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Titre   La prise de Caen par Édouard III : 1346, étude critique
Extrait de : Mémoires de l'Académie nationale des Sciences, Arts et Belles-Lettres de Caen (1904)
 
Auteur   Henri Prentout  
Publication   Caen : H. Delesques, 1904. 73 pages  
Original prêté par   Bibliothèque universitaire de Caen - Section droit-lettres  
Cote   N RB II b/250399  
Saisie et formatage par   Dataland  
Pour le compte du     Centre régional des Lettres de Basse-Normandie  
Mise en ligne le   8 octobre 2006  
     
       

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La prise de Caen par Édouard III : 1346, étude critique / Henri Prentout

     Extrait des Mémoires de l'Académie nationale des Sciences,

     Arts et Belles-Lettres de Caen (1904).

[p. 3]

LA PRISE DE CAEN
PAR ÉDOUARD III
- 1346 -
ÉTUDE CRITIQUE [1].

     Des préparatifs considérables furent faits par Édouard III dans l'hiver de 1345-1346 pour une expédition sur le continent. Certaines chroniques anglaises affirment qu'il voulait débarquer en Guyenne, afin de faire lever le siège d'Aiguillon formé par le duc Jean. Le 7 juillet, la flotte, sortie

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des ports de Portsmouth et de Southampton, mettait à la voile : les vents la rejetèrent sur la côte de Cornouaille. Une heureuse inspiration, ou le conseil de Godefroy d'Harcourt, déterminèrent le roi d'Angleterre à débarquer en Normandie : il reprenait ainsi, en 1346, le plan que d'autres nobles normands conseillaient déjà en 1229 à Henri III [2]. L'influence du seigneur de Saint-Sauveur-le-Vicomte a pu être exagérée par Froissart, mais il n'est pas invraisemblable que l'on ait pu croire à un soulèvement d'une partie de la noblesse normande dans le Cotentin [3]. Certes, depuis la guerre maritime de la fin du XIIIe siècle, au temps de Philippe le Bel et de Édouard II, les commerçants et les marins normands, les bourgeois et le peuple étaient décidément hostiles à l'Angleterre ; il subsistait, néanmoins, parmi la noblesse un parti dont on ne sait s'il voulait l'indépendance du duché ou regrettait la domination anglaise, mais qui,

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en tout cas, obéissait malaisément aux rois de France.

     Le 11 juillet, Édouard part de l'île de Wight ; le 12, il débarque à Saint-Vaast-la-Hougue. Les troupes sont mises à terre du 12 au 18 ; à cette date, Édouard se met en campagne : il pille et brûle Valognes ; le 19, il est à Saint-Côme-du-Mont ; le 20, à Carentan qui est livré aux flammes ; le 22, Saint-Lô est pris et dévasté. Le dimanche 23 juillet, les Anglais pillent Torigny, le lundi 24, le roi est à Torteval, le mardi 25 à Fontenay-le-Pesnel, enfin, le mercredi 26 juillet, il arrive devant Caen [4], et ce jour même s'en empare.

I

     Quelles sont les sources de l'histoire de la prise de Caen en 1346 ? Il est à remarquer que la plupart des historiens de la ville de Caen ont complètement négligé cet épisode si important de l'histoire locale ; il ne rentre pas dans le plan topographique de Huet qui n'en souffle mot. De Bras, le plus ancien historien de la ville, s'était borné à

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reproduire le récit de Froissart [5]. Seul, l'abbé de La Rue [6], suivi par M. Carel, dans son Histoire de Caen de Philippe Auguste à Charles IX [7], insiste assez longuement sur cet événement. Il eut le premier l'idée de contrôler le récit de Froissart, adopté sans discussion par de Bras, et de le critiquer par un texte anglais, la lettre de Michaël de Northburgh ; mais il s'en faut que l'abbé de La Rue ait connu toutes les chroniques anglaises et françaises, tous les documents intéressants dont, au reste, beaucoup n'ont été publiés que postérieurement à l'époque où il écrivait, et bien qu'il ait vu le premier combien il fallait se défier du récit de Froissart, il lui doit encore quelques erreurs.

     Est-il besoin de dire que les histoires de France ont passé rapidement sur ce fait, beaucoup plus important pourtant qu'on ne l'a cru généralement. Michelet lui consacre une ligne [8], Henri Martin suit le récit de Froissart, en le contrôlant par Michaël de Northburgh [9]. Dareste se trompe grossièrement en disant que la prise de Caen a duré cinq jours [10]. Les historiens les plus récents,

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Denifle, dans La désolation des églises, monastères et hôpitaux en France [11], Coville, dans l'histoire de France [12], Longman et Mackinnon, dans leurs histoires d'Édouard III [13] n'ont pu lui consacrer qu'une demi-page. On devait espérer trouver plus de détails dans le livre du général Wrottesley, Crecy and Calais [14]. Sous ce titre, le général a publié, sur la préparation de la campagne et sur les effectifs de l'armée anglaise, un grand nombre de documents très utiles. Mais sa méthode manque de critique. « Je me suis borné, dit-il, avec une candeur qui lui fait honneur, à prendre pour base les lettres de Michaël de Northburgh (le secrétaire d'Édouard III) et à les compléter, pour leur donner du pittoresque, par la chronique de Froissart », méthode évidemment très simple autant que peu scientifique. Combien de gens d'ailleurs suivent le même procédé que le

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brave général, mais n'ont point la naïveté de le dire !

     Ajoutons une courte mention dans l'ouvrage du général Köhler : Die Entwickelung des Kriegswesens und der Kriegführung in der Ritterzeit [15].

     Cet événement nous est connu pourtant par un grand nombre de chroniques qui en ont fait un récit diversement circonstancié, et par quelques documents insérés dans les chroniques, lettres de témoins oculaires ou publiés postérieurement par les éditeurs de certaines chroniques. Il est donc facile, en faisant la critique des sources, d'en reconstituer la physionomie réelle, au lieu de s'en rapporter, comme on l'a fait jusqu'ici, à la relation de Froissart qui a complètement dénaturé la vérité.

     Les diverses chroniques qui contiennent un récit de la prise de Caen sont, en dehors des deux grandes chroniques du Nord, celle de Jean Froissart [16] et celle de Jean le Bel qui l'a inspiré [17], en France :

     1° La continuation de la Chronique latine de Guillaume de Nangis, par Jean de Venette [18] ;

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     2° La continuation de la Chronique de Richard Lescot, religieux de Saint-Denis (1328-1342) [19] ;

     3° Les Grandes chroniques de France (dites Chroniques de Saint-Denis) [20] ;

     4° La Chronique normande du XIVe siècle [21] ;

     5° La Chronique de Flandre [22] ;

     6° La Chronographia regum Francorum [23] ;

     7° La Chronique des quatre premiers Valois [24].

     Ajoutons encore, pour mémoire, la Chronique normande de Pierre Cochon [25], très postérieure, et une chronique manuscrite de la Bibliothèque Nationale qui ne contient qu'un détail intéressant sur cet événement [26].

     Il faut y joindre les chroniques anglaises :

     1° La Continuatio chronicarum d'Adam de Murimouth [27] ;

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     2° Chronicon Galfridi le Baker de Swynebroke [28] ;

     3° Le De Gestis mirabilibus regis Edwardi tertii de Robert de Avesbury [29] ;

     4° L'Eulogium historiarum [30] ;

     5° Le Chronicon Henrici Knyghton [31] ;

     6° Un fragment de chronique qui se trouve au Corpus Christi College de Cambridge et qui a été édité par M. l'abbé Moisant, dans sa thèse sur le Prince Noir en Aquitaine [32], sans que celui-ci, chose singulière, ait utilisé, pour son livre, cet important récit.

     En dehors des lettres nombreuses que contiennent certaines de ces chroniques, lettre en français de Barthélemy de Burgwasche (Burghersh) à l'archevêque Jean Stratford, lettre du secrétaire du roi, Michaël de Northburgh, lettre de Richard de Wynkeleye, confesseur du roi, au prieur et au couvent des Frères Prêcheurs de Londres, qui se trouvent dans Adam de Murimouth [33], le roi Édouard III a annoncé la prise de cette ville à différents personnages : ce sont les lettres à sir Thomas Laig [34] à l'archevêque de Cantorbéry[35],

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à l'archevêque d'York [36], à ses sujets d'Angleterre [37] et aux habitants de Londres [38] ; bulletins de victoire qui n'ont d'ailleurs d'autre intérêt que de témoigner de l'importance que le roi attachait à cet événement.

     Il faut ajouter à ces chroniques et à ces lettres quelques documents qui permettent de préciser des points de détail : le Kitchen Journal et l'itinéraire du ms. Cleopâtra de la Bibliothèque Cottonienne [39], si précieux pour l'histoire de la campagne, fixent la date de la prise de Caen. Des fragments de compte du bailliage de Caen donnent des renseignements sur quelques épisodes [40].

     Enfin, si l'ouvrage du général Wrottesley n'a point de valeur scientifique, il rend le grand service de nous fournir, avec les French-Rolls de la 19e année d'Édouard, la composition et les effectifs de l'armée anglaise.

     Si on étudie au point de vue critique ces éléments, on sera tout d'abord frappé de la supériorité de la documentation anglaise : les chroniques françaises

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sont plus nombreuses, mais les chroniques anglaises contiennent des lettres écrites par des contemporains au lendemain même de l'événement ; des documents authentiques viennent s'y ajouter ; rien de tel du côté français : et c'est une question, comme nous allons le voir, de savoir s'il y a parmi les rédacteurs de chroniques, un seul témoin de la prise de Caen ; et il faut souscrire ici à cette remarque déjà faite par l'auteur de l'histoire de la marine française, que, presque toujours, on est obligé de raconter les batailles de ce temps d'après les sources anglaises, c'est-à-dire d'après les récits des vainqueurs [41].

     Il reste en effet à savoir quelles sont les relations qui ont la valeur d'un témoignage original, celles surtout qui émanent d'un témoin oculaire. Celles-ci devront évidemment être préférées ; bien que le témoin oculaire puisse être, lui aussi, sujet à caution et que ce ne soit pas toujours chose aisée pour un historien de se faire une idée exacte d'un événement, qui a eu plusieurs, ou seulement deux témoins oculaires.

     Il faut toujours faire le plus grand cas des récits écrits au lendemain même des faits qu'ils retracent ; nous en avons ici : ce sont les lettres insérées dans les chroniques anglaises, et aussi les lettres d'Édouard III.

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Mais ces dernières paraissent bien plutôt destinées à frapper l'imagination des peuples qu'à renseigner les historiens [42].

     Les lettres de Michaël de Northburgh et de Barthélemy de Burghersh ont autrement de valeur [43] ;

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l'une est datée du 29 juillet ; l'autre ne porte point de date, mais elle a été certainement écrite au lendemain même de la prise de la ville, pendant le séjour du roi à Caen, après la reddition de Bayeux qui suivit celle de cette ville, c'est-à-dire entre le 29 et le 31 juillet, puisque la reddition de Bayeux eut lieu le 29 et que le roi partit de Caen le 31.

     Le récit de Barthélemy de Burghersh est assez étendu ; mais celui de Michaël de Northburgh l'est encore davantage, il est assez précis, et il devient même tout à fait clair lorsqu'on le rapproche de certains récits de chroniques qui aident à le faire comprendre.

     La lettre de Richard de Wynkeleye, confesseur du roi, qui se trouve dans Adam de Murimouth, ne contient au sujet de la prise de Caen qu'une phrase, saisissante d'ailleurs : « Nam, post conflictum habitum in Cadamo, in quo, multis admodum interfectis, villa capta est et usque ad nudos parietes spoliata, civitas Bacensis se sponte reddidit, timens ne consimilia pateretur. »

     Les chroniques d'Adam de Murimouth et de Robert d'Avesbury valent par les documents que

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nous venons de citer. Le Baker de Swynebroke ne donne qu'un récit laconique, et ce clerc du comté d'Oxford ne semble point être venu sur le continent. L'Eulogium historiarum n'est qu'une compilation ; il en est de même, d'après son titre exact, Compilatio Henrici de Knyghton canonici abbatiae Leycestrensis, de eventibus angliae [44], de la chronique d'Henri Knyghton. Mais il en va sans doute tout autrement de l'anonyme du manuscrit de Cambridge. L'éditeur de ce fragment si intéressant l'avait déjà constaté. « L'auteur, dit laconiquement M. l'abbé Moisant, semble avoir été témoin des évènements qu'il raconte [45]. » A mes yeux, cela ne fait point de doute ; le récit est très circonstancié : on y trouve les noms d'un grand nombre de chefs de l'armée anglaise, avec leurs titres exactement indiqués ; la relation de la campagne qui a précédé la prise de Caen est claire, méthodique de tous points, conforme aux itinéraires qu'elle confirme et complète dans tous les détails ; enfin, le récit de la prise de la ville est d'un homme qui y assistait : il y a là des traits brefs, nets, saisissants qui dévoilent non un amateur de pittoresque comme Froissart, mais une mémoire précise ; ajoutons une concordance parfaite avec le

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récit de Michaël de Northburgh, mais plus de détails [46].

     Il y a donc là pour l'histoire de la prise de Caen une source de premier ordre, la source principale même ; car nous ne trouverons rien de comparable du côté français.

     Des deux grandes chroniques du nord de la France, celle de Jean le Bel a été rédigée pour ce qui concerne cette période, au plus tôt entre 1356

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et 1357 [47], dix ans après la campagne, à laquelle à coup sûr le chanoine de Liège n'a pris aucune part : peut-être tient-il ses renseignements, comme le récit même de la bataille de Crécy, de quelques chevaliers anglais [48] ; quant à l'oeuvre de Froissart, elle n'a pas ici la valeur d'une source originale : ce passage, comme bien d'autres, a été emprunté à Jean le Bel. Il suffit de comparer les deux textes pour en être convaincu. Sur ce fonds, Froissart, d'ailleurs, a, suivant son habitude, brodé des détails dont quelques-uns sont manifestement inexacts [49]. Le brillant chroniqueur a été ici victime de son imagination ou de ses informateurs.

     Passons aux récits des chroniques françaises : l'auteur le plus proche des événements est le continuateur de la Chronique de Nangis, Jean de Venette. Il était enfermé dans Paris pendant la campagne de 1346 ; son récit n'est point sans doute celui d'un témoin oculaire, mais il a pu entendre raconter ces faits quelque temps après leur accomplissement, et il a rédigé vraisemblablement cette partie de la chronique vers 1358-59 [50]. Or, le récit de Jean de Venette,

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si bref soit-il (une page), concorde absolument, quand on l'examine de près, avec les sources anglaises.

     Les Grandes Chroniques n'ont jamais jusqu'ici été l'objet d'une étude critique ; mais pour la période qui nous occupe tout particulièrement, de 1340 à 1350, elles semblent avoir été rédigées avant 1356 [51] ; et leur récit confirme encore les sources anglaises.

