Il est des joies comme il est des douleurs qui défient toute description. Ce samedi soir, les Clermontois ont enfin abandonné leur jersey de maudits du Top 14 pour se laisser submerger par l'ivresse d'un sacre, le premier de leur histoire. Après onze finales et une litanie de désillusions, le Brennus a donc succombé aux phalanges des Jaunards, tombeurs de Perpignan (19-6). Cette finale, pour ce qu'elle eut d'excessive dans le délire auvergnat, mais aussi par son intensité dramatique, s'est offerte - logiquement - à la maîtrise du XV des Volcans, à son sang froid inscrit cette saison dans ses gênes. Aurélien Rougerie le prédisait : «À force d'abnégation, on gravira la dernière marche». Personne ne saura si l'écriteau "Brennus : WANTED" arborait le vestiaire de l'ASM. Mais à voir la résistance éperdue des Jaunards, leur maul ardent et punitif à la 77e minute de jeu, le plus célèbre bout de bois ne pouvait leur échapper.
Les Catalans ont connu de gros problèmes dans l'occupation du terrain. Titularisé à l'ouverture, Gavin Hume a manqué de précision, de profondeur, de pragmatisme.
Après avoir été "rossés" physiquement l'an passé, les protégés de Vern Cotter étaient bien décidés à asphyxier la furia catalane. Portés par le jeu au pied d'occupation de Brock James, très inspiré sur deux percées mais aussi sur ses chandelles et ses coups de pompes par-dessus la défense de l'USAP, et les lancements rapides de Morgan Parra, les Auvergnats ont visité le camp catalan pendant quatre-vingt minutes. Légèrement dominateurs en mêlée, ces carapaces où fument les reins, les Sang et Or ont eux déambulé dans leur 22 mètres. Là où commencent pour les uns l'angoisse de la défense et la résolution du désespoir, pour les autres, l'ouverture véhémente. Et sur une descente plein centre d'Aurélien Rougerie, relayé par Brock James, Parra et son esprit de finesse ont introduit Napolioni Nalaga dans l'en-but catalan dont l'essai fit soulever la destinée assise des spectateurs clermontois (10-0, 16e).
Perpignan, qui sait jouer à ce jeu où conformément à l'évangile, "il vaut mieux donner que recevoir", a bien essayé d'assommer les élans de l'ASM. Mais les replis de Tonita, les tampons de Tuilagi sur Cudmore (33e), et Planté sur Rougerie (34e), n'ont pu briser les espoirs des Jaunards. Les Perpignanais auront surtout failli tactiquement sans jamais être en mesure de changer de rythme, d'occuper le terrain adverse. Et Jérôme Porical, décisif en demie face au Stade Toulousain (7/7), a réveillé au plus mauvais moment la médiocrité de son pourcentage de réussite au pied en saison régulière (2/6).
Les Catalans auront concédé 8 pénalités contre 10 pour les Clermontois. Et si Morgan Parra n'a signé qu'un 3/6 au pied, le demi de mêlée de l'ASM aura inscrit les pénalités dans les moments clés.
Poussés par leurs supporters gesticulant comme des damnées, les Clermontois ont joué avec impétuosité et méthode pour ne jamais relâcher leur domination territoriale. Le peuple catalan, certainement déçu par la fébrilité de son équipe, ses imprécisions en touche (3 ballons perdus), peut renoncer à ses cantiques. Le Stade de France, ce tombeau où reposait depuis trois ans la dépouille des rêves du XV des Volcans, est inondé du bonheur des Rougerie, Bonnaire, Ledesma, Malzieu... Oui, l'histoire du Brennus est bien une légende qui vit de douleurs, de joies et de mythes. Les Clermontois viennent d'en écrire l'une des pages les plus romanesques. Et Jacques Brunel, le manager de l'USAP, l'admet sans honte : «ils le méritent».
Vincent PERE-LAHAILLE, au Stade de France
Napolioni Nalaga sauve de justesse une touche et trouve rapidement Antony Floch qui passe un drop de 40 mètres. L'ASM fait alors un break définitif (6-19).
Pour Alain Penaud, les Brivistes, tombeurs de Perpignan et Toulon, peuvent réaliser de...
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