Le
Patrimoine historique de la Petitcodiac
Établissements
autochtones le long de la rivière Petitcodiac
Pet-Kout-Koy-ek,
l'une des maintes versions d'origine du nom maintenant orthographié
sous la forme de Petitcodiac et qui avait pour signification «
rivière courbée comme un arc » est le foyer
d'origine des Autochtones micmacs constituant aujourd'hui dans
la région la Première nation de Fort Folly.
Les établissements
autochtones les plus importants le long de la rivière Petitcodiac
étaient situés à Beaumont près de
l'embouchure de la rivière et dans la région de
l'actuel village de Salisbury, où les Micmacs avaient établi
un camp hivernal important. Il existe plusieurs lieux d'inhumation
le long de la rivière Petitcodiac, mais ils ne sont pas
identifiés, à l'exception de celui de Beaumont,
l'emplacement du cimetière d'une réserve indienne
remontant aux années 1800.
Une voie de transport
historique
La rivière
Petitcodiac constituait autrefois une voie de transport pour
les Micmacs. Un Autochtone quittant Beaumont (camp micmac du
cours inférieur de la Petitcodiac) pouvait, en profitant
d'une marée de 13 km/heure, couvrir de grandes distances
sur la rivière en peu d'efforts pour atteindre la région
aujourd'hui devenue le village de Petitcodiac, à quelques
60 kilomètres en amont. Une fois que les Micmacs y avaient
débarqué, ils pouvaient suivre un sentier de portage
de cinq à six kilomètres jusqu'à la rivière
Kennebecasis, qui se jette dans le fleuve Saint-Jean.
Une route de
portage plus importante partait de la rivière Petitcodiac
à environ trois kilomètres au sud de l'actuel village
de Petitcodiac pour amener après 24 kilomètres
de portage les voyageurs micmacs à la rivière Washademoak,
aujourd'hui appelée rivière Canaan. Ceux-ci pouvaient
atteindre le lac Washademoak de cette rivière, puis se
rendre en canot au fleuve Saint-Jean. Les Micmacs pouvaient ensuite
quitter le fleuve Saint-Jean et faire du portage pour contourner
Grand-Sault, emprunter la rivière Madawaska, arriver aux
eaux de Notre-Dame-du-Lac et la rivière du Loup, et finalement
atteindre le majestueux fleuve Saint-Laurent.
L'importance
nationale du chemin de portage de la Petitcodiac à la
Washademoak a été reconnue en 1937 lorsque la Commission
des lieux et monuments historiques du Canada a érigé
un cairn en guise de monument près du village existant
de Petitcodiac. L'inscription sur la plaque se lit comme suit
:
Portage autochtone préhistorique
L'ancienne route plus
tard utilisée par les Français d'Acadie jusqu'au
Haut-Saint-Jean et au Québec partait de Petitcodiac, près
du même point, elle franchissait la rivière North
et elle continuait jusqu'à la rivière Washademoak
Canaan.
Le réseau
de digues acadiennes
Les premiers
établissements acadiens de la région ont été
implantés vers 1698 le long de la rivière Shepody.
Les mêmes modes de colonisation ont suivi peu après
le long des rivières Memramcook et Petitcodiac, amenant
des immigrants acadiens des régions colonisées
de la Nouvelle-Écosse. La région acquit le nom
de « Trois-Rivières » dans les années
1700, par allusion au réseau des trois rivières,
la Petitcodiac, la Memramcook et la Shepody. Les colons rêvaient
de trouver de nouveaux marécages à cultiver et
de se bâtir une vie à l'écart du contrôle
des puissances coloniales de l'époque, l'Angleterre et
la France.
Les Acadiens
ont construit de vastes réseaux de digues munies d'aboiteaux
le long des rivières Shepody, Memramcook et Petitcodiac
pour transformer les marécages d'eau salée en certaines
des terres agricoles les plus fertiles d'Amérique du Nord.