     Quant aux autres chroniques françaises, quelle valeur ont-elles ici ? La Chronique des quatre premiers Valois, rédigée dans les vingt dernières années du XIVe siècle, la Continuation de la Chronique de Richard Lescot, dont la rédaction est postérieure à 1390, la Chronique normande de Pierre Cochon écrite au XVe siècle, ne contiennent sur ces faits que quelques lignes sans intérêt.

     La Chronographia n'a été rédigée qu'au XVe siècle, entre 1415 et 1429 [52]. Elle fait partie d'un groupe de chroniques : Chronique de Flandre, Chronique normande du XIVe siècle, qui ont entre elles les plus grands rapports : il est particulièrement intéressant de conférer le récit même de la prise de Caen dans ces différentes chroniques ; mais tant qu'on n'aura pas déterminé la relation exacte qui existe entre ces trois sources, il serait imprudent de prendre l'une d'elles pour fonds d'une relation critique[53].

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Pourtant la Chronique normande du XIVe siècle frappe tout d'abord par la précision des détails topographiques. C'est ainsi qu'on y trouve mention de ce « qu'on appelle l'Ille », c'est-à-dire l'île Saint-Jean ; « là, et grande bataille et merveilleuse à la porte Saint-Pierre dessus le pont [54] ». Plus loin, il parle de la porte Millet. Un historien de Caen ne saurait s'y tromper : l'auteur de la Chronique normande a connu Caen. On ne pourrait néanmoins affirmer, comme le supposaient ses éditeurs, qu'elle est l'oeuvre d'un chevalier de la suite du connétable qui aurait assisté à la prise de la ville. Bornons-nous à remarquer cependant la parfaite vraisemblance de l'indication des combattants [55].

     En somme la méthode qui s'impose dans cette étude consiste à prendre pour base le récit de la Chronique anglaise anonyme et les lettres de Michaël de Northburgh et de Barthélemy de Burghersh, dont elle ne semble d'ailleurs que le développement, et à les rapprocher des trois seules chroniques françaises qui présentent, pour des raisons diverses, quelque intérêt, les Grandes Chroniques, la Chronique normande du XIVe siècle et la Continuation de la Chronique de Nangis.

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II

     Caen était une ville florissante, peuplée, « fondée sur draperie » pourrait-on dire, mais surtout sur le commerce des vins et dotée d'un port important et fréquenté. De Caen, Michaël de Northburgh écrivait, quelques jours après la prise de la ville : « Et est la ville plus grosse qe nulle ville Dengleterre, horspris Loundrez [56]. »

     Cette ville riche occupait une position stratégique dont Guillaume le Conquérant avait reconnu la valeur, au cours des révoltes de ses vassaux ou de ses luttes contre son suzerain Henri Ier ; elle commandait le passage entre la plaine de Caen, le Bessin, le pays d'Auge et l'Hiémois.

     Guillaume, après les batailles du Vales-Dunes et de Varaville, la fortifia ; il commença le château et entoura le grand bourg d'une muraille. Son fils, Henri Ier, roi d'Angleterre, éleva le donjon ; le duc Robert Courte-Heuse avait créé, en détournant un bras de l'Orne, le canal Robert.

     Mais l'assiette naturelle de la ville est faible de toutes parts : elle se présente, à qui vient de la Plaine de Caen ou de l'Hiémois, comme dans un bas-fonds ; elle est, en grande partie, construite sur des terrains d'alluvions apportés par l'Orne et l'Odon. Les deux bras de l'Orne et l'Odon la séparaient alors en trois parties : le faubourg de Vaucelles, au delà

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du Grand-Orne, l'île Saint-Jean, comprise entre le Grand et le Petit-Orne, et le Grand-Bourg. L'île Saint-Jean avait deux têtes de pont fortifiées sur l'un et l'autre Orne aux deux extrémités de la rue Exmoisine, la porte Millet et le pont Saint-Pierre : elle était entourée de tous côtés, par les bras de l'Orne, l'Odon, le port et le canal Robert. Entre le Grand-Bourg et l'île Saint-Jean, l'Odon et le Petit-Orne enfermaient l'île des Prés, point faible de tout temps dans la défense de Caen. De l'autre côté du Petit-Orne, le Grand-Bourg était protégé à l'est par le château flanqué des deux abbayes, abbaye aux Hommes, abbaye aux Dames : était-il lui-même, à cette date de 1346, entouré de murailles ? Sans doute Guillaume le Conquérant a fortifié la ville : il l'a enfermée entre deux murailles qui la séparent des deux bourgs abbatiaux. Ses chartes mêmes nous permettent de tenir les extrémités de ces murailles [57] : vers la Trinité, d'une part, à la Porte-au-Berger, vers l'abbaye aux Hommes, d'autre part, au cimetière Saint-Étienne-le-Vieux, plus loin que le mur actuel qui a été rapproché de l'église, précisément après 1346. Entre ces deux points, nous trouvons, antérieurement à 1346, outre la porte de Darnétal ou pont Saint-Pierre qui permet de passer dans l'île Saint-Jean, la porte de la Boucherie, la porte de Saint-Étienne, la porte Arthur ou Porte-au-Duc (sur l'emplacement de la place Fontette),

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la porte au Marché ou Pesmegnie, au nord de cette rue, puis assez loin au nord-est, la porte Vilaine par où l'on sort dans le faubourg Saint-Julien [58].

     Comment concilier l'existence de toutes ces portes attestées par des chartes antérieures à 1346, avec cette affirmation que l'on trouve dans tous les récits de la prise de Caen et dans les lettres de Philippe VI autorisant les bourgeois à clore leur cité, que la ville était dépourvue de toute clôture et fortifications [59] ? Pourquoi le connétable et les habitants préférèrent-ils se retirer dans l'île Saint-Jean, à l'abri des maigres eaux de l'Orne, du Petit-Orne, du canal Robert et de l'Odon à demi asséchés par l'été ? Ne se seraient-ils pas confiés aux fortifications du Grand-Bourg, s'il en avait été pourvu ?

     Il est probable que ces murailles n'ont consisté qu'en murs peu élevés, peut-être même pas entièrement terminés. Nul doute aussi que depuis la réunion de la Normandie au domaine royal, depuis la fin des guerres contre les Plantagenets, l'entretien des murailles et des fossés aura été négligé. A la veille de la prise de Caen, des palissades furent élevées,

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un fossé fut creusé [60]. Toute la partie au nord de la ville entre la porte Pesmegnie et la porte Vilaine n'a été fortifiée qu'après 1346, comme le montre l'expropriation des Croisiers qui, établis par Saint-Louis sur l'emplacement actuel du marché aux bestiaux, durent, en 1356, se transporter dans la rue Franche qui prit d'eux son nom actuel [61]. C'est également après 1346 que les murs furent refaits le long de l'Odon. Le mur de pierre qui entourait l'île Saint-Jean devait lui-même être bien insuffisant, car on le remplaça, après 1346, par une haute et large muraille munie de tours de distance en distance [62].

     Enfin, c'est entre 1346 et 1367 que fut élevé le nouveau château du Pont-Saint-Pierre. « In quo ponte, dit le continuateur anonyme de Guillaume de Nangis, est nunc aedificatum castrum valde pulchrum [63]. »

     Depuis l'année 1336 où Édouard III affirma ses droits à la couronne et rendit ainsi la guerre inévitable, on ne s'était pas suffisamment préoccupé de mettre Caen en état de défense ? A Pâques 1338, puis dans le courant de l'année, on travaillait

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très activement au château, comm le montrent les actes de la Chambre des Comptes [64]. Mais on n'avait rien fait pour la ville qui, dans le cours des âges, a toujours été sacrifiée, à ce point de vue, au château. Or, avant l'artillerie, le château ne pouvait défendre la ville, si celle-ci n'était pas elle-même fortifiée ; et, au temps de l'artillerie, il n'aurait pu la défendre qu'en la détruisant.

     En 1339, tous les efforts, toutes les dépenses tendent à l'organisation de la flotte ; on veut recommencer la conquête de l'Angleterre [65]. Mais, après le désastre de l'Écluse, où se distingua un des navires du contingent caennais, la Jeannette [66], il fallait prévoir l'invasion ; le plan normand de 1339 allait être retourné contre nous.

     On en fut averti : dix mois avant le débarquement anglais à Saint-Vaast-la-Hougue, des espions ou des gens suspects sont arrêtés à Ouistreham, à

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Bernières [67], et Pierre Le Desrubey, moine, Richard Le Carpentier de Nallye sont menés à Caen par le lieutenant du vicomte de Bayeux, Richard de la Cousture (26 septembre 1345) [68].

     Les moines de Saint-Étienne firent quelques préparatifs. « Ad obviandum inimicis regni Franciae de novo fiunt fortalitie et clausurae murorum que omnia in multis depauperant monasterium... [69]. » Michaël de Northburgh trouva l'abbaye en bon état de défense : « et al une bout de la ville est une abbe, si noble comme il peot estre, od William le conquerour gist ; et est ferme de mures et toures bataillez, grauntz et fortes [70] ». Pourtant là encore les travaux les plus considérables furent faits après 1346 [71].

     D'ailleurs, ni à l'abbaye aux Hommes, ni à l'abbaye aux Dames, l'armée anglaise ne devait trouver de résistance ; l'une et l'autre furent alors évacuées : car, en dehors de la faiblesse naturelle de son assiette, ce fut toujours une des difficultés de la défense de Caen que de trouver les moyens de garnir d'une façon suffisante le château, les deux

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abbayes qui formaient deux postes avancés et la ville même d'un circuit si étendu avec ses deux parties : Grand-Bourg et île Saint-Jean.

     De l'organisation de la milice communale, nous n'avons aucune information directe, les archives antérieures à 1346 ayant été détruites ou dispersées lors de la prise de la ville [72]. Après 1346, on retranscrivit au Matrologe une ordonnance extraite du Livre ancien de la ville écrite par les tabellions jurés avant le règne de Philippe le Bel et relative à la composition du guet [73].

     En dehors des gens de la commune, y avait-il alors à Caen une force organisée ? Après la bataille de l'Écluse, pendant la guerre de Bretagne, un certain nombre de navires gênois avaient séjourné dans le port ; peut-être à ce moment y furent débarqués les archers gênois qui, en 1346, occupaient le château et le port [74]. Peut-être aussi étaient-ils venus avec le connétable Raoul d'Eu et le sire de Tancarville ? Plus vraisemblablement, ce sont les cinq cents archers gênois qui se trouvaient sur les côtes du Cotentin avant l'arrivée d'Édouard III, et qui abandonnèrent leur poste quelques jours auparavant [75].

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     Le connétable qui avait pris part au siège d'Aiguillon, en Guyenne, avait été envoyé auprès de Philippe VI, pour l'informer de la façon dont le duc de Normandie conduisait le siège. A l'annonce du débarquement d'Édouard III à Saint-Vaast-la-Hougue il fut dirigé sur la Normandie [76] pour arrêter l'ennemi. Le connétable se rendit d'abord à Rouen [77] où il s'arrêta trois jours pour attendre les gens d'armes qui se rassemblaient de tous côtés ; peut-être alla-t-il ensuite à Harfleur [78]. Nous ne savons quand il arriva à Caen avec le chambellan de Tancarville. Ce qui est certain, c'est la présence, en outre des hommes d'armes amenés sans doute par le connétable, de l'évêque de Bayeux, Guillaume Bertran, de quelques seigneurs normands tels que Guy de Tournebu et le bailli de Rouen [79]. S'il fallait en croire Édouard III, Caen aurait compté 30.000 défenseurs ; par là, nous devons entendre sans doute la population totale de la ville, grossie des habitants des bourgs voisins qui s'y étaient réfugiés de toutes parts, attirés par la grande ville,

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phénomène habituel à toutes les invasions. Mais il n'y avait là certes ni 30.000 soldats, ni 30.000 combattants. L'auteur de la Chronique anonyme anglaise ne donne pas de chiffres, sauf pour la garnison du château : 200 hommes d'armes et 100 archers [80]. Suivant Michaël de Northburgh la ville était pleine de soldats ; mais il dit plus loin qu'il n'y avait que 500 ou 600 hommes d'armes [81]. Les forces qui se trouvaient à Caen se seraient composées de 4.000 hommes au témoignage de la Chronique normande [82]. La Chronographia donne également le chiffre de 4.000 hommes [83]. Les autres sources françaises, non plus que Jean le Bel et Froissart, ne contiennent d'indications. Il faut donc se contenter du chiffre de la Chronique normande et de la Chronographia, total vraisemblable d'ailleurs se décomposant ainsi : 7 à 800 hommes d'armes, 500 archers gênois, 3.000 hommes environ de la milice.

     C'est avec cette maigre troupe qu'il fallait défendre le château, les abbayes et une ville plus qu'à demi ouverte, contre l'armée d'Édouard III. Or, le général Wrottesley a établi par les documents concernant la concentration et l'embarquement de l'armée anglaise qu'on avait mis à terre 19.428 hommes [84]. Si quelques centaines d'hommes ont trouvé la mort dans la marche de Saint-Vaast à Caen,

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Édouard III avait encore devant cette ville 19.000 hommes.

III

     L'armée anglaise s'avançait, sinon en bon ordre, - elle pillait tout sur son passage et à plusieurs lieues à la ronde, - du moins assez rapidement. Le 25 juillet, elle était à Fontenay-le-Pesnel, à 10 milles anglais de Caen (18 kil.) [85]. Le roi avait été averti que de toutes parts des fugitifs se concentraient à Caen, « villa pulcherrima Cadomi », et que des forces s'y réunissaient pour arrêter sa marche [86]. Édouard III voulant éviter toute effusion de sang, envoya le frère Geoffroy de Maldonne (Galfridum de Maldonio), professeur en théologie, « sacre pagine professorem », avec des lettres royales, pour engager les habitants à lui rendre la ville et le château, leur garantissant la possession de leurs biens. Mais ceux-ci ne voulurent pas écouter la sommation : ils jetèrent le messager dans les geôles du château [87].

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     C'est l'évêque de Bayeux qui poussa à la résistance, il déchira même les lettres royales [88].

     Le 26 juillet, le messager ne revenant pas, l'armée anglaise s'ébranle. Le Prince Noir et ses troupes, réveillés par les trompettes, mettent le feu à leurs campements, les incendiaires font leur office à tel point que partout le feu illuminait ces visages anglais [89] : belle préface à la prise de la ville, sinistre spectacle que purent contempler les guetteurs des tours du château et des abbayes [90].

