Les donateurs cassent leur tirelire pour Haïti
La Conférence des donateurs a promis de verser 5,3 milliards de dollars sur deux ans, pulvérisant les espérances les plus optimistes.
Ils redoutaient les trombes d'eau venues de l'Est. C'est à une pluie de dollars en provenance de New York que les Haïtiens ont eu droit mercredi soir. La Conférence des donateurs pour la reconstruction d'Haïti, qui a réuni au siège de l'ONU pas moins de 138 pays, les organismes internationaux, les ONG et les représentants de la diaspora haïtienne, a promis de verser 5,3 milliards de dollars sur les deux ans à venir pour relever le pays après le séisme qui a tué plus de 230.000 personnes et balayé 60 % de l'économie du pays. Fruit d'un événement longuement préparé, les engagements totaux à long terme en faveur de la reconstruction ont même atteint 9,9 milliards de dollars, pulvérisant les espérances les plus optimistes et rejoignant l'estimation des besoins faite par le gouvernement Préval (11,5 milliards de dollars).
L'Union européenne et les Etats-Unis arrivent en tête des pourvoyeurs d'aide, avec respectivement 1,6 et 1,15 milliard de dollars, mais même le Monténégro, la Géorgie ou le Mali ont apporté leur obole. « C'est un beau jour pour Haïti ", a estimé la secrétaire d'Etat Hillary Clinton, qui coprésidait la conférence avec Ban Ki-moon et le président haïtien. Le secrétaire général des Nations unies a toutefois ramené l'auditoire aux réalités du terrain, en rappelant que l'appel à dons de 1,4 milliard de dollars lancé le mois dernier par l'ONU pour livrer tentes, abris et nourriture au 1,3 million de sans-abri avant l'arrivée de la saison des pluies, début mai, n'avait été jusqu'ici souscrit qu'à moitié...
Point essentiel de l'exercice, Haïtiens et bailleurs de fonds se sont mis d'accord sur le mode opératoire d'une aide à Haïti « plus intelligente », qui permettra d'éviter les dérives du passé, selon l'euphémisme de la secrétaire d'Etat américaine. D'un côté, on ne « contournera » plus le gouvernement haïtien, qui devient un « partenaire » maître de ses priorités ; de l'autre, une série de garde-fous devrait contrer la corruption et imposer la transparence. Dans un premier temps, une Commission intérimaire pour la reconstruction d'Haïti, nommée par le Parlement haïtien et coprésidée par le Premier-ministre, Jean-Max Bellerive, et Bill Clinton, le représentant spécial des Nations unies, veillera ainsi à la coordination et à la régularité des projets pendant dix-huit mois, avant de se transformer en Agence haïtienne de développement. C'est par ailleurs à la Banque mondiale que seront centralisés les dons. Un « solide » système de suivi de l'aide mis en place par les Nations unies grâce à Internet va compléter le tableau, a annoncé Ban Ki-moon.
Reste la stratégie de la reconstruction. Elle se résume en un leitmotiv : « Mieux qu'avant ! " On reconstruira, mais sur fond de décentralisation et de réhabilitation d'une économie agricole et rurale dramatiquement tombée en déshérence.