Cet exploit technique et agricole a été reconnu
comme une réalisation d'importance nationale par la Commission
des lieux et monuments historiques du Canada en 1998. Des projets
en cours visent à permettre l'interprétation de
ce thème par Parcs Canada, notamment au moyen d'un emplacement
qui serait aménagé dans la vallée de Memramcook,
dans le réseau hydrographique de la Petitcodiac.
La bataille de la rivière
Petitcodiac
En août
1755 a débuté la période la plus sombre
de l'histoire de l'Acadie, une guerre de sept ans qui a donné
lieu à la déportation des Acadiens arrachés
de leurs terres dans les provinces actuelles du Nouveau-Brunswick,
de la Nouvelle-Écosse et de l'Île-du-Prince-Édouard.
La région de la rivière Petitcodiac, où
habitaient environ un millier d'Acadiens, a été
gravement affectée par ces événements.
Une bataille
marquante s'est déroulée près du village
actuel d'Hillsborough le long du cours inférieur de la
rivière Petitcodiac au début de septembre 1755.
Un cairn placé à cet endroit par la Commission
des lieux et monuments historiques du Canada en 1937 commémore
l'importance des événements qui s'y sont produits.
Des soldats anglais,
sous le commandement régional du lieutenant-colonel Monckton,
avaient encerclé le village avec l'ordre de brûler
l'établissement et de faire prisonniers tous les Acadiens
se trouvant sur les lieux. Un groupe de combattants formé
d'Acadiens et de Micmacs, sous le commandement d'un officier
militaire français, ont monté une embuscade qui
s'est avérée désastreuse pour les soldats
anglais. Pris par surprise et incapables de rejoindre leurs navires
qui les attendaient plus au large à marée basse,
24 soldats anglais ont perdu la vie ce jour-là et 11 autres
gisaient blessés.
La bataille de
Hillsborough du début de septembre 1755 a été
suivie quelques semaines plus tard par les premières expulsions
d'Acadiens du fort Beauséjour, situé près
du bassin de Cumberland. Une résistance s'est maintenue
le long de la rivière Petitcodiac jusqu'en 1759, sous
la direction d'un groupe d'Acadiens postés le long du
cours supérieur de la rivière Petitcodiac, près
du village actuel de Salisbury. Les historiens locaux croient
que la détermination de ces Acadiens et leur esprit de
résistance ont permis à la collectivité
acadienne présente dans le sud-est du Nouveau-Brunswick
de survivre et de prospérer ultérieurement, de
nombreuses générations plus tard.
L'odyssée acadienne
La région
du bassin fluvial de la rivière Petitcodiac a joué
un rôle déterminant dans la survie et l'émancipation
ultérieure de la collectivité acadienne. Deux des
trois établissements restants qui remontent à l'Acadie
coloniale encore peuplés par des Acadiens sont situés
dans cette région : Memramcook et Dieppe, autrefois Petcoudiac
(l'autre se trouve dans le sud-ouest de la Nouvelle-Écosse).
En 1976, la Commission des lieux et monuments historiques du
Canada a reconnu l'importance nationale de la survie des Acadiens
et de l'odyssée acadienne, choisissant la vallée
de Memramcook pour l'interprétation de ce thème.
On peut lire
ce qui suit sur l'inscription qui figure sur la plaque commémorative
de Memramcook :
L'odyssée
acadienne
Malgré
les déportations des années 1750 et 1760, de nombreux
Acadiens revinrent d'exil et d'autres quittèrent leur
refuge pour se réinstaller sur leur terre natale. S'armant
de courage et de détermination, ils fondèrent de
nouveaux établissements dans des régions isolées
des Maritimes et restaurèrent progressivement leurs institutions
sociales et culturelles. De nombreux dirigeants acadiens reçurent
leur formation au collège Saint-Joseph, fondé en
1864, et des milliers d'Acadiens assistèrent ici, en 1881,
à leur premier congrès national, qui contribua
à consolider leur sentiment d'identité.