     Le Prince de Galles est à la tête de l'avant-garde ; viennent ensuite les troupes chargées d'escorter les chariots, les voitures portant les vivres ; puis

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l'armée du roi étincelant sous les casques et les étendards, dans le meilleur ordre ; enfin l'arrière-garde [91]. L'armée anglaise, en effet, était conduite par un stratégiste : Édouard III avait hérité des talents militaires des Plantagenets : il déployait ses troupes en un immense demi-cercle au nord de Caen, dans la plaine. Le Prince Noir formant l'avant-garde avait le plus long chemin à parcourir, puisqu'il devait attaquer la ville par l'est, vers l'abbaye aux Dames.

     S'il fallait en croire Jean le Bel et Froissart, c'est alors que se serait placée la sortie des bourgeois de Caen qui, malgré le connétable, auraient résolu d'aller à la rencontre de l'ennemi, puis se seraient enfuis dans le plus épouvantable désordre

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à l'apparition de la première bannière anglaise [92].

     Bornons-nous à constater que de cet épisode il n'est question dans aucune source anglaise et pas davantage dans les chroniques françaises qui inspirent le plus de confiance. Et d'ailleurs, cette fuite peut-elle se concilier avec le parti pris que nous rapportent nettement les chroniques anglaises d'évacuer les abbayes, le Grand-Bourg, et de se retirer dans l'île Saint-Jean et au château ?

     L'armée anglaise attaque la ville par quatre points [93]. Le Prince Noir occupe l'abbaye aux Dames [94] ; un autre corps, l'abbaye aux Hommes. On n'y trouve personne. « Et nul homme ne feust demurre as dites abbeies ne en la ville de cele part del eawe, forsqe en chastel [95] ».

     Le roi s'établit dans un hôtel « in decenti manerio », en un des faubourgs « in dicte ville suburbio. » L'arrière-garde campa dans les champs [96].

     Telle est la situation de l'armée anglaise. Voilà celle des défenseurs. L'évêque de Bayeux avec quatre barons, deux cents hommes d'armes et cent archers gênois occupe le château. Trente navires

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sont dans le port ; on y a placé, pour établir le lien entre le château et l'île Saint-Jean, des hommes d'armes et des archers qui défendent ainsi l'accès de l'île. Les autres nobles occupent le pont qu'ils ont renforcé par des barrières, les bourgeois se sont réfugiés dans la ville avec toutes leurs richesses, s'y croyant en sûreté [97]. Michaël de Northburgh dit que le connétable avait avec lui cinq à six cents hommes d'armes et la commune de la ville [98].

     A 9 heures du matin, le Prince de Galles, qui avait occupé l'abbaye aux Dames, fit son entrée en ville, (sans doute par la porte au Berger). L'armée s'était mise en marche de bonne heure, elle éprouvait le besoin de se refaire, elle prit ses cantonnements et déjeuna, les vivres abondaient d'ailleurs. Cependant le comte de Warwick [99], avec une petite troupe d'hommes de pied [100], marche vers le pont Saint-Pierre. Le comte de Northampton [101] et lord

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Richard Talbot [102] le suivent. Mais ils s'aperçoivent qu'ils ne peuvent triompher facilement de la résistance qui leur est opposée. Les archers couvrent le ciel de leurs flèches, les hommes d'armes engagent, aux barrières du pont, une série de combats isolés et frappent de bons coups. Les chefs de l'armée anglaise courent ça et là ; les archers anglais et les gallois essayent de passer l'Orne à gué ; on était au plus fort de l'été, et le Petit Orne, dont le débit n'a jamais été bien considérable, n'avait que peu d'eau : « Et chei adonc si bien au roy d'Engleterre et à ses gens que la rivière qui keurt parmi la ville de Kem, qui porte grosse navie, estoit si basse et si morte qu'il le passoient et rapassoient à leur aise, sans le dangier du pont [103]. » Mais les hommes de pied et les Gênois les repoussent avec leurs lances

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et leurs frondes ; pourtant deux navires sont brûlés dans le port par les archers.

     Alors les défenseurs du pont Saint-Pierre sont tournés par les Anglais qui ont franchi le Petit Orne. D'autre part, les navires du port sont abandonnés par les Gênois, et les archers gallois passent le fleuve sur de légers bateaux. Enfin les Anglais, maîtres du Grand-Bourg, se sont emparés de la porte de la grande boucherie et pénétrent par là dans l'île des Prés, puis dans l'île Saint-Jean. Partout la résistance des Caennais avait été acharnée. « Et le peuple se deffendoit tant qu'il povoit meismement es près, sus la boucherie et au pont aussi, pour ce que ylec estoit le plus grand péril. Et les femmes, si comme l'on dit, pour faire secours, portoient à leurs mains les huis et les fenestres des maisons et le vin avecques, afin qu'ils fussent plus fors à eux combatre. Toutes voies, pour ce que les archiers avoient grande quantité de sajettes, il firent le peuple de soy retraire en la ville et se combatirent du matin jusques aux vespres [104]. »

     Froissart, lui-même, atteste la vérité de la courageuse résistance de ces habitants dont plus haut il a raconté la fuite. « Car chil qui estoient monté en loges et en soliers sus ces estroites rues, jettirent pières et bans et mortiers, et en occirent le premier jour que mehagnièrent plus de cinq

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cens [105]. » Les Français renoncent alors à défendre le pont ; ils se réfugient dans les maisons voisines de l'île Saint-Jean où les comtes de Warwick et de Northampton les poursuivent et mettent le feu aux maisons d'où les Français prolongent la résistance.

     Que devenaient le connétable Raoul d'Eu et le sire de Tancarville ? Ils s'étaient enfermés dans le château sur le pont. Autour d'eux, les hommes de pied anglais tuaient tout ce qui résistait, sans regarder à la qualité ni à la rançon ! « tam proceres quam mediocres, nulla admissa redemptione, in frustra concidebant [106]. » Jean Le Bel et Froissart, surtout, ont longuement raconté comment le connétable et le chambellan ayant grand'peur de tomber entre les mains d'archers qui, sans savoir à quels grands seigneurs ils avaient affaire, auraient pu les mettre à mort, aperçurent, parmi les combattants, Thomas de Holland qu'ils avaient connu dans les croisades de Pologne et se rendirent à lui [107]. C'est un des épisodes principaux de leur

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récit ; outre les nombreuses invraisemblances de détail qu'il contient dans Froissart [108], il est contredit, sur un point essentiel, par la Chronique anonyme [109] et par la lettre de Barthélemy de Burghersh [110]. Si le comte d'Eu s'est bien rendu au connétable, le comte de Tancarville a été fait prisonnier par un bachelier du prince de Galles, un chevalier nommé Thomas Damers [111].

     Les pertes des Français furent considérables : il y aurait eu 95 chevaliers prisonniers, plus de 2.500 morts [112]. Un grand nombre de chevaliers, d'hommes armés, gisaient nus par les jardins, les maisons et les places. Les écrivains anglais, témoins oculaires, n'essayent pas de déguiser le pillage et la brutalité anglaise [113]. Par contre, ils atténuent les pertes de l'armée d'Édouard III. S'il fallait en croire Michaël de Northburgh, il n'y aurait eu qu'un

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homme d'armes gravement blessé qui mourut deux jours après. Mais, suivant les idées de ce temps, la piétaille ne compte pas, et, comme ce sont surtout les archers, les Gallois, qui ont combattu au pont, les Anglais ont pu subir des pertes beaucoup plus fortes. Froissart dit que les Anglais avaient perdu plus de cinq cents hommes, et que le roi en fut très irrité [114]. Dans sa colère, il aurait ordonné que l'on passât tout au fil de l'épée, et que l'on mît la ville « en feu et en flame ». Seule l'intervention de Godefroy d'Harcourt aurait sauvé la ville : il aurait remontré au roi le danger d'un combat de nuit contre la population exaspérée et le besoin qu'il avait de ménager son armée pour la bataille rangée contre Philippe de Valois. Godefroy d'Harcourt aurait alors proclamé partout l'ordre de cesser la poursuite et d'épargner les habitants [115]. Mais, en dépit du ban royal, fait certain confirmé par la Chronique anonyme [116], le désordre fut épouvantable : « Là fut trouvé et robé innombrable trésor, et peut-on veoir grande pitié de bourgoys, de bourgoises, de leurs femmes, filles et enfans, qui ne sçavoient où aler, ainsi veoit chascun devant soy son proesme murdrir, la mère et la soeur, ou la femme ou la fille enforchier, les maisons brisier et l'avoir rober [117]. »

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     Le pillage, au témoignage même de l'anonyme anglais, durait encore le 27 juillet. « Redeunt ad opera Anglici spolia cupientes. » On enleva tout ce qui était précieux : vêtements, joyaux, ornements, mais rien autre, dit l'anonyme [118], qui essaye d'atténuer, mais qui oublie le « usque ad nudos parietes spoliata » de Richard de Wynkeleye [119]. Le 28 encore, les Anglais ne firent que brûler tous les environs, « plura non egerunt nisi quod patriam undique igni supponebant, ut omnino essent opere penitus ociosi ». La terreur se répandit partout, Bayeux se rendit le 29 [120]. La flotte qui avait ravagé toute la côte se tenait prête à appuyer les opérations de l'armée : arrivée à Ouistreham, elle y détruisit tous navires de guerre et autres [121].

     On chargea dans ce port toutes les marchandises enlevées [122], tout le butin, peut-être les 40.000 pièces de drap dont parle un écrivain postérieur, Papirius Masso [123]. Il y eut là un désastre économique, qui

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frappa sans doute d'un coup terrible, une ville qui avait été, aux siècles précédents, une des premières, des plus actives et des plus riches de France. Les deux abbayes n'avaient pas échappé au pillage, comme le prouvent des actes royaux, les lettres de Jean le Bon pour l'abbaye de Saint-Étienne [124].

     Quelques maisons qui se trouvaient en face le pont Saint-Pierre, à l'extrémité de la rue Exmoisine (rue Saint-Jean), avaient été incendiées au cours de la vigoureuse résistance des Caennais, elles brûlèrent pendant toute la nuit [125].

     Beaucoup d'habitants s'étaient enfuis par la porte Millet [126]. Le comte de Huntingdon, malade, rentrait en Angleterre ; il fut chargé d'y emmener les prisonniers, qui furent enfermés à la tour de Londres et autres lieux sûrs [127].

     Le 31 juillet, Édouard quittait Caen, où il était resté cinq jours [128], pour aller camper à Troarn.

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Dans l'une de ses rédactions, Froissart raconte, avec son pittoresque habituel, le départ de l'armée anglaise. « Au quatrième jour, li rois d'Engleterre et les Englois issirent de Kem, el quant il monta a ceval, il i avoit autour de li grant fuisson de honmes et de fenmes qui venu l'estoient veoir. Se lor dist li rois tout hault : « Entre vous, qui chi estes, de la courtoisie que je vous fac, remerciiés votre bon amie Godefroi de Harcourt, car par li estes vous déporté de non estre ars. » Tout et toutes s'agenouillièrent adonc devant le roi, et dissent de une vois : « Très chiers sires, Dieus le vous puist merir et à li ossi. » A donc cevauça li rois oultre, et li princes de Galles, ses fils ; et grant fuisson de clacronhiaus et de tronpètes et de menestrels cevauçoient devant et faisoient lor mestier. Et cevauchièrent en cel estat tout au lonch de la ville de Kem, et missent priès d'un jour au widier, avant que li arrière garde fust hors [129] ».

     Le roi Édouard laissait dans la ville une garnison anglaise de 1.500 hommes qui devait essayer de s'emparer du château dont il n'avait pu se rendre maître jusqu'alors [130]. Il y avait dans le château

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200 hommes d'armes et 100 archers gênois avec l'évêque de Bayeux et quatre barons [131]. Le jour de la prise de Caen, ils n'avaient fait aucune démonstration, aucun effort pour venir au secours de la ville [132].

     Après le départ du roi, la garnison anglaise commença le siège du château. Une maison, voisine de la porte, et servant de résidence au vicomte, fut brûlée par les Gênois « afin que les Anglois qui lors estoient à Caen ne peussent illecques repairier ne pour ce nuire au dit chastel » [133]. Mais à la faveur d'un soulèvement de la population, Gênois et hommes d'armes firent une sortie et tuèrent tous les anglais de la garnison [134].

     La ville était délivrée, mais elle était ruinée, arrêtée dans son développement industriel, dans son essor.

     A une ère de prospérité qui durait depuis le règne de Henri Ier, presque sans interruption, allait succéder une époque de guerres incessantes, de travaux de fortifications : après deux siècles d'activité économique, un siècle d'histoire militaire. La

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ville même, obligée de s'enclore, allait changer d'aspect. Enfin, désastre sensible à l'historien de Caen, dans la prise du château Saint-Pierre, qui était le siège de la commune, les archives communales avaient été brûlées ou dispersées ; sous Charles V, la commune dut, à grand'peine, reconstituer ses titres, de sorte, qu'à tous égards, 1346 est une date capitale dans l'histoire de Caen [135].

     Les Caennais mirent toute leur opiniâtreté à réparer les maux de cette catastrophe, à s'efforcer d'en prévenir une semblable. Ils y déployèrent le même courage qu'ils avaient montré lors de la prise de leur cité.

     On voit ce qu'il faut penser des odieuses accusations de la monarchie contre les bourgeois de Caen, dont Froissart s'est fait l'écho : Philippe VI, en convoquant l'armée pour aller au secours de Calais, déclara qu'il ne voulait que des gentilshommes « et que des communautés amener en bataille ce n'est que toute perte et empecement et que tels manières de genz ne font que perdre en bataille ensi comme la nive font au solel ; et bien avait apparu à la bataille de Crechi, à la Blanqe Taqe, à Kem en Normendie » [136].

     La vérité est que le connétable était arrivé trop tard pour prendre toutes les mesures nécessaires à la mise en état de défense d'une ville d'ailleurs

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ouverte ; sous le coup d'une rapide et quadruple attaque de l'armée anglaise, une partie des défenseurs se jeta dans le château, une autre dans la maison commune sur le pont Saint-Pierre ; peut-être quelques-uns abandonnèrent-ils la ville, peut-être aussi après la prise de la porte de la Boucherie, certains bourgeois s'enfuirent-ils à travers l'île des Prés ; mais de leur sortie en rase campagne, de leur panique, racontées par le Bel et Froissart, rien ne me semble devoir subsister aujourd'hui après une étude critique des textes.

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APPENDICES

I

Note sur les combattants français de la prise
de Caen.

     L'armée entière d'Édouard prit part à cet événement militaire ; quelques personnages, le comte de Northampton, connétable, le comte de Warwick, maréchal, lord Richard Talbot, Thomas de Holland, semblent y avoir joué un rôle particulier : nous avons donné en note les renseignements nécessaires pour les faire connaître.

