant approcher de l'extase.

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Extremities, dirt, and various repressed emotions
empreznor › mardi 10 novembre 2009 - 13:35  message privé !

bienvenue dans les mondes gothiques

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