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La gauche italienne traverse une mauvaise passe

Pierluigi Bersani a beau dire que le Parti démocrate n'a subi «ni gifle, ni défaite», il ne convainc pas.

«Mais qui commande au Parti démocrate ?» Question brûlante de Romano Prodi, l'ex-président du Conseil, à deux mois des élections du 28 mars dans treize régions et deux mille communes.

Le fondateur du principal parti d'opposition est sorti de sa réserve pour exprimer son désarroi devant une série d'incidents de parcours qui jettent une ombre sur le Parti démocrate : sévère défaite aux primaires de la gauche dimanche dans les Pouilles. Démission, le lendemain, du maire de Bologne, Flavio Delbono, pour une aventure sentimentale avec sa secrétaire. Démission d'autant plus embarrassante qu'elle fait suite à celle du gouverneur du Latium, Piero Marazzo, impliqué en octobre dernier dans un scandale avec deux transsexuels.

L'échec électoral des Pouilles est particulièrement cuisant. Le gouverneur sortant, Niki Vendola, un communiste de 52 ans enclin au populisme, se représentait pour un deuxième mandat. La direction du Parti démocrate a sous-estimé sa popularité. Elle a présenté son propre candidat. Massimo D'Alema, l'un des ténors du parti, a fait campagne pour lui. Vendola lui a infligé un sévère camouflet, avec 67 % des suffrages.

Des critiques s'élèvent au sein du parti de gauche. Pierluigi Bersani, élu secrétaire en octobre dernier, a beau dire que le PD n'a subi «ni gifle, ni défaite», il ne convainc pas. Ses adversaires observent le silence. «Jusqu'au 29 mars», prévient Pierluigi Castagnetti, un membre de la minorité. Mardi, Bersani a annoncé un pacte électoral dans onze régions sur treize avec Antonio Di Pietro, pourtant considéré à gauche comme un exalté imprévisible.

«Légèreté»

C'est précisément la peur de voir Di Pietro venir à Bologne, dans le fief de Romano Prodi, pour dénoncer la corruption, qui a incité les dirigeants démocrates à hâter la démission de Flavio Delbono, lundi. Ce professeur d'économie de 51 ans, élu maire en juin dernier avec 60 % des suffrages, a un faible pour les femmes. Après deux mariages, il avait noué il y a sept ans une relation avec sa secrétaire, Cinzia Cracchi, une blonde vaporeuse. Les Italiens, qui ont pardonné ses frasques à Silvio Berlusconi, auraient fermé les yeux s'il n'avait pas confondu allégrement ses comptes. Téléphones cellulaires, voyage au Mexique, déplacements en Italie et deux cartes de crédit avec la liberté de tirer 1 000 euros par mois étaient imputés au budget de la mairie. «Une légèreté», reconnaît-il aujourd'hui.

Affirmant que «pour moi, Bologne passe avant tout», il a annoncé qu'il allait retourner enseigner l'économie politique à l'université. Pour Romano Prodi, également originaire de Bologne, «son geste montre qu'il a conscience de ses responsabilités envers la communauté».

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