     Il serait intéressant de dresser une liste des principaux combattants français connus. Des bourgeois, les chroniques ne nous ont livré aucun nom : il en sera de même des héros du siège de 1417. Pour les gentilshommes, nous avons le rôle de la retenue et de la bataille du connétable [137] : mais nous ne savons pas si tous les hommes d'armes figurant dans ce rôle sont venus jusqu'à Caen. Il se pourrait même que la plus grande partie de la troupe du connétable, composée, comme le simple examen des noms le montre, de

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gens venus de Flandre, de Picardie et de Haute-Normandie, soit restée à Harfleur pour défendre l'estuaire de la Seine ; il est à remarquer que l'on ne retrouve dans les différentes chroniques qu'un seul des seigneurs mentionnés sur ce rôle, Jean de Friscan, tandis que, par contre, les autres défenseurs de Caen qui nous sont connus par les chroniques ne figurent pas sur ce rôle.

     Mais il s'en faut d'ailleurs que les indications des chroniques soient concordantes sur ce point : laissons de côté les noms donnés par Froissart dans une seule de ses rédactions [138] et qu'on ne retrouve dans aucune autre chronique, ni dans le document publié par nous [139] ; le connétable et le grand chambellan figurent dans toutes les sources [140] : les différences portent sur les autres noms : la Chronique de Richard Lescot nomme l'évèque de Bayeux et le sire de Tournebu ; les Grandes Chroniques font aussi mention du bailli de Rouen ; dans la Chronique normande, telle que l'ont publiée MM. Molinier, nous trouvons Robert Bertran et Guillaume Bertran, évêque de

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Bayeux, et plus loin le sire de Grimbosc et Friquet de Friscamp, qui furent faits prisonniers, le sire de Brimeu et Philippe de Pons qui furent tués. Le ms. 5610 nomme en outre le sire de Baieux (il faut évidemment lire Caieux), le comte de Harcourt, son fils le comte d'Aumale, mais a omis le sire de Tournebu. Il est à remarquer que l'auteur de la Chronique de Flandre semble avoir eu les deux listes sous les yeux ; car s'il reproduit la liste du ms. 5610, il y ajoute le sire de Tournebu, qui se trouve dans le texte de la Chronique normande.

     GUILLAUME BERTRAN, fils de Robert Bertran, baron de Bricquebec, et d'Alix de Néelle, avait été nommé évêque de Bayeux le 25 mai 1331 [141], puis de Beauvais le 23 janvier 1338 [142] ; il fut en butte à l'inimitié de Godefroy d'Harcourt à la suite des querelles qui divisèrent la maison de Bricquebec et la maison d'Harcourt [143] ; il fut transféré à l'évêché de Beauvais en 1347, et mourut en 1356 et fut enterré dans le choeur de son église cathédrale où se voit son épitaphe [144].

     Sa présence à Caen ne fait point de doute, elle est attestée par les sources anglaises, par la lettre de Michaël de Northburgh [145] et par la Chronique anonyme, qui met en relief le rôle joué par l'évèque.

     ROBERT BERTRAN, baron de Bricquebec, vicomte de Roncheville, fut employé, dès 1320, dans de nombreuses

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missions diplomatiques : en 1325, il fut chargé de la défense des côtes de Normandie ; maréchal de France et lieutenant du roi en Gascogne en 1327, il fut envoyé en Flandre en 1328, en Dauphiné en 1334 [146], en 1337 et 1339, il prit part aux importantes réunions des États de Normandie [147] ; en 1340, on le voit de nouveau employé en Flandre [148] ; il reçut à différentes reprises du roi des dons considérables [149] et touchait une pension sur le trésor royal [150]. Il fut tué à la bataille de Crécy [151].

     En 1345, Bertran apparaît comme capitaine commis par le roi sur les frontières de la mer depuis Honfleur jusqu'en Bretagne [152]. En 1346, il est avec Thomas de Hatout, capitaine général du bailliage de Caen [153]. Il convoque à Saint-Vaast, le 12 juillet 1346,

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nous dit la Chronique anonyme, tous les contingents du Cotentin [154] ; mais ceux-ci, en voyant les Anglais brûler les quelques navires qui se trouvaient près du rivage, s'enfuient au plus vite [155], portant partout la nouvelle de l'arrivée du roi d'Angleterre. Suivant la Chronique anonyme, Édouard III avait entendu dire que Robert Bertran se trouvait près de Pont-Hébert et voulait lui disputer le terrain [156]. Il se peut que Robert Bertran ait, avec une partie de ses troupes, battu en retraite jusqu'à Caen. Il est à remarquer, cependant, que cette même Chronique anonyme ne constate pas sa présence à Caen, non plus que les autres sources anglaises. Si Robert Bertran s'est enfermé dans le château de Caen, il a fallu, qu'après avoir assisté au combat par lequel les défenseurs du château reprirent la ville, il se rendît en toute hâte auprès de l'armée royale, pour combattre à Crécy où il fut tué [157].

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Je croirais plutôt qu'il était avec les d'Harcourt qui « déguerpirent la ville », ainsi peut-être que le sire de Caieux.

     On doit considérer d'autre part comme à peu près certaine la présence à Caen du sire de Grimbosc, de Friquet de Friscamp, qui furent faits prisonniers, du sire de Brimeu et de Philippe de Pons, qui furent tués, du sire Caieu et du bailli de Rouen. Les renseignements que nous avons pu recueillir sur ces personnages montrent en effet que leur présence à Caen en 1346 est toute naturelle, qu'ils ont pu y être appelés par les fonctions qu'ils occupaient soit en Normandie, soit auprès du connétable.

     GUY DE TOURNEBU, sire de Grimbosc, figure en 1340 comme bachelier à côté de Guillaume Bertran dans la bataille de Robert Bertran, sire de Bricquebec, maréchal de France, envoyé sur la frontière de Flandre et de Hainaut en la compagnie du connétable [158] en 1345, il était à Ouistreham et y remplissait évidemment une fonction militaire sous les ordres du même maréchal [159].

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     FRIQUET DE FRISCAMP est certainement ce Jean de Friscamp, qui figure comme chevalier dans le rôle de la retenue du connétable en 1346 [160]. En 1349, il sert en Bretagne [161]. En janvier 1351, il est capitaine en la comté d'Angoulême pour le roi [162]. En 1356, il dépose comme gouverneur de Caen, au procès de Charles le Mauvais [163]. En 1357, il reçoit des lettres de rémission et passe plus tard au service du duc de Normandie, le dauphin Charles, l'ancien ami, puis le plus grand adversaire de son ancien maître [164]. En 1362, il était chambellan, il l'est encore en 1363-1364. Cette année-là il prend le titre de sire de Bérenguerville [165]. En 1366, il prend une part importante à une expédition franco-navarraise contre les Anglais [166]. Après sa mort, la protection du successeur de Charles V s'étendit encore sur sa veuve Marie de Vierville [167].

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     Un Jean et un Guillaume DE BRIMEU figurent comme chevaliers dans la bataille de Raoul d'Eu, père du connétable, en 1540 [168]. C'étaient des gentilshommes picards : un Jean de Brimeu, capitaine et garde du châtel d'Étaples au XVe siècle [169]. Il est donc naturel qu'un membre de cette famille se soit trouvé auprès du connétable à Caen, en 1346.

     Un PHILIPPE DE PONS figure aux dates de 1337, 1338, 1339 sur le registre des Comptes de Raoul Ier, comte d'Eu et de Guines [170] : il n'est pas étonnant que ce personnage ou son fils se retrouve auprès du connétable Raoul II en 1346. Un Philippe de Pons était en 1349 chargé de la garde de la ville de Mortain [171].

     JEAN DE CAYEU est inscrit comme banneret dans la bataille de Raoul d'Eu en 1340 [172] ; il est mentionné plusieurs fois au registre de ses comptes [173] : il était une des personnes les plus considérées de son entourage puisqu'il assista au mariage de sa fille et souscrivit comme témoin, il fut tué à la bataille de Crécy [174].

     Enfin les Grandes Chroniques nous disent que, au

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nombre des personnages qui s'enfermèrent dans le château de Caen avec l'évêque Guillaume Bertran, était le bailli de Rouen. Il s'agit de JEAN DE SAINT-QUENTIN, qui fut maître lay des comptes et conseiller du roi en 1349 [175].

     On le voit, l'indication des seigneurs présents à Caen en 1346 et qui y furent tués, blessés et faits prisonniers, telle que la donne la Chronique normande et tout particulièrement le ms. édité par MM. Molinier, présente les plus grandes vraisemblances.

II

Discussion du récit de la prise de Caen dans les
Chroniques de Froissart.

     Depuis de Bras, l'historien caennais du XVIe siècle, tout récit de la prise de Caen s'appuie sur Froissart ou le reproduit. Il est donc nécessaire de discuter ce texte, et d'ailleurs n'y a-t-il pas quelque intérêt de montrer par un examen de détail quelle est la réelle valeur de Froissart et quels sont ses procédés de composition ?

     Froissart a emprunté le fonds de cet épisode, comme bien d'autres parties de sa chronique, aux Vrayes Chroniques de Jean le Bel. L'une et l'autre oeuvres

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renferment le récit de la fameuse panique des bourgeois de Caen, que nous ne trouvons, la Chronographia mise à part, ni dans les sources anglaises, ni dans les sources françaises. Il est à noter que cet épisode présente dans Froissart une différence assez piquante. Jean le Bel avait écrit : « Si tost que ces seigneurs de la ville veirent la bannere du roy d'Angleterre ». Cette expression « ces seigneurs de la ville » déplaît à Froissart qui tient à préciser. « Si tretost que chil bourgois de la ville de Kem [176] ».

     Il y a mieux : Froissart attribue nettement aux bourgeois la fanfaronnade qui aurait consisté à aller au-devant de l'armée anglaise. « L'endemain au matin, li dit seigneur, baron et chevalier qui la estoient s'armèrent et fisent armer leurs gens et tous les bourgois de la ville, et puis se traisent en conseil ensamble pour savoir comment il se maintenroient. Si fu adonc li intention et ordenance dou connestable de France et dou conte de Tankarville que nulz ne vuidast le ville, mais gardaissent les portes et le pont et le rivière et laissassent les premiers fausbours as Englès, pour tant qu'il n'estoient point fremés, car encore seroient il bien ensonniiet de garder le corps de le ville qui n'estoient fremée fors de la rivière. Chil de le ville respondirent qu'il ne feroient mies ensi et qu'il se trairoient sus les camps et attenderoient la puissance dou roy d'Engleterre, car il estoient gens et fort, asses pour le combatre. Quant li connestables oy leur bonne volenté, si respondi : « Ce soit ou nom de Dieu,

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et vous ne combateres point sans mi et sans mes gens [177] ».

     On va voir de quel côté avait été la fanfaronnade : voici ce que dit incidemment la Chronique anonyme : « Comes quidem de Eu ibidem captus per dominum Thomam de Holland, et hic villam per dies quadraginta Anglorum adversario, aut promiserat observasse, aut Anglie regie bellum campestre prebuisse [178] ! »

     Que de fois on prend Froissart ou son modèle Jean le Bel, en flagrant délit d'erreur : c'est le récit de la prise de l'abbaye de la Trinité. « Es des bous de cette bonne ville avait deux moult grandes abbayes et moult riches, l'une de noirs moynes et l'aultre de noires dames, qui sont et doivent estre toutes gentilles femmes six vingt par compte, et par nombre quarante converses à demi prébende, lesquelles furent violées, et furent les abbayes presque toutes arses, avecques grande partie de la ville [179] ». Froissart a reproduit textuellement ce passage. Or nous savons par toutes les sources anglaises que les deux abbayes avaient été évacuées, ainsi que le Grand-Bourg, avant l'arrivée des Anglais et qu'on n'y trouva personne ; elles ne furent point brûlées, et on ne sait ce qu'il advint des religieuses réfugiées dans l'île Saint-Jean : l'abbesse fut faite prisonnière.

     Nous avons déjà remarqué une inexactitude dans le récit de Froissart au sujet de la reddition du connétable

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et du chambellan Thomas de Hollande ; il y a à faire sur ce récit d'autres remarques curieuses.

     Comparons d'abord son récit et celui de le Bel :

TEXTE DE JEAN LE BEL [180]

     « Le connestable, le chambellan de Tancarville et plusieurs aultres chevaliers et escuiers avecques eulx, se mirent en la porte de la ville et montèrent aux fenestres des deffenses et véoient archiers qui tuoient gens sans deffense et sans pitié, si eurent grand paour que ainsy ne feissent d'eulx.

     Ainsi qu'ilz regardoient en grand paour ces gens tuer, ilz perchurent un gentil chevalier qui n'avoit que ung oeil, qu'on appeloit messire Thomas de Hollande et cinq ou six bons baceliers avecques luy, qui avoient aultres foys compaignie et veu l'ung l'aultre en plusieurs chevauchies, en Prusse, en Guernade et en aultre part. Si les appellerent et leur dirent en priant : ôHa ! pour Dieu, seigneurs chevaliers, venez à mont et nous deffendez des gens sans pitié qui nous tueront, s'ilz nous tiennent ainsy que les aultres. »

TEXTE DE FROISSART [181]

     « Dont il avint que li connestables de France et li contes de Tankarville, qui estoient monté en celle porte au piet dou pont à sauveté, regardoient au lonch et amont le rue, et veoient si grant pestilence et tribulation que grans hideurs estoit à considérer et imaginer. Si se doubtèrent d'eulz meismes que il n'escheissent en ce parti et entre mains d'arciers, qui point ne les cognuissent. Eusi que il regardoient aval en grant doubte ces gens tuer, il percurent un gentil chevalier englès, qui n'avoit c'un oel, que on clamoit monsigneur Thumas de Hollandes, et cinq ou six bons chevaliers avecques lui : lequel monsigneur Thumas ravisèrent bien, car ils s'estoient aultrefois veu et compagniet l'un l'autre à Grenade et en Prusse et en aultres voiages, ensi que chevaliers se truevent. Si furent tout reconforté quant il le veirent, si l'appellèrent en passant et li disent, ôMonsigneur Thumas, monsigneur Thumas parlès à nous.ö Quant li chevaliers se oy nommer, il s'arresta tous quois et demanda : ôQui estes vous seigneur qui me cognissiés ?ö Li dessus dit signeur se nommèrent et disent : öNous sommes telz et telz. Venés parler en nous en ceste porte et nous prendés à prisonniers.ö Quant li dis messire Thomas oy ceste parolle, si fu tous joians, tant pour ce que il les pooit sauver que pour ce qu'il avoit, en yaus prendre, une belle aventure de bons prisonniers, pour avoir cent mil moutons. Si se traist au plus tost qu'il peut à toute se route celle part, et descendirent li et seize des siens et montèrent en le porte ; et trouvèrent les dessus dis signeurs et bien vingt cinq chevaliers avoccques eulz, qui n'estoient mies bien asseur de l'occision que il voient que on faisoit sus les rues. Et se rendirent tous sans delay, pour yaus sauver, au dit monseigneur Thomas, qui les prist et fiança prisonniers. »

[p. 57]

[p. 58]

     On voit ici de quelle manière Froissart copie les Vrayes Chroniques en donnant au récit une saveur qu'il n'a pas chez le chanoine de Liège. Mais Froissart s'est rendu compte de l'invraisemblance que présentait le récit de Jean le Bel : comment croire que le connétable et le chambellan aient pu, sous le casque, reconnaître Thomas de Hollande à ce signalement, si caractéristique fût-il, qu'il n'avait qu'un oeil ? Aussi, dans sa troisième rédaction, a-t-il modifié sur ce point son récit : « Eusi que il regardoient aval, en grant doubte, ces gens ocire et abatre, il perchurent un gentil chevalier englois, qui n'avait qu'un oel, lequel on nomoit mesire Thomas de Hollandes, et cinq ou sis chevaliers avecques lui, et desous banière. Et par la banière que uns chevaliers portoit toute droite [182], il le ravisèrent, car bien l'avoient veu aultrefois. »

     L'explication paraît plus vraisemblable ; par malheur, elle n'est pas plus exacte. Thomas de Hollande n'était pas alors chevalier banneret [183] et on chercherait en vain sa bannière dans l'ouvrage de Wrottesley [184].