La collectivité
acadienne poursuit aujourd'hui son odyssée de renaissance
: elle a été en 1999 l'hôte du VIIIe Sommet
de la francophonie à Moncton, situé au «
coude » de la Petitcodiac.
Les colons Pennsylvania
« Dutch »
Au cours des années
qui ont suivi la guerre anglo-française des années
1750 et 1760, des établissements sont réapparus
le long de la rivière Petitcodiac, les plus importants
étant situés aux emplacements actuels de Moncton
et de Hillsborough. La région de Moncton, appelée
à l'époque Le Coude, a assisté en 1766 à
l'arrivée d'un groupe de nouveaux colons d'origine allemande
en provenance de la colonie américaine de Pennsylvanie
qu'on appelait les Pennsylvania « Dutch ».
Le groupe, composé
de gens portant les noms de famille Summers, Miller, Jones, Stief
(Steeves), Criner, Lutz (Lutes), Cline, Lentz et Trites, a plus
tard été qualifié par les historiens de «
colons permanents » du nouveau canton de Moncton.
La maison Prince
Lewis House, située près du parc du Mascaret de
Moncton sur les berges de la rivière Petiticodiac, est
considérée comme l'ouvrage le plus ancien de la
région. Elle remonte à la fin des années
1700 et elle fait présentement l'objet d'un projet de restauration
communautaire. On pense qu'un coeur en bois sculpté au-dessus
d'une porte intérieure de la maison, symbole allemand traditionnel
du mariage, aurait été sculpté vers 1778;
celui-ci constitue un élément critique de cette
énigme. Le gouvernement du Nouveau-Brunswick a reconnu
la maison comme site patrimonial en 1999.
L'industrie de la
construction navale
Au
cours des années 1850, la région de la rivière
Petitcodiac a, à l'instar d'autres régions des Maritimes,
assisté à l'apparition d'une industrie de la construction
navale d'envergure. Sous la direction de l'homme d'affaires Joseph
Salter, qui est plus tard devenu le premier maire de Moncton,
la région a construit de grands trois-mâts qui ont
navigué sur les océans du monde. Des vestiges des
quais historiques remontant à cette époque bordent
encore des sections des berges de la rivière à Moncton.
Les autres centres
de construction navale le long de la rivière Petitcodiac
comprenaient Salisbury, Hopewell Cape, Dorchester et Harvey Bank.
En 1997, la Commission des lieux et monuments historiques du Canada
a attesté l'importance nationale de l'industrie de la construction
navale du Nouveau-Brunswick. Des projets sont toujours en cours
pour commémorer cette réalisation, vraisemblablement
quelque part le long de la baie de Fundy (Saint-Jean, St. Martins).
L'île Grindstone
et l'industrie du grès
Au milieu et
à la fin des années 1800, l'industrie de la taille
de la pierre a fait son apparition le long du cours inférieur
de la rivière Petitcodiac et de la baie de Shepody; ses
principaux centres étaient l'île Grindstone, Rockport
et Beaumont. On extrayait du grès de qualité supérieure
de cette région et on l'expédiait vers les grands
centres de la côte est, comme New York et Boston. Un grand
nombre de bâtiments superbes construits à l'aide
de grès de la rivière Petitcodiac sont toujours
debout aujourd'hui dans ces villes.
Les ponts couverts
Le
Nouveau-Brunswick est reconnu à l'échelle internationale
pour ses ponts couverts en bois qui remontent au début
des années 1900. Dix des 65 ponts couverts qui restent
aujourd'hui au Nouveau-Brunswick sont situés dans le bassin
hydrographique de la rivière Petitcodiac, notamment les ponts de la rivière
Petitcodiac, de la rivière Memramcook et de la rivière
Shepody, le pont de Coverdale, le pont William Mitton, le pont
de la crique Crook, celui de la crique Saw Mill et ceux de la
crique Turtle, de la crique Weldon et de la crique Bull.
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