Revue

Le relativisme, voilà l'ennemi !

Réagissez à cet article Réagissez (1)Recommandez cet article RecommandezClassez cet article ClassezImprimez cet article ImprimezEnvoyez cet article par e-mail EnvoyezPartagezPartagez
Partagez :
Partagez sur Twitter
Partagez sur Facebook
Partagez sur Scoopeo
Partagez sur del.icio.us
Partagez sur BlogMarks
Partagez sur Wikio
Partagez sur Viadeo

Créée en 1978 à l'initiative d'un Raymond Aron qui s'inquiétait de la perspective d'une arrivée de la gauche socialiste et communiste au pouvoir et entendait établir des foyers de résistance intellectuelle à une éventuelle chape de plomb, la revue Commentaire, aujourd'hui dirigée par Jean-Claude Casanova, porte haut le drapeau d'une intellectualité de centre droit. Elle se situe à contre-courant des idées de gauche, dont elle exagère sans doute le caractère consensuel.

La livraison de l'hiver 2009-2010 est symptomatique du tournant que cette pensée nourrie de la tradition libérale à la française est en train d'opérer en direction d'un néoconservatisme à la fois affirmé et défensif. Le triomphalisme démocratique qui a suivi les années de la chute du mur de Berlin en 1989 a fait long feu. L'heure est plutôt aux inquiétudes sur certaines des dérives considérées comme propres à notre société.

Le "relativisme culturel" analysé ici par la sociologue Dominique Schnapper, qui s'apprête à quitter le Conseil constitutionnel, fait partie de ces "effets pervers" d'une liberté qui se retourne contre elle-même. Produit du développement conjoint de la mentalité démocratique et de celui des sciences humaines, l'idée que toutes les cultures doivent être traitées à égalité met la démocratie en danger dès lors qu'elle aboutit par exemple à rejeter l'universalisme des valeurs, notamment morales. La solution, pour Mme Schnapper, consiste à préférer "les vérités partielles et provisoires" comme antidote au relativisme comme au culte de l'absolu.

Autre critique contre un certain relativisme moderne ou postmoderne menée dans ce numéro, celle de l'écrivain et historien d'art Jean Clair qui dénonce, une fois de plus, la "descente aux enfers" de l'art occidental - en particulier les arts plastiques - où l'on a, à l'en croire, perdu le sens du "métier" et de la dimension sacrée de l'oeuvre. Si la danse et la musique ne les ont pas suivis sur cette pente glissante, c'est en vertu de la "discipline" qui demeure indispensable à qui entend les pratiquer.

Autre crépuscule entrevu, celui de la popularité de Barack Obama dont Armand Laferrère, conseiller à la Cour des comptes, attaque de front le bilan. Il reproche, notamment, au président américain d'être resté proche de ses sympathies d'extrême gauche qu'il a cultivées sur les campus. Sa diplomatie ne prend-elle pas pour cibles privilégiées... les alliés de Washington (la Grande-Bretagne, Israël, et "les forces anticommunistes d'Amérique latine") ? Une contribution plus favorable à la présente administration démocrate par Gilles Andreani, lui aussi conseiller à la Cours des comptes et ancien familier du Quai d'Orsay, vient équilibrer ce réquisitoire.

C'est à un genre différent de constructionnisme que s'attaque Mireille Hadas-Lebel, professeure d'histoire ancienne à la Sorbonne et spécialiste d'études juives. Elle s'attaque au très controversé Comment le peuple juif fut inventé ? (Flammarion, 446 p., 23 €) de son collègue israélien Shlomo Sand.

Un autre historien, Alain Besançon, s'interroge, lui, en catholique pratiquant et sans vraiment trancher, sur les arguments qui justifient ou pas l'abandon du célibat des prêtres présenté comme la solution à la crise de vocation. Une règle qui, rappelle-t-il, est plus ancienne qu'on le pense puisqu'elle a été formulée aussi tôt qu'en l'an 303 au concile d'Elvire, près de Grenade, et donc une tradition qu'il ne faudrait, dit l'auteur à l'unisson du ton général de la revue, abolir que "les mains tremblantes".


Commentaire, Hiver 2009-2010, nº 128, 1 104 pages, 20 euros

Nicolas Weill
Réagissez à cet article
Réagissez (1)
Recommandez cet article
Recommandez
Classez cet article
Classez
Imprimez cet article
Imprimez
Envoyez cet article par e-mail
Envoyez
Partagez sur Twitter
Partagez sur Facebook
Partagez sur del.icio.us
Partagez sur BlogMarks
Partagez sur Wikio
Partagez sur Viadeo
PARTAGEZ
Vos réactions
  Le Pape est l’adversaire obstiné du relativisme. Un Pape ne peut admettre qu’il y ait d’autres vérités que la sienne. Le Pape n’est pas un créateur. Il n’innove en aucun domaine. Il vit dans la répétition. Il n’est pas artiste. L’art ignore la vérité du fait qu’il est exploratoire et qu’il explore les possibles imaginaires. La vie n’a de sens que pour ceux qui l’inventent. Les autres dorment dans leurs certitudes bimillénaires. Ils sont les poids lourds de l’histoire et l’empêchent d’avancer  
Vos offres d'emploi