     Poursuivons cet examen. Siméon Luce et Paulin Paris ont déjà remarqué que c'était à tort que Froissart

[p. 59]

appelait à cette date « Monseigneur Jehan de Meleun, lors chambellan de Tanquarville, » le comte de Tancarville : ce titre ne lui fut donné que le 4 février 1352 [185].

     Enfin Froissart donne comme capitaine du château Robert de Wargnies, et celui-ci n'est nommé par aucune autre chronique, ni par la Chronique normande, ni par la Chronographia qui donnent les noms des principaux défenseurs. Robert de Wargnies n'a été appelé à ce poste que plus tard [186].

     On sait que Froissart a attribué à Godefroy d'Harcourt un rôle capital dans la conception et la conduite de l'expédition de 1346 ; les sources anglaises au contraire le mentionnent à peine. Adam de Murimouth et Robert de Avesbury n'en parlent pas. Geoffroy le Baker n'en dit qu'un mot et notre Chronique anonyme se contente de citer le sire de Saint-Sauveur-le-Vicomte parmi les principaux seigneurs de l'armée et de dire qu'il avait fait hommage à Édouard III pour ses possessions en Normandie.

     La prise de Caen fournit à Froissart une nouvelle occasion de mettre en relief Godefroy d'Harcourt : c'est lui qui intervient en faveur des habitants pour calmer la colère du roi. Là encore Froissart est le seul à donner cet épisode, et il y a, dans sa première rédaction, au moins, un détail invraisemblable : quand le

[p. 60]

roi accepte le conseil de Godefroy d'Harcourt et ordonne d'épargner les Caennais, c'est à lui qu'il s'adresse pour faire exécuter cet ordre. « Messire Godefrois, vous estes nos mareschaux [187] ». Or, nous l'avons vu, le maréchal de l'armée était le comte de Warwick ; à lui ainsi qu'au connétable, le comte de Northampton, il appartenait de régler tout ce qui concernait la marche et la discipline de l'armée.

     On voit avec quelle méfiance il convient de se servir de Froissart. Or, bien qu'on ait maintes fois attaqué sa véracité, bien que l'édition de Siméon Luce mette souvent en garde le lecteur, non seulement on continue de lire Froissart, ce qui se comprend, puisqu'il est le plus vivant des chroniqueurs, mais, comme il est aussi le plus détaillé, on serait encore porté à lui emprunter la majeure partie de l'histoire militaire de la guerre de Cent ans ; on peut penser à quelle approximation on arriverait par cette méthode.

III

Le récit des Grandes Chroniques.

     Comme je l'ai déjà remarqué, les Grandes Chroniques n'ont jamais fait encore l'objet d'une étude critique d'ensemble. Cependant M. Lacabane a justement indiqué que la période qui s'étend de 1340 à 1350, paraît avoir été rédigée avant 1356. Elle peut donc, à une date si proche de l'événement, avoir une valeur

[p. 61]

originale : et c'est ce qui résulte d'une étude attentive du récit de la prise de Caen. Il y a là, d'une part, des détails précieux qui presque tous paraissent certains, et d'autre part, dans l'ensemble, un récit qui paraît exact et plus intéressant que celui de la Chronique normande.

     Notons les différents points du récit : ils sont tous, ou confirmés par d'autres sources ou très vraisemblables.

     1° La sommation faite par Édouard III aux bourgeois de Caen est confirmée par la Chronique anonyme anglaise.

     2° La date du jour de la prise de la ville (qui ne se trouve dans aucune autre chronique française), « le mercredi après la Magdeleine-vint-deuxiesme jour de juillet », concorde avec toutes les indications des sources anglaises ; le mercredi après la Madeleine : c'est en 1346, le 26 juillet.

     3° Les noms des principaux combattants, « Guillaume Bertran, evesque de Baieus et jadis frère de Monseigneur Robert Bertran chevalier, le seigneur de Tournebu, le comte d'Eu et de Guines lors connestable de France et monseigneur Jean de Melun, lors chambellan de Tanquarville » paraissent exacts.

     4° L'indication de l'attaque de la ville par quatre points concorde avec la Chronique anonyme anglaise ; mais nous en avons en outre ici la connaissance de deux de ces points qui ne figurent pas ailleurs : « ès près, sur la boucherie [188] ». Pour qui est au courant de l'ancienne topographie de Caen, cela est très

[p. 62]

clair : les Anglais, maîtres du Grand-Bourg, ont attaqué la porte de la Boucherie qui ouvrait un chemin autre que le pont Saint-Pierre, vers l'île Saint-Jean, à travers les Prés. Les bourgeois se sont aussi défendus dans cette Ile des Prés, point faible en tout temps de leur défense. Et on peut se demander si cette mention d'un combat dans les prés n'aura pas été le point de départ de toute une déformation par des gens qui ignoraient la topographie locale et de l'invention de la sortie faite par les bourgeois malgré le connétable, invention destinée d'ailleurs à couvrir la honteuse reddition du connétable.

     5° Ce dernier épisode est en effet présenté ici sous une forme laconique, mais qui n'est pas louangeuse pour Raoul d'Eu. « Lors le connestable de France et le chambellan de Tanquarville issirent hors du chastel et du fort en la ville, et ne scai pourquoi c'estoit et tantôt il furent pris des Anglois et envoiés en Angleterre. »

     6° Les défenseurs du château sont nommés : l'évêque de Bayeux, le seigneur de Tournebu [189], le bailli de Rouen et plusieurs autres avec eux, et leur rôle est défini d'une manière qui concorde avec la Chronique anonyme anglaise.

     Au moins autant que la Chronique normande, le récit des Grandes Chroniques aurait quelque chance d'être l'oeuvre sinon d'un témoin oculaire, en tout cas d'une personne très bien renseignée.

[p. 63]

IV

La Chronique normande du XIVe siècle.

     On sait quel débat s'est élevé entre les éditeurs respectifs de la Chronique normande du XIVe siècle et de la Chronographia.

     MM. Molinier, éditeurs de la Chronique normande, voyaient en elle une oeuvre originale de l'étude du texte, ils croyaient même devoir inférer que l'auteur qui aurait rédigé sa chronique après 1368 [190], n'était pas un homme d'église, mais un homme de guerre, un capitaine normand [191], qui, et ceci nous intéresse tout particulièrement, aurait fait partie de la maison du connétable et aurait pris part, en cette qualité, au combat dans Caen : il aurait même figuré dans le détachement qui se retira au château et reprit la ville après le départ d'Édouard III.

     Mais quand, dix ans plus tard, M. Moranvillé édita la Chronographia, il fut frappé des indéniables ressemblances qu'il constatait entre cette chronique, la Chronique normande, la Chronique de Flandre et la Chronique des Pays-Bas, de France, d'Angleterre

[p. 64]

et de Tournai [192] et ne vit plus dans ces dernières chroniques que des traductions françaises et des adaptations provinciales de la Chronographia, considérées par lui comme une oeuvre originale [193].

     Depuis lors, M. Pirenne, le savant professeur de l'Université de Gand, a soutenu de nouveau la thèse de l'originalité de la Chronique normande [194] ; pour lui, la Chronique de Flandre l'a copiée en l'abrégeant, quant à la Chronographia, ce n'est qu'une traduction latine de chroniques françaises, dont l'auteur a employé à la fois la Chronique normande et la Chronique de Flandre [193]. En somme, d'après M. Pirenne, on pourrait établir ainsi la succession des trois chroniques : 1° la Chronique normande du XIVe siècle, oeuvre originale ; 2° la Chronique de Flandre qui l'a copiée en l'abrégeant ; 3° la Chronographia qui a traduit les deux en les compilant.

     Voyons si par l'étude des différents récits du siège de Caen dans ces trois chroniques, cette théorie se vérifie.

[p. 65]

     De la comparaison des textes il résulte ceci : la Chronique de Flandre, en supprimant les détails topographiques, a reproduit le récit de la Chronique normande, mais il est évident que ce n'est pas sur le texte qui a servi de base à l'édition de MM. Molinier que la copie a été faite, mais bien sur le ms. 5610 ; car on trouve dans la Chronique de Flandre l'épisode si intéressant (qui ne figure pas ailleurs que là) de la reprise de la ville par la garnison du château et les habitants, après le départ d'Édouard III ; il a emprunté à la même rédaction le récit de la sortie des Caennais « et issirent à bataille contre les Englès, et avec yaulx issirent le gent de la ville ».

     Mais il est difficile de ne voir dans le ms. 5610 qu'un simple abrégé de la Chronique normande. En réalité, il y a ici, tout au moins sur ce point, plutôt deux textes différents ayant peut-être emprunté des détails à un fonds commun, à une source originale aujourd'hui disparue, qui devait contenir un récit très détaillé, le plus circonstancié de la prise de Caen. Seulement le ms. 5610, postérieur à la Chronique normande, telle que l'ont éditée MM. Molinier, défigure sans doute sous l'influence de Froissart le récit beaucoup plus exact de la Chronique normande.

     Quant au récit de la Chronographia, il me paraît être une traduction à peu près littérale de la Chronique de Flandre ou du ms. 5610 avec une tendance à l'abréger ; car la phrase relative au comte d'Harcourt et à son fils a disparu ; et je vois là, s'il en était besoin, une preuve de plus à l'appui de la thèse de M. Pirenne. Maintenant l'auteur de la Chronique normande

[p. 66]

était-il, comme l'ont pensé MM. Molinier, un normand appartenant à la suite du connétable et a-t-il assisté à la prise de Caen ? La précision des détails topographiques, si intéressante soit-elle, ne me paraît pas une preuve convaincante, quant à l'origine de l'auteur [195] ; elle ne prouve que la connaissance qu'il avait de la ville.

     Mais je suis au contraire très frappé de la vraisemblance presque complète de l'indication des combattants : tous ont pu être appelés à Caen, ou par leurs fonctions ou par leur situation dans l'entourage du connétable, et je croirais volontiers que d'une relation antérieure de la Chronique normande, écrite peut-être par un témoin de la prise de Caen, sont sortis successivement le récit de la Chronique normande telle que nous l'avons aujourd'hui, puis l'abrégé du ms. 5610, copié par la Chronique de Flandre, traduit par la Chronographia ; peut-être aussi aura-t-il eu quelque influence sur le récit des Grandes Chroniques.

     En résumé, la Chronique normande et les Grandes Chroniques nous donnent en français des récits qui peuvent faire pendant à ceux de la Chronique anonyme ; moins détaillés, moins précis que la chronique anglaise, ils la confirment sur tous les points essentiels et la complètent heureusement.

[p. 67]

DOCUMENTS INÉDITS.

V

     Chr. anonyme contenant les Chroniques de Flandre depuis l'arrivée de Charlemagne dans les Flandres... jusques à la prise de Calais en 1346 [196].

     Comment le roy d'Engleterre print la ville de Caen. En ce temps estoit venus du sige d'Aiguillon Raoul le connestable de France, mais, quant venus fut au roy, il fut ordone qu'il s'en allast à Harfleu et illec assamblast tous les gens d'armes et les vassaulx qu'il pouvoit avoir. Quant il fut venus à Harfleu, il fit en partie ce que le roy lui eust commande, mais quant il scent que le roy d'Engleterre venoit vers Can, il s'en alla cette part a tout ses gens et entra dans la ville...

     Le reste du récit, assez bref, est une sorte de résumé des Vrayes Chroniques de Jean le Bel.

[p. 68]

VI

Autre rédaction de la Chronique normande [197].

     Puis en allerent vers Quen. La estoit envoiez de par le roy de Franche le connestable de Franche, Robers Bertran mareschal, Guillaume son frere adon vesque de Bayeux, le chambrelent de Tancarville, le conte de Harecourt, son fil conte d'Aumasle, li sire de Baieux [198], li sire de Brimeu et plusieurs autres qe estoient bien trois mil hommes et issirent a battaille contre les Engles et avec yaulx issirent le gent de la ville qui moult estoit grande mais desclose estoit en plusieurs lieux. Moult fu grande bataille es pres dehors Quen. La fu pris li connestables, li cambrelen, li sire de Baieux, li sire de Tournebus et si diy fil. La fu ochis li sires de Brimeu. Robers Bertran et ses frères se retrairent au castel qui estoit en le ville. Li contes de Harecourt et ses filz et plusieurs autres guerpirent la ville, lors y entrerent les Engles et firent moult de maulx d'ommes ochire, de femmes violer et de riqches prendre : car moult y en avoit, dont fist le roi Edouars mener ses prisonniers

[p. 69]

par mer en Engleterre et moult de riqches qu'il avoit conquis a Quen et on paiis....

     En che temps alla li rois Philippes a Roem le chitte et assembla ses prinches et ses hommes moult hastivement et li rois Edouars parti de Quen pour aller en Franche attout son ost excepte XCv Engles quil laissa a Quen pour la ville warder. Mais Robers Bertran, li vesques ses freres et les chevaliers qui avec yaulx estoient issirent contre les Engles et les ochirent tous a laide de chaux de la ville qui se tournerent devers iauz.

VII

Un espion à Ouistreham (1345) [199].

     Robert Bertran sire de Bricquebec, capitaine commis par le Roy sur les frontières de la mer depuis Harefleu jusques en Bretagne, au bailly de Caen salut.

     Nous avons entendu que notre ame cousin mons Guy de Tournebu, seigneur de Grimbose, doit avoir prins un moine en la ville d'Ostreham pour senspecon d'estre espié. Nous vous comandons que sans delay icelui moine nous admenez ou envoiez soulz seure garde, car nous voulons parler a luy.

     A Briquebec, le 26e d'aoust l'an 1345.

VIII

Retenue du connétable (1346) [200].

     Extrait d'un rôle intitulé la retenue des gens d'armes tant de l'ostel de nous Raoul d'Eu et de Guines connestables

[p. 70]

de France, comme de nostre bataille, qui avecques nous furent et qui après nous venoient a Harfleur et a Caen ou le roy Notre Sire nous envoia son lieutenant en esté l'an 1346.

     Le comte de Flandres, cheu. bann.

     Baudecon de Meleun pour la bannière.

     M. Jean de Sancerre, ch.

     M. Philippe de Bois Buart (ou Bois Bernart).

     Jean de Salles, esc.

     Ernoul de Bonay.

     Guill. de Blangy.

     Guill. des Roches.

     Jean de Maleterre.

     Jean de Marville.

     Jean Mingot.

     Philippe de Milen.

     Estienne de Poully.

     Jean de Saunay.

     Jean du Pré.

     Jean de S. Omer.

     Loys de Champoux.

     Pierre de Bernon.

     M. Lys de Courbon, ch. bach.

     Jean le Bruste de Courbon.

     Simon du Rosier.

     Hennequin de Bavain.

     Colin Dolegy.

     Loys de Courbon.

     Raulin de Resson.

     M. Bauduin sire de Bavelinghen, cheu. bach.

     Adenoufle Legier.

     Loys Bosques.

     Hennequin Paix.

     M. Gilbert de Sainte Andegone, ch. bach.

     Tassart du Pré.

     Pierre Treffle.

     Jean de Betisy, ch.

     Guill. de Wailly.

     Thomas de Betisy.

     Huet de la Haye.

     Pierre Le Cointe.

     M. Fernand d'Aoustre, ch. bach.

     Jaques Quieret.

     Raoul d'Aoustre.

     Jean Louvel.

     Robert de Belleperche.

     Jean de Lille.

     Jean Peluquel.

     M. Jean de Beaucher l'aisné, ch.

     Raulin des Autieux.

     Raoul de S. Maissons.

     Thomas de Groussonville.

     Le Sire de Gregny.

     Guill. de Bours.

     Robert de Querviller.

     Legrenior de la Vaquerie.

[p. 71]

     Pierre du Bos.

     M. Gauvain de Bailleul, cher.

     Henry Bouteiller.

     Bauduin de Bailleul.

     Jean L'Olivier.

     Jean de la Boure.

     M. Robert le Thiais (al. Thyois).

     Hennequin du Vignay.

     Le Villain de Fay.

     Jean de Cargny.

     M. Jean de Friscamps, cheu.

     Pierre de Friscamps.

     Freumi de Tieullay.

     Jean des Prez.

     M. Robert de Croy, cheu.

     Jean de Croquevison.

     Jean de Sens.

     Jean de Lescot.

     M. Thierry de Chenefeul, ch.

     Jean Blot, esc.

     Renaut Diquennec.

     Jean de Basinghem.

     Thierry d'Oudan.

     Gautier d'Oudan.

     Sumer de Villers.

     Gautier de Hervecourt.

     M. Guill. de Beuseville, ch.

     M. Jean de Beuseville, ch.

     Guill. de Malleville.

     Colmet de S. Sevestre.

     Robinet Dant.

     Jeannot le Boulenger.

     Richard d'Yvetot.

     Richard de Saint Laurent.

     Colin Payen.

     M. Jean Labbé, ch. bach.

     Henry Labbé.

     Guill. de Guerez.

     Colin le Bastart de Mauconduit.

     Guill. de Cornemare en accroissance.

     M. Renaut de Tonneville, ch.

     Lohier de Tonneville.

     Guill. de Tonneville.

     Colart du Mainnil.

     Renaudin Le Bouteiller.

     M. Pierre de Grouchet, ch.

     Philippe Le Breton.

     Michel Le Prévost.

     M. Dreux de Mello, ch.

     Regnaut de Mello.

     Jean de Salenay.

     Jean d'Assi.

     M. le Vaquier Quieret, cheu.

     M. Hue Quieret dit Tristan, cheu.

     Desraine de Beauvoir.

     Jean de Frondival.

     Robin Le Saige.

     Phélipot d'Estreele.

     Lambert de Liege.

     Jeannot le Vaquier.

     Guillot de la Chapelle.

     Regnaut du Til.

     M. Colart chastellain de Beauvais, cheu.

     Guill. de Fayel, esc.

     Ysembart de Moussures.

     Colart de Blaigies.

     Perrinet de Heccourt.

     M. Regnaut de Beauvais, cheu.

     Guillaume de Tendremont.

[p. 72]

     Drouet de S. Pere ad Camps.

     Hue de Beauval, cheu.

     Guill. du Plaix.

     Willequin Le Flamenc.

     M. Jean de Baucheu le fils, cheu.

     Hue de Foucarmont.

     Jean de Part.

     M. Hue de Villers, cheu.

     Jean de Beauval.

     Jean de Troyes.

     M. Renaut de Baillicourt, ch.

     Jean le Prévost.

     Jean de le Val.

     Raulin de Baucheu, esc.

     Guill. de Pons.

     Jean de Courtray, esc. sergent d'armes Henry le Fex.

     Pierre Pain en Bourse, esc.

     Thomassin Martel.

     Jean Malefiance.

     Engerran de Vauchelles,

     Gregnart de Bours, esc.

     Toussain de Bours.

     Framas de Moletes, esc.

     Guill. de Mons.

     Robert Poulart.

     Jean de Vierville.

     Regnaut de Braquemont.

     Guill. le Cunpaing de Bar, esc.

     Jean de Blume.

     Guill. d'Aignon.

     Jean de Chausseron.

     Guill. de Hodent.

     Sausson Dorie.

     Guiot de Sainte More.

     Laurens de S. Julien.

     Jean de Beauregart.

     Perrin d'Aurigny.

     Jean de Villeseurasse.

     Jean de Molins.

     Perrot de Caux.

     Jean de Digongne, esc.

     Perrin de Sainte Maure.

     Guyot de Lassay.

     Casin de Puyseux.

     Hapar le Bigot.

     Tassin d'Erneville.

     Martin Blondel.

     Tous ceux qui n'ont pas ici de qualitez sont tous qualifiez escuiers dans l'original.

[p. 73]

ERRATA

     P. 10, ligne 1, au lieu de : Chronicon, lire : le Chronicon.

     P. 18, note 1, au lieu de : voir l'appendice IV, lire : voir l'appendice III.

     P. 21, ligne 1, au lieu : du Grand-Orne, lire : de la Grande Orne.

     - ligne 2, id., et au lieu : du Petit-Orne, lire : la Petite Orne.

     - ligne 4, lire : au lieu de l'un et l'autre Orne, lire : l'une et l'autre Orne.

     - lignes 9 et 11, p. 22, ligne 13, et plan, faire des corrections identiques.

     P. 30, ligne 7, au lieu de : le feu illuminait, lire : le feu illumine.

     - ligne 9, au lieu de : purent contempler, lire : peuvent contempler.

     P. 34, ligne 9, au lieu de : le Petit-Orne, lire : la Petite Orne.

     P. 35, ligne 4, id.

     P. 37, ligne 12, au lieu : d'hommes armés, lire : d'hommes d'armes.

     P. 49, à la dernière ligne, la note 4 doit être rapportée à la page 50, ligne 1.

     P. 52, ligne 3, au lieu de : en 1540, lire : en 1340.

     P. 58, ligne 10, au lieu de : Eusi, lire : Ensi.

     P. 68, aux notes 1 et 2, au lieu de : voir l'appendice, lire : voir l'appendice IV.


Notes

[1] Le cours public que je consacre depuis deux ans à l'histoire de Caen a attiré mon attention sur cet important épisode qui a constitué une date capitale, et d'ailleurs funeste, dans son évolution. Le 22 mai 1903, je lisais à l'Académie des Sciences, Arts et Belles-Lettres de Caen un mémoire sur les sources de l'histoire de la prise de Caen par Édouard III en 1346. Je reprends aujourd'hui ce travail. En attendant une étude peut-être plus complète, j'ai voulu faire surtout un examen critique des sources, montrer ce qu'il fallait penser du récit de Froissart qui a trop longtemps trouvé crédit à Caen auprès de ses historiens mêmes, et qui est si peu favorable en un point, et partant si injuste à l'égard des Caennais. J'ai voulu aussi mettre en lumière l'importance d'une Chronique anonyme anglaise qui se trouve au Corpus Christi College, à Cambridge. Publiée par M. Moisant il y a dix ans, elle n'a jamais été utilisée par aucun historien, ni par son éditeur, ni même par M. Mackinnon dans sa récente Histoire d'Édouard III.[retour]

[2] V. Élie Berger : Les préparatifs d'une expédition anglaise et la descente de Henri III en Bretagne 1229, Bib. Éc. Chartes, LIV, 5.[retour]

[3] M. Léopold Delisle : Histoire du château et des sires de Saint-Sauveur-le-Vicomte, 1867, in-8°, p. 53-65.[retour]

[4] Cet itinéraire est établi d'après le Kitchen Journal et l'itinéraire du ms. Cleopâtra de la Bibliothèque Cottonienne publiés par M. Thompson dans son édition de la Chronique de Galfridi le Baker, p. 252-253. La date du mercredi 26 juillet résulte de la concordance de ces deux itinéraires avec la lettre de Michaël de Northburgh dont nous parlerons plus loin. Galfridi le Baker dit à tort, p. 80, le mardi.[retour]

[5] De Bras : Les Recherches et antiquitez de la ville de Caen. Caen, 1588, réimpr. En 1833, in-8°, p. 70.[retour]

[6] Abbé de La Rue : Nouveaux Essais historiques sur Caen, 2 vol. in-8°, 1842, t. II, p. 198.[retour]

[7] Caen, in-8°, p. 77-86.[retour]

[8] Michelet : Histoire de France, 19 vol. in-12, 1879, t. IV, p. 200.[retour]

[9] Martin : Histoire de France, 16 vol. in-8°, 1855, t. V, p. 82.[retour]

[10] Dareste : Histoire de France, 9 vol. in-8°, 1865, t. II, p. 437. « Édouard, dit-il, enleva Caen sans difficulté en quelques jours ! »[retour]

[11] Denifle : La désolation des églises, monastères et hôpitaux en France pendant la guerre de Cent ans, t. II, 1re partie. Paris, 1899, in-8°, p. 34-57.[retour]

[12] T. IV, I, p. 59.[retour]

[13] W. Longman : The history of the life and times of Edward the third. Londres, 2 vol. in-8°, 1863, I, 245, résumé d'après Froissart. - Mackinnon : The history of Edward the third. Londres, 1 vol. in-8°, 1900, p. 289-292, résumé d'après Michaël de Northburgh, Barthélemy de Burghersh comparés avec Knighton.[retour]

[14] Général Wrottesley : Crecy and Calais. Londres, in-8°, 1898, 12-20 p.[retour]

[15] Breslau, 1887-1890, 6 vol. in-8°, t. II, p. 388.[retour]

[16] Éd. Siméon Luce et Raynaud S. H. F., 11 vol. parus depuis 1869, t. III, p. 142-147, et pour les 2e et 3e rédactions, p. 371-381.[retour]

[17] Les Vrayes Chroniques de Messire Jean le Bel, éd. Polain. Bruxelles, 1863, 2 vol. in-8°, t. II, p. 71-74.[retour]

[18] Éd. Giraud. Paris (S. H. F.), 1843, 1 vol. in-8°, p. 196-197.[retour]

[19] Éd. Jean Lemoine. Paris (S. H. F.), 1896, 1 vol. in-8°, p. 71-72. L'éditeur y a joint de nombreux documents.[retour]

[20] Éd. Paulin. Paris, 1837, t. V, p. 452-454.[retour]

[21] Éd. Aug. et Em. Molinier. Paris (S. H. F.), 1882, 1 vol. in-8°, p. 75-77.[retour]

[22] Dans l'Istore et Cronicques de Flandre, éd. Kervyn de Lettenhove (Collection de chr. belges inédites), 2 vol. in-4°. Bruxelles, 1880.[retour]

[23] Éd. H. Moranvillé. Paris (S. H. F.), 1893, 3 vol. in-8°, t. II, p. 224-226.[retour]

[24] Éd. S. Luce. Paris (S. H. F.), 1862, in-8°, p. 14.[retour]

[25] Éd. Ch. de Beaurepaire. Rouen (S. H. Norm.), 1870, 1 vol. in-8°, p. 67.[retour]

[26] Fr. 20363, fol. CLXXV.[retour]

[27] Éd. Thompson. Rolls Series, London, 1889, 1 vol. in-8°, p. 202.[retour]

[28] Éd. Thompson. Oxford, 1889, 1 vol. in-4°, p. 80.[retour]

[29] A la suite d'Adam de Murimouth, p. 357 sqq.[retour]

[30] Éd. Fr. Scott-Haydon, 3 vol. in-8°, 1863 (R. S.), p. 207.[retour]

[31] Éd. Lumby, 2 vol. in-8°, 1889-1895 (R. S.), II, p. 33-35.[retour]

[32] Paris, 1894, in-8°, app. I, p. 157-174.[retour]

[33] P. 202, 204, 212, 215. Le texte français de la lettre de Michaël de Northburgh se trouve aussi dans une autre chronique, celle de Robert d'Avesbury, p. 358.[retour]

[34] Coxe : The Black Prince by Chandos Herald. Coxburghe Club, 1842, p. 351.[retour]

[35] Froissart, éd. Kervyn de Lettenhove, t. XVIII, p. 285.[retour]

[36] Publiée dans la chronique de Lanercost, éd. Joseph Stevenson, Edinburgh, 1839, p. 342.[retour]

[37] Delpit : Coll. générale de documents français qui se trouvent en Angleterre. Paris, in-4°, 1847, p. 71.[retour]

[38] Ind. par Delpit, publiée dans le nouveau Rymer, t. III, p. 88.[retour]

[39] Éd. par Thompson. Chronicon Galfridi le Baker, p. 252 et 293.[retour]

[40] Éd. par Lemoine : Chronique de Richard Lescot, p. 71-72.[retour]

[41] Bourel de la Roncière : Histoire de la marine française. Paris, 2 vol. in-8°, 1899, t. I, p. 31 : « Ce n'est point tout profit pour nous : qui n'entend qu'une cloche, n'entend qu'un son ; trop souvent c'est le son de l'ennemi. »[retour]

[42] « Nos gentz comencèrent de donner assaut à la ville qe estoit mult afforcie et estuffe de gentz d'armes environ mille et VIe, et des communes armez et defensables a aysnie de trente mille qe se defenderent mult bien et apertement, si qe la melle fut et long durant, mes loictz ent soit Dieux, la ville fust pris par force au darreyn sannz perdre de noz gentz. » En résumé, plus de trente mille ennemis qui se défendent vigoureusement, mêlée épouvantable, et pas de pertes pour les Anglais.[retour]

[43] Michaël de Northburgh, titulaire de nombreuses prébendes remplit, des missions diplomatiques auprès du pape, notamment pour obtenir les dispenses en vue d'un mariage entre le prince de Galles et la fille du duc de Brabant. Il assista à la campagne de 1346, fut chargé en 1346, 1348, 1350 de nouvelles missions diplomatiques, devint évêque de Londres en 1354, et vint en France de nouveau, cette année-là, pour négocier la paix avec la France ; il mourut en 1361. - Voir : Dictionary of National Biography, XLI, p. 187-188.

     Quant à la lettre de Barthélemy de Burghersh, on ne sait si elle émane du père ou du fils qui, très vraisemblablement, se trouvaient à Caen, puisqu'ils firent l'un et l'autre la campagne de 1346. - Barthélemy de Burghersh, l'aîné, avait succédé à son père comme connétable de Douvres et gardien des cinq ports ; il a rempli des missions diplomatiques importantes en 1329 ; en 1337 il fut nommé amiral de la flotte de la Tamise, devint aussi sénéchal de Ponthieu, gardien de la Tour et chambellan du roi ; il prit une part importante à la bataille de Crécy. En 1355, en l'absence du roi, il fut un des gardiens du royaume.

     La carrière de son fils Barthélemy de Burghersh le jeune commence avec la campagne de 1339, il se distingue dans la guerre de Bretagne et à celle de 1346 dans l'armée du Prince Noir, il fut l'un des premiers chevaliers de l'ordre de la Jarretière, figura à la bataille de Poitiers, eut part enfin aux négociations du traité de Brétigny. Dictionary of National Biography, VII, p. 333-335.

     Il est probable que la lettre à l'archevêque Stratford a été écrite par le père.[retour]

[44] Voir Molinier : Sources de l'Histoire de France, IV, p. 87. Son récit, assez bref, est d'ailleurs exact, mais il n'a évidemment pas la valeur d'une source originale. Il pourrait bien avoir eu sous les yeux la chronique du ms. de Cambridge.[retour]

[45] Moisant, op. cit., p. 7.[retour]

[46] Le ms. du Corpus Christi College est du XIVe siècle : il porte le n° 370 et fait partie de la collection Parker et provient probablement de Norwich dont l'archevêque Parker était originaire. R. James : Sources of Parker collection : Cambridge antiquarian, 1899. Je dois ces renseignements à l'obligeance de M. T. Fr. Tout, le savant professeur de l'Owens College, Victoria University de Manchester. Le ms. est ainsi intitulé : Hec sunt acta bellicosa illustrissimorum Principum dominorum Edwardi Dei gratia Regis Anglie et Francie et Edwardi ejusdem Regis primogeniti principis Wallie, ducis Cornubie, comitis Cestrie, que fecerunt in mari et regno Francie, a penultimo die mensis Junii, anno Domini millesimo CCCmo quadragesimo sexto, indictione quarta decima, pontificatus domini Clementis Pape VI anno quinto, et anno regni regis predicti Anglie vicesimo, regni vero sui Francie VII, ac anno nativitatis domini Edwardi principis Wallie supradicti XVI. L'auteur serait-il quelque personnage attaché à la personne ou au corps du prince de Galles, sur les actions duquel il insiste particulièrement ? Michaël de Northburgh, de retour en Angleterre, aura-t-il écrit un récit plus détaillé de la campagne ? Nous ne savons.

     Je dois remercier, outre M. Tout, mon collègue, M. Barbeau, et son ami, M. Charles Sayle, attaché à la bibliothèque de l'Université de Cambridge, qui a bien voulu collationner pour moi la chronique et l'édition qu'en a donnée Moisant et m'assurer que cette édition ne contenait que des fautes légères. Il y a d'ailleurs une lacune évidente dans le ms. qui n'est probablement qu'une copie, puisque l'on s'y trouve transporté au f° 5 de la reddition de Bayeux (29 juillet) à la prise de la Roche-Guyon (10 août). Ce récit s'arrête à la prise de Poix, 22 août, quatre jours avant Crécy.[retour]

[47] Les Vrayes Chroniques, I, p. XXXII.[retour]

[48] Ibid., I, p. XXXVI.[retour]

[49] Voir app. II.[retour]

[50] Éd. Géraud, I, p. XXIX.[retour]

[51] Lacabane : Recherches sur les auteurs des Grandes chroniques de France. Bibl. Éc. Chartes, II, p. 65. Voir l'appendice IV.[retour]

[52] Éd. Moranvillé, III. Int., p. XLVII.[retour]

[53] Voir l'appendice IV.[retour]

[54] Chronique normande, p. II-XI. Voir l'appendice IV.[retour]

[55] Voir l'appendice I.[retour]

[56] Dans Robert de Avesbury, op. cit., p. 359.[retour]

[57] Chartes de 1082 et de 1083. Gallia christiana, XI. Instr. ecclesiae Bajoc., C. 68 et 75.[retour]

[58] Huet : Origines de Caen, p. 53 sqq.[retour]

[59] « Quae magna erat, licet non clausa. » Chronographia, II, p. 224. - Et quia villa Cadomi muros non habebat tunc temporis nec clausuram. Chr. de Nangis, II, p. 197. - Lettres de Philippe VI (Matrol., f° 11), dans Carel : Étude sur la commune de Caen. Caen, in-8°, 1888, p. 106.[retour]

[60] « Fossa et lignis quadratis ex una parte noviter roborata ; ex alia mariscis et muro lapideo aquisque vehementibus maritimis. » Anonyme du ms. de Cambridge. Moisant, p. 164. Encore est-il visible qu'ici l'auteur s'efforce de nous donner des défenses de la ville une idée redoutable. « Inexpugnabilis quidem apparuit. »[retour]

[61] Huet : Origines de Caen, 2e édition, 1706, p. 333.[retour]

[62] De Bras : Recherches et antiquitez, p. 83.[retour]

[63] Chronique de Nangis, II, p. 197.[retour]

[64] L. Delisle : Actes normands de la Chambre des Comptes sous Philippe de Valois, 1871 (Soc. hist. de Normandie), n° 84. On voit que les travaux remontent à l'année précédente : on travailla notamment aux murs et à la porte de secours.[retour]

[65] Coville : Les États de Normandie au XIVe siècle. Paris, 1894, in-8°, p. 48 sqq. Les Anglais trouvèrent à Caen, paraît-il, un texte du traité entre le roi et les Normands ; il fut lu solennellement par l'archevêque Stratford au cimetière Saint-Paul, le 12 août 1346. (Adam de Murimouth, p. 211.) Dans le même auteur, p. 205, on trouve le texte de la convention ainsi que dans Avesbury et dans l'édition de Froissart, de Kervyn de Lettenhove, XVIII, p. 67.[retour]

[66] S. Luce : Les Normands à la bataille de l'Écluse. Bull. Soc. Antiq. de Normandie, t. XIII, p. 3-41.[retour]

[67] Voir l'appendice VII.[retour]

[68] L. Delisle : Actes normands de la Chambre des Comptes, n° 185. On travaille encore au château cette année-là, mais il s'agit surtout de réparations aux prisons. Ibid., n° 84.[retour]

[69] Supplique de l'abbé Robert dans les Supp. Clém. VI, n° 9, fol. 150h, ad an. 1345, Augusti 19. Denifle, op. cit., p. 37, n. 8.[retour]

[70] Robert de Avesbury, p. 359.[retour]

[71] Voir Hippeau : L'abbaye de Saint-Étienne de Caen, Mém. de la Société des Antiquaires de Caen, t. XXI, p. 108.[retour]

[72] Caen ayant reçu les Établissements de Rouen (non en 1203 comme on le dit généralement, mais sans doute bien antérieurement), la milice était composée de tous les bourgeois jurés de la commune. (Giry : Les Établissements de Rouen. Paris, 2 vol. in-8°, 1883, t. I, p. 23.)[retour]

[73] Matrologe, f° 10. - Carel : La Commune de Caen, p. 106.[retour]

[74] Chr. anonyme, Moisant, p. 165.[retour]

[75] Ibid., p. 159.[retour]

[76] Froissart, 3e réd. ms. de Rome, III, p. 368, et cont. de la Chr. de Nangis, II, p. 196.[retour]

[77] Jean de Venette dit que le roi le suivit jusqu'à Rouen. (Cont. de la Chr. de Nangis, II, p. 196.)[retour]

[78] Il se pourrait fort bien que Raoul d'Eu se soit rendu de Rouen à Harfleur, et que ce soit de là seulement qu'il ait gagné Caen par terre ou par eau. Bib. nat., ms. fr., 20363. Voir l'appendice v.[retour]

[79] Chr. normande, p. 75. - Chronographia, II, p. 224. - Chr. de Richard Lescot, p. 72. - Grandes Chr., V, p. 453. - Chr. anonyme, Moisant, p. 165. Voir l'appendice I.[retour]

[80] Chr. anonyme, Moisant, p. 165.[retour]

[81] Dans Avesbury, p. 359.[retour]

[82] II, p. 76.[retour]

[83] Chronographia, II, p. 224.[retour]

[84] Wrottesley : Crecy and Calais, p. 10.[retour]

[85] Itinéraire, dans Le Baker, éd. Thompson, p. 256.[retour]

[86] Barthélemy de Burghersh dans Adam de Murimouth, p. 202, Chronique anonyme, dans Moisant, p. 163, et Vrayes Chroniques de Jean le Bel, II, p. 72.[retour]

[87] Chronique anonyme. Il y a là une concordance remarquable avec le récit des Grandes Chroniques. « Et manda par ses coursiers et par ses lettres, si comme l'on disait communément aux bourgeois de Caen, que s'il vouloient laissier le roy de France et estre sous le roy d'Angleterre, qu'il les garderoit loyaument et leur donroit plusieurs grans libertés, et, en la fin des lettres leues, menaçoit, s'il ne faisoient ce qu'il leur mandoit, que bien briëfment il les assaudroit et qu'il en fussent tous certains. Mais ceux de Caen luy contredirent tous d'une volonté et d'un courage en disant que au roy d'Angleterre il n'obéiroient point. » Éd. P. Paris, V, 452.

     Michaël de Northburgh est plus vague sur ce point, il se contente de dire que le roi envoya quelques personnes pour examiner la ville ; ce personnage officiel trouve peut-être plus prudent dans une lettre de dissimuler l'échec moral subi par le roi.[retour]

[88] Nous verrons l'évêque se maintenir dans le château après la prise de la ville. Les ennemis de Godefroi d'Harcourt tenaient bon contre le traître.[retour]

[89] Chr. anonyme, Moisant, p. 164.[retour]

[90] L'abbé de La Rue, loc. cit., dit que l'armée d'Édouard avait campé cette nuit-là à l'abbaye d'Ardennes, à Couvrechef, à Hérouville. - De Beaurepaire, Caen illustré, p. 33, et Denifle, op. cit., t. II, 1re partie, p. 35, lui ont emprunté ces renseignements. Toutefois aucun itinéraire anglais ne parle de ces cantonnements.[retour]

[91] Chr. anonyme, Moisant, p. 164. Cette chronique donne (ibid., p. 161) l'ordre de bataille et de marche de l'armée. Le Prince de Galles, qui commandait l'avant-garde, avait avec lui le comte de Northampton, connétable, et le comte de Warwick, maréchal, les lords Robert de Burghersh, Jean de Mohun, Robert Bourchier, Guillaume de Saint-Amant. Le roi, qui commandait le corps de bataille (mediam aciem), avait avec lui Édouard de Montagu, Richard Talbot, Rainaud de Cobham, Robert Ferrers, Jean Darcy le jeune, Thomas de Bradestone, Jean Gray, Michel Ponynges, Maurice de Berkele, Jean de Stryvelyn, Jean de Cheverestin, Geoffroi de Harcourt, Guillaume de Willoughby. Dans l'arrière-garde, sous l'évêque de Durham, figuraient les comtes d'Arundel, de Suffolk, de Huntingdon, lord Hugues le Despenser, Robert de Morle (Morley), Jacques de Andeley (Jacobus Dandeley), Jean Grey, Jean de Sutton, Guillaume de Canteloup, Gerard de l'Isle, Jean de Straunge, Jean de Bolard (Bocland).[retour]

[92] Jean le Bel : Vrayes Chroniques, II, 72, et Froissart, III, 142.[retour]

[93] Chr. anonyme, p. 164.[retour]

[94] Ibid., p. 165.[retour]

[95] Michaël de Northburgh dans Avesbury, p. 357. La Chronique exprime la même idée : « ville parte fere media absque habitatore manente desolata. »[retour]

[96] Chr. anonyme, p. 165.[retour]

[97] Chr. anonyme, Moisant, p. 165.[retour]

[98] Robert de Avesbury, op. cit., p. 359. Il parle aussi des défenses ajoutées au pont : « qe feust mult bien afforcé des etayez et barrers. »[retour]

[99] Thomas de Beauchamp, comte de Warwick, est un des douze comtes qui servent à l'armée, on trouvera sa bannière reproduite dans l'ouvrage de Wrottesley, pl. I.[retour]

[100] Chr. anonyme, Moisant, p. 165. Suivant Michaël de Northburgh, cette attaque n'avait pas été ordonnée. « Et noz gentz del host sanntz assent et sanntz arraie assaillerent le pont. »[retour]

[101] William de Bohun, né sans doute en 1310, comte de Northampton en 1337. Il fut un des commissaires pour les négociations avec la France, prit part aux expéditions en Flandre, fut en 1342 lieutenant du roi et capitaine général en Bretagne, y revint après une campagne en Écosse en 1345. Il suivit toute la campagne de 1346, remplit une nouvelle mission diplomatique en 1349, fut en 1350 gardien des marches d'Écosse. Voir Dictionary, V. 310. Sa bannière se trouve dans Wrottesley, pl. I.[retour]

[102] Richard Talbot, second baron Talbot, né vers 1302, avait accompagné Édouard III en France lorsqu'il prêta hommage pour ses fiefs français ; il figura à de nombreuses expéditions en Écosse, en Bretagne, en Flandre, fut gardien de Southampton en 1339 ; en 1346 il succéda à son père comme baron, leva des troupes dans le pays de Galles et prit part avec elles à la campagne de 1346 (Dictionary, LV, p. 329).[retour]

[103] Froissart, III, p. 145, concorde ici avec la Chr. normande, p. 76. « Mais la dicte ville estoit mauvaisement close et la rivière estoit basse, par quoy les Anglois entrèrent par plusieurs lieux en la ville et encloirent les François au dos, qui combatoient au pont. »[retour]

[104] Grandes Chroniques, V, p. 453.[retour]

[105] Froissart, I, p. 145.[retour]

[106] Chr. anonyme, Moisant, p. 167.[retour]

[107] Jean Le Bel : Les Vrayes Chroniques, II, p. 73, et Froissart, III, p. 143. - Thomas de Holland prit part à l'expédition de Flandre en 1340, à la défense de la Gascogne en 1342, se distingua à Crécy et à Calais, devint lieutenant du roi en Bretagne en 1354, et en 1356 gouverneur des îles anglo-normandes ; baron de Holland vers 1353, il fut en 1359 lieutenant du roi et capitaine général en France et Normandie, et prit alors le titre de comte du Kent. Il mourut dans ce pays le 28 décembre 1360. Après la prise de Caen, il vendit le connétable au roi. Rymer : Foedera, III, pt. I, 126 (Dictionary, XXVII, 156).[retour]

[108] V. appendice II.[retour]

[109] Moisant, p. 166.[retour]

[110] Adam de Murimouth, p. 203.[retour]

[111] Chr. anonyme, Moisant, p. 166. Il faut sans doute lire Thomas Dommer, qui servait sous les ordres de Guillaume de Bohun, comte de Northampton, et fut présent précisément à l'attaque du pont, comme le montre notre chronique. Le nom de Thomas Dommer se trouve dans les Memoranda Roll, 25e année, d'Édouard III (Wrottesley, op. cit., p. 165). Tombé malade devant Calais, il rentra en Angleterre avec la permission du roi.[retour]

[112] Chroniq. anonyme, Moisant, p. 166.[retour]

[113] Robert de Avesbury, p. 356.[retour]

[114] 1re et 3e versions, Froissart, III, p. 145 et 377.[retour]

[115] Froissart, III, p. 145-146.[retour]

[116] Chr. anonyme, p. 166.[retour]

[117] Vrayes Chroniques, II, 73.[retour]

[118] Chr. anonyme, Moisant, p. 167.[retour]

[119] Adam de Murimouth, p. 25.[retour]

[120] Michaël de Northburgh, dans Robert de Avesbury, p. 359.[retour]

[121] Chr. anonyme, Moisant, p. 167, et J. Lemoine, Chr. de Richard Lescot, p. 72.[retour]

[122] Chronique normande du XIVe siècle, p. 75.[retour]

[123] Papirii Massoni annalium libri quatuor. Lutetiae, in-4, 1579, p. 439. Hippeau, op. cit., p. 107, dit : « Quelques historiens anglais font dater de la prise de cette ville l'introduction du luxe dans leur pays, et renvoie à Warton : History of English poetry, I, p. 254. La référence est inexacte. Warton, II, 34, dit que quelques familles s'enrichirent à cette époque des dépouilles enlevées à Caen, Calais et autres opulentes cités. »[retour]

[124] Hippeau, op. cit., p. 110.[retour]

[125] Chr. anonyme, Moisant, p. 166.[retour]

[126] Chr. normande, p. 75.[retour]

[127] Lettre du roi Édouard. Delpit, p. 71. Il y avait 300 bourgeois et 60 chevaliers, suivant Froissart (1re rédaction), III, p. 147. - « Six vingt chevaliers et quinse cens riches hommes. » Autre réd., III, p. 379. - 500 prisonniers, « tous rices hommes des viles où il avoient passet... et bien soissante chevaliers et esquiers », III, p. 381. - Plus de 300 personnes, dit Knyghton, II, p. 35. Parmi les prisonniers figurait l'abbesse de la Trinité, Georgette de Mollay (Galfridi le Baker), p. 80 et 257.[retour]

[128] Et non six comme le dit à tort Galfridi le Baker (p. 80) qui fait remonter l'attaque au mardi : ni deux à trois jours, comme le dit Barthélemy de Burghersh qui, il est vrai, écrit le 29 juillet, deux jours avant le réel départ du roi qui fut peut-être retardé (Adam de Murimouth, p. 203). L'auteur de la Chronique normande dit (p. 76) « environ VIII jours ». Nous suivons le Kitchen Journal, dans Galfridi le Baker, p. 252.[retour]

[129] Froissart, III, p. 360. Voir app. II.[retour]

[130] Ms. 5610. Chronique normande, p. 77, n. 1.[retour]

[131] Chr. anonyme, Moisant, p. 165.[retour]

[132] Ibid., p. 166-167. Le 27, cinq serviteurs de l'évêque sortirent, au matin, du château ; les Anglais les assaillirent, en tuèrent trois et en ramenèrent deux qui rapportèrent au roi l'incarcération de frère Geoffroi de Maldonne.[retour]

[133] Fragment de compte du bailliage de Caen. British Museum, Additionnal Charters, 11, éd. par Lemoine, Chr. de Richard Lescot, p. 72, n. 1.[retour]

[134] Ms. 5610, Chr. norm., p. 77, n. 1, et Chronographia, II, 225.[retour]

[135] Voir Le Matrologe de Caen, qui a été détérioré, il y a quelques années, par un incendie ; on ne le possède plus guère que par l'édition malheureusement incomplète de M. Carel.[retour]

[136] Froissart, IV, p. 271.[retour]

[137] Voir l'app. VIII.[retour]

[138] Ms. de Rome « li sires de Graville, li sires d'Estouteville, li sires de Saqeuville, li sires de Coursi, li sires d'Iveri ». Froissart, III, p. 375.[retour]

[139] Voir l'appendice VIII.[retour]

[140] Sur Raoul de Brienne, comte d'Eu et de Guines, le connétable qui avait succédé dans cette charge à son père Raoul Ier ou II, en 1344, voir Anselme, Histoire généalogique, VI, p. 161. On sait qu'à son retour de captivité, Jean le Bon le fit décapiter sans procès, et que les causes de ce meurtre judiciaire sont restées très obscures. - Quant au grand chambellan, il s'agit de Jean II, vicomte de Melun, qui devint comte de Tancarville le 13 février 1352. Anselme, VIII, p. 444.[retour]

[141] Chr. de Richard Lescot, p. 23.[retour]

[142] Id., p. 60, n. 2.[retour]

[143] Id., p. 60.[retour]

[144] Anselme : Histoire généalogique, II, 271.[retour]

[145] Avesbury, p. 359.[retour]

[146] Anselme : Hist. généalogique, II, p. 271.[retour]

[147] Coville : États de Normandie, p. 44 et 48.[retour]

[148] René de Belleval : La première Campagne d'Édouard III en France. Paris, in-8°, 1864, p. 408.[retour]

[149] Viard : Journaux du Trésor, p. 457, n. 2.[retour]

[150] Ibid.,s 5339, 5640, 5942.[retour]

[151] Je suis ici la Chronique de Geoffroy le Baker, p. 85 et 252. Anselme : Hist. généalogique, VI, p. 691, croit que c'est son fils Robert qui fut tué à Crécy ; mais M. Coville (États de Normandie, p. 271) relève la présence, aux États de 1348, de ce Robert, en faisant remarquer que ce ne peut être le maréchal qui, d'après les comptes du trésor, était mort à cette époque. (Cf. Viard, p. 67, n. 3.) Voici, ce me semble, l'explication : c'est le père qui a été tué à Crécy, comme le dit le Baker, et non le fils ; celui-ci mourut en 1353 en Bretagne (Chr. des quatre premiers Valoïs, p. 23).[retour]

[152] Voir l'app. VII.[retour]

[153] Viard : Journaux du Trésor, n° 2583.[retour]

[154] Le mercredi 23 août 1346, on ordonnançait pour le paiement de Robert Bertran et de ses hommes d'armes à l'armée de Normandie, une somme de 1.600 l. Viard : Journaux du Trésor, n° 270.[retour]

[155] Chr. anonyme, p. 159. Notons que ce récit contredit absolument un passage de Froissart (2e et 3e rédactions, III, 355, 359), relatif au combat livré par Robert Bertran, qui aurait été dans ce combat « durement navrés ».[retour]

[156] Id., p. 162.[retour]

[157] Ms. 5610. L'un fut tué, l'autre blessé à Crécy. Chronicon Galfridi le Baker, p. 85, 254, 262 ; Adam de Murimouth, 216, 248 ; Robert de Avesbury, 369, 371 ; Chronique normande, p. 82 ; Continuation de la Chronique de Nangis, p. 163, 203 ; Chronographia, II, 261.

     Il s'agit de Jean IV, comte d'Harcourt, et de son fils Jean, comte d'Aumale. Jean IV avait été créé comte d'Harcourt par Philippe VI de Valois en 1338. On sait que les différends de la maison d'Harcourt : Godefroy le traître et le comte Jean avec le maréchal Bertran, avaient été la cause de la trahison de Godefroy. Voir L. Delisle : Hist. du Château et des sires de Saint-Sauveur-le-Vicomte, p. 51-sqq. Je renvoie aux substantielles notices qui se trouvent dans la Roque : Histoire de la maison d'Harcourt. Paris, 1662, 4 vol. in-f°, t. II, p. 349-369, 370-384.[retour]

[158] René de Belleval, p. 408.[retour]

[159] Voir l'app. VII.[retour]

[160] Voir l'app. VIII.[retour]

[161] Voir un ordre concernant les gages de Johannes de friguans. Viard, n° 2002.[retour]

[162] Bib. Nat. Pièces originales, vol. 1251.[retour]

[163] Secousse : Recueil de pièces servant de preuves aux mémoires sur les troubles excités en France par Charles II dit le Mauvais. Paris, 1755, p. 49.[retour]

[164] Secousse, op. cit., p. 762. Le Compte du roi de Navarre, édité par Izarn et Prévost, Paris, 1885, in-8°, CXLV-503, p. 149 et 252, montre qu'il avait été, pour le compte de ce prince, capitaine de Beuzeville, canton de Sainte-Mère-Église (Manche).[retour]

[165] Récépissés à ces dates. Bib. Nat. Pièces originales, 1250, dossier 27974.[retour]

[166] Chr. des quatre premiers Valois, p. 169 et 170.[retour]

[167] Pièces de 1381 et de 1384. Bib. Nat. Pièces originales, 1250. Jean Friquet de Friscamp était-il le fils de Guillaume Friquet de Friscamp qui, sous Philippe de Valois, reçut de nombreux dons du roi et du duc de Normandie ? (Viard : Journaux du Trésor,s 5397 à 5361, 5619 à 5622, 5915 et 16.) Nous ne savons.[retour]

[168] R. de Belleval, op. cit., p. 406.[retour]

[169] Bib. Nat. Pièces originales, 519.[retour]

[170] Arch. Nat. Trésor des Chartes, JJ. 269, f°s 38, 90 v° et 92.[retour]

[171] Viard, op. cit., n° 1126.[retour]

[172] R. de Belleval, op. cit., p. 404.[retour]

[173] Arch. Nat. Trésor des Chartes, JJ. 269, f°s 36 v°, 90 v°, 102 et 103.[retour]

[174] Le Baker, p. 85 et 252. Sa présence à Caen ne repose que sur le ms. 5610 et les chroniques qui en sont dérivées.[retour]

[175] Bib. Nat. Pièces originales, 2775, et Viard, op. cit.,s 740 et 3914, 344, 981, 1039, 1079, 1486, 1832 et 2390.[retour]

[176] Froissart, III, p. 141.[retour]

[177] Froissart, III, p. 141-142.[retour]

[178] Chr. anonyme, Moisant, p. 166.[retour]

[179] Les Vrayes Chroniques, II, p. 73.[retour]

[180] Vrayes Chroniques, I, p. 73.[retour]

[181] Froissart, III, p. 143.[retour]

[182] Froissart, III, p. 376.[retour]

[183] Il ne le fut que plus tard.[retour]

[184] Wrottesley, Crecy and Calais, p. 18, n. 2, a fait au sujet de cet incident une ingénieuse conjecture : « He would be readly recognized by his surcoat of arms which was very remarkable even for these days. It consisted of an azure field, diapered with silver fleur-de-lys and over all a lion rampant silver. »[retour]

[185] Grandes Chroniques, V, p. 453, et Froissart, III, p. XXXVII.[retour]

[186] Coville, Les États de Normandie au XIVe siècle, p. 308, avait déjà relevé cette erreur. Robert de Wargnies ne vint en Normandie qu'en 1354, et ce n'est qu'en 1357 qu'il apparaît comme capitaine de Caen.[retour]

[187] Froissart, III, p. 146.[retour]

[188] Grandes Chroniques, V, p. 453.[retour]

[189] Il y a ici une discordance entre le récit de la Chronique normande et les Grandes Chroniques. La Chronique normande dit que le sire de Grimbox fut fait prisonnier, ce qui paraît difficile s'il se réfugia dans le château.[retour]

[190] Intr., p. XXV.[retour]

[191] Ibid., p. II.[retour]

[192] Imprimée par de Smet au tome III du Corpus Chronicorum Flandrie.[retour]

[193] Chronographia, Intr., t. III, p. XII-XXXIV.[retour]

[194] Pirenne : Les sources de la Chronique de Flandre jusqu'en 1342, dans les Études de l'histoire du moyen âge, dédiées à Gabriel Monod, Paris, 1896, in-8°, p. 360-371, et l'Ancienne Chronique de Flandre et la Chronographia regum Francorum. (Extrait du t. VIII, n° 3, 5e série du Bulletin de la Commission royale d'histoire de Belgique.) M. Pirenne a bien voulu, au cours de ce travail, me communiquer ce dernier mémoire. Qu'il en reçoive ici tous mes remerciements.[retour]

[195] M. Pirenne (l'Ancienne Chronique de France..., p. 4, n. 2) remarque justement que les éditeurs de la Chronique normande lui ont donné ce nom parce qu'ils croyaient que son auteur était normand, mais que ce titre n'est pas très heureux, la chronique n'étant pas consacrée spécialement aux événements normands.[retour]

[196] Bib. Nat., Ms. fr. 20363, f° CLXXV.[retour]

[197] Bib. Nat., Ms. fr. 5610, f° 28. Je crois devoir publier ce fragment qui donne sur les suites de la prise de Caen un épisode important que l'on ne retrouve pas ailleurs et une liste des combattants, différente de celle que l'on trouve dans l'édition de MM. Molinier. Mais, à vrai dire, ce texte n'est pas inédit : on le retrouve dans l'Istore et Croniques de Flandres, II. p. 20 ; à ce titre même, il était intéressant de le publier pour préciser les rapports qui existent entre les différents ms de la Chronique normande, la Chronique de Flandre et la Chronographia. Voir l'appendice.[retour]

[198] Il faut lire de Caieux, comme l'a fait M. Moranvillé, l'éditeur de la Chronographia, qui a traduit ici le ms. 5610. Voir l'appendice.[retour]

[199] Bib. Nat. Pièces originales, vol. 521, dossier 11703.[retour]

[200] Bib. Nat. De Camps, vol. 83, f° 472.[